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Archéologie de la France -
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une revue Gallia
Espace Caraïbes | 1999

Rites funéraires amérindiens dans la région

circum-Caraïbe
Projet collectif de recherche (1999)

Menno Hoogland

Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/adlfi/117739
ISSN : 2114-0502

Éditeur
Ministère de la Culture

Référence électronique
Menno Hoogland, « Rites funéraires amérindiens dans la région circum-Caraïbe » [notice
archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Espace Caraïbes, mis en ligne le
01 mars 2022, consulté le 26 février 2022. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/117739

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© ministère de la Culture et de la Communication, CNRS

 Rites funéraires amérindiens dans la région circum-Caraïbe 1

Rites funéraires amérindiens dans la

région circum-Caraïbe
Projet collectif de recherche (1999)

Menno Hoogland

NOTE DE L’ÉDITEUR
Organisme porteur de l’opération : Université de Leiden

Problématique de recherche

1 La recherche anthropologique sur les populations amérindiennes précolombiennes est

jusqu’à présent restée très limitée. Quelques sites ont livré des sépultures, plus ou
moins nombreuses, comme Golden Rock (Saint-Eustache), Hope Estate (Saint-Martin),
Tutu (Îles-Vierges) et Kelbey’s Ridge 2 (Saba), avec respectivement 9, 9, 40 et
7 sépultures (Versteeg, Schinkel 1992 ; Bonnissent, Richier 1995 ; Righter et al. 1995 ;
Hoogland 1996). Les méthodes de recherche employées sont également restées très
limitées, des analyses spécifiques n’ont pas été réalisées.
2 Dans les cas ci-dessus, il nous manque au niveau de la sépulture individuelle une
description détaillée du squelette, de la taphonomie et une reconstitution du rite
funéraire. Au niveau de la population, surtout en raison d’une quantité de dépôts trop
limitée, il manque également une reconstitution démographique et une interprétation
des rites funéraires au sein de l’idéologie de la communauté. Une telle recherche
nécessite un site d’une certaine ampleur pour débuter. Le site de l’Anse à la Gourde,
grâce à la quantité et à la diversité des modes d’inhumation identifiés, s’avère idéal
pour étudier et comprendre les rites funéraires de ces populations précolombiennes.

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Stratégie adoptée

3 1. Obtenir des informations détaillées sur les rites funéraires précolombiens par la
recherche archéologique. Les axes méthodologiques sont une description détaillée de la
taphonomie, une détermination du sexe et de l’âge de chaque individu, une
reconstitution des aspects sociodémographiques de la population, une étude de la
distribution spatiale, une détermination des anomalies pathologiques et finalement
l’analyse des isotopes et l’analyse de l’ADN.
4 2. Établir une base de données avec des informations archéologiques sur les rites
funéraires dans la région des Antilles. Cette base de données sert à établir une carte de
distribution spatiale et à obtenir une perspective diachronique des pratiques funéraires
depuis la période Saladoïde.
5 3. Rassembler des données ethnohistoriques auprès de groupes amérindiens en Guyane
et en Amazonie. Cette partie est basée d’une part sur la littérature et d’autre part sur
des données de terrain. Les résultats obtenus sont ensuite utilisés pour l’interprétation
des rites funéraires de l’Anse à la Gourde.

Campagne 1999

6 La campagne de fouille à l’Anse à la Gourde s’est déroulée du 15 mai au 30 juillet. Les

fouilles ont été entreprises dans les secteurs 55, 56, 45 et 46 de la zone. L’équipe
anthropologique sous la direction de Menno Hoogland (Leiden) était composée de
Thomas Romon (Laboratoire d’anthropologie de Bordeaux), Steffen Baetsen (Leiden),
Éric Pélissier (dessinateur) et Patrick Brasselet (étude ethnographique). Menno
Hoogland et Thomas Romon ont fait les descriptions des sépultures sur le terrain et
l’interprétation des rites funéraires qui en découle.
7 La description des sépultures s’est faite sur le terrain. Premièrement, le contour de la
fosse et sa relation éventuelle avec d’autres faits sont établis. Ensuite, le squelette est
fouillé en couches horizontales à l’intérieur de la fosse sépulcrale.
8 Ce processus de dégagement est documenté avec des diapositives. Quand le squelette a
été dégagé au maximum, des photos en noir et blanc (6 x 6) et un dessin, (échelle 1/5)
sont réalisés. Les sépultures plus complexes, les sépultures primaires assises et les
sépultures secondaires, sont photographiées et dessinées sur plusieurs niveaux.
9 Les ossements sont déterminés in-situ, dessinés, avec diverses informations portées sur
le dessin, puis prélevés. Pour chaque squelette, un inventaire est fait de tous les
ossements présents.
10 La conservation des ossements n’étant pas très bonne, la détermination du sexe, de
l’âge et de la taille est en grande partie faite in situ.
11 Sur le terrain, des échantillons sont prélevés pour analyse ADN, isotopes et 14C. Pour
une éventuelle analyse ADN les échantillons d’os ne doivent pas être contaminés par de
l’ADN récent. Pour cela le prélèvement d’un os, qui n’a pas été mis en contact avec l’air,
est réalisé avec des gants et une scie stérile.
12 Pour la description des rites funéraires un rapport détaillé est établi concernant la
position du squelette dans la fosse. Un formulaire spécial a été développé pour
documenter ces données.

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13 Cette description sert à reproduire les processus taphonomiques. L’objectif principal de

cette description est la reconstitution des pratiques et des rites funéraires.
14 Une attention particulière est donnée aux processus de décomposition qui ont eu lieu
dans la fosse. Ces processus peuvent avoir eu lieu dans une fosse soit ouverte, soit
partiellement ou totalement comblée. À part les processus de décomposition naturels il
peut aussi y avoir eu un impact humain. Ceci pourrait être expliqué par la pratique
d’exhumer un ou plusieurs os de la fosse, par le dépôt d’ossements d’autres individus,
etc.
15 Au cours de la campagne 1999, un total de 20 individus a été dénombré : 3 enfants de 2,
4 et 6 ans, 1 adolescent et 16 adultes. L’orientation des squelettes permet de distinguer
plusieurs groupes : six avec une orientation vers le sud-est ; cinq vers l’est ; deux vers le
nord ; un vers le sud ; un vers le sud-sud-est et un avec une orientation vers le nord-
ouest.
16 Pendant la campagne, 11 sépultures ont été fouillées (F726, 953, 1651, 1922, 1944, 1945,
1947, 1948, 1958, 2005, 2140). Toutes ces sépultures sont des inhumations primaires :
11 au sens strict dont 4 ayant subi des prélèvements.
17 L’étude des sépultures entreprise depuis 1995 démontre un type de pratique funéraire
particulier à la communauté amérindienne du site de l’Anse à la Gourde aux environs
de l’an mil.
18 Le défunt était préparé, d’abord enveloppé dans un contenant et ensuite probablement
desséché au-dessus du feu, puis était enterré dans une fosse de petite taille qui dans
certains cas fut laissée ouverte un certain temps. Certaines sépultures étaient alors
couvertes par un vase en céramique. Il y a cependant des indices qui démontrent que la
fosse était réouverte après quelques temps et que le crâne ou un des os long était
enlevé. Cet os était alors réenterré dans la même fosse ou dans une autre fosse, ou
encore conservé dans un autre endroit.
19 Il y a cependant plusieurs restrictions à ces interprétations : d’abord la quantité
restreinte de sépultures, ensuite leur hétérogénéité et enfin l’amalgame de différentes
pratiques funéraires sur le même site. Parmi la soixantaine de sépultures mise au jour
sur le site de l’Anse à la Gourde, un nombre significatif témoigne de manipulations
ayant affecté le squelette.
20 Derrière la complexité et la diversité de ces pratiques, on devine le rôle symbolique
majeur que l’os devait revêtir aux yeux de ces sociétés. La présence d’os isolés ou
constitutifs de sépultures multiples suggère fortement l’idée de reliques. Mais encore
faudrait-il s’assurer des recherches sur l’ADN fossile sont en cours – qu’il ne s’agit pas
de trophées.

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Fig. 1 – Sépulture primaire d’un adulte de sexe masculin en position semi-assise

Saint-François, Anse à la Gourde (fait 726). Les membres inférieurs sont hyper fléchis et hyper
contractés.
Cliché : Université de Leiden.

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Fig. 2 – Sépulture primaire d’un adulte de sexe féminin, qui repose en position assise, en partie
effondré

Saint-François, Anse à la Gourde (fait 1948).

Cliché : Université de Leiden.

INDEX
nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/crtqI2kNablQH
chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt9hLpUyQcym, https://ark.frantiq.fr/ark:/
26678/pcrtil5znJ6Z4o
lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtA9QOB3otnt, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/
pcrty5LooX8FgU, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtyYc6PKhV9w, https://ark.frantiq.fr/
ark:/26678/pcrtrB2CkXjZaQ, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtKjxk5zMFDI
Année de l’opération : 1999

AUTEURS
MENNO HOOGLAND
Université de Leiden

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 Rites funéraires amérindiens dans la région circum-Caraïbe 6

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MENNO HOOGLAND
Université de Leiden

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