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MYSTERIEUSE CELTIE 6
LES MÉGALITHES DU MORBIHAN 6
Le tumulus de Saint-Michel. 6
Le Mégalithique tel qu'on le parle. 7
Les alignements. 9
Le Manio. 10
Mané-er-Grah (butte de la fée) et Table des Marchands. 10
Mané - Lud. 13
Mané - Rutual. 14
Le tumulus de Tumiac. 15
Le tumulus de Mané-er-Hroek. 16
Les Pierres- Plates. 18
Gavrinis et Er-Lannik. 21
Crucuno. 23
Le tumulus du Moustoir. 24
Kériaval et Mané-Kérioned. 25
Avec ou sans tumulus ? 26
Une réutilisation tardive. 27
Des tonnes posées en douceur. 28
À LA RECHERCHE D'UN PASSÉ 30
Petite histoire d'une préhistoire. 30
Le prémégalithisme. 31
Mégalithique et néolithique. 32
Le mobilier du néolithique. 34
L'OUTILLAGE ET LES BIJOUX EN PIERRE 35
LES OBJETS DE PARURE 36
LES CÉRAMIQUES 38
LES OBJETS EN MÉTAL 39
Les gravures. 39
L'EMPREINTE PYTHAGORICIENNE 45
L'immense carneillou. 45
Une science mégalithique ? 47
La charnière du Grand-Ménec. 49
Des cromlechs en forme d'ove. 53
Retour par Kermario et Kerlescan. 55
Pythagore : un homme et sa philosophie 60
MANE-ER-GRAH : POINT ZÉRO ? 65
Astronomie : un mémo. 73
Le grand menhir brisé d'Er-Grah. 75
RADIOCARBONE CONTRE DIFFUSIONNISME, ou LA
DÉCEPTION QUI VENAIT DU FROID 77
Au commencement était le diffusionnisme. 77
Les grands principes du diffusionnisme. 79
Première révolution du radiocarbone. 79
Première controverse du radiocarbone. 81
La seconde révolution du radiocarbone. 81
La seconde controverse du radiocarbone. 82
Dernier sursaut des diffusionnistes. 84
Conclusion : la civilisation qui venait du froid ? 85
CONCLUSION : CERNER UNE AUTRE VÉRITÉ 87
BIBLIOGRAPHIE D'ENSEMBLE. 92
• Sur la préhistoire du Morbihan. 92
• Sur les travaux d'Alexander Thom et sur Pythagore. 92
• Sur la dendrochronologie. 93
• Ouvrages généraux et publications. 93
Mégalithes bretons : l'intendance ne suit pas 95
À la mémoire de Zacharie Le Rouzic.
KADATH.
Le tumulus de Saint-Michel à Carnac : au moins 7000 ans d'âge...
MYSTERIEUSE CELTIE
N. T.
Mané
- Lud
Mané - Rutual.
Restons à Locmariaquer pour y voir également le dolmen de
Mané-Rutual, monument peu couru et pourtant d'un volume
imposant. Ce beau monument fortement restauré, présente tout de
même trente supports bien conservés parmi la quarantaine qui le
constituent. Ce dolmen aurait connu le sort de la plupart de ces
monuments ; il aurait perdu son tumulus et en contre-partie on l'a
bardé de ciment par-ci par-là, ce qui a au moins le mérite de
contribuer à sa conservation. Tout en longueur, il présente un long
vestibule, une anti-chambre et une vaste chambre terminale de plan
circulaire. L'ensemble mesure 16 m de long, la largeur varie de 1 à
4 m. La hauteur va progressivement de la station courbée à l'entrée
du couloir vers la station debout dans la chambre. Sous la dalle de
couverture de la chambre — dalle de 11 m 30 sur 4 m 40 et pesant
75 tonnes ! — se dessine une figure en marmite, à vrai dire difficile à
déceler.
Mané
- Rutual
Le tumulus de Tumiac.
Tumiac est connu dans la presqu'île de Rhuys sous le nom de
« butte de César », car la légende raconte que celui-ci en fit un point
stratégique durant la bataille livrée contre les Venètes. Le tumulus
de Tumiac est un ouvrage qui s'impose de loin à la vue du
promeneur : 15 mètres de haut, 260 mètres de circonférence à la
base. De forme circulaire, son diamètre est de 55 mètres, et il est
composé d'un revêtement superficiel de pierres sous lequel une
importante couche de vase recouvre un galgal de forme conique où
gît la chambre. Cette dernière est située à l'est de l'ensemble, soit à
la limite du galgal. Ce caveau de 4 m 80 de long révèle une origine
bâtarde avec ses parois mi-dallées, mi-muraillées. On y a retrouvé
des morceaux de bois qui ont fait penser à un plancher, tout comme
à Mané-Lud. Lors des fouilles effectuées par le docteur Fouquet en
1852, on découvrit des haches en jadéite et environ 250 perles ou
pendeloques en callais. Des débris d'os humain ayant subi un début
de calcination furent également mis au jour.
Tumulus de Tumiac
Le tumulus de Mané-er-Hroek.
Dirigeons-nous vers la pointe de Kerpenhir. À un kilomètre après
Locmariaquer, un chemin à droite nous mènera à 20 mètres de là au
tumulus de Mané-er-Hroek. Ici le tertre est elliptique et mesure
10 mètres de haut, il n'est constitué que de cailloux. Un escalier a
été aménagé dans la pierraille afin de permettre au visiteur
d'atteindre le dolmen formé de piliers courts soutenant deux tables.
Ces montants sont gravés de haches emmanchées, de personnages
stylisés et de signes que vous renoncerez à identifier. Certaines de
ces gravures s'insèrent dans un bouclier ogival.
Le quadrilatère de Crucuno
Le tumulus du Moustoir.
Situé dans la région de Carnac, entre la D186 et la D119, à droite
du chemin, le tumulus du Moustoir est de conception identique à
celui de Saint-Michel. Il mesure 85 mètres de long sur 36 mètres de
large et s'élève à 5 mètres. Un revêtement de pierres très érodées
recouvre une importante couche de vase, laquelle dissimule un
galgal de forme elliptique contenant un foyer, plusieurs pierres
levées et quelques coffres. Une chambre de construction antérieure
est noyée dans la couche de vase. Un menhir de deux mètres
surmonte l'ensemble. Galles et Le Rouzic ont fouillé ce tumulus
respectivement en 1864 et en 1927 ; des ossements humains, de la
poterie, du charbon, des ossements d'animaux furent recueillis qui
accréditèrent la thèse du tumulus-tombeau.
Kériaval et Mané-Kérioned.
Sur la N168 en direction d'Auray, cent mètres après le carrefour
avec la D186, vous laissez la voiture à droite sur le bord de la route
et vous prenez un sentier qui vous conduit non loin de là à un
dolmen malheureusement très délabré, mais de construction
intéressante puisqu'il s'agit d'un dolmen à cabinets latéraux.
NICOLE TORCHET
Des tonnes posées en douceur.
Un détail jamais souligné jusqu'ici, semble-t-il, oblige à penser que
les constructeurs de mégalithes possédaient une méthode
permettant de manipuler les blocs gigantesques en douceur : il s'agit
des pierres de calage des dolmens. Un dolmen est fait d'une ou
plusieurs tables posées sur des dalles verticales formant support.
Or, très souvent, la table ne repose pas directement sur les
supports : une petite pierre, grosse comme un livre de poche, a été
délicatement glissée entre les deux blocs pour servir de coussin.
Rien n'est fascinant comme l'étude approfondie de ces petites cales.
Leur signification technologique s'impose à l'esprit, et cette
signification est bouleversante. La présence de ces pierres de
calage sous les dalles des dolmens signifie donc que ces dalles ont
été posées en douceur sur leurs supports. L'hypothèse cent fois
exposée qu'elles furent tirées latéralement et à force sur leurs
supports préalablement enterrés explique tout, sauf la présence de
ces irréfutables petites pierres. Elles sont là, et rien ne sert
d'imaginer des théories qui n'en tiennent pas compte. Au dolmen de
Kermané, par exemple, sur deux petites pierres de 15 centimètres
de côté et de 7 centimètres d'épaisseur, repose tout le côté nord-
ouest de la table, qui doit peser environ sept tonnes. Il crève les
yeux qu'elles ont été placées là par une main qui les tenait entre le
pouce et l'index tandis que la dalle (par quels moyens, grands
dieux ?) descendait lentement sur son socle (...). Le moindre
mouvement latéral eût arraché ces pierres de calage. On a même la
preuve que le dispositif de descente verticale a parfois échappé au
contrôle des mystérieux ingénieurs néolithiques : à la Table des
Marchands, la grande pierre sculptée du fond a son sommet éclaté,
comme si la table était tombée trop brusquement. Au Mané-Rutual,
même observation, confirmée par un autre détail : la grande dalle
s'est rompue du côté de l'entrée. Au Mané-Lud, la grande dalle a
tourné de 90 degrés.
On constate en tout cas que les flots n'avaient pas encore atteint
le site d'Er-Lannik (aujourd'hui en grande partie submergé), en —
3000 : le niveau de l'océan, au début du troisième millénaire, était
encore de 5 m plus bas que le niveau actuel (Y. Rollando, « La
géologie vannetaise »),
Au deuxième millénaire, le niveau est à - 2 m, il atteint le niveau 0
approximativement au début de notre ère : enfin, son avance
maximum se situe au Ve siècle de notre ère, à environ + 4 m. À partir
de cette époque, la mer se retire lentement, pour atteindre son
niveau actuel. Il ne faudrait cependant pas croire, à la lecture de ce
très sommaire résumé, que la montée des eaux ait été parfaitement
régulière : les petites régressions, suivies d'une reprise de
transgression, ont été fréquentes. Je n'insisterai cependant pas sur
ce point, secondaire ici. Enfin, et pour en terminer, il faut signaler le
réchauffement notable du climat : l'élévation de température
amorcée à la fin du paléolithique supérieur avait permis
l'instauration, au début du néolithique, d'un climat humide, sans
doute plus chaud qu'actuellement, favorable à la culture des
céréales en général, (et du blé en particulier), et à l'envahissement
progressif des forêts.
Le mobilier du néolithique.
Au point où en sont les choses, il devient évidemment difficile de
décrire la civilisation néolithique de façon précise. Je partirai du
principe énoncé plus haut pour admettre que le mobilier mis au jour
dans les monuments mégalithiques — et principalement dans les
constructions dolméniques, avec ou sans tumulus — se rapporte à
ces cultures néolithiques qui utilisèrent les mégalithes à des fins
diverses, très différentes sans doute du pourquoi de leur érection.
Dans les pages qui suivent, je décrirai ce mobilier, à savoir :
l'outillage lithique, les objets de parure, les céramiques et les objets
en métal.
L'OUTILLAGE ET LES BIJOUX EN PIERRE
À ce point de vue, le néolithique est une continuation des époques
précédentes. On remarquera une évolution lente dans la fabrication
des objets en pierre. Mais aux instruments et armes frustes tels que
grattoirs, pointes de flèche à pédoncule, haches plus ou moins bien
polies, perçoirs, il faut opposer les haches magnifiques découvertes
dans quelques grands tumulus. Je n'en décrirai qu'un exemplaire
exceptionnel, qui est sans doute un des plus beaux objets
préhistoriques qu'il m'ait été donné d'admirer. Cette grande hache,
découverte au Mané-er-Hroek, est en jadéite. Parfaitement polie,
d'une symétrie rigoureuse, à arête latérale, elle possède un talon
triangulaire effilé, un tranchant de forme très pure. Aucune trace
d'usure ne défigure ce chef-d'œuvre, ce qui laisse à penser que,
comme ses consœurs, elle avait une fonction unique d'ornement.
Mais il y a plus : à cette hache était associé un anneau-disque de
jadéite également. Je ne peux m'empêcher de comparer ces
disques (car l'exemplaire n'est pas unique) aux fameux disques pî
chinois, étudiés et décrits par Henri Michel dans le n° 13 de
KADATH. Car les ressemblances sont grandes entre nos anneaux-
disques bretons et les pî les plus anciens, dont l'âge est estimé à
environ 1200 avant J.-C., et qui ne présentaient encore aucune
gravure. La juxtaposition d'un pî archaïque et d'un anneau breton du
Mané-er-Hroek en dit long à ce sujet. Précisons que l'anneau-disque
est généralement présenté comme un objet de parure, comme un
bracelet pour être précis. On peut en conclure dès lors (découverte
capitale) que les néolithiques étaient masochistes : les bords
intérieurs de ces bracelets devaient, avec leurs arêtes vives et
tranchantes, leur entailler les poignets au bout de très peu de temps.
Hache et anneaux-disques en jadéite, provenant de Mané-er-Hroek.
JACQUES GOSSART
L'EMPREINTE PYTHAGORICIENNE
2. Les oves proprement dites. Deux types d'oves soit le type I soit
le Il : un échantillonnage de dix sites permit à Thom de dégager
cette nomenclature, chaque type atteint, à peu de choses près, les
normes pythagoriciennes les plus pures. Dans le type I, un arc de
cercle est délimité par son diamètre qui sert d'assise à la
combinaison de deux triangles 3, 4 et 5 s'épousant par le grand côté
; l'alliance des angles opposés à l'angle droit permet de dessiner la
courbe de l'ove.
Le cromlech ouest, lui, est formé par une droite de pierres levées
et par deux arcs de cercle, le tout étant ouvert au nord. Les premiers
relevés n'étaient pas de Thom : « Un relevé précis fut fait par Robert
Freer et son équipe en 1972. Ce relevé est montré dans la figure
suivante, avec le contour quadrangulaire superposé le plus
précisément possible. Il n'y a pas de menhirs sur l'arc nord, mais le
petit plan donné par Hulle, en exhibe quelques-uns, en 1947.
Le contour géométrique montre que le rayon de chacun des trois
arcs était de 60 toises (124 m 39), que ER = 19, RF = 20 et que AR
= RB = 22. Ceci semble être une construction très simple, mais
quand nous nous efforçons de la disposer, nous apprécions que,
comme tant d'autres, les hommes du mégalithique y introduisaient
des propriétés particulières. Pour développer le cromlech, posons
PR = 38, RQ = 41 et alors PQ est 56 toises. Tirons la bissectrice PQ
en T, et ainsi TQ = 28. Puisque tous les rayons font 60, SQ = 60 et
ST fait presque exactement 53. La figure peut maintenant être
complétée, quand nous aurons trouvé par calcul que la ligne ST
passe, à 0,073 toises près, par le coin nord-est. Des calculs
supplémentaires montrent que le périmètre complet de la figure est
de 150,11 toises (311 m 21), lesquelles, sur le terrain, auraient été
indiscernables de 150. Donc les rayons et le périmètre sont tous
multiples de 10 toises. M. Robert Freer, qui travaille régulièrement
sur les alignements de Kerlescan, a trouvé que le centre R joue un
rôle dans la géométrie des alignements qui jouxtent le cromlech sur
le côté est, mais ceux-ci ne sont pas encore complètement
analysés. »
Nous avons donc survolé les sites de la région de Carnac et nous
nous sommes arrêtés à ce que nous savons des plans de
construction de quelques alignements et cromlechs. Ce que nous
pouvons en tirer comme connaissances se précise ainsi :
1°. les ingénieurs-architectes utilisaient un double étalon sous la
forme de la toise qui vaut 2,5 fois le yard mégalithique ; cette donnée
fut découverte par le Professeur Thom, et
2°. l'articulation des alignements, leur rétrécissement de largeur, la
construction des périmètres de cromlechs, sont basés sur le jeu de
triangles droits. Ces derniers correspondent très étroitement aux
normes pythagoriciennes. Encore une fois, les travaux du
Professeur Thom et de son équipe ont défriché, de façon
exemplaire, ces caractéristiques. La construction des ouvrages
mégalithiques de la région de Carnac n'est pas l'effet du hasard :
c'est bien ce qu'on croyait.
ROBERT DEHON
L'allée couverte des Pierres-Plates est-elle une « signature »
pythagoricienne ? Sur le plan que nous en donnons, certains voient
la figuration d'une ascia ou herminette, petit outil de menuiserie, que
les pythagoriciens portaient à la ceinture en signe de
reconnaissance. De nombreuses ascias sont gravées sur les
mégalithes bretons et autres.
Pythagore : un homme et sa philosophie