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Révolution ou barbarie.

Socialisme ou barbarie écrivait Rosa Luxembourg en 1916. J’écrirais Révolution ou barbarie.


Elle le recommanderait après avoir écrit Réforme sociale ou Révolution en 1899 dans ce
sens, accusant la propriété privée défendue par l’Etat et la bourgeoisie de permette
l’exploitation par les bourgeois. Le prolétariat, dépourvu de cette propriété privée
(attention : la marchandise, notion très importante dans le système capitaliste, voir Marx,
Le capital livre I 1867). Le prolétariat est dépourvu de celle-ci en quantité ne lui permettant
de constituer le capital. Sauf dans les cas, d’énormes sacrifices ou refus à l’aliénation
générale. Cette aliénation générale apporte la croyance que ce système est inchangeable,
qu’il est le seul, l’unique qu’il faudrait le rattraper, « se développer » ou le « développer » et
donc accepter une certaine méthodologie externe, celle de « ceux qui ont « réussi », ont
« démontré » par leur accumulation de marchandises qu’il est « bon » de vivre ainsi.
Acceptant que nous sommes « en retard » et surtout en retard de consommation de
marchandises car manipulés à l’idée qu’avoir est important.
Cette aliénation nous faisant oublier d’où l’on vient, quelle est l’histoire de l’humanité.
Or l’esprit critique, le refus de croire juste l’envie de savoir le vrai et donc nous exposer à la
dialectique soit l’esprit critique est africain. Savoir le vrai tout comme dans le concept de
Maât, qui, sous l’aspect de la philosophie politique, pour citer José Do Nacinento Discours
aux Africains 2008 « la Mâat est une norme déontologique de l’action et de la relation. Elle
invite à construire notre rapport à la transcendance, à la nature, à la société, à la
technologie, à la science, à l’individu et à autrui sur les trois critères suivants: le Vrai, le Beau
et le Juste. » .
Pour cela la dialectique est indispensable. La dialectique est l’esprit critique. Au 21 me siècle
«  l’avoir » (la marchandise) a supplanté « l’être (les valeurs). Mais comment en sommes-
nous arrivés là ?
L’aliénation, Fanon l’explique à travers ses écrits et particulièrement dans écrits sur
l’aliénation et la liberté, où il revient sur l’idée d’un traumatisme comme José Do Nacinento
d’ailleurs. Il faut chercher à comprendre les sources d’aliénation et pour cela l’Historien
Obenga comme Cheick Anta Diop sont les meilleurs à mon sens. Il serait bon de se nourrir de
leurs recherches. En cela nous comprendrions d’ailleurs bien des choses sur le
développement, cet aliénation à ce système et par quel moyen, on nous aliène. Oui, quels
moyens, au fait ?
Médias, écoles, Etats, religions servent à annihiler notre esprit critique, à ne plus chercher
le vrai, se contenter de leur vérité. Pour cela, comme nous le recommande Nkrumah,
théoricien africain de la lutte de libération dans le consciencisme 1966, il faudra faire appel à
la dialectique.
Mais qu’est-ce que la dialectique ? La dialectique se base sur la matière, on l’appelle aussi
matérialisme. Le matérialisme est une théorie marxiste ou plutôt expliquée comme
marxiste, nous pouvons cependant par la connaissance de la Maât, être surs que non.
L’aliénation est un poison violent, il est le résultat de l’impérialisme. C’est l’impérialisme qui
aliène par lui-même car il nécessite d’annihiler l’autre pour le dominer. Grace à certains
outils, l’oppressé accepte et se résigne en se pensant faible. Il nous faut prendre conscience
de notre force, c’est à ça que l’UPAM doit servir. Quand l’homme a intégré son impuissance,
alors, il est docile. Il « espère que » et il « idéalise que » … Il refuse la matière. Il est faible
face à elle. Il exécute.
Je sais que je secoue beaucoup d’entre vous, et pourquoi ? Parce que je suis
révolutionnaire.
Mais c’est quoi la révolution ?
La révolution, c’est le changement par le vrai. Le vrai s’affronte aux croyances, c’est-à-dire
notre aliénation. On peut dire dans une autre mesure, notre déterminisme social comme le
nomme Pierre Bourdieu qui renvoie là, la question de notre acculturation. L’impérialisme est
avant tout l’imposition d’une culture sur une autre soit des habitudes, des coutumes, des
mœurs….
Alors la question devient mais où se situe la limite de l’identité dans l’humanité ? Puisque
les interactions sont multiples ? Et de plus en plus, des faits de la technologie.
Si l’on creuse un peu la question du capitalisme, on trouvera qu’il y a une notion de rapport
de classes et l’une domine l’autre. Grace à certains outils, elle diffuse son impérialisme.
Comment vivre ensemble alors ?
En définissant des valeurs communes sur lesquelles nous nous nous mettrons d’accord en
laissant chacun faire ce qu’il veut tant que ces valeurs que nous aurions définies ne seraient
pas bafouées.
Dans le système capitaliste qui donne plus de pouvoir à l’avoir qu’à l’être, la bourgeoisie
protège ses intérêts grâce à un outil qui est l’Etat, vous trouverez dans Impérialisme, stade
suprême du capitalisme de Lénine en 1916, l’explication de l’outil Etat comme instrument
de pouvoir coercitif contre le prolétariat et les médias, l’école, et la bourgeoisie tentent
chaque jour de nous convaincre que l’Etat est la solution.
Mais quel Etat et qu’est-ce que l’Etat alors ?
Démontrons d’abord,
Trouvons nous normal que la loi ne nous soit pas accessible ? La justice ? Qu’il nous soit
nécessaire des interprètes que nous devions les payer ! L’Etat nous domine. Bakounine
pourtant, nous met en garde dans Dieu et l’Etat en 1882 en nous indiquant que par le
pouvoir de ces organes, on nous oblige à penser d’une certaine manière, je plagierai ici notre
regretté camarade Achour Idir en 2018 à Aokas, qui affirme que la morale sociale qu’on
nous impose à travers de nombreux organes, nous fait penser d’une manière contre nous-
mêmes. Et que pour avancer contre les discriminations, nous devons changer nos
comportements aussi car, il ne peut avoir de changement sans changement. Le
changement est révolutionnaire. Le contraire étant le conservatisme entre les deux se
trouve la réforme. L’Etat ne doit nous être exogène et pourtant, il l’est de fait. Aussi, nous
n’avons pas besoin d’Etat, nous avons besoin de valeurs et de voir comment nous voulons
les partager. Les lois doivent être les nôtres. La justice la nôtre. Comment dans un si grand
espace ?
La loi, doit nous être compréhensible à tous pour être juste. L’Etat empêche, la justice.
Particulièrement lorsque l’Etat défend la propriété privée. Il la protège par sa justice et sa
police. La justice de classe et la police du capital.
Alors peut-on réformer un mauvais système ? Un système qui repose sur l’avoir plutôt que
sur l’Etre ? Je pense que nous devons reprendre le chemin de l’être et défendre des valeurs
mais lesquelles ? C’est là-dessus dans l’UPAM que nous devons nous interroger en urgence.
Comme l’a très bien souligné Rasmata ce matin le capitalisme est un système qui repose sur
l’exploitation de l’homme par l’homme. Je pense qu’on s’est déjà assez fait exploiter comme
ça et que ça suffit. Par ailleurs, ce système repose également sur le pillage des ressources et
toutes ne sont pas renouvelables, certaines indispensables à notre survie. Le capitalisme
met notre espèce en danger de survie et ce, à court terme ! Nous devons changer de
système.
On nous pose la question réforme ou révolution ? Certains nous ont parlé ici de réformer
par l’éducation, c’est justement ce que notre continent subit depuis les années 40, par la
coopération, l’aide au développement et toutes ces bêtises que l’occident apporte pour
nous distiller le poison du capitalisme et notre aliénation au système. La réforme étant le
maintien du système en arrondissant les angles, il semble de fait que la révolution s’impose.
La révolution contrairement à ce que certains croient, ce n’est pas la violence, bien au
contraire. On ne doit pas confondre révolte et révolution. La révolution, c’est le changement
de fond soit ce qui s’impose de fait si nous décidons de sortir du capitalisme.
Comment changer le fond d’un système ?
Par la révolution permanente.
C’est quoi la révolution permanente ?
C’est le changement permanent par des remises en question permanentes, et des actions en
accord avec les évaluations que la réflexion permanente conduit. C’est prendre conscience
de notre aliénation à un système qui cherche notre domination et qui par un tas de
mécanismes nous empêche d’agir.
En clair, il est impossible de réformer le capitalisme sans s’extraire de ses mécanismes
intrinsèques dont l’exploitation et le pillage des ressources qui en sont des mécanismes
indispensables.
Les révoltes sont souvent violentes et n’apportent guère peu de changement généralement
parce que la réflexion sur le fond manque et que la bourgeoisie est lourdement armée. La
révolution, elle, apporte le changement au quotidien par des actions, des évaluations. Pour
conduire la révolution, il faut des objectifs clairs et précis en rupture avec le système et
c’est à ça que l’UPAM doit nous conduire. Une fois les objectifs définis alors, nous pourrons
construire un ou des plans d’actions. Une fois le plan d’action définis, il suffira de répartir les
tâches, de nous évaluer régulièrement et de réajuster les plans chaque fois que les
évaluations nous auront démontré que nous nous sommes trompés. Nous devons nous
mettre d’accord sur ces valeurs.
Bon courage à nous tous.
Révolution ou barbarie !
Rebecca Manac’h. Bamako, pour l’UPAM le 23. 09.2020

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