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E.S.U
INSTITUT SUPERIEUR PEDAGOGIQUE
SECTION DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT D’HISTOIRE, GESTION DU PATRIMOINE ET
DEVELOPPEMENT
B.P. 854
BUKAVU (RDC)
1
1 er
HIS 10 PROF. DR. en SCIENCES HISTORIQUES
SOURCES ERCITES ET NON L2 LMD/HGPD
ECRITES DE L’HISTOIRE AFRICAINE
Tél. (+243) 998667610 Courriel : casimangu@gmail.com
1. DESCRIPTION DU COURS
Ce cours concerne l’étude des sources écrites et non écrites de l’Histoire africaine en
L2 LMD / Histoire, Gestion du Patrimoine et Développement. Il tente donc d’analyser les
sources de l’histoire africaine aux XIXème et XXème.
Quant à la partie concernant les sources orales, elle traitera des archives orales, de la
parole vivante, de la documentation orale, de la tradition orale, des témoignages oraux et aussi
d’ethotextes. Elle traite aussi des récits de vie, etc…
Pour terminer, le cours explorera les limites des sources en analysant les grands
principes qui commandent à l’étude de l’histoire et des sciences auxiliaires de l’histoire de
l’Afrique.
Il occupe une place de choix dans le programme de formation des candidats du premier cycle
en Enseignement d’Histoire, BEH en sigle. Ce dernier est une formation de premier Cycle
dans le domaine des sciences de l’homme et de la société, Filière Enseignement des Sciences
de l’Homme et de la société. Une seule mention y est définie :
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3. LES OBJECTIFS
4. DE L’INTERET DU COURS
Les sources de l’histoire de l’Afrique aux XIXème et XXème siècles traitées dans ce
cours portent, en guise de rappel, sur l’Histoire des Africains en Afrique, et plus précisément
en Afrique au Sud du Sahara. Les Etats constitués dans cet espace géographique présentent
d’évidentes similitudes (ressemblances) administratives et institutionnelles, issues d’une
histoire coloniale commune (impérialisme européen).
PLAN DETAILLE
1. Définition
1.1 Sources écrites
1.2 Sources écrites de l’histoire
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6. APPROCHE PEDAGOGIQUE
Résolument axé sur une pédagogie active, le cours alterne théorie, réflexion, mises en
situation concrète et active. Le cours privilégie aussi une approche pédagogique inductive.
En ce qui concerne la méthode et procédés pour enseigner ce cours, le recours au mode expo-
interrogatif est bien indiqué avec possibilité de motiver le sujet du jour avec des questions de
réflexion, des prérequis aux apprenants (Etudiants). Ainsi chaque séance commence par une
question de motivation ou une mise en situation pour mettre directement l’Etudiant (e) en
situation de décision, de réflexion ou d’action. Des questions soulevées sont traitées et
éclairées par un apport théorique de l’exposé du Professeur.
NB : Vous remarquerez que le contenu véhiculé dans les séances de cours (Powerpoint)
pourra différer du contenu présent compléter des concepts importants qui sont absents dans le
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manuel. Les séances de cours vous permettent donc de prendre du recul au regard de la
matière présente dans le manuel.
7. ENCADREMENT
Tout au long du cours, les Etudiants peuvent communiquer avec le Professeur par
courriel.
Dans les meilleurs des cas, le Professeur lira tous les messages sur les forums. Il visitera le
site du cours trois (3) jours par semaine généralement le matin.
Les questions ne seront pas traitées instantanément ; une réponse sera fournie aux Etudiants
dans un délai de 48 heure ouvrable.
8. ACTIVITES D’APPRENTISSAGE
9. BIBLIOGRAPHIE
— Outils bibliographiques :
- Alfred Martineau, Paul Roussier et Joannès Tramond, Bibliographie d’histoire coloniale
(1900-1930), Paris, 1932 ;
- Ministère des armées, État major de l’armée de terre, Service historique, Guide
bibliographique sommaire d’histoire militaire et coloniale française, [sous la dir. de
René Couvet], Paris, 196
- Mbaye, S., Guide des archives de l’Afrique occidentale française, Dakar, 1990.
Les séances de cours débuteront et se termineront à l’heure prévue par les horaires de
la section.
La présence ainsi que la participation à chacune des séances du cours sont obligatoires
et essentielles non seulement aux fins d’évaluation sommative, mais également parce que les
travaux et productions exigés découlent directement des activités de chacune des séances.
Chaque Etudiant (e) est responsable de faire les lectures exigées en préparation aux
cours afin de participer de façon active aux discussions dans l’auditoire. La prise en charge
par l’Etudiant (e) de son apprentissage et sa participation à tous les niveaux est essentielle
pour atteindre les objectifs de ce cours. Le succès est entre vos mains, Etudiants (es).
- Vade Mecum
- Loi n°18
- Instructions académiques
- Etc.
2. Règlement des Etudiants (es)
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Lorsque l’on parle de source historique, il s’agit d’un document ou artefact (relique, objet
fabriqué par l’homme découvert lors de fouilles archéologiques) que l’on utilise pour
étudier l’histoire. On distingue divers types de documents historiques :
- Les documents archéologiques (armes, outils, bijoux, ossements, vaisselle, etc) ;
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On peut habituellement reconnaître une source de première main lorsque la personne qui
écrit ou qui a créé le document (journal, livre, etc.) est n témoin direct de la scène ou de
l’évènement. La date de publication des documents peut nous donner de bons indices en ce
sens.
Le journaliste e 1940 ayant écrit l’article trouvé au sujet de la Seconde Guerre mondiale
était un témoin direct de la guerre. Il décrivait ce qu’il voyait. Ou encore, un journal de
voyage écrit par un missionnaire jésuite nous en apprendrait beaucoup sur les débuts de la
colonie en Nouvelle-France.
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Ces historiens n’étaient peut-être pas présents lors de la Seconde Guerre mondiale, ils ont
rapporté dans leurs manuels ce que le journaliste a vu en 1940. Un manuel d’histoire est
donc une source de seconde main. Voici quelques sources de seconde main :
-Les manuels d’histoire ;
-Les biographies ;
-Les reportages, les films racontant une partie de l’histoire ;
-Les œuvres de notre époque dépeignant ou racontant une partie de l’histoire.
Première main
- Le document a été créé au moment de l’évènement ou peu après ;
- Le document a été créé par quelqu’un qui a vu l’évènement ou a vécu dans cette
période précise (témoin direct) ;
- Le document est rare aujourd’hui ;
Seconde main
- Le document a été créé bien après l’évènement ;
- Le document utilise des exemples d’une source de première main ;
- Le document énonce une opinion sur des évènements passés.
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Introduction
Les sources écrites de l’histoire africaine comprennent des documents d’archives, des
publications imprimées et des manuscrits arabes. Les sources dont il est question dans ce
cours concernent la période des XIXème et XXème siècles.
Les historiens européens ont bien souvent considéré que l’histoire s’écrit avec des documents.
Or, comme pendant longtemps on a estimé que l’Afrique était dépourvue de documents, on a
vite fait de conclure que le continent africain ne pouvait pas prétendre à l’écriture de son
histoire ; tout au plus pouvait-on parler d’ethnohistoire, ou d’anthropologie historique de
l’Afrique. C’était le point de vue de beaucoup d’historiens européens, notamment d’Henri
Brunschwig et encore, en 1970, de Raymond Mauny (2002).
Il faudra attendre les années de l’Indépendance pour que les historiens africains et des
spécialistes de l’histoire de l’Afrique travaillent au renversement de la tendance. Du 27 au 30
décembre 1972, à l’université de Dakar, se tenait en effet le premier congrès de l’association
des historiens africains. Il y fut affirmé la nécessité d’écrire l’histoire de l’Afrique en faisant
appel à toutes les sources disponibles.
En 1965 déjà, l’UNESCO avait lancé le projet d’une histoire générale de l’Afrique, dont les
huit volumes ont été publiés à Paris de 1986 à 1998. C’est dans cette perspective que
l’organisation internationale s’employa dès lors à faire recenser les sources archivistiques et
bibliographiques conservées dans les archives et les bibliothèques d’Europe, donnant ainsi
naissance à un guide des sources de l’histoire d’Afrique, élaboré avec le concours du Conseil
international des Archives (1971, 1976). Par la même occasion, elle réhabilita les sources
orales en créant deux centres pour la collecte et le traitement de la tradition orale, en Afrique
occidentale (Niger) avec le CELHTO (Centre pour l’étude linguistique et historique par la
tradition orale), et en Afrique centrale (Cameroun) avec le CERDOTOLA (Centre régional de
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recherche et de documentation sur les traditions orales et pour le développement des langues
africaines).
colonies portugaises et espagnoles. Ces pays sont en effet dotés d’institutions administratives
qui présentent bien des similitudes, nées d’une histoire coloniale commune (Impérialisme
européen des 19ème et 20ème siècles).
Quant à la période envisagée, il n’est pas question de remonter à ce que R. Mauny appelait «
les siècles obscurs de l’Afrique noire » ni à l’époque précoloniale. Il s’agit simplement de
rester dans cette période où l’Europe était présente en Afrique, d’abord en commerçant sur les
côtes africaines, en suite en s’installant à l’intérieur des terres, de l’orée (début, entrée) du
XIXème siècle, qui voit la fin de la traite des esclaves et des compagnies à charte, jusqu’à
l’extrême fin du XXème siècle.
La question est de savoir de quelles sources on dispose pour écrire l’histoire de l’Afrique au
sud du Sahara et, partant, l’histoire de l’Afrique dans cette période. Il faut bien s’entendre :il
ne s’agit pas d’écrire l’histoire des « Européens en Afrique ». Celle-ci est trop bien connue
pour que l’on ait besoin d’y revenir.
L’orientation du cours porte sur l’histoire des Africains en Afrique, l’histoire que les
Africains sont vécus chez eux et qu’ils en tendent reconstituer.
Pour rappel, une source est tout élément de connaissance susceptible d’éclairer l’étude de tel
ou tel sujet. Il convient d’évoquer d’abord les sources écrites, ensuite les sources orales, sans
omettre de mentionner les autres sources que nous offrent l’archéologie et la linguistique.
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Les sources écrites comprennent des documents d’archives, des publications imprimées et des
manuscrits arabes.
Il faut faire le départ entre les archives coloniales élaborées en Afrique et les archives du
ministère des Colonies, conservées en Europe dans des métropoles respectives.
On ne saurait oublier que, jusqu’en 1815, année du traité de Paris qui consacre la défaite
napoléonienne, la France avait exploité les colonies par le truchement de compagnies
privilégiées ou compagnies à charte (Compagnie du Sénégal, Compagnie des Indes,
Compagnie de Guinée, etc.), chargées de l’exploitation de ces territoires, à charge pour elles
de les administrer et d’en rendre compte à l’autorité à qui elles versaient des droits.
Ces compagnies privilégiées rapatriaient leurs archives en France pour le cas des colonies
françaises. C’est ainsi que l’on dispose en France, aux Archives nationales, de la sous-série
C6du fonds des Colonies, intitulée « Sénégal et Côtes occidentales d’Afrique (1689-1810) » ;
elle regroupe l’ensemble des correspondances et des documents relatifs aux activités des
différentes compagnies qui se sont succédé sur la côte occidentale d’Afrique. On y retrouve
aussi une vingtaine d’articles qui forment la correspondance des administrateurs de Gorée à
partir du traité de Paris (1763) 1.
Ces archives sont antérieures certes au XIX e siècle, mais contiennent bien souvent des
informations qui restent encore utilisables au-delà de la période couverte, notamment sur les
cours africaines, les méthodes commerciales, les us et mœurs des populations, et j’en passe.
Une copie microfilmée de la sous-série est disponible à Dakar.
Ces archives retracent, certes, l’histoire « de l’Europe et des Européens en Afrique », mais
elles font plus, car elles portent sur l’Afrique et sur les Africains, et s’élaborent sur le
territoire des Africains. On pourrait multiplier, en parcourant ces archives les exemples qui
éclairent la vie des Africains, certes en situation de dominés, mais qui n’en gardent pas moins
les éléments essentiels de leur culture et les traits spécifiques de leur âme.
Les archives politiques, les archives de l’éducation, de la santé, de l’urbanisme, celles qui sont
relatives à l’économie, celles de la justice prennent en compte l’Afrique et les Africains, je
pourrais même dire sur tout l’Afrique et les Africains. Il s’agit simplement de savoir les lire et
les décrypter.
Les archives du Sénégal colonial se terminent en 1958. Plusieurs arguments militent en faveur
du choix de cette date extrême bien que l’indépendance nominale du Sénégal date du 4 avril
1960. L’ordonnance du 26 juillet 1958 remet en effet la présidence du Conseil de
gouvernement à l’ancien vice-président du Conseil, le chef du parti majoritaire à l’Assemblée
territoriale, qui est un autochtone. Le gouverneur, chef du territoire, devient de ce fait le
représentant de la France dans le territoire. En outre, le référendum du 28 septembre 1958
donne naissance à la constitution du 4 octobre 1958, qui institue la Communauté franco-
africaine entre la France et les États membres de la Communauté, qui deviennent des
républiques. Le Sénégal se dote d’une constitution le 24 janvier 1959. Dans les faits, l’heure
de l’indépendance a bel et bien sonné.
Ce fonds, contrairement aux autres fonds des Gouvernements généraux (Indochine, Afrique
équatoriale française, Madagascar, Algérie), n’a pas été rapatrié en France au moment des
indépendances. Il est resté à Dakar et nationales à Paris (cote 200 MI) et au Centre des
archives d’outre-mer (CAOM) à Aix-en-Provence (cote 14 MI) 2.
Un guide des archives de l’AOF a été publié en 1990 et il s’y ajoute plusieurs instruments de
recherche : non seulement les inventaires publiés par Jacques Charpy, mais également une
trentaine de répertoires qui ont vu le jour grâce au soutien de la BIEF (Banque internationale
d’information sur les États francophones). Il faut signaler que, en 1913, avait aussi été pris un
arrêté créant un service d’archives dans chacun des territoires constitutifs du groupe de
l’AOF. Ce sont ces archives qui constituent aujourd’hui le fonds ancien des archives
nationales de ces pays.
C : Personnel.
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Les archives du sous secrétariat d’État aux Colonies créé en 1881, devenu ministère des
Colonies en 1894, ont été regroupées rue Oudinot, à Paris, jusqu’en 1986 où elles ont été
transférées à Aix-en-Provence au CAOM (le transfert avait été décidé en 1979).
Elles y ont retrouvé les archives rapatriées des groupes de colonies : Indochine, Madagascar,
Algérie, Afrique équatoriale française, Côte française des Somalis. Il s’agit de documents
présentant un caractère politique, diplomatique, militaire ou privé. Ces archives ont été
répertoriées en détail dans le guide des sources de l’histoire d’Afrique publié par l’Unesco et
le Conseil International des Archives 3, et dans l’État général des fonds, publié par la
Direction des Archives de France.
La section Outre-mer des Archives nationales a été créée, pour les recueillir, en 1961. Elle est
héritière de l’ancien service des archives du ministère des Colonies. Les archives coloniales
avaient été administrativement séparées des archives de la Marine par le décret du 3 février
1882. Le décret du 27 janvier 1910 autorisa le ministre des Colonies à « déposer » au Palais
Soubise (Archives nationales) les archives des colonies antérieures à 1789 « présentant un
caractère purement historique ou privé ». En 1953, pour éviter des dysfonctionnements, la
date fut portée à 1815.
Furent ainsi conservés rue Oudinot, et aujourd’hui au CAOM, dénommé ainsi en 1987, les
documents produits et reçus par le ministère chargé des colonies depuis 1881. On y retrouve
également les archives des différentes directions (Affaires économiques, Travaux publics,), de
l’Agence économique des colonies (1889-1953), de l’École coloniale (1887-1959), de comités
et commissions créés auprès du ministre pour lui apporter des lumières (Commission de
vérification des banques coloniales, Commission des travaux publics, ...), du Conseil
supérieur des colonies (1882-1939), etc. Ces documents ont fait l’objet d’un classement par
Christian Schefer à partir de 1911 : il s’agit d’un classement méthodique contraire au respect
des fonds.
Les documents ont été en effet classés par séries géographiques (Afrique, Amérique, Océan
Indien, ...) et à l’intérieur de ce groupe par pays, puis à l’intérieur du pays par séries
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Ce fonds comprend aussi le Dépôt des papiers publics (DPP) créé par l’édit royal de juin
1776, et le Dépôt des fortifications des colonies (DFC). Le Dépôt des papiers publics
regroupe les doubles des papiers d’état civil, des recensements, des greffes, des notariats et les
documents des hypothèques de la conservation foncière. Ces doubles ont été envoyés à Paris
jusqu’en 1912, date à laquelle l’envoi a cessé pour les papiers des greffes, des notaires et des
hypothèques ; seul l’envoi de l’état civil a été maintenu jusqu’aux indépendances. Le décret D
65-422 du 1er juin 1965 a ensuite prescrit le dépôt au service central d’état civil du ministère
des Affaires étrangères (Nantes) des registres d’état civil datant de moins de cent ans, établis
pour les Français nés ou vivant dans les anciennes colonies de la France. Le Dépôt des
fortifications des colonies, créé en 1778, regroupe des cartes, plans et mémoires concernant
les possessions françaises outre-mer, réunis par les Archives de la Marine et des Colonies et
par les dépôts de fortification locaux. Les documents sont classés par pays (Gorée, Côte d’or
et Gabon, Sénégal, etc.). On y retrouve, outre des documents, des icones graphiques (plans de
ville, de bâtiments administratifs, etc.), des instructions données aux gouverneurs, des
mémoires, des rapports.
Depuis l’Indépendance, là où il n’y avait pas de service d’archives, des efforts ont été faits
pour en créer, et ceux qui existaient ont été renforcés. Dans l’ancienne AOF, chaque pays
dispose d’un service d’archives. Dans l’ancienne AEF, le Tchad a créé son service en 1969, la
République Centrafricaine et le Gabon s’en sont pourvus eux aussi.
Si ces services ont travaillé à inventorier leur fonds, il n’existe encore aucun guide commun
pour ces archives, quoique ce fût l’ambition de la WARBICA (Branche ouest-africaine du
Conseil international des Archives). Il faut à présent travailler à inventorier les fonds, à mettre
en ligne les répertoires et ensuite à numériser les archives pour un partage plus large des
ressources. Vaste programme !
Aux archives publiques, il faut ajouter, pour les compléter, les archives privées, tantôt
données ou déposées dans les archives publiques, tantôt maintenues comme des fonds
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Aux Archives du Sénégal, on trouve dans la série Z des documents de chefs de canton (Le
canton était une unité administrative dirigée par un notable indigène appelé chef de canton.
Celui-ci était souvent choisi au sein des familles ayant vocation au commandement) ou
d’interprètes, des papiers provenant de familles ayant joué un rôle politique, économique et
social.
Le CAOM conserve aussi des « papiers privés », classés dans la série APC. Il s’agit de
documents ayant appartenu à d’anciens gouverneurs (Pierre Boisson, Henri Gaden, etc.), à
d’anciens officiers, à d’anciens chargés de mission. Il faut également noter les papiers
d’agents (série PA), qui sont, eux, des papiers publics produits ou reçus par des agents dans
l’exercice de leur mission. Sont rangés dans cette série des documents ayant trait aux activités
d’anciens ministres comme Albert Sarraut, d’anciens gouverneurs comme Camille Guy, ou
d’anciens explorateurs, tel Savoir grande Brazza. Il faut y ajouter les archives privées
d’entreprises relatives à l’outre-mer. Ces archives ont rejoint le CAOM en 1994 et 1995.
Aux côtés des archives publiques et privées qui constituent l’essentiel de nos fonds
d’archives, il faut signaler l’existence des archives imprimées, qu’elles soient officielles ou
non.
Par publication officielle, il faut entendre toute publication faite à l’initiative de l’État ou de
ses émanations et avec les deniers de l’État. Les plus connues sont les journaux et bulletins
officiels, dans lesquels sont publiés les actes pris en métropole et dans les colonies : ainsi en
France le Journal officiel, le Bulletin officiel de la Marine (1681-1930), le Bulletin officiel des
Colonies (1887-1959), le Bulletin des lois (1789-1918). Chaque groupe de colonies publiait
son propre journal officiel, celui de l’AOF (1905-1959), et celui de l’AEF qui paraît à partir
de 1887 sous des titres différents avant de devenir Journal officiel de l’Afrique équatoriale
française (1910-1959) ; il en allait de même de chaque colonie. Toutes ces publications
bénéficient de tables qui en rendent l’accès aisé et d’instruments de recherche qui en facilitent
l’exploitation.
Il faut encore signaler toutes les publications imprimées non officielles. Les journaux en sont
les principaux. Si en général l’Afrique est mal représentée dans la presse européenne, il n’en
reste pas moins qu’il existe des journaux et des revues spécialisés qui relatent la présence
française en Afrique. Pour la presse, il me suffira de renvoyer aux travaux de Roger Pasquier
et de Marguerite Thomas Sery 4. Il faut également mentionner les publications des sociétés
savantes et des comités :le Bulletin du Comité de l’Afrique française (1891-1957), la Revue
des colonies devenue en 1958 la Revue française d’histoire d’outre-mer ; les publications du
Comité historique de l’AOF créé le 10 décembre 1915 et qui édite à partir de 1938 le Bulletin
de l’IFAN (Institut français d’Afrique noire, devenu Institut fondamental d’Afrique noire
Cheikh Anta Diop) ; La Dépêche coloniale (1851-1904 et 1908-1913), les Marchés coloniaux
du monde (fondé en 1945 et devenu Marchés tropicaux et méditerranéens en 1959), entre
autres, sont à citer parmi les journaux publiés en France. Notons que l’AOF a été créée le 16
juin 1895. Elle disparaît en 1959 avec la mise en place de la Communauté franco-africaine et
la naissance des États membres de la Communauté. Le dernier haut-commissaire, Pierre
Messmer, quitte Dakar en décembre 1959 (Mbaye 2004).
Enfin, parmi les sources imprimées, il faut signaler les documents iconographiques : cartes et
plans, cartes postales anciennes.
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par Jean Schmitz avec le concours du CNRS, en 1998. Il s’agit du premier volet de l’histoire
des noirs rédigée par le Cheikh vers 1920 16.
Deseffortsderecensementetd’inventaireetdetraductionsontencours.On peut renvoyer au travail
de Joseph M. Cuoq sur les sources arabes conservées en France, et à nouveau au guide des
sources de l’histoire d’Afrique 18. D’autres manuscrits ont été capturés pendant la conquête et
transférés en France. Le cas peut-être le plus éclatant est celui de la Bibliothèque omarienne
56636.33(ainsi nommée d’après El Hadji Omar Tall, 1797-1864) prise par Archinard, à
Ségou, en 1890. Cette collection riche de 518 volumes est conservée à la division des
manuscrits orientaux de la Bibliothèque nationale de France. Elle comprend l’ensemble de la
bibliothèque d’El Hadji Omar, enrichie de documents et de livres réunis par son fils
Ahmadou. Les documents sont en arabe, à quelques rares exceptions près, en fulfuldé, en
arabe dialectal et en français. En 1993, l’Association (sénégalaise) des études oumariennes,
présidée par Thierno Mountaga Tall, actuel khalife de la Oumariyya au Sénégal, a acquis un
microfilm de la collection, soit un total de 272 bobines.
Autre exemple, avec les manuscrits collectés par Georges de Gironcourt lors d’une mission
scientifique effectuée de 1908 à 1912 en Afrique de l’ouest et au Cameroun avec le soutien du
ministère des Colonies et de la Société de géographie de Paris. À cette occasion, « il récolta
pas moins de 223 manuscrits représentant plus de 4000 pages de texte arabe serré sur
l’histoire et les traditions de l’Afrique intérieure ». Le fonds Gironcourt est aujourd’hui
conservé à la Bibliothèque de l’Institut à Paris.
Par ethnotexte, il faut entendre des textes oraux, littéraires ou non, ayant une valeur
d’information ethnologique, historique, linguistique. Mais la notion d’ethnotexte s’applique
aussi aux sources écrites de textes oraux ou à leurs versions écrites éventuelles. Les textes
oraux, une fois transcrits, deviennent des archives orales consolidées. On en trouve plusieurs
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exemples en Afrique. On peut citer, à titre d’illustration, le travail d’Amadou Wade (1886-
1961), Chroniques du Walo sénégalais, 1185-1855, traduites par Bassirou Cissé en 1941,
publiées et commentées par Vincent Monteil, et également Les Cahiers Yoro Dyao sur les
royaumes wolof du Sénégal, publiés par Henri Gaden en 1912.
L’histoire orale amène de son côté la collecte de témoignages oraux sur une période récente
de l’histoire et vient ainsi compléter les sources écrites existantes. Elle concerne aussi les
récits de vie, comme les enquêtes sur des faits sociaux de l’histoire récente. Aujourd’hui,
presque toutes les recherches sur l’histoire contemporaine sont fondées, en partie, sur des
enquêtes d’histoire orale. L’histoire orale est de ce fait devenue une donnée fondamentale de
l’archivistique contemporaine. Le produit des enquêtes est soit déposé (par contrat de dépôt),
soit donné aux Archives (en ce cas il suit le sort des archives publiques),soit intégré à des
collections privées. À titre d’exemple, je peux citer l’expérience en cours à l’École normale
supérieure de Dakar, où des enseignants ont monté un laboratoire sur la collecte et la
conservation de l’histoire orale. Un livre vient d’être publié, Dialogue avec Abdoulaye Ly
(Dakar,2003 : entretien conduit par Babacar Fall et al.).
Quant à la tradition orale, elle porte sur les souvenirs du passé transmis oralement et qui sont
le produit de la dynamique d’une culture. Il s’agit de
témoignagesorauxconcernantlepasséd’unoudeplusieurspeuplesquiontfait l’objet d’une
transmission à travers une chaîne temporelle. La tradition orale se pratique dans les pays ayant
connu l’écriture, comme la Finlande, mais elle a surtout cours dans des régions où la société
n’a d’autre recours, pour perpétuer ses souvenirs, que de les confier à la mémoire. Or
l’Afrique, ayant tardé à se familiariser avec l’écriture, a beaucoup misé sur la tradition orale
pour conserver sa mémoire. Le Père Jean-Baptiste Labat écrivait ainsi en 1728 :
« Ils [les nègres] n’ont point d’annales de ce qui se passe chez eux, parce qu’ils n’ont pas
l’usage de l’écriture ; excepté les Marabouts et quelques grands seigneurs, personne ne sait
n’y lire n’y écrire. Ils se servent des caractères arabes pour écrire leur propre langue et n’en
connaissent point d’autres. Malgré cette ignorance ils savent parfaitement bien ce qui s’est
passé dans les temps les plus reculés. Ils ont une mémoire si heureuse et une tradition si
constante de ce qui s’est passé chez eux qu’ils ont appris de leurs pères et que ceux-ci avaient
appris de leurs aïeuls. On remarque qu’ils ne varient pas le moins du monde et qu’ils
retiennent jusqu’aux moindres circonstances. C’est par leur moyen que M. Brue a connu une
infinité de choses des commencements de la compagnie et de ses établissements ; les noms
des premiers directeurs, le temps de leurs gouvernements, leur (sic) rappels, leurs morts et
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quantité d’autres particularités ; dont les registres de la compagnie ne disaient pas un mot,
quoique ce fussent très souvent des choses dont la mémoire aurait dû être conservée
soigneusement pour l’intérêt de la compagnie » (Labat 1728).
Il s’y ajoute que, en Afrique, le griot, maître de la parole, est chargé de la conservation et de la
gestion de la mémoire collective. Djibril Tamsir Niane, dans son Soundjata ou l’épopée
mandingue (Paris, 1978), le présente ainsi :
« Les griots, ces poètes et musiciens ambulants sont la mémoire collective de l’Afrique noire ;
dépositaires de la tradition orale, c’est grâce à eux que se transmettent la poésie, la musique et
l’histoire de génération en génération. Sans eux, la majorité des œuvres anciennes qui forment
le patrimoine culturel seraient oubliées depuis longtemps. Ainsi peut-on toujours entendre les
grandes chansons de la tradition, comme celles de Soundjata Keita, empereur du Mandingue,
qui datent du XIIIe siècle, ou celles de Lat Dior Diop, Damel du Cayor (Sénégal), de la fin du
xixe siècle. Ils sont dépositaires de l’histoire officielle, celle des familles, et en cela ils ont été
les garants de la transmission du patrimoine culturel des différents groupes ethniques».
C’est pour aider à la collecte et au traitement de la tradition orale que l’UNESCO a créé le
CELHTO (Niger) et le CERDOTOLA (Cameroun). Le CELTHO gère en ce moment deux
projets, baptisés ARTO (Archives sonores et ressources documentaires de la tradition orale en
Afrique), projet financé par la coopération suisse au développement, et NOREA
(Numérisation de l’oralité enregistrée en Afrique) qui a la charge de la gravure numérique sur
CD de données orales.
Aux archives orales que représentent les enquêtes d’histoire orale et les collectes de tradition
orale, il faut ajouter les archives sonores et audiovisuelles produites par les radios et
télévisions nationales africaines (URTNA, Union des radio-télévisions nationales d’Afrique),
par les médias européens tournés vers l’Afrique (Radio France Internationale, avec Mémoire
d’un continent, etc.), par les archives de l’Institut national de l’audiovisuel français (INA). On
prêtera aussi attention aux sources documentaires que constituent les films africains et ceux
qui portent sur l’Afrique.
Les grands principes qui président à l’étude de l’histoire et des sciences auxiliaires de
l’histoire s’appliquent à l’histoire de l’Afrique. Une source « ne vaut que par ce que
l’historien sait en faire, pour la faire parler juste ».
Le premier principe est qu’aucune source ne se suffit à elle-même. Les sources
archivistiques sont pour la plupart des sources administratives. Elles portent la marque de
l’administration (coloniale ou indépendante) qui les a créées. Elles sont parcellaires et
incomplètes. C’est pourquoi il faut les compléter à l’aide des autres publications imprimées,
publiques et privées, par les sources orales, sans parler de l’archéologie et de la linguistique.
C’est dire que l’historien d’Afrique doit, du fait de la rareté et du caractère incomplet des
sources, pratiquer l’interdisciplinarité.
En trois domaines au moins, les archives écrites peuvent ainsi apporter leur concours aux
archives orales pour un complément d’information : il s’agit des dates, des statistiques et de
l’iconographie. La tradition orale en effet n’a cure d’une chronologie précise ; c’est aux
sources des archives écrites que viennent s’abreuver les griots pour fixer la date de naissance
ou de décès de tel héros national ou de tel guide religieux, l’année où tel phénomène naturel
(invasion de sauterelles, famine, épidémie, etc.) s’est abattu sur le pays ou la région. L’oralité
ne gère pas, non plus, les statistiques et les chiffres de manière précise ; bien souvent, c’est
dans le rapport de l’officier militaire français que l’on vient rechercher le chiffre approximatif
des troupes engagées par l’armée locale lors de telle bataille contre l’envahisseur européen ;
de même, le tableau de recensement ou le rôle de l’impôt nous renseigne sur la situation
démographique du pays alors que les archives orales restent bien souvent muettes à ce sujet.
Enfin les archives écrites viennent au secours de l’oralité pour tout ce qui touche à
l’iconographie : portraits, plans de villes ou de forts de chefs locaux, cartes et plans de régions
ou de finages.
Le deuxième principe est que toutes les sources doivent faire l’objet d’une critique. Tout ce
qui est écrit n’est pas forcément vrai, pas plus que tout ce qui est dit n’est a priori suspect. Il
faut donc avoir l’esprit en veille et être prompt à la critique interne et externe des textes écrits
et oraux ainsi que des documents de l’archéologie.
En ce qui concerne la critique des sources, je m’appesantirai davantage sur les sources orales
que sur les sources écrites, dont l’utilisation et le traitement ont acquis, et de longue date, droit
de cité. On a souvent présenté l’oralité comme peu fiable, car la parole est fragile et le
message peut être altéré au cours de sa transmission. Pour minorer les risques d’erreurs, il faut
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faire appel à la caution d’autres témoins et confronter ainsi les diverses versions d’un même
événement. On a également douté de l’authenticité du témoignage oral. Le message est-il bien
de l’auteur présumé ? Le contexte est-il véridique ? Ces questions, légitimes, ne doivent pas
amener à considérer que la notion d’authenticité serait absente de l’oralité. C’est ainsi que les
chefs locaux, qui n’avaient pas de cachet pour authentifier les lettres qu’ils envoyaient aux
gouverneurs du Sénégal, faisaient appel à la preuve telle qu’on la retrouve dans la pratique
quotidienne de l’oralité. Ainsi dans une lettre adressée par Ndatté Yalla, reine du Walo, au
gouverneur du Sénégal en mai 1851, on lit :
« Pour vous prouver que cette lettre vient de moi, lorsque le palabre fut fini à Lampsar
vous êtes rentré au fort. Là, je viens vous retrouver avec mon mari, vous êtes
accompagné de M. Alsace et d’Amat. Vous m’avez dit que vous désiriez me voir seule
pour parler, je vous ai répondu qu’il n’y avait là que mon mari et mon frère, vous
m’avez demandé aussi quel était le chef du Walo aujourd’hui, je vous ai répondu c’est
moi. Si cela est, la lettre vient de moi »
CONCLUSION
L’Afrique a décidé de prendre en charge son développement. Elle a mis en place, à cet effet,
le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique), qui entend d’abord et
avant tout compter sur les ressources propres de l’Afrique pour atteindre ses objectifs. Et tout
développement, pour être homogène, doit s’appuyer sur la culture et partant sur l’histoire.
C’est pourquoi, il paraît d’une nécessité impérieuse que les gouvernements africains aident à
la mise en place et au fonctionnement de services d’archives fonctionnels qui aient une large
vocation de collecte et de conservation de la mémoire collective et de la diffusion des
connaissances.
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
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2. Emmanuelle Sibeud, Une science impériale pour l’Afrique ? La construction des savoirs
africanistes en France, 1878-1930, Paris, 2002.
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11. Pasquier, R., Les débuts de la presse au Sénégal, dans Cahiers d’études africaines, 1962,
no 7, pp. 477-490.
12.. Thomassery, M., Catalogue des périodiques d’Afrique noire francophone (18581962)
conservés à l’IFAN, Dakar, 1956.
3. Philippe David, Catalogue général des cartes postales illustrées (1900-1960) et Inventaire
général des cartes postales, Fortier, 3epartie, 1912-1920, [Paris, 1988].
15. Rosière, P., Pierre Tascher (1875-1938), grand reporter, photographe, éditeur de
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20. Mauny, R., Les siècles obscurs... C. Descamps, Contributions à la préhistoire dans
l’Ouest sénégalais, Dakar, 1979 ; La préhistoire du Sénégal, recueil de documents, Dakar,
1982.
2 . Greenberg, J., The languages of Africa, Bloomington, 1963.
22. Jean-Baptiste Labat, Nouvelle relation de l’Afrique occidentale, contenant une description
exacte du Sénégal et des païs situés entre le Cap Blanc et la rivière de Sierra Leonne jusqu’à
plus de 300 lieues en avant dans les terres..., éd. Paris, 1728, t. II, p. 151-152.