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Archéologie de la France -
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une revue Gallia
Espace Caraïbes | 2008

Trois-Rivières – Parc archéologique des Roches


Gravées
Opération préventive de diagnostic (2008)

Dominique Bonnissent

Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/adlfi/117120
ISSN : 2114-0502

Éditeur
Ministère de la Culture

Référence électronique
Dominique Bonnissent, « Trois-Rivières – Parc archéologique des Roches Gravées » [notice
archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Espace Caraïbes, mis en ligne le
25 février 2022, consulté le 25 février 2022. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/117120

Ce document a été généré automatiquement le 25 février 2022.

© ministère de la Culture et de la Communication, CNRS


Trois-Rivières – Parc archéologique des Roches Gravées 1

Trois-Rivières – Parc archéologique


des Roches Gravées
Opération préventive de diagnostic (2008)

Dominique Bonnissent

NOTE DE L’ÉDITEUR
Organisme porteur de l’opération : Inrap

1 Le Parc archéologique des Roches Gravées est localisé sur la commune de Trois-
Rivières, au sud de la Basse-Terre de Guadeloupe. Il s’agit d’un important site d’art
rupestre précolombien, classé Monument Historique en raison de la concentration de
pétroglyphes exceptionnelle dans les Petites Antilles, à l’emplacement du parc et sur
toute la commune (Dubelaar 1995). Cet ensemble rupestre pourrait avoir été un centre
cérémoniel précolombien (Delpuech 2001).
2 Le parc, situé à environ 200 m du littoral et à une vingtaine de mètres d’altitude, se
divise en deux principales unités topographiques nettement différenciées : à l’ouest, le
parking relativement plat et à l’est, un petit cirque naturel qui se déploie autour de la
Ravine Sans Nom, dans un chaos naturel de blocs comportant des pétroglyphes.
3 Le parc compte environ 230 gravures distribuées sur une vingtaine de blocs et une série
de polissoirs conservés in situ dans le lit de la petite ravine.
4 Les représentations, réalisées par bouchardage, comprennent différents types de
motifs : soit de simples cupules, des visages anthropomorphes élémentaires et quelques
représentations plus élaborées.
5 La zone concernée par le diagnostic archéologique correspond au parking et à l’entrée
du parc archéologique, qui sont régulièrement soumis à de petits travaux qui
détruisent à la longue les vestiges du sous-sol. D’autre part, une surveillance
archéologique réalisée en 2006 par le SRA lors de l’installation d’un réseau enterré,
avait dévoilé la présence de trous de poteaux dont le remplissage contenait de la

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céramique du Néoindien. Un des charbons de bois a fourni la date de 859 à 1015 AD, en
années calibrées à 2 sigma de probabilité (Stouvenot 2006). C’est donc dans une optique
prospective, afin d’évaluer précisément la nature du patrimoine archéologique, qu’un
diagnostic a été engagé à la demande du Conseil général de la Guadeloupe.
6 Trois tranchées ont été implantées sur le parking et quatre autres dans l’emprise du
parc proprement dit, dans les espaces laissés libres entre les bâtiments et les
aménagements actuels de l’entrée. La séquence stratigraphique originelle a été arasée
dans les années 1970, afin d’aplanir la zone ensuite remblayée lors de l’aménagement
du site. Seuls les creusements anthropiques réalisés dans le substrat demeurent.

Fig. 1 – Plan d’ensemble des vestiges relevés au Parc des Roches Gravées

DAO : Inrap.

7 Un total de 113 aménagements, correspondant essentiellement à des trous de poteaux,


des trous de piquets et des fosses, ont été identifiés. Six trous de poteaux sont attribués
au Néoindien, du fait de la présence de céramique et d’un casson de silex avec cortex.
8 Une molette et une meule sur andésite, découvertes au sommet du substrat, sont
vraisemblablement à rattacher au contexte néoindien.

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Trois-Rivières – Parc archéologique des Roches Gravées 3

Fig. 2 – Molette

Échelle : 5 cm.

Fig. 3 – Meule

Échelle : 5 cm.

9 La céramique précolombienne comprend 97 tessons, dont la plupart sont des fragments


non décorés de panse, seulement deux sont engobés en rouge. On identifie également
deux fragments de platine et un petit bord engobé en rouge, renflé à l’intérieur, qui
pourrait être attribué au Cedrosan-saladoïde comme au début du Néoindien récent.

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10 L’ensemble des données témoigne donc de constructions sur poteaux au Néoindien,


datant soit de la sous-série cedrosan-saladoïde, soit du début du Néoindien récent,
d’après les quelques éléments en céramique et la datation absolue.
11 Comme l’aire à trous de poteaux s’étend sur un replat à quelques dizaines de mètres
d’un site majeur d’art rupestre, on s’interroge sur d’éventuelles relations fonctionnelles
entre les bâtis sur poteaux et les pétroglyphes. Bien que ces données contextuelles
soient exceptionnelles, il s’avère cependant délicat de mettre en relation les traces de
bâti et les gravures dont l’âge est inconnu, même si des indices de datation sont
disponibles. Des sondages archéologiques, réalisés sur la commune de Trois-Rivières à
l’Anse Duquerry et sur la propriété Derussy, ont livré au pied des blocs de la céramique
cedrosan-saladoïde et des traces d’habitat (Signes Amérindiens 1995). Sur l’île de Saint-
Martin, un visage anthropomorphe gravé sur une petite dalle a été découvert dans un
niveau dépotoir cedrosan-saladoïde du site de Hope Estate et l’aire d’habitat située au
centre du village comporte un grand bloc à cupules (Bonnissent 2008, p. 353).
12 Également à Saint-Martin, le village de Pointe du Canonnier, affilié au style Mill Reef de
la sous-série mamoran-troumassoïde, a fourni une dalle bouchardée comportant une
représentation anthropomorphe (Bonnissent 2008, p. 529). Bien qu’il n’y ait
généralement pas de lien stratigraphique entre les blocs et les niveaux archéologiques,
mis à part la dalle retrouvée dans un dépotoir du site de Hope Estate, on suppose
qu’une partie des représentations pourrait dater de la sous-série cedrosan-saladoïde. La
présence de bâtis sur poteaux et de pétroglyphes a donc été documentée sur quelques
sites, et en particulier dans les contextes de village à Saint-Martin, mais la plupart des
blocs gravés de Guadeloupe sont cependant situés dans des zones peu propices à
l’habitat, principalement les sources, les ravines et les rivières. En l’état actuel des
recherches, il est donc difficile d’interpréter les traces de bâti découvertes ici, soit leur
caractère domestique ou rituel.
13 Les investigations ont également révélé une implantation coloniale, comme en
témoignent les trous de poteaux et les fosses. Ce replat, et sa proximité avec la source
d’eau douce de la Ravine Sans Nom, ont sans nul doute constitué un emplacement de
choix non loin du bord de mer. Il s’agit certainement d’un habitat, d’après la nature du
mobilier céramique.
14 Les 60 tessons retrouvés proviennent de productions locales et européennes
(détermination F. Casagrande). On note également des fragments de fourneaux de pipes
en kaolin, des nodules ferrugineux provenant de l’altération d’objets en fer, un
fragment de pierre à fusil en silex marbré blanc et une quinzaine de tessons de verre.
L’ensemble du mobilier permet de dater cette occupation entre la fin du XVIIIe et le
début du XIXe s.

BIBLIOGRAPHIE
Bonnissent D. 2008 : Archéologie précolombienne de l’île de Saint-Martin, Petites Antilles
(3300 BC-1600 AD), Aix-en-Provence : Université Aix-Marseille 1, Université de Provence, UFR

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Civilisations et humanités. Thèse de Doctorat : Espaces, cultures, sociétés, 3 tomes, 617 p. http://
tel.archives-ouvertes.fr/tel-00403026/fr

Delpuech A. 2001 : Guadeloupe amérindienne. Paris : MONUM/éditions du patrimoine, coll. Guide


archéologique de la France, 119 p.

Dubelaar C. N. 1995 : Petroglyphs of the Lesser Antilles, Trinidad and the Virgin Islands. Amsterdam :
Foundation for Scientific Research in the Caribbean Region, n o 135, 1995, 492 p.

Signes Amérindiens. Les roches gravées en Guadeloupe. Exposition, Parc archéologique


Archéologique de Trois-Rivières, 1er juil./31 oct. 1995. Société d’Histoire de Guadeloupe, Drac
Guadeloupe, Conseil général de la Guadeloupe, 1995, 30 p.

Stouvenot C. 2006 : Note concernant la découverte de vestiges archéologiques sur le Parc archéologique
des Roches Gravées à Trois-Rivières, SRA/Drac Guadeloupe, non publié.

INDEX
nature https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtWWQS75V5Bc
lieux https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtA9QOB3otnt, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/
pcrtyYc6PKhV9w, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtrB2CkXjZaQ, https://ark.frantiq.fr/ark:/
26678/pcrtqsY0nwgvdx
Année de l’opération : 2008
chronologie https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrt9hLpUyQcym, https://ark.frantiq.fr/ark:/
26678/pcrtil5znJ6Z4o, https://ark.frantiq.fr/ark:/26678/pcrtPSEEZSBEJp

AUTEURS
DOMINIQUE BONNISSENT
Inrap

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