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MASTER 1
Syllabus de cours
INTITULÉ DU COURS :
PRÉSENTATION DU SUJET,
ÉLABORATION ET SPÉCIFICATION
DE LA PROBLÉMATIQUE
Nom de l’enseignant :
PLAN DU COURS :
Introduction
Introduction
L’objectif du présent enseignement est d’amener les masterants qui abordent, pour la
toute première fois, le domaine de la recherche à connaître et à éprouver les techniques de
présentation d’un sujet de recherche et celles relatives à la formulation et à la structuration
d’une problématique de recherche.
3
CHAPITRE 1 :
PRESENTATION DU SUJET
Aucun sujet de recherche ne naît ex nihilo et rares sont les sujets ou domaines de
recherches qui n’ont jamais été abordés, d’une manière ou d’une autre, par un chercheur ou un
autre. Par ailleurs, tout sujet s’inscrit dans un domaine donné, domaine qui, lui-même a une
histoire évoluant au gré des événements et des discours qui s’y rapportent. Le bon sujet a une
pertinence scientifique et/ou sociale. Pour toutes ces raisons, le chercheur doit situer son sujet
dans un contexte qui, bien que général, doit être en rapport plus ou moins direct avec le sujet.
Ce contexte général peut être de plusieurs ordres : théorique, critique, conceptuel,
historique, culturel, littéraire, social, etc. Le plus important, c’est de choisir le contexte
approprié, celui qui convient le mieux au sujet à traiter. Il faut alors éviter une
contextualisation « passe partout » pouvant se prêter à tous les sujets s’inscrivant dans le
domaine concerné. Il ne doit pas y avoir de hiatus ou d’écart entre le contexte choisi et le sujet
ou le problème à traiter. Dans le domaine littéraire qui nous concerne, particulièrement, le
sujet de recherche peut être situé à partir des points d’ancrage suivants :
La littérature en général
La littérature française
La littérature négro-africaine
L’univers socio-culturel
Une approche genrologique (poésie, roman, nouvelle, théâtre, etc.)
Une forme littéraire spécifique (autobiographie, autofiction, roman épistolaire,
roman policier, paralittérature, roman de science-fiction, essai littéraire, etc.)
4
Quel que soit le contexte situationnel arrêté, le chercheur doit s’assurer qu’il a choisi
l’angle d’approche qui convient, « le contexte adéquat permettant une bonne visibilité, une
appréhension correcte et un traitement conséquent et efficace »1 du sujet.
II. Préciser les données et définir les termes, notions et concepts clés
La précision des données et/ou la définition des termes clés, des notions et des
concepts déterminants répond(ent) à un souci de clarté. Des données ou termes du sujet
peuvent, en effet, faire l’objet de lectures, d’interprétations diverses. Le chercheur doit alors
« élaguer » le sujet en passant en revue et en excluant les interprétations non désirées. Par
exemple, un étudiant qui travaille sur « La poétique du chant dans le roman africain » doit
pouvoir préciser son acception du terme « chant » en le distinguant de « chanson » et de
« musique » ou, pourquoi pas, en étendant plutôt sa notion de « chant » aux notions connexes
que sont « chanson », « chansonnette », « musique » et autres. Le plus important est d’éviter à
soi-même d’aller dans tous les sens (qui trop embrasse mal étreint !) et d’éviter aux lecteurs
d’aller de conjectures et conjectures dès l’entame de l’introduction qui devait pourtant fournir
les repères nécessaires.
Le sujet, formulé sous la forme de titre du mémoire, reste elliptique. Il ne dévoile pas
assez sa pensée. Le chercheur gagnera alors, toujours dans un élan de précision, d’établir les
frontières de son sujet, de le « délimiter ». L’opération consiste, concrètement, « à baliser son
champ d’intérêt en circonscrivant son étude dans une période donnée, dans un espace
déterminé, ou dans un domaine clairement défini. »2
Ainsi, pour un sujet comme « Onomastique et création romanesque africaine », bien
formulé mais très elliptique, on peut être amené à le délimiter en précisant, d’une part, que
1
Pierre N’DA, Manuel de méthodologie et de rédaction de la thèse de doctorat et du mémoire de master en
lettres, langues et sciences humaines, Paris, L’Harmattan, 2015, p. 87.
2
Pierre N’DA, Op. cit., p. 192.
5
Après avoir précisé et délimité le sujet, de sorte à éviter toute ambiguïté et tout
malentendu, le chercheur doit le reformuler. Il s’agit, à cette étape, de proposer une autre
version du sujet qui en explicite le sens et l’orientation définitive. La reformulation doit
pouvoir mettre en évidence l’aspect particulier choisi, l’approche spécifique retenue. Le
libellé définitif du sujet ou le titre exact du mémoire doit être mis en exergue par une
typographie particulière. Par ailleurs, le titre définitif du mémoire doit être en adéquation avec
les principales articulations du travail. Il faut donc éviter les reformulations fantaisistes dont
les termes n’apportent pas d’informations précises. S’il le juge nécessaire, le chercheur peut,
toujours par souci de précision, adjoindre un sous-titre au titre principal. Ex : « L’ (in)forme
dans le roman africain : formes, stratégies et significations ».
Lectures conseillées
CHAPITRE 2 :
Sans interrogation devant un fait constaté (…) devant un phénomène observé, sans souci de
découvrir ce qui pose problème, sans un problème à élucider, à résoudre, sans une question à
étudier pour apporter une réponse, il n’y a pas de recherche à faire ! De même, sans une
problématique, il n’y a pas de bonne recherche scientifique, et donc pas de mémoire ni de
thèse de qualité !3
Après le sujet, sans lequel on ne peut initier une recherche, vient donc la
problématique qui en constitue, en réalité, la version interrogative. D’où l’importante que
nous accordons à cette étape décisive de la rédaction du travail de recherche en lui consacrant
tout un enseignement. En année de Master 1, porte d’entrée de la recherche universitaire, les
étudiants doivent pouvoir prendre la pleine mesure du problème de l’élaboration de la
problématique qui se pose, parfois même, à des chercheurs de niveau supérieur comme les
doctorants.
La problématique est, dans son essence même, une démarche de questionnement qui
commence bien avant la série de questions que pose le chercheur dans l’introduction de son
travail. En amont, et pour se donner les chances d’avoir une bonne problématique, Pierre
N’DA conseille, vivement « de se poser à soi-même une série de questions [préalables] qui
permettent de voir un peu plus clair dans l’orientation de son sujet et dans ce qu’on veut
entreprendre exactement comme recherche. »8 :
1. Dans ce sujet, quel problème peut-on dégager ? Quel est le problème qui est posé et
qui vaut la peine qu’on s’y arrête pour l’étudier ?
5
Michel Beaud, L’Art de la thèse, Paris, La Découverte, 1999, p. 32.
6
Luc Van Campenhoudt et Raymond Quivy, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 4e édition,
2011, p. 81.
7
Pierre N’DA, op. cit., p. 87.
8
Pierre N’DA, Op. cit., p. 92.
8
Q3 Quels sont les aspects du phénomène qui ont déjà été étudiés par d’autres
chercheurs ?
R
Q4 Existe-t-il des théories qui proposent des explications du phénomène qui vous
intéresse ?
R
Q5 Dans les rapports de recherche que vous avez lus sur le sujet, y a-t-il des
aspects que vous jugez faibles ou qui n’ont pas reçu l’attention souhaitée ?
R
9
Donald Long, « Définir une problématique de recherche. La solution à un problème dépend de la
compréhension de ce dernier », http://web.umoncton.ca/umcm-longd02/TheorixDownload/probleme.pdf, (page
consultée le 12 août 2016).
9
L’élaboration d’une problématique n’est pas chose aisée ; l’enjeu prenant très souvent
le pas sur le jeu. Ce n’est pas non plus chose impossible. Bien au contraire, le chercheur se
trouve dans l’obligation d’élaborer courageusement et progressivement sa problématique de
recherche qui, il faut le rappeler, ne saurait être « une [simple] reformulation interrogative de
l’intitulé initial du sujet »10. Elle ne peut également se réduire ni à « LA bonne question »11 ni
« à l’art de (…) dégager des questions pertinentes »12. En effet, si l’élaboration et la
spécification d’une problématique de recherche s’appuient sur des questions dignes d’intérêt
et intelligemment posées à partir de « question centrale », « question principale » ou
10
Mathieu Guidère, Méthodologie de la recherche… , Paris, Ellipses, Editions Marketing, 2004, p. 19.
11
Jean-Luc Michel, Le mémoire de recherche en Informatique-Communication, Paris, Ellipses, Editions
Marketing, 1999, p. 37.
12
Henriette Danet, Elvis Elengabeka, Secrets de la réussite. Guide des mémoires et des thèses en Licence Master
Doctorat, Yaoundé, PUCAC, 2013, p. 34.
10
« question pivot », « il ne suffit pas, comme le dénonce Pierre N’DA, de poser deux ou trois
questions et de dire : telle est ma problématique. »13
La problématique, une bonne problématique, embrasse, en plus des questions qu’on
aura à poser ou questions de recherche, le problème de recherche, les objectifs de la
recherche, les hypothèses de recherche.
13
Pierre N’DA, Op. cit, p. 95.
14
Donald Long, « Définir une problématique de recherche. La solution à un problème dépend de la
compréhension de ce dernier », http://web.umoncton.ca/umcm-longd02/TheorixDownload/probleme.pdf, (page
consultée le 12 août 2016).
15
Gauthier B, Recherche sociale : da la problématique à la collecte des données, Québec, QC, Presses de
l’Université du Québec, 1986, p. 52.
11
Une question de recherche (…) n’est que l’interrogation explicite qui présente, révèle et précise
le problème à résoudre, la préoccupation à élucider. La question de recherche correspond,
pourrait-on dire simplement, à une reformulation du problème à résoudre sous la forme d’un
énoncé interrogatif…16
Parmi les questions de recherche, se trouve une préoccupation dont l’articulation au
problème de recherche est directe. Cette question qui saisit et interroge le problème en son
cœur sera identifiée, privilégiée par le chercheur. Selon les auteurs et leurs terminologies, elle
s’appelle « la question principale », « la question centrale », « la question pivot », « la
question de départ » ou le « problème central ». Ses différentes désignations en font le nœud
du sujet, c’est-à-dire « la question (…) qui, dans sa formulation, contient le problème
fondamental à analyser, à étudier, à élucider (…), [le] guide et repère permanent du travail
entrepris (…) une sorte de boussole qui permet de ne pas s’égarer (…), le fil conducteur de la
recherche. »17
Toute recherche scientifique sérieuse doit pouvoir décliner ses objectifs (le principal et les
secondaires) pour prétendre aux résultats escomptés. En effet, une fois l’objectif principal et
les objectifs secondaires ou opérationnels sont bien définis, le chercheur peut conduire
sereinement son étude, s’étant ainsi doté des moyens de vérifier la réalisation de toutes les
opérations nécessaires et la correspondance de la recherche effectuée au projet de recherche
initial.
16
Pierre N’DA, Op. cit., p. 97.
17
Idem, p. 98.
12
L’objectif général est le principal objectif que l’étude vise à atteindre. Il s’agit de « ce
que [l]’étude apporte comme contribution effective au sujet (…) traité, ou au domaine
concerné, à la recherche en général.»18 Mais ce n’est ni le lieu ni le moment d’évoquer la
pertinence sociale du sujet et les retombées socio-économiques des résultats escomptés.
Les objectifs secondaires ou opérationnels viennent en appoint, complètent l’objectif
principal en indiquant et précisant les opérations qui y conduisent.
D’un point de vue méthodologique, les objectifs de recherche se formulent sous forme
affirmative au présent de l’indicatif et avec des verbes tels que étudier, analyser, décrire, faire,
observer, définir, vérifier, contrôler, identifier, distinguer, mesurer, évaluer, comparer,
construire, etc. Par ailleurs, « chaque objectif formulé doit, en principe, correspondre à une
question posée et être nécessairement en rapport avec la question centrale de recherche et
concerner les résultats attendus ainsi que les hypothèses émises. »19
18
Pierre N’DA, Op. cit, p. 99.
19
Ibidem.
13
constitue par conséquent la colonne dorsale, l’armature (…), la charpente solide sur laquelle
repose toute la construction de l’étude en cours. »20
Le tableau récapitulatif, ci-dessous, propose un schéma synoptique de l’élaboration de la
problématique.
LA PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHE
1. Le sujet de la recherche
Définition Le sujet sur lequel porte la recherche
Question Sur quoi porte la recherche ?
Réponse
2. Le problème de recherche
Définition Une situation qui intrigue le chercheur
Question Que cherche-t-on à mieux comprendre ou expliquer ?
Réponse
4. L’hypothèse de recherche
Définition Un énoncé qui prédit les résultats
Question Quels résultats prévoit-on obtenir ?
Réponse
Danet Henriette, Elengabeka Elvis, Secrets de la réussite. Guide des mémoires et des thèses
en Licence Master Doctorat, Yaoundé, PUCAC, 2013.
Gauthier Bénoit, Recherche sociale : da la problématique à la collecte des données, Québec,
QC, Presses de l’Université du Québec, 1986.
Guidère Mathieu, Méthodologie de la recherche… , Paris, Ellipses, Editions Marketing, 2004.
Long Donald, « Définir une problématique de recherche. La solution à un problème dépend
de la compréhension de ce dernier », http://web.umoncton.ca/umcm-
longd02/TheorixDownload/probleme.pdf, (page consultée le 12 août 2016).
N’DA Pierre, Manuel de méthodologie et de rédaction de la thèse de doctorat et du mémoire
de master en lettres, langues et sciences humaines, Paris, L’Harmattan, 2015.