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Stèle royale de Ramsès II

dite « Stèle de Kouban »


Musée de Grenoble inv. MG 1937, 1969, 3565

Transcription hiéroglyphique ligne à ligne


avec translittération et traduction commentée
de Bernard Mathieu, docteur en égyptologie,
ancien directeur de l’Institut français d’archéologie orientale,
maître de conférences à l’université Paul-Valéry - Montpellier 3,
CNRS - UMR 5140 « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes »

Musée de Grenoble - 2015


Introduction historique et historiographique

Cette présentation de la stèle de Kouban est le fruit d'une collaboration, en 2015, entre le musée
de Grenoble, l'Association Dauphinoise d'Égyptologie Champollion — plus particulièrement
Céline Villarino, égyptologue et secrétaire de l'ADEC —, et Bernard Mathieu, ancien directeur
de l'Institut français d'archéologie orientale, maître de conférences en égyptologie (HDR) à
l'Université Paul Valéry - Montpellier 3, CNRS - UMR 5140 « Archéologie des Sociétés
Méditerranéennes ».

« L’inscription de Koubân peut être regardée comme l’une des plus précieuses que nous ait léguée la
période thébaine », déclarait P. Tresson dans son édition de la stèle1. Plus tard, Chr. Desroches
Noblecourt ajoutait : « La Stèle de Kouban constitue l’exemple le plus caractéristique de la littérature
laudative et politique du début du règne »2. C’est dire l’intérêt qu’il convient de porter à ce monument.

Cette belle stèle de granite, dont il manque la partie inférieure droite, fut découverte en 1842 à
Kouban, l’ancienne Baky, à 120 km environ au sud d’Assouan. Le nom de son découvreur reste
encore sujet à hypothèses. La plupart des commentateurs donnent le nom d’Émile Prisse d’Avennes3,
qui fit une copie de la stèle4. Néanmoins, si nous prenons le temps d’analyser quelques documents de
la main même d’Émile Prisse d’Avennes ou du comte Louis de Saint-Ferriol, l’identité du découvreur
semble moins énigmatique. Dans son « plan et motif d’une nouvelle mission en Égypte », Prisse
d’Avennes évoque Kouban en ces termes : « Kobban (Contra Pselcis), restes d’un temple découvert
par le comte Saint Ferréol »5. Dans son Journal de voyage, à la date du 8 mars 1842, le comte Louis de
Saint-Ferriol donne quelques détails : « cette stèle qui venait d’être déterrée il y avait à peine 15 jours
lors de notre passage, frappa nos regards comme un trésor. »6. Il semble donc que le véritable
découvreur de cette stèle soit le comte Louis de Saint-Ferriol qui, après l’avoir dégagée des sables
pour la rapporter en France dans son château d’Uriage, en réalisa un estampage qu’il offrit, sans doute,
à Prisse d’Avennes lorsqu’ils se rencontrèrent au Caire le 9 juin suivant. La stèle est entrée dans les
collections du musée de Grenoble en 1916 grâce au don du fils héritier de Louis, le comte Gabriel de

1
. La stèle de Koubân, BiEtud 9, 1922, p. XIV.
2
. Ramsès II. La véritable histoire, Paris, 1996, p. 134.
3
. Nous pouvons citer quelques exemples non exhaustifs : Fr. CHABAS, « Études égyptiennes, III : Ramsès II –
L’inscription de Kouban », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Chalon-sur-Saône, tome IV,
1862, p. 449 : « La stèle sur laquelle est gravée l'inscription que je vais étudier a été découverte par M. Prisse
d'Avennes au milieu des ruines antiques avoisinant le village nubien de Kouban. » ; A. MORET, « Monuments
égyptiens de la collection du Comte de Saint-Ferriol », RevEg 1, 1919, p. 16 : « C’est près du temple sud que
Prisse d’Avesnes trouva la stèle vers 1824 » ; P. TRESSON, La stèle de Koubân, BiEtud 9, 1922, p. VII :
« L’importante stèle de Ramsès II (…) fut découverte, vers 1843, par Prisse d’Avennes dans les ruines de la
forteresse dite de “Koubân“ ».
4
. É. PRISSE D’AVENNES, Monuments égyptiens…, 1847, pl. XXI.
5
. ADI 185 J 35 – pièce 5 et 6 – folio 437, 438 et 440.
6
. L. SAINT-FERRIOL (de)Journal de voyage en Égypte et en Nubie (1841-1842), R 9964_53_2.
1
Saint-Ferriol. Elle est actuellement accessible aux visiteurs dans l’une des deux salles consacrées aux
objets de l’Antiquité égyptienne.

Baky était une place forte, déjà en fonction au Moyen Empire, probablement sous le règne
d’Amenemhat III, destinée à protéger l’accès aux gisements aurifères de l’ancienne Akayta,
aujourd’hui « Oumm Garayât » 7, et du ouâdi al-Allaqi. Y était vénéré un « Horus de Baky », figuré
sur le cintre de la stèle, au côté de « Min qui réside dans la montagne ». « Horus de Baky » était l’un
des quatre « Horus nubiens » ramessides, avec Horus de Bouhen (ouadi Halfa), Horus de Miâm
(Aniba) et Horus de Méha (Abou Simbel).

L’inscription que porte la stèle possède un parallèle dans le temple d’Akcha8. Elle est datée de l’an 3
du règne de Ramsès II, ce qui correspond précisément à l’an 1277 av. J.-C. Le roi a 21 ans. On peut
assurer qu’il ne s’est pas lui-même rendu en Nubie à l’occasion des événements commémorés dans le
texte. Sa première année de règne, en effet, avait été particulièrement chargée : après avoir escorté le
corps de son père Séthy Ier à Thèbes, pour son inhumation dans sa tombe de la Vallée des Rois, il avait
assisté à la fête d’Opet. Puis de nombreuses décisions importantes avaient été prises pour la réalisation
des premiers grands travaux : creusement de la tombe royale, fondation du Ramesseum, achèvement
du temple funéraire de Séthy Ier à Gourna et de celui d’Abydos, achèvement de la grande salle
hypostyle de Karnak, agrandissement du temple de Louqsor, fondation du temple de Beit al-Ouali,
fondation d’une chapelle au Gebel al-Silsila, fondation du temple d’Abydos. Dès l’an 2, Ramsès fut
certainement davantage préoccupé par le conflit avec les Hittites : la première campagne syrienne
datée de l’an 4 et l’an 5, comme on sait, vit se dérouler la deuxième campagne qui donna lieu à la
célèbre bataille de Qadech.

La stèle de Kouban, en ce début de règne, constitue un témoignage essentiel sur l’idéologie royale
ramesside. Le pharaon y est présenté comme surmontant un obstacle jamais vaincu auparavant : celui
de l’approvisionnement en eau des expéditions menées vers les mines d’or d’Akayta. Ce faisant,
Ramsès II reprend une thématique déjà exploitée sous le règne de son père Séthy Ier, comme le
rapporte l’inscription du temple de Kanaïs :

« Que c’est éprouvant, une route sans eau ! Comment les voyageurs font-ils donc pour
supprimer le dessèchement de leur gorge ? Qui étanche leur soif, quand le pays est si loin et le
désert si vaste ? Malheur à l’homme assoiffé dans cette contrée ! Eh bien, je vais m’occuper
d’eux, je vais leur donner le moyen de survivre, et ils célébreront mon nom dans le futur et les
années à venir, et les prochaines générations me loueront pour ma vaillance, car c’est moi qui
aurai manifesté de la compassion et de la bonté pour les voyageurs !
(Le roi a découvert un point d’eau) Amon, accorde-lui l’éternité, redouble pour lui la pérennité,
dieux qui résidez dans ce point d’eau, veuillez lui accorder votre temps de vie, car il nous a
ouvert une route que nous pensions condamnée ! D’elle nous disions naguère : si nous l’évitons,
nous serons sains et saufs ; aujourd’hui nous disons : si nous l’atteignons, nous vivrons ! La
route qui nous paraissait inaccessible est devenue idéale… Il a fait jaillir l’eau des montagnes,
alors qu’elle était loin des hommes ! » 9
7
. Sur les mines d’or de Nubie, voir notamment J. VERCOUTTER, « The gold of Kush. Two gold-washing stations
at Faras East », Kush 7, 1959, p. 120-153 ; D. KLEMM, R. KLEMM, A. MURR, « Gold of the Pharaohs – 6000
years of gold mining in Egypt and Nubia », Journal of African Earth Sciences 33, 2001, p. 643-659. Sur Baky :
K. ZIBELIUS, Afrikanische Orts- und Völkernamen in hieroglyphischen und hieratischen Texten, Wiesbaden,
1972, p. 111-112.
8
. A. ROSENVASSER, Revista del Instituto de Historia Antigua Oriental 5, 1980-1984, p. 7-28 et pl. 1.
9
. Inscription du temple de Kanaïs.
2
La stèle de Kouban nous apprend que le même Séthy Ier avait entrepris, en vain, le forage d’un puits
sur la route d’Akayta10. Mais Ramsès II y parvint. Le puits creusé sur son ordre fut retrouvé par les
équipes russes qui explorèrent la région du ouâdi al-Allaqi, lors de la construction du grand barrage,
avant qu’il ne soit noyé sous les eaux du lac Nasser11.

Comme souvent dans ces grandes compositions royales, l’énoncé de la titulature est suivi d’une
première section débutant par « Le dieu parfait… »12.
On retiendra en particulier la qualité de l’eulogie prononcée par les courtisans, composée en quatrains
métriquement réglés, et qui exalte les qualités intellectuelles du jeune souverain (l. 13-19).

10
. Sur le forage des puits et la technologie associée dans l’Égypte ramesside, on consultera les études de
H. FRANZMEIER, « A Ramesside Well at Samana near Qantir. A New Insight into the Hydrological Technology
of Pharaonic Egypt », StudAeg XVIII, 2006, p. 121-132 ; « Wells and Cisterns in Pharaonic Egypt: The
Development of a Technology as a Progress of Adaptation to Environmental Situations and Consumers’
Demands », dans K. Griffin (éd.), Current Research in Egyptology 2007, Oxford, p. 37-52 ; « Ancient Egyptian
Emic Terms for Wells and Cisterns », dans V. Gashe, J. Finch (éd.), Current Research in Egyptology 2008,
Bolton, 2008, p. 31-42.
11
. B. PIOTROVSKY, Drevnjaja Nubija, 1964, p. 229-260 ; id. The Unesco Courier, Febr. / March 1980, p. 34 ;
Chr. DESROCHES NOBLECOURT, Ramsès II. La véritable histoire, Paris, 1996, p. 138.
12
. Incipit traditionnel d’eulogie royale (n†r nfr). L’un des premiers exemples développés semble être
l’eulogie de Sésostris Ier gravée sur la « Stèle de Hor » (Caire JE 71901).
3
Transcription, translittération et traduction

Pour la transcription hiéroglyphique ligne à ligne, nous avons utilisé l’éditeur de textes JSesh qui est
un logiciel libre et open-source http://jsesh.qenherkhopeshef.org/fr. Cette transcription a été
réalisée grâce à l’aide efficace de Jean-Claude Rosselet. Pour la translittération, nous avons utilisé la
police CGT_0.TTF. Le texte hiéroglyphique utilisé est celui de K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions II,
éd. B.H. Blackwell Ltd, Oxford, 1976, p. 353-360 (reproduit en annexe).

(1)

rnp.t-sp 3 Abd tp(y) (ny) pr.t sw 4 xr Hm n(y)


1r kA nxt Mry-mAa.t Nb.ty Mk(w)-Km.t Wafw-xAs.wt
Bjk nwb Wsr-rnp.wt aA-nxtw.w n(y)-sw.t bjt(y)Wsr-mAa.t-Ra stp(w)~n-Ra
sA Ra Ra-ms(w)-sw Mry-Jmn d(w) anx.t D.t HH
mry Jmn-Ra nb ns.wt 6A.wy xnt(y) Jp.t-

An 3, 1er mois de la saison péret, 4e jour, sous la majesté de


l’Horus, taureau victorieux : Méry-maât,
celui des Deux Dames : Celui qui a protégé l’Égypte et subjugué les contrées étrangères,
le Faucon d’or : riche en années et aux grandes victoires,
le roi de Haute et Basse-Égypte : Ousermaâtrê-Sétepenrê,
le fils de Rê : Ramsès-Méryamon, doué de vie pour l’éternité djet et l’éternité néheh,
l’aimé d’Amon-Rê seigneur des trônes du Double-Pays qui préside à Ipet

(2)

-s.wt xa(w) Hr s.t 1r n(y).t anxw.w mj jt=f Ra ra nb

nTr nfr nb 6A-5maw BHDt(y) sAb Sw.t bjk nfr n(y) Dam xw~n=f Km.t m DnH=f
jr(w) Swb.t n rxy.t m sbty n(y) on nxtw pr~n=f

-sout13, apparu sur le trône d’Horus des vivants comme son père Rê, chaque jour.

Le dieu parfait, seigneur du pays du Sud,


celui de Béhédet au plumage tacheté14,
le faucon parfait d’électrum qui a préservé l’Égypte grâce à son aile
et fait de l’ombre pour le peuple grâce à un rempart de vaillance et de victoire.

Il est sorti

13
Le cœur du temple de Karnak.
14
Le roi est assimilé à Seth (seigneur du pays du Sud) et à Horus (celui de Béhédet).

4
(3)

m X.t Hr(=w) r jT(.t)


pHty=f Hr swsx tAS.w=fd~n=tw trw n Haw=f m nxtw.w n(y.w) MnTw
Nb.wy (Hr) nhm m p.t hrw n(y) ms.t=f nTr.w Hr mtw.t=n jm=f

du sein tout préparé à saisir (la royauté)15,


sa vigueur élargissant ses frontières16.

Son corps avait été doté de sang rouge encre17


grâce aux victoires de Montou,
et les Deux Seigneurs tonnaient dans le ciel
le jour de sa mise au monde18.

Les dieux de dire : “Notre semence est en lui !”,

(4)

nTr.y(t) Hr pr~n=f jm=n r jr.t nsy.t n(y.t) Ra Jmn Hr jnk jr(w) sw rd~n=j MAa.t r s.t=s
tA smn(=w) p.t hr=tj psD.t Htp=tj Hr sp=f kA nxt r KS Xsy kh(w)

les déesses de dire : “Il est issu de nous pour exercer la royauté de Rê !”,
et Amon de dire : “C’est moi qui l’ai engendré, après avoir remis Maât à sa place !”

La terre est stabilisée, le ciel est content,


et l’Ennéade est satisfaite de son exploit.

(Lui), le taureau victorieux de la vile Kouch


et qui hurle

15
Et non « la terreur qu’il inspire conquiert » (N. GRIMAL, Les termes de la propagande royale égyptienne de
la XIXe dynastie à la conquête d’Alexandre, MAIBL n.s. VI, Paris, 1986, p. 687, n. 718). Sur ce dogme
« préformationiste » de la prédestination royale, voir l’eulogie de Sésostris Ier de la stèle Caire TR 19.4.22.1, l.
7 : sA Ra jmt(w)~n=f r n(y)-sw.t wD(w)~n=f n=f jT.t m swH.t, le fils de Rê, qui l’a éduqué pour qu’il devînt roi et
qui lui a assigné de saisir (la royauté) dans l’œuf. De même, dans les Mémoires de Sinouhé, B 69 : jw=f m n(y)-
sw.t jT~n=f m swH.t jw Hr=f < r=s > Dr mst=f, Il est roi, et il a saisi (la royauté) dans l’œuf, son attention est
tournée vers elle depuis sa naissance.
16
Pour cette expression expansionniste de l’« impératif de surpassement », attestée depuis le règne de Sésostris
Ier, surtout développée à partir de Sésostris III, voir J.M. GALAN, Victory and Border. Terminology related to
Egyptian Imperialism in the XVIIIth Dynasty, HÄB 40, 1995 ; P. VERNUS, Essai(s) sur la conscience de
l’histoire dans l’Égypte pharaonique, BEHE Sciences historiques et philologiques 332, 1995, p. 108-110 ; D.
MEEKS, « Franchissement et transgression de la frontière. Expansion et risques à l’époque pharaonique », dans
Chr. Velud (éd.), Les sociétés méditerranéennes face au risque. Espaces et frontières, BiGen 35, 2012, p. 15, n.
15.
17
Il est dit du défunt, dans les Textes des Pyramides, qu’il est : Trw prw m Ra fd.t pr.t m As.t, le sang rouge
encre issu de Rê et l’effluve issu d’Isis (§ 1263c [TP 533]). On peut donc douter qu’il s’agisse de « war-paint »,
ou de « smears of blood from battle », comme le suggère K.A. Kitchen, RITA II, 1996, p. 189.
18
Les Deux Seigneurs sont Horus et Seth. Rapprocher la description de l’ébranlement de l’univers lors de la
naissance d’Horus l’enfant dans la formule 148 des Textes des Sarcophages.
5
(5)

dnj.wt r 6A-NHs
wnn agA.wt=f Hr ptpt Jwnty.w jw ab=f Hr khb jm=sn bAw=f sxm(=w) m 2nt-Hn-nfr
Hry.t=f pH=s KAry rn=f (Hr) pXr m

des mugissements contre le Pays nubien,


tandis que ses sabots piétinent les Iountyou19
et que sa corne les transperce.

Son pouvoir (baou) est puissant dans Khent-hen-néfer20


et la peur qu’il inspire atteint Kary21.
Son nom circule dans

(6)

tA.w nb.w Hr nxtw.w jr(w)~n a.wy=f


pr nwb m Dw Hr rn=f mj jt=f 1r nb BAkA aA mrw.t=f Hr xAs.wt rs(y).wt mj 1r m Mjam nb
Bwhn
n(y)-sw.t bjt(y) Wsr-mAa.t-Ra stp(w)~n-Ra

tous les pays


grâce aux victoires engendrées par son action.

L’or sort de la montagne à son nom


comme (à celui de) son père Horus seigneur de Baky,
lui dont l’amour qu’il inspire (mérout) est aussi grand dans les contrées méridionales
que (celui d’)Horus de Miâm et du seigneur de Bouhen22.

(Lui,) le roi de Haute et Basse-Égypte Ousermaâtrê-Sétepenrê,

19
Population nubienne, les Iountyou étaient censés extraire le métal précieux des mines locales. Leur mention est
donc parfaitement adéquate ici.
20
Région située au sud de la deuxième cataracte, qui correspond au royaume de Kouch et à la civilisation de
Kerma. Rapprocher, dans l’autobiographie d’Âhmès fils d’Abana, col. 16-17 : m-xt smA~n Hm=f Mntyw.w ST.t
wn~jn=f Hr xnt.t r 2nt-nfr r sksk Jwnty.w Sty.w, Après que Sa Majesté eut tué les Mentjouou d’Asie, elle
remonta le fleuve vers Khent-néfer pour écraser les Iountyou nubiens.
21
La région de Napata, capitale du royaume de Kouch, à la hauteur de la quatrième cataracte. C’est le toponyme
qui figure déjà sur les scarabées commémoratifs du « mariage » ou de l’« état des lieux » d’Amenhotep III ; cf.
notamment C. BLANKENBERG-VAN DELDEN, The Large Commemorative Scarabs of Amenhotep III, Leyde, 1969
; R.J. DEMAREE, « The Commemorative Scarabs of Amenophis III: an Update », Ex Oriente Lux 43, 2011, p. 25-
34.
22
Sur ces différents Horus nubiens, voir l’introduction.
6
(7)

sA Ra n(y) X.t=f nb xa.w Ra-ms(w)-sw Mry-Jmn


d(w) anx D.t HH mj jt=f Ra ra nb

jst Hm=f m 1w.t-kA-PtH Hr jr.t Hss(w).t jt.w=f nTr.w nb.w 5maw MHw
mj rd~n=sn n=f on nxtw aHaw aA n(y) HH.w

le fils de Rê de sa chair, seigneur des couronnes, Ramsès-Méryamon, doué de vie pour


l’éternité djet et l’éternité néheh, comme son père Rê chaque jour.

Or Sa Majesté était à Hout-ka-Ptah23, accomplissant ce que louent ses pères, tous les dieux de
Haute et de Basse-Égypte, de même qu’ils lui avaient accordé vaillance, victoire et une
longue existence de millions

(8)

m rnp.wt
wa m nn (ny) hrw xpr(=w) jst Hm=f xms(=w) Hr bHdw n(y) Dam xaw m sSd Sw.ty
Hr sxA.t xAs.wt jnn(w.t) nwb jm=sn Hr wAwA sxrw n(y) Sd

d’années.
Un beau jour, Sa Majesté, qui siégeait sur le trône (béhédou) d’électrum et paraissait avec le
bandeau séched et les deux plumes, se mit à songer aux contrées d’où l’on rapporte l’or et à
réfléchir au dessein de forer

(9)

Xnm.yt Hr wA.wt osn.wt Hr mw


m-xt sDm=tw r-Dd jw wn nwb aSA Hr xAs.t JkAyt xr wA.t=s osn=tj Hr mw r-jor
jr Sm(w) nhy m

des puits24 sur les routes pénibles à cause (du manque) d’eau, après avoir entendu dire : “Il y a
beaucoup d’or dans la contrée d’Akayta, mais sa route est extrêmement pénible à cause (du
manque) d’eau. Si des

23
Memphis, litt. « la Demeure du ka de Ptah », toponyme à l’origine du grec « Aïgyptos » et du français
« copte » et « Égypte ». Ce passage évoque une stèle de Séthy Ier provenant de Bouhen (British Museum EA
1189) : Tandis que Sa Majesté se trouvait dans la ville de Hout-ka-Ptah, en train d’accomplir ce que louent son
père Horakhty, Ptah le Grand au Sud de son Mur, Seigneur d’Ânkhtaoui, Atoum seigneur du Double-Pays,
l’Héliopolitain, ainsi que tous [les dieux] de Ta-Méri (KRI I, 38, 4-5).
24
Le terme Xnm.t, « puits » (naturel ou anthropique), « citerne », « point d’eau » est un terme générique, non
marqué, susceptible d’une acception métaphorique (n tr xpr~n js p.t tn Jwnw pn m Xnm.t n(y).t nTr nb, Ce ciel-
ci et cette Héliopolis ne sont-ils pas advenus pour être le puits de tout dieu ? ; J.-Cl. GOYON, Confirmation du
pouvoir royal, BiEtud 52, 1972, p. 75 ; J. Fr. QUACK, « Philologische Miszellen », LingAeg 3, 1993, p. 152) ;
Sd.t, litt. « ce qui est creusé », qui désigne un puits ou une citerne d’origine toujours anthropique, est un terme
marqué ; Xnw.t, « puits », « point d’eau », est un terme rare, qui pourrait bien être un dérivé phonétique de
7
(10)

nA n(y) or.w n ja nwb r=s gs=sn jry nA nty(.w) Hr spr r=s


m(w)t~jn=sn n jb.t Hr wA.t Hna nA n(y) aA.w nty(.w) r-HA.t=sn
nn gm~n=w Xr(y).t=sn n(y.t)

prospecteurs du lavage de l’or s’y rendent, ce n’est que la moitié d’entre eux qui y
parviennent. Ils moururent de soif en route, avec les ânes qui étaient devant eux, sans pouvoir
trouver leur ration à

(11)

sw{r}j m Ts hA.yt m mw n(y).w Sdw


wnn bw jn=tw nwb Hr xAs.t tn m-a-n(y) gAw mw
Dd~jn Hm=f n xtmty bjt(y) nty r-gs=f
njs mj wr.w jmy.w-bAH nD

boire, pour l’aller et au retour, avec l’eau des outres. C’est un fait qu’on n’a pas rapporté d’or
de cette contrée en raison du manque d’eau25.”

Sa Majesté dit alors au chancelier qui était à son côté : “Convoque, je te prie26, les grands qui
sont en (ma) présence27,

(12)

Hm=f r(A)=sn Hr xAs.t tn jnk jrr(w) grg.wt m Hr


stA~jn=tw Hr-a m-bAH nTr nfr a.wy=sn m jAw n kA=f Hr hnw sn-tA n Hr=f nfr
wn~jn=tw Hr Dd n=sn pA oj n(y) xAs.t tn Hr nD

que Sa Majesté prenne leur avis sur cette contrée, car c’est moi qui détermine les
instructions”. On les introduisit aussitôt en présence du dieu parfait, leurs bras en (position de)
louange pour son ka, (l’)acclamant et se prosternant devant son visage parfait. On28 se mit
alors à leur rapporter la nature de cette contrée, et à prendre

Xnm.t ; enfin bar, « puits » (> bir) est un terme récent, successeur diachronique de Xnm.t à partir de la XVIIIe
dynastie. Sur ce vocabulaire technique, cf. H. FRANZMEIER, « Ancient Egyptian Emic Terms for Wells and
Cisterns », dans V. Gashe, J. Finch (éd.), Current Research in Egyptology 2008, Bolton, 2008, p. 31-42.
25
Rapprocher, dans le conte mythologique du papyrus Pouchkine 167, A 7 : jb Wr.t n gAw mw, La Vénérable a
soif à cause du manque d’eau.
26
Rapprocher la manière dont Snéfrou s’adresse au sage Néferty dans la Prophétie de Néferty, 12-14 : Dd~jn
Hm=f (a. w. s.) mj mj Nfrty xnms=j Dd=k n=j nhy n(y) md.wt nfr.(w)t Ts.w stp.w DAy Hr n(y) Hm=j n sDm=s.t, Sa
Majesté (v. p. s.) dit alors : “Viens, je te prie, Néferty, mon ami, me dire quelques belles paroles et vers choisis
que Ma Majesté se divertira à entendre !”.
27
C’est-à-dire les courtisans.
28
C’est-à-dire le roi.
8
(13)

r(A)=sn Hr=s Hr sxrw n(y) wbA Xnm.t Hr wA.t=s


Dd~jn=sn xft Hm=f tw=k mj Ra m jr(w.t)~n=k nb.t mrr(w).t jb=k Hr bs.t
jr Ab(w)=k sxrw m grH HD-tA jw=f xpr(=w) As
tw=n

leur avis à son sujet et au sujet du dessein de forage d’un puits sur sa route.

Ils s’adressèrent ainsi à Sa Majesté :

“Tu es comme Rê dans tout ce que tu as accompli


et ce que ta volonté désire vient au jour29.
Si tu formes un dessein la nuit,
dès l’aube il est réalisé en hâte30.

Nous

(14)

Hr ptr onw m bjA.wt=k Dr xa=k m n(y)-sw.t TA.wy


bw sDm=n bw mA jr.ty=n jw wn ø xpr(=w) mj-odw=sn
jr prw nb n r(A)=k sw mj mdw.w 1r-Axty mxA(.t) ø ns=k ø aoA(=w) sp.ty=ky

voyons nombre de tes merveilles


depuis que tu es apparu en roi du Double-Pays,
et nous n’avons entendu ni nos yeux n’ont constaté
une chose de nature comparable qui se fût produite.

Tout ce qui sort de ta bouche


est semblable aux paroles de Horakhty,
c’est une balance que ta langue31, et tes lèvres sont plus précises

29
Litt. « s’introduit ».
30
C’est l’une des caractéristiques du pouvoir baou, qui produit ses effets à distance et de manière immédiate.
31
Rapprocher, dans l’Enseignement de Ptahhotep 15, 13 - 16, 1 : mxA(w) jb=f ns=f ø aoA(=w) sp.ty=fy jw=f Hr Dd,
Celui qui équilibre son esprit et sa langue, ses lèvres sont précises tandis qu’il parle. Dans le conte du Paysan
éloquent, B2 92-93 : mxA.t pw n(y).t rmT ns=sn, C’est la balance des hommes que leur langue.
9
(15)

r tx mty n(y) 9Hwty


jx ø aA jw bw rx=k sw m(j)n mj arq=f mj-odw=k jT s.t jw bw mA=k s(.y) nn xAs.t
tmw(.t)~n=k xnd=s
sp nb sn(=w) Hr msDr.wy=k

que le juste peson de Thot !

Qu’y a-t-il ici que tu ne connaisses ?


Qui est capable de comprendre à ta façon ?
32
Quel est l’endroit que tu ne peux contempler ?
Il n’est pas de contrée que tu n’aies foulée33.

Tout événement était passé par tes oreilles

(16)

Dr wn=k Hr jdnw tA pn
jr~n=k sxrw.w jw=k m swH.t m jAw.wt=k n Xrd (j)r(y)-pa.t Dd=tw n=k xr.wt Jdb.wy jw=k m sfy
Xr dbn.t
bw jy mnw jw bn sw Hr-a=k

lorsque tu étais Représentant (du roi) dans ce pays.


Tu as formé des desseins alors que tu étais (encore) dans l’œuf,
dans tes fonctions d’enfant du Prince34.

On te rapportait les affaires des Deux Rives


alors que tu n’étais qu’un enfançon bouclé35.
Il n’advenait pas de monument sans que ce fût par ton action,

32
Interrogatif néo-égyptien (jT).
33
Rapprocher, dans la stèle de Bouto de Thoutmosis III, l. 4 : nn xAs.t tm(w.t)~n=f xnd=s r swsx tAS.w Km.t, Il
n’est pas de contrée qu’il n’ait foulée pour élargir les frontières de l’Égypte.
34
Ramsès avait sept ans quand son père Séthy, prince héritier, monta sur le trône ; cf. Cl. OBSOMER, Ramsès II,
2012, p. 31, 63-64.
35
Litt. « portant des boucles ».
10
(17)

bw xpr wp.t m-xmt=k


jr~n=k r(A)-Hry n(y) pA mSa jw=k m Hwn n(y) mH(w) rnp.t 10
kA.t nb(.t) wn(w.t) Hr xpr m Dr.t=k jrr(w).t snty.t=s
jr Dd(w)=k n mw mj Hr Dw pr Nwn

il n’intervenait aucune décision à ton insu.


Tu as fait fonction de chef de l’armée
alors que tu n’étais qu’un jouvenceau de dix ans.
Et chaque ouvrage qui venait à l’existence,
c’est ta main qui réalisait son plan.

Si tu dis à l’eau : “Viens de la montagne !”,


le Noun sortira

(18)

As m-sA r(A)=k mj ntk Ra pw m Haw 2prj m omA=f mAa


ntk twt anx(w) tp tA n(y) jt=k Tmw m Jwnw 1w m r(A)=k 4jA m jb=k s.t-ns=k Pr-wr ø n(y)
MAa.t
Hms nTr Hr sp.ty=ky md.wt=k Hr xpr ra nb

en hâte à ta parole36,
conformément au fait que tu es Rê incarné,
Khépri en sa forme véritable.

Tu es l’image vivante sur terre


de ton père Atoum d’Héliopolis,
car Hou (le Verbe) est ta bouche, Sia (l’Intelligence) ton esprit37,
et ton langage est le sanctuaire de Maât.

Le dieu réside sur tes lèvres,


et tes paroles prennent effet chaque jour.

36
On notera que le passage de la « mer Rouge » constitue une inversion parfaite de ce topos de l’idéologie
ramesside : dans le récit biblique, 1. ce n’est pas le pharaon mais son adversaire, Moïse, qui s’adresse à l’eau, 2.
ce n’est pas pour faire venir l’eau que la parole est prononcée mais pour l’écarter, 3. ce n’est pas pour la
prospérité de l’Égypte que la « merveille » (bjA.t) est réalisée, mais pour sa ruine.
37
Rapprocher, dans l’Enseignement loyaliste, § 2 : 4jA pw jmy HAty.w jr.ty=fy Dar=sn X.t nb.t, (le roi) il est Sia
qui est dans les cœurs, dont les yeux sondent les profondeurs de tout être ; § 5 : KA pw n(y)-sw(.t) 1w pw r(A)=f,
C’est la Subsistance que le roi, c’est la Nourriture que sa bouche.
11
(19)

jr~n=tw HAty=k m-sn-r PtH omA(w) Hmw.wt


jw=k r HH jrr=tw m sxrw.w=k sDm=tw Dd(w).wt=k nb.(w)t jty nb=n
jr xAs.t JkAyt Ddy.t ø nn r=s jw Dd~n pA sA-n(y)-sw.t n(y) KS Xsy

On a fait ton cœur à la ressemblance de (celui de) Ptah,


le créateur des arts.

Tu es voué à l’éternité néheh38, si bien qu’on agit selon tes desseins,


et qu’on écoute tout ce que tu dis, souverain, notre seigneur !”

Quant à la contrée d’Akayta, les mots suivants furent prononcés à son sujet lorsque le fils
royal de la vile Kouch39 parla

(20)

r=s m-bAH Hm=f


jw=s m pAy sxrw osn{.T} Hr mw Dr rk nTr jw(=tw) m(w)t=tw Hr=s n jb.t
jw Ab~n n(y)-sw.t nb n(y) Xr(y)-HA.t wbA Xnm.t Hr=s bw xpr rwd=sn
jw

d’elle devant Sa Majesté40 :


“Elle est dans cette situation pénible à cause (du manque) d’eau depuis l’époque du dieu, et on
y meurt de soif. Tous les rois d’autrefois désirèrent y forer un puits, mais ils n’eurent pas
l’heur de réussir.

(21)

jr~n n(w)-sw(.t) Mn-MAa.t-Ra m-mjt.t rd~n=f Sd=tw Xnm.t n(y) 120 mH m mDw.t m hAw=f
xA~n=tw=s Hr wA.t bw pr mw jm=s jr Dd(w)=k Ds=k n jt=k 1apy

Le roi Menmaâtrê41 a agi de même en ayant fait creuser un puits de cent vingt coudées42 de
profondeur durant son règne, mais il fut abandonné en (cours de) route parce que l’eau n’en
sortait pas. Mais si tu dis toi-même à ton père Hâpi,

38
Rapprocher, dans les Textes des Pyramides, § 1780c [TP N627 B] : jw sms n N pn r a n nHH, La mise au
monde de ce N est destinée au registre de l’éternité néheh.
39
Le fils royal de Kouch, ou « vice-roi de Nubie », était le représentant du pharaon en territoire nubien, depuis le
début de la XVIIIe dynastie. En ce début de règne de Ramsès II, il s’agirait d’Aménémopé fils de Paser, qui avait
été nommé par Séthy Ier, puis confirmé dans ses fonctions par Ramsès ; à moins que cet Aménémopé n’ait déjà
été remplacé par un certain Iouny ; cf. Cl. VANDERSLEYEN, L’Égypte et la vallée du Nil. II. De la fin de l’Ancien
Empire à la fin du Nouvel Empire, coll. « Nouvelle Clio », Paris, 1995, p. 508 ; D. FAROUT, « Stèle de Séthy Ier
et Aménémopé à Qasr Ibrim », Égypte. Afrique & Orient 39, 2005, p. 45.
40
Sur la différence entre le discours du fils royal et celui des courtisans, cf. G. POSENER, De la divinité du
Pharaon, Paris, 1960, p. 43-44.
41
Séthy Ier, le père de Ramsès II.
42
Environ 62 m.
12
(22)

jt nTr.w
jm bs mw Hr-tp Dw jw=f r jr.t mj Dd(w).t nb(.t) mj sxrw.w nb(.w) nty(.w) Hr xpr m-bAx=n
jw bw sDm=tw=w m sDd(w).t Hr-nt(y).t mrr tw jt.w=k nTr.w nb.w r n(y)-sw.t nb

père des dieux : “Fais jaillir l’eau de la cîme de la montagne !”, il agira conformément à tout
ce que tu auras dit, conformément à tous tes desseins qui se réalisent devant nous, et qu’on n’a
pas (seulement) entendu narrer, parce que tes pères, tous les dieux, t’aiment plus que tout
(autre) roi

(23)

xpr(w) Dr Ra
Dd~jn Hm=f n wr.w j.pn mAa.t ø (2 sp) Dd(w)=tn nb(.t) dHw.w(=j)
bw ø Sd=w mw Hr xAs.t tn Dr rk nTr mj Ddw=tn
jnk wbA(w)=j Xnm.t jm Hr rd.t mw ra nb mj

ayant existé depuis (le temps de) Rê.”

Sa Majesté répondit alors à ces grands :


“C’est tout à fait juste, tout ce que vous dites, mes sujets43. L’eau n’a pas été extraite de cette
contrée depuis l’époque du dieu, comme vous (le) dites. C’est moi qui vais y forer un puits
pour donner de l’eau chaque jour comme en

(24)

[m 5maw MHw Smw jtrw <jm>]


Hr wD jt(=j) Jmn-Ra nb ns.wt 6A.wy 1r.w nb.w 6A-4tj mj ja=sn jb m mrr(w).t
jw=j r rd.t Dd=tw m tA[.w nb.w…

[Haute et Basse-Égypte où coule le fleuve (?)]44, sur ordre de mon père Amon-Rê seigneur
des trônes du Double-Pays et de tous les Horus seigneurs de la Nubie45, conformément au fait
qu’ils assouvissent leur désir à leur gré. Je ferai qu’on dise dans le pays

43
Tous les commentateurs ont corrigé le texte en rHw.w, « compagnons », ce qui n’est pas nécessaire.
44
Restitution hypothétique.
45
Sur ces différents Horus nubiens, voir l’introduction. Mais sans doute ne s’agit-il ici que des trois Horus cités à
la l. 6 : Horus seigneur de Baky, Horus de Miâm et le seigneur de Bouhen.
13
(25)


wn~jn nA n(y) wr.w] Hr dwA nb=sn Hr sn-tA Hr rd.t Hr X.t m-bAH Hr sgbw.w r oA.t ny.t p.t
Dd~jn Hm=f n (j)m(y)-r(A) sS(.w) n(y)-sw(.t) (j)r(y) a n(y)

Alors ces grands] se mirent à adorer leur seigneur en se prosternant, en se mettant sur le
ventre en (sa) présence et en poussant des exclamations jusqu’à la hauteur du ciel.

Sa Majesté dit alors au directeur des scribes royaux et préposé [aux archives de…] :

(26)

[…hAb n pA sA-n(y)-sw.t n(y) KS Xsy r-Dd… ps]S n(y) wA.t r JkAyt


dd=k xpr Abd n hrw jw hAb[=k n…

“[Envoie un message au fils royal de la vile Kouch pour dire : “Tu enverras une troupe (?)]46 à
mi-chemin de la route d’Akayta. Tu dois faire qu’un mois devienne un jour47 en envoyant un
message aux […

(27)

… wn~jn (j)m(y)-r(A) sS(.w) n(y)-sw(.t) Hr hAb=s pA sA-n(y)-sw.t n(y) KS Xsy jr]~n=f mj


rdy.t m Hr=f
jst wn~(j)n=f Hr sHn.t rmT r [wbA (?)

[Le directeur des scribes royaux envoya alors ce message et le fils royal de la vile Kouch agit]
conformément aux instructions qui lui avaient été données. Or il se mit à commander des
hommes pour [forer (?),

(28)

NHsy.w Hna…] pt{r}j sy nA jrrw pA sA-n(y)-sw.t


jn jw pA mw […

… des Nubiens ainsi que des…]. “Qu’est-ce donc, ce que fait le fils royal ? Est-ce que l’eau
[est sortie ?

46
K.A. Kitchen restitue : « You shall send a survey party » (RITA II, 1996, p. 192).
47
K.A. Kitchen comprend : « you shall allow a full month to elapse » (ibid.).
14
(29)

pA sxrw n(y) (?) Hm=f (a. w. s.) xpr(=w) jw=f…] wA.t r JkAyt
nn sp jr=t(w) mjt.t Dr n(y).w-sw(.t) jmy.w-[bAH…

Est-ce que le dessein (?) de Sa Majesté (v. p. s.) est advenu, alors qu’il… sur] la route de la
contrée d’Akayta ? Jamais pareille chose n’avait été réalisée depuis les rois d’autrefois […

(30)

Hr Sms jb=f
m-mrw.t… nb sTy.w (?)] rm.w n(y.w) S.w oaH.w n(y.)w XA.t JdHw Hr sDA-Hr=f
m omA […

… suivant sa volonté, afin que tous les… et les harponneurs (?)] de poissons des lacs côtiers
des lagunes du Delta qui le divertissent, avec ce qui a été créé

(31)

…w a.wt xAs.t…] xpS=f mj Hmw mAaw


jw=t(w) Xr wst.t m-a pA sA-n(y)-sw.t n(y) KS Xsy r-

[… la capture des animaux du désert qui…, car] son bras fort (khépech) est comme l’aviron
de gouverne qui dirige la navigation48.”

On vint porter une dépêche de la part du fils royal de la vile Kouch disant :

(32)

[Dd jty nb=j…


… ø xpr(=w) m-mjt].t Dd(w).t~n Hm=k m r(A)=f Ds=f
pr~n mw jm=s Hr 12 mH jw 4 mH jm=sn m mDw.t

“[… Souverain, mon seigneur…, tout est advenu conformément à] ce qu’avait dit Ta Majesté
de sa propre bouche. L’eau en est sortie à douze coudées49, sur une profondeur de quatre
coudées,

48
Rapprocher, dans les Plaintes du paysan éloquent, B1 298-299 : ntk Hmw n(y) tA r-Dr=f sodd tA xft wD=k, Tu es
l’aviron de gouverne du pays entier et c’est selon ton ordre que le pays navigue.
49
À une profondeur de 6,27 m environ, c’est-à-dire dix fois moins que la profondeur du puits de Séthy Ier !
15
(33)

[=s r-bl
mj sxrw n(y) jrrw nTr m] ja-jb m mrrw.t=k nn sp jr=t(w)

à l’extérieur, comme le dessein que forme un dieu pour assouvir ton désir à ton gré. Jamais
pareille chose n’avait été réalisée

(34)

[mjt.t Dr n(y).w-sw(.t) jmy.w-bAH


wr n(y)] JkAyt Hr nhm m rSw.t aA.t nA wn(w.w) wAw=w

[depuis les rois d’autrefois… Le chef] d’Akayta [se mit] à éclater d’une joie profonde, et
(même) ceux qui étaient loin

(35)

[m jy.t…
r mAA Xnm.t Sd(w).t~n] pA HoA (r-Dd) pA mw nty m 8wA.t Hr sDm n=f Sdy=f mw Hr pA Dw

[vinrent… pour contempler le puits qu’avait creusé] le Prince, (en disant) : “L’eau qui est
dans la Douat lui obéit puisqu’il a extrait l’eau de la montagne

(36)

[… m sf Sd]~n=f m pA sA-n(y)-sw.t Hr hAb wn~jn=sn nfr(=w) Hr[=s aA.t (?)

[… hier”. Il lut] ce que le fils royal qui avait écrit. Ils50 furent [très] heureux de […

(37)

wn~jn=sn Hr Dd n Hm=f ntk 9Hwty Ds=f (?)] mnx sxrw.w nfr mtr.wt
Dd(w).t=k nb(.t)

[cela et ils dirent à Sa Majesté : “Tu es Thot lui-même51], aux desseins bienfaisants et aux
instructions52 parfaites. Tout ce qui a été dit [est advenu

50
Les courtisans.
51
Restitution de K.A. KITCHEN, RITA II, 1996, p. 193.
52
C’est le sens, ici, du terme mtr.wt, utilisé dans les titres d’Enseignements composés à l’époque ramesside.
16
(38)

… jr rn n(y)] Xnm.t tn r TA Xnm.t Ra-ms(w)-sw Mry-Jmn on m [nxtw]

… Le nom de] ce puits [sera]53 : “Le Puits de Ramsès-Méryamon vaillant [qui fait vivre pour
l’éternité néheh]54” »

En restituant : [jr rn n(y)] Xnm.t r (Futur III).


53
54
En restituant : m [sanx(w) r HH] ; cf. B. PIOTROVSKY, Drevnjaja Nubija, 1964, p. 229-260 ; id. The Unesco
Courier, Febr. / March 1980, p. 34.
17
Annexe

K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions II, éd. B.H. Blackwell Ltd, Oxford,
1976, p. 353-360.

Reproduit avec l’aimable autorisation de l’éditeur. Copyright © Blackwell Wiley Publishers Ltd. All
rights reserved.

18
19
20
Indications bibliographiques

J. ASSMANN, Ägyptische Hymnen und Gebete übersetzt, kommentiert und eingeleitet, 2e éd., 1999,
p. 532-534 (n° 237).
J.H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, III, Chicago, 1906, p. 117-123 (§ 282-293).
Fr. CHABAS, « Études égyptiennes, III : Ramsès II – L’inscription de Kouban », Mémoires de la
Société d’histoire et d’archéologie de Chalon-sur-Saône, tome IV, 1862, p. 447-472.
B.G. DAVIES, Egyptian Historical Inscriptions of the Nineteenth Dynasty, Documenta Mundi:
Aegyptiaca 2, 1997, p. 233-244.
Chr. DESROCHES NOBLECOURT, Ramsès II. La véritable histoire, coll. « Bibliothèque de l’Égypte
ancienne », Paris, 1996, p. 134-138, 394, n. 14.
A. HERMANN, Die ägyptische Königsnovelle, LÄS 10, 1938, en part. p. 17-18.
K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions. Historical and Biographical II, 1976, 353, 1 - 360, 6 (§ 126).
K.A. KITCHEN, Ramsès II, le pharaon triomphant (trad. de l’anglais par P. Couturiau et C. Rollinat),
Monaco, 1985, p. 77-79.
K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions Translated and Annotated: Translations II, 1996, p. 188-193.
K.A. KITCHEN, Ramesside Inscriptions Translated and Annotated: Notes and Comments II, 1999,
p. 214-216.
G. KUENY; J. YOYOTTE, Grenoble, musée des Beaux-Arts Collection égyptienne, 1979, RMN, Paris,
1979, n° 23.
A. MORET, « Monuments égyptiens de la collection du Comte de Saint-Ferriol », RevEg 1, 1919,
p. 16-27 et pl. I et IV-V.
Cl. OBSOMER, Ramsès II, coll. « Les grands pharaons », Paris, 2012, en part. p. 31, 63-64, 115-117.
B. PIOTROVSKY, « Inscriptions égyptiennes anciennes dans la région de Dakka et de Wadi Allaqi »,
Drevnjaja Nubija, 1964, p. 229-260.
B. PIOTROVSKY, « USSR Academy of sciences. Dakka Region, Wadi Allaqi », The Unesco Courier,
Febr. / March 1980, p. 34.
É. PRISSE D’AVENNES, Monuments égyptiens, bas-reliefs, peintures, inscriptions, etc. d’après les
dessins exécutés sur les lieux, Paris, 1847, pl. XXI.
A. ROSENVASSER, « Aksha: Otra versión de la “Estela de Kuban” », Revista del Instituto de Historia
Antigua Oriental 5, 1980-1984, p. 7-28 et pl. 1.
L. SAINT-FERRIOL (de), Journal de voyage en Égypte et en Nubie (1841-1842).
C.E. SANDER-HANSEN, Historische Inschriften der 19. Dynastie, BiAeg IV, 1933, p. 30-32.
P. TRESSON, La stèle de Koubân, BiEtud 9, 1922.

21
Ce document est disponible en accès libre sur le site internet du musée de Grenoble,
avec la possibilité de voir la stèle de Kouban en très haute définition (zoom).

http://www.museedegrenoble.fr/951-antiquites.htm

22

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