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Méthodologie dissertation

Professeur : M. Franck AIGON

Le sujet
Les sujets de dissertations se présentent sous la forme de citation et non de question.

Karl Marx, le capital

Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature. L’homme y joue lui-
même, vis-à-vis de la nature, le rôle d’une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué… []
il les met en mouvement afin de s’assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie.

Le débat
Il va falloir interroger le propos qui est à notre réflexion, pourquoi le dit-il ? Il s’agit de prendre position
dans un débat sous une forme limitée. La citation est une porte d’entrée au débat.

Le débat porte sur une question de laquelle découlent deux questions (deux 1ères parties) qui forment
le développement et permettent de prendre position afin de résoudre dans une conclusion (3ème
partie).

Introduction : 1 question

Développement : confronte les positions

• 1 réponse A : thèse du sujet (I.)


• 1 réponse B : thèse alternative (II.)

Prendre position (III.)

Répondre à la question posée (conclusion)

Exigences de la dissertation : une démarche et des connaissances

Analyser le sujet
1. Lire la citation et formuler la thèse
1) Le travail est d’abord
Le travail est essentiellement, par nature… l’essence du travail est d’être un acte, un procès, une
démarche réflexive, un processus qui se passe entre l’homme et la nature.

La paraphrase n’est pas un problème. Il faut s’assurer que l’on parle du sujet, quitte à le reformuler en
étant de plus en plus abstrait pour comprendre petit à petit de quoi parle le sujet.

L’homme s’y présente face à la réalité naturelle, ce n’est pas la nature mentaliste mais celle des
physiciens, c’est l’équivalent d’une force qui va jouer sur cette nature. L’homme y met en mouvement
les forces naturelles de sa personne physique, non seulement ses bras et ses jambes mais aussi sa tête
afin de s’approprier la matière naturelle sous une forme utile à sa propre vie.

2) Thèse du sujet (plan de la 1ère partie)


Pour Marx, le travail est donc un processus de transformation de la nature que l’Homme conduit en
engageant ses propres forces afin de l’adapter à ses désirs, à ses besoins.

Lino LANDRY, MP2I


Lycée Victor Hugo, Besançon
2 à 4 paragraphes, pas plus

Rédiger
1. Développement
Question : Par le travail, l’Homme rend-il la nature conforme à ses besoins ?

On donne une idée par paragraphe, en s’appuyant sur les œuvres du programme.

Il faut faire référence à chacune des œuvres dans le premier paragraphe (c’est le bouquet final mais
au début), puis en développer au moins deux dans chaque paragraphe. Les références doivent
s’équilibrer à l’intérieur de chaque partie, en appuyant les nuances et les points de désaccords.

Il est bien vu de repérer des notions absentes dans une œuvre et en expliquer les raisons.

1) Thèse du sujet A
Oui, l’Homme rend la nature conforme à ses besoins.

Nous avons montré que… cependant : passage à la seconde partie.

2) Question
Non, l’Homme ne rend pas la nature conforme à ses besoins.

Conclure le débat : Si la transformation de l’Homme se fait dans le travail, ne faut-il pas supposer que
celle-ci est incomplète ? C’est une opposition non seulement à la première partie, mais au débat lui-
même. La question n’est pas une thèse, mais une introduction à la troisième partie.

3) Thèse alternative B
Ce n’est pas dire le contraire de A, c’est penser les limites de A

La transformation que l’Homme accomplit dans le travail ne peut être qu’incomplète. En travaillant,
l’Homme apprend que certains de ces désirs ne sont pas réalisables, et donc il append à annuler ou au
moins à différer à différer ses désirs ou besoins.

4) Problématiser : présupposé (thèse commune) + plan problématisé


C’est définir et examiner, une fois le débat conduit, ce qui n’a pas été interrogé. C’est interrogé le
présupposé du sujet, ce qui est admis par les deux thèses pourtant opposées et qu’aucune des deux
thèses n’a songé à interroger. On ne peut s’opposer qu’en tant que l’on partage quelque chose en
commun.

Présupposé (thèse commune)


L’opposition oui/non ne nous permet pas de trancher pour l’une des deux thèses.

Il va falloir dégager la vision commune à ces deux thèses, sonder l’inconscient du débat. Ici : travailler
est une action de l’Homme sur la nature. Le travail est bien une action de l’Homme sur la nature.

Le travail n’est-il bien qu’une action de l’Homme sur la nature ? Est-ce que dans le travail, l’Homme ne
subirait-il pas l’action de la nature sur lui ? Si en travaillant l’Homme transforme la nature, l’Homme
n’y est-il pas à son tour transformé par elle ? Dans le travail, l’Homme ne trouve-t-il pas d’abord à se
transformer, et donc à s’accomplir lui-même ?

Plan problématisé
Le travail n’est-il qu’un processus de transformation de la nature conduit par l’Homme avec ses
propres forces afin de l’adapter à ses désirs, ses besoins ? ou bien en travaillant, l’Homme n’apprend-

Lino LANDRY, MP2I


Lycée Victor Hugo, Besançon
il pas plutôt que tous ses désirs ne sont pas réalisables et donc à agir sur eux en les disciplinant ? à
moins que l’Homme ne trouve plutôt à s’y transformer et donc à s’y accomplir lui-même.

2. Conclusion
La thèse « A » a raison

La thèse « B » a raison

Les thèses A et B ont raison (défendent la même idée)

Ni la thèse « A », ni la thèse « B » a raison (défendent une idée fausse)

3. Introduction
Elle est composée de 4 moments (non des parties) dans un seul paragraphe.

1) Accroche
On part d’un fait général qui va introduire la question.

2) Question
Par le biais du travail, l’Homme va-t-il rendre la nature conforme aux besoins humains ?

3) Réponse citation
« A cette question », x répond dans… : citation + en donner une explication sommaire (recopier la
thèse de l’auteur)

4) Plan problématisé
Il faut formuler le plan problématisé qui annonce la suite de la dissertation.

Lino LANDRY, MP2I


Lycée Victor Hugo, Besançon
Nouvel exemple de dissertation
Sujet
L’homme laborieux accomplit son labeur en vue de quelque fin qu’il ne possède pas, mais le bonheur
est une fin qui ne s’accompagne pas de peine mais de désir.

ARISTOTE, Politique, Livre VIII chap. 3

Analyse du sujet
Aristote dit que le travail est un moyen, c’est-à-dire une action accomplit en vue de quelque fin. On
pourrait penser que parmi ces finalités il y a le bonheur, mais Aristote en montre le contraire. Comme
tout moyen en effet, le travail coûte un effort qui est une peine (une souffrance, quelque chose de
subit) parce qu’il n’a pas sa satisfaction en lui-même. Au contraire, le bonheur consiste dans les
activités qui ont en elle-même leur finalité (qui sont accomplies pour elles même et le bien qu’elles
procurent à les accomplir, et non pas ce à quoi elles conduiraient). C’est cela qui dévalorise le travail
aux yeux d’Aristote, certes le travail procure des biens, mais pas des bienfaits. Le bien qu’il procure
n’est pas coextensif à l’activité. Travailler, c’est consentir à un sacrifice : consentir à une souffrance par
laquelle on s’approprie quelque chose que l’on n’avait pas. Mais le bonheur n’est pas dans la
souffrance, dans le sacrifice, mais dans le plaisir. Et seules les activités qui trouvent en elle mêmes leur
satisfaction et non dans ce qu’elles procurent peuvent conduire au bonheur, le travail ne s’y trouve
dont pas.

1. Question
Le travail rend-il heureux ? procure-t-il du bonheur ? nous rend-il heureux ? peut-il nous conduire au
bonheur ?

Dans le travail, le travailleur actualise ses potentialités : il se rend maître à la fois de lui-même et de la
matière qu’il transforme. Il y conquiert sa dignité, donc la peine que coûte le travail est certes un
moyen, mais ce n’est pas le contraire du bonheur.

On pourra même penser que ça en est le moyen comme un entraînement ou une discipline, à condition
de ne pas être aliéné.

La thèse commune à ces deux thèses et que l’on envisage le travail comme un moyen.

2. Problématique
Le travail ne pourrait-il pas cependant trouver sa finalité en lui-même ? Travailler n’est pas seulement
travailler en vue de quelque chose. Il est en effet un lieu d’expérience singulière, un lieu de rencontre
où nous œuvrons, qui nous fait sortir de nous-mêmes, qui nous fait confronter à quelque chose dont
nous n’avons pas l’intuition. Dans cette mesure, il peut avoir quelque chose de jubilatoire, contribuer
au plaisir et conduire au bonheur.

3. Plan problématisé
La pénibilité de la tâche empêche-elle le travail de nous procurer du bonheur, ou bien est-elle au
contraire cet effort auquel doit consentir le travailleur pour actualiser ses potentialités et conquérir sa
dignité, à moins que le travail soit moins un moyen en vue de quelque bien qu’une expérience
singulière qui a sa finalité propre : la pleine possession de soi et du monde par le travail que nous
exerçons sur eux.

Lino LANDRY, MP2I


Lycée Victor Hugo, Besançon
DM – Dissertation Jean Paul Sartres
1. Analyse du sujet
On demande de questionner une citation, qu’il faut transformer en question.

On y répond en analysant en 1ère partie la citation, puis en 2ème partie les limites du sujet, et enfin en
3ème partie on dépasse le sujet.

Sartres nous dit que c’est par le travail que « l’opprimé » va pouvoir sortir de l’oppression. Mais
attention, Sartres ne parle pas que de libération individuelle, il parle du travail comme quelque chose
de révolutionnaire, c’est-à-dire comme d’un processus capable d’engager un changement, un
retournement même des rapports de force et de l’organisation sociale.

1) Citation
La question porte sur la capacité du travail à changer ou non la condition des hommes. Cela pouvait
être l’accroche : quand bien même travailler est obéir à un ordre contraignant, on attend du travail
des biens, des ressources, une dignité. En travaillant, les hommes peuvent-ils changer leur condition.
A cela, Sartres répond qu’il y a dans le travail quelque chose de révolutionnaire.

2) Limites
Penser les limites de la thèse, ce sera montrer par exemple que travailler c’est céder à un ordre qui
peut se révéler plus opprimant que toutes les oppressions. Il y a une espèce de cercle vicieux. Nous
cédons à un ordre qui peut se révéler plus opprimant et plus oppressant que l’oppression dont le travail
est censé nous libérer. C’est la représentation du travail totalitaire par Simone Weil.

En travaillant, les hommes peuvent-ils changer leur condition ? Oui : réponse A, et il y a même dans le
travail quelque chose qui peut transformer les relations sociale ; Non : réponse B, certes mais c’est
oublier qu’en travaillant, nous cédons à un ordre qui peut se révéler plus opprimant que la liberté à
laquelle nous aspirons par le travail.

3) Dépassement
C’est là que commencent les choses difficiles : on a analysé le débat, on a la thèse et ses limites. Il s’agit
maintenant de dépasser le débat. Il faut s’identifier à la thèse commune : c’est des demander si les
termes dans lesquels se pose le débat sont des termes adéquats. Pour pouvoir débattre ou dialoguer,
il faut qu’il y ait quelque chose de commun aux thèses pourtant opposées. La thèse de Sartres consiste
à dire que le travail nous libère de l’oppression, c’est-à-dire nous libère des rapports de forces de
l’organisation sociale que nous subissons. Autrement dit, le travail est une force révolutionnaire. La
révolution qu’il propose n’est qu’illusoire ou alors ponctuelle. Certes les évolutions du travail
produisent des évolutions sociales, mais il en résulte toujours certaines oppressions. La rationalisation
du travail donc Simone Weil nous fait la lecture est une libération, permet un progrès social, mais
produit une nouvelle forme d’oppression si bien qu’elle affirme que la nouvelle condition ouvrière est
pire que celle de l’esclave en suivant la cadence qui lui est imposée. On attend finalement du travail
ou de l’organisation du travail la libération de quelque chose, mais qui nous enferme dans une nouvelle
oppression.

La question que l’on doit poser est celle de l’origine de l’oppression : est si l’oppression ne venant pas
du travail lui-même mais de ce qu’on y investit, ou de ce qu’on y cherche par lui à y accomplir et de ce
qu’on y investit personnellement. Ce qui est opprimant est la qualité ou nature du travail un travail qui
n’a que pour but la production. Prétendre de vouloir rationaliser le travail est faire du travail le lieu de
l’oppression. A l’inverse, un travail entendu comme un lieu d’accomplissement personnel et collectif
se révèle effectivement comme un lieu de libération. La question n’est pas de savoir si les hommes

Lino LANDRY, MP2I


Lycée Victor Hugo, Besançon
peuvent changer leur condition ou pas, mais de savoir si le travail est un lieu d’accomplissement de soi
et collectif. La question est mal posée, car il faut chercher ce que nous attendons du travail.

4) Questions
L’opprimé
Qu’est-ce que Sartres entend par opprimé ? Est-ce que l’opprimé est celui qui subit des pressions, des
contraintes ; est-ce l’esclave qui ne peut pas se diriger ? On illustre chacune des hypothèses par des
exemples présents dans les œuvres.

Le travail nous libère


De quoi le travail nous libère-t-il ? et comme le fait-il ? Toute libération n’est pas révolutionnaire, alors
pourquoi dit-il qu’il l’est ?

2. Plan 1ère partie


Le travail est paradoxal car le travailleur s’y trouve soumis à des contraintes naturelles, sociales etc.
mais toute également dans le travail, c’est-à-dire dans l’acte même de produire, une façon de se libérer
de ses contraintes. On aurait insisté sur le thème libérateur.

Sartres ne dit pas seulement que le travail est libérateur, il ne parle pas seulement de contraintes mais
aussi d’oppression (2 mots différents). Il parle bien d’un système social, d’un ordre dans lequel il y a
des dominants et des dominés. C’était peut-être le moment de risquer plusieurs définitions du mot
opprimé. Le travail, tout aussi paradoxalement que dans le 1er paragraphe, le lieu d’expression et le
lieu privilégié de cette oppression sociale.

Mais il y a quelque chose de libérateur du travail lui-même. Comme le travail nous libère-t-il de
l’oppression ? Il s’agit de rechercher la dialectique, la nécessité et son importance dans les œuvres du
travail.

Sartres ne s’en tient pas seulement dans l’idée d’une libération individuelle, il parle du travail comme
de quelque chose de révolutionnaire, c’est-à-dire comme d’un processus capable d’engager un
changement, un bouleversement, un retournement (faire le tour) même des rapports de force et de
l’organisation sociale.

Il s’agit à chaque fois de trouver des exemples pour ces 4 paragraphes.

Lino LANDRY, MP2I


Lycée Victor Hugo, Besançon

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