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Master sciences humaines et sociales

Mention

PHILOSOPHIE

Spécialité

HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE, MÉTAPHYSIQUE,


PHÉNOMÉNOLOGIE

Responsable de la spécialité :
M. le Professeur Emmanuel CATTIN

Année universitaire 2018-2019


Équipe de formation

Thomas AUFFRET, Maître de conférences, Histoire de la philosophie ancienne


Vincent CARRAUD, Professeur, Histoire de la philosophie moderne
Emmanuel CATTIN, Professeur, Métaphysique et idéalisme allemand
Fabien CHAREIX, Maître de conférences, Philosophie et histoire des sciences (en
mission à l’Étranger)
François CHENET, Professeur, Philosophie indienne et philosophie comparée
Claire CRIGNON, Maître de conférences habilitée, Histoire de la philosophie moderne
Raphaël EHRSAM, Maître de conférences, Histoire de la philosophie allemande
Antoine GRANDJEAN, Maître de conférences, Philosophie allemande
Suzanne HUSSON, Maître de conférences, Histoire de la philosophie ancienne
David LEFEBVRE, Professeur, Histoire de la philosophie ancienne
Élise MARROU, Maître de conférences, Philosophie générale et philosophie
contemporaine
Pasquale PORRO, Professeur, Histoire de la philosophie médiévale
Dominique PRADELLE, Professeur, Histoire de la philosophie contemporaine
Laurence RENAULT, Maître de conférences, Histoire de la philosophie moderne (en
délégation à PSUAD)
Marwan RASHED, Professeur, Histoire de la philosophie ancienne et de la philosophie
arabe
Claude ROMANO, Maître de conférences habilité, Métaphysique
Jacob SCHMUTZ, Maître de conférences, Histoire de la philosophie médiévale

L’équipe de formation comprend en outre des professeurs et des directeurs de recherche


d’autres établissements d’enseignement supérieur et des universitaires étrangers associés.

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Attendus et objectifs de la formation

L’histoire de la philosophie, dans ses différentes langues et traditions, impose à la


philosophie ses arguments et ses problèmes. L’objectif de cette formation est de permettre aux
étudiants de se former aux arguments et aux problèmes par leur compréhension intrinsèque mais
aussi par l’accès à leur histoire, par l’étude des différents types de textes et de corpus au moyen
desquels, selon des enjeux variables, cette histoire s’est faite et continue de se faire.
Cette spécialité s’étend des Présocratiques à la philosophie contemporaine, selon une
quadruple périodisation : Antiquité (jusqu’à la philosophie du Haut Moyen-Âge), Moyen-Âge,
philosophie moderne, philosophie contemporaine. Cet empan rend la formation sensible à
l’évolution sur un temps long des problématiques philosophiques ainsi qu’à la diversité des
méthodes, jusqu’à la phénoménologie, l’herméneutique et la philosophie analytique. Un
enseignement de philosophie arabe et un enseignement de philosophie indienne et comparée
permettent d’ouvrir l’horizon des étudiants intéressés en direction de traditions philosophiques
non-occidentales, tout en soulignant l’influence de ces traditions sur les pensées philosophiques
classiques.
Au cours des deux années du Master, la formation progresse en allant de
l’approfondissement des acquis en philosophie générale et en histoire de la philosophie à
l’initiation aux méthodes et aux objets contemporains de la recherche en histoire de la
philosophie. Elle se fait notamment en préparant un mémoire qui constitue la trame principale
de la seconde année du Master.

Offre de formation

La formation comprend trois grands types d’enseignements qui sont constitutivement


articulés :

1) Deux cours de tronc commun, en Master 1 uniquement. Le premier est composé de


deux semestres d’enseignement, chaque semestre portant sur une thématique de la spécialité.
Une notion, un couple de notions, une question relevant de la tradition philosophique et en
particulier de l’histoire de la métaphysique sont suivis dans leur évolution, leur invariance, leur
structure. L’objectif est de parfaire et d’approfondir la connaissance des grandes questions
philosophiques, de donner les moyens de ressaisir chacune dans son horizon et ses attendus
propres. Le second, composé de deux semestres également, est un cours de méthodologie de
l’histoire de la philosophie, qu’accompagne un TD. L’objectif de cet enseignement de deux
semestres également est de procurer une formation aux techniques et outils philologiques,
historiographiques, bibliographiques et informatiques nécessaires à la rédaction des mémoires.

2) Les TD de lecture de textes philosophiques en langue étrangère (grec, latin, allemand,


anglais, italien selon les années). Il ne s’agit pas de cours d’apprentissage de ces langues, mais
de véritables lectures de textes philosophiques dans leur langue originale, traduits et
commentés, qui requièrent donc un bon niveau de langue. Le TD peut être lui-même, le cas
échéant, enseigné dans la langue concernée (allemand, anglais). Les textes étudiés sont parfois
accessibles en français, comme ils peuvent faire l’objet d’une traduction inédite. Dans certains
cas, une articulation avec les thèmes des séminaires permet aux étudiants une approche plus
complète des auteurs. Ces TD sont communs aux deux années du Master. L’objectif de ces TD
d’1h30 hebdomadaire est d’offrir aux étudiants, au terme des deux années, une approche autant
que possible indépendante des traductions des œuvres des auteurs étudiés en langue étrangère.

3) Des séminaires de recherche. Sept séminaires (huit en M1) qui se rapportent aux
différentes spécialités sont proposés : philosophie antique, philosophie hellénistique et de
l’Antiquité tardive, philosophie arabe, philosophie médiévale, philosophie moderne, histoire de
la philosophie et des sciences (M1 seulement), philosophie contemporaine (deux séminaires
annuels au choix), métaphysique et idéalisme allemand, philosophie indienne et comparée. Les
séminaires sont consacrés à l’étude et à l’interprétation des textes majeurs de l’histoire de la

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philosophie. Dans le cadre de ces séminaires, diverses formes d’enseignement se complètent :
cours magistral, travail en commun, discussions. Des exposés d’étudiants avancés, de doctorants
et d’invités extérieurs permettent aux participants de prendre connaissance des différents aspects
de la pratique de la recherche scientifique. La validation des séminaires de Master 1 peut
prendre la forme de la rédaction d’un petit mémoire, d’un examen oral ou d’examens écrits ; en
Master 2, le séminaire principal donne lieu à la rédaction d’un mémoire plus ambitieux. Ces
travaux représentent un premier exercice de rédaction d’une étude scientifique et permettent de
se familiariser avec les méthodes d’analyse et d’exégèse des textes philosophiques.

En première année (M1), les enseignements obligatoires comportent donc à chaque semestre :

1) Un tronc commun constitué de deux éléments :


– un cours magistral portant sur les thématiques de la spécialité ;
– un cours magistral et un TD d’initiation aux méthodes de la recherche.

2) Un TD de langue étrangère et de lecture de textes philosophiques.

3) Trois séminaires :
– Un premier, choisi dans la liste des séminaires spécifiques de la spécialité Histoire de la
philosophie, métaphysique, phénoménologie, définit en principe l’orientation de l’étudiant pour
l’ensemble de son Master.
– Un deuxième séminaire, lui aussi choisi dans la liste des séminaires spécifiques de la
spécialité Histoire de la Philosophie, métaphysique, phénoménologie.
– Un troisième séminaire, choisi dans la même liste des séminaires spécifiques de la
spécialité, ou bien parmi les séminaires de même niveau offerts dans les autres spécialités de la
mention Philosophie de la faculté des lettres, ou encore dans certaines autres mentions délivrées
à la faculté des lettres de Sorbonne Université

En seconde année (M2), l’étudiant rédige un mémoire d’une centaine de pages sous la
direction d’un enseignant-chercheur. Ce premier travail de recherche donnera lieu, de
préférence à la session de juin, à une soutenance de 45 minutes devant son directeur et un autre
enseignant-chercheur. L’étudiant suit d’autre part un TD de lecture de textes philosophiques en
langue étrangère et quatre séminaires
– Le premier séminaire est obligatoirement celui du professeur qui dirige le mémoire, ou
celui qu’indique le directeur de mémoire si lui-même n’assure pas de séminaire en M2, en
cohérence impérative avec le domaine de recherches dont relève le mémoire.
– Le deuxième séminaire est lui aussi choisi dans la liste des séminaires spécifiques de la
spécialité Histoire de la philosophie, métaphysique, phénoménologie.
– Le troisième séminaire est ou bien un séminaire également choisi dans la liste des
séminaires spécifiques de la spécialité Histoire de la philosophie, métaphysique,
phénoménologie, ou bien un séminaire d’une autre spécialité de la mention Philosophie de la
faculté des lettres (Philosophie politique et éthique ; Esthétique et philosophie de l’art ;
Lophisc : Logique, philosophie des sciences, philosophie de la connaissance) ou bien enfin un
séminaire d’autres mentions de la faculté des lettres de Sorbonne-université ou aussi un
séminaire d’histoire de la philosophie ou de métaphysique d’un autre établissement
d’enseignement supérieur reconnu par le Master Histoire de la philosophie, métaphysique,
phénoménologie (Paris I, Paris X, École Pratique des Hautes Études, ENS, ENSLSH).
– Le quatrième séminaire (UE 6) n’est pas nécessairement un « séminaire » : il implique
d’assister, au moins deux fois par semestre, à un séminaire, à une conférence, à une journée
d’études ou à un colloque, qui soient organisés par l’ED V, l’équipe de recherche
Métaphysique : histoires, transformations, actualité (EA 3552, dir. Vincent Carraud), le Centre
de recherche sur la pensée antique Léon Robin (UMR 8061, dir. Jean-Baptiste Gourinat) ou par
une autre équipe de recherche, en accord avec le directeur de mémoire (par exemple les
Archives Husserl, ENS, dir. Dominique Pradelle). La simple présence, dûment attestée, suffit à
valider l’UE 6.

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Il est vivement recommandé aux étudiants de prendre l’avis du professeur directeur du mémoire
principal pour s’orienter dans le choix des autres séminaires en fonction de leurs objectifs de
formation à la recherche.

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Maquette des enseignements
M1 : schéma commun aux deux semestres

S Intitulé des UE MCC


S1 CM CM TD TD
et ECTS semestr
S2 semain semestre semaine e
e
3 UE1 Cours de Écrit ou
tronc commun 1 1,5 29,25 oral
Cours portant sur
une des thématiques de
la spécialité
3 UE2 Cours de Écrit ou
tronc commun 2 1,5 29,25 oral
Méthodologie de
l’histoire de la
philosophie
3 UE3 TD lié au Écrit ou
CTC 2 1,5 19,5 oral
3 UE4 Textes Écrit ou
philosophiques en 1,5 19,5 oral
langue étrangère (grec,
latin, anglais, allemand,
italien )
6 UE5 Séminaire 1* Oral, écrit
1,5 29,25 ou petit mémoire
6 UE6 Séminaire Oral, écrit
2** 1,5 29,25 ou petit mémoire
6 UE7 Séminaire Oral, écrit
3*** 1,5 29,25 ou petit mémoire
3 3
30 7,5 146,25 9

* À choisir dans la liste :


Histoire de la philosophie antique David LEFEBVRE
Histoire de la philosophie hellénistique et de l’Antiquité tardive (Suzanne HUSSON et
Thomas AUFFRET)
Histoire de la philosophie arabe (Lucile EL HACHIMI)
Histoire de la philosophie du Moyen Âge (Jacob SCHMUTZ)
Histoire de la philosophie moderne (Antoine GRANDJEAN et Domenico
COLLACCIANI)
Histoire des sciences et de la philosophie moderne (Claire CRIGNON)
Métaphysique et idéalisme allemand (Emmanuel CATTIN)
Histoire de la philosophie contemporaine (Dominique PRADELLE et Claude ROMANO)
Philosophie indienne et comparée (François CHENET)

** À choisir dans la liste * ci-dessus.


*** À choisir dans la liste * ci-dessus ou parmi les séminaires de même niveau
offerts dans les autres spécialités de la mention Philosophie de la faculté des Lettres de
Sorbonne- université ou parmi d’autres mentions délivrées à la faculté des Lettres

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M2 : schéma commun aux deux semestres

e Intitulé des UE
ECT
S CM CM TD TD MCC
S3 S semaine semestr semain semestr
et e e e
S4
6 UE1 Séminaire 1* 1,5
6 29,25 Écrit,
oral ou
petit
mémoire
5 UE2 Séminaire 2* 1,5
5 29,25 Écrit,
oral ou
petit
mémoire
5 UE3 Séminaire 3** 1,5
5 29,25 Écrit,
oral ou
petit
mémoire
4 UE4 Textes
4 philosophiques en langue 1,5 19,5 Écrit ou
étrangère (grec, latin, oral
anglais, allemand, italien )
8 UE5 Projet de
8 mémoire lié à l’UE1 Écrit ou
oral
2 UE6 Séminaire 1
2 adossé à l’EA 3552 ou à 2 Présence
l’UMR Léon Robin ou à un
autre séminaire

3 4,5
30 87,75 1,5 31,5

* À choisir dans la liste :


Histoire de la philosophie antique (David LEFEBVRE et Marwan RASHED)
Histoire de la philosophie hellénistique et de l’Antiquité tardive (Thomas AUFFRET et
Suzanne HUSSON)
Histoire de la philosophie arabe (Lucile El HACHIMI et Marwan RASHED)
Histoire de la philosophie médiévale (Jacob SCHMUTZ et Vincent CARRAUD)
Histoire de la philosophie moderne (Antoine GRANDJEAN et Vincent CARRAUD)
Métaphysique et idéalisme allemand (Emmanuel CATTIN)
Histoire de la philosophie contemporaine (Dominique PRADELLE
Philosophie indienne et philosophie comparée (François CHENET)

** Au choix :
Un des séminaires de la liste * ci-dessus ;
Un séminaire d’une autre spécialité de la mention Philosophie de la faculté des
Lettres de Sorbonne- université;
Un séminaire d’une autre mention de la faculté des Lettres de Sorbonne- université
(avec l’accord du directeur de mémoire) ;

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Un séminaire d’histoire de la philosophie ou de métaphysique d’un autre établissement
(sous réserve de conventions interuniversitaires, à vérifier lors des inscriptions pédagogiques),
avec l’accord du directeur de mémoire. La liste suivante est limitative :
– Université Paris I Panthéon-Sorbonne (J. BENOIST, Ph. BÜTTGEN, R. BARBARAS,
J.-F. KERVÉGAN);
– Université Paris X (C. BERNER, P. HAMOU) ;
– École Pratique des Hautes Études, Ve section (O. BOULNOIS, C. GRELLARD, Ph.
HOFFMANN, I. ROSIER-CATACH) ;
– École Normale Supérieure (D. ARBIB, D. COHEN-LEVINAS, F. WORMS) ;
– en philosophie indienne et comparée, les étudiants ont la possibilité de choisir pour leur
troisième séminaire un séminaire d’études indiennes classiques à l’Université Paris III – La
Sorbonne Nouvelle ou à l’École Pratique des Hautes Études, Ve section.

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Inscriptions et contrôle des connaissances

Lors des inscriptions pédagogiques, nécessaires pour passer les examens et, par
conséquent, pour obtenir les UE du master, les étudiants ont le choix entre une inscription en
régime de contrôle continu et une inscription en régime de « dispense d’assiduité ».
Le régime de contrôle continu est le régime normal. L’inscription en régime de « dispense
d’assiduité » est une inscription dérogatoire qui peut être accordée sur décision du directeur de
l’UFR aux étudiants — ayant une activité professionnelle ; — ayant des enfants à charge ; —
inscrits dans deux cursus indépendants ; — handicapés ; — sportifs de haut niveau ; — engagés
dans la vie civique ; — élus dans les Conseils.
Les étudiants qui répondent à l’une de ces conditions doivent faire la demande d’une
inscription en régime de « dispense d’assiduité » (comprenant tous les justificatifs), auprès du
secrétariat de l’UFR un mois au plus tard après la date du début des cours à chacun des
semestres. Si la situation de l’étudiant l’exige (maladie, changement de contrat de travail, etc.),
le délai d’un mois pourra être repoussé.
L’étudiant s’inscrit dans le groupe « dispensés d’assiduité » lors de ses inscriptions
pédagogiques et produit les justificatifs nécessaires. En l’absence de ces derniers, le secrétariat
inscrira l’étudiant en régime de contrôle continu et l’affectera à un groupe de TD.

Les inscriptions pédagogiques se font chaque semestre.

Conformément aux modalités de contrôle des connaissances adoptées par le Conseil


d’administration, toutes les UE de master sont évaluées en régime de contrôle continu
intégral et ne font donc pas l’objet d’une session de rattrapage.

Ce contrôle continu peut prendre des formes différentes qui seront précisées par
l’enseignant responsable de l’UE (exercice sur table, interrogation orale, exposé, petit mémoire,
etc.).
Les étudiants dispensés d’assiduité valident leurs UE en participant au dernier examen de
contrôle continu organisé par l’enseignant ou en lui remettant un travail préalablement défini
par l’enseignant. Les étudiants inscrits dans ce régime dérogatoire doivent donc prendre contact
avec l’enseignant pour connaître les contenus du cours ainsi que les modalités d’évaluation. Les
étudiants étrangers inscrits dans les programmes d’échange, notamment ERASMUS, sont
soumis aux mêmes conditions de contrôle des connaissances. Les étudiants ayant un handicap
peuvent bénéficier de mesures particulières lors des épreuves. Les évaluations des UE de master
peuvent avoir lieu durant la période de cours comme durant la période d’examens définie par le
calendrier facultaire voté au Conseil.
Pour le calcul de la moyenne de chaque semestre, la note de chaque UE est affectée d’un
coefficient égal au nombre d’ECTS (European Credits Transfer System) de l’UE.

Le passage de Master 1 en Master 2 est conditionné par l’obtention d’une moyenne


annuelle supérieure ou égale à 10/20 (éventuellement après compensation entre les deux
semestres de M1).

En Master 2, la remise du mémoire doit avoir lieu en juin ; elle peut éventuellement être
différée au mois de septembre. Les dates de dépôt des mémoires :
Ø Session de juin : le 20 juin 2019 en double exemplaire au secrétariat de l’UFR
(avec une copie informatique sur la liste memoires-philo@listes.paris-
sorbonne.fr)
Ø Session différée : le 3 septembre 2019 selon les mêmes modalités.
Ces dates seront également indiquées dans l’ENT et affichées au secrétariat
La soutenance du mémoire a lieu devant un jury composé d’au moins deux enseignants-
chercheurs, dont le directeur de recherche.

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Intitulés des cours, travaux dirigés et séminaires 2018-2019
Programme M1

Tronc commun
1/ Thématiques de l’histoire de la philosophie

Semestre 1.
Cours. M1PHHI11 Raphaël EHRSAM

Philosophies de la maîtrise et de la servitude : approches métaphysiques et


génétiques de la personnalité

Le cours étudiera différentes figures du rapport Maître-Esclave ou Maître-


Serviteur dans l’histoire de la philosophie (Grotius, Hobbes, Rousseau, Hegel,
Nietzsche, Kojève, Sartre, etc.), afin de discerner l’articulation qu’elle met au jour entre
métaphysiques de la personnalité et approches génétiques de la liberté.

GROTIUS Hugo, Le droit de la guerre et de la paix, trad. du latin P. Pradier-


Fodéré, Paris, PUF, 1995, Quadrige, 2001
HOBBES Thomas, Eléments de la loi naturelle et politique [1640], traduction de
l’anglais Dominique Weber, Paris, Le Livre de Poche, 2003
HOBBES Thomas, Léviathan, traduction de l’anglais Gérard Mairet, Paris,
Gallimard, 2000
ROUSSEAU Jean-Jacques, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité
parmi les hommes, Paris, Gallimard, Folio Essais, 1969
ROUSSEAU Jean-Jacques, Du contrat social, Paris, GF, 1966
HEGEL Georg Wilhelm Friedrich, Phénoménologie de l’esprit, tr. B. Bourgeois,
Paris, Vrin, 2006
NIETZSCHE Friedrich, Ainsi parlait Zarathoustra, tr. G.-A. Goldschmidt, Paris,
Le Livre de Poche, rééd. 1992
NIETZSCHE Friedrich, Généalogie de la morale, tr. J. Gratien et I. Hildebrand,
Paris, Gallimard, « Folio-Essais », 1996
KOJÈVE Alexandre, Introduction à la lecture de Hegel, Paris, Gallimard,
collection TEL, 1980.
SARTRE Jean-Paul, L’être et le néant, Paris, Gallimard, 1943
De BEAUVOIR Simone, Le deuxième sexe, Paris, Gallimard, 1949
FANON Frantz, Peau noire, masques blancs, Paris, Seuil, 1952
PATEMAN Carole, Le contrat sexuel, tr. C. Nordmann, Paris, La Découverte,
2010

Semestre 2.
Cours. M2PHHI11 Claude ROMANO

La vraie vie ou la vie de vérité : déclinaisons historiques d’une idée

Ce cours portera sur un thème qui a beaucoup intéressé le dernier Foucault, mais
dont nous essaierons d’examiner différentes figures au-delà de la seule philosophie
hellénistique : l’idée d’une vérité non pas seulement en paroles, mais dans la vie. De
l’analyse aristotélicienne de l’authekastos, lequel est vrai « et en paroles et dans sa vie
elle-même (kai en logô kai en biô) » à la véracité inconditionnelle du sage stoïcien ou à
la vérité devant Dieu d’Augustin, cette idée traverse toute l’histoire de la philosophie de
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l’Antiquité à l’époque moderne et se nourrit d’apports issus de la rhétorique, de la
théologie et de la spiritualité. Elle aboutit aux théories de l’authenticité de facture
proprement moderne chez Rousseau, Kierkegaard, Heidegger ou Sartre.

Bibliographie indicative :

AMBROISE (saint), Les devoirs, trad. de Maurice Testard, en deux volumes,


Paris, Les Belles Lettres, 1984 et 1992.
ARISTOTE, L’Éthique à Nicomaque, édition en 4 volumes par René-Antoine
Gauthier et Jean-Yves Jolif, tome I-première partie : introduction ; tome I-deuxième
partie : traduction ; tome II-première partie : commentaire, livres I-V ; tome II-
deuxième partie : commentaire, livres V-X, Louvain-La-Neuve, éditions Peeters-
éditions Nauwelaerts, 2002.
_ Éthique à Eudème, trad. de Richard Bodéüs, in Aristote, Œuvres : Éthiques,
politique, rhétorique, poétique, métaphysique, Paris, Gallimard, Bibl. de la pléiade,
2014.
_ Rhétorique, trad. de Pierre Chiron, Paris, GF Flammarion, 2007.
AUGUSTIN d’HIPPONE, Les Confessions (livres I à VII), Paris, Bibliothèque
Augustinienne, tome 13, 1950.
_ Les Confessions (livres VIII à XIII), Paris, Bibliothèque Augustinienne, tome
14, 1992.
CASTIGLIONE, Baldassare, Le livre du Courtisan, trad. d’Alain Pons, Paris,
Flammarion, 1987.
CICERON, Des devoirs, trad. de Stéphane Mercier, Les Devoirs, Paris, Les Belles
Lettres, 2014.
_ De l’orateur, trad. d’Edmond Courbaud, Paris, Les Belles Lettres, 1967 (3 vol.).
EMERSON, Ralph Waldo, Self-Reliance, in The Collected Works of Ralph
Wando Emerson, Cambridge, MA, Belknap Press, 1979, vol. 2.
FOUCAULT, Michel, Le courage de la vérité. Cours au Collège de France, 1984,
Paris, Gallimard, EHESS, Seuil, 2009.
_ Leçons sur la volonté de savoir. Cours au Collège de France (1970-1971),
Paris, Gallimard-Seuil-Ehess, 2011.
_ Discours et vérité, précédé de La parrêsia, Paris, Vrin, 2016.
_ L’herméneutique du sujet. Cours au collège de France (1981-1982),
Gallimard, EHESS, Seuil, 2001.
_ L’origine de l’herméneutique de soi, Paris, Vrin, 2013.
HEIDEGGER, Martin, Être et temps, trad. d’Emmanuel Martineau, Paris,
Authentica, 1985. Lien de téléchargement t.m.p.free.fr
IGNACE DE LOYOLA, Exercices spirituels, trad. de Jean-Claude Guy, Paris, éd.
du Seuil, 1982.
KIERKEGAARD, Søren, Œuvres complètes, trad. de Paul-Henri Tisseau et Else-
Marie Jacquet-Tisseau, Paris, éditions de l’Orante, 1966-1986, 20 volumes.
LA BRUYERE, Jean (de), Les Caractères, éd. d’A. Adam, Paris, Gallimard, rééd.
« folio », 1975.
LA ROCHEFOUCAULD, François, (de), Œuvres complètes, éd. de L. Martin-
Chauffier, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1964.
LUTHER, Martin, Œuvres, tome I, Paris, Gallimard, Bibl. de la pléiade, 1999.
MONTAIGNE, Michel (de), Les Essais, éd. Villey-Saulnier, Paris, PUF, 2004.
PASCAL, Blaise, Pensées, texte établi par L. Lafuma, Paris, éd. du Seuil, 1962.
QUINTILIEN, Institution oratoire, texte établi et traduit par Jean Cousin, Paris,
Les Belles Lettres, 1975-1980 (7 tomes).
ROUSSEAU, Jean-Jacques, Œuvres complètes, éd. de B. Gagnebin et M.
Raymond, tomes I à V, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la pléiade, 1959-1995.

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SARTRE, Jean-Paul, Cahiers pour une morale, Paris, Gallimard, 1983.
_ L’être et le néant, Paris, Gallimard, rééd. « Tel », 1943.
SÉNÈQUE, Lettres à Lucilius, trad. d’Henri Noblot en 5 volumes, Paris, Les
belles Lettres, 1985-1991.

Collectifs :
_ Les stoïciens, éd. Émile Bréhier, Paris, Gallimard, Bibl. de la pléiade, 1962.
_ Stoicorum Veterum Fragmenta, éd. Hans von Arnim, 3 vol. 1903-1905, Leipzig,
Teubner, 1903-1905.

2/ Méthodologie de l’histoire de la philosophie

Semestre 1.
Cours. M1PHHI20 Élise MARROU

Lectures du Cogito

Nous reviendrons sur la séquence argumentative la plus célèbre de la Meditatio II


(AT VII, 24, 19-25, 13 ; dans la traduction du duc de Luynes, AT IX, 19)
entérinée depuis le début du XIXe siècle comme formulation canonique du
« Cogito ». Nous examinerons au prisme de chacune des lectures significatives de
cette séquence l’articulation de la profération du « Cogito » et de sa
certitude. Chaque séance mettra ainsi en lumière une manière particulière de faire
de l’histoire de la philosophie en mettant au jour les choix qui président à
l’exégèse du texte cartésien.

Bibliographie
Descartes, Œuvres, publiées par Adam et Tannery, 11 tomes, Vrin, 1996.
Descartes, Méditations métaphysiques, éd. Jean-Marie Beyssade et Michelle
Beyssade, GF, 1979.
Descartes, Œuvres philosophiques [textes présentés et annotés par Ferdinand
Alquié], Garnier, 1991.

Descartes, Règles pour la direction de l’esprit, trad. et notes Jacques Brunschwig,


Paris, Libraire Générale française, 2002.
Descartes, Discours de la méthode, texte et commentaire par Étienne Gilson,
Vrin, 1925 (plusieurs rééd.).
Descartes, Principes de la philosophie, trad. Denis Moreau, intr. et notes Xavier
Kieft, Vrin, 2009.
Descartes, L’Entretien avec Burman, éd., trad. et annotation par Jean-Marie
Beyssade, PUF, 1981.
Descartes, Lettres de Mr. Descartes, edizione di Claude Clerselier, 1666-1667 ; a
cura di Jean-Robert Armogathe e Giulia Belgioioso, Lecce, Conte, 2005.

Ferdinand Alquié, La Découverte métaphysique de l’homme chez Descartes, Puf,


1950.
« Notes sur l’interprétation de Descartes par l’ordre des raisons », Revue de
métaphysique et de morale, 61, 3/4):403, 1956.
— La Passion de la raison : hommage à Ferdinand Alquié, publié sous la
direction de Jean-Luc Marion, avec la collaboration de Jean Deprun, Paris, Puf,
1983.
J.-M. Beyssade, La Philosophie première de Descartes, Flammarion, 1979.

- 12 -
— Études sur Descartes, Seuil, 2001.
S. Bourgeois-Gironde, Reconstruction analytique du Cogito, Vrin, 2001.
Vincent Carraud, L’invention du moi, PUF, 2010.
— « Le véritable auteur du Cogito : traits d’anti-augustinisme », Pascal, des
connaissances naturelles à l'étude de l'homme, Vrin, 2007, p.65-104.
— « Nihil esse certi, point à la ligne ? », Études philosophiques, 2011/1, n°96.
P. Geach, Mental Acts, Thoemmes press, 1992.
É. Gilson, Études sur le rôle de la pensée médiévale dans la formation du système
cartésien, Paris, J. Vrin, 1951.
Histoire et structure : à la mémoire de Victor Goldschmidt, études réunies par
Jacques Brunschwig, Claude Imbert et Alain Roger, Paris, J. Vrin, 1985.
H. Gouhier, La Pensée métaphysique de Descartes, Vrin, 1962.
— Essais sur Descartes, Vrin, 1937, rééd. sous le titre Descartes. Essais sur le
Discours de la méthode, la métaphysique et la morale, 1973.
T. Gregory, Genèse de la raison classique de Charron à Descartes, Paris, Puf,
2000.
M. Gueroult, Leçon inaugurale faite le 4 décembre 1951, Collège de France,
Chaire d'histoire et technologie des systèmes philosophiques, Paris, 1952.
Descartes selon l'ordre des raisons, Paris, Aubier, 1953.
Dianoématique, Paris, Aubier, 1979.
Philosophie de l'histoire de la philosophie, Paris, Aubier, 1979.
L'histoire de la philosophie, ses problèmes, ses méthodes : hommage à Martial
Gueroult, textes de Leslie J. Beck, Yvon Belaval, Jean-Louis Bruch et alii, Paris,
Fischbacher, 1964.
M. Henry, L’Essence de la manifestation, Puf, 1963.
— Généalogie de la psychanalyse, Puf, 1985.
— De la subjectivité, Puf, 2011.
J. Hintikka, (1962), « Cogito, Ergo Sum: Inference or Performance? », The
Philosophical Review, 71, 1, 3-32.
— (2000) « Cogito ergo quis est ? », trad. fr. Le Quellec-Wolff, P. Revue de
Métaphysique et de Morale, 1/2000, 13-28 ; antérieurement paru dans la Revue
Internationale de Philosophie, 1996/1, 5-21.
D. Kambouchner, Les Méditations métaphysiques de Descartes, Paris, Puf, 2005.
A. Kenny, Descartes, A Study of his Philosophy, Thoemmes Press, 1968.
X. Kieft (éd.), « Figures du Cogito », Cahiers de philosophie de Caen, n°50,
2014.
J. Laporte, Le Rationalisme de Descartes, PUF, 1945.
P. Macherey, Querelles cartésiennes, Presses du Septentrion, 2014.
J.-L. Marion, Sur le prisme métaphysique de Descartes, Puf, 1986.
— Questions cartésiennes I et II, Puf, 1991/6.
G. Olivo, Descartes et l’essence de la vérité, Puf, 2005.
Jean-Claude Pariente, « Problèmes logiques du Cogito », Le Discours et sa
méthode, Paris, Puf, 1987.
— « La première personne et sa fonction dans le cogito », in Ong-Van-Cung K.S.
(éd.), Descartes et la vie du sujet, Paris, Puf, 1999.
B. Williams, Descartes, The Project of Pure Enquiry, Humanities press, 1978.
— « La certitude du cogito », La Philosophie analytique, Minuit, 1971.

TD. M1PHHI30 Deux groupes : Vincent BLANCHET et Mai-Lan BOUREAU

Conçu comme une introduction au travail de recherche, ce TD a pour but de


présenter et de justifier l’essentiel des contraintes formelles qu’impose la rhétorique

- 13 -
savante. Comme toute discipline académique, la recherche en philosophie obéit à des
exigences autant littéraires que scientifiques. Le discours philosophique apparaît
d’autant plus libre qu’il donne à voir lui-même en toute clarté les conditions de sa
propre légitimation.

Semestre 2.
Cours. M2PHHI20 Claire CRIGNON

L’objectif de ce cours sera de présenter les différents types de méthodes qui


peuvent être mobilisées dans le travail de recherche universitaire en histoire de la
philosophie. On interrogera les paradoxes ou les tensions inhérentes à l’idée même
d’histoire de la philosophie, on posera la question de l’objet de l’histoire de la
philosophie. On tiendra surtout compte de la diversité des traditions méthodologiques et
des débats que cette diversité suscite (entre partisans d’une approche « continentale »,
« herméneutique » / « analytique » ; entre « l’archéologie des doctrines » / ou la
« technologie des systèmes », entre partisans de l’histoire intellectuelle / histoire des
idées / histoire de la philosophie etc). On interrogera aussi de manière critique la place
donnée aux traditions nationales dans ces débats (école « française » d’histoire de la
philosophie / tradition analytique « anglo-saxonne »). On s’intéressera enfin à la
naissance et à l’essor de traditions historiographiques, à leur institutionnalisation (V.
Cousin). Des séances plus spécifiques pourront être consacrées aux débats
méthodologiques propres à des domaines ou à des périodes spécifiques (philosophie des
sciences, philosophie de l’art, histoire de la philosophie moderne).
L’objectif est triple : premièrement ouvrir aux étudiants des perspectives sur
différentes manières de travailler (sur les manuscrits, les archives, les correspondances,
les bibliothèques des philosophes, les textes en langue originale etc.). Deuxièmement,
les préparer à la méthodologie de la recherche, (état de l’art, bibliographie, références et
notes, définition d’un sujet de recherche). Troisièmement, leur faire prendre conscience
des débats qui traversent l’histoire de la philosophie (et la philosophie tout court) et les
amener à être conscients des choix méthodologiques qu’ils seront amenés à opérer dans
leurs travaux de recherche. Une brochure d’articles et de textes sera distribuée en début
d’année accompagnée d’une bibliographie. Ces travaux seront à présenter et à discuter
pendant les séances.

Une bibliographie sera distribuée en début de cours et disponible sur Moodle.

TD. M2PHHI30 Mai-Lan BOUREAU et Vincent BLANCHET

Certains collègues, enseignant ou non à Sorbonne -Université, présenteront leurs


recherches en cours en mettant en évidence la méthodologie qui les a permises.

Lecture de textes philosophiques en langue étrangère


(TD à choisir parmi cinq langues)

Grec

Semestre 1. M1PHLAN1 Thomas AUFFRET

Platon, Cratyle.

On s’attachera à traduire et à commenter, le plus précisément possible, la première


partie du Cratyle, consacrée à l’établissement des fondements de la théorie du langage

- 14 -
idéal (383 a–391 a). Le dialogue s’ouvre sur l’opposition de la thèse de Cratyle, partisan
de la rectitude naturelle du langage, et de celle d’Hermogène, tenant de son caractère
conventionnel ; la première partie constitue une réfutation de la thèse conventionnaliste
et établit les conditions d’une théorie linguistique fondée sur le réalisme des formes
intelligibles. Dans le commentaire, on prêtera une attention particulière à la dramaturgie
du dialogue et à la caractérisation du personnage d’Hermogène, porte-parole de la thèse
conventionnaliste. On s’attachera également à restituer le contexte historique de la
discussion en s’aidant, lorsque cela sera jugé nécessaire, des fragments conservés du
commentaire de Proclus, susceptibles d’éclairer certains détails parfois négligés dans
l’explication. Ce faisant, on introduira aux théories du langage propres aux systèmes
philosophiques du cinquième siècle : éléatisme, pythagorisme, atomisme de Démocrite
et héraclitéisme. Un texte grec, dans l’édition de J. Burnet, sera fourni aux étudiants.

Bibliographie indicative :
Platonis Opera recognovit brevique adnotatione critica instruxit Ioannes Burnet.
Tomus I : Tetralogias I-II continens, Oxford, 1900.
Proclus Diadochus, In Platonis Cratylum commentaria, ed. G. Pasquali, Leipzig,
1908.
F. Ademollo, The Cratylus of Plato: A Commentary, Oxford, 2011.
V. Goldschmidt, Essai sur le Cratyle. Contribution à la pensée de Platon, Paris,
1940.
D. Sedley, Plato’s Cratylus, Oxford, 2003.

Semestre 2. M2PHLAN1 Thomas AUFFRET

Platon, Banquet.

On s’attachera à traduire et commenter, le plus précisément possible, les


deuxièmes et troisièmes parties du Banquet, respectivement consacrées au discours de
Socrate sur l’amour et à l’éloge de Socrate prononcé par Alcibiade (199 b–223 d).
Après avoir rappelé la composition de ce dialogue complexe et la substance des
discours successivement prononcés par Phèdre, Pausanias, Eryximaque, Aristophane et
Agathon, on étudiera en détail la doctrine philosophique de l’amour que Socrate dit
tenir « d’une femme de Mantinée nommée Diotime » (201 d), doctrine parfois
caractérisée comme une forme de « dialectique érotique ». On tentera ensuite
d’expliquer la fonction de l’intervention intempestive d’Alcibiade, qui succède aux six
discours sur l’amour. Un soin particulier sera accordé à l’établissement du texte, à
l’étude des différents styles littéraires employés, ainsi qu’à la caractérisation des
personnages du dialogue. Un texte grec, dans l’édition de L. Robin, sera fourni aux
étudiants.

Bibliographie indicative :
Platon, Œuvres complètes, t. IV–2 : Le Banquet. Texte établi et traduit par L.
Robin, Paris, 19515.
Chr. Brockmann, Die handschriftliche Überlieferung von Platons Symposion,
Wiesbaden, 1992.
J. H. Lesher, D. Nails et F. C. C. Sheffield (éd.), Plato’s « Symposium » : Issues,
Interpretation and Reception, Cambridge, Mass./ Washington D.C., 2006.
L. Robin, La théorie platonicienne de l’amour, Paris, 1908.
A. E. Taylor, Plato: The Man and his Work, Londres, 19374.

Latin

- 15 -
Semestre 1. M1PHLAN4 Mai-Lan BOUREAU

Éléments d’ontologie dans le stoïcisme romain : choix de Lettres de Sénèque à


Lucilius.

On sait que le stoïcisme romain se concentre spécifiquement sur le progrès moral


au détriment des débats techniques, considérés comme secondaires voire inutiles.
Cependant, malgré le mépris que Sénèque affiche envers de telles subtilités, certaines de
ses lettres à Lucilius constituent de précieux témoignages sur l’ontologie stoïcienne. Ces
références inattendues s’expliquent néanmoins aisément : si le stoïcisme romain
s’affranchit en apparence du lien organique entre logique, physique et éthique cher au
stoïcisme ancien, il ne peut faire l’économie de considérations sur les catégories ou sur
la nature des causes, nécessaires pour définir rigoureusement le bien et la vertu, et pour
déterminer comment les atteindre. Mais en plus de ces passages indirectement liés à des
préoccupations éthiques, Sénèque rédige parfois de longs développements puisés à des
sources stoïciennes désormais perdues, tantôt de son propre chef, tantôt à la demande de
Lucilius.
Nous accorderons une attention particulière à la lettre 58, dans laquelle Sénèque
traite la délicate question du genre suprême subsumant corporels et incorporels, et nous
verrons comment ce problème central de l’ontologie stoïcienne met en évidence un
dialogue profond avec les traditions platonicienne et péripatéticienne.
Un fascicule de textes sera distribué au début du semestre. Les étudiants pourront
consulter avec profit les références suivantes :
BRÉHIER, E., La Théorie des incorporels dans l'ancien stoïcisme, Paris, Librairie
Alphonse Picard & fils, 1907.
BRUNSCHWIG, J., « La théorie stoïcienne du genre suprême et l’ontologie
platonicienne », in BARNES, J. & MIGNUCCI, M. (éds.), Matter and Metaphysics, IVth
Symposium Hellenisticum. Naples, Bibliopolis, 1988, pp. 19-127.
INWOOD, B., Seneca: Selected philosophical Letters, translated with an
Introduction and Commentary by B. I., Oxford, Oxford University Press, 2007.
LONG, A. A. & SEDLEY, D., Les philosophies hellénistiques, tome 2 : les Stoïciens
(trad. J. BRUNSCHWIG & P. PELLEGRIN), Paris, GF Flammarion, 1997.

Semestre 2. M2PHLAN4 Jacob SCHMUTZ

L’idée de la rose : traduction et commentaire de Jean Duns Scot, Ord. I, dist.


35-36 sur la connaissance divine

« La rose est sans pourquoi », clame un célèbre vers d’Angelus Silesius, mystique
allemand du XVIIe siècle, souvent célébré par Heidegger dans sa dénonciation du
principe de raison comme structure de la métaphysique occidentale. La réponse de
Silesius ne satisfaisait effectivement pas les médiévaux : pourquoi la rose est-elle une
rose ? Pourquoi est-elle une fleur, pourquoi possède-t-elle une certaine couleur et un
certain parfum ? Parce que Dieu l’a voulu ? Dieu aurait-il pu faire une rose sans parfum,
une rose qui ne soit pas une fleur ? Telles sont les questions qui sont au fond de la
réflexion de Jean Duns Scot sur la création du monde : le Dieu créateur détermine-t-il
également les essences des choses, ou bien celles-ci s’imposent-elle à son pouvoir
créateur ? Nous proposerons une lecture et traduction suivie des distinctions 35-36 du Ier
livre du commentaire des Sentences (= Ordinatio ou Opus Oxoniense) de Jean Duns
Scot (ca. 1266 – 1308), un lieu textuel traditionnellement consacré à la science et aux
idées divines, c’est-à-dire à la manière dont Dieu connaît le monde avant sa création. Ce

- 16 -
texte est capital, tant dans la tradition tardo-médiévale que pour l’historiographie du
XXe siècle, qui s’est largement déchirée sur son interprétation : Jean Duns Scot est-il un
augustinien, qui défend la primauté de l’idéalisme divin sur la création, ou bien est-il au
contraire le représentant du « logicisme » ou de l’« essentialisme », doctrine qui affirme
que les lois de la logique sont parfaitement indépendantes de Dieu ? Nous lirons,
traduirons et commenterons, paragraphe par paragraphe, ce texte réputé très difficile du
point de vue conceptuel.
Support du cours : les étudiants recevront une copie du texte latin tel qu’il est
édité dans l’édition Vaticane des Opera omnia de Jean Duns Scot ainsi qu’un dossier
d’études complémentaires, disponible sur moodle.
Prérequis : une connaissance élémentaire du latin est requise.
Bibliographie : en français, voir en priorité J.-Chr. Bardout & O. Boulnois (dir.),
Sur la science divine (Paris : PUF, 2002) ; O. Boulnois, Etre et représentation. Une
généalogie de la métaphysique moderne à l’époque de Duns Scot (XIIIe-XIVe siècles)
(Paris : PUF, 1999) ; ainsi que le classique E. Gilson, Jean Duns Scot. Introduction à
ses positions fondamentales (Paris : Vrin, 1952).
Dans d’autres langues : L. Honnefelder, Scientia transcendens. Die formale
Bestimmtheit der Seiendheit und Realität in der Metaphysik des Mittelalters und der
Neuzeit (Duns Scotus, Suárez, Wolff, Kant, Peirce) (Hambourg : Meiner, 1990) ; T.
Hoffmann, Creatura intellecta. Die Ideen und Possibilien bei Duns Scotus mit Ausblick
auf Franz von Mayronis, Poncius und Mastrius (Münster : Aschendorff, 2002) ; F.
Mondadori, « The Independence of the Possible According to Scotus », in Duns Scot à
Paris, 1302-2002, ed. O. Boulnois, E. Karger, J.-L. Solère & G. Sondag (Turnhout :
Brepols, 2004), p. 313-374 ; T. Noone, « Aquinas on Divine Ideas : Scotus’s Evaluation
», Franciscan Studies 56 (1998), 307-324 ; T. Noone, « Scotus on Divine Ideas : Rep.
Paris. I-A, dist. 36 », Medioevo 24 (1998), 359-453.

- 17 -
Allemand

Semestre 1. M1PHLAN2 Antoine GRANDJEAN

Kant : autour du mensonge

Le cours portera sur les textes kantiens consacrés à la question éthico-juridique du


mensonge.
Nous traduirons et expliquerons l’opuscule de 1797 Sur un prétendu droit de
mentir par humanité, qu’il nous faudra non seulement éclairer à l’aide des autres pages
kantiennes pertinentes, mais également inscrire dans une tradition, ce qui nous conduira
à lire, en langue originale, des textes d’auteurs antérieurs (notamment Wolff, Michaelis)
aussi bien que postérieurs (notamment Fichte).
Chaque étudiant devra être en possession du texte de 1797 : Über ein vermeintes
Recht, aus Menschenliebe zu lügen, dont il existe, outre l’édition de référence (Kants
Gesammelte Schriften, Band VIII, p. 423-430), par ailleurs accessible gratuitement en
ligne (https://korpora.zim.uni-duisburg-essen.de/Kant/), diverses éditions au format
poche (in Kleinere Schriften zur Geschichtsphilosophie, Ethik und Politik, Meiner ; in
Schriften zur Ethik und Religionsphilosophie, Suhrkamp ; in Denken Wagen, Reclam).
Les autres textes seront distribués durant les séances.

Bibliographie

Textes de Kant
Vorlesungen zur Moralphilosophie
Grundlegung zur Metaphysik der Sitten
Kritik der praktischen Vernunft
Über das Mißlingen aller philosophischen Versuche in der Theodizee
Brief an Maria von Herbert, Früjahr 1792
Die Religion innerhalb der Grenzen der bloßen Vernunft
Verkündigung des nahen Abschlusses eines Traktats zum ewigen Frieden in der
Philosophie
Metaphysik der Sitten. Tugendlehre
Über ein vermeintes Recht, aus Menschenliebe zu lügen
Anthropologie in pragmatischer Hinsicht

Autres textes
Fichte, System der Sittenlehre nach den Prinzipien der Wissenschaftslehre
Michaelis, Von der Verpflichtung des Menschen die Wahrheit zu reden
Moral
Wolff, Moral, oder vernünftige Gedanken von der Menschen Tun und Lassen, zur
Beförderung seiner Glücklichkeit
Grundsätze des Natur- und Völckerrechts

Semestre 2. M2PHLAN2 Élise MARROU


R. Musil, Der Mann ohne Eigenschaften
Nous proposerons une lecture sélective du premier tome de Der Mann ohne
Eigenschaften. À chaque séance, nous traduirons et commenterons un extrait (la liste
complète des textes sera communiquée aux germanistes à la rentrée de septembre sous
la forme d’un livret). Seule la lecture de cette œuvre de Robert Musil est impérative.

- 18 -
Robert Musil, Gesammelte Werke. 1, Der Mann ohne Eigenschaften, hrsg. von Adolf
Frisé, Reinbek bei Hamburg, Rowohlt, 1978.
On consultera avec profit les Gesammelte Werke éditées par Adolf Frisé, ainsi
que la traduction de Ph. Jaccottet parue au Seuil, L'Homme sans qualités : roman, 1982.
I. Bachmann, Werke, hg. Von Ch. Koschel von Weidenbaum/Clemens Münster, Bd 4,
München, Zürich, 1979.
W. Boelich, Untergang und Erlösung. Zu Robert Musils Roman « Der Mann ohne
Eigenschaften », Akzente I, 1954.
J. Bouveresse, L'Homme probable : Robert Musil, le hasard, la moyenne et l'escargot
de l'histoire, Combas, Éd. de l'Éclat, 1993.
— La Voix de l’âme et les chemins de l’esprit, Paris, Seuil, 2001.
E. Canetti, Das Augenspiel. Lebensgeschichte 1931-1937, München/Wien, 1985.
J.-P. Cometti, Robert Musil ou L'alternative romanesque, Paris, Puf, 1985.
— Robert Musil, Colloque de Royaumont, Éditions de Royaumont, 1986.
S. Djigo, La raison vivante: Robert Musil et la vérité romanesque, Paris, Éd.
l’Improviste, 2013.
M. Frank, Erkenntniskritische, ästhetische und mythologische Aspekte der
« Eigenschaftslosikeit » in Musils Roman, Revue de théologie et de philosophie, 113,
1981.
A. Frisé, Plädoyer für Robert Musil: Hinweise und Essays, 1931 bis 1980, Reinbek bei
Hamburg, Rowohlt, 1980.
H. Kraft, Musils Mann ohne Eigenschaften, München/Zürich, 2000.
— Musil, Paul Zsolnay Verlag Wien 2003.
M. Luserke, Wirklichkeit und Möglichkeit, Modaltheroretische Untersuchung zum Werk
Robert Musils, Frankfurt a. M.-Bern-New York, 1987.
G. Müller, Dichtung und Wissenschaft. Studien zu Robert Musils Romanen « Die
Verwirrungen des Zöglings Törless » und « Der Mann ohne Eigenschaften », Uppsala,
1971.
— Ideologiekritik und Metasprache in Robert Musils Roman « Der Mann ohne
Eigenschaften », Wilhelm Fink, München-Salzburg, 1972.
F. Nietzsche, Werke in 5 Bänden, herausgegeben von Karl Schlechta, Ullstein,
Frankfurt a. m. Berlin- Wien, 1986.
M.-L Roth, Robert Musil, Ethik und Aesthetik. Zum theorischen Werk des Dichters, Paul
List Verlag, München, 1972.
— avec Bernhard Böschenstein, Hommage à Musil, Peter Lang, Bern, 1995.
F. Vatan, Robert Musil et la question anthropologique, Paris, Puf, 2000.
— Robert Musil : le virtuose de la distance, Paris, Belin, 2013.
— A. Venturelli, Robert Musil und das Projekt der Moderne, Bern, 1988.
Robert Musil, Cahier de l’Herne, Paris, Éditions de l’Herne, 1981.

Anglais

Les étudiants choisiront entre un cours en anglais centré sur l’étude d’une notion
ou d’une œuvre et un cours en français qui a pour objectif de les préparer à l'épreuve de
traduction et de commentaire de textes classiques de la tradition philosophique à
l’agrégation de philosophie.

Semestre 1. M1PHLAN3

Cours 1. Samuel WEBB

Identité personnelle, selfhood, et self-consciousness de Locke à Reid

- 19 -
Une personne est-elle la même au cours de sa vie (et au-delà) ? Qu’est-ce qui fait
cette identité ? Dans la philosophie anglophone, c’est Locke qui a donné le cadre de la
réflexion sur ces questions. La réponse de Locke a ceci de notable : elle fait entrer en
scène un nouveau personnage philosophique – « the self », substantivation du pronom
réflexif qui nous est devenue familière. Mais qu’est-ce que ce « self » exactement, et
comment comprendre la self-consciousness (autre néologisme de Locke) qui lui est
nécessaire ? Dans ce TD, nous lirons et commenterons une sélection de textes dans cette
tradition anglophone, à commencer par le chapitre 27 du livre II de l’Essay de Locke.
Nous prêterons particulièrement attention aux innovations à la fois linguistiques et
conceptuelles introduites par Locke et aux objections que sa théorie a soulevé chez
Berkeley, Butler, Hume et Reid, objections qui ont été structurantes pour la réception du
texte de Locke, jusqu’à la philosophie analytique contemporaine. Une partie du travail
sera également consacrée à l’exercice de la traduction.

TEXTES
LOCKE, An Essay Concerning Human Understanding, Peter H. Nidditch (ed.), Oxford,
Clarendon Press, 1975; tr. fr. Un Essai philosophique concernant l'entendement
humain, traduction par Pierre Coste [1700], Paris: Vrin, 1972; Essai philosophique
sur l'entendement humain: Livres I et II, traduction par Jean-Michel Vienne, Paris:
Vrin, 2002; Essai sur l’entendement humain, traduction par Pierre Coste,
établissement du texte, présentation, dossier et notes par Philippe Hamou, Paris, Le
Livre de Poche, 2009.
PERRY, J. (ed.), 1975, Personal Identity, Berkeley, University of California Press, 2nd
edition, 2008.

Bibliographie secondaire indicative


Balibar, É., John Locke, Identité et différence. L’invention de la conscience. Présenté,
traduit et commenté par É. Balibar, Paris, Seuil, 1998.
Carraud, V., L’invention du moi, Paris, PUF, 2010.
Descombes, V., Le parler de soi, Paris, Gallimard, 2014.
– Les Embarras de l’identité, Paris, Gallimard, 2013.
Ricœur, P., Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990.
Schechtman, M., The Constitution of Selves, Ithaca and London, Cornell University
Press, 1996.
Strawson, G., Locke on Personal Identity. Consciousness and Concernment, Princeton
University Press, 2011
Taylor, C., Sources of the Self: the Making of Modern Identity, Cambridge, Harvard
University Press, 1989.
Thiel, U., The Early Modern Subject. Self-consciousness and personal identity from
Descartes to Hume, Oxford, Clarendon Press, 2011.

Cours 2. Claire CRIGNON

Thomas Hobbes. Philosopher par temps de crise.

Reprenant une expression de J. Terrel, ce TD proposera un choix de textes de


Hobbes allant de son autobiographie en vers, jusqu'au Léviathan, en passant par les
Elements of Law. On se centrera ici sur la conception hobbesienne de la philosophie et
sur la manière dont le contexte des conflits sectaires et de la guerre civile a exercé une

- 20 -
influence déterminante sur le projet philosophique de ce penseur majeur de la période
moderne.
On se procurera en priorité (bibliographie complète en début de cours) :
Thomas Hobbes, Human Nature and De Corpore Politico (The Elements of Law
Natural and Politic), Oxford World’s Classics, ed. J. C. A. Gaskin.
Thomas Hobbes, Leviathan, Oxford World’s Classics, ed. J. C. A, Gaskin.

Semestre 2. M2PHLAN3

Cours 1. Raphaël EHRSAM

Empiricism, religion, skepticism : Hume’s Dialogues

This course, taught in English, is dedicated to an intensive study and translation


of the major sections of Hume’s Dialogues Concerning Natural Religion.
The standard edition is Dorothy Coleman’s: Dialogues Concerning Natural
Religion and Other Writings, Cambridge, Cambridge University Press, 2007 (DCNR).
This edition includes selections from The Natural History of Religion that are to be
carefully read.
About other works by Hume that you might want to look at : the standard edition
for A Treatise of Human Nature is the two-volume edition of David Fate Norton and
Mary Norton in The Clarendon Edition of the Works of David Hume (Oxford, OUP,
2007). Volume 1 contains the text, and volume 2 some editorial and historical
information. A less expensive version of the text can be found in the collection Oxford
Philosophical Texts by the same editors. For An Enquiry concerning Human
Understanding, the standard edition is also The Clarendon Edition of the Works of
David Hume, but many other usable editions can be found, such as the student edition
by A. Flew (Chicago, Open Court, 2000)

Bibliographie :
DELEUZE G., Empirisme et subjectivité, Paris, PUF, 1953
GASKIN J. C. A., “Hume on Religion”, in David Fate Norton and Jacqueline
Taylor, The Cambridge Companion to Hume, Cambridge, CUP, 2009, p. 480-514
HUME D., Dialogues sur la religion naturelle, trad. Michel Malherbe, Paris,
Vrin, 2005
LAD SESSIONS W., Reading Hume’s Dialogues, Bloomington, Indiana
University Press, 2002
MALHERBE M., La philosophie empiriste de David Hume, Paris, Vrin, 1976
NORTON D. Fate (éd.), The Cambridge Companion to Hume, Cambridge,
Cambridge University Press, 1993
O’CONNOR D., Hume on Religion, London, Routledge, 2001
RADCLIFFE E. A., A Companion to Hume, Oxford, Blackwell Publishing Ltd,
2008

Cours 2. Claire CRIGNON

John Locke, Of the Conduct of the Understanding

Nous traduirons et commenterons ce texte que Locke comptait initialement


intégrer à l’Essay dans sa 4e édition et qui paraîtra de manière posthume en 1706. Son
objet est de présenter la nécessité d’un régime pour l’esprit afin de lui fournir les aides
nécessaires à la recherche de la vérité. Il met en œuvre la méthode de la « plain and

- 21 -
historical method », c’est-à-dire d’une observation et d’une histoire de l’entendement,
de ses échecs et de ses dysfonctionnements possibles. Il permet d’aborder la théorie
lockienne de l’erreur, du jugement, de l’association des idées ou le thème des limites de
la connaissance.
On se procurera en priorité (bibliographie complète en début de cours) : Of the
Conduct of the Understanding (nombreuses éditions disponibles du texte, souvent
associé à Some Thoughts Concerning Education (l’édition de référence est celle de J.
W. and Jean S. Yolton, Oxford, Clarendon Press).
On peut trouver le texte en ligne :
(https://archive.org/details/lockesconductofu00lock)

Italien

Semestre 1. M1PHLAN6 Domenico COLLACCIANI

Science, philosophie et théologie à l’âge moderne. Une lecture des Opere de


Galileo Galilei

Pendant le premier semestre de lecture de textes italiens, on prendra en


considération un choix de textes de Galileo Galilei, afin de donner une vue d’ensemble
de la pensée scientifique et philosophique du savant italien.
En parcourant l’œuvre galiléenne (des premiers essais de mécanique aux Discorsi
de 1636), on mettra au jour les aspects principaux de la pensée scientifique de l’auteur :
l’usage des mathématiques en physique, le rôle des observations, l’hypothèse atomiste,
la thèse de l’héliocentrisme, les fondements de la mécanique et de la dynamique.
En ce qui concerne la pensée philosophique de Galilei, on ne pourra pas négliger
le rôle des deux condamnations que l’autorité romaine a portées contre lui,
respectivement en 1616 et en 1632. Une partie importante du cours sera donc consacrée
à la lecture des Lettere copernicane, dans le but d’examiner les positions galiléennes et
de les mettre en rapport avec les contextes savant et théologique de l’époque.
La connaissance de la langue italienne n’est pas requise. Lors de chaque leçon, on
reviendra sur la phonétique et sur la grammaire selon les exigences de la classe.

Galileo Galilei, Opere, a cura di F. Brunetti, UTET, Torino 1980 (réimp. 2005).
Id. Edizione nazionale delle opere, a cura di A. Favaro, Barbera, Firenze, 1890-
1909.

Semestre 2. M2PHLAN6 Domenico COLLACCIANI

Les Lumières italiennes : Cesare Beccaria, Dei delitti e delle pene

Pendant le second semestre du TD de textes philosophiques italiens, on lira


l’ouvrage de Cesare Beccaria Dei delitti e delle pene dans l’édition de Franco Venturi.
L’ouvrage du jeune italien (il avait vingt-cinq ans lors de la première rédaction)
est universellement reconnu comme le chef-d’œuvre des Lumières italiennes. Par un
phénomène qui n’est pas rare dans l’histoire des idées, le grand succès de l’ouvrage
(notamment auprès du public parisien) est en même temps la cause de son oubli. En
effet, si les thèses principales de Beccaria, dont l’opposition à la peine de mort et à la
torture et le principe de légalité, font partie intégrante du legs de la culture
philosophique et juridique du XVIIIe siècle, le texte en tant que tel est aujourd’hui peu
lu.

- 22 -
Nous nous proposons de relire, traduire et commenter Dei delitti e delle pene, en
accordant une grande importance à l’analyse rhétorique et philosophique du texte. De
plus, on envisagera la question de la philosophie de Beccaria en prenant en
considération des extraits de ses œuvres complètes et des ouvrages des philosophes
français dont il s’est inspiré (notamment Montesquieu, Rousseau et Helvétius).

Cesare Beccaria, Dei delitti e delle pene, a cura di F. Venturi, Einaudi, Milano
1994.
Id., Edizione nazionale delle opere, a cura di L. Firpo e G. Francioni, 16 vol.,
Mediobanca, Milano 1984-2014.
Id. Opere, a cura di S. Romagnoli, Sansoni, Milano.

Séminaires

(1h30 hebdomadaire ou 3 heures par quinzaine selon les cas)

Philosophie antique

Semestre 1. M1PHHI51 David LEFEBVRE

Le problème de la sensation dans le De anima d’Aristote

Le séminaire a pour objet la conception aristotélicienne de la sensation, l’analyse


des cinq sens et du sens commun principalement dans le traité De l’âme (II, 5-III, 2),
sans exclure le recours à d’autres textes, dont le petit traité De la sensation et des
sensibles. La question posée sera de savoir comment il est possible de surmonter
l’aporie dans laquelle se trouve (ou s’est trouvée) l’interprétation de ces textes,
généralement identifiée dans la littérature notamment anglophone par l’opposition entre
les « littéralistes » et les « spiritualistes ». Les premiers comprennent la théorie
aristotélicienne de la sensation « à la lettre » et considèrent que l’organe même prend
(d’une façon ou d’une autre) la qualité perçue (l’œil devient rouge), les seconds au
contraire nient toute forme de modification matérielle de l’organe et pensent que la
sensation correspond à une prise de conscience perceptive d’une qualité sensible. Le
problème rencontré à l’horizon est celui du rapport entre l’âme et le corps dans
l’hylémorphisme du traité De l’âme. Cela supposera de lire de près le texte d’Aristote
en étant attentif aux particularités de l’analyse pour chacun des sens. Le séminaire ne
suppose pas de connaissance du grec. On utilisera le texte de Ross des Oxford Classical
Texts et les traductions françaises disponibles (Rodier, Tricot, Jannone et Barbotin,
Bodéüs). Une bibliographie détaillée sera distribuée au début du cours.

Indications bibliographiques
Burnyeat, M., « De Anima II 5 », Phronesis, 47/1, 2002, p. 28-90.
Hicks, R.D., Aristotle, De anima, with Translation, Introduction and Notes,
Cambridge University Press, 2007.
Johansen, T.K, Aristotle on the Sense-Organs, Cambridge University Press, 1997.
Modrak, D., Aristotle: The Power of Perception, University of Chicago Press,
1987.
Nussbaum, M. C. & Oksenberg Rorty, A., Essays on Aristotle’s De Anima,
Clarendon Press, Oxford, 1992.
Romeyer Dherbey, G. (dir.), Corps et âme, Sur le De anima d’Aristote, Études
réunies par C. Viano, Paris, Vrin, 1996. Voir notamment l’article de M. Burnyeat,

- 23 -
« Aristote voit du rouge et entend un ‘do’: combien se passe-t-il de choses ? Remarques
sur De anima, II, 7-8 », p. 149-167.
Sorabji, R., « Body and Soul in Aristotle », Philosophy, 49, 1974, p. 63-89.
Van Riel, G. & Destrée, P. (ed.), Ancient perspectives on Aristotle’s De anima,
Leuven University Press, 2009.

Semestre 2. M2PHHI51 David LEFEBVRE

Lecture du livre Thèta de la Métaphysique d’Aristote

Après s’être longtemps concentrée sur le livre Zèta de la Métaphysique (sur la


substance), la recherche a déplacé depuis quelques années son intérêt sur le livre Thèta
(sur l’être en puissance et en acte des chapitres 1 à 9 ; sur l’être vrai et faux au chapitre
10). Le débat s’est porté sur la fonction de ce livre au regard de l’analyse en cours de la
substance et donc en particulier sur les différents sens de l’acte (energeia) tels qu’ils
apparaissent aux chapitres 6 et 8. Le cours se présentera comme une lecture suivie du
texte avec pour fin de situer le niveau propre de l’analyse d’Aristote – vis-à-vis des
livres antérieurs et vis-à-vis du livre Lambda. Le livre Thèta achève l’examen des sens
de l’être ; il ouvre apparemment la voie aux analyses « théologiques » du livre Lambda,
non sans susciter cependant des interrogations sur l’unité ou la cohérence des
démarches empruntées par Aristote en Thèta et en Lambda. La connaissance du grec
n’est pas nécessaire pour suivre le cours, même si le texte grec sera utilisé. Une
bibliographie détaillée sera distribuée au début du semestre.

Indications bibliographiques

Aubry, G., Dieu sans la puissance, Dunamis et Energeia chez Aristote et chez
Plotin, Paris, Vrin, 2006.
Beere, J., Doing and Being, An Interpretation of Aristotle’s Metaphysics Theta,
Oxford University Press, 2009.
Lefebvre, D., Dynamis, Sens et genèse de la notion aristotélicienne de puissance,
Paris, Vrin, 2018.
Makin, S., Aristotle, Metaphysics, Book Theta, Translated with Introduction and
Commentary, Clarendon Press, Oxford, 2006.

Philosophie hellénistique et de l’Antiquité tardive

Semestre 1. M1PHHI52 Suzanne HUSSON

Le cosmopolitisme dans l’Antiquité

Le cosmopolitisme antique était une entreprise morale beaucoup plus qu’un projet
politique, cependant, dans son expression la plus complète, à savoir dans le stoïcisme, la
dimension strictement politique n’était pas exclue, puisqu’une articulation entre la petite
cité et la grande cité, à savoir le cosmos, dont les concitoyens sont les hommes et les
dieux, était pensée comme possible. L’objectif de ce séminaire est de chercher à
comprendre comment a été rendu possible l’élargissement du concept de cité, bien au-
delà des limites de la citoyenneté conditionnée par l’appartenance à un état déterminé,
en partant de l’hypothèse que la cité cosmique n’était pas conçue comme une simple
métaphore. Pour y parvenir, nous partirons de la pensée aristotélicienne de la cité et de
la citoyenneté avec ses exclusions (femmes, esclaves, indigents etc.) pour saisir quelles
étaient les transformations théoriques nécessaires pour aboutir à l’idée d’une

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citoyenneté universelle dans la conception, non seulement du rapport entre la loi et la
nature (sophistes, cyniques), mais de la nature elle-même.

Éléments de bibliographie :
Sources :
Aristote, Politique ; Les cyniques grecs : L. PAQUET, Les cyniques grecs.
Fragments et témoignages, Ottawa: Paris : Librairie Générale Française, coll. “ Le Livre
de Poche ”, 1992 ; Long, A.A., Sedley, D.N., Les philosophes hellénistiques, II, Les
Stoïciens ; Cicéron, La République, Les lois ; Epictète, Manuel, Entretiens ; Marc-
Aurèle, Pensées
Littérature secondaire :
Coulmas, P., Les citoyens du monde. Histoire du cosmopolitisme, Paris, Albin
Michel, 1990.
Laurand, V., La politique stoïcienne, Paris, PUF, 2005 (consultable sur Cair
Richter, D. S., Cosmopolis, Imagining Community in Late Classical Athens and
the Early Roman Empire, Oxford, Oxford University Press,2011.
Schofield, M., The Stoic Idea of the City, Cambridge/New York/Port Chester/
Melbourne/Sydney, Cambridge University Press, 1991.
Vogt, K. M., 2008, Law, Reason, and the Cosmic City: Political Philosophy in the
Early Stoa, Oxford, Oxford University Press.

Semestre 2. M1PHHI52 Thomas AUFFRET

Épicure, Lettre à Pythoclès.

Le cours consistera avant tout en un commentaire suivi et détaillé de la Lettre à


Pythoclès d’Epicure, consacrée à l’explication des phénomènes cosmologiques et
météorologiques. Le statut particulier de ces phénomènes suscite des difficultés
spécifiques pleinement reconnues par la tradition des physiciens et dont témoigne, en
particulier, les Météorologiques d’Aristote. Ces difficultés imposent, à leur tour, une
méthode d’explication propre en contexte épicurien : il s’agit de la doctrine des
explications multiples, qui a parfois été mécomprise par les commentateurs. On
s’attachera à en expliquer la portée et la signification exactes, en la replaçant dans le
cadre plus général de l’épistémologie si particulière développée par Epicure. Il
conviendra de se procurer une traduction française du texte étudié.

Bibliographie indicative
H. Usener, Epicurea, Leipzig, 1887.
Th. Bénatouïl, « La méthode épicurienne des explications multiples », dans Th.
Bénatouïl, V. Laurand et A. Macé (dir.), Les Cahiers philosophiques de Strasbourg, vol.
15 : « L’épicurisme antique », 2003, pp. 15–47.
J. Bollack et A. Laks, Epicure à Pythoclès. Sur la cosmologie et les phénomènes
météorologiques, Lille, 1978.
A.A. Long et D. Sedley, Les philosophes hellénistiques : I. Pyrrhon.
L’épicurisme, trad. J. Brunschwig et P. Pellegrin, Paris, 2001.
J. Vuillemin, Nécessité ou contingence. L’aporie de Diodore et les systèmes
philosophiques, Paris, 1984.

Philosophie arabe

Semestre 1. M1PHHI56 Lucile EL HACHIMI

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Les deux premières questions de la Réfutation de la Réfutation des philosophes par
Averroès - La question de l’éternité du monde en terre d’Islam.

Ce séminaire a pour but d’analyser les débats qui ont agité le monde intellectuel
musulman autour de la question de l’éternité du monde. Il s’agira de voir les subtilités
de l’opposition entre les philosophes de tradition grecque et les théologiens rationnels
musulmans ainsi que leur dialogue permanent et fécond.

En nous concentrant, sans nous y limiter, sur les deux premières questions que traite le
Cordouan, dans la Réfutation de la Réfutation des philosophes, nous étudierons les
thèses, les arguments et les méthodes argumentatives, qui font de cette question
métaphysique le centre névralgique de toute leur conception du monde.

La maîtrise de l'arabe n'est pas requise.

Semestre 1. M2PHHI56 Lucile EL HACHIMI

La nature humaine chez les philosophes arabes : éthique et noétique.

Ce séminaire a pour but d’étudier les grandes figures de la pensée arabe sous le prisme
de la question de la définition de la nature humaine. Le but sera de voir comment leur
conception de ce qui fait l’homme - être intelligent agissant dans le monde - emporte
des points fondamentaux de leur doctrine. Le traitement arabe de cette question se
caractérise par une analyse détaillée et une conception renouvelée de l’intellect humain
et de son développement. Nous nous attarderons donc sur la façon dont cette
conceptualité noétique s’articule à la construction du champ éthique chez les auteurs de
tradition grecque (Kindī, Fārābī, Avicenne et Averroès). Une analyse de la figure de
l’homme telle qu’elle s’érige au sein des principales écoles du kalām permettra par
ailleurs de mettre en exergue les tensions qui existent entre les différentes
représentations de ce qu’est l’homme, au cours de l’âge d’or de la pensée arabe.

La maîtrise de la langue arabe n’est pas requise.

Philosophie du Moyen-Âge

Semestre 1. M1PHHI53 Jacob SCHMUTZ

L’ontologie de la dépendance (I) : métaphysique

Selon Nicolas Malebranche, Aristote n’aurait pas « su que Dieu a créé le monde
dans le temps pour faire connaître sa puissance et la dépendance des créatures » (De la
recherche de la vérité). Par rapport à la philosophie grecque et antique, la racine du
monothéisme résiderait donc dans une ontologie de la dépendance : le monde des
créatures ne peut pas se penser sans leur dépendance à l’égard de Dieu ; inversement,
affirmer l’indépendance des créatures conduirait alors à séculariser cet univers. Ce
séminaire interrogera l’origine et la validité du raisonnement de Malebranche : est-il
possible de penser un monde sans une cause première de son existence ? Est-il possible
de penser des créatures « indépendantes » ? La dépendance ontologique concerne-t-elle
seulement l’existence des créatures, ou bien également à leur essence ? Nous étudierons
plusieurs formulations de ce problème dans le néoplatonisme, dans la philosophie arabe
et juive médiévale (Averroès, Maïmonide), puis les grands débats sur le créationnisme
dans l’Occident latin au XIIIe siècle (Guillaume d’Auvergne, Thomas d’Aquin, Jean

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Duns Scot). Le séminaire du second semestre poursuivra cette réflexion en
s’interrogeant sur les conséquences éthiques de l’ontologie de la dépendance.
Support du cours : les étudiants recevront un dossier de textes issus de la tradition,
souvent en traduction originale (Plotin, Averroès, Maïmonide, Bonaventure, Albert le
Grand, Thomas d’Aquin Jean Duns Scot, etc.)
Prérequis : les étudiants devront être familiarisés avec les grandes oppositions
entre écoles philosophiques et théologiques médiévales. Une connaissance du latin est
un plus, mais elle n’est pas requise à ce niveau.

Semestre 2. M2PHHI53 Jacob SCHMUTZ

L’ontologie de la dépendance (II) : éthique

Ce séminaire étudiera les conséquences éthiques des problèmes développés au


premier semestre : si l’univers est pensé dans une relation de dépendance ontologique
par rapport à son créateur, alors il s’ensuivrait automatiquement que les normes édictées
par ce créateur sont les seules normes possibles et légitimes. Il serait dès lors impossible
de penser des normes indépendamment d’une révélation divine – telle que les tables de
la Loi données à Moïse. Le point de départ de notre réflexion sera la réflexion
talmudique : si Dieu n’avait pas donné la Loi, celle-ci serait-elle normative ? Les
hommes auraient-ils pu la découvrir de façon autonome ? Cette réflexion talmudique se
retrouve dans toute la réflexion occidentale (tant juive que chrétienne) sur les
fondements de la loi naturelle : si elle est simplement accessible à la raison, pourquoi
prétendre avoir besoin de lois révélées ? Notre parcours consistera à explorer la
transmission en Occident des dilemmes talmudiques – notamment par l’œuvre de
Maïmonide, qui influence profondément Thomas d’Aquin et Jean Duns Scot, ainsi que
les discussions sur la loi naturelle aux XVIe et XVIIe siècles – jusqu’à la fameuse
hypothèse de Grotius sur le etiamsi daremus – à savoir l’idée que les principes du droit
naturel seraient valables « même si Dieu n’existait pas ».
Support du cours : les étudiants recevront un dossier de textes issus de la tradition,
souvent en traduction originale (Talmud, Maïmonide, Thomas d’Aquin, Jean Duns
Scot, Grégoire de Rimini, Suárez, Grotius, etc.)
Prérequis : la participation au cours du 1er semestre sur la métaphysique n’est pas
présupposée, les deux parties étant autonomes. En revanche, les étudiants devront être
familiarisés avec les grandes oppositions entre écoles philosophiques et théologiques
médiévales. Une connaissance du latin est un plus, mais elle n’est pas requise à ce
niveau.

Philosophie moderne

Semestre 1. M1PHHI54 Antoine GRANDJEAN

Kant, philosophe de l’a priori acquis

L’empirisme n’a pas seulement agi sur Kant à la façon d’un réveil. Il a bien plutôt
constitué pour lui un authentique problème, impliquant que la pensée critique se
nourrisse largement, et souvent positivement, de son débat avec et contre l’empirisme,
au sein de ce qui prit la forme d’une concurrence philosophique continuée.
Le séminaire sera consacré à l’une des manifestations de ce travail de l’empirisme
au sein de la problématique transcendantale, à savoir la thèse kantienne selon laquelle
l’a priori est toujours intégralement et radicalement acquis. Nous étudierons le motif
d’une événementialité du transcendantal, ainsi que celui d’une contribution empirique à

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l’advenir de l’a priori, en nous arrêtant plus en détail sur quelques-unes de ses figures
exemplaires.
Les textes cardinaux sur lesquels nous nous appuierons seront tirés de la Critique
de la raison pure mais nous procéderons à de nombreuses incursions dans d’autres
œuvres, de Kant et d’autres auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles.

Bibliographie indicative :
Bouveresse J., « Le problème de l’a priori et la conception évolutionniste des lois de la
pensée », in Essais. V. Descartes, Leibniz, Kant, Marseille, Agone, 2006, p. 113-138
Duchesneau F., « Épigenèse de la raison pure et analogies biologiques », in F.
Duchesneau, G. Lafrance et C. Piché (éd.), Kant actuel. Hommage à Pierre Laberge,
Montréal-Paris, Bellarmin/Vrin, 2000, p. 233-256
Ehrsam R., Le Problème du langage chez Kant, Paris, Vrin, 2016
Genova A. C., « Kant’s Epigenesis of Pure Reason », Kant-Studien, 1974, 65/3, p. 259-
273
Ingensiep H. « Die biologischen Analogien und die erkenntnistheoretischen
Alternativen in Kants Kritik der reinen Vernunft B § 27 », Kant-Studien, 85, 1990, p.
381-393
Malabou C., Avant demain. Épigenèse et rationalité, Paris, PUF, 2014
Mensch J., Kant’s Organicism. Epigenesis and the Development of Critical Philosophy,
University of Chicago Press, Chicago et Londres, 2013
Oberhausen M., Das neue Apriori. Kants Lehre von “einer ursprünglichen Erwerbung”
apriorischer Vorstellungen, Stuttgart-Bad Canstatt, Frommann Holzboog, 1997
Piché, C., « La Critique et sa métaphysique », in La Métaphysique. Son histoire, sa
critique, ses enjeux, éd. par J.-M. Narbonne et L. Langlois, Presses de l’Université
Laval / Vrin, Québec /Paris, 1999
Sloan Ph., « Preforming the categories: Eighteenth-Century Generation Theory and the
Biological Roots of Kant’s A Priori », Journal of the History of Philosophy, 40, 2,
2002, p. 229-253
Van de Pitte, « Descartes et Kant : empirisme et innéité », Les Etudes philosophiques,
1985/2, p. 175-190
Wubnig J., « The Epigenesis of Pure Reason. A Note on the Critique of Pure Reason, B
sec. 27, 165-167 », Kant-Studien, 60, 1969, p. 147-152
Zöller G., « From Innate to A Priori. Kant’s Radical Transformation of a Cartesian-
Leibnizian Legacy », The Monist, 72, 1989
« Kant on the Generation of Metaphysical Knowledge », in H. Oberer et G.
Seel (ed.), Kant, Analysen – Probleme – Kritik, Würzburg, Königshausen und
Neumann, 1988

Semestre 2. M2PHHI54 Domenico COLLACCIANI

Substantia absolute infinita : une lecture de l’Ethica more geometrico demonstrata

Dans le débat contemporain, la philosophie de Spinoza est souvent présentée


comme un fait unique dans l’histoire. Son Éthique démontrée selon la méthode
géométrique est en effet un texte exceptionnel : ses démonstrations rigoureuses ne
semblent demander qu’une lecture attentive pour que la raison puisse saisir la nature du
Dieu. Sans doute est-ce à cause de ce statut remarquable que l’ouvrage est susceptible
d’être interprété comme un texte absolument autonome, dont les approches historiques
ne sauraient qu’obscurcir la clarté.
Afin de contrecarrer une telle tendance spontanée du spinozisme contemporain,
dans ce cours d’introduction à la recherche en histoire de la philosophie nous proposons

- 28 -
d’envisager les thèmes de l’Éthique sous un angle nouveau. Il s’agira de repenser la
philosophie de Spinoza à partir de la question de sa position dans l’histoire de la pensée
à l’âge moderne. Nous essayerons donc de montrer que, loin d’être une philosophie
intemporelle, la métaphysique de Spinoza nécessite d’être comprise dans une
perspective d’histoire de la philosophe, en employant les méthodologies adaptées. Nous
souhaitons ainsi prouver que le contenu de la raison doit aussi être saisi par le biais
d’une compréhension large des contextes desquels il puise ses racines.
Le cours développera une enquête à propos de la notion de substance en la reliant
à ses deux sources principales, à savoir Descartes et le cartésianisme néerlandais d’une
part, et la seconde scolastique, d’autre part. On abordera également les questions de la
méthode géométrique et de la physique, qui en sont respectivement la prémisse et la
conséquence.
Les étudiants seront invités à mener une recherche personnelle pour développer
d’autres pistes de lecture selon les modalités qui seront communiquées lors de la
première séance.

On lira l’Éthique dans la traduction de B. Pautrat avec le texte latin en regard :


B. Spinoza, Ethique, Éd. du Seuil, 2010.
(La traduction Appuhn est également fiable).

Une bibliographie de textes sera donnée pendant le cours.

Histoire des sciences et de la philosophie moderne

Semestre 2. M2PHHI58 Claire CRIGNON.

Progrès des sciences, religion et politique à l’époque moderne

L’une des caractéristiques de la période moderne est de proposer une conception


du progrès des sciences qui soit compatible avec la défense des intérêts de la religion et
de la foi chrétienne. Cette période est en même temps caractérisée par de violents
conflits religieux qui débouchent sur des crises politiques majeures. La question du
progrès du savoir a joué un rôle majeur dans l’émergence du concept de tolérance. Mais
ces deux questions sont rarement envisagées conjointement. C’est cette articulation
entre un problème épistémologique (comment penser le progrès des sciences) et
pratique (en faisant face à la diversité des croyances et sans compromettre la survie de
l’État) que nous examinerons.
Comment les philosophes et les savants de cette période s’adressent-ils aux
autorités politiques et religieuses de leur temps et comment définissent-ils le rôle du
savoir et de la spéculation relativement à la pratique ou à une transformation de la
société ?
Comment intègrent-ils au sein de leur projet de réforme du savoir des
phénomènes comme la prophétie, la sorcellerie, la divination, la prétention à
l’inspiration, mais aussi la fin de vie ou sa prolongation, sujets qui étaient auparavant
considérés comme le domaine réservé des hommes d’Église. Comment tiennent-ils
compte du risque d’une dérive sectaire du savoir et quels outils méthodologiques
mettent-ils en place pour lutter contre le dogmatisme ? Quelles limites assignent-ils
enfin au progrès des sciences pour qu’il ne vienne pas s’opposer aux intérêts de la
religion et de l’État ?
Le cours proposera un parcours à partir de textes de Francis Bacon, Thomas
Hobbes, René Descartes, William Harvey, Galilée et Isaac Newton.

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Bibliographie :
F. Bacon, Du progrès et de l’avancement du savoir, trad. Le Doeuff, Tel, Gallimard.
An Advertisement touching the Controversies of the Church of England, Letter to Lord
Burghley, A Letter to Henry Savile, dans Francis Bacon, The Major Works, Oxford
World’s Classics.
Th. Hobbes, Léviathan, trad. Tricaud, éd. Sirey / Dalloz.
Galilée, Ecrits coperniciens, le livre de poche, éd. Hamou et Spranzi.
Galilée, Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, Paris, Seuil.
W. Harvey, De Motu Cordis, Paris Bourgeois, 1991.
Newton, Principes mathématiques de la philosophie naturelle.

Philosophie contemporaine

M1PHHI55 et M2PHHI55

A. Semestre 1 Dominique PRADELLE

Vérité et objectivisme sémantique

Ce séminaire sera centré sur le concept de vérité dans sa corrélation avec la


tradition baptisée d’objectivisme sémantique, c’est-à-dire admettant l’objectivité idéale
du sens : dès lors que ce qui est vrai se réduit aux seules propositions, entendues comme
sens idéal des énoncés complets, peut-on maintenir le concept de la vérité comme
adaequatio rei et intellectus, adéquation ou correspondance entre la chose et l’intellect,
hérité de Thomas d’Aquin et de la tradition thomiste ? Nous serons ainsi conduits à
étudier la doctrine de la vérité de B. Bolzano, auteur de la Wissenschaftslehre (Théorie
de la science ou Doctrine de la science) qui, réactivant les théories stoïciennes, a
thématisé les concepts de proposition en soi et de vérité en soi. Nous poursuivrons avec
Frege, en étudiant la manière dont il récuse le concept traditionnel de la vérité comme
adéquation pour lui substituer une assimilation du vrai à la dénotation de toutes les
propositions vraies. Nous conclurons avec Husserl, en étudiant la manière dont ce
dernier, dans les première et sixième Recherches logiques, tâche de concilier les acquis
de l’objectivisme sémantique avec le concept de la vérité comme adéquation ; comment,
dans le cadre de l’objectivisme sémantique, est-il possible de réactiver et repenser ce
concept d’adéquation ?

Indications bibliographiques

B. BOLZANO, Grundlegung der Logik. Wissenschaftslehre I/II, éd. F. Kambartel,


Hamburg, F. Meiner, 1978 (trad. fr. J. English, Théorie de la science, Paris, Gallimard,
2011)
G. FREGE, Logische Untersuchungen, I, « Der Gedanke » (trad. fr. Cl. Imbert,
« La pensée », in Frege, Écrits logiques et philosophiques, Paris, Seuil, 1971)
E. HUSSERL, Logische Untersuchungen, I. Untersuchung : « Ausdruck und
Bedeutung », Hua XIX/1, et VI. Untersuchung : « Elemente einer phänomenologischen
Aufklärung der Erkenntnis », Hua XIX/2 ; trad. fr., Recherches logiques, tome II/1 et 3,
Paris, Puf, 19692 et 19742

- 30 -
Semestre 2 Dominique PRADELLE

La vérité comme adéquation et l’historicité

Ce séminaire partira de la conception thomiste de la vérité comme adaequatio rei


et intellectus, rapport de concordance ou de convenance entre l’entendement et la chose,
pour en interroger le prolongement phénoménologique dans la pensée de Heidegger. On
étudiera ainsi la théorie heideggérienne de la vérité telle qu’elle est thématisée dans Sein
und Zeit, afin de voir ce qu’apporte à la thématisation phénoménologique de la vérité la
conception de celle-ci comme un existential (à savoir l’être-dans-la-vérité comme
manière d’être de l’homme) : quels sont les rapports entre vérité prédicative, vérité
antéprédicative et vérité herméneutique ? Mais surtout, nous prendrons en considération
le concept de vérité tel qu’il est thématisé dans le texte de transition essentiel intitulé
Vom Wesen der Wahheit (De l’essence de la vérité) : comment comprendre la vérité
comme adéquation dès lors qu’il s’agit de la vérité de l’être et non plus de l’étant, et dès
lors que le sens de être est sujet à des mutations historiques essentielles ?

Indications bibliographiques

M. HEIDEGGER, Sein und Zeit, § 44, Tübingen, Niemeyer, 1927, trad. fr.
E. Martineau, Être et temps, Paris, Authentica, 1985 (disponible sur internet)
M. HEIDEGGER, Von Wesen der Wahrheit, in Wegmarken, GA 9, pp. 177-202 ;
« De l’essence de la vérité », trad. fr.W. Biemel et A. de Waelhens in Questions I, Paris,
Gallimard, 1968, pp. 159-194, trad. fr. E. Martineau, Paris, Authentica, 1988 (en fait
non publié, copie disponible à la bibliothèque)
M. HEIDEGGER, Parmenides, Gesamtausgabe Band 54, Frankfurt/Main,
V. Klostermann, 1992 (trad. fr. Th. Piel, Parménide, Paris, Gallimard, 2011)

B. Semestres 1 et 2 Claude ROMANO

Être soi : approches contemporaines (identité, individualité, ipséité)

Nous nous efforcerons cette année de présenter les matériaux d’un livre en cours
de rédaction sur la question de l’ipséité, qui se nourrit des très nombreuses discussions
qui ont vu le jour en philosophie contemporaine autour du problème de l’identité
personnelle et cherche à promouvoir une conception inspirée de celles de Heidegger et
de Ricœur. Le premier semestre portera surtout sur les modèles égologiques de
l’identité à soi tels qu’ils s’élaborent à partir de Descartes et de Locke principalement, et
tels qu’ils ont été repris dans la philosophie contemporaine, principalement analytique
(Shoemacker, Wiggins, Parfit entre autres). Le second semestre proposera de changer
de paradigme dans l’approche de ces questions en avançant une conception non plus de
l’identité à soi mais de l’ipséité qui fait de cette dernière une caractéristique
intrinsèquement sociale.

Bibliographie indicative :

Descombes, Vincent, Les embarras de l’identité, Paris, Gallimard, 2013.

Gallagher, Shaun (éd.), The Oxford Handbook of the Self, Oxford, Oxford
University Press, 2013.

Heidegger Martin, Sein und Zeit, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, 16è éd., 1986.
_ Être et Temps, trad. d’Emmanuel Martineau, Paris, Authentica, 1985. Lien de

- 31 -
téléchargement t.m.p.free.fr
Locke, John, Essai philosophique concernant l’entendement humain, trad. de P.
Coste, Paris, Vrin, 1972.
McIntyre, Alasdair, Après la vertu, Paris, PUF, « Quadrige », 2006.
Olson, Eric, The Human Animal: Personal Identity without Psychology, Oxford
University press, 1999.
Parfit, Derek, Reasons and Persons, Oxford, Clarendon Press, 1984.
Perry, John (éd.) Personal Identity, Univrsity of California Press, 1975.
_ « The Problem of Personal Identity », in J. Perry (éd.), Personal Identity, p. 3-
30.
Quinton, Anthony, « The Soul », in J. Perry (éd.), Personal Identity, p. 53-72.
Ricœur, Paul, Soi-même comme un autre, Paris, Le Seuil, 1990.
Schechtman, Marya, The constitution of Serves, Cornell University Press, 1982.
_ Staying Alive. Personal Identity, Practical Concerns, and the Unity of a Life,
Oxford, Oxford University Press, 2014.
Strawson, Peter, Les Individus. Essai de métaphysique descriptive, Paris, Seuil,
1973.
Taylor, Charles, Les Sources du Moi. La formation de l’identité moderne, Paris,
Le Seuil, 1998.
Wiggins, Sameness and Substance Reniewed, Cambridge University Press, 2008.

Métaphysique et idéalisme allemand

Semestres 1 et 2. M1PHHI57 et M2PHHI57 Emmanuel CATTIN

De l’esprit.

Le séminaire étudiera le sens de l’esprit dans l’idéalisme allemand, puis son


étrange héritage dans la pensée de Heidegger.

S1. Hegel, Schelling.

Hegel :
Phänomenologie des Geistes, Hamburg, Meiner, 2011.
Phénoménologie de l’esprit, tr. Bernard Bourgeois, Paris, Vrin, 2006.
Schelling:
Philosophische Untersuchungen über das Wesen der menschlichen Freiheit,
Hamburg, Meiner, 2011.
Recherches philosophiques sur l’essence de la liberté humaine, tr. J.-Fr. Courtine
et E. Martineau, in Œuvres métaphysiques, Paris, Gallimard, 1980.

Bernard Bourgeois, Les Actes de l’esprit, Paris, Vrin, 2001.


Jean-François Courtine, Extase de la raison, Paris, Galilée, 1993.
Martin Heidegger, Schelling, tr. J.-Fr. Courtine, Paris, Gallimard, 1977 (rééd.
1993).

S2. Heidegger.

Unterwegs zur Sprache, GA 12 (Die Sprache im Gedicht. Eine Erörterung von Georg
Trakls Gedicht).
Acheminement vers la parole, tr. J. Beaufret, W. Brokmeier, Fr. Fédier, Paris Gallimard,
rééd.
Schelling: Vom Wesen der menschlichen Freiheit (1809) [semestre d’été 1936], GA 42.
- 32 -
Schelling. Le traité de 1809 sur l’essence de la liberté humaine, tr. fr. J.-F. Courtine,
Gallimard, Paris, 1977 (rééd. 1993).
Die Selbstbehauptung der deutschen Universität [discours du 27.5.1933 à Fribourg], in
GA 16, p. 107-117.
L’auto-affirmation de l’université allemande, tr. G. Granel, bilingue, TER, Mauvezin,
1982.
Jacques Derrida, De l’Esprit, in Heidegger et la question, Paris, Flammarion,
1990.
Didier Franck, Le Nom et la chose. Langue et vérité chez Heidegger, Paris, Vrin,
2017.
Reiner Schürmann, Le Principe d’anarchie. Heidegger et la question de l’agir,
Zurich, Diaphanes, 20132.
Reiner Schürmann, Des Hégémonies brisées, Zurich, Diaphanes, 20172.

Philosophie comparée

Semestres 1 et 2 M1PHHI50 et M2PHHI50 François CHENET

Le Temps en Occident et en Inde

Ce séminaire est un séminaire de Philosophie comparée ; il comporte deux volets


indépendants correspondants à chacun des deux semestres, sachant que l’on peut suivre
le premier sans suivre le second ou suivre le second sans avoir suivi le premier.
Qu’est-ce que le Temps ? Quelle est sa nature et quel est son mode d’existence ?
Et quelle est la relation de l’esprit au Temps ? S’il est vrai que le Temps, à la fois
familier et mystérieux, est inscrit au cœur de la condition humaine, le Temps constitue
l’une des questions fondamentales de la philosophie, voire même l’unique problème
philosophique. Pour tenter de répondre à ces questions, on examinera les différentes
réponses que propose la réflexion occidentale sur le Temps, depuis Platon (Timée),
Aristote (Physique IV), Plotin (Ennéades, III, 7) saint Augustin (Confessions XI), puis
Kant (Critique de la Raison Pure) et Hegel (Précis de l’Encyclopédie des sciences
philosophiques), jusqu’à Bergson (Les Données immédiates de la Conscience,
L’Évolution créatrice) et Husserl (Leçons pour une Phénoménologie de la Conscience
intime du Temps), Bachelard (L’Intuition de l’instant, La dialectique de la durée) ou
Merleau-Ponty (Phénoménologie de la Perception). L’on s’intéressera également au
rapport que les sociétés entretiennent avec le temps, et notamment à l’accélération en
tant que trait caractéristique de la culture de la modernité (Harmut Rosa).
Or, la philosophie indienne, de son côté, s’est intéressée au Temps et nul doute
qu’elle ne donne à connaître à ce sujet une réflexion d’une grande richesse et tout à fait
originale, tant il est vrai que les spéculations indiennes couvrent un large spectre de
positions. Après avoir évoqué les spéculations relatives au rôle cosmologique du Temps
(le Kâla-vâda), on présentera les analyses développées à son sujet par la philosophie
indienne classique (dans les six « systèmes » brahmaniques ou darshana) et par la
philosophie bouddhique. Alors que le Nyâya professe un réalisme du Temps qui aligne
le Temps sur une ontologie de la substantialité, le Vedânta déréalise le Temps, le temps
se trouvant rejeté du côté de l’illusion, comme si la temporalité était la forme même
qu’affecte l’Illusion cosmique. L’approche bouddhique, de son côté, procède à la
déconstruction de l’idée de Temps et elle désubstantialise le Temps en mettant l’accent
sur l’unique réalité de l’instant — position-limite connue sous le nom
d’« instantanéisme » bouddhique. En regard de ces positions s’inscrit celle du grand
philosophe brahmanique Bhartrihari (Ve-VIe s. de notre ère), qui fait du Temps l’un des

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pouvoirs de l’Absolu même, pouvoir positif par lequel ce dernier se manifeste, le Temps
étant alors conçu comme le régulateur du devenir universel.

Une bibliographie spécialisée sera distribuée en début d'année, mais on peut


consulter :
N. Grimaldi, Ontologie du Temps, PUF, 1993 ; F. Chenet, Le Temps. Temps
cosmique, Temps vécu, Armand Colin, coll. U, 2000 ; P. Ricœur, Temps et Récit, Le
Seuil, 3 tomes, 1983-1985 (en particulier le T. 3) ; Harmut Rosa, Aliénation et
accélération. Vers une critique de la modernité tardive, La Découverte, 2012 ; L.
Silburn, Instant et Cause. Le discontinu dans la pensée philosophique de l’Inde, Vrin,
1955 ; Hari Shankar Prasad (ed.), Time in Indian Philosophy. A collection of Essays,
Delhi : Sri Satguru Pub., 1992 ; Kapila Vatsyayan (ed.), Concepts of Time Ancient and
Modern, Delhi : Sterling Pub., 1996 ; A. N. Balslev, A Study of Time in Indian
Philosophy, Delhi : Munshiram Manoharlal, 1999 ; B. M. Sinha, Time and Temporality
in Sâmkhya-Yoga and Abhidharma Buddhism, Delhi : Munshiram Manoharlal, 1983.

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Intitulés des cours, travaux dirigés et séminaires 2018-2019

Programme M2

Séminaires
(1h30 hebdomadaire ou 3 heures par quinzaine selon les cas)

Philosophie antique

Semestre 1. M3PHHI11 Marwan RASHED

Introduction à la Métaphysique d’Aristote

La Métaphysique d’Aristote est une œuvre fondatrice. Il n’est de philosophie


ultérieure, depuis l’Antiquité jusqu’aux recherches les plus contemporaines (tant
« analytiques » que « continentales »), en passant par le Moyen Âge et les temps
modernes, qui ne se soit définie, explicitement ou implicitement, par rapport à elle. Et
pourtant, à bien des égards, la Métaphysique est encore très mal connue : s’agit-il d’un
traité de la substance (ousia), d’une fondation de la science, d’une ontologie générale,
d’une théologie, d’une cosmologie ? Surtout, s’agit-il d’un ouvrage ? Et si oui, est-on
pour autant justifié à assigner aux quatorze livres un projet lui aussi unitaire ? Toutes
ces questions restent pour l’instant sans réponse, et pour cause : le texte des éditions
courantes de l’ouvrage est au mieux provisoire, son architectonique problématique et,
surtout, le rapport d’Aristote à sa propre œuvre demeure une énigme. Le but du
séminaire sera de présenter quelques-unes de ces grandes questions, de dresser un état
des lieux des principales interprétations en vigueur et de renouveler la lecture de la
Métaphysique en la soumettant à un double examen, philologique et philosophique.
On présentera les textes en grec aussi bien que dans une nouvelle traduction
française.

Bibliographie :
Aristote, La Métaphysique, 2 vol., Introduction, notes et index par J. Tricot, Paris,
Vrin, 1966, rééd. 1986
Aristote, Métaphysique, présentation et traduction par Marie-Paule Duminil &
Annick Jaulin, Paris, Garnier-Flammarion, 2008
Aristote, Métaphysique Epsilon, Introduction, traduction et commentaire par E.
Berti, Paris, Vrin, 2015

Semestre 2. M4PHHI11 David LEFEBVRE

Introduction à la biologie d’Aristote

Le séminaire portera sur le statut de ce qui est couramment appelé la biologie dans
le corpus aristotélicien. C’est à l’intérêt pour la biologie que les études aristotéliciennes
ont en partie dû leur renouvellement tout au long du dernier demi-siècle. Mais la place
de la biologie dans le système aristotélicien reste en grande partie une question ouverte.
On examinera en particulier les problèmes suivants : (a) Le fait qu’Aristote n’emploie
pas le terme de biologie n’interdit pas par principe aux interprètes de l’utiliser. Mais,
dans ce cas, comment délimiter la biologie dans la physique ? Quels objets et quelles

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limites lui donner ? Fausse-t-on la nature du projet physique d’Aristote en utilisant une
dénomination fantôme ? (b) L’existence même d’une science des animaux et des plantes
relève-t-elle d’une simple volonté d’exhaustivité dans l’étude de la nature ou manifeste-
t-elle une orientation particulière de la science aristotélicienne ? Que cherche Aristote
en s’intéressant aux êtres vivants ? (c) Aristote attribue la vie aux corps célestes et à la
substance séparée. Quel rapport cette vie entretient-elle avec la vie organique ? – Le
séminaire ne suppose pas une connaissance du grec. Des textes (grecs et en traduction
française) des traités physique (De l’âme) et spécifiquement biologiques (Histoire,
Parties, et Génération des animaux, etc.) seront distribués, ainsi qu’une bibliographie
détaillée.

Indications bibliographiques
Falcon, A., Aristotle and The Science of Nature. Unity without Uniformity,
Cambridge, Cambridge University Press, 2005.
Föllinger, S. (ed.), Was ist ‘Leben’? Aristoteles’ Anschauungen zur Entstehung
und Funktionsweise von Leben, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2010.
Gotthelf, A. & Lennox, J. G. (ed.), Philosophical Issues in Aristotle’s Biology,
Cambridge, Cambridge University Press, 1987.
Lennox, J. G., Aristotle’s Philosophy of Biology: Studies in the Origins of Life
Science, Cambridge, Cambridge University Press, 2001.
Pellegrin, P., La Classification des animaux chez Aristote, Statut de la biologie et
unité de l’aristotélisme, Paris, Les Belles Lettres, 1982.
Preus, A., Science and Philosophy in Aristotle’s Biological Works,
Hildesheim/New York, Georg Olms, 1975.
Rashed, M., Aristote, De la Génération et la Corruption, Texte établi et traduit,
Paris, Les Belles Lettres, 2005.

Philosophie hellénistique et de l’Antiquité tardive

Semestre 1. M3PHHI12 Thomas AUFFRET

Chrysippe entre logique, physique et cosmologie.

À partir de la reconstitution de la version chrysippéenne de l’éternel retour, qui se


distingue de celle de Cléanthe, on étudiera, dans son détail, la réponse proposée par
Chrysippe au célèbre « argument dominateur » formulé par Diodore, réponse dont on
fournira une nouvelle interprétation. Il en résulte un certain nombre de leçons
systématiques touchant la logique, la physique et la cosmologie de Chrysippe : on
s’attachera à mettre en évidence la cohérence de ce corps de doctrines, qui spécifie le
système de Chrysippe au sein du stoïcisme ancien et l’oppose en particulier à celui de
Cléanthe. Dans la dernière partie du cours, on esquissera une comparaison entre
Chrysippe et Leibniz en confrontant leurs conceptions respectives de la doctrine de la
Restitution (Ἀποκατάστασις). Le corpus des textes étudiés sera fourni aux étudiants.

Bibliographie indicative
H. von Arnim, Stoicorum veterum fragmenta. Vol. I–IV, Leipzig, 1903–1905.
A.A. Long et D. Sedley, Les philosophes hellénistiques : II. Les Stoïciens, trad. J.
Brunschwig et P. Pellegrin, Paris, 2001.
J. Brunschwig, Les Stoïciens et leur logique, Paris, 20062.
J. Vuillemin, Nécessité ou contingence. L’aporie de Diodore et les systèmes
philosophiques, Paris, 1984.

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M. Fichant, Leibniz : De l’horizon de la doctrine humaine. Ἀποκατάστασις
πάντων, Paris, 1991.

Semestre 2. M4PHHI12 Suzanne HUSSON

Une physique platonicienne, la réalité sensible chez Plotin

La conception de la réalité sensible dans le platonisme est à la jonction de deux


orientations opposées : d’un côté l’opposition hiérarchique entre l’intelligible et le
sensible conduit à une forme de déréalisation de la réalité empirique à laquelle on refuse
l’ousia, mais de l’autre, il est important de « sauver les phénomènes » et de mettre en
avant l’ordre intelligible en eux. Plotin assumera cet héritage à l’extrême : tout en
décrivant la réalité sensible comme cette étape inférieure de la procession que l’âme
doit apprendre à quitter, il s’attache à en défendre la beauté et la rationalité, notamment
face aux gnostiques. Il devra pour ce faire, transformer les ontologies aristotéliciennes
et stoïciennes, qui promeuvent une nature rationnelle et finalisée, mais en lui accordant
pleinement l’être. Que devient le couple forme/matière, si la réalité sensible ne forme
plus une véritable substance ? Comment expliquer l’existence du mal, identifié à la
matière, ainsi que le fait que la réalité matérielle ne puisse être considérée ni comme
intrinsèquement mauvaise, ni comme intrinsèquement bonne ? Pourquoi la beauté
sensible est-elle un danger, alors qu’elle est bien réelle ? Nous chercherons à
comprendre comment, Plotin, conscient de ces tensions, s’efforce de produire une
conception cohérente de ce champ de bataille sur lequel les ontologies antérieures se
sont affrontées, à savoir la nature.

Indications bibliographiques
Traités de Plotin : seront surtout concernés des traités rangés par Porphyre dans la
deuxième et la troisième Ennéade, voici une liste indicative
I, 6 [1], II, 1 [40], II, 2 [14], II, 4 [12], II, 5 [25], II, 9 [33], III, 1 [3], III, 2-3 [47-
48], III, 6 [26], III, 8 [30], IV, 8 [6], V, 1 [10]
Traduction française, Plotin, Traités, Paris, GF-Flammarion, sous la direction de
L. Brisson et J.-F. Pradeau, 2002-2010.
Éditions commentées
Plotin, Traité 3 (III, 1), introduction, traduction, commentaire et notes par M.
Chappuis, Paris, Cerf, 2006.
Plotinus, Enneads IV.8, On the Descent of the Soul into Bodies. Translation with
an Introduction and Commentary by B. Fleet, Las Vegas/Zurich/Athens, Parmenides,
2012.

Plotin, Traité 12 (II, 4), introduction, traduction, commentaire et notes par E.


Perdikouri, Paris, Cerf, 2014.

Plotin, Les deux matières [Ennéade II, 4 (12)], introduction, texte grec, traduction
et commentaire par J.-M. Narbonne, Paris, Vrin, 1993.
Plotin, Traité 25 (II, 5), introduction, traduction, commentaire et notes par J.-M.
Narbonne, Paris, Cerf, 1998
Plotin, Sur le ciel: Ennéade II, 1, 40, introduction, texte grec, traduction et
commentaire par R. Dufour, Paris, Vrin, 2003.
Wilberding, J., Plotinus' Cosmology. A Study of Ennead II.1 (40), Text,
Translation, and Commentary, Oxford, Oxford University Press, 2006.
Littérature secondaire
Graeser, A., Plotinus and the Stoics. A Preliminary Study, Leiden, Brill, 1972.

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Laurent, J, Les fondements de la nature dans la pensée de Plotin: procession et
participation, Paris, Vrin, 1992.
O’Brien, D., Théodicée plotinienne, théodicée gnostique, Leiden, Brill, 1993.

Philosophie arabe

Semestre 1. M3PHHI16 Marwan RASHED

Averroès, Grand Commentaire au livre Lambda de la Métaphysique

Averroès est le plus grand commentateur d’Aristote en langue arabe. Il synthétise


et prolonge l’ensemble des interprétations grecques et arabes et il est lui-même traduit
en latin, au point de constituer la voie d’accès obligée des philosophes médiévaux aux
textes les plus ardus du Philosophe. Cette position centrale dans l’histoire de
l’aristotélisme est très marquée dans le cas du Grand Commentaire à la Métaphysique.
Dans son traitement du livre Lambda, en particulier, Averroès dialogue de manière
serrée avec le commentaire d’Alexandre d’Aphrodise et la paraphrase de Thémistius,
tous deux perdus en grec, ainsi qu’avec la Métaphysique d’Avicenne. Il tente, avec et
contre eux, de cerner le sens de la « théologie » d’Aristote et le rapport complexe entre
science de l’être et science de Dieu. Ce faisant, il déploie une interprétation magistrale
de la doctrine aristotélicienne de la substance, et pose les jalons d’une réflexion sur la
différence et la complémentarité d’une doctrine hylémorphique de la substance et d’une
science de l’être. Si Averroès est convaincu du caractère scientifique de la philosophie
première, il a aussi conscience qu’une telle position demande un réaménagement de la
doctrine aristotélicienne de la science, lui-même préparé par trois siècles de réflexions
arabes sur les conditions de validité et les limites de l’apodictique.
La connaissance de la langue arabe n’est pas requise, mais l’on proposera les
textes en arabe aussi bien qu’en français.

Bibliographie :
A. Martin, Averroès, Grand Commentaire à la Métaphysique d’Aristote. Livre
Lam-Lambda, traduit de l’arabe et annoté, Paris, Vrin, 1984
Ch. Genequand, Ibn Rushd’s Metaphysics. A Translation with Introduction of Ibn
Rushd’s Commentary on Aristotle’s Metaphysics, Book Lâm, Leyde, Brill, 1984
M. Di Giovanni, « The Commentator. Averroes’ Reading of the Metaphysics »,
in : F. Amerini & G. Galluzzo, A Companion to the Latin Medieval Commentaries on
Aristotle’s Metaphysics, Leyde, Brill, 2014, p. 59-94
C. Cerami, Génération et Substance, Aristote et Averroès entre Physique et
Métaphysique, Berlin / New York, Walter de Gruyter, 2016

Semestre 2. M4PHHI16 Lucile EL HACHIMI

La distinction essence/existence – des preuves de l’existence de Dieu.

Ce séminaire vise premièrement à analyser l’apparition, à travers les figures


majeures de la philosophie arabe, d’une distinction absente de la pensée grecque : celle
entre l’essence et l’existence. Nous nous attarderons tout particulièrement sur
l’ontologie avicennienne, fondatrice de cette distinction. Dans un second temps, il
s’agira de voir comment cette distinction a pu être utilisée comme pièce maîtresse des
différentes « preuves » de l’existence de Dieu qui ont été proposées par les différents
auteurs médiévaux, philosophes ou théologiens, arabes ou latins.
La maîtrise de l'arabe n'est pas requise.

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Philosophie du Moyen-Âge

Semestres 1 M3PHHI13 Jacob SCHMUTZ

La banalité du mal au Moyen Age : pourquoi les Juifs ont-ils tué le Christ ?
(suite du M1/S2, 2017-18)

« Pardonne-leur, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34) : ce verset
de l’Évangile de Luc a suscité d’innombrables commentaires scolastiques au Moyen
Age, qui se sont interrogés sur la relation entre ignorance et culpabilité. Elle est
également à l’origine de l’image chrétienne des Juifs comme « peuple déïcide »,
fondement de l’antisémitisme chrétien, qui n’a été définitivement abandonnée qu’au
moment de Vatican II (1965). Dans le cadre de ce séminaire, nous poursuivrons la
réflexion commencée au deuxième semestre de l’an dernier (2017-18), qui nous avait
menée jusqu’au XIIIe siècle. Cette année, nous étudierons la suite de cette histoire, en
présentant la position de plusieurs doctrines majeures de la fin du Moyen Age, souvent
réputées pour leur « antisémitisme » ou « antijudaïsme », comme Richard de
Mediavilla, Jean Duns Scot, Pierre Auriol, Henri de Harclay, Robert Holkot et quelques
auteurs de la scolastique espagnole et portugaise de la Renaissance (Alonso de Espina,
Domingo de Soto, Francisco Suárez, Jaume Blesa).
Prérequis : la participation au cours de l’an dernier n’est pas requise, nous
recommencerons avec quelques séances de résumé à partir de l’œuvre de Thomas
d’Aquin et de ses positions sur la « question juive ». Les étudiants devront être
familiarisés avec les grandes oppositions entre écoles philosophiques et théologiques
médiévales. Une familiarité élémentaire avec le latin est nécessaire, car aucun des textes
vus en cours cette année n’est disponible en langue française. Nous en proposerons des
traductions sommaires en classe.
Support du cours : un dossier de textes originaux en traduction française sera
fourni aux étudiant(e)s. Une sélection d’articles et d’études de référence sera disponible
sur moodle.
Bibliographie introductive : outre les ouvrages classiques de J. Trachtenberg
[1904-59], The Devil and the Jews. The Medieval Conception of the Jews and Its
Relation to Modern Anti-Semitism (Yale University Press, 1943) et H. Liebeschütz
[1893-1978], Synagoge und Ecclesia. Religionsgeschichtliche Studien über die
Auseinandersetzung der Kirche mit dem Judentum im Hochmittelalter, ed. A.
Patschovsky (Verlag Lambert Schneider, 1983), nous discuterons les travaux de E.A.
Synan, The Popes and the Jews in the Middle Ages (Macmillan, 1965) ; A. Sapir
Abulafia, Christians and Jews in Dispute. Disputational Literature and the Rise of Anti-
Judaism in the West (c. 1000-1150) (Ashgate, 1984) ; R.I. Moore, La persécution. Sa
formation en Europe, 950-1250, trad. C. Malamoud (Les Belles Lettres, 1991 ; éd.
originale 1987) ; G. Dahan, Les intellectuels chrétiens et les Juifs au Moyen Age (Ed. du
Cerf, 1990) ; J.Y.B. Hood, Aquinas and the Jews (University of Pennsylvania, 1995) ;
D. Iogna-Prat, Ordonner et exclure. Cluny et la société chrétienne face à l’hérésie, au
judaïsme et à l’islam, 1100-1150 (Champs-Flammarion, 1998), p. 332-359 ; G. Dahan,
Le brûlement du Talmud à Paris (1242-44) (Ed. du Cerf, 1999) ; N.L. Turner, «Robert
Holcot on the Jews», in : Chaucer and the Jews. Sources, Contexts, Meanings, ed. Sh.
Delany (Routledge, 2002) ; St. J. McMichael & S.E. Myers (eds), Friars and Jews in
the Middle Ages and the Renaissance (Brill, 2004) ; M. Frassetto (ed.), Christian
Attitudes Towards the Jews in the Middle Ages (Routledge, 2006) ; A. Vauchez & B.
Sère, « Les Chrétiens d’Occident face aux Juifs et aux Musulmans au Moyen Age, XIe-
XVe siècles », Recherches de science religieuse 100/2 (2012), p. 187-208 ; E.

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Marmursztejn, Le baptême forcé des enfants juifs. Question scolastique, enjeu politique,
échos contemporains (Les Belles Lettres, 2016).

Semestre 2 M4PHHI13 Vincent CARRAUD

La différence entre l’être et ce qui est. De quelques interprétations


médiévales du De hebdomadibus de Boèce.

Le séminaire étudiera quelques interprétations de la célèbre différence posée


comme axiome par Boèce, en particulier au XIIe siècle, et la manière dont elle est
mobilisée pour penser la Trinité, en particulier par Gilbert de la Porrée.

Bibliographie primaire :
Aristote, Catégories, trad. de Frédérique Ildefonse et Jean Lallot, Paris, Seuil,
Points, 2002.
Boèce, Traités théologiques, trad. par Axel Tisserand, Paris, GF Flammarion,
2000.
Gilbert de Poitiers, Expositio in Boecii librim primum De Trinitate et Expositio in
Boecii librim secundum De Trinitate, in The Commentaries on Boethius by
Gilbert of Poitiers, ed. by Nikolaus M. Häring, s.a.c., Toronto, Pontifical Institute
of Mediaeval Studies, 1966, p. 51-180. Une photocopie du texte sera donnée aux
étudiants.
Une bibliographie secondaire sera donnée lors de la première séance.

Philosophie moderne

Semestre 1. M3PHHI14 Antoine GRANDJEAN

Les idées de l’esprit : pensée et réalité mentale de Descartes à Kant

Le séminaire s’interrogera sur la présence sourde mais relativement constante


d’une ontologie de la représentation qui régirait les conceptions modernes de la pensée
et serait solidaire du « paradigme idéatif », selon lequel la forme ou l’objet de la pensée
serait foncièrement de nature idéelle : dans cette perspective, toute pensée pertinente se
résout ultimement en l’idée d’un quelque chose donné. Serait ici à l’œuvre un réalisme
de la pensée, corrélant directement une représentation et sa prétention à signifier un être,
en comprenant les formes de la pensée comme l’expression des différentes manières
que la chose a de se donner. Nous verrons dans quelle mesure, au sein même de la
Modernité, un paradigme concurrent, radicalement fonctionnel, et qui saisit le concept
comme ce qui structure un penser compris dans sa radicale opérativité, permet de mettre
en question une telle ontologie de la représentation.

Bibliographie indicative

Œuvres
ARNAULD, Des vraies et des fausses idées
BERKELEY, Traité concernant les principes de la connaissance humaine
CONDILLAC, Essai sur l’origine des connaissances humaines
DESCARTES, Méditations métaphysiques. Objections et réponses
Dioptrique
Lettres
Entretien avec Burman
HUME, Traité de la nature humaine
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Enquête sur l’entendement humain
Dialogues sur la religion naturelle
KANT, Dissertation de 1770
Critique de la raison pure
Prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme science
Réponse à Eberhard
Les Progrès de la métaphysique
D’un ton grand seigneur récemment pris en philosophie
Anthropologie
Logique
Leçons de métaphysique
LAMBERT, Architectonique
LEIBNIZ, Discours de métaphysique
Qu’est-ce qu’une idée
Nouveaux Essais sur l’entendement humain
LOCKE, Essai sur l’entendement humain
SPINOZA, Éthique
WOLFF, Pensées rationnelles sur les forces de l’entendement humain
Philosophie rationnelle ou Logique
Psychologie empirique

Études
La voie des idées ? Le statut de la représentation, XVIIe-XXe siècles, éd. par Kim
Sang Ong-Van-Cung, Paris, CNRS Editions, 2006
Benoist Jocelyn, Kant et les limites de la synthèses, PUF, 1996
« Contribution à l’histoire de la notion de concept : à la lumière de Cassirer »,
Giornale Critico della Filosofia Italiana, 85, 2006/1
« Appliquer ses concepts », in Kant, éd. par J.-M. Vaysse, Cerf, 2008
Brahami Frédéric, Le Travail du scepticisme. Montaigne, Bayle, Hume, PUF,
2001
Introduction au « Traité de la nature humaine » de David Hume, PUF, 2003
Cassirer Ernst, Substance et fonction, trad. P. Caussat, Minuit, 1977
Le Problème de la connaissance dans la philosophie et la science des temps
modernes. II. De Bacon à Kant, trad. R. Fréreux, Cerf, 2005
Courtine Jean-François, « La doctrine cartésienne de l’idée et ses sources
scolastiques », in Les Catégories de l’être. Études de philosophie ancienne et
médiévale, PUF, 2003, p. 241-265
Fichant Michel, « L’Amphibologie des concepts de la réflexion : la fin de
l’ontologie », in Recht und Frieden in der Philosophie Kants. Akten des 10.
Internationalen Kant-Kongresses, éd. par V. Rohden, R. Terra et G. Almeida, Berlin /
New York, de Gruyter, 2008, t. 1, p. 71-93
Grandjean Antoine, Critique et réflexion. Essai sur le discours kantien, Vrin,
2009
Hamou Philippe, Dans la chambre obscure de l’esprit. John Locke et l’invention
du Mind, Ithaque, 2018
Longuenesse Béatrice, Kant et le pouvoir de juger, PUF, 1993
Malherbe Michel, La Philosophie empiriste de David Hume, Vrin, rééd. 2001
Kant ou Hume, ou la raison et le sensible, Vrin, rééd. 1993
Marion Jean-Luc, Sur l’ontologie grise de Descartes, Vrin, rééd. 1993
Sur la théologie blanche de Descartes, PUF, 1981
Questions cartésiennes. Méthode et métaphysique, PUF, 1991

- 41 -
Matheron Alexandre, « Idée, idée d’idée et certitude dans le Tractatus de
Intellectus Emendatione et dans l’Éthique », in Méthode et métaphysique, 2, 1989, p.
93-104
Moreau Denis, Deux cartésiens. La polémique Arnauld-Malebranche, Vrin, 1999
Paccioni Jean-Paul, Cet esprit de profondeur. Christian Wolff, l’ontologie et la
métaphysique, Vrin, 2006
Philonenko Alexis, « Lecture du schématisme transcendantal », in Études
kantiennes, Vrin, 1982
L’œuvre de Kant, Paris, Vrin, 51993, t. 1
Rousset Bernard, La Doctrine kantienne de l’objectivité, Vrin, 1967

Semestre 2. M4PHHI14 Vincent CARRAUD

Arnauld philosophe et théologien, II.

Ce séminaire consacré à l’œuvre philosophique d’Antoine Arnauld a porté en


2017-2018 sur les objections adressées aux Meditationes de Descartes et au
Discours de métaphysique de Leibniz, et aux correspondances qui s’en sont
suivies. Il examinera en particulier en 2018-2019 la Logique dite de Port-Royal
(L’art de penser) et la polémique d’Arnauld contre Malebranche. On s’intéressera
en outre à plusieurs aspects de la pensée théologique du « Grand Arnauld ».

Bibliographie sommaire :
Arnauld, Textes philosophiques, intr., trad. et notes par Denis Moreau, Paris, PUF,
2001 (comprenant un essai de bibliographie arnaldienne, p. 287-319).
Arnaud et Nicole, La logique ou l’art de penser, éd. critique par Pierre Clair et
François Girbal, 2e éd., Paris, Vrin, 1981.
Arnauld, Des vraies et des fausses idées, éd. par Christiane Frémont, Paris,
Fayard, 1986.
Malebranche, Œuvres complètes, pub. sous la dir. d’André Robinet, Paris, Vrin-
CNRS, 20 t. en 18 vol., 1958-1968, en particulier les t. VI à IX.
On utilisera aussi les Œuvres de Messire Antoine Arnauld…, éd. par Gabriel du
Pac de Bellegarde et Jean Hautefage, Paris et Lausanne, 1775-1783, 43 vol.

Une bibliographie secondaire sera donnée au fur et à mesure des séances.

Philosophie contemporaine

Semestre 1. M3PHHI15 Dominique PRADELLE

Logique et phénoménologie : analyse de la logique formelle

Ce séminaire sera consacré à la lecture de la première partie du grand livre de


Husserl Formale und transzendentale Logik (Logique formelle et logique
transcendantale), intitulée « Les structures et le champ de la logique formelle
objective ». Nous tâcherons de comprendre en quoi consiste une phénoménologie de la
logique pris au sens d’une analyse intentionnelle et eidétique de la logique
traditionnelle, et analyserons les différents thèmes essentiels pris en considération par
Husserl : distinction entre a priori formel et a priori contingent, dégagement de la
forme pure des propositions, structuration de la logique formelle en trois niveaux
distincts (morphologie pure des significations, logique de la conséquence, logique de la
vérité), enfin distinction entre logique formelle des propositions et prédicats et ontologie

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formelle. Une grande part du séminaire sera consacrée à l’analyse approfondie de la
distinction entre les trois strates (morphologie, conséquence, vérité), en confrontant les
développements de Husserl à ceux de Frege et Russell.

Indications bibliographiques
E. HUSSERL, Formale und transzendentale Logik, Husserliana XVII (trad. fr.
S. Bachelard, Logique formelle et logique transcendantale, Paris, Puf, 1957)
G. FREGE, « Der Gedanke », « Die Verneinung », « Gedankengefüge » (trad. fr.
C. Imbert, « La pensée », « La négation », « La composition des pensées » in Écrits
logiques et philosophiques, Paris, Seuil, 1971)
B. RUSSELL, Principles of Mathematics, 1903, Routledge, 2010 (trad. fr. J.-
M. Roy, Les principes des mathématiques, in Écrits de logique philosophique, Paris,
Puf, 1989)
J. CAVAILLÈS, Sur la logique et la théorie de la science, Paris, Vrin, 19763, 19974

Semestre 2. M4PHHI15 Dominique PRADELLE

Logique et phénoménologie : de la logique formelle à la logique


transcendantale

Ce séminaire sera consacré à la lecture de la seconde partie du grand livre de


Husserl Formale und transzendentale Logik (Logique formelle et logique
transcendantale), intitulée « De la logique formelle à la logique transcendantale », texte
essentiel pour comprendre la portée de ce que peut désigner une logique
phénoménologique. De la première à la seconde partie de l’ouvrage, on passe de la
reconnaissance de l’idéalité de la signification et de la vérité à une analyse
intentionnelle de la prise de conscience ou de l’évidence de ces idéalités, ainsi que de la
constitution des objets idéaux : comment maintenir à la fois la validité atemporelle des
objets idéaux et la thèse de leur engendrement par les actes du sujet transcendantal ? En
outre, l’indépendance formelle de la logique ainsi que la validité des principes
fondamentaux de la logique (tiers exclu) sont mises en question : loin de demeurer
purement autonome dans sa formalité, la logique est désormais comprise comme
Weltlogik (logique mondaine ou logique du monde) rapportée à un monde d’objets
individuels ; et loin de jouir d’une validité inconditionnée, le tiers exclu voit sa validité
suspendue à la cohésion des contenus intrapropositionnels, voire des objets de
l’expérience. Comment tout cela tient-il ensemble ? Cette volonté de fonder la logique
sur l’expérience est-elle réellement tenable ?

Indications bibliographiques
E. HUSSERL, Formale und transzendentale Logik, Husserliana XVII (trad. fr.
S. Bachelard, Logique formelle et logique transcendantale, Paris, Puf, 1957)
L. E. J. BROUWER, « Qu’on ne peut se fier aux principes logiques » et
« Intuitionnisme et formalisme », trad. fr. J. Largeault in Intuitionnisme et théorie de la
démonstration, Paris, Vrin, 1992
J. CAVAILLÈS, Sur la logique et la théorie de la science, Paris, Vrin, 19763, 19974

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Métaphysique et idéalisme allemand

Semestres 1 et 2. M3PHHI17 et M4PHHI17 Emmanuel CATTIN

Philosophies de la Révélation à Berlin, 1818-1846.

Le séminaire étudiera et confrontera les deux grandes pensées de la Révélation en


lesquelles l’idéalisme allemand s’achève : Hegel à partir de sa Leçon inaugurale à
l’université de Berlin (22 octobre 1818), puis, nommé en 1841 à la chaire de Hegel,
Schelling jusqu’à son dernier cours (20 mars 1846), cherchent l’un et l’autre à
comprendre l’accomplissement de la manifestation dans la Révélation, en regard de
l’accomplissement philosophique de la pensée.

S1 Hegel

Hegel, Vorlesungen über die Philosophie der Religion, 3 vol., Hamburg, Meiner,
1983-1985.
Éd. définitive : Vorlesungen über die Philosophie der Religion. Vorlesungen über
die Beweise vom Dasein Gottes, Nachschriften zu den Kollegien über
Religionsphilosophie der Sommersemester 1821 und 1824. Herausgegeben von Walter
Jaeschke und Manuela Köppe. Gesammelte Werke (GW) 29,1, Hamburg, Meiner, 2017.
Berliner Schriften (1818-1831), hrsg. v. W. Jaeschke, Hamburg, Meiner, PhB,
2007.
Leçons sur la philosophie de la religion, tr. P. Garniron, vol. I et III, Paris, PUF,
2004 ; vol. II, tr. G. Marmasse, Paris, Vrin, 2010.
Écrits sur la religion (1822-1829), tr. J.-L. Georget, Paris, Vrin, 2001.

Bernard Bourgeois, Études hégéliennes, Paris, PUF, 1991.


Bernard Bourgeois, Les Actes de l’esprit, Paris, Vrin, 2001.
Karl Barth, La Théologie protestante au XIXe siècle, tr. J. Carrère, Neuchâtel et
Paris, Delachaux et Niestlé, 1955.
Hans Küng, Incarnation de Dieu, tr. coll, Paris, DDB, 1973.

S2 Schelling

Schelling Philosophie der Offenbarung (1841-1842), version Paulus, hrsg. v. M.


Frank, Suhrkamp, Frankfurt, 1977.
Sämtliche Werke, hrsg. v. K. F. A. Schelling, Stuttgart, Cotta, 1856-1861, Bd. 13-
14. En ligne (13 et 14) : https://catalog.hathitrust.org/Record/001385480
Philosophie de la Révélation, tr. sous la dir. de J.-Fr. Courtine et J. Fr. Marquet,
Paris, PUF, « Épiméthée », 1989-1994.

Jean-François Courtine, Extase de la raison, Paris, Galilée,


Jean-François Courtine, Schelling, entre temps et éternité, Paris, Vrin, 2012.
Walter Schulz, Die Vollendung des deutschen Idealismus in de Spätphilosophie
Schellings, Stuttgart, Kohlhammer, 1955.

Philosophie indienne

Semestre 1 M3PHHI10 François CHENET

La philosophie du Bouddhisme du Grand Véhicule

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À partir du Ier siècle de notre ère environ, le Bouddhisme subit une transformation
profonde. C’est alors qu’émergea le « Grand Véhicule » (du Salut) (Mahâyâna) et que
la philosophie du Bouddhisme, en réinterprétant les topiques de la dogmatique du
« Petit Véhicule » (Hînayâna), connut son essor métaphysique. D’une grande richesse
et d’une singulière profondeur, la philosophie du Bouddhisme du Grand Véhicule se
caractérise avant tout par sa radicalité. Son axe central est représenté par l’« École du
Milieu » (Madhyamaka), issue de l’œuvre du grand dialecticien Nâgârjuna (Ier-IIe siècle
de notre ère). L’explication d’extraits de son maître ouvrage, les Stances du Milieu par
excellence (Madhyamaka-Kârikâ), sera l’occasion d’élucider la manière dont
s’articulent rationalité et mystique au sein de la dialectique bouddhique en tant qu’elle
entend frayer la voie à l’intuition de la vacuité (shûnyatâ) universelle. Un peu plus tard
devait cristalliser une École idéaliste, le Yogâcâra-Vijñânavâda, professant la doctrine
du « Rien-que-pensée » (vijñânamatratâ). L’explication du texte de base de cette école,
la Trentaine (Trimshikâ) de Vasubandhu (vers 450-500 de notre ère), permettra de
mettre en évidence ce qui sépare cet idéalisme des autres types d’idéalisme (notamment
l’« idéalisme subjectif » de Berkeley) avec lesquels on a voulu le rapprocher. Enfin,
apparut l’École épistémologique et logique (Dignâga, VIe s., Dharmakîrti, VIIe s.), école
qui devait exercer une influence majeure sur la scolastique tibétaine ultérieure. L’on
présentera sa théorie de la connaissance, d’une grande sophistication, sa critique des
universaux ainsi que sa philosophie nominaliste du langage.

Une bibliographie spécialisée sera distribuée en début d'année, mais on peut


consulter :
E. Conze, Le Bouddhisme dans son essence et son développement, Editions Payot
et Rivages, 2002 ; L. Silburn (sous la direction de), Le Bouddhisme, Fayard, 1977, rééd.
Aux sources du Bouddhisme, 1997 ; G. Bugault, L’Inde pense-t-elle ?, PUF, 1994 ; A.
Bareau, Les Religions de l’Inde, T. III : Bouddhisme et Jaïnisme, Payot, 1966 ; Potter
K.H. (ed.), Encyclopædia of Indian Philosophies, vols VIII, IX, Delhi : Motilal
Banarsidass, 1999 et 2003 ; Nâgârjuna, Stances du Milieu par excellence, trad. G.
Bugault, Gallimard : coll. « Connaissance de l’Orient » n°107, 2002 ; J.-M. Vivenza,
Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité, Albin Michel : coll. « Spiritualités », 2001 ;
Asanga, Mahâyânasamgraha, La Somme du Grand Véhicule d’Asanga, trad. Ét.
Lamotte, Institut Orientaliste de Louvain, 1973 ; Rahula W., Le Compendium de la
Super-Doctrine (Abhidharmasamuccaya) d’Asanga, Paris : Pub. de l'É. F. E. O., vol.
LXXVIII, 1971, rééd. 1980 ; Vasubandhu, Cinq Traités sur l’Esprit seulement, trad. Ph.
Cornu, Fayard, 2008; Tola F. & Dragonetti C., Being as Consciousness. Yogâcâra
Philosophy of Buddhism, Delhi : Motilal Banarsidass, 2004 ; May J., « La philosophie
bouddhique idéaliste », Asiatische Studien, XXV, Bern, 1971, pp. 265-323 ; Chatterjee
A.K., The Yogâcâra Idealism, Delhi : Motilal Banarsidass, 1975 ; Wood Th., The Mind
Only : a philosophical and doctrinal analysis of the Vijñânavâda, Honolulu : Hawai
Press, 1991 ; Th. Stcherbatsky, La Théorie de la Connaissance et la Logique chez les
Bouddhistes tardifs, Paris : Librairie Orientaliste P. Geuthner, 1926.

Semestre 2 M4PHHI10

La philosophie du Shivaïsme du Cachemire — le Trika

Le Shivaïsme du Cachemire, qui comprend diverses écoles, représente le dernier


grand édifice spéculatif et le point d’orgue de la philosophie indienne classique (entre
les IXe-XIIe s. de notre ère environ, avec notamment les œuvres d'Utpaladeva, Xe s., et
d’Abhinavagupta, fin Xe s.). En relation avec le tantrisme hindou, il professe une vaste

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synthèse doctrinale d'inspiration non-dualiste originale en ce qu'elle met l’accent sur le
dynamisme inhérent à la Conscience et sur le dynamisme de l’Absolu venant à se
manifester en tant qu'univers et jouant à s’oublier dans les choses de ce monde pour
mieux s’y reconnaître au miroir de l’existence humaine. La notion de liberté est au cœur
du Shivaïsme du Cachemire. Ce dernier propose diverses voies menant à la délivrance,
voies qui visent le dépassement à la fois transcendant et immanent des dualités.
Bibliographie indicative :
Textes : L. Silburn, Les Shiva-sûtras, Pub. de l'ICI, fasc. n°47, 1980 ; L. Silburn, Les
Spandakârikâs. Stances sur la Vibration de Vasugupta, Pub. de l'ICI, fasc. n° 58, 1990 ;
L. Silburn, Le Vijnâna-Bhairava, Pub de l'ICI, fasc. n°15, 1976 ; D. Dubois, Les Stances
sur la Reconnaissance du Seigneur avec leur glose, L'Harmattan, 2005 ; L. Silburn et A.
Padoux, La Lumière sur les Tantras, Pub. de l'ICI, fasc. n°66, 2000. Études : A. Padoux,
Comprendre le Tantrisme, Albin Michel : coll. Spiritualités vivantes n° 243, 2010 ; A.
Padoux, L'Énergie de la Parole, Fata Morgana, 1994 ; M. L. Pandit, The Trika Saivism
of Kasmir, Delhi : Munshiram Manoharlal, 2003 ; D. Dubois, Abhinavagupta, éd.
Almora, 2010; D. P. Lawrence, Rediscovering God with Transcendantal Argument. A
contemporary Interpretation of Monistic Kashmiri Śaiva Philosophy, Albany: State
University of New York, 1999; I. Ratié, Le Soi et l'Autre. Identité, Différence et Altérité
dans la Philosophie de la Pratyabhijñā, Brill : Jerusalem Studies in Religion and
Culture n°13, 2011.

Lecture de textes philosophiques en langue étrangère


(TD à choisir parmi quatre langues)

Grec

Semestre 1 M3PHLAN1 Thomas AUFFRET

Platon, Cratyle.

On s’attachera à traduire et à commenter, le plus précisément possible, la première


partie du Cratyle, consacrée à l’établissement des fondements de la théorie du langage
idéal (383 a–391 a). Le dialogue s’ouvre sur l’opposition de la thèse de Cratyle, partisan
de la rectitude naturelle du langage, et de celle d’Hermogène, tenant de son caractère
conventionnel ; la première partie constitue une réfutation de la thèse conventionnaliste
et établit les conditions d’une théorie linguistique fondée sur le réalisme des formes
intelligibles. Dans le commentaire, on prêtera une attention particulière à la dramaturgie
du dialogue et à la caractérisation du personnage d’Hermogène, porte-parole de la thèse
conventionnaliste. On s’attachera également à restituer le contexte historique de la
discussion en s’aidant, lorsque cela sera jugé nécessaire, des fragments conservés du
commentaire de Proclus, susceptibles d’éclairer certains détails parfois négligés dans
l’explication. Ce faisant, on introduira aux théories du langage propres aux systèmes
philosophiques du cinquième siècle : éléatisme, pythagorisme, atomisme de Démocrite
et héraclitéisme. Un texte grec, dans l’édition de J. Burnet, sera fourni aux étudiants.

Bibliographie indicative :
Platonis Opera recognovit brevique adnotatione critica instruxit Ioannes Burnet.
Tomus I : Tetralogias I-II continens, Oxford, 1900.
Proclus Diadochus, In Platonis Cratylum commentaria, ed. G. Pasquali, Leipzig,
1908.
F. Ademollo, The Cratylus of Plato: A Commentary, Oxford, 2011.

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V. Goldschmidt, Essai sur le Cratyle. Contribution à la pensée de Platon, Paris,
1940.
D. Sedley, Plato’s Cratylus, Oxford, 2003.

Semestre 2 M4PHLAN1 Thomas AUFFRET

Platon, Banquet.

On s’attachera à traduire et commenter, le plus précisément possible, les


deuxièmes et troisièmes parties du Banquet, respectivement consacrées au discours de
Socrate sur l’amour et à l’éloge de Socrate prononcé par Alcibiade (199 b–223 d).
Après avoir rappelé la composition de ce dialogue complexe et la substance des
discours successivement prononcés par Phèdre, Pausanias, Eryximaque, Aristophane et
Agathon, on étudiera en détail la doctrine philosophique de l’amour que Socrate dit
tenir « d’une femme de Mantinée nommée Diotime » (201 d), doctrine parfois
caractérisée comme une forme de « dialectique érotique ». On tentera ensuite
d’expliquer la fonction de l’intervention intempestive d’Alcibiade, qui succède aux six
discours sur l’amour. Un soin particulier sera accordé à l’établissement du texte, à
l’étude des différents styles littéraires employés, ainsi qu’à la caractérisation des
personnages du dialogue. Un texte grec, dans l’édition de L. Robin, sera fourni aux
étudiants.

Bibliographie indicative :
Platon, Œuvres complètes, t. IV–2 : Le Banquet. Texte établi et traduit par L.
Robin, Paris, 19515.
Chr. Brockmann, Die handschriftliche Überlieferung von Platons Symposion,
Wiesbaden, 1992.
J. H. Lesher, D. Nails et F. C. C. Sheffield (éd.), Plato’s « Symposium » : Issues,
Interpretation and Reception, Cambridge, Mass./ Washington D.C., 2006.
L. Robin, La théorie platonicienne de l’amour, Paris, 1908.
A. E. Taylor, Plato: The Man and his Work, Londres, 19374.

Latin

Semestre 1. M3PHLAN4 Mai-Lan BOUREAU

Éléments d’ontologie dans le stoïcisme romain : choix de Lettres de Sénèque à


Lucilius.

On sait que le stoïcisme romain se concentre spécifiquement sur le progrès moral


au détriment des débats techniques, considérés comme secondaires voire inutiles.
Cependant, malgré le mépris que Sénèque affiche envers de telles subtilités, certaines de
ses lettres à Lucilius constituent de précieux témoignages sur l’ontologie stoïcienne. Ces
références inattendues s’expliquent néanmoins aisément : si le stoïcisme romain
s’affranchit en apparence du lien organique entre logique, physique et éthique cher au
stoïcisme ancien, il ne peut faire l’économie de considérations sur les catégories ou sur
la nature des causes, nécessaires pour définir rigoureusement le bien et la vertu, et pour
déterminer comment les atteindre. Mais en plus de ces passages indirectement liés à des
préoccupations éthiques, Sénèque rédige parfois de longs développements puisés à des
sources stoïciennes désormais perdues, tantôt de son propre chef, tantôt à la demande de
Lucilius.

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Nous accorderons une attention particulière à la lettre 58, dans laquelle Sénèque
traite la délicate question du genre suprême subsumant corporels et incorporels, et nous
verrons comment ce problème central de l’ontologie stoïcienne met en évidence un
dialogue profond avec les traditions platonicienne et péripatéticienne.
Un fascicule de textes sera distribué au début du semestre. Les étudiants pourront
consulter avec profit les références suivantes :
BRÉHIER, E., La Théorie des incorporels dans l'ancien stoïcisme, Paris, Librairie
Alphonse Picard & fils, 1907.
BRUNSCHWIG, J., « La théorie stoïcienne du genre suprême et l’ontologie
platonicienne », in BARNES, J. & MIGNUCCI, M. (éds.), Matter and Metaphysics, IVth
Symposium Hellenisticum. Naples, Bibliopolis, 1988, pp. 19-127.
INWOOD, B., Seneca: Selected philosophical Letters, translated with an
Introduction and Commentary by B. I., Oxford, Oxford University Press, 2007.
LONG, A. A. & SEDLEY, D., Les philosophies hellénistiques, tome 2 : les Stoïciens
(trad. J. BRUNSCHWIG & P. PELLEGRIN), Paris, GF Flammarion, 1997.

Semestre 2. M4PHLAN4 Jacob SCHMUTZ

L’idée de la rose : traduction et commentaire de Jean Duns Scot, Ord. I, dist.


35-36 sur la connaissance divine

« La rose est sans pourquoi », clame un célèbre vers d’Angelus Silesius, mystique
allemand du XVIIe siècle, souvent célébré par Heidegger dans sa dénonciation du
principe de raison comme structure de la métaphysique occidentale. La réponse de
Silesius ne satisfaisait effectivement pas les médiévaux : pourquoi la rose est-elle une
rose ? Pourquoi est-elle une fleur, pourquoi possède-t-elle une certaine couleur et un
certain parfum ? Parce que Dieu l’a voulu ? Dieu aurait-il pu faire une rose sans parfum,
une rose qui ne soit pas une fleur ? Telles sont les questions qui sont au fond de la
réflexion de Jean Duns Scot sur la création du monde : le Dieu créateur détermine-t-il
également les essences des choses, ou bien celles-ci s’imposent-elle à son pouvoir
créateur ? Nous proposerons une lecture et traduction suivie des distinctions 35-36 du Ier
livre du commentaire des Sentences (= Ordinatio ou Opus Oxoniense) de Jean Duns
Scot (ca. 1266 – 1308), un lieu textuel traditionnellement consacré à la science et aux
idées divines, c’est-à-dire à la manière dont Dieu connaît le monde avant sa création. Ce
texte est capital, tant dans la tradition tardo-médiévale que pour l’historiographie du
XXe siècle, qui s’est largement déchirée sur son interprétation : Jean Duns Scot est-il un
augustinien, qui défend la primauté de l’idéalisme divin sur la création, ou bien est-il au
contraire le représentant du « logicisme » ou de l’« essentialisme », doctrine qui affirme
que les lois de la logique sont parfaitement indépendantes de Dieu ? Nous lirons,
traduirons et commenterons, paragraphe par paragraphe, ce texte réputé très difficile du
point de vue conceptuel.
Support du cours : les étudiants recevront une copie du texte latin tel qu’il est
édité dans l’édition Vaticane des Opera omnia de Jean Duns Scot ainsi qu’un dossier
d’études complémentaires, disponible sur moodle.
Prérequis : une connaissance élémentaire du latin est requise.
Bibliographie : en français, voir en priorité J.-Chr. Bardout & O. Boulnois (dir.),
Sur la science divine (Paris : PUF, 2002) ; O. Boulnois, Etre et représentation. Une
généalogie de la métaphysique moderne à l’époque de Duns Scot (XIIIe-XIVe siècles)
(Paris : PUF, 1999) ; ainsi que le classique E. Gilson, Jean Duns Scot. Introduction à
ses positions fondamentales (Paris : Vrin, 1952).
Dans d’autres langues : L. Honnefelder, Scientia transcendens. Die formale
Bestimmtheit der Seiendheit und Realität in der Metaphysik des Mittelalters und der

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Neuzeit (Duns Scotus, Suárez, Wolff, Kant, Peirce) (Hambourg : Meiner, 1990) ; T.
Hoffmann, Creatura intellecta. Die Ideen und Possibilien bei Duns Scotus mit Ausblick
auf Franz von Mayronis, Poncius und Mastrius (Münster : Aschendorff, 2002) ; F.
Mondadori, « The Independence of the Possible According to Scotus », in Duns Scot à
Paris, 1302-2002, ed. O. Boulnois, E. Karger, J.-L. Solère & G. Sondag (Turnhout :
Brepols, 2004), p. 313-374 ; T. Noone, « Aquinas on Divine Ideas : Scotus’s Evaluation
», Franciscan Studies 56 (1998), 307-324 ; T. Noone, « Scotus on Divine Ideas : Rep.
Paris. I-A, dist. 36 », Medioevo 24 (1998), 359-453.

Allemand

Semestre 1 M3PHLAN2

Antoine GRANDJEAN

Kant : autour du mensonge

Le cours portera sur les textes kantiens consacrés à la question éthico-juridique du


mensonge.
Nous traduirons et expliquerons l’opuscule de 1797 Sur un prétendu droit de
mentir par humanité, qu’il nous faudra non seulement éclairer à l’aide des autres pages
kantiennes pertinentes, mais également inscrire dans une tradition, ce qui nous conduira
à lire, en langue originale, des textes d’auteurs antérieurs (notamment Wolff, Michaelis)
aussi bien que postérieurs (notamment Fichte).
Chaque étudiant devra être en possession du texte de 1797 : Über ein vermeintes
Recht, aus Menschenliebe zu lügen, dont il existe, outre l’édition de référence (Kants
Gesammelte Schriften, Band VIII, p. 423-430), par ailleurs accessible gratuitement en
ligne (https://korpora.zim.uni-duisburg-essen.de/Kant/), diverses éditions au format
poche (in Kleinere Schriften zur Geschichtsphilosophie, Ethik und Politik, Meiner ; in
Schriften zur Ethik und Religionsphilosophie, Suhrkamp ; in Denken Wagen, Reclam).
Les autres textes seront distribués durant les séances.

Bibliographie

Textes de Kant
Vorlesungen zur Moralphilosophie
Grundlegung zur Metaphysik der Sitten
Kritik der praktischen Vernunft
Über das Mißlingen aller philosophischen Versuche in der Theodizee
Brief an Maria von Herbert, Früjahr 1792
Die Religion innerhalb der Grenzen der bloßen Vernunft
Verkündigung des nahen Abschlusses eines Traktats zum ewigen Frieden in der
Philosophie
Metaphysik der Sitten. Tugendlehre
Über ein vermeintes Recht, aus Menschenliebe zu lügen
Anthropologie in pragmatischer Hinsicht

Autres textes
Fichte, System der Sittenlehre nach den Prinzipien der Wissenschaftslehre
Michaelis, Von der Verpflichtung des Menschen die Wahrheit zu reden
Moral

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Wolff, Moral, oder vernünftige Gedanken von der Menschen Tun und Lassen, zur
Beförderung seiner Glücklichkeit
Grundsätze des Natur- und Völckerrechts

Semestre 2. M4PHLAN2 Élise MARROU

R. Musil, Der Mann ohne Eigenschaften


Nous proposerons une lecture sélective du premier tome de Der Mann ohne
Eigenschaften. À chaque séance, nous traduirons et commenterons un extrait (la liste
complète des textes sera communiquée aux germanistes à la rentrée de septembre sous
la forme d’un livret). Seule la lecture de cette œuvre de Robert Musil est impérative.

Robert Musil, Gesammelte Werke. 1, Der Mann ohne Eigenschaften, hrsg. von Adolf
Frisé, Reinbek bei Hamburg, Rowohlt, 1978.
On consultera avec profit les Gesammelte Werke éditées par Adolf Frisé, ainsi
que la traduction de Ph. Jaccottet parue au Seuil, L'Homme sans qualités : roman, 1982.
I. Bachmann, Werke, hg. Von Ch. Koschel von Weidenbaum/Clemens Münster, Bd 4,
München, Zürich, 1979.
W. Boelich, Untergang und Erlösung. Zu Robert Musils Roman « Der Mann ohne
Eigenschaften », Akzente I, 1954.
J. Bouveresse, L'Homme probable : Robert Musil, le hasard, la moyenne et l'escargot
de l'histoire, Combas, Éd. de l'Éclat, 1993.
— La Voix de l’âme et les chemins de l’esprit, Paris, Seuil, 2001.
E. Canetti, Das Augenspiel. Lebensgeschichte 1931-1937, München/Wien, 1985.
J.-P. Cometti, Robert Musil ou L'alternative romanesque, Paris, Puf, 1985.
— Robert Musil, Colloque de Royaumont, Éditions de Royaumont, 1986.
S. Djigo, La raison vivante: Robert Musil et la vérité romanesque, Paris, Éd.
l'Improviste, 2013.
M. Frank, Erkenntniskritische, ästhetische und mythologische Aspekte der
« Eigenschaftslosikeit » in Musils Roman, Revue de théologie et de philosophie, 113,
1981.
A. Frisé, Plädoyer für Robert Musil: Hinweise und Essays, 1931 bis 1980, Reinbek bei
Hamburg, Rowohlt, 1980.
H. Kraft, Musils Mann ohne Eigenschaften, München/Zürich, 2000.
— Musil, Paul Zsolnay Verlag Wien 2003.
M. Luserke, Wirklichkeit und Möglichkeit, Modaltheroretische Untersuchung zum Werk
Robert Musils, Frankfurt a. M.-Bern-New York, 1987.
G. Müller, Dichtung und Wissenschaft. Studien zu Robert Musils Romanen « Die
Verwirrungen des Zöglings Törless » und « Der Mann ohne Eigenschaften », Uppsala,
1971.
— Ideologiekritik und Metasprache in Robert Musils Roman « Der Mann ohne
Eigenschaften », Wilhelm Fink, München-Salzburg, 1972.
F. Nietzsche, Werke in 5 Bänden, herausgegeben von Karl Schlechta, Ullstein,
Frankfurt a. m. Berlin- Wien, 1986.
M.-L Roth, Robert Musil, Ethik und Aesthetik. Zum theorischen Werk des Dichters, Paul
List Verlag, München, 1972.
— avec Bernhard Böschenstein, Hommage à Musil, Peter Lang, Bern, 1995.
F. Vatan, Robert Musil et la question anthropologique, Paris, Puf, 2000.
— Robert Musil : le virtuose de la distance, Paris, Belin, 2013.
— A. Venturelli, Robert Musil und das Projekt der Moderne, Bern, 1988.

- 50 -
Robert Musil, Cahier de l’Herne, Paris, Éditions de l’Herne, 1981.

Anglais

Les étudiants choisiront entre un cours en anglais centré sur l’étude d’une notion ou
d’une œuvre et un cours en français qui a pour objectif de les préparer à l'épreuve de
traduction et de commentaire de textes classiques de la tradition philosophique à
l’agrégation de philosophie.

Semestre 1. M3PHLAN3

Cours 1. Samuel WEBB

Identité personnelle, selfhood, et self-consciousness de Locke à Reid

Une personne est-elle la même au cours de sa vie (et au-delà) ? Qu’est-ce qui fait
cette identité ? Dans la philosophie anglophone, c’est Locke qui a donné le cadre de la
réflexion sur ces questions. La réponse de Locke a ceci de notable : elle fait entrer en
scène un nouveau personnage philosophique – « the self », substantivation du pronom
réflexif qui nous est devenue familière. Mais qu’est-ce que ce « self » exactement, et
comment comprendre la self-consciousness (autre néologisme de Locke) qui lui est
nécessaire ? Dans ce TD, nous lirons et commenterons une sélection de textes dans cette
tradition anglophone, à commencer par le chapitre 27 du livre II de l’Essay de Locke.
Nous prêterons particulièrement attention aux innovations à la fois linguistiques et
conceptuelles introduites par Locke et aux objections que sa théorie a soulevé chez
Berkeley, Butler, Hume et Reid, objections qui ont été structurantes pour la réception du
texte de Locke, jusqu’à la philosophie analytique contemporaine. Une partie du travail
sera également consacrée à l’exercice de la traduction.

TEXTES
LOCKE, An Essay Concerning Human Understanding, Peter H. Nidditch (ed.), Oxford,
Clarendon Press, 1975; tr. fr. Un Essai philosophique concernant l'entendement
humain, traduction par Pierre Coste [1700], Paris: Vrin, 1972; Essai philosophique
sur l'entendement humain: Livres I et II, traduction par Jean-Michel Vienne, Paris:
Vrin, 2002; Essai sur l’entendement humain, traduction par Pierre Coste,
établissement du texte, présentation, dossier et notes par Philippe Hamou, Paris, Le
Livre de Poche, 2009.
PERRY, J. (ed.), 1975, Personal Identity, Berkeley, University of California Press, 2nd
edition, 2008.

Bibliographie secondaire indicative


Balibar, É., John Locke, Identité et différence. L’invention de la conscience. Présenté,
traduit et commenté par É. Balibar, Paris, Seuil, 1998.
Carraud, V., L’invention du moi, Paris, PUF, 2010.
Descombes, V., Le parler de soi, Paris, Gallimard, 2014.
– Les Embarras de l’identité, Paris, Gallimard, 2013.
Ricœur, P., Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990.
Schechtman, M., The Constitution of Selves, Ithaca and London, Cornell University
Press, 1996.
Strawson, G., Locke on Personal Identity. Consciousness and Concernment, Princeton
University Press, 2011

- 51 -
Taylor, C., Sources of the Self: the Making of Modern Identity, Cambridge, Harvard
University Press, 1989.
Thiel, U., The Early Modern Subject. Self-consciousness and personal identity from
Descartes to Hume, Oxford, Clarendon Press, 2011.

Cours 2. Claire CRIGNON

Thomas Hobbes. Philosopher par temps de crise.

Reprenant une expression de J. Terrel, ce TD proposera un choix de textes de


Hobbes allant de son autobiographie en vers, jusqu'au Léviathan, en passant par les
Elements of Law. On se centrera ici sur la conception hobbesienne de la philosophie et
sur la manière dont le contexte des conflits sectaires et de la guerre civile a exercé une
influence déterminante sur le projet philosophique de ce penseur majeur de la période
moderne.
On se procurera en priorité (bibliographie complète en début de cours) :
Thomas Hobbes, Human Nature and De Corpore Politico (The Elements of Law
Natural and Politic), Oxford World’s Classics, ed. J. C. A. Gaskin.
Thomas Hobbes, Leviathan, Oxford World’s Classics, ed. J. C. A, Gaskin.

Semestre 2. M4PHLAN3

Cours 1. Raphaël EHRSAM

Empiricism, religion, skepticism : Hume’s Dialogues

This course, taught in English, is dedicated to an intensive study an translation of


the major sections of Hume’s Dialogues Concerning Natural Religion.
The standard edition is Dorothy Coleman’s: Dialogues Concerning Natural
Religion and Other Writings, Cambridge, Cambridge University Press, 2007 (DCNR).
This edition includes selections from The Natural History of Religion that are to be
carefully read.
About other works by Hume that you might want to look at : the standard edition
for A Treatise of Human Nature is the two-volume edition of David Fate Norton and
Mary Norton in The Clarendon Edition of the Works of David Hume (Oxford, OUP,
2007). Volume 1 contains the text, and volume 2 some editorial and historical
information. A less expensive version of the text can be found in the collection Oxford
Philosophical Texts by the same editors. For An Enquiry concerning Human
Understanding, the standard edition is also The Clarendon Edition of the Works of
David Hume, but many other usable editions can be found, such as the student edition
by A. Flew (Chicago, Open Court, 2000)

Bibliographie :
DELEUZE G., Empirisme et subjectivité, Paris, PUF, 1953
GASKIN J. C. A., “Hume on Religion”, in David Fate Norton and Jacqueline
Taylor, The Cambridge Companion to Hume, Cambridge, CUP, 2009, p. 480-514
HUME D., Dialogues sur la religion naturelle, trad. Michel Malherbe, Paris,
Vrin, 2005
LAD SESSIONS W., Reading Hume’s Dialogues, Bloomington, Indiana
University Press, 2002
MALHERBE M., La philosophie empiriste de David Hume, Paris, Vrin, 1976

- 52 -
NORTON D. Fate (éd.), The Cambridge Companion to Hume, Cambridge,
Cambridge University Press, 1993
O’CONNOR D., Hume on Religion, London, Routledge, 2001
RADCLIFFE E. A., A Companion to Hume, Oxford, Blackwell Publishing Ltd,
2008

Cours 2. Claire CRIGNON

John Locke, Of the Conduct of the Understanding

Nous traduirons et commenterons ce texte que Locke comptait initialement


intégrer à l’Essay dans sa 4e édition et qui paraîtra de manière posthume en 1706. Son
objet est de présenter la nécessité d’un régime pour l’esprit afin de lui fournir les aides
nécessaires à la recherche de la vérité. Il met en œuvre la méthode de la « plain and
historical method », c’est-à-dire d’une observation et d’une histoire de l’entendement,
de ses échecs et de ses dysfonctionnements possibles. Il permet d’aborder la théorie
lockienne de l’erreur, du jugement, de l’association des idées ou le thème des limites de
la connaissance.
On se procurera en priorité (bibliographie complète en début de cours) : Of the
Conduct of the Understanding (nombreuses éditions disponibles du texte, souvent
associé à Some Thoughts Concerning Education (l’édition de référence est celle de J.
W. and Jean S. Yolton, Oxford, Clarendon Press).
On peut trouver le texte en ligne :
(https://archive.org/details/lockesconductofu00lock)

Italien

Semestre 1. M3PHLAN6. Domenico COLLACCIANI

Science, philosophie et théologie à l’âge moderne. Une lecture des Opere de


Galileo Galilei

Pendant le premier semestre de lecture de textes italiens, on prendra en


considération un choix de textes de Galileo Galilei, afin de donner une vue d’ensemble
de la pensée scientifique et philosophique du savant italien.
En parcourant l’œuvre galiléenne (des premiers essais de mécanique aux Discorsi
de 1636), on mettra au jour les aspects principaux de la pensée scientifique de l’auteur :
l’usage des mathématiques en physique, le rôle des observations, l’hypothèse atomiste,
la thèse de l’héliocentrisme, les fondements de la mécanique et de la dynamique.
En ce qui concerne la pensée philosophique de Galilei, on ne pourra pas négliger
le rôle des deux condamnations que l’autorité romaine a portées contre lui,
respectivement en 1616 et en 1632. Une partie importante du cours sera donc consacrée
à la lecture des Lettere copernicane, dans le but d’examiner les positions galiléennes et
de les mettre en rapport avec les contextes savant et théologique de l’époque.
La connaissance de la langue italienne n’est pas requise. Lors de chaque leçon, on
reviendra sur la phonétique et sur la grammaire selon les exigences de la classe.

Galileo Galilei, Opere, a cura di F. Brunetti, UTET, Torino 1980 (réimp. 2005).
Id. Edizione nazionale delle opere, a cura di A. Favaro, Barbera, Firenze, 1890-
1909.

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Semestre 2. M4PHLAN6 Domenico COLLACCIANI

Les Lumières italiennes : Cesare Beccaria, Dei delitti e delle pene

Pendant le second semestre du TD de textes philosophiques italiens, on lira


l’ouvrage de Cesare Beccaria Dei delitti e delle pene dans l’édition de Franco Venturi.
L’ouvrage du jeune italien (il avait vingt-cinq ans lors de la première rédaction)
est universellement reconnu comme le chef-d’œuvre des Lumières italiennes. Par un
phénomène qui n’est pas rare dans l’histoire des idées, le grand succès de l’ouvrage
(notamment auprès du public parisien) est en même temps la cause de son oubli. En
effet, si les thèses principales de Beccaria, dont l’opposition à la peine de mort et à la
torture et le principe de légalité, font partie intégrante du legs de la culture
philosophique et juridique du XVIIIe siècle, le texte en tant que tel est aujourd’hui peu
lu.
Nous nous proposons de relire, traduire et commenter Dei delitti e delle pene, en
accordant une grande importance à l’analyse rhétorique et philosophique du texte. De
plus, on envisagera la question de la philosophie de Beccaria en prenant en
considération des extraits de ses œuvres complètes et des ouvrages des philosophes
français dont il s’est inspiré (notamment Montesquieu, Rousseau et Helvétius).

Cesare Beccaria, Dei delitti e delle pene, a cura di F. Venturi, Einaudi, Milano
1994.
Id., Edizione nazionale delle opere, a cura di L. Firpo e G. Francioni, 16 vol.,
Mediobanca, Milano 1984-2014.
Id. Opere, a cura di S. Romagnoli, Sansoni, Milano.

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