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TOME 3
- Cependant, mon conseil sera de toujours consulter une Bible sur papier ( ou
au moins le N.T. ). Lire le contexte d'un passage éclairera souvent celui-ci.
A la page 63, un voyage Éphèse Troas par voie de terre a été retenu
4
" La Loi est devenue notre précepteur [ un gardien ] menant à Christ [ nous
conduisait à l'école, celle du Christ] , [ nous servit-elle de pédagogue ] , pour que
nous soyons déclarés justes en raison [ de la révélation ] de la foi. Mais maintenant
que la foi est arrivée [ est là ] , nous ne sommes plus sous un précepteur [ un
pédagogue ] , [ nous n'avons plus à suivre celle qui nous mène à l'école ] ."
- Galates 3 : 24,25.
Pendant que l'apôtre se rend d'un lieu après l'autre pour mettre les choses
au clair et affermir les chrétiens dans leur nouvelle foi, listons quelques points
forts du Deuxième voyage missionnaire avec son itinéraire ( voir Tome 2 ).
..................................................
Mais voici que Luc se lance dans une assez longue et inattendue
parenthèse pour nous parler d'un certain Apollos. Qui est-il et pourquoi cette
digression du narrateur ? Lisons :
(* - Alexandrie )
Le grand port de l’Égypte sur la Méditerranée. Son nom lui vient d'Alexandre
le Grand qui ordonne sa construction en 332 av. n. ère.
Une ville cosmopolite ( Grecs, Syriens, Italiens ... ), mais les Juifs sont
aussi très nombreux. Du temps de Tibère, environ un tiers de la population,
selon certains commentateurs. Ils descendent de réfugiés ayant fui en Égypte
après la destruction de Jérusalem par les Babyloniens, au 7ème s. av. n. ère.
(*- Philon )
Un philosophe juif, à peu près contemporain de Jésus. Non seulement
influencé par Platon dont il adopte la pensée - mais aussi sur certains points
par Aristote et par les stoïciens -, il incarne la synthèse de la philosophie
grecque et du judaïsme. Il défend une théologie négative, où Dieu est
l'indicible et l'incompréhensible. C'est avant tout un penseur allégorique. Une
méthode prônée par les écoles grecques et adoptée par les Juifs. Ces
derniers l'utilisent pour justifier aux yeux des Grecs l'étrangeté de certains
préceptes de la Loi. D'où une exégèse allégorique du Pentateuque.
"Cet homme avait été instruit oralement dans [ la doctrine chrétienne ] , [ de ce qui
regarde le chemin pour aller au Seigneur ] , [ la Voie ] et, comme il était brûlant de
l'esprit, il parlait [ avec enthousiasme ] , [ ferveur ] et enseignait avec exactitude [ de
façon correcte ] les choses qui concernaient Jésus ".
Luc dit que cet homme était "brûlant" de l'esprit. Paul utilise lui aussi cette
expression dans la lettre qu'il écrira plus tard depuis Corinthe aux chrétiens
de Rome : "Soyez brûlants de l'esprit" - Romains 12 : 11.
D'après les biblistes, le mot rendu par "brûlants" signifie littéralement
"bouillants" - ( Nouveau Testament interlinéaire grec/français, M. Carrez ).
Autrement dit, Apollos est très zélé dans l'expression de sa foi. Un bibliste
suppose qu'il était peut-être un marchand itinérant et a ainsi pu rencontrer
des prédicateurs chrétiens dans un des nombreux endroits où il s'est arrêté.
Mais ce n'est qu'une hypothèse.
Printemps 29
Printemps 33
Note de la version Parole vivante au sujet des disciples qui doivent être
baptisés: "C'est-à-dire ceux qui le sont devenus ; ceux qui croiront à la Bonne
Nouvelle. C'est ainsi, en tout cas que les apôtres ont compris cet ordre du
Seigneur".
voyages ). Mais peut-être aussi pour écouter ce prédicateur qui suscite tant
de commentaires élogieux.
Ils l'invitèrent chez eux. Sans doute ont-ils abordé le sujet avec tact et
bienveillance pour ne pas lui donner l'impression d'une critique. Aquila et
Priscille ne manquent pas de délicatesse, mais ils trouvent de plus un homme
tout disposé à se laisser instruire. Eux-mêmes ont sans doute beaucoup
appris au cours de leurs entretiens avec Paul, tandis qu'ensemble ils
confectionnaient des tentes. En vrais compagnons d’œuvre, ils partagent
généreusement ce qu'ils ont reçu. Apollos, désireux d'apprendre, ne se
contente pas d'entendre. Il écoute, et s'imprègne "point par point" de la
Vérité.
Par la suite, jugeant sans doute être plus utile ailleurs, il décide de partir
d’Éphèse pour se rendre en Achaïe. Une région située dans le sud de la
Grèce actuelle et devenue depuis 27 av. n. ère province sénatoriale.
Ses compagnons chrétiens éphésiens, désormais tout à fait confiants en sa
capacité d'enseigner correctement le christianisme, écrivent une lettre de
recommandation aux disciples ( probablement de Corinthe ), les exhortant à
lui faire bon accueil. Et lui, leur a-t-il donné satisfaction ?
"[ Dès son arrivée là-bas ], il aida beaucoup [ fut très utile à ] ceux qui avaient cru à
cause de la faveur imméritée de Dieu ; car avec force et en public, [ avec des
arguments solides ] il prouvait pleinement que les Juifs avaient tort, [ réfutait
publiquement les objections des Juifs ] tandis qu'il démontrait par les Écritures que
Jésus était le Christ [ le Messie promis ]".
Nous reparlerons d'Apollos quand Paul écrira sa Première lettre aux
Corinthiens, dans environ 2 ans. Pour l'instant, intéressons-nous à l'arrivée
de l'apôtre dans cette ville d’Éphèse, vers 53 de n. ère.
Éphèse
Fondée vers 1000 av. n. ère, cette ville sur la côte ouest de l'Asie Mineure,
au débouché du fleuve venu de Lydie, le Caÿstre ( auj. küçük Menderes ),
connaît les mêmes vicissitudes politiques que les autres cités grecques de la
région dans leurs rapports avec les royaumes et empires continentaux.
Au milieu du 7ème siècle av. n. ère, les Cimmériens ( des nomades venus
de la mer Noire ), pillent l'Asie Mineure.
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Aux alentours de 55O av. n. ère, la voilà vassale de la Lydie ( roi Crésus ).
Puis de l'Empire achéménide. Le roi Cyrus soumet les villes ioniennes,
Éphèse comprise.
En 334 av. n. ère, Alexandre au cours de sa campagne contre la Perse
devient son nouveau maître.
Ensuite elle est mêlée à la bataille pour le pouvoir que se livrent les
successeurs d'Alexandre après sa mort en 323.
Incorporée au royaume de Pergame, le roi Attale III, sans descendant, lègue
la ville à Rome. Elle est englobée dans la province romaine d'Asie.
Éphèse est une ville prospère grâce à son intense activité commerciale et
bancaire - monnaie d'électrum (alliage or-argent ) - dès la fin du 7ème s. av.
n. ère ).
Son port, situé sur la principale voie reliant Rome à l'Orient et la proximité
de celui-ci de l'embouchure du Caÿstre ( et ses bassins fluviaux ), fait d'elle le
point de jonction de plusieurs voies commerciales terrestres d'Asie Mineure.
Des routes la relient aussi aux principales villes du district d'Asie
Quand Paul arrive à Éphèse, loge-t-il chez Aquila et Priscille ? Est-ce par
eux qu'il fait la connaissance du petit groupe de disciples à qui il demande :
"Avez-vous reçu de l'esprit saint quand vous [ avez embrassé la foi ] êtes devenus
croyants ?"
Leur réponse doit sans doute tout d'abord le déconcerter :
"Mais nous n'avons même pas entendu dire qu'il y ait un esprit saint ".
Il craint alors de comprendre :
"Quel baptême avez-vous donc reçu ?"
"Le baptême de Jean", répondent-ils.
Comme Apollos. Encore des disciples de Jean-Baptiste. Il faut leur expliquer
la signification de ce baptême et à quoi il devait conduire.
Note de Parole vivante : "Étant disciples de Jean-Baptiste, ces hommes
avaient dû entendre leur maître prédire que le Messie baptiserait du Saint-
Esprit, mais ils ne savaient pas que cette prophétie était déjà réalisée".
Paul leur dit alors :
"Jean baptisait ceux qui acceptaient de changer de comportement [ de conduite ] ,
[ en symbole de repentance ], et il disait [ aussi ] au peuple d'Israël de croire en
celui qui allait venir après lui, c'est-à-dire en Jésus ".
En entendant cela, ils se font baptiser au nom du Seigneur Jésus.
"Et quand Paul posa les mains sur eux, l'esprit saint vint sur
eux, et ils se mirent à parler en [ diverses ] langues et à
[ donner des messages reçus de Dieu ] prophétiser".
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En bref
Le temple archaïque
Avant le règne de Crésus de Lydie, la déesse-mère Cybèle est la figure
principale de la vie religieuse de la région centrale de l'Asie Mineure. Dans le
but de créer un emblème religieux qui conviendrait tant aux Grecs qu'aux
non-Grecs, ce roi déduit fort à propos qu'un lien généalogique existe entre
Cybèle la phrygienne et le panthéon grec de la mythologie.
Sur l'emplacement d'un sanctuaire plus ancien ( ce site a déjà été plusieurs
fois un lieu de culte ), entre 560-540 av. n. ère est bâti un temple dédié à la
déesse prenant désormais la succession de Cybèle : Artémis. Le roi
richissime lui apporte tout son soutien financier.
Ses dimensions colossales, sa double rangée de colonnes périptèrale pour
laisser un large passage cérémonial autour de la cella, la richesse de sa
décoration en font un chef-d’œuvre de l'architecture grecque. Jamais
auparavant on n'avait utilisé d'aussi gros blocs de marbre pour édifier un
bâtiment de ce genre et de cette taille. On dit même que l'or aurait été utilisé
au lieu du mortier pour remplir les joints entre les blocs de marbre ! Son
classement comme l'une des Sept Merveilles du monde n'est pas usurpé.
Mais le temple est incendié par un malade mental dénommé Érostrate.
Obscur citoyen d’Éphèse, le pyromane voulait laisser son nom dans
l'Histoire. Chose faite. Les dates diffèrent selon les sources. Le doigt de la
légende pointe le 21 juillet 356 av. n. ère - le jour même de la naissance
d'Alexandre !
Le temple hellénistique
Une vingtaine d'années plus tard, Alexandre le Grand propose de financer la
restauration du temple. Les Éphésiens refusent poliment. Là aussi les motifs
supposés diffèrent. Par superstition, parce que la date de naissance du
conquérant coïncide avec celle de l'incendie ? Ou pour l'obligation qu'il met
s'il se charge des dépenses ? Lisons à ce propos, avec précaution, l'historien
grec Strabon : "à condition que son nom figurerait dans l'inscription
dédicatoire du nouveau temple". - Géographie de Strabon ( XIV, 1, 22 )
La reconstruction est financée par plusieurs cités auprès desquelles le
temple fait fonction de banque. "Les Éphésiens [ ... ] y contribuèrent tous par
l'abandon des bijoux de leurs femmes ou de leurs biens particuliers et par la
mise en vente des colonnes de l'ancien temple". - ibidem.
On confie cette tâche à l'architecte Dinocrate de Rhodes( celui de la ville
d'Alexandrie ). Pour l'intérieur du temple "restait à se procurer toute la partie
décorative, tous les objets d'art : les Éphésiens y réussirent grâce à un rabais
énorme consenti par les artistes : c'est ainsi que l'autel principal se trouve
décoré presque exclusivement d’œuvres de Praxitèle". - ibidem , 1, 23.
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Que fait Paul pour toucher le plus grand nombre de personnes à la fois ? Il
n'est pas difficile de répondre, puisqu'il suit l'exemple de Jésus ( voir Luc 4:16
et Matthieu 4:23 ), devenu une habitude pour le missionnaire :
"Paul se rendit régulièrement à la synagogue et, pendant trois mois, il y prit la
parole [ parla avec hardiesse ] , [ librement ], faisant des discours [ avec une grande
assurance ] , [essayant de persuader ] , [ convaincre ] , [ses auditeurs ] au sujet du
royaume de Dieu".
Dans une aussi grande ville ( plus de 250 000 habitants ! ), peut-être ne se
contente-t-il pas de la synagogue la plus proche de son habitation mais fait-il
le tour de tous ces lieux de culte dont le nombre reste inconnu. Ce qui ne
surprendrait pas chez un homme aussi déterminé.
On ne sait pas si quelques-uns de ses auditeurs prennent position pour le
christianisme. Mais comme dit le proverbe " Tant va la cruche à l'eau qu'à la
fin elle se casse". Ce que confirme Luc :
1 : "Mais plusieurs [ un certain nombre de Juifs ] s'entêtaient, refusaient de croire
[ fermaient leur cœur au message ] , [ s'endurcissaient ] et se moquaient [ parlant en
mal de la Voie ] , [ allant jusqu'à calomnier le Chemin ] devant l'assemblée. Alors
Paul finit par les quitter [ se sépara d'eux ] ...
2 : " ... il emmena les disciples avec lui".
Peut-être des disciples de fraîche date, venus de la (ou des ) synagogue (s)
où Paul a donné un témoignage régulier. Ce que semble confirmer cette
précision :
" ... et leur parla [ poursuivit son enseignement ] chaque jour dans l'école d'un
certain Tyrannus".
Note de Parole vivante : "Certains manuscrits ajoutent : de la cinquième à la
dixième heure, c'est-à-dire de 11 h à 16 h".
Pourquoi continuer à perdre son temps avec des gens qui non seulement
sont hermétiques à la Bonne Nouvelle, mais s'opposent vivement en utilisant
la calomnie. Ce serait comme "jeter des perles aux pourceaux", selon
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fait des projets pour l'extension de l’œuvre dans toute la région. Et ce jusque
très tard dans la soirée, voire de nuit. Ce qu'il rappellera un jour :
"Je ne me retenais pas de vous annoncer toutes les choses qui étaient profitables
[ utiles ] et de vous enseigner ... [ de vous conseiller un à un ] pendant trois ans,
nuit et jour ..." - Actes : 20 : 20, 31.
Mais que fait-il le matin, depuis le lever du soleil jusqu'à 11h ? Il travaille de
ses mains, comme la plupart de ceux qui viendront l'écouter, pour subvenir à
ses besoins. Peut-être à la fabrication de tentes avec ses amis Aquila et
Priscille :
" Vous savez vous-mêmes que ces mains ont pourvu à mes besoins [ assuré le
nécessaire pour moi et ceux qui étaient avec moi ] " - Actes 20 : 34.
Pendant deux ans, il répond présent pour apporter à tous la Bonne Nouvelle
du Royaume de Dieu avec Jésus-Christ ressuscité à sa tête. S'il a conservé
ce rythme quotidien rigoureux pendant deux années entières, le calcul est
vite fait : il a passé plus de 3 000 heures à enseigner dans cette école.
En bref
Les bibliothèques :
Ninive, en 650 av. n. ère : palais d'Assourbanipal ( appelé Asnappar dans la
Bible ), souverain de l'Assyrie, de l’Égypte et de la Babylonie. Des charriots
lourdement chargés reviennent des quatre coins de l'Empire. Ils transportent
de grosses jarres en terre remplies de tablettes d'argile rectangulaires. Des
documents sur des transactions commerciales, ou la relation de coutumes
religieuses, couverts de textes législatifs, lexicographiques, administratifs,
médicaux, de problèmes ou de formules mathématiques ...
Pas facile d'écrire sur cette surface rêche et fibreuse. Les raccords des
lamelles guident la main du scribe. Il utilise avec précaution un calame, ou
plume en roseau, pour ne pas faire un accroc au papyrus, la feuille pouvant
ensuite se déchirer. Son encre est faite à partir d'un mélange de suie et de
gomme. Sous forme de bâton, il faut la délayer avec de l'eau dans un encrier.
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Holyland Photos
la-vérité-sur-la-bible.skynetblogs.be/archive
yossef-abehssera.over-
blog/categorie
En bref
Le parchemin :
A partir du 3ème siècle de n. ère, un produit plus fin, le vélin, fait son
apparition. Ce parchemin, souple, très solide et léger, se répand très vite et
supplante progressivement le papyrus. De bonne conservation, il a aussi
l'avantage d'être réutilisable ( l'encre pouvant être grattée, lui rendant son
aspect d'origine ). Grâce à son épaisseur et à sa contexture, il a l'avantage
de pouvoir recevoir de l'écriture des deux côtés. De plus, il présente assez de
résistance et de solidité pour servir à la confection de livres de forme
analogue aux nôtres, c'est-à-dire composés de feuilles distinctes, de
moyenne ou de petite dimension, et réunies par une couture dans la marge
du fond. Ce seront les codices ( singulier codex ).
Avec leur couverture plate de bois ou de cuir, bien plus maniables que les
rouleaux et si commodes à consulter, le succès ne tarde pas. Les chrétiens
joueront à cet effet un rôle en le privilégiant.
bluesperans.blogspot.com/p/cartes
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Créée à partir de la
majuscule et de
l'ancienne cursive
romaine, l'onciale est
l'écriture des codex,
idéalement adaptée à la
plume.
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"Tu les écriras sur les montants de la porte de ta maison" - Deutéronome 11:20.
" Lorsque tu auras traversé le Jourdain pour entrer au pays que Yahvé [ Jéhovah ]
ton Dieu te donne, tu dresseras de grandes pierres et tu les enduiras de chaux [ ... ]
et tu écriras dessus toutes les paroles de cette Loi [ torah ]" - ibidem 27 : 2 et 3.
En Israël, tant le père que la mère enseignaient leur progéniture dès son
plus jeune âge :
"Ces paroles que je vous dis [ ... ], enseignez-les à vos enfants" - ibidem 11:18et19.
Que fait le prêtre Zekaria ( Zacharie ) quand on lui demande quel nom il
veut donner à son fils ? Comme il a perdu l'usage de la parole, il réclame par
gestes une tablette sur laquelle il écrit "Jean est son nom".
La tablette
On écrit sur la tablette de cire des textes d'usage éphémère avec un petit
instrument d'os, de fer, de cuivre ou d'argent, long d'une dizaine de cm,
mince, pointu à une de ses extrémités ( pour tracer l'écriture ), et l'autre
aplatie ( pour lisser la cire et faire disparaître la lettre ou le mot réprouvé ).
C'est le style ( stylet ). La surface rendue unie, un autre mot peut se
substituer au précédent. Commerçants et fonctionnaires s'en servent
couramment.
Un spécialiste des langues sémitiques pense que parmi les Juifs seuls les
notables lettrés de Palestine, quelques Pharisiens et des enseignants comme
Nicodème ( et bien sûr Gamaliel - voir Premier Voyage de Paul ), possédaient
leurs rouleaux personnels. Une question de coût. Il estime de six à dix
deniers le prix d'un exemplaire du prophète Isaïe. D'après lui les Écritures
hébraïques au complet représentaient 15 à 20 rouleaux. Pour la totalité, il
fallait débourser l'équivalent d'une demi-année de salaire. Inaccessible aux
plus pauvres.
Au premier siècle, la plupart des Juifs - sinon tous - savent donc lire et
écrire. Pour enseigner le christianisme, les disciples ont besoin non
seulement de savoir ce que Jésus a dit et fait, mais aussi de comprendre
comment la Loi et les prophéties s'appliquent au Christ. La lecture de
documents anciens ainsi que celle de la version en grec des Écritures
saintes, la Septante, leur est indispensable. Rappelons-nous comment à
Bérée, beaucoup sont devenus croyants en compulsant de tels écrits.
Loin de s'en remettre à la seule transmission orale, souvent peu fiable, les
disciples s'emploient beaucoup à étudier, lire et écrire. De plus, le Christ lui-
même leur avait promis une aide. Laquelle ? Lisons :
"Il alla d'abord trouver son frère Simon ( Pierre ) et lui dit : Nous avons trouvé le
Messie" - voir Jean 1 : 41.
Vers la fin de son séjour à Éphèse, Paul écrira aux chrétiens de Corinthe :
Peut-être avez-vous noté dans cette liste cinq villes sur les sept citées dans
le livre rédigé par l'apôtre Jean vers la fin du premier siècle - voir Apocalypse
( ou Révélation ) chapitres 2 et 3 . Celles de Colosses et d'Hiérapolis sont
absentes de l'écrit johannique ; mais Laodicée ainsi qu’Éphèse y figurent.
Que sait-on de ces villes ? Où se situaient-elles exactement par rapport à
Éphèse ?
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bleublancturc.com
Un peu plus loin, quand un événement inattendu mettra Paul dans une
situation particulièrement délicate, nous ajouterons quelques données à ce
que nous savons déjà sur cette ville.
Polycarpe naîtra dans cette ville aux environs de 69, de parents chrétiens.
Instruit, selon Irénée, entre autres par les apôtres, il sera nommé surveillant
de l’Église de Smyrne et mourra en martyr sur le bûcher le 23 février de l'an
155.
Avec Eumène II, son immense bibliothèque rivalise avec celle d'Alexandrie
( voir plus haut ). Il bâtit un autel monumental en marbre pour commémorer
sa victoire sur les Gaulois.
Reconstruite au début du 3ème siècle av. n. ère par Séleucus Nicator, la cité
se trouvait à l'intérieur des terres, à environ 60 km de la mer Égée, sur un
affluent du fleuve Gediz ( l'ancien Hermus ).
Elle devient un centre industriel prospère, réputé pour ses nombreux métiers
et pour son commerce de teinture. Mentionné par Luc à propos de Lydie, une
marchande de pourpre de cette ville et qui se convertit au christianisme à
Philippes de Macédoine - voir Deuxième voyage de Paul, page 37.
On suppose que le message parvient dans cette ville pendant les deux
années ( vers 53-55 ) où Paul prêche à Éphèse, à quelque 115 km au sud-
ouest. Une seule certitude, environ 40 ans plus tard, on peut y voir une
congrégation chrétienne assez dynamique.
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Antiochus II, souverain séleucide, la rebâtit au 3ème siècle av. n. ère et lui
donne un nom dérivé de Laodice, son épouse. A environ 150 km d’Éphèse,
cette ville phrygienne se trouve dans la fertile vallée du Lycus, à la jonction
de grandes voies commerciales.
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Un souci cependant : il faut faire venir l'eau de très loin au moyen d'un
aqueduc puis à travers des canalisations faites de pierres cubiques forés en
leur milieu et cimentés ensemble. Elle est probablement tiède quand elle
arrive dans la ville.
De Rome, Paul écrira vers 60-61 une lettre aux chrétiens de Colosses, la
ville voisine. On apprend par lui que des coreligionnaires se réunissent à
Laodicée dans la maison d'une chrétienne nommée Nympha. De plus, les
efforts déployés par Épaphras, originaire de cette ville, ont sans doute
contribué à la formation d'une congrégation. Paul ne se rendra pas en
personne à Laodicée mais le bonheur de cette assemblée lui tient à cœur.
Comment le savons-nous ? A propos de sa lettre adressée aux Colossiens, il
donne cette recommandation :
"Lorsque cette lettre aura été lue chez vous, faites en sorte qu'elle soit aussi lue
dans la congrégation [ assemblée ] , [ communauté ] des Laodicéens. Lisez à votre
tour celle qui vous arrivera [ sera transmise ] de Laodicée" - voir Colossiens 4 : 16.
Paul aborde parfois un même thème pour des destinataires différents. Par
exemple, on peut voir non seulement des similitudes entre la lettre aux
Colossiens et celle aux Éphésiens, mais selon un bibliste dans celle aux
Colossiens figurerait près de la moitié du contenu de celle aux Éphésiens,
sous une forme plus ou moins identique. Comme il écrira les deux épitres à
peu près en même temps et que les problèmes vécus par les destinataires lui
sembleront analogues ( sans oublier la proximité des deux villes ), il jugera de
donner le même genre de conseils. Nous en reparlerons quand il sera à
Rome.
..........................................................
Voilà pour les 7 villes nommées par l'apôtre Jean vers la fin du 1er siècle.
Toutes ont-elles bénéficié de la longue présence de Paul à Éphèse ? Difficile
de ne pas le croire. D'autant plus que deux autres villes à proximité
immédiate de Laodicée, mais où il semble n'avoir jamais mis les pieds, sont
implicitement ou directement citées dans une de ses lettres : Hiérapolis et,
bien sûr, Colosses.
Fondée vers la fin du 2ème siècle av. n. ère par Eumène II, roi de Pergame
( son nom viendrait de Hiéra la femme de Téléphore, fondateur légendaire de
Pergame ). La cité située au sommet de la colline de Pamukkale est mise en
valeur par deux phénomènes naturels :
1) Une eau naturellement chaude censée rajeunir et guérir bien des maux.
Cléopâtre se serait baignée dans une des piscines thermales.
2) Le dieu chthonien Pluton ( l'Hadès des grecs ) avait un oracle dans les
sous-sols du temple d'Apollon bâti sur une faille d'où sortaient des vapeurs
délétères. L'historien romain Dion Cassius rapporte que ces exhalations
naturelles ( en fait au dioxyde de carbone ) tuaient tous les êtres vivants sauf
les eunuques préposés au rite.
Autrefois très importante ( Hérodote en parle même dès le 5ème siècle av.
n. ère comme d'une "grande ville de Phrygie", au 1er siècle, en raison des
modifications du système routier, elle n'est plus qu'une petite cité. Les villes
voisines, Laodicée et Hiérapolis l'ont supplantée. Elle reste cependant
renommée pour sa belle laine d'une teinte rare désignée par l'adjectif
kolossénos.
Petit Quizz
Épaphras !
Épaphras
" 'Énoch marcha avec Dieu, et il ne fut plus, parce que Dieu le prit ' ( Genèse 5:24 ).
Que c'est bref ! et pourtant que c'est vaste, que c'est complet ! Combien de
volumes les hommes auraient remplis des détails d'une telle vie ! Marcher
avec Dieu, cela comprend tout ce qu'il est possible de dire d'un individu. Un
homme peut faire le tour du globe, il peut prêcher l'évangile sous tous les
climats, il peut souffrir pour la cause de Christ, il peut nourrir ceux qui ont
faim, vêtir ceux qui sont nus, visiter les malades ; il peut lire, écrire, imprimer
et publier des livres d'édification ; en un mot, il peut faire tout ce qu'il serait
possible à l'homme de faire ; et avec tout cela, sa vie entière pourrait être
résumée en cette courte phrase : 'il a marché avec Dieu'".
Le nom "Épaphras " n'apparaît que trois fois dans l'Écriture. Il est en effet dit
peu de chose de lui, suffisamment, toutefois, pour dépeindre son caractère
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Colosses
Hiérapolis
Laocicée
Philadelphie
Sardes
Thyatire
Paul vise Éphèse comme un centre urbain clé, aussi bien pour les voies
maritimes que terrestres. Le nœud de communication par excellence vers
toutes les parties de l'Asie. En faisant connaître la Bonne Nouvelle à
l'intérieur des terres, Épaphras agit en qualité de représentant de l'apôtre et
le message chrétien a pu donner naissance à des "églises filles" comme les
appelle un commentateur - les six situées sur la route principale partant
d’Éphèse -, au cours des années où Paul a certainement organisé et
supervisé le témoignage non seulement dans la ville mais aussi extramuros.
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On comprend mieux pourquoi vers la fin de son séjour, Paul écrira aux
Corinthiens :
" Par toute la terre est sorti le bruit qu'il font [ leur voix a retenti ], et jusqu'aux
extrémités de la terre habitée leurs [ paroles ] discours " - Romains 10:18.
Les tissus : peut-être des mouchoirs noués sur son front pour empêcher la
sueur de couler dans ses yeux. Est-ce déjà l'été 54 ?
Les tabliers : comme ceux portés par des artisans. Le mot grec simikinthion
désigne souvent quelque chose qui se noue au niveau de la ceinture pour
couvrir une partie du corps sous la taille. D'où la déduction qu'il exerçait bien
son métier de fabricant de tentes durant son temps libre, peut-être tôt le
matin. Confirmation de "ces mains ont pourvu à mes besoins".
l'a pas déçue. - voir Luc 8: 43,44. A retenir que ces bouts de tissus n'ont
évidemment aucune puissance magique en eux-mêmes. Ils sont la preuve
que Dieu bénit, confirme et endosse le ministère de Paul. L'apôtre ne fait
donc pas ces prodiges de son propre chef. Dieu accomplit ces œuvres
extraordinaires en se servant de Paul.
"Mais quelques-uns parmi les Juifs itinérants, qui faisaient métier de chasser les
démons [ des exorcistes ambulants ], entreprirent de nommer [d'invoquer ] ,
[ essayèrent d'utiliser ] , eux aussi, le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient
des esprits méchants, en disant : 'Je vous ordonne solennellement par Jésus que
Paul prêche'".
Au premier siècle, des Juifs ont fait de l'exorcisme un métier lucratif. Flavius
Josèphe rapporte même cette croyance de ses compatriotes à propos de
Salomon :
"Comme il avait composé des incantations pour conjurer les maladies, il a
laissé des formules d'exorcisme pour enchaîner et chasser les démons, de
façon qu'ils ne reviennent plus. Et cette thérapeutique est encore très en
vigueur jusqu'ici chez nous"...
Sans doute cette superstition a-t-elle incité les jaloux à utiliser pour leur
propre compte la même formule que Paul, puisqu'ils sont témoins de son
succès.
Ce que s'empressent de faire les sept fils de Scéva, un prêtre en chef juif.
Luc nous relate avec une certaine ironie leur cocasse mais tragique
aventure :
"Mais l'esprit mauvais [ méchant ] leur répondit : "Je connais Jésus et je sais qui
est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ?".
Quel est le problème ? Les fils de Scéva ont pourtant utilisé le nom de
Jésus. Mais ce n'est pas suffisant. Pourquoi ? Parce qu'ils n'ont aucune
relation avec le Christ. Cette lacune est un gouffre. Ils prononcent alors des
mots vides de puissance et d'autorité. Ils comptent sur une méthodologie et
non sur Jésus lui-même. L'esprit méchant leur conteste leur droit d'invoquer
l'autorité que ce nom représente et pousse le possédé à les attaquer et à les
brutaliser. Par contre, les apôtres fidèles du Christ ont été autorisés à se
servir de son nom avant comme après sa mort ( voir Luc 9:1 ; 10:17 ; Actes
46
"Un grand nombre de ceux qui avaient pratiqué la magie apportèrent leurs livres
[ de sorcellerie ] et les brûlèrent devant tout le monde". - Actes 19 : 19.
Note de la Bible des peuples : "La conversion vraie de ceux qui confessent
leurs pratiques de magie et brûlent des livres extrêmement chers vaut bien
des guérisons"
Dans une ville saturée d'arts magiques et où la vie du peuple est gouvernée
par les superstitions, la divination et la recherche des présages, comment ne
pas rester bouche bée en voyant tout ces gens renoncer ainsi publiquement
à de précieux ouvrages sur des pratiques occultes.
Après l'humiliation publique des fils de Scéva avec leur tentative manquée
d'exorcisme, puis le feu de joie des ouvrages contenant formules magiques
et mots incantatoires :
Dans le livre des Actes d'apôtres, on ne rencontre que deux autres fois cette
expression "la parole de Dieu continuait à croître" (voir Actes 6:7 ; 12:24). Dans
ces trois passages, "la parole de Dieu" désigne bien sûr la Bonne Nouvelle,
autrement dit le message exaltant de la vérité divine. Un message si vivant et
puissant qu'il parvient à transformer la vie de ceux qui l'acceptent. Quand il
écrira aux chrétiens hébreux de Judée, Paul dira d'une belle façon imagée
que la parole de Dieu, plus acérée qu'une épée à double tranchant, pénètre
jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, des jointures et de leur moelle.
Ajoutant qu'elle possède la faculté de discerner les pensées et les intentions
du cœur. Inutile de chercher plus loin la motivation de ces nouveaux croyants
pour faire si joyeusement un autodafé de leurs dangereux parchemins.
Le temps passe. Depuis combien de temps Paul enseigne-t-il de 11 heures
48
Si Paul avait besoin d'être accrédité publiquement par les marques d'une
autorité supérieure, c'était bien dans cette ville d’Éphèse superstitieuse entre
toutes, où théurgie et goétie font bon ménage. Après l'échec notoire des
exorcistes juifs, suivi de la destruction par le feu de leurs livres de magie par
les nouveaux chrétiens désormais résolus à suivre fidèlement la Voie ( sans
doute des rouleaux, des feuilles volantes couvertes de formules incantatoires,
et des amulettes ), le missionnaire forme de nouveaux projets.
"Après ces événements, Paul forma le projet [ se proposa ceci dans son esprit :
après avoir traversé la Macédoine et l'Achaïe ] d'aller à Jérusalem. "Quand j'y serai
allé, disait-il, [ il faut ] aussi que je me rende à Rome". - Actes 19 : 21.
Fin 54 ou début 55, des nouvelles alarmantes lui parviennent au sujet des
chrétiens corinthiens. Parmi celles-ci figure la formation de clans. Certains
voient en l'éloquent Apollos leur chef, tandis que d'autres lui préfèrent Paul ou
Pierre, ou se réclament exclusivement du Christ ( en niant par là l'autorité de
ses représentants ).
De plus, pour montrer qu'il ne s'agit pas de rumeurs non fondées, l'apôtre
fait aussi mention de trois hommes de Corinthe très inquiets de l'influence
d'un climat aussi malsain sur la spiritualité de leurs frères et venus exprès le
voir pour lui fournir des renseignements précis sur la situation: Stéphanas,
Fortunatus et Achaïcus.
L'arrivée des trois messagers le réjouit, " parce qu'ils ont suppléé à votre
absence [ vous me manquiez ]" écrit-il. Leur rapport l'aide à se faire une idée
précise de la situation. Après tout, les choses ne sont pas réellement
dramatiques. Profondément soucieux du bien-être spirituel des croyants de
cette grande ville, Paul rédige cette lettre connue comme la première aux
Corinthiens, en précisant :"Mais je reste à Éphèse jusqu'à la fête de la Pentecôte".
51
Après son départ, Paul a déjà envoyé au moins une lettre aux Corinthiens
pour traiter une affaire d'importance. Il en parle très nettement par ce rappel :
"Dans ma lettre je vous ai écrit ... Mais maintenant je vous écris de ... " - voir 5:9,11.
Comme déjà précisé précédemment pour les deux lettres écrites par Paul
aux chrétiens de Thessalonique et celle envoyée à ceux de Galatie, cet
ouvrage en quatre volumes a pour principal objectif de couvrir les trois
voyages missionnaires de Paul et son dernier déplacement à Rome en tant
que prisonnier de l'Empire. Donc d'éviter de longs commentaires sur son
œuvre épistolaire ( 14 lettres ). D'autant plus qu'il faudrait pour elles seules
au moins un volume de 200 pages ! Néanmoins, puisque Apollos ( celui dont
les lacunes sur le christianisme ont été comblées par Priscille et Aquila ) se
retrouve mêlé à des divisions, on peut s'interroger sur ses actions réelles à
Corinthe. Est-il coupable de fomenter des clans ? Pendant la rédaction de
l'épître, il doit se trouver à Éphèse ( invité par Paul pour s'expliquer ? ) ou non
loin puisque l'apôtre déclare :
"Quand à notre frère Apollos, je l'ai beaucoup encouragé [ prié ] à venir aussi chez
vous avec les frères, mais ce n'était décidément pas sa volonté [ il ne veut pas du
tout le faire ] maintenant ; il viendra quand il en aura l'occasion [ cela lui paraîtra
opportun ]". - voir 1 Corinthiens 16:12.
Les deux hommes prêche le même message, mais leurs personnalités sont
différentes. De son propre aveu, Paul est "inexpérimenté quant à la parole".
Apollos, lui, est un "homme éloquent". ( voir 2 Corinthiens 11:6 et Actes 18:24 ).
Grâce à ses aptitudes d'orateur, il trouvait des oreilles attentives dans la
communauté juive de Corinthe. Alors que Paul, peu avant, avait dû quitter la
synagogue. Selon une hypothèse avancée par des commentateurs, la
passion innée des Grecs pour les discussions philosophiques ( colorées et
émaillées d'allégories ) a pu les amener eux-aussi à préférer la démarche
plus stimulante d’Apollos. Sans que ceci ne signifie que Paul et Apollos soient
en désaccord. Ni ne se disputent l'affection des Corinthiens. Loin de s'ériger
en chef de faction, Apollos avait d'ailleurs quitté la ville. Pas de désunion ni
de rivalité entre eux. Paul connaît bien les hommes. S'il a des doutes sur
quelques Corinthiens - il le dira ouvertement -, par contre cette simple phrase
prouve comment les deux prédicateurs travaillent en complète harmonie :
"Qu'est-ce donc qu'Apollos ? Oui, qu'est-ce que Paul ? Des ministres [ des
serviteurs ] grâce auxquels [ par le moyen desquels ] vous êtes devenus croyants.
J'ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu faisait croître; si bien que ni celui qui plante
n'est quelque chose ni celui qui arrose [ le semeur ni l'arroseur ], mais Dieu qui fait
53
croître. Or celui qui plante et celui qui arrose sont un ..." - 1 Corinthiens 3:5-8.
Paul met ici l'accent sur leur complémentarité. Il dit clairement que tous
deux sont "un", ou littéralement "une (chose)", en grec hén, neutre, pour
indiquer l'unité dans la coopération.
Dans sa lettre, Paul aborde de nombreux sujets bien plus inquiétants à ses
yeux que cette supposée rivalité entre lui et Apollos. Impatient de savoir
comment elle sera accueillie et quelle suite ses correspondants vont lui
donner, au moment où il en dicte à Sosthène la première partie il leur
annonce l'arrivée de celui à qui, cinq ans plus tôt, il a demandé de se rendre
à Thessalonique ( voir Deuxième voyage, page 56 ) pour y fortifier les nouveaux
croyants : Timothée :
"Je vous envoie Timothée [...], il vous rappellera mes méthodes pour ce qui est de
Christ Jésus [ mes règles de vie chrétienne ], comme [ qu'elle est la manière dont ]
je les enseigne partout [ en touts lieux ] dans chaque [ église ] congrégation " -
1 Corinthiens 4:17.
Pour avoir déjà collaboré cinq ans avec Paul, le jeune Timothée connaît bien
ses méthodes d'enseignement. Il a prêché avec l'apôtre et Silas à Philippes,
avec Silas à Bérée, puis seul à Thessalonique. Et avec Aquila, Priscille, Silas
et Paul à Corinthe. Il est de même aux côtés de l'apôtre à Éphèse. Malgré sa
jeunesse, on le considère comme un chrétien expérimenté et il peut à coup
sûr apporter une aide remarquable.
Mais pour une raison non précisée, Paul se ravise vers la fin de sa lettre. Il
met carrément ce voyage au conditionnel, voire à l'hypothétique :
Effectivement, quand cette très longue épître est terminée, son auteur la
confie aux trois membres de la congrégation de Corinthe en visite ( voir page
50 ), afin de la remettre à leurs coreligionnaires.
54
Paul dépêche Tite à Corinthe depuis Éphèse par la mer Égée, avec
l'instruction de revenir lui donner des nouvelles dès que possible. S'il achevait
sa mission avant que la navigation cesse pour l'hiver ( vers la mi-novembre ),
il pourrait prendre le bateau pour Troas où ils se retrouveraient alors. On se
souvient que Paul envisage de séjourner à Éphèse jusqu'à la fête de la
Pentecôte ( fin du printemps, mois de Sivân, mai-juin). Lequel projet sera
brutalement contrarié. Nous verrons bientôt dans quelles circonstances.
Au chapitre 15, Paul fait l'une après l'autre deux citations. La première, au
verset 32, est tiré du prophète Isaïe ( 22:13 ). A propos du verset suivant (33):
"Ne vous abusez point [ ne vous y trompez pas ] , [ ne vous égarez pas ]. Les
mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs [ les bonnes habitudes ] ",
un bibliste écrit :
"La parole citée par Paul a été retrouvée dans les fragments de la Thaïs, de
Ménandre, poète comique qui fleurissait au III e siècle avant Jésus-Christ. […]
Nous ignorons si peut-être Ménandre n’avait point emprunté cette sentence à
l’usage commun et en a simplement fait un vers, ou si elle a passé de sa
comédie dans l’usage ordinaire, comme une sorte de proverbe. Paul lui-
même peut l’avoir empruntée soit à l’une, soit à l’autre de ces sources.[…]
Vraie déjà dans son application à la vie morale ordinaire, cette parole l’est
plus encore au point de vue religieux et chrétien. La vie spirituelle s’éteint
dans l’atmosphère d’une société charnelle, et une sorte d’enivrement
surprend bien vite celui qui fréquente celle-ci.
- "Commentaire sur La Première épître aux Corinthiens", par Frédéric Godet,
1902 ( ouvrage publié par Soleil d'Orient en 2008 ).
Pour en terminer avec cette première lettre aux chrétiens de Corinthe, lisons
une partie de la phrase qui a fait ( et fait toujours ) couler beaucoup d'encre -
beaucoup plus, c'est certain, que la quantité utilisée pour l'écrire :
"L'apôtre emploie sans doute cette expression au sens figuré car, étant
citoyen romain, il ne pouvait être condamné à ce supplice". - Note de La
Bible du Semeur :
"Il rencontra une opposition féroce. Il est peu probable que Paul fut jeté aux
lions dans le stade comme on le ferait plus tard à d'autres chrétiens ; en tant
que citoyen romain il était exempt de tels traitements".
- Commentaire de Barry Baggott sur "combattu contre les bêtes" ( voir le
site Internet "chemindeverite.com/media" :
"Le θηριομαχεῖν, combattre contre les bêtes féroces, est pris par presque
tous les interprètes modernes [...] dans le sens figuré : lutter avec une
multitude furieuse ameutée contre lui. C’est dans le même sens qu’Ignace
(Ad. Rom., c. 5) parle des dix léopards (ses gardiens) avec lesquels il a à
combattre jour et nuit durant son voyage (θηριομαχῶ δέκα λεοπάρδοις). En
faveur de ce sens il ne faudrait pas citer le tumulte excité par l’orfèvre
Démétrius ; car cet événement n’eut lieu qu’après la composition de cette
lettre, et Paul ne fit rien alors qui pût justifier l’expression de combattre. Mais
il pourrait s’être passé à Éphèse dans les premiers temps du séjour de Paul
quelque scène analogue [...] A moins d’attribuer à Paul une emphase peu
conforme à son caractère, il sera toujours plus naturel d’appliquer cette
expression au supplice des bestiarii, dans le sens propre du mot.
Y a-t-il eu rencontre avec des bêtes féroces dans une arène ou opposition
d'adversaires éphésiens au comportement bestial ? Deux interprétations,
littérale et figurée. Luc ne dit pas un mot sur une mésaventure aussi
dramatique - ce qui ajoute à l'interrogation - et aucun repère ne permet de la
situer. Par contre, après avoir confirmé le départ de Timothée et d’Éraste
pour la Macédoine, le narrateur enchaîne par ces mots :
"A cette même époque il se produisit des troubles assez graves [ sérieux ] , [ une
grande agitation ] , [ une véritable émeute ] à propos de la Voie [ du Seigneur ] ".
"Camarades ! Vous savez bien que nous devons notre prospérité à l'exercice de ce
métier d'art. Or, vous voyez et vous entendez ce qui se passe, non seulement à
Ephèse, mais dans presque toute la province d'Asie. Ce Paul, avec sa propagande,
a endoctriné les foules pour les persuader que les divinités fabriquées par des
hommes ne sont pas de vrais dieux ; et il a déjà réussi à gagner un tas de gens à
ses vues. Vous vous rendez compte des conséquences ? Il ne s'agit pas seulement
de notre corporation qui risque d'être dénigrée, et de notre gagne-pain qui se voit
menacé, mais, pensez-y, le temple même de la grande déesse Artémis court le
danger de perdre sa renommée. Pire que cela : avant longtemps, la déesse elle-
même, celle que toute l'Asie - que dis-je : celle que le monde entier adore, sera
dépouillée de sa grandeur et de son prestige ".
Tous les ans, entre mars et avril, des foules de pèlerins affluent à Éphèse
pour participer aux fêtes organisées en l'honneur de la déesse. Ce flot de
visiteurs s'accompagne d'une demande importante d'objets de culte, autant
de souvenirs, d'amulettes, d'accessoires pour le culte familial une fois de
retour chez soi. De très vieilles inscriptions retrouvées à Éphèse parlent de la
fabrications de statues d'Artémis en or et en argent. D'autres mentionnent
précisément cette corporation des orfèvres.
Déesse de la fécondité
On la représente parée de ce qui
a été diversement identifié à
de multiples mamelles,
des œufs,
des testicules de taureaux
La partie inférieure du corps,
gainée telle une momie, ornée de
symboles et d'animaux
" 'La Grande Artémis', reine incontestée de la ville qui expose aux regards
troublés sa singulière bisexualité. Pomme d'Adam légèrement saillante,
visage ambigu, tout son corps exalte à la fois la fécondité des femmes et la
fertilité des hommes". [...] Dans ce grand sanctuaire de la Méditerranée
orientale, Artémis Prothée, 'source de toutes choses', mère des dieux, de la
Terre et de la nuit, déesse des astres, du Soleil, de la Lune et des étoiles,
mais aussi thaumaturge, déclenchait les transes. Les initiés à ses mystères
orgiaques avaient sans doute éprouvé son étreinte dans le bois sacré
d'Ortygia, ponctué de statues ...
- Quentin Florence ( Le Monde des Religions n° 24, juillet 2007 ).
Les cérémonies débutent par une grande procession pour fêter la naissance
de leur déesse. et les étrangers accourent en foule à Éphèse pour y assister.
Les réjouissances durent un mois. La ville entière se porte aux jeux
athlétiques disputés au stade, aux représentations théâtrales, aux concerts.
Comme les émeutiers ne parviennent pas à trouver Paul, ils se vengent sur
les deux Macédoniens, ses compagnons de voyage, lesquels se retrouvent à
la merci d'une foule surexcitée sans même pouvoir présenter leur défense.
Une épreuve des plus effrayantes ! Sans doute se demandent-ils même s'ils
vont s'en sortir vivants.
On ne sait pas où se trouvait Paul quand les meneurs l'ont cherché en vain
et, par dépit, ont emmené ses deux amis. Mais aussitôt prévenu de ce
déferlement de violence à leur encontre, l'apôtre veut s'expliquer devant
l'assemblée du peuple en se rendant à l'amphithéâtre. Bel esprit d'abnégation
auquel les disciples présents à ses côtés s'opposent fermement. Si Paul,
désigné par l'orfèvre Démétrius comme le principal responsable de leurs
déboires, se présente devant ces enragés, il risque non seulement d'être
méchamment molesté mais aussi le lynchage.
Aquila et Priscille sont-ils intervenus physiquement pour le soustraire à la
vindicte et le mettre à l'abri ? Faut-il comprendre ainsi la phrase suivante :
60
"Ils ont risqué leur vie pour sauver la mienne" - Romains 16:4, Bible du Semeur.
Des Juifs de la ville, présents parmi cette marée humaine vociférante, ont-ils
peur d'être confondus avec les chrétiens, eux qui vivent tranquilles parmi les
païens ? Ils veulent se mettre à l'abri de la vindicte éphésienne. Ils poussent
vers la tribune un des leurs pour qu'il s'exprime devant la multitude en leur
faveur et prenne la défense de ses coreligionnaires. Alexandre, c'est son
nom, fait un grand signe de la main pour réclamer le silence. Mais dès que la
foule s'aperçoit qu'il est Juif une clameur s'élève, l'empêche de parler, et tous
se remettent à crier en chœur :
"Citoyens d’Éphèse, quel homme au monde ignore que notre cité d’Éphèse est la
gardienne du temple de la grande Artémis et de sa statue tombée du ciel ? C'est là
un fait incontestable. Il faut donc vous calmer et garder votre sang-froid. Ne faites
rien d'irréfléchi ! N'agissez pas avec précipitation ! Vous avez amené ici ces
hommes, mais ils n'ont commis aucun sacrilège dans le temple, ils n'ont dit aucun
mal de notre déesse.
Si donc Démétrius et les artisans de sa corporation ont des griefs contre quelqu'un,
ils n'ont qu'à porter plainte en bonne et due forme ! Il y a des tribunaux et des
magistrats pour cela ! Et si vous avez encore d'autres réclamations à formuler, ou
d'autres affaires à régler, on peut les examiner dans une assemblée légalement
convoquée.
Mais notre attroupement d'aujourd'hui risque de nous faire accuser d'avoir voulu
nous révolter, car en fait, nous ne pourrions alléguer aucune raison valable qui
nous permette de justifier une telle manifestation ".
La réprimande pleine de bon sens du greffier municipal met en relief
plusieurs points importants :
61
" Le premier meurtre du nouveau règne fut celui de Junius Silanus, proconsul
d'Asie ". L'historien explique ensuite l'assassinat de ce haut fonctionnaire par
la volonté d'Agrippine qui avait déjà tramé la perte de son frère Lucius et
craignait un vengeur. De plus, ajoute-t-il " Silanus descendait aussi au
quatrième degré de l'empereur Auguste : ce fut la cause de sa mort. Le
chevalier romain P. Celer et l'affranchi Hélius, tous deux intendants des
domaines du prince en Asie, en furent les instruments.Ils empoisonnèrent le
proconsul à table". - Tacite, Annales, livre 13.
2) Les plaignants peuvent aussi voir leur affaire tranchée par une "assemblée
légalement convoquée" de citoyens éphésiens.
4) D'autant plus qu'on ne peut rien reprocher aux chrétiens. En aucune façon
sacrilèges envers le temple, ni blasphémateurs de la déesse Artémis. Ni de
"sa statue ( ou image ) tombée du ciel", comme on le croyait, et qui était
pieusement conservée dans le temple. A noter que cette expression signifie
littéralement "tombée de Zeus ( Jupiter )".
( mais sans doute bien au-delà ) ne peut être maintenu dans son intégralité.
Il se voit dans l'obligation d'abréger son séjour. Il peut cependant s'en aller
l'esprit en paix et le contentement au cœur.
Bilan : à son arrivée, Priscille et Aquila avec une poignée de chrétiens pour
l'accueillir ; deux ans et quelques mois plus tard, un changement de vie
radical d'une partie de la population, jusqu'à se détourner publiquement de
leurs pratiques occultes. Démétrius a bien compris l'enjeu à long terme de la
puissante percée de la foi chrétienne dans sa ville. Si ce message continue
de se répandre, ce sera la fin du prestige d’Éphèse. Nous en reparlerons au
moment où Paul écrira une lettre à la congrégation éphésienne. Ce sera dans
quelques années, depuis Rome.
Macédoine Philippes
Philippes
Adramyttium
Samos
Direction du nord par voie de
terre jusqu'à Adramyttium
(ou Adramytte), auj. Edremit,
puis vers l'ouest pour
atteindre Troas
64
Un bref rappel des projets formés par Paul un peu de temps ( mois,
semaines ? ) avant de quitter la ville permettra peut-être de se faire une idée
de sa préoccupation au moment où il s'éloigne en direction du nord :
L'émeute suscitée par Démétrius modifie sans doute son plan initial et le
force peut-être même à partir d’Éphèse plus tôt que prévu. Cependant, le
rendez-vous à Troas demeure très important. A son retour de Corinthe, Tite le
renseignera sur la réaction des chrétiens de cette ville à la lecture des fermes
instructions que contenait sa lettre. En fonction de ce rapport l'itinéraire
même du voyage sera changé.
Paul à Troas
"Quand je suis arrivé à Troas ... je n'ai pas connu de soulagement dans mon esprit,
[ je n'avais pas l'esprit en repos ] , [ tranquille ] parce que je ne trouvais pas Tite
mon frère". - 2 Corinthiens 2 : 12a,13a.
"Pour annoncer l’Évangile de Christ [ la Bonne Nouvelle ] , une porte m'a été
[ largement ] ouverte [ à mon activité ]". - 2 Corinthiens 2 : 12b.
Le temps passe. Dans cette ville portuaire, les occasions de faire des
disciples ne manquent pas. Mais les bons résultats n'apaisent pas
l'inquiétude de Paul. Elle augmente même au fil des semaines. Toujours pas
de Tite. Il réalise alors qu'il lui faut rejoindre au plus vite son mandaté avant le
"mare clausum", la fermeture de la navigation en mer vers la mi-novembre.
Par peur des tempêtes, on évite de prendre le bateau l'hiver. Si Tite ne peut
plus s'embarquer, il se mettra en route par la voie terrestre, plus longue,
passant par l'Hellespont pour rejoindre Paul à Troas. Ce qui allongera
d'autant plus le temps passé dans cette cruelle expectative. Ne pas savoir le
ronge. De plus, il faudra ensuite retourner en Macédoine par le même
chemin. Trop long ! Comment pourra-t-il visiter les communautés des frères
de cette région et séjourner l'hiver à Corinthe comme indiqué dans sa lettre.
Atermoyer plus longtemps serait bien trop risqué :
"C'est pourquoi j'ai pris congé d'eux [ des frères ] et je suis parti pour la
Macédoine". - 2 Corinthiens 2 : 13b.
Macédoine
Philippes
Philippes, où Paul et Silas ont été battus puis emprisonnés après la plainte
déposée par les maîtres de la servante devineresse dépossédée de son don
lucratif par l'apôtre environ 5 ans plus tôt. Se rend-il chez quelqu'un de notre
connaissance ? Lydie, la marchande de pourpre à la généreuse hospitalité y
vit-elle toujours ? Et Luc, le médecin qui a échappé à l'arrestation ? On peut
le penser en ce qui le concerne. La façon dont il s'impliquera plus tard dans
le récit qu'il fera du retour vers Jérusalem ( au printemps de l'année
suivante ) semble permettre de répondre par l'affirmative. Peut-être est-il
resté sur place après le départ précipité de Paul et Silas pour diriger l’œuvre
chrétienne, tout en exerçant son art pour soulager et guérir les malades. Mais
si Paul s'est arrêté chez lui à Philippes pour se renseigner sur un éventuel
passage de Tite, Luc ne l'accompagne pas dans son voyage en Macédoine. Il
ne le retrouvera qu'au retour non prévu de l'apôtre dans cette ville ( on verra
pourquoi ) pour alors se joindre à lui et à d'autres compagnons.
"... en Macédoine, nous n'avons [ notre chair ] connu aucun repos ; nous étions au
contraire pressés [ affligés ] , [ avec des épreuves ] de toutes parts [ de toutes les
manières ] : luttes [ conflits ] , [ affrontements ] , [ combats ] au-dehors, craintes au-
dedans [ inquiétudes ] , [ en nous-mêmes ] ". - 2 Corinthiens : 7 : 5.
Mais que veut dire Paul par l'autre expression : "craintes au-dedans" ? Fait-
il allusion à des dissensions du type corinthien ( décrites plus haut ) et
rencontrées parmi les différents groupes chrétiens visités ? Ou incertitude sur
la réaction de la communauté chrétienne de Corinthe à la lecture de cette
lettre en réponse aux problèmes rapportés par leurs envoyés ? Certaines
phrases ont peut-être pu paraître trop virulentes ( cet écrit est d'ailleurs
appelé - excessivement ? - "la lettre sévère", par les biblistes ). Or, incertitude
et doute sont proches parents. L'incertitude au sujet d'une question
importante devient vite une cause majeure d'anxiété et d'inquiétude. Non
apaisé, elle suscite parfois l'appréhension. Et l'absence de Tite, une "crainte
au-dedans" ? Paul connaît l'apophtegme réaliste du sage roi Salomon sur les
circonstances, favorables ou non, auxquelles les humains sont assujettis :
Une longue route depuis Corinthe, des dangers omniprésents pour tout
voyageur non accompagné. Le jeune homme a-t-il pris des précautions pour
le retour ? On imagine l'angoisse de l'apôtre. Son abattement, pour reprendre
ses propres paroles. Mais un jour :
Après les joies des retrouvailles, de longs entretiens, des nouvelles vingt
fois répétées - on ne se lasse évidemment ni de les raconter, ni de les
entendre puisqu'elles sont bonnes - rassurent complètement Paul.
finesse de sentiments dont l'apôtre nous a déjà fourni tant de preuves, il fait
éclater la joie de Tite plus haut encore que la sienne. Car Tite, élevé à son
école, savait aussi pleurer sur le péché et se réjouir de la sainteté. Son
allégresse donc, au retour de Corinthe, fut complète".
- Édouard Barde, Paul Apôtre : études sur la seconde épître aux Corinthiens,
Lausanne/Paris, Bridel/Fischbacher,1905 .
"Dieu [...] nous a réconfortés avec l'arrivée de Tite, [...] non seulement par sa venue,
mais encore par la consolation que lui-même ressentait à votre sujet ; il nous a
raconté votre ardent désir [...], votre dévouement à mon égard ... "- 2 Co. 7:13.
Il dicte cette deuxième lettre canonique vers le début de l'automne 55. Dans
celle-ci, il rappelle à ses destinataires son projet initial annoncé dans la
précédente écrite depuis Éphèse fin 54 ou début 55 de venir en Achaïe
( province romaine du sud de la Grèce dont Corinthe était la capitale ) pour la
deuxième fois - sa première visite date de 50 jusqu'à 52, période où une
congrégation a été fondée dans cette ville. Probablement pensait-il arriver par
mer depuis Troas et débarquer à Cenchrée. D'où il avait pris le bateau au
printemps 52 pour rejoindre Éphèse. Ensuite, il se proposait de se rendre en
Macédoine. Puis de revenir à Corinthe et de faire voile vers la Judée depuis
le port de Cenchrée en compagnie de quelques-uns.
On comprend dès lors pourquoi vers la fin de cette nouvelle lettre, il utilise
l'expression "troisième fois" quand il annonce sa venue aux Corinthiens.
Dans son esprit, une première présence effective ( à partir de 50 ) ; une
deuxième planifiée depuis Éphèse vers la fin 54 ou au début 55 mais non
concrétisée ; et cette troisième ardemment souhaitée depuis son arrivée en
Macédoine. Ainsi qu'il le dit : "je suis prêt à venir".
Règle de vie chrétienne mise en pratique par l'apôtre en subvenant par lui-
même à ses besoins matériels pendant son premier séjour à Corinthe. Cette
ligne de conduite ne s'oppose évidemment pas à accepter une hospitalité
offerte spontanément, à condition de ne pas en vivre exclusivement.
" Que quiconque vient au nom du Seigneur soit reçu. Si l'arrivant est de
passage, aidez-le autant que vous pouvez; mais il ne restera chez vous que
deux ou trois jours, s'il y a nécessité. S'il veut, ayant un métier, se fixer parmi
vous, qu'il travaille et qu'il mange; s'il n'a pas de métier, veillez selon votre
intelligence à ce qu'un chrétien ne vive pas parmi vous sans rien faire. Mais,
s'il ne veut pas agir ainsi, c'est un trafiquant du Christ; tenez-vous en garde
contre de tels gens " - La Didachè, XII ( environs de l'an 100 ).
Faisant sans doute allusion à son travail dans l'atelier de Priscille et Aquila
où il confectionnait des tentes pendant son long séjour de 18 mois à
Corinthe, Paul peut rappeler avec franchise que " sans qu'il vous en coûte rien
[gratuitement], je vous ai annoncé volontiers la bonne nouvelle [l'évangile] de Dieu ".
Pourquoi alors serait-il inférieur à leurs "super-apôtres" ( comme il surnomme
avec ironie ces enseignants qui se vantent d'apporter le message
authentique de la communauté chrétienne de Jérusalem ). Ce sont de faux
apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ.
fait bon accueil à cet autre évangile et " vous le prenez très bien [ supportez
aisément ]" constate-t-il avec tristesse. Sont-ils plus éloquents que lui ? Sans
doute et il en convient volontiers:
"Je suis bien ordinaire pour le beau langage [ pas un 'brillant orateur' ] , [ inhabile
sous le rapport de la parole ]". Mais il ajoute aussitôt :
"Je ne le suis certainement pas quant à la connaissance".
De plus, l'apôtre envoie aussi, "avec eux notre frère dont nous avons souvent
éprouvé l'empressement [ le dévouement ] , [ le zèle ] en beaucoup de
circonstances". Même interrogation pour lui ? Même réponse. Il recommande
Tite comme son collaborateur auprès d'eux ; et les deux autres comme les
"envoyés [ apôtres ] des assemblées [ congrégations ]". - 2 Corinthiens 8:18,22,23.
Il séjourne trois mois chez Gaïus, (baptisé par lui - 1 Corinthiens 1:14 - ne pas
confondre avec le Macédonien d’Éphèse). Paul apprend ( on l'a peut-être
déjà porté à sa connaissance pendant son activité en Macédoine ) qu'à
Rome existent des divergences d'opinion entre les chrétiens d'origine juive et
ceux d'origine gentile. Désireux de les amener à l'unité, il décide de leur
écrire.
En Romains 15:23, Paul écrit : "Je n’ai plus de territoire vierge [ de champ
d'action ] , [ plus rien qui me retienne ] dans ces régions [ contrées ] et, depuis
quelques années, un vif désir de venir chez vous ", et il ajoute dans le verset
suivant que son intention est d’étendre son œuvre missionnaire à l’ouest,
vers l’Espagne.
Le manuscrit
soigneusement enroulé et
scellé, Paul le confie à
Phœbé, une chrétienne
vivant à Cenchrées, la ville
portuaire de Corinthe
située à environ 11 km.
Sur le point d'embarquer
pour un voyage à Rome,
elle se charge de le
remettre aux destinataires.
74
L'hiver s'achève à Corinthe. Ainsi que Paul l'a écrit : " maintenant je vais me
rendre à Jérusalem [...] car [ les Églises ] de Macédoine et d'Achaïe ont bien voulu
partager leurs ressources par une contribution [ collecte en faveur des frères
[ croyants pauvres ] de Jérusalem qui sont dans la détresse ] ". - Romains 15:25,26.
Printemps 56 ( ou 57 ?). Après trois mois dans cette ville, plus rien ne retient
le missionnaire en Grèce. Il est temps de rassembler quelques bagages et
de retourner au plus vite en Judée - avant de se rendre à Rome -, comme
déjà projeté pendant son séjour à Éphèse près d'un an plus tôt ( voir Actes
19:21 ). Avec une plus lointaine destination annoncée dans sa lettre :
"Lorsque [ dès que ] je me serai acquitté de ce service [ mis le point final à cette
affaire ], je prendrai le chemin de l'Espagne et je passerai donc par chez vous ". -
Romains 15:28.
Voir les Juifs de Corinthe exprimer une telle animosité n'est pas surprenant.
Nourrie de déconfitures successives pendant la première présence de Paul
quatre ans plus tôt ( Crispus, président de la synagogue devenu chrétien
avec toute sa maisonnée ; Gallion le proconsul refusant non seulement de
leur donner raison mais les chassant aussi du tribunal quand ils accusèrent
l'apôtre de faire illégalement du prosélytisme ...), cette inimitié ne pouvait que
s'amplifier avec sa deuxième présence et laisser la rancune se muer en désir
de vengeance.
Leur néfaste projet heureusement découvert à temps contrarie néanmoins
le plan initial. Il faut vite le modifier et prendre d'autres dispositions pour
protéger l'argent confié à l'apôtre.
75
Troas
Ensuite il a dit :
"Ne vous affolez pas
[cessez de pousser des
cris], son âme [être] est en
lui".
Ce même jour le voyage reprend. Tous les délégués poursuivent par mer
jusqu'à Assos. Paul a décidé de s'y rendre à pied, seul et par la route pour on
ne sait quelle raison. Édouard Barde écrit dans son Commentaire sur les
Actes des Apôtres : "Assos, où le rendez-vous a été donné, était une ville
maritime de la Mysie, au sud de Troas, à laquelle une bonne chaussée pavée
la reliait. Si l'apôtre fait ce trajet à pied, c'est peut-être par besoin de solitude,
ou par désir de s'entretenir plus librement avec quelques frères, ou encore
pour faire des visites sur son chemin". S'isole-t-il le temps du parcours pour
78
Le bateau mouille peut-être dans ce port parce que les vents du Nord font
défaut pour la poursuite du voyage. Rien n'indique en effet que Paul soit
même pas descendu à terre dans l'attente d'une reprise de la navigation.
Le lendemain, par vent favorable, direction Chios à quelque 100 km au Sud.
79
Philippes
Mitylène Lesbos
Chios
Samos
Cnide
Chios : une des plus grandes îles de la mer Égée, séparée de la côte
occidentale de l'Asie Mineure par un détroit de 8 km de large en son point le
plus étroit. Longue d'environ 50 km, sa largeur varie entre 13 et 29 km.
L'ile doit sa richesse principale à son "mastic", une résine très aromatique
de couleur jaune extraite par incision d'un arbuste à feuillage persistant, le
pistachier lentisque. Ses "larmes" servent à la fabrication d'un baume aux
propriétés hautement adoucissantes et apaisantes. Réputée depuis
l'Antiquité, où elle faisait office de chewing-gum, la résine mastic de Chios
80
Une substance convoitée par les Romains. Aussi Chios est-elle sous leur
domination mais cependant considérée comme une cité-État libre de la
province romaine d'Asie. Un statut qu'elle gardera jusqu'au règne de
Vespasien. De nos jours, l'île et sa ville portent le même nom.
Arrivé sans doute au coucher du soleil, le bateau mouille " devant Chios [ face
à l'île ]" pour la nuit.
L'île est célèbre pour le culte rendu à Héra ( la Junon romaine), déesse du
mariage et de l'enfantement ). Un temple lui est voué. Il rivalise de splendeur
et de renommée avec le temple d'Artémis à Éphèse.
Le narrateur dit " Nous avons touché [ abordâmes ] à Samos ". Sans doute
entrent-ils dans le port de sa ville principale ( elle se nomme aussi Samos ).
Paul y fait apparemment une courte escale.
Au 5ème siècle av. n. ère, les Perses prennent Milet et la détruisent parce
qu'elle a participé à une révolte. Les travaux de reconstruction sont confiés à
un natif du lieu, l'architecte Hippodamos. Il conçoit un plan d'urbanisme très
strict, quadrillant la ville en îlots carrés ( la maquette ci-dessus en donne un
aperçu ). Appelé tracé "hippodamien", ce plan orthogonal sera repris par
d'autres cités et colonies. Il inspirera même le modèle d'urbanisme utilisé par
les Romains.
D'après son récit, Luc dit que Paul a décidé de passer au large d’Éphèse,
afin de ne pas s'attarder dans le district d'Asie. Et il donne comme explication
la hâte de l'apôtre d'être présent à Jérusalem le jour de la fête de la
Pentecôte. A-t-il pris cette décision dès son embarquement à Néapolis? Et en
affrétant alors le bateau à ses frais ? On peut pencher pour cette explication
puisqu'il commande à l'équipage d'éviter Éphèse, alors que d'habitude les
bateaux qui font le cabotage mouillent dans ce port. S'il jetait l'ancre, une
attaque comme celle fomentée par l'orfèvre Démétrius environ un an plus tôt
serait-elle possible ? Dans ce cas, les huit hommes ( en comptant Luc )
chargés de la délicate mission du transfert des offrandes destinées aux
chrétiens nécessiteux de Jérusalem pourraient-ils assurer sa protection ?
Les voici enfin tous groupés autour de l'apôtre. Il leur adresse alors une
allocution touchante, admirable même par ses accents émus.
Le professeur de théologie et bibliste genevois Édouard Barde, dans son
étude "Commentaire sur les Actes des Apôtres" , cite Reuss :
"Nous lisons ici le plus beau de tous les discours insérés dans notre livre et
qui, même sous la forme abrégée sous laquelle il nous est parvenu, révèle
une profondeur de sentiments et une conception du devoir apostolique telles
qu'il peut être comparé aux plus touchantes pages des épîtres. Tout nous fait
sentir que nous avons ici un résumé fait par un auditeur immédiat."
Cette allocution est rapportée par Luc, au chapitre 20, des versets 18 à 35.
Soit bien plus courte que celle prononcée dans la synagogue d'Antioche
(voir Tome 1 "Premier voyage"). Comme nous l'avons fait pour cette dernière,
essayons de revoir les quelques points majeurs mis en relief par Paul, mais
en choisissant de regrouper les passages aux pensées analogues :
b) v. 19 : "J'ai servi le Seigneur en toute humilité [ sans me faire valoir ], avec des
larmes, au milieu d'épreuves suscitées par les complots des Juifs "
( Dans la synagogue et durant tout le temps de son séjour ; ajoutons les
manœuvres païennes comme pendant la folle journée où l'orfèvre grec Démétrius a
soulevé une foule entière contre les chrétiens ).
v. 20: " Vous savez que je n'ai rien caché de ce qui vous était utile, et que je n'ai
pas craint de vous prêcher et de vous enseigner publiquement et dans les maisons "
- Texte français : version Louis Second 1910 , Soleil d'Orient, 2004.
Luc avait précédemment écrit : " Tous ceux qui habitaient dans le district d'Asie
entendirent la parole du Seigneur, tant Juifs que Grecs ." (Actes 19:10).
Paul veut mettre l'accent sur la méthode et le sérieux avec lequel le
témoignage doit être rendu pour obtenir de bons résultats.
f) v. 31b : "Pendant trois années, le nuit comme le jour, je n'ai cessé de vous
conseiller [ exhorter ] , [ avertir ] un à un, et parfois même avec larmes. "
( Les trois ans sont un chiffre rond pour indiquer le temps passé à Éphèse ; loin
d'être arrogant et tyrannique, jamais Paul n'a réprimandé vertement ses frères ni ne
leur a donné des ordres autoritaires ; au contraire il les a exhorté avec chaleur, ce
qui entraînait sans doute une certaine tension émotive ).
travaillé pour assurer sa propre subsistance ; il peut donc en toute bonne foi
encourager les anciens à faire preuve d'abnégation ).
a) v. 22 et 23 : "Et maintenant, lié [ enchaîné ] par l'Esprit [ parce que l'Esprit m'y
pousse irrésistiblement ], je vais à Jérusalem, ne sachant pas [ ignorant ] ce qui
m'y arrivera ; si ce n'est que le Saint-Esprit m'avertit de ville en ville, que des liens
[ chaînes ] , [ la prison ] et des afflictions [ tribulations ] m'attendent "
L'expression "lié par l'Esprit" ne veut pas dire "en imagination", mais signifie
que Paul obéit à une force intérieure, dont l'Esprit de Dieu a, sans aucun
doute, la direction, et à laquelle l'apôtre ne peut résister. "Tel un prisonnier,
Paul doit aller où l'Esprit le conduit." - Note marginale dans Le Nouveau
Testament, Osty/Trinquet. Sa liberté lui est soumise pour un voyage dont le
terme est Jérusalem. Il a "de ville en ville", au fil de son avance, une
révélation fragmentaire des péripéties dangereuses qui l'attendent, peut-être
par des prophéties particulières - comme celles que nous rencontrerons au
chapitre 21 -, mais absentes du récit de Luc.
b) v. 24 : "Et pourtant je n'attache aucun prix à mon âme [ peu m'importe ], pourvu
que j'accomplisse ma course avec joie et le ministère [ la mission ] que j'ai reçu du
Seigneur Jésus pour annoncer la bonne nouvelle de la grâce [ faveur imméritée ] de
Dieu"
( Ici, le verbe grec traduit par 'attacher', poïoumaï, est au "moyen" - voix moyenne ,
avec une valeur intensive ). "La voix moyenne exprime une participation plus
directe, une implication plus spécifique, ou même une forme de bénéfice
quelconque pour le sujet qui fait l'action" - Le grec biblique sur Croixsens.net .
Ce qui signifie que Paul ne dit pas qu'il n'accorde aucune valeur à sa vie, mais que
l'accomplissement de son ministère est beaucoup plus important ).
c) v. 25 : "Désormais, je le sais, vous ne verrez plus mon visage, vous tous ".
( Si Paul est retourné dans cette contrée ( pas nécessairement à Éphèse ), nous
n'avons pas de récit scripturaire à ce sujet ).
singulier, présbutéros". Les deux mots désignent donc la même fonction, à ceci
près que présbutéros se rapporte à la maturité de celui qui est établi à une telle
fonction, alors qu'épiskopos fait plutôt allusion aux devoirs propres à cette charge).
Par vent arrière, le bateau file tout droit et atteint l'île de Cos ( à quelque 75
km au sud de Milet ) dans la même journée ( voir carte page 79 à Chios ). Des
commentateurs ont estimé qu'avec les vents dominants de N.-O. habituels en
mer Égée, il est en effet possible de parcourir cette distance en six heures à
peu près.
Le bateau mouille pour la nuit au large de la côte est de l'île. Sa ville
principale porte le même nom.
Les Perses conquirent l'île au 5ème siècle av. n. ère, mais les Athéniens en
prennent le contrôle après les avoir vaincus ( bataille de Salamine en 480 ).
A l'époque où on jette l'ancre pour la nuit, l'île est un État romain libre de la
province d'Asie et, d'après Tacite, exemptée d'impôts par Claude en 53, soit
depuis peu. Pour cette période les historiens parlent de décadence.
D'après Thucydide, la cité antique serait née en 408 av. n. ère grâce au
synœcisme ( unisson ) de trois cités indépendantes. Devenue ville principale,
située à l'extrémité nord de l'île, elle en porte aussi le même nom. Les rivages
sont rocheux, l'intérieur possède de larges bandes de terres arables.
A la mort d'Alexandre en 322, l'île retrouve son autonomie. Elle adopte une
stricte neutralité dans ses relations avec ses successeurs ( les diadoques ),
mais entretient néanmoins des relations commerciales étroites avec l’Égypte
ptolémaïque. Sa prospérité économique s'accroît : ses vins sont exportés
jusque dans les cités grecques de mer Noire ( Pont-Euxin ).
En 220, l'île fait la guerre à Byzance qui veut établir un péage sur le
passage des navires vers la mer Noire ( Polybe, IV, 45-52 ).
Un siècle plus tard, en 42, elle est pillée par les troupes de Cassius parce
qu'elle a soutenu Jules César lors de la guerre qui l'oppose à Pompée.
Cnide : Bien que cette ville ne soit pas nommée dans le récit du retour,
Paul y passe probablement en cette année 56 de notre ère ( comme il l'a fait
en rentrant de son deuxième voyage, en 52 ). Nous reparlerons d'elle dans
environ deux ans quand l'apôtre effectuera son voyage à Rome pour
comparaître devant Néron.
Myre ( ou Myra ) : Son site est occupé aujourd'hui par la ville turque de
Demre. Cette ville de Lycie se trouvait sur une colline au bord de l'Andracus,
à quelque 3 km à l'intérieur des terres. La Myre antique englobait
apparemment la ville et son port. Strabon la cite dans sa Géographie.
Comme pour Cnide, quand nous suivrons Paul emmené prisonnier à Rome,
il sera nécessaire de reparler d'elle.
Paul et ses compagnons montent donc à bord non plus d'un caboteur mais
sur un gros navire marchand qui va les emmener directement à Tyr, en
Phénicie.
90
Cependant, Luc précisera à propos de Chypre : " nous l'avons laissé sur notre
gauche". Autrement dit "sur bâbord". On n'accoste donc pas l'île. On la relève
seulement et on vogue vers la Phénicie et le but de ce voyage maritime : Tyr
Tyr : La ville antique de Tyr était bâtie sur un îlot rocheux entouré par la mer
de tous les côtés - d'où son nom phénicien signifiant "rocher". En face - à une
distance de 600 m - se trouvait une deuxième bourgade continentale où les
insulaires allaient puiser l'eau potable qui était transportée à Tyr par bateau.
Cette île-ville au milieu de la mer était fortifiée, avec une muraille de 4,50 m
de haut.
En 332 av. n. ère, Alexandre porte son attention vers Tyr qui refuse de lui
ouvrir ses portes.
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navistory.com
Jésus en personne est venu dans cette région ( voir Matthieu 15:21 ). Une
femme cananéenne ( les premiers occupants de la Phénicie étaient issus du
premier-né de Sidon, premier-né de Canaan - voir Genèse 10:15 ) lui demande
son aide. Il est tellement impressionné par cette non-Juive qu'il guérit sa fille
possédée d'un démon.
Note de La Bible en français courant : "L'appellation cananéenne désigne
cette femme comme appartenant à la population autochtone de cette partie
de la Phénicie". De ce fait, en Marc 7:26 cette version la dit "née en Phénicie, de
Syrie". D'autres traducteurs utilisent "phénicienne" ou "syro-phénicienne" ( la
Phénicie faisant partie de la province romaine de Syrie ).
"Nous mettant à genoux sur la plage, nous avons prié et nous sommes dit adieu les uns les autres ;
puis nous nous sommes embarqués sur le bateau, tandis qu'ils retournaient chez eux "- Actes 21:5b,6
"Notre voyage par mer se termina [mettant un terme à notre navigation ] , [ nous
avons achevé ] par la traversée [ avec cette étape ] de Tyr à Ptolémaïs" Actes 21:7.
Le terme grec hapax utilisé par le narrateur pour indiquer la fin du voyage
maritime signifie "achever, arriver au terme". Quelques cartes censées retracer
l'itinéraire du troisième voyage semblent cependant ignorer ou mettre en
doute cet indice.
Une halte d'un jour chez les chrétiens du lieu pour les ... saluer ( c'est le
terme utilisé par Luc ). Cette action ne consiste pas seulement à donner une
rapide marque d'attention de civilité, de respect.
Note de La Bible des peuples : "... on avait soif de ces contacts avec les
frères venus d'ailleurs en un temps où les communications étaient limitées.
Mais c'était tout autre chose quand il s'agissait d'apôtres ou de prophètes, car
alors on avait droit à des manifestations de l'Esprit, à une connaissance
nouvelle de la Parole ...".
On a pu le constater à Tyr où pendant sept jours tous se sont empressés
autour de Paul pour l'écouter expliquer - expliciter serait plus exact - la foi
chrétienne. Car son objectif permanent, invariable - et on le voit clairement à
travers ses lettres, n'est pas de marteler un rébarbatif prône homélitique ni de
s'en tenir à cette proclamation publique que nos savants biblistes appellent
"kérygme" ( du verbe grec Kèryssô ), un terme qui signifie au sens large
"proclamer" ( comme le héraut le faisait à voix haute ), mais dès qu'il en a
l'opportunité Paul se livre à une consolidation de la foi de ses auditeurs par
l'apport de son propre témoignage.
96
Le lendemain, départ, et, cette fois par voie de terre - environ 55 km -, ils
arrivent à Césarée. Puisque Paul sera sous peu emprisonné pour deux ans
dans cette ville - capitale de la province romaine de Judée, siège de son
gouverneur et le quartier général de son corps militaire -, nous essaierons
d'en donner une description aussi fidèle que possible dans le quatrième et
dernier tome des voyages de l'apôtre ( celui de sa captivité vers Rome ).
Une preuve que Ponce Pilate était gouverneur ( ou préfet - 3ème ligne de
l'encadré ) de Judée quelques années plus tôt. Nommé par l'empereur Tibère
César en 26 de n. ère, il exerça cette fonction pendant dix ans.
A Jérusalem, une vingtaine d'années plus tôt, Philippe a été l'un des sept
hommes de confiance chargés par les apôtres de superviser la distribution
équitable de nourriture aux disciples ( cf Premier voyage, page ... ). Puis la
persécution survenue, il est allé dans un territoire ( la ville de Samarie et sa
région ) faire œuvre d'évangélisateur ou de missionnaire. Il s'y était installé et
peut-être y avait-il fondé une famille. Le narrateur ne dit rien de sa femme
mais indique la présence de quatre filles vierges, et précise qu'elles étaient
prophétesses.
97
Déjà, voici bien longtemps, après la traversée de la mer Rouge pour fuir
l’Égypte, on appelait une femme, Miriam, "la prophétesse". Puis à l'époque
des Juges, ce fut Débora. Sous les rois, Houlda. Quand Jésus était enfant, il
y eut Anne - cf. Exode 15:20; Juges 4:4; 2 Rois 22:14; Luc 2:36.
Agabus vient d'exécuter devant des yeux attentifs une action symbolique et
particulièrement solennelle à la façon des anciens prophètes.
- cf. Isaïe 20:1-6; Jérémie 13:1-11; Ézékiel 4:1-17.
"Dans le récit des Actes, tout le trajet de Milet à Jérusalem tient à la fois
d’une procession triomphale et d’un cortège de deuil. Partout les Églises
accueillent Paul avec chaleur, dans une atmosphère de fête mêlée
d'inquiétude. À chaque étape on voudrait l'empêcher de monter à Jérusalem
mais toujours en vain."- Le dernier voyage à Jérusalem - chronique 49 - cursillo.ca
S'ouvre ici, avec Actes 21:16 et 17, une sorte de préambule utilisé par certains
auteurs auxquels je faisais allusion plus haut. Ils qualifient ce passage
d'obscur. Or, nonobstant mon peu d'empressement à souscrire, il faut bien
reconnaître que sa lecture n'est pas d'une clarté évidente. Voici cette phrase
d'après une vingtaine de versions :
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Lisons. Il est dit que ces accompagnateurs " vinrent aussi avec nous, et
amenèrent [ emmenant avec eux ] , [ pour nous amener à l'homme chez qui nous
devions loger ], Mnasôn de Chypre, un disciple des premiers jours ". -
Les expressions jugées douteuses sont en rouge et soulignées. Qu'énonce
ce passage ?
D'abord une certitude : un logement est prévu chez Mnasôn.
Ensuite, de Mnasôn lui-même nous apprenons deux choses :
"A notre arrivée à Jérusalem, les frères nous reçurent [ nous accueillirent ] avec
joie."- Actes 21:17.
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Il tombe mal, sans doute - nous verrons plus loin pourquoi -, mais peut-être
"après les avoir salués [embrassés]" – Actes 21 :19a -, et avoir remarqué leur
embarras, leur dit-il, reprenant quelques vérités de ses lettres:
Puis nous lisons en Actes 21 : 19b que l'apôtre "se mit à exposer en détail tout
ce que Dieu avait accompli par son ministère [ activité ] parmi les païens [ les
Gentils ] , [ chez les non-Juifs ]".
Combien de temps pour ce rapport d'une activité de quatre ans ? Sans doute
un très long moment. Comment a-t-il été reçu par les anciens de l'assemblée
de Jérusalem ? Quelle suite lui a été donnée ?
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