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Bulletin de correspondance

hellénique

Étude anthropologique des nécropoles d'Argos. Contribution à


l'étude des populations de la Grèce antique
Robert Charles

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Charles Robert. Étude anthropologique des nécropoles d'Argos. Contribution à l'étude des populations de la Grèce antique. In:
Bulletin de correspondance hellénique. Volume 82, 1958. pp. 268-313;

doi : https://doi.org/10.3406/bch.1958.2341

https://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1958_num_82_1_2341

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ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE

DES NÉCROPOLES D'ARGOS

CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES POPULATIONS

DE LA GRÈCE ANTIQUE

(Planches X-XXI)

La ville actuelle d'Argos a élé édifiée sur le site même de l'ancienne cilé, aussi
est-ce aux environs immédiats et dans la ville même que se poursuivent les fouilles
archéologiques conduites par l'Ecole française d'Athènes.
Une nécropole mycénienne a été découverte au début de ce siècle par
W. Vollgraff, aux abords N.-O. de l'agglomération, le long de la route qui conduit
à Mantinée, au lieudit Deiras, situé entre la colline de la Larissa et le mamelon
de VAspis. — Depuis 1952, l'École française a entrepris des fouilles au S.-O.
de l'agglomération, dans le « quartier Sud », tout près de la route qui conduit
à Tripolis et aux abords immédiats du grand théâtre antique et des constructions
romaines. Ces fouilles ont mis au jour plus de 150 sépultures se répartissent sur
une période s'étendant du début de l'Helladique moyen (vers 2000 av. J.-C.) à la
fin de la période prébyzantine (vie ap. J.-C). — Préalablement à l'édification d'un
nouveau musée, à peu de distance de la grande Place Saint Pierre, une exploration
méthodique, en 1956, a découvert une douzaine de tombes (1).
A l'exception de deux, tous les sujets que nous avons pu étudier proviennent
du quartier Sud (2).

(1) Les squelettes découverts dans cette fouille (cf. BCH 1957, p. 647 sqq. et fig. 27, 28,
32, etc..) sont demeurés introuvables.
(2) Nous exprimons notre gratitude à Mr le Professeur Daux, directeur de l'École d'Athènes,
qui nous a confié cette étude et qui nous a accordé toutes facilités pendant la durée de notre séjour
en Grèce, tant à Argos qu'à Athènes, o'i nous avons pu profiter de la riche bibliothèque de l'École
et prendre contact avec les savants grecs; et à Mr le Professeur Vallois, Directeur du Musée de
l'Homme et de l'Institut de Paléontologie Humaine, qui a bien voulu examiner notre travail et
approuver nos conclusions, avant que nous donnions à notre étude sa forme définitive.
Nous tenons aussi à remercier Mr Paul Courbin, qui a fouillé le plus grand nombre des tombes
et nous a généreusement communiqué toutes précisions utiles sur ses découvertes ; les membres
ETUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NECROPOLES D ARGOS 269

I. MONOGRAPHIE DES SÉPULTURES D 'ARGOS

Helladique moyen (2000-1600)

Tombe 47. Nombreux débris d'us divers.


Tombe 69. Débris d'os divers d'un nouveau-né.
Tombe 70. Calvaria eL débris d'os longs d'un sujet masculin âgé de 30 ans
environ (pi. X, nos 1-4).

Fig. 1. — Diagramme du crâne n° 70 (GN/2).

Caractéristiques : mésocrâne, orthocrâne, tapéinocrâne, front très divergent,


sténométope.
Observations. La boîte crânienne est de type pentagonoïde. Les lignes de
suture sont compliquées et béantes ; on ne note qu'un début de synosLose au
niveau de l'obélion. Les bosses pariétales sont bien développées.
De profil, le front est bombé, il y a une légère dépression en arrière du bregma,
le vertex se situe peu en arrière de celui-ci ; l'occiput est bien développé, mais ne
forme pas de chignon.

de l'École, en particulier Mr Pierre Charneux, qui nous a accompagné à Argos ; Mr le Professeur


Sclavounos, Directeur du Musée Anthropologique de l'Université et Mr le Professeur Koumaris,
ancien Directeur de ce Musée et fondateur de la Société grecque d'Anthropologie, qui nous ont
tous deux envoyé une abondante documentation.
270 ROBERT P. CHARLES

Les crêtes temporales sont peu accusées, par contre les crêtes mastoïdiennes,
très accentuées, donnent lieu à la formation d'un torus occipital très net.
En norma occipitalis, la voûLe est moyenne, la suture lambdoïde, très
compliquée, comporte plusieurs os wormiens. Les apophyses mastoïdes sont bien
développées.
Du massif facial, on n'a que des fragments de maxillaires et la mandibule.
Celle-ci est plutôt gracile, la branche horizontale est peu élevée, le menton est
bien développé, la branche montante est étroite, l'échancrure sigmoïde large et
l'apophyse coronoïde peu développée. Mxd et g, et M2g étaient tombées depuis
longtemps, car les alvéoles sont complètement oblitérés ; Ix.2, C, PM2g et Mxd sont
en place, saines mais très usées, en revanche, M3d est intacte.
Du même sujet, on a aussi de nombreux débris d'os longs, inutilisables.

Tombe 71. Débris de boîte crânienne, humérus droit, fémur droit, moitié
distale du fémur gauche et les deux tibias d'un nouveau-né.
Tombe 76. Fragments de boîte crânienne, de mandibule et d'os longs d'un
enfant d'un an environ ; Ijg est tombée post mortem, la poussée de I2g n'était pas
achevée au moment de la mort du sujet, les bourgeons de toutes les autres dents
du côté gauche se trouvant dans leurs alvéoles. La paroi supérieure du corps mandi-
bulaire est déjà percée au niveau des molaires, mais celles-ci ne font pas encore
saillie à l'extérieur.
Tombe 91 (pi. XI). Crâne et os longs d'un sujet, probablement féminin, âgé de
15 à 20 ans.
Caractéristiques, hyperdolichocrâne, orthocrâne, acrocrâne, front
moyennement divergent, eurymétope, leptoprosope, mésène, cryptozyge, mésoconque,
chamaerhinien, mésostaphylin.
Taille, de l'ordre de 1 m. 50 à 1 m. 53.
Observations. Norma verlicalis. La boîte crânienne est de type ovoïde ;
le crâne ayant subi une forte pression latérale, il se pourrait qu'il soit en réalité
un peu moins allongé, mais il présente néanmoins une très forte dolichocrânie.
Les lignes de suture sont compliquées et béantes. Le massif facial et les arcades
zygomatiques sont visibles.
Norma lateralis. Le galbe présente quelques irrégularités ; le frontal est redressé,
il y a une petite constriction post-bregmatique, le vertex est situé au tiers de la
distance entre le bregma etrle lambda, il y a un léger méplat au niveau de l'obélion.
L'occiput est bien développé mais ne forme pas de chignon.
Norma occipilalis. La voûte est élevée, quoique en raison du léger aplatissement
latéral du crâne, l'indice soit en réalité plus faible que celui donné par les
mensurations. La suture lambdoïde, très compliquée, comporte de nombreux petits os
wormiens, ainsi que la partie de la suture sagittale postérieure à l'obélion.
Norma facialis. Le front est large, fortement et irrégulièrement bombé ; la
glabelle et les arcades sourcilières sont atténuées.
ETUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NECROPOLES D ARGOS 271

Massif facial. La face est allongée, les orbites moyennes, peu obliques, le nez
large ; la base des échancrures nasales est émoussée, voire même légèrement
dédoublée.
L'étude du diagramme montre que le nasion, le naso-spinal et le prosthion sont
alignés ; l'inclinaison de cette ligne (92°) sur le plan de Francfort classe le sujet
comme orthognathe, mais l'angle facial de Weisbach et Rivet (69° 20), aigu,
révèle un assez fort prognathisme alvéolaire.
La voûte palaline est courte et profonde ; les dents sont larges et peu serrées
les unes contre les autres ; les Mx comportent δ cuspides et les M2 seulement 4 ;
les M 3 sont avortées dans leurs alvéoles. Toutes les dents sont saines et peu usées.

Fig. 2. — Diagramme du crâne n° 91 (GN/2)

Mandibule. La mandibule est plutôt gracile ; le menton, bien développé, est


toutefois peu proéminent. Les gonions sont peu éversés, la branche montante est
à la fois large et basse ; l'échancrure sigmoïde est large ; l'apophyse coronoïde est
petite, légèrement recourbée vers l'arrière.
Os longs. Du même sujet on a le radius et le cubitus droits, épiphysés, la moitié
proximale du tibia droit, la plus grande partie du tibia gauche et l'astragale gauche.
Les longueurs peuvent être évaluées approximativement : radius 195, cubitus
220, tibia 340 ; ce qui révèle une taille de l'ordre de 1 m. 50 à 1 m. 53 pour le sujet.

Tombe 92 (pi. X, n° 5-6). Fragment de calvarium comportant une partie du


frontal et des pariétaux, le temporal droit, et la moitié droite du massif facial,
d'un sujet féminin de 25 ans environ.
272 ROBERT P. CHARLES

Observations. La boîte crânienne paraît être de type pentagonoïde ; les sutures


compliquées, sont encore béantes. De profil, la voûte paraît basse ; le front est
redressé, fortement bombé dans sa partie, médiane ; la glabelle et les arcades
sourcilières sont atténuées. L'orbite est moyenne, subquadratique et oblique ;
le nez est étroit. On note un léger prognathisme alvéolaire. Les incisives et les
canines sont tombées post mortem les autres dents, demeurées en place, sont
saines et exemptes de toute abrasion ; les molaires comportent quatre cuspides.

Tombe 104. Fragments de mandibule, de l'humérus droit et du tibia droit


d'un sujet masculin adulte.
Tombe 111. Restes inutilisables d'un sujet adulle, probablement masculin
d'après l'épaisseur des os et l'importance des impressions musculaires.
Tombe 113. Débris de boîte crânienne, de maxillaire et d'os longs d'un sujet
adulte dont le sexe ne saurait être précisé.
Tombe 114. Débris de boîte crânienne et d'os longs d'un sujel probablement
masculin adulte. Le tibia gauche est presque complet ; sa longueur peut être
évaluée à 330 millimètres, d'où la taille approximative du sujet est 1 m. 53.
Tombe 120. Débris de boîte crânienne, de maxillaire et d'os longs d'un sujet
adulte dont le sexe ne saurait être précisé.
Tombe 122. Débris de boîte crânienne, de maxillaire et d'os longs d'un sujet
adulte dont le sexe ne saurait être précisé.
Tombe 123 (pi. XII, n° 1-4). Calva d'un sujet masculin âgé de 50 à 55 ans.

Fig. 3. — Diagramme du crâne n° 123 (GN/2).


ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D'ARGOS 273

Caractéristiques. N'ont pu être mesurés que les diamètres, antéro-postérieur


et transversal, respectivement 197 et 130 millimètres, ce qui avec un indice crânien
de G5,9 caractérise un sujet hyperdolichoerâne ; les deux indices mettant en jeu
la hauteur basilo-bregmafique peuvent être évalués approximativement et classés
dans les catégories, orthocrâne et acrocrâne.
Observations. La boîte crânienne est de type ovoïde, très allongée, Les lignes
de suture sont très compliquées ; la sagittale est complètement oblitérée, la Iamb-
doïde esL oblilérée sur les 2/3 supérieurs ; pour la coronale, le degré de synostose
est plus diilicile à apprécier, car une brisure s'est produite à ce niveau.
De profil, le front est bombé, mais légèrement fuyant ; le vertex est situé à
mi-distance entre le bregina et le lambda ; l'occiput, bien développé, forme un léger
chignon. L'inion est très saillant.
En norma occipitalis, la voûte est élevée, carénée en avant du vertex, légèi-e-
ment déprimée en arrière. La suture lambdoïde comporte de nombreux petits os
wormiens. Les empreintes des muscles de la nuque sont très fortes. A gauche de
l'inion, on reconnaît des traces très nettes d'ostéomyélite profonde ; la surface
externe de l'os est amincie et corrodée sur une grande profondeur, toutefois la
perforation que l'on observe est due à un effondrement posl mortem de la paroi.
Le front paraît large, bombé au métopion, mais les saillies latérales sont peu
développées. La glabelle et les arcades sourcilières sont très proéminentes.
Du même sujet, on a aussi la branche horizontale gauche de la mandibule,
déformée par la chute ancienne des dents, dont les alvéoles sont complètement
oblitérées.

Tombe 126. Débris d'os longs et dents d'un sujet, probablement masculin,
âgé de 30 ans environ.
Tombe 127. Fragment de mandibule et débris d'os longs d'un enfant âgé de
15 mois à 2 ans. Sur la mandibule, les Mx_2 lactéales sont en place, les C sont en
train d'effectuer leur poussée, les 1^% sont tombées posl mortem (1).
Tombe 136. Débris de boîte crânienne et d'os divers d'un enfant de 2 ou 3 mois.
Tombe 142 (pi. XII, n° 5-6). Fragments de crâne et d'os divers d'un enfant
de 8 ans environ.
Caractéristiques. On n'a pu prendre aucune des mensurations habituelles,
toutefois les indices ont pu être évalués approximativement dans les catégories
suivantes : dolichocràne, euryène, chamaeconque, chamaerhinien.
Observations. 1. Moitié gauche du frontal et du massif facial, pariétal et
temporal gauche, en connexion.
La boîte crânienne paraît allongée. Le front est bombé, la face basse, l'orbite
basse et le nez large. On note un prognathisme facial assez sensible. Sur le
maxillaire, Mx lactéale et Mx définitive sont en place ; M2, en cours de poussée, fait à peine

(1) En raison de l'état des débris il est impossible d'affirmer qu'il n'y avait qu'un corps.

Î8
274 ROBERT P. CHARLES

saillie hors de son alvéole. Les bourgeons de Ix et PMX sont visibles au fond de
leurs alvéoles.
2. Fragment du pariétal droit et de l'occipital. Il y a un petit os wormien à la
suture lambdoïde.
3. Dents isolées dont Mjd sup., identique à Mxg (4 cuspides).
4. La plus grande partie de la mandibule. Le corps est gracile, le menton et
les gonions ne sont pas encore développés. La branche montante est plutôt étroite
et très oblique. M1 lactéales et M2 définitives sont en place (ces dernières
comportant 5 cuspides). On aperçoit les bourgeons des M2 définitives dans leurs alvéoles.
La partie supérieure de la région symphysaire est détruite, de sorte qu'on ne peut
rien dire sur la poussée des incisives.
5. Du môme sujet, on a aussi de nombreux fragments de côtes, de vertèbres
et d'os longs.

Tombe 143. Débris de crâne et os longs d'un sujet, probablement féminin,


âgé de 35 à 40 ans.
Taille, de l'ordre de 1 m. 49.
Observations. Crâne. Un fragment du temporal gauche comporte l'apophyse
mastoïde assez peu développée. On a aussi quelques fragments non rassemblables
de la boîte crânienne et du massif facial, dont le malaire gauche et la partie
antérieure des maxillaires avec Ixg.
Important fragment de la mandibule. Les régions goniaques ont disparu,
l'ensemble paraît assez gracile, les empreintes musculaires sont peu accusées, mais
le menton est très proéminent. L'échancrure sigmoïde est large, ainsi que l'apophyse
coronoïde. Sont restées en place les Ixd et g, I2g, C et PMxd et g, Mxg (cette dernière
comportant 4 cuspides) ; toutes sont saines mais très abrasées ; M223g étaient
tombées depuis longtemps, car leurs alvéoles sont complètement oblitérés.
Colonne vertébrale. La plupart des vertèbres ont été conservées, mais aucune
d'elles ne présente de caractère particulièrement remarquable.
Membres supérieurs. On a les deux humérus ; leur longueur maximum, de
278 millimètres pour le droit et 282 millimètres pour le gauche donne des tailles
correspondantes de 1 m. 47 et 1 m. 48 ; tous deux sont eurybrachiques avec des
indices, respectivement de 84,2 et 80,0. Le radius droit, seul conservé, avec une
longueur maximum de 218 millimètres, donne une taille de 1 m. 56.
Membres inférieurs. Les deux fémurs mesurent, en position anatomique,
390 millimètres pour le droit et 394 millimètres pour le gauche, ce qui donne des
tailles de 1 m. 47 et 1 m. 48 ; tous deux ont un pilastre faible (indices de 102,1 et
104,2) et sont sténomériques (indices de 126,5 et 129,1). Les deux tibias ont une
longueur maximum de 324 millimètres, d'où une taille correspondante de 1 m. 51 ;
tous deux sont mésocnémiques (indices de 67,2 et 66,6).
Les empreintes musculaires sont peu accusées ; tous les autres os sont trop
fragmentaires pour pouvoir être étudiés.
Ce squelette présente des caractères remarquables dans ses proportions.
On voit en effet que les membres inférieurs sont plus courts que ce que les membres
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D'ARCOS 275

supérieurs le laisseraient prévoir d'après les tableaux de Manouvrier ; de même,


sur chaque membre l'extrémité proximale est plus courte que ce qu'on attendrait
d'après la longueur de l'extrémité distale. Cette disproportion des membres par
rapport aux tableaux de Manouvrier n'est pas rare sur les sujets grecs ; en revanche,
elle est exceptionnelle dans les canons de la statuaire. Les artistes grecs avaient
conçu un canon idéal plastique, soit d'après des règles d'esthétique pure, soit en
s'inspirant des canons artistiques en usage dans d'autres écoles, soit enfin d'après
des modèles pris en dehors du type ethnique qu'ils côtoyaient le plus.
Nous attribuons à ce sujet une taille de l'ordre de 1 m. 49, d'après la moyenne
des tailles données par les os des membres inférieurs.

Helladioue récent (1600-1100)

Tombe de la Deiras (1). Calvaria d'un sujet féminin âgé de 35 à 40 ans.


Caractéristiques. L'état de conservation du sujet ne permet pas de prendre
les mensurations habituelles, toutefois l'évaluation approximative des indices
donne les caractéristiques suivantes : dolichocrâne, chamaecrâne, métriocràne.
Observations. Les lignes de suture sont assez compliquées et dans un état de
synostose avancé ; la suture sagittale est presque complètement oblitérée. Le front
est bombé, la glabelle et les arcades sourcilières sont atténuées, les crêtes temporales
sont peu marquées et les apophyses mastoïdes petites.

Submycénien (1100-950)

Tombe 73. Fragments de boîte crânienne, de mandibule et d'os longs d'un sujet,
probablement masculin, âgé de 35 ans environ.

Protogéométrique (950-890)

Tombe 75 (pi. XIII, n° 5-9). Crâne d'un enfant de 5 ans environ.


Caractéristiques : mésocrâne, orthocrâne (limite hypsi), métriocràne, front
très divergent, sténométope.
Observations. Norma verticalis. La boîte crânienne est de type ovo-penta-
gonoïde. Les arcades zygomatiques ne sont pas visibles, et, d'après la forme du
frontal, le massif facial ne devait pas, lui non plus, être visible. Les lignes de suture
sont assez compliquées et béantes.
Norma laleralis. Le galbe est régulier ; le front est très bombé, le vertex situé
à mi-distance entre le bregma et le lambda. Les crêtes temporales et mastoïdiennes
ne sont pas encore sensibles.

(1) Tombe fouillée par Mr J. Deshayes.


276 ROBERT P. CHARLES

Norma occipilalis. La voûte est moyenne, la ligne sincipitale non caractérisée ;


la suture lambdoïde, compliquée, ne comporte pas d'os wormien. Les apophyses
mastoïdes ne sont pas encore développées.
Norma basilaris. Le trou occipital est allongé, les empreintes musculaires de la
nuque sont atténuées. La suture entre le basi-occipilal et le basi-sphénoïde est
béante.

Fig. 1. — Diagramme du crâne n° 75 (GN/2).

Norma facialis. Le front est étroit, fortement bombé ; la glabelle et les arcades
sourcilières ne sont pas développées.
Du massif facial, on a les deux maxillaires, en connexion mais séparés de la
boîte crânienne. Les molaires lactéales sont en place, les Ix définitives commencent
à sortir de leurs alvéoles.
De la mandibule, on a la plus grande partie de la branche horizontale et de la
branche montante gauche. Le corps mandibulaire est gracile, la branche montante,
courte et large. La denture laetéale est en place, les bourgeons des Mx définitives
sont visibles par un petit orifice de la paroi.

Tombe 93 (pi. XIV, n° 1-2). Fragments de crane et d'os divers d'un sujet
masculin âgé de 50 ans environ.
Caractéristiques. Les éléments conservés ne sont pas suffisants pour qu'on
ait pu prendre les mensurations habituelles. L'évaluation approximative des
indices permet de classer le sujet dans les catégories suivantes : sous-dolichocrâne,
orlhocrâne, métriocrâne.
Observations. Calva. La boîte crânienne est de type pentagonoïde ; les sutures,
sagittale et coronale, sont complètement oblitérées.
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D'ARGOS 277

De profil, le galbe est régulier, le front bombé ; la voûte est moyenne, mais
plutôt basse.
De face, le front paraît large, la ligne métopique forme une légère carène. Les
saillies latérales, la glabelle et les arcades sourcilières sont bien développées.
Sur des éléments non ressemblables, on peut observer, la saillie pariétale droite,
bien prononcée, l'apophyse mastoïde gauche, volumineuse. On a aussi, le jugal
droit, et des fragments de maxillaires avec Ixg et Ijd, très usées.
De la mandibule, on a la plus grande partie de la branche horizontale, épaisse
et robuste ; le menton est très proéminent. L'arc dentaire ne comporte plus que
I2d et g, très usées ; les PM et M droites étaient certainement tombées depuis
longtemps, car les alvéoles sont complètement oblitérés.
Le squelette posl-céphaliqtie n'est représenté que par la clavicule gauche qui
présente des exostoses dans sa partie mésiale, et l'humérus gauche ; celui-ci est
eurybrachique (indice 81,1) et sa longueur maximum (333 millimètres) révèle une
taille de 1 m. 66. Compte tenu de ce qui a été observé sur le squelette post-cépha-
lique du sujet de la tombe n° 143, ce chiffre peut être conservé comme ordre de
grandeur de la stature (1).

Tombe 107. Restes précaires d'un sujet, probablement masculin, âgé de 30


à 35 ans.
Observations. La partie du frontal et des pariétaux qui a été conservée,
montre la région du bregma exempte de toute oblitération des sutures. Le front
est fortement bombé, les saillies latérales sont peu individualisées, mais la glabelle
et les arcades sourcilières sont bien développées.
Un fragment de mandibule porte PM2 et Mxg, saines mais très abrasées.

Tombe 130. Débris de boîte crânienne, de mandibule et d'os divers d'un enfant
de moins de 5 ans.
Sur un fragment de mandibule, on a M^2 lactéales en place ; dans le corps
mandibulaire se trouvent les bourgeons des M^-2 définitives, mais la paroi
supérieure n'est pas encore percée.

GÉOMÉTRIQUE ANCIEN (900-850)

Tombe 14 (sujet n° 1) (pi. XIV, n° 3-6). Boîte crânienne et fragment de la


mandibule d'un sujet féminin âgé de 35 à 40 ans.
Caractéristiques : sous-dolichocrâne, hypsicrâne, acrocrâne, front
moyennement divergent, eurymétope, cryptozyge.
Observations. Calvaria dont manquent une partie du frontal et des pariétaux,
l'ethmoïde et une partie du sphénoïde.

(1) Vide supra, p. 274-75.


278 ROBERT P. CHARLES
Norma veriicalis. Boîte crânienne de type ovo-pentagonoïde. Les arcades zygo-
matiques ne sont pas visibles. Les lignes de suture sont très compliquées et dans
un état de synostose avancé : la sagittale paraît entièrement oblitérée (la région
du bregma est détruite) et les parties latérales de la coronale sont en cours
d'oblitération.
Norma laleralis. Le front est bombé ; l'occiput, bien développé, forme un net
chignon souligné par un léger méplat supra-lambdoïde et une forte constriction
sous-iniaque. Les crêtes temporales et mastoïdiennes sont atténuées, les apophyses
mastoïdes petites.
Norma occipitalis. La voûte est élevée ; la ligne sincipitale est légèrement
déprimée dans sa partie postérieure, seule connue. La suture lambdoïde, très
compliquée, comporte de nombreux petits os wormiens, l'oblitération n'est pas
commencée.
Norma basilaris. Il y a plusieurs os wormiens au niveau des rochers, les
impressions musculaires de la nuque sont fortes. Le trou occipital est dissymétrique, le
condyle gauche est plus développé que le droit ; ces anomalies, jointes à
l'observation d'un développement asymétrique de l'occipital, nous laissent supposer que
le sujet était scoliotique.
Norma facialis. Le front est large, assez bombé ; la glabelle et les arcades sour-
cilières sont atténuées ; des vestiges de la suture métopique sont visibles à la
partie inférieure de la glabelle.
Du même sujet, on a la moitié gauche de la mandibule ; celle-ci paraît assez
gracile, mais elle est déformée du fait de la chute ancienne des dents, la plupart,
des alvéoles étant oblitérés.

Tombe 16 (pi. XV, n° 1-4, 16 ; pi. VII, n° 1-6). Squelette complet d'un sujet
masculin âgé de 30 à 35 ans.
Caractéristiques : mésocrâne, orthocrâne, métriocrâne, front moyennement
divergent, métriométope, mésoprosope, euryène, cryptozyge, chamacconque,
leptorhinien, brachystaphylin.
Taille, de l'ordre de 1 m. 63 à 1 m. 64.
Observations. Norma veriicalis. Boîte crânienne de forme sphénoïde. Les
arcades zygomatiques et le massif facial ne sont pas visibles sauf les os nasaux.
Les lignes de suture sont compliquées, bien imbriquées, mais synostées seulement
au niveau de l'obélion.
Norma laleralis. Le galbe est régulier, le front légèrement fuyant, le vertex
situé au tiers de la distance qui sépare le bregma du lambda ; l'occiput est bien
développé, mais sans former aucune saillie. Les crêtes temporales et mastoïdiennes
sont très accusées ; l'empreinte des muscles de la tempe est très nette, se
poursuivant vers l'arrière sur les pariétaux. Les apophyses mastoïdes sont massives.
Norma occipitalis. La voûte est moyenne ; la ligne sincipitale, non caractérisée
en avant, est légèrement carénée entre le vertex et le lambda. La suture lambdoïde
comporte de nombreux méandres, mais un seul petit os wormien.
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES d'ARGOS 279

Norma basilaris. Le trou occipital est moyen. Les empreintes des musc es de
la nuque sont accusées, mais sans délimiter un plan nuchal. Les apophyses etytoides
lont bien développées. La suture entre le basi-occipital et le basi^phencnde est
complètement oblitérée mais encore visible.
Norma facialis. Le front est large ; la ligne métopique est légèrement saillante
les bosses latérales peu développées, mais la glabelle et les arcades sourc.hercs
volumineuses
no" II n'y a plus aucune trace de la suture métopique.
On au-desL de l'arcade sourci.ière gauche, une cupule d'origine os eo-
myélitique, provoquée par un foyer d'infection profond ; sur la gauche de cette

Fig. 5. — Diagramme du crâne n° 16 (GN/2).

eupule, il y a une entaille semi-circulaire, faite avec un instrument tranchant eomme


si l'on avait tenté de trépaner le sujet.
Massif facial. La face est large avec des orbites basses et le nez étroit ; les

aS5S?S

de
saine
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est entièrement
4 euspides
en position
conservée,
M, retro-
seule-
280 ROBERT P. CHARLES

Mandibule. Elle est de forme assez massive ; la branche horizontale va en


s'amenuisant vers l'arrière ; la branche montante est assez fine, l'échancrure
sigmoïde profonde, l'apophyse coronoïde aiguë et le condyle légèrement incurvé
vers l'avant. Les gonions sont nettement éversés ; le menton est large et très
proéminent.
L'arc dentaire est intact, avec les mêmes caractères que l'arc supérieur ;
toutes les dents sont saines et très usées. Les Mx.2 comportent 4 cuspides ; il n'y a
pas de trace des M3 qui, vraisemblablement n'ont jamais dû pousser.
Colonne vertébrale. Elle a été conservée presque intégralement. De nombreuses
exostoses sont visibles à la face postérieure des vertèbres lombaires et sacrées,
ainsi que sur la zone périphérique du corps des vertèbres dorsales.
Ceinture scapulaire. Les deux clavicules portent des exostoses à la face interne
de l'extrémité mésiale. Le sternum et les omoplates se réduisent à quelques
fragments.
Ceinture pelvienne. Il y a des restes importants des deux os iliaques. Celui de
gauche comporte de nombreuses exostoses et la cavité cotyloïde, beaucoup plus
vaste que la cavité cotyloïde droite, est trop largement ouverte du fait d'une
malformation congénitale.
Membres supérieurs. Les deux humérus sont eurybrachiques (indices, 90,0
et 86,3) ; leurs longueurs maximum (312 et 314 millimètres) correspondent à
une taille de 1 m. 61. Les deux radius indiquent des tailles du même ordre, à leurs
longueurs maximum (234 à 238 millimètres) correspondant des statures de 1 m. 62
et 1 m. 64.
On a également la plus grande partie de cubitus droit et la moitié proximale
du cubitus gauche.
Membres inférieurs. Les deux fémurs comportent un pilastre moyen (indices,
116,6 et 112,0), le droit est eurymérique (ind., 93,1) et le gauche platymérique
(ind. 77,1), mais ce dernier indice est certainement faussé par le fait que l'épiphyse
proximale du fémur gauche est entouré d'énormes exostoses.
Nous venons de voir que la cavité cotyloïde de l'os iliaque gauche comportait
une malformation, probablement une luxation congénitale de la hanche; la tête du
fémur se trouvant déboîtée, il en résultait un étirement excessif des ligaments
articulaires dont la première conséquence fut une périostite, qui elle-même engendra
la production de tissus osseux anormaux, dont le volume est ici tel que la
possibilité d'une ankylose totale de la hanche n'est pas exclue.
Les fémurs mesurent, en position anatomique, 446 et 453 millimètres, longueurs
auxquelles correspondent des tailles de 1 m. 65 et 1 m. 66.
Le tibia droit, avec une longueur de 362 millimètres, révèle une stature de
1 m. 64 ; il est eurycnémique (ind. 88, 2).
Le tibia gauche présente le même aspect que le droit, mais ayant perdu la
partie proximale, toute mensuration, même approximative, est impossible.
On a aussi des fragments de péroné, les deux astragales, les deux calcanéum,
ainsi que la plupart des os du métacarpe, du métatarse et des phalanges.
On voit que ce sujet ne présente pas les mêmes disproportions des membres,
ETUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NECROPOLES D ARGOS 281

par rapport aux tableaux de Manouvrier, que celles observées sur le sujet de la
tombe 143 ; la moyenne des chiffres trouvés donne comme ordre de grandeur pour
la stature de 1 m. 63 à 1 m. 64.

Tombe 129. Débris d'os longs d'un enfant de 10 ans environ ; âge évalué d'après
les dimensions des restes, inutilisables par ailleurs.

GÉOMÉTRIQUE SÉVÈRE (850-800)

Tombe 90. Débris absolument inutilisables.


Tombe 106 (sujet n° 1). Fragments de calvaria et d'os longs d'un sujet,
probablement féminin, âgé de 20 à 25 ans, car toutes les sutures sont encore béantes.
D'après des débris étudiables, les tibias paraissent platycnémiques.
Tombe 124. Débris de calvaria, de mandibule et d'os longs d'un sujet,
probablement masculin, âgé de 40 ans environ.
Tombe 89 (pi. XVII, n° 1-3). Calvarium et os longs d'un sujet féminin âgé de
45 ans environ.
Caractéristiques. Mésocrâne, orthocrâne, acrocràne, hypereuryène, crypto-
zyge, chamaeconque, chamaerhinien, brachystaphylin.
Taille, de l'ordre de 1 m. 55.
Observations. Norma veriicalis. Boîte crânienne, de type ovo-pentagonoïde.
L'oblitération des lignes de suture, complète sur la sagittale et très avancée sur la
coronale, est, en revanche, à peine commencée sur la lambdoïde.

Fig. 6. — Diagramme du crâne n° 89 (GN/2).


282 ROBERT P. CHARLES

Norma lateralis. Le profil est assez régulier, le front redressé, un léger méplat
supra-lambdoïde.
Norma occipitalis. La voûte est élevée, sub-carénée ; la suture lambdoïde est
compliquée, mais seule la partie supérieure de l'occipital est conservée. L'apophyse
mastoïde gauche, seule conservée, est relativement bien développée, compte tenu
qu'il s'agit d'un sujet féminin.
Norma facialis. Le front paraît peu divergent. La glabelle et les arcades sour-
cillières sont peu développées.
Massif facial. La face est large, les orbites basses et le nez étroit.
L'étude du diagramme montre que le nez est très saillant (prognathisme
nasal, avec un angle de 78° sur le plan de Francfort), mais la face est orthognathe
(91° pour l'ensemble, 96° pour l'espace sous-nasal) ; l'angle facial de Weisbach et
Rivet n'a pas pu être évalué, la région du basion étant détruite.
La voûte palatine est large et peu profonde. Les M2 étaient avortées ; I3g,
Cg, PMx.2d et g, M^ d et g sont abrasées jusqu'au ras des gencives, mais sont saines.
Membres supérieurs. Humérus gauche, dont manque l'épiphyse proximale,
et présentant la perforation olécrânienne.
Cubitus droit, dont manque l'olécrâne.
Radius droit complet, mesurant 217 millimètres de longueur maximum, d'où
la taille correspondante, de l'ordre de 1 m. 55, compte tenu des anomalies dans les
proportions observées sur le sujet de la tombe 143 (1).
Membres inférieurs. On ne possède que le fémur droit, dont manque toute la
partie proximale.

Géométrique moyen (800-750)

Tombe 6 (sujet n° 1). Débris absolument inutilisables.

Tombe 80. Débris de calvaria, absolument inutilisables.

Géométrique récent (750-700)

Tombe 6 (sujet n° 2). Débris absolument inutilisables

Tombe 14 (sujet n° 2) (pi. XV, n° 5). Éléments des maxillaires et la plus grande
partie de la mandibule d'un sujet féminin âgé de 30 à 35 ans.
Orservations. Le corps mandibulaire est assez gracile ; M2d et g, M 3g étaient
tombées depuis longtemps, car les alvéoles sont complètement oblitérés ; PM1d
est tombée post mortem; toutes les autres dents sont en place, saines mais très
usées. Les Mx comportent 4 cuspides ; M3d est réduite.
Du même sujet, on a des fragments d'os longs inutilisables.

(1) Vide supra, p. 274-75.


ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D'ARGOS 283

Tombe 23. Débris d'os longs inutilisables.

Tombe 43. Débris de boîte crânienne et d'os divers d'un enfant âgé de 2 ou
3 mois (1).

Tombe 45. Restes d'un sujet, probablement masculin, âgé de 25 à 30 ans.


Observations. Les débris osseux sont, pour la plupart indéterminables ;
la grande disparité de ceux qui ont pu être identifiés (fragments de boîte crânienne,
débris d'os longs, rotules, astragale, calcanéum, phalanges) prouvent que le
squelette était complet lorsque la tombe a été remaniée (2).
Sur un fragment de calva, on remarque un début de synostose de la suture
coronale, à la face interne du crâne mais pas à la face externe. M3g inf., retrouvée
isolée, a une de ses racines brisée, mais celle qui est conservée montre que la poussée
était achevée ; ceci certainement depuis peu de temps, car la couronne ne porte
aucune trace d'usure ; les relativement grandes dimensions de cette dent font
opiner en faveur d'un sujet masculin.

Tombe 106 (sujet n° 2). Débris de boîte crânienne, de maxillaire, de mandibule


et d'os longs d'un sujet féminin âgé de 30 ans environ.

Tombe 108. Débris de boîte crânienne absolument inutilisables.

Tombe 131. Débris de boîte crânienne, absolument inutilisables, d'un enfant


en très bas âge (probablement 2 ou 3 ans).

Tombe 163 (pi. XIII, n° 1-4). Cnlvaria, fragments de mandibules et d'os longs
d'un enfant âgé de 5 ou 6 ans.
Caractéristiques : brachyerâne (limite sous-brachy), hypsicrâne, acrocrâne
(limite métrio), front très divergent, sténométope.
Observations. Norma veriicalis. Boîte crânienne de type sphénoïde ; les
arcades zygomatiques ne sont pas visibles, et probablement d'après la forme du front,
le massif facial n'était pas visible non plus. Les lignes de suture sont peu
compliquées et béantes. Les saillies pariétales sont très développées.
Norma laléralis. Le galbe comporte quelques irrégularités. Le front est
très bombé, le vertex est situé au tiers de la distance qui sépare le bregma du
lambda ; il y a un net méplat supra-lambdoïde, voire une légère dépression ;
l'occiput est bien développé, entouré par une légère constriction. Les crêtes
temporales et mastoïdiennes ne sont pas développées.

(1) En raison de l'état des débris, il est impossible d'affirmer qu'il n'y avait qu'un corps.
(2) Cette tombe qui avait été violée par des voleurs de bijoux, a néanmoins livré un matériel
archéologique important, parmi lequel un casque à cimier et une cuirasse en bronze, qui caractérise
une tombe de guerrier, et confirme donc l'impression de sexe masculin donné par l'examen de
la dent de sagesse, cf. Archaeology, vol. 9, n° 3 (1956) p. 172, fig. 10, et BCH 81 (1957), pp. 322-
386, pi. I-V.
284 ROBERT P. CHARLES

Norma occipilalis. La voûte est élevée, la ligne sincipitale non caractérisée ;


la suture lambdoïde est très compliquée, mais ne comporte pas d'os wormien.
Norma facialis. Le front est étroit, très bombé, dépourvu de saillies latérales ;
la glabelle et les arcades sourcilières ne sont pas conservées.
Mandibule. On a la moi lié droite et toute la région symphysaire. Malgré sa

iiî. 7. Diagramme du crâne n° 163 (Γ,Ν/2).

gracilité, le corps donne une impression de robustesse ; le menton est déjà bien
marquée, la branche montante est courte et large, l'échancrure sigmoïde large,
et l'apophyse coronoïde bien développée. Gd? M1d et g, M2d lactéales sont en
place ; Mxd définitive commence à sortir de son alvéole, elle comporte 5 cuspides.
De ce même sujet, on a des débris de vertèbres et d'os longs.

VIIe SIÈCLE

Tombe 84. Restes inutilisables d'un sujet masculin adulte, dont l'âge ne peut
être précisé (1).

Tombe 134. Fragments de mandibule et os longs d'un enfant Agé de 0 mois à


1 an.
Sur le mandibule, la première incisive seule était poussée ; les bourgeons des
autres dents lactéales sont en place, mais la paroi de la gencive n'est pas encore
percée.

(1) Le sexe a été déterminé d'après les éléments du frontal : glabelle, arcade sourcillière et
crête temporale gauches.
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D'ARGOS 285

VIe SIÈCLE

Tombe 135. Clavicule et os longs d'un nouveau-né, probablement né avant


terme en raison de leurs très petites dimensions.

Tombe 138 : sujet n° 1. Fragments de calvaria d'un sujet probablement féminin,


âgé de 20 à 25 ans, comprenant une partie des deux pariétaux et de l'occipital.
Observations. La suture lambdoïde, très compliquée, comporte plusieurs
petits os wormiens ; d'autres se trouvent sur la suture sagittale, entre le lambda
et l'obélion. Les saillies pariétales sont bien développées, donnant en norma verïi-
calis un galbe pentagonoïde, ce qui correspond à un sujet méso ou sous-brachy-
crâne.
De profil, on observe un méplat supra-lambdoïde, mais pas de chignon
occipital.
Des débris de mandibule, montrent que les M3 inf. étaient déjà poussées .
au contraire, M3g sup., retrouvée isolée, était encore imparfaitement formée
Sujet n° 2. Dans le matériel osseux de la même tombe, nous avons trouvé des
restes inutilisables d'un enfant âgé de 8 à 10 ans, d'après le degré d'ossification.

Tombe 139. Débris d'os divers d'un nouveau-né.

Tombe 140. Débris de boîte crânienne et os divers d'un nouveau-né.

Tombe 141 (pi. XVII, n° 4-6 ; pi. XVIII, n° 1-3). Crâne d'un enfant de 5 ans
environ.
Garactéristiq tes : sous-brachyerâne, hypsicrâne, métriocrâne, front très
divergent, sténoinétope, hypereuryprosope. euryène, cryptozyge, hypsiconque,
chamaerhinien.
Observations. Norma verticalis. La boîte crânienne est de type sphénoïde,
la saillie pariétale droite est un peu plus développée que la gauche ; le massif
facial et les arcades zygomatiques ne sont pas visibles. Les lignes de sutures sont
peu compliquées et béantes.
Norma laleralis. Le galbe est régulier, le front très redressé, le vertex situé
au tiers de la distance qui sépare le bregma du lambda. Il y a un léger méplat supra-
lambdoïde ; l'occiput est bien développé, mais ne forme pas de chignon. Les crêtes
temporales et mastoïdiennes ne sont pas encore marquées.
Norma occipitalis. La voûte est moyenne. La suture lambdoïde comporte
plusieurs petits os wormiens.
Norma basilaris. Le trou occipital est allongé ; les empreintes musculaires de
la nuque sont très faibles, les apophyses mastoïdes et styloïdes très petites.
Norma facialis. Le front est étroit et bombé ; la glabelle et les arcades sour-
cilières ne sont pas encore développées.
286 ROBERT P. CHARLES

Massif facial. La face esl basse avec les orbites hautes et le nez large, mais le
bord inférieur des échancrures nasales est tranchant.
L'examen du diagramme montre que le nasion, le naso-spinal et le prosthion
sont alignés suivant une direction formant un angle de 105° avec le plan de
Francfort, ce qui indique un sujet hyperorthognathe, alors que l'angle facial de
Weisbach et Rivet (86°20') se situe dans la classe des sujets orthognathes.

— Diagramme du crâne n° 141 (GN/2).

La denture laeLéale est intacte ; les Mx définitives sont visibles dans leurs
alvéoles, mais ne sont pas encore poussées ; la voûte palatine est large.
La mandibule, dont on possède la plus grande partie de la branche horizontale,
esl très gracile, peu élevée, avec le menton non développé. Comme pour l'arc
supérieur, la denture lacléale est intacte, el les bourgeons des Mx sont visibles dans
leurs alvéoles.

Époque classique (ve-i\e siècles)

Tombe 16 ter. Cette sépulture a servi à l'inhumation de plusieurs sujets, dont


les restes ont été retrouvés mêlés les uns avec les autres, aussi, le plus souvent,
n'a-t-il pas été possible de coordonner les ossements provenant du même individu,
et, dans la description qui suit, nous avons sérié les éléments par catégorie.

Boites crâniennes :
N° 1 (pi. XIX). Calvaria d'un sujet masculin âgé de 25 à 30 ans.
Caractéristiques : dolichocrâne, chamaecrâne, métriocrâne, front
moyennement divergent, eurymétope.
\

ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES d'ARGOS 287

Observations. Norma verticalis. Boîte crânienne de type ovo-pentagonoïde.


Les lignes de suture sont compliquées, synosLosées seulement entre l'obélion et le
vertex.
Norma laleralis. Le galbe est régulier, le frontal bombé, et la région entre le
bregma et le vertex un peu aplatie ; le vertex se situe à mi-distance entre le bregma

de Fr.

Fig. 9. — Diagramme du crâne n° 16ter (1) (GN/2).

et le lambda. L'occiput est bien développé, donnant lieu à la formation d'un léger
chignon mais sans dépression supra-lambdoïde. Les crêtes temporales sont
accusées, et les apophyses mastoïdes assez volumineuses.
Norma occipilalis. La voûte est moyenne. La suture lambdoïde ne comporte
pas d'os wormiens. La ligne sincipitale est légèrement déprimée.
Norma basilaris. Le trou occipital est allongé. La suture entre le basi-occipital
et le basi-sphénoïde est encore imparfaitement oblitérée. Les apophyses styloïdes
sont bien développées. Les empreintes musculaires de la nuque sont très accusées.
Norma facialis. Le front est régulièrement bombé avec la ligne médiane
légèrement saillante ; il y a quelques traces de la suture métopique à la glabelle ;
celle-ci est large et bien développée ; les arcades sourcilières sont volumineuses.
N° 2. Fragment de calva d'un sujet, probablement féminin, âgé de 35 à 40 ans.
L'état de synostose de la suture sagittale est très avancé, s'étendant jusqu'au
lambda.
N° 3. Fragment d'occipital d'un sujet probablement masculin en raison des
fortes impressions musculaires de la nuque.
288 robert p. charles

Mandibules :
N° 1 (pièce provenant sans doute du même sujet que le crâne n° 1). Le corps
de la mandibule est assez massif ; la branche montante est épaisse mais point trop
large ; l'échancrure sigmoïde est assez profonde ; le menton est saillant et les
gonions nettement éversés
Les six molaires sont en place, saines mais usées, surLout les Mx ; celles-ci
comportent 5 cuspides.
N0 2 (pi. XVIII, n° 4) (pièce provenant sans doute du même sujet, que le crâne
n° 2). Le corps de la mandibule est assez gracile, la branche montante large mais
pas trop épaisse ; l'échancrure sigmoïde est profonde, le menton saillant, les
gonions nets mais non éversés. Les M2.3d étaient tombées depuis longtemps, car
les alvéoles sont complètement oblitérées ; les M± comportent 5 cuspides et sont
très usées, les M2-3g ne comportent que 4 cuspides et sont peu usées. Sont
également en place les PM1g et I2g. Toutes les dents sont saines.
N° 3 (pi. XVIII, n° 5). Le corps mandibulaire est assez gracile ; la branche
montante est large mais peu épaisse ; l'échancrure sigmoïde est large, le menton
saillant et les gonions non éversés. Les six molaires et les PM2 sont en place ;
toutes sont saines mais très usées ; les M1 comportent 5 cuspides.
Il s'agit probablement d'un sujet féminin âgé de 40 à 50 ans.
N° 4. Fragment de mandibule assez massif avec le menton saillant. M3d était
tombée depuis longtemps car l'alvéole est complètement oblitéré ; les Mj^d sont
très usées (M2 comporte δ cuspides et Mx, 4 seulement), les PM^.-jd sont également
assez usées ; toutes les dents sont saines.
Il s'agit probablement d'un sujet masculin âgé de 40 à 50 ans.
IS*° 5. Fragment de mandibule présentant les mômes caractères que le
précédent. Les PMj, Mj.jd, demeurées en place, sont très usées mais saines. Mj
comporte 4 cuspides.
Il s'agit probablement d'un sujet masculin âgé de 40 à 50 ans.

Squelettes post-céphalioues :
On a retrouvé un grand nombre de vertèbres, des débris de sternum et des
fragments de clavicules et de bassins.
Humérus droils : n° 1, mesurant 309 millimètres de longueur, d'où une taille
correspondante de 1 m. 59 ;
n° 2, mesurant 259 millimètres de longueur, d'où une taille correspondante
de 1 m. 37 ;
n° 3, dont manque l'épiphyse proximale et présentant une perforation
olécranienne ;
n° 4, on n'a que l'épiphyse distale qui porte des exosto>es rhumatismales très
nettes ;
on a aussi des fragments de 3 autres humérus droits.
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D'ARGOS 289

Humérus gauches : n° 1, mesurant 315 millimètres de longueur, d'où une taille


correspondante de 1 m. 62 ;
on a en outre, 3 épiphyses distales dont une présente la perforation olécra-
nienne, et une diaphyse.
Tous les humérus sont eurybrachyques, et présentent de fortes empreintes
musculaires, sauf le n° 2 droit, qui provient sans doute, d'un sujet féminin.
Cubitus : épiphyse proximale d'un cubitus droit et deux épiphyses proximales
de cubitus gauches.
Radius : une épiphyse proximale et deux épiphyses distales de radius droits ;
une épiphyse proximale et une épiphyse distale de radius gauches.
Fémurs : fragments de 4 fémurs droits ;
Deux fémurs gauches provenant de sujets masculins : il manque sur l'un,
l'épiphyse distale ; sa longueur peut être évaluée de l'ordre de 443 millimètres, d'où
une taille correspondante de 1 m. 64 ; sur l'autre, il manque l'épiphyse proximale ;
sa longueur peut être évaluée de l'ordre de 448 millimètres, d'où une taille
correspondante de 1 m. 65. On a encore des fragments de 7 fémurs provenant de
sujets masculins et de 3 fémurs provenant de 3 sujets féminins, ce qui indique que
la tombe 16 ter a dû servir à l'inhumation d'une dizaine d'individus.
Tibias : fragments de 8 tibias droits, dont 3 fortement platycnémiques, et de
6 tibias gauches.
Divers : 5 fragments de péronés, 2 calcanéum gauches.

Tombe 112. Restes absolument inutilisables.

Époque hellénistique (nie-ier siècles)

Tombe 85 (pi. XVIII, nos 6-8). Fragments de calvaria, du massif facial et


mandibule d'un sujet féminin âgé de 30 à 35 ans.
Observations. Les bosses pariétales et l'occiput sont bien développés, de sorte
que la boîte crânienne paraît être de type pentagonoïde (le frontal est détruit) ;
la suture sagittale est oblitérée sur la plus grande partie de sa longueur.
De profil, on note un léger méplat supra-lambdoïde, un assez net chignon
occipital, souligné par une forte constriction sous-iniaque ; l'inion, toutefois, n'est
pas saillant.
En norma occipitalis, la voûte paraît moyenne ou basse, la suture lambdoïde
est encore ouverte, peu compliquée mais comportant plusieurs petits os wormiens.
Les éléments faciaux comprennent la plus grande partie des deux maxillaires
et le jugal gauche en connexion. La voûte palatine est profonde ; il y a quelques
anomalies dentaires ayant provoqué l'asymétrie de l'arc : M2d était tombée depuis
longtemps, l'alvéole étant oblitéré, et M3d est poussée plus en avant que M3g
qui est contiguë à M2g ; les PM et M gauches forment une barre presque rectiligne
alors que la partie droite de l'arc est régulièrement cintrée. Ix.2g sont tombées
post mortem elles devaient se chevaucher ou être réduites car l'espace n'est pas
suffisant. Toutes les molaires comportent 4 cuspides.
19
290 ROBERT P. CHARLES

La mandibule est presque entière ; elle est plutôt massive, compte tenu qu'il
s'agit d'un sujet féminin ; le menton est proéminent ; le gonion droit, seul connu,
n'est pas éversé ; la branche montante est courte et large, l'échancrure sigmoïde
largement ouverte, l'apophyse coronoïde petite. Les apophyses géni sont très
rapprochées, ne formant qu'un seul promontoire.

Tombe 86. Fragment de boîte crânienne d'un sujet masculin de 45 à 50 ans.


La suture sagittale est complètement oblitérée, le degré de synostose est assez
avancé sur la lambdoïde.

Époque romaine (ier-nie siècles)

Tombe 94 (pi. XX). Calvarium et os longs d'un sujet masculin âgé de 45 ans
environ.
Caractéristiques : dolichocrâne, orthocrâne, acrocrâne, front moyennement
divergent, eurymétope, mésène, cryptozyge, mésoconque, leptorhinien,
leptostaphylin.
Taille : de l'ordre de 1 m. 66 à 1 m. 67.
Observations. Norma verticalis. La boîte crânienne est de type ovoïde. Le
massif facial et les arcades sourcilières ne sont pas visibles. Les lignes de suture sont
très compliquées ; l'état de synostose est assez avancé ; la suture sagittale est
oblitérée sur toute sa longueur.
ν

l«ïr.

Fig·. 10. — Diagramme du crâne n° 94 (GN/2).


ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D'ARGOS 291

Norma lateralis. Le galbe est régulier, le front plutôt fuyant, le vertex situé
peu en arrière du bregma ; l'occipital, bien développé, forme un léger chignon,
accentué par une légère dépression supra lambdoïde. Les crêtes temporales, très
accusées, se prolongent sur les pariétaux par une forte impression musculaire.
La région des ptérions est oblitérée. Les crêtes mastoïdes sont très accusées, donnant
lieu à la formation d'un très net Lorus occipital. L'inion est accentué par une forte
exostose.
Norma occipitalis. La voûte est élevée, sub-carénée ; le tiers supérieur de la
suture lambdoïde est oblitéré ; il y a un os wormien sur la branche droite.
Norma basilaris. Le trou occipital est allongé, les apophyses mastoïdes et
styloïdes sont bien développées. Les empreintes musculaires de la nuque sont
très accusées.
Norma facialis. Le front est large, la ligne métopique légèrement saillante ;
les bosses latérales sont peu accusées, mais la glabelle et les arcades sourcilières
sont bien marquées.
Massif facial. La face est moyenne, plutôt basse ; les pommettes sont
saillantes, les orbites moyennes, subquadratiques, légèrement obliques ; le nez est
droit.
La voûte palatine est allongée. Le sujet avait perdu toutes ses dents depuis
longtemps, et les gencives se trouvent amenées au niveau du fond de la voûte.
Os longs. Le fémur droit est eurymérique (ind., 88,0) ; le pilastre est fort (ind.,
114, 2) ; la longueur en position anatomique (463 millimètres) permet de déduire
une stature de 1 m. 67.
Le tibia droit est mésoenémique (ind., 68, 2), à sa longueur maximum de
372 millimètres, correspond une stature de 1 m. 66.
On ne retrouve pas sur ce sujet les mêmes anomalies de proportions par
rapport aux tableaux de Manouvrier qui avaient été observées sur le sujet de la
tombe 143.

Bas Empire ou époque prébyzantine (me-ve siècles)

Tombe 96 (pi. XXI). Crâne et os longs d'un enfant de 5 ou 6 ans.


Caractéristiques : brachyerâne, hypsicrâne, métriocràne, front moyennement
divergent, sténométope, euryprosope, euryène, cryptozyge, hypsiconque,
leptorhinien, brachystaphylin.
Observations. Norma veriicalis. Boîte crânienne de type sphéroïde. Le massif
facial et les arcades zygomatiques ne sont pas visibles. Le pariétal droit est
beaucoup plus développé que le gauche, ce qui donne à la calvaria un aspect
dissymétrique. Les lignes de suture sont compliquées et béantes.
Norma laleralis. Le galbe est régulier, le front est très bombé ; le vertex situé
peu en arrière du bregma. L'occiput, régulièrement arrondi, ne présente aucun
caractère particulièrement remarquable. Les crêtes temporales et mastoïdiennes
ne sont pas marquées ; les apophyses mastoïdes sont petites.
292 ROBERT P. CHARLES

Norma occîpitalis. La voûte est moyenne ; les deux bosses pariétales sont
également développées, mais sur le pariétal droit, il y a une seconde bosse, située
au tiers inférieur de la hauteur. La suture lambdoïde est très compliquée, mais il
n'y a pas d'os wormien.
Norma basilaris. Le trou occipital est moyen. Les apophyses styloïdes sont
peu développées, et les empreintes musculaires de la nuque faiblement marquées.
Norma facialis. Le front est assez étroit, fortement et régulièrement bombé.
Le côté droit donne une fausse impression de dépression en raison de renflement
anormal du pariétal se trouvant en arrière.

Fig. 11. — Diagramme du crâne n° 96 (GN/2).

Massif facial. La face est basse avec les orbites hautes et le nez étroit ; les
pommettes sont saillantes et il n'y a pas de prognathisme. La face est orthognathe
(92° 40'), le nez n'est pas saillant (92°), quant à l'espace sous-nasul, il est même
hyperorthognathe (110° 30'). L'angle facial de Weisbach et Rivet (83°) caractérise,
lui aussi, un sujet orthognathe.
La voûte palatine est large, mais en raison de l'âge du sujet, ce caractère n'est
pas significatif. L'arc dentaire lactéal est complet (sauf Ixd et g, tombées post
modem), les bourgeons des M1 définitives commencent à faire saillie hors de leurs
alvéoles.
Mandibule. La branche horizontale est gracile, les branches montantes courtes
et larges ; l'échancrure sigmoïde est large, l'apophyse coronoïde courte. Le menton
et les gonions ne sont pas développés. L'arc dentaire lactéal est intact ; les
bourgeons de Mr définitives ont percé la paroi supérieure de l'os, mais ne font pas
encore saillie.
Os longs. De ce sujet, on a aussi l'humérus droit, le radius droit, le fémur
gauche, le tibia gauche. Tous ont perdu leurs surfaces articulaires.
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ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES d'aRGOS 293

II. TYPES ANTHROPOLOGIQUES DE LA GRÈCE ANTIQUE

Ainsi qu'il apparaît à la lecture des caractéristiques, les sujets d'Argos que nous
venons d'étudier doivent appartenir à des types différents. Pour établir la diagnose
des types raciaux, nous avons dû mettre en séries nos résultats et ceux de nos
devanciers, John L. Angel, Carl M. Furst, Johannis G. Koumaris et
Rudolf Virchow, dont les études portent non seulement sur les populations de
l'Argolide, mais aussi sur celles des autres provinces de la Grèce continentale (1).
Cette mise en séries nous a permis de mettre en évidence dans les anciennes
populations grecques, six types différents que nous allons considérer
successivement (2).

1. Τυγε méditerranéen ancien

Caractéristiques : Indices :
dolichocrâne crânien 74-75
chamsecràne vertical 68-70
tapéino-métriocrâne transverse 90-93
front moyennement divergent fronto-frontal 80-85
métrio-eurymétope fronto-pariétal 68-70
hypereurvprosope
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, ^ facial total ί( on on
mesoprosope ob-8y
euryène ) . . , , . ( 46-48
mesene .s facial supérieur
r ί' κ~ rt-
52-o5
mésoconque orbit aire 76-86
leptorhinien nasal 39-46

Remarques. L'indice crânien (largeur-longueur) présente son maximum de


fréquence dans la classe des crânes allongés ; les sujets hyperdolichocrânes et
sous-dolichocrânes sont rares, les sujets mésocrânes tout à fait exceptionnels.
La voûte est basse ; l'indice vertical (hauteur-longueur) révèle presque toujours
un crâne surbaissé, les formes moyennes sont exceptionnelles ; l'indice transverse
(hauteur-largeur) se situe au voisinage de la limite entre les classes des crânes
moyens et surbaissés, mais les formes basses sont les plus nombreuses.
Le front est moyen, assez bombé, surtout chez les femmes, tandis que chez

(1) Nous avons exclu les études faites par ces mêmes auteurs sur les populations des îles
grecques, à cause des conditions écologiques différentes dans lesquelles celles-ci ont évolué.
(2) La diagnose et les caractéristiques moyennes de certains de ces types avaient déjà été
données par J. L. Angel in D. M. Robinson, Necrolynihia, Part. XI, Baltimore 1942 (pp. 211-
40) ; toutefois, l'auteur n'ayant pas toujours éliminé les sujets mixtes de ses séries qui présentent
donc des caractères hétérogènes, et ayant établi les caractéristiques de ses types d'après des
moyennes arithmétiques et non d'après la courbe de fréquence, il s'en suit un certain nombre de
différences de détail entre ses résultats et les nôtres qui nous paraît justifier cette mise au point.
294 ROBERT P. CHARLES

les hommes il est souvent légèrement fuyant ; chez ces derniers, les bosses latérales,
la glabelle et les arcades sourcilières sont toujours bien développées, mais il n'y a
jamais formation d'un bourrelet sus-orbitaire aussi prononcé que sur les crânes
nordiques.
La face, que l'on considère la totalité ou seulement la partie supérieure, est
toujours basse ; mais on note deux éventualités, les unes sont larges, et même très
larges, les autres moyennes ; ces deux variétés sont en relation avec un plus ou
moins grand développement en largeur, la hauteur du visage demeurant du même
ordre de grandeur.
Les orbites sont moyennes, sub-quadratiques, un peu obliques ; le maximum de
fréquence des indices se trouve au voisinage de la limite entre les classes d'orbites
moyennes et élevées, mais les orbites franchement hautes, tout comme les orbites
basses, sont rares. Le nez est toujours étroit.
Il y a quelquefois un certain prognathisme alvéolaire, mais le prognathisme
facial n'est jamais sensible.
Rapports et différences. Ce type est assez voisin du type A
(1942) ; les différences (1) viennent de ce que l'anthropologue américain, n'ayant
pas individualisé le îype grirnaldoïde, a établi ses moyennes sur une série non
homogène.
Il correspond à peu près, au îype allanlo-médiierranèen de Dfniker (1926),
lui aussi établi d'après une série non homogène. Divers auteurs (2) ont eu conscience
de cette hétérogénéité, mais on n'avait pas jusqu'ici éliminé les éléments
grimaldoïdes qui en étaient la cause.
Origine phylogénkjue. Le type méditerranéen ancien paraît se rattacher au
Iype de Cro-Magnon, lui aussi dolichocrâne à voûte et face basses, et nez étroit ;
par contre les Cro-magnoïdes ont généralement les orbites basses alors que celles
de nos Méditerranéens sont plutôt moyennes ; enfin et surtout, l'étude du squelette
posl-céphalique révèle chez les Cro-magnoïdes une taille de l'ordre de 1 m. 80,
alors que la stature des Méditerranéens ne dépasse guère 1 m. 60. Il y a lieu de
noter qu'aucun sujet paléolithique n'a une taille aussi basse ; comme nous observons
une différence analogue entre les « négroïdes » de Grimaldi et nos Grimaldoïdes,
nous pensons pouvoir attribuer cette diminution de la stature à une adaptation
du type à l'aire méditerranéenne ; en conclusion, nous proposons de considérer le
îype méditerranéen ancien comme la variété méditerranéenne du phylum humain
d'origine cro-magnoïde.

(1) Le type A cTAngel est à la limite de la métriocrânie et de l'acrocrânie, il est plus


strictement eurymétope, et chamsfrhinien.
(2) G. Montandon, La race, les races, 1933, pp. 256 sq. ; Haddon, Les races humaines,
1930, pp. 47-48; H. V. Vallois, Les races humaines, 1957, p. 34.
étude anthropologique des nécropoles d'argos 295

2. Type grimaldoide
Caractéristiques : Indices :
hyperdolichocrâne crânien 67-69
orthocrâne vertical 70-7 l
acrocrâne transverse 98-102
front moyennement divergent fronto-frontal 80-82
métrio-eurymétope fronto-pariétal 66-73
euryprosope facial total 83-81
hypereuryène-euryène
Jl J J ; lacial
« . , supérieur
, . ;( r.^
44-47
_.Λ
mésene ) ( 50-52
mésoconque orbitaire 78-82
chamaerhinien-hypercharnaerhinien. . . . nasal 53-59

Remarques : La boîte crânienne est allongée, le plus souvent très allongée,


rarement moyenne. La voûte est assez élevée ; l'indice vertical (hauteur-
longueur) présente sont maximum de fréquence dans la classe moyenne, mais
les formes basses se rencontrent aussi : en revanche, l'indice traverse (hauteur-
largeur) révèle toujours une forme haute, les voûtes moyennes étant tout à
fait exceptionnelles:
Le front est moyen, assez bombé, chez les hommes comme chez les femmes ;
les bosses latérales ne sont jamais très développées chez les hommes, chez
lesquels la glabelle et les arcades sourcilières demeurent aussi atténuées.
La face est très développée, généralement large, mais sans être basse comme
dans le type méditerranéen ancien, quelquefois moyenne, rarement allongée.
Les orbites sont moyennes, subquadratiques, très peu obliques.
Le nez est toujours large, souvent même très large. Le plus souvent la base
des échancrures est dédoublée.
Il y a toujours un fort prognathisme alvéolaire, et un prognathisme facial
sensible, surtout d'après la mesure de l'angle facial de Weisbach et Rivet.
Ce type est indigène au même titre que le type méditerranéen ancien, dont
les ancêtres paléolithiques occupaient déjà le terroir. Il y a souvent hybridation
des deux types, à un point tel que les sujets de type griinaldoïde pur sont rares,
et que généralement, on rencontre des sujets de type méditerranéen présentant des
affinités grimaldoïdes plus ou moins nettes.
Rapports et différences. Le type aquitain de Riouet (1951) (1) dont « le nez
est souvent large ou très large » doit certainement comprendre un certain
pourcentage de grimaldoïdes, mêlés ici à des descendants du type de Cornhe-Capelle,
d'où les arcades sourcilières accusées et le front fuyant. Sur le plan culturel, le
Dr R. Riquet a noté une relation entre la distribution des dolmens et l'aire de
répartition de son type aquitain, ce qui confirmerait une influence méditerranéenne
dans la genèse de ce type.

(1) Dr Raymond Riouet. Essai de synthèse sur l'ethnogénie des Néo-Enéolithiques en


France. Bull, et Mém. Soc, Anthrop. de Paris (Xe sér.), t. II, 1951, pp. 204-05.
296 ROBERT P. CHARLES

Bien qu'il ne l'ait pas individualisé, Coon (1939) est certainement l'auteur qui
a le plus eu la sensation de l'existence de ce type, lorsqu'il écrivit que les
Méditerranéens « représentent la forme méditerranéenne pédomorphique ou
sexuellement indifférenciée et montre souvent une légère tendance négroïde » (1).
Nous avions déjà noté la présence de ce type à l'âge du Cuivre en Languedoc (2) ;
il paraît avoir eu une large aire de répartition dans la zone méditerranéenne.
Origine phylogénique. On ne peut rapprocher ces sujets grimaldoïdes que
des « négroïdes » de Grimaldi, dont nous rappelons la diagnose donnée par
Verneau (1906) : « Tête volumineuse, dysharmonique à un très haut degré, avec
crâne fort allongé d'avant en arrière et face à la fois large et basse ; forme
régulièrement elliptique de la voûte crânienne ; notable développement du crâne
dans le sens vertical ; front bien développé ; léger méplat en arrière des pariétaux ;
renflement de l'occiput en arrière et en bas ; glabelle en relief ; arcades sourcilières
saillantes au niveau des sinus frontaux, complètement effacées au dehors ; orbites
très larges à faible diamètre vertical ; nez platyrhinien, avec bord antérieur du
plancher se terminant en gouttière ; prognathisme énorme des mâchoires ; voûte
palatine étroite et profonde ; maxillaire inférieur à menton fuyant, à corps épais,
à branches montantes larges et basses, avec des condyles très inclinés en arrière ;
dents volumineuses ; molaires supérieures allongées, à denticule postéro-interne
très détaché ; la seconde et la troisième arrières molaires de la mandibule avec
denticule postérieur bien reconnaissable ».
Le type moyen de notre « race grimaldoïde » ne s'écarte de la diagnose des
« négroïdes de Grimaldi » que par la présence de quelques sujets à partie supérieure
de la face moyenne, particularité due à une diminution de la largeur et non à un
accroissement de la longueur, et par la forme des orbites qui sont, le plus souvent,
moyennes. Comme on ne doit pas perdre de vue que le type de Grimaldi a été établi
sur deux sujets et non sur une série statistiquement valable, nous considérons que
les différences enregistrées relèvent des variations individuelles et que le type
grimaldoïde est phylogéniquement le descendant direct du type de Grimaldi.

3. Type cordé
Caractéristiques : Indices :
dolichocrâne crânien 69-74
orthocrâne vertical 72-75
acrocrâne transverse 101-109
front moyennement divergent fronto-dental 81-86
métrio-eurymétope fronto-pariétal 68-75
hyperleptoprosope facial total 95-103
leptène facial supérieur 54-61
orbites très variables orbitaire 76-85
leptorhinien nasal 42-47

(1) Cf. aussi Haddon, 1930, op. cit., p. 103 et 43, type eurafricain pro parte.
(2) Robert-P. Charles, Cahiers lig. Préhist. Archéol., n° 4, 1955, p. 184-86,
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D'ARGOS 297

Remarques. La forme du crâne est toujours allongée, parfois très allongée ;


la voûte est assez élevée, l'indice vertical (hauteur-longueur) est moyen, mais au
voisinage de la limite entre les classes des crânes moyens et des crânes élevés ;
en revanche, l'indice transverse (hauteur-largeur) révèle toujours une voûte très
élevée.
Le front est moyen, plutôt fuyant, avec chez les hommes, des saillies latérales,
la glabelle et les arcades sourcilières très développées.
La face est très allongée, les orbites sont très variables dans leur forme, mais
le nez est toujours étroit et proéminent.
Rapports et différences. Nous n'avons trouvé que 5 sujets qui, en Grèce,
correspondissent à la diagnose de Coon (1939), que nous rappelons brièvement :
« Grande taille (167-174) ; corps linéaire mais musclé ; peut-être plus lourd que celui
des Mégalithiques ; crâne très allongé et haut ; relief sus-orbitaire et musculaire
moyens à forts ; face très haute ; nez leptorhinien, souvent proéminent ».
Angel (1942) attribue à ce type, 44 sujets, parmi lesquels se trouvent, outre
les cinq véritables cordés, des sujets intermédiaires entre les cordés et les
néoméditerranéens, et même plusieurs néo-méditerranéens caractérisés ; la moyenne
des indices s'en trouve faussée (1), c'est ainsi que d'après Angel, la face serait
allongée, et non plus très allongée, les orbites et le nez deviennent moyens,
caractères qui s'écartent donc des normes établies par Coon.
Origine phylogénioue. Sur ce même type, le Dr Riouet écrit (2) : « Cette
race correspond à de grands sujets dolichocéphales, à voûte haute, face longue et
orbites basses. L'origine de ce type est inconnue mais peut être recherchée du côté
des steppes de la Mer Noire, si la céramique cordée a effectivement pris naissance
dans ces mêmes régions, comme on le suppose généralement. On peut d'ailleurs
aussi bien supposer que cette race est indigène. Avec la race de Briinn, elle forme
les composantes essentielles du Nordique actuel ».
C'est bien là en effet le rapprochement qui s'impose. La grande difficulté pour
établir la diagnose des types paléolithiques est que nous ne disposons toujours que
d'un petit nombre d'individus, et nous nous trouvons donc dans l'impossibilité
d'établir des séries statistiquement significatives. Toutefois, malgré ces incertitudes,
les deux types nous paraissent extrêmement voisins, aussi nous proposons de
considérer le type cordé comme une forme évolutive, adaptée à Vaire centre-
européenne, du type de Brùnn, qui a probablement également donné naissance au
type nordique, forme évolutive adaptée à l'aire littorale de la Mer du Nord (3).

(1) En anthropométrie, on doit du reste établir le type moyen d'après la courbe de fréquence
des indices, et non sur une moyenne arithmétique susceptible de varier d'une série d'échantillons
à une autre.
(2) Dr R. Riquet, op. cit., 1951, p. 206.
(3) Cf. Haddon, op. cit., 1930, p. 106.
298 robert p. charles

4. Type néo-méditerranéen
Caractéristiques : Indices :
dolichocrâne sous-dolichocrâne crânien 75
orlhocrâne vertical 70-73
acrocrâne transverse 95-97
front moyennement divergent fronto-frontal 80-82
métrio-eurymétope fronto-pariétal 68-70
eury-mésoprosope facial total 83-87
mésène facial supérieur 51-53
mésoconque orbitaire 80-84
lepto-mésorhinien nasal 44-50

Remarques. La boîte crânienne est faiblement allongée, le maximum de


fréquence de l'indice crânien se trouvant à la limite des classes de crânes doli-
chocrânes et sous-dolichocrânes.
La voûte est faiblement élevée ; le maximum de fréquence de l'indice vertical
(hauteur-longueur) se situe dans la classe des voûtes moyennes mais plutôt basses,
tandis que l'indice transverse (hauteur-largeur) caractérise toujours une voûte
haute.
La forme de la boîte crânienne est donc remarquable, plus par son étroitesse
que par son allongement.
Le front est moyen, souvent un peu fuyant, surtout chez les hommes, chez qui
on note toujours des saillies latérales, la glabelle et les arcades sourcilières bien
développées.
La face est moyenne ou un peu large, mais point basse. Les orbites sont
généralement moyennes, mais on trouve aussi souvent des orbites hautes, au
contraire les orbites basses sont rares. Le nez, étroit ou moyen, occupe toujours
une grande hauteur par rapport à la hauteur de la face et il est souvent proéminent.
Rapports et différences. Ce type correspond au type R d'ANGEL, auquel
on devra joindre pro parte le type D, dans lequel Angel a classé non seulement
les sujets appartenant véritablement au type cordé, mais aussi les sujets
intermédiaires entre les cordés et son type R.
Ce type correspond à la race brune ou Ibéro-insulaire de Deniker (1926), la
race brune (méditerranéenne) de Montandon (1933) et à la variété ibéro-insulaire
de la race méditerranéenne de Vallois (1956).
Il présente de grandes ailinités avec le type mégalithique de Coon (1939)
— qui ne s'en écarte que par une stature plus élevée ; 1 m. 67 à 1 m. 71, alors que
les néo-méditerranéens dépassent rarement 1 m. 65 — , au sujet duquel l'auteur
écrivait qu'il représente « une forme méditerranéenne gérontomorphique ou
sexuellement différenciée... ».
On doit aussi le rapprocher du type cordé de Coon (1939), dont le crâne est
plus allongé et plus haut, et la taille, encore plus élevée (167-174).
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D'ARGOS 299

Origine phylogénique. L'existence de sujets intermédiaires entre les Cordés


et les Néo-méditerranéens montre qu'il y a eu invasion du domaine méditerranéen
par des Cordés venus d'Europe centrale ; ce sont eux, en effet, qui ont introduit
en Grèce la civilisation de Dimini vers 3000 av. J.-C. ; le type mégalithique de Coon
représente un stade transitoire d'adaptation des cordés à l'aire méditerranéenne et
le type néo-méditerranéen le stade définitif de cette adaptation.
Il a déjà été noté par le Dr. R. Riquet (1951) et par nous (1955) que ce type
apparaît sur les côtes du bassin occidental de la Mer Méditerranée vers 2000 av.
J.-C. ; le terme d'ibéro-insulaire nous paraît géographiquement trop restrictif,
et historiquement inexact puisque c'est dans cette région occidentale de la Mer
Méditerranée qu'il apparaît en dernier lieu, c'est pourquoi nous proposons de le
remplacer par celui de néo-méditerranéen qui rend compte de l'adaptation
relativement tardive de ce type à l'aire méditerranéenne.
Conclusion sur les types méditerranéens. Du point de vue phylogénique,
les Néo-méditerranéens sont donc très éloignés des Méditerranéens anciens et des
Grimaldoldes. En ne considérant que la rive européenne de la Mer Méditerranée,
nous mettons en évidence trois types qui, tout en présentant des caractères
morphologiques communs qui avaient pu faire croire à l'existence d'une « race
méditerranéenne », proviennent d'origines fort différentes :
Les Grimaldoïdes apparaissent comme les descendants directs des « négroïdes »
de Grimaldi, sans modification ; ce type serait donc le plus anciennement adapté
à l'aire méditerranéenne.
Les Méditerranéens anciens, descendants du type de Cro-Magnon, ne se sont
différenciés et adaptés à l'aire méditerranéenne qu'au Néolithique (vers 6000-
8000 av. J.-C), en se déplaçant de l'Ouest vers l'Est.
Les Néo-méditerranéens, descendants du type de Brurm par l'intermédiaire du
type cordé et du type mégalithique, n'apparaissent sur les côtes de la Mer Egée
et en Grèce que vers 3000 av. J.-C, puis ils se déplacent de l'Est vers l'Ouest, et
apparaissent sur les côtes occidentales de la Méditerranée vers 2000 av. J.-C.

5. Type alpinoïde
Caractéristiques : Indices :
sous-brachyerâne crânien 80-82
orthocràne vertical 70-74
tapéinocrâne transverse 87-91
front très divergent fronto-frontal 78-80
sténométope fronto-pariétal 61-64
hypereuryprosope facial total 78-80
euryène facial supérieur 48-49
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leptorhinien f , > 42-44
chamserhinien ) c ' 50-54
300 ROBERT P. CHARLES

Remarques. La boîte crânienne est large à voûte basse, le front est très
divergent, la face basse ; les orbites sont le plus souvent basses, quelquefois
moyennes, mais on note aussi un maximum secondaire des fréquences dans la
classe des orbites hautes ; ce caractère anatomique est dû ici à une extrême
réduction des os malaires, et par là du développement de la face ; nous l'avons observé
surtout sur les sujets jeunes.
Le nez est le plus souvent étroit ; un maximum secondaire des fréquences
révèle un certain nombre de sujets chamserhiniens, mais ceux-ci ont un nez qui
est surtout court, plutôt que large, et ne possédant aucun caractère négroïde.

Rapports et différences. Ce type correspond au type G d'ANGEL, qui donne


comme caractéristiques les mêmes que nous, sauf pour les orbites et le nez, présentés
respectivement comme mésoconques et mésorhim'en, parce que l'auteur a calculé
des moyennes arithmétiques.
Ce type a été successivement décrit comme race celtique par Broca, race
cévenole par Deniker, type alpo-carpathien par Haddon, variété alpine de la
race alp-arménienne par Montandon ; mais si ce type est parfaitement
caractérisé, en revanche les auteurs ont émis les théories les plus divergentes quant
à son origine.
Origine phylogénique. Les auteurs ont longtemps défendu la théorie de
l'origine asiatique des populations brachycéphales (1) qui auraient envahi l'Europe
à partir du Mésolithique. Montandon, reconnaissant qu'on ne peut nier l'existence
de migrations d'Est en Ouest en Europe, émet les plus grandes réserves sur l'origine
asiatique du groupe, et pense qu'une origine européenne ne saurait être exclue.
Inventoriant les races néolithiques, le Dr Riouet décrit deux types de
population à crâne large (2) : le type de Borreby qu'il considère en gros comme
celui d'une population de Cro-magnoïdes brachyerânes à face courte, à arcades
sourcilières très fortes, dont la densité n'est forte qu'au Danemark et en Allemagne
du Nord ; le type proto-alpin «qui peut être défini par sa brachycéphalie nettement
moins accentuée que chez l'Alpin actuel, par sa voûte basse, des orbites et une
face moyenne ». Riouet les considère comme des descendants très probables des
brachycéphales d'Ofnet. L'aire de répartition de ces proto-alpins correspond à
celle des alpinoïdes actuels, qu'elle déborde largement vers l'Ouest à la fin du
Néolithique.
Si l'on s'attache particulièrement à l'étude du massif facial, on ne peut pas
ne pas être frappé par la similitude des caractères anatomiques de la face des
alpinoïdes et des méditerranéens anciens. Riouet a noté deux faits essentiels,
la parenté entre le type de Borreby et le type cro-magnoïde, et la plus faible
brachyerânie des proto-alpins par rapport aux alpinoïdes actuels, ceci met en
évidence l'acquisition secondaire de la brachyerânie par une population non
brachyerâne.

(1) Montandon, op. cit., 1933, p. 255 ; Haddox, op. cit., 1930, p. 105 et suivantes.
(2) Dr R. Riquet, op. cit., 1951, pp. 203-04.
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D'ARGOS 301

Si l'on admet, l'hypothèse de Mlle D. Fkrembach (1) — selon nous, pleinement


justifiée — d'après laquelle la brachyeéphalie est liée à l'adaptation d'une
population allochtone à une aire continentale montagneuse, nous pensons pouvoir
considérer le type alpinoïde comme la variété alpine du phylum humain d'origine
cro-magnoïde, le voisinage de la zone alpine et de la zone méditerranéenne
expliquerait les caractères demeurés communs à deux types issus d'une souche commune.
Le type de Borreby, adapté à d'autres conditions a acquis une morphologie
différente qui l'exclut du phylum alpinoïde.

6. Type dinaroide
Caractéristiques : Indices :
brachy crâne crânien 82-85
hypsicrâne vertical 75-79
métriociâne transverse 94
iront très divergent fronto-frontal 7G-80
sténo-métriométope fronto-pariétal 02-69
euryprosope ) fadul tot{jl i 83-85
leptoprosope ) ( 90-97
mésène-leplène facial supérieur 49-G0
méso-hypsiconque orbitaire 81-87
leptorhinien nasal 42-47

Remarques. La boîte crânienne est à la fois courte et large, avec la voûte


élevée. Le maximum de fréquence de l'indice vertical (hauteur-longueur) se situe
nettement dans la classe des crânes hauts, l'indice transverse (hauteur-largeur)
présente son maximum de fréquence dans la classe des voûtes moyennes, mais
dans le voisinage de la limite avec la classe des voûtes élevées. Le front est très
divergent.
La face est toujours très développée, à la fois haute et large ; on peut
distinguer deux sous-types, certains sujets possèdent des pommettes saillantes et
des orbites moyennes (euryprosope, mésoconque), d'autres n'ont pas les pommettes
saillantes et ont des orbites hautes (leptoprosope, hypsiconque) ; ces derniers
caractères, dus à un moindre développement des os malaires, s'observent
principalement sur les jeunes sujets (2). Le nez est toujours étroit et proéminent.
Rapports et différences. Ce type correspond à la race sub-adriatique de
Deniker, à la race illyrienne de Iïaddon, au type adriatique de la race alp-
arménienne de Montandon.
Angel ne lui attribue aucun sujet de Grèce, alors que nous en classons 12 dans
ce type. Il est certain qu'à l'état pur, ce type est fort rare en Hellade ; on trouve

(1) Feremrach (MIle D.). Constantes crâniennes, brachyerânie et architecture crânienne.


Bull, et Mém. Soc. Anthrop. de Paris (Xe scr.), t. VII, pp. 114-15. 1956.
(2) Nous avions observé le même phénomène dans le type alpinoïde ; vide supra, p. 300.
302 ROBERT P. CHARLES

surtout des sujets mixtes alpino-dinaroïdes ou dinaro-méditerranéens, pour ne


considérer que le cas des hybridations simples. Angkl, établissant toujours ses
types d'après dos moyennes, avait proposé l'existence des types Ε et F, dont tous
les indices se trouvent dans les classes moyennes, avec des allinités plus
méditerranéennes pour le type Ε et plus dinaroïdos pour le type F.
Le type dinaroïde apparaît en Europe dès l'aube de la métallurgie (1) dans le
bassin oriental de la Méditerranée, et on le trouve peu après, dès l'âge du Cuivre,
sur les coles occidentales de la Médilerranée, ce qui met en évidence les relations
entre Orient et Occident, et la colonisation de la province ibéro-ligure par des
populations venues de l'Hellade, dès la fin du IIIe millénaire.
Origine phylogénioui;. Si nous recherchons l'origine du type, en considérant,
comme pour le type alpinoïde, la braehycrànie comme une acquisition secondaire,
l'étude de la morphologie du massif facial nous induit à rapprocher le type
dinaroïde du type mégalithique de Coon, et par là du type cordé ; par conséquent,
nous proposons de considérer le type dinaroïde comme la varielé balkanique du
phylum humain issu du type de Briinn. Ces Dinaroïdes sont donc phylogéniquement
voisins des néo-méditerranéens, et c'est ce qui a donné à Angel l'illusion de
l'existence d'un type dinaro-méditerranéen ; en fait, les dinaro-méditerranéens sont,
soit des individus métissés, soit des individus issus du type cordé et imparfaitement
adaptés à l'aire balkanique comme à l'aire méditerranéenne. Dans la systématique
des races, on ne peut tenir compte que des types bien définis et non des types
intermédiaires ; c'est pourquoi nous ne pouvons suivre la classiiîcation de
l'anthropologue américain.
On voit" aussi que si alpinoïdes et dinaroïdes se rapprochent par la forme
globuleuse de la LêLe, ils s'éloignent l'un de l'autre par la plupart des détails de
leurs caractères anatomiques : ces convergences et ces divergences sont dues au
fait que ces deux types proviennent de souches très dillerentes mais soumises
à des conditions écologiques communes, ainsi que Mlle Ferembach le suggérait
dans sa proposition (2).

Distribution racialk des sujets d'Argos

D'après les diagnoses qui viennent d'èlre données, nous voyons que les sujets
d'Argos se répartissent de la fac,on suivante :
Type méditerranéen ancien : sujets n° 70, 92, la Deiras, 1G 1er (1) et 85 ;
Type grimaldoïde : sujets n° 91, 123 et 1 42 ;
Type cordé : néant ;
Type néo-méditerranéen : sujet n° 94 ;
Type alpinoïde : néant ;
Type dinaroïde: sujet n° 16o.
11 convient d'ajouter à cette classification, les types mixtes, dont les carac-

(1) Dr RiguET, op. cil., 1951, p. 210.


(2) Op. cit., 1956, p. 115.
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D'ARGOS 303

téristiques, variables d'un sujet à l'autre, ne peuvent donner aucune diagnose :


Types mixtes balkano-médilerranèens : sujets n° 75, 93, 16, 89 et 14 (l) ;
Types balkaniques sensu lato (alpino-dinaroïdes) : sujets n° 141 et 96.
Si nous reprenons la classification chronologique, nous voyons que pour chaque
période les sujets se répartissent de la façon suivante :
II diadique moyen (2000-1600) : 19 sujets dont 5 bien conservés: 2
méditerranéens anciens (n° 70 et 92), 3 grimaldoïdes (n° 91, 123 et 142) ;
Helladique récent (1600-1100) : 1 seul sujet, méditerranéen ancien, provenant
de la Deiras ;
Submycénien (1100-950) : 1 seul sujet, mal conservé ;
Prologéomélrique (950-890) : 4 sujets dont 2 bien conservés (n° 75 et 93),
présentant des caractères mixtes alpino-méditerranéens (1) ;
Géométrique ancien (900-850) : 3 sujets dont 2 bien conservés (n° 14 (1) et 16)
présentant des caractères mixtes dinaro-méditerranéens ;
Géométrique sévère (850-800) : 4 sujets, dont 1 seul bien conservé (n° 89)
présentant des caractères mixtes alpino-méditerranéens ;
Géométrique moyen (800-750) : 2 sujets mal conservés ;
Géométrique récent (750-700) : 9 sujets, dont 1 seul bien conservé (n° 163),
dinaroïde ;
VIIe siècle : 2 sujets mal conservés ;
VIe siècle: 5 sujets, dont 1 seul bien conserve (n° 141), de type balkanique
alpino-dinaroïde ;
Époque classique (ve-ive s.) : 6 sujets, dont 1 seul bien cont-ervé (n° 16 ter (1),
méditerranéen ancien ;
Époque hellénistique (me-ier s.) : 2 sujets dont 1 seul bien conservé (n° 85),
méditerranéen ancien ;
Époque romaine (ier-ine s.) : 1 seul sujet (n° 94) néo-méditerranéen ;
Bas-empire et époque prébyzantine (nie-ive s.) : 1 seul sujet (n° 96) de type
balkanique alpino-dinaroïde.
Stature des sujets d'Argos. 11 n'y a que peu de sujets qui nous aient donné
des indications sur la stature des différents types :
Type grimaldoide : un sujet féminin (n° 91) : 1 m. 50 à 1 m. 53 ;
Type néo-méditerranéen : un sujet masculin (n° 94) : 1 m. 66 à 1 m. 67.
Les autres sujets dont nous avons étudié les os longs, sans que nous ayons pu
préciser le type anthropologique, nous donnent les indications suivantes :
Sujets masculins : n° 114, 1 m. 53 ; n° 93, 1 m. 66 ; n° 16, 1 m. 63 à 1 m. 64 ;
n° 16 /era, 1 m. 59 ; n° 16/erb, 1 m. 62 ; n° 16,'erc, 1 m. 64 ; n° 16 ter d, 1 m. 65 ;
Sujets féminins: n° 143, 1 m. 49 ; n° 89, 1 m. 55 ; n° 16 /ere, 1 m. 37.
Ce qui, en résumé, nous donne pour les populations d'Argos, une échelle des
tailles s'étendant de 1 m. 53 à 1 m. 67 pour les hommes, et de 1 m. 37 à 1 m. 55
pour les femmes.

(1) Nous avons précisé ici les affinités, alpinoïdes ou dinaroïdes, des sujets mixtes, mais,
comme le plus souvent ceci n'est pas possible, dans le chapitre suivant nous ne parlerons que de
balkano-méditerranéens, sans autre précision.

20
304 ROBERT P. CHARLES

ITT. ESSAI DE SYNTHÈSE SUR LES POPULATIONS


DE L'ARGOLIDE ANTIQUE

Le nombre de sujets que nous avons étudiés, eL surtout parmi ceux-ci, le


nombre de ceux qui donnent des indications utilisables, est trop faible pour nous
donner une idée de la composition de la population de l'Argolidc eL de ses
modifications selon les époques : mais si nous groupons nos résultats avec ceux de nos
devanciers, nous obtenons, au moins pour certaines périodes, des séries
d'interprétation plus probante, sur l'évolution de la composition raciale de la population.
Les travaux de ,T. G. Koumaris et de C. M. Furst portent sur des sujets en
provenance des sites de Mycènes, Pendra, l'IIéraiun, Tirynthe et Xauplie, c'est-à-
dire provenant tons des environs d'Argos.
Dans le tableau ci-contre, nous donnons le nombre total de sujets considérés
dans chaque période, le nombre total de méditerranéens *\ /. de balkaniques s. /.,
et de sujets mixtes bulkano-méditerrartéens, ainsi que le nombre de sujets se
classant dans chacun des types définis dans le chapitre précédent. On voit que le
nombre total de méditerranéens, ou de balkaniques, est parfois supérieur au total
des sujets classés dans les colonnes des types purs ; ceci est dû au fait que nous
n'avons pas toujours pu préciser le type pour chacun des individus, soit que ceux-ci
aient été incomplètement conservés, soit que ceux-ci présentassent des alïinitcs
avec plusieurs groupes rangés dans la même rubrique :
Nous observons que, dans VHelladique moyen, la population est hétérogène ;
sur 24 sujets, 17, soit plus des deux tiers sont des Méditerranéens — et parmi
ceux-ci, il y a 7 méditerranéens anciens, 5 grimaldoïdes, 5 néo-méditerranéens —-,
deux seulement sont des Balkaniques — 1 alpinoïde et 1 dinaroïde — , et 5 sonl
issus du métissage entre les deux groupes. Il peut être intéressant de comparer ces
chiJTres en rapportant, le total à 100 ; nous obtenons ainsi :
Méditerranéens : 71 % doxit, méditerranéens anciens, 31 % ; grimaldoïdes 20 %;
néo-méditerranéens 20 %.
Balkaniques : y % (alpinoïdes et dinaroïdes en proportions égales) ;
Mixtes baîkano-médiferranéens : 20 %.
Ceci implique — les sujets balkaniques n'étant pas en Argolide dans leur aire
de répartition géographique primitive — qu'antérieurement à cette période,
l'Argolide ait été envahie par des populations venues du Nord de la Grèce et des
Balkans.
A Yllelladique récent, sur 16 sujets. 28 sont des Méditerranéens — dont 5
méditerranéens anciens, 1 grimaldoïdes, 10 néo-méditerranéens — , 8 Balkaniques —
dont 2 alpinoïdes et 1 dinaroïde — , et 10 sujets issus du métissage entre les deux
groupes. Ces chiffres rapportés à 100 nous donnent comme résultats :
Méditerranéens : 58 % dont, méditerranéens anciens, 11 % grimaldoïdes, 9 % ;
néo-méditerranéens, 22 % ;
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES D ARGOS 305
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306 ROBERT P. CHARLES

Balkaniques : 20 % (le nombre des alpinoïdes est proportionnellement le double


de celui des dinaroïdes) ;
Mixtes balkano-méditerranéens : 22 %.
Le nombre des Méditerranéens représente encore, plus de la moitié du nombre
total d'individus ; parmi ceux-ci, nous voyons que le nombre des néo-méditer-
ranéens est proportionnellement plus élevé que précédemment ; de même, le nombre
des sujets balkaniques et des sujets mixtes est en progression, ce qui révèle une
nouvelle migration des populations du Nord vers le Sud. Cette migration intéresse
surtout la fin de la période, la plupart des tombes fouillées étant d'époque
mycénienne (Helladique récent III).
L'archéologie comparée montre que la civilisation de Dimini a été introduite
des Balkans en Hellade par la voie du Vardar ; en Argolide, on a découvert sur des
sites de l'Helladique ancien (à Asine par exemple) de nombreux objets d'origine
anatolienne, mais il est difficile de préciser si ce sont là des objets importés par des
commerçants ou les fruits d'une industrie locale de « colons » originaires
d'Anatolie (1).
Du point de vue anthropologique, les types anatolien et dinarique sont très
voisins (2), de sorte qu'il est souvent impossible de préciser si le sujet appartient
à l'un ou l'autre type, d'après le simple examen d'un crâne ; toutefois, la présence
en Argolide d'un nombre, relativement important de sujets mixtes alpino-dina-
roïdes, semble plaider en faveur d'une origine balkanique plutôt que d'une origine
anatolienne.
Pour les périodes suivantes, les séries sont trop faibles pour être significatives.
Remarquons toutefois que pour les périodes submycénienne et protogéométrique,
sur~5 sujets, un seul est méditerranéen, alors que 4 sont des sujets mixtes balkano-
méditerranéens, et pour la période géométrique, 4 sujets se classent dans cette
catégorie, le cinquième étant un dinaroïde.
Pour que, même sur de faibles séries, on puisse mettre en évidence une tel
proportion d'influence balkanique, il faut que cette région du Péloponnèse ait subi
une invasion massive de populations venant des Balkans ; cette conclusion, déduite
de l'observation de faits démographiques, est en harmonie avec les témoignages
historiques, qui révèlent que l'invasion dorienne se fit à partir des régions situées
au Nord-Ouest de l'Hellade et mit fin à la civilisation mycénienne.

Conclusion. De la mise en série des observations anthropologiques de


C. M. Furst et de J. G. Koumaris et des nôtres, il ressort qu'au début du IIIe
millénaire, avant l'invention de la métallurgie, la majeure partie de la population de
Γ Argolide était constituée par des Méditerranéens — Méditerranéens anciens,
Grimaldoïdes et Néo-méditerranéens — ; mais à ce fond, adapté depuis une plus
ou moins longue période à l'aire méditerranéenne, se superposèrent plusieurs
couches d'envahisseurs venus d'Europe centrale et des Balkans. Les uns, arrivés

(1) Cf. V. Gordon Childe. L'aube de la civilisation européenne (4e éd.), Payot, Paris, 1949,
pp. 83-90.
(2) H. V. Vallois, op. cit., 1957, pp. 41-42.
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES d'aRGOS 307

peu avant l'invention de la métallurgie, ont été les agents vecteurs de la civilisation
de Dimini, civilisation qui se poursuit, pendant l'Helladique ancien I ; les autres,
sont les Dorions, qui arrivent en Grèce à la fin du xie siècle et provoquent
l'écroulement de la civilisation mycénienne (Helladique récent III).
Ces conclusions, auxquelles nous arrivons pour l'Argolide, sont dans l'ensemble
homologues à celles que J. L. Angel tire de ses recherches sur les populations de
l'Attique.

IV. Appendice

1. Observations sur la durée de la vie en Argolide

On sait que l'âge d'un sujet au moment de sa mort peut être évalué
approximativement, d'après le degré d'oblitération des sutures du crâne, ainsi que d'après
le degré de poussée et d'usure des dents (1). En raison de l'état précaire de
conservation de nombreux sujets, nous n'avons pas toujours pu déterminer cet âge.
Si cependant nous résumons les résultats de nos observations, ceci nous donne,
pour chacune des périodes considérées :
Helladique moyen: 11 sujets, dont 6 enfants de moins de 10 ans :
1 adolescente de moins de 20 ans,
1 homme et 1 femme de 20 à 30 ans,
1 homme aux environs de 30 ans,
1 homme et une femme de 30 à 40 ans,
1 homme de plus de 50 ans.
Helladique récent: un seul sujet, 1 femme de 30 à 40 ans ;
Submycénien : un seul sujet, 1 homme de 30 à 40 ans ;
Ρ rolo géométrique : 4 sujets dont :
2 enfants de moins de 10 ans ;
1 homme de 30 à 40 ans,
1 homme de 50 ans environ ;
Géométrique ancien : 3 sujets dont,
1 enfant de moins de 10 ans,
1 homme et 1 femme de 30 à 40 ans ;
Géométrique sévère: 3 sujets dont,
1 femme de 20 à 30 ans,
1 homme de 40 ans environ,
1 femme de 40 à 50 ans ;
Géométrique récent: 6 sujets dont,
3 enfants de moins de 10 ans,
1 homme de 20 à 30 ans,

(1) Henri V. Vallois. La durée de la vie chez l'homme fossile. L'Anthropologie, t. XLVII,
1937, pp. 499-532.
308 ROBERT P. CHARLES

1 femme de 30 ans environ,


1 femme de 30 à 40 ans ;
VIIe siècle : 2 sujets dont,
1 enfant de moins de 10 ans,
1 homme adulte ;
VIe siècle : 5 sujets dont,
4 enfants de moins de 10 ans,
1 femme de 20 à 30 ans ;
Classique: 4 sujets dont,
1 homme de 20 à 30 ans,
1 femme de 30 à 40 ans,
1 homme et une femme de 40 à 50 ans ;
Hellénistique : 2 sujets dont,
1 femme de 20 à 30 ans,
1 homme de 40 à 50 ans ;
Époque romaine : un seul sujet, masculin, de 45 ans environ ;
Bas empire et époque prébyzantine : un seul sujet, 1 enfant de moins de 10 ans.
Les séries sont trop faibles pour pouvoir être interprétées, aussi nous allons
grouper nos résultats avec ceux obtenus antérieurement par C. M. Furst ; ce qui
nous donne, par époque, la répartition suivante :
Helladique moyen: 3 nouveau-nés, 5 enfants de moins de 10 ans, 4 adolescents
(moins de 20 ans), 1 femme de 20 à 30 ans, 2 hommes aux environs de 30 ans ;
9 hommes, 7 femmes et 3 sujets de sexe indéterminé enlre 30 et 40 ans, 4 hommes et
1 femme aux environs de 40 ans, 1 femme de 40 à 50 ans, 2 hommes aux environs de
50 ans et 2 hommes de plus de 50 ans.
Ce qui fait que sur 44 sujets, 12 ne sont pas arrivés à l'âge adulte (soit 27 %) ;
il y a peu de décès jusqu'à 30 ans ; la majorité des décès (soit 58,3 %) se situe
entre 30 et 40 ans ; une seule femme dépasse l'âge de 40 ans, pour 4 hommes,
dont 2 dépassent même 50 ans.
Ceci indique une longévité plus grande chez les hommes que chez les femmes,
le taux maximum de mortalité devant se situer vers 35 ans chez les femmes et
vers 40 ans chez les hommes.
Helladique récent: 1 adolescent (20 ans environ), 4 hommes et 4 femmes de 20 à
30 ans, 1 homme et 1 femme aux environs de 30 ans, 7 hommes et 5 femmes de
30 à 40 ans, 4 hommes et 1 femme aux environs de 40 ans, 2 hommes et 1 femme de
40 h 50 ans, 2 hommes et 1 femme dépassent 50 ans.
Ce qui fait que, sur 35 sujets (1), 1 n'arrive pas à l'âge adulte, la majorité des
décès se situe, pour les hommes et les femmes, entre 30 et 40 ans (50 %), mais avec
un maximum secondaire (17 %) entre 20 et 30 ans ; 4 hommes et 2 femmes
dépassent 40 ans, et parmi ceux-ci, 2 hommes et 1 femme dépassent 50 ans.

(1) Série comparable à la précédente, le chiffre plus bas vient de ce que C. M. Flrst n'a pas
étudié les restes d'enfants en bas âge.
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NECROPOLES d'ARGOS 309

II y a donc un sensible allongement de la durée de la vie par rapport à la période


précédente, mais le taux maximum de la mortalité se situe de la même façon ;
quant au maximum secondaire, on ne sait à quelle cause (guerre ou épidémie)
il peut être imputé.
Nous observons que la durée de la vie est sensiblement plus grande en Argolide
qu'en Europe occidentale pendant la même période (âge du Bronze sensu lato),
période au cours de laquelle le maximum de décès se situe avant 30 ans pour les
femmes et vers 35 ans pour les hommes, la durée de la vie n'y dépasse
qu'exceptionnellement 35 ans chez les femmes et 40 ans chez les hommes. D'une façon
générale, on attribue la précocité de la mort chez les femmes à un grand nombre de
maternités faites dans de mauvaises conditions d'hygiène ; peut-être, les habitants
de l'Argolide ayant bénéficié d'une civilisation plus brillante, pratiquaient-ils
aussi une meilleure hygiène qui serait ainsi à l'origine d'une plus grande longévité.
Pour les périodes suivantes, les séries sont trop faibles pour pouvoir être
interprétées ; indiquons pour mémoire :
Submycénien et protogéométrique : sur 8 sujets, 2 meurent en bas âge, 2 hommes
entre 30 et 40 ans, 1 homme et 1 femme entre 40 et 50 ans, 1 homme et 1 femme
dépassent 50 ans.
Géométrique : sur 12 sujets, 4 meurent en bas âge, 1 homme et 1 femme entre
20 et 30 ans, 1 femme aux environs de 30 ans, 1 homme et 3 femmes entre 30 et
40 ans, 1 femme dépasse 40 ans.
Préclassique: sur 7 sujets, 2 nouveau-nés, 4 enfants et 1 seul homme de 30
à 40 ans.
Classique: 5 sujets dont 1 homme de 20 à 30 ans, 1 femme de 30 à 40 ans, 2
hommes et 1 femme de 40 à 50 ans.
Hellénistique : 5 sujets dont 2 femmes de 20 à 30 ans, 1 homme de 30 à 40 ans
et 2 hommes de 40 à 50 ans.

2. Anomalies, malformations et cas pathologiques

Anomalies dentaires. Fait remarquable, nous n'avons observé aucun cas


de carie ; si celle-ci est bien due, comme on le pense généralement, à une bactérie
se développant en milieu amylacée (1), nous serions en droit d'en déduire que les
aliments à base de farine de céréales ne jouaient qu'un rôle secondaire dans
l'alimentation des anciens Grecs.
En revanche, nous avons noté quelques anomalies de structure. Les dents sont
trop grandes pour les dimensions de l'arc dentaire supérieur du sujet de la tombe 85
(hellénistique) ; les incisives se chevauchent à cause du manque de place, les PM
et M gauches forment une barre presque rectiligne, les dents serrées les unes contre
les autres étant repoussées postéro-jugalement, alors que la partie droite de l'arc
sur laquelle manque M2, est normalement cintrée vers l'extérieur.

(1) Léon Pales. Contribution à l'étude de la Pathologie comparative. État actuel de la


Paléopathologie. Thèse Doct. Médecine. Bordeaux 1929-30, n° 76, p. 123.
310 ROBERT P. CHARLES
La dent de sagesse, simplement réduite sur le sujet n° 2 de la tombe 14
(géométrique récent), est complètement avortée sur les sujets des tombes 91 (helladique
moyen) (1), 16 (géométrique ancien) et 89 (850-800 av. J.-C).
La réduction des dents de sagesse est une anomalie de plus en plus fréquente,
de nos jours, chez les habitants des grandes villes ; elle est au contraire fort rare
chez les ruraux. Ceci est un indice de l'adaptation ancienne de la population d'Argos
à un habitat urbain, et par là le témoignage d'un degré d'évolution de sa
civilisation dès les temps les plus reculés.
Malformations du crane. Nous en avons observé deux cas.
Le sujet n° 1 de la tombe 14 (géométrique ancien) présente une asymétrie dans
le développement de l'occipital ; en outre, le foramen magnum n'est pas dans le
plan sagittal, et le condyle gauche est plus développé que le droit ; ceci nous laisse
supposer que le sujet était atteint de scoliose.
Le sujet de la tombe 96 (bas empire ou pré-byzantin) présente, en sus des
saillies pariétales normales, une saillie supplémentaire, située au tiers inférieur
de la hauteur du crâne sur le pariétal droit. Cette malformation, vraisemblablement
due à une anomalie de structure de la paroi méningée, de l'hémisphère
correspondant, fut sans doute la cause de la mort du sujet à l'âge de 5 ou 6 ans.
Nous avons noté la présence d'os wormiens sur un grand nombre de sujets ;
mais il ne semble pas que cette anomalie soit vraiment significative, sauf toutefois
dans le cas du sujet n° 1 de la tombe 14, chez qui, la présence d'os wormiens au
niveau des rochers peut être considérée comme pathologique, impression confirmée
du reste par la malformation de l'occipital signalée ci-dessus.
Ostéomyélite crânienne. Nous en avons noté deux cas.
Sur le sujet de la tombe 123 (helladique moyen), la surface externe de
l'occipital est corrodée sur une grande profondeur à gauche de l'inion ; la paroi s'en
trouve très amincie, mais la perforation est un accident survenu post mortem.
Ces stigmates doivent être dus à un anthrax à la nuque, cause probable de la mort
du sujet.
Sur le sujet de la tombe 16 (géométrique ancien), on remarque, au-dessus de
l'arcade sourcilière gauche, une cupule provoquée par un foyer d'infection profond ;
mais le fait le plus intéressant à noter est qu'on ait tenté de soigner cette affection
en trépanant le sujet. Une entaille semi-circulaire est, en effet, très nette à gauche
de cette cupule. On a longtemps discuté sur la réalité de la trépanation
préhistorique (2), et il semble bien que, d'une façon générale, ces soi-disants trépanations
soient en réalité dues à une avitaminose (3) ; mais ici, en revanche, nous trouvons

(1) Le sujet de la tombe 91 ayant moins de 20 ans, il est normal que la dent de sagesse ne
soit pas encore poussée ; mais le bourgeon logé dans l'alvéole est plus petit que ce qu'il aurait dû
être. Si l'on peut formuler des réserves sur la réduction totale de la dent de sagesse sur ce sujet,
nous sommes certain d'une réduction au moins partielle.
(2) Cf. Léon Pales, op. cit., 1929-30, pp. 301-02, pi. XL.
(3) François-Georges Marill. La trépanation crânienne a-t-elle été pratiquée à l'époque
néolithique ? Actes du Congrès Panafricain de Préhistoire, IIe session, Alger 1952, comm. n° 19,
pp. 325-29.
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE DES NÉCROPOLES d'ARGOS 311

bien le témoignage d'une tentative chirurgicale, dans la première moitié du ixe s.


av. J.-C, et aussi ... de son échec, le découpage de la paroi du crâne n'ayant môme
pu être achevé par le praticien.
Malformation du bassin. Sur ce même sujet de la tombe 16, nous avons
signalé la luxation congénitale de la hanche gauche, due à une malformation de la
cavité cotyloïde, trop largement ouverte (1).
Perforation oléocranienne. Nous avons observé deux fois cetLe anomalie,
assez anodine du reste ; sur le sujet de la tombe 89 (environ de l'an 800) et sur l'un
des sujets de la tombe 16 ter (époque classique).
Exostoses rhumatismales. Les traces de rhumatisme sont habituellement
très fréquentes sur les ossements préhistoriques (2) ; nous n'en avons observé que
trois cas à Argos.
Sur une clavicule du sujet de la tombe 93 (protogéométrique).
Sur les vertèbres et au niveau de l'articulation pelvio-trochantérienne gauche
du sujet de la tombe 16. Nous venons de voir que ce sujet était atteint d'une
luxation congénitale de la hanche gauche ; retirement, anormal et excessif, que les
ligaments ont eu à subir de ce fait, a provoqué une périostite, et de là, une
production anormale de tissu osseux, volumineuse à un point tel qu'une ankylose totale
de la hanche gauche n'est pas exclue au moment de la mort du sujet (3).
Sur l'humérus d'un des sujets de la tombe 15 1er.

Conclusions. Sans doute, la série que nous venons d'étudier est-elle trop
faible pour que nous en tirions des conclusions catégoriques ; remarquons
néanmoins qu'il y a fort peu de cas pathologiques et de malformations congénitales,
alors que ceux-ci sont relativement nombreux sur les sujets néolithiques ou de
l'âge du Bronze d'Europe occidentale ; ce phénomène, mis en corrélation avec
une plus grande longévité, est sans doute lié à une heureuse influence d'un niveau
plus élevé de la civilisation sur l'état sanitaire de la population.

Robert P. Charles.

(1) Sur cette malformation, cf. Léon Pales, op. cit., pp. 51-52.
(2) Cf. Léon Pales, op. cit., pp. 192-94.
(3) Des cas similaires sont connus ; cf. Léon Pales, op. cil., pp. 177-81.
312 ROBERT P. CHARLES

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