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Tel Azekah et le récit Biblique de Josué 10

Une Exploration Archéologique de leur Interconnexion pendant le final de


l’Age du Bronze

Travail présenté para William Zimmermann


au professeur Jonathan Bourgel

SCR-2300 (Été 2001)


Faculté de Théologie et de Sciences Religieuses, Université Laval

Québec, 04 septembre 2023


Tel Azekah et le récit Biblique de Josué 10
Une Exploration Archéologique de leur Interconnexion pendant le final de
l’Age du Bronze

En juillet 2023, des enseignants et des étudiants en archéologie, en théologie, en histoire et dans
divers autres domaines se sont réunis en Israël pour une exploration archéologique de quatre
semaines. Leur cible était Tel Azekah, un site archéologique situé dans la vallée d'Élah, à environ
30 km de Jérusalem. Presque ininterrompue, chaque été israélien depuis 2012, des dizaines de
personnes parcourent des milliers de kilomètres pour participer aux fouilles à cet endroit. Pourquoi
ce lieu attire-t-il l'intérêt de tant de personnes chaque année ? Quelle est l'histoire de Tel Azekah
et son lien avec la Bible hébraïque ? Quel rôle Azekah a-t-il joué pendant la période biblique, en
particulier à la fin de l'âge du bronze ? Comment l'archéologie peut-elle élargir notre connaissance
du contexte biblique de cet endroit ?

1 Tel Azekah

La première étape pour comprendre le contexte de Tel Azekah est de comprendre son propre nom.
L’Expression « Tell » (ou “tel”) signifie essentiellement “montagne” ou “petite élévation”. Selon
L’Encyclopédie Brittanica, « en archéologie du Moyen-Orient, [tel] est une colline élevée
marquant l’emplacement d’une ancienne ville »1. Ainsi, le terme « tel » est couramment utilisé
pour décrire um type de colline artificielle qui se forme à partir de l’accumulation de couches
d’occupation humaine au fil de nombreuses années. Ces couches peuvent inclure des restes de
bâtiments, de la céramique et d’autres artefacts, ainsi que du sol et des débris.

Pour illustrer : aujourd’hui, lorsqu’on commence la construction d’um nouveau bâtiment, on


commence généralement par la fondation. Une machine passe et enlève tous les déchets qui se
trouvent sur le terrain – arbres, pierres, vestiges d’autres constructions, etc. Après cela, le terrain
est aplani et des trous sont creusés pour la fondation. Dans l’ancien Proche-Orient, après

1
The Editors of Encyclopaedia Britannica, « Tell », Encyclopedia Britannica, 2004.
l’effondrement ou la destruction des bâtiments (pour des causes naturelles ou humaines), « les
débris précédents étaient simplement nivelés et de nouveaux bâtiments étaient érigés sur eux.
Ainsi, la plupart des indicateurs étaient stratifiés, les strates inférieures étant généralement plus
anciennes que celles au-dessus d’elles »2. Cela crée une sorte de “gâteau” avec plusieurs couches,
la couche la plus basse étant généralement plus ancienne que celle immédiatement au-dessus, et
ainsi de suite.

Dans le cas d'Azekah, le tel est une colline « en forme de poire... à environ 127 mètres au-dessus
du ruisseau [de Nahal Ha-Elah], avec des pentes abruptes à l'ouest, au nord et à l'est »3. Les
archéologues ont trouvé « des restes de murs et de tours, et la preuve d'une citadelle fortifiée au
point le plus élevé de cet endroit »4. Selon l'archéologue responsable des fouilles à Tel Azekah,
Oded Lipschits, lors d'une interview vidéo accordée à l'auteur, « il y a environ 20 différentes
couches de personnes qui ont construit leurs maisons » à Azekah5.

Le nom Azekah (de l’hébreu : ‫)ֲﬠֵזָקה‬, quant à lui, vient d'une racine qui signifie « creuser avec une
houe » 6. Il s'agissait d'une ville dans la région de la Shéphéla (littéralement, « les terres basses »).
Son nom en arabe est Tell Zakariya. La ville surplombe une « jonction stratégique dans la vallée
d'Élah »7, une région de collines douces qui fait la transition entre la plaine côtière de la
Méditerranée et les collines de Judée, dans le centre d'Israël. Azekah a été habitée à diverses phases
de l'histoire - de l'âge du bronze jusqu'à la période romaine et byzantine.

2
Ibid.
3
Yuval Gadot Oded Lipschits, and Manfred Oeming, « Four Seasons of Excavations at Tel Azekah: The Expected and
(Especially) Unexpected Results », (2017), p. 1.
4
WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY OF PENNSYLVANIA, « AZEKAH », Insight on the Scriptures,
vol. 1, New York, WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY OF PENNSYLVANIA, 1990.
5
William Zimmermann, History and Archaeology in Tel Azekah, Israel, YouTube, 2023.
6
W.T.B.A.T.S.O. PENNSYLVANIA, « AZEKAH… »,
7
Oded Lipschits; Sabine Kleiman; Ido Koch; Karl Berendt; Vanessa Linares; Sarah Richardson; Manfred Oeming;
Yuval Gadot, « The Last Days of Canaanite Azekah », Biblical Archaeology Review 45:1/January/February 2019
(2019), p. 34.
Même avec des preuves de construction et d'habitation de Tel Azekah pendant l'âge du bronze (et
peut-être avant cela), il n'y a pas de mentions archéologiques du nom « Azekah » antérieures au
deuxième millénaire av. n. è.8. La première mention d'Azekah vient du livre biblique de Josué et
sera explorée plus loin dans cet article.

2 Le site archéologique

Comme décrit précédemment, environ 20 couches ont été trouvées lors de fouilles à Azekah,
chacune représentant une période différente. Selon les archéologues :

Azekah a été peuplée pour la première fois à l'Âge du Bronze Récent (c. 2900-
2500 av. n. è.) et à nouveau à l'Âge du Bronze Moyen (c. 1590-1550 av. n. è.),
[Âge du] Bronze Tardif (c. 1550 av. n. è. – 1130 av. n. è.), et Âges du Fer (c.
1130-539 av. n. è.), ainsi que pendant les périodes Perse (539-330 av. n. è.),
Hellénistique (330 av. n. è. – 31 av. n. è.) et Romaine (31 av. n. è. – 324 EC).9

Au 19èm siècle, entre 1898 et 1899, une petite équipe d'archéologues britanniques dirigée par F.
J. Bliss et R. A. S. Macalister a fouillé le Tel10. Les résultats des fouilles de dix-sept semaines ont
été publiés en 1899 et 1900. Bliss et Macalister ont centré leurs fouilles sur la zone de la forteresse
et de l'acropole. Cependant, à cette époque, les méthodes d'étude archéologique n'étaient pas bien
définies et, bien que bien documentées dans les journaux de terrain, « dans la plupart des cas, il
n'y a pas de description claire de l'emplacement des découvertes » 11.

8
Y.G. Oded Lipschits, and Manfred Oeming, « Four Seasons of Excavations at Tel Azekah: The Expected and
(Especially) Unexpected Results… », p. 1.
9
O.L.S.K.I.K.K.B.V.L.S.R.M.O.Y. Gadot, « The Last Days of Canaanite Azekah… », p. 34.
10
The Lautenschläger Azekah Expedition, « About Tel Azekah » [https://azekah.org/about-tel-azekah-2/] (consulté le
04/09).
11
Y.G. Oded Lipschits, and Manfred Oeming, « Four Seasons of Excavations at Tel Azekah: The Expected and
(Especially) Unexpected Results… », p. 3, 4.
Pendant plus d'un siècle, les chercheurs pensaient qu'il n'y avait plus rien à fouiller à Azekah,
estimant que le travail avait été achevé par Bliss et Macalister. Cependant, l'étude minutieuse des
journaux et des publications de Bliss et Macalister a révélé qu'il y avait encore beaucoup à explorer.

La Lautenschläger Azekah Expedition a commencé les travaux archéologiques sur le site en 2012
et bénéficie de l'aide d'étudiants et de professeurs de diverses universités et institutions du monde
entier, y compris l'Allemagne, le Canada, les États-Unis, la République tchèque, le Royaume-Uni
et Israël. En 2023, il y avait cinq zones de fouille différentes à Azekah, chacune avec son propre
superviseur et assistant(s) : A1, E3, N1, S1 et la zone G récemment ouverte. Les fouilles sont
dirigées par la Lautenschläger Azekah Expedition et coordonnées par les professeurs Oded
Lipschits (Université de Tel Aviv), Manfred Oeming (Université de Heidelberg) et la docteure
Sabine Kleiman (Université de Tübingen).

Les fouilles récentes sur le site ont révélé une richesse d'artefacts et d'informations sur la vie
quotidienne et les pratiques culturelles de l'époque. L'une des découvertes les plus remarquables a
été un bâtiment qui s'est effondré à la fin de l'âge du bronze, vers 1130 av. n. è. Des centaines de
vases en céramique complets, des outils en pierre et des objets en métal ont été trouvés dans ce
bâtiment. De plus, les squelettes de quatre personnes ont été découverts. Ce bâtiment offre un
aperçu rare des derniers moments de Tel Azekah pendant l'âge du bronze. De plus, les artefacts
trouvés (y compris des amulettes égyptiennes et une variété de céramiques) indiquent un réseau
complexe d'influences culturelles et de connexions politiques, principalement avec l'Égypte. Le
site présente également des preuves de pratiques industrielles et peut-être même de production
d'un certain type de produit, bien que la nature exacte de ce produit reste encore un mystère12.

Dans la zone S1, par exemple, des squelettes d'ânes ont été trouvés qui, selon toute vraisemblance,
ont été offerts en sacrifice. Cette découverte est une contribution significative au domaine de
l'archéologie, en particulier pour l'étude de la période de l'Âge du Bronze Récent (III). Les
animaux, qui avaient moins d'un an au moment de leur mort, ont été enterrés de manière
intentionnelle et soignée, ce qui suggère qu'ils avaient une signification symbolique ou rituelle

12
O.L.S.K.I.K.K.B.V.L.S.R.M.O.Y. Gadot, « The Last Days of Canaanite Azekah… », p. 35-37.
pour la communauté de l'époque. La manière dont ils ont été positionnés et l'emplacement de
l'enterrement sous un plancher architectural indiquent que cet acte pourrait avoir été une forme de
consécration ou de protection pour le site.

Cette découverte non seulement éclaire les pratiques rituelles et les croyances religieuses des
sociétés de l'Âge du Bronze récent, mais offre également des indices sur la stratification sociale et
la hiérarchie des établissements. Le fait que les ânes aient été enterrés de manière si élaborée
suggère qu'ils avaient une valeur spéciale, possiblement liée à des pratiques religieuses ou rituelles.
C'est une trouvaille qui ouvre plusieurs portes pour de futures recherches et interprétations dans le
domaine de l'archéologie13.

Cependant, apparemment ce qui attire le plus les chercheurs à Tel Azekah ne sont pas les os d'ânes
de l'âge du bronze. Plutôt, c'est sa connexion avec l'histoire de la Bible et avec plusieurs récits qui
ont pour toile de fond la ville d'Azekah.

3 Connexions avec la Bible

La ville d'Azekah (en hébreu : ‫ )ֲﬠֵזָקה‬est mentionnée nominalement sept fois dans les livres de la
Bible hébraïque (communément appelée Ancien Testament ou Écritures hébreu-araméennes) :
dans Josué (3x), dans 1 Samuel (1x), dans 2 Chroniques (1x), dans Néhémie (1x) et dans Jérémie
(1x).

De plus, la ville est également mentionnée dans des découvertes archéologiques extrabibliques,
mais qui se réfèrent à des événements mentionnés dans les Écritures. Parmi ceux-ci, nous pouvons
souligner l'invasion du roi assyrien Sennachérib (705-681 av. n. è.) dans le royaume des deux tribus
de Juda, pendant le règne d'Ézéchias, et la conquête babylonienne ultérieure de Juda et la
destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor (605-562 av. n. è.).

13
Lidar Sapir-Hen; Yuval Gadot; Oded Lipschits, « Ceremonial Donkey Burial, Social Status, and Settlement
Hierarchy in the Early Bronze III: The Case of Tel Azekah », The Wide Lens in Archaeology Archaeobiology 2 (2017),
p. 259-268.
Dans la chronologie biblique, la dernière fois que la ville est mentionnée est dans Néhémie. Il y
est rapporté les villes vers lesquelles les Juifs, désormais libérés de la captivité babylonienne, sont
retournés.

Dans cet article, nous mettrons en évidence la connexion de Tel Azekah pendant la fin de l'Âge du
Bronze avec les événements bibliques rapportés dans le livre de Josué. Comment l'archéologie
peut-elle nous aider à comprendre les peuples qui vivaient là à cette époque ?

3.1 Josué

La première et la deuxième mention du nom Azekah dans les annales de l'histoire se trouvent dans
le livre biblique de Josué, dans ce qui est aujourd'hui son dixième chapitre. Le contexte du récit
est le suivant : Le roi Adoni-Zédek, de Jérusalem (rappelons qu'à l'époque, Jérusalem ne faisait pas
partie du Royaume d'Israël – en fait, il n'y avait pas encore de « Royaume d'Israël ») a été alarmé
d'apprendre que Josué avait conquis la ville d’Aï et que les habitants de Gabaon avaient conclu un
pacte de paix avec Israël. Il convoque alors quatre autres rois amorrites pour attaquer Gabaon. En
réponse, les Gabaonites demandent l'aide de Josué, qui marche avec ses guerriers et reçoit des
assurances de victoire de la part de YHWH (Yahweh ou Jéhovah, en français), le Dieu des Hébreux.
Josué et ses hommes attaquent par surprise les Amorrites, causant une grande confusion et une
défaite. Alors que les ennemis fuient, Yahweh envoie une pluie de grêle qui tue plus d'Amorrites
que les Israélites eux-mêmes n'en avaient tué avec leurs épées.

Les deux premières mentions d'Azekah se trouvent dans les versets 10 et 11, qui disent :

Alors Jéhovah jeta la confusion chez eux. Les Israélites leur infligèrent une
grande défaite à Gabaon. Ils les poursuivirent par le chemin de la montée de
Beth-Horôn et en tuèrent jusqu’à Azéka et Makéda. 11 Pendant qu’ils fuyaient
devant les Israélites dans la descente de Beth-Horôn, Jéhovah fit tomber du ciel
de gros grêlons sur eux jusqu’à Azéka, et ils moururent. En réalité, les soldats
qui furent tués par les grêlons furent plus nombreux que ceux que les Israélites
tuèrent par l’épée.14

Figure 1 – Cette carte montre l’itinéraire que les Israélites ont emprunté pour porter secours aux Gabaonites – de
Guilgal (Gilgal dans la carte) jusqu’à Azekah (Azeca dans la carte), une distance d’environ 30km. Crédits de l’image :
logiciel Logos (2019, Faithlife).

Comme on peut le remarquer, les deux références à Azekah ne citent pas de détails supplémentaires
sur le lieu. Seul le nom de la ville est utilisé et la description d'une bataille qui aurait eu lieu entre
Azekah et Maqéda. Josué 10:3 indique que le roi de Jérusalem (Adoni-Zédek) a formé une
coalition avec le roi de Hébron (Horam), le roi de Jarmuth (Pirâm), le roi de Lakish (Japhia) et
avec le roi d'Églôn (Debir). Comme on peut le voir, la plupart de ces villes sont proches d'Azekah
: Jarmuth est à seulement quelques kilomètres à l'est d'Azekah et Lakish est à seulement quelques
kilomètres au sud.

3.2 Datation du récit biblique de Josué


Situer le récit de Josué 10 n'est pas une tâche facile. Certains chercheurs suggèrent que l'histoire
de Josué, ainsi que l'histoire de l'Exode israélite d'Égypte et la conquête de Canaan, la Terre

14
Josué 10:10, 11.
Promise, sont beaucoup plus tardives et ne sont rien de plus qu'une fabrication ou une construction
d'une identité nationale, tout comme l'Odyssée l'était pour les Grecs. D'autres, comme Baruch
Halpern, soutiennent que l'Exode est une partie cruciale de l'identité nationale d'Israël, mais qu'il
s'agit probablement d'un mélange de tradition orale et d'événements réels, semblable à d'autres
grands récits de l'Antiquité15. D'autres chercheurs encore suggèrent que ces récits sont un fait
historique et que le récit du livre de Josué doit être pris au sérieux16.

De plus, même pour ceux qui croient que l'Exode des Israélites sous le commandement de Moïse
est un fait historique et qu'il y a eu effectivement une conquête de la Terre Promise par Josué, il y
a le problème de la datation de l'Exode. Pour Halpern, « la Bible offre plusieurs dates possibles
pour l'Exode ». Selon lui, cependant, certaines preuves pourraient situer l'événement à la fin de
l'Âge du Bronze, spécifiquement au 13e siècle av. n. è. Il mentionne que le pharaon de l'oppression,
qui selon la tradition serait Ramsès II, a régné entre environ 1304 et 1238 av. n. è.17. Le fils et
successeur de Ramsès II, Mérenptah, est également considéré comme un pharaon possible pendant
le temps de l'Exode, en particulier sur la base de la Stèle d'Israël (ou Stèle de Mérenptah), qui
montre que Mérenptah avait déjà connaissance d'un « Israël vivant en Asie la cinquième année de
son règne, vers 1230 av. n. è. »18.

En tenant compte de la Stèle de Mérenptah, certains érudits bibliques ont tendance à se tourner
vers la chronologie biblique comme source pour la datation de l'Exode. L'œuvre religieuse « Étude
Perspicace des Écritures », dans l'entrée « Exode », suggère l'année 1513 av. n. è. comme date de

15
Baruch Halpern, « The Exodus from Egypt: Myth or Reality? », dans Hershel Shanks (dir.), The Rise of Ancient
Israel, Washington, DC, Biblical Archaeology Society, 1991, p. 87-117.
16
Watchtower Bible and Tract Society of Pennsylvania, « Josué », Estudo Perspicaz das Escrituras, vol. 2, 1990, p.
148-151.
17
É digno de nota que o relato bíblico do êxodo não menciona o nome do Faraó. Há uma menção a uma cidade
chamada Ramsés, mas não há uma menção a uma pessoa ou um rei com esse nome nesta época.
18
B. Halpern, « The Exodus from Egypt: Myth or Reality?… »
l'Exode et 1473 pour le début de l'invasion de Canaan19. Cependant, les deux datations pointent
vers l'Âge du Bronze Tardif (c. 1550 av. n. è. – 1130 av. n. è.).

3.3 Découvertes archéologiques à Azekah pendant l’Âge du Bronze Tardif

Les principales données de l'Âge du Bronze Tardif proviennent de la Zone T2, située au sommet
du tell, et de la zone S2, située sur la terrasse inférieure entourant les pentes ouest et sud du tell.
Dans la Zone S2, les principales découvertes datant de l'Âge du Bronze Tardif (II) incluent des
restes de bâtiments qui ont été construits dans une fosse taillée dans la roche et ensuite abandonnés
à l'époque de l'Âge du Bronze Moyen.

Les archéologues de l'Expédition Lautenschläger ont découvert les ruines d'un bâtiment datant de
la fin de l'Âge du Bronze Tardif (c. 1130 av. n. è.). Pendant cette période, il semble y avoir eu un
pic d'occupation à Azekah, atteignant ainsi l'apogée du site. Jusqu'en 2017, des vestiges
d'occupation de cette période avaient déjà été trouvés dans huit des dix zones fouillées20.

Un article publié dans la revue Bible Archaeology Review, intitulé "The Last Days of Canaanite
Azekah", indique que ce bâtiment était rempli de vases en céramique (environ deux cents vases
complets), quarante-cinq outils en pierre, objets en métal, perles, scarabées et amulettes – indiquant
ainsi qu'Azekah était sous influence égyptienne, bien qu'elle maintienne un certain degré
d'autonomie.

L'article montre également que la céramique récupérée est typique du sud de Canaan pendant l'Âge
du Bronze Tardif II et III. L'analyse détaillée de la céramique a permis aux chercheurs de resserrer
la période active du complexe vers la fin de cette ère. Les styles de décoration de la céramique

19
Watchtower Bible and Tract Society, « Êxodo », Estudo Perspicaz das Escrituras, vol. 1, New York, Associação
Torre de Vigia de Bíblias e Tratados, 1990, p. 904.
20
Y.G. Oded Lipschits, and Manfred Oeming, « Four Seasons of Excavations at Tel Azekah: The Expected and
(Especially) Unexpected Results… », p. 10.
montrent une forte influence de la culture cananéenne, avec des images populaires comme
« palmiers, bouquetins, cerfs et autruches » 21.

Les scarabées égyptiens trouvés représentaient des divinités protectrices telles que Bes, Pataikos
et Amun, datant de la 19e ou 20e Dynasties (c. 1292-1064 av. n. è.). De plus, un « dépôt de
fondation de lampe-en-bol » a été trouvé à l'entrée du complexe architectural. Il s'agit d'une
coutume adaptée de l'Égypte, où des offrandes votives étaient rituellement enterrées sous les
fondations de nouveaux bâtiments au début du processus de construction. Le dépôt n'a montré
aucun signe de graisses, indiquant qu'il était utilisé exclusivement à des fins d'offrande et non pour
la consommation ou l'éclairage. Ces éléments suggèrent que la population locale a accueilli et
approprié certains concepts du panthéon égyptien dans leur vie quotidienne.

Des squelettes humains ont également été trouvés dans cette couche. Des analyses ostéologiques
des quatre individus trouvés suggèrent qu'ils étaient physiquement actifs et possiblement impliqués
dans des activités industrielles et de fabrication. Les artefacts trouvés avec eux, y compris des
amulettes et des perles, suggèrent qu'ils étaient de haute classe sociale.

Figure 2 - Scarabées égyptiens trouvés à Tel Azekah. Ils datent de la 20e Dynastie égyptienne et montrent l'activité
égyptienne dans la région. Avec l'aimable autorisation de la Lautenschläger Azekah Expedition, tel que reproduit dans
la revue Biblical Archaeology Review.

21
O.L.S.K.I.K.K.B.V.L.S.R.M.O.Y. Gadot, « The Last Days of Canaanite Azekah… ».
Une autre découverte intéressante a eu lieu en 2012, dans la zone W1. Les archéologues ont trouvé
un vase chypriote rare, appelé krater22 - le White Slip II, type 2. Il est remarquable pour être une
importation très rare vers le Levant. Un article du journal « Israel Exploration Journal » suggère
que la rareté peut s'expliquer non seulement par le fait que ces kraters n'étaient pas produits en
masse pour l'exportation, mais aussi par leur forme, qui semblerait étrange et inconnue pour les
Cananéens, servant ainsi de barrière interculturelle à leur utilisation lors d'un banquet cananéen.
L'article discute également du contexte plus large du commerce entre Chypre et le Levant pendant
l'Âge du Bronze Tardif, notant que la plupart des importations chypriotes vers le Levant étaient de
formes ouvertes, comme des bols, qui étaient plus faciles à empiler et à transporter – ce qui
contraste avec les kraters, qui étaient plus difficiles à empiler et donc moins rentables pour
l'exportation23.

En résumé, la présence d'un krater chypriote rare du style White Slip II à Azekah suggère qu'il
existait des relations commerciales et peut-être culturelles entre Chypre et le territoire du Levant
pendant l'Âge du Bronze Tardif.

Figure 3 - Le Krater WSII trouvé lors de fouilles archéologiques à Tel Azekah, en 2012. Source : Israel Exploration
Journal, volume 64.

22
Les kraters sont un type de vase en céramique ancien, originellement utilisés pour mélanger de l'eau et du vin. Ils
sont une caractéristique commune dans plusieurs cultures du monde antique, y compris la Grèce, Rome et Chypre.
Les kraters ont généralement un corps large et une bouche ouverte, ce qui facilite le mélange des liquides. Ils peuvent
également avoir deux poignées latérales pour faciliter la manipulation.
23
ASSAF YASUR-LANDAU; BOAZ GROSS; YUVAL GADOT; MANFRED OEMING; ODED LIPSCHITS, « A
Rare Cypriot Krater of the White Slip II Style from Azekah », Israel Exploration Journal 64 (2014), p. 5-10.
4 Conclusion

Les découvertes archéologiques à Azekah, notamment celles datant de la fin de l'Âge du Bronze,
offrent un éclairage fascinant sur la complexité et la diversité des cultures qui ont coexisté dans
cette région. À son apogée, Azekah était une ville d'importance stratégique et commerciale, dotée
d'usines, de fortifications et d'un commerce florissant, notamment avec l'Égypte et possiblement
avec Chypre.

Le krater chypriote rare du style White Slip II, ainsi que les scarabées égyptiens et autres artefacts,
témoignent non seulement de la richesse et de la diversité des échanges commerciaux, mais aussi
d'un certain degré de syncrétisme religieux. Ce syncrétisme est particulièrement intéressant car il
suggère que le panthéon égyptien avait une influence significative sur la vie religieuse locale, tout
en permettant une certaine autonomie culturelle.

Ces éléments, pris ensemble, ajoutent une nouvelle dimension à notre compréhension des récits
bibliques, comme celui de Josué 10. Ils nous rappellent que les Cananéens n'étaient pas simplement
des adversaires dans la conquête israélite de Canaan, mais des acteurs complexes dans une toile
de relations culturelles, commerciales et religieuses. Cette complexité pourrait également avoir
des implications pour la manière dont nous interprétons les interactions entre les Israélites et les
Cananéens, en offrant un contexte plus nuancé pour les événements décrits dans les textes anciens.

En somme, les découvertes à Azekah enrichissent notre compréhension de l'histoire ancienne du


Levant et offrent un aperçu précieux des dynamiques culturelles et religieuses qui ont façonné cette
région pendant une période cruciale de son histoire.
Liste des références

Britannica, The Editors of Encyclopaedia, « Tell », Encyclopedia Britannica, 2004.


Expedi<on, The Lautenschläger Azekah, « About Tel Azekah » [hFps://azekah.org/about-tel-
azekah-2/] (consulté le 04/09).
Gadot, Oded Lipschits; Sabine Kleiman; Ido Koch; Karl Berendt; Vanessa Linares; Sarah
Richardson; Manfred Oeming; Yuval, « The Last Days of Canaanite Azekah », Biblical
Archaeology Review 45:1/January/February 2019 (2019), p. 32-38, 70.
Halpern, Baruch, « The Exodus from Egypt: Myth or Reality? », dans Hershel Shanks (dir.), The
Rise of Ancient Israel, Washington, DC, Biblical Archaeology Society, 1991, p. 87-117.
LIPSCHITS, ASSAF YASUR-LANDAU; BOAZ GROSS; YUVAL GADOT; MANFRED OEMING; ODED, « A
Rare Cypriot Krater of the White Slip II Style from Azekah », Israel Explora<on Journal 64
(2014).
Lipschits, Lidar Sapir-Hen; Yuval Gadot; Oded, « Ceremonial Donkey Burial, Social Status, and
SeFlement Hierarchy in the Early Bronze III: The Case of Tel Azekah », The Wide Lens in
Archaeology Archaeobiology 2 (2017).
Oded Lipschits, Yuval Gadot, and Manfred Oeming, « Four Seasons of Excava<ons at Tel Azekah:
The Expected and (Especially) Unexpected Results », (2017), p. 1.
PENNSYLVANIA, WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY OF, « AZEKAH », Insight on the
Scriptures, vol. 1, New York, WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY OF PENNSYLVANIA,
1990.
Pennsylvania, Watchtower Bible and Tract Society of, « Josué », Estudo Perspicaz das Escrituras,
vol. 2, 1990.
Society, Watchtower Bible and Tract, « Êxodo », Estudo Perspicaz das Escrituras, vol. 1, New York,
Associação Torre de Vigia de Bíblias e Tratados, 1990, 902-910.
Zimmermann, William, History and Archaeology in Tel Azekah, Israel, YouTube, 2023.

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