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La Préhistoire, trop longue pour être appréhendée dans son ensemble, est divisée en fonction de l’évolution de l’humanité :
• Le Paléolithique (≈ -3 300 000 – -14 500) couvre toute la période pendant laquelle l’homme est nomade et chasseur-cueilleur. Il commence
avec l’apparition des premiers outils utilisés par les hominidés pour s’achever avec le ralentissement du nomadisme d’Homo sapiens. Il est
généralement découpé en trois ou quatre périodes majeures :
• Le Paléolithique Inférieur (≈ -1 760 000 – -450 000) délimite la période au cours de laquelle les hominidés ont perfectionné le biface, jusqu’à
la maîtrise du feu.
• Le Paléolithique Moyen (≈ -450 000 – -45 000) est marqué par l’apparition de nouvelles techniques de taille de pierre, des premières
sépultures et parures. Il s’étend jusqu’à la fin de l’expansion d’homo sapiens de l’Afrique vers l’Asie et l’Océanie.
• Le paléolithique supérieur (≈ -45 000 – -14 500) court de l’arrivée d’homo sapiens en Europe, jusqu’à la fin du nomadisme. C’est la période
la plus riche en matériel archéologique avec l’explosion de l’art pariétal et mobilier.
Dessins des dernières Vénus paléolithiques découvertes, encore étudiées, faisant polémique
Le Paléolithique Supérieur est la période au cours de laquelle l’art foisonne. Il serait plus juste de dire que c’est la période pour laquelle nous avons la
plus grande quantité de matériel archéologique, les techniques et les formes les plus diversifiées, l’apparition de l’art figuratif avec des
représentations d’un réalisme et d’une finesse d’exécution parfois impressionnants.
Par convention, l’art serait donc apparu durant cette période. Mais ce n’est pas exact. De récentes découvertes remettent en question ce postulat. La
Vénus de Berekhat Ram (≈ – 230 000), trouvée sur le plateau du Golan en actuelle Israël, datée d’environ -230 000 ou la Vénus de Tan-Tan (≈ -500
000 / -300 000), découverte dans la vallée du Draa au Maroc, créent de houleux débats au sein de la communauté scientifique. De plus, rien n’infirme
que les homo n’aient pas créé d’œuvres à l’aide de matériaux périssables comme les végétaux ou le bois.
L’art préhistorique est divisé en trois principales catégories :
• L’art pariétal regroupe toutes les représentations réalisées sur des parois de grottes ou abris sous roches
• L’art rupestre ou pétroglyphe rassemble les œuvres (peintures, gravure et même bas-reliefs) réalisées sur des rochers en plein air
• L’art mobilier englobe toutes les productions artistiques que nos ancêtres encore nomades pouvaient transporter lors de leurs migrations
(armes, outils, parures, sculpture principalement).
Typologie des signes du paléolithique supérieur, répertoriés en France d’après les recherches de Genevieve von Petzinger
Autour des ces animaux, on trouve parfois des mains en positif (trempées dans les pigments) ou en négatif (main servant de pochoir autour de laquelle
de la peinture est soufflée). Il y a également de nombreux signes : points, traits, grilles, flèches. Tout un langage dont nous ne savons rien et qu’il
est impossible, pour le moment, d’interpréter.
L’art pariétal est donc bien une tâche complexe qu’Homo Sapiens avait déjà les capacités d’accomplir. Les difficultés matérielles ne laissent aucun
doute sur une intention consciente, une volonté affirmée. Enfin, il était doué de capacités d’organisation, de planification, d’un imaginaire
symbolique et de capacités d’abstraction comme en témoignent les signes et symboles.
5. Que sculpte-t-on au Paléolithique Supérieur ? Les Vénus paléolithiques
Vénus de Willendorf (-24 000 à -22 000), Calcaire, 11 cm, Musée d’histoire naturelle de Vienne, Autriche, Photo : Don Hitchcock, 2015
Les plus anciennes sculptures représentent essentiellement des femmes. Les statuettes sont connues sous le vocable « vénus paléolithiques ». On en
dénombre près de 250 à ce jour (hors Vénus de Berekhat Ram et de Tan-Tan qui font encore polémique). Elles ont été découvertes essentiellement
entre les Pyrénées et la Russie, autour de la Méditerranée. Elles sont particulièrement concentrées dans les zones pyrénéo-aquitaine et rhéno-
danubienne. Leur production s’étale sur près de 25 000 ans (≈ – 37 000 à – 12 000). Elles sont réalisées dans des matériaux variés (os, ivoire, pierre,
terre cuite).
Si leur esthétique diffère, elles possèdent des caractéristiques communes. Elles sont de petites tailles, entre 3 et 25 cm, pour être faciles à transporter
par un Homo sapiens encore nomade et chasseur-cueilleur. Beaucoup sont des sculptures portatives. Certaines, comme la Vénus de Hohle Fels, ont été
conçues pour être portées en pendentifs, comme des amulettes.
Une esthétique choisie
La plupart d’entre elles a des parties du corps sur-développées : hanches, seins, abdomen, fesses cuisses. En revanche, d’autres parties du corps sont
à peine esquissées comme les bras, les pieds ou la tête. Non pas que nos ancêtres ne savaient pas les représenter, on peut constater avec la Dame de
Brassempouy qu’ils étaient capables d’une grande finesse d’exécution. Ils ont délibérément choisi d’accentuer certains traits. Mais il est difficile
aujourd’hui de savoir à quel usage ces sculptures étaient destinées. Les chercheurs pensent qu’elles incarnaient la fécondité à laquelle nos ancêtres
auraient voué un culte. En l’absence d’autres hypothèses crédibles, c’est la plus acceptée. Mais il n’y a actuellement pas d’éléments scientifiques pour
étayer cette théorie. On ne sait pas si ce culte concernait spécifiquement la procréation et la maternité. Il pourrait aussi s’agir d’une représentation de
la fertilité de la terre, mère nourricière des chasseurs-cueilleurs.
Les archéologues les on retrouvées essentiellement sur des lieux de vie, parfois proches de sépultures, mais jamais dans des tombes. On peut donc en
déduire, en l’état actuelle des connaissances, qu’elles accompagnaient les vivants et non les morts. Certaines ont été découvertes dans des contextes
évoquant des rituels. A défaut d’information sur ces éventuels rituels, il est délicat de fournir une interprétation.
Les seules certitudes que nous ayons est qu’Homo sapiens (et peut-être même déjà les derniers homo erectus) disposaient d’une faculté d’abstraction,
d’un imaginaire symbolique et de valeurs centrées sur la vie. Nos ancêtres n’étaient donc pas si éloignés de l’homme moderne dans leur relation au
monde qui les entourait. Seules les techniques ont évolué.