Vous êtes sur la page 1sur 2

1

6e – Cours de M. de Fraguier – Histoire – Année 2022-2023


Cours à télécharger sur : histoire-en-cours.com

La Passion
L’arrestation, le procès et la mise à mort de Jésus

C’est à l’occasion de sa venue à Jérusalem pour la fête de Pessah 1 que Jésus va être arrêté sur
ordre des grands prêtres qui lui reprochent son enseignement de la parole de Dieu. Les Romains
n’en sont pas informés. L’arrivée de Jésus à Jérusalem (il habite à Nazareth en Galilée 2) ne passe
pas inaperçue ! Une foule qui a entendu son enseignement, l’accueil avec des palmes de dattiers
que l’on trouvait en abondance en Judée3.
Après le repas de la Pâque, Jésus et ses apôtres se rendent dans le jardin de Gethsémani, au pied
du mont des Oliviers, à l’extérieur de Jérusalem. Il y est arrêté dans la nuit par les gardes du
Temple. C’est l’un des apôtres, Judas, qui le dénonce contre de l’argent. Il est alors conduit
devant les grands prêtres, Hanne puis Caïphe, pour un premier interrogatoire.
Ils décident de le présenter au représentant de l’empereur Tibère, le gouverneur Ponce Pilate
aux motifs qu’il s’est déclaré “Fils de Dieu” : or, seul l’Empereur peut être considéré comme un
dieu ou fils d’un dieu.
Le procès de Jésus a pour cadre le palais d’Hérode le Grand où se rendait Pilate lorsqu’il
séjournait à Jérusalem. Pour le préfet romain, c’est une affaire religieuse, dont il n’a pas à
s’occuper : « Prenez-le et jugez-le vous-mêmes suivant votre loi ». Les grands prêtres
répondent : « Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort »4. En effet, depuis
l’occupation de la Judée, seuls les Romains pouvaient condamner à mort selon le droit romain.
Dans un premier temps, Pilate estime suffisant de faire flageller 5 Jésus pour être la cause de
désordres au moment où il y a foule à Jérusalem pour la fête de Pessah.

1 La Pâque (sans s) juive (manuel p.143 doc.5).


2 Voir le cours d’histoire : un juif nommé Jésus dans l’Empire romain.
3 C’est en souvenir de cet accueil triomphal que les catholiques apportent en procession des rameaux (de buis,
d’olivier, de laurier ou de palmier, selon les régions) à la messe du dimanche des Rameaux. Ceux-ci, une fois
bénis, sont accrochés aux crucifix qui rappellent aux chrétiens la mise à mort de Jésus.
4 Évangile de saint Jean.
5 La flagellation était fréquemment utilisée par les Romains : les archéologues ont retrouvé des fouets romains
avec des lanières de cuir ayant aux extrémités des petites billes métalliques. Sur le linceul de Turin [cours
d’histoire : un juif nommé Jésus], on compte 120 coups sur les épaules et les jambes. Dans la Bible hébraïque,
le Deutéronome (p. 138 doc. 1) fixe un maximum de quarante coups, « de peur d’éviter une blessure grave ».
Ce sera le cas, par exemple, de saint Paul : « Cinq fois j’ai reçu des Juifs les 39 coups de fouet » 2e épître aux
Corinthiens, XI 24.
2
Puis les soldats romains lui couvrent la tête d’une "couronne” d’épines 6 et ils lui jettent par
dérision sur les épaules une grande cape de couleur pourpre, symbole du pouvoir dans
l’Antiquité. Pilate présente ainsi Jésus à la foule qui crie : « Crucifie-le ! »7. Cependant, Pilate
doute que Jésus soit coupable8. Les grands prêtres vont alors exercer un chantage. Jésus est un
rebelle : il empêche de payer les impôts dus à l’occupant9 et surtout il se dit “roi des Juifs”10
alors que c’est Rome qui nomme les rois dans l’Empire. « Si tu le relâches, tu ne te conduis pas
comme l’ami de "César” ! Car quiconque se fait roi se déclare contre "César”. Nous n’avons pas
d’autre roi que "César” »11. Jésus est donc présenté comme un opposant à Tibère ! Pilate, par
peur, préfère commettre une injustice que de voir les grands prêtres se plaindre à Tibère,
monarque « implacable et imprévisible ». Voyant que le désordre augmentait, Pilate prit de
l’eau, se lava les mains en présence de la foule et dit : « Je suis innocent du sang de ce juste. C’est
vous que cela regarde. »12Jésus sera condamné au supplice de la croix13. Selon les usages
romains, il doit se rendre à pied au lieu de son exécution, le Golgotha14, en portant sa croix15.
Pilate fait écrire au-dessus de sa tête « Jésus16, roi des Juifs » dans les trois langues pratiquées
en Palestine ; l’araméen, la langue du Moyen-Orient17. Le latin18, la langue officielle de l’Empire.
Le grec, la langue de la culture et des échanges.
Jésus meurt de ses souffrances dans l’après-midi, âgé d’environ 33 ans, et il est tout de suite mis
dans un tombeau proche avant que ne commence la Pâque juive.

6 Faite de branches d’un arbuste qui ne pousse que dans cette région, aux épines longues et pointues : le linceul
de Turin montre une cinquantaine de traces de piqures et de sang. La Sainte Couronne est aujourd’hui
conservée dans le trésor de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
7 Voir le tableau Ecce homo en illustration du cours d’histoire.
8 Évangiles de Matthieu, de Marc, de Luc (« Quel mal a-t-il donc fait ? »), et de Jean (« Je ne trouve en lui aucun
motif de condamnation »).
9 Selon les évangiles (Matthieu, Luc), Jésus a au contraire répondu à propos de l’impôt dû aux Romains : « Rendez
à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » !
10 Évangile de saint Luc.
11 Évangile de saint Jean.
12 Évangile de saint Matthieu. D’où l’expression « je m’en lave les mains », décliner toute responsabilité.
13 La crucifixion (p. 155 doc. 2) ou crucifiement, était un supplice d’origine perse, adopté par les Carthaginois, les
Grecs, la plupart des peuples de l’Antiquité, y compris les juifs qui utilisaient aussi la lapidation. Chez les
Romains, en 71 av. J.-C., le consul Crassus fit crucifier 6.000 esclaves après la révolte de Spartacus. Saint Paul
parlera de la « folie » de la croix pour les païens, et d’un « scandale » pour les juifs. Si la crucifixion est une
exécution courante dans l’Empire romain, en Palestine elle est très rare à cette époque si l’on croit Flavius
Josèphe.
14 Ou mont du Calvaire.
15 Cette croix devait peser au moins 75 kg. (Si l’on se réfère au linceul de Turin, Jésus mesure environ 1m 80 et
pèse environ 77 kg).
16 Il faudra attendre le milieu du Ier siècle, avec saint Paul, pour que l’expression Christ (Messie en grec)
apparaisse.
17 L’araméen sera pratiqué dans tout le Croissant fertile durant l'Antiquité. Il est encore utilisé de nos jours en
Iran, en Irak, dans le Caucase et dans quelques villages de Syrie. Jésus connaît aussi l’hébreu, la langue des
textes sacrés juifs, mais il lisait la Bible juive en grec.
18 D’où l’inscription qui se trouve souvent sur les représentations de Jésus en croix : INRI, acronyme de
l’expression latine Iesus Nazarenus, Rex Iudæorum : « Jésus le Nazaréen [homme de Nazareth] roi des Juifs ».

Vous aimerez peut-être aussi