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EXPOSE DE L’ŒUVRE

Œuvre : Un monde juste est-il possible ? Contribution à une théorie de la justice globale
Auteur : Alain RENAUT
Référence : Edition Stock, Les essais, 2013
GROUPE 1 :
1- GOSSE Kodjovi Agbé
2- GADEDJISSO Sodjinè
3- HONYIGLOH Komi Dogbéda
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Nous vivons dans des sociétés plurielles dont l’organisation et la gestion, relatives à chacune, font assister
d’innombrables inégalités graves et récurrentes. En s’interrogeant sur la possibilité d’un monde juste, Alain
Renaut veut apporter une contribution à l’élaboration d’une théorie de la justice globale. Passant par certaines
données statistiques mentionnant la gravité des inégalités et injustices perceptibles un peu partout, mais surtout
dans les pays les moins avancés (PMA), qui engendrent la pauvreté dans ces pays et dans le monde, il se
demande si l’on peut, par une sorte de redistribution, transférer une partie des ressources des pays riches
(PR)/pays développés (PD) vers les PMA/pays pauvres (PP) ? Sinon, quelle autre conception de la justice
pourrait être mobilisée au plan mondial ? Suivant le raisonnement de l’auteur, nous allons organiser le présent
travail autour de deux pôles à savoir la question de la justice distributive qui doit s’appliquer entre pays
nantis/PR et pays pauvres/PMA, et les caractéristiques et polémiques liées aux problèmes et politiques de
développement.

La configuration des sociétés actuelles qui peuplent le monde rappelle de manière inquiétante les inégalités et
injustices que nous pouvons observer dans les organisations et la gestion des Etats. De ce constat, il en ressort
deux types de sociétés et d’Etats : les sociétés pauvres et celles riches, ainsi que les Etats pauvres, dénommés
pays les moins avancés (PMA) et les Etats riches appelés pays nantis. Les écarts constatés en matière de niveau
de vie ou de conditions de vie entre les pays riches et les pays pauvres, montrent la gravité de la situation de
précarités qui se dégénèrent et se globalisent. L’évolution des TIC permet aujourd’hui d’obtenir toutes les
données sur le niveau et les conditions de vie, le taux de pauvreté dans les pays et dans le monde et l’indice
de développement humain.
Face aux inégalités et injustices récurrentes dans la gestion des ressources et riches nationales et mondiales
qui augmentent considérablement la pauvreté locale et globale, la question de la justice sociale ou
« domestique » pour parler comme John Rawls doit s’appliquant au développement des pays pauvres.
L’inquiétude d’Alain Renaut se trouve dans la manière ou les conditions dans lesquelles cette justice peut être
appliquée en vue de réparer les inégalités existantes. Prenant appui sur la justice distributive d’Aristote,
l’émergence d’un monde juste ou d’une justice globale doit passer par une implication des pays nantis dans
une relation aux pays pauvres prenant la forme d’une contribution apportée à leur développement ou une sorte
d’aide au développement. Mais, pour A. Renaut, si ce n’est pas le développement en tant que tel, dès lors qu’il
prend la forme de politiques d’aide ou d’assistance apportée par les pays riches aux pays démunis, qui
constitue une forme d’injustice plus précisément : une injustice à leur spécificité, à leur authenticité, à leur
liberté, à leur droit et surtout une entorse à leur souveraineté. Selon l’auteur (p.31), l’histoire de la colonisation
peut fournir une perspective de compensation qui permettra de tendre vers une justice globale. Car, à y voir
plus près, les pays les plus pauvres après le boom économique de la chine sont les pays de l’Afrique
subsaharienne.
L’ouvrage est construit d’une façon très logique et très rigoureuse qui reflète la solidité du raisonnement suivi.
Son point de départ est le paradoxe qu’offre la pensée de John Rawls : une théorie de la justice qui se veut

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universaliste, mais qui est pensée par son auteur, du moins dans un premier temps, comme justice domestique,
c’est-à-dire applicable à l’intérieur d’un État. La discussion engagée porte donc sur l’extension de la justice à
l’échelle du monde. A. Renaut note la montée en puissance de la place que doit tenir l’éthique dans cette
justice sociale ou globale. Car, il n’est plus question de se réfugier dans les principes éthiques mais de
confronter les données de la réalité aux principes ; car, ces derniers ne sont que des monuments et des outils
de réflexions.
L’inquiétude qui se profile est de situer cette notion de justice globale dans le débat sur l’universalisme et le
relativisme. A. Renaut critique l’approche qui réduit le développement à l’occidentalisation du monde, qui
confond le développement avec la simple croissance. Le développement est l’augmentation des libertés en
tant qu’elles accroissent les capabilités, c’est-à-dire les pouvoir, dans la terminologie que propose A. Renaut,
soit l’exercice effectif des capacités de chacun. A. Renaut s’interroge sur l’antinomie de la justice globale,
conflit que la raison entretient avec elle-même quand il faut arbitrer entre une approche de la justice globale
par la distribution des ressources et une approche par l’affirmation des capabilités. Plus que d’un véritable
arbitrage qui choisirait une voie plutôt que l’autre ou trouverait un improbable entre-deux, il faut articuler les
deux approches l’une avec l’autre, ce qu’A. Renaut dit excellemment : l’approche par les ressources aide
seulement à trouver un financement à l’approche par les capabilités précisant que cette seconde approche
consiste dans un processus d’accès des populations des pays pauvres à des pouvoirs d’agir leur permettant de
transformer eux-mêmes les conditions de leur existence collective. Ce raisonnement est dans la logique de J.
Rawls, auquel A. Renaut fait maintes fois référence : les biens premiers de la Théorie de la Justice, entendus
comme ce à quoi un être rationnel aspire prioritairement et qu’il faut donc distribuer avec équité, consistent
autant en biens matériels qu’immatériels tels que la liberté et le droit.
Un tel positionnement s’oppose de manière frontale au libertarianisme, lequel remet en cause l’État
providence, sinon l’État lui-même, et voit dans le marché la solution à la pauvreté. Certains défendent une
justice attributive selon laquelle les plus pauvres doivent recevoir de quoi subsister au motif que les ressources
naturelles appartiennent à tout le monde, c’est ailleurs qu’il faut chercher solution à la pauvreté de masse.
L’éthique du développement doit tenir pour nécessaires à la fois le bien-être matériel et le respect des valeurs
qui font des personnes des êtres libres en mesure de définir leur projet de vie.
Finalement, pour contribuer, de façon multidimensionnelle, à apporter aux personnes et aux peuples démunis
le bien-être auquel ils peuvent accéder, A. Renaut plaide pour une éthique globale de l’intérêt bien compris.
Considérant qu’il est de l’intérêt des nantis de ne pas se trouver un jour submergés par la révolte des pauvres,
il tient pour indispensables l’aide matérielle pour le court terme et la libération des capacités des pauvres pour
le long terme : créer l’environnement économique et social qui permettent aux capacités de s’exprimer en
« capabilités » pour parler comme Amartya Sen. Cette approche multidimensionnelle du développement
comprend une justice compensatrice qui fait écho au principe de réparation de J. Rawls. Penser permet donc
d’agir mieux et notre philosophe, à l’issue de son raisonnement théorique, d’inviter son lecteur à un exercice
d’éthique globale appliquée concernant le commerce mondial. Il alimente au moins une interrogation et laisse
au moins un sentiment de manque.
L’interrogation porte sur la terminologie. Distinguer la justice sociale et la justice globale, c’est suivre un
usage aujourd’hui dominant, mais n’est-ce pas aussi mêler deux registres distincts d’analyse. Puisque la justice
sociale est une justice entre les hommes, la justice globale doit être une justice sociale. Le qualificatif global
qui dit l’échelle à laquelle est faite l’analyse ne saurait masquer le contenu même de la notion ni se réduire à
la justice entre les États. C’est là que la réflexion laisse une impression d’inachevé. Puisque la justice globale
s’intéresse au sort des habitants de la planète, il faut prolonger le raisonnement d’A. Renaut au-delà des
relations entre les États et y incorporer les injustices internes aux États. Ce n’est pas abandonner l’idée de
justice globale, mais c’est l’envisager dans les combinaisons d’échelles géographiques qui font
l’environnement de la vie de chaque individu. Pour cela, identifier les autres acteurs que sont dans le système
mondial les entreprises et la société civile est nécessaire : il y a interférence entre les actions menées par les
firmes, les politiques conduites par les États et les mouvements sociaux, comme il y a interférence entre ce

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qui se passe à l’échelle domestique et ce qui se passe à l’échelle globale. Dans ce système complexe qui
articule des sous-systèmes à des échelles multiples, isoler certains éléments nuit à la compréhension de
l’ensemble. Ainsi, l’analyse du commerce international est-elle amputée d’une donnée majeure si n’est pas
mentionné le rôle des firmes multinationales et si les échanges de marchandises ne sont pas reliés aux flux de
capitaux et des investissements à l’étranger.

Tout compte fait, pour penser une éthique globale, force serait donc de considérer la forme des injustices dans
les différents pays du monde et de dépasser l’opposition Nord-Sud, incontestable mais trop réductrice. La
réflexion doit donc se poursuivre pour inspirer l’action contre l’injustice. Certes, il est nécessaire de déployer
pleinement les questions posées aussi bien du point de vue du développement monétaire ou économique à
travers le PIB des nations (PIB par tête) que par la considération des moyens et pouvoirs (irréductibles aux
revenus) dont devraient disposer les individus d’un pays pour mener une vie digne ou décente.

Les données de l’inégalité et des injustices dans le monde


Les données sur lesquelles sont fondées les inégalités comme le constate A. Renault. Ces données s'expriment
et se manifestent deux termes: Quantitativement et qualitativement.
En termes de quantité, le fossé est trop grand entre les pays du sud et ceux du nord.
Par exemples
* Près 1/6 de la population mondiale dispose au moins 1dollard par jour
*96% des pays en développement disposent 1,25 dollars par jour
*22,4% de la population mondiale n'atteignent pas le seuil de l'indice de pauvreté.
*48% de la population africaine vivent en dessous de 1,25 dollars par jour
* Et si on doit monter le seuil à 2 dollars, pratiquement 2,5 Milliards de la population mondiale est en dessous.
Cette disparité est d'autant plus flagrante quand on va sur le terrain qualitatif.
*En effet, 1,75 Milliards soit 1/3 de la population mondiale vive dans la précarité, dans une pauvreté
irréductible.
Autrement dit, qualitativement, les pays du sud sont de plus en plus exposés aux inégalités dans le monde.
Par exemple les pays riches disposent plus de 80% de revenus que les pays du sud.
Ces inégalités sont diversement vécues en fonction du genre et la situation géographique.
En terme de genre, plus 70% de femmes sont moins riches que les hommes.
En terme géographique, il y a un grand faussé entre les pays du Nord et les pays du Sud.
* Entre 1990 à 2005, 270 Millions de personnes sont morts dans le monde, dont 1/3 à cause de l'extrême
pauvreté, soit 90 millions de décès causé par la pauvreté.

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