Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
PREAMBULE
Parler de l’histoire du livre c’est retracer les techniques et inventions qui ont
modelé de l’antiquité à nos jours ce qu’on a pu considérer comme le produit
culturel le plus fameux que l’humanité ait créé jusqu’ici.
1
INTRODUCTION
Le Larousse la définit comme « l’ensemble des disciplines qui ont le livre pour
centre d’intérêt (Bibliographie, Histoire du livre, psychologie de la lecture,
etc.) ».
Si le terme est utilisé pour la première fois par l’Abbé Rive en 1781, c’est
Georges Peignot, puis surtout Paul Otlet qui s’interrogea sur l’histoire de la
Bibliologie dans son Traité de documentation. Le livre sur le livre. Théorie et
pratique, paru à Bruxelles en 1934.
Elle passe d’une phase de collecte au 19ème siècle et de description (de plus en
plus scientifique avec l’idée d’expérimentation et de recherche causale) au
20ème à une phase plus explicative avec des auteurs comme R. Estivals qui la
définit non plus comme une science du livre mais de l’écrit, intégrant
aujourd’hui 3 technologies : l’imprimé classique, l’informatique et la
télématique (multimédia).
C’est dans cette vaine que J. Meyrat la définit comme étudiant « les conditions
de production et de distribution du livre, c'est-à-dire de l’écrit sous toutes ses
formes ».
Le livre ou l’écrit est ainsi le fruit d’une longue évolution que la Bibliologie
essaie de cerner en recourant à une multitude de disciplines connexes qui
vont de l’archéologie à la psycho sociologie de la lecture en passant par la
paléographie, etc.
Elle peut être générale (la bibliographie nationale par exemple à l’échelle d’un
pays), spécialisée, sélective, courante, rétrospective…
2
La Bibliométrie quant à elle s’occupe à mesurer, à quantifier la bibliographie
avec des pionniers comme Musakowski en 1926 au Congrès international des
bibliothèques à Prague et le suisse Röthlisberger qui ouvre la voie au
professionnalisme et à la recherche concertée.
Définitions
Du grec historia qui signifie enquête ou connaissance acquise par enquête, elle
a pour origine les « enquêtes » d’Hérodote (5ème siècle av. JC) qu’on appelle le
Père de l’histoire.
Elle se définit comme « récit des faits, des événements relatifs aux peuples et à
l’humanité en général ». C’est le regard que l’homme porte sur le passé avec
des motivations diverses, la compréhension et la transformation du réel pour
Jean Chesnaux par exemple…
3
Qu’est ce que le Livre ?
René Malo dans Art du livre (1930) le définit comme la « réunion de cahiers
imprimés cousus ensemble et placés sous une couverture commune ».
Il revêt plusieurs formes selon ses destinataires, sa fabrication, son format, ses
usages, etc.
4
Chapitre I
Très tôt l’Homme s’est fait une religion quand à la nécessité de garder la trace,
grâce au signe il quittera la préhistoire pour entrer dans l’HISTOIRE…
A – L’Ecriture
Datant d’environ 5300 ans elle est apparue principalement dans 3 foyers de
civilisation pratiquant déjà l’Agriculture et fortement urbanisés.
Son invention
Elle aurait pour origine les transactions commerciales entre régions éloignées.
En effet il a fallu mettre en place des Contrats pour gérer les éventuelles
contestations.
Les Contrats étaient des boules creuses de glaise enfermant des Calculi
(sphères, cônes, cylindres…) symbolisant des nombres, en plus des formes
conventionnelles représentant les choses échangées.
Puis on en vint, en plus des sceaux, à graver sur la boule qu’on brisait en cas de
contrôle, des signes sur l’extérieur pour en indiquer le contenu quantitatif (le
nombre) et qualitatif (les objets contractés).
5
spécimens ont été découverts à URUK (actuel Warka en Irak) capitale du pays
de Sumer.
Son évolution
La propagation de l’Alphabet
Ce fut le fait des Araméens dont les plus anciens documents écrits proviennent
du nord de la Syrie (IX siècle av. JC) qui servirent à consigner de nombreuses
autres langues.
L’Expérience égyptienne
Sur la vallée du Nil, chaque année après les crues, les limites des champs
étaient brouillées. Le besoin de repères tangibles et incontestables donnera
naissance à l’Ecriture (comme il donnera naissance à la Géométrie) :
Médouneter (paroles sacrées) ou Hyerogluphikos en grec (gravures sacrées).
Elle se décline sous deux formes, Hiératique dans l’administration avec des
signes simplifiés pour copier rapidement, et Démotique (populaire) qui sera
l’écriture officielle à partir du VIIème siècle av. JC.
6
3 types de signes à retenir pour l’essentiel :
On aurait commencé à écrire sur la pierre (Sumer), sur de la soie (Chine), mais
le 1er véritable support livresque est le Bois (biblos) ou liber dont le sens
premier est l’écorce intérieure d’un arbre.
1-Le Papyrus
La préparation de cette plante des bords du Nil passait par plusieurs étapes
avant de supporter l’écriture. Les tiges dont on enlevait la moelle étaient
ensuite humidifiées, séchées, collées avant d’être découpées en rouleaux ou
volumen qui pouvaient atteindre 10 mètres.
Cet assemblage de feuilles plus léger et plus facile à transporter que les
tablettes sera le principal support antique du livre, en Egypte, en Grèce et à
Rome…
2-Le Parchemin
Du grec pergaminum , inventé par Eumène II Roi de Pergame au III siècle av. JC,
il remplace progressivement le papyrus. Obtenu à partir de peaux d’animaux
(mouton, veau…) il offre une meilleure conservation.
7
C- Les Scribes
Il est à constater l’absence de droits sur les œuvres dans la période antique, ni
droits d’auteur, ni droits d’éditeur…
Chacun pouvant recopier des œuvres et même les modifier. Le seul gain de
l’auteur reste son immortalité.
C’est ainsi que l’œuvre de Protagoras fût brulée, de même en 303 l’empereur
Dioclétien ordonne de brûler les livres chrétiens…ces derniers également
feront les pyromanes avec les œuvres des « mécréants ».
L’enjeu était de faire disparaître les traces des idées de l’adversaire, le privant
ainsi de postérité voir d’immortalité.
Ainsi l’empereur Auguste réunira autour de lui la plupart des grands écrivains
inaugurant ce qu’est aujourd’hui le contrôle des médias par les politiques…
8
Chapitre II
A – Le développement de l’édition
Si l’activité du livre reste peu connue en Grèce, à Rome les sources deviennent
plus explicites sur la connaissance du livre.
Atticus (109-32 av. JC) l’un des pionniers va éditer Démosthène et Platon
quand les frères Sossi vont éditer Horace.
9
Parallèlement les bibliothèques se développent sous l’impulsion d’abord de
privés et de mécènes, tel Sammonicus, érudit romain qui vécut vers 200 av. JC
dont la bibliothèque avoisinera les 60 000 volumes.
Par ailleurs Sénèque (4 av. JC – 65 ap. JC) dans son Traité sur la tranquillité des
âmes raille le prestige qui est plus souvent recherché que la connaissance dans
le rassemblement des collections qui dit « Tel homme a des livres qui ne
servent jamais à ses études, mais pour l’ornement de sa salle à manger.
Aujourd’hui les bains et les termes sont garnis d’une bibliothèque devenue
l’ornement obligé de chaque maison. On ne cherche les chefs d’œuvre que pour
en parer les murailles ».
10
Chapitre III
Bloc de bois ou livre en latin son format actuel est une invention romaine, avec
des pages reliées par les marges et une couverture.
Son format dépend de la pliure du feuillet : in folio (en 2), in quatro (en 4), in
octavo (en 8).
Il fut connu en Amérique chez les Aztèques et les Mayas où le découvrirent les
conquistadores espagnols, mais aussi en Chine bien avant son invention en
Europe.
B- L’avènement du Papier
11
Samarkand aux confins de la Perse et de la Turquie (dans l’actuelle
Ouzbékistan) en fût le premier grand centre musulman de production.
Après le broyage sera fait, avec les progrès de la mécanique, par les Piles à
maillets apparues au XIIIème siècle, puis plus tard avec la fameuse Pile
hollandaise de 1673…
Le papier est aussi de plus en plus recyclé. En 2002 par exemple sur les 11
millions de tonnes de papier consommés 5 millions ont été recyclés.
12
En fait l’histoire de la religion s’est d’abord bâti sur l’enseignement oral, du
Christ essentiellement. Ce qui a entraîné des variations et une certaine
dispersion des messages.
L’Empereur Constantin (272 – 337 AP. JC) premier empereur romain chrétien
va s’y employer avec bonheur…
Les Abbayes et les Monastères vont jouer un rôle de premier plan dans la
diffusion et l’édition du livre en prenant entre autres le relais de
l’enseignement ecclésiastique.
Très attiré par les biens culturels et soutenu par des mécènes très actifs, il a
cherché à rétablir la cohérence des collections dispersées par les chocs entre la
civilisation romaine et les invasions « barbares ».
Ces efforts déboucheront sur une forte organisation dans les monastères où la
prière est articulée au travail intellectuel.
13
C’est ainsi qu’y naîtront les Scriptorium, embryons d’imprimerie où se faisait la
copie et la décoration des manuscrits, au Mont Cassin, à l’Abbaye de St Aignan
en France, avec des Minutiaristes (illustration), des Enlumineurs (décoration)…
Il faut enfin retenir également le rôle très important joué par la civilisation
islamique.
Avicenne (980-1037 AP. JC) philosophe et médecin persan fût de ceux là.
Jusqu’au XVIIème siècle, avant Harvey, l’enseignement de la circulation
sanguine reposera sur son fameux Qanun al tib. Il fût l’un des plus grands
commentateurs d’Aristote.
14
D- La Révolution éditoriale du XIIème siècle
Au XIIème siècle le renouveau des villes booste la production de livres dont les
structures de production se développent autour des universités naissantes.
Toutes choses qui vont déboucher sur la laïcisation du livre avec le
développement des matières profanes (Droit, Histoire, romans, etc.).
« Le long Moyen âge est pour moi le contraire du hiatus qu’ont vu les
humanistes de la Renaissance et, sauf exceptions, les hommes des lumières.
C’est le moment de la création de la société moderne, d’une civilisation
moribonde ou morte sous ses formes paysannes traditionnelles, mais vivante
par ce qu’elle a créé d’essentiel dans nos structures sociales et mentales. Elle a
créé la Ville, la Nation et l’Etat, l’Université, le Moulin et la Machine (…) le
Livre ».
15
Chapitre IV
Les procédés techniques qui atteindront avec Gutenberg, entre 1440 et 1455,
une phase décisive constitueront la plus grande révolution que le livre ait
connue.
Ce qui débouche sur une baisse des coûts et une plus forte diffusion…
B-L’Invention de l’Imprimerie
Malgré la continuité avec le moyen âge le livre imprimé ne varie pas d’un
exemplaire à l’autre. Premier objet fabriqué en série le livre annonce ainsi l’ère
industrielle. Avec un texte qui se fige l’on tend à l’idée de rationalité et
d’uniformisation.
Sur le plan politique, au XVIème siècle les imprimeurs étaient souvent des
libraires établis dans les villes et les quartiers universitaires.
En 1537 François Ier crée le Dépôt légal et l’Eglise l’Index. Les Ateliers
clandestins et la contre façon se développent pour faire face.
17
18
Chapitre VI
Les choses vont culminer en 1968 avec l’accès aux études supérieures de
couches de la population jusqu’ici laissées en rade.
C-L’évolution éditoriale
19
Dans la foulée Hachette met sur le marché le premier Livre de poche,
accessible et à bas prix. Du point de vue de son accessibilité le livre devient
libre de droit d’auteur 70 ans après la mort et ouvre l’ère des rééditions.
Pour juguler cette concurrence les lois J. Lang créent en 1981 le prix unique du
livre. Mais cela n’empêche pas une baisse de rentabilité.
Dans les années 70-80 on assistera à une forte concentration avec l’immersion
de grands groupes éditoriaux :
Cela va déboucher sur une multiplication des titres et un lectorat plus varié.
20
Roger Chartier le considère comme la 3ème révolution du livre après l’écriture
et l’imprimerie.
Par ailleurs on peut s’émouvoir des choix culturels de moins en moins libres et
des contenus mouvants…
Avec l’apparition du Web son projet est en branle : des centaines d’œuvres
sont numérisées en mode texte par des milliers de volontaires.
21
22