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Mention
PHILOSOPHIE
Spécialité
Équipe de formation
Professeurs invités
Riccardo CHIARADONNA, Professeur, università degli studi Roma Tre.
Benjamin MORISON, Professeur, Princeton university.
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Attendus et objectifs de la formation
Offre de formation
La formation comprend trois grands types d’enseignements qui sont constitutivement articulés :
1) Deux cours de tronc commun, en Master 1 uniquement. Le premier est composé de deux
semestres d’enseignement, chaque semestre portant sur une thématique de la spécialité. Une notion, un
couple de notions, une question relevant de la tradition philosophique et en particulier de l’histoire de
la métaphysique sont suivis dans leur évolution, leur invariance, leur structure. L’objectif est de
parfaire et d’approfondir la connaissance des grandes questions philosophiques, de donner les moyens
de ressaisir chacune dans son horizon et ses attendus propres. Le second, composé de deux semestres
également, est un cours de méthodologie de l’histoire de la philosophie, qu’accompagne un TD.
L’objectif de cet enseignement de deux semestres également est de procurer une formation aux
techniques et outils philologiques, historiographiques, bibliographiques et informatiques nécessaires à
la rédaction des mémoires.
3) Des séminaires de recherche. Sept séminaires (huit en M1) qui se rapportent aux différentes
spécialités sont proposés : philosophie antique, philosophie arabe, philosophie médiévale, philosophie
moderne, histoire et de la philosophie et des sciences (M1), philosophie contemporaine (deux
séminaires annuels au choix), métaphysique et idéalisme allemand, philosophie indienne et comparée.
Les séminaires sont consacrés à l’étude et à l’interprétation des textes majeurs de l’histoire de la
philosophie. Dans le cadre de ces séminaires, diverses formes d’enseignement se complètent : cours
magistral, travail en commun, discussions. Des exposés d’étudiants avancés, de doctorants et d’invités
extérieurs permettent aux participants de prendre connaissance des différents aspects de la pratique de
la recherche scientifique. La validation des séminaires de Master 1 peut prendre la forme de la
rédaction d’un petit mémoire, d’un examen oral ou d’examens écrits ; en Master 2, le séminaire
principal donne lieu à la rédaction d’un mémoire plus ambitieux. Ces travaux représentent un premier
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exercice de rédaction d’une étude scientifique et permettent de se familiariser avec les méthodes
d’analyse et d’exégèse des textes philosophiques.
En première année (M1), les enseignements obligatoires comportent donc à chaque semestre :
3) Trois séminaires :
– Un premier, choisi dans la liste des séminaires spécifiques de la spécialité Histoire de la
philosophie, métaphysique, phénoménologie, définit en principe l’orientation de l’étudiant pour
l’ensemble de son Master.
– Un deuxième séminaire, lui aussi choisi dans la liste des séminaires spécifiques de la
spécialité Histoire de la Philosophie, métaphysique, phénoménologie.
– Un troisième séminaire, choisi dans la même liste des séminaires spécifiques de la spécialité,
ou bien parmi les séminaires de même niveau offerts dans les autres spécialités de la mention
Philosophie de l’Université Paris-Sorbonne, ou encore dans certaines autres mentions délivrées à
l’Université de Paris-Sorbonne.
Il est vivement recommandé aux étudiants de prendre l’avis du professeur directeur du mémoire
principal pour s’orienter dans le choix des autres séminaires en fonction de leurs objectifs de
formation à la recherche.
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Maquette des enseignements
M1 : schéma commun aux deux semestres
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M2 : schéma commun aux deux semestres
** Au choix :
Un des séminaires de la liste * ci-dessus ;
Un séminaire d’une autre spécialité de la mention Philosophie de Paris-Sorbonne ;
Un séminaire d’une autre mention de Paris-Sorbonne (avec l’accord du directeur de mémoire) ;
Un séminaire d’histoire de la philosophie ou de métaphysique d’un autre établissement (sous
réserve de conventions interuniversitaires, à vérifier lors des inscriptions pédagogiques) :
– Université Paris I Panthéon-Sorbonne (J. BENOIST, Ph. BÜTTGEN, R. BARBARAS, D.
KAMBOUCHNER, J.-F. KERVÉGAN) ;
– Université Paris X (C. BERNER, P. HAMOU) ;
– École Pratique des Hautes Études, Ve section (O. BOULNOIS, J. BRUMBERG-
CHAUMONT, C. GRELLARD, Ph. HOFFMANN, I. ROSIER-CATACH) ;
– École Normale Supérieure (D. ARBIB, D. COHEN-LEVINAS, F. WORMS) ;
– en philosophie indienne et comparée, les étudiants ont la possibilité de choisir pour leur
troisième séminaire un séminaire d’études indiennes classiques à l’Université Paris III – La Sorbonne
Nouvelle ou à l’École Pratique des Hautes Études, Ve section.
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Inscriptions et contrôle des connaissances
Lors des inscriptions pédagogiques, nécessaires pour passer les examens et, par conséquent,
pour obtenir les UE du master, les étudiants ont le choix entre une inscription en régime de contrôle
continu et une inscription en régime de « dispense d’assiduité ».
Le régime de contrôle continu est le régime normal. L’inscription en régime de « dispense
d’assiduité » est une inscription dérogatoire qui peut être accordée sur décision du directeur de l’UFR
aux étudiants — ayant une activité professionnelle ; — ayant des enfants à charge ;— inscrits dans
deux cursus indépendants ; — handicapés ; — sportifs de haut niveau ; — engagés dans la vie
civique ; — élus dans les Conseils.
Les étudiants qui répondent à l’une de ces conditions doivent faire la demande d’une inscription
en régime de « dispense d’assiduité » (comprenant tous les justificatifs), auprès du secrétariat de
l’UFR un mois au plus tard après la date du début des cours à chacun des semestres. Si la situation de
l’étudiant l’exige (maladie, changement de contrat de travail, etc.), le délai d’un mois pourra être
repoussé.
L’étudiant s’inscrit dans le groupe « dispensés d’assiduité » lors de ses inscriptions
pédagogiques et produit les justificatifs nécessaires. En l’absence de ces derniers, le secrétariat inscrira
l’étudiant en régime de contrôle continu et l’affectera à un groupe de TD.
Ce contrôle continu peut prendre des formes différentes qui seront précisées par l’enseignant
responsable de l’UE (exercice sur table, interrogation orale, exposé, petit mémoire, etc.).
Les étudiants dispensés d’assiduité valident leurs UE en participant au dernier examen de
contrôle continu organisé par l’enseignant ou en lui remettant un travail préalablement défini par
l’enseignant. Les étudiants inscrits dans ce régime dérogatoire doivent donc prendre contact avec
l’enseignant pour connaître les contenus du cours ainsi que les modalités d’évaluation. Les étudiants
étrangers inscrits dans les programmes d’échange, notamment ERASMUS, sont soumis aux mêmes
conditions de contrôle des connaissances. Les étudiants ayant un handicap peuvent bénéficier de
mesures particulières lors des épreuves. Les évaluations des UE de master peuvent avoir lieu durant la
période de cours comme durant la période d’examens définie par le calendrier universitaire voté au
CA.
Pour le calcul de la moyenne de chaque semestre, la note de chaque UE est affectée d’un
coefficient égal au nombre d’ECTS (European Credits Transfer System) de l’UE.
En Master 2, la remise du mémoire doit avoir lieu en juin ; elle peut éventuellement être différée
au mois de septembre. Les dates de dépôt des mémoires sont indiquées en cours d’année dans l’ENT
et affichées à l’UFR.
La soutenance du mémoire a lieu devant un jury composé d’au moins deux enseignants-
chercheurs, dont le directeur de recherche.
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Intitulés des cours, travaux dirigés et séminaires 2016-2017
Programme M1
Tronc commun
1/ Thématiques de l’histoire de la philosophie
Semestre 1.
Cours. M1PHHI11 Emmanuel CATTIN
Maître et Serviteur
Semestre 2.
Cours. M2PHHI11 Claude ROMANO
Comprendre et interpréter
Ce cours abordera les questions qui se posent à l’historien de la philosophie quand il s’agit de
comprendre et d’interpréter un texte, en convoquant les principales tentatives pour poser ces questions
philosophiquement, notamment dans la tradition de l’herméneutique philosophique, mais aussi dans le
champ de la philosophie analytique contemporaine.
Collingwood, R. G., Toute histoire est histoire d’une pensée : Autobiographie d’un philosophe
archéologue
Danto, Arthur, « L’interprétation profonde », in L’assujettissement philosophique de l’art, trad.
fr., Paris, éd. du Seuil, 1993.
Davidson, Donald, Enquêtes sur la vérité et l’interprétation, Nîmes, éd. Jacqueline Chambon,
1993.
Dilthey, Wilhelm, Introduction aux sciences de l’esprit, 1883, trad. de S. Mesure, Paris, éd. du
Cerf, 1992.
— Introduction à l’étude des sciences humaines, Paris, PUF, 1942.
Gadamer, Hans-Georg, Vérité et méthode, trad. fr., Paris, éd. du Seuil, 1996.
Heidegger, Martin, Être et temps, trad. d’E. Martineau, Paris, Authentica, 1985.
Ricœur, Paul, Du texte à l’action, Essais d’herméneutique, II, Paris, éd. du Seuil, 1990.
— Écrits et conférences, 2, Herméneutique, Paris, éd. du Seuil, 2010.
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Rorty, Richard, « La recherche comme recontextualisation : un modèle anti-dualiste de
l’interprétation », in Objectivisme, relativisme et vérité, trad. fr., P.U.F., 1994.
Schleiermacher, F. D. E. Herméneutique, trad. de C. Berner, Paris, éd. du Cerf, 1987.
Shustermann, R. Sous l’interprétation, trad. fr., Paris, éd. de l’Éclat, 1994
Taylor, Charles « L’interprétation et les sciences de l’homme », in La liberté des modernes,
P.U.F., 1997.
Thouard, Denis, Herméneutique contemporaine. Comprendre, interpréter, connaître, Paris,
Vrin, 2011.
Wittgenstein, Ludwig, Recherches philosophiques, trad. fr. Paris, Gallimard, 2004.
Recueil de textes :
Critique et herméneutique dans le premier romantisme allemand, textes de F. Schlegel, F.
Schleiermacher, F. Ast, etc., éd. de D. Thouard, Presses Universitaires du Septentrion, 1996.
Semestre 1.
Cours. M1PHHI20 Suzanne HUSSON
Ce cours a pour objectif d’initier une réflexion sur l’histoire de la philosophie à la fois comme
objet et comme méthode. Il s’agira, dans un premier temps, de reconstituer quelques grandes étapes de
la construction du ou des récits philosophiques, par les philosophes eux-mêmes, ou bien par des
écrivains spécialisés dans l’historiographie philosophique, afin d’interroger certaines évidences. Quels
auteurs, écoles, aires culturelles, faut-il intégrer dans ce récit, lesquelles éventuellement exclure ?
Comment penser les origines ? Il s’agira de prendre conscience du fait que la délimitation du champ
d’étude de l’histoire de la philosophie est lui-même le résultat de décisions philosophiques par
lesquelles la philosophie se constitue elle-même par rapport à un dehors.
Enfin seront examinées les problématiques contemporaines que soulève l’histoire de la
philosophie comme discipline. L’histoire de la philosophie est-elle une discipline scientifique ? Selon
quels critères méthodologiques ? Est-elle ou non philosophique ? Quel doit être son rapport à
l’histoire ? Ses objets d’étude sont-ils dépendants de leur historicité ou peuvent-ils être abordés de
façon anhistorique ? Là aussi nous sommes face à des décisions philosophiques préalables dont il
convient que l’historien de la philosophie se saisisse.
Le cours s’appuiera sur un recueil de textes distribué en début de semestre.
Semestre 2.
Cours. M2PHHI20 Élise MARROU
Que l’histoire de la philosophie soit présentée comme descriptive ou constituante de ses objets,
des connexions et des filiations doctrinales, des concepts et des thèmes qui la traversent, on se
représente le plus souvent ses méthodes de manière positive. Dans ce cours, nous voudrions nous
demander plutôt de quels outils et instruments les historiens de la philosophie disposent lorsqu’ils
s’attachent à faire l’histoire non seulement d’une opposition doctrinale ou de conflits doctrinaux, mais
d’une invective ou d’un terme polémique qui transforme une école philosophique en une menace pour
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la philosophie elle-même. Un exemple paradigmatique nous sera fourni par la secte fantôme des
égoïstes, légende de secte donc forgée au début du 18e siècle lors de la réception de l’immatérialisme
de Berkeley. En prenant notre point de départ dans l’examen de cette secte qui jette une lumière
singulière sur l’invention du moi et sur l’histoire de la philosophie moderne, nous nous interrogerons
d’une manière plus générale sur le lien étroit entre l’histoire doctrinale des sectes et l’accusation de
sectarisme.
Bibliographie
ARMOGATHE Jean-Robert, Une secte fantôme au XVIII e siècle : les égoïstes, T.E.R., Histoire
de la philosophie, Paris, 1970 (ex. dact., Bibl. de la Sorbonne et Bibl. de l'ENS.).
BARDOUT, Jean-Christophe, Penser l’existence, Paris, Vrin, 2013.
BERKELEY, George, The Works of George Berkeley, Bishop of Cloyne, ed. by A. A. Luce and
T. E. Jessop, 9 vol, London & Edinburgh, 1948-1955, Kraus Reprint, 1979, tr. fr. Œuvres, sous la
direction de G. Brykman, PUF Épiméthée, 1985.
BRACKEN, Harry, The Early Reception of Berkeley’s Immaterialism, 1710-1733, Martinus
Nijhoff, The Hague, 1959.
BRYKMAN, Geneviève, Berkeley et le voile des mots, Paris, Vrin, 1993.
« Le Mythe de l’intériorité chez Locke », Archives de Philosophie, 55, 1992, p. 575-586.
« Kant, Berkeley, et la méthode sceptique », Kant et la pensée moderne : alternatives et
critiques, Presses Univ. de Bordeaux III, 1997.
« Leibniz et les paradoxes de Berkeley » dans Perspectives sur Leibniz, éd. par R. Bouveresse,
Vrin, 1999, p. 97-114.
CARRAUD, Vincent, L’Invention du moi, Paris, PUF, 2010.
CHARLES, Sébastien, « L’Immatérialisme dans les manuscrits clandestins du siècle des
Lumières », Dialogue, 3, 2000, p. 491-511.
Berkeley au siècle des Lumières, Immatérialisme et scepticisme au XVIIIe siècle, Paris, Vrin,
2003.
« Scepticisme et solipsisme au XVIIIe siècle : la prégnance des débats cartésiens au siècle des
Lumières», Rivista di Storia della Filosofia, 2005, 60 (1), p. 3-22.
« Du Je pense, je suis « au Je pense, seul je suis » : crise du cartésianisme et revers des
Lumières, Revue Philosophique de Louvain, n°4, 102 (4), p. 565-582.
CONDILLAC, Étienne Bonnot de, Essai sur l’origine des connaissances humaines, ouvrage où
l'on réduit à un seul principe tout ce qui concerne l'entendement humain, Amsterdam, chez P. Mortier,
1746. DESCARTES, René, Descartes, Œuvres, publiées par Adam et Tannery, 11 tomes, Vrin, 1996.
DIDEROT, Denis, Œuvres complètes, ed. H. Dieckmann, J. Proust, J. Varloot, Paris, Hermann,
1971.
FICHANT, Michel, Science et métaphysique dans Descartes et Leibniz, Paris, Presses
universitaires de France, 1998.
HUSSERL, Recherches logiques, I, Prolégomènes à la logique pure, tr. fr. H. Elie, Arion L.
Kelkel et René Scherer, Paris, PUF, 1969 [RL].
Recherches logiques, 3, Eléments d'une élucidation phénoménologique de la connaissance :
recherche VI, tr. fr. H. Elie, A. L. Kelkel et R. Schérer, 1974 [RL].
Philosophie première (1923-24), tr. fr. A. L. Kelkel, Paris, PUF, 1995.
KANT, I., Œuvres philosophiques I et II, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1980-
1985.
Prolégomènes à toute métaphysique future, tr. fr., L. Guillermit, Paris, Vrin, 1993.
Anthropologie d’un point de vue pragmatique, tr. fr., Alain Renaut, Paris, Flammarion, 1993
[APP].
Correspondance, tr. fr., M.-C. Challiol, M. Halimi, V. Séroussi, N. Aumonier, M. B. de Launay
et M. Marcuzzi, NRF, Bibliothèque de Philosophie, Paris, Gallimard, 1991.
Logique, tr. fr., L. Guillermit, Paris, Vrin, 1966.
JACOBI, Friedrich Heinrich, David Hume et la croyance, idéalisme et réalisme, introd., trad. et
annoté
par Louis Guillermit, 2e éd. corr., Paris, Vrin, 2000.
LEIBNIZ, Die philosophichen Schriften, hrsg. von Gerhardt, Hildesheim, NY, Olms, 1978 [G].
Textes inédits, vol I et II, ed. by. Gaston Grua, Garland Publishing, Inc., NY & London,
1985[Grua].
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Nouveaux Essais sur l’entendement humain, Paris, Garnier-Flammarion, 1966.
Discours de métaphysique, suivi de Monadologie et autres textes, éd. établie, présentée et
annotée par Michel Fichant, Paris, Gallimard, 2004.
Opuscules philosophiques choisis, tr. fr., Paul Schrecker, Paris, Vrin, 1978.
L'Être et la relation, avec trente-cinq lettres de Leibniz au R. P. Des Bosses, trad. du latin et
annotées par C. Frémont, Paris, Vrin, 1981.
LOCKE, J., Essai philosophique concernant l'entendement humain, traduit par Pierre Coste,
Paris, Vrin, 1972.
MÉRIAN, Johann Bernhard, « Sur le phénoménisme de Hume », Berlin 1798 dans les
Mémoires de l'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres, 1792/1793.
PFAFF, Christoph. Matthaeus, Oratio de Egoismo nova philosophica haeresi, Tübingen, G. F.
Pflickius, 1722, [ODE].
RAMSAY, Andrew Michael, Discours sur la mythologie, Paris, Honoré Champion, 2002.
REID, Thomas, Essays on the Intellectual Powers, Edinburgh, J. Bell, 1785.
FLACHAT DE SAINT SAUVEUR, Pièces fugitives d’histoire et de littérature de Paris, 1704.
TOURNEMINE, René Joseph de, Journal de Trévoux, ou Mémoires pour servir à l’histoire des
sciences et des arts, avril 1713, Slatkine Reprints, Genève, 1968, p. 921-2.
Réflexions sur l’athéisme, dans FÉNELON, Œuvres philosophiques, Paris, 1718.
WOLFF, Christian, Vernünftige Gedanken von Gott, der Welt und der Seele des Menschen,
auch allen Dingen überhaupt, 1719.
Psychologia rationalis, critique avec introduction, notes et index par Jean École, Gesammelte
Werke. II Abteilung, Lateinische Schriften, Hildesheim, New York, G. Olms, 1972.
Les collègues qui enseignent à Paris-Sorbonne présenteront leurs recherches en cours en mettant en
évidence la méthodologie qui les a permises.
Grec
Platon, Parménide
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F.M. Cornford, Plato and Parmenides, London, Paul Kegan, 1939.
A.E. Taylor, Philosophical Studies, London, MacMillan, 1934.
Platon, Lois VII-X. Texte établi et traduit par A. Diès, Paris, Les Belles Lettres, 1956.
M. Gueroult, « Le Xe livre des Lois et la dernière forme de la physique platonicienne »,
Revue des études grecques, 1924, p. 27–78.
L. Robin, Etude sur la signification et la place de la physique dans la philosophie de
Platon, Paris, Félix Alcan, 1919.
J. Vuillemin, « Cinématique et dynamique chez Platon et Aristote », Archives de
philosophie, 2005, p. 303-313.
Latin
Cicéron, De fato
Le principe de causalité et la liberté humaine sont-ils inconciliables ? Tout ce qui n’arrive pas
est-il impossible ? C’est ce que semble affirmer l’argument dominateur, la très célèbre aporie antique à
laquelle se confronte le De fato. Dans cette oeuvre fragmentaire, Cicéron fonde sa critique du
nécessitarisme absolu des Mégariques sur une analyse subtile de la notion de cause. Mais l’intérêt du
De fato ne se réduit pas à l’ingéniosité spéculative et à l’élégance du latin classique de son auteur. En
nous transmettant les solutions du Mégarique Diodore, du Stoïcien Chrysippe, de l’Académicien
Carnéade ou des Épicuriens, le De fato constitue un témoin inestimable pour la reconstitution et
l’appréciation de l’argument dominateur, qui, selon des reconstructions modernes, structure
l’ensemble de la philosophie hellénistique et interroge ainsi la notion même de système philosophique.
Les étudiants devront se procurer une édition du De fato (par exemple dans la Collection des
Universités de France, dont le texte est établi par Albert Yon) et pourront consulter avec profit les trois
ouvrages suivants :
Octave Hamelin, Sur le De fato, publié et annoté par M. Conche, Villers-sur-Mer, Éditions de Mégare,
1978.
Pierre-Maxime Schuhl, Le dominateur et les possibles, Paris, PUF, 1960.
Jules Vuillemin, Nécessité ou contingence, L’aporie de Diodore et les systèmes philosophiques, Paris,
Minuit, 1984.
Trop souvent réduit à son rôle de maître de Thomas d’Aquin, Albert le Grand fut avant
tout une figure majeure de la pensée du XIIIe siècle, profondément inspirée par les
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philosophies grecque et arabe. Le petit traité De natura loci reprend les concepts et les
raisonnements des vastes commentaires du Doctor Universalis aux traités aristotéliciens de
philosophie naturelle sans en avoir le caractère foisonnant et constitue à ce titre une bonne
introduction à la pensée et à la méthode d’Albert. Aristote définissait le lieu comme limite
inférieure du corps enveloppant et assignait un lieu propre à chaque corps simple : la Terre se
trouvait « contenue » dans le Ciel, sans que la prééminence générale du contenant sur le
contenu ne soit affirmée. En substantialisant le lieu, Albert radicalise le geste aristotélicien et
fonde une véritable « science des lieux » dont l’aboutissement est une cosmographie
systématique et essentialisante. Le De natura loci constitue ainsi un document précieux sur
l’histoire de la représentation de l’univers, mais il révèle surtout de manière éclatante le lien
entre la conception du lieu et la conception du monde.
Le texte sera lu dans l’édition de Paul Hoßfeld et distribué pendant le cours.
Allemand
Nous proposerons une lecture suivie de l’essai tardif de Walter Benjamin, « Der Erzähler » (qui
partira des difficultés de la traduction de ce terme). Dans ce texte rédigé et publié en 1936,
l’auteur revient sur la lente et progressive disparition de la figure de l’Erzähler. Cette perte est celle
d’une figure du récit, qui se comprend sur le fond de l’essor du roman, de l’effacement d’une forme de
communication et d’expérience du partage qui tisse les liens de la communauté entre les hommes, et
du recul de l’aspect épique de la transmission de la vérité. Ce portrait de Nicolas Leskov est également
l’occasion pour Benjamin de répondre à Schiller, Tolstoï, Lukacs et de dialoguer avec Paul Valéry.
Les thèmes de l’aura, de la tradition, de l’engagement révolutionnaire et de la pauvreté en expérience
réapparaissent ici, mais se nouent d’une manière sensiblement différente ; ils ont rarement été
commentés à la lumière de l’articulation entre mémoire, artisanat et tissage. Ce sera le fil conducteur
de notre commentaire.
Seule la lecture de l’essai, qui sera distribué aux étudiants lors de la première séance, est
impérative :
« Der Erzähler », Gesammelte Schriften, hrsg. von Rolf Tiedemann und Hermann
Schweppenhäuser. Band II, Suhrkamp, Frankfurt am Main 1991.
Nous nous appuierons également sur :
Walter Benjamin, « Le narrateur », Le Mercure de France, juillet 1952, repris dans Écrits
français, Paris, Gallimard, 1991.
Walter Benjamin, Œuvres III, « Le conteur », tr. de Maurice de Gandillac revue par Pierre
Rusch, Gallimard, Paris, 2000, p.114-151.
Walter Benjamin, « Das Kunstwerk im Zeitalter seiner technischen Reproduzierbarkeit »,
Suhrkamp, Frankfurt am Main, 2010.
Walter Benjamin, « Erfahrung und Armut », Gesammelte Schriften, Band II, hrsg. von Rolf
Tiedemann und Hermann Schweppenhäuser. Band II, Suhrkamp, Frankfurt am Main 1991.
Walter Benjamin, « Am Kamin », Gesammelte Schriften, Band III, hrsg. von Rolf Tiedemann
und Hermann Schweppenhäuser. Band II, Suhrkamp, Frankfurt am Main 1991.
Walter Benjamin, Gesammelte Briefe, t. V, Frankfurt am Main, Surhkamp, 1999.
Walter Benjamin, Erzählen, Schriften zur Theorie der Narration und zur literarischen
Prosa, Suhrkamp, Frankfurt am Main, 2007.
Nicolas Leskov, La rapine, tr. S. Luneau, Lausanne, L’Age d’homme, 1969.
Nicolas Leskov, Le Gaucher ou Le dit du gaucher bigle de Toula et de la puce d’acier, tr. P.
Lequesne, Paris, L’Esprit des péninsules, 1997.
Bibliographie secondaire
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Eli Friedlander, Walter Benjamin, a philosophical portrait, Cambridge Mass., Harvard
University Press, 2012.
Jeanne-Marie Gagnebin, Histoire et narration chez Walter Benjamin, Paris, L'Harmattan, 1994.
Bettine Menke, Sprachfiguren, Name, Allegorie, Bild nach Benjamin, München, W. Fink,
1991.
Stephane Mosès, Walter Benjamin et l'esprit de la modernité, édité et présenté par Heinz
Wismann, Paris, les Éditions du Cerf, DL 2015.
Daniel Payot, Le raconteur, Circé, 2014.
Catherine Perret, Walter Benjamin sans destin, Paris, la Différence, 1992.
Gérard Raulet, Le caractère destructeur : esthétique, théologie et politique chez Walter
Benjamin, Paris, Aubier, 1997.
Rainer Rochlitz, Walter Benjamin, textes réunis et édités par Christian Bouchindhomme et
Geneviève Rochlitz ; avant-propos de Pierre Rusch, La Lettre volée, 2010.
Rolf Tiedemann. Studien zur Philosophie Walter Benjamins, Frankfurt am Main, Europäische
Verlagsanstalt, 1965.
Anglais
À l’issue d’un test de langue organisé en début de semestre, les étudiants seront répartis dans les groupes
de niveau.
Semestre 1. M1PHLAN3
Dans ce TD, nous proposons de faire une lecture suivie du petit traité sur la conscience de soi
de William James. Il s’agit du chapitre X des Principles of Psychology (1890, non-traduit), texte peu
lu en France aujourd'hui, mais qui a marqué toute une génération de philosophes, notamment
Wittgenstein. Un des objectifs du cours est l’entraînement à la traduction et au commentaire d’un texte
de philosophie américaine. L’autre est de travailler l’expression écrite et orale en anglais. L’évaluation
prendra deux formes possibles : soit un exercice de traduction (anglais vers le français) et de
commentaire en français (du type attendu à l’agrégation de philosophie), soit un exposé en anglais, à
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l’oral ou à l’écrit, du type attendu pour un article ou une communication académique, y compris sur
vos propres sujets de recherche. Nous mènerons au moins une partie de la discussion en anglais.
JAMES, W., « Consciousness of Self », chap. X in Principles of Psychology, Vol I., New York,
Henry Holt & Co., 1890.
Le(s) texte(s) ainsi que des indications bibliographiques seront distribués en cours et sur le
plate-forme moodle.
L’objectif de ce TD est de commencer à préparer les étudiants qui souhaitent préparer les
épreuves de l’agrégation (texte en langue anglaise). Nous travaillerons donc la traduction et le
commentaire de texte.
Les textes traduits et étudiés seront sélectionnés dans le volume Francis Bacon. The Major
Works, éd. Brian Vickers, Oxford World’s Classics (édition à se procurer pour la rentrée). Ils seront
centrés sur la question de l’acquisition et du progrès du savoir. Nous verrons comment le savoir
expérimental mis en œuvre dans l’œuvre de Bacon prend la forme d’une « medicine of the mind ».
Celle-ci trouve ses sources dans le stoïcisme et dans le genre des « histoires naturelles ». Elle jouera
un rôle décisif dans l’effort accompli par les défenseurs de l’experimental philosophy pour présenter le
savoir comme un remède contre l’enthousiasme et le sectarisme ambiants.
Semestre 2. M2PHLAN3
Comment choisir des principes de justice sociale ? Comment justifier ce choix ? Quel est le bon
partage entre l’utopique et le réel dans notre conception de la justice ? John Rawls tente de répondre à
de telles questions dans son ouvrage classique A Theory of Justice. Dans ce TD, nous lirons et
discuterons des passages choisis de ce texte. Un des objectifs du cours est de vous familiariser avec
cette œuvre fondatrice pour la philosophie sociale et politique anglo-américaine – sa démarche, son
lexique, ses problèmes et ses enjeux. L’autre objectif est de travailler l’expression écrite et orale en
anglais dans un contexte philosophique. L’évaluation prendra deux formes possibles : soit un exercice
de traduction (anglais vers le français) et de commentaire en français (du type attendu à l’agrégation
de philosophie), soit un exposé en anglais, à l’oral ou à l’écrit, du type attendu pour un article ou une
communication académique, y compris sur vos propres sujets de recherche. Nous mènerons au moins
une partie de la discussion en anglais.
Texte du cours
Il existe deux éditions de A Theory of Justice, l’originale de 1971, et l’édition révisée de 1999.
Nous utiliserons celle de 1999, Cambridge, MA: Harvard University Press; traduction fr. de Catherine
AUDARD, Théorie de la justice, Paris, Seuil, 1987.
Textes complémentaires
RAWLS, J. (2001) Justice as Fairness: A Restatement, edited by Erin Kelly, Cambridge, MA:
Harvard University Press; tr. fr. de Bertrand GUILLARME (2003). La justice comme équité. Paris, La
Découverte.
GUÉRARD de LATOUR, S., RADICA, G., SPECTOR, C. (éds.). (2015). Le sens de la justice,
une “utopie réaliste”?: Rawls et ses critiques. Paris, Classiques Garnier.
Autres indications bibliographiques à suivre.
- 14 -
Niveau 2. Raphaël EHRSAM
Peter Frederick Strawson (1919-2006) fut l’un des principaux philosophes britanniques du
siècle dernier, collègue et interlocuteur de John Austin à Oxford, et l’un des artisans du regain
d’intérêt pour la philosophie transcendantale et la métaphysique. En manière de dialogue avec la
notion quinienne de « l’engagement ontologique » des théories, Strawson nomme « métaphysique
descriptive » l’effort pour déployer l’ontologie implicite dans nos manières ordinaires et scientifiques
de décrire et d’expliquer la réalité. Or, selon lui, la réflexion transcendantale kantienne constitue,
paradoxalement, la meilleure voie possible pour mener à bien le programme d’une métaphysique
descriptive. En effet, se demander quelles sont les conditions de l’expérience et de la connaissance,
cela revient pour Strawson à déployer les concepts et principes minimaux sans lesquels nous ne
pouvons pas nous rendre intelligible la moindre conception. Dans ce cours, nous nous concentrerons
sur le texte de Strawson intitulé The Bounds of Sense (1966), afin de comprendre comment le
programme théorique formulé dès Individuals en 1959 trouve son aboutissement dans une discussion
de la Critique de la raison pure. Nous serons, à cette occasion, amenés à mettre en lumière les
difficultés de traduction en français d’un texte lui-même soucieux de ménager, dans l’anglais
philosophique, une place à certains concepts cardinaux de philosophie allemande.
Bibliographie :
- 15 -
Italien
L’édition critique des œuvres de Gramsci étant en cours (un seul volume paru), l’édition de
référence des Quaderni demeure celle de l’éditeur Einaudi : A. Gramsci, Quaderni del carcere, 4 vol.
a cura di V. Gerratana, NUE, Torino, Einaudi, 1975. (Réimpressions : Einaudi Tascabili, 2001; ET.
Biblioteca, 2007 et 2014).
- 16 -
Séminaires
(1h30 hebdomadaire ou 3 heures par quinzaine selon les cas)
Philosophie antique
Éditions et traductions :
Plotin, Ennéades, IV, éd. par É. Bréhier, Les Belles Lettres, Paris 1927 (traité 4.8)
Plotin, Ennéades, V, éd. par É. Bréhier, Les Belles Lettres, Paris 1931 (traité 5.1)
Plotin, Ennéades, VI, éd. par É. Bréhier, Les Belles Lettres, Paris 1936 (traité 6.9)
Plotin, Traités 1-6, dir. J.-F. Pradeau – L. Brisson, GF Flammarion, Paris 2002 (traité 4.8)
Plotin, Traités 7-21, dir. J.-F. Pradeau – L. Brisson, GF Flammarion, Paris 2003 (traités 5.1 et
6.9)
Plotin, Traité 9 – VI, 9, trad. et comm. par P. Hadot, Cerf, Paris 1994
Études
Plotin et son platonisme, Les Études Philosophiques, 90, 2009/3 (recueil d’articles sur la
philosophie de Plotin)
P.-M. Morel, Plotin : L’Odyssée de l’âme, Armand Colin, Paris 2016
L. Lavaud, D’une métaphysique à l’autre. Figures de l’altérité dans la philosophie de Plotin,
Vrin, Paris 2008
A. Michalewski, La puissance de l’intelligible : La théorie plotinienne des Formes au miroir de
l’héritage médioplatonicien, Leuven University Press, Leuven 2014
Nous lirons ces deux textes clés de Platon en détail. On s’intéressera à la question du rôle des
définitions dans l’épistémologie platonicienne dans les deux dialogues, ainsi qu’à l’argument
complexe au cœur de l’Euthyphron, et, dans le Ménon, au paradoxe dit ‘socratique’, au paradoxe dit
‘de Ménon’, à la démonstration de Socrate avec l’esclave, à la réminiscence, et à la question de la
définition de la vertu.
- 17 -
Philosophie arabe
- 18 -
possibilité de hiérarchiser les ensembles infinis dénombrables. Pour la développer et la
défendre, Thābit associe à la considération des ensembles infinis de nombres, propre à la
tradition arithmétique platonicienne – éminent arithméticien, Thābit fut également le
traducteur de l’Introduction arithmétique de Nicomaque de Gérase –, celle de la géométrie
infinitésimale et de ses procédés mettant en jeu des sommes infinies. On confrontera alors
cette réponse, mathématique et philosophique, à la défense traditionnelle de l’infini potentiel
aristotélicien formulée par al-Kindī, en envisageant pour conclure la reprise de cette question
chez Fakhr al-Dīn al-Rāzī.
Aristotle’s Physics. A Revised Text with Introduction and Commentary by W.D. Ross,
Oxford, 1936.
J. Philopon, De aeternitate mundi contra Proclum, éd. H. Rabe, Leipzig, 1899.
M. Rashed, « Thābit ibn Qurra sur l’existence et l’infini : les Réponses aux questions
posées par Ibn Usayyid », in R. Rashed (ed.), Thābit ibn Qurra. Science and Philosophy in
Ninth-Century Baghdad, Berlin/ New York, 2009, p. 619–673.
R. Rashed (ed.), Thābit ibn Qurra. Science and Philosophy in Ninth-Century Baghdad,
Berlin/ New York, 2009.
Œuvres philosophiques et scientifiques d’al-Kindī, vol. II : Métaphysique et cosmologie,
par R. Rashed et J. Jolivet, Leyde/ Boston/ Cologne, 1998.
P. Mancosu, Infini, logique, géométrie, Paris, Vrin, 2015.
F. Monnoyeur & H. Sinaceur (éd.), Infini des mathématiciens – Infini des philosophes,
Paris, Belin, 1991.
J. Vuillemin, Mathématiques pythagoriciennes et platoniciennes, Paris, 2001.
Philosophie du Moyen-Âge
Rien ne semble plus naturel à la pensée médiévale que l’omniprésence du Dieu créateur et
omnipotent de la Révélation abrahamique, comme terme ultime de la résolution de nombreuses
questions philosophiques, comme l’origine des valeurs morales ou de toute connaissance vraie. Ce
séminaire entreprendra de déconstruire l’évidence d’un tel théocentrisme médiéval, en reconstruisant
l’histoire médiévale des hypothèses per impossibile posant l’inexistence de Dieu, et de montrer que
c’est au contraire la pensée moderne du XVIIe siècle qui a contribué à imaginer un tel théocentrisme.
Nous étudierons les différents contextes et les fonctions diverses de ces hypothèses, qui ont conduit les
médiévaux à accorder au monde de la nature et au règne de la rationalité humaine une validité
indépendante de tout fondement théologique. Nous présenterons différents arguments utilisés pour
démontrer cette consistance du monde, hérités de la tradition antique, talmudique, islamique et
scolastique médiévale : l’hypothèse de la destruction des substances ou de la disparition des hommes ;
l’hypothèse de la création divine des lois de la logique ; l’hypothèse de l’annihilation ou destruction du
monde ; l’hypothèse de l’inexistence de Dieu (la fameuse « hypothèse impie » du etiamsi daremus
rendue célèbre par Hugo Grotius en 1625).
Outre quelques passages de la tradition antique, juive (talmudique) et islamique, on lira surtout
des textes issus de la tradition scolastique occidentale, souvent en traduction originale (Bonaventure,
Albert le Grand, Thomas d’Aquin, Jean Duns Scot, Grégoire de Rimini, François de Meyronnes,
Gabriel Vázquez, Francisco Suárez, René Descartes, G.W. Leibniz, Juan Caramuel, Hugo Grotius,
Samuel Pufendorf, etc.).
Prérequis : les étudiants devront être familiarisés avec les grandes oppositions entre écoles
philosophiques et théologiques médiévales. Une connaissance du latin est un plus, mais elle n’est pas
requise à ce niveau.
- 19 -
Quelques études : D. Bonhoeffer, Résistance et soumission, trad. L. Jeanneret (Labor, 1973) ;
M.-D. Chenu, « L’athéisme méthodologique : saint Thomas d’Aquin », in : Cahiers du centre d’études
et de recherches marxistes. Philosophie et religion (Editions Sociales, 1974), p. 73-90 ; E. Jüngel,
Gott als Geheimnis der Welt : Zur Begründung der Theologie des Gekreuzigten im Streit zwischen
Theismus und Atheismus (Mohr Siebeck, 1982) ; I. Mandrella, « Die Autarkie des mittelalterlichen
Naturrechtes als Vernunftrecht : Gregor von Rimini und das etiamsi Deus non daretur-Argument »,
in : « Herbst des Mittelalters » ? Fragen zur Bewertung des 14. und 15. Jahrhunderts, ed. J.A. Aertsen
& M. Pickavé (de Gruyter, 2004), p. 265-276 ; J.-L. Marion, La théologie blanche de Descartes (PUF,
1981) ; J. Milbank, Theology and Social Theory : Beyond Secular Reason (Blackwell, 1990) ; J. Saint-
Léger, The etiamsi daremus of Hugo Grotius. A Study in the Origins of International Law (Angelicum,
1962) ; Fr. Todescan, Etiamsi daremus. Studi sinfonici sul diritto naturale (CEDAM, 2003).
La banalité du mal au Moyen Âge : pourquoi les Juifs ont-ils tué le Christ ?
« Pardonne-leur, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34) : ce verset de l’Évangile
de Luc a suscité d’innombrables commentaires scolastiques au Moyen Age, qui se sont interrogés sur
la relation entre ignorance et culpabilité. Elle est également à l’origine de l’image chrétienne des Juifs
comme « peuple déïcide », fondement de l’antisémitisme chrétien, qui n’a été définitivement
abandonnée qu’au moment de Vatican II (1965). Dans le cadre de ce séminaire, nous examinerons le
jugement de quelques grandes autorités scolastiques médiévales des XIIIe et XIVe siècles sur le statut
des Juifs en général et sur l’épisode de la crucifixion en particulier, parmi lesquels Thomas d’Aquin,
Jean Duns Scot, Henri de Harclay et Robert Holkot. Nous montrerons que la mise à mort du Christ est
en réalité un admirable cas-limite pour tester la validité des philosophies de l’action hérités de
l’aristotélisme et du socratisme chrétien : toute faute morale implique-t-elle une forme d’ignorance ou
un aveuglement dû aux passions ? Est-il au contraire possible d’agir consciemment de façon
mauvaise ? Cela sera également l’occasion de traiter des rapports entre Loi ancienne et Loi nouvelle,
ainsi que des différentes attitudes chrétiennes vis-à-vis de la question juive au Moyen Age, allant de la
tolérance jusqu’à la défense du baptême forcé des enfants juifs, défendu en particulier par la tradition
franciscaine jusqu’à l’époque moderne. Ce sera également l’occasion de s’interroger sur les rapports
entre philosophie scolastique et société, et la naissance de la « société persécutrice » (selon le terme
mis à l’honneur par R.I. Moore), dont la structure allait survivre bien au-delà des Lumières.
Prérequis : les étudiants devront être familiarisés avec les grandes oppositions entre écoles
philosophiques et théologiques médiévales. Une connaissance du latin est un plus, mais elle n’est pas
requise à ce niveau ;
Support du cours : un dossier de textes originaux en traduction française sera fourni aux
étudiant(e). Une sélection d’articles et d’études de référence sera disponible sur moodle.
Bibliographie introductive : outre les ouvrages classiques de J. Trachtenberg [1904-59], The
Devil and the Jews. The Medieval Conception of the Jews and Its Relation to Modern Anti-Semitism
(Yale University Press, 1943) et H. Liebeschütz [1893-1978], Synagoge und Ecclesia.
Religionsgeschichtliche Studien über die Auseinandersetzung der Kirche mit dem Judentum im
Hochmittelalter, ed. A. Patschovsky (Verlag Lambert Schneider, 1983), nous discuterons les travaux
de E.A. Synan, The Popes and the Jews in the Middle Ages (Macmillan, 1965) ; A. Sapir Abulafia,
Christians and Jews in Dispute. Disputational Literature and the Rise of Anti-Judaism in the West (c.
1000-1150) (Ashgate, 1984) ; R.I. Moore, La persécution. Sa formation en Europe, 950-1250, trad. C.
Malamoud (Les Belles Lettres, 1991 ; éd. originale 1987) ; G. Dahan, Les intellectuels chrétiens et les
Juifs au Moyen Age (Ed. du Cerf, 1990) ; J.Y.B. Hood, Aquinas and the Jews (University of
Pennsylvania, 1995) ; D. Iogna-Prat, Ordonner et exclure. Cluny et la société chrétienne face à
l’hérésie, au judaïsme et à l’islam, 1100-1150 (Champs-Flammarion, 1998), p. 332-359 ; G. Dahan,
Le brûlement du Talmud à Paris (1242-44) (Ed. du Cerf, 1999) ; N.L. Turner, « Robert Holcot on the
Jews », in : Chaucer and the Jews. Sources, Contexts, Meanings, ed. Sh. Delany (Routledge, 2002) ;
St. J. McMichael & S.E. Myers (eds), Friars and Jews in the Middle Ages and the Renaissance (Brill,
2004) ; M. Frassetto (ed.), Christian Attitudes Towards the Jews in the Middle Ages (Routledge,
2006) ; A. Vauchez & B. Sère, « Les Chrétiens d’Occident face aux Juifs et aux Musulmans au Moyen
Age, XIe-XVe siècles », Recherches de science religieuse 100/2 (2012), p. 187-208 ; E.
- 20 -
Marmursztejn, Le baptême forcé des enfants juifs. Question scolastique, enjeu politique, échos
contemporains (Les Belles Lettres, 2016).
Philosophie moderne
La réflexion de Pascal s’élabore au fil d’une confrontation serrée avec trois sources majeures :
Augustin, Montaigne et Descartes. C’est en effet à partir d’une exégèse remarquablement pénétrante
des Méditations métaphysiques, des Essais et des Confessions que Pascal parvient à développer ses
thèses les plus originales. Mais si Pascal ne cesse de partir des pages d’Augustin, de Montaigne et de
Descartes, ce n’est que pour ensuite mieux s’en départir et finalement en critiquer et subvertir
radicalement les concepts et les enjeux. Le séminaire sera consacré à l’analyse du rapport que Pascal
entretient avec ses sources à partir de l’étude de plusieurs exemples issus des Pensées, des
Provinciales et des « opuscules » pascaliens. On prendra ainsi la mesure de la complexité et de la
variété des stratégies adoptées par Pascal dans son « corps à corps » spéculatif avec ces trois auteurs.
Ce qui nous permettra aussi d’aborder à nouveau frais la difficile question de la position de la pensée
pascalienne à l’intérieur de l’histoire de la philosophie moderne.
Spinoza, Ethica.
L’entendement seul peut-il, dirigé par la méthode, nous amener à la béatitude ? L’Ethica more
geometrico demonstrata de Spinoza semble promettre au lecteur « la plus haute satisfaction qu’il
puisse y avoir ». Ce bonheur ne serait pourtant pas atteignable sans faire l’effort de lire le texte dès la
première définition de la causa sui jusqu’à l’amour intellectuel de Dieu, en saisissant toutes les
articulations de la déduction. Au moyen d’un commentaire suivi du texte, le cours se propose de lire
l’Éthique dans le but de rendre transparente la démonstration qui, partant de l’idée de Dieu, amène à la
beatitudo.
Une lecture purement internaliste de l’Éthique ne serait pourtant pas suffisante. Dans la
perspective propre à l’histoire de la philosophie, l’œuvre de Spinoza apparaît comme une synthèse
extraordinaire de nombreuses traditions philosophiques, théologiques et scientifiques de l’époque. En
effet, Spinoza s’est formé dans la tradition juive ; il a étudié la seconde scolastique, la philosophie de
Descartes et de Hobbes ; il s’est intéressé à la nouvelle physique mécanique et aux mathématiques ; il
était proche des Églises chrétiennes radicales et des mouvements républicains néerlandais. Tous ces
éléments ont sans aucun doute contribué à la définition du projet spinozien et doivent être pris en
compte par toute interprétation qui se veut exhaustive.
Le cours abordera donc l’œuvre de Spinoza sous les deux angles de l’analyse de la structure
logique et de la lecture contextualiste. Loin d’affaiblir la puissance libératrice de l’Éthique, une
- 21 -
exégèse profitant de cette pluralité de ressources est peut-être en mesure de saisir le véritable sens de
l’entreprise philosophique spinozienne.
Références bibliographiques :
Aristote, Problème XXX, 1 (éd. J. Pigeaud, L’homme de génie et la mélancolie, Paris, rivages
poche, 1989).
Hippocrate, Aphorismes, dans l’Art de la médecine, éd. Jouanna & Magdelaine, Paris, GF.
Galien, De la bile noire, trad. A-F. Morand, V. Barras,
Burton, R, Anatomie de la Mélancolie, 1621 (des extraits seront distribués).
Descartes, Correspondance avec Elisabeth.
Ficin, M, De Triplici Vita, éd. Corpus, Fayard.
Montaigne, Les Essais, Paris, Puf Quadrige.
Spinoza, Ethique, partie IV ; Traité Politique.
Wakefield, J, « The Concept of mental Disorder » (dans Philosophie de la médecine, vol. II,
Paris, Vrin).
Wakefield et Horwitz, The Loss of Sadness, How Psychiatry Transformed Normal Sorrow Into
Depressive Disorder, Oxford University Press, 2007.
Klibansky, Panofsky, Saxl, Saturne et la mélancolie, Paris, Gallimard, 1989.
Philosophie contemporaine
M1PHHI55 et M2PHHI55
- 22 -
Ce séminaire sera centré sur le concept de vérité, et partira de la conception thomiste de la vérité
comme adaequatio rei et intellectus, rapport de concordance ou de convenance entre l’entendement et
la chose, pour en interroger les prolongements phénoménologiques. Ainsi, quel sens cela a-t-il de
parler d’adéquation entre la chose extérieure et la conscience en phénoménologie husserlienne, si la
réduction phénoménologique met entre parenthèses l’être en soi de la chose, pour la réduire à un
corrélat intentionnel des visées de la conscience ? Peut-il, en outre, y avoir dans une telle théorie
adéquation entre les vécus subjectifs et les déterminités objectives de la chose extérieure, si les vécus
sont par essence dépourvus d’étendue alors que la chose extérieure est étendue ? On s’interrogera
également sur la nature de ce qui est susceptible d’être connu – choses extérieures, objets idéaux, états
de choses plus ou moins complexes – afin de voir si le problème de l’adéquation se pose toujours en
termes identiques, quel que soit le type d’objet connu avec vérité. On passera enfin à la théorie
heideggérienne de la vérité telle qu’elle est thématisée dans Sein und Zeit, afin de voir ce qu’apporte à
la thématisation phénoménologique de la vérité la conception de celle-ci comme un existential, puis
telle qu’elle apparaît dans le texte de transition intitulé De l’essence de la vérité.
Indications bibliographiques
– Thomas d’Aquin, De veritate, édition bilingue, trad. fr. Chr. Brouwer et M. Peeters, La vérité,
Paris, Vrin, 2002
– G. Frege, Logische Untersuchungen, I, « Der Gedanke » ; trad. fr. Cl. Imbert, « La pensée » in
Frege, Écrits logiques et philosophiques, Paris, Seuil, 1971
– E. Husserl, Logische Untersuchungen, I. Untersuchung : « Ausdruck und Bedeutung »,
Hua XIX/1, et VI. Untersuchung : « Elemente einer phänomenologischen Aufklärung der
2 2
Erkenntnis », Hua XIX/2 ; trad. fr., Recherches logiques, tome II/1 et 3, Paris, Puf, 1969 et 1974
– M. Heidegger, § 44, Tübingen, Niemeyer, 1927, trad. fr. E. Martineau, Paris, Authentica,
1985 (disponible en ligne)
– M. Heidegger, Von Wesen der Wahrheit, in Wegmarken, GA 9, pp. 177-202 ; « De l’essence
de la vérité », trad. fr.W. Biemel et A. de Waelhens in Questions I, Paris, Gallimard, 1968, pp. 159-
194, trad. fr. E. Martineau, Paris, Authentica, 1988 (en fait non publié, copie disponible à la
bibliothèque).
BRANDOM Robert, Rendre explicite, trad. I. Thomas-Fogiel (dir.), Paris, Cerf, 2011-2012
BRANDOM Robert, L’articulation des raisons, trad. C. Tiercelin et J.-P. Cometti, Paris, Cerf,
2009
BRANDOM Robert, Reason in Philosophy, Cambridge (Mass.), Harvard University Press,
2009
LEWIS Clarence Irving, Mind and the World Order. Outline of a Theory of
Knowledge, New York, Dover Publications, 1956
LEWIS Clarence Irving, Collected Papers of Clarence Irving Lewis, John D. Goheen
et John L. Mothershead, Jr. (éds.), Stanford University Press, Stanford, 1970
McDOWELL John, L’esprit et le monde [1994], trad. C. Alsaleh, Paris, Vrin, 2007
- 23 -
McDOWELL John, Having the World in View, Cambridge (Mass.), Harvard University Press,
2009
PUTNAM Hilary, Philosophical Papers : Mind, Language and Reality, New York,
Cambridge University Press, 1979
PUTNAM Hilary, Raison, vérité et histoire, trad. A. Gerschenfeld, [1981], Paris, Minuit, 1984
PUTNAM Hilary, « La signification de “signification” », trad. D. Boucher in Philosophie de
l’esprit, D. Fisette et P. Poirier (éd.), Paris, Vrin, 2003, pp. 41-83
SELLARS Wilfrid, Empirisme et philosophie de l’esprit [1956], trad. F. Cayla, Combas,
l’Éclat, 1992
SELLARS Wilfrid, Science and metaphysics, Londres, Routledge and Kegan Paul, 1968
STRAWSON Peter Frederick, Les individus [1959], trad. A. Shalom et P. Drong, Paris, Seuil,
1973
STRAWSON Peter Frederick, The Bounds of Sense : An Essay on Kant’s Critique of Pure
Reason, [1966], Londres, Routledge, 2004
STRAWSON Peter Frederick, Etudes de logique et de linguistique, trad. J. Milner, Paris,
Seuil, 1977
STRAWSON Peter Frederick, Analyse et métaphysique, Paris, Vrin, 1985
Idéalisme/réalisme
Nous aborderons au cours du second semestre différentes manières dont on a pu penser dans la
philosophie contemporaine le mensonge à soi-même et l’erreur sur soi-même, et donc aussi la vérité
envers soi.
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Métaphysique et idéalisme allemand
S1 : Hegel et Luther.
S2 : Luther, Hegel, Kierkegaard.
Le cours étudiera l’une en regard de l’autre les figures luthérienne et hégélienne de la liberté,
c’est-à-dire du sens d’être de l’homme. La confrontation initialement menée (S1) ménagera en second
lieu une place à un troisième penseur, Kierkegaard, « le plus extrême de tous les hégéliens »
(Heidegger), qui sera considéré dans son rapport propre à Luther (S2).
Luther, De la liberté du chrétien (1520), tr. Ph. Büttgen, Paris, Seuil, 1996.
Des bonnes œuvres (1520), Œuvres, t. I, Genève, Labor et Fides, 1957.
À la noblesse chrétienne de la nation allemande sur l’amendement de l’état chrétien (1520), tr.
M. Gravier, Les Grands écrits réformateurs, Paris, GF-Flammarion, rééd. 2016.
Du serf arbitre (1525), tr. G. Lagarrigue, Paris, Gallimard, 2001.
Éd. de Weimar en ligne :
http://www.lutherdansk.dk
(WA og originaludgaver)
Kierkegaard, Le Concept d’angoisse (1844), tr. P.-H. Tisseau, Œuvres complètes, Paris, Éd. de
l’Orante, t. 7, 1973.
Les Œuvres de l’amour (1847), tr. P.-H. Tisseau, Éd. de l’Orante, t. 14, Paris, 1980.
L’École du christianisme (1850), tr. P.-H. Tisseau, Éd. de l’Orante, t. 17, Paris, 1982.
« Connais-toi toi même », prescrit la maxime delphique. Si rien n’est plus utile que la
connaissance de soi, dans laquelle les Anciens faisaient tenir toute la sagesse, c’est cependant la chose
la plus difficile qui soit, comme le pressentait déjà Thalès (selon Diogène Laërce). Que voulons-nous
dire par connaissance de soi-même ? Le précepte delphique « Connais-toi toi-même » a un contenu
très riche et dès l’Antiquité il a fait l’objet de lectures diverses. Il exige en premier lieu, de l’homme
qui veut se connaître qu’il comprenne ce que cela veut dire, dans quel ensemble de relations s’inscrit
cette connaissance et ce dont elle dépend nécessairement.
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La pensée moderne, quoiqu’elle ne soit pas sans connaître l’existence de ce précepte, n’a
qu’une très vague idée de sa signification et de sa portée. Quels sont dès lors les chemins de la
connaissance de soi ? Cela exige l’application de la bonne méthode et, chose non moins nécessaire, la
juste direction d’un maître. On suivra le fil conducteur du problème philosophique de la connaissance
de soi à travers ses figures les plus célèbres (Platon, Plotin, Montaigne, Rousseau, etc.) et dans ses
prolongements les plus connus de notre culture, et ce jusqu’à la moderne psychanalyse (Freud et ses
disciples) et la psychologie des profondeurs (C.G. Jung).
Or, ce problème en croise un autre, soulevé par la question de l’identité personnelle. Question
qui elle aussi n’a pas cessé de faire l’objet d’une élaboration toujours plus fine tout au long de
l’histoire de la philosophie occidentale. On présentera certaines approches de la question de l’identité
personnelle (Locke, Hume, Ricœur, Derek Parfit, etc.)
Et certes, il est une injonction qui nous exhorte moins à connaître ce que nous sommes qu’à
devenir ce que nous devons être si nous voulons être véritablement nous-mêmes : « Deviens ce que tu
es ! », c’est-à-dire « Deviens qui tu es ! » (selon la formule de Nietzsche reprise de Pindare,
s’adressant au tyran Hiéron de Syracuse). Mais comment peut-on devenir ce que l’on est déjà ?
C’est ainsi qu’à chaque instant se dessinent les paradoxes qui transcendent la seule
problématique de la connaissance occidentale de soi et qui nous reconduisent à de très anciennes
interrogations de l’Inde dans sa quête du Soi (âtman). Car ce dont il est ici question n’est pas un
simple moi donné à l’introspection, à un examen de conscience ou à des techniques d’analyse, mais
d’un « soi » à constituer d’abord par désidentification d’avec ce qu’il n’est pas puis par identification
progressive avec ce qui, en lui, est plus haut que lui. Reste qu’à cette perspective upanishadique et
védântique s’oppose la perspective, diamétralement opposée, du Bouddhisme professant la doctrine du
« non-soi » (anattâ/anâtman). On présentera les attendus de la controverse entre les tenants du Soi et
les tenants de sa non-existence, controverse axiale qui s’est poursuivie en Inde plusieurs siècles durant.
C’est donc en croisant références occidentales et références orientales — la philosophie
indienne — que l’on s’efforcera d’élucider l’une des questions majeures de la philosophia perennis.
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Intitulés des cours, travaux dirigés et séminaires 2016-2017
Programme M2
Séminaires
(1h30 hebdomadaire ou 3 heures par quinzaine selon les cas)
Philosophie antique
Éditions et traductions :
Plotin, Ennéades, VI, éd. par É. Bréhier, Les Belles Lettres, Paris 1936
Plotin, Traités 42-44, dir. J.-F. Pradeau – L. Brisson, GF Flammarion, Paris 2015
Études :
R. Chiaradonna, « Substance », in The Routledge Handbook of Neoplatonism, ed. P. Remes e S.
Slaveva-Griffin, Routledge, London – New York, 2014, p. 216-230
R. Chiaradonna, « Are There Qualities in Intelligible Being? On Plotinus VI.2 [43] 14 »,
Documenti e studi sulla tradizione filosofica medievale, 27, 2016, p. 43-63
R. Chiaradonna, « Hylémorphisme et causalité des intelligibles. Plotin et Alexandre
d’Aphrodise »,
Les Études Philosophiques, 86, 2008/3, p. 379-397
L. Lavaud, « The Primary Substance in Plotinus’ Metaphysics: A Little-Known Concept »,
Phronesis, 59, 2014, p. 369-384
J.-F. Courtine, Inventio analogiae : Métaphysique et ontothéologie, Vrin, Paris 2005
M. Rashed, Essentialisme: Alexandre d’Aphrodise entre logique, physique et cosmologie, de
Gruyter, Berlin – New York 2007.
Nous lirons des parties choisies de ces deux textes si difficiles mais si riches. On commentera
les chapitres 1-2, 4-7 du Premier livre des Premiers analytiques, et les chapitres 1-10, 13 du Premier
livre des Seconds analytiques. Dans les Premiers analytiques, on cherchera à maîtriser la définition
d’un syllogisme chez Aristote, la perfection d’un syllogisme, la structure des trois figures de la
syllogistique aristotélicienne, la conversion des propositions, les méthodes de perfectionnement et de
réduction à l’impossible, et la méthode des contre-exemples. Dans les Seconds analytiques, on
s’intéresse surtout à la définition de la connaissance (episteme), à la structure d’une science, aux
arguments pour la nécessité d’un deuxième type de connaissance (nous), aux types de propositions
acceptables dans une science, et aux types de principes dans une science, ainsi qu’au rôle de la
syllogistique dans la science.
- 27 -
Aristote, Œuvres complètes. Traduction sous la direction de P. Pellegrin, Paris, 2014.
G.-G. Granger, La théorie aristotélicienne de la science, Paris, 1976.
J. Brunschwig, ‘L’objet et la structure des Seconds Analytiques d’après Aristote’, in E. Berti
(éd.), Aristotle on Science, Padoue, 1981.
R. Smith, Aristotle : Prior Analytics, Indianapolis, Hackett, 1989.
Philosophie arabe
Le cours sera consacré au commentaire suivi du Livre du discours décisif où l’on établit
la connexion existant entre la révélation et la philosophie. Dans cet avis légal, Ibn Rushd
(1126–1198) s’attache à « rechercher, dans la perspective de l’examen juridique, si l’étude de
la philosophie et des sciences de la logique est permise par la Loi révélée, ou bien condamnée
par elle, ou bien encore prescrite, soit en tant que recommandation, soit en tant
qu’obligation » (§1) ; il y montre l’obligation légale de pratiquer la philosophie pour tous
ceux qui sont capables de s’y adonner. On examinera en détail l’argumentation d’Ibn Rushd
pour établir cette thèse, et l’on critiquera à cette occasion un certain nombre de contresens,
anciens et modernes, attachés à l’interprétation de l’averroïsme. La connaissance de l’arabe
n’est pas requise.
- 28 -
Averroès, Le livre du discours décisif. Traduction M. Geoffroy, avec une introduction
d’A. de Libera, Paris, GF bilingue, 1996.
A. Badawi, Histoire de la philosophie en Islam, Paris, Vrin, 1968.
M. R. Hayoun et A. de Libera, Averroès et l’averroïsme, Paris, 1991.
J. Jolivet (éd.), Multiple Averroès, Paris, Les Belles Lettres, 1978.
Philosophie du Moyen-Âge
La relation.
Boèce, De Trinitate (Quomodo Trinitas unus Dei ac non Tres Dii / Comment la Trinité est un
Dieu et non trois Dieux).
Gilbert de Poitiers, Expositio in Boecii De Trinitate (Commentaire au De Trinitate de
Boèce).
Le séminaire étudiera, à partir d’Aristote, le concept de πρός τι / ad aliquid / relatio selon Boèce
et selon le plus « métaphysicien » de ses commentateurs du XIIe siècle, Gilbert de Poitiers ou de la
Porrée. On procèdera pendant le séminaire à la traduction commentée de l’Expositio de Gilbert. Avec
ce dernier texte, disait Etienne Gilson, « Gilbert amorçait une controverse qui ne devait jamais cesser
au Moyen Age : la relation est-elle réelle, ou n’est-elle qu’un être de raison ? ».
Bibliographie primaire :
Aristote, Catégories, trad. de Frédérique Ildefonse et Jean Lallot, Paris, Seuil, Points, 2002.
Pseudo-Augustin, Categoriae decem ex Aristotele decerptae / Les dix catégories d’Aristote, in
saint Augustin, Œuvres complètes, Paris, Vivès, t. IV, 1873, p. 71-103.
Boèce, Comment la Trinité est un Dieu et non trois Dieux, in Boèce, Traités théologiques, trad.
par Axel Tisserand, Paris, GF Flammarion, 2000.
Gilbert de Poitiers, Expositio in Boecii librim primum De Trinitate et Expositio in Boecii librim
secundum De Trinitate, in The Commentaries on Boethius by Gilbert of Poitiers, ed. by
Nikolaus M. Häring, s.a.c., Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1966, p. 51-180.
Une photocopie du texte sera donnée aux étudiants.
Philosophie moderne
Le séminaire sera consacré à l’œuvre philosophique d’Antoine Arnauld : son œuvre personnelle
certes, mais aussi et surtout les objections qu’il a adressées à Descartes, Malebranche et Leibniz,
pendant près d’un demi-siècle, de 1640 à 1690. Le Grand Arnauld (1612-1694) eut souvent raison,
presque toujours : face à Descartes, qui reconnaît que « rien ne lui a échappé », dans les polémiques
qui l’opposent à Malebranche depuis Des vraies et des fausses idées (1683) et dans sa correspondance
avec Leibniz à la réception du sommaire du Discours de métaphysique (1686), où il tient le rôle d’un
cartésien parfaitement orthodoxe.
Bibliographie sommaire :
- 29 -
Arnauld, Textes philosophiques, intr., trad. et notes par Denis Moreau, Paris, PUF, 2001
(comprenant un essai de bibliographie arnaldienne, p. 287-319).
Arnaud et Nicole, La logique ou l’art de penser, éd. critique par Pierre Clair et François Girbal,
2e éd., Paris, Vrin, 1981.
Arnauld, Des vraies et des fausses idées, éd. par Christiane Frémont, Paris, Fayard, 1986.
Arnauld et Descartes, Objectiones et responsiones IVae, in Descartes, Meditationes de prima
philosophia…, éd. AT, VII ; Descartes, Correspondance, éd. AT, III-V ; Correspondance de
Descartes avec Arnauld et Morus, texte latin et trad., intr. et notes par Geneviève Lewis, Paris,
Vrin, 1953.
Malebranche, Œuvres complètes, pub. sous la dir. d’André Robinet, Paris, Vrin-CNRS, 20 t. en
18 vol., 1958-1968, en particulier les t. VI à IX
Leibniz, Discours de métaphysique et correspondance avec Arnauld, intr., texte et commentaire
par Georges Leroy, Paris, Vrin, 6e éd., 1993.
On utilisera aussi les Œuvres de Messire Antoine Arnauld…, éd. par Gabriel du Pac de
Bellegarde et Jean Hautefage, Paris et Lausanne, 1775-1783, 43 vol.
Philosophie contemporaine
Ce séminaire sera consacré à la lecture croisée des deux dernières parties de l’écrit rédigé en
prison par Jean Cavaillès et édité à titre posthume sous le titre Sur la logique et la théorie de la
science, et de plusieurs références philosophiques essentielles qu’il expose et dont il met en question
les présuppositions : en premier lieu Logique formelle et logique transcendantale de Husserl, qui
expose les principes de la phénoménologie de la logique et des mathématiques, mais aussi des textes
du Cercle de Vienne, en particulier de Carnap. Nous nous concentrerons plus spécialement sur la
confrontation de Cavaillès avec Husserl dans la troisième partie du texte : en quoi l’idée de dialectique
remet-elle en question les principes fondamentaux de la phénoménologie transcendantale et
constitutive – en particulier la thèse ontologique fondamentale selon laquelle tout étant est un sens visé
et validé par les actes de la conscience pure ? Sommes-nous ainsi ramenés à une lutte entre kantisme et
hégélianisme ? Pourquoi Cavaillès refuse-t-il par principe toute possibilité d’une philosophie de la
conscience et, en particulier, remet-il en question l’idée même de logique transcendantale ? Quelle est
son interprétation de la logique et des principes fondamentaux de la logique, et son rapport avec
l’intuitionnisme de Brouwer ? Enfin, quel est le moteur et quelles sont les modalités nécessaires de
l’historicité des champs d’objets idéaux, de l’évolution des théories ?
Indications bibliographiques :
3 4
- 30 -
Semestre 2. M4PHHI15 Jean-François LAVIGNE
Phénoménologie et vérité
Le problème des conditions de possibilité de la vérité est à la fois le motif originel d’où est
issue la problématique de la Phénoménologie (en premier lieu, et exemplairement, chez Husserl), et
l’une des questions directrices déterminantes qui ont constamment – de 1900 à nos jours, de Husserl à
Jean-Luc Marion – relancé un débat philosophique fondamental : Qu’est-ce que la méthode
phénoménologique, que peut-elle ? Quels en sont les présupposés, et les limites ? Dans quelle mesure
peut-elle prétendre à une quelconque pertinence, au regard des questions ontologiques, éthiques, ou
socio-politiques de notre temps ?
L’approche phénoménologique du problème de la vérité repose, nécessairement et dans le
principe, sur la reconduction de tout étant à son phénomène, et de ce phénomène à son apparaître
propre. Le mode d'apparaître devient ainsi événement fondateur et critère. Mais à quel « apparaître »
faut-il faire retour ? Par quelle « réduction » ? La mise en question des modalités et des conditions de
l’apparaître originaire, a conduit à problématiser l’accès à cet originaire : d’où a résulté pour la pensée
contemporaine une mutation profonde du sens de la « vérité » : des processus de la synthèse
intentionnelle à la problématique de l’alèthéïa grecque, de l’injonction éthique à l’auto-apparaître de la
Vie comme Affectivité, c’est aujourd'hui l’essence même de la vérité – et donc le sens de ce qui se
prétend « connaissance(s) » – qui est en question.
Bibliographie fondamentale :
(Les titres à lire en priorité sont indiqués en gras)
HUSSERL, Edmund :
Recherches logiques, tome II (Recherches I à V) et tome III (Recherche VI).
L'Idée de la phénoménologie, Paris, PUF, coll. « Épiméthée », 1970.
Idées directrices pour une phénoménologie…, Livre I, Gallimard, TEL, n° 94.
Logique formelle et logique transcendantale, Paris, PUF, coll. « Épiméthée ».
HEIDEGGER, Martin :
Être et Temps, trad. E. Martineau, éd. Authentica (hors-commerce) :
[texte allemand : Sein und Zeit, Niemeyer Verlag, Tübingen.]
« De l’essence de la vérité », in Questions I, Paris, Gallimard, TEL.
De l’essence de la vérité, (WS Semestre d'hiver 1931-32), Paris, Gallimard, trad. Alain
Boutot, 2001.
Essais et conférences, Paris, Gallimard, 1958. En particulier les essais de la partie III,
intitulés : « Logos », « Moïra », « Alèthéïa ».
LEVINAS, Emmanuel :
De l’existence à l'existant, Paris, Vrin, coll. « Textes philosophiques », 1993.
Totalité et infini, essai sur l'extériorité. Le Livre de Poche, coll. « Biblio essais », 1990.
Autrement qu’être, ou au-delà de l’essence, Le Livre de Poche, coll. « Biblio essais », 1990.
GADAMER, H-Georg. :
Vérité et méthode, édition intégrale (Fruchon, Grondin, Merlio), Paris, Seuil, « L'ordre
philosophique », 1996.
RICOEUR, Paul :
À l’école de la phénoménologie, Paris, Vrin, 1993.
- 31 -
Le conflit des interprétations, Paris, Seuil, « L'ordre philosophique », 1969
HENRY, Michel :
L’essence de la manifestation, Paris, PUF, « Épiméthée », 1963, 1990.
C’est moi la vérité, Paris, Seuil, 1996.
MARION, Jean-Luc :
Réduction et donation, Paris, PUF, « Épiméthée »,1989.
Étant donné, Paris, PUF, « Épiméthée », 1997.
Le visible et le révélé, Paris, Cerf, Coll. « Philosophie et théologie ».
B. Études, introductions, commentaires (lecture utile, mais seulement après celle des textes
de référence de l'auteur correspondant)
COURTINE Jean-François :
Heidegger et la phénoménologie, Paris, Vrin, 1990.
L’Introduction à la métaphysique de Heidegger, Paris, Vrin, Coll. « Études et commentaires »,
2007.
GREISCH, Jean :
Ontologie et temporalité, Paris, PUF, 1994, « Épiméthée ».
TUGENDHAT Ernst :
Der Wahrheitsbegriff bei Husserl und Heidegger, Berlin, 1967
ZARADER, Marlène :
Lire Vérité et méthode de Gadamer, Pris, Vrin, « Bibliothèque d’histoire de la philosophie »,
2016.
Vers la langue
Le cours portera sur Unterwegs zur Sprache (En chemin vers la langue, 1959). La question de
l’essence de la langue selon Heidegger y sera toute l’année étudiée pour elle-même, dans le contexte
entièrement nouveau de la pensée de l’Ereignis, mais surtout à travers, d’abord (S1), une confrontation
avec certaines sources allemandes importantes de la pensée heideggerienne de la langue, parmi
lesquelles Johann Georg Hamann et Wilhelm von Humboldt ; puis (S2) sera plus particulièrement
considérée la situation faite, dans la pensée de l’Ereignis, aux œuvres poétiques de Friedrich Hölderlin
et de Georg Trakl.
Unterwegs zur Sprache, Gesamtausgabe, Bd. 12, Frankfurt, Klostermann, rééd. en cours ; tr. fr.
Beaufret/Brokmeier/Fédier, Acheminement vers la parole, Paris, Gallimard, coll. « Tel », rééd. 1996.
Johann Georg Hamann, Aesthetica in nuce. Métacritique du purisme de la raison et autres
textes, Paris, Vrin, 2001.
Wilhelm von Humboldt, Sur le caractère national des langues et autres écrits sur le langage, tr.
D. Thouard, Paris, Le Seuil, « Points-essais bilingues », 2000.
Denis Thouard, Et toute langue est étrangère. Le projet de Humboldt, Paris, Encre marine,
2016.
Friedrich Hölderlin, Sämtliche Gedichte, hrsg. von Jochen Schmidt, Frankfurt a. Main,
Deutscher Klassiker Verlag, 2014. Œuvres, dir. Philippe Jaccottet, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de
la Pléiade », 1977.
Georg Trakl, Das dichterische Werk, hrsg. v. Walther Killy und Hans Szklenar, München,
DTV, 2007.
- 32 -
Philosophie indienne
Parmi les six « points de vue » (darshana) ou systèmes de la philosophie indienne classique, le
Sâmkhya et le Yoga sont parmi les plus importants. S'ils sont toujours étudiés de pair, c'est que le
Sâmkhya fournit au Yoga son arrière-plan doctrinal. Le Sâmkhya est un système philosophique
intégral construit sur l'opposition de l'Esprit (ou plutôt des Esprits) et de la Nature selon une
conception dualiste tout à fait originale (elle n’a pas d’équivalent en Occident) et d'une grande
profondeur métaphysique. Le Sâmkhya a joué un rôle historique important en ce sens que les notions
et les concepts qu'il a élaborés devaient se retrouver dans les spéculations, la mythologie, la littérature
religieuse, la médecine, etc. Quant au Yoga, contrepartie pratique du Sâmkhya, inutile de dire qu'il est
au cœur de l'indianité. Encore convient-il de rétablir le Yoga dans sa pleine dignité d'école
philosophique, totalement intégrée dans l'hindouisme, dans la mesure où le Yoga est une discipline
psychosomatique que traverse une métaphysique.
Une bibliographie spécialisée sera distribuée en début d'année, mais on peut consulter :
Le quatrième séminaire n’est pas nécessairement un « séminaire » : il implique d’assister au moins deux
fois par semestre, à un séminaire, à une conférence, à une journée d’études ou à un colloque, qui soient organisés
par l’ED V, l’équipe de recherche Métaphysique : histoires, transformations, actualité (EA 3552, dir. Vincent
Carraud), le Centre de recherche sur la pensée antique Léon Robin (UMR 8061, dir. Jean-Baptiste Gourinat) ou
par une autre équipe de recherche, en accord avec le directeur de mémoire (par exemple les Archives Husserl,
ENS, dir. Dominique Pradelle). La simple présence, dûment attestée, suffit à valider l’UE 6.
Grec
Platon, Parménide
- 33 -
l’interrogeant que du répondant : là se révèle le mieux l’intention profonde de Platon dans
cette exposition de la « gymnastique » dialectique à laquelle Parménide convie le jeune
Socrate. L’étude approfondie des premières apories de la seconde partie fournira un
échantillon de notre interprétation de la signification de cette dialectique appliquée aux genres
suprêmes : la préparation à la vraie philosophie par la découverte préalable du faux dans la
réfutation des paralogismes logiques.
Platon, Lois VII-X. Texte établi et traduit par A. Diès, Paris, Les Belles Lettres, 1956.
M. Gueroult, « Le Xe livre des Lois et la dernière forme de la physique platonicienne »,
Revue des études grecques, 1924, p. 27–78.
L. Robin, Etude sur la signification et la place de la physique dans la philosophie de
Platon, Paris, Félix Alcan, 1919.
J. Vuillemin, « Cinématique et dynamique chez Platon et Aristote », Archives de
philosophie, 2005, p. 303-313.
Latin
Cicéron, De fato
Le principe de causalité et la liberté humaine sont-ils inconciliables ? Tout ce qui n’arrive pas
est-il impossible ? C’est ce que semble affirmer l’argument dominateur, la très célèbre aporie antique à
laquelle se confronte le De fato. Dans cette oeuvre fragmentaire, Cicéron fonde sa critique du
nécessitarisme absolu des Mégariques sur une analyse subtile de la notion de cause. Mais l’intérêt du
De fato ne se réduit pas à l’ingéniosité spéculative et à l’élégance du latin classique de son auteur. En
nous transmettant les solutions du Mégarique Diodore, du Stoïcien Chrysippe, de l’Académicien
Carnéade ou des Épicuriens, le De fato constitue un témoin inestimable pour la reconstitution et
l’appréciation de l’argument dominateur, qui, selon des reconstructions modernes, structure
l’ensemble de la philosophie hellénistique et interroge ainsi la notion même de système philosophique.
Les étudiants devront se procurer une édition du De fato (par exemple dans la Collection des
Universités de France, dont le texte est établi par Albert Yon) et pourront consulter avec profit les trois
ouvrages suivants :
Octave Hamelin, Sur le De fato, publié et annoté par M. Conche, Villers-sur-Mer, Éditions de Mégare,
- 34 -
1978.
Pierre-Maxime Schuhl, Le dominateur et les possibles, Paris, PUF, 1960.
Jules Vuillemin, Nécessité ou contingence, L’aporie de Diodore et les systèmes philosophiques, Paris,
Minuit, 1984.
Trop souvent réduit à son rôle de maître de Thomas d’Aquin, Albert le Grand fut avant
tout une figure majeure de la pensée du XIIIe siècle, profondément inspirée par les
philosophies grecque et arabe. Le petit traité De natura loci reprend les concepts et les
raisonnements des vastes commentaires du Doctor Universalis aux traités aristotéliciens de
philosophie naturelle sans en avoir le caractère foisonnant et constitue à ce titre une bonne
introduction à la pensée et à la méthode d’Albert. Aristote définissait le lieu comme limite
inférieure du corps enveloppant et assignait un lieu propre à chaque corps simple : la Terre se
trouvait « contenue » dans le Ciel, sans que la prééminence générale du contenant sur le
contenu ne soit affirmée. En substantialisant le lieu, Albert radicalise le geste aristotélicien et
fonde une véritable « science des lieux » dont l’aboutissement est une cosmographie
systématique et essentialisante. Le De natura loci constitue ainsi un document précieux sur
l’histoire de la représentation de l’univers, mais il révèle surtout de manière éclatante le lien
entre la conception du lieu et la conception du monde.
Le texte sera lu dans l’édition de Paul Hoßfeld et distribué pendant le cours.
Allemand
Nous proposerons une lecture suivie de l’essai tardif de Walter Benjamin, « Der Erzähler » (qui
partira des difficultés de la traduction de ce terme). Dans ce texte rédigé et publié en 1936,
l’auteur revient sur la lente et progressive disparition de la figure de l’Erzähler. Cette perte est celle
d’une figure du récit, qui se comprend sur le fond de l’essor du roman, de l’effacement d’une forme de
communication et d’expérience du partage qui tisse les liens de la communauté entre les hommes, et
du recul de l’aspect épique de la transmission de la vérité. Ce portrait de Nicolas Leskov est également
l’occasion pour Benjamin de répondre à Schiller, Tolstoï, Lukacs et de dialoguer avec Paul Valéry.
Les thèmes de l’aura, de la tradition, de l’engagement révolutionnaire et de la pauvreté en expérience
réapparaissent ici, mais se nouent d’une manière sensiblement différente ; ils ont rarement été
commentés à la lumière de l’articulation entre mémoire, artisanat et tissage. Ce sera le fil conducteur
de notre commentaire.
Seule la lecture de l’essai, qui sera distribué aux étudiants lors de la première séance, est
impérative :
« Der Erzähler », Gesammelte Schriften, hrsg. von Rolf Tiedemann und Hermann
Schweppenhäuser. Band II, Suhrkamp, Frankfurt am Main 1991.
Nous nous appuierons également sur :
Walter Benjamin, « Le narrateur », Le Mercure de France, juillet 1952, repris dans Écrits
français, Paris, Gallimard, 1991.
Walter Benjamin, Œuvres III, « Le conteur », tr. de Maurice de Gandillac revue par Pierre
Rusch, Gallimard, Paris, 2000, p.114-151.
Walter Benjamin, « Das Kunstwerk im Zeitalter seiner technischen Reproduzierbarkeit »,
Suhrkamp, Frankfurt am Main, 2010.
Walter Benjamin, « Erfahrung und Armut », Gesammelte Schriften, Band II, hrsg. von Rolf
Tiedemann und Hermann Schweppenhäuser. Band II, Suhrkamp, Frankfurt am Main 1991.
- 35 -
Walter Benjamin, « Am Kamin », Gesammelte Schriften, Band III, hrsg. von Rolf Tiedemann
und Hermann Schweppenhäuser. Band II, Suhrkamp, Frankfurt am Main 1991.
Walter Benjamin, Gesammelte Briefe, t. V, Frankfurt am Main, Surhkamp, 1999.
Walter Benjamin, Erzählen, Schriften zur Theorie der Narration und zur literarischen
Prosa, Suhrkamp, Frankfurt am Main, 2007.
Nicolas Leskov, La rapine, tr. S. Luneau, Lausanne, L’Age d’homme, 1969.
Nicolas Leskov, Le Gaucher ou Le dit du gaucher bigle de Toula et de la puce d’acier, tr. P.
Lequesne, Paris, L’Esprit des péninsules, 1997.
Bibliographie secondaire
Eli Friedlander, Walter Benjamin, a philosophical portrait, Cambridge Mass., Harvard
University Press, 2012.
Jeanne-Marie Gagnebin, Histoire et narration chez Walter Benjamin, Paris, L'Harmattan, 1994.
Bettine Menke, Sprachfiguren, Name, Allegorie, Bild nach Benjamin, München, W. Fink,
1991.
Stephane Mosès, Walter Benjamin et l'esprit de la modernité, édité et présenté par Heinz
Wismann, Paris, les Éditions du Cerf, DL 2015.
Daniel Payot, Le raconteur, Circé, 2014.
Catherine Perret, Walter Benjamin sans destin, Paris, la Différence, 1992.
Gérard Raulet, Le caractère destructeur : esthétique, théologie et politique chez Walter
Benjamin, Paris, Aubier, 1997.
Rainer Rochlitz, Walter Benjamin, textes réunis et édités par Christian Bouchindhomme et
Geneviève Rochlitz ; avant-propos de Pierre Rusch, La Lettre volée, 2010.
Rolf Tiedemann. Studien zur Philosophie Walter Benjamins, Frankfurt am Main, Europäische
Verlagsanstalt, 1965.
Anglais
À l’issue d’un test de langue organisé en début de semestre, les étudiants seront répartis dans les groupes
de niveau.
Semestre 1. M3PHLAN3
- 36 -
« Consciousness of Self », William James
Dans ce TD, nous proposons de faire une lecture suivie du petit traité sur la conscience de soi
de William James. Il s’agit du chapitre X des Principles of Psychology (1890, non-traduit), texte peu
lu en France aujourd'hui, mais qui a marqué toute une génération de philosophes, notamment
Wittgenstein. Un des objectifs du cours est l’entraînement à la traduction et au commentaire d’un texte
de philosophie américaine. L’autre est de travailler l’expression écrite et orale en anglais. L’évaluation
prendra deux formes possibles : soit un exercice de traduction (anglais vers le français) et de
commentaire en français (du type attendu à l’agrégation de philosophie), soit un exposé en anglais, à
l’oral ou à l’écrit, du type attendu pour un article ou une communication académique, y compris sur
vos propres sujets de recherche. Nous mènerons au moins une partie de la discussion en anglais.
JAMES, W., « Consciousness of Self », chap. X in Principles of Psychology, Vol I., New York,
Henry Holt & Co., 1890.
Le(s) texte(s) ainsi que des indications bibliographiques seront distribués en cours et sur le
plate-forme moodle.
L’objectif de ce TD est de commencer à préparer les étudiants qui souhaitent préparer les
épreuves de l’agrégation (texte en langue anglaise). Nous travaillerons donc la traduction et le
commentaire de texte.
Les textes traduits et étudiés seront sélectionnés dans le volume Francis Bacon. The Major
Works, éd. Brian Vickers, Oxford World’s Classics (édition à se procurer pour la rentrée). Ils seront
centrés sur la question de l’acquisition et du progrès du savoir. Nous verrons comment le savoir
expérimental mis en œuvre dans l’œuvre de Bacon prend la forme d’une « medicine of the mind ».
Celle-ci trouve ses sources dans le stoïcisme et dans le genre des « histoires naturelles ». Elle jouera
un rôle décisif dans l’effort accompli par les défenseurs de l’experimental philosophy pour présenter le
savoir comme un remède contre l’enthousiasme et le sectarisme ambiants.
Semestre 2. M4PHLAN3
Comment choisir des principes de justice sociale ? Comment justifier ce choix ? Quel est le bon
partage entre l’utopique et le réel dans notre conception de la justice ? John Rawls tente de répondre à
de telles questions dans son ouvrage classique A Theory of Justice. Dans ce TD, nous lirons et
discuterons des passages choisis de ce texte. Un des objectifs du cours est de vous familiariser avec
cette œuvre fondatrice pour la philosophie sociale et politique anglo-américaine – sa démarche, son
lexique, ses problèmes et ses enjeux. L’autre objectif est de travailler l’expression écrite et orale en
anglais dans un contexte philosophique. L’évaluation prendra deux formes possibles : soit un exercice
de traduction (anglais vers le français) et de commentaire en français (du type attendu à l’agrégation
de philosophie), soit un exposé en anglais, à l’oral ou à l’écrit, du type attendu pour un article ou une
communication académique, y compris sur vos propres sujets de recherche. Nous mènerons au moins
une partie de la discussion en anglais.
Texte du cours
Il existe deux éditions de A Theory of Justice, l’originale de 1971, et l’édition révisée de 1999.
Nous utiliserons celle de 1999, Cambridge, MA: Harvard University Press; traduction fr. de Catherine
AUDARD, Théorie de la justice, Paris, Seuil, 1987.
Textes complémentaires
- 37 -
RAWLS, J. (2001) Justice as Fairness: A Restatement, edited by Erin Kelly, Cambridge, MA:
Harvard University Press; tr. fr. de Bertrand GUILLARME (2003). La justice comme équité. Paris, La
Découverte.
GUÉRARD de LATOUR, S., RADICA, G., SPECTOR, C. (éds.). (2015). Le sens de la justice,
une “utopie réaliste”?: Rawls et ses critiques. Paris, Classiques Garnier.
Autres indications bibliographiques à suivre.
Peter Frederick Strawson (1919-2006) fut l’un des principaux philosophes britanniques du
siècle dernier, collègue et interlocuteur de John Austin à Oxford, et l’un des artisans du regain
d’intérêt pour la philosophie transcendantale et la métaphysique. En manière de dialogue avec la
notion quinienne de « l’engagement ontologique » des théories, Strawson nomme « métaphysique
descriptive » l’effort pour déployer l’ontologie implicite dans nos manières ordinaires et scientifiques
de décrire et d’expliquer la réalité. Or, selon lui, la réflexion transcendantale kantienne constitue,
paradoxalement, la meilleure voie possible pour mener à bien le programme d’une métaphysique
descriptive. En effet, se demander quelles sont les conditions de l’expérience et de la connaissance,
cela revient pour Strawson à déployer les concepts et principes minimaux sans lesquels nous ne
pouvons pas nous rendre intelligible la moindre conception. Dans ce cours, nous nous concentrerons
sur le texte de Strawson intitulé The Bounds of Sense (1966), afin de comprendre comment le
programme théorique formulé dès Individuals en 1959 trouve son aboutissement dans une discussion
de la Critique de la raison pure. Nous serons, à cette occasion, amenés à mettre en lumière les
difficultés de traduction en français d’un texte lui-même soucieux de ménager, dans l’anglais
philosophique, une place à certains concepts cardinaux de philosophie allemande.
Bibliographie :
- 38 -
QUINE Willard Van Orman, Du point de vue logique [1953], trad. S. Laugier (dir.), Paris, Vrin,
2003
QUINE Willard Van Orman, « Le mythe de la signification » [1958], in La philosophie
analytique, Paris, Minuit, Cahiers de Royaumont, 1962, p. 139-187
RUSSELL Bertrand, « Sur la dénotation », in Écrits de logique philosophique, trad. J.-M. Roy,
Paris, PUF, 1989, p. 203-218.
Italien
L’édition critique des œuvres de Gramsci étant en cours (un seul volume paru), l’édition de
référence des Quaderni demeure celle de l’éditeur Einaudi : A. Gramsci, Quaderni del carcere, 4 vol.
a cura di V. Gerratana, NUE, Torino, Einaudi, 1975. (Réimpressions : Einaudi Tascabili, 2001; ET.
Biblioteca, 2007 et 2014).
- 39 -