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La naissance

de Jésus :
légende ou
fait historique ?

Par Emmanuel BOZZI


PASTEUR
L’ histoire de Noël, la naissance de Jésus, a le don de procurer
de la joie aux enfants comme aux adultes. Pour certains
d’entre nous, elle rappelle nos doux moments d’enfance et
d’insouciance ; pour d’autres, elle contient un message d’amour et de
grâce universels. Cette histoire n’est-elle qu’un conte, une belle légende
que l’on raconte au coin du feu mais sans implication pour notre
vie actuelle ?
Quand on lit les textes des Evangiles, on y découvre un cadre historique,
une histoire humaine et extraordinaire à la fois. Des hommes et des
femmes sont confrontés au miracle de la naissance du Sauveur et
réagissent avec perplexité, avec joie, parfois avec indifférence, parfois
avec violence !

En cette période de Noël, il est bon de revenir aux textes des Evangiles
les plus anciens, là où les circonstances de la naissance de Jésus sont
décrites avec précision.
Nous enlèverons les éléments erronés de la Tradition et replaceront la
naissance de Jésus dans son contexte historique.

Cher lecteur, chère lectrice, j’ai travaillé sur ce modeste ouvrage afin
d’éclairer la tradition de Noël avec les connaissances historiques à notre
disposition. Cette histoire extraordinaire m’a permis de rencontrer Jésus
le Messie et de croire en lui. Mon but final n’est pas d’enfler votre tête
de connaissances, mais bien de donner à votre esprit toutes les raisons
de vous approcher du Sauveur et de lui ouvrir la porte de votre cœur.

"Adoration des bergers" par Gerard van Honthorst, 1622

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Table des matières
Les Evangiles nous racontent-ils une légende ? ................................................................. 4
Jésus est-il né le 25 Décembre ? ........................................................................................ 6
Jésus est-il né en l’an zéro ? ............................................................................................... 7
Jésus est-il né à Bethléem ? ............................................................................................... 7
Pas de place dans l’hôtellerie ? .......................................................................................... 9
Le recensement a-t-il existé ? .......................................................................................... 10
L’histoire des mages est-elle crédible ? ........................................................................... 10
La virginité de Marie est-elle crédible ? ........................................................................... 13
Jésus est-il inspiré du mythe de Mithra ? ........................................................................ 17
Pourquoi Jésus est-il ainsi appelé et non Immanuel selon la prophétie ?....................... 18
Le massacre des bébés est-il crédible ? ........................................................................... 18
Jésus est-il né dans la grotte de la Nativité ? ................................................................... 19
Conclusion ........................................................................................................................ 20

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Les Evangiles nous racontent-ils une légende ?

Par un réflexe acquis dans une société plutôt sceptique, on serait tenté de balayer l’histoire de
la naissance de Jésus d’un revers de la main : « Tout ça, ce sont des contes et légendes pour
faire de Jésus un dieu ».
Eh bien peut-être… mais n’en restons pas là ; si c’est une légende, d’où vient-elle ? Avec les
données actuelles, on doit bien pouvoir remonter aux sources. Est-ce une légende juive ou une
légende romaine ?

Une légende juive ?


En examinant le contenu de l’histoire de la naissance de Jésus, il est difficile d’imaginer que
c’est une légende juive. En effet, Jésus ne correspond en rien à l’image du Messie attendu par
Israël. Même le Maître de Justice, auquel les manuscrits de la mer Morte font allusion, diffère
grandement de Jésus.1 Mis à part le fait qu’il naisse à Bethléem dans une famille descendant
de David, son apparition est contraire au stéréotype juif que les Judéens avaient connu avec
les libérateurs de la famille Maccabée2 par exemple.
L’idée que des mages de l’Est viennent vénérer l’enfant était repoussante pour tout juif
orthodoxe (à cause de leur magie idolâtre) ; ou que le messie commence sa vie dans une
étable puis passe deux ans trimballé en Egypte pour échapper au roi Hérode, ne colle pas au
héros victorieux qu’on attendait.

Une légende romaine ?


Ce récit vient-il donc des nations, et en particulier des romains ? Cela paraît également
impossible car les sources sur Jésus sont principalement juives et le cadre dans lequel Jésus
naît est uniquement juif. Les romains y sont dépeints comme des occupants ennemis.
De plus, nous allons voir que la datation des Evangiles de Matthieu et Luc les situe assez
proches de la mort de Jésus, des siècles avant que l’Empire romain ne devienne chrétien.

La confirmation d’historiens du 1er siècle


Les historiens Flavius Josèphe (37-100), Tacite (55-120) et Pline le Jeune (61-114), par
exemple, mentionnent le nom de Jésus le Christ comme un personnage historique, crucifié
sous Ponce Pilate et objet de vénération des chrétiens. Ils ne partageaient pas du tout la foi
chrétienne mais s’étonnaient de l’augmentation du nombre de disciples dans tout l’Empire
romain.

La validité des évangiles.


Il est fréquent de voir les historiens occulter totalement le témoignage des Evangiles quand ils
étudient la vie de Jésus, sous prétexte qu’ils ont été écrits pour affirmer leur foi. Ce rejet vient
du 19e siècle, lorsque la foi en la science a voulu s’affranchir des croyances religieuses. Mais
une étude sans préjugés révèle en réalité que les évangiles sont un témoignage de première
main. Si l’on prend en compte leur datation, le nombre de copies anciennes disponibles3, la
qualité de leur contenu et la complémentarité extraordinaire entre eux, ils doivent être
acceptés comme authentiques sauf preuve du contraire. Je citerai Simon Greenleaf (1783-
1853), docteur de l'Université de Droit d'Harvard et spécialiste mondial de la loi sur les
évidences. Il écrit :

1 2
André Dupont -Sommer souligne des différences Judas Maccabée fut un dirigeant juif du 2e s. avant
inconciliables, parmi elles : le maître de justice est J.C. qui chassa la dictature syrienne séleucide et
un prêtre qui a œuvré en Judée, tandis que Jésus est purifia le Temple à Jérusalem.
3
un fils de David venant de Galilée. En 2010, la base de données de l’université de
Münster recensait 5.838 manuscrits anciens du N.T.
en grec (et plus de 20.000 en toutes langues)
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« Tout document, apparemment ancien, provenant d'une source appropriée et légitime, et ne
portant aucune trace de falsification, est considéré comme authentique et renvoie au parti
opposé la charge de prouver le contraire. Si l'original était perdu, la cour de justice
accepterait sans questions toute copie reçue universellement comme étant identique à
l'original. Appliquant cela aux Evangiles, nous n'en possédons pas les originaux, mais les
copies furent universellement reçues comme les originaux. Ces manuscrits ne portant aucune
trace apparente de falsification, doivent donc être acceptés comme véridiques, d'autant que
les auteurs des Evangiles ont toujours été considérés comme honnêtes et compétents. » 4

Les évangiles de Matthieu et Luc sont-ils pertinents sur la naissance de


Jésus ?
Bien qu’on n’ait aucun original5, ces deux récits ont toujours été attribués au disciple juif de
Jésus appelé Matthieu et au disciple grec de Paul appelé Luc. Les centaines de manuscrits
anciens sont tous identiques, à quelques lettres près.
Peut-on dater ces textes ? Certainement. Une enquête sérieuse nous amène à penser que
l’Evangile selon Matthieu date des années 50-70 au plus loin.
120 apr. J.C./ On possède le témoignage de Papias d’Hiérapolis, chrétien qui a entendu
l’apôtre Jean prêcher. Vers 120 il écrit dans son ouvrage perdu Explications des paroles du
Seigneur :
« Matthieu réunit donc en langue hébraïque les paroles de Jésus et chacun les traduisit
comme il était capable »6.
100/ La Didachè, un texte attribué aux apôtres et daté de la fin du 1er siècle, cite l’évangile
selon Matthieu 7 en l’appelant simplement « l’Evangile du Seigneur ».
96/ L’Epître aux Corinthiens, écrite par Clément de Rome, est datée de 96 de notre ère.
L’auteur cite plusieurs livres du N.T. et notamment des passages qu’on retrouve dans
l’Evangile selon Matthieu.8
70/ On sait par l’historien juif Flavius Josèphe9 que les armées romaines ont brûlé le
Temple et détruit la ville de Jérusalem en l’an 70. Luc mentionne la destruction de Jérusalem
mais Matthieu jamais. Il cite Jésus prophétisant la destruction totale du Temple (Matt. 24 :1-
2), mais il ne dit pas qu’il sera brûlé avec toute la ville par les armées romaines. Cela nous
amène à penser que Matthieu a écrit avant cet événement de l’an 70.
50/ Un papyrus conservé au Magdalen College d’Oxford a été daté des années 50 par le
papyrologue Carsten Thiede ; mais sa conclusion est débattue par d’autres experts.

Quant à Luc, il termine son deuxième livre (Les Actes) avant la mort de l’apôtre Jacques,
frère du Seigneur. On le sait parce qu’il aurait mentionné ce martyre s’il avait écrit à cette
époque. Or, par les écrits de Flavius Josèphe10, on peut dater l’exécution de cet apôtre autour
de 62. Si les Actes ont été écrits avant 62, son premier livre (l’Evangile) l’a été avant, au
début des années 60.
Ainsi, Matthieu et Luc n’ont pas écrit plus tard que trente ans après la mort de Jésus. D’autres
écrits apostoliques existaient avant, notamment les épîtres de Paul datant des années 50. Tout
cela est très proche des événements ! Et un certain nombre de témoins étaient encore vivants
pour confirmer ou infirmer leurs écrits.
Mais on pourrait dire : « trente ans c’est encore trop ; pourquoi n’ont-ils pas écrit
immédiatement après la mort de Jésus ? »
Pour une raison majeure : les apôtres étaient encore vivants pour raconter eux-mêmes ce
qu’ils avaient vécu, la tradition orale étant suffisante au début.

4 8
in Treatise on the Law of Evidence, Par ex., 1Clem. 13.2 cite Matthieu 7:2
5 9
C’est le cas pour tous les livres de l’Antiquité. Guerre des Juifs, livre VI
6 10
Cité par Eusèbe dans son Histoire Eccl. III, 39, 17 F. Josèphe, Antiquités, 20.9
7
Matt.6:5, 9-13
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La précision historique des livres de Luc a été remarquée par l'archéologue écossais Sir
William M. Ramsay (1851-1939) (Image). Expert en histoire et géographie de l'Asie Mineure
(Turquie actuelle), anthropologue et archéologue, ses découvertes l'amenèrent à reconnaître
l’exactitude des écrits de Luc. Voici sa conclusion :
« Je puis déclarer avoir conduit mes investigations sans préjugés en faveur
des conclusions que j'essaierai de justifier devant mes lecteurs. Au
contraire, j'ai entrepris mon étude dans un état d'esprit qui était peu
favorables à celles‑ci, car la théorie de Tübingen m'avait franchement
convaincu. J'ai dû reconnaître l'autorité du Livre des Actes sur le plan de la
topographie, des données antiques et de la société de l'Asie mineure. Petit à
petit, j'ai eu le sentiment que, jusque dans ses détails, le récit exposait la
vérité. »11

Nous avons donc avec Matthieu et Luc deux témoignages solides et assez
proches des événements. Matthieu a suivi Jésus, et Luc a connu la plupart
des témoins oculaires de sa vie y compris Marie sa mère, qui se réunissait Sir William M. Ramsay
avec la première église à Jérusalem12.

Jésus est-il né le 25 Décembre ?

Les Evangiles ne précisent pas en quelle année ni en quel mois Jésus est né.
Plusieurs éléments nous font penser que ce n'était vraisemblablement pas un 25 décembre.

Parce que cette date est plutôt liée à des fêtes païennes
C’est le pape Jules 1er qui, en 306, déclare que Noël (ou la nativité) sera le 25 Décembre afin
d’unifier cette fête dans tout l’Empire Romain. En effet, la naissance de Jésus était célébrée à
différentes périodes de l'année.
Dans l'antiquité, les païens romains fêtaient les Saturnales (fête du dieu Saturne) du 17 au 24
décembre.
L'Empereur Aurélien (270-275) ayant ajouté la divinité Sol Invictus13 comme patron de
l'Empire Romain, il plaça sa fête le 25 décembre (jour du solstice à cette époque), appelée dies
natalis solis invicti14 car l’ensoleillement recommence à augmenter à partir de cette date.
Après la conversion de l'Empereur Constantin, et la consécration de l'Empire Romain au
christianisme sous l'Empereur Théodose, la date du 25 Décembre fut appliquée à la naissance
de Jésus.

Parce que Jésus est probablement né en Septembre


La naissance de Jésus est liée à celle de son cousin Jean, qui deviendra le prophète « Jean le
baptiseur ». On apprend qu’Elisabeth, la mère de Jean-Baptiste, était dans son 6e mois quand
Jésus a été conçu (Luc 1:26,36). Il est possible de déduire le mois de naissance de Jean à la
lumière des éléments donnés par les Evangiles. On sait que le père de Jean s’appelait Zacharie,
qu’il était sacrificateur et officiait dans le Temple à tour de rôle. En effet, le ministère de prêtre
à Jérusalem n’était pas permanent. Le roi David avait établi 24 classes issues des fils d’Aaron15
qui se relayaient tout au long de l’année. Luc nous apprend que le père de Jean était de la classe
d’Abija (Luc 1:5), la huitième dans la liste16. Certains en ont déduit que cette classe devait
exercer à la mi-juin17. C'est peu après ce moment (1:24) que sa femme tomba enceinte et dut

11 16
in St Paul the Traveller and the Roman Citizen, I Chron. 24 :10
17
Baker Book, 1962 Selon F. Josèphe (Ant. Juives VII, 365-366),
12
Actes 1 :14 chaque classe exerçait une semaine ; le premier
13
« Soleil victorieux » cycle commençait après la Pâque, le 21 Nisan, soit
14
Fête du jour de la naissance du soleil en mars/avril.
15
I Chroniques chap. 24
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accoucher au plus tard neuf mois plus tard, vers la mi-Mars. Comme Jésus est arrivé six mois
plus tard, cela donne le mois de Septembre pour la naissance de Jésus.

Jésus est-il né en l’an zéro ?

La vie de Jésus a tellement marqué le monde que le calendrier a été changé pour compter les
années depuis la naissance de Jésus. Mais les historiens ont découvert qu’une erreur a été
commise au 6e siècle. Jésus n’est pas né en l’an zéro !
Les Romains, qui dominaient le monde quand Jésus est né, dataient généralement tous les
événements à partir de la fondation de Rome, Anno urbis 1 18 .
Au 6e siècle de notre ère, un moine vivant à Rome, Denys le Petit, reçut de l’évêque de Rome
Jean 1er l’ordre de calculer la date exacte de Pâques. Par la même occasion, il réalisa un nouveau
calendrier de l’ère commune qui commençait avec la naissance de Jésus. Il fixa la naissance de
Jésus au 25 décembre de l'Anno urbis 753 (c'est-à-dire 753 ans après la fondation de Rome).
Cela devint l'Anno Domini (l'Année du Seigneur), l'an 1 de notre ère. Mais Jésus, nous le savons
aujourd’hui, est né avant cela !

La date-clef de la mort d’Hérode


Matthieu révèle que Jésus est né au maximum deux ans avant19 la mort du roi Hérode (Image).
La mort d’Hérode est donc une donnée très importante.
La source principale de la mort d'Hérode vient de Flavius Josèphe
(37-100). Josèphe était un juif pharisien, devenu historien d’Israël
pour expliquer son histoire aux Romains. Dans ses écrits20, il
mentionne la personne de Jésus, mais aussi "Jean le Baptiste" et
"Jacques, frère de Jésus qu'on appelle Christ".
Le problème est que Josèphe ne donne pas de date précise à la mort
d’Hérode ! Cependant, il nous apprend que :
• Hérode est mort peu de temps après une éclipse de lune21.
Il y a eu plusieurs éclipses de lune : une en -5, une en Mars -
4, une en -1.
• Hérode est mort peu avant une fête de Pâque au Printemps22.
La fête de Pâque la plus proche d'une éclipse est celle de -4.
Hérode 1er le Grand (73 av. JC – 4 av. JC)
• Hérode a régné 37 ans depuis son accession en -40 et 34 ans
après sa conquête de Jérusalem en -37 23. Cela donne une fin de règne en -4.

On sait aussi par Dion Cassius24 et F. Josèphe25 qu'Archélaüs, fils et successeur d'Hérode (voir
Matt. 2:22), fut déposé par César en 759 anno urbi (soit +6) la 10e année de son règne. Cela
donne un règne qui commence en 749 a.u. (soit -4), au moment où son père Hérode est mort.
En conclusion, si Hérode est bien mort en -4, Jésus est donc né entre -5 et -7 !

Jésus est-il né à Bethléem ?

Luc (2 :4) et Matthieu (2 :1) sont d’accord pour l’affirmer. Marc ne raconte pas du tout la
naissance de Jésus puisqu’il commence avec son ministère à l’âge adulte. Jean (7 :42)
mentionne la prophétie de Michée qui annonce la naissance du Messie à Bethléem.

18 22
754 avant Jésus-Christ Ant. 17.9.3
19 23
Matthieu 2:15-16 Ant. 17.8.1
20 24
Antiquités 18.63 ; 18.5 §2 ; 20.9 § 1 Histoire Romaine 55.27.6
21 25
Antiquités 17, §167-168, 191 Ant. Juives 17.13.2
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Certains historiens, à partir du 19e siècle, ont commencé à mettre en doute cet élément de
l’histoire de Jésus. Leurs arguments sont les suivants :
- Jésus est toujours appelé « de Nazareth » et jamais « de
Bethléem ».
- La foule en Jean 7 :42 doute que Jésus soit le Messie parce qu’il
vient de Nazareth.
- On pourrait avoir l’impression que Matthieu cherche des
prophéties de l’Ancien Testament pour les faire « coller » à
l’histoire de Jésus.
- S’il y avait eu recensement, pourquoi Joseph et Marie ne sont-
ils pas recensés à Nazareth, leur lieu de résidence ?
Sceau du 7e-8e . av JC contenant le nom Bethléem
Ces arguments sont intéressants mais pas probants. Ils ont tous
reçu une réponse :
- Les parents de Jésus habitaient Nazareth au départ (Luc 2:4). C'est là qu'ils sont
retournés après avoir présenté Jésus au temple de Jérusalem (Luc 2:39). Jésus a donc
été élevé à Nazareth et c'est normal qu'il soit appelé "Jésus de Nazareth".
Personnellement, je suis né à Ajaccio, même si mes parents habitaient à Paris. On me
connaît comme un parisien et non comme un ajaccien, et
pourtant…
- Les juifs connaissaient bien la prophétie de Michée sur la
venue du Messie de Bethléem. Mais tous ne savaient pas que
Jésus était né à Bethléem et que son père était descendant de
David. Il était normal qu’ils se posent des questions sur ce
Jésus qui venait de Nazareth, d’autant que ce village était
récent et absent des prophéties.
- Matthieu écrit son Evangile pour les juifs premièrement,
afin de leur montrer que Jésus correspond en tous points au
Berger près de Bethléem au 20e siècle
Messie promis. Il n’invente rien mais fait des
rapprochements avec les prophéties anciennes.
- Certains recensements nécessitaient d'aller dans le village de famille (voir plus loin
l’article sur le recensement).

La naissance de Jésus à Bethléem, bien qu’elle donne l’impression d’arriver par hasard, est tout
à fait dans le plan de Dieu :
- Le Messie devait venir de Bethléem : « Et toi, Bethléem Éphrata, petite entre les milliers
de Juda, de toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël, et dont l'origine remonte
aux temps anciens, aux jours de l'éternité. » 26.
- Bethléem est en effet la ville d’origine du roi David. Un sceau fiscal retrouvé à
Jérusalem montre que Bethléem était déjà une ville royale au 8e siècle (Image). C’est là
que vivaient ses ancêtres Boaz et Ruth (dont un livre de la Bible lui est consacré).
- Bethléem signifie littéralement « la maison du pain », ce qui correspond aux paroles de
Jésus : « Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui
croit en moi n'aura jamais soif » 27.
- Selon le Talmud, c’est à Bethléem (Image) qu’on élevait les brebis destinées aux
sacrifices dans le Temple de Jérusalem. C’est en cohérence avec les paroles de Jean au
sujet de Jésus : « Voici l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde… » 28. Ce sont les
bergers des brebis du sacrifice qui, les premiers, ont été avertis de la naissance du
Sauveur, l’Agneau de Dieu qui se sacrifierait pour le monde29.

26 28
Michée 5:1 Jean 1:29
27 29
Jean 6:35 Luc 2:8-15
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- Les troupeaux de Bethléem étaient gardés à « la tour du troupeau »30. Or, la tradition
juive31 prédisait que le Messie serait annoncé au Migdal Eder, la tour du troupeau
(Image). C’est ce que dit aussi le prophète Michée (4 :8) : « Et toi, tour du troupeau
(Migdal Eder), colline de la fille de Sion, à toi
viendra, à toi arrivera l'ancienne domination, le
royaume de la fille de Jérusalem. »
- Le Talmud nous apprend également que
« lorsqu’un animal était trouvé entre Jérusalem et
Migdal Eder, ou à une distance similaire dans
n’importe quelle direction, les mâles étaient
considérés comme des holocaustes. Les femelles
comme des offrandes de paix » 32.
- Ainsi, le Fils de Dieu qui se révèle comme le
Messie d’Israël et qui donne sa vie pour le monde,
était prédestiné à naître dans ce petit bourg de Tour de guet en Palestine semblable au Migdal Eder
Bethléem.

Pas de place dans l’hôtellerie ?

L’histoire simple et touchante racontée dans les Evangiles a marqué toutes les générations. Luc
2 :7 nous apprend qu’au moment d’accoucher, Marie n’a pu trouver de chambre disponible dans
l’hôtellerie. Ce n’est pas étonnant car le
recensement avait dû attirer plus de monde qu’à
l’accoutumée.
Certains commentateurs bibliques soulignent que
le mot grec utilisé par Luc ne se traduit pas
forcément par hôtellerie et peut avoir le sens de
salle à manger33. Luc utilise d’ailleurs un autre mot
pour désigner un hôtel34. Il est possible que Joseph
et Marie soit allés dans la maison d’un parent mais
qu’il n’y ait plus de chambre libre dans leur maison
et qu’on leur ait offert la pièce du rez-de-chaussée
Caravansérail moderne à Nicosie (utilisée pour les animaux).
Une autre possibilité est que l’hôtellerie soit un
khan ou caravansérail (Image). C’était de petites forteresses destinées à accueillir les voyageurs
et les protéger avec leurs troupeaux pendant leurs nuits de repos. Un khan est une basse structure
de pierres rugueuses, et généralement seulement d'un étage. Le bétail est au rez-de-chaussée, et
les chambres à l’étage sont appelées leewan. Aucun leewan n’étant libre, ils ont donc dû
s’installer dans une étable avec les animaux. L'enfant Jésus a été déposé dans une mangeoire
(Luc 2 :7).
Il est remarquable que Jésus ne soit pas né dans une famille riche de Jérusalem, comme on
l’attendrait d’un grand chef de l’époque, mais dans une humble famille de Galilée. Si l’histoire
de Jésus n’était qu’une légende juive, on n’aurait jamais placé le Messie dans une mangeoire
impure ! À quelques kilomètres plus au nord (à Jérusalem) se trouvait le magnifique palais
d’Hérode. Ainsi, le roi Sauveur est né dans l’humilité d’une étable, tandis que le roi corrompu
en exercice vivait dans un palais somptueux.

30 33
En hébreu Migdal Eder Exemple en Luc 22:11 kataluma traduit par L.
31
Targum Pseudo Jonathan sur Genèse 35:19-21 Segond lieu
32 34
Mishna Shekalim 7.4 Luc 10:34 grec pandocheion
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Le recensement a-t-il existé ?

Luc (2 :1-3) nous apprend que l’Empereur Auguste ordonna un recensement de tout l’Empire
(littéralement toute la terre) lorsque la Syrie était dirigée par Quirinius. Ce recensement était le
premier, selon Luc qui avait fait « des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur
origine, suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le
commencement… » (Luc 2 :1-2).

De nombreux sceptiques dénigrent Luc pour avoir inventé cette histoire de recensement ou, au
mieux, pour s’être égaré dans les dates. Pourtant, ceux qui ont éprouvé les éléments historiques
de son Evangile sont arrivés à la conclusion qu’il ne faisait pas d’erreur dans le reste de ses
écrits. Alors, Luc s’est-il trompé ou non ?
Il mentionne en effet un deuxième recensement (Actes
5 :37) au temps de la révolte de Judas le Galiléen. Flavius
Josèphe confirme35 que ce deuxième recensement était
aussi sous la responsabilité de Quirinius ; il eut lieu en +6
et fut l’occasion d’une révolte parce qu’Hérode Archélaüs
(roi juif) venait d’être remplacé par un romain, ce qui
fâcha le peuple.

On sait par l'historien romain Tacite36 que Quirinius était


avec Varus consul ou légat militaire de Syrie (région
romaine qui comprenait la Judée, Galilée et Samarie) de
-12 à -2, soit à l’époque de la naissance de Jésus. Il a donc
pu procéder au recensement dans cette région. Actes d’Auguste sur un monument d’Ankara (Turquie)
37
On sait aussi par le Res Gestae Divi Augusti (Image) que
l’Empereur Auguste ordonna un recensement du monde romain en l’an 746 de Rome (soit en 8
avant notre ère), un peu avant la naissance de Jésus. C’est sur un monument d’Ankara qu’on a
retrouvé la preuve archéologique de ce décret38.
Un recensement de l’Empire romain prenant plusieurs années, il n’est donc pas invraisemblable
que Joseph et Marie soient allés se faire recenser près de deux ans après le décret d’Auguste.
Mais pourquoi à Bethléem ? On a retrouvé des formes de recensement à la mode orientale39 où
chacun devait être enregistré dans son village familial. Les juifs faisaient toujours leur
recensement par tribus et par famille. La généalogie de Joseph (Matthieu chap. 1), le père
adoptif de Jésus, révèle qu’il est descendant du roi David ; il était donc normal qu’il aille se
faire recenser dans la ville de David, c’est-à-dire Bethléem.

L’histoire des mages est-elle crédible ?

L’évangéliste Matthieu (2 :1-8) raconte la visite en Judée de mages d’orient40 venus adorer le
petit enfant.
De prime abord, l’histoire des trois rois mages ressemble beaucoup à un conte oriental pour
enfants. Mais l’histoire nous éclaire sur la réalité de ces mages.

35
Antiquités Juives 1,18,1 C. Censorinus et de C. Asinius. Lors de ce lustre,
36
Tacite, Annales 3.48 ; voir aussi Florus, Histoire on a recensé quatre millions deux cent trente-trois
Romaine 2.31 mille citoyens romains. »
37 39
Les Actes du divin Auguste Voir Archeology and The New Testament, de
38
Le texte dit : « Ensuite, une deuxième fois, John McRay (2008, Baker Publishing Group)
40
disposant des pleins pouvoirs proconsulaires, j’ai C’est-à-dire venant de l’Est (Iraq ou Arabie)
procédé au lustre sans collègue, sous le consulat de
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On sait que les mages d’Orient étaient des savants babyloniens (Image), perses ou arabes qui
étudiaient les étoiles en même temps que les écrits sacrés. Ils étaient à la fois des astronomes
qualifiés et des astrologues qui tiraient des présages des
mouvements stellaires.
Les Babyloniens, en particulier, connaissaient très bien le ciel
et rédigeaient chaque année un almanach des événements
stellaires. Ils utilisaient les constellations pour en tirer des
augures, surtout concernant les événements politiques et les
catastrophes à venir. Quelle étoile a pu attirer leur attention ?

Sachant que Jésus est né plusieurs mois avant -4 (la mort


d’Hérode le Grand), il y a au moins trois candidats :
1. Une supernova (explosion d’une étoile) dans la
constellation du Capricorne en -5 (source d’archives chinoises). Mais une supernova ne
bouge pas du tout par rapport au ciel. Cela l’élimine.
2. La comète de Halley, passée entre août et octobre -12. Mais c’est beaucoup trop tôt par
rapport à la naissance de Jésus.
3. Une triple conjonction rare (tous les 800 ans) de Jupiter, Saturne et Mars en -7.

L’astronome allemand Johannes Kepler (1571-1630) (Image) observa entre 1603 et 1604 une
conjonction extraordinaire entre Jupiter et Saturne, à laquelle s'ajouta la planète Mars. Il calcula
que cette conjonction était très rare, qu'elle avait lieu environ tous les 800
ans. Poussant plus loin ses investigations, il découvrit que cette
conjonction avait eu lieu en 7 avant notre ère. Vu la grande visibilité de
ce genre de conjonction (Image), il s'est
demandé si cette conjonction était celle
qui avait suscité le voyage des mages,
surtout qu'elle a duré 11 mois ! Les
astronomes ont confirmé depuis que le 20
mai de l'anno urbis 747, Jupiter et Saturne
se rapprochèrent jusqu'à un degré dans le
20e degré de la constellation des
Poissons. Mi-septembre, elles étaient à
Conjonction de la lune, Jupiter et Vénus nouveau réunies à l'opposé du soleil.
à l’observatoire de Paranal au Chili Johannes Kepler, tableau peint en 1610

Des traditions juives du moyen-âge associent la grande conjonction à la venue du Messie.


Masha'allah, un juif originaire de Bassora (entre 762 et 815), se fait l'écho d'astrologues juifs
qui prévoyaient la naissance du Messie en relation avec
une conjonction des planètes Jupiter et Saturne dans la
constellation des Poissons; le rabbin Isaac Abravanel
(1437-1508), dans son commentaire du prophète Daniel41
expliquait que cette conjonction avait eu lieu trois ans
avant la naissance de Moïse et réapparaîtrait à la naissance
du Messie. Mais il refusait de voir Jésus comme le Messie.
Les Babyloniens du temps de Jésus avaient découvert cette
étonnante conjonction, à en juger le déchiffrement fait par
l'Allemand P. Schnabel, au début du siècle dernier, de la
tablette dénommée Almanach de Sippar (Image) ; s'y trouve
annotée la position de Jupiter et Saturne dans la
constellation des Poissons sur une période de cinq Tablette babylonienne, almanach astronomique– British Museum
mois.

41
Majne hayeshuah, Le Puits du Salut
P a g e 11 | 21
En outre, une quatrième conjonction se produisit à la fin du mois de janvier de l'an 6 av. J.-C.,
cette fois dans la constellation du Bélier. Or selon l'astronome grec Claude Ptolémée, la Judée
était placée sous le signe du Bélier.

Pour l'astronomie babylonienne, Jupiter était la planète du Dieu créateur (dieu Marduk),
Saturne la planète de l’agriculture et de la chasse (dieu Ninurta), et Mars la planète de la Guerre
(dieu Nergal). La constellation du Poisson symbolisait un grand changement, un grand
renouvellement. Il est donc très possible que les mages aient interprété cette conjonction comme
le signe d’un nouveau roi.

De plus les sages babyloniens connaissaient probablement les prophéties du juif Daniel, qui, au
temps du roi Nebucadnezzar, faisait aussi partie des mages42. Au chap. 9 v.27 de son livre
biblique, il révèle l’époque où le Messie sera retranché, soit 483 ans après le décret
d’Artaxerxès43, ce qui correspond à l’an 33 de notre ère. Par un rapide calcul, ils pouvaient en
déduire l’époque de sa venue sur terre. La conjonction inhabituelle était le signal du départ.

Un astronome plus récent, Michael Molnar44, interprète l’expression de Matthieu (2 :2) son
étoile en Orient45 comme un lever héliaque46. Il y eut bien un tel phénomène de Jupiter en -6
(d’avril à décembre) qui a pu inciter les mages à commencer leur voyage à ce moment.

Pourquoi étaient-ils prêts à adorer un roi d’Israël, ce petit peuple méprisable aux yeux des fiers
babyloniens ? Sans doute parce qu’ils connaissaient cette autre vision du prophète Daniel : « Je
regardai pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de
semblable à un fils de l’homme; il s’avança vers l’ancien des jours, et on le fit approcher de
lui. On lui donna la domination, la gloire et le règne; et tous les peuples, les nations, et les
hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne
passera point, et son règne ne sera jamais détruit.»47.

La prophétie de Balaam48 pouvait aussi les conforter dans l’attente d’un signe venant des astres
: « Un astre sort de Jacob, Un sceptre s’élève d’Israël. » (Nombres 24 :17).

L’érudit romain Suétone (env. 70-140), peu suspect d’être favorable aux juifs ou aux chrétiens,
nous apprend qu’un Sauveur était attendu de la Judée : "De temps immémorial il régnait dans
tout l'Orient une vieille tradition : les Destins avaient prédit que ceux qui viendraient de la
Judée, à cette époque, seraient les maîtres du monde." 49.

Des traditions juives de cette époque liaient la venue du Messie à l’apparition d’une étoile 50 :
« Et il y aura un chef venant de Jacob (Nb 24.19). D’abord, une étoile se lèvera à l’est, à la
tête de laquelle se trouvait une épée. Israël le vit et chacun dit à l’autre : ‘Qu’est-ce que c’est ?’
Les nations interrogèrent leurs astrologues : ‘Que signifie cette étoile ?’ Ils répondirent :
‘C’est l’étoile d’Israël. C’est le roi qui s’élèvera parmi eux.’ (…) Et aussi à la fin des temps,
une étoile se lèvera à l’est, et ce sera l’étoile du Messie. Comme il est dit, il y aura un roi (yerd)
sorti de Jacob. Rabbi Yose a dit : ‘Dans le langage des araméens, l’est est appelé Yerd. Et il

42
Daniel 2 :12-13 Même si notre esprit rationnel a du mal avec l’idée
43
Décret d’Artaxerxès pour reconstruire Jérusalem, d’une vierge qui conçoit un enfant sans
la 20e année de son règne, soit en -444. l’intervention d’un homme, le caractère unique de
44
Son livre : The Star of Bethlehem : the legacy of Jésus autorise ce miracle.47 Daniel 7:13-14
48
the Magi, Rutgers University Press, 1999. qui venait d’Aram en Mésopotamie – Nombres
45
Matthieu 2 :2, en grec en te anatole, expression 23 :7
49
commune aux astronomes de l’antiquité. Suétone, Vie des Césars, Vespasien, 4, §9
46 50
Le moment où une étoile devient visible à l'Est Citation du Midrash Yéménite (9.24) sur
au-dessus de l'horizon à l'aube, après une période Nombres 24:19 ; Midrash ha-Gadol, Livre des
où elle était cachée sous l'horizon ou noyée par la Nombres, traduit par Yitzhak Tzvi Langermann,
luminosité du Soleil. HarperCollins, 1996, p 175-176
P a g e 12 | 21
passera 15 jours à l’est. S’il reste plus longtemps, c’est seulement pour le bien d’Israël. Et alors
tu peux entendre les pas du Messie qui arrive. ».

Les mages - qui n’étaient pas des rois et dont on ne sait pas le nombre - se rendirent donc à
Jérusalem, la capitale, pour voir le roi en exercice (Hérode en l’occurrence) car l'étoile ne leur
indiquait pas encore de lieu précis. Hérode leur apprit que le Messie devait naître à Bethléem,
selon la prophétie. Ils prirent donc la route de Bethléem (à 8 kms de Jérusalem par une route
assez droite) et virent à nouveau l'étoile qui les guida jusqu'à la maison où se trouvait Jésus. Et
là, ils découvrirent avec joie le bébé avec sa mère. Ils lui offrirent des présents dignes d’un roi
(de l’or et de l’encens), ce qui montre en quelle estime ils tenaient cet enfant.
Il existe d’autres références, dans la littérature antique, à des mages rendant visite à des
empereurs d’autres pays. Par ex., Tiridates, roi d’Arménie, dirigea une procession de mages en
66 de notre ère pour rendre hommage à l’arrivée au pouvoir de Néron à Rome51.

La virginité de Marie est-elle crédible ?

Les Evangiles expliquent que Marie était une jeune fille vierge quand un ange lui annonça
qu'elle deviendrait mère par une intervention surnaturelle du Saint-Esprit (Image). Un esprit
rationaliste prendra tout de suite cette histoire comme
une fable. Mais quand on s'attarde sur le récit et que
l'on comprend que le Messie n'est pas un homme
comme les autres, cette histoire prend tout son sens.

Les prophéties messianiques


l’annonçaient.
La première annonce d’un Sauveur se trouve dans la
Genèse juste après la faute d’Adam et Eve. L’Eternel
maudit le serpent tentateur et annonce un long combat
entre sa postérité (Satan, l’ennemi de Dieu et des
hommes) et celle de la femme : « Je mettrai inimitié
entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité
: celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon. »
Henry O. Tanner, The Annunciation, 1898, Philadelphia Museum (Genèse 3:15). Ce qui est remarquable dans cette
prophétie, c’est qu’on peut y voir que le Sauveur viendra d’une femme et que sa victoire sur le
serpent sera au prix d’une blessure grave. A posteriori, on sait que Jésus a dû subir la mort
infâmante par crucifixion afin de sauver les hommes de l’emprise du diable. Au Moyen-Orient
on est toujours fils de son père : que le Sauveur soit désigné comme né d’une femme est
intentionnel et remarquable.

Une autre annonce nous vient d’Esaïe


qui vécut sous le règne d’Ezéchias au Esaïe 7 :14 en hébreu, Manuscrits de la mer Morte
8e siècle avant notre ère (Image).
« C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, Voici, la vierge deviendra
enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » 52.
« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, Et la domination reposera sur son épaule;
On l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix » 53.

Ces prophéties ont un contexte historique : le roi Achaz de Juda était menacé par les armées du
roi Retsin de Syrie et du roi Pekach d’Israël qui s’étaient ligués contre lui. Au lieu de se tourner

51 52
Sources Suétone, Néron 34 ; Tacite Annales Esaïe 7 :14
53
16:23 ; Dion Cassius Histoire Romaine, 63:1 Esaïe 9 :5
P a g e 13 | 21
vers l’Eternel, il offre de l’or du Temple au roi assyrien Teglath-Phalasar III pour son aide. Par
la bouche du prophète Esaïe, l’Eternel Dieu dit à Achaz qu’il n’a rien à craindre et qu’il peut
demander un signe pour être conforté. Achaz refuse, de peur de tenter Dieu. Finalement,
l’Eternel Dieu lui donne un signe, celui d’un enfant qui naît d’une vierge. Lorsque cet enfant
sera sevré, le pays et ses deux rois qui l’attaquent sera abandonné. 54 L’histoire 55 confirme
cette prédiction puisque les Assyriens (en -732) se sont emparés de la Syrie, le pays d’Israël et
la Samarie et ont déporté des milliers d’habitants, laissant leur pays déserté. Juda a été préservé
cette fois-là.

Il y a donc bien eu un enfant dont le nom Emmanuel (Dieu avec nous) donnait au roi l’assurance
que l’Eternel Dieu serait avec lui pour le délivrer.
La prophétie, comme souvent, apporte un autre accomplissement, plus lointain, car cet enfant
qui doit venir est appelé merveilleux, conseiller, Dieu puissant, père éternel, prince de la paix.
Seul le Messie est digne de tous ces titres ! Il était fréquent que le prophète, sous l’inspiration
de l’Esprit de Dieu, passe de son époque à l’époque messianique dans une même prophétie.
Notons que les traducteurs juifs de la Bible en grec (la Septante ou LXX) ont bien confirmé que
la jeune fille devait être vierge56.
Ensuite, cet enfant portait le nom prophétique d’Immanuel, ce qui signifie Dieu est avec nous.
L’Eternel Dieu viendra donc lui-même parmi son peuple. Dans l’histoire d’Israël, Dieu s’était
souvent manifesté sous forme humaine57 et il a toujours voulu habiter parmi son peuple. En la
personne du Messie, il annonce par Esaïe qu’il viendra à travers un enfant né d’une vierge.
Jésus, dont le nom signifie Yahvé sauve (hébreu Yeshoua), n’est pas un homme comme nous :
il est l’incarnation de Dieu dans une chair humaine, « la Parole faite chair qui a habité parmi
nous, pleine de grâce et de vérité »58.

Marie, déesse vierge de l’Antiquité ?


Quelqu’un qui connaît bien la mythologie grecque et romaine ne
pourra manquer de faire un rapprochement entre la « Sainte
Vierge » et les déesses Cybèle, Diane, ou Isis. Le culte de Cybèle
(la mère des dieux) et d’Isis a été ramené à Rome quelques siècles
avant Jésus Christ. Il semble que le culte de la Vierge romaine soit
une tentative de récupérer la croyance païenne en la déesse mère
au profit de l’Eglise. Les représentations de la Madone à l’enfant
font sérieusement penser à celles d’Isis et son fils Horus (Image).
Dans la Bible hébraïque, le culte à « la reine du ciel »59 est dénoncé
au temps60 de Jérémie.61 Marie (en hébreu Myriam), la mère de
Jésus dans les Evangiles, correspond-elle à ces déesses mères ?
Pas du tout en fait.
Dans le Nouveau Testament, Marie occupe une place assez faible.
Elle est, bien sûr, la jeune fille choisie pour porter le Messie en
Isis tenant Horus, musée John Hopkins, Baltimore (USA)
son sein ; mais elle apparaît très peu dans le reste des
Evangiles et des Actes des apôtres, et rarement sous un angle
avantageux. Une fois, alors qu’elle vient chercher Jésus pour le ramener à la raison, elle est
repoussée à la porte avec ces mots : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Puis, étendant
la main sur ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères. »62

54 57
Esaïe 7 :16 L’Ange de l’Eternel (Genèse 16 ; Exode 3 ; Juges
55
Notamment les annales du roi Sanchérib 6 ; Juges 13 ; II Samuel 24 ;Esaïe 37, etc.)
58
consignées sur le prisme du même nom Jean 1 :14
56 59
Hébreu Almah traduit en grec de la LXX par le Ishtar, divinité assyrienne.
60
mot Parthenos. Le mot hébreu pour jeune fille est 13e année du roi Josias (628 av. JC)
61
yaldâh Jérémie 7:18
62
Matthieu 12 :47-49
P a g e 14 | 21
Elle est au pied de la croix avec d’autres femmes appelées Marie. Ce n’est pas elle qui vient
embaumer le corps de Jésus et découvrir le tombeau vide. Après la résurrection de Jésus, elle
n’apparaît qu’une seule fois dans le livre des Actes63, à égalité avec les 120 disciples réunis
dans la prière à Jérusalem. Luc raconte que le culte de Diane (Artémis) à Ephèse est ruiné par
la Bonne Nouvelle de Jésus Christ64. À aucun moment, un disciple de Jésus ne vénère sa mère.
La vénération, les prières et les légendes sur Marie surgissent après le Concile de Nicée (325)
quand les païens entrent en masse dans les églises et y intègrent leur mythologie. Au 4e siècle
apparaît la première prière adressée à Marie65. Au commencement du 5e siècle, le culte des
saints explose et Marie est placée à leur sommet66. Au Concile d’Ephèse (431), Marie est
déclarée theotokos (mère de Dieu) plutôt que christotokos (mère du Messie). C’est de cette
époque que proviennent les écrits apocryphes67 qui écrivent la légende de la Vierge née sans
péché et montée au ciel après sa mort.
Les Evangiles, d’origine juive, n’ont donc pas du tout copié la mythologie païenne ; c’est la
mythologie païenne qui s’est emparée de Myriam pour amener dans le christianisme le culte de
la déesse mère.

Le Nouveau Testament raconte la naissance miraculeuse sans fioritures


Les textes évangéliques racontent que Joseph, voyant qu’elle était enceinte - et pas de lui -
propose de rompre secrètement au lieu de la dénoncer comme adultère. Il n’attend donc pas du
tout un miracle. Un ange lui explique la situation et l’encourage à rester avec Marie.
De même, lorsque Marie apprend qu’elle sera enceinte, elle est perplexe : « Comment cela se
fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ? » 68. Elle ne vivait pas dans un monde féérique
où les femmes ont des enfants sans coucher avec un homme !
D’autres écrits du Nouveau Testament (tous du 1er siècle de notre ère) concordent à dire que
Jésus est né d’une vierge, qu’il est l’incarnation de Dieu, qu’il est éternel et égal à Dieu69.

Les premiers chrétiens croyaient en sa naissance miraculeuse


L’un des plus anciens témoins de la foi (à part les auteurs du Nouveau Testament) est le syrien
Ignace d’Antioche. Né en 35, il a certainement connu l’un des apôtres. Devenu le troisième
évêque d’Antioche, il sera livré aux bêtes à Rome vers 110. Il a écrit plusieurs lettres aux
églises, dont une qui répond aux croyances gnostiques qui faisaient de Jésus un esprit sans chair.
Ignace écrit :
« Car notre Dieu, Jésus-Christ, a été porté dans le sein de Marie, selon l'économie divine, né
de la race de David et de l'Esprit-Saint... » 70

La naissance virginale attaquée


Il y eut cependant des groupes se revendiquant du christianisme qui nièrent l’origine divine de
Jésus.
Les Ebionites71, par exemple, un groupe de chrétiens judaïques au IIe siècle, croyaient que Jésus
était l’enfant naturel de Joseph et Marie, et que l’Eternel l’avait choisi comme messie, un peu
comme Il l’avait fait avec Abraham et Moïse.
Les gnostiques chrétiens, dont on a retrouvé nombre d’écrits pseudépigraphes (Evangile de
Judas, de Thomas, etc.), croyaient à l’inverse que Jésus était un dieu qui n’avait pris qu’une
apparence humaine. Ils niaient donc que Jésus soit venu en chair.

63 69
Actes 1 :14 Voir Jean 1:14; Paul aux Galates 4:4; aux
64
Actes chap.19 Colossiens 1:15-17 ; 1Timothée 3 :16 ; Hébreux
65
Par Ephraïm Syrus (source P. Schaff III.7 §82) 2:9, 4:14 ; 1Pierre 1 :20 ; 1Jean 5 :21, etc…
66 70
En 606 le panthéon de Rome se voit remplacer Ignace d’Antioche, Lettre aux Ephésiens §18-19
71
Zeus et les dieux par la Vierge et les saints. Philip Schaff, History of the Christian Church,
67
Evangile de Jacques ; Transitus Mariae. vol. II §113
68
Luc 1 :34
P a g e 15 | 21
L’évêque Arius72, prêtre d’Alexandrie au IVe siècle, s’inspira des fausses théories d’Origène
sur les différences entre le Père et le Fils, pour affirmer selon une certaine logique que Jésus ne
pouvait être qu’une créature de Dieu.
Le Talmud (70-250), commentaire rabbinique sur la loi de Moïse, enseigne que Jésus est un
enfant illégitime conçu par Marie et un officier romain. Il fait allusion à Jésus de Nazareth et
l'appelle souvent Ben Stada (fils de Stada) ou Yeshu Ben Pantera 73 (Jésus, fils de Pantera). En
effet, les écrivains du Talmud expliquent que le père officiel de Jésus était Stada mais que sa
mère, Myriam, une coiffeuse, l'a trompé pour aller avec son amant Pantera. Stada est mentionné
dans le Talmud comme vivant un siècle plus tard que le Jésus des Evangiles. Cette thèse du
Jésus fils illégitime a été reprise par Paul Verhoeven dans son film Jésus de Nazareth 74.
Le Coran exprime une position ambigüe à cet égard. Il affirme qu’Allah n’a pas de fils75 et que
Jésus ne peut être fils de Dieu. Mais en même temps, Jésus est constamment appelé « fils de
Marie », il est né sans l’intervention d’un père humain76, il est un fils pur, il est le Messie, Parole
d’Allah. Dans les commentaires du Coran, on remarque que les musulmans sont choqués à
l’idée qu’Allah ait pu avoir des relations avec une femme, et qu’Allah soit accompagné d’une
deuxième divinité. Or, ce n’est pas du tout ce que les chrétiens croient et enseignent. Il y a donc
un malentendu à éclaircir !
Du point de vue de la biologie, la naissance virginale ou parthénogénèse n’est pas impossible77,
contrairement à ce qu’on pourrait croire. Elle existe chez certains insectes, reptiles et poissons.
Chez les mammifères, cela n’existe pas en milieu naturel, mais une équipe chinoise aurait réussi
à créer génétiquement des bébés souris à partir de deux femelles sans l’intervention de gamètes
mâles78. Quoiqu’il en soit, Dieu a suppléé cet apport génétique par une intervention surnaturelle.

Le plan de Dieu nécessitait que Jésus naisse d’une vierge


Depuis la rébellion originelle de l’homme, l’Eternel Dieu a annoncé qu’il viendrait détruire
l’auteur du mal et sauver les hommes de leurs péchés79 ; s’il devait venir en tant qu’homme,
que faudrait-il attendre ?
• Une entrée miraculeuse dans le monde.
• Un être pur, sans péché aucun.
• Un être capable de réaliser des miracles uniques.
• Un être qui prononcerait des paroles qui marqueraient l’humanité.
• Un être dont l’influence ne s’arrêterait jamais.
• Un être qui répondrait aux besoins profonds de l’humanité.
• Un être qui surmonterait les pires ennemis de l’homme : le mal et la mort.

Jésus de Nazareth correspond pleinement à cette liste. La naissance miraculeuse est bien en
accord avec la venue de Dieu parmi nous. Pour être parfait et sans tache, Jésus devait échapper
aux gènes de ses parents, porteurs de la malédiction humaine. C’est pourquoi le corps de Jésus
a été créé par l’Esprit de Dieu dans le sein de Marie. L’ange annonce à Marie que son enfant
sera saint et fils de Dieu 80.

72 78
Philip Schaff, History of the Christian Church, Article publié dans Cell Stem Cell du 11 Oct
vol. III §119 2018 sous le titre : Generation of Bimaternal and
73
Talmud de Jérusalem Abodah Zarah 2:2/12 Bipaternal Mice from Hypomethylated Haploid
74
Sorti en 2013 ESCs with Imprinting Region Deletions
75
Sourate 4/171
76 79
Sourate 3/47 Genèse 3 :15
77 80
Voir cet article https://theconversation.com/is- Luc 1 :35
virgin-birth-possible-yes-unless-you-are-a-
mammal-52379
P a g e 16 | 21
Jésus est-il inspiré du mythe de Mithra ?
Certains sceptiques81 affirment que la vie de Jésus est inspirée de celle de Mithra (Image), un
dieu païen de l'Antiquité. Né un 25 décembre, il serait mort en sacrifice, enterré dans un
tombeau rocheux et ressuscité trois jours plus tard. N'est-ce
pas troublant ? Ça l'est sans doute pour le néophyte que
nous sommes. Mais pas pour les spécialistes, car pour eux,
ces éléments n'existent pas !
Mithra est à l'origine une divinité iranienne dont les
origines remontent au moins au 15e siècle avant J.C.. Selon
les conclusions du Premier Congrès International d'Etudes
Mithraïques tenu en 197182 à Manchester, son culte a
disparu puis recommencé sous une autre forme dans
l'Empire Romain. Deux spécialistes, John Hinells de
Manchester et R. L. Gordon d'East Anglia, ont affirmé que
le Mithraïsme romain était en fait une toute nouvelle
religion pour laquelle on avait simplement adopté le nom
d'un dieu iranien pour se donner un parfum exotique et
antique.
Mithra terrassant le taureau, Musée du Louvre
Une étude sérieuse du culte romain de Mithra révèle qu’il
n’est pas né un 25 décembre ni d’une vierge.83 Il est possible, par contre, que certains éléments
de l’histoire de Jésus ait été agrégés à la nouvelle mythologie romaine de Mithra.
Dans la mythologie païenne, certains dieux se mêlent à des humains pour donner des demi-
dieux84. Mais il n’existe absolument aucun parallèle où une femme vierge mette au monde, sans
aucune relation sexuelle, un enfant conçu par Dieu en son sein.

Pour d’autres sceptiques, Jésus est un personnage mythologique qui n’a pas existé et qui a été
inventé par l’Eglise Catholique.
Luigi Cascioli, un agronome retraité et ancien séminariste italien, a publié en 2001 son livre
intitulé La Fable du Christ 85, et a attaqué en justice l'Eglise Catholique pour « abus de crédulité
populaire ». Le Tribunal de Viterbe a finalement abandonné son accusation à l'audience du 27
janvier 2006, mais cette attaque a fait le tour du monde !
Le philosophe Michel Onfray reprend, dans son Traité d'athéologie 86 les thèses mythistes
de Paul-Louis Couchoud et de Prosper Alfaric. Pour Michel Onfray, si Jésus a bien existé c'est
à la manière d'Ulysse ou de Zarathoustra, à la façon d'un « personnage conceptuel ». Selon lui,
Jésus est une « idée sur laquelle s'articule une vision du monde ; il cristallise les aspirations
prophétiques de son époque ». Son livre contient beaucoup d’affirmations gratuites, dont
certaines sont contredites par l’histoire. Ce n’est pas un livre de recherche mais de polémique
et d’opinion. La très grande majorité des historiens reconnaît l’existence d’un homme juif
nommé Jésus de Nazareth qui a marqué son temps et notre monde87.

81 84
Comme Dan Brown dans le Da Vinci Code La légende d’Achille en Grèce, celle d’Horus en
82
http://www.jstor.org/stable/41533393 Egypte ou de Krishna en Inde
83 85
http://en.wikipedia.org/wiki/Mithras_in_ Titre original : La favola di Cristo
86
comparison_with_other_belief_systems#Mithraism Livre de poche 2006
87
_and_Christianity Une réponse complète à son livre est disponible
sur le site http://www.associationaxiome.com/
P a g e 17 | 21
Pourquoi est-il appelé Jésus et non Emmanuel selon la prophétie ?

Le prophète Esaïe avait dit88 qu’un enfant serait donné comme signe, qu’il naîtrait d’une vierge
et qu’on lui donnerait le nom d’Immanuel, ce qui signifie Dieu avec nous. Plus loin, il annonçait
qu’on appellerait cet enfant « admirable, conseiller, Dieu puissant, Père éternel ».
Y a-t-il contradiction ? Jésus aurait-il dû être appelé Immanuel, ou Admirable, Conseiller, etc.?
Si ses parents l’ont appelé Yeshua (Yahvé sauve) c’est parce que l’ange leur a ordonné89.
En hébreu, le nom désigne le caractère de la personne. C’est pourquoi le Messie est désigné par
plusieurs noms différents. Mais son nom terrestre est bien Yeshua, Jésus en français (Christ
étant la traduction de Machiach = Oint, Messie en hébreu).
Par sa nature et sa mission, le Messie est bien Dieu venu parmi nous, mais son nom terrestre
parmi les hommes est Yeshua.
On trouve un fait similaire en Genèse. Après la création de la femme, Adam déclare : « On
l'appellera femme (hébr. Isha) parce qu'elle a été prise de l'homme (hébr. Ish) »90.
Et pourtant, plus tard 91 la femme n’est pas appelée Isha mais reçoit son nom terrestre Eve (hébr.
Khava, 'qui donne la vie').

Le massacre des bébés est-il crédible ?

Matthieu (2 :16) raconte que les mages repartent sans dire à Hérode le lieu où habite l’enfant.
Il se met dans une rage folle et ordonne l’extermination de tous les bébés de Bethléem de deux
ans et moins (Image).
En-dehors de l’Evangile de Matthieu, il n’y a aucune
confirmation des historiens au sujet de ce massacre.
Mais cela n’est pas très étonnant vu que Bethléem était
un petit village de Judée, entre 300 hab. et 1000 hab. au
maximum. Il y avait donc peut-être une cinquantaine
d’enfants de deux ans et moins. Cela reste un massacre
horrible qui jette une ombre de plus sur la naissance du
Messie Jésus. Il est très probable qu’Hérode ne voulait
pas qu’une telle exaction figure dans ses archives
royales ! Mais le fait est très plausible, connaissant
Hérode :
* Il était un tyran cruel et barbare qui avait à son actif
de nombreux massacres. Léon Cognet, Le Massacre des Innocents, 1824, Beaux-arts Orléans
* Il est dépeint comme un paranoïaque qui craignait qu’on lui prenne sa place. Il a fait
tuer sa propre femme et certains de ses enfants à cause de cela.
Une source indirecte nous intéresse au sujet de ce massacre. Macrobe, le philosophe latin du 4e
siècle de notre ère, cite l’Empereur Auguste : « Quand il [César Auguste] apprît qu'Hérode, le
roi des Juifs, avait ordonné la mort de tous les garçons de Syrie de deux ans et moins, et que
les fils du roi furent comptés parmi les morts, il dit : 'Mieux vaut être un porc (hus) d'Hérode,
qu'un fils (huios) d'Hérode!' » 92. Macrobe associe deux actions distinctes d’Hérode, le
massacre des enfants de Bethléem et l’exécution de son propre fils Antipater III (en -4 avec
l’approbation d’Auguste), et les relie par la même cruauté indigne qui épargne des cochons (car
non cacher) mais tue des enfants.

88 91
Esaïe 7 :14 et 9:5 Genèse 3:20
89 92
Matthieu 1 :21 ; Luc 1 :31 Macrobe, Les Saturnales, Livre II, chap.4
90
Genèse 2:23
P a g e 18 | 21
Jésus est-il né dans la grotte de la Nativité ?
La tradition catholique veut que l’église de la nativité à Bethléem soit construite sur une grotte
où Jésus est né. Est-ce un lieu historique ou une simple tradition invérifiable ?

Cette basilique (Image) a été construite par la reine Hélène sous


l’Empereur Constantin après le Concile de Nicée autour de 325.
Un pèlerin de Bordeaux mentionne son existence en 333.
Des mosaïques au sol (Image) datées du 4e siècle contiennent le
nom ICHTUS (En grec poisson, anagramme grecque de Jésus
Christ Fils de Dieu Sauveur).
Justin Martyr vers 150 écrit : « L'enfant naquit donc à Bethléem,
dans une espèce de grotte, près de ce bourg où Joseph n'avait pu
trouver à se loger; c'est dans cette grotte que Marie mit au monde
le Christ et qu'elle le coucha dans une crèche, et c'est là que les Bethléem, Eglise de la Nativité du Christ
mages venus d'Arabie le trouvèrent. Je vous ai déjà montré qu'Isaïe avait parlé de cette espèce
de grotte d'une manière mystérieuse et figurée. »93
La mention d’une grotte, ou plus précisément d’une caverne, se trouve aussi dans les
apocryphes94. Mais elle est totalement absente des Evangiles. Il est néanmoins avéré que le
bourg de Bethléem est parsemé de cavités utilisées comme
lieux de stockage ou comme étables.

Jérôme, qui a fondé un monastère à Bethléem fin 4e siècle,


témoigne que le lieu chrétien avait été recouvert par un
temple à Adonis : « Il y avait aussi un bois consacré à
Thamus, c'est-à- dire à Adonis près de la ville de
Bethléem, ce lieu le plus auguste de l’univers, dont le
prophète-roi a dit : ‘La vérité est sortie de la terre’, et l'on
pleurait le favori de Vénus dans l'étable où l'on avait
Mosaïque du 4e siècle au sol, basilique de la nativité, Bethléem
entendu les premiers cris de Jésus-Christ enfant. » 95

C’est l’Empereur Hadrien qui, après avoir réprimé la révolte juive en 135, fit un temple à Zeus
sur le supposé tombeau de Jésus et un temple à Adonis sur son supposé lieu de naissance.

Mais une difficulté apparaît quand on considère que cette grotte est en sous-sol (Image). Jésus
est né dans un lieu où l’on gardait les animaux (puisqu’il
y avait une mangeoire) et aucun animal n’aurait pu être
parqué dans une grotte souterraine ! A moins que le
terrain ait beaucoup changé… Mais dès la construction
de la basilique, nous savons par des témoins qu’il y
avait des escaliers pour descendre à la grotte.

Cela n’a pas une grande importance pour l’histoire du


Sauveur. Une chose est sûre : personne dans l’Antiquité
n’a jamais remis en question le fait que Jésus soit né à
Bethléem.
Lieu supposé de naissance dans la grotte
sous la basilique de la nativité à Bethléem

93 94
Dialogue avec Tryphon (Chap. 78 §5-6) ; Protévangile de Jacques chap. 19 ; Seconde
Traduction moitié du 2e siècle
95
http://remacle.org/bloodwolf/eglise/justin/tryphon.h Lettre 58 à St Paulin, §3 ; Traduction
tm http://remacle.org/bloodwolf/eglise/jerome/paulin.h
tm
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Conclusion

Ce parcours historique et biblique nous a fait voyager dans le temps et l’espace. À chaque
élément de l’histoire de la naissance de Jésus, nous avons trouvé des faits concordants, des
témoignages historiques qui confirment et éclairent cet événement.
Le style littéraire des Evangiles n’est pas du tout celui des contes et légendes orientales, mais
un style plus biographique, voire journalistique, comme celui de témoins qui ont assisté à ces
événements.
Il y a bien sûr plusieurs éléments surnaturels auxquels nos esprits rationnels ne sont pas
habitués, mais ils ne sont pas ajoutés gratuitement au récit, ils en expliquent l’essence : l’Eternel
Dieu est devenu un homme, il s’est fait chair pour vivre une vie d’homme et ainsi comprendre
la nôtre, et prendre sur lui la condamnation qui pèse sur nos transgressions.
La Bible affirme que Jésus a été tenté comme nous en toutes choses, mais sans jamais
commettre de péché96. Jésus s’est chargé de nos douleurs, en démontrant une compassion
extraordinaire pour les humains, en souffrant de leurs afflictions, et les guérissant pendant ses
trois années de ministère.

Ce qui m’a frappé dans le récit de la naissance de Jésus, c’est l’humilité des lieux.
Jésus est né dans une famille royale, certes, mais pauvre, dont le père charpentier était obligé
de vivre à Nazareth, un village mal famé.
Jésus est né dans une étable et son premier sommeil a été dans une mangeoire.
Jésus s’est d’abord révélé à des bergers, hommes nomades de piètre réputation.
Jésus a travaillé avec son père, comme charpentier, et pendant ses trois ans de ministère, il
n’avait pas de lieu à lui pour reposer sa tête.
Cette humilité volontaire est résumée dans l’un des plus anciens hymnes chrétiens :

Le Christ, dès l’origine, fut d’essence divine, un avec le Dieu saint.


Il avait sa nature, sa gloire sans mesure, ses attributs divins.
Loin de mettre sa joie à trouver une proie dans son égalité avec le
Dieu suprême, il s’abaissa lui-même, avec humilité.
Le Roi de tous les êtres ici-bas voulut naître en simple serviteur.
Esclave volontaire, il a vécu sur terre sans éclat, sans honneur.
Homme parmi les hommes, il fut ce que nous sommes, en tout
semblable à nous.
Humble et sans apparence, dans son obéissance il alla jusqu’au
bout.
Il humilia son âme jusqu’à la mort infâme d’un criminel en croix.
Au trône de lumière, il fut, par Dieu son Père, élevé Roi des rois.
À lui honneur suprême, couronne, diadème, et sceptre tout-
puissant.
Jésus, nom qui surpasse, dans le temps et l’espace, tous les noms
existants.97

96 97
Hébreux 4 :15 Épître de Paul aux Philippiens, chap. 2 v.6-9,
Version Parole Vivante, A. Kuen
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BIBLIOGRAPHIE
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Sites web
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• http://www.bible.ca/history/philip-schaff/ (Histoire de l’Eglise par Philip Schaff)

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