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Jean Pollion

UMMO
De vrais extraterrestresf
UMMO
De vrais extraterrestres!
Jean Pollion

UMMO
De vrais extraterrestres!
Panorama complété par le
Précis du système idéophonémique

Préface de Jean-Pierre Petit

Editions ALDANE
Egalement paru aux Éditions Aldane:
Shi Bo: OVNI - NOUVEAUX DOSSIERS CHINOIS
(Enlèvements et disparitions)
ISBN 2-940045-10-0

Une publication des Éditions Aldane


Case postale 100- CH-1216 Cointrin - Suisse
editionsaldane@worldonline.ch

© ALDA NE, 2002


Tous droits réservés, y compris droits de reproduction,
totale ou partielle, sous toutes formes.
ISBN 2-940045-11-9
Remerciements

Tout le travail présenté dans cet ouvrage a été réalisé exclusivement seul.

C'était la première condition indispensable à la réalité de mon anonymat.

De nombreux documents, disponibles en français, n'ont pu être correc-


tement analysés. Il a été nécessaire de remonter à leur version précédente,
en espagnol. Ne pratiquant pas suffisamment cette langue, j'ai reçu le
soutien inestimable d'une relation qui a fait le sacrifice magnanime, en
toute connaissance de cause et malgré le caractère "dépaysant" du sujet,
non seulement de son temps, mais également de son identité dans cette
collaboration.
Chaque fois qu'un retour au texte original a exigé une analyse détaillée
et précise, sa disponibilité ne s'est jamais démentie, apportant avec com-
pétence et sérieux l'éclairage nécessaire à la perception la plus juste de
l'écrit.
Je lui dois d'avoir pu disposer d'un peu plus de mille pages en français,
ce qui a grandement contribué à l'aboutissement de ce travail. Que cette
relation en soit ici infiniment remerciée.

Je remercie aussi vivement mon entourage immédiat, femme et enfants,


quelques autres parents et un couple d'amis. Ils ont su s'abstenir, au long
de ces dernières années, de toute manifestation de curiosité qui m' aurait
mis en mauvaise posture pour répondre.
Ils savaient simplement que j'étais occupé à un travail visiblement
passionnant, sans doute long, prenant, et exigeant de la discrétion. Sur un
sujet qu'ils pressentaient scabreux et n' avaient sans doute pas envie
d'aborder. Ont-ils perçu que leur silence serait toujours le gage majeur de
leur tranquillité?
Qu'ils soient d'ores et déjà vivement remerciés pour la constance, passée
et future, de leur discrétion.
Table des Matières

Page
Remerciements 1

Préface 7

PREMIERE PARTIE

Extraits Il

Avant-Propos 15

1. La décision 37

2. L'histoire espagnole 61

3. Ummo et l'ufologie 101


- Les travaux de Claude Poher 104
- Les écrits des ufologues 117
-L'incompatibilité 122

4. Contenus et vérités 127

5. Comment j'ai trouvé 147

6. La civilisation des Ummites 189


-Généralités 189
- Les Ummites, tels qu'ils se décrivent 190
- L'image mentale 194
- La société et les réseaux 198

3
-La formule d'identité psychotechnique 201
-Les ordinateurs (contribution sociale) 206
- Planète, climat et nature 211
- La maison et son environnement 218
- Les moyens de déplacement 236
-La télépathie 242
- L'esprit collectif et le troisième facteur de l'homme 246
- La méditation et le repos 250
- Le couple, la famille et la vie sociale 255
- Le concept de l'Univers, de Dieu et de l'Homme 260
(La religion et ses implications scientifiques)
- Les institutions et le fonctionnement de la planète 265
- La façon de compter et d'écrire les nombres 268
- La logique tétravalente 273
- UMMO et le temps 278
- Les ordinateurs (techn.) et le "cristal" de titane 284

7. Une Autre vision de l'Univers 291


- Les objets et un peu de leur histoire 291
- Le cadre du transfert de connaissances 295
- Le cosmos, vu par les Ummites 297
-Le mouvement d'une masse et les voyages 309
- L'étoile de mer et l'abeille américaine 313
- Les communications et la télépathie 314
- Une comparaison possible 316

8. Vie extraterrestre et contact 319


- Le paradoxe de Fermi 321
- Le programme SETI 327
- La communication 330

9. Et maintenant ... 333

DEUXIEME PARTIE
Précis du système idéophonémique

Lt. Introduction 341

L2. Bases documentaires 345

4
L3. La Phonétique 351

L4. Signifiants élémentaires 361


- Quelques combinaisons courantes 372

LS. Réflexion sémantique 387


- A propos du bi langage 387
- Quelques définitions 388
-Un peu d'histoire 391
- Le japonais 398
- La négation 401
- Tout est relatif chez I'Ummite 403
- Des phonèmes relationnels: Les Soncepts 406
- Grammaire, syntaxe et remarques sémantiques 410
- Conventions logiques 416

L6. Une langue non terrienne 423


- Comparaison sémantique 423
- La pensée fonctionnelle 430
- La cohérence 435

L 7. Une autre preuve par l'allusion à Bertrand RUSSELL 439

Table des références documentaires 449

Bibliographie 455

TROISIEME PARTIE (CD- ROM)

A propos de notre vocabulaire - Dictionnaire étymologique des noms


communs - Dictionnaire étymologique des noms propres - Dictionnaire
étymologique des expressions - Quelques phrases

Cette troisième partie, équivalant à quelque 500 pages, n'est pas incluse
dans ce volume, et n'est accessible que sur CD-Rom, pour lequel un
bulletin de commande figure en fin d'ouvrage.
Un tirage papier peut, sur demande expresse, être obtenu auprès des
éditions Aldane.

5
Préface

L'affaire Ummo est un dossier tentaculaire, qui dérange énormément de


gens, à commencer par les ufologues eux-mêmes! Pour qui voudrait
s'initier à cette histoire, se référer aux livres que j'ai fait paraître sur ce
sujetl. Ils ont fait scandale en leur temps au sein de ma communauté
scientifique, mais je n'en ai cure. Qu'avais-je conclu? Que cette histoire
est bien étrange, que ces textes semblent contenir des informations
scientifiques très sophistiquées et avancées, que j'ai exploitées pendant
vingt-cinq années, jalonnant cette démarche d'une kyrielle d'articles
scientifiques publiés dans des revues "à système de referee" ou lors de
congrès internationaux (astrophysique, cosmologie) et non d'articles
dans des petites "revues ufologiques". Bref que l'origine extraterrestre de
ces documents n'est nullement à exclure, comme le souhaiteraient tant de
gens. La thèse "d'une manipulation émanant du KGB" ou que sais-je
encore ne semble guère tenir. De plus cette affaire dure depuis trente-sept
ans. Pour un canular, c'est long.
Et voilà qu'un second personnage, qui a choisi Ge le comprends fort bien)
de s'abriter sous le pseudonyme de Jean Pollion, se décide à publier le
résultat d'une étude qui a représenté cinq mille heures de travail, axée sur
des éléments du "langage Ummite". En effet ces milliers de pages sont
émaillées de suite de lettres: VIE, XOODINAA, OYAGAA etc., la signi-
fication étant fournie dans ces textes. C'est donc à une véritable pierre de
Rosette que nous avons affaire.
Avant Pollion plusieurs personnes avaient (vainement) cherché à
comparer ce matériel à toutes sortes de langues terrestres. On peut
toujours trouver n'importe quel mot, n'importe quel assemblage de sons
dans de l'esquimau ou du chinois du sud. Mais au résultat ces études
n'apportaient pas grand chose.
Pollion a fait un travail fantastique, passionnant, fonctionnant comme un
véritable Sherlock Holmes. Il s'est d'abord dit que si ces éléments de
langage avaient réellement une origine exotique alors il fallait d'emblée

7
abandonner les outils linguistiques terrestres. C'est ce qu'il a fait. Sa pro-
gression dans cette forêt vierge de 1350 mots est fascinante. Il découvre
alors une langue entièrement nouvelle, extrêmement "performante" et
totalement dépourvue de "mots-objets". Intellectuellement, cette aven-
ture est extrêmement intéressante. Très vite, le lecteur devient capable, en
disposant des significations des composants, des "atomes" de cette
langue, qui se présentent sous forme de lettres que Pollion appelle "son-
cepts", de faire des versions, de redécouvrir la signification de mots
extraits de ces documents. Nous découvrons une langue sans verbes, sans
adjectifs, sans compléments, extrêmement déconcertante mais ô combien
séduisante, peut-être une clef pour ce qu'on appelle l'intelligence
artificielle ou le dialogue homme-machine.
Décidément, de quelque côté que l'on se tourne, ces documents Ummites
se situent au top niveau de toutes les spécialités concernées. Mais sachez-
le, sortir des perles de ce fouillis prend du temps, de la sueur et des nuits
de veille. C'est ce que n'ont pas compris ceux qui les lisent en diagonale
et qui les critiquent avec dérision.

Jean-Pierre Petit

Astrophysicien
Directeur de Recherche
au CNRS

1 Editions Albin Michel, 22 rue Huygens, 75014 Paris:


Jean-Pierre Petit: Enquête sur des extraterrestres qui sont déjà parmi nous, 1991
Jean-Pierre Petit: Le Mystère des Ummites, 1995

8
PREMIÈRE PARTIE

Panorama
EXTRAITS

Giordano Bruno, moine dominicain, philosophe et astronome du


XVJème siècle, avait écrit:
" ... 11 y a dans l'espace des constellations sans nombre, d'innombrables
soleils, d'innombrables planètes ... On ne peut compter les terres tournant
autour de leurs soleils ...
Aucun esprit raisonnable ne peut affirmer que ces corps célestes, peut-
être mille fois plus beaux que le nôtre, ne portent pas des créatures
semblables aux hommes, ou peut-être plus parfaites."
Il fut brûlé par l'Inquisition, en février 1600 après J-C.
400 ans après sa mort, il n'est toujours pas réhabilité!

***
GALILÉE (Galileo Galilei, dit), physicien, astronome et écrivain italien
(Pise 1564 - Arcetri 1642). Il est l'un des fondateurs de la mécanique
moderne (Discours concernant deux sciences nouvelles, 1638) ... Rallié
au système héliocentrique de Copernic, dont l'œuvre venait d' être mise
à l'index (1616), Galilée fut déféré devant le tribunal de l'Inquisition qui
le condamna et l'obligea à se rétracter (1633).
L'Eglise l'a réhabilité en 1992. (Extrait du Dictionnaire Larousse)
lsoit 359 ans plus tard, et 23 ans après le premier pas de l'homme
sur la Lune!]

***
" ... nous désirons vous indiquer que l'image véritable de notre per-
sonnalité serait déformée si vous surestimiez excessivement notre
intelligence et nos capacités mentales. Nous sommes des hommes comme
vous. Nous ne nous considérons pas supérieurs aux Terrestres, mais en
possession d'une culture beaucoup plus développée qui est aussi

Il
beaucoup plus ancienne. S'il-vous-plaît, ne nous considérez pas comme
des demi-dieux mythiques. Nous pouvons nous tromper comme vous,
même si nos habitudes transformées en de véritables réflexes condition-
nés, nous protègent de la tendance si répandue chez vous à juger à la
légère sans examen préalable ou analyse réfléchie ... "
(Extrait de la lettre de UMMO (036) reçue en juin 1966 par Fernando
Sesma)

"Hommes de la Terre,
Nous savons que seule une faible minorité entrevoit vaguement la
possibilité que des êtres qui vous sont semblables et provenant d'autres
astres de cette Galaxie, se trouvent secrètement parmi vous.
Nous savons aussi que seule une fraction insignifiante de ces personnes
dispersées sur cette Planète, connaît notre identité en tant qu 'êtres
humains venant de UMMO, et en toute logique, le pourcentage le plus
élevé de ce groupe maintient une prudente réserve en doutant de la
réalité de notre origine ... "
(Extraits de la lettre de UMMO (057) reçue le 23 janvier 1967 par
Enrique Villagrasa Novoa, Ingénieur)

" ... Quelle attitude doivent adopter les experts Terrestres face à notre iden-
tité ou face à la réalité de ces cosmonefs vues par des milliers de témoins?
En toute logique, la première réaction plausible doit être de Prudent
Scepticisme, 1'Incrédulité préalable.
Mais cette incrédulité ne doit pas présenter les caractères
d'IMMOBILISTES propres aux personnes de niveau mental insuffisant
(faible indice d 'intelligence) qui nient systématiquement sans prendre la
peine d'analyser, d'étudier, de comparer et sans réaliser une critique
sévère avec des éléments de jugement ...
Face à un cumul non négligeable de vérités et de réalités scientifi-
quement comprises par un petit groupe d'intellectuels et de scientifiques
terrestres, la superstition, le mythe, la version populaire des lois bio-
logiques, psychologiques et scientifico-physiques, divisent et fragmentent
le réseau social de cette planète ... "
(Extraits de la lettre d'UMMO (062) reçue en mai 1967 par Oioniso
Garrido Buendia, commissaire de police à Madrid)

" ... Nous vous félicitons, vous hommes de la Terre. Nous désirons avec
ferveur que l'évolution de l 'Humanité de cette Planète aille en suivant
une trajectoire semblable à la nôtre.

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Nous désirons aussi que votre esprit analytique sache faire le discer-
nement entre les fantaisies des auteurs de nouvelles fantastiques et les
témoignages confirmés par une abondance de documents de références. "
(Extrait de la lettre d'UMMO (066) reçue en 1967 par Oioniso Garrido
Buendia, commissaire de police à Madrid)

"Nous vous offrons aujourd'hui ces documents même en sachant qu'ils


seront recueillis avec réticence et nous en faisons dépositaires les
hommes de la TERRE qui comme vous, les conserveront au moins
jusqu 'à ce que des preuves objectives et véritables sanctionnent
1'authenticité de leur genèse.
... Montrez-vous vous-mêmes sceptiques face aux OEMll non familiarisés
avec votre science (celle qui analyse ces faits) mais ne détruisez pas ces
feuilles imprimées. Avec quelques milliers d'autres distribuées discrè-
tement, elles constituent le précédent historique des relations débutantes
entre nos deux réseaux d'hominiens."
(Extraits de la lettre d'UMMO (072) reçue le 22 mars 1969 à Barcelone
par Antonio Ribera Jorda, journaliste et écrivain ufologue)

" ... Des êtres qui se cachent dans leur coexistence quotidienne avec vous,
sous de faux noms, avalisés par des passeports et des papiers frauduleux,
qui envoient de bizarres feuilles dactylographiées à des personnalités
de diverses nationalités ou qui soutiennent des entrevues prolongées
téléphoniques au sujet des thèmes les plus hétérogènes et quis 'identifient
comme des voyageurs provenant d'une planète éloignée, quand la science
actuelle de la TERRE ne peut pas affronter sérieusement la possibilité
d'un tel déplacement, ne cacheraient-ils pas d'autres intentions au moins
immorales? ... "
(Extrait de la lettre d'UMMO (075) reçue le 23 mars 1969 par Don
Enrique Lopez Guerrero, Curé de la paroisse de Mairena del Alcor)

" ... Cette dernière prévision a échoué, car nous avons découvert que
l'expérience serait traumatisante pour l'évolution culturelle de la
TERRE, mais il est possible aussi que vous arriviez à constater de
manière scientifique que nous étions parmi vous en mission d'étude
durant ces années. Pour cela nous considérons ces documents que nous
vous avons remis comme valables et pouvant servir de témoignage dans
un proche avenir ...
Nous avons besoin que les dépositaires de ces documents optent au moins
pour leur conservation comme simple curiosité, tout en adoptant face à

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leurs contenus respectifs une logique réserve mentale jusqu 'à ce qu 'il
soit possible d'en faire la vérification par des voies scientifiques
irréprochables ... "
(Extraits de la lettre d'UMMO reçue le 15 mars 1973 par Rafael Farriols
Calvo, industriel à Barcelone)

"Le scepticisme à outrance est aussi irrationnel que la crédulité


fanatique. "
(Extrait de la lettre d'UMMO (062) reçue en mai 1967 par Dioniso
Garrido Buendia, commissaire de police à Madrid)

14
Avant - Propos

J'habitais Paris en 1954 et presque tous les jours, en revenant du lycée,


je m'arrêtais devant le kiosque de la marchande de journaux, un peu
avant la maison. Il y avait toujours au moins un exemplaire de journal,
affiché à l'étal en bonne place pour attirer le chaland, et je prenais sou-
vent le temps de lire les titres de L'Aurore, de France-Soir ou de Radar.
Ce journal, à la carrière éphémère, a été une sorte de précurseur de nos
magazines modernes à sensation, dits de presse "people". La couleur en
était absente (on ne savait pas encore faire à un prix vendable) mais la
« Une », faite pour attirer l'attention, était presque toujours très
accrocheuse. C'est Radar qui annonçait, pratiquement à tout coup, des
nouvelles sensationnelles à propos de « soucoupes volantes », photos ou
reconstitutions dessinées à l'appui. Des gens en avaient vues, certains
prétendaient même avoir vu aussi leurs occupants ...
Je parcourais les titres, et je devais souvent me baisser pour lire, sur
l'espèce de chevalet de bois posé à même le sol, toutes les lignes visibles
de la seule première page. A chaque fois, je ne pouvais que reprendre mon
chemin sans savoir la suite. Faut-il trouver dans cette frustration répétée
une cause profonde et ancienne de mon intérêt pour la chose insolite, les
"soucoupes volantes" et même, pourquoi pas, les "extraterrestres"?
Il est vrai que l'année 1954 a été riche en observations et témoignages de
tous ordres, au moins en France, au point que la littérature spécialisée a
parlé pendant de longues années de la « vague » française des observa-
tions de 1954. Ça m'intéressait énormément, surtout par curiosité, mais
sans me fasciner au point de mobiliser tout mon temps libre, que je
partageais entre le Meccano et les constructions de modèles réduits.
Un peu plus tard, je me rappelle très bien que c'était pendant les classes
préparatoires aux concours des Grandes Ecoles, je pris le temps d ' aller, à
plusieurs reprises, à la bibliothèque Sainte-Geneviève, voisine de mon
lycée, pour lire et consulter un bouquin, ouvrage du lieutenant pilote
Plantier (8 13). Il n'avait pas eu grand succès de librairie, puisqu' il n' était

15
plus disponible, mais il traitait, dans des termes qui font un peu sourire
maintenant, du problème de la propulsion de ces supposés engins. J'avais
en même temps collectionné quelques coupures de presse et rassemblé
deux ou trois photos, glanées ici ou là, au gré des publications des
journaux.

Les années sont passées, avec femme puis enfants, et de temps à autre, le
plus souvent parce que la couverture était attirante ou le titre accrocheur,
je m'achetais un livre à propos des OVNI, puisque le terme s'était
imposé. J'ai lu ainsi un peu plus d'une dizaine d'ouvrages, presque
toujours construits comme des catalogues d'observations et de
témoignages ou contenant une masse d'élucubrations et de juxtapositions
à la limite de l'honnêteté intellectuelle.
Je suis de formation scientifique, du type Bac + 9 comme on dit aujour-
d'hui, et je n'ai jamais goûté certaines formes de littérature, sauf pour le
plaisir intellectuel, certainement un peu vicieux, de découvrir les failles
pour tout démonter.
Vous pouvez maintenant comprendre mon étonnement et le plaisir que
j'éprouvai soudain en trouvant, en septembre ou octobre 1995, dans les
rayons d'une FNAC de province, un livre qui parlait des OVNI, mais sur
un ton quasi scientifique et en tout cas sans faire appel au verbiage
habituel. C'était un livre de Jean-Pierre Petit, édité chez Albin Michel
(B 1). J'ai donc acheté ce bouquin sur le champ, première prise de contact
avec ce qu'il est convenu d'appeler le "dossier Ummo".
En ce jour d'automne, je venais de faire un tout premier pas dans une
histoire, une aventure passionnante, intellectuelle et pratique, qui allait
profondément interférer avec ma vie. Sans imaginer un seul instant
l'impact qu'elle aurait, non seulement sur la gestion de la totalité de mes
loisirs, mais aussi sur mon vécu dans mes relations avec tout mon
entourage.
J'ai littéralement «avalé» ce livre sans respirer puis je l'ai relu, plus
calmement. La première parution de ce travail avait eu lieu en 1991, et
suivait de près la publication d'un autre ouvrage (B 16). Le bouquin était
d'une lecture facile, fluide, plein de références concrètes aux connais-
sances tous azimuts de notre monde moderne, et comportait même une
annexe d'un contenu scientifique de très bon niveau.
Il y était question de lettres qui avaient été reçues en Espagne, décrivant
une «civilisation non-terrestre». Ces lettres contenaient, aux dires de
Jean-Pierre Petit, en plus d'explications quelquefois difficilement com-
préhensibles, des mots ou des ensembles de mots présentés comme des

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échantillons de la langue des auteurs, mais lui-même n'en publiait pas.
Il citait à cette occasion le travail d'un journaliste et ufologue espagnol,
Antonio Ribera Jorda, qui avait publié un livre sur le sujet (83), traduit
en français, et qui rendait publics de larges extraits de certaines de ces
lettres.
Le livre de Ribera était ancien, paru en 1979 en espagnol, traduit en 1984
en français et n'était pas disponible en rayon. Je le commandai donc. Le
dossier des Objets Volants Non Identifiés dure depuis maintenant un peu
plus de cinquante ans et un certain nombre des travaux, édités sans gros
tirage, sont aujourd'hui épuisés et inaccessibles. Pour les consulter, il faut
trouver la bibliothèque inspirée qui en aura gardé un exemplaire. Grâce
au ciel, le livre de Ribera avait été réédité et un exemplaire fut disponible
vers la fin novembre 1995. La vie nous réserve quelquefois des drôles de
surprises: le jour où je retournais chercher 'mon' Ribera, je trouvai un
deuxième bouquin de J.-P. Petit, de parution toute fraîche, et qui allait
manifestement compléter ma vision du dossier (82).

C'est vraisemblablement à partir du contenu paraissant objectif de ces


trois publications, immédiatement lues et relues, et d'une perception
floue, mais insistante, assise sur un certain nombre d'éléments très pré-
cis, que je me suis fait une opinion. J'avais acquis la conviction que non
seulement le dossier était réel, puisque des auteurs en publiaient des
extraits, mais que son contenu était à prendre au sérieux, et en tout cas
méritait d'être étudié.

Il s'agit donc d'un ensemble de documents, allant de la simple lettre à des


rapports de plus de quarante pages. La totalité de ces textes constitue un
dossier assez volumineux. Il se rattache nettement plus au domaine de la
vie extraterrestre qu'à celui des OVNI. Il a été longtemps l'objet d'une
controverse: son origine déclarée [extraterrestre, en provenance d'expé-
ditionnaires de la planète Ummo, se disant présents sur Terre] est-elle
réelle? Il y a en effet matière à instruction d' un dossier, dans une manière
de style judiciaire pour tenter de répondre à la question.
Curieusement, à part Ribera et Petit, tous les ufologues ou journalistes
ont instruit ce dossier à charge, en cherchant tous les indices qui venaient
en supposée contradiction avec la prétendue provenance. En échafaudant
des hypothèses compliquées, rocambolesques, peu crédibles et, à mon
avis, en opposition avec le tissu psychologique des lettres. Ce faisant,
j'avais l'impression qu'ils étaient passés à côté d'une masse autrement
plus importante d'informations positives.

17
Antonio Ribera n'a pas une attitude négative. Son livre ne fait que publier
une partie des documents, accompagnée d'un début de "dictionnaire"
dont il n'est pas l'auteur et de quelques commentaires, surtout littéraires.
Il serait à mon avis plus justifié de parler de lexique, au sens de diction-
naire bilingue succinct. On verra les apports, et leurs limites, de ce
premier travail d'analyse.
Jean-Pierre Petit se servait du dossier Ummo pour mettre en valeur ses
propres recherches, inventions et résultats, induits, disait-il, par les
contenus scientifiques de ces documents, ce que je veux bien croire. Pour
une ou deux idées, c'est très vraisemblable, puisqu'il s'efforce de mettre
en équations de notre système mathématique un concept "cosmique"
extrait des documents, celui des univers jumeaux. Pour la propulsion des
OVNI, je discuterai l'origine de ses inventions.

Je suis plutôt amateur de nouveautés et avide de connaissances nouvelles.


J'aime beaucoup la musique, le chant des langues et de la voix humaine
et j'aime, par dessus tout, comprendre les choses. Et je ne suis jamais
aussi heureux que quand je parviens à me forger moi-même ma compré-
hension, un peu comme on fait un "puzzle". Ma fréquentation assidue
d'une certaine forme de bandes dessinées doit être une manifestation
du côté un peu gamin que j'ai dû garder, et je crois que si je n'avais pas
construit ma vie professionnelle dans l'informatique, j'aurais aimé faire
de l'archéologie. Quelle expérience extraordinaire d'identifier chaque
indice, d'essayer de comprendre pour reconstituer sa vie en lui imaginant
un rôle, et progressivement de faire prendre à chacun sa place. D'avoir
ainsi le pouvoir de faire revivre une civilisation perdue à travers les
vestiges qu'elle nous a laissés et que nous avons su retrouver!
D'une certaine manière, j'allais me lancer dans une aventure de cet ordre,
avec l'énorme différence que si une civilisation extraterrestre nous avait
rendu visite, elle devait se situer dans un développement technologique
lui autorisant les voyages interplanétaires, donc a priori très sensiblement
plus avancé que le nôtre.
Une sorte d'archéologie, puisque les seules pièces disponibles étaient des
textes, de provenances diverses et étonnantes, sans espoir vraisemblable
de contact avec leurs supposés auteurs, à l'image de ce qu'il nous reste
des civilisations perdues.
Mais une archéologie du futur, puisqu'il allait falloir essayer de 'reconsti-
tuer' des bribes d'une civilisation a priori sans équivalent dans notre
passé et notre présent terrien, mais correspondant à un état de progression
technologique passablement en avance sur le nôtre.

18
Je n'avais pas vraiment idée du temps que ce dossier allait nécessiter, et
ça m'était assez indifférent. Je ne faisais pas la course, avec qui
d'ailleurs? et j'étais convaincu qu'en creusant je finirais par trouver.
Jean-Pierre Petit avait écrit que quinze ans environ de fréquentation des
textes avaient été nécessaires pour identifier des éléments de connais-
sances novatrices qui lui permettaient de poser le problème en termes
scientifiques vulgarisables ( 1975-1990); ces textes existent, et selon
notre logique, leurs auteurs sont soit terriens, soit non-terriens. En se
basant sur les contenus scientifiques des textes, il pense que le mode de
développement et de diffusion des connaissances abordées n'est pas
cohérent avec les comportements humains terriens. Ce n'est bien sûr
qu'une opinion.
Pour ma part, j'observais que ces textes étaient toujours parsemés de cita-
tions de la langue des auteurs. Je suis parti de l'idée que la compréhen-
sion de la supposée langue allait donner des informations importantes,
etj'ai pensé qu'il suffisait de comprendre ce langage, si la chose était
possible. La présence d'éléments dans presque tous les documents me
faisait penser qu'ils étaient là dans ce but, et, en conséquence, que cette
compréhension devait être accessible.

Je me suis donc situé en archéologue, à la recherche d'une civilisation


peut-être perdue pour nous, mais dans le futur. Rassembler un maximum
de pièces, d'éléments, en s'assurant au mieux de leur sincérité. Tel est le
devoir du chercheur et de l'archéologue. Dans un chantier de fouilles
dont on n'est pas sûr de la virginité, on peut en effet trouver des copies
ou des pièces fausses, glissées là par des gens soucieux d'empêcher
qu'apparaisse au grand jour une vérité dont ils pressentent, à la manière
des animaux sur leur territoire, qu'elle va les déranger. Et mener un
travail d'enquête, presque policier, pour démontrer quelque chose.
Instruire vraiment le dossier, en profondeur.
Soit que cette supposée civilisation n'est qu'un tissu de contradictions,
ou ressemble beaucoup trop à la vie de quelque peuple identifiable,
reculé ou oublié, ou encore à une recomposition de civilisation à partir
d'éléments connus, et la réalité la plus probable correspond à une
mystification dont les motivations seront très intéressantes à mettre
au jour,
Soit au contraire qu'elle porte un ou plusieurs témoignages, au sens
d'éléments objectifs, qui sont complètement étrangers à nos civilisations
terriennes. On pourra alors légitimement s'interroger sur la mise en cause
de l'origine avouée des documents.

19
Je suis convaincu qu'un des premiers témoins d'une civilisation, c'est sa
langue. Ce point sera examiné un peu plus loin, mais on peut déjà obser-
ver que le langage, verbal ou gestuel, est un moyen de communication. Il
ne véhicule que des idées, puisque les échanges matériels peuvent se faire
en direct, sans langage. Pour nous, dans ce dossier, la communication
gestuelle est exclue, puisque nous sommes sans interlocuteur. Il nous
reste le langage verbal, dont les expressions, les mots, etc. doivent néces-
sairement décrire des réalités ou des concepts. Les réalités sont-elles
celles d'un monde différent, les idées portent-elles des concepts qui nous
sont étrangers? Mais pour arriver à ces conclusions, il faut, à l'évidence,
d'abord chercher à reconstituer ce que la langue peut être dans le domai-
ne des sons, puis tenter de «décrypten> la construction de la communi-
cation sonore, et vérifier qu'il est possible de lui donner un contenu
significatif. Le tout à partir de «mots» parsemés dans des textes.
Je me suis donc employé à rassembler le plus grand nombre des docu-
ments, d'abord dans la version française que l'on peut se procurer, au
contenu quelquefois incomplet, puis, à la suite d'une longue quête, dans
la version espagnole, reflet de l'originale.
Ces textes sont étonnants. Ils n'ont pas de provenance connue, sinon par
les contenus, invérifiables. Mais ils ont été reçus par des destinataires
identifiés et connus. Les auteurs se disent extra-terrestres, en mission
d'observation de la Terre. Les documents peuvent être des textes très
longs et copieusement techniques. Leur style est quelquefois pénible, ils
font allusion à des connaissances scientifiques, hors normes pour nous,
quasiment incontrôlables. Et, suprême raffinement, ils sont "saupoudrés"
de mots ou d'expressions, déclarés empruntés à la langue de ces supposés
extra-terrestres et accompagnés d'une traduction ou d'une explication.
L'ensemble des documents rassemblés m'est apparu encore plus convain-
cant et crédible, surtout à cause de certains paragraphes dont le "contenu"
psychologique avait une destination qui me semblait évidente. Ma forma-
tion scientifique longue ne m'a pas empêché de garder l'esprit ouvert,
sans doute parce que je ne fais pas métier de "chercher". J'ai pourtant
fréquenté quelques années le milieu de la recherche fondamentale. Mais
je ne me sens pas prisonnier volontaire ou inconscient d'une dialectique
du "plaire" ou du "conforme", en mesure de pérenniser un quelconque
budget.

Face à une affirmation aussi étrange que celle de la présence de supposés


extra-terrestres sur notre planète, mon rationalisme aristotélicien
n'admettait, en bonne logique, que deux hypothèses exclusives. Ou bien

20
c'était une supercherie, ou bien ce n'en était pas une (sans trop appro-
fondir, d'ailleurs, cette deuxième solution).
Le dossier me paraissait suffisamment solide pour qu'une mystification,
toujours possible à ce niveau de connaissance de sa substance, soit Je
résultat d'un travail nécessairement très approfondi. La recherche et
l'ambition d'une conclusion constituaient un vrai défi et j'éprouvais l'irré-
sistible envie de tenter de démontrer, l'une ou l'autre des possibilités.
Seuls les contenus des documents étaient à exploiter, en tant qu'expres-
sion assumée des auteurs. Les contenus scientifiques, intéressants, mais
hélas très parcellaires, étaient de toute évidence quasi invérifiables.
Pourtant quelques expériences auraient pu être envisagées pour "valider"
certaines affirmations. Elles auraient, en tout état de cause, réclamé des
moyens techniques et donc financiers hors de la portée d'un particulier.
La recherche théorique, c'est-à-dire limitée à la mise en œuvre de papier
et d'un crayon, d'une cohérence avec une extension de nos notions de la
relativité ne pouvait, à elle seule, se concevoir qu'à temps plein, c'est-à-
dire avec des revenus assurés, à défaut d'y être consacrés. J'ai gardé de
mon passage en Mathématiques Supérieures et Spéciales la capacité de
comprendre sans trop de difficulté les discours à teneur mathématique. Je
n'en ai pas gardé une passion qui justifie que je m'investisse dans des
développements théoriques, et je n'en ai d'ailleurs très certainement plus
la capacité. Ce qui n'est pas le cas de Jean-Pierre Petit qui s'est employé
dans cette voie de recherche.
En revanche, j'ai toujours eu beaucoup d'intérêt pour les langues, et c'est
ainsi que je décidai de prendre le problème sous cet angle. Si ce dossier
était une supercherie, elle ne pouvait être parfaite, elle se trahirait et sa
démonstration interviendrait tôt ou tard. Si, en revanche, ce n'était pas
une supercherie, je devrais arriver à mettre en évidence la langue et une
approche de sa structure.
Sans intégrer, mais si l'on pouvait prévoir il n'y aurait plus de découverte,
n'est-ce pas?, tout ce que ces dernières déductions allaient impliquer.
J'ai dit que Je temps qui pouvait être nécessaire à l'aboutissement de ce
travail n'était pas ma préoccupation. Une nouvelle et fort probable orga-
nisation de ma vie familiale allait me rendre du temps et me permettait
d'envisager de consacrer plusieurs heures par jour à cette exploration.
C'était pour moi un centre d'intérêt nouveau, peut-être une compensation
affective et une sorte de jeu intellectuel, un défi. A cent mille lieues des
jeux vidéo ou de rôles, archi-conventionnels en regard de cette magni-
fique et unique opportunité d'ouverture, qui évoquait un "réel" possible!
Et qui avait le mérite de pouvoir être joué seul, sans concours extérieur,

21
toujours psychologiquement difficile sur ce sujet. En revanche, au fur et
à mesure de ma progression, j'ai pris conscience du caractère "très dif-
ficilement communicable" de l'objet de mon travail. Non sans réper-
cussions sur la spontanéité des relations avec mon entourage: il n'est pas
toujours facile de tenir une conversation banalement courante, sur tous
les sujets de la vie, lorsque pratiquement tout son temps libre est consacré
en secret à la reconstitution d'un monde possible, à la fois sur Terre et
dans les étoiles.

Aujourd'hui, je considère que mon étude a suffisamment progressé pour


affronter le monde et ses foudres, en particulier scientifique avec ses
terribles juges. Je pense avoir compris une partie de la structure de cette
langue vraiment étonnante, et en tout cas assez pour justifier environ
99,7% des 1345 "vocables" que j'ai recensés.
A moins que ce travail ne sombre dans l'océan de l'indifférence, réelle ou
feinte, parce qu'il remue trop de tabous cachés et remet trop de certitudes
en cause pour avoir une chance d'être officiellement considéré.

Ce dossier a en effet tout pour le rendre inacceptable.

Tout d'abord, il est l'expression d'une anti-évidence: les travaux


d'Einstein sur la relativité sont une incontestable avancée de nos
connaissances, et ils nous indiquent que le voyage interplanétaire, entre
les étoiles les plus voisines et nous, ne saurait s'accomplir dans des temps
réalistes en regard de la durée de vie humaine. Comment des êtres, même
s'ils se disent extraterrestres, peuvent-ils prétendre couvrir des distances
exprimées en dizaines d'années-lumière en l'espace de quelques mois?
Impossible! Et nos scientifiques se font fort de le démontrer! Avec leurs
convictions et leurs certitudes. Cette raison des temps de voyage est
d'ailleurs celle qui est mise en avant dès qu'il est question de vie intel-
ligente extra-terrestre au contact de la Terre, pour démontrer l'inanité
d'une telle proposition.
Une solution nous est présentée par les auteurs des textes, qui fait appel à
des capacités importantes d'imagination et d'abstraction. Sans la com-
préhension de la langue ummite, je n'aurais pu m'en faire une idée. J'ai
essayé de la rendre accessible à travers des exemples limités à nos dimen-
sions de perception sensorielle. La question fondamentale est néanmoins
posée: notre savoir représente-t-il la somme des connaissances possibles,
y compris celles d'autres civilisations non terriennes, sur l' Univers?
Avons-nous bêtement besoin de "preuves" pour nous convaincre que non?

22
Il s'agit ensuite d'une langue. Donc d'un véhicule de pensée et
d'échange, et en tant que tel, elle est le témoin d' une culture au
minimum, et peut-être d'une civilisation. Il s'agit là de considérations
traditionnelles dans nos modes de pensée.
Mais comment faire quand la langue, et encore moins la culture et la
pensée, n'appartiennent pas aux mondes qui nous sont connus? Comment
comprendre un langage étranger à notre logique de formulation? Et
d'abord est-ce possible? N'y a-t-il pas une barrière infranchissable
qui condamne cette recherche à l'absence d'issue positive? En cas de
"compréhension" supputée, nous traitons ici de supposés extraterrestres,
comment faire la preuve du caractère non terrien de ce moyen de
communication? Comment mettre en évidence une culture, une forme de
pensée et la structure d'un langage dont la logique fondamentale n'est
pas la nôtre? Avec quels arguments scientifiques d'analyse logique, pour
qu'ils soient partageables, reconnus et reproductibles? Comment, quand
il est énoncé d'avance que leur réalité est impossible?
Comment, à travers ces quelques 1.300 pages dactylographiées, aboutir à
la mise en évidence d'une langue et d'un système de pensée? Qui n'ont
pratiquement rien de commun avec nos modes d'expression et de raison-
nement? Comment mettre en évidence que la supercherie, imaginable
dans une lecture superficielle, expression résultante d'une sorte de fuite
de la réalité, s'exclut d'elle-même?
Comment démontrer que si un homme de la Terre, ou un groupe, a inven-
té toute cette civilisation avec une langue et une culture propres, il a fait
preuve de tellement d'originalité et de puissance intellectuelle qu'il
mérite indubitablement le qualificatif d"'extraterrestre"?
C'est à ces questions que je me suis efforcé d'apporter une forme de
réponse. La méthode employée et surtout le déroulement, la séquence
progressive des acquis et le développement consécutif des résultats sont
pour moi les gages de leur qualité et de leur fiabilité.
J'ai d'abord isolé des "briques de base", et c'est en essayant de compren-
dre mieux leur assemblage, la construction des "vocables" que j'ai été
amené, progressivement, à constater que notre logique et notre culture
sont si différentes des idées exposées. J'en ai retenu quelques exemples.

Je me lançais ainsi sur les traces de Champollion. En cette fin de 20ème siè-
cle, les outils ne sont plus les mêmes et le problème posé, un peu différent.
J'ai rencontré des conditions exceptionnelles, mais de sérieux handicaps.
Jean-François Champollion n'a disposé que d'un document court, en trois
langues, la pierre de Rosette, actuellement visible au British Museum de

23
Londres. J'ai, pour ma part, pu travailler sur des textes généreux, agré-
mentés quelquefois de dessins commentés. Jamais des originaux, et
presque toujours des copies d'au moins première main. Le faible volume
du matériel idéographique m'a incité à le garder pour une étude ultérieure
et j'ai eu raison, je crois, de considérer les idéogrammes et l'écriture
ummite comme secondaires. Les textes dont nous disposons sont une
transcription de sons entendus; dictés à des dactylographes dont nous
connaissons les cultures. Donc sans surprise.
J'ai bénéficié d'une trace sonore, qui est attribuable aux Ummites, bien
que tous les policiers et juges du monde, et le bon sens, refusent de
prendre en considération l'auteur d'un enregistrement, invérifiable à
partir de celui-ci, surtout si le contenu est banal. On verra que c'est le
"contenu" de l'enregistrement, par une information dérivée et objective,
qui m'a permis de progresser et le rend opérationnel à mes yeux.
La volonté de communiquer des auteurs, manifestée par le volume des
explications données (à qui veut bien se donner le mal de les "lire",
naturellement] a représenté un élément majeur dont j'ai pu profiter. Et là,
j'ai disposé de quelque 1.300 pages d'une sorte de "pierre de Rosette"
idéalement constituée, avec des transcriptions de concepts approchants.
Malheureusement entachés de la distance entre les cultures, nous-mêmes
nous situant en "dessous" en termes de développement. En "amont cultu-
rel", en quelque sorte. Ce volume était sûrement nécessaire, et nous
avons été prévenus dans les textes ...
J'ai aussi pu tirer parti d'un autre élément majeur, incomparable: j'ai
disposé de presque tous les outils informatiques que j'ai pu rêver. Non
pas que j'aie eu accès aux supercalculateurs les plus puissants de la Terre,
qui en l'occurrence n'apporteraient sûrement rien de plus, mais j'ai pu
donner libre cours à mon imagination dans l'utilisation des outils possi-
bles. Ma machine a des capacités et une puissance suffisantes: pour un
nouveau besoin, si nécessaire, un nouveau programme! . ..
En revanche, j'ai dû faire face aux plus impressionnants handicaps.

Si ces documents sont sincères, donc authentiques, il n'y a aucune chance


statistique pour que la sémantique et la pensée, exprimées dans la langue
revendiquée, relèvent de notre logique. En conséquence, était-il possible
et même crédible d'y accéder? La présence insistante de ces "bribes" de
langage m'incitait à croire que oui, en n'imaginant pas d'autre raison à
leur présence. Mais quand bien même cela serait, le résultat pourrait-il
être crédible? Acceptable scientifiquement? Quelle nature d'arguments
serait nécessaire pour convaincre? Vous verrez que c'est la logique, dans

24
ses principes fondateurs de l'analyse et du raisonnement, qui a pu servir
de "pont" entre les pensées. J'y ai trouvé une éclatante confirmation des
bases universelles, cosmiques de l'esprit humain: la conscience et son fils
aîné, le raisonnement. N'est-il pas tentant d'y voir la "main" d'un
Créateur ou d'un Grand Architecte?
Il s'y ajoutait le handicap de la crédibilité culturelle.
Une culture intègre toujours, à des degrés variés selon l'époque et la
perméabilité, les acquis des cultures qui l'ont précédée, et, du temps de
Champollion comme aujourd'hui, la culture égyptienne était admise
comme une réalité historique, antérieure aux cultures grecque, latine et
a fortiori française.
A l'opposé, la langue dont je vérifie la structure est le véhicule avoué
d'une culture, d'une civilisation totalement inconnues, étrangères à
un quelconque passé "rassurant" et, sans doute par essence, de nature
complètement différente de ce que nous connaissons, donc incroyable.
D'autant plus incroyable que l'existence de cette civilisation n'est
d'abord même pas soupçonnée par la quasi-totalité du monde en général
et, a fortiori, scientifique. Les scientifiques refusent de lire les documents,
qui ne sont objectivement qu'une "curiosité", si l'on considère d'avance
leur contenu comme farfelu! Et le peu de personnes qui s'y sont intéres-
sées sont persuadées, à la suite d'analyses que je qualifie d'émotionnelles
sinon superficielles et que je remets en cause, de sa "non-réalité" en tant
que telle.

En deux mots: Champollion a reconstitué la vérité véhiculaire de la langue


écrite égyptienne dont la réalité et la culture n'étaient pas contestées.
J'ai pour ma part aussi reconstitué, très certainement en partie seulement,
le contenu véhiculaire de la langue des Ummites. A charge pour moi de
démontrer, contre tous les préjugés, que la réalité de cette langue recouvre
une culture et une civilisation dont le témoignage, la présence sur notre
planète sont considérés comme "incongrus, impossibles, impensables,
inconcevables, forcément l'œuvre de farceurs, etc ... " Lourde tâche.
Objectif insensé?
La découverte proprement dite d'une sémantique et d' une forme de
pensée inconnues est sans doute déjà l'heureux aboutissement d'une
longue recherche. Il est à craindre qu'elle soit peu de choses, en regard
du formidable défi que représente l'affrontement à l'incrédulité, au
poids des résistances et des idées préconçues, qui conduisent le plus
souvent au rejet, sans examen nécessairement approfondi, des résultats
novateurs.

25
Ce serait donc une tentative de contact? Les ufologues, qui sont par
essence les plus bavards sur les OVNI, et le journaliste Jean-Claude
Bourret (B7) ont beaucoup écrit sur le problème du contact. .. sans vrai-
ment entrevoir les simples difficultés qu'il implique. Quant aux scienti-
fiques officiels ou établis, il ne peut y avoir, à leurs yeux, de contact,
puisqu'il est "impossible" que des non-terriens se manifestent sur notre
planète. Ils veulent une preuve d'abord, pour pouvoir la cautionner
ensuite! Et que les autres la trouvent, car si leur métier est de chercher,
ce n'est sûrement pas ça! Et si certains scientifiques (SETI) acceptent
d'écouter, c'est le brouhaha des étoiles, espérant y entendre un chucho-
tement de civilisation qui pourrait, selon eux, nous être accessible!
Je le redirai à plusieurs occasions: lorsque deux interlocuteurs de "niveaux
de civilisation" différents sont en contact potentiel, l'échange raisonnable
d'informations n'est possible que si l'interlocuteur de niveau le plus élevé
fait l'effort de se rendre intelligible au niveau plus bas. C'est le principe
même de 1'enseignement et de la pédagogie. Pour rester sur notre bonne
vieille Terre, Konrad Lorentz a réussi à se faire comprendre des oies parce
qu'il a fait l'effort de rechercher et d'apprendre des rudiments de leur
"langage". Jamais une oie, sous réserve d'une démonstration ultérieure
contraire, n'a tenté de comprendre et de parler un langage humain. Le
contact n'a été possible que du plus développé vers le moins avancé.
Si ces textes et cette langue sont réellement le fait d'êtres qui viennent
d'ailleurs dans l'Univers, peu importe en effet la distance et l'idée que
nous nous en faisons, ils ont tout simplement maîtrisé au moins une tech-
nologie, un contrôle de flux énergétiques et sans doute beaucoup plus
pour réaliser ce voyage. En cela au moins, et vraisemblablement dans de
nombreux autres domaines, ils représentent un stade plus avancé que le
nôtre dans le développement et la connaissance. La première condition
du contact est ainsi remplie.
L'autre condition, élémentaire, de l'échange raisonnable d'informations
est la reconnaissance de la tentative et l'acceptation du contact. Notre bon
sens populaire le dit sous une autre forme: "Il n'est pas de pire sourd que
celui qui ne veut pas entendre!". Et pour accepter une tentative de contact,
la prendre en considération, il faut d'abord avoir accepté l'idée de l'exis-
tence possible de l'interlocuteur. Comment entendre un interlocuteur
auquel la Science officielle dénie la possibilité de s'être manifesté?

La science-fiction est un moyen romanesque d'envisager un futur possi-


ble, éventuellement par transfert à une autre civilisation, pour les besoins
du récit et sa crédibilité vis-à-vis de la psychose de l'impossibilité du

26
voyage. Elle décrit un état futur, supposé plus avancé de développement,
tant scientifique que psychologique, technique ou culturel. Quelle diffé-
rence peut-on faire, dans une vision futuriste, entre une création roma-
nesque de science-fiction et la description sommaire d'une civilisation
différente, réelle et objectivement plus avancée? La question n'est pas
destinée aux seuls littérateurs et philosophes. Quelles réponses les scien-
tifiques peuvent-ils aussi apporter? Le dossier Ummo, et singulièrement
sa langue, nous aidera peut-être à fournir une forme de contribution à
cette question.

Autre élément aggravant: les documents font eux-mêmes le lien entre


extraterrestres et OVNI, en présentant ces objets volants comme les
véhicules incontournables [dans les limites de leurs connaissances!(sic)]
des voyages interplanétaires. Et en consacrant plus de quarante pages à
leur description fonctionnelle. Trop de livres ont été écrits sur le sujet
OVNI, sans aucune considération réellement scientifique et par exploita-
tion plus ou moins subjective de témoignages. Un style littéraire de traite-
ment de l'information en est né: l'ufologie. Le sujet s'est heureusement
presque épuisé de lui-même. Les observations continuent, mais rien n'est
réellement fait pour les rendre aussi objectives que possible et les
témoins se lassent de voir leurs efforts finir en observations de Vénus en
plein jour par temps clair, de gaz des marais ou autres balivernes.
Dans l'esprit des élites et du public, les traitements subjectifs, voire défor-
mants, mais toujours non scientifiques, que les chercheurs ont appliqués
aux observations ont tout disqualifié: le sujet et souvent les chercheurs eux-
mêmes. Ces semblants de recherches étaient forcément privées puisque les
gouvernements n'ont jamais financé de travaux dignes de ce nom et ont
rarement encouragé la collecte d'informations. C'est ainsi que le sujet
OVNI et tout ce qui peut s'y rattacher n'est plus pris au sérieux. Avec
quelques raisons, et j'ai pensé nécessaire de mettre en évidence, à propos
du présent dossier, socle de mon travail, quelques-unes des erreurs ou
impostures qui n'ont pu que conduire à des conclusions hâtives.

J'ai néanmoins beaucoup hésité avant de faire connaître les résultats de


mon étude. Rejoindront-ils la cohorte des centaines de récits de commen-
tateurs "ufologues", journalistes ou illuminés qui servent de caution à
l'étouffement de toute étude sérieuse?
Par les milliers d'heures qu'elle a nécessité, par le travail accompli et les
conclusions qu'elle autorise, cette étude est du niveau d'une thèse univer-
sitaire de doctorat. Je me suis amusé à imaginer les situations possibles.

27
Il s'agit d'une civilisation et d'une langue, donc Faculté des Lettres et
Sciences Humaines. Constatant le caractère inconnu de l'origine des
textes, les contenus des documents sont majoritairement scientifiques et
font appel à des connaissances bien assimilées de niveau supérieur. Quel
jury littéraire voudra bien en parrainer la soutenance? Quel conseil
doctoral de Faculté des Lettres acceptera de mettre en chantier la thèse
Etude d'une langue inconnue: une ouverture sur une autre logique
d'expression, de communication, reflets d'une théorie unitaire. Des
extraterrestres nous parleraient-ils?
Ou encore,
Les contenus sont principalement scientifiques, donc Faculté des
Sciences. Vue l'origine inconnue des textes, quel professeur acceptera
d'accueillir un thésard dont la majorité du travail se rattachera au
domaine linguistique, même si les procédés de travail sont d ' ordre
logique et s'apparentent à la résolution de systèmes d'équations à
multiples inconnues, dont certaines (équations) sont à découvrir et ne
sont mêmes pas listées? Quel conseil doctoral de Faculté des Sciences
acceptera de mettre en chantier la thèse Une ouverture sur une autre
physique, une autre logique, une autre sémantique et une possible
relativisation de nos connaissances. Des extraterrestres nous parle-
raient-ils?
Il serait intéressant de chercher d'autres Facultés.

Je pense que la preuve est ici faite que notre système universitaire, en
particulier dans sa fonction recherche, n'est pas ouvert et qu' il est auto-
verrouillé! Que nous ne nous sommes pas dotés de structures de recher-
che réellement efficientes, c'est-à-dire par nature "pluridisciplinaires".
Car ce dossier est un exemple flagrant, et sans doute construit à dessein,
de l'étroite imbrication, incontournable, entre le savoir, la connaissance
scientifique, la logique et le langage.
J'ai essayé, de manière superficielle car l'étude demandera encore de
longs mois d'analyse et de réflexion, de montrer pourquoi les auteurs des
textes saluent les travaux, en matière de langage, du mathématicien
Bertrand Russell, qui a eu le prix Nobel de littérature en 1950! Je pense
que l'allusion à ses travaux constitue la preuve par l'absurde de l'impos-
sibilité statistique de l'origine terrienne.

Et j'accepte par avance de faire publiquement amende honorable de mon


attitude contestataire devant la proposition écrite d'un Président
d'Université ou Doyen de Faculté, pour soutenance, devant un jury de

28
son Université, de la thèse représentée par mon travail. Quel que soit le
rattachement, je soutiendrai, naturellement.

Ce dossier s'est révélé une extraordinaire machine à faire réfléchir et à


relativiser nombre de nos comportements et de nos attitudes intellec-
tuelles. On y côtoie ce qui pourrait être de la science-fiction, on y côtoie
de la science, notre science à côté d'une autre science, peut-être une
expression de ce que pourrait être notre science plus tard . ..
On y rencontre d' autres éléments qui pourraient n'être que de la fiction.
J'y ai en particulier pris conscience que toute notre vision de l'univers
était loin de représenter la connaissance absolue. Si nous acceptons
l'existence possible de vie dans l'univers, nous devons accepter qu'elle
puisse être, elle aussi, intelligente, et qu'à ce titre elle puisse avoir atteint
un état de développement plus avancé que le nôtre.

Le choc est violent.


Et je concède qu'il n'est pas facile de se découvrir un grand frère, quand
on a cru toute sa vie être fils unique!

Nos connaissances sont les nôtres. Il a fallu des siècles d'accumulation


pour aboutir à l'état global actuel du savoir de notre humanité. Nous
pouvons constater que le développement de la connaissance a connu une
accélération, dès lors que le poids des religions s'est fait moindre au profit
de la rationalité. Erigée elle-même en religion, celle-ci semble avoir, à
son tour, singulièrement obscurci notre capacité à observer et à chercher
à comprendre. En particulier pour tout ce qui est extérieur à notre planète.
La connaissance progresse dans l'ouverture, l'échange et l'étude systé-
matique. Le rejet d'hypothèses, au nom du dogme ou de ses dérivés ou
d'une attitude religieuse, est un facteur de recul. Giordano Bruno a été
brûlé vif pour avoir émis, un peu avant l'an 1600, des idées qui sont tout
juste admises aujourd'hui. Galilée a dû abjurer. L'histoire des sciences et
des religions n'est qu'un chapelet continu d'exemples comparables.
Je ne m'appelle ni Bruno, ni Galilée. Grâce à la lente évolution de la
pensée humaine, on ne meurt plus aujourd'hui, dans nos civilisations
judéo-chrétiennes, pour avoir proféré des idées jugées "inopportunes".
Ce qui n'est, hélas!, pas encore le cas dans toutes les terres se réclamant
de l'Islam ou d'autres religions.
En cas de contestation de mes conclusions, et elle arrivera naturellement
un jour, je rn' inclinerai seulement, mais avec respect, devant des résultats
comparables à ceux de cette étude et plus convaincants.

29
Le travail que je présente se résume objectivement à quelques points:

Des documents troublants, se prétendant d'origine extraterrestre,


contiennent la description d'une civilisation très en avance sur notre
développement et des indications sur la langue dont les auteurs
s'attribuent la pratique, sous forme d'environ 1.345 vocables que j'ai
recensés et presque 400 expressions. Indications assorties de mises en
garde sur les interprétations qui ne tiendraient pas compte du décalage
"somatopsychique" probable entre les points de vue.
Je mets en évidence une structure possible de cette langue, en rendant
compte de plus de 99,7% des vocables. Avec des intégrations éty-
mologiques ou sémantiques (ici notre vocabulaire ne peut avoir de
qualificatif adapté!) croisées. Je la suppose donc peu éloignée de sa
structure "vraie". Et une sémantique "relative", en complète harmonie
avec la théorie unitaire présentée. Totalement étrangère à nos schémas
de formulation, cette langue que je déclare "idéophonémique" est
construite sur une unité inconnue sur Terre, que j'ai baptisée "soncept".
Je mets en évidence, dans le même temps, une culture et un mode de
pensée original, en totale cohérence avec le contenu des textes. J'ai,
ici aussi, été conduit à inventer un terme pour la nommer: la "pensée
fonctionnelle". La langue accrédite les documents en les complétant.
Et cette culture est fondée sur des bases qui sont étrangères à celles
qui sous-tendent nos civilisations. Dans tous les domaines fondamen-
taux qui sont abordés: la physique, la logique, la langue, la méta-
physique, la religion, la vie sociale ...
- A la lecture de cette langue inconnue, l'ensemble de ces documents
forme un tout extraordinairement homogène, d'une pédagogie
insoupçonnée, porteuse réelle et, me semble-t-il, évidente d'une
formidable volonté de communication.
- Je peux proposer, alors, à partir du contenu de ces textes éclairés par
la compréhension de leur langue, une vision complètement différente
de l'Univers, avec l'amorce d'une physique "autre" dans une théorie
"unitaire". Qui permet en particulier de mieux imaginer et compren-
dre pourquoi le voyage que nous considérons impossible peut être
accessible à "qui sait"! Qui apporte des réponses à des questions que
nous n'avons jamais ouvertement posées.
Et surtout, nous avons un exemple extraordinaire (au sens propre)
d'approche différente dans l'attitude scientifique et la logique. Toutes
les créatures intelligentes de l'Univers sont plongées dans la même
réalité physique, avec des sensations et des perceptions de masses et

30
des rayonnements. Pourquoi donc des individus "autres" auraient-ils
construit le même système de représentation de l'Univers que nous?
N'aurions-nous pas encore compris qu'il y a plusieurs vérités? Car le
vrai problème est bien là!

Ma seule prétention, en rendant public ce travail, est d'attirer l'attention et


de prendre date, à partir de son contenu et de ses résultats. Il est indispen-
sable que nous prenions tous conscience, et les élites scientifiques en tout
premier lieu, de manière active et assumée, que notre façon d'imaginer
l'Univers, pour autant qu'elle sanctionne des milliers d'années de progrès
des connaissances, ne représente pas la seule vérité sur le Cosmos.
Soyons clairs! La mise en évidence de la réalité de cette langue et une
approche de sa compréhension ne constituent pas une preuve, au sens
scientifique du terme, de la réalité de l'origine extraterrestre annoncée
des documents. Je m'en explique d'ailleurs en montrant à quel point
notre logique et notre langage autorisent des appréciations contradic-
toires de la vérité. L'ensemble de la langue, de sa compréhension et de
l'originalité de sa construction constituent néanmoins des indices très
sérieux et forts. Accompagnés d'une analyse convaincante de la séman-
tique et de la pensée, ils sont de nature à forger une intime conviction, en
attendant une hypothétique preuve ultime qui ne pourra venir que des
auteurs eux-mêmes. Ils existent, puisqu'ils ont signé les textes. Mais
voudront-ils l'administrer, et quand?
On aurait pu croire que la découverte d' une loi physique ou d'un procédé
non encore connu à l'époque des documents aurait pu en accréditer le
contenu. La réalité a montré le contraire: la technologie des verres à
opacité variable était-elle en voie de maîtrise en 1966? Et bien d'autres
détails ont échappé à la "sagacité" des analystes qui m'ont précédé. Au
nom du potentiel imaginatif et vérifié des auteurs de science-fiction.
Avouons tout de même que les signataires des documents ont fait preuve,
en décrivant leur monde qui semble une projection temporelle du nôtre,
d'une très belle capacité divinatoire. Et nous n'avons pas fini de nous
étonner, je crois.

Les esprits chagrins ou persuadés par le dogme de l'universalité de la vitesse


de la lumière ou leurs croyances, religieuses ou autres, pourront arguer qu'il
n'est pas impossible que ces documents soient d'origine humaine terrienne.
Bien que non revendiquée. Dont acte de leur point de vue. Je me suis attaché
à compléter, sur pièces, et par une analyse sémantique rigoureuse, les
arguments étayant la certitude de l'impossibilité de cette hypothèse.

31
En accréditant l'idée que des extraterrestres existent et ne sont pas
confonnes aux mythes qu'on nous présente dans les cinémas et qui satisfont
les politiques en contenant le thème sur le terrain de l'imaginaire, donc
contrôlable,
En accréditant l'idée qu'une ethnie non terrienne a entrepris de commu-
niquer avec nous et nous observe vraisemblablement,
En démontrant que la logique, non ouverte et non pluridisciplinaire, de
l'approche de nos Universitaires et Hommes de Sciences, dans ce
domaine et dans bien d'autres, est un obstacle à une progression plus
efficace de la Connaissance,
Je prends le risque de déclencher un processus de rejet, au nom de la
continuité "sereine" des choses. Quand les vérités sont susceptibles de
déranger, il est rare qu'elles soient bonnes à dire, et comme l'a magni-
fiquement exprimé le regretté Aimé Michel: "Les gens nonnaux sont
ceux qui ont le pouvoir d'enfenner les autres". Détestable, et ô combien
justifiée, définition de la démocratie des autruches et des moutons, qui ne
saurait supporter qu'une tête "dépasse" du calme souhaité ... !
Heureusement, il reste le travail lui-même. J'espère seulement que, dans
la pire des hypothèses, une trace exploitable en sera conservée, car je suis
convaincu que l'heure viendra un jour de constater que j'avais vu juste.

Il semblerait que nous n'ayions pas à rougir de la situation de nos


connaissances en regard de notre état de développement. Cette civilisa-
tion "venue d'ailleurs" est étonnante et somme toute attachante, malgré
certains aspects un peu rébarbatifs et déconcertants de ses pratiques et de
ses convictions, pour nous autres "démocrates terriens".

Je vous invite à faire la connaissance, avec moi, de cette autre vision de


l'Univers, en découvrant comment la décision a pu être prise, qui a reçu
ces documents et les évènements qui se sont alors produits en Espagne.
Il m'a paru nécessaire ensuite, dans un souci de rétablissement de la
vérité, de montrer combien les ufologues ont dénaturé le dossier, autant
dans leur présentation que dans leur étude, induisant des conclusions sans
fondement.

En effet, selon leurs écrits, les Ummites sont sur Terre depuis le 28 mars
1950. L'affaire Ummo existe depuis le 6 février 1966, date de l'atterris-
sage d' Aluche (Espagne), première manifestation claire et revendiquée.
Au cours des trente-cinq ans écoulés depuis cette date, diverses autres
manifestations ont jalonné le dossier: observation de 12 minutes avec très

32
belles photos à San José de Valderas (Espagne) en 1967 et quasi-atterris-
sage à Voronej (République de Russie) en septembre 1989. Et bien sûr,
environ 1.400 pages de documents, quelquefois illustrés de très beaux
schémas en couleur.
Le dossier Ummo ne laisse pas indifférent, autant par les réponses qu'il
apporte à des questions qui n'ont pas encore été posées, que par les
questions qu'il pose. Il a donné lieu, au moins en Espagne et en France,
à de nombreuses études et publications, qui se proposaient toutes de
trancher: vérité ou mystification nécessairement terrienne? Je pense ici,
et pour la seule France, aux publications de Jacques Vallée en 1975, aux
travaux de Claude Poher et du GEPAN en 1976-77, aux publications de
Jean-Pierre Petit en 1991 et 1995, de Martine Castello en 1991, de
Renaud Marhic et de Jean-Claude Bourret en 1993, etc.
Brutalement passionné par le contact avec la matière des documents, j'ai
développé mon étude en totale ignorance de ces travaux. Lorsque j'ai
acquis la certitude de l'origine réellement non terrienne de l'ensemble,
établie en toute indépendance sur des arguments scientifiques incontes-
tables, j'ai pensé utile de confronter mes résultats à ceux d'éventuelles
publications antérieures. Jean-Pierre Petit mis à part, tous les travaux
réalisés avant le mien concluaient à une origine terrestre, à une mysti-
fication, sans toutefois apporter des arguments scientifiquement décisifs,
et pour cause ...
Qui était dans le vrai? Impossible de laisser la question sans réponse!
Pour trancher, il était nécessaire d'analyser en détail les données, et de
comparer les méthodes de travail et les argumentations. Comme mon
étude avait nécessité d'observer en finesse et de façon très approfondie la
plupart des documents disponibles ainsi que l'histoire des protagonistes,
j'ai constaté au cours de ce travail comparatif que les auteurs, principale-
ment "ufologues" ou journalistes, se sont fondés essentiellement sur des
données la plupart du temps parcellaires, non vérifiées et fausses, et sur
des raisonnements à caractère "psychologique" ou journalistique. En tout
cas, absolument pas scientifique. Question de compétence, sans doute.
J'observe que toutes ces publications sont "politiquement correctes" et de
nature à obtenir l'aval des commentateurs et des politiques: quand la
conclusion satisfait l'inconscient collectif, personne ne recherche si le
raisonnement et les données sont douteux. Je pense aussi que ces auteurs
ont une caractéristique commune: de manière inconsciente ou inavouée,
la possibilité de présence extraterrestre sur notre globe ne leur est
psychologiquement pas tolérable. Question de maturité du schéma
mental, sans doute.

33
Même si ma découverte fait sensation, ce n'est pas mon objectif, lequel
est d'informer et de communiquer des résultats. Obtenus dans les condi-
tions que je considère comme nécessaires à leur sérieux: des données
solides, vérifiées et contrôlables par les tiers, "traçables", et une méthode
dans 1'esprit scientifique.
J'ajoute que pour moi, un auteur honnête engage sa responsabilité en
matière de qualité d'information et que c'est pour lui un devoir moral de
l'assumer auprès de ses lecteurs qui ne sont pas là pour vérifier. A moins
de bien préciser qu'il écrit "du roman", ce qui n'a plus, dès lors, rien à
voir avec la réalité. Ecrire des erreurs [errare humanum est. .. ] à longueur
de pages [sed perseverare diabolicum!], des incohérences ou contradic-
tions, voire des inepties [évaluées à l'aune de la logique scientifique], est
pour moi un acte grave de tromperie de la confiance des lecteurs.
A la suite de ce constat, il ne paraissait pas raisonnable d'instruire un
"procès" aux publications et travaux antérieurs. En revanche, et quitte à
être un peu polémique à l'occasion de l'une ou l'autre évocation, je n'ai
pas manqué de souligner ce qui, à mon avis, n'était pas digne d'un travail
objectif et d'esprit scientifique.
A quoi peut servir de chercher la vérité, si celle-ci n'est pas reconnue
comme "possible" ou peut être "logiquement" refusée? La réponse à
cette question a son importance, mais n'a pas freiné mon élan, ce qui me
permet de présenter comment j'ai pu trouver la "mécanique" de cette
langue.

Après une description, nécessairement limitée, de ce que nous connais-


sons de la civilisation ummite, vous aborderez cette autre vision du
monde, mais sous l'angle de la vulgarisation scientifique avec l'expli-
cation donnée pour les voyages.
Je conclurai par un bilan de nos attitudes actuelles de recherche sur la vie
extraterrestre et ce que nous pouvons en attendre.
Cette découverte est suivie, pour asseoir scientifiquement les bases
de mes affirmations, du Précis du système idéophonémique. J'expose
dans cette deuxième partie, l'ensemble des conditions du travail
linguistique, les unités signifiantes de cette langue que j'ai identifiées,
ma réflexion sémantique, et la démonstration de l'impossible rattache-
ment tant de la langue que du mode de pensée aux patterns terriens. Les
dictionnaires étymologiques des noms communs, noms propres et
expressions rencontrées, font l'objet de la troisième partie (sur CD
ROM uniquement, disponible sur commande à l'aide du bulletin en fin
d'ouvrage).

34
Les documents ummites ont été diffusés de façon très restreinte et
contrôlée, principalement entre 1966 et 1974. Les auteurs soulignaient
qu'il serait préjudiciable au développement terrien que la connaissance
de leur existence soit portée au grand public. C'est leur argument princi-
pal pour une non-diffusion. La consigne a été globalement bien respectée
sur les quelques trente ans passés.
Mais en insérant dans les textes des éléments de leur langue qui, une fois
compris, valident et éclairent la culture qu'ils décrivent, ils ont manifesté
la volonté de communiquer. En procédant à la diffusion de leurs documents,
en Espagne, même pour une expérience présentée comme psychosocio-
logique, ils ont pris le risque d'une prise de conscience. Sinon, ils
n'auraient pas donné autant d'indications.
En prévoyant que la compréhension ne viendrait que bien plus tard? Sans
doute, puisqu'il aura fallu plus de trois décennies pour qu' apparaisse
cette première approche permettant d'élucider en partie le mystère de
cette langue.
J'estime exercer ici ma liberté d'homme de la Terre et j'emprunterai la
formulation suivante à un de leurs documents, en les paraphrasant:

Les quelques éléments, assimilables dans leur ensemble à une "preuve",


que j'apporte ici ne sont rien à côté d' une présentation massive, et de
toutes façons: "Ils (les Terriens) ne me croiront pas!"

Combien d'autres années faudra-t-il pour que l'idée de la réalité de leur exis-
tence soit admise? Les Terriens auront-ils alors atteint à leurs yeux un niveau
de maturité suffisant pour supporter le choc d'un contact plus "structuré"?

Conventions
Ces documents existent et leurs auteurs se nomment eux-mêmes "les
Ummites" (version francisée de l'expression espagnole originale "Los
Ummitas"). Certains ont voulu conserver la sonorité de l'appellation
d'origine et ont transcrit "Les Oummites" en français. Sans pour autant
cautionner d'avance leur provenance, j'ai gardé l'appellation simple et
1'orthographe d'origine, malgré sa non-concordance phonétique avec
notre langue. Je me tiens, quant à moi, à la dénomination "les Ummites",
pratique pour désigner les signataires de ces curieux documents.
Je me suis efforcé de limiter les citations des textes originaux, pour ne pas
alourdir le récit. La démarche scientifique authentique voudrait que le
lecteur puisse prendre connaissance, à 1'occasion de chaque affirmation, du

35
texte qui la justifie. J'ai généralisé, autant que faire se peut, la mention de
la seule référence au document et, si possible, à la page. En utilisant un
système simple qui est décrit dans la partie linguistique, à propos des bases
documentaires. Lorsque la citation de l'original m'a paru nécessaire, j'en
ai mis le texte en italique, quelle que soit la partie concernée du travail:
toutes les citations des textes ummites originaux sont en italique.
Lorsque je rapporte des propos ou des écrits d'autres auteurs, ils ne sont
pas en italique, mais dans une autre police de caractères, pour bien les
différencier.
Lorsque je renvoie à une référence bibliographique, celle-ci est toujours
entre parenthèses, et comporte le B majuscule, par exemple (86), pour
faire la différence avec d'autres notes.
Les auteurs se disent extraterrestres. Donc porteurs possibles d'une
culture témoin d'idées ou de perspectives qui nous sont, pour beaucoup
d'entre-elles, totalement étrangères. Or nos langues sont construites avec
un mot propre pour désigner chaque idée répertoriée. Je ne dispose donc
pas, dans nos langues, des mots capables de "traduire" ou "transcrire" les
idées que leur système linguistique véhicule. Une périphrase est souvent
trop lourde. J'ai donc décidé de fabriquer, chaque fois que je l'ai senti
nécessaire (et comme les Ummites l'ont quelquefois fait) un nouveau
mot, jugé proprement évocateur. Quitte à ne plus être, à l'occasion, en
conformité avec la langue française.

Avertissement
Fernando Sesma a été le principal destinataire des premiers documents.
Il a été plusieurs fois rappelé à l'ordre par les Ummites pour n'avoir pas
respecté, dans ses présentations, l'objectivité et la vérité des informations
qu'il recevait. Les auteurs ont ainsi manifesté leur attachement à un
principe éthique que je partage pleinement.

Afin qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, en rapport avec le grand nombre
d'éléments vrais, extraits des documents, que j'ai inclus dans le premier
chapitre, je reconnais ici avoir tenté, dans ce seul chapitre, une reconsti-
tution sur le mode romancé, et je demande par avance pardon aux
représentants de I'UMMOAELEWE, gouvernement central de la planète
UMMO, pour cette liberté.

La présente assertion est le témoin de ma bonne foi, tant aux yeux des
lecteurs terriens, qu'à ceux des frères de cette planète susceptibles de me lire.

36
1. La décision

Quelque part au nord d'Adélaïde, Australie.


12 janvier 1965 (Ere chrétienne de la Terre).

La fin d'après-midi s'annonçait splendide dans la coloration ocre rouge


dont le soleil couchant enveloppait la Terre, l'habillant des teintes cuivrées
de la latérite. YU/ 1 interrompit le lent balancement de son fauteuil à
bascule. Elle éprouvait de la difficulté à se concentrer.
La véranda qui courait autour de la maison lui donnait un faux air colonial
en protégeant efficacement des rayons parfois brûlants de notre étoile.
YU/1 en fit lentement le tour et s'assura en passant devant le salon que
son assistante était toujours présente et s'affairait.
Cela faisait pourtant plusieurs années qu'elle habitait en Australie,
précisément en bordure du Barossa et c'est elle qui en avait fait le choix,
mais elle éprouvait très souvent de grandes difficultés à neutraliser
ses émotions. La contemplation de ces paysages provoquait presque
toujours un mélange de sensations de félicité plastique, d'admiration, de
bonheur esthétique qui la détournaient de la profondeur nécessaire de
sa pensée.
YU/1 était une frêle jeune fille paraissant tout juste ses 19 ans terriens,
avec des cheveux très blonds, mi-courts et à peine ondulés. Quelque
chose d'indéfinissable se dégageait de son visage à la fois presque enfan-
tin et sérieux, peut-être le teint ou la texture de sa peau, cette couleur
très pâle, d'apparence laiteuse malgré l'absence de maquillage. Ou alors
l'impression que l' aspect de douceur, un peu tendue, de sa peau n'était
pas naturel et l'intuition rejetait immédiatement l'idée qu'à son âge, elle
pouvait avoir déjà subi un lifting. Cette curieuse impression, heureuse-
ment fugitive, disparaissait instantanément dès que son visage s'animait,
en particulier lors des conversations.
Douée de douceur et d'une infinie patience, elle était redoutablement
intelligente et adaptable. Ce qui lui avait valu de se retrouver ici, par

37
délégation de l'UMMOAELEWE, gouvernement central de la planète
Ummo, comme chef de la communauté ummite sur Terre.
Dès son plus jeune âge, ses parents et les instances éducatives complé-
mentaires d'Ummo avaient détecté chez elle un fort potentiel, que son
entourage s'était efforcé de l'aider à développer. Elle était encore en
phase d'éducation en milieu familial quand fut rendue publique la nou-
velle de l'enregistrement de signaux intelligents en provenance d'une
étoile naine non spécialement surveillée. L'exploration qui suivit permit
de situer la Terre comme planète du Soleil et de constater qu'une inves-
tigation sur la planète elle-même était possible. Les conditions iso-
dynamiques de l'espace semblaient compatibles avec un ou plusieurs
nouveaux voyages. Le gouvernement central ordonna l'expédition, car il
est éthique d'explorer sans perturber et de compléter la connaissance que
l'homme peut avoir de l'Univers et participer ainsi à l'œuvre du Créateur.

YU/1 avait tout juste 1'équivalent de 5 ans terriens (le temps n'est pas le
même partout, contrairement à ce que croient les Terriens) quand les
premiers explorateurs délégués par la planète Ummo se posèrent sur la
Terre, le 28 mars 1950, dans le sud-est de la France. Elle entra à l'Uni-
versité à presque 12 ans, par dérogation à l'âge normal de 13 ans et demi.
Le gouvernement central avait déjà connaissance de son profil d'identité
psychodynamique et pressentait pour elle une activité extraordinairement
enrichissante. Elle avait brillamment intégré l'unité de Psychosociologie
et s'était spécialisée en Psychosociologie Interplanétaire.
Ce choix s'était fait sur une forte suggestion du corps enseignant et devait
aboutir à l'activité professionnelle qui lui autoriserait la meilleure effi-
cacité, donc le meilleur rendement. Cela lui plaisait bien, et chercher à
comprendre le système logique et la hiérarchie des valeurs d'autres
systèmes de pensée de la Galaxie devait être enthousiasmant. Elle pour-
rait ainsi accumuler des équivalents de bonne contribution qui, une fois
sa mission terminée, lui donneraient, de retour sur Ummo, accès à des
formes de confort ou de luxe satisfaisantes, pour autant qu'elle continue
à valablement exploiter son potentiel.
Il lui avait été difficile de se convaincre que le profil idéal correspondait
à une "explanétisation" à l'âge même où toute jeune femme ummite se
doit de participer à la reproduction planétaire comme élément cofonda-
teur d'un groupe à base homme-femme, que les Terriens appellent une
famille. Elle avait déjà accepté la demande préliminaire d'un étudiant en
sociopsychologie et commencé à nouer des relations à visée amoureuse
et destination conjugale avec lui.

38
-Vos relations ne pourront valablement s'épanouir que si votre possible
futur vous accompagne sur Terre. Malheureusement il est exclu que
l'enfant, fruit incontournable et voulu de votre union, soit éduqué sur
cette planète, où nous ne disposons d'aucune structure et d'aucun
équipement suffisant à cet effet. Il n'est en plus pas certain, compte tenu
de son profil psychodynamique, que votre présumé futur conjoint sup-
porte assez longtemps le séjour sur cette planète où tout est assimilable,
mais vraiment différent. Enfin, vous savez que l'état de jeune mère
implique que tout votre temps soit consacré au développement du futur
citoyen d'Ummo que constitue l'enfant, excluant toute activité profes-
sionnelle jusqu'à sa mise à disposition de la collectivité.
- Les paramètres de votre identifiant psychosomatique vous désignent
en priorité pour cette mission, contribution essentielle à la maîtrise de
connaissances cosmiques nouvelles, en particulier à la vérification de
certaines hypothèses sur la communication entre "consciences collectives
planétaires".
Elle avait envisagé de manifester un quelconque regret, à l'énoncé de
cette sorte de verdict. En fait elle avait renoncé, elle savait qu'elle n'avait
pas le droit moral de refuser et qu'elle se devait d'accepter: c'était pour
le bien de la société ummite toute entière, et cela passait bien évidem-
ment avant ses perceptions différentes, que les Terriens appellent souvent
les émotions et quelquefois les sentiments.

Après une brève formation très spécialisée, elle avait donc pris place
à bord d'une nef de convoi en direction de la Terre. Les conditions
isodynamiques exceptionnelles (le plissement hyperspatial était profond
et semblait assez durable) laissaient entrevoir un voyage superbement
rapide d'environ quatre mois. Leur dégradation en cours de "vol" aboutit
à une durée de presque six mois. La Terre, destination du voyage, était
distante de presque 15 années-lumière par les géodésiques de l'espace
tridimensionnel sensoriel naturel. Y parvenir en à peu près six mois
représentait une belle performance, mais le voyage avait été désespérant
de platitude et d'ennui. Elle avait pu, bien sûr, compléter sa connaissance
de la Terre et des Terriens en travaillant sur tous les dossiers télé-acces-
sibles et comptes rendus disponibles, envoyés par les "explorateurs" qui
l'avaient précédée. Ce qui manquait le plus dans la nef, c'était l'espace
réel pour se mouvoir et la sensation physique globale de participation à
la nature. On ne ressentait heureusement pas trop la charge de la présence
des autres expéditionnaires. En aucun cas il ne pouvait y avoir plus de
douze passagers. Bien sûr, les systèmes de reconstitution des sensations

39
de n'importe quel environnement étaient parfaits, on y percevait même
l'infinie variété des senteurs de promenade dans les sous-bois; on pouvait
dessiner, sentir dans ses mains le contact de n'importe quel objet ou entrer
en dialogue télépathique avec n'importe quel interlocuteur, exactement
comme sur la planète Ummo.
Ce qu'elle avait psychologiquement le moins bien supporté, c'étaient ces
alertes intempestives aux accélérations. JI fallait se hâter de revêtir la
partie supérieure de la combinaison d'accélération, pour protéger sa tête
et s'isoler, avant de se sentir englouti dans la gelée d'immobilisation. La
sensation globale de flottement n'était pas désagréable, un peu comme
dans une espèce de fromage blanc battu, mais on ne savait jamais
vraiment combien de temps cela allait durer...
En prenant ses fonctions, à l'arrivée sur Terre, elle n'avait pas échappé
aux regards désapprobateurs, mais soumis, des hommes sous ses ordres
et sa responsabilité. Elle savait que 1'exercice hiérarchique professionnel
était toujours délicat pour une femme, qui se devait d'être, par nature,
soumise à l'autorité de l'homme dans la cellule du couple.

YU/1 se rassit dans son fauteuil et arrêta un instant son regard sur les
alignements réguliers de ceps de vigne, en contrebas sur la droite et dont
elle devinait les grappes bientôt matures. Elle aurait bien voulu pouvoir
goûter ce liquide que les Terriens nomment le vin. Elle connaissait par
cœur sa composition chimique et les effets néfastes, voire destructeurs
que son délicat arôme et sa couleur masquaient. Sa responsabilité d'ex-
péditionnaire d'Ummo lui interdisait, comme à tous les autres de l'équipe
terrienne, d'essayer seulement d'y goûter. Les Terriens ne savaient pas
tout le mal qu'ils se faisaient, indépendamment des problèmes liés à la
quantité absorbée.

Elle avait pris connaissance en détail de la situation globale de la Terre et


des problèmes possibles qu'il faudrait gérer. En consultant les rapports
transmis à Ummo par ses prédécesseurs sur blocs de titane, elle avait
presque vécu comme eux l'aventure de l'exploration de la Terre.
Une première impression de noyade sous le flux des informations
contradictoires et étonnantes de cette planète: un très grand nombre de
peuples, de cultures et de langues. Ummo n'avait qu'un peuple et une
culture unique, commune. Une gigantesque segmentation du sol qui
avait dû être à l'origine de cette variété de races, inimaginable sur Ummo.
Une très grande diversité de la flore et de la faune, bien plus que sur
Ummo. Et un atout excellent pour l'investigation: ces peuples semblaient

40
incapables de suffisamment se connaître et se comprendre pour identifier
un réel intrus.
Presque deux années terriennes avaient été nécessaires aux six membres
du premier équipage pour rassembler un minimum d'informations jugées
critiques et se familiariser avec le système linguistique français d'abord,
préparer la venue d'autres équipes et leur installation dans d'autres pays.
Il avait aussi fallu s'acclimater à cette notion nouvelle qu'était l'argent et
à son rôle fondamental dans la vie de la planète. Cela n'était pas sans
rappeler une époque des temps reculés où sur Ummo on avait eu une
pratique qui pouvait s'en rapprocher.
Parmi toutes les informations recueillies, celles concernant la "gestion"
des Etats et leurs relations étaient préoccupantes. Il y avait une grande
différence, quelquefois énorme, de développement techno-culturel entre
les peuples, et les pays semblant les plus dynamiques sortaient d'un conflit
quasi planétaire, après avoir utilisé une arme de technologie avancée. Les
bombes à fission larguées sur Hiroshima et Nagasaki quelques années
plus tôt étaient les témoins d'une connaissance indéniable des principes
d'équivalence énergétique. Cette maîtrise avait été notée en complet
décalage avec le niveau de développement socioculturel, jugé basique-
ment élémentaire par les expéditionnaires précédents. Il n'y avait aucune
prise de conscience des réalités planétaires. A la décharge des Terriens, ce
phénomène ne pouvait intervenir qu'après le commencement réussi de
leur "conquête spatiale". On ne peut voir derrière soi que si l'on a la capa-
cité de se retourner et un sens suffisant de 1' espace. Les expéditionnaires
ummites avaient même employé une image concernant des bébés jouant
avec un pot de nitroglycérine! Et c'était avant que ne commence le déve-
loppement des bombes à fusion, que les Terriens appellent thermonuclé-
aires! Et leurs cartons contenaient déjà les projets d'armes à neutrons...
Les années suivantes, après dissémination des explorateurs ummites en
toutes petites équipes sur l'ensemble de la planète, avaient confirmé le
fait et établi de façon exhaustive la richesse culturelle extraordinaire de
cette planète autant par 1'étendue et la diversité de son biotope que par
ses acquis humains comme la musique, la peinture et la sculpture, litté-
ralement inconnus ou à peine balbutiants sur Ummo. Il y avait, en plus,
cette phénoménale ressemblance physique qui permettait, enjouant sur la
variété des types d'humains terriens et leur méconnaissance mutuelle, de
se faire passer simplement pour originaire d'un pays du nord de l'Europe,
sans attirer plus l'attention. La peau plutôt claire, rétive à l'action du
soleil, la pilosité franchement blonde et la taille un peu supérieure à une
honnête moyenne étaient acceptées sans plus de questions.

41
La tension perceptible dans ce que les Terriens appelaient encore la
"guerre froide" avait été soumise à l'analyse prédictive de risques. Il en
était ressorti, comme d'habitude, une échelle de probabilités. Et celle
d'un nouveau conflit à dégénérescence nucléaire étendue n'était pas
négligeable.
En quelques années, les expéditionnaires et le gouvernement central
d'Ummo avaient acquis la certitude que le potentiel destructif global de
la planète avait gagné plusieurs ordres de grandeur et qu'il était parvenu
à un niveau où sa mise en œuvre aboutirait certainement à l'anéantisse-
ment du biotope terrien. Sans doute à travers de lentes convulsions
météorologiques et radiatives, mais inéluctables.
L'expérience de la planète OOYAEBEEM avait marqué les esprits sur
Ummo. Les signaux électromagnétiques, témoins de la vie intelligente
sur cette planète, étaient parvenus par 1'espace sensoriel naturel, après un
cheminement de plus de 9.000 ans. Malgré la rapidité relative du voyage
par changement de cadre tridimensionnel, les explorateurs envoyés par le
gouvernement central étaient arrivés sur une planète vitrifiée, après la
destruction totale de son biotope, intervenue quelques 6.000 ans aupara-
vant. Quelle tristesse de voir que les intelligences avaient été mises au
service des rivalités destructives, et avec quelle efficacité! au lieu de
participer à l'œuvre du Créateur par contribution à l'accroissement de la
néguentropie cosmique.
Le Créateur a donné à l'homme, en tant qu'entité consciente intégrée à
l'Univers, le libre arbitre de gestion de sa conduite. S'il s'écarte de la
voie tracée de la morale cosmique de la création en provoquant sa propre
destruction, il aura lui seul à répondre de ses actes lors de sa mort
physique, tentative d'intégration à la conscience collective de sa planète.
Dans ce sens, supputait YU/1, il suffisait d'observer la Terre et de laisser
faire en organisant un possible abandon de la planète en cas de trop grand
risque.
Ce qui fut d'ailleurs mis en œuvre quelque deux ans plus tard, en juin
1967, à Madrid, au moment de la guerre des six jours entre Israël et
l'Egypte. YU/1 ne pouvait bien évidemment pas savoir en ce début 1965
qu'elle serait encore la responsable du corps expéditionnaire terrien à ce
moment-là et qu'à ce titre, elle donnerait elle-même l'ordre d'abandon
provisoire de la Terre.
On pouvait donc considérer comme éthique de ne pas intervenir.
D'un autre point de vue, la Terre représentait un état de développement
comparable à ce qu'avait connu Ummo dans des temps anciens, et consti-
tuait un terrain inespéré d'expérimentation. Tout à la fois dans le domaine

42
de la communication possible entre les "consciences collectives plané-
taires" et dans celui de la télépathie. Dans ces conditions, il était éthique
d'organiser la disparition du risque d'autodestruction de la planète. Cela
permettait d'assurer, dans le même temps, la conservation de ce patri-
moine biotopique et culturel si riche, très certainement unique, et sans
équivalent connu. Mais il s'agissait là d'une ingérence.
YU/1 avait activement participé aux dernières discussions à ce sujet.
Des essais de contact isolé avaient été entrepris avec des Terriens d'un
niveau intellectuel jugé suffisant, tant en France qu'en Espagne, mais
s'étaient tous soldés par un échec cuisant: aucun n'avait pris au sérieux
l'origine présentée extraterrestre des documents. Et pourtant c'était une
condition spécialement fondamentale de l'expression de la vérité!

Une question restait en suspens, et de taille. Plusieurs méthodes d'inter-


vention possibles au niveau microsocial avaient été évaluées. Il était
apparu qu'intervenir pour empêcher un conflit irrémédiable n'avait de
sens que si l'action en supprimait définitivement le risque de réappa-
rition. Ce qui ne pouvait se concevoir, pour être efficace et accepté, sans
une participation minimale des hommes de la Terre. Il fallait donc, dans
cette optique, s'assurer le concours d'un certain nombre de Terriens et
pour cela, établir le contact.
D'autre part, une très grande moisson culturelle avait été faite sur la Terre
et de nombreuses copies d'œuvres d'art, sculptures, peintures, œuvres
musicales avaient été réalisées à l'insu des Terriens et rapatriées sur
Ummo. Il était éthique de les dédommager en leur donnant, par exemple,
quelques éléments technoscientifiques et socioculturels, assimilables et
peu déstabilisants, de la culture de la planète Ummo.
WIIBEAN43 avait fait valoir que ce contact, quel qu'en puisse être
la forme, serait un élément grave de perturbation de l'équilibre psycho-
culturel des Terriens. Qu'il induirait chez les Terriens des comportements
nouveaux qui déformeraient à coup sûr le déroulement normal de leur
évolution. L'image qui en serait collectée après coup s'en trouverait
altérée. De ce fait, il le considérait comme non éthique et à résultat
probable inverse de celui recherché.
YU/1 avait insisté sur la possibilité, ouverte à cette occasion, d'explorer
encore mieux le psychisme étonnant des Terriens et d'en mesurer la
capacité évolutive. Elle était spécialiste en psychosciologie interplanétaire
et estimait que les réactions globales, et surtout les réactions individuelles
ciblées, donneraient de précieux renseignements dynamiques sur l'état de
développement psychocérébral de 1'espèce des hommes de la Terre.

43
Et de toutes façons, il ne suffisait pas de tenter d'entrer en contact. Les
Terriens pourraient très bien le refuser, inconsciemment peut-être, en ne
reconnaissant pas de réalité à une manifestation trop discrètement extra-
terrestre. Une contradiction importante était apparue. Si les Terriens ne
pouvaient admettre psychologiquement l'existence de non-terriens sur
leur planète, ne risquait-on pas d'être obligés de se dévoiler de façon
trop convaincante, à seule fin d'être reconnus comme tels? Avec quels
arguments? Et dans ce cas, de nécessairement intervenir de façon trop
importante, au-delà de l'éthique admissible, dans la progression de leurs
acquis techno-culturels?
Les arguments échangés étaient graves et importants, et YU/1 avait jugé
nécessaire d'en référer au Gouvernement Central d'Ummo, pour décision.

Les communications se faisaient naturellement par voie télépathique, le


plus souvent en passant par l'intermédiaire de OEDEE/95 qui assumait
les fonctions de OGIIA (chef) sur Ummo de la coordination des expé-
ditionnaires sur Terre. Alors qu'il était âgé de 31 ans terriens, il avait
lui-même fait partie de la première mission d'exploration comme
Directeur des expéditionnaires.
Cette faculté de correspondre et de converser à toute distance dans
l'Univers, en temps réel et sans apparemment être tributaire de la vitesse
limite (les Terriens l'appellent "vitesse de la lumière") de l'espace tri-
dimensionnel sensoriel naturel, serait sans doute encore plus difficile à
admettre et à comprendre pour les Terriens que la réalité des voyages
interplanétaires dans des conditions de durée acceptable.

Il leur faudrait d'abord prendre conscience et accepter que l' Univers


n'est pas tel qu'ils croient le connaître. L'être humain éprouve des sensa-
tions physiques, reflets de ses perceptions sensorielles du monde qui
l'entoure. Quelle que soit sa planète. Et ces sensations ne sont qu'une
image mentale de la réalité. Jamais nous ne saurons la véritable nature de
cette réalité. Il y avait bien longtemps que ce seuil de maturité indis-
pensable avait été franchi sur Ummo.

YU/1 se dit que le délai nécessaire à la décision devait arriver à son


terme.
Plus chaud que Iumma, étoile de Ummo, le soleil baissait assez
rapidement sur l'horizon. YU/1 trouvait les couleurs du crépuscule si
différentes qu'elle ne se lassait pas d'en profiter, les gammes des orange
et des rouge, sombres par endroits, se mêlaient au travers des minces

44
filets nuageux. Des tons doux, comme veloutés et cyannés envahissaient
lentement et sûrement les grands espaces de voûte céleste visibles. La
nuit n'allait pas tarder à s'installer, libérant la vue à l'infini sur les étoiles
de l'Univers, expression cosmique perceptible de la transcendance de
la Création.
Elle ne fut donc pas surprise, tout juste interrompue dans sa béatitude
méditative, lorsqu'elle perçut la demande télépathique de I'OGIIA des
expéditionnaires sur Terre. Après les échanges de salut traditionnels, il lui
donna rapidement les conclusions du gouvernement central: elles allaient
dans son sens et autorisaient le contact avec les Terriens, mais en le com-
plétant de conditions restrictives, plus draconiennes que celles qu'elle
avait spontanément envisagées.
De plus, compte tenu du climat psychologique difficile et de presque
affrontement avec WIIBEAA/43, I'UMMOAELEWE avait décidé
qu'une confirmation exceptionnelle complète et motivée des instructions
arriverait sur bloc de titane par la prochaine navette avec la Terre.
En attendant, les conditions seraient développées lors d'un prochain
contact télépathique commun avec WIIBEAA/43.

YU/1 se sentit soulagée. Quoiqu'elle s'en défendît, cette attente avait fait
monter en elle une sorte de tension. Sa position de chef hiérarchique des
expéditionnaires sur Terre lui déléguait tous les pouvoirs, y compris les
plus sévères vis-à-vis de ses frères planétaires en investigation avec elle.
Elle n'avait de comptes à rendre qu'au gouvernement central d'Ummo et
I'OGIIA n'était qu'un opérationnel destiné à l'assister dans Je traitement
des problèmes qui ne devaient pas remonter jusqu'à l'instance suprême.
Si la décision du gouvernement central avait été négative, donc conforme
aux objections de WIIBEAA/43, elle l'aurait perçue comme une manière
de désaveu. En quelque sorte, les quatre hiérarques lui avaient renouvelé
leur confiance.
Son visage sembla se détendre doucement, en réponse à la vague nais-
sante des ondes de satisfaction intérieure qui commençaient à la parcourir
de la tête aux pieds. Elle prit un réel plaisir à cette sensation dont le début
se manifestait invariablement par une perception de douce caresse sur la
nuque, dans une sorte de léger frisson à l'effleurement d'une main invi-
sible. Elle regretta d'être seule et aurait bien prolongé ce bien être par un
long moment d'épanouissement sexuel...

Le lendemain, à l'issue de la conférence télépathique avec l'OGIIA, les


conditions détaillées des contacts avec les Terriens étaient connues.

45
Il fallait:
- Que les tentatives de contact soient à sens unique, et garanties sans
possible remontée aux auteurs, pour ne pas induire une crédibilisation
trop grande,
Que les pays concernés soient limités en nombre, et parmi les plus
développés pour que le transfert d'information soit acceptable par les
destinataires,
- Que toutes les garanties possibles soient prises pour que les informa-
tions fournies soient un reflet objectif de la réalité, descriptif et non
démonstratif, mais correctement assimilables et supportables par les
Terriens,
- Qu'elles ne soient pas susceptibles de perturber le cours normal de
l'évolution des connaissances sur la planète Terre, en particulier
par apport d'informations trop rapidement exploitables, bien que
transcendantes,
Qu'elle, YU/1, soit personnellement responsable des contenus, et
qu'elle s'organise donc pour les avaliser, tous, avant diffusion,
Pour les détails de mise en œuvre, I'UMMOAELEWE faisait toute
confiance à l'équipe déléguée sur Terre sous sa responsabilité.

Si elle avait obtenu gain de cause, YU/1 comprit vite que le niveau de
préoccupation avait changé: il s'agissait maintenant de passer aux actes,
en conformité avec les instructions des hiérarques et la formulation du
dernier point était une invitation pressante à ne pas décider seule.
WIIBEAN43 avait accepté normalement la décision du gouvernement
central. Tout individu en pleine possession de ses droits de citoyen
d'Ummo avait le droit, sinon le devoir, de faire part à son supérieur de
son désaccord sur un projet ou une décision. Mais une fois que la déci-
sion avait été prise, il se devait de participer à sa confirmation exécutive.
YU/1 l'avait bien compris et l'avait intelligemment invité à contribuer à
la mise sur pied de la définition détaillée du plan de contact avec les
Terriens. Un certain nombre de ses arguments n'étaient pas sans fonde-
ment et elle respectait ainsi les instructions du Conseil Gouvernemental.

De multiples réunions furent nécessaires pour évoquer la large variété de


scénarios possibles. Il fallait donner des détails décrivant la vie sur la
planète Ummo, mais il fallait trouver un équilibre idéal, puisque
l'instruction principale du gouvernement central était de ne pas bousculer
les convictions des destinataires de l'information. Il fallait arbitrer et
YU/1 avait ainsi précisé que le choix était entre (j'emploie ses termes):

46
1- ou bien donner beaucoup de détails sur notre vie, la vie animale qui
nous entoure, les plantes, les saisons, le climat, toute notre histoire
etc .. . et dans cette hypothèse deux cas, puisque nous sommes en
logique non transcendante:
ou bien la majorité des éléments que nous donnons de notre vie ne
diffère pas sensiblement de celle de nos interlocuteurs, et notre
présentation ne sera pas crue, puisque immédiatement assimilée à du
mauvais roman, écrit en paraphrase de la vie réelle. Cela donnera très
probablement lieu, compte tenu des observations déjà faites, à une
prolifération massive de littérature de commentaires cherchant à
démontrer l'origine romanesque de l'information. Situation d'échec
en regard de la volonté de transmettre une information vraie, mais
assimilable.
- ou bien la majorité des éléments que nous donnons de notre vie diffère
tellement de celle de nos interlocuteurs que son récit recevra iné-
vitablement le qualificatif de science-fiction (et ne sera donc pas
acceptée comme réel possible), à la portée de n'importe quel auteur
en quête de faire valoir de son imagination. Cela donnera très
vraisemblablement naissance à une forme de littérature de commen-
taires, dans laquelle les auteurs chercheront, par tous les moyens, à
faire valoir leur thèse: c'est du roman. Situation d'échec, ici aussi, par
rapport à l'objectif d'informer.
2- ou bien nous ne donnons pas d'informations de crédibilisation de
notre réalité, et nous sommes en complète contradiction avec notre
volonté de faire connaître notre existence.
Pour faire face à ces deux situations d'échec (par rapport à notre volonté
de donner la vérité, dans les conditions optimales de son acceptation),
YU/1 avait proposé judicieusement de montrer que nous, Ummites,
sommes des êtres conscients, de procéder par petites touches suggestives,
en léger décalage, de faire percevoir notre existence et nos différences
par des chemins de découverte suggérée, en intégrant par exemple des
échantillons savamment dosés de notre langue, quelques informations
techniques qui seraient un jour validées par les Terriens, etc ... et l'ensemble
conduirait un jour ou l'autre à une déduction de la réalité très probable de
notre existence.
La caractéristique psychologique terrienne actuelle étant de rejeter systé-
matiquement, et sans examen, tout ce qui n' a pas été trouvé et "établi"
par des Terriens, ou ce qui n'est tout simplement pas en conformité
avec leurs acquis et les théories qu'ils en ont déduites, il ne sert à rien
d'affirmer, il faut provoquer, conduire à la réflexion, et faire trouver...

47
Cette forme de présentation avait le mérite de tenir compte de la réalité
mentale des Terriens et des objections qu'avait faites WIIBEAA/43.
Evidemment, les précautions psychologiques nécessaires à cet effet et les
éléments réclamés par l'investigation plus poussée sur le comportement
mental des Terriens risquaient d'induire chez eux l'impression d'être
l'objet d'une expérience psychosociologique, d'être manipulés. Après
tout, c'était un peu le cas, mais c'était de leur faute: ils se montraient le
plus souvent incapables d'accepter l'idée même des réalités extérieures à
leurs schémas mentaux. Certains scientifiques allaient en éprouver un
sentiment de malaise, mais c'était le prix à payer pour un accès à d'autres
formes de connaissances.
Donner trop de détails serait de toutes façons au moins inutile, sinon
nuisible et en contradiction avec notre volonté de faire connaître la vérité
de notre existence.
Telle avait été la conclusion de la réflexion de YU/1. WIIBEAN43 avait
accepté normalement cette attitude et YU/1 décida de fixer les principes
qui seraient respectés dans la mise en œuvre du plan de contact.
Les pays sélectionnés pour cette tentative de contact microsocial furent
limités au nombre de cinq. La France avait été envisagée, mais outre
qu'elle avait déjà été distinguée, bien involontairement, dans la première
prise de contact avec la planète, son système de pensée dominant et
centralisé avait été jugé beaucoup trop rigide et d'un cartésianisme trop
sclérosé pour espérer une qualité de contact efficace. Il était nécessaire,
surtout, que la phonétique de la langue des pays choisis soit directe et
sans ambiguïté, ce qui éliminait encore la France; avec une transcription
simple des phonèmes, et si possible sans diphtongues. Une dictée sans
incertitude, c'était la condition indispensable à l'efficacité de la voie
"sonore" de la communication pour l'initiation à la langue. L'écriture n' étant
qu'un moyen accessoire de transmission de l'information, l' expression
orale restait le seul moyen possible.
Ce serait d'abord l'Espagne, deuxième pays d'accueil sur Terre après la
France, dont les traditions scientifiques n'avaient pas marqué l'Histoire.
Si les tentatives étaient couronnées de succès, il y aurait tôt ou tard
osmose des informations entre les pays de l'ouest européen.

YU/1 avait insisté pour qu'ensuite soient sélectionnés le Canada et


l'Australie, terres d'immigration dans lesquelles elle pensait qu'un
blocage intellectuel en rapport avec les traditions a moins de chances de
s'imposer. Elle avait jugé qu'en effet, les immigrants sont d'abord ouverts
à toutes les situations de nouveauté et le respect des connaissances ou des

48
traditions n'est pas vécu dans leur communauté comme un frein structurel;
tout juste peut-être à titre de culte des racines, mais ne saurait induire un
blocage actif. Dans ces pays, l'homme terrien est d'abord un immigrant
avant de revendiquer ses origines. Un peu comme celui d'Ummo, quand
il lui faut changer de colonie. Deux autres pays furent retenus et il fut
convenu qu'aucune trace de leur choix ne serait laissée.

Pour les contenus des messages, il était nécessaire d'en fixer les limites,
au moins formelles. Les points de vue étaient nombreux. Toutefois les
considérations émotionnelles revenaient en permanence: les Terriens ne
savaient pas faire la différence entre une réalité et les sentiments qui
l'accompagnent invariablement. Ils confondaient tout. En particulier ils
fondaient le plus souvent leurs certitudes sur des éléments d'appréciation
purement émotionnels sans tenir compte des données objectives, ce qui
avait conduit autant aux convictions erronées en matière de physique
nucléaire, qu'à la diffusion de masse de la religion catholique romaine.
Pour limiter et réduire au strict minimum l'impact des sentiments et son
corollaire de croyances à propos des messages, il fut décidé que ceux-ci
comporteraient le moins possible d'indications à caractère émotif,
comme les évocations de couleurs, d'odeurs, de toucher, d'environne-
ment végétal ou animal. A la rigueur de vue, puisque c'est le sens dont on
peut le mieux séparer les composantes émotionnelles.
Si des mentions devaient malgré tout être nécessaires, on en ferait état en
description fonctionnelle et non en forme de "vécu".
Il en serait de même pour tous les éléments détaillés de la vie ummite,
aussi bien pour ne pas trop crédibiliser que pour éviter les longs dévelop-
pements qui deviendraient, de ce fait, nécessaires. Comment justifier la
radiographie à un être qui ignore tout de la photographie et des rayons X?
Les contenus devaient donc être purement descriptifs, suffisamment didac-
tiques pour susciter une approche de compréhension et étayer la réalité de
la culture. Ils devaient être neutres en termes d'émotions ou de sentiments,
ils seraient donc à contenu presque exclusivement scientifique.
YU/1 avait fait remarquer que le manque de chaleur dû à l'absence
d'émotions dans les messages allait dégoûter les Terriens, au moins ceux
qui se qualifiaient de littéraires, d'ufologues ou de non scientifiques et
qui n'avaient pas une culture ou un esprit scientifique suffisants pour
éprouver de l'intérêt pour les messages. Ces lecteurs potentiels seraient
d'indéfectibles opposants à la réalité des Ummites: ils n'auraient pas pu
ou eu la motivation d'aller assez loin. WIIBEAA/43 soutint qu'une telle
option était au contraire très bonne, puisqu'elle limitait la population

49
susceptible d'assimiler les messages à des êtres conscients qui pouvaient
analyser sans émotion ou presque. De plus, lorsque des individus auraient
reconstitué une réalité possible des Ummites et leur volonté de contact, il
leur faudrait convaincre tous les "émotionnels" de la justesse de leur
analyse. Cela provoquerait certainement un retard considérable à la dif-
fusion de l'information, assurant de la sorte la lenteur de la "percolation"
de l'idée de présence extra-terrestre que lui, WIIBEAA/43 avait accepté
de cautionner, à contrecœur. En plus, pour que l'idée soit officiellement
admise parmi les Terriens, il faudrait qu' ils ouvrent un débat, ce qui
semblait un préalable à la garantie de l'acceptation par tous. Cela lui
paraissait une étape indispensable pour une intégration "naturelle" de
l'information dans le processus normal du devenir des Terriens. Et retardait
d'autant, là aussi, à sa grande satisfaction, l'échéance vraisemblable.
Il faudrait toutefois être très vigilant dans le dosage, puisque certains
documents allaient être lus en public dans les réunions des clubs. Le point
de vue de YU/1 s'était facilement imposé dans ce domaine: la lecture à
haute voix, assortie de commentaires, était une source inestimable
d'informations sur la structure psychique du lecteur et des intervenants
dans la discussion. En particulier en considérant la qualité de la formu-
lation. On aurait aussi une idée des structures de perception spatiale et
des "sphères" de perception des émotions et sentiments.
Afin de prendre encore plus de précautions au regard des réactions d'une
prise de conscience trop "brusque" de la réalité ummite par les Terriens,
il fut aussi décidé que les informations réelles seraient fragmentées "au
hasard" des documents et abordées partiellement à chaque fois. De telle
sorte qu'il faudrait que les Terriens réunissent tous les documents et
qu'ils en fassent une nouvelle synthèse complète pour obtenir l'informa-
tion, dans son intégralité exploitable.
Il suffisait alors de mettre en place des conditions de diffusion limitée,
avec pour sanction l'arrêt ou le ralentissement de l'information. Le
système allait ainsi s'auto-contrôler: s'ils diffusaient trop, ils n'auraient
pas tous les documents, en tous cas pas assez de documents. S'ils les
avaient tous, c'est qu'ils ne les auraient pas diffusés. La lenteur réelle de
la diffusion de l'information complète était ainsi acquise.
WIIBEAA/43 avait proposé un niveau supplémentaire de fragmentation
qui avait été retenu. L'idée principale était toujours de s' assurer que
l'information de "réalité reconnue" de la culture ummite s'intègrerait
dans le processus évolutif des Terriens, sans dommage. C' est-à-dire en
complète compatibilité avec un niveau minimum de maturité cosmique, en
particulier en termes d'agressivité potentielle. L'animal se sent agressé par

50
une "présence" étrangère sur son territoire. Et réagit par une "agression"
de rejet. Ce qui fait la noblesse de l'homme, par rapport à l'animal, c'est
sa capacité à évaluer la "menace" qu'une présence peut représenter, et non
à interpréter directement celle-ci en termes d'agression, immédiatement et
de manière animale.
Il fallait, avait-il fait valoir, que les hommes de la Terre aient compris que
la capacité de faire le voyage interplanétaire était le témoin de la maîtrise
de 1'énergie à une échelle énormément supérieure à ce qu'ils connais-
saient. Et que cette dépense ne pouvait se justifier que pour des explo-
rations. Certainement pas pour un objectif de destruction parfaitement
contraire au geste d'investigation. Jamais aucune civilisation galactique
n'a pu constituer une menace pour une autre. Quand l'agressivité est trop
grande et échappe au contrôle de la raison, c'est la planète qui se détruit
elle-même avant de rêver et de pouvoir en détruire une quelconque autre.
A l'inverse, si une civilisation, c'est-à-dire caractéristique d'une planète,
est parvenue à accéder aux niveaux d'énergie du voyage intragalactique,
c'est qu'elle a évidemment su ne pas se détruire à l'occasion de cette
maîtrise. Elle a ainsi atteint le seuil de maturité cosmique dont les
voyageurs sont les témoins.
Actuellement les Terriens en étaient encore au stade de l'agression répétée,
territoriale ou démographique. Comportements de niveau assimilable à celui
des temps reculés, qu'ils disaient "préhistoriques", de la lutte pour la survie.
Ils seraient réellement en mesure "d'affronter" psychologiquement la
"réalité" des visiteurs d'ailleurs, le jour où les rivalités, où les pré-
occupations de peuple à peuple auraient disparu au profit de la prise de
conscience de la réalité Terrienne en tant qu'espèce intelligente de la
Galaxie, parmi d'autres. L'homme de la Terre serait alors devenu un véri-
table OEMII, conscient à la fois de sa spécificité et des conséquences de
son isolement cosmique. Il serait alors tout à fait capable de comprendre
et d'accepter sans agressivité l'existence d'autres humains, en particulier
en cours d'exploration.
Un bon moyen de s'assurer de cette disparition des rivalités serait qu'ils
soient capables de rassembler tous les documents ummites originaux ou
sans déformations, diffusés dans les cinq pays sélectionnés. Compte tenu
des barrières de circulation de l'information, des antagonismes et de leurs
conceptions de "possession" de celle-ci, ce serait un bon test. Surtout
avec le système de contrôle de diffusion au niveau de chaque nation.
C'est d'ailleurs pourquoi il avait été décidé qu'on ne donnerait aucune
indication sur deux des cinq nations sélectionnées ...
Les informations seraient aussi disséminées au niveau des pays.

51
La connaissance complète des informations données par les Ummites ne
serait alors disponible et exploitable, dans les limites des connaissances
acquises en toute autonomie par les Terriens, qu'après rassemblement et
exploitation des dossiers complets de chacune des cinq nations choisies.
L'idée avait donc été retenue avec enthousiasme. En plus, il n'y aurait pas
de problème majeur de cohérence, puisque le contrôle suprême serait
effectué par une seule et unique personne.
Malgré tout le respect qu'il lui devait et la puissante intelligence qu'illui
connaissait, il n'était pas fâché que la responsabilité en incombât à YU/1
seule: elle lui avait un peu fait perdre la face ... vis-à-vis des hiérarques.
Il avait été tellement convaincu de la justesse de son opinion, qu'il avait
ressenti beaucoup de difficulté à la "comprendre" contraire à l'intérêt de
la collectivité.
L'idée était bonne et permettait ainsi la mise en valeur des arguments
de WIIBEAA/43. YU/1 avait vraiment éprouvé la sensation de faire la
synthèse, dans la convergence constructive des contributions, pour la
progression de la collectivité d'UMMO, et dans l'esprit voulu par les
quatre hiérarques du gouvernement central.

Après avoir délimité les conditions détaillées des contenus des messages,
il fallait définir la cible et la technique d'écriture.
Puisque les Terriens faisaient grand usage de l'écrit, à l'opposé des Um-
mites, et disposaient de ce moyen de communication qu'est le courrier, il
fallait s'en servir, car il autorisait de bonnes protections contre la vérifi-
cation d'origine des documents écrits. On leur écrirait donc, comme on
l'avait déjà fait dans les premiers essais individuels.

Cette dernière façon n'était pas sans poser des problèmes sérieux. YU/1
savait par expérience que l'écrit n'est qu'un accessoire de la civilisation
ummite, et n'est donc pas un véhicule majeur de communication. Les
mains, organes de préhension que l'évolution a donnés à pratiquement
tous les êtres intelligents de l'Univers, ont été enrichies sur Ummo de
caractéristiques étrangères au développement vécu sur Terre. En parti-
culier le bout des doigts est porteur de surfaces quasi rectangulaires,
sensibles à certains éléments du spectre lumineux, et à certaines
fréquences de vibrations mécaniques. Un Ummite peut "voir" des taches
de lumière avec le bout de ses doigts sans contour trop net, et surtout il
ne supporte pas beaucoup les variations brusques de pression, qui se
traduisent par une saturation sensorielle avec sensation de douleur. Tenir
un porte-plume ou un stylo est littéralement insupportable. Presser un

52
bouton d'ascenseur ou appuyer sur une touche de machine à écrire peut
se révéler un vrai supplice. Les Ummites écrivent donc peu et à l'aide de
dispositifs appropriés, qu'il était inconcevable d'utiliser sur Terre pour
cause de discrétion.
Les Terriens utilisaient des machines à écrire, et ce moyen permettrait à la
fois de s'abstenir de la "signature" graphologique de l'auteur et de faire face,
dans certaines conditions, aux problèmes sensoriels des mains ummites.

Pour la cible des contacts, une première observation s'imposait: seuls les
Terriens manifestant quelque intérêt pour la vie extraterrestre étaient en
situation psychologique de possible acceptation du contact. Rien n'était
à attendre des autres.
Il fallait d'autre part que ceux-ci correspondent à une classe d'individus
à influence sociale moyenne: l'objectif même de discrétion du contact,
condition indispensable de sa réussite, excluait le contact des dirigeants
de haut niveau.

De toutes façons, il aurait fallu qu'ils aient un niveau intellectuel suffi-


sant, ce qui n'était pas garanti, et une vision objective, ce qui était fort
improbable. A l'opposé, le contact avec des individus de trop bas niveau
intellectuel le condamnait à l'échec de l'incompréhension et au risque
d'une diffusion incontrôlable.
Lors des premières tentatives de contact en direction d'avocats, de
médecins, de sociologues, de docteurs en sciences physiques dont les
noms avaient été simplement trouvés dans des annuaires professionnels,
les Ummites avaient rédigé leurs textes avec le concours d'un
Britannique résidant en Australie, qui avait accepté de taper à la machine
les textes qu'ils lui dictaient. Il maîtrisait naturellement l'anglais et deux
ou trois autres langues nécessaires, parmi lesquelles l'espagnol. JI avait
garanti son silence vis-à-vis de ses donneurs d'ordres.
Lorsque les Ummites avaient voulu évaluer directement l'effet de ces
premiers envois en contactant les destinataires par téléphone, avec leurs
pauvres capacités phonétiques, tous les correspondants leur avaient
raccroché au nez, la plupart avec indignation.
Il fallait donc que le sujet "extraterrestre" soit un minimum crédible pour
avoir une chance d'être pris en considération. Mais comment avoir
connaissance des hommes assez intéressés par la vie possible ailleurs que
sur leur planète?
La Terre n'était pas encore complètement sortie de la presque psychose
des "soucoupes volantes" et autres OVNI (Objets Volants Non identifiés).

53
Les premières observations sérieuses faites par l'industriel américain
Kenneth Arnold dataient de 1947 et la Terre avait été objectivement très
visitée depuis cette date, avec des phénomènes de "vagues" selon les
endroits, comme en 1954 en France. Bien sûr une majorité d'obser-
vations ne correspondaient pas à des cas réels de survol, mais il fallait
se rendre à l'évidence: de très nombreux cas signalaient des objets
de forme discoïde, les fameuses "soucoupes volantes" confirmant
une connaissance de la structure fine et ultime de l'espace. C'est en
effet la forme constituant le meilleur compromis de puissance de
crête minimale avec les contraintes technologiques, au moment de
"l'inversion des axes", ou plutôt du changement de cadre spatial. Et la
maîtrise de cette technique est indispensable pour mettre à profit les
plissements hyperspatiaux et réaliser par ce moyen, dans des temps
supportables, des voyages qui ne seraient pas envisageables dans
d'autres conditions.
De plus, depuis le milieu des années terriennes 40 et sans que les
spécialistes puissent à l'époque se prononcer sur la durée probable du
phénomène, le cosmos proche, c'est-à-dire en particulier dans les dimen-
sions de notre galaxie, était le siège d'un plissement hyperspatial de
grande amplitude, autorisant dans de bonnes conditions les voyages à
de très grandes distances conventionnelles. Il était donc normal que
parmi les nombreuses civilisations galactiques ayant atteint le niveau de
connaissances suffisant, les expéditions se soient multipliées.

Pour Ummo, la Terre n'existait pas avant que de faibles signaux perçus
comme intelligents, et non décodés, aient été enregistrés pendant environ
six minutes. Ils avaient été émis, sur Terre, entre le 4 et le 8 février 1934,
sur la fréquence de 413,44 mégacycles. Et ils furent reçus sur Ummo à la
fin du mois de mars 1948, correspondant à leur cheminement de plus de
14 années-lumière. C'était du morse. La réalité du plissement hyper-
spatial permit une première exploration en direction de l'étoile naine que
les Terriens appellent Soleil, et l'enregistrement (les Ummites disent la
codification) de son système planétaire détaillé, qui n'est pas perceptible
depuis Ummo.

La Terre était donc l'objet d'une grande activité exploratoire de la part


des civilisations galactiques et certains Terriens, peu scrupuleux et plus
ou moins conscients, en profitaient pour se donner une publicité qu'ils
jugeaient enviable, par des déclarations et des écrits enthousiastes à
propos de la vie extraterrestre.

54
YU/1 avait découvert à cette occasion l'étendue de la crédulité des
Terriens, et leur incapacité à mettre en œuvre des structures, à l'échelle
planétaire et même nationale, de contrôle qualitatif et quantitatif des flux
d'informations. La hiérarchie des valeurs de décision était faussée: quand
ce qui est assimilable à de l'intérêt prime sur la vérité, plus rien n'est fiable.
Lire un certain nombre de publications traitant de la vie extraterrestre, de
possibles civilisations sur d'autres planètes, permet de connaître, à
travers les signatures des articles, les noms des auteurs. C'est la solution
qui fut reconnue comme la seule permettant d'identifier avec discrétion,
c'est-à-dire avec un sens unique d'information, les amateurs de "choses
extraterrestres".
li fut ainsi décidé de suivre, dans les pays sélectionnés, toutes les publi-
cations, de préférence de faible zone d'influence, qui traitaient peu ou
prou de sujets en relation avec les formes de vie possibles en dehors de
la Terre. Les auteurs des articles, après un examen approfondi de leur
prose et une enquête de routine sur leur existence pourraient alors
constituer les destinataires des premiers messages.

YU/1 lança donc les opérations d'enquête.

Après l'expérience d'UORII/19 qui était parvenue, avec difficulté,


à utiliser par elle-même une machine à écrire anglaise, les Ummites
s'étaient vite aperçus qu'il leur était aussi impossible de correctement
taper sur les touches. C'était vraiment très difficile et il fut décidé de faire
modifier, sur Ummo, quelques machines à écrire, de modèles différents,
de manière à pouvoir les commander par modulation vocale. li suffisait
de se servir des ultrasons, comme pour tous les appareils domestiques des
habitations sur Ummo.
Ces machines revinrent, après modification, sur Terre. Leur emploi
venait tout juste d'être décidé et la formation des "vocographes" (on ne
pouvait bien sûr pas parler de dactylographes!) entreprise lorsqu'un
incident condamna leur utilisation.
OBOUU/1 et BI00/14 se trouvaient dans un hôtel de Melbourne
lorsqu'ils furent avertis que la police avait des doutes sur leur identité. lis
durent abandonner précipitamment le bâtiment en cachant en vitesse la
machine qu'ils utilisaient. lis ne trouvèrent rien d'autre qu'une caisse à
linge sale, dans la laverie. lis purent revenir rapidement récupérer ce
matériel, mais le risque fut jugé trop grand et les Ummites décidèrent de
supprimer toute preuve technique de leur existence qui pourrait tomber
entre les mains des Terriens.

55
Il fallait donc se résoudre à dicter les textes. Par ce procédé, les Ummites
introduisaient une discontinuité dans le transfert d'informations avec un
potentiel dosé de déformation: dans la transcription des sons prononcés,
aussi bien dans les langues connues que dans l'expression voulue de leurs
idiomes. Conscients des caractères remarquables de leur expression
vocale (faible étendue de la gamme des fréquences et sonorités quelque
peu 'artificielles'), l'écrit dicté devenait pour eux un véhicule idéal, sans
remontée objective possible à l'auteur.
Restait tout de même le cas de 'trahison' possible du dactylographe. Il
fut résolu par le pouvoir découvert de l'argent, et des dactylographes
furent trouvés en Grande-Bretagne, Australie, Canada, Espagne et ce qui
s'appelait à l'époque la République Fédérale d'Allemagne.

Les Ummites avaient commencé à répertorier les publications selon les


critères retenus. Il fallut ensuite s'assurer du caractère constant de la
présence des articles, ce qui demanda quelques mois.
Un premier dépouillement des articles collectés créa la stupeur et l'inter-
rogation. L'indignation n'était pas possible, car contraire à l'esprit posi-
tif de la "Loi Morale" et de la Création, mais la tristesse et la mesure du
fossé psychologique qui séparait les Terriens de comportements positifs
et constructifs surprit énormément.
Dans toute cette littérature, produite par des auteurs qui disaient
s'intéresser aux phénomènes supposés extraterrestres, il y avait plusieurs
catégories:
- Ceux qui étaient persuadés que tout n'était que poudre aux yeux et
leurre, sous contrôle du camp d'en face (on était encore en pleine
guerre froide) . Ces opinions étaient librement exprimées dans les
nations occidentales. Dans les pays dits "de l'Est", les publications
avaient un caractère officiel, et il était très difficile d'avoir accès à des
points de vue non marqués par l'empreinte des régimes.
Ceux qui étaient persuadés que tout n'était que supercherie, mais
refusaient au camp d'en face la capacité d'être à l'origine des obser-
vations. Ceux-là inventaient des "sources de manipulation psycho-
logique", en général non terriennes, mais le mot "extraterrestre" était
souvent évité, car il était encore censé n'avoir sa place que dans les
romans de science-fiction. De toutes façons, ces auteurs étaient dans
l'incapacité de donner une quelconque épaisseur expérimentale
directe et vérifiable à leurs allégations.
- Ceux qui affirmaient être en contact télépathique avec des êtres (les
Terriens aiment bien les appeler du nom d"'entités" qui est extrêmement

56
flou) d'autres planètes ou de mondes "parallèles" qui leur dictaient
des pensées transcendantes en direct de l'Univers. Parmi ceux-là se
trouvaient les "médiums" de l'écriture automatique, qui transcrivaient
tout ce qui leur passait par la tête, en attribuant à des esprits ou entités
"cosmiques" les soubresauts de leur subconscient malmené.
- Ceux qui tentaient de collecter des informations pour exploitation
ultérieure à caractère statistique. Cette dernière population, très large-
ment minoritaire, se heurtait dans sa simple collecte à la faiblesse des
moyens privés et au refus des organisations officielles de prendre en
compte des éléments concrets. Ces éléments pouvaient en effet mettre
en évidence, par manque d'information sur les autres nations du fait
de la non coopération à l'échelle planétaire, une infériorité dans
la navigation aérienne, inadmissible et insupportable pour les
"politiques" en charge de la gestion des pays.
Dans toutes les catégories, à l'exception des collecteurs d' informations
objectives, il s'agissait pour les auteurs de défendre leur conviction avant
tout, et la présentation des faits, car certains sont irréfutables, était faite
de façon partiale, pour emporter l'adhésion du lecteur. Les motivations
étaient souvent aussi financières, ce type de littérature ayant un public
certain et amateur d'évasion, bien que la forme non romanesque des
récits en ait caché la réelle texture. Des comportements que les Ummites
avaient eu de la peine à comprendre, mais que les connaissances de YU/1
en Psychosociologie Interplanétaire avaient contribué à éclairer et à faire
admettre.
Les allégations de contacts, quelle qu'en puisse être la forme, étaient
rocambolesques et échappaient la plupart du temps, fort opportunément,
à toute possibilité de contrôle et d'analyse logique.
Les explorateurs ummites étaient chargés d'établir un contact vrai et réel.
YU/1 avait bien insisté, en écho aux objections de WIIBEAA/43, pour
que certaines maladresses ou erreurs graves ne soient pas commises.
Les constats du dépouillement introduisaient une nouvelle donnée.
Puisque la plupart de ces comptes rendus de contacts étaient le fruit de
l'imagination, il devenait indispensable que la forme et le contenu se
démarquent de façon claire et évidente, mais sans choquer, de toutes les
formes des allégations rencontrées.
Le principe des documents informatifs expédiés à quelques destinataires
était bon. Malheureusement le défaut d'analyse logique des Terriens,
en particulier par rapport aux contenus, pouvait conduire à une "inter-
prétation" proche de l'écriture automatique. Il fut donc décidé que les
documents seraient signés, authentifiés par un sceau, selon la technique

57
terrienne, et qu'ils seraient expédiés de nombreux points de la Terre, très
éloignés les uns des autres. Cela inciterait, en principe, les destinataires à
s'interroger sur les raisons de cette dissémination, et rendrait moins
crédible une source terrienne, de type écriture automatique. Il n'y aurait
pas de vrai problème pratique, compte tenu de la répartition des équipes
dans les différents pays et de l'utilisation habituelle des transports en vols
commerciaux par avions de ligne.
Après que des auteurs eurent été sélectionnés comme destinataires
potentiels, il fallut analyser le fond de leurs arguments, en procédant sur
plusieurs de leurs écrits. Et chaque auteur ne fournit pas un article à
chaque parution, si bien que la mise en œuvre de ce plan et l' analyse des
publications traitant de vie extraterrestre s'étala sur encore quelques
mois, avec des différences assez marquées selon les pays. Ce n' était pas
tant le pays lui-même qui se distinguait, mais plutôt les individus et la
qualité de leur argumentation.

C'est en Espagne que le résultat fut surprenant.

Parmi les publications qui avaient été retenues pour analyse se trouvait
une modeste brochure dénommée Dix Minutes. Elle avait été découverte
dans la fin de l'année 1965. Elle insérait périodiquement une section sous
le titre "Les extraterrestres parlent" signée par un espagnol: Fernando
Sesma.
Le contenu des articles parut aux Ummites de peu d'intérêt intellectuel,
comme la majorité de ceux qu'ils avaient eu à lire; il était plein de répé-
titions et pêchait gravement par des idées aberrantes et des fantaisies
ésotériques et magiques. Dans ce contexte apparaissaient de temps en
temps de curieux messages "symboliques" que l'auteur attribuait à des
communicants extraterrestres. Leur analyse systématique superficielle
n'avait rien révélé qui démontrait cette provenance, et en cela l' écrit de
Sesma ne se différenciait pas des autres.
YU/1 décida de soumettre, par principe, quelques semaines plus tard, un
de ces messages symboliques à l'unité perfectionnée d'analyse dont ils
avaient pu momentanément disposer en Australie. L'étonnement fut
grand de constater un contenu insolite caché. Ce n'était pas un système
compliqué de codage, mais simplement des mots en espagnol dont le
numéro des lettres paires s'assimilaient au chiffre zéro et les impaires au
chiffre un.
La probabilité pour que l'un quelconque des pays développés de la Terre
connaisse la signification de ce message était de zéro. Il était pratiquement

58
impossible, par ailleurs, que l'auteur des articles puisse avoir imaginé
ce message.
Les Ummites étaient donc sûrs qu'aucun homme de la Terre de cette
époque ne pouvait connaître la signification de ce message.
Et pourtant, il était incomplet.
YU/1 prit alors la décision de mettre cette publication sous surveillance
spéciale, et les Ummites furent confrontés eux-mêmes aux problèmes qu'ils
suscitèrent avec leurs propres écrits: "l'auteur" altérait parfois le message
sans s'en rendre compte ainsi que les linotypistes, par inadvertance.

Il fut même décidé d'intercepter secrètement une partie de la correspon-


dance de Fernando Sesma, ce qui justifia plus tard que les Ummites
présentent des excuses pour la violation de son intimité.
Les Ummites n'eurent pas longtemps à attendre, et identifièrent un
second message contenant le reste de l'information chiffrée.
DEI/98, qui était en charge de l'organisation des activités des explora-
teurs ummites en Espagne, obtint immédiatement l'autorisation d'un
contact téléphonique avec Fernando Sesma.

C'est ainsi qu'a commencé la formidable et déconcertante histoire des


relations d'Ummo avec les contactés espagnols, sans laquelle nous ne
saurions rien de l'existence de cette planète et de ses habitants.

59
2. L'histoire espagnole

Des relations avaient été nouées dans d'autres pays, conformément au


plan arrêté et aux conditions du Gouvernement général de Ummo. Ces
contacts étaient secrets et les destinataires des écrits devaient garder le
silence sur les documents reçus.
Il y avait longtemps que Fernando Sesma avait réuni autour de lui tout
un groupe d'amateurs de sujets extraterrestres et de passionnés
d'ésotérisme. Le 17 novembre 1954 il avait fondé une association: Les
Amis des Visiteurs de 1'Espace. Les réunions des premiers temps
s'étaient tenues dans les cafés Gijon, puis Gambrinus. Il en était tou-
jours l'animateur et tenait maintenant ses séances assez régulièrement
dans les sous-sols du café Leon, rue Alcala à Madrid. Un des murs de
la salle qu'il occupait était décoré d'une peinture représentant une
baleine, avec les fanons bien apparents dans une sorte de sourire, ce qui
avait valu au local, et par extension au club, le surnom de "La Ballena
Alegre", que l'on peut traduire par "La Baleine Joyeuse". Dans ces
réunions, Sesma racontait ses expériences de contact avec les extra-
terrestres, en les mélangeant de considérations de magie, d'ésotérisme,
sans séparations bien nettes.
Le 14 janvier 1966, DEI/98 appela donc Fernando Sesma au téléphone.
JI lui dit son origine extraterrestre, de Ummo, ce qui ne surprit pas outre
mesure Sesma qui se prétendait déjà en contact avec une civilisation
extraterrestre. Raisonnablement sceptique et un peu blasé, Sesma émit
quelques réserves. Pour attester de la vérité de ses dires, DEI/98 lui
annonça la venue dans les heures suivantes d'un messager porteur de
preuves.
DEI/98 avait naturellement déjà recruté son dactylographe pour la future
dictée des textes. Les Ummites l'ont baptisé d'un pseudonyme amusant
et nous le connaissons sous le nom de Perito Mercantil, en allusion à la
rémunération confortable qu'il touchait pour cette activité complémen-
taire à son métier quotidien.

61
Il passa donc voir Perito Mercanti! et lui remit quelques objets destinés à
tester les réactions de Fernando Sesma. Il y avait un billet de banque avec
un anagramme, un fragment de céramique émaillée sur lequel étaient
gravés quelques graphismes et le sigle distinctif de Ummo, et une
photographie tridimensionnelle, en couleurs, représentant une nef intra-
galactique, des objets ummites et quelques vues de colonies sur Ummo,
avec des constructions.
Deux heures plus tard, Perito Mercanti! se présentait au 6 de la rue
Fernando el Catolico, à Madrid, domicile de Don Fernando Sesma
Manzano, périodiste et fonctionnaire de la Capitainerie Générale de
Madrid.
Fernando Sesma accepta de regarder la photographie, étonné de voir que
certaines parties d'images apparaissaient ou disparaissaient sans raison
évidente (c'est en réalité une caractéristique des images tridimension-
nelles fixes, non asservies, dont la perception stéréoscopique correspond
à une seule position, prédéterminée, du regard. Dès que la vue s'en écarte,
l'image perçue se modifie et disparaît quelquefois. L'essai en est mainte-
nant facile à faire. Regardez, par exemple, l'hologramme qui est présent
sur les cartes de crédit. Il n'est clairement visible que sous un angle déter-
miné). N'oublions pas que la scène se déroule en Espagne, en janvier
1966 et que Sesma n'avait encore jamais vu de telles photographies.
Après quelques mots échangés avec Perito Mercanti!, Sesma rendit la
photo en relief et fut autorisé à conserver les autres objets.
Ni lui, ni son interlocuteur ne savaient que toute la scène avait été enre-
gistrée, images stéréoscopiques et sons, grâce à un mini-dispositif volant
d'observation, sphéroïdal, un peu plus petit qu'une balle de ping-pong,
silencieux et se déplaçant à plusieurs centaines de mètres d'altitude, ce
qui le rendait invisible à l'œil nu pour quiconque au sol.
L'analyse des attitudes enregistrées de Sesma montra aux Ummites qu'il
réagissait avec droiture et gardait un certain scepticisme.

Les Ummites étaient en Espagne depuis déjà presque quatorze années.


Lors de la "pré-exploration" de la Terre, qu'ils avaient effectuée en 1949
(ère chrétienne) sur orbite presque basse, ils avaient fait des passages
à un peu plus de 5.000 mètres d'altitude. Parmi toutes les régions
survolées, ils avaient repéré une zone qui leur paraissait intéressante, pas
trop équipée en structures de surface (ils ne connaissaient strictement rien
de la planète, sauf les caractéristiques de son atmosphère et sa déjà
presque saturation en ondes électromagnétiques) et à l'écart de ce qui
semblait de gros centres. Elle était à cheval entre le sud, sud-ouest de la

62
Suisse et le nord du département français actuel des Alpes-de-Haute-
Provence. Si bien que lors de leur expédition d'exploration définitive
ils avaient déposé, fin mars 1950, leurs "frères" en un endroit qui s'est
trouvé être en France, tout près du bourg de La Javie, à quelques
kilomètres de Digne, chef-lieu du département.
Les Ummites consacrèrent les deux années qui suivirent à la collecte des
premières informations vitales sur notre planète. En même temps qu'ils
découvraient la structure de la langue française et en approfondissaient
la pratique, ils firent compte rendu de toutes leurs observations au
Gouvernement central de UMMO. L'extension de la découverte de notre
planète leur parut intéressante et ils envoyèrent d'autres "frères" afin de
diversifier et compléter les sujets d'étude. C'est ainsi que les Ummites
décidèrent de s'implanter en Espagne pour se livrer, entre autres, à des
recherches comparatives sur les animaux et les systèmes viraux des deux
planètes.
Le problème n'était pas simple, car il fallait une activité de couverture
qui justifie la fréquentation des animaux. Il ne pouvait s'agir d'une acti-
vité directement vétérinaire, car les contrôles professionnels étaient trop
stricts pour espérer falsifier avec succès des documents. Une activité à
caractère commercial ne pouvait convenir non plus, car elle aurait mis les
expéditionnaires ummites en contact trop rapproché et trop soutenu avec
la population, ce qu'il fallait éviter pour minimiser les risques de "décou-
verte" de la fraude que représentait leur présence. L'Espagne était un
pays encore relativement pauvre. Une politique touristique très ouverte
incitait les pays européens à l'alimenter en devises. Il s'en suivait une
facilité relative de pénétration, sous couverture touristique, ce qui fut
effectivement mis à profit par les Ummites lorsqu'ils décidèrent de s'y
installer.
C'est en 1952 qu'ils trouvèrent l'opportunité qu'ils cherchaient, en la
personne de Dofia Margarita Ruiz de Lihori, femme très cultivée, et dont
la personnalité forte et un peu marginale avait laissé des traces dans les
registres de l'activité de la Résistance française. Elle aimait beaucoup les
animaux et entretenait un petit parc animalier. Son mode de vie original,
dans la ville d'Albacete, allait permettre à deux Ummites, qui s'étaient
présentés à elle comme des vétérinaires danois, de procéder à leur études
comparatives sur des animaux terrestres. Ils avaient loué un local au
sous-sol de la maison de Dofia Margarita et procédaient à leurs expé-
riences, en particulier avec un virus désactivé qu'ils avaient fait venir
d'Ummo. La marquise Ruiz de Lihori avait plusieurs enfants dont une
fille qui vint lui rendre visite à plusieurs reprises à Albacete en compagnie

63
de son fiancé. Ils n'appréciaient guère la présence des médecins vété-
rinaires danois, malgré leur discrétion. Fort intriguée et curieuse, la
femme de service parvint à pénétrer, grâce à un double frauduleux de clé,
dans le local des vétérinaires danois. La fille de la Marquise en profita à
son tour et on ne sait pas vraiment à la suite de quelle imprudence elle se
retrouva "porteuse" du virus.
Les Ummites s'aperçurent de l'effraction et prirent conscience du risque
de dissémination. C'est Margot Shelly Ruiz de Lihori, fille de Dona
Margarita, qui présenta la première des symptômes étonnants et devant le
désarroi de Dona Margarita, les "docteurs danois" proposèrent leurs
services et examinèrent sa fille. Celle-ci avait du porter sa main à son œil,
car Margot Shelly était atteinte par le virus à un œil, à la langue et à une
main. li fut plus préoccupant de constater que la contamination s'était
additionnée à une forme de leucémie incurable et qui serait certainement
diagnostiquée dans les jours suivants. Pour les Ummites, le problème
était double: d'une part l'attaque virale était beaucoup plus forte que
leurs prévisions ne l'avaient laissé supposer, et avait atteint des niveaux
de profondeur inaccessibles aux outils de télé-intervention qui permet-
taient de détruire le virus à distance. D'autre part, la forme de leucémie
dont la fille de Dona Margarita était atteinte la condamnait irrémédiable-
ment, puisque la médecine terrienne ne savait pas encore en venir à bout.
Il n'était pas possible de soigner le virus de Margot Shelly sans sa
participation active, ce qui entraînerait que les Ummites se découvrent.
Ils pouvaient bien sûr la guérir de sa leucémie, mais il fut estimé que cette
rémission paraîtrait trop suspecte. Après tout, cette jeune femme n ' avait
été victime que de sa curiosité, intervenir présentait trop de risques et
après une intense conférence de décision, ils optèrent pour contrôler la
diffusion du virus en s'assurant de sa non-dissémination dans tout
l'entourage familial, domestique et environnement géographique. Ils
tenteraient d'atténuer à distance les effets du virus sur la fille de leur
logeuse, et la laissèrent partir à Madrid pour les soins de sa leucémie, où
d'autres "frères" prirent le relais de la veille.
Ils surveilleraient simplement l'issue fatale et lorsque Margot Shelly
décéda d'un œdème pulmonaire, le 19 janvier 1954 à 18 heures, ils entre-
prirent la phase finale de leur plan. Ils avaient rassemblé de nombreux
"frères" à Madrid, et à la faveur d'une confusion savamment organisée
au domicile de la marquise lors de la levée du corps, ils prélevèrent sur
le cadavre les yeux, la langue et la main qui avaient été infectés. Non par
protection du secret, mais parce qu'ils avaient constaté entre-temps que
le virus voyait sa virulence énormément multipliée dans les jours qui

64
suivaient la mort des cellules hôtes. Margot Shelly fut inhumée norma-
lement le 21 janvier au cimetière San Isidro.
Les Ummites n'eurent pas de chance, car la mutilation n'échappa pas à
Luis Shelly, frère de Margot. Les relations familiales n'étaient pas des
meilleures et on ne sait pas pourquoi Luis Shelly accusa sa mère d'avoir
amputé la dépouille de sa sœur. Il porta plainte le 30 janvier au départe-
ment 14 de la Justice à Madrid. A la suite de quoi, le juge délivra un ordre
de perquisition du domicile de sa mère et on peut lire le rapport de
l'opération, cité en détail par Antonio Ribera (B20). Avec ces précisions:
"Finalement, dans le coin d'une armoire de la chambre à coucher, ils trouvèrent
un bassin en plastique contenant un liquide transparent et une main droite. Ils
trouvèrent aussi des restes d'animaux en d'autres endroits de la maison. La main
amputée fut examinée à l'Ecole de Médecine légale, qui démontra que l'amputa-
tion avait été réalisée par des experts en chirurgie".
Devant ces preuves, Dofia Margarita, Monsieur Bassols Iglesias, qui était
son "chevalier servant" et les domestiques Luisa et Antonio passèrent en
jugement et furent provisoirement incarcérés. Le 4 février, soit moins
d'une semaine plus tard, le cadavre de Margot Shelly fut exhumé et il fut
constaté qu'il avait été amputé d'une main, d'une partie de la langue et
que les yeux avaient disparu.
Cette affaire fut relatée puis commentée dans la presse de l'époque au
long des mois de février et mars 1954, en particulier dans la Voz de
Albacete, Valencianos Levante, Las Provincias et Jornada.
Si j'ai raconté cet épisode dans presque tous ses détails, c'est pour
montrer que les faits rapportés dans les documents ummites, datés
postérieurement il est vrai, ont été mentionnés dans la presse. Avec
naturellement un éclairage différent, mais la trame y est.
Comme certains ufologues se sont ingéniés à le souligner dans la foison
des hypothèses qu'ils émettent, les Ummites ou "l'auteur du canular
ummite" auraient très bien pu s'inspirer du fait divers lu dans la presse et
reconstruire toute l'histoire à partir de celui-ci. Cela n'aurait été que la
deuxième fois, car il y eut un précédent intéressant dans leurs premiers
jours sur Terre.
Dès leur atterrissage, près de la ville française de Digne, dans le tout petit
matin brumeux du 28 mars 1950, les Ummites s'aménagèrent un abri
souterrain. De cette base, ils faisaient de courtes sorties d'exploration et
apprirent progressivement de nombreux mots français au contact d'un
jeune berger pré-adolescent, qui les prit pour des ingénieurs étrangers
faisant des relevés topographiques. Il y avait presque un mois que
l'équipage des six Ummites, quatre hommes et deux femmes, était sur

65
Terre, lorsqu'ils entreprirent une expédition nocturne dans une ferme
isolée, peu éloignée de leur abri. Après avoir anesthésié les occupants
dans leur sommeil, ils dérobèrent un certain nombre d'objets assez
hétéroclites et étonnants pour un vol, firent quelques prélèvements
biologiques sans agression sur les humains et emportèrent une grosse
somme d'argent liquide (à cette époque-là et dans le milieu rural, on
n'avait pas grande confiance dans les banques!) ainsi que le compteur
électrique qu'ils avaient arraché! Nous savons naturellement tous ces
faits détaillés par le récit qu'ils nous en ont fait dans le 021, reçu par
Manuel Campo et vingt-sept autres destinataires en 1967. Ce document
décrit "les premiers jours sur Terre". L'incursion dans la ferme est
rapportée plus spécialement dans le 057, qui fut reçu par les Espagnols
le 20 juin 1967.
Les agriculteurs portèrent plainte pour les deux vols: le compteur
électrique, dont ils n'étaient pas propriétaires, et leurs économies. Les
Ummites ayant daté le vol du 24 avril, c'était sans doute vers le 25 ou
26 avril 1950. Le texte ummite précise que ce vol, qui pouvait ne pas
paraître éthique, l'était selon leur point de vue puisque les occupants
furent largement dédommagés en 1952.
Le vol du compteur électrique est plutôt surprenant, car un individu
normal "terrestre" ne prendrait pas le risque de s'électrocuter pour un
objet qu'il sait non négociable. Mais du fait de son caractère très insolite,
il va constituer le seul élément objectif autorisant l'aboutissement d'une
enquête plus de vingt ans plus tard. En ce sens, il accrédite le contenu des
textes en assurant une traçabilité presque complète.
Une copie des 021 et 057 a été remise par Antonio Ribera à René Fouéré
en 1969. Claude Poher, ingénieur au CNES et futur fondateur du
Groupement d'Etude des Phénomènes Aériens Non identifiés, organisme
officiel dépendant du CNES, prit connaissance des documents ummites
par l'intermédiaire de René Fouéré, célèbre ufologue français, lui-même
fondateur d'un des tous premiers groupements ufologiques français, le
GEPA. Dans les années 1971 et 1972, il entreprit une enquête sur les
lieux de l'atterrissage allégué et aux alentours avec l'aide de la
Gendarmerie Nationale, seule habilitée à recevoir les plaintes à cette
époque, en zone rurale. Il retrouva, non sans quelques difficultés, la
déposition pour vol d'un compteur électrique (il n'eût sans doute pas été
possible de retrouver une plainte pour la seule somme d'argent, vu la
fréquence de ce type d'événement!). Il identifia par la même occasion les
occupants de la ferme de l'époque et la poursuite de l'enquête les situa
sur la Côte d'Azur, dans la région de Cannes. Ils habitaient une confortable

66
villa dont ils étaient les propriétaires à la suite d'un héritage d'Amérique,
dirent-ils.
Cette fois-ci, les Ummites avaient raconté les faits longtemps après leur
survenance, et surtout, ceux-ci n'avaient fait l'objet d'aucune publicité
dans la presse locale. Et une enquête officielle, diligentée plus de vingt
ans après les évènements, les confirmaient en donnant des informations
complémentaires cohérentes: l'héritage d' Amérique (provenance impré-
cise) correspondant idéalement au dédommagement annoncé par les
Ummites. La somme dérobée (70.000 FF 1950!) correspondait à environ
80 mois de salaire d'un inspecteur des postes débutant. On peut imaginer
que, correctement investie à partir de 1952, 1953, elle aurait eu un
pouvoir d'achat supérieur à 2.000.000 FF de 1999.
Les dires des Ummites sont ainsi vérifiables, une fois en France et une
fois en Espagne, avec de fortes présomptions de vérité, sans que pour
autant la preuve indéniable en soit apportée.
Peu de temps après les évènements d'Albacete, le fiancé de Margot
Shelly fut retrouvé mort au pied de la maison, à la suite d'une chute
par une fenêtre. L'enquête officielle conclut à un suicide. Une enquête
approfondie, menée quelques années plus tard par un détective appointé
par Rafael Farriols, aboutit à une conclusion totalement différente. Cet
homme avait réussi à pénétrer dans les locaux où les Ummites travail-
laient et s'était emparé d'une sorte de pince qui ne paraissait pas issue de
la technologie de notre planète, au moins dans l'apparence des matériaux.
Il avait ensuite tenté de monnayer cet outil au prix fort avec de curieux
personnages, parmi lesquels les agents de la CIA qui enquêtaient sur
l'affaire Ummo sous le nom de code de "Red Castle" et qui s'intéres-
saient à l'activité des médecins danois. Avait-il réussi à le vendre? Il est
plus probable que ses possibles acheteurs, ayant acquis la certitude qu'il
avait en sa possession une pièce digne d'intérêt, s'étaient organisés pour
la lui acheter et s'assurer dans le même temps son silence, de manière
définitive, comme on dit dans les "services".
On n'entendit plus parler des évènements d'Albacete, sauf dans les suites
judiciaires puisque dix ans plus tard, Dona Margarita et José Bassots
lglesias furent innocentés et réintégrés dans leur honneur.
A partir de 1955, les Ummites entreprirent de contacter des individus qui
avaient manifesté une ouverture d'esprit certaine, une liberté réelle vis-à-
vis des schémas de pensée traditionnels, je veux dire sous contrôle de
"l'establishment" bien pensant, en s'exprimant sur la possibilité de vie
extraterrestre. Dans cette initiative, ils établirent un contact en envoyant
trois lettres à Monsieur Jacques Cadot, qui demeurait à Toulouse et qui

67
avait écrit un article monographique sur les "soucoupes volantes". Les
Ummites l'appelèrent au téléphone à deux reprises, il écouta les propos
tenus et observa que le réseau d'ordinateurs pour l'équité décrit sur la
planète Ummo n'était qu'un "projet fantastique issu d'une nouvelle de
science-fiction". Il finit par considérer ses interlocuteurs comme des
farceurs n'ayant qu'une idée en tête: se moquer de lui en se faisant passer
pour les pilotes des "soucoupes", et les pria de mettre fin à cette
mascarade.
Un certain nombre d'autres tentatives de contact de soldèrent, de la
même manière, par un échec. Les humains contactés avaient écrit sur la
possible réalité des "soucoupes volantes" en tant que nefs spatiales, mais
ils n'avaient pas construit de schéma mental à propos de leurs possibles
occupants. La maturité "cosmique", c'est-à-dire la perception de l' huma-
nité terrestre dans l'espace intersidéral, n'était pas encore en début de
développement. Tl est vrai qu'à l'exception de quelques visionnaires
comme Werner von Braun, père militaire de véhicules spatiaux qu'il
rêvait à vocation civile, l'homme de la Terre n'avait pas encore vraiment
imaginé conquérir l'espace, et ne pouvait en avoir une perception saine
ou équilibrée.
Durant les années qui suivirent, et pour nous limiter à l'Espagne, les
Ummites tentèrent d'établir en décembre 1961 un contact avec un
spécialiste en astrophysique de l'observatoire astronomique de Fabra
Barcelone (021 ). Ils lui apportèrent des éléments sérieux concernant les
Novre (étoiles). Il refusa de continuer les relations téléphoniques en leur
demandant de ne pas divulguer son identité.
En mars 1962, ce fut avec un professeur de la Faculté de Médecine de
Madrid, mais nous ne pouvons affirmer qu'il s'agit de M . A. Galego. Ils
lui apportèrent des indications à propos de très intéressants problèmes
concernant le comportement de quelques colloïdes.
Plus tard, en février 1965, la tentative eut lieu avec un professeur de la
Faculté des Sciences Chimiques de Madrid.
Tous furent totalement sceptiques et demandèrent avec insistance que les
envois postaux cessent.
Il y eut enfin le contact avec Fernando Sesma, à la suite de sa publication
dans Dix Minutes. Quelques jours après sa conversation avec DEI/98 et
la visite de Perito Mercanti!, il reçut son premier document écrit. C'était
un long récit dans lequel les Ummites expliquaient en espagnol comment
était leur monde, le décrivant et donnant des exemples de leur langue. Il
n'y avait aucune mention de leurs intentions. Il était tout de même prié
de ne divulguer ce message à personne et de n' en point parler. Il était

68
ainsi traité exactement comme tous les autres "correspondants" que les
Ummites s'étaient choisis.
Dans les informations qu'il reçut dans les jours suivants, il fut prévenu
de l'atterrissage prochain d'une nef à Aluche, le 6 février précisément
(021, AS p74).

Aluche
C'est donc à peine trois semaines après la prise de contact téléphonique
et les premiers documents que l'événement se produisit. La commune
d'A luche, aujourd'hui intégrée à la nébuleuse madrilène, était à
l'époque presque limitrophe de la ville de Madrid, dans son sud-ouest.
Précisément Aluche se situe, côté est, le long de la route qui quitte
Madrid en direction de I'Extremadura, c'est-à-dire la province qui
longe le Portugal. Le 6 février 1966, à 20 h et 2 mn, c'est dire qu'il
faisait déjà nuit, José Luis Jordan Pefia rentrait chez lui en voiture,
puisqu'il habitait le quartier C d' Aluche. Il vit d'abord une tache
lumineuse dans le ciel, qui s'agrandit et il s'arrêta pour sortir de sa
voiture et mieux observer la descente d'un objet lumineux dont il donna
une description assez complète. La descente à laquelle il avait assisté
devait s'être terminée par un atterrissage, pensa-t-il en remontant dans
sa voiture, et il reprit la route en direction du supposé point de contact
avec le sol. Il arriva presque au bon endroit et au bon moment, assez
près pour assister, médusé, au décollage de l'engin qu'il vit à très courte
distance. Son témoignage est intéressant, surtout parce qu'il décrit la
forme de l'objet, une dimension de l'ordre de lO à 12 mètres, des sortes
de pieds-supports et la présence de contrastes lumineux sur la face
inférieure qu'il décrit comme une espèce de tuyère équipée de part et
d'autre de genres de déflecteurs.
Pefia avait été réellement secoué par ce qu'il avait vu et s'était précipité
à la ferme toute proche, dénommée El Relajal, pour demander si les
résidents avaient assisté au même spectacle que lui. Les propriétaires lui
répondirent la vérité: ils jouaient aux cartes avec des amis et n'avaient
rien vu; la femme dit que la télévision fonctionnait et que brusquement la
lumière s'est éteinte. Interrogés plus tard, ils confirmèrent que l'homme
qui les avait questionnés semblait bouleversé par ce qu'il avait vu.
L'atterrissage avait eu lieu dans une espèce de terrain inculte, comme il
en existait entre les rares immeubles des cités-dortoirs de banlieue, bien
qu'il ait été revendiqué par le propriétaire de la ferme. Je suppose qu'il
était le plus souvent abandonné aux moutons ou aux chèvres.

69
Dans leur livre (Bl6), Farriols et Ribera rapportent tous les détails de
cette observation. Ils donnent aussi un plan des quelques rues concernées,
mais aucune échelle ne permet l'appréciation des distances, pas plus que
la position du principal témoin: Jordan Pefia. Je résume ici les informa-
tions importantes. Il y a quatre témoins oculaires, qui ont été interrogés
et qui ont été identifiés (noms et adresses vérifiés). Il s'agit de:
José Luis Jordan Pefia, dont la profession n'est pas indiquée. Il a fait une
première déclaration au journaliste José Luis Pimente!, recueillie au
téléphone mais rédigée par celui-ci sous forme d'un entretien (qui n'a pas
réellement eu lieu). En réponse à la demande d'Eugenio Danyans,
journaliste pour la revue Europa, il rédigea un compte rendu écrit qu'il
lui fit parvenir daté du 26 février 1966. Ce témoignage est très long et on
sent que José Luis Pefia ne veut pas seulement décrire ce qu'il a vu, mais
ses impressions en même temps. Il dit avoir vu le disque changer de
position, et descendre pour atterrir. S'être arrêté pour observer. Avoir
repris sa voiture pour aller voir de près. En arrivant "sur les lieux" il voit
l'objet déjà en phase ascensionnelle. JI doit être assez près, puisqu'il
estime le diamètre de 10 à 12 mètres (contre 13,2 rn si l'on s'en tient aux
documents ummites). Luminosité orange, léger ronronnement. Il sort de
sa voiture et voit les "béquilles" et le sigle en dessous (enfin, incomplet)
qu'il prend pour une tuyère avec des compléments. 11 décrit l'engin
comme "pseudo triangulaire à côtés curvilignes" et siège d'une fluo-
rescence de nature différente de celles que nous connaissons. Et il note
l'extinction ou la disparition sur place en cours de montée, au lieu d'une
disparition par éloignement avec réduction progressive des dimensions!
Il décrit aussi une Renault blanche occupée par un couple de "fiancés"
qui lui ont dit n'avoir rien vu! 11 dit aussi avoir aperçu un peu plus loin,
un autre véhicule avec deux mécaniciens qui s'affairaient (Bl6 p60).
Ribera cite les interviews faites dans les jours suivants par Jordan Pefia
auprès des témoins indirects, interviews non datées. Ces témoignages de
deuxième main n'ont aucune valeur d'un point de vue scientifique.
Le deuxième témoin est un certain Vicente Ortufio dont la profession n'est
pas plus indiquée. Ce témoignage a été recueilli beaucoup trop tard (le
01/07/1968), au cours d'une autre enquête. Le témoin dit qu'il a assisté à
la descente, mais n'a pas été témoin de l'atterrissage lui-même, qui lui était
masqué par une construction basse. Il a assisté au "redécollage" et à la
montée. Il ne donne pas d'indication de durée. Il a vu depuis sa fenêtre du
6ème étage du 12, rue Rafael Finat. Ortufio déclare que c'est à cette occa-
sion qu'il a connu Jordan qui est venu l'interroger. L'informateur est San
Antonio, le journaliste spécialisé du quotidien du soir Iriformaciones.

70
Le troisième témoin est Maria Ruiz Torres, habitante d' Aluche. Son
témoignage a été recueilli par José Luis Pimente), envoyé spécial de la
revue Parqué, article publié dans le numéro 282 du 16 février 1966.
Le quatrième témoin oculaire est le berger Juan Jimenez, dont le
témoignage a été recueilli par ce même reporter. Il ne devait pas être très
loin, car il parle d'une porte qu'il a vu s'ouvrir, puis se refermer.
Madame Herminia Pelaez Blanco, épouse du propriétaire de la ferme, a
confirmé aux enquêteurs la panne de télévision à la ferme "El Relajal",
(tout près: quelques dizaines de mètres estimés) au moment où quelqu'un
toque au carreau (tout laisse à penser que c'est Pefia).
Don Francisco Pardo, mari de Herminia Pelaez Blanco (de la ferme),
jouait aux cartes et n'a rien entendu ni vu du phénomène, saufla panne
d'électricité. Il a vu les traces le lendemain, en sortant de sa ferme et les
journalistes sont revenus après qu'il en ait parlé. JI parle d'herbe et terre
brûlées autour d'elles! Mme Pelaez Blanco dit qu'elles faisaient environ
5 cm d'épaisseur.

L'observation d' Aluche est une des rares opportunités d'atterrissages


allégués et comportant des traces qui ont été photographiées. La répar-
tition des trois traces (selon une géométrie équilatérale, sur une distance
de 6 rn) est publiée dans Informaciones du 09/02/66. Déclarées vues
par Mariano de las Heras, patron du bar la Palencia, en présence de
M. Aurelio Ribalta, machiniste au Théâtre La Latina et M. Amador
Gonzalez Pablos, employé chez un marchand de chaussures identifié.
Empreintes photographiées par San Antonio pour lnformaciones dont il
est le journaliste. Terrain inculte et particulièrement dur, "pas de pluie
depuis des jours et des jours" (patron du Palencia).
Aucune mesure dimensionnelle n'a été faite sur place. Seulement une
photo de près, une photo d'ensemble et des évaluations, assez peu
contradictoires. Un dessin de reconstitution, sans doute de l'empreinte la
plus profonde, est publié par Ribera-Farriols (B 16) avec ses cotes
estimées: L- 30 cm, 1- 15 cm, p- 12 cm. Aurelio Ribalda, qui a vu les
traces et a regretté qu'on n'en prenne pas un moulage en plâtre, a estimé
que la plus profonde "avait bien 10 cm de profondeur et les deux autres
un peu moins". [Cet homme est machiniste de théâtre, et manipule tous
les jours des dimensions à l'échelle humaine, ses évaluations sont
certainement fiables: je prends 10 et 7 cm et pour les autres dimensions,
je me tiens aux approximations données par les autres témoins].
Tous insistent sur la dureté du terrain, mais chacun à sa manière, ce qui
confirme la spontanéité des témoignages: certains ont dit qu'ils avaient

71
sauté pour essayer de laisser des empreintes dans le sol, mais sans succès.
Pour un autre, c'est un pâturage et les animaux n'y laissent pas
d'empreintes! C'est une affirmation de Amador Gonzalès Pablos. Il
estime les profondeurs à respectivement 5, 10 et 15 centimètres [ce qui
donne une moyenne de 10 cm].
Le lieu a été abondamment parcouru et piétiné par de nombreuses
personnes et aucun témoignage de récupération de tubes métalliques n'a
été rapporté, alors que les Ummites donnent des précisions à ce sujet dans
le document de commentaire principal de cet atterrissage.
Les indications dimensionnelles données permettent une estimation de
la masse nécessaire au "marquage" des empreintes. Le sol est déclaré
spécialement dur (voir les témoignages ci-dessus). Après consultation du
CEBTP (Centre d'Etudes du Bâtiment et Travaux Publics) de la ville de
R .. ., j'ai noté la valeur normalisée admise pour un terrain en "tout venant
compacté'' qui doit être, selon la description, légèrement plus meuble que
le terrain cité. Il s'agit d'une mesure complexe définissant la "dureté"
d'un terrain, pour une surface d'appui normalisée (0 0,60 rn) et pour un
enfoncement d' 1 rn: 30 Méga Pascal= 30 Mpa = 30.106. N/m2.
Les lois d'évolution en fonction de la profondeur sont à peu près linéaires
(fonction proportionnelle) et rigoureusement pour la surface en rapport
avec la charge. Par un calcul rapide de conversion d'unités, je détermine
la valeur de cette pression en charge pondérale de pénétration en Kg par
cm2 et par cm de profondeur d'enfoncement:
30 Mpa = 30. 106. /9,81. 104 . 102 = 3,0581 Kg/ cm2/ cm

Il ne reste plus qu'à appliquer cette valeur aux mesures faites, sachant que
nous considérons, ici, un terrain légèrement moins dur que le sol décrit.
Les marques font toutes la même surface, soit 0, 15 x 0,30 rn = 0,045 m2
= 450 cm2. Leur profondeur moyenne est de 10 cm.
La masse ayant été nécessaire à la marque de chaque "empreinte" est
donc450x3,0581 x 10= 13.760kgenv.
Compte tenu d'un sol effectivement un peu plus dur, une seule marque
est déjà hors de portée d'un trucage humain simple: une empreinte de
14 tonnes minimum!! à faire en vitesse et avec discrétion, à trois reprises
"exactement équilatérales" juste à côté du bâtiment de la ferme! Cela met
la masse totale du véhicule à environ 40 tonnes, soit une masse à peu près
égale à celle de nos poids lourds d'aujourd'hui, à pleine charge.
Selon la dureté du terrain et la validité de l' évaluation de la profondeur
des traces, la masse globale du supposé engin peut être raisonnablement
située entre 30 et 50 tonnes.

72
Cette observation d'atterrissage se résume par:
- 4 témoins visuels d'un engin lumineux orange ont fait des déclara-
tions. Ces témoins sont traçables. Ils ont vu, soit la descente, soit la
remontée, soit les deux. Personne, parmi les témoins cités, n'a vu la
phase au sol proprement dite. De graves lacunes méthodologiques, en
particulier sur la position des témoins pendant l'observation (sauf
Ortufio, dont la fenêtre est située). Pas de vérifications de bonne vue
ou de bonne audition. La reconstitution sur un plan manque d'échelle
pour apprécier les vraies distances.
Des traces au sol, vues le lendemain, ont été photographiées par des
photographes connus, traçables. Une photo publiée. Les appréciations
données (en l'absence de mesures) sur ces traces et l'état du sol
permettent une estimation de la charge nécessaire à leur production:
une masse globale d'environ 35-40 tonnes.
Pas d'allusion à une collecte quelconque de petits tubes métalliques,
malgré la fréquentation du site dans les jours qui ont suivi.

Cette observation a donné lieu à des documents ummites. Je rappelle que


1'atterrissage s'est produit le 6 février 1966, soit trois semaines après la
première manifestation des Ummites à Sesma. Il est cité à six reprises
(D21, D38 par deux fois, D37, D65 et D135), avec des indications sur les
dimensions extérieures de la nef, et sur des tubes métalliques et feuilles
de matière plastique à propriétés étonnantes.
Un document (D38 à Sesma du 17/06/1966) est intéressant, car il
contredit deux fois la description de Jordan Pefia, à propos de la tuyère
et de la forme en triangle curviligne. Ces contradictions précises et
presque seules citées ne sont pas innocentes, et c'est pour moi une
identification par référence aux échos de la presse. Le journal
Informaciones est cité.
Un élément, simplement donné en complément, vaut la peine d'être noté.
Je cite le texte ummite et le témoignage de Jordan Pefia. Extrait du D38
(A45.79):
" ... En date du six février de 1'année terrestre 1966, atterrit dans un lieu
non loin de la route qui relie le quartier C d'Aluche avec la colonie de
Casilda de Bustos, (MADRID), l'une de nos OAWOOLEEA UEWA
OEMM (ASTRONEFS).
En descendirent deux de nos frères pour une destination ultérieure vers
notre section de la République du Chili.
Les voyageurs étaient attendus, dans une voiture garée dans les environs,
par notre Chef de la Section Espagnole: DEI/98, fils de DEI/97, et 1'un

73
de nos frères déplacés en Amérique du Sud, GOAWAA/541, fils de
GOAWAA/540 (venu exprès de Bolivie) ...
.. . Une personne des environs de la colonie d'Aviation a vu un de nos
camarades se dénuder quand il voulait revêtir des vêtements en usage
dans le pays et ceci a donné lieu à un incident désagréable ... "

Témoignage de Jordan Pefia daté du 26/02/66 par écrit à Eugenio


Danyans, journaliste à la revue Europa:

"... J'ignorais alors que d'autres personnes avaient assisté à l'étrange


phénomène. Quelques instants après l'ascension de l'appareil, je me risquai, mal-
gré ma frayeur, à jeter un coup d'œil autour de moi. J'aperçus seulement une
Renault blanche dont les occupants (un couple de fiancés) assurèrent qu'ils
n'avaient rien vu. Un peu plus loin, se trouvait un autre véhicule autour duquel
deux mécaniciens s'affairaient; les deux hommes s'étaient éloignés de l'endroit
au moment où j'y arrivai (le journaliste envoyé par lnformaciones m'a rapporté à
leur sujet une histoire si romanesque et si étrange que je n'ai pas réussi à croire
qu'elle était vraie) ... "

Je rapproche ces deux éléments et, puisqu'il faut des "solutions", je


propose le scénario (clairement propositionnel et hypothétique) suivant:
La nef une fois posée, les deux Ummites en descendent par la porte-
trappe ouverte, s'éloignent un peu et se changent (habillage avec une
tenue terrienne, genre bleu de travail). Le berger Juan Jimenez, qui a vu
une porte s'ouvrir et se refermer, aura peut-être vu un des Ummites se
changer. Il n'en parle pas dans son témoignage déposé, soit par peur du
ridicule, soit que le journaliste 1'aura dissuadé de raconter, ou bien encore
qu'il n'a vraiment rien vu d'autre. Les Ummites, eux, pensent qu'il a
assisté à la scène, et c'est pour eux, dans leur logique, une agression
visuelle: l'ostentation d'une nudité ne se conçoit que dans la peine
judiciaire de l'individu dénudé, sinon c'est littéralement une provocation
sexuelle! Jimenez aura décrit la scène au journaliste d'lnformaciones,
lors de son témoignage. Scène plutôt "décoiffante", si le témoin raconte
simplement la vérité que je propose. Le journaliste considère ce récit
comme trop "spécial" pour être rapporté, mais le raconte à Pefia et à son
collègue Pimente), qui ira interviewer le berger quelques jours plus tard.
Dans le même temps, DEI/98 et GOAWAN541 attendent dans la voiture
qui a été préalablement désignée aux deux voyageurs.
Pendant que la nef reprend son envol, les deux Ummites se dirigent vers
la voiture qui les attend. Pefia s'approche lui-même et les voit, ce qui lui

74
fait constater "que les mécaniciens s'étaient éloignés de l'endroit [de
l'atterrissage] au moment où j'y arrivai" et pour ne pas éveiller l'attention
par la précipitation incongrue dans ces conditions où on attend de la
curiosité, ils se penchent sur le devant de la voiture en prenant l'air affairé
comme des mécaniciens. Cela a trois avantages:
- Ils tournent le dos, ce qui les met hors de vue et n'incite pas à les
interrompre, d'autant que leur position laisse penser qu'ils n'ont sans
doute rien vu.
- Ils cachent les passagers de la voiture, insolites eux aussi et qui ne
souhaitent pas être vus.
- Leur attitude est compatible avec leur habillement, ce qui n'attire pas
1'attention.

Cette "reconstitution" est intéressante, car elle met en jeu à la fois des
éléments du témoignage de Pefia en février 1966 et des éléments du texte
reçu par Sesma le 17/06/1966. Le tout est homogène et logique, dans la
mesure de la crédibilité de l'ensemble. Ce n'est bien sûr qu'une
hypothèse à la lumière des documents disponibles.
On verra tout au long de l'histoire des documents ummites en Espagne la
présence quasi permanente de José Luis Jordan Pefia, à presque toutes les
occasions. De nombreuses situations n'étant pas complètement clarifiées,
beaucoup d'ufologues ont pensé que Pefia était soit l'instigateur, soit un
complice majeur de la mise en scène de l'affaire Ummo, érigée en gigan-
tesque supercherie. Je ne le pense pas, et le résultat du présent travail
établit le contraire.
On peut déjà se faire une idée à propos de cette observation d' Aluche.
Ma proposition de reconstitution à partir du témoignage de Pefia et du
document D38 conduit à l'alternative suivante:
Ou la compatibilité des deux textes constitue un élément de cohérence
des deux sources d'information se complétant mutuellement, ou
l'ensemble (après trois semaines d'existence) est déjà un énorme
montage au deuxième degré psychologique de la part de Pefia. Il y a trois
traces qui valent chacune plus de 13 tonnes et le texte 038 conteste les
détails du témoignage de Jordan Pefia, réfutant sa description de triangle
curviligne et expliquant que ce qu'il avait pris pour une tuyère avec des
déflecteurs n'était que l'emblème ou la marque d'origine du vaisseau.
Marque voisine dans sa forme du symbole de la lettre J en écriture
cyrillique, et que l'on peut rendre assez correctement par le signe")+(".
Dans le cas de la supercherie, Jordan Pefia se serait déjà discrédité, dès
les textes des cinq premiers mois, dans un calcul psychologique au 2ème

75
degré, et dans un montage qui allait durer vingt-sept ans? Trop peu
vraisemblable pour moi.
Je considère le rapport d' Aluche comme conforme à une réalité qui a été
observée.
La presse donna des comptes rendus de l'événement, mais sans excès.
Cinq articles furent publiés au total, respectivement le lendemain 7 février
1966, par le journal Informaciones, avec des photographies, Puebla du
mardi 8 février qui contestait l'explication du mystérieux objet aérien
par un disque volant, Ya le 8 février qui rendait compte d'un flash de
l'agence EFE, Informaciones du 9 février avec à nouveau des photogra-
phies et un dessin d'après un croquis de Jordan Pefia et lnformaciones,
encore, le samedi 12 février.

L'année 1966 s'écoula sans plus de phénomènes aériens inhabituels aux


environs de Madrid et Sesma continua à recevoir des documents
ummites. Parallèlement, le docteur en médecine Juan Miguel Aguirre
Ceberio, titulaire de chaire à la Faculté de Médecine de Madrid, reçut
quelques documents et eut deux entretiens téléphoniques avec des
interlocuteurs qui se déclarèrent Ummites.
D'après Farriols et d'autres protagonistes, les Ummites avaient quelque-
fois de longues conversations téléphoniques avec leurs correspondants,
toujours en pleine nuit. Ils n'utilisaient pas les postes téléphoniques
normaux afin d'éviter de se faire localiser. Au gré de ces échanges, ils
répondaient aux questions de leurs interlocuteurs. Certains essayèrent
d'enregistrer les conversations, mais les Ummites s'en aperçurent et
prièrent leurs interlocuteurs, chaque fois que nécessaire, de s'abstenir. Ils
avaient apparemment les moyens de le détecter à distance. Toutefois
Manuel Campo réussit, semble-t-il, aux dires des Ummites, à enregistrer
quelques entretiens. Est-ce réel? Si oui, les bandes sont-elles encore
disponibles et lisibles? Manuel Campo est-il toujours vivant?
Un distingué ufologue castillan, Ignacio Damaude Rojas Marcos, reçut
lui aussi quelques textes, et en rassembla bon nombre d'autres. Passionné
par les classements, il a mis très vite sur pied un système d'identification
des documents en leur attribuant un numéro. Tous les ufologues et les
autres chercheurs se sont ralliés à son système, et c'est pourquoi vous
verrez des références de textes du genre D 41, qui signifie que le document
a été recensé par Damaude sous le numéro 41 (voir le chapitre "sources"
de la partie linguistique).
Si je me réfere à ce catalogue, Sesma et quelques membres de la Baleine
Joyeuse ont reçu au cours de cette période environ trente documents, dont

76
certains font plusieurs dizaines de pages. C'est ainsi que l'année 1967 vit
la liste des destinataires s'élargir et les rapports se faire un peu plus
scientifiques et détaillés.
Le 30 mai 1967, Sesma reçut la confirmation d'un atterrissage qui avait
été annoncé au groupe à plusieurs reprises, mais sans date précise.
L'ingénieur Villagrasa et Alicia Araujo, qui était employée à l'ambassade
des Etats-Unis, reçurent aussi cette annonce confirmée. Le texte donnait
comme imminente l'arrivée simultanée de trois nefs, chacune avec une
destination propre. Deux devaient se poser en Amérique du Sud, respec-
tivement en Bolivie et au Brésil. La troisième avait l'Espagne pour
destination, et la région de Madrid en particulier. Deux faits sont impor-
tants à signaler à propos de ces prévisions: elles sont données en termes
scientifiques, avec une zone de descente, décrite avec un point central
mais sans indication d'altitude, une marge d'erreur et une période définie
par une fourchette de groupes "date-heure".
La descente aux environs de Madrid était donnée avec des coordonnées
assez précises, qui situaient une verticale à quelques kilomètres en
presque plein nord d'A luche, et devait avoir lieu entre le 30 mai 21 h
28 mn GMT (temps du méridien de Greenwich) et au plus tard le 3 juin
à 23h06 mn.
Sesma et les deux autres destinataires de ce message se retrouvèrent à la
Baleine Joyeuse et le firent lire par Dioniso Garrido devant la trentaine
de membres présents. Ils décidèrent d'officialiser cette réception en la
signant au dos, avec mention de la date. Ce document original est
actuellement entre les mains de l'homme qui a rassemblé le plus de textes
et de pièces sur cette affaire, Rafael Farriols.

San José de Valderas


La zone prévue pour l'atterrissage était très grande (un cercle de 46 km
de rayon) et malgré leurs tentatives, aucun des membres du club n'assista
à la manifestation de la nef. Elle demeura pourtant visible, le 1 juin 1967
vers 20 h 20 au-dessus du château de San José de Valderas pendant
environ 12 mn avant d'aller atterrir à Santa Monica, de l'autre côté de la
route nationale qui mène au Portugal.
C'était une assez belle précision, puisque le Château de San José de
Valderas est à environ 3 ou 4 kilomètres au sud du site d'A luche et Santa
Monica à la même distance d' Aluche, mais dans son nord-ouest.
Des photos furent prises lors de l'observation de San José de Valderas et
des témoins prétendirent qu'on avait trouvé des petits tubes métalliques

77
caractéristiques sur le site de Santa Monica. D'autres affirmèrent y avoir
vu des traces comparables à celles de l'atterrissage d' Aluche.
Les données disponibles à l'occasion de l'observation de San José de
Valderas sont remarquables et ont fait l'objet des études parmi les plus
sérieuses de l'histoire de l'ufologie. En revanche, les conclusions qui en
ont été tirées me semblent beaucoup plus discutables. Voici les faits:

La commune de San José de Valderas est pratiquement en limite sud de


celle d'A luche. Le 1er juin 1967 vers 20 h 20, alors que de nombreux
Espagnols sont encore dehors en cette fin de journée de printemps pour
profiter du coucher du soleil, le temps est clair et sans nuage. Des témoins
déclarent avoir assisté pendant 12 minutes aux évolutions lentes et quasi
sur place d'un phénomène aérien, lumineux, de couleur orangée, qui s'est
ensuite dirigé à grande vitesse vers le nord, nord-ouest, c'est-à-dire en
direction de Santa Monica. L'OVNI, incontestablement matériel, a
montré, lors de ses évolutions, sa partie inférieure sur laquelle les
témoins ont vu un dessin, conforme au symbole ")+(" du gouvernement
central de Ummo. La descente d'une nef ummite avait été annoncée à
Sesma et à deux autres destinataires, dans une vaste zone centrée sur un
point défini par
Longitude: 3° 46' 20,6" W (c'est la vraie valeur du document D60)
Latitude: 40° 28' 2,2" N
J'ai vérifié le point correspondant à ces coordonnées, avec malheureusement
la précision toute relative de ma carte (le demi-millimètre vaut 200m de
terrain) et je trouve un point un peu plus au nord que la zone de San José de
Valderas. En fait, l'écart en longitude est faible, de l'ordre du kilomètre, mais
c'est en latitude que les écarts sont sensibles: environ 11 km du Château de
San José de Valderas, et 8 km du 'spot' de Santa Monica. Aluche se trouve
entre ces deux derniers. Je n'ai trouvé aucune remarque dans le livre de
Farriols et Ribera (816) qui traite de cet atterrissage, ni dans l'autre livre de
Ribera (83). A croire que personne en Espagne ni ailleurs n'a jamais fait la
vérification ni la comparaison. Ou alors tout cela a paru normal!
On peut tout de même rapprocher ces informations des techniques de
déplacement décrites dans les textes ummites: la conversion dimension-
nelle (changement d'espace) est effectuée en général vers 7 à 8.000 rn
d'altitude comme en France, à La Javie, et la verticale d'arrivée a été
calculée à partir d'un autre système dimensionnelle 27 mai à mi-journée,
soit cinq jours et demi avant l'observation. Quelle distance restait à
parcourir? Et la Terre continuait à tourner ... Belle précision, n'est-ce
pas? A condition, bien sûr, de porter crédit aux documents ummites.

78
L'observation est aérienne, sans mention d'atterrissage, avec des phases en
oscillations sur place à une altitude entre 26 et 30 mètres, et quelques évolu-
tions. A l'arrivée et au départ. La distance des observateurs oculaires n'est
pas connue, sauf pour l'écolière qui a dû voir l'OVNI à 2 ou 300 mètres.
Les témoins oculaires sont "traçables" et ont été interrogés:
- Une habitante de San José de Valderas qui n'est pas nommée, mais qui
a été interrogée par Jordan Pefia (enregistrement) qui décrit correcte-
ment le phénomène et parle d'autres témoins à côté d'elle et de son fils.
Lesquels témoins n'ont pas été recherchés pour interrogatoire ultérieur.
- Un ingénieur identifié, qui a fait l'Ecole Polytechnique de Paris. Il a
voulu rester anonyme et il a été baptisé "Ramirez" par Jordan Pefia
qui l'a interrogé et enregistré. La vérification de sa position profes-
sionnelle a été faite avec succès. Son témoignage est intéressant, bien
que non rapproché, car il est ingénieur en constructions pétrochimi-
ques. Il donne des indications techniques et estime les dimensions de
l'OVNI à 15 à 20 rn de diamètre et 8 à 9 rn d'épaisseur. Il n'a pas dû
le voir bien à plat! Il situe une altitude moyenne 150 ou 200 rn,
puis parle d'une descente à une estimation de 8 à 10 m. Proche d'une
position d'atterrissage, car il décrit des antennes ou des barres avec
extrémité garnie de lames de forme carrée (le parallèle avec les indi-
cations d' Aluche est très intéressant, car il s'agit vraisemblablement
du "train d'atterrissage" de la nef). Il a d'autre part bien vu l'emblème
sous l'OVNI, et il le compare à la grille en 'H' d'un changement de
vitesse de véhicule. Le témoin était sur la route de I'Extremadura,
sans doute plus près de Santa Monica que de San José de Valderas.
- Une fillette de 12 ans en 1969, Enlita Emilia Garcia Carrascosa, et qui
n'avait que 10 ans au moment des faits. Interrogée plus tard par José
Luis Jordan Pefia (8 16 p251 ), en présence d'une religieuse, elle était
au niveau du "petit château" de San José au moment des faits. Elle
confirme la forme "comme une omelette", la couleur rouge orangé, la
présence d'un dessin ressemblant à une lettre, l'heure approximative
et la durée de 1'observation.
Les autres témoins ne sont pas des observateurs directs et ne méritent pas
le qualificatif de témoin. Leurs déclarations sont scientifiquement inex-
ploitables, car le lien avec le phénomène n'est qu'allégué et non établi.

Les photos disponibles. Il y a lieu ici de préciser la nature exacte du


matériel disponible: il y a cinq négatifs et deux épreuves. Il n'est précisé
nulle part si les pellicules sont en noir et blanc ou en couleur. Comme il est
déclaré que le développement a eu lieu à domicile, chez des particuliers, je

79
le suppose en noir et blanc, car le matériel était cher et compliqué pour la
couleur amateur en 1967. En fait, Farriols et Ribera déclarent indirectement
que les photos sont 'noir et blanc'. Je cite (816 p39):
"Le lecteur remarquera que nous n'avons pas mentionné de photos en couleurs
bien qu'il en existe plusieurs d'excellente qualité. Cette omission est délibérée car
nous nous sommes fixé comme but de comparer le VED observé à San José de
Valderas avec les meilleures photos en noir et blanc représentant d'autres
VED ... " [l'abréviation VED, pour Véhicule Extraterrestre Dirigé, est chère
à Ribera, en lieu et place de notre sigle OVNI].
Compte tenu de la nature différente des photos, il me paraît nécessaire de
séparer les deux sources.
- Les cinq négatifs ont été récupérés dans la matinée du 2 juin (le
lendemain matin) dans un commerce de photographie par Antonio
San Antonio, journaliste de lnformaciones, sur les indications télé-
phoniques d'un correspondant qui ne s'est jamais identifié, mais qui
a appelé plusieurs fois pour s'assurer de la prise en charge des images
et de leur "traitement médiatique". Deux tirages ont été publiés dans
l'édition du 2 juin (le joumallnformaciones est un quotidien du soir,
ce qui n'est pas indifférent dans son choix, à mon avis). Ces négatifs
avaient été développés dans la précipitation, avec un révélateur assez
grossier et trop froid, qui a donné un grain assez gros, mais il n'y avait
pas de tirage. Ils portent des numéros, comme dans tous les films et
ne sont pas en séquence. Les cinq négatifs montrent nettement l'objet
en survol bas au-dessus du paysage très net, dans différentes attitudes
et positions. Ils ont fait l'objet d'une analyse très fine par Claude
Poher en 1976, que je discute dans le chapitre suivant.
- Les deux épreuves d'Antonio Pardo. Elles ont été envoyées par la
poste, accompagnées du témoignage de celui-ci, deux mois et vingt-
quatre jours après l'observation! à Marius Lleget qui venait de publier
Mythe et réalité des soucoupes volantes (Barcelone 1967) en y
précisant son adresse.

Santa Monica
Dans la minute qui suivit la fin de l'observation, soit vers 20 h 30,
l'OVNI fut aperçu à Santa Monica en position de quasi atterrissage, à peu
de distance du restaurant La Ponderosa. Cet endroit est à cinq ou six kilo-
mètres au nord du château de San José de Valderas, et de l'autre côté de
la route de I'Estremadura. Il se trouve à deux ou trois kilomètres du point
qui avait été donné comme centre de la zone d'atterrissage annoncé.

80
J'ai analysé le compte rendu publié par Farriols et Ribera (8 16) et j'ai
reconstitué les faits suivants:
L'atterrissage de Santa Monica n'a pas eu de témoin oculaire direct,
traçable. L'heure de l'événement est vraisemblablement 20 h 30, mais
elle est l'objet de deux versions contradictoires: Farriols en fait une
évaluation à quelques minutes après l'observation de San José de
Valderas, soit environ 20 h 30, alors que le restaurateur de La Ponderosa
situe 1' arrivée du premier témoin de la descente un peu avant 17 h 10 ou
17 h 15, ce qui est très différent et incompatible. Le témoignage de ce
restaurateur me paraît surprenant: c'est son établissement qui est le plus
proche du lieu des faits et il ne marque absolument aucune curiosité
pour ceux-ci malgré les nombreux passages de témoins qu'il cite et les
interruptions de son travail qu'il constate.
Les témoins oculaires identifiés et interrogés sont:
- Eugenia Arbiol Alonso qui a vu la fin de la phase de descente depuis
la fenêtre de son appartement (8 16 p 168). Elle déclare avoir vu
l'atterrissage et le redécollage avec une station à quelques mètres du
sol. On manque ici cruellement d'un plan de situation, coté, des
témoins par rapport à l'emplacement supposé de l'atterrissage. Cette
femme déclare ne pas être restée en permanence devant sa fenêtre et
donc ne pouvoir donner de durée au phénomène. D'après la descrip-
tion de forme qu'elle donne, elle est certainement à plusieurs
centaines de mètres.
- Un ingénieur agricole de 30-35 ans, domicilié à Madrid et travaillant
dans une fabrique de fromages (8 16 p 152). Il veut rester anonyme. Il
a vu la descente vers le supposé atterrissage depuis la route de
Carabanchel. Il situe l'événement vers 20 h 30 ou 21 h. Après
quelques minutes de discussion avec les passagers d'une autre
voiture, également arrêtés pour observer, il évalue au redécollage le
diamètre apparent à celui de la Lune.
Antonio Pardo, le témoin photographe introuvable, cite dans sa lettre à
Marius Lleget, datée du 26 août 1967, le nom de trois témoins, qui ont
fait l'objet d'investigations postérieures par Farriols ou ses représentants.
Il s'agit de Madame Eugenia Alonso avec sa mère qui a vu aussi, de
l'ingénieur Ramirez (observation de San José) et du commerçant Manuel
Rivero Ciudad. Si Antonio Pardo dit vrai, il a recueilli ces informations à
Santa Monica le samedi suivant l'observation, c'est-à-dire le 3 juin, pré-
cise-t-il plus loin. D'après Antonio Pardo, Manuel Rivero a vu le
phénomène pendant sa descente, alors qu'il se trouvait sur la route de
8oadilla, à quelques kilomètres de là.

81
Ce même Manuel Rivero a déclaré à Farriols (enregistrement) qu'il a vu
l'objet dans sa phase ascensionnelle quasi verticale avant disparition. JI
s'estimait à un kilomètre et il était au coin de la rue Sedano, c'est-à-dire
dans l'agglomération. Quand Farriols l'interroge à propos des tubes, il dit
qu'il a déjà été interrogé par quelqu'un d'autre, mais ne sait rien. JI a reçu
la lettre d'Henri Dagousset. On constate que les deux versions qui sont
rapportées de ce témoin sont incompatibles, pour ne pas dire contradic-
toires. Celle de Farriols est vérifiable. En revanche, un fait reste positif
dans le courrier d'Antonio Pardo: il cite des noms de témoins qui se
révèlent être vrais (noms et adresses à trois reprises), mais on ne dispose
d'aucune information sur la diffusion par la presse. Sa lettre intervient
presque trois mois après les faits, et il a pu glaner ces noms dans les
journaux.
- Eugenio Sanchez, qui habite San José de Valderas, et une femme
anonyme, ont été interrogés (avec enregistrement) par Jordan Pefia.
Le livre de Farriols et Ribera (816) est nourri de plusieurs témoignages
qui sont dans l'ensemble parfaitement cohérents, mais totalement inex-
ploitables sur un plan scientifique. Ce ne sont pas des témoignages
directs et ils n'ont pas été vérifiés par contact avec les témoins directs.
Cette partie du livre m'a laissé une impression de malaise, car ce sont de
nombreuses conversations rapportées, dans le genre de "l'homme qui a
vu l'homme qui a vu l'ours!". L'ensemble est à peu près cohérent, mais
scientifiquement inexploitable.
Dans les témoignages de deuxième main, donc non fiables car les
moyens de s'assurer de leur sincérité n'existent pas, on trouve la men-
tion de traces qui "auraient pu être assimilées au format de celles
d' Aluche" d'après la comparaison d'un schéma à main levée, compa-
raison faite par le patron du restaurant la Ponderosa. Le témoin qui a
déclaré avoir vu les traces avec son beau-frère, et qui est revenu sur les
lieux plusieurs fois, n'a jamais pu être identifié et retrouvé. La présen-
tation qui en est faite laisse entendre qu'il pourrait s'agir du dénommé
Antonio Pardo. Je penche beaucoup pour cette identification, en ajoutant
que Antonio Pardo et Perito Mercanti! ne font sans doute qu'un: ils ont
tous les deux la curieuse manie d'associer leur beau-frère à toutes leurs
activités. Farriols et Ribera sont "pudiques" à ce sujet, et rien n'est
suggéré et encore moins affirmé. Je considère donc la présence de ces
traces comme possible, au même titre que n'importe quelle autre
hypothèse, et sans plus. Le fait certain, c'est que des hommes réels ont
propagé l'information de leur existence, mais qu'ils n'ont pu être
identifiés, même dans l'anonymat.

82
Farriols et Ribera citent des témoins qui ont entendu que d'autres
auraient vu ou ramassé des petits tubes métalliques. L'existence de ces
tubes relève de la même logique que les traces. Personne ne déclare
directement en avoir ramassé ou en avoir vu. Mais tous les témoins inter-
rogés déclarent en avoir entendu parler. Ils croient connaître quelqu'un
"qui a dit", mais Farriols ou ses assistants, dont Jordan Peiia, ne parlent
pas de leurs tentatives pour remonter aux supposés possesseurs. Quelques
commerçants de Santa Monica ont reçu une lettre d'un dénommé Henri
Dagousset, qui comportait une photo d'un exemplaire des fameux tubes.
Toutes les indications d'état civil et de localisation de ce Dagousset se
sont révélées fausses. La photographie du tube dans la lettre de
Dagousset est donc de provenance incontrôlée, comme celles de San José
de Valderas.
Toute l'argumentation des auteurs d'Un caso perfecto (816) est
construite sur le courrier d'Antonio Pardo à Marius Lleget, courrier qui
comporte les deux négatifs des photos d'un tube cassé et de son contenu,
ainsi qu'un petit bout de métal et un bout de matière plastique. Il y a dans
les enquêtes menées par Jordan, Farriols et ses collaborateurs ou parents,
des erreurs graves de méthodologie. Ou des défauts de retranscription de
leurs résultats. Les témoins oculaires ne sont pas situés clairement. Dans
le cas du bout de lamelle plastique reçu, il est précisé qu'il comportait le
sigle ")+(" en relief. C'est un point positif, mais non probant. D'autant
moins probant que Farriols et Ribera donnent deux versions des
morceaux de plastique. D'une part, ils citent la lettre d'accompagnement
d'Antonio Pardo (p 193), unique expéditeur connu de lamelle: " ... et
mesurant respectivement 13,00 x 2,30 et 13,00 x 2,00 centimètres (c'est
cette dernière que je vous envoie)". Pardo n'a donc expédié qu'une seule
lamelle. On peut supposer qu'elle comportait le signe)+(. Farriols et
Ribera affirment (page 206): "les lamelles de plastique que nous possé-
dons portent une marque conforme à l'insigne visible ... ". Ils auraient
donc plusieurs lamelles, chacune portant la marque ... Tout cela ne fait pas
très rigoureux ni sérieux. La présence de cette marque reste un indice fort
en rapport avec la photographie, mais qui n'apporte rien sur la "vérité"
de la provenance.
L'authentification de photographies peut être faite par des témoins qui
assistent à la prise de vue, donc à la scène photographiée et à l'action
simultanée du photographe. Il faut ensuite s'assurer qu'il ne peut y avoir
eu de "traitement" ni de substitution de film jusqu'au tirage des épreuves.
Cette rigueur n'a pas été possible et on ne connaît même pas le
photographe.

83
Antonio Pardo a donc fait parvenir un échantillon de métal décrit comme
ayant été arraché du tube métallique et un petit ruban de matière plastique,
décrit comme ayant été extrait de l'intérieur du tube. Ces matériaux ont été
l'objet d'analyses et j'en commente les résultats dans le chapitre suivant.

L'affaire Ummo, que j'ai d'abord connue exclusivement à travers les


documents ummites signés, a donc été agrémentée de trois manifestations
extérieures aux textes, et cela dans les quinze premiers mois de son
histoire. Les trois observations d' Aluche, San José de Valderas et Santa
Monica ont mobilisé les énergies nettement au-delà des dix ans qui ont
suivi. Qu'il s'agisse du monde de l'ufologie, avec ses croyants ou ses
détracteurs, ou d'un monde mixte scientifico-ufologue, les commentaires
et les analyses sont allés bon train. Les conclusions des uns et des autres
sont naturellement différenciées, chacun prétendant apporter sa pierre à
la "vérité". Il se dégage de l'analyse des ouvrages d'ufologie traitant du
présent dossier un étrange sentiment de malaise, puisque les auteurs ont
beaucoup de mal à rendre compte correctement de la simple vérité. J'ai
eu la nette impression que la présentation qui en est faite est construite
chaque fois en vue d'étayer des conclusions, singulièrement chez Jacques
Vallée. Ses écrits et ceux des autres ufologues, réputés scientifiques ou
non, ont largement contribué à obscurcir la perception de cet intéressant
dossier. Je consacre le prochain chapitre à ce douloureux constat.

Au-delà des déformations de la réalité et des interprétations toutes


aussi déroutantes les unes que les autres, il faut reconnaître aux cas
d'observations "Ummo" un caractère complètement déconcertant. Tous
les éléments de validation de l'observation sont là, mais il manque tou-
jours un lien. Les réalités sont quasi palpables et les "preuves", presque
parfaites en première analyse, se révèlent inopérantes après un examen
approfondi. Ce qui a conduit à une vague de démonstrations tendant à
établir par exemple que le dossier Ummo était un montage d'étude
psychosociologique, créé de toutes pièces par un service secret. Le KGB,
depuis la ville de Tomsk, pour Jean-Claude Bourret et Jean-Jacques
Velasco (86), hypothèse reprise par Renaud Marhic (85). Quand en 1993,
José Luis Jordan Pefia s'accusa officiellement d'avoir monté toute
l'histoire, ce même Renaud Marhic n'eut pas de scrupule à épouser cette
nouvelle théorie. D'autres y ont vu un sondage effectué par la CIA,
grandeur nature, des réactions qu'occasionnerait la "prise de conscience"
de la présence extraterrestre. Sans se demander pourquoi seulement en
Espagne, et surtout, pourquoi seulement trente-quatre personnes suivies ...

84
Pour ma part, j'ai étudié tout ce dossier en détail et j'ai pu identifier la
construction de la langue que ces êtres venus d'ailleurs s'attribuent, et
elle est très homogène avec les 1.300 pages de texte. Par ailleurs, les
contenus scientifiques décrits dans ces documents sont cohérents et
autorisent à tracer les grandes lignes d'une autre physique. Je prétends
que ces caractéristiques, indépendamment de la découverte "linguis-
tique", rendent absurde toute tentative d'explication de ces documents
par une origine terrestre.
Ce qui donne un éclairage nouveau aux observations que j'ai évoquées.
Je pense, par exemple, que l'atterrissage d' Aluche est réel. Il a été fait,
sans ostentation, mais sans effort de dissimulation non plus. Il n'est pas
innocent qu'il soit intervenu environ vingt jours après le premier contact
avec Sesma. Sans doute pour donner une justification vérifiable (par
Sesma dans la presse) à la présence des Ummites à Madrid. Il a fait
pendant plus de six mois l'objet d'informations complémentaires au
Club de la Baleine Joyeuse (Groupe de Sesma). Les Ummites ont ainsi
pu analyser les processus de propagation et de déformation de l'infor-
mation dans la population madrilène et dans sa nébuleuse ufologique,
autour de Sesma. L'existence des tubes à chaque atterrissage a aussi
été donnée comme normale. Au passage, ils ont progressivement "pas-
sionné'' Jordan Pefia, sensibilisé par son observation très rapprochée
d'Aluche.
Un an plus tard, plus rien d'intéressant ne reste exploitable d' Aluche. Un
certain nombre de "ressorts" psychologiques et "psychosociaux" des
Terriens sont à préciser. Les Ummites organisent alors les observations
de San José de Valderas et de Santa Monica, à l'occasion de la venue des
nefs destinées à les récupérer (risque de dégénérescence du conflit
israélo-égyptien, jugé trop grand). Un Ummite prend les photos de San
José de Valderas avec soin (il sait naturellement d'avance où il faut être
placé pour faire le film complet) et les sépare en deux lots. Un inter-
médiaire dactylographe, Perito Mercanti!, par exemple, va porter les
négatifs chez le photographe et se charge d'assurer, par téléphone avec
le journaliste Antonio San Antonio ou son journal, le suivi du devenir
(diffusion médiatique) de ces informations, en appelant à quatre reprises.
Ce même Perito Mercanti! ou sa doublure madrilène (de sécurité) reçoit
le deuxième lot, les morceaux de matériaux à expédier (fragment
métallique et morceau de plastique), et les photos du tube abîmé, à
expédier elles aussi . Les Ummites lui disent d'attendre un temps
raisonnable après la publication du livre de Marius Lleget dont ils savent
la sortie imminente par la "nébuleuse ufologique" de Barcelone.

85
Le premier jeu de photos va permettre d'étudier les capacités d'analyse
et d'objectivité devant des témoignages sûrs (humains et photogra-
phiques) mais d'origine non certaine, toujours sur la zone de Madrid.
Le deuxième jeu de photos, dont celles des tubes, va permettre d'étudier
l'impact de la redondance et les réactions devant une autre catégorie de
témoignages, encore plus sujets à caution car personne n'a vu. Les
Madrilènes ne disposeront que de photos et d'échantillons, a priori sans
signification et sans traçabilité. L'expédition à Marius Lleget permet
aussi d'explorer les "échanges" entre la nébuleuse ufologique de
Barcelone et celle de Madrid, et de tester les éventuelles rétentions ou
déformations. En matière de désinformation, ils seront servis, prudem-
ment par Claude Poher et amplement par la chaîne des recopies sans
contrôle des ufologues, journalistes et autres scientifiques.
La lettre de Dagousset fait d'une pierre deux coups: elle est là pour
conforter l'idée que la présence des tubes a été ou est réelle, et pour tester
l'étanchéité du réseau des contactés (non diffusion de l'information
confiée, malgré une offre financière alléchante). L'autre lettre de
Dagousset (01455 du 22/12/67) et celle de l'Espagnol inconnu à Pefia
(A81, du 16/01/68, non cataloguée par Damaude) abordent justement la
discussion des témoignages et des conclusions hâtives, aux fondements
insuffisants.
Pour conclure sur les trois observations espagnoles rattachées au dossier
Ummo, je considère que les "preuves" présentées par les enquêteurs des
deux théories opposées sont aussi fragiles les unes que les autres.
J'estime apporter des éléments nouveaux devant conduire à la révision
des conclusions. Les éléments d' Aluche sont les premiers, à peu près
objectifs et vérifiables. Les données présentées par Farriols et Ribera à
propos de San José de Valderas et Santa Monica n'ont pas pour moi la
consistance de preuves, de même que l'argumentation de Claude Poher
en faveur de la supercherie. Ce n'est pas une raison pour mettre en doute
les observations des témoins qui, elles, ont été réelles, et la sincérité des
photos de San José de Valderas.

Pendant les dix-sept mois qui s'écoulèrent entre l'observation d' Aluche
et celles de San José de Valderas et Santa Monica, Sesma continua à
recevoir des rapports ummites traitant d'à peu près tous les sujets. Les
documents étaient envoyés à partir d'origines variées, souvent
étrangères, et il n'était pas rare qu'ils portent les empreintes postales
du Canada, du Chili, de l'Argentine, de la Grande-Bretagne ou des
Etats-Unis.

86
Dans l'ensemble, ces textes abordaient une variété de questions à chaque
occasion et se complétaient mutuellement. Il s'agissait de faire prendre
conscience à Sesma de la réalité des Ummites, de leur culture et des
différences entre leurs points de vue et ceux des Terriens.
Il ne manqua pas de mêler certains éléments donnés par les Ummites
sur leur civilisation aux élucubrations dont il était coutumier. Ce qui lui
valut plusieurs remontrances écrites de la part de ceux-ci et la menace
d'interrompre le flux d'informations dont il bénéficiait.
Les Ummites entreprirent, pendant cette même période, d'envoyer des
documents ou des rapports directement aux habitués de la Baleine
Joyeuse, etc' était tout à la fois pour assurer un canal informatif séparé de
Sesma et pour tester les réactions des destinataires. Ils constatèrent avec
étonnement l'attitude du groupe de contactés du "club" de Fernando
Sesma. Ceux qui recevaient ces drôles de courriers réagissaient aux
témoignages écrits qui leur parvenaient avec beaucoup plus de froideur
que les Canadiens, par exemple. Ils percevaient ces documents comme
des "prétextes" aux réunions. Un peu comme s'ils avaient été fabriqués
tout exprès. Avec des telles idées en tête, leur considération pour
Fernando Sesma en était diminuée et un curieux climat s'était instauré,
comme une sorte de dépréciation de son prestige. Cela avait induit, dans
une sorte d'enchaînement infernal, encore plus de scepticisme de la part
des auditeurs.
Les Ummites avaient craint, à la suite du comportement des Canadiens
qui le laissait supposer, que dans la perspective de relations plus ouvertes
et plus précises avec le groupe de contactés, ceux-ci manifesteraient une
croyance et une acceptation trop fortes. L'attitude constatée du groupe
espagnol confirmait, au contraire, que ce danger était minime. Ils
acquirent ainsi la certitude qu'ils pouvaient communiquer avec les
Terriens, sans grand risque, et sans falsifier leur exposé de la vérité. En
heureuse conformité avec les principes de l'éthique et de leur Loi Morale.
Le club de la Baleine Joyeuse était fréquenté par quelques passionnés et
des curieux de passage. Certains se mirent à colporter les propos de
Sesma sur les Ummites, ce qui provoqua un peu plus d'affluence.
Manifestement, les conditions du contact avec Sesma n'étaient plus tout
à fait conformes au plan d'origine, qui prévoyait de joindre de petits
groupes (contact "micrososcial", avait spécifié le gouvernement central
de UMMO) et de les documenter, mais en "confinant" les informations
qui concernaient la civilisation des auteurs. Les Ummites laissèrent
apparemment faire, encourageant même Sesma ou d'autres participants à
lire à haute et intelligible voix, des parties désignées de texte dont la

87
rédaction avait probablement été construite à cet effet. Les Espagnols
étaient ensuite invités à lancer, puis animer le débat. Bien qu'aucune
trace objective n'en soit restée dans le groupe des contactés, je suis à peu
près sûr que les Ummites enregistraient toutes les séances avec leur
dispositif volant en le camouflant sur un meuble ou dans un recoin. Il y
a, dans les documents, des comptes rendus de ces réunions qui ne
trompent pas.
Ces épisodes étaient très certainement organisés par les Ummites pour
procéder à des analyses et des mesures des capacités psycho-mentales
des locuteurs, mis dans des conditions émotionnelles contrôlées. Nous
savons nous-mêmes déjà que la capacité et la clarté d'élocution et
d'expression d'un individu sont un reflet fidèle de certaines de ses capa-
cités mentales. L'incidence mesurée des composantes de stress ou émo-
tionnelles renseigne sur certains aspects de la psychologie de l'individu
et sur son équilibre cérébral.
C'est dans le courant de l'année 1967 que Sesma fit paraître son livre
UMMO: Otro planeta habitado aux éditions Graficas Espejo S.A. de
Madrid.
Les envois se diversifièrent ensuite, touchant quelques ufologues espa-
gnols qui n'étaient pas directement des habitués de la Baleine Joyeuse.
Antonio Ribera, qui habitait Barcelone, fut sans doute le premier de
ceux-ci. Il a notamment publié certains des textes qu'il a reçus dans un
de ses ouvrages (B3). Dans le courant de l'année 1968, il donna des
copies à un ecclésiastique, curé d'une paroisse de Séviile, avec recom-
mandation de discrétion. Certains textes commentent abondamment le
parallèle, qualifié de surprenant, entre la religion catholique romaine et la
"religion" de Ummo. A la lecture des documents, le père Enrique Lopez
Guerrero, curé de la paroisse de Mairena del Alcor, se prit d'une sorte de
mysticisme cosmique et s'investit dans une mission de divulgation de la
vérité: la fraternité cosmique. En faisant des déclarations fracassantes au
journaliste Binigno Gonzalez de l'ABC de Séviile. Le 17 septembre
1968, un entretien avec le père Guerrero paraissait dans El Noticiero
Universal de Barcelone. Il était précédé d'un paragraphe commençant par
"D'après un prêtre séviilan, une colonie d'êtres extraterrestres résident en
Espagne" ...
Par ailleurs, le 12 novembre 1968, un certain Francisco Donis Ortiz, en
route au volant de sa voiture entre Valence et Madrid, reçut comme une
"injonction télépathique" (c'est comme cela qu'il a décrit son vécu) de se
dérouter vers le Parador National d' Alarcon, ce qu'il fit. Il y rencontra au
bord de la route un grand objet discoïdal flottant près du sol et dont

88
descendit un humain. Celui-ci se présenta sous le nom d' Atienza et se dit
d'ascendance humaine, mais natif de la planète Urln, dont les habitants
sont de petits êtres macrocéphales et une petite colonie de "terriens"
d'origine. Son histoire fut publiée dans plusieurs numéros consécutifs de
décembre 1968 de la revue La Actualidad Espanola sous la signature
d'un certain F. Sinod. Il ne s'était pas beaucoup forcé pour le pseudonyme
qui est l'écriture inversée de Donis. A la suite de cette publication, Donis
reçut une lettre des Ummites (088) datée du 18 janvier 1969, suivie
d'une deuxième datée du 28 février. Les Ummites lui proposent une série
de nombres binaires destinés à valider son contact extraterrestre et la
volonté qu'il affiche de communiquer.
Une réunion fut organisée le 5 mars 1969 au domicile de Donis, Calle
de Antonia Mercé à Madrid, avec d'autres personnes ayant reçu de la
correspondance ummite. Ribera et Farriols étaient présents. L'objet de la
réunion était la lecture de la deuxième lettre reçue par Donis et la prépa-
ration d'un certain nombre de questions que Donis devrait poser aux
Ummites. Pendant la lecture de la lettre, le téléphone a sonné: Donis est
allé répondre. Il a entendu une voix nasillarde qui le suppliait pour "que
les frères réunis en son domicile ne posent pas de questions à mes frères".
Cette partie de l'appel a pu être enregistrée par Farriols qui ne se séparait
jamais de son dispositif d'enregistrement à ventouse, dès qu' il s'agissait
du dossier UMMO. Cet enregistrement a fait l'objet de plusieurs analyses
techniques dans des laboratoires d'acoustique, aussi bien espagnols que
français. Ils ont conclu à des fréquences "non naturelles humaines". J'ai
pu me procurer une copie de cet enregistrement. Elle a été capitale dans
la progression de mon travail, par son contenu phonétique (voir le
chapitre sur la phonétique, dans la partie technique).
Le 27 mars 1969, les Ummites envoient une lettre de réprimande au père
Guerrero, car ses déclarations ont eu un effet suffisamment retentissant
pour qu'ils considèrent la sérénité de leur séjour menacée et parlent
d'organiser leur départ.
La France ne connaissait pas encore le dossier ummite lorsque Antonio
Ribera fit un voyage à Paris dans cette même année 1969. Il était en
relation avec René Fouéré, qui avait créé le GEPA (Groupement d' Etude
des Phénomènes Aériens) et dont Claude Poher s'inspirera plus tard, en
créant le GEPAN. Antonio Ribera remit un certain nombre de copies
des documents à contenu très technique à René Fouéré, car le GEPA
travaillait avec des consultants scientifiques d'excellent niveau.
René Fouéré fera part dans les mois suivants des appréciations de
ceux-ci: l'un pense que c'est une fraude, mais géniale. L'autre déclare

89
que selon la progression de sa lecture, il doute de plus en plus qu'il
s'agisse d'une fraude, même géniale et qu'il y a dans ces textes des idées
absolument originales. Nous savons tout cela par le courrier qu'il a
envoyé à Antonio Ribera et que celui-ci a répercuté à Alicia Araujo
(819).
C'est en 1970 que José Luis Jordan Pefia crée, à Madrid, l'association
Eridani A.E.C. (Asociaci6n de Estudios Cosmol6gicos). Cette associa-
tion deviendra à son tour destinataire de rapports ummites, en particulier
d'une première citation par les Ummites des enquêtes que mène la CIA.
Courrier reçu le 19 août 1970 et faisant suite à un précédent document
reçu par M. Martinez le 29 juillet 1970.
En juin 1971, Rafael Farriols organise le premier Symposium de UMMO
au Motel Osuna de Barajas (Madrid). La plupart des textes reçus furent
lus au cours de séances qui s'étendirent sur trois jours, avec matériel
audiovisuel et projections.
C'est en août 1972 que la première analyse des photos de San José de
Valderas est réalisée par Oscar Rey Brea, météorologue. Il conclut, dans
un article publié par la revue Stendek, ses premières études en penchant
pour le trucage.
Les 12,13 et 14 mai 1973, Rafael Farriols organise le nème Symposium
de UMMO, à l'hôtel Ritz de Barcelone. Le titre en est "La fonction de
l'Homme dans le Cosmos". N'oublions pas que ces congrès ou sympo-
sium sont organisés sur la suggestion des Ummites, pour lesquels ces
réunions sont très probablement d'excellents laboratoires socio-
psychologiques "grandeur nature". Jean-Pierre Petit rapporte des faits
"étonnants" qu'il a vécus, pense-t-il, lors de l'un de ces congrès, en
compagnie de Jean-Jacques Pastor, alors futur traducteur de l'ouvrage
d'Antonio Ribera.
C'est aussi en 1973, au cours d'une réunion d'ufologues franco-espa-
gnole à Tarbes, que Claude Poher rend publics les résultats assez
étonnants de l'enquête qu'il a menée à côté de La Javie, non loin de
Digne, en France. On a vu que ces conclusions sont cohérentes et
confirment les déclarations des Ummites.
Le 10 octobre 1973, l'association Eridani reçoit deux documents, non
référencés par Damaude, mais publiés par J. Manuel Aguirre et que j'ai
repérés A106 et Al07, dans lesquels les Ummites annoncent leur départ
global de la Terre à une date comprise entre le 29/1 0 et le 15/ Il. On
remarquera la fourchette assez large de dates et parfaitement compatible
avec les incertitudes liées aux évolutions des plissements isodynamiques
de l'espace: compte tenu du mode de déplacement qu'ils exposent (voir

90
Chap. 7), ils savent quand ils partent vers la Terre ou d'autres planètes,
mais la durée réelle du voyage dépend de la date de départ. On remarque
que l'imprécision n'est pas trop importante, puisque la fenêtre est d'une
quinzaine de jours pour un voyage moyen de cinq ou six mois.
Les Ummites donnent aussi une probabilité de retour sur Terre d'environ
61%.
On constate en effet que seuls deux documents ont été confiés au
dactylographe pour diffusion en janvier 1974 et que les envois reprennent
en mars 1976.

Depuis les premiers documents à Sesma, presque huit ans s'étaient


écoulés. Durant cette période, un certain nombre de membres du club
s'étaient progressivement convaincus de la réalité des Ummites et leur
conviction pouvait avoir des aspects proches de ce que l'on trouve dans
la foi religieuse. Par ailleurs, l'objectif d'Eridani était l'étude du
phénomène OVNI dans son ensemble et pas seulement UMMO. Un
groupe de dissidents de cette association (vraisemblablement de jeunes
adhérents) fit circuler un document " incendiaire" accusant les membres
convaincus du Club de former un ensemble sectaire (au sens premier du
terme, tant il est vrai qu'ils se prenaient pour des initiés, qui lisaient
"entre eux" les documents ummites!) disposant de moyens financiers
énormes, supérieurs aux moyens de l'Opus Dei (sic!). Les détails sont
donnés par les Ummites dans le document A 114, reçu par J. Manuel
Aguirre le 22 janvier 1974. Il s'agit bien d'un éclatement des structures
de suivi des dossiers OVNI et UMMO.
En octobre 1974, les Ummites déclarent quitter à nouveau la Terre. La
probabilité d'une dégénérescence nucléaire du conflit israélo-arabe
atteint un seuil qu'ils considèrent comme intolérable. Exactement comme
en 1967. Ils disent en quelques feuillets rapportés par Ribera (83 p35 ... )
qu'ils mettent à la disposition du groupe de Madrid leur abri anti-
atomique d'Espagne. Ils font tenir à Rafael Farriols des documents
explicatifs, dont certains sont codés, pour accéder à leurs refuges, ainsi
que des instructions concernant la sélection des personnels. C'est
étonnamment précis et plein de bon sens.
En 1975 le groupe d'études Eridani, fondé à l'initiative de Pefia, se
disloque et disparaît. Sa vie aura été courte au regard de la durée du
dossier UMMO.
C'est sans doute en 1975 que Jean-Pierre Petit, qui s'intéresse aux OVNI
à travers les problèmes de propulsion qu'ils évoquent, prend connais-
sance du dossier Ummo. Il est en relation, à l'observatoire de Marseille,

91
avec Maurice Viton, astronome et passionné d'OVNI. Celui-ci, qui est en
contact avec Claude Poher, a connaissance des premiers textes UMMO
parvenus en France, et en fait tenir copie à Jean-Pierre Petit. Ce dernier
est subjugué, presque d'entrée.
Dans un document reçu le 1er décembre 1976, dont je n'ai pu situer le
destinataire, les Ummites se font l'écho de communications télépho-
niques "parasites" et qui ne sont pas de leur fait. On retrouvera plus tard
quelles personnes se sont accusées de ces "pollutions" du dossier. Les
motivations ne sont pas claires: ce peut être pour se faire remarquer, ou
pour introduire des éléments de futur discrédit dans le dossier. Dans ce
cas, rien ne nous permet de distinguer l'initiative purement humaine
terrestre de l'initiative "psychologiquement induite" par les visiteurs.
C'est en 1977 que Claude Poher fait connaître le résultat de son analyse
des photos de San José de Valderas dans le bulletin du CUFOS du
Dr Allan Hynek. Elles seront reprises par la revue Inforespace (8 18),
résultats que je commente dans le prochain chapitre, sous le titre "Les
travaux de Claude Poher".
Peu de temps plus tard, d'autres conclusions sont publiées par la revue du
Ground Saucer Watch (GSW), association ufologique privée domiciliée
à Phœnix, Arizona, sous la plume de son dirigeant William Spaulding.
Il affirme que les photos sont des fraudes réalisées avec une maquette de
20 cm en matière plastique suspendue à un fil. D'une part son analyse est
postérieure à celle de Claude Poher, mais surtout, il n'a pas disposé des
négatifs comme Poher. Il a seulement eu en mains une copie de photos,
dites de seconde génération, expédiées par Vicente-Juan 8allester Olmos,
ce qui rend ses conclusions éminemment suspectes. J'ai personnellement
vu des tirages de photos tout à fait nettes publiées par Incroyable et
scientifique n° 7, page 62/63, 3T95, (823) et qui correspondent sans
doute à ce jeu de copies. Les positifs publiés par Ribera et Farriols (8 16
p 103+) sont de moins bonne qualité et répondent plus aux descriptions
techniques qui en ont été faites. Il est en particulier surprenant que
Spaulding ait pu voir un fil sur un positif, alors que celui-ci n'aurait pas
été visible sur le négatifl
23 mai 1978. C'est la date de réception, par Luis Jiménez Marhuenda, du
premier courrier postérieur au départ annoncé des Ummites en 1974. Ils
sont donc revenus! Ils disent qu'ils se sont établis au mois d'octobre
(donc 1977) au Danemark.
Le décès de YU/1, survenu entre-temps dans un accident, y est annoncé.
Je pense qu'elle a disparu au cours d'une catastrophe aérienne, comme
passagère banale d'un vol commercial sur Terre.

92
Quatre mois auparavant, le 28 janvier 1978, Antonio Moya Cerpa avait
présenté son dictionnaire Ummo. Il sera publié en juin 1979 comme
partie du livre de Ribera (83) sous le titre espagnol de El misterio de
Ummo.
Du 28 au 30 mars 1980, une sorte de congrès est organisé à Alicante, sous
le titre "Journées d'Etudes de la Planète Ummo". La date correspond au
30ème anniversaire de l'arrivée des Ummites sur Terre. Cette réunion
n'est pas faite à l'initiative de Rafael Farriols, comme cela a pu être le
cas dans les années précédentes, mais par Luis Marhuenda. Tous les
protagonistes anciens y sont présents: le père Guerrero, Rafael Farriols,
José Luis Pefia, Antonio Ribera et d'autres ... Les Ummites, qui sont
naturellement à l'origine de cette réunion, déclarent y avoir "participé".
Et de deux manières, semble-t-il.
Nous disposons d'une part des commentaires de la réceptionniste du
"congrès" qui a déclaré à quelques assistants qu'elle a été étonnée de la
participation de deux personnages très bizarres "qui ne parvenaient pas à
apposer leur signature avec une pointe bic sur la fiche d'identité". Je ne
sais pas personnellement la suite, c'est-à-dire s'ils ont été admis ou
refoulés. Mais j'ai la version qu'ils ont donnée de leur "participation" à
cet événement, je cite (D119 reçu par Luis Jiménez Marhuenda le 26 avril
1980, soit à peine moins d'un mois après le rassemblement):

" ... J'ai eu l'audace Monsieur: de violer votre tranquillité en vous


remettant par le canal postal ces lignes dactylographiées qui codifient de
1'information concernant la récente rencontre entre frères humains
organisée par vous dans un cadre consacré à UMMO.
En acceptant une cordiale invitation que vous aviez formulée, deux de mes
frères mâles (sic) se sont déplacés depuis ALBACETE vers 1'immeuble où
se trouvaient vos frères pour cet événement dédié à notre civilisation. Il
n'était pas possible de solliciter une entrée gratuite, vous comprendrez
parfaitement le très grave trouble et 1'expectative que cela aurait provoqué.
Il ne nous fut pas difficile d'autre part d'entrer dans l'enceinte et mes
frères se sont fondus parmi les assistants bien qu'ils n'ont pu rester que
pendant trois heures et quarante-deux minutes, laps de temps suffisant
pour mettre dans la salle des instruments de petit calibre pour la
captation de 1'information en vidéo et spectre sonore, nous avons aussi
pu coller sur 1'épiderme de onze humains (six femmes et cinq hommes)
des sondes pour le contrôle des paramètres psychophysiologiques. Ces
polytransducteurs ont un volume minimum de 2,4 mm3 et s'appliquent
sur la peau au moyen d'un composé visqueux non érosif et non

93
dérangeant pour le porteur et s'ils étaient repérés ils se confondraient
facilement avec une pellicule carbonée adhérant accidentellement avec
du mucus, ce Réseau et son module central correspondant de réception
de données, de codification et de transmission postérieure fut 1'unique
système que nous avons validé pour suivre les incidents au cours des
sessions.
Le mercredi deux avril/ 'un de mes frères retournait pour récupérer une
partie des appareils qui pour des raisons réservées ne jouissaient pas
d'autonomie pour leur déplacement aérien par contrôle à distance.
Nous avons attendu jusqu 'à disposer de temps pour analyser le volume
des données apportées: en cette UWI nous disposons aussi d 'un schéma
qui me permet de vous écrire ... ".
Bien qu'ayant pu être entièrement fabriquée de main de Terrien, cette
lettre est totalement cohérente avec les éléments connus, à l'époque, du
dossier. Les indications techniques sont en plein accord avec la mise en
œuvre d'un système UULODOO d'enregistrement optique (non directe-
ment cité), sonore et autres paramètres. Avec aussi la mention du vocable
UWI (moment, instant) qui est complètement significative en elle-même
et cohérente avec les autres citations.

En juin 1979, Antonio Ribera avait publié les plus importants textes dont
il avait été personnellement destinataire. Des problèmes, que j'appellerai
aujourd'hui pudiquement de gestion de droits, avaient empêché que ne
puisse être publiée l'intégralité des documents Ummo. Les Ummites
mettaient là en évidence une des contradictions de nos mentalités et
de nos sociétés. Ils avaient fait destinataires plusieurs humains. Les
contenus, d'origine "non terrestre" pouvaient être considérés comme
"patrimoine de l'Humanité". Mais chaque destinataire pouvait se sentir
détenteur d'un "capital", d'autant plus valorisable [vous avez dit
l'argent?] qu'il n'était pas encore diffusé!
Nous devons à Antonio Ribera d'avoir fait le premier pas. Il a, bien sûr,
organisé la "valorisation" des écrits qu'il a reçus, mais au moins il en a
publié les contenus! Le même sentiment de reconnaissance doit être
formulé à l'égard de Juan Manuel Aguirre Ceberio, pour sa publication
de 1984. Sans ces deux initiatives, le présent travail n'aurait pu avoir de
consistance.
On ne peut en dire autant de l'attitude de Jean-Pierre Petit, qui diffuse
dans son bulletin du GESTO, à l'issue de l'année 1998: "... Enfin j'ai com-
mencé à évoquer la métaphysique ummite, sur la base de rapports non diffusés
(et qui ne le seront pas, en vertu d'accords passés)" [je pense aux textes qu'il

94
dit avoir personnellement reçus]. Il s'agit sans doute d'une interprétation
totalement restrictive de la demande de discrétion nettement formulée
dans la lettre de Ryad 1992. Cette attitude prive les autres chercheurs de
documents précieux pour la progression pluridisciplinaire de l'étude de
la civilisation ummite. Elle est en contradiction avec l'esprit de la recher-
che scientifique et l'indispensable partage des données qui s'y rattache.

Un an après, en juin 1980, Mundo Desconocido, dans son numéro 48,


publie un inventaire des documents Ummo, sous la plume d'Ignacio
Damaude. Je remarque qu'il n'a jamais publié de texte, bien qu'il ait été
destinataire de certains d'entre eux.
Les années suivantes sont sans relief, sauf en octobre 1981. Cette même
revue publie les résultats d'une enquête réalisée par un certain groupe U3
barcelonais (il m'étonnerait que Rafael Farriols n'en soit pas au moins
commanditaire!) sous le titre "Las mentiras de UMMO: El engafio de la
Javie". Les enquêteurs ont sillonné le bourg français de La Javie et ses
environs et n'ont rapporté aucune preuve positive, c'est-à-dire qu'aucun
des éléments donnés par les Ummites n'a pu être démontré. Sur le fond,
et compte tenu de ce que je connais du dossier, cette expédition avait
toutes les chances d'être infructueuse. Si un jour cette enquête doit
être reprise, c'est après une analyse "très minutieuse" des documents
G'entends par là l'écrit et tout ce qui peut en être déduit) et avec des
moyens technologiques et des méthodes dont nous ne disposons pas
aujourd'hui. J'ajouterai que les Ummites ont très certainement laissé sur
place des détecteurs destinés à les informer de l'approche des hommes.
Le Il février 1982, Fernando Sesma, l'homme qui a été le principal pro-
tagoniste de l'affaire Ummo dans ses débuts, décède. Il avait abandonné
tout intérêt pour les Ummites quelque temps après l'affaire de San José
de Valderas et avait vendu à Rafael Farriols son trésor de documents. Peu
avant sa mort, il affirmait ne pouvoir prendre position: dans tout ce qu'il
avait connu d'extraterrestre, il admettait n'avoir été convaincu que
partiellement. Ce qui, finalement, était une forme de confirmation: toute
sa vie, il avait été conscient et non fanatique. A l'encontre de portraits que
de nombreux commentateurs avaient voulu faire de lui.
En 1983 et 1984 se tiennent à nouveau deux colloques sur l'affaire Ummo
au Collège Mayor de San Augustin, village universitaire de Madrid. Ils sont
commentés dans des documents dont nous avons connaissance de l'exis-
tence, mais pas du contenu, et reçus par Juan Miguel Aguirre.
Les années suivantes sont marquées par l'absence de correspondance
ummite soutenue et par la prolifération de publications (surtout

95
d'Antonio Ribera) et d'analyses et commentaires. En particulier, c'est
dans cette période que paraît en septembre 1988, sous la plume d'un
certain Carlos Berché, la première tentative de présentation de
l'hypothèse de la mystification par un homme: José Luis Jordan Pefia.
Au tout début de 1988, et dans la plus grande discrétion, Javier Sierra
avait reçu plusieurs documents assez conséquents et formant un tout
homogène. Les observateurs "proches du dossier", comme nous disons
maintenant, ont été frappés par la différence de tonalité de leur contenu:
tant par le style de l'écriture que par les thèmes abordés, beaucoup plus
métaphysiques (au sens banalement terrestre) et religieux. Les obser-
vateurs espagnols ont noté cette différence et se sont empressés de
l'attribuer à un changement de "locuteur" (accréditant l'origine fraudu-
leuse). José Luis Jordan Pefia avait, en effet, été victime d'un accident
cérébral majeur dans les années précédentes, le laissant presque sans voix
et sans capacité d'écrire. Ce changement de style et de sujet venait à point
nommé pour accréditer un changement de "faussaire", d'autant que des
fausses lettres avaient circulé, en particulier à l'initiative de Pefia en
direction de Dominguez.
Avec le recul du temps et à la lumière de l'analyse linguistique, je peux
affirmer que ces documents présentent tous les aspects d'originaux
ummites. Les vocables ummites cités sont nombreux et clairs, en totale
cohérence didactique avec le reste des documents. Le contenu est
homogène avec les autres textes, les prolonge et les approfondit. Je pense
que le changement de style et d'orthographe est dû à la volonté de se
démarquer franchement des discours antérieurs dont la forme a pu servir
de base à la fabrication de faux. J'observe aussi, à travers l'orthographe,
que le couple "Ummite-dactylographe" n'est pas le même qu'en 1966.
Est-ce surprenant, presque vingt ans plus tard? En revanche, ce constat
vient confirmer la réalité de la dictée à un secrétaire. Quel individu
terrestre se serait prêté à cette mise en scène de la dictée (complètement
perceptible par les contenus), avec ses maladresses, pour accréditer ce
qu'il voulait? C'était compliqué et impliquait déjà au moins une compli-
cité madrilène. En contradiction avec les affirmations postérieures.
Depuis environ 1975, Jean-Pierre Petit, Ingénieur français en Aéro-
nautique et spécialiste des plasma, s'intéresse de très près à ce dossier. Il
a réussi à gagner l'amitié de Rafael Farriols, homme dont la personnalité
ne se livre pas facilement. Il a ainsi accès à tous les documents que
Farriols a pu se procurer, et celui-ci ne lésine pas sur les moyens pour
compléter son dossier. Il est clair que si les Ummites sont une réalité, ils
savent que Jean-Pierre Petit s'intéresse à leurs écrits. Et avec des yeux

96
qui sont technologiques et pragmatiques, à l'opposé des attitudes
espagnoles. Mais Jean-Pierre Petit ne reçoit pas de lettre ummite.
Il aura fallu qu'il publie un premier ouvrage (BI), en septembre 1991,
pour qu'il reçoive, dans la semaine suivant la mise en publication, une
lettre présentant tous les signes d'un original ummite. Il n'y est, bien sûr,
pas question de technologie, sauf celle des armes monstrueuses que la
planète continue à développer et de la paix.
Jean-Pierre Petit recevra, selon ses dires, d'autres documents dans les années
suivantes. Il en revendique au moins une demi-douzaine, dont il ne publiera
que la lettre de Ryad (reçue en automne 1992 et publiée en 1995).
Le 2 avril 1993, un coup de tonnerre s'annonce sur l'Espagne. Rafael
Farriols reçoit une lettre des Ummites qui lui demandent d'organiser
rapidement une réunion des "ummologues", des familiers de l'affaire, pour
discuter du dossier et entendre de Pefia ce qu'il sait sur Ummo. On notera
que l'initiative est ummite. Cette réunion est fixée au 17 avril à son domi-
cile. Entre-temps, dans une lettre datée du 6 avril, Pefia décline l'invitation
(il prétexte son incapacité à se déplacer et à parler correctement de façon
suivie), s'accuse d'être l'auteur de toute l'affaire Ummo et qu'elle n'est
qu'une mystification. Il confirme dans plusieurs lettres: le 6 avril à Farriols
et le 8 avril à Dominguez. Il 1'affirmera le 15 mai à nouveau à Farriols et le
22 septembre à Juan Manuel Aguirre Ceberio. Je trouve personnellement
"énorme" et "à visée médiatique évidente" cette avalanche de confessions!
Le 25 mai 1993, Ignacio Darnaude enverra une lettre de questions du
type QCM à Pefia pour, espère-t-il, en avoir le cœur net. La réponse n'a
pas été à la hauteur de ses attentes. Les motivations que Pefia expose sont
floues et très peu convaincantes!
Le jour de la réunion à Barcelone, Jean-Pierre Petit est présent. li en
rend compte dans un de ses livres (B2 p225+). Pefia, resté chez lui, fut
contacté au téléphone par Farriols, et affirma qu'il avait agi sur les
indications des Ummites et qu'il n'y avait pas lieu de se fâcher!
Dès que la "confession" de Pefia fut rendue publique, les ufologues
se remirent à enquêter et à produire du papier. L'ensemble du milieu
ufologique se précipita sur cette explication qui permettait de clore
"honorablement" l'énigme du dossier Ummo, et de passer à autre chose.
Pefia donnera une nouvelle version de son "forfait", dans un courrier de
1998 à Ignacio Darnaude, lettre dont j'ai pu me procurer la copie. Il s'y
accuse en indiquant l'appui technique et financier d'une organisation nord-
américaine (tout le monde comprend la CIA), en pleine contradiction avec
ses premiers aveux de 1993. li déclarait alors qu'il avait agi exclusivement
seul.

97
Je suis en possession d'une copie de la lettre datée du 2 avril 1993, postée
à Cuba. Sans rentrer dans la justification détaillée de mon analyse, cette
lettre mentionne un vocable ummite nouveau. Son contenu significatif est
totalement cohérent avec le texte qui parle des "problèmes de gestion de
l'équilibre des contraintes psychologiques" qu'ils ont provoqués chez
l'un des protagonistes de l'affaire et que d'autres éléments de la lettre me
permettent d'identifier à Pef'ia. C'est pour moi l'aveu de la manipulation,
mais à la manière ummite: l'aveu est fait, tout laisse à penser que ... [en
conformité avec l'éthique et la "Loi Morale"], mais le principal, c'est-à-
dire l'information clé, est suggéré et non clairement formulé [en vertu de
la volonté de non accréditation prouvable du dossier).
J'ai eu connaissance de ce document dans les derniers mois de mon
travail et il m'a conforté dans mes conclusions. L'affaire est consistante
et l'origine terrestre plus que hautement improbable!

Au total, un ensemble de trente-quatre destinataires espagnols, dont


aucun ne s'était fait remarquer par des travaux ou publications de pointe.
Des gens honnêtement "moyens" et "normaux", comme les avaient
désirés les Ummites, mais trop "méditerranéens" comme ils eurent à le
découvrir.

Ummo en dehors de l'Espagne


Les Ummites ont déclaré avoir distribué sur Terre un total de plus de
6.000 pages. Je dispose des copies d'environ 1.300 d'entre elles. Rafael
Farriols et quelques autres, dont Juan Aguirre Ceberio, détiennent
des textes non publiés. Mettons que le total conduise à 1.500 pages. Tl
suffirait de trois autres pays à couverture comparable pour arriver au total
de 6.000 pages. Ce n'est pas inconcevable.
Ignacio Damaude est convaincu que les envois hors de l'Espagne ne sont
pas une réalité.

Avant d'aborder la diffusion probable dans d'autres pays, je propose au


lecteur un extrait du document reçu par Juan Manuel Aguirre Ceberio le
22 janvier 1974 (A 114), et non référencé par Damaude:

" ... Il ne faut pas oublier que le groupe espagnol constitue dans le
contexte de nos relations avec les humains de la Terre, un cas spécial,
dérivé de raisons historiques que vous connaissez en partie. D 'autres
hommes de la Terre ont reçu nos informations sans qu'elles ne transcendent

98
vers d'autres zones sociales. On connaît bien plus l'existence de Ummo
par la version espagnole que par les très rares filtrations émanant
d'autres Nations.
Je vous répète que ceci ne constitue pas une critique. Au contraire, en son
temps nous avons toléré et même stimulé ces filtrations en tant
qu'expérience sociale pour vérifier la solidité de notre stratégie par
rapport au Réseau Social Terrestre.
C'est pourquoi vous constituez un groupe limite, craint par nous d'une
part parce que nous ne pouvons de manière éthique contraindre pour le
contrôler (fidèles que nous sommes au compromis de ne pas inhiber la
liberté de nos amis) et d'autre part parce que nous sommes soumis au
risque qu'il se convertisse en désagréable point chaud qui annule tous
nos efforts pour continuer les contacts avec la Terre.
Pour cela rien de ce qui vous affecte ne nous est étranger. Nous avons
1'avantage, oui, qu 'une version quelconque émanant du Pays d 'Espagne
est à chaque fois sous-estimée dans d 'autres pays, et que cela se doit à la
triste image que la structure de l'Etat espagnol donne à l 'opinion
publique des autres Nations.
Mais nous préférerions que vous-mêmes nous aidiez à étouffer toute
réaction éruptive qui nous affecte. Nous ne sommes pas tant préoccupés
du fait que 1'on parle en mal ou en bien de nous: mais que 1'ON PARLE
AVEC EXCES ... "

En France, par exemple, Jean-Pierre Petit s'affirme avoir été destinataire


de documents. Il n'a pas rendu public le contenu de nombre d'entre eux,
si bien que nous manquons, dans une démarche scientifique complète et
incontestable, de la validation de leur existence. Pour ceux qu'il a rendus
publics, Jean-Pierre Petit a publié des extraits tronqués, adaptés et dont il
a expurgé les mots du système linguistique ummite.
Nous savons qu'un Français, Monsieur Cadot, reçut un document en
1955, à Toulouse. Nous savons, toujours en France, qu'Aimé Michel et
René Fouéré ont reçu chacun au moins une lettre ummite.
Jacques Vallée, aux Etats-Unis, a écrit qu'il avait été destinataire de
plusieurs courriers ummites (84), dont le premier fut reçu en mai 1981 à
Palo Alto. Il en publie un fac-similé partiel.
Un cardiologue des Etats-Unis, Peters Welter, qui a échangé du courrier
avec Juan Manuel Aguirre Ceberio, a déclaré qu'il avait reçu des
documents ummites et a recommandé à Aguirre de garder le silence (8 19
p4/5). Il est cité dans le document 057, comme destinataire d'un résumé
de l'arrivée sur Terre, remis le 8 novembre 1965.

99
Un ufologue anglais, Sir Gordon W. Creighton, qui nourrit la revue
Flying Saucer Review de ses articles, a affirmé avoir reçu, lui aussi, des
lettres signées des expéditionnaires Ummo. Il ne dit pas combien, mais
on peut tabler sur quelques unités. Il s'étonne dans le numéro de février
1990 de sa revue, après avoir exposé qu'il comprenait très bien l'italien,
de l'usage de cette langue dans la dernière lettre qu'il venait de recevoir,
alors que les précédentes étaient écrites en anglais.

L'affaire Ummo a fait couler beaucoup d'encre. Les ufologues et les


journalistes n'ont pas manqué de se livrer à des analyses pour "expliquer"
le pourquoi et le contenu des documents.

Examinons quelques-uns de leur points de vue.

100
3. Ummo et l'ufologie

Lorsque Kenneth Arnold a décrit ce qu'il avait vu le 24 juin 1947, il


a parlé de "saucer-like-objects", c'est-à-dire "objets comme des soucou-
pes". Les journalistes qui commentèrent sa déclaration raccourcirent en
"flying saucers" (soucoupes volantes). Cette appellation se généralisa
plus tard en "Unidentified Flying Objects", UFO, dont l'équivalent
français est OVNI, pour "Objets Volants Non Identifiés".
La caractéristique principale des observations d'OVNI depuis plus de
cinquante ans maintenant, c'est que l'on ne sait toujours pas avec certitude
s'il s'agit de phénomènes matériels ou seulement optiques ou encore "para-
psychologiques", c'est-à-dire relevant de perceptions extrasensorielles ou
nés d'actions psychologiques inconnues dans la tête des témoins.
En effet, jamais personne n'a pu apporter une démonstration irréfutable
établissant la nature des phénomènes observés, ou même des preuves
matérielles convaincantes comme dans les deux cas français de Trans-en-
Provence ou de " l'amarante". J'en exclus bien évidemment le cas plus
que discutable de Roswell (B21 ). Sur plus de 10.000 observations
cataloguées hors Etats-Unis, seules une ou deux centaines environ
réunissent plusieurs éléments physiques différents et concourant à une
description cohérente. Si bien que la majorité des informations n'est
disponible que sous forme de témoignages.
La cause et l'origine de ces observations constituent donc essentiellement
des interrogations et un certain nombre de personnes ont tenté et tentent
encore d'apporter des réponses à ces questions. C'est pourquoi ils se
qualifient de chercheurs. Et comme leurs travaux concernent les OVNI,
on les a appelés des ufologues, mot directement transposé de l'américain,
plus euphonique que "ovnilogue", malgré une longueur comparable.
Toutes les personnes qui ont entrepris des études ou des travaux de tous
ordres sur ces témoignages sont donc tributaires
- de la fragilité de ceux-ci, et de toute la distance possible entre le récit
qu'un témoin fait de ce qu'il croit avoir vu et la réalité,

101
- du caractère nécessairement hypothétique de leurs conclusions ou de
leurs propositions de solution.
Ce qui explique la très grande majorité d'ouvrages entièrement écrits au
conditionnel. La presque totalité de ces auteurs n'a malheureusement pas
de formation scientifique. On a vu éclore, au cours de ces derniers
cinquante ans, un bon nombre d'hypothèses, toutes aussi étonnantes les
unes que les autres.
L'affaire Ummo a une réalité en elle-même, matérialisée par environ
1.300 pages de documents que tout un chacun peut parvenir à se procurer,
comme je l'ai fait. Mais l'affaire Ummo a donné lieu à trois observations
d'OVNI, inégalement remarquables par les détails et les éléments
disponibles. Les feuilles dactylographiées ayant peu intéressé les ufolo-
gues, car leur contenu n'est pas fait pour "attirer le lecteur", les observa-
tions sont alors devenues sujet de travail privilégié pour ces spécialistes
de l'hypothèse. Faisons ici, à l'occasion de ces observations et de notre
dossier, un petit détour pour bien délimiter ce qu'est une approche
scientifique, bornée à l'enregistrement et à l'étude des faits, et par voie
de conséquence, impartiale.
Pour découvrir la langue ummite, j'ai travaillé exclusivement sur les
textes reçus par les "contactés" (c'est-à-dire portant les marques
d'identification non diffusées). Parce qu'ils constituent la seule matière
parfaitement neutre G'entends ici qu'elle est indépendante de tout
témoignage) qui a l'objectivité de la réalité "encre-papier" des
documents et l'absence de source prouvée. Une fois la certitude de cette
langue acquise, je me suis intéressé aux ouvrages et travaux ufologiques
et scientifiques concernant ce que la presse et les ufologues ont appelé
"L'affaire Ummo". Et dans ces documents, les trois observations citées
occupent une très bonne place, car le dossier a souvent été discuté avant
que les conclusions de Claude Poher ne viennent à point nommé pour
diffuser "définitivement" l'idée de la supercherie.
Après une assez longue enquête, 1' ufologue barcelonais Antonio Ribera et un
industriel de cette même ville, Rafael Farriols, ont fait paraître sur ces trois
observations un livre, Un casa perfecto, en 1968 chez Pomaire. Ce livre sera
publié ensuite chez un autre éditeur, puis traduit en français (B 16).
Pour le reste de cette littérature, j'ai trouvé à peu près tout et son
contraire, les auteurs reprenant mutuellement une partie de la publication
de leurs confrères, sans contrôle et en ajoutant un zeste d' invention
personnelle. Tant et si bien que si le lecteur veut reconstituer ce qui s'est
passé à partir des publications disponibles sur le marché, comme je l'ai
tenté, il aboutit à des contradictions ou des non-sens. J'avais besoin d'une

102
vision cohérente. Fort de la littérature que j'avais sélectionnée sur la base
des noms les plus connus (Jacques Vallée, Jean-Pierre Petit et Claude
Poher), je me suis astreint à faire moi-même, à partir des témoignages
publiés et des travaux scientifiques édités, la reconstitution des faits. Ce
fut pour moi l'occasion de découvrir le monde de l'ufologie, d'apporter
une ou deux informations nouvelles et surtout de remettre en cause, dans
une démarche strictement scientifique, un grand nombre des données
considérées comme acquises par les spécialistes de l'ufologie.
En fait, les ufologues sont dominés par leur besoin de s'exprimer et de
soutenir un point de vue. Ils se considèrent comme des chercheurs,
comprendre des chercheurs de la solution de l'énigme posée par les
OVNI. Les témoins possibles du phénomène peuvent être humains par
des déclarations détaillées d'observations, des dispositifs techniques
comme les radars, au sol ou embarqués sur les avions, ou des photogra-
phies, ou des traces matérielles, etc. Avec l'épée de Damoclès constituée
par la nature humaine, qui fait intervenir l'ignorance de certains
phénomènes naturels, la psychologie et l'imagination, sans parler de la
simple déformation inconsciente de la perception. Les Etats-Unis ont
mené leurs propres enquêtes dans différentes commissions: Projet Blue
Book, Commission Condon, etc. Certains gouvernements ont aussi créé
des cellules de travail autour de la collecte des éléments d'observation.
Devant le secret ou la perte de crédibilité des résultats affichés par les
officiels, de nombreuses associations ufologiques se sont constituées dans
le monde. Si elles sont en principe libres et hors des pressions gouver-
nementales ou médiatiques, elles pêchent le plus souvent par la faiblesse de
leurs moyens financiers, et donc techniques. Certaines ont même réussi à
dépasser le secteur associatif sans but lucratif, pour devenir, de fait, de
réelles sources de revenus détournés pour leurs dirigeants. Elles sont
tributaires du déséquilibre entre les ambitions et les moyens.
Des milliers d'observations plus ou moins rapprochées U'exclus les
"enlèvements" qui se rattachent plus, à mon avis, à des désordres psycho-
logiques du sujet) qui ont été rapportées dans le monde depuis 1947, une
ou deux centaines d'observations sont certaines, mais on ne sait rien sur la
supposée origine du phénomène. Et c'est alors qu'entrent en lice les ufolo-
gues et les chercheurs. On peut ainsi définir plusieurs "obédiences":
Il y a d'abord ceux que l'on appelle les "croyants tôle et boulons". Pour
eux les OVNI sont des objets matériels, ce qui pose d'énormes problèmes
de compatibilité des "performances" observées (vitesses, accélérations,
virages, disparitions sur place, absence de bang supersonique, etc.) avec
les certitudes de notre physique. Jean-Pierre Petit fait implicitement

103
partie de ce segment de chercheurs, à plusieurs titres: il a construit une
théorie de la propulsion "fluide" de tels engins, qui résout le problème
de l'absence de bang supersonique. Le professeur Auguste Meessen,
physicien et ancien professeur de l'Université Catholique de Louvain La
Neuve, fait aussi partie de cette population, puisqu'il a proposé une
alternative au système exposé par Jean-Pierre Petit. On verra que l'étude
linguistique m'a conduit à m'intégrer à ce groupe, mais avec des "expli-
cations" dérivées des documents ummites et en totale rupture avec les
théories proposées, sauf sur un point. Bien évidemment, après avoir
admis la nature matérielle du phénomène, la question de son origine est
posée. D'où la "solution" extraterrestre, puisque aucune technologie
terrestre ne saurait rivaliser avec les performances constatées.
C'est l'argument inverse qui induit la position de la deuxième tendance: les
performances étant inaccessibles à notre technologie dans le cadre de nos
certitudes théoriques, il ne peut s'agir que de leurres sans réalité physique.
Nous savons effectivement provoquer le déplacement d'images dans des
conditions comparables à ceux des OVNI: les images n'ont pas d'inertie,
ne font pas de bruit, et peuvent disparaître sur place. Les ufologues qui sou-
tiennent ce point de vue ne sont pas d'accord entre eux sur les "origines"
du phénomène. S'agit-il uniquement de représentations mentales? Mais
dans ce cas, que faire des témoignages et des enregistrements matériels?
Ou bien d'un phénomène "paranormal", qualificatiffourre-tout qui est bien
pratique? Mais les appareils de mesure y seraient sensibles?

Comme nous l'avons vu dans l'histoire d'Ummo en Espagne, il y


eut l'atterrissage d' Aluche que les ufologues ont allègrement confondu
ou mélangé avec l'observation de San José de Valderas et le supposé
atterrissage de Santa Monica. San José de Valderas a été accompagnée
de photos dont le cadrage et la netteté en ont fait presque les meilleures
du monde. La réalité des observations a été rappelée dans le chapitre
précédent, sur la base de la première description disponible (B 16).
Avant de verser au dossier les travaux que Claude Poher a fait réaliser sur
ces prises de vues, il est intéressant de connaître leur contenu.

Les travaux de Claude Poher


Claude Poher travaillait au Centre National d'Etudes Spatiales à
Toulouse en 1976, en tant que Chef de la Division "Systèmes et projets
scientifiques". Passionné par les observations d'OVNI, il allait, peu de
temps après, créer le Groupement d'Etudes des Phénomènes Aériens Non

104
identifiés (GEPAN) le 1er mai 1977, en tant que service dépendant du
CNES.
Il a fait procéder à des études optiques approfondies sur les cinq négatifs
de San José de Valderas et, en s'appuyant sur le livre de A. Ribera et
R. Farriols (8 16), il a publié les résultats de cette étude dans la revue de
la SOBEPS (818) Inforespace n° 32, de mars 1977.
La présentation du travail d'analyse de Claude Poher est bien séparée en
trois parties: deux séries d'arguments et des conclusions. Bien qu'elles
aient été unanimement reprises par la presse ufologique, ses conclusions
me paraissent discutables. Voici pourquoi. Je cite la publication et les
numéros entre parenthèses renvoient à mes commentaires:

A. Arguments en faveur de la véracité des clichés, soit la présence d'un objet


volant insolite de l'ordre de 12 m de diamètre comme le concluent R. Farriols et
A. Ribera

A.1. Les éclairages du paysage et de l'objet sur les clichés montrent qu'aucun
trucage de superposition ou d'expositions successives n'a été utilisé, mais que
l'objet a probablement été photographié en même temps que le paysage, sans
interposition d'aucun système optique (miroir semi-réfléchissant par exemple].

A.2. Les éclairages sont parfaitement cohérents avec la date et l'heure allégués
d'observation et de prise de vue.

A.3. Le temps écoulé entre les clichés extrêmes (n• 12 et n• 24 du film) est
compatible avec la durée alléguée de l'observation. (1)

A.4. Si l'objet est supposé opaque, le calcul de l'action de la diffusion atmosphé-


rique (rendu possible par les mesures photométriques faites sur le paysage
photographié) est compatible avec un objet de grande dimension, situé à
plusieurs centaines de mètres de l'appareil photo et émettant de la lumière
(par exemple en excitant l'air autour de lui, comme dans le modèle théorique
d'aérodyne MHD de Jean- Pierre Petit).

A.5. Sur la photo n• 12, la «coupole» supérieure de l'objet apparaît plus


lumineuse que le ciel, même dans une zone opposée à la direction du soleil

(1) Je ne vois pas l'intérêt de ce commentaire, car la durée alléguée est de 12 minutes! Pour
faire 13 photos, ça laisse du temps, surtout que les conditions d'éclairage sont quasiment
constantes et la distance assimilable à "l'infini" photographique!

105
(donc située dans l'ombre); cette luminosité correspond à une énergie
rayonnée de quelques centaines de milliwatts si l'objet est petit et proche
(une maquette située à quelques mètres) ou quelques kilowatts dans les
hypothèses de distance avancées par A. Ribera et R.Farriols. (2)

A.6. Les cinq clichés disponibles montrent des attitudes de l'objet et des variations de
diamètre apparent cohérents avec la trajectoire alléguée par les «témoins». (3)

B. Arguments en faveur d'une supercherie


81. L'objet n'est centré sur aucun des clichés mais toujours situé au voisinage
de leur limite supérieure et latérale (en haut et à gauche sur les clichés 12 et
19, en haut et à droite sur les trois autres): ceci est parfaitement incompati-
ble avec une prise de vue "au jugé" et en état «d'excitation psychologique»
d'un objet volant (une simulation détaillée sur les lieux mêmes a nettement
mis ce point en évidence). (4)

(2) Notons bien ici que la possibilité d'une maquette rayonnant de l'énergie n'est pas
rejetée, on calcule même l'énergie correspondante. Ce point semble en contradiction avec
le précédent qui associe l'émission de lumière à un objet de grande taille et opaque.
En réalité il n'exclut pas un objet de petite taille et opaque. Pour qu' il n'y ait pas
contradiction, il faut admettre que la maquette peut être opaque.

(3) Que devient cette constatation dans le cas d'un collage de deux assiettes en plastique à
3,5 rn? Il a fallu à l'auteur (ou à l'équipe) une sacrée précision et une très bonne connaissance
d'avance des évolutions et de la trajectoire qui serait décrite par les témoins pour simuler à
3,5 rn des variations de diamètre attachées à des déplacements devant s'être faits en réalité
sur plusieurs centaines de mètres de profondeur!! D'ailleurs est-ce seulement possible? Un
bête calcul d'homothétie conduit à un éloignement nécessaire d'au moins 7 à 8 mètres, ce
qui pose alors d'énormes problèmes de "canne à pêche" qui doit rester hors du champ (voir
ci-après). Incompatible avec la photo YI, car les poteaux de la clôture sont à 10 m. Cet
argument est définitif(!) pour l'hypothèse de la vaisselle de camping!!

(4) Cette analyse, fondée sur le constat de la réalité du "mauvais cadrage" de l' objet,
incontestable, est purement subjective et orientée pour donner un argument (?) en faveur
de la supercherie. Je peux tout aussi bien le retourner et fournir l'explication suivante: dans
le cas des photos d'OVNI ou de tout objet volant, si le photographe cadre très bien l' objet,
il le prend en plein ciel et sans aucune référence de rattachement et d'analyse par rapport
au paysage et au sol. Dit autrement: si le photographe veut fournir des éléments solides et
constructifs pour une future analyse de la photographie, il lui faut prendre à la foi s le sujet,
en entier bien sûr, mais aussi beaucoup de paysage et d'éléments objectifs d' identification
et de positionnement. En conséquence, il ne faut surtout pas cadrer l'objet, mais inclure
dans l'image le maximum de références "sol". Et c'est alors complètement homogène avec
l'appréciation de Claude Poher que je partage: "ceci est parfaitement incompatible avec
une prise de vue «au jugé)) et en état «d'excitation psychologique))". Le photographe a

106
82. D'une part l'objectif de l'appareil photographique est resté à environ 1 rn 15
du sol pendant 13 clichés, malgré une rotation de 120° en azimut et un
déplacement latéral de plusieurs mètres, d'autre part, les variations du
parallélisme de l'horizon par rapport aux bords des clichés et les variations
de la hauteur angulaire de l'axe optique par rapport à l'horizontale locale
sont incompatibles avec une prise de vues «faite étant à genoux», mais
requièrent soit l'emploi d'un pied, soit des précautions et des attitudes de
visée «anormales». (5) En outre, la position relative de l'objet et la précision
des visées sont particulièrement incohérentes. (6)

8.3. Il y a eu un seul et unique photographe car les clichés du soi-disant second


photographe qui dit s'appeler Antonio PARDO (un nom espagnol aussi courant
que DUPONT en France ou SMITH en Grande-Bretagne) sont juxtaposables en
ce qui concerne le paysage avec une précision telle que les objectifs des
appareils auraient dû être situés au même endroit, à mieux que quelques
centimètres près; ce qui est inacceptable surtout dans le cas de deux clichés.
En outre, l'un des clichés «d'Antonio PAR DO» est très exactement juxtaposable
(objet compris) au cliché no 12 (précision meilleure de 0,1 %). (7)

bien pris le temps de construire son cadrage. On a en effet le jeu complet: le pylône de la
ligne électrique à haute tension, les fils, le château, et les poteaux de la clôture au premier
plan. Qui peut avoir eu intérêt à ce type de démarche, destinée à permettre un maximum
de contrôles? ... Et dans quel but? Un roi du trucage pour suggérer qu'il ne peut pas être
démasqué? Il y a plus simple ... Dans ces conditions, cet argument est en faveur d'une
photo à sujet réel et méticuleusement prise avec toutes les précautions autorisant une
possible analyse ultérieure.

(5) Toutes ces constatations ne sont pas discutables. Mais les conclusions sont tirées d'une
analyse entièrement fondée sur une visée supposée directe, nécessitant de se mettre "à
genoux". Les éléments cités ici, non seulement tombent, mais accréditent au contraire
l'existence d'un seul photographe, prenant ses vues en visée "réflex sur viseur dépoli" et
par au-dessus. Ce type de prise de vue était déjà possible à cette époque avec un appareil
japonais 24 x 36 de marque Miranda. On peut s'en procurer aujourd'hui d' occasion pour
environ 800 francs français. La hauteur de 1,15 rn correspond tout à fait à la position d'un
appareil porté autour du cou, à mi-poitrine pour un individu d'environ 1,80 rn, et permet-
tant les photographies confortablement, sans contorsions ou acrobaties, en penchant juste
la tête vers l'avant. Ceci est parfaitement compatible avec une rotation (déplacement
azimutal) ample et n'importe quel déplacement du photographe: les points de prise de vues
sont éloignés de 7,5 rn d'après Farriols. C 'est bien plus difficile à expliquer avec un
"pied".

(6) Reformulation de l'objection du cadrage, voir mon analyse au point précédent!

(7) D'accord avec le photographe unique, complètement compatible avec mon explication.

107
8.4. L'analyse détaillée du «flou» des différents plans du paysage par rapport à celui
des détails de l'objet fait plutôt penser que l'objet était une petite maquette
proche située à la limite inférieure de la profondeur de champ (à environ 3,50 m,
soit alors un diamètre de l'ordre de 20 centimètres pour la maquette). (8)

8.5. La comparaison photométrique détaillée des clichés 23 - 24 et des clichés


12 et 19 permet des calculs précis d'albédo qui montrent à l'évidence que
l'objet photographié sur le cliché 19 est translucide (comme une assiette de
camping en matière plastique opale par exemple) et que le signe l'est aussi.
Les valeurs des facteurs de transmission sont exactement ceux que l'on
obtient en dessinant un signe au «marker» ou à l'encre sur une maquette
translucide en plastique commun. (9)

8.6. La photométrie et la géométrie de la luminosité de la «coupole», de l'objet


sur la photo 12 sont compatibles avec la transmission et la diffusion de la

(8) Il aurait été intéressant que Claude Poher détaille ce qu'il appelle "l'analyse détaillée
du flou". L'objet a effectivement la forme globale de deux assiettes très creuses, assem-
blées par leur plus grande surface. La partie supérieure comporte une sorte de dôme dont
la base est cernée par une luminosité localisée et très forte. Cette seule observation facile
et à l'œil nu, sur la photo YI (image 20 page 109) et encore mieux visible sur son
agrandissement (image 26, page 118) rend le trucage par une petite maquette très difficile
à admettre. On distingue en effet sur l'agrandissement des effets localisés de micro-halos
à la base du dôme supérieur, témoins d'une source lumineuse intense, qui n'ont certaine-
ment pas échappé aux observateurs, et pour lesquels il aurait été convaincant que Claude
Poher nous donne une explication acceptable, dans le cadre de l'hypothèse "maquette",
surtout de camping! Et pas à base d'albédo!!

(9) La définition de l'albédo est "fraction de la lumière reçue que réfléchit ou diffuse un
corps non lumineux" (Larousse). Cette mesure et son interprétation sont donc fondées sur
l'hypothèse, indispensable, que le corps ne soit pas lumineux par lui-même. Ce qui est en
totale contradiction avec toutes les déclarations des témoins qui lui attribuent une
luminosité variable en couleur, à dominante orangée, et propre, par opposition à l'éclairage
du soleil bas sur l'horizon. Ces mesures d'albédo ont été faites sur une base fausse (objet
non lumineux par lui-même) pour établir que sa luminosité, incontournable sur la photo,
ne pouvait provenir que du caractère "translucide de son matériau" (suivez mon regard: un
OVNI ne peut être translucide, il est opaque, et la seule chose translucide possible, c'est
une assiette de camping "opalescente" au bout d'une canne à pêche!). Cet argument est
donc parfaitement faux et sans fondement. En outre, comparaison n'est pas raison! La
similitude du résultat ne préjuge pas de causes identiques. C'est un problème de condition
nécessaire, mais pas suffisante. Les mêmes causes produisent, en principe, les mêmes
effets, oui! Mais des effets comparables n' ont pas forcément les mêmes causes!
J'ajoute que sur le lot de photos publiées par Farriols et Ribera, aucune ne laisse penser
que l'objet est translucide.

108
lumière solaire par une «coupole» dont la paroi circulaire aurait été réalisée
en un matériau translucide mais poli en surface. En effet, la loi de variation
de l'éclairement suit parfaitement la loi de Lambert prédictible et le reflet
spéculaire attendu est bien présent. Ceci est facile à réaliser avec une petite
maquette. (10)

8.7. La valeur de l'énergie lumineuse qui serait émise si l'objet était opaque et
ses variations locales le long de l'engin sont incompatibles avec l'hypothèse
d'un objet émettant de la lumière par ionisation ou excitation de l'air ambiant
(l'objet ne peut pas être opaque). (11)

En conclusion
Les résultats des études conduisent à penser (12) que ces clichés sont une
supercherie réalisée au moyen d'une petite maquette en plastique translucide
sous laquelle on a dessiné un signe à l'encre et que l'on a suspendue à un fil très
fin pour la photographier en prenant bien soin de ne pas faire apparaître la "canne
à pêche" sur les clichés, ce qui explique les "visées anormales" (13). J'ai d'ailleurs
pu reproduire très exactement tous les aspects des clichés en réalisant ceux-ci
de la même manière, au moyen d'une maquette obtenue en collant ensemble
deux assiettes de camping par leurs bords et en y ajoutant la «coupole» qui est
un fond de tasse de camping de la même marque. Le tout m'a coûté 7,60 FF (14).

(10) L'argument est de même nature que pour le 8.5 Poher annonce avoir obtenu le
même résultat (dans le paysage d'origine et avec le même éclairage?), mais cela ne
démontre pas scientifiquement le lien de cause à effet entre la scène photographiée et la
nature de 1'objet.

(Il) En A.S il n'y a pas d'incompatibilité avec un objet petit, proche et opaque, et ici il y
a incompatibilité! En A.4 le calcul de la diffusion atmosphérique est compatible avec un
objet. .. Pourquoi le 8.7. serait-il plus fort que le A.S, le A.4, et les deux?

(12) Il n'est pas dit "démontrent" ou "établissent" ou "sont la preuve" ou toute formulation
de cet ordre ... l'expression est trop prudente pour recevoir l' aval du lecteur sans examen
personnel. Hélas, les ufologues ...

( 13) Sans doute trop fin pour être détecté avec les appareils "pointus" qui ont été utilisés
et qui ont permis d'analyser les variations d'éclairage!! C'est une déclaration, pas une
démonstration. Car, selon moi, c'est impossible, voir l'argumentation ci-dessous.

(14) Où peut-on acheter des assiettes de camping "opalescentes" et aussi creuses que la
forme visible sur la photo Y 1? La seule matière opalescente que je connaisse est une forme
de verre pyrex, donc très lourde en regard de l'hypothèse assiettes de camping.

109
Conséquences de ces résultats
Les conséquences de ces résultats d'études sont plus importantes que la simple
mise en évidence d'une supercherie photographique.
En effet, il suffit de relire le livre de A. Ribera et R. Farriols pour comprendre
qu'une véritable mise en scène a été préparée pour mêler à la fraude un grand
nombre d'honnêtes témoins (15).
Il n'est, en effet, pas nécessaire de disposer d'un objet volant réel de perfor-
mances extraordinaires - pour provoquer tous les témoignages recueillis: il suffit
par exemple de quelques fusées éclairantes (16) et de fabriquer soigneusement

(1 5) C'est une affirmation parfaitement gratuite, et en tous cas non étayée par des
explications ou un exposé argumenté. A mon avis, il a tort de sortir de l'analyse pure des
photographies: il montre ici et dans les lignes suivantes la construction mentale nécessaire
à une explication "rationnelle", admissible par un "humain normal", qui ne veut pas se
poser de questions. Il mélange déjà ce qu' il croit avoir vu sur les photos et ce que les
témoins déclarent avoir vu.

(16) Là, Claude Poher se moque parfaitement du monde. Il n'a pas dû voir de fusée
éclairante pendant son service militaire, s'il en a fait un, ou alors il est de parfaite mauvaise
foi. Une fusée éclairante fonctionne en descente sous un parachute qui est parfaitement
visible, car il est lui-même au premier plan de l'éclairement du "pot lumineux" dont il
assure la sustentation. Qui plus est en ambiance lumineuse extérieure comme un soleil
couchant. En outre, une fusée éclairante ne reste pas en l'air. Comme je l'ai dit, elle
descend assez lentement (durée approximative environ 25 secondes, si ma mémoire est
bonne), mais elle descend tout le temps et risque de mettre le feu aux broussailles à son
arrivée au sol. Quand les témoins décrivent une position stationnaire en légère oscillation,
et une observation qui a duré une douzaine de minutes, Monsieur Poher peut remballer ses
fusées éclairantes! A moins que les "oscillations sur place" correspondent, dans l' esprit de
Claude Poher, aux vingt-cinq à trente tirs consécutifs et coordonnés nécessaires pour
assurer une présence, toujours descendante, de la lumière. Au fait, les fusées éclairantes
sont blanches (luminosité violente du type magnésium en combustion!) ou franchement
rouges, comme celles de détresse en mer, et pas oranges comme les témoins ont décrit
l'objet. C'est faire injure à l'humain moyen et le prendre vraiment pour un demeuré que
de suggérer une telle hypothèse. Jacques Vallée, lui, a au moins imaginé une maquette
télécommandée! Et pendant ce temps-là, il faut que l'équipe photographique fasse ses
clichés dans le paysage, en conformité avec l'argument A.l, et sans que les supposées
fusées éclairantes n'apparaissent sur les photos! Dur, très dur!! Cet argument de fusées
éclairantes est parfaitement débile, et je reste poli! Ah! Oui!,j'oubliais que les témoins ont
distinctement vu le signe graphique sous l'objet: Claude Poher a donc imaginé des fusées
éclairantes construites avec des assiettes de camping opalescentes, dont le fond avait été
barbouillé de quelques traits, pour que les témoins puissent affirmer avoir vu un graphisme
sur le "fond" de l'objet, et malgré la luminosité des fusées éclairantes, dont la vertu est de
ne pas être "peu lumineuses"!! De qui s'est-on moqué? Et tous les ufologues et autres
"scientifiques" à la Vallée ou Petit ont, non seulement "gobé", mais diffusé tout ça! !

110
quelques traces (17) ... par contre, il faut monter une opération de mise en scène
d'une certaine envergure (18).

Un dénominateur commun apparaît d'ailleurs clairement au travers du récit de


l'enquête, c'est le trop omniprésent M. Jordan à qui une partie importante de
l'enquête fut confiée (19).
Il appartient maintenant à Farriols et Ribera de repartir à zéro et de faire toute la
lumière sur cette enquête ... car ils se sont fait abuser en toute honnêteté par un
(ou plusieurs) mystificateur(s) assez machiavélique(s) (20).
Mais là n'est pas la seule conséquence de mes conclusions. En effet, l'affaire
UMMO est étroitement liée à ces observations et elle «s'écroule» donc elle aussi
(21 ). Mais alors on a du mal à admettre que celui qui aurait pu s'amuser (astu-
cieusement) à fabriquer les clichés de San José de Valderas ait pu de la même

(17) Je rappelle que les traces alléguées sont rattachées à Santa Monica et n' ont rien à voir
avec les photos qu'il a analysées, qui se rapportent exclusivement à San José de Valderas.
Aucun témoin direct de ces traces dans le livre de Farriols et Ribera. Ce qui les rend sans
intérêt scientifique, et ne justifie, à ce titre, aucun commentaire.

( 18) Il est tout de même conscient que quelque chose "cloche" globalement dans la
solution qu'il propose.

( 19) Cette observation est parfaitement justifiée et tout ce qui se rattache à Jordân (Peîla)
doit être suivi de très près. Cela dit, l'ampleur du montage nécessaire, au-delà de son
impossibilité physique, élimine l'action d'un homme seul. Les motivations et les argu-
ments de cette hypothèse sont, à mon avis, incohérents et contre les faits (voir ci-dessous).

(20) C'est encore une affirmation qu'aucune argumentation construite ne vient étayer,
mais ça enfonce le "clou" de son explication.

(21) Claude Poher truque par le langage, cette fois-ci . L'affaire UMMO n'est pas étroite-
ment liée à ces observations, comme il le dit, car elle a sa réalité propre, importante et
incontestable, par les documents. Ce sont les observations qui sont liées à l'affaire Ummo,
par le sigle visible. Elles ne constituent que des épiphénomènes, par rapport aux quelques
1.000 pages connues à l'époque. Et dans ces conditions, dans l'hypothèse Poher, si les
observations s'écroulent, ce sont les seules "victimes". L"'affaire" conserve toute sa
consistance!
Cette inversion est un procédé dialectique connu: tous les mots clés y sont (ici "affaire
Ummo", "étroitement lié", et "observations") mais les idées sont "habilement" retournées.
Classique en dialectique politique pour "dérouter'' l'adversaire ou se sortir d'une contra-
diction soulignée. L'affaire UMMO ne s'écroule donc que dans la tête de Poher, ou du
lecteur convaincu par son exposé.

Ill
manière fabriquer toute la mise en scène UMMO qui est d'un autre ordre de
grandeur (22).

On frémit à la pensée qu'il ne s'agit peut-être pas là d'un simple jeu intellectuel
pour embêter quelques amateurs d'histoires croustillantes d'OVNI, mais peut-être
bien d'un jeu d'adulte plus grave (23), moins pacifique (24) ... d'une simulation de
diffusion de fausses informations à grande échelle (25) ou de simulation de
création d'une secte par exemple .. . (26) en tous cas un jeu qui a parfaitement
réussi ... (27)
On frémit aussi à la pensée que ces évènements eurent lieu en plein milieu du
travail de la Commission Condon, mais que par chance (?) leurs conséquences
ne furent publiées par A Ribera et R. Farriols qu'aussitôt après que le rapport de
ladite Commission ait été rendu public .. . (28)

(22) JI est conscient du peu de cohérence de son explication avec le reste des éléments du
dossier. C'est sa concession, pour faire passer ses idées.

(23) Observation sensée.

(24) Tout le monde a le droit de laisser libre cours à son imagination, pourvu que cela soit clair.

(25) JI parle bien de l'affaire Ummo, je crois? Parce que trente-quatre, total après trente
ans, pauvres amateurs d'évocations extraterrestres ou ufologues espagnols sont une grande
échelle? Il confond la diffusion que l'on doit aux commentateurs ufologues et la diffusion
d'origine, propre au dossier. S'il n'y avait pas tant de 'rediffuseurs', tous aussi peu
respectueux de la rigueur scientifique nécessaire à toute étude sérieuse, le dossier pourrait
sûrement être plus sereinement traité, en particulier dans toutes ses implications. Pour ce
qui est de la diffusion d'informations, que Claude Poher qualifie de "fausses", la solution
est peut-être à trouver directement dans les documents. Toutes les controverses à leur sujet,
y compris celle-ci, ne sont-elles pas les témoins objectifs des tempêtes mentales indis-
pensables .. . et les gages de la lenteur nécessaires à la pénétration de l'idée qu'ils préten-
dent diffuser? (*)

(26) Cette hypothèse ne résiste pas à l'analyse psychologique élémentaire des contenus des
documents. Quelques ingrédients y sont, comme "la connaissance" d'êtres que l' humain
moyen aura tendance à qualifier de "supérieurs" et les contactés peuvent se sentir en
quelque sorte "élus", en revanche il n' y a nulle part de tentative d' aliénation psy-
chologique, ni de la liberté, ni de question d' argent. Vous avez déjà vu des sectes gratu-
ites? Mais l'argument ' secte' sera repris par Vallée, à moins que ce ne soit l'inverse ...

(27) Tout à fait, et c'est à rapprocher de ma remarque (*) ci-dessus.

(28) Ce rapprochement n'est pas inintéressant. Je me suis étonné que le livre de Farriols et
Ribera ne soit sorti qu'en 1973. Une première version signée de Ribera seul a été

112
On frémit. .. mais je crois qu'on ne saura jamais le fin mot de cette histoire à
laquelle j'espère bien avoir mis un point final (29).

Après avoir fait des remarques sur le détail du contenu des observations
de Claude Poher, je voudrais ajouter d'autres commentaires.
Commençons par le constat fondamental: aucun des arguments ou obser-
vations décrites par Claude Poher (séries A et B) ne fait mention d'un fil,
visible sur les négatifs. Cette observation est CAPITALE: nulle part il
n'est fait mention du constat de la présence sur le négatif d'un fil, ou d'un
quelconque dispositif de suspension de la possible maquette. Donc M.
Claude Poher n'a pas observé de fil sur les négatifs, malgré les moyens
sophistiqués qu'il a utilisés, sans pour autant en donner le détail.
La présence d'un fil, même très fin, est une simple hypothèse, présentée
comme la solution à la réalité des scènes photographiées. Vu le sérieux
du travail scientifique d'analyse des clichés, il est très étonnant que
M. Poher ait "oublié" de justifier solidement et scientifiquement tout à la
fois la présence physique du fil et son absence sur les négatifs. Le fil
"trop fin pour être vu" est une ficelle trop grosse! Très regrettable défaut
d'esprit scientifique, ou domaine qu'il ne valait mieux pas aborder?
Toute la validité de sa conclusion, qui n'est que la présentation
(discutable, à mes yeux) d'une solution donnant les mêmes résultats
(dans quelles limites?, car rien n'est donné comme éléments techniques
de comparaison) est construite sur la présence de ce fil. Tous les jour-
nalistes ou ufologues l'ont bien compris et se sont engouffrés dans cette
brèche, Jean-Pierre Petit en tête (8 1). Celui-ci parvient même à une sorte
de record dans les informations fausses et dénaturées en un peu plus de

distribuée à quelques ufologues espagnols fin 1968 début 1969, sous le même titre. Cela
dit, le lien avec la Commission Condon qui se "foutait" royalement de ce qui pouvait
arriver en dehors de ses dossiers et de ses "pré-conclusions" n'a pas été précisé par Poher.
Une assertion pour se rendre intéressant? par quel sous-entendu?

(29) Constatons d'abord qu'il n'a sans doute pas mis un point final à cette histoire, et que
seuls les auteurs des documents pourront un jour, s'ils en éprouvent la volonté, faire valoir
leur vérité. Claude Poher étend un peu vite "ses" conclusions sur les photos, à un regard
sur l'ensemble. Je pense que malheureusement il n'a connu le dossier, à cette époque, qu'à
travers la synthèse que lui en a faite un certain Monsieur Teyssandier, sans qu'il le situe
dans la mouvance ufologique. Il le cite dans ses remerciements: "M. G Teyssandier pour
la synthèse précieuse qu'il me fit des éléments de l'affaire «UMMO»".
C'est certainement ce même homme que cite Jacques Vallée, comme celui qui lui a donné
l'accès à "la base 12" du système ummite. Dommage que l'on ne sache rien de lui, ... un
peu comme pour les témoins de San José de Valderas ou de Santa Monica!

113
quatre pages (p58 à 62). A un niveau comparable aux désinformations de
J. Vallée dans Révélations.
Je me suis livré de mon côté à une petite analyse.
Je n'ai pas travaillé sur les négatifs, mais comme Claude Poher, je
dispose du livre de Farriols et Ribera (B 16) qui publie des tirages et de
légers agrandissements de ces prises de vues.
Et j'ai observé des choses intéressantes:
Sur la photo Y2 (image 21) on voit le pylône de la ligne à haute tension
qui se trouve à 155 rn du point de prise de vue et on devine les fils. Sur
l'agrandissement léger de Y2 (page 119) on distingue clairement les fils
de la ligne électrique. Le poteau a une hauteur de 21 ,8 rn, selon les indi-
cations données par Farriols. Ce qui met les fils à environ 17 rn du sol et
à 155 rn du photographe. On distingue aussi ces fils sur l'agrandissement
de Yl, mais un peu moins bien. A cette époque, les lignes à haute tension
étaient réalisées principalement avec des conducteurs en cuivre, car cela
permettait, malgré le prix du matériau, une économie substantielle du fait
des petits diamètres nécessaires. Les câbles, à eux seuls, représentent en
effet pratiquement 70% de l'ensemble des coûts des lignes. Les diamètres
évoluaient de 0,5 cm à un peu plus d' 1 cm.
Je discuterai du montage en suspension de la maquette après. Supposons
la fixation assez solide, sur un fil résistant et aussi petit que possible. Je
sais me procurer dans le commerce courant un fil de pêche, transparent,
de diamètre 0,1 mm pour une résistance de rupture de 670 g (statique)
[c'est le plus petit calibre disponible]. Supposons que ce même matériau,
disponible en 1999, l'ait aussi été en 1967. Claude Poher suggère que la
maquette a été photographiée à une distance d'au moins 3,5 rn pour
bénéficier des mêmes conditions de mise au point que le reste de l'image.
Ce très petit fil, s'il avait été utilisé, aurait reçu l'éclairage du coucher du
soleil, comme le reste de la scène (20h20 le 1er juin 1967), et aurait donc
dû être visible sur les agrandissements, au même titre que les fils électriques.
En effet, un simple rapport d'homothétie permet d'évaluer le diamètre
apparent à 160 rn d'un fil de 0,1 mm à 3,5 m. On trouve 4,57 mm. C'est-
à-dire le même ordre de grandeur que le fil électrique (du simple au
double) qui est, lui, bien visible sur un agrandissement léger (coeff 1,6).
Il aurait donc été clairement visible sur un agrandissement plus dilaté
(coeff. 3 ou 4). L'argument du fil transparent ou translucide est inoppo-
sable, car il aurait alors donné la possibilité de mesures d'albédo qui ne
sont pas évoquées et qui, pour le coup, auraient été justifiées.
S'il y avait eu un fil de suspension de la maquette, il aurait donc dû être
observé et Claude Poher n'a rien signalé malgré son examen minutieux

114
des négatifs et des tirages qu'il a certainement faits. Qu'on ne me parle
pas des fils de couture dont le diamètre est réellement inférieur, mais la
solidité aussi et qui ne supporteraient pas, sans casser, les inévitables
mouvements des maquettes.
En ce qui concerne la suspension proprement dite, le trucage suggéré
par Poher nécessite de disposer d'autant de modèles réduits dans des
attitudes différentes que de photos à faire, car il ne me paraît pas
raisonnable de modifier solidement la suspension de la même maquette
sans rendre visible le point d'accrochage sous certains angles. Le tout
pour cinq ou six attitudes différentes et en pensant à la simulation des
variations de dimensions associées à l'effet d'optique de la trajectoire
(voir argument A.6). Il faudrait prendre plusieurs dizaines de photos, par
un seul et même opérateur, en pleine nature pour avoir le paysage dans la
prise de vues, pour arriver à sélectionner les quelques clichés compatibles
avec la trajectoire, et sans casser le montage "assiettes + fil + canne à
pêche"! Très peu crédible pour moi.
Il y a contradiction entre la "supercherie à maquettes" et l'observation
collective des témoins oculaires. Le phénomène aérien lumineux est
indiscutable (plusieurs témoins oculaires indépendants). Pourquoi en
proposer une version falsifiée, alors que des photos sincères sont pos-
sibles? Une désinformation a effectivement été introduite, presque dix
ans plus tard, par Claude Poher qui a suggéré que ces photos étaient
truquées en avançant des arguments qui n'ont pas été assez analysés en
leur temps.
S'ils voulaient désinformer [mais pourquoi?], il n'a pas été nécessaire
aux auteurs des photographies de procéder à une mise en scène.
La volonté humaine de systématiquement trouver une solution
"valorisante" a suffi à introduire et à propager la désinformation.

Je récapitule:

Pas de fil visible qui aurait du l'être.


Tous les arguments présentés en faveur de la supercherie sont
discutables et même inversables.
Il eut été logique, et nettement plus probant, de produire le résultat
photographique du trucage de démonstration en comparaison avec les
originaux. Et pourquoi pas les tableaux comparatifs des résultats des
mesures sur originaux et sur trucage reconstitué? Si cela n'a pas été
fait, c'est que la comparaison n'était pas supportable et suffisamment
justifiée pour être publiée.

115
La supercherie proposée pour ces photos n'est donc absolument pas
établie, et c'est une lecture trop superficielle et rapide des ufologues et
journalistes (involontaire?) et même du "scientifique connu" qui en a
répandu l'information.
Je considère personnellement l'observation de San José de Valderas
comme réelle et les documents photographiques comme parfaitement
sincères.

En revanche, j'observe que toutes les photos disponibles (négatifs


ou épreuves) existent réellement sans que l'on puisse vérifier leur provenance.
Les négatifs ont été remis par un photographe, qui les a lui-même reçus
en dépôt de quelqu'un qui ne s'est pas identifié. On a ici un exemple de
rupture de la chaîne d'informations de traçabilité des objets, et des incer-
titudes sur les conditions techniques de leur obtention. Exactement
comme pour les documents Ummo qui ont été reçus par la poste ou par
coursier spécial.
Les épreuves, envoyées par Antonio Pardo, ont été reçues par voie postale,
accompagnées d'un témoignage écrit et signé par un homme que personne
n'a réussi à retrouver et à identifier. Farriols et Ribera, conscients de la
faiblesse de ce témoignage, ne la soulignent pas et lancent un appel au
susnommé pour qu'il se fasse connaître. En pure perte, bien sûr. Ici, le
parallèle avec l'acheminement des documents Ummo est direct.

Je retiens de l'ensemble de l'article de Claude Poher qu'il a donné à des


mesures physiques objectives une interprétation orientée, et une conclu-
sion affirmée, mais non démontrée, comme il se doit en "Sciences".
A partir de ses propres éléments, j'ai pu conclure à l'opposé de lui.
Ses conclusions sont donc largement sujettes à caution.
L'extension qu'il en a fait au dossier Ummo n'est pas étayée du tout.
Les "solutions" proposées ou le scénario du trucage envisagé ne résistent
pas aux tentatives de mise en scène de réalisation. Comme toujours dans
les hypothèses ufologiques, les supposées solutions avancées sortent
d'un "cerveau sur une chaise", et n'ont pas fait l'objet de la moindre
simulation mentale documentée et encore moins de validation pratique
sur le terrain avant d'être proposées au public.
Que dire alors des ufologues qui reprennent et colportent ces "infor-
mations" en les "améliorant"? Le résultat est une pollution regrettable et
une désinformation désastreuse pour l'étude des dossiers.
Celle-ci n'est peut-être même pas involontaire, comme le montre
l'examen d'autres publications.

116
Les écrits des ufologues

Jacques Vallée est un des ufologues les plus en vue aux Etats-Unis et dans
le monde. On peut reconstituer partiellement sa biographie à travers les
couvertures de ses différents ouvrages. Né en 1939, il est présenté par
Albin Michel en 1975 comme un jeune savant d'origine française qui
dirige aux États-Unis un important projet d'informatique, ainsi qu'un
groupe de recherches parapsychologiques. Il était encore étudiant à la
Sorbonne lorsque Georges H. Gallet, qui dirigeait alors le Rayon
Fantastique, publia son premier roman de science-fiction: Le Sub-Espace
(Prix Jules Verne 1961 ). Depuis (on est alors en 1975), il a écrit trois
ouvrages en langue anglaise sur le phénomène des OVNI; deux d'entre
eux ont été édités en français. Il est également l'auteur d'une quarantaine
d'articles publiés dans la presse scientifique américaine, britannique et
française. Si je me réfère à ce qu'en dit Robert Laffont en 1992, Jacques
Vallée est astrophysicien de formation et informaticien de profession. Si,
enfin, je fais confiance aux informations de Jean-Pierre Petit, Jacques
Vallée a publié quelques travaux scientifiques dans le domaine de
l'informatique, plus spécialement à propos des bases de données, et pas
du tout en astrophysique. Une toute dernière source privée me signale
qu'il vient de publier un nouveau roman de science-fiction et qu'il en
écrit déjà un troisième.
J'ajouterai, à titre personnel, qu'il s'est fait remarquer par Anatomy of a
Phenomenon, qui est sans doute la première étude statistique publiée sur
le phénomène OVNI. C'est fort probablement ce travail qui l'a conduit
à développer sa réflexion sur les bases de données et à soutenir un docto-
rat en Ingénierie Industrielle à la Northwestern University. Un diplôme
n'est pas garant d'une compétence. L'homme s'est révélé inaccessible,
car je sais qu'il n'a pas daigné répondre, même par la négative, à une
demande qui lui avait été adressée.
Il a évolué dans son appréciation du phénomène OVNI et pense
que notre planète est "sous contrôle" d'un processus mental qui
s'autonourrit. L'affaire Ummo a naturellement sa place dans ses
ouvrages, puisqu'elle fait partie de la problématique ufologique, autant
par les trois observations que nous étudions que par les documents
insolites qui ont été reçus. Il a ainsi abordé Ummo dans Le collège
invisible (B 17) paru en 1975 chez Albin Michel p. 123-124, et à titre
principal, dans Révélations (84), édition de la collection J'ai Lu sous le
numéro 3672. Version première édition française chez Robert Laffont,
en 1992.

117
Selon les indications de l'éditeur en 4ème de couverture du livre, Jacques
Vallée a publié une douzaine de livres (la plupart en anglais) qui
représentent plus d'un million d'exemplaires imprimés.

Dans le cadre de mon étude du dossier Ummo, ici dans les appréciations
et commentaires qui avaient pu en être faits par d'autres, j'ai étudié en
détail et comparativement les éléments publiés par Jacques Vallée dans
les deux ouvrages cités.

Le bilan est consternant, et à de nombreux titres.

Tout d'abord les données exposées dans les deux ouvrages sont en
contradiction entre elles sur de nombreux points, ce qui fait immédia-
tement planer un doute sur l'authenticité de celles-ci. En effet, pourquoi
porter crédit à une version plutôt qu'à une autre? On va même jusqu'à se
poser la question: y a-t-il, parmi les informations données, quelque chose
qui soit témoin de la vérité? Et alors, à quel titre?
La question est d'autant plus d'actualité qu'une analyse détaillée de
chaque ouvrage conduit au constat de déformation souvent grave des
données disponibles et en contradiction flagrante avec les attitudes
normalement attendues d'un homme qui se doit de soutenir la réputation
de scientifique que ses éditeurs s'attachent à maintenir.
J'ai relevé, au travers de la vingtaine de pages (ensemble des passages
des deux ouvrages cités) analysées, un total de 160 faits: contradictions,
informations fausses, incohérences, déformations de la vérité, amal-
games, etc., et commentaires indignes d'un scientifique. En faire ici la
liste justifiée et commentée serait fastidieux pour le lecteur.
Jacques Vallée pêche par omission et suggère d'impossibles manipulations
de foule, à peine plus crédibles que celle proposée par Claude Poher.
Le dossier Ummo l'a gêné, c'est certain, et il lui est apparu nécessaire de
le discréditer. Il ne se livre pas à une analyse des documents, jugée sans
doute non productive. Bien qu'il ait été destinataire de quelques lettres, il
n'essaie pas de comprendre les contenus, mais il juge les lecteurs comme
des pantins aux mains des auteurs, dans le prolongement de la supposée
supercherie "découverte" par Claude Poher. Les observations d'A luche,
de San José de Valderas et de Santa Monica sont mélangées sans
vergogne, tronquées et habillées de considérations de manipulations
toutes aussi farfelues que les autres idées présentées.
Jacques Vallée est de plus très fâché avec la chronologie et l'histoire de
la recherche spatiale française, dont il fait usage. Comment prêter crédit

118
à ses affirmations concernant le dossier UMMO, sujet à controverse, si
déjà dans des données sûres et objectivement vérifiables, il se montre
incapable du respect de l'histoire constatable (et avec des écarts de dix
ans!)?
Les documents ummites parlent souvent des "ordinateurs", omniprésents
dans la vie et la culture qu'ils nous décrivent. Seule une petite dizaine de
pages aborde la présentation réelle et technologique de leurs méthodes de
traitement de l'information. J'ai été très sincèrement peiné par les
erreurs, les absurdités et les inepties que )"'informaticien" Jacques Vallée
formule à leur sujet (voir chap 6, p196 et suivantes). Etant moi-même
informaticien concepteur depuis trente ans, j'ai assisté au développement
de ces machines sur notre Terre et je prétends savoir de quoi je parle.
Le passage traitant d'UMMO dans son livre Révélations (B4) apparaît
ainsi comme un fatras de contre-vérités, contradictions et escroqueries
intellectuelles de tous ordres. Rien ne me laisse penser que le reste de
l'ouvrage n'est pas de la même veine.
Ce qu'il a écrit dans son livre précédent Le collège invisible (B 17) n'est
guère mieux. En particulier, sans doute pour démontrer le "non-sens" des
documents ummites, il cite une lettre reçue à l'occasion de la mort de
Bertrand Russell, dont il donne une traduction. Pour que le lecteur se
fasse sa propre idée, je donne ci-dessous la traduction correcte du texte et
la traduction donnée par Jacques Vallée. J'ai souligné le passage en
divergence, tout en respectant les présentations.
Il s'agit du texte original [traduit en français] de la lettre reçue le
06/02/1970 par Antonio Ribera Jorda [dont j'ai la version espagnole] à
l'occasion de la mort de Bertrand Russell et la citation qu'en fait Jacques
Vallée (B 17 p 13 1).

Traduction de la lettre originale:

"Hommes de la TERRE:
Nous vous transmettons nos solidaires condoléances après le décès de
votre .frère, le penseur et mathématicien BERTRAND RUSSELL.
Ce groupe expéditionnaire qui, provenant de l'Astre solidifié UMMO,
se trouve parmi les citoyens de diverses nations sur la TERRE, estime
que le frère BERTRAND RUSSELL associé à quelques autres de ses
frères:
Mohandas K. GANDHI
Ernesto GUEVARA "Che"
Helder CAMARA

119
Jean XXIII
Martin Luther KING
Karl MARX
Emmanuel MOUNIER
Albert SCHWEITZER
Léon TOLSTOI et d'autres

Ont dédié ou dédient leurs vies à transformer la Société dans laquelle ils
étaient insérés, en 1'orientant de manière néguentropique vers des formes
plus conformes aux normes éthiques de coexistence collective ... "

Traduction publiée par Jacques Vallée:

"Hommes de la Terre!
Nous vous offrons nos sincères condoléances à l'occasion de la mort de votre
frère, le penseur et mathématicien Bertrand Russell.
Le groupe expéditionnaire qui prit son origine sur le corps céleste solidifié
UMMO se trouve composé de citoyens de diverses nations de la Terre, dont
l'homme Bertrand Russell et d'autres parmi ses membres: Mohandas K.,
Gandhi, Ernesto Che Guevara, Helder Camara, Jean XXIII, Martin Luther King,
Karl Marx, Emmanuel Mounier, Albert Schweitzer, Léon Tolstoï et d'autres.

Ils ont voué leur vie à la transformation de la société dans laquelle ils étaient
insérés, l'orientant dans la direction d'entropie négative vers des formes plus en
conformité avec des normes éthiques de l'existence collective .. ."

Le document se poursuit, mais Jacques Vallée limite son rendu du


document à ces seuls paragraphes. JI pense sans doute avoir établi le
non-intérêt du texte. Le lecteur aura pu comparer le contresens ou la
falsification qui a été faite. Comme il ne comprenait pas (ou ne voulait
pas comprendre l'original, et qu'on ne vienne pas parler ici d'erreurs de
traduction!, car le mot "professionnalisme" a été inventé par les améri-
cains), il a réécrit "à sa sauce". JI est moins difficile ensuite de "prouver"
que ces textes "ne tiennent pas debout" et sont "sans signification" !
On constate que la partie "déformée" est justement celle qui fait état de
la présence des auteurs sur la Terre, et est donc en première analyse la
plus significative.
Comment accorder, dans ces conditions, un quelconque crédit aux
citations de ses ouvrages et à leur contenu? Cela ressemble beaucoup à
des manœuvres intellectuelles de bas étage et ne peut absolument pas être

120
considéré comme un texte digne d'un esprit dont le caractère "scienti-
fique" est souligné par son éditeur.
Comme je l'ai montré, vis-à-vis du dossier Ummo, cet ouvrage (8 17) est
absolument inexploitable, et au même titre que le précédent (84)!!
D'autres ufologues, chacun à leur manière, se sont fait écho des propos
de Jacques Vallée et ont contribué à la désinformation, même dans la
contradiction. C'est en particulier le cas de Jacques Scomaux, qui a
publié en janvier 1978 la première partie d'un article dans la revue
lnforespace (8 18) n° 43 sous le titre "Les scieurs de branche". Dans la
page 28, il commente le passage sur Ummo écrit par Jacques Vallée dans
Le collège invisible (8 17). Ce fut pour moi l'occasion de procéder à une
deuxième analyse des écrits de Jacques Vallée et de montrer comment
peut être construite une désinformation.
Au-delà de la polémique sur la constitution chimique possible des
improbables bandelettes de Tedlar® et de la pureté d'un morceau de
nickel, je retiens que Jacques Scomaux mélange les observations comme
les autres, et pense, en s'appuyant sur les conclusions de Claude Poher,
que celle de San José de Valderas n'est qu'un canular. A l'issue de son
commentaire, il dit de Jacques Vallée:
"On le voit, il est rare de rencontrer une telle densité d'erreurs au paragraphe. Il est
particulièrement désolant qu'un authentique scientifique comme Vallée ait repris les
assertions sans commentaires, et même avec les italiques soigneusement placées."

Je ne saurais clore cet aperçu du dossier Ummo entre les mains des
ufologues, sans une mention des publications de Jean-Pierre Petit.
Jean-Pierre Petit a une réelle et solide formation scientifique. C'est une
différence indéniable avec les autres acteurs de l'ufologie. Auteur d'un
ouvrage général sur les OVNI (8 15), dans lequel on peut percevoir à
demi-mot l'approche du dossier Ummo, il a abordé le problème des
objets volants non identifiés sous l'aspect du rejet de l'étude par la
science officielle. Ingénieur diplômé d'aéronautique, spécialiste de
mécanique des fluides puis des plasma (qui peuvent être rattachés aux
fluides sous de nombreux aspects), il s'est intéressé aux problèmes posés
par les performances observées des OVNI, s'ils sont matériels, et par les
solutions possibles à la lumière de nos connaissances actuelles. Ses autres
ouvrages, dont les titres font référence au dossier Ummo (8 1, 82), sont
surtout des présentations de ses idées concernant l'utilisation de la
magnétohydrodynamique (MHD) appliquées à la supposée propulsion et
l'exposé de son cheminement vers de nouveaux concepts cosmologiques,
directement dérivés des documents ummites. Sans nier Je courage de ses

121
tentatives d'élargissement de nos bases de cosmologie, puis d'intégration
du concept d'univers jumeau au niveau de l'unification des interactions
fondamentales, je ne partage ni sa conviction sur la mise en œuvre
propulsive de la MHD, ni sa lecture du possible voyage interplanétaire
par notre univers jumeau. Je m'en explique dans le chapitre sur la civili-
sation ummite. De plus, on verra que pour des raisons de logique et de
linguistique associées, je ne donne aucune chance à sa tentative, ni à
d'autres d'ailleurs, de parvenir à faire reconnaître comme acquises [par
des referees dont l'accès est, par définition, limité à la logique aristo-
télicienne] les réalités cosmologiques, inaccessibles à l'expérience
directe, que les Ummites nous décrivent et qu'il s'évertue à intégrer dans
une théorie élargie. Dans notre logique, ce ne sera toujours qu'une
supputation, même assise sur des observables prédits.
Autant son attitude générale est d'ordre scientifique, avec des parties
entières de livres consacrées à ses publications de physique théorique,
autant ses affirmations le rattachent à celles des autres ufologues,
lorsqu'il s'agit de traiter du dossier Ummo. Le titre d'ufologue doit être
porté par tout un chacun qui s'intéresse aux problèmes posés par les
OVNI, qui plus est s'il prétend apporter sa pierre de connaissances et de
réflexion à l'édifice de la vérité. Je ne suis pas de ceux qui, comme Jean
Sider, refusent systématiquement le qualificatif d'ufologue aux vrais
scientifiques. Le mot ne doit pas exclure ceux qui font métier de pratiquer
la recherche de la vérité par des voies incontestables et reconnues.
Jean-Pierre Petit prend parfois ses distances avec la vérité, ce qui ne me paraît
pas convenable quand le lecteur attend un compte rendu objectif et non un
exposé romancé. En revanche, il ne soutient que la thèse implicite de la vérité
non scientifiquement établie, dans une tonalité bienveillante et quelquefois
rocambolesque. Mais quand on a directement reçu des documents ummites,
comme il l'affirme, la stricte neutralité ne peut plus être de mise.

L'incompatibilité
L'ufologie a été définie comme l'étude et la dissertation sur toutes les
occurrences des OVNI. Nous constatons que dans ce domaine nous
disposons de deux types de sources d'informations.

1) Les observations humaines:


- Sans confirmation technologique. Elles sont respectables et doivent
être examinées, mais avec beaucoup d'attention. Aucun moyen
"objectif'' n'existe encore pour discriminer le témoignage sincère et

122
reflet conforme d' une réalité "objectivement" vécue. Surtout pas la
régression hypnotique dont rien, aujourd'hui, ne vient conforter l'ob-
jectivité. Comment le pourrait-on d'ailleurs? La "réalité" du
phénomène observé est sujette aux déformations perceptives et psy-
chologiques du ou des témoins.
- Avec confirmation technologique. La présence d'une constatation
extérieure au témoin et "objective" selon les critères que nous prêtons à
nos appareils de "mesure" est un incontestable moyen de crédibiliser le
témoignage. En revanche, la réalité du phénomène est perçue dans la
gamme de "sensibilité" des appareils. Un écho radar, dans la mesure où
la cible a toléré son retour, ne renseigne pas sur la couleur, ni sur
l'aspect. Nous devons comprendre que nos appareils, aussi "objectifs"
qu'ils puissent être, ne donneront que des informations accessibles.
C'est aussi vrai de nos sens. Prenons l'exemple de ce qui est allégué
dans le dossier Ummo: les auteurs disent être capables de piloter
"l'affichage" de n'importe quel dessin ou sigle à la surface de leurs
engins, en "contrôlant" la structure "électroluminescente" de cette sur-
face. Nous ne verrons, avec nos yeux ou nos caméras, que ce qui aura été
"affiché", par exemple le sigle")+(", ou ce que l'on aura voulu nous faire
voir. Peut-on encore parler de "réalité "? Oui, peut-être, mais de vérité?

2) Les autres éléments:


- Nous trouvons dans ce domaine à peu près tout et n'importe quoi. Il
s'agit ici de témoignages non fondés directement sur des obser-
vations. On trouve les informations "cosmiques" chères aux contactés
en tout genre, les affaires d'écriture automatique, etc ...

Le dossier Ummo est à ranger, en première analyse, dans ce "vrac".


- Nos critères actuels de discrimination, pour établir qu' un de ces
dossiers ou auteurs est sérieux, sont multiples, entre autres:
- Pérennité de la source d'abord, par la durée et la constance du flux
informatif
- Réalité informative des contenus
- Caractère homogène, cohérent des contenus
- Etude psychologique de la personnalité des auteurs

Bien que le rattachement du dossier Ummo (pour sa partie connue par


l'Espagne) ne puisse être fait aux témoignages, au moins vérifiables,
je l'ai retenu comme "crédible" parce qu' il présente plusieurs caracté-
ristiques intéressantes.

123
Il est concrétisé par des documents qui ne sont pas le reflet de
témoignages d'origine déclarée "terrestre". Rejeter l'hypothèse que leur
contenu n'est pas le fait d'hommes de la Terre, revient à répondre
d'avance à la question de leur "crédibilité". Ces documents forment un
flux informatif homogène, cohérent, reflet d'une histoire perceptible.
En comparaison, pour tout ce qui n'est pas "Ummo", les ufologues
continuent encore à compiler les témoignages d'observations pour chercher
un fil conducteur, des paramètres constants qui s'imposeraient au travers des
dizaines de milliers d'observations qui ont été consignées depuis 1947.
L'origine des documents n'a pas été revendiquée par des auteurs
terrestres (sauf par Pefia, en 1993, dans des conditions très discutables et
non crédibles, en tout cas non vérifiables). Leur réception a duré pendant
trente ans (1966 à 1995) et dure peut-être encore.
Les contenus sont solides, et replacent nos connaissances de chaque
époque dans une vision plus vaste et très intéressante. Tout est homogène,
au point que l'on peut esquisser la compréhension d'une autre approche
de l'Univers. C'est faire preuve de peu d'ouverture d'esprit que de nier
cette évidence.

Ces critères ont naturellement précédé ma démarche de recherche d'une


possible confirmation par la langue.
Le monde de l'ufologie s'est nécessairement intéressé au dossier Ummo,
dès qu'il a dépassé l'anecdote locale. Ce dossier est inhabituel à plus d'un
titre et, quoique aient pu affirmer les uns et les autres, sa présentation fait
appel à de solides connaissances ou de bonnes capacités d'abstraction.

Il est déconcertant parce que beaucoup d'informations sont justes, mais rien
n'est complètement vérifiable. Les tentatives pour identifier les auteurs des
documents se sont toutes soldées par des échecs. La CIA a été persuadée que
les auteurs étaient russes, du service concurrent. Par les contenus et une
certaine philosophie sociale. Les ufologues français ont d'abord cru, dans le
sillage des journalistes, que les auteurs étaient russes, du KG B.
Personne n'a essayé d'imaginer que les documents étaient sincères, parce
qu'il fallait analyser en détail, et constater que tous les arguments en
faveur d'une origine terrestre tombaient un par un.

Ces textes font référence à des faits avérés, mais aucun lien direct et
en temps réel ne peut être établi. Les affaires d'Albacete ou du vol du
compteur électrique à côté de La Javie n'ont été décrites que plus tard.
Un doute, même léger, subsiste.

124
Les observations détaillées d'A luche, de San José de Valderas et, dans
une moindre mesure, de Santa Monica sont précises. Les photos sont
nettes, et pourraient être totalement admises comme sincères. Il manque
"seulement" la connaissance de leurs auteurs ou la démonstration d'un
lien.
Quel que soit le fait allégué par les documents, il manque toujours un
élément dans la chaîne de "crédibilisation".

Ces textes sont aussi d'une présentation et d'une lecture souvent pénible.
De nature à décourager rapidement une lecture approfondie. La tonalité
très scientifique, certainement voulue, mais reflet que je suppose vrai
d'une vision fort aseptisée de la vie, n'est pas faite pour encourager les
esprits à tendance littéraire. Et un ufologue est d'abord un littéraire. Il
exprime toutes les hypothèses, si possibles plus novatrices (sans crainte
du "farfelu" ... ) que celles de son voisin sur l'origine supputable de ces
supposés engins. Un contenu scientifique réel le dégoûte, surtout si en
plus il fait appel à de l'abstraction. Un bon ufologue, comme un bon
romancier, est imaginatif, créatif, tout le contraire d'un esprit abstrait!

Lorsque les auteurs évoquent le caractère "transcendant" de leur vision


de l'Univers, avec ses dix dimensions, ils heurtent notre sens commun,
et de plein fouet! Car c'est (presque) inimaginable. Une expérience
mathématique suffisante est déjà nécessaire pour simplement admettre et
tolérer l'expression de ces dimensions en termes purement intellectuels.
Envisager une construction physique (et métaphysique) de l'Univers sur
cette base nécessite alors une bonne capacité d'abstraction et beaucoup
d'imagination.
Ce faisceau d'exigences non satisfaites a conduit au rejet implicite de
l'origine avouée des documents. Sans examen approfondi ou même sur
des bases fausses. Toutes les conclusions qui ont ensuite été formulées ou
déduites, ont été dirigées par la conviction qu'il s'agissait d'une
supercherie et chacun a alimenté la spirale de désinformation.
Le dossier Ummo, comme tous les autres dossiers d'observations, a
nécessité une approche "objective", d'inspiration scientifique, je veux
dire non étayée par une conclusion forgée d'avance. Son contenu s'est
révélé plus "productif' que toutes les observations antérieures réunies. Il
a fallu garder, au cours du travail, un esprit d'objectivité, d'indépendance
entre l'observable que sont les documents et l'état d'esprit du chercheur.
Par exemple, la limite constituée par la vitesse de la lumière n'estjamais
intervenue dans l'analyse.

125
Nous avons vu une chose claire: le dossier Ummo est un problème pour
les ufologues, car il contient de très nombreuses indications précises et
homogènes, mais aucun élément définitif de preuve. Dès que l'ufologue
s'attache à discuter un détail, il se heurte à la cohérence avec les autres
détails et s'il veut faire triompher son point de vue, il lui faut ou dénaturer
les détails ou se contredire. Les ufologues sont fâchés avec la rigueur
scientifique et pour faire valoir leur thèse ils sont prêts, consciemment ou
non, à faire de larges concessions à la vérité.
Comment pourraient-ils obtenir autre chose que d'aimables sourires
entendus de la part des personnes dont l'activité quotidienne est
confrontée à l'analyse froide et objective d'expériences, au laboratoire
ou ailleurs?
L'étude des observations doit se limiter à une attitude scientifique. Tout
le reste n'est que commentaires, plus ou moins romancés, et doit être
considéré comme tel. Certainement pas comme contribution possible à
l'émergence d'une vérité.
L'ufologie, telle qu'elle est pratiquée encore aujourd'hui, ne pouvait rien
apporter à l'étude du dossier Ummo. Seulement un brouillage et un bruit
de fond, dont l'histoire a pu créer les conditions du discrédit, par le relais
impitoyable des média.
Si elle ne change pas d'état d'esprit, elle ne pourra rien apporter aux
autres dossiers, non plus.

126
4. Contenus et vérités

Ces textes, le plus souvent très riches d'informations, ne sont pas d'un
abord simple et facile.
Non pas qu'ils aient été écrits pour la plupart d'entre eux en espagnol,
mais les tournures de phrases sont quelquefois alambiquées. Ce qui en
fait, à mes yeux, des témoins d'une pensée non familière de nos modes
d'expression.
Alors qu'un fil conducteur est annoncé en début de document, l'auteur
semble s'égarer et aborde, de façon presque incidente, un autre thème et
promène ainsi le lecteur dans de multiples domaines. Il s'agit peut-être
d'une façon de montrer que tous les sujets sont liés, ou tout simplement
de la volonté de "fragmenter" les sujets traités.
Au point que certains compilateurs de ces textes ont tenté de les découper
et de rassembler par thème les extraits ainsi obtenus. Tentatives non
vraiment réussies, car il faudrait segmenter presque phrase par phrase.
Elles m' ont privé, en tant qu'analyste des textes, d'une vue d'ensemble
de chaque document. Les morceaux ainsi réalisés ne portent que l'indi-
cation du rapport d'origine, et jamais de mention d'enchaînement.
Bien que les nécessités du dossier rn 'aient imposé de déjà citer quelques
passages originaux, un court extrait de document permettra au lecteur de
se faire une idée mieux assise. J'ai choisi un passage du 041 décrivant la
vie sur Ummo et reçu par Fernando Sesma. Il constitue un exemple assez
représentatif, bien que non technique; il se présente de la manière suivan-
te (après traduction, mais en respectant la mise en page, en particulier les
majuscules et la ponctuation qui est souvent déroutante):

"305. NOTRE VIE QUOTIDIENNE SUR UMMO.

La difficulté majeure que nous éprouvons dans la description de notre


genre de vie au sein de la Planète UMMO, provient précisément non
seulement de la grande différence qui existe entre nos deux structures

127
sociales (de la TERRE et d'UMMa) mais de la variété de l'organisation,
du mobilier, d'équipements techniques, d'ustensiles de toute nature, dont
de très nombreux sont inconnus de vous.

Ceci implique qu'au cours de notre exposé, quand nous nous référerons
à chacun de ces meubles, outils, dispositifs et équipements, un para-
graphe intercalé sera nécessaire pour expliquer sa nature et sa fonction.

Comme une description excessivement prolixe et technique entraîne le


risque de ne plus être comprise que par un nombre réduit de spécialistes,
nous préférons donner cette information, Mr Sesma Manzano, en la
rédigeant de manière la plus agréable possible, et connaissant la
psychologie de certains lecteurs à qui vous adresserez cette information,
sans préjudice de la compléter en son jour par les données techniques qui
sont nécessaires aux experts qui les sollicitent.

Quand nos enfants atteignent 1'âge de 13, 7 ans (TERRESTRES), ils sont
réclamés sur notre Planète par une espèce d'Université ou Ecole-
Colonie polytechnique (que nous nommons UNA ua WI) contrôlée par le
Conseil Supérieur de UMMa (UMMaAELEWE).

Le aMGEEYIE (MENAGE), s'il n'a pas d'autre progéniture, reste seul.


Ce qui pour vous, terrestres, constitue un motif de profonde dépression
spirituelle, ne provoque pas de réactions affectives négatives dans les
cellules familiales de notre Planète car notre société considère cette
contingence comme quelque chose d'aussi normal que peut l'être le
départ de 1'époux terrestre pour son travail quotidien.

Ainsi, tant que le jeune de n'importe quel sexe n 'a pas terminé sa for-
mation intégrale dans la UNA ua WI (UNIVERSITE) il lui est interdit de
voir ou bien d'écouter ses parents ou ses familiers sauf rares exceptions.
Il n'en est pas de même pour les parents qui peuvent à des heures
déterminées, jouir de la vision de leurs enfants sur le grand panneau
hémisphérique du UULaDAXAABI (Cette pièce commune dans tous les
foyers est une pièce voûtée en forme de calotte sphérique, formée par
une lame de plastique au travers de laquelle apparaît l 'image à trois
dimensions transmise par un équipement récepteur qui a une lointaine
ressemblance avec la télévision terrestre. Le spectateur qui se trouve au

128
centre de cette pièce peut ainsi se trouver entouré par un paysage ou
bien à 1'intérieur d 'une usine située à de nombreux KOAE (1 KOAE =
8, 71 Km). (Voir 1'Image n° 7).

Nous disons que les habitudes mentales contractées depuis plusieurs


millions d'années (UMMO) (I AN UMMO = 0,2118 années de la
TERRE) nous ont accoutumés à souffrir cet éloignement temporaire entre
les membres jeunes et adultes du groupe familier, et il est certain que les
liens matrimoniaux sont sacrés et solides entre nous.

Un jeune OMGEEYJE (COUPLE) vit généralement dans sa XAABJ


(MAISON) que vous pouvez imaginer comme une tour-pavillon ou
comme un chalet situé en pleine campagne. Cette maison leur a été
fournie par le Conseil de UMMO quand le couple, une fois sa formation
culturelle et technique terminée, commence à faire partie de la
communauté UMMO ... "

On peut tout de même dégager quelques centres d'intérêt principaux, en


commençant par la trame de science et de technique. Dans tous les cas,
les exposés sont didactiques, s'efforçant de mettre en valeur les points de
différence entre les éléments déclarés des connaissances ummites et nos
convictions. Il est très souvent précisé que les concepts sont traités super-
ficiellement, car, disent-ils, de nombreux acquis nous manquent pour
pouvoir tout intégrer. Et de toutes façons, les auteurs laissent entendre
que certaines idées ne sont pas exposables, faisant trop appel à des
expressions qui nous sont inconnues.
Un document (043) insiste spécialement sur la non-transposabilité des
formulations et le caractère nécessairement "distordu" de certaines
traductions données, ne pouvant rendre compte, par essence, d' idées
appartenant à un autre mode de pensée. Ces remarques ont achevé ma
conviction d'avoir affaire à des documents très vraisemblablement
authentiques, d'origine sérieuse. Il faudrait en effet une profonde volonté
machiavélique, au deuxième degré, pour ensemencer l'ensemble de ces
documents avec une langue opérationnelle et la culture associée, à seule
fin de rendre leurs contenus plus crédibles. Et pour quel résultat final? La
suite m'a montré que l'analyse était justifiée.

Ces textes font assez souvent des commentaires sur notre façon de
Terriens d'avoir abordé ou traité certains problèmes comme la guerre,
l'organisation des structures de décision, le pouvoir de l'argent, la négligence

129
de l'intelligence, etc. J'ai été frappé par le recul et la vision globale qui
se dégagent de ces commentaires. Les auteurs ont vraiment un point de
vue de synthèse très percutant, et j'avoue que la fréquentation de ces
rapports m'a incité à un niveau de réflexion qui ne m'était pas habituel.
C'est un aspect important et récurrent de ces documents: ils sont parfois
assez moralisateurs, insistant sur des "incohérences" ou le "manque de
maturité" de nos conduites de Terriens. Ces passages ont suscité chez moi
deux natures de remarques:
d'une part, celle d'avoir affaire à un point de vue "recadrant" assez
extraordinaire et à des appréciations souvent justifiées;
d'autre part, celle de trouver des formulations destinées, à mon avis,
à une analyse psychologique des motivations des auteurs. Faites pour
renforcer l'authenticité de l'origine. Non par un matraquage qui
conduirait à une suspicion immédiate, mais par des données dont
l'analyse conduit à la conclusion que ... Certains propos sont tenus de
telle façon que si le dossier avait été fabriqué par un ou des hommes,
il lui aurait fallu construire au moins au deuxième ou troisième degré.
Pas impossible, bien sûr, mais sans rapport avec le résultat obtenu de
non-diffusion, et restriction à un ensemble réduit de trente-quatre
destinataires espagnols.

Au vu de ces curieuses lettres et de leurs contenus, crédibles ou non?,


quelles sont nos certitudes?
La première question posée: est-ce possible? reçoit presque invariablement
une réponse négative. En vérité, pour nous, que veut dire "possible"?
Certains y mettront du "faisable" ou "réalisable". Ils situent la question
dans la matérialité et dans l'idée qu'ils s'en font.
D'autres y mettront de "l'envisageable", c'est-à-dire estimeront que
l'idée est "supportable" et ne heurte pas leurs convictions.
D'autres y mettront de )"'éventualité", donnant à l'idée un support statistique.
Le possible est en fait, au moins à mes yeux, à la limite de l' imaginaire
et du frein que nos connaissances représentent. En imagination, création
pure, tout est possible. C'est la "réalité", ou l'idée que nous nous en
faisons à travers nos connaissances, qui sélectionne parmi tout ce qui est
imaginé, pour ne laisser filtrer que ce qui "paraît possible". Cette limite
est donc personnelle, et bien souvent induite par des connaissances que
nous faisons nôtres sans trop de contrôle.
Mais la réalité et son constat sont les limites. Devant les faits, la question
du possible ne doit plus être posée. Les seules vraies questions qui
subsistent alors sont "Où est la vérité?" et "Comment se peut-il?".

130
Dans la vie de tous les jours, nous ne connaissons que le vrai ou le faux.
Prenons un exemple simplifié.
Je vois une voiture dont la couleur est rouge. La proposition "la voiture
que je vois devant moi est rouge" est vraie.
Si maintenant la voiture que j'ai devant les yeux est noire, la proposition
"la voiture que je vois devant moi est rouge" est fausse.
Etendons notre expérience. Pendant que je regardais ailleurs, on a mis
devant moi un grand paravent et, derrière celui-ci, une voiture que je ne
peux voir. Je ne peux donc voir sa couleur.
Si j'affirme "la voiture qui est derrière le paravent est rouge", je ne saurai
si c'est vrai qu'à la condition de voir la voiture. Ce qui sera tout aussi
valable pour n'importe quelle couleur. L'affirmation "la voiture qui est
derrière le paravent est rouge" sera peut-être vraie, jusqu'à la preuve
qu'elle ne l'est pas. Elle ne sera fausse que si la preuve en est faite. Tant
que la preuve n'est pas faite, le doute subsiste, et la proposition est
peut-être vraie.

Mon petit exemple reste applicable, quel que soit le domaine. Ce qui
m'autorise à énoncer un principe de logique expérimentale. Je l'appelle
principe de base:
-Toute proposition qui n'a pas reçu de "validation" négative est "poten-
tiellement" possible et ne peut donc être rejetée. Toute attitude de
refus de cette proposition est l'expression d'un "a priori", en tant
qu'affirmation non validée par l'expérience.

Ce principe de base de la logique expérimentale devrait être universel-


lement acquis, non seulement dans les milieux scientifiques, mais aussi
dans toutes nos décisions de société.
Qu'en est-il de nos connaissances de l'Univers?
Si j'affirme: "Nous n'avons statistiquement G'exclus donc les points de
vue religieux, puisqu'ils n'ont que des certitudes) aucune chance d'être
les seules créatures vivantes de l'Univers", cette proposition est inatta-
quable, puisque la démonstration de son caractère faux ne peut pas
encore être faite (voir le principe de base).
Il en est de même si je dis: "Nous n' avons statistiquement aucune chance
d'être, parmi les créatures vivantes de l'Univers, les seules créatures
pensantes (conscientes)". Même caractère inattaquable du point de vue
envisagé.
Si, enfin, je dis "Nous n'avons aucune chance d'être, parmi les créatures
vivantes et pensantes de l'Univers, la 'civilisation' la plus en 'avance'

131
dans la compréhension dudit Univers", cette affirmation doit être consi-
dérée comme potentiellement vraie, jusqu'à la démonstration de son
caractère erroné.

Tant que nous refusons (implicitement, malgré nos discours) l'idée même
de l'existence d'autres êtres vivants pensants dans l'Univers, nous ne
pouvons admettre qu'il puisse y avoir une autre façon de percevoir
l'Univers. En conséquence, nous ne faisons pas la différence entre une
réalité intrinsèque nécessaire et l'image que nous nous en faisons à
travers nos perceptions. Par exemple nous avons posé, a priori, que les
seules ondes présentes dans le vide de l'univers sont des ondes que nous
avons qualifiées d' électromagnétiques, parce que nos observations ont
induit cette conclusion. Nous ne nous sommes pas demandé si d'autres
ont pu trouver des ondes, avec des caractéristiques comparables ou
différentes.
Il n'y a pas bien longtemps que l'on commence à s'interroger sur la
réalité des ondes gravitationnelles et des expériences, jugées détermi-
nantes, sont en préparation. Le projet STEP (Satellite Test of Equivalence
Principle) se propose en particulier de vérifier l'équivalence des accéléra-
tions de la gravité, quel que soit le corps plongé dans le champ considéré
(relativité générale). Une différence observée viendrait conforter les
théories des cordes.
Le projet franco-italien VIRGO devrait permettre, au début des années
2000, de détecter "les vagues de l'espace-temps" que sont les ondes
gravitationnelles. La formulation n'est pas ummite, malgré l'apparence,
mais celle de Science & Vie de décembre 1998.
Toute notre compréhension de l'Univers, de l'infiniment petit à l'infi-
niment grand, est construite sur des démarches intellectuelles, des
représentations, des modélisations qui sont l'héritage des générations
qui nous ont précédés et donc de l'ensemble des schémas mentaux
construits au fil de l'évolution de l'homme sur la Terre.
Quel chercheur de la Terre est aujourd'hui capable de déclarer publi-
quement (au risque de ternir son image, donc de menacer sa carrière), que
l'Univers a une réalité propre, certainement différente de notre percep-
tion et de nos modélisations et donc que d' autres peuvent en avoir une
représentation différente? Si un tel individu existait, il n'y aurait plus
d'ufologues, et le processus de la connaissance ferait un bond en avant!
Cette attitude culturelle se perçoit déjà dans notre langage, puisque nous
formulons sentencieusement «les ondes électromagnétiques se propagent
en ligne droite (au moins en première approximation, pour l'exemple)

132
dans tout l'espace». Une expression consciente de l'aspect «régional» de
notre interprétation serait «Nous avons construit une représentation
abstraite de la lumière, que nous avons baptisée 'ondes électromagné-
tiques'. Nous avons constaté jusqu'à aujourd'hui sa propagation (mais
somme-nous capables de la justifier?) selon une 'géométrie' et un modèle
spatial théorique que nous avons baptisé 'ligne droite'.» Je remarque
d'ailleurs que le mot «géométrie» [toujours la langue!] évoque la mesure
et la Terre, marquant par là l'aspect «local» à l'échelle de l'univers. Les
créateurs du mot y voyaient, eux, une expression du caractère universel
du concept, puisqu'il s'étendait à TOUTE la terre!
Que de chemin nous reste à parcourir pour une vision cosmique, et donc
relativisée!

Il n'est pas dans mon propos de discuter les croyances. Toutes les
croyances sont respectables. Les 'certitudes' relevant de la croyance, la
foi par exemple, se doivent d'induire le respect des autres croyances: il
n'y a pas de croyance meilleure ou plus juste que les autres!
En revanche, il y a deux sortes de certitudes:
Celles qui relèvent de la croyance et dont la manifestation même
exclut toute intervention statistique, puisque la statistique est un
moyen de prendre en considération la dispersion, la non certitude.
Quand un phénomène est certain, il n'est plus la peine de déclarer
qu'il a 100% de chances de réalisation. Quand la création du monde
est attribuée à Dieu, il ne me paraît pas utile de chercher si 10%
peuvent être imputables au hasard!
- Celles qui relèvent de l'expérience scientifique, c'est-à-dire qui
s'accompagnent d'un résultat prédictible en fonction des conditions
de l'expérience et qui sont renouvelables par n'importe quel opérateur.

Et toute affirmation qui n'a pas été démontrée fausse avec certitude
peut être considérée comme vraie, jusqu'à preuve du contraire (voir Je
principe de base).
Malgré le poids de l' histoire, la structure même de notre pensée et, par
voie de conséquence, de notre langage, n'a pas évolué et reste l'expres-
sion de certitudes qui ne sont finalement que des convictions du moment,
dont nous nous gardons bien d'imaginer, en règle générale, qu'elles
peuvent être remises en cause à toute occasion.
La prise en compte des égarements culturels du passé, comme les tristes
histoires de Giordano Bruno ou de Galilée, et la relativisation de nos
connaissances peuvent recevoir deux modes d'expression, une version

133
temporelle, que nous admettons presque volontiers et une version spatio-
temporelle, à laquelle nous allons devoir nous habituer.
En termes de temps:
Notre vérité d'aujourd'hui ne sera peut-être demain que la
conviction erronée d'hier!
et en termes spatio-temporels:
Notre vérité d'aujourd'hui, 1c1, n'est peut-être déjà qu'une
conviction erronée vue d'ailleurs ou par d'autres!

L'attitude scientifique à respecter est celle de la rigueur logique. J'ai démontré


ci-dessus que nous n'avons pas le droit logique d'exclure sans preuve.
Nous avons le droit de ne pas nous intéresser, et donc de ne pas commenter.
Si on s'intéresse aux affirmations attribuées à des non-terrestres, par
exemple Ummo, la comparaison entre les 'connaissances' alléguées et les
nôtres peut être très intéressante. Si des incompatibilités apparaissent
(sur la constance ou l'universalité de la vitesse de la lumière, par exemple)
nous n'avons pas le droit, logiquement, de faire plus qu'un constat de
désaccord.
Au nom de quelle certitude pouvons-nous affirmer que notre vision d'une
vitesse universellement constante est justifiée? Elle est en accord avec
nos expériences, oui, et celles-ci sont-elles ce qu'il y a de mieux, de plus
complet et de certain dans l'Univers?? Ne peut-il exister ailleurs d'autres
façons de voir la question?
Personne ne peut répondre ici sur notre Terre. En foi de quoi, personne
n'a le droit logique de donner la prééminence à une modélisation de
l'Univers plus qu'à une autre. C'est donc un grave abus de logique et de
langage que de condamner au nom de 'certitudes' qui ne sont finalement
que les nôtres, tout simplement terriennes!

Face à l'affirmation des voyages portant sur une distance ' compréhen-
sible' de plus de 14 années-lumière et déclarés faits en moins de six mois,
que dire?
D'abord constater avec lucidité qu'avec nos connaissances actuelles,
nous ne savons pas le faire. En vertu du "principe de base" examiné
ci-dessus, nous n'avons pas le droit de déclarer que l' affirmation est
universellement fausse.
Il nous faut donc remettre en cause notre description de l'Univers, dans
la perspective de ce type de déplacement. Des détails sont développés
dans "L'autre vision", puisque les Ummites nous donnent quelques
éléments.

134
Je veux seulement souligner ici que, face à l'affirmation première, nous
devons "choisir" une vérité:
ou bien nous considérons que notre savoir est l'expression la plus
achevée de la connaissance de l'Univers et nous déclarons que les
Ummites sont des menteurs (ce qui n'établit absolument pas qu'ils sont
Terriens, bien que beaucoup de Terriens soient menteurs),
ou bien nous relativisons et nous cherchons comment replacer nos
connaissances dans un ensemble plus ouvert en conformité avec
l'affirmation des voyages.
La vérité est ainsi probablement dans une vision élargie, une conception
plus vaste de l'Univers.

Mais qu'entendons-nous par vérité?

Il ne s'agit pas ici de refaire le constat linguistique et sémantique du


concept de vérité, ainsi que l'a fait magnifiquement Bertrand Russell,
mais tout simplement d'envisager les différentes facettes que ce mot nous
laisse entrevoir. Il y a en effet au moins deux façons d'envisager la vérité
(pour nous, sur notre Terre).

La vérité scientifique
Mon travail de mise en évidence d'une langue inconnue est une activité
de recherche. Pour ne pas tomber dans les travers des approximations
ou des rapprochements oiseux, il se doit de présenter tous les aspects
possibles de la démarche scientifique.
L'objet lui-même est ambigu, puisqu'il s'agit de travailler sur des textes.
J'aurais pu, bien sûr, me livrer à des études statistiques qui auraient
donné des résultats, du genre "la lettre A précède à 72% une autre lettre
A, sauf en début de mot où c'est à seulement 30%" (ces pourcentages
sont purement inventés, pour l'exemple). Le résultat aurait constitué en
soi une information de nature objective, mais sans rapport assimilable
rapidement à un lien quelconque de signification. Sans "émergence",
comme l'auraient formulé les Ummites. Or ce que je cherchais, c'était la
réalité d'une langue, en tant que véhicule de concepts et outil d'échange.
Donc porteuse de significations. Je ne cherchais pas des constats de
répartition des caractères dans d'éventuelles(?) règles de grammaire.
En revanche une information de type statistique, si l'échantillon sur
lequel elle a été établie est suffisamment représentatif, est une information
reproductible aux marges d'erreur près. La validité de l'échantillon doit

135
alors avoir été établie à l'aide d'outils objectifs, comme le 2. C'est la base
et le paradoxe de la vérité quantique.
Nous avons ici la définition même de la méthode scientifique: la science
ne s'intéresse qu'aux informations, aux phénomènes ou aux faits
reproductibles. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, selon une
expression généralement admise, le constat des observations conduit à
deux démarches intellectuelles possibles.
Soit le chercheur scientifique ne dispose pas d'une théorie préalablement
développée. Dans ce cas, il cherchera à déduire de ses observations des
corrélations qui lui permettront de construire une théorie. Il sera ensuite
en mesure de prévoir des observables et les conditions nécessaires à
leur constat. Sa démarche ultérieure rentrera alors dans le cadre de la
deuxième situation.
Soit le chercheur dispose d'une théorie qui avait proposé les conditions
des observables constatés. Si les résultats des "expériences" sont en
accord avec le modèle prédictif de la théorie, celle-ci se voit confirmée et
validée, au moins dans le domaine des expérimentations faites [ce qu'on
oublie, les média en particulier, souvent de préciser]. Si, en revanche, les
résultats ne sont pas conformes au modèle prédictif, toutes les remises en
cause doivent être faites: qualité des expérimentations, conformité aux
hypothèses du modèle, jusqu'à la révision de la théorie elle-même pour
intégrer ces nouveaux observables dans un nouveau modèle prédictif. Il
est clair que cette révision est d'autant plus déchirante et difficile que
l'observable non conforme représente une faible partie de l'ensemble des
observations.
C'est ce qui s'est produit pour le travail d'Einstein. La précession du
périhélie de Mercure était une exception et n'entrait pas dans le modèle
de Newton. Un petit détail dans les mouvements des planètes du système
solaire, mais qui a conduit à tout revoir ...
C'est naturellement cette technique logique incontournable que j'ai
employée dans l'étude des hypothèses de signification. Il n'en demeure
pas moins que cette démarche ne peut être applicable qu'à des faits
provoqués, ou des observables à occurrences répétitives ou considérés
comme tels (comme les centaines de mots et les expressions): c'est la
condition de la reproductibilité.
Notre vérité scientifique ne peut être affirmée sur des bases non repro-
ductibles, puisque ces bases sont les pierres de construction des théories et
des modèles prédictifs. Et les bases reproductibles sont limitées, à de rares
exceptions près, au champ des expériences de laboratoire et aux seuls
phénomènes que nous sommes capables de déclencher et de contrôler.

136
Notre vérité scientifique est donc limitée au seul champ des expériences
de laboratoire. Les tentatives d'extension aux domaines astronomique et
cosmologique font l'objet d'un accord formel, d'un consensus, d'ailleurs
discutable, à propos d'un modèle standard dont les caractéristiques
prédictives ne sont pas vraiment en accord, et de moins en moins, avec la
finesse des observations actuelles. Mais aucun des astronomes en vue n'a
le courage de lancer sa réelle remise en cause. Consensus mou autour de
l'entropie minimale? Vertige devant les conséquences probables de la
remise en cause ou absence d'idées franchement nouvelles?

La société et son point de vue


Qu'en est-il du champ du reste de la vie, celle qui se passe tous les jours
en dehors des laboratoires et se nourrit des constats quotidiens? Une
réponse peut être trouvée dans nos règles sociales et leurs principes
définissant la vérité.
Je prendrai l'exemple de nos institutions judiciaires, puisqu'on y
recherche la vérité et on y juge en affirmant l'avoir "établie".
Quel que soit le procès instruit, il l'est sur la base de "faits", en général
confortés par des déclarations, recoupées. C'est-à-dire multiples et
comparées. C'est le seul aspect des choses qui pourrait les rapprocher
d'une démarche scientifique: leur multiplicité et leur convergence les
font assimiler à des observations qui se confirment. Mais nombreux sont
les faits qui n'ont eu lieu qu'une seule fois, et ont éventuellement fait
l'objet de descriptions non homogènes ou comparables. A ce titre-là, ils
ne sont pas "reproductibles". C'est bien souvent le lot des témoignages,
qu'il s'agisse d'affaires judiciaires ou d'OVNI.
Et c'est toute la démarche investigatrice du juge d'instruction (en France)
de tenter une reconstitution, seule possibilité de vérifier la faisabilité des
dires, ou au contraire de mettre en défaut les récits. En tout état de cause,
le "matériel humain" n'est pas réellement capable d'actes "reproducti-
bles". Et une reconstitution ne peut pas être un renouvellement, sur
commande, d'un acte, au même titre qu'une expérience de laboratoire qui
peut être refaite autant de fois que souhaité (aux moyens financiers près).
Que dire des témoignages de scènes uniques et non reconstituables, en
particulier les observations aériennes?
Et lorsque le dossier arrive en jugement, en Cour d'Assises par exemple,
que dire des éléments d'appréciation du jury? Celui qui devra décider de la
vérité, celle qui se doit ici d'être binaire: coupable ou innocent. Je ne parle
pas de l'éventuelle sanction qui fait intervenir une échelle, pour "adapter".

137
Quand les preuves, au sens de faits indépendants qui viennent se
compléter pour étayer une hypothèse, manquent ou sont discutables, le
jury devrait, en principe, prononcer l'acquittement au bénéfice du doute,
de l'absence de certitude établie. Dans la réalité des tribunaux et des
salles de délibéré, il faut souvent des décisions, fortes, de nature à
marquer l'opinion.

Imaginons un scientifique convaincu, désigné comme juré dans un procès


d'assises. A l'issue des débats et avant le délibéré, il récapitule dans sa
tête les éléments qu'il a notés. Certaines pièces sont indéniables et
prouvées. Bien que non reproductibles, il les déclare convaincantes à ses
yeux. Elles ne portent que sur une partie des faits reprochés à l'accusé.
Pour les faits principaux, il n'existe pas de preuve, il n'existe que de
simples présomptions. Et la question tombe: coupable ou non coupable?
Capable d'une grande froideur distanciée, notre scientifique fait une
évaluation: les pièces sûres interviennent pour 37% dans le dossier. Au fait,
pourquoi ce chiffre et pas 42%?
Un premier doute s'installe. Ensuite il attribue aux autres éléments, plutôt
présomptifs, une représentation d'environ 10%. Il fait alors ses comptes,
conscient qu'il s'agit d'appréciations et de leur caractère "évaluatif'. En
additionnant, il arrive dans un cas à un total de 47% et dans l'autre à 52%.
Au fait, c'est combien la barre pour être déclaré coupable, plus ou moins
de 50%? Et en l'absence de preuves du fait principal, est-ce que c'est
différent?
N'oublions pas que la décision, une fois obtenue, devient la "vérité" aux
yeux de la société, et que celle-ci y associe une sanction, si elle le juge
nécessaire.
Je ne voudrais pas être désigné comme juré dans un procès d ' assises!

Il existe donc des vérités que l'on déclare, selon son intime conviction,
en son âme et conscience, selon la formule consacrée, sans pour autant
avoir disposé des moyens de vérification de la reproductibilité.
Il me semble que ce court exemple illustre la contradiction fondamentale
qui s'établit entre nos deux logiques de définition de la vérité, l' une dite
scientifique, assise sur la reproductibilité et la vérification par quiconque,
et l'autre, celle de la vie, fondée sur l'appréciation et l'intime conviction,
qui ne sont que partageables, mais pas vérifiables.

Si bien qu'un même fait pourra recevoir deux qualifications de vérité,


selon le point de vue, et qu'elles pourront être contradictoires. Par

138
exemple, le prévenu de mon exemple ci-dessus. Il n'y a pas de preuve
que c'est lui le meurtrier, mais un faisceau de présomptions, graves et
concordantes: la justice le déclare coupable du meurtre. Pour la société,
la vérité est qu'il est coupable.
L'absence de preuve conduit à une appréciation scientifique inverse: pour
la science, sa culpabilité n'est pas établie.
Nous devons constater ici le manque de logique ou de rigueur de
notre mode de pensée: il tolère qu'une réalité unique puisse recevoir deux
qualifications contradictoires. Exactement comme notre langage. Les
paradoxes de notre mode d'expression (par exemple "je mens") sont
lisibles aussi bien dans un sens que dans l'autre. Ils portent simulta-
nément deux vérités, exclusives l'une de l'autre.
C'est tout à fait la situation des OVNI. Plus de dix mille observations ont
été répertoriées, parmi lesquelles plusieurs centaines de cas sont consi-
dérés comme dignes d'intérêt scientifique. Pour la société, le phénomène
existe et de nombreux citoyens en ont l'intime conviction, non par
croyance, mais par analyse réfléchie, ou par vécu personnel.
Pour la science, les OVNI n'existent pas: la preuve matérielle, car la plus
probante, n'a jamais pu être réellement apportée. Ce qui convient très
bien à la majorité des scientifiques et des politiques qui les écoutent,
justifiant à leurs yeux qu'aucune étude sérieuse ne soit entreprise.

Que dire alors d'hypothétiques extraterrestres? Et de leur possible façon


de s'exprimer? La découverte d'une langue et son début de compréhension
peuvent-ils constituer une preuve?
Une réponse positive à cette question entraînerait de très nombreuses
et très profondes remises en cause. Comme la question est ici posée, il
est vraisemblable que la réponse des "penseurs" officiels sera: Nous
pouvons admettre l'existence de la langue [les implications ne posent pas
de problème majeur], mais nous n'avons pas de "preuve" qu'elle est
réellement pratiquée [objection justifiée, malgré un contenu réellement
véhiculaire], et encore moins de preuve du caractère extraterrestre des
locuteurs [c'est parfaitement justifié, et heureusement, parce que sinon,
quel bouleversement!].
Selon Je résultat recherché, Je "décideur", le "juge", !"'arbitre", choisira
"sa vérité". S'il trouve plus d'intérêt (aussi bien personnel que collectif1)
à la mise en évidence des faits, à la simple prise en compte d'un
accroissement de la connaissance, il mettra en exergue la "vérité" de type
social, fondée sur l'intime conviction. Il sera alors, à mon avis, au plus
près de la réalité.

139
S'il trouve, au contraire, plus d'intérêt à ce que cette réalité ne prenne pas
l'aspect de la vérité, il brandira l'absence de preuve "scientifique" et
"objective". C'est ce qui a tenu lieu de politique à propos des OVNI,
jusqu'à ce jour. Apparemment dans tous les pays.
Le dossier OVNI n'est fait que de témoignages: pour leur plus grande
partie, humains. Quelquefois techniques, car les images radar ou les
photographies sincères, les altérations de la nature ne sont que des
témoignages, objectifs, des images renvoyées. En l'absence de corré-
lation reproductible entre un "matériel" et l'image qui a été enregistrée,
la preuve "objective" de la corrélation est manifestement absente.

Le dossier UMMO, lui, est constitué d'une réalité matérielle, par opposi-
tion aux "suppositions" d'OVNI. La réalité matérielle des documents et
de leur contenu. Une opportunité existait donc de traiter les contenus, en
tant que matériel, avec des méthodes scientifiques. A part Jean-Pierre
Petit, qui s'est penché sur les contenus scientifiques à caractère cosmo-
logique, je ne connais pas d'autre travail dans cette perspective d'étude,
et qui ait été rendu public.
Quelques individus nourrissent des sites Internet de leur prose para-
phrasante, mais aucun n'a réussi l'odyssée de l'édition. En matière
linguistique, je suis le seul, à ma connaissance et à ce jour, qui ait dépassé
le stade de la liste de vocables avec traduction en regard.
En fait, la très grande majorité des ufologues n'a pas les moyens d'ana-
lyser sérieusement les contenus, et doit se contenter d'une perception
superficielle, construite à coup d'extraits sortis de leur contexte, voire
faux, comme je l'ai montré. Ils se sont donc rués sur des considérations
extérieures au dossier lui-même, en étudiant qui avait reçu des documents,
comment, quand, et l'environnement émotionnel de tous les prota-
gonistes. A la recherche de la seule chose "trouvable" dans ces conditions
et à leur portée: ces documents ne pouvaient être sincères et n' importe
quoi a été bon pour le démontrer!
Cet état de fait devient une arme entre les mains de tout individu à
sincérité "variable" en fonction d'éléments rarement avoués. C'est le cas
des journalistes et des représentants des média, et, plus gravement, des
politiques. Il constitue un très lourd handicap à la progression des
connaissances.

L'attitude politique, au sens large, ne consiste pas à dégager un axe de


progression à partir des réalités, ce qui pourrait être une expression
dynamique et démocratique. La politique consiste à présenter les réalités

140
comme convergentes à l'axe que le politique a prédéfini. Quand la "réa-
lité" a une existence objective, c'est sa présentation qui est "adaptée", on
oublie même souvent d'en faire mention.
Prenons un exemple, sans porter de jugement. Un sondage (valant
photographie ou opinion instantanée) sur la peine de mort a abouti, en
France, à l'expression de 57% pour son maintien. Ce qui, en cas de
référendum sur la question, représenterait environ 5,7 miilions de voix
pour son maintien, et donnerait environ 4,3 millions pour son abolition
(les chiffres ne sont certainement pas exacts, mais conformes à l'esprit de
l'explication).
Nous avons ici deux informations objectives, face à la décision d'évo-
lution.
Ou bien l'objectif du politique est de pousser au maintien et il annonce
fièrement le résultat du sondage à 57% pour. Il conforte alors son image
de démocrate: pour lui, c'est le peuple qui a raison, au prix d'un déficit
possible de son image humaniste.
Ou bien l'objectif du politique est de cultiver une image "humaniste", au
prix d'un déficit possible d'image de démocratie, et il fait valoir qu'un
très grand nombre de Français (sic!) se serait prononcé en faveur de
l'abolition (4,3 millions), en "oubliant" que ce n'est pas la majorité. Et si
d'aventure quelqu'un avançait la réalité des chiffres du sondage, le poli-
tique peut mettre en doute sa "neutralité", les capacités professionnelles
des sondeurs, etc ...
J'ai limité l'exemple ci-dessus, dérivé directement de la réalité française,
à des informations "objectivement constatables".
Que serait-ce si l'une ou l'autre information pouvait être mise en doute?
Ce qui est bien le cas quand la vérité doit être établie! Toutes les attitudes
devraient être "objectivement" considérées comme valides! C'est toute la
gravité du handicap à la progression des connaissances que nous avons
laissé s'instaurer dans nos systèmes.

Le dossier OVNI en est une bonne illustration. Elle tient en deux mots.
Dossier et OVNI.
Le dossier existe, avec ses miiliers, voire dizaines de miiliers d'obser-
vations de par le monde depuis cinquante ans. Personne ne le discute, et
un certain nombre de chercheurs y travaillent encore. Y compris dans les
sphères officielles. En France, plusieurs organismes ont été consécuti-
vement créés, puis abandonnés, au gré des volontés politiques. Citons le
GEPAN (Groupement d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non
identifiés) dont le nom était une reconnaissance implicite de la réalité

141
possible de certains faits, dirigé à sa création par l'ingénieur Claude
Poher. Il fut dissous et remplacé par le SEPRA (Service d'Expertise des
Phénomènes de Rentrée Atmosphérique), dans lequel le mot "rentrée"
[dans l'atmosphère] porte l'indication, ou alors je ne sais pas lire le
français, que pour "rentrer", il faut d'abord être sorti. Il est donc déjà
suggéré, dans le titre, que tout ce qui est observé ne peut être que d'abord
sorti, donc d'origine évidemment terrestre. Dans le genre langue de bois,
c'est du Chêne ou de I'Ebène.
Cela étant, le dossier existe et justifie des salaires. De combien
d'ingénieurs diplômés d'Etat, en France?
Mais les OVNI n'existent pas. Pourquoi? Mais parce que personne n'en
a jamais apporté la "preuve" scientifique. On dépense donc des budgets,
sous couvert de chercher, non pas la réalité objective, mais la "vérité",
et on décide de mesurer ses résultats à la seule aune de la preuve
scientifique. Et "on" finit par expliquer, comme l'ont fait les Américains
avec la Commission Condon, que la majorité des témoins a vu la planète
Vénus en plein jour, un satellite en pleine nuit au ras de l'eau, et que pour
les cas résistant aux interprétations déformantes: oui, le phénomène
[pas les objets qui laissent des échos radar] existe, est surtout d'ordre
psychologique et ne constitue pas une menace pour les Etats-Unis.
De plus, son étude n'est pas de nature à faire progresser les connaissances
scientifiques de manière suffisante pour la justifier! (sic). Quand on sait
la nullité des travaux antérieurement faits pour aboutir à cette conclusion,
il y a matière à interrogation! C'était heureusement aux Etats-Unis!
Force est alors de constater que selon l'axe désiré par les politiques [et, à
part Jean-Pierre Petit, quel chercheur ou personnel chargé du dossier
osera risquer de remettre en cause sa position, pour faire triompher la
réalité?], les hommes chargés d'affirmer la vérité pour eux auront le
choix de mettre en œuvre la logique d' appréciation scientifique ou la
logique de l'intime conviction.
Et pour l' instant, la logique scientifique a systématiquement été appelée à
la rescousse pour "tuer'' les conclusions qui étayaient l'intime conviction.
Je ne voudrais pas que l'on se méprenne: l'intime conviction n'est pas pour
moi le résultat d'une foi ou d'une croyance, par nature religieuse. L' intime
conviction que j'envisage ici est le résultat d'une analyse, d'un examen de
documents ou de pièces, jugé probant et de nature à justifier celle-ci. De
nature complètement comparable à celle du juge ou du juré, qui n'a, bien
sûr, rien de commun avec une croyance ou une foi.
Quand les politiques ou les média décident pour nous quelle forme de
vérité doit être "reconnue", en application d ' un droit que nous continuons

142
à leur concéder, au moins dans les pays démocratiques, ce n'est pas
éthique, et on peut toutefois espérer que c'est au service d'une cause que
l'on supposera noble, pour le moins dans ses intentions.
Mais quand ce sont des scientifiques qui pratiquent cette forme de double
vérité, en refusant, par exemple, de lire des documents, dont la réalité est
objective, que penser? La seule explication possible est de nature
politique. lis adoptent une attitude de politiques, en décidant de ne "voir"
que ce qui ne dérange pas, ou de ne pas voir ce qui peut déranger.
Car la pérennité pour un politique, c'est que le peuple soit content de lui.
Rien n'a changé depuis Jules César (environ 2000 ans!): pour qu'un
peuple soit heureux (comprendre satisfait de ses dirigeants) il faut qu'il
ait "Panem et circenses ", c'est-à-dire du pain et des jeux. C'est surtout
qu'il n'ait pas d'autre préoccupation que manger et se distraire. Il est
ainsi nécessaire, pour un politique soucieux de la durée, que rien ne
vienne "troubler" le "bon déroulement" de son mandat et la "quiétude"
de ses administrés. Donc "pas de vague", et que les présentations de la
vérité soient conformes à cet objectif.
Un chercheur, qu'il soit appointé par l'Etat ou au service d'une entreprise
privée, a-t-il intérêt à faire progresser la connaissance, dans des domaines
susceptibles de "faire des vagues"? C'est ici qu'interviennent de
nouvelles considérations, celles de l'argent. Mon but n'étant pas de faire
un procès, mais un simple constat en posant, si possible, les bonnes ques-
tions, je me limiterai seulement à quelques observations.
S'il est appointé par l'Etat, donc directement dépendant du caractère "poli-
tique", au sens large, des échelons supérieurs, le chercheur n'a strictement
aucun intérêt à promouvoir la progression des connaissances dans des
domaines "susceptibles de faire des vagues". Il ne trouvera ni appuis, ni
financements. li s'exposera, au contraire, à un étiquetage préjudiciable.
Quelques malheureux en ont fait l'amère expérience durant presque toute
leur carrière.
Sauf s'il arrive à "vendre", à convaincre que le développement du dossier
"rapportera" plus que les inconvénients possibles (quelles que puissent
en être les formes: essentiellement 'argent', 'image' ou 'pouvoir' qui en
est la synthèse). On entre alors dans des évaluations comparées, finances,
prestige, carrière, etc ... ou alors des démonstrations que "les vagues"
possibles sont "porteuses" et de nature à intéresser le peuple et l'image
que le politique peut en tirer.
Si le chercheur est au service d'une organisation privée, il faudra d'abord
qu'il démontre l'intérêt économique, en général à moyen terme (pas
toujours facile!), supérieur aux désagréments des "vagues" produites.

143
On constate que l'accès à la vérité, et plus généralement le progrès des
connaissances, en particulier dans le monde scientifique, n'a plus alors
comme dynamique très largement majoritaire, que la conformité à des
objectifs de "platitude", de "non-émergence", avec des définitions
comme celles de "chercheurs standards", de "modèle cosmologique
standard", et toute autre conception "standard".
Dans le même esprit, le risque constaté du double langage possible, vérité
à origine scientifique et vérité à origine "intime conviction", est une
menace à la connaissance. A la limite, tout ce qui relève de la seule intime
conviction peut se voir refuser l'existence, au nom de l'épreuve "scien-
tifique". Mais pas de la vie!
Le monde scientifique français (les exceptions se comptent sur les doigts
d'une main et sont obligées de mener leurs recherches en cachette) refuse
de s'appliquer à lui-même les outils d'accès à la vérité qu'il a développés.
Il se cantonne dans une dynamique (?) de limitation aux seules vérités
"politiquement" acceptables, une dynamique de la subsistance.
JI n'est ainsi pas toujours facile que certains progrès des connaissances,
certaines vérités soient pris en considération dans le sens positif.
L'histoire de la connaissance est constellée d'exemples démontrant tout
ce qui a été perdu par obscurantisme.
Cette réflexion sur nos certitudes et la possible "vérité" future de mon
travail n'a pas altéré ma motivation. J'avais été "allumé" par une phrase
en note de Jean-Pierre Petit (B 1 p 17), où il aborde la question des
insertions linguistiques et idéographiques dans les documents:
"1. Antonio Ribera a recensé plus de 400 de ces phonèmes et il doit exister une
masse équivalente de cryptoglyphes. J'aurais aimé voir un linguiste ou un
cryptographe se pencher sur ce matériel relativement important. Ne disposant
d'aucune méthode d'approche je n'ai pratiquement rien pu faire dans cette voie."

La tonalité générale des textes, dans les citations de Ribera (83), m'avait
convaincu qu'un linguiste, avec une formation a priori littéraire, même
complétée de connaissances scientifiques, n'avait aucune chance sérieuse
d'extraire quoi que ce soit de ces rapports, trop techniques. J'étais persuadé,
intuitivement, que le problème n'était pas d'ordre "linguistique" mais
d'ordre logique, et que des connaissances linguistiques "de chez nous" ne
pouvaient que perturber la qualité de l'étude, par la recherche d'analogies
qui n'avaient a priori rien à faire dans le dossier: il fallait donc le travail
d'un scientifique à connotation linguistique pour espérer aboutir.
Fort de ma grande curiosité et d'un peu d' expérience de recherche, je me
suis senti l'homme de la situation et capable au moins d'entreprendre

144
l'approfondissement des rapports. Je me suis toujours intéressé aux
langues, non pas tant pour les parler, bien que ... , mais plus pour leur
structure comparée, leur architecture, l'étymologie, etc.
J'avais une forte présomption, fondée sur une somme de petits détails, de
quelque chose de solide, de résistant. J'avais déjà eu l'occasion de faire
preuve de méthodes plutôt originales, et "déroutantes" pour aboutir à des
solutions qui avaient été admises, ensuite, comme satisfaisantes.
Quand on commence une recherche, rien n'est joué d'avance: bien sûr,
on dispose d'indices qui laissent entrevoir des possibilités, bien sûr tout
"laisse à croire que .. . les expériences seront réussies" ... La réalité n'est
hélas pas toujours au rendez-vous, mais on a au moins la satisfaction
d'avoir éliminé des "pistes" qui étaient apparues prometteuses.

Pour le dossier Ummo, le travail sur la "prétendue langue" pouvait être


très riche d'enseignements. D'abord la mise en évidence d'une possible
supercherie, mais qui était probablement sophistiquée, compte tenu de la
"qualité" des contenus scientifiques: un créatif génial, avec tant de recul
et de relativisation en regard de nos connaissances, ne pouvait s'abaisser
à pseudo copier servilement et simplement quelques concepts empruntés,
de-ci, de-là, à l'une ou l'autre langue.
Ou bien la "détection" de quelque chose de cohérent, apparenté à une
vraie langue avec toutes les ouvertures que cela laissait entrevoir.
En cas de non aboutissement, je veux dire sans résultat objectivement
évident, ça n'était pas grave: du temps aurait été passé, jusqu'au jet de
l'éponge, mais pour une satisfaction et un exercice intellectuels tellement
mobilisateurs que j'aurais été jusqu'à l'extrémité, à ce moment ultime de
constat d'impuissance.
Dans tous les cas d'aboutissement, le défi était intellectuellement
passionnant et source possible d'une profonde satisfaction égocentrique,
à connotation incontestablement mégalomaniaque: être plus fort que le
créateur supposé de ce pseudo-langage en mettant à nu sa "supercherie"
[et je le sentais très "fort"!], ou être assez capable pour accéder, peut-être
dans les premiers, à l'autre forme de pensée inévitablement associée à ce
"langage", si sa validation s'avérait possible.
Je n'avais donc vraiment rien à perdre, quelle que soit l'issue.
Il fallait d'abord recenser l'information et la mettre en forme.
En fait, les premiers résultats sont apparus assez peu de temps après cette
phase préparatoire.
Comment j'ai trouvé?
Je vous invite à le vivre avec moi. .. dans les pages suivantes.

145
5. Comment j'ai pu trouver
les bases de la langue ummite

Mon étude a été réalisée exclusivement sur les contenus des documents
ummites que j'ai pu me procurer. Les auteurs, qui se disent issus de la
planète Ummo, affirment pratiquer cinq modes de communication: le
mode écrit, trois modes oraux et un mode télépathique.
Il y a très peu d'éléments descriptifs de leur mode écrit, et seulement
quelques indications sur sa mise en œuvre. Il semble que ce mode n'ait,
pour les Ummites, pas la même importance que pour nous, et que la
conservation enregistrée du mode oral serve de témoin, au même titre que
l'écrit pour nous. J'ai donc décidé de reporter son étude à une phase
ultérieure.
Le mode télépathique, pour lequel nous devrions être aussi capables,
d'après les indications des auteurs, n'est qu'une version strictement
transposée du premier mode oral, et son substitut permettant la commu-
nication à distance, en temps réel. Les textes ne donnent que des indi-
cations descriptives, au demeurant intéressantes, que j'aborde dans Je
chapitre sur la vie des Ummites. Son étude linguistique se confond avec
celle du langage oral de premier niveau.
Dans un document (D43) les Ummites donnent quelques indications sur
les modalités et la justification de leur trois modes d'expression orale. En
gros, le mode de premier niveau, suffisant pour la vie quotidienne,
domestique, technique vulgarisé, "macrosocial" est insuffisamment riche
en différenciateurs pour autoriser le discours sur la "transcendance",
c'est-à-dire tout ce qui touche à l'aspect multidimensionnel de l'Univers
et à son évocation, ainsi qu'à la réflexion intellectuelle. Dans les premiers
temps de mon étude, je ne voyais pas bien ce que pouvait représenter
cette formulation. Les idées ont pris leur place lors de mes recherches de
sémantique, et près avoir lu les travaux de Bertrand Russell (88). On peut
déduire de la présentation ummite que notre langage, de base logique
aristotélicienne et conforme au principe du tiers exclu, est parfaitement

147
comparable au langage ummite de premier niveau dans sa capacité
descriptive, mais qu'il est assorti d'un arsenal de différenciateurs qui lui
permettent une couverture complète des concepts et objets que nos sens
peuvent expérimenter.
Le mécanisme du langage de deuxième niveau est expliqué dans
son principe, et je n'ai répertorié que cinq ou six exemples, dont un est
"complexe". Il fait appel à des combinaisons de règles arithmétiques qui
ne pourraient être reconstituées qu'avec de très nombreux exemples. Il
fait en outre intervenir des "modulations" de la voix, qui ne peuvent être
étudiées sur le papier, et qui excluent d'ailleurs sa pratique par voie
télépathique. Je l'ai baptisé "codilangage" et je n'ai pas cherché à
l'étudier. Ce langage codé peut être émis en même temps que le langage
de premier niveau. Cette pratique d'émission simultanée et superposée
au langage de premier niveau permet l'expression de deux discours
concomitants et indépendants. Les Ummites ont donné au groupement de
ces deux pratiques l'appellation de 'bilangage'.
Le langage oral de troisième niveau est cité, sans doute par conformité à
la rigueur scientifique, sans qu'aucun élément ne soit donné. 11 ne pouvait
être question de s'y intéresser.
J'ai donc limité mon étude au langage oral de premier niveau, quotidien,
que les Ummites ont largement documenté au fil de tous les rapports
qu'ils ont expédiés.

La langue est un moyen d'expression, un véhicule de pensée et d'échange


entre au moins deux interlocuteurs. Limitons-nous à l'oral, pour simplifier,
mais le raisonnement serait le même à propos de la langue écrite. Pour que
les locuteurs se comprennent, il est indispensable qu'ils aient une sorte de
"référentiel commun culturel" qui fait correspondre, indépendamment des
considérations syntaxiques ou grammaticales dans un premier temps, à
chaque mot prononcé l'évocation d'un objet ou d'une idée. Ce référentiel
commun culturel est un des témoins, plus ou moins direct et plus ou moins
caché, de la civilisation, du mode d'organisation et du niveau de la pensée
des personnes qui pratiquent cette langue.
Ces considérations sont simples et aujourd'hui admises par tous.
Dans le cas présent, j'ai retenu l'hypothèse (conforme au contenu des
documents) d'une tentative de contact entre individus appartenant, selon
toute vraisemblance, à des civilisations très différentes. Et il faut ici faire
la distinction entre le contact proprement dit, c'est-à-dire l'expression
sensée des textes qui sont disponibles, et d'autre part l'exposé "didactique"
de leur langue.

148
Pour le contact lui-même, réalisé par 1'usage de la langue espagnole, je
préfère rapporter un extrait du commentaire qu'en fait Antonio Ribera
(83 p220), puisqu'il est de langue maternelle espagnole:

"Les «Rapports» sont de valeur inégale et semblent être rédigés en un curieux


catalan, aseptisé et précautionneusement dépourvu d'adjectifs qui pourraient
comporter une charge émotionnelle. Nous voulons faire ressortir que les
«Documents» ont été écrits en un espagnol extrêmement frappant, qui semblerait
provenir, avec un rare bonheur, de très honorables et aimables moines trappistes
docteurs en philosophie et investis de la précision et de l'impartialité de René
Descartes, ayant l'habitude d'une certaine humilité impersonnelle et la nette
obsession de respecter à outrance la liberté de pensée et d'action de leurs
destinataires et de ne pas s'immiscer dans leurs décisions. La simplicité et la
structure linéaire du castillan employé dans les «Documents» sont essentiel-
lement apparents et cachent en réalité une grande efficacité littéraire et de
communication. Ainsi qu'une notable sophistication sémantique. Leur style «sans
façon» n'est que le déguisement d'une authentique prouesse linguistique, car
composer avec un tel détachement et une telle objectivité impersonnelle doit être
presque impossible sans la mise en jeu de techniques philosophiques élaborées.
A ce sujet, il serait intéressant de soumettre à une analyse sémantique le texte
castillan des «Documents», en dehors des mots ummites, exotiques.
Ces phonèmes inconnus classés par Moya Cerpa émaillent ici et là l'étrange
prose castillane déjà commentée, comme auxiliaires pour une meilleure compré-
hension du «récit» ummite."

Je remarque au passage que cette dernière affirmation traduit, pour moi,


une incompréhension profonde, car c'est l'inverse: c'est le récit ummite
qui est là comme auxiliaire pour une meilleure compréhension de la civi-
lisation et des vocables qui en sont l'expression. Mais c'est un auxiliaire
indirect, non perceptible aux lecteurs superficiels.
Les auteurs des textes, supposés ici dans l'hypothèse "extraterrestre", ont
donc assimilé la langue espagnole, version "castillan", et il est intéressant de
noter que Ribera qualifie pratiquement leur formulation d"'inhumaine".
Nous nous trouvons ainsi dans un système d'échange par la langue
parfaitement comparable à celui de deux Madrilènes entre eux, quelque-
fois au style près, comme dans la vie habituelle. Les auteurs se placent à
notre niveau de culture en utilisant une de nos langues.

Il n'en va pas de même lorsqu'ils abordent l' exposé des vocables de leur
langue. Il s'agit très souvent de vocables qui désignent une "réalité" [et

149
je commence ici déjà à manquer du vocabulaire adapté!], soit qui nous est
commune, mais de formulation très différente, soit qui nous est étrangère.
Il ressort du contenu des textes qu'il y a un fossé entre leur niveau de
connaissances et le nôtre. Et les auteurs ne manquent pas de souligner, à
chaque occasion et dans des termes simples, sans emphase ni condescen-
dance, le décalage de développement entre nos civilisations respectives.
Sachant que nous sommes bien sûr moins avancés en acquis techno-
culturels et en connaissances qu'eux.
La compréhension et l'analyse de ces vocables, pour ambitieuses qu'elles
soient, et naturellement dans l'hypothèse de la réalité de cette langue si
étonnante, doit nous permettre de cerner des points de civilisation non
directement formulés. Ce sera aussi pour nous un moyen de valider, ou
non, le caractère original de cette supposée langue.
Pour mieux comprendre, prenons un exemple imaginé pour la circons-
tance. Plaçons-nous en position d"'Ummites" vis-à-vis d'un peuple
terrestre encore inconnu et vierge de tout contact avec nos civilisations,
qui serait aujourd'hui au niveau techno-culturel du Moyen Age. Sans
antériorité avec des langues comme le latin ou le grec. Ce peuple est
complètement ignorant de notre langue et de notre culture, ainsi que de
nos habitudes, mais nous lui attribuons des connaissances de navigation
maritime. Nous avons en effet constaté qu'il a mené à bien certaines
expéditions locales de découverte.
Nous nous sommes ainsi fondus discrètement dans la population et nous
avons appris leur langue. Nous entreprenons de faire connaître notre
existence, avec le souci de ne pas choquer. Nous faisons parvenir, à un
alchimiste que nous avons identifié, un parchemin contenant un premier
descriptif de notre civilisation dans les termes suivants (en figurant en
majuscules les vocables de notre langue):

"Le présent parchemin a été dicté par un groupe d'explorateurs, hommes


venus de l'autre côté de la Terre. Nous utilisons pour nous déplacer des nefs
aériennes (AVIONS) et quelquefois de plus petites nefs plus maniables
(HELICOPTERES) pour accéder plus facilement à notre destination finale.
Lorsque nous voulons parler à un de nos compatriotes qui n'est pas à côté
de nous, nous l'appelons sur son PORTABLE. Cette sorte de petite boîte
tient dans la main et fonctionne avec du COURANT ELECTRIQUE
fourni par une BATTERIE.
A titre indicatif, je vous dirai que ces TELEPHONES fonctionnent en
utilisant les propriétés de NUMERISATION des ONDES ELECTRO-
MAGNETIQUES.

ISO
D'ailleurs personne parmi nous ne manque de porter sa MONTRE qui
affiche le temps et fonctionne avec des ELECTRONS fournis aussi par
une PILE, sorte de grosse lentille métallique.
Nous ne travaillons que sept heures par jour, nous partons en
VACANCES au bord de la mer, de l'autre côté de la Terre. Les femmes
de notre peuple prennent des PILULES, moyens CONTRACEPTIFS qui
se présentent comme des petites lentilles de couleur, pour n'avoir des
enfants que quand elles le désirent. Pour vivre normalement, habillées
avec des braies à l' égal des hommes, même les jours de menstruation,
elles portent dans leur corps un TAMPON, sorte de dispositif absorbant.
En VACANCES, au bord des mers chaudes, elles vont aussi, même ces
jours là, avec des hommes sous la mer pour voir vivre les poissons, après
avoir attaché à leur dos un APPAREIL RESPIRATOIRE.
Presque tout le monde a un ORDINATEUR, MACHINE ELECTRO-
NIQUE qui peut écrire toute seule, en couleurs, et sur laquelle on peut
voir des IMAGES ANIMEES en écoutant de la musique. Ces ORDINA-
TEURS sont capables aussi d'écrire ce qu'on leur dit."

On pourrait continuer longtemps en décrivant avec des semblants de


détails les derniers acquis de notre culture.
Mettons-nous un instant à la place de cet alchimiste, devant ce
parchemin.
Ou bien il est persuadé de la validité de ses connaissances et peu curieux
de ce qui peut l'entourer. Et il décide, après un rapide coup d'œil au texte,
que c'est une "diablerie" et il le met au feu.
Ou bien il est intrigué et commence à décortiquer le texte, pour essayer
de le comprendre. Une première analyse sémantique du parchemin par
notre alchimiste le conduira à un classement:
- Outre que les auteurs prétendent disposer des moyens de faire
naviguer des vaisseaux (nefs aériennes) sans doute dans les airs, [et
il imaginera un navire de deux ou trois mâts dans le ciel, en se
demandant comment c'est possible ... ]
- ils utilisent pour les décrire deux vocables différents, et
il est établi que le vocable AVIONS correspond à une capacité de
transport plus grande que le vocable HELICOPTERES.

Ce qui n'est vrai que statistiquement (car, nous le savons, il existe des
hélicoptères qui ont une plus grande capacité que les petits avions), et
n'indique absolument pas que AVION est une appellation générale, par
analogie avec les OISEAUX (latin AVIS), et impliquant des ailes "fixes".

151
Cette dénomination est exclusive du mode de fonctionnement rattaché
aux appareils décrits par le deuxième vocable et celui-ci, HELICOP-
TERE, implique qu'il s'agit d'un engin dont certaines caractéristiques
font appel au concept d'aile animée au sens des insectes et au concept de
spirale (en grec HELIX= spirale, PTERON =aile).
On voit donc, dans la seule analyse de ces deux lignes, que la recherche
d'une sémantique (la recherche d'une étymologie, au sens que nous lui
prêtons, est évidemment hors de portée raisonnable dans le cas d'une
langue totalement inconnue!) peut conduire à de bien réels éléments
d'appréhension et de "connaissance" du mode de pensée, de vie et de
culture des auteurs. Il faut disposer, naturellement, d'un échantillonnage
assez large de vocables et d'une qualité suffisante des explications qui les
accompagnent.
La recherche d'une étymologie, toujours au sens que nous donnons à ce
mot, supposerait forcément une meilleure connaissance de leur histoire
pour prétendre à une assise scientifique. On verra que, dans cette curieuse
langue, nos concepts d'étymologie et de sémantique se recouvrent en une
idée unique qui est étrangère à notre logique de formulation. En l'absence
de signifiant pour la désigner, j'ai conservé le mot de "sémantique".

L'alchimiste se posera de nombreuses autres questions:

- A quoi correspond l'acte de respirer? Que peut être un APPAREIL


RESPIRATOIRE? En admettant qu'il arrive à se faire une idée, même
approximative, pourquoi attacher dans le dos pour respirer?
- Apparemment un PORTABLE et un TELEPHONE sont deux
formulations d'une même réalité. Laquelle? Comment parler avec
quelqu'un qui se trouve hors de portée de voix et même de vue?
- Qu'est-ce que la NUMERISATION, que sont les ONDES ELECTRO-
MAGNETIQUES? Un onde, se dit-il, je sais bien que c'est la surface
de la mare, ou l'eau du lac voisin. Mais sinon?
- Qu'est-ce qu'une PILULE? d'après le contexte ça doit sans doute se
manger, mais à part ça, et comment se représenter la vie avec cette
"chose"?
- Comment une "machine" peut-elle écrire? avec une plume d'oie tenue
par un automate? qu'est-ce qu'écrire en couleurs? des enluminures?
- Et puis surtout, que faut-il comprendre avec cette allusion, formulée
deux fois: "de l'autre côté de la Terre"?
Si ces textes sont authentiques, se dit-il, la Terre aurait un autre côté!!
Contrairement à toutes les connaissances entre les mains des savants, des

152
religieux et même des "initiés". Et dans sa capacité déductive et imagi-
native, notre alchimiste se prend à considérer que pour aller de l'autre
côté sans avoir à traverser, puisque traverser la Terre paraît vraiment
impossible, une solution pourrait être que la Terre soit ronde comme une
boule et non pas plate!! Quelle hérésie!! D'ailleurs, si même cette possi-
bilité était réelle, en se représentant la situation dans l'espace, comment
des hommes pourraient-ils vivre la tête en bas?
Et notre homme serait à la fois fasciné par ce document et profondément
choqué par son contenu éminemment incompréhensible. Non pas seulement
dans la formulation, mais dans les concepts évoqués et leur acceptabilité.

Heureusement que les Ummites nous ont donné assez de clés pour arriver
à percevoir, autant que faire se peut, leur curieuse civilisation et la langue
qui l'accompagne. On comprendra, toutefois, qu'une lecture superficielle
fera rapidement apparaître les contenus comme "farfelus" ou "imaginatifs
débridés, incohérents".

Dans un dialogue ou dans une tentative de transfert d'information


supposant au moins un phénomène de traduction, et à plus forte raison si
d'autres éléments, par exemple "transculturels" interviennent, l'émetteur-
initiateur fournit au destinataire (supposé de culture "déficiente") des
éléments complémentaires de compréhension. Dans une première
analyse, et la recherche des significations élémentaires est de cet ordre, le
chercheur est tenté de prendre ces éléments, par confort ou simplement
par ignorance, pour des éléments de traduction, dans la mesure où la
langue d'origine est inconnue et à découvrir.
C'est ce que je suppose avoir présidé à la démarche d'Antonio Moya
Cerpa et de Darnaude relayés par Ribera. J'ai procédé comme eux, en
éliminant naturellement, au moins dans un premier temps, les éléments
de communication de "deuxième niveau", du type langage répétitif à
modulation et à usage a priori "transcendantal", dans la mesure où nous
pensons pouvoir les isoler.
La fable de l'alchimiste au Moyen Age a été volontairement simplifiée et
limitée. En situant les Hommes du 20ème siècle sur la Terre, même de
l'autre côté, je leur donne un mode d'expression qui est terrien et
compréhensible par tous, y compris par le lecteur. C'est une nécessité
évidente. Et les cinq ou six siècles de décalage de développement sont
accessibles à nos échelles d'histoire.
Il en va tout autrement du contexte des documents ummites, qui prétendent
faire état d'une culture différente, et d'un mode de formulation que l'on

153
peut ressentir franchement distinct. En tout cas, il n'a aucune raison
sérieuse, statistiquement parlant, de s'apparenter à celui des langues
terrestres. Pour aborder cette difficulté, j'ai récapitulé les éléments en ma
possession:

- Les auteurs se disent d'origine extraterrestre: dont acte. Si je remets


en cause avant toute analyse linguistique, ce n'est plus de la
recherche, c'est de la pétition de principe.
- Ils ont appris nos langues, et en font la preuve avec l'espagnol. Ils ont
donc les moyens intellectuels d'observation, d'analyse, de mémori-
sation et de comparaison, tous nécessaires à tout apprentissage.
Indépendamment de leurs affirmations dans le domaine de la logique,
ils en font preuve, puisque la démarche d'apprentissage linguistique
aboutie en est témoin.
Venant d'une culture supposée totalement étrangère, ils ont donc eu
à acquérir les bases de notre civilisation et ses systèmes de commu-
nication verbal et écrit.
- La langue qu'ils nous présentent est un système de communication
verbal. Quelle que soit sa structure, il existe un niveau de décomposi-
tion pour lequel la relation signifiant-signifié est figée, fixe. S' il n'en
était pas ainsi, aucun dialogue ne serait possible dans aucune langue.
- C'est donc ce niveau de décomposition qu'il faut "trouver", "identifier".

Cette recherche, base d'un apprentissage possible de la langue, doit être


menée à travers les étapes logiques de la "raison analytique". Exactement
celles qui ont été nécessaires aux Ummites pour apprendre nos langues et
que j'ai listées plus haut.
Au cours du travail, une première et énorme différence s' est faite jour
dans la façon de se faire comprendre. Nous pouvons nous représenter,
dans la plupart des cas, ce que I'Ummite veut exprimer, mais il nous est
très difficile de formuler comme lui. C'est en partie un problème de
logique: la construction de son langage exige une pensée analytique avant
formulation. Ce point est abordé dans le "Précis", chapitre sémantique.
Mais ce n'est qu'un aspect des conclusions de cette étude, car il est clair
que certaines idées, certains concepts n' ont pu être "appréhendés"
autrement que dans une perspective, une vision, une compréhension assez
sensiblement différentes de nos idées, telles que nous les manipulons au
quotidien, le plus souvent inconsciemment. Et c'est dans ces conditions
que la "culture" ou une forme de "civilisation" des auteurs a pu prendre
corps. Pas vraiment comparables à celles qui nous sont connues sur Terre.

154
Le matériel disponible et la méthode

Les publications de Jean-Pierre Petit, premières bases de mon accès au


dossier, sont très pauvres en vocables "ummites", traduisant par là son
peu d'intérêt pour ce domaine d'investigation. li a même, le plus souvent,
expurgé les termes originaux du texte, dans ses rares citations des extraits
de rapports.
L'étude des travaux antérieurs connus (voir le "Précis", Bases docu-
mentaires) a été très décevante, soit par "l'inconsistance" que je leur ai
prêtée, soit par leur très faible portée. J'ai donc commencé mes propres
observations des vocables lors de la lecture du livre de Ribera en notant
sur des fiches, classées par ordre alphabétique, comme l'ont certainement
fait tous ceux qui se sont intéressés à l'étude de cette langue.
Une première constatation m'avait alerté lors de la première lecture: de
nombreux vocables avaient une orthographe très proche, mais les contex-
tes ne les assimilaient pas aux mêmes concepts. Ayant dressé un premier
catalogue, sur la base du travail de Moy a Cerpa (B 12), j'ai cherché à
établir une ébauche de classement des 'racines' qui me semblaient
isolables. Je me suis assez vite aperçu que l'outil informatique serait
indispensable, autant pour sa capacité de mémorisation que pour ses fa-
cultés d'assistance aux opérations de tri, de recherche et de comparaison.
Il fallait donc impérativement mettre en place un outil.
J'ai récusé le mot "phonème" qui a été multiplié dans l'ouvrage de Ribera
et dans quelques textes ummites, car je réserve ce substantif à un groupe
élémentaire sonore d'une langue et non à un "mot" entier. Je parlerai
toujours de "vocables", eux-mêmes quelquefois groupés pour donner des
"expressions" ou "locutions". C'est après avoir pris du recul par rapport
à la construction de cette langue, que j'ai compris pourquoi les Ummites
avaient dicté le mot "phonèmes".
Quel que soit le langage considéré, pour qu'il constitue un moyen correct
d'échange d'informations, un certain nombre de principes sont à
respecter:
A la base: un signifiant porte toujours 1'évocation du même signifié. Quel
que soit le contexte, par exemple en français, le mot "chaise" évoque
toujours un siège, équipé de quatre pieds et d'un dossier. Sinon on dirait
"tabouret". Au moins dans ses acceptions générales et non techniques
(voir les chaises d'hélices, par exemple).
Nous travaillons sur la transcription écrite d'une prononciation. Cela ne
nous épargne pas les homophonies, puisqu'il s'agit de mots qui se
prononcent de la même façon, mais avec une orthographe différente. Le

155
français est une langue très riche en homophones, par exemple les mots
qui se prononcent: saint, cinq, sein, sain, ceint, seing, ce qui lui a
certainement valu de ne pas être un des véhicules de transcription de la
langue ummite. Mais les auteurs disent avoir contrôlé et relu les
documents avant diffusion. En les signant, ils en avalisaient les contenus,
dont les orthographes de transcription.
Deuxième principe: en cas de différenciation très grande de signification
des segments trouvés, j'ai remis en cause la transcription écrite, et j'ai
cherché une quelconque variante sonore de différenciation. Par exemple
en cherchant à remplacer un U par un W, dont les sonorités sont assez
proches en langue espagnole. L'application de ce principe a été utile dans
la première phase de recherche, celle qui a permis d'isoler les unités
signifiantes. Il est apparu ensuite, lors de l'extension à tout le "vocabu-
laire", que ce principe n'était plus applicable, et que dans presque tous les
cas, les variétés orthographiques de transcription des vocables avaient
une raison fondamentale et indispensable. Ce sont en effet les seules
voies par lesquelles j'ai pu reconnaître assez vite (quelques mois) la
nature fondamentalement différente de la sémantique et la structure
évocatrice de cette langue. J'ai suivi en cela la voie tracée par les auteurs,
dans leur démarche didactique.
Je ne connaissais pas les unités expressives de cette langue, quels groupes
de sons pouvaient en constituer les bases évocatrices, mais du travail
préliminaire avait été déjà fait. Moya Cerpa avait rassemblé dans un
lexique 403 vocables ou assimilés, extraits des textes qu'il avait pu se
procurer. Cette liste donne pour chaque vocable la traduction qui a été
trouvée dans le texte de citation, ou un sens attribuable. Malheureusement
sans références, ce qui n'a pas permis de comparer les sources.
Mon travail se situe à un niveau différent, puisque je prétends justifier
chaque vocable par sa décomposition étymologique ou sémantique. Il est
donc possible que je remette ainsi en cause la traduction relevée pour un
certain nombre des références produites, surtout si elle a été donnée à
titre "didactique".
La difficulté, majeure, était qu'il fallait d'abord trouver soit la sémantique,
soit les unités signifiantes. Dans l'hypothèse d'une origine non terrestre,
que je ne m'autorisais pas à décider impossible, les connaissances
littéraires ne seraient sans doute d'aucun secours et constitueraient peut-
être même un sérieux handicap, en orientant les recherches sur des
terrains sans objet.
J'en avais acquis la conviction en prenant connaissance du rapport de
Monsieur Ignacio Damaude. Cet ufologue espagnol fut un des destinataires

156
privilégiés du Dictionnaire de Moya Cerpa, puisqu'il lui a autorisé
l'accès à bon nombre des textes nécessaires à son travail. Darnaude
soumit ce dictionnaire à Don Antonio Vidal Lamiquiz, Professeur de
linguistique dans l'unité de philologie de la faculté des Lettres de
l'Université de Séville. Celui-ci organisa le 4 mars 1978 un séminaire de
discussion à propos du dictionnaire de Moya Cerpa et Ignacio Damaude
en fit un rapport qui est publié par Ribera (83). Certains aspects de ce
rapport sont examinés dans le chapitre sur la sémantique. J'en retiens que
les outils d'analyse linguistique que la communauté littéraire a dévelop-
pés ne sont pas "ouverts". Ils présupposent une architecture de la langue
à analyser, architecture dérivée de nos connaissances des langues
pratiquées à la surface de la Terre.
Si la langue à examiner se rattache à une autre logique (et ne pas prendre
cette hypothèse en compte, c'est répondre d'avance à la question posée
de son origine), les outils à logique présupposée ne pourront pas donner
l'accès à la compréhension.

J'irai bien au-delà, car j'ai entre les mains des copies de documents que
ni Damaude ni Ribera n'ont pu consulter, du moins avant l'édition du
livre de ce dernier, qui proposent une approche élémentaire d'un système
logique d'une autre essence et qui laissent entendre qu'un langage peut
être indépendant de la logique qu'il peut véhiculer! Dans ces conditions,
on peut lire et comprendre les difficultés que les Ummites éprouvent à
nous exposer (en cherchant la clarté et la simplicité) des concepts qui
n'ont pas d'équivalent dans nos mentalités et a fortiori dans notre voca-
bulaire (quelle que soit notre langue de terrestre!). Pour illustrer ce point,
lisons un fragment du document D68, reçu en espagnol le 27/06/67 par
M. D. Manuel Campo:
"Nous désirons faire une remarque, Monsieur CAMPO, pour vous
rappeler les grandes difficultés qui se présentent à nous quand nous
essayons d 'utiliser les modèles de la planète Terre pour les adapter aux
nôtres.
Nous sommes en contact avec divers OEMII de la Terre, Théologiens,
Physiciens, Biologistes, Juristes, Ingénieurs, Sociologues, etc. et nous
butons sur de sérieux problèmes de communication: en effet quand il
s'agit de traduire par exemple des Unités terrestres de magnitudes
physiques, (accélération, réluctance, viscosité, etc.. .) il n y a pas de
difficulté car le facteur de conversion est un simple chiffre suivi de
décimales. Ainsi un UDIXAA (unité de charge électrostatique équivaut à
0,61446 micro coulombs).

157
De graves obstacles de communication commencent à surgir quand il
s'agit d'obtenir des versions en langue française, anglaise, espagnole
etc. de mots utilisés sur UMMO qui sont intraduisibles si ils ne sont pas
accompagnés d 'une explication préalable.
Par exemple:
ANNOIUXII Oll: sensation voluptueuse que les OEMII de UMMO
éprouvent quand ils sont soumis à une accélération (cette sensation est
de type érogène).
Mais le moment où les barrières où le libre flux de 1'information sont
presque infranchissables et rendent plus difficile la compréhension
de notre culture, c'est dans le domaine de la LOGIQUE (nous utilisons
deux types de logique: une diva/ente comme la terrestre et une autre
tétravalente)."

Ce fragment de lettre, pris panni tant d'autres, illustre clairement la volonté


des auteurs de construire les bases d'une communication {"la compréhen-
sion de notre culture''}, en manipulant des principes simples et une mise en
garde préliminaire sur les différences qui seront à constater.
De plus, nous trouvons dans cet extrait plusieurs «vocables», dont deux
sont accompagnés d'indications contextuelles manifestement destinées,
non seulement à nous faire percevoir des «réalités» qui nous sont
étrangères, mais aussi à nous aider à percer la 'logique' et peut-être la
sémantique de leur langage.
C'est en tout cas ce qui a motivé ma façon d'aborder cette étude et m'a
convaincu que la compréhension de ce langage (transcriptions et
sémantique) ne pouvait être valablement trouvée que dans le rapproche-
ment des «vocables» et du contexte associé. Je pense que la suite m'a
donné raison.
Faisant délibérément abstraction de toute connaissance linguistique,
j'ai concentré mon attention sur les quelques courts passages qui me
semblaient offrir des possibilités de piste.
Deux petits extraits expliquaient, en lieu et place d'une traduction, les
sens possibles des vocables désignant le jour "XII" et l'année "XEE".
J'ai trouvé dans ces fragments de texte bien plus qu'une description des
deux idées que les auteurs attribuent à ces vocables. Il s'agit de la lettre,
référencée 057, reçue en janvier 1967 par l'ingénieur Villagrasa. Il est
écrit page 3:
"Un XEE est l'année de UMMO et équivaut à 60 jours" et plus loin,
sous le titre "UNITES DE FREQUENCE DE "UMMO", "Il s'agit du
"XII" (En phénomènes périodiques) dont la traduction présente diverses

158
acceptions car ce mot représente non seulement le jour de UMMO mais
aussi la rotation d'une roue ou le cycle par unité de Temps".
Et par trois fois dans le document 032, successivement: "CS/ "un jour
UMMO ou une rotation de roue" et SI "cycle rotation ou révolution" et
XII "cycle rotation ou révolution vaut 600.0117 UIW ou encore 1855.2
minutes, ce qui met l 'U/W à 3,09194 minutes". [c'est moi qui ai mis en
gras dans les deux extraits, NdA]
Le XEE est donné pour une unité de temps, qui est associée au déplace-
ment de la planète sur son orbite. Elle porte même le sens d'orbite aussi.
On remarque au passage que nous, Terriens, avons deux mots distincts
pour évoquer ce concept: l'année et l'orbite. Les deux vocables XEE et
XII ont en commun le son 'X' ou 'S' (sons voisins en espagnol) qui est
d'ailleurs mentionné ci-dessus. Ces deux vocables ont aussi en commun,
dans leur signification, le caractère répétitif, reproductible, de la fonction
décrite: un cycle, tour, une révolution au sens de rotation, sont des
éléments qui se succèdent à l'identique comme une période de temps
immuable que représente une 'orbite planétaire'. J'ai donc commencé par
attribuer au son 'X' ou 'S' l'évocation de la cyclicité, de la rotation.
Tenant compte de la tonalité et de l'esprit très scientifique des docu-
ments, je l'ai étendu au caractère d'alternance régulière (qui n'est que la
projection d'un mouvement circulaire sur une droite) et, par extension, au
mouvement sinusoïdal, qui a la propriété d'avoir la même projection.
Cette indication a été pour moi une première piste, étonnante, mais
logique: il semblait qu'un son, ici le X ou leS, portait la signification que
nous attribuons à un mot, et même beaucoup plus. Ce qui a été précieux
pour piloter ma recherche, car devant le nombre de vocables répertoriés
et le flou de certaines orthographes je ne savais trop comment entre-
prendre, ni sur quelles bases.
La tonalité générale et le contenu détaillé des documents sont en effet à
dominante scientifique, quelquefois à la limite de l'indigeste. D'une
présentation recherchée, mais toujours d'une logique structurée et
apparente. Pour moi, leur formulation en espagnol devait être, d'une
certaine façon, à l'image de leur langue ou de leur état d'esprit. Même en
se prétextant venir de plus de 14 années-lumière, on ne peut renier sa
nature profonde! J'ai, en conséquence, demandé au traducteur qui a
travaillé pour moi de me faire une traduction "très près" du texte.
L'unité signifiante est apparue assez rapidement comme possible sur la
base du son, c'est-à-dire de la lettre ou plutôt de l'équivalent sonore de la
lettre transcrite. Malgré le flou introduit par la prononciation et les
variantes de transcription du son commun à X, S ou CS en espagnol.

159
Si tel était le cas, c'était une confirmation que les méthodes des littéraires
seraient sûrement inopérantes, car les "vocables" trouvés constituaient
autant d'équations à résoudre. Il fallait mettre en œuvre les méthodes
logiques des mathématiques qui servent à la résolution des systèmes de
multiples équations à multiples inconnues. Avec, toutefois, une ombre au
tableau: je connaissais le nombre de vocables, je les considérais comme
des équations, mais il me manquait les "variables" qu'il fallait que je
détermine. Et tenter de procéder par élimination et substitution, puis
procéder à la vérification de chaque hypothèse, avec remise en cause
possible. Ainsi de suite, jusqu'à la résolution du système, l'épuisement
des équations ou l'auto-blocage du système par indétermination.

Je ne disposais d'aucun élément d'appréciation, sauf l'estimation globale


de départ: j'avais identifié à cette époque environ 640 vocables. Il y a
dans nos langues terrestres (à l'exception du chinois et du japonais qui
s'en est imprégné) rarement plus d'une centaine de signifiants élémen-
taires (je pense ici aux "phonèmes" tels que nous les définissons). Les
auteurs se présentaient, à travers leurs écrits, comme des hommes, un peu
différents, mais pas des surhommes, et insistaient sur ce point. Même en
leur prêtant des facultés mentales extraordinaires, il y avait peu de
chances que leur langue soit bâtie à partir de plus d'une centaine de
signifiants. J'en conclus, au moins au niveau de cette approche, que
j'avais des chances de disposer d'assez d'équations indépendantes, les
640 vocables (les 'vocables' ne sont qu'occasionnellement dérivés les
uns des autres, et peuvent être considérés ici comme des structures
'indépendantes') par rapport au nombre de "variables" à identifier. La
conclusion de ce travail a montré tout à la fois combien cette estimation
pouvait avoir été "juste", et qu'elle avait été établie sur une extrapolation
qui n'avait pas de sens, puisque les sémantiques sont totalement
étrangères.

Ces considérations sont naturellement mathématiques avec la rigueur de


leur logique. Il n'est malheureusement pas comparable de trouver la
bonne signification parmi la quantité de sens possibles et compatibles
avec un ou deux extraits de textes, et de rechercher quelle valeur
arithmétique, réelle ou irrationnelle de x satisfait à l'équation f(x) =a.
Le travail allait ainsi très probablement être à charpente logique
scientifique.
Je disposais aussi des quelques indications parsemées dans les textes,
comme si les auteurs avaient voulu nous donner des clés pour nous

160
permettre d'initialiser la recherche et l'exploration. Le lecteur comprendra
mieux les indications fournies par les auteurs, en prenant connaissance du
texte suivant, extrait du D69:
"C'est peut-être, si nous exceptons l'équipement /DUW/1 AYII, le facteur
vital de nos OAWOOLEA UEWA OEMM (dont les racines phonétiques
sont: OAWOO = dimension; OOLEEA = pénétrer, percer 1; UEWAA =
véhicule, vaisseau; OEMM = entre les astres, sidéral, de masse
sphérique, à masse sphérique)".

Nous disposons donc, à travers cet extrait, de:


OAWOO = dimension
OOLEEA =pénétrer, percer
OOLEA = OOLEEA =changer, passer d'un milieu physique à un autre
UEWAA = UEWA =véhicule, vaisseau
OEMM = entre les astres, sidéral, de masse sphérique à masse sphérique
(*NdA) Cette note est d'une importance capitale, non pour ses apports
"linguistiques" comme le contexte peut le faire penser, mais pour la
compréhension de la physique construite sur les IBOZOO UU. C'est une
des caractéristiques de ces textes et de leur rédaction: les idées impor-
tantes sont données, en général "hors contexte" de leur sujet, ce qui ne les
rend accessibles qu'à travers une lecture lente et toujours analytique:
pourquoi la formulation choisie? pourquoi à l'endroit constaté dans le
texte? etc ... et la réponse à ces questions se trouve dans un autre texte.
Voilà pourquoi ces documents sont déroutants et peu engageants lors
d'une lecture rapide, donc superficielle.
Pour revenir à l'exemple cité, rapprochons les éléments donnés de la
transcription réelle que j'attribue à ces vocables, d'après la sémantique
trouvée:
- Pour OOLEA: "un équilibre dimensionnel équivalant, correspondant
à une perception effective ou de réalité", qui fait référence au fait que
le passage, la "pénétration" d'un autre milieu se traduit ou est
perceptible par une "réalité". La transition d'un IBOZOO UU à son
voisin (d'entité à entité 00) se fait par l'angle infinitésimal
IOAWOO, pour chaque axe concerné, ce qui est formulé par "l'équilibre

( 1) .Le phonème OOLEA a un sens différent en fonction du contexte verbal dans lequel il
est intégré. L'acception la plus correcte quand il s'applique au champ technique est la
suivante: changer, passer d'un milieu physique à un autre, alors qu'en langage scientifique
il signifie augmenter ou diminuer la valeur d'un angle en un autre angle infinitésimal. Ceci
serait, dans le cas que nous étudions, la version la plus fidèle de la racine phonétique."
(*NdA, in texto)

161
dimensionnel". Le verbe n'est pas formulé, puisque le vocable de
termine par l'idée "d'effectivité" ou "de vérité". On peut déjà
entrevoir ici la différence fondamentale dans la pensée.
Pour OOLEEA, le sens est presque le même avec la différence qu'ici
la "perception" est précisée "continue" ou continuelle, ou encore
stable.
On voit déjà poindre ici une caractéristique ambiguë, mais didactique,
des documents: l'indication donnée, prise à tort pour une traduction, n'est
pas l'expression exacte de la pensée véhiculée, mais une "adaptation"
destinée à la rendre compréhensible. Les auteurs nous en ont prévenu
dans un autre texte (043). Il est vrai que si la transcription à laquelle
j'aboutis avait été tout de suite donnée, d'une part les concepts auraient
été difficiles à percevoir et surtout je serais passé à côté des éléments
didactiques sur la civilisation. En effet, ces deux vocables sont de
magnifiques confirmations cohérentes des éléments exposés dans la
partie concernant la structure de l'espace et les IBOZOO UU.

Autre exemple: dans Ribera p. 126, on a:


le ENNAEOI (corps central de la superstructure) ü'interprète superstruc-
ture ici, non pas au sens de construit au-dessus, mais construit par dessus
= carrosserie extérieure], et le ENNOI (espèce de tour ou de coupole)
[qui est aussi de la carrosserie, mais au-dessus, avec une forme assez peu
différente]. L'observation de ces deux vocables me conduit à trouver que
le phonème 'AE' à l'intérieur d'un vocable porte l'évocation de central,
au sens de principal, que je peux vérifier en observant UMMO-AE-
LEWE qui est donné pour 'gouvernement central de UMMO'. Ce résultat,
de premier niveau d'observation, se révélera encore trop marqué de
l'empreinte de notre logique.
Un autre texte, le 057, donne presque directement l'équivalent de GAA,
que j'ai compris comme voulant dire "carré".
Le nombre de vocables cités dans les textes n'est pas très grand. Moya en
avait recensé 403, j'en ai personnellement recensé finalement presque
1.350. Mais ces vocables apparaissent plus ou moins souvent et ne sont
pas toujours accompagnés, pour un même vocable, de l'indication de la
même signification. Par exemple, le vocable OYAA dont j'ai recensé
vingt-cinq apparitions, est accompagné tantôt de la signification de
"planète", tantôt d'"astre froid", voire de "planète froide" ou "astre
planétaire non brûlant".
J'observe déjà, à cette occasion, que la langue ne semble pas disposer de
vocables précis comme les nôtres et que les auteurs ne peuvent donc

162
fournir d'équivalent mot pour mot, ou qu'ils ne souhaitent pas donner
directement des équivalents. Nous avons l'exemple, dans les langages
terrestres, du chinois qui définit un "mot" à partir de la combinaison
de plusieurs idéogrammes, et pour lequel les équivalents directs avec
le français ne sont pas toujours possibles. La "lumière" en chinois
s'exprime par l'assemblage des deux idéogrammes signifiant "lune" et
"soleil", qui est une façon d'exprimer soit la continuité lumineuse, soit la
caractéristique commune, perçue par nos sens, de luminosité.
Nous voyons donc, à l'occasion du vocable OYAA, que les transcriptions
peuvent être d'une certaine diversité. Ce qui, de prime abord, m'a rendu
quelque peu perplexe. Nous sommes en effet habitués, au moins dans nos
civilisations occidentales à donner un nom à chaque chose, chaque
concept, au point que le choix du mot est un reflet du contexte. C' est la
caractéristique obligée de la logique du tiers exclu. Quelles différences y
a-t-il entre un fût, un tonneau, un foudre, un tonnelet, une pièce et une
barrique? Cette langue serait-elle construite à l'envers des nôtres, avec un
vocable polyvalent que le contexte contribuerait à préciser? On verra plus
loin à quel point cette interrogation, non encore clairement formulée sur
la sémantique, a d'importance pour la compréhension de la langue.
Une autre interprétation était possible, à ce stade de premières analyses: et
si les vocables indiqués en 'signification' ou 'traduction' par les auteurs
n'étaient donnés que pour suggérer des correspondances conceptuelles
parce qu'à leurs yeux les mots n'ont pas d'équivalent ou ne peuvent être
mis en regard, au même titre que pour le "temps", par exemple? Il serait
alors normal que les significations équivalentes soient plurielles de façon à
être plus descriptives. Il faudrait dans ce cas reconnaître aux auteurs une
volonté de communication, d'initiation à leur langage, donc à leur mode de
pensée. Une intention clairement didactique, en quelque sorte, et cette
observation venait conforter l'hypothèse de la sincérité des textes.
Je me suis volontiers placé dans cette hypothèse en abordant ce travail. Les
occurrences souvent multiples des vocables, accompagnées d'indications
très largement descriptives sont, à mon avis, un élément fondamentalement
objectif de la volonté de communication. On verra d'ailleurs plus loin, avec
les éléments de "traduction" réels, que les indications données sont presque
toujours complémentaires du 'sens' attribuable au vocable. Ce serait alors
la manifestation d'une volonté didactique, pour faire accéder le lecteur à
une connaissance de la culture des auteurs, au-delà des mots.
Nous pratiquons ce type de communication lorsque, pour faire passer une
idée, ou pour vérifier la validité du concept que nous pensons avoir compris,
nous reformulons. Autrement dit: plus les images et représentations sont

163
multiples, différenciées et convergentes, plus le message est clairement
compris.
Je disposais donc de quelques "mots", associés à une explication.
Il fallait commencer par délimiter l'assiette d'investigation en essayant,
en premier lieu, de rassembler tous les textes qui avaient été cités. On a
vu précédemment les difficultés rencontrées. J'ai ensuite, à l'occasion
d'une première lecture, repéré tous les vocables et locutions attribuables
au langage des auteurs. Chaque locution de deux ou plusieurs vocables
a été éclatée. Chaque vocable ou chaque locution a reçu une adresse de
positionnement dans les textes. Le système est développé dans le
"Précis", au chapitre des bases documentaires.
Il était apparu évident que rien ne pourrait être fait sans l' informatique,
car le volume à traiter et les méthodes prévisibles de recherche et de
balayage excluaient un espoir raisonnable de production par des
méthodes manuelles. Je suis informaticien concepteur depuis trente ans.
J'ai donc construit une base de données où chaque vocable a été réperto-
rié, ainsi que chacune de ses "occurrences" d'apparition, avec des éléments
précis de retour "semi-automatique" au contexte, pour un travail plus
facile lors de la phase d'analyse. Tâche très intéressante de conception.
Assez lourde tâche, passablement ingrate, de collecte et de saisie.
Lorsque j'ai commencé le travail d'analyse linguistique proprement dit,
j'avais répertorié environ 640 vocables. A ce jour, j'ai recensé presque
1.345 vocables, intervenant soit isolément soit dans presque 400 locutions
et l'outil, tel que réalisé, me permet de dire, par exemple, que le vocable
OYAA apparaît 25 fois avec 5 orthographes différentes, mais dont une se
détache très nettement avec 18 occurrences.
A ce stade, j'ai déjà eu une vision de l'homogénéité du vocabulaire et des
transcriptions sur la durée du dossier, soit presque trente ans. Elle est
remarquable, les écarts peuvent être considérés comme nuls et ont
presque toujours (quelque 0,2% n'ont pas encore reçu d'explication) une
justification claire: phonétique, sémantique ou didactique.
A partir de ce "thesaurus" de vocables apparaissant finalement dans plus
de 4.000 citations, j'ai pratiqué, comme tout un chacun peut le faire, par
analyse d'élimination et/ou déductive, sans aucun a priori à propos des
unités signifiantes possibles. Je n'ai en particulier pas cherché, du moins
au début, des segments communs de plusieurs sons. J'avais en effet la
piste du son X ou S qui semblait signifiant dans sa "simplicité". J'ai donc
commencé par rechercher les éléments ou combinaisons qui me permet-
taient d'isoler un son, si possible des vocables courts, pour pouvoir traiter
facilement les segments simples. Avec les substitutions phonétiques

164
possibles (voir la phonétique). Et c'est là que l' outil informatique, après
quelques jours de tâtonnements et de prise en mains, a commencé à
porter ses fruits.
A l'occasion de deux citations de textes dans l'ouvrage de Ribera, à
propos des conditions de vol sous forte accélération, le vocable OEE est
cité avec pour signification: "suspension, flottement". Toujours dans
Ribera, (83 p65) à propos d'un exemple de leur langage de deuxième
niveau, les auteurs expliquent:
" ... Ainsi la proposition "Cette planète verdâtre paraît flotter dans
1'espace", serait exprimée dans notre langage topique (DU 01 0/YOO)
de la manière suivante:

AY/10 NOOXOEOOYAA DOEE USGIGIIAM

Dans cette phrase, je remarque le vocable DOEE qui ne diffère du


précédent que par le D. Cette phrase contient, d'autre part, le vocable
USGIGIIAM que j'identifie facilement, par analogie avec d'autres
textes à "l' espace".
De la même manière et sans pouvoir le justifier autrement que par
analogie, j'ai observé que dans d'autres textes OYAA évoque une
planète, et que NOOXOEO pourrait bien signifier verdâtre.
Donc il ne reste plus de la phrase que AYIIO et DOEE pour évoquer
"cette" et "paraît flotter", que j'attribue respectivement à chacun de ces
vocables, d'autant qu'il paraît logique de rapprocher:

- OEE "suspension, flottement"


et - DOEE "paraît flotter"

En procédant par élimination du segment commun (dont il m'importe peu


de "savoir" la signification à ce stade, et c' est toute la force de la méthode
mathématique ... ),j'en ai donc déduit que la lettre D évoque "l' apparence,
le semblant", et peut-être le doute, à moins qu' il ne soit implicite de la
position "philosophique" des auteurs sur le caractère trompeur de nos
perceptions. En me rappelant que tous ces textes avaient été dictés, et que
cette lettre D n' est que la transcription écrite d'un son entendu par un
Espagnol. J'ai donc décidé de ne plus parler de lettre, mais seulement du
son que la lettre représente pour un dactylographe espagnol.
Faisons ici une courte parenthèse sur la conception de l' espace et de la
matière, présentée par les auteurs des textes. Ils analysent l'Univers,
création de leur WOA (Dieu), comme une trame multidimensionnelle

165
(à dix dimensions, à comparer à nos quatre classiques: longueur, hauteur,
largeur, temps). Un objet 0, qui nous est perceptible, a une existence
physique dans nos trois dimensions. Au même titre que les protons et les
neutrons qui composent ses atomes, selon notre représentation de la
matière.
Cet objet a-t-il une existence physique dans un système dimensionnel
différent du nôtre? Les auteurs nous disent que non, car ils affirment
avoir "visité" certains autres systèmes dimensionnels. Nous ne discutons
pas le contenu scientifique des affirmations, nous sommes à la recherche
d'une langue et d'une expression de communication.
Notre objet 0 a donc une apparence de réalité dans notre espace tri-
dimensionnel de vie, et n'en a pas dans certains autres. On verra dans le
détail du dictionnaire en annexe, que le son D indique aussi la "manifes-
tation accessible" de quelque chose, d'un "objet" physique en général, ou
son aspect, sa forme.
On constatera que jusqu'ici, il n'a été aucunement question d'état d'âme
du chercheur, et que son travail a été objectif, je veux dire que tout un
chacun devant les mêmes rapprochements, accessibles à qui veut, peut
tirer les mêmes conclusions.

En cherchant d'autres analogies, j'ai repéré deux autres vocables, cette


fois-ci plus simples à traiter:

AYUYISAA Ribera p 64 pour "société, groupe social"


YUYISAA Ribera p 41 pour "petite collectivité isolée"

De la lecture de tous les textes, il ressort que les auteurs décrivent un


groupe organisé, d'humains en l'occurrence, comme un "réseau", une
"toile", un "filet". Il s'agit pour eux d'exprimer, et ce point est développé
dans la description de la civilisation ummite, un caractère de relations des
individus entre eux. Il est évident qu'ici les sens des deux vocables
portent sur le même concept de groupe social, peut-être isolé. En tout cas,
je retiens qu'à l'absence du son A correspond l'indication de "petite".
J'en déduis donc, à titre provisoire et jusqu'à preuve du contraire, que le
son A porte sur l'indication de la "taille", la "grandeur", )"'importance" et
même peut-être sur le "(grand) nombre". On pourrait parler de dimension,
mais attention, ce mot a pour nous deux significations possibles: la taille,
et pour indiquer cette signification je préférerai toujours parler de
"magnitude" (en me dégageant de l'acception purement astronomique du
mot), et le caractère descriptif d'un élément de repérage: la hauteur est

166
une dimension de l'espace, au même titre que la largeur. Je garderai cette
acception au mot dimension, car elle a une résonance forte dans les
éléments exprimés de la pensée ummite.
J'ai donc travaillé ici par élimination d'un segment commun
(YUYISAA), à l'image des techniques mathématiques d'élimination de
variables pour résoudre des systèmes d'équations multiples à plusieurs
inconnues. Et en constatant, à nouveau, que peu nous importe de ne pas
connaître sa signification.
A ce stade de tout début de mes observations, une première conclusion
étonnante et importante s'est imposée: je constate à trois reprises qu'une
lettre, c'est-à-dire un son entendu est porteur d'une idée, d'un concept.
J'ai en effet identifié le son D pour l'idée d'apparence, de semblant, le
son A pour grand, en taille ou en nombre, et le son X pour rotation ou
alternance. Cette langue se présente donc, au moins à ce point de la
recherche, sous un jour inhabituel pour nos cultures, mais les exemples
sont manifestement insuffisants.
Je décidai donc de poursuivre dans cette voie, en tentant d'isoler d'autres
cas qui me donneraient accès à l'équivalence d'un son.

Dans le document 059 qui est le plus mathématique et qui demande


de grandes capacités d'abstraction, il est question de la "texture" de
l'univers, selon la théorie unitaire des Ummites. Cette texture est faite
d'entités dimensionnelles que les Ummites nomment IBOZOO UU que
l'on peut se représenter comme un faisceau d'axes, une sorte de poignée
de flèches qui ne se coupent pas. Sans entrer dans leur description détail-
lée, notons que ces flèches forment des "angles" entre elles et que c'est
ce qui les différencie. Ces "flèches" reçoivent dans la langue ummite le
nom de OAWOO. Il est question aussi, un peu avant dans ce texte, du
nom de l'angle que forment deux droites qui se coupent. Je cite le court
extrait du document qui m'a permis de comprendre un nouveau son:

"IOAWOO serait "L'ANGLE" que forment deux OAWOO ("AXES'') de


deux IBOZOO UU associés (Image 11) si dans les deux cas nous
utilisons le mot espagnol "ANGLE" alors qu'il s'agit de deux concepts
si différents, c 'est parce qu'il n'existe pas dans votre langue un mot qui
l'assimile et parce que 1'utilisation du mot "ANGLE" aidera mieux les
profanes en ces questions. "

Les auteurs insistent lourdement sur le fait qu'il ne s'agit pas à propre-
ment parler d'un angle, au sens de notre géométrie, et dont ils donnent

167
plus haut l'équivalent dans leur langue, mais que c'est le nom du
différenciateur, assimilable à un angle.

J'ai donc les deux vocables:


OAWOO traduit par "axe"
Et IOAWOO traduit par "angle", en tant que différenciateur d'axes.
J'en ai déduit, toujours par élimination et sans préjuger de la justification de
OAWOO pour "axe", que le son 1 devait porter la signification de
"différence", au sens de ce qui sépare, de non-identité et peut-être aussi
comme résultat d' une comparaison arithmétique. J'en profitai pour constater
qu'à nouveau un son était sans doute porteur d'une idée, d'un concept.

Deux remarques m'apparaissaient alors:


si chaque son est porteur d'une idée, comment peut fonctionner cette
langue, puisque le nombre de sons prononçables est limité?
Singulièrement dans ces textes où on relève moins de sons (voir la
partie de technique phonétique) prononçables que dans nos langues
indo-européennes.
- en contrepartie, peut-être, je constate que pour donner un équivalent
de l'idée que j'ai trouvée portée par un son, je suis conduit à fournir
plusieurs "mots" de ma langue. Par exemple, pour le son D, je
transcris par "semblant", "apparence". Pour 1 je dis "différence" et je
dois préciser quel genre de différence en exprimant "non-identité".
On voit ainsi qu'en quelques observations, qui paraissent naturellement
ici, après coup, des évidences, semblent s'imposer des traits étonnants et
quelque peu différenciateurs de nos langues.

Comme il n'est pas pensable de consacrer des dizaines d'heures d'affilée


au traitement du même problème, j'ai cherché une autre forme de déduc-
tion, à partir du contenu des textes. Toujours à la recherche de segments
communs et courts pour travailler par élimination, j'avais constaté
que tous les noms de volcans, assez souvent nommés ou évoqués,
comportaient le segment El.
Il est très fréquemment rappelé dans les documents que, d'après le
constat qu'en ont fait les Ummites, auteurs de ces textes, la "réalité" n'est
pas ce que notre cerveau transmet à notre conscience, mais seulement une
image de transposition construite, forgée avec les acquis de toutes les
générations précédentes de notre espèce. C'est l'idée de l'image mentale,
que nous n'ignorons pas, mais à laquelle nous n'attachons pas l'importance
qui lui est donnée dans ces rapports.

168
Et j'avais été assez frappé par un passage, qui évoque la différence des
perceptions humaines à propos de la couleur rouge. Dans les fréquences
électromagnétiques visibles, par exemple pour une longueur d'onde de
6.562 Angstrôm, nos yeux sont sensibles au rayonnement et nous
percevons une couleur que nous avons décidé de baptiser "rouge". Si
maintenant nous considérons toujours une fréquence électromagnétique,
c'est-à-dire un phénomène physique de même nature, mais de longueur
d'onde un peu plus grande, par exemple 8.000 A, nos yeux ne percevront
plus rien, en revanche notre peau, notre épiderme nous transmettra une
sensation de chaleur. Cette fréquence est dite "infrarouge" dans nos
langues.
Je cite le passage correspondant du rapport D57:
"Le monde extérieur que nous connaissons est une illusion élaborée par
notre Cerveau. Et ainsi quand une fréquence Electromagnétique nous
apparaît comme une belle couleur, mais par contre diminue de valeur
(Exprimé en cycles/seconde), elle est alors captée par nos organes
nerveux en produisant une sensation totalement différente: "DE
CHALEUR".

J'ai alors fait le rapprochement entre les derniers mots de cet extrait
"sensation totalement différente" et "DE CHALEUR" en majuscules
dans le texte, avec mon observation du trait commun à tous les volcans
décrits en activité: le segment EL
J'avais attribué au son Il' évocation de "différence", de "non-identité" et
je le retrouvais ici dans ce segment qui pouvait désigner la "chaleur", qui
est effectivement un point commun à tous les volcans en éruption.
Je me trouvais alors devant la possibilité simple de transcrire El par
"chaleur" en la désignant en langue ummite par "sensation différente",
comme indiqué dans l'extrait cité ci-dessus. Ce qui revenait à attribuer au
sonE la signification de "sensation, perception, image mentale", toujours
plusieurs mots de notre langue pour "traduire" un son de la supposée
langue. Pas si supposée que cela, puisque j'avais ici quelques éléments
qui étaient cohérents. Ils débouchaient sur quelque chose de franchement
différent et qui méritait d'être approfondi.
A ce niveau de progression, élémentaire, je constatais à l'occasion de
cinq sons: X, D, A, 1, E par des déductions complètement indépendantes,
que les sons élémentaires étaient porteurs d'une idée, et cet éclairage
nouveau me permettait d'envisager avec sérénité une suite positive ...
d'autant que j'avais pu accéder à la compréhension du sonE, si confirmé,
à travers la réutilisation du son 1.

169
J'étais malgré tout conscient que la signification ou plutôt les transcrip-
tions possibles pour le son E étaient le résultat direct d'une intuition,
opérationnelle, mais sans base scientifique. Il fallait vérifier la validité de
cette interprétation.
J'avais remarqué, dans la description de la vie ummite à la maison (041 ),
la possibilité d'isoler des différenciateurs simples, puisque tous les voca-
bles qui se rattachent à la maison et à ses "espaces" comportent le même
segment XAABI: EXAABI pour salle de bains, UAMIIXAABI pour
"cuisine et salle à manger", WOIWOAXAABI ou WOIWOIXAABI
pour chambre à coucher. Une occasion d'étudier le sonE dans un autre
contexte était donc possible. L'utilisation des différents espaces de la
maison est décrite dans le 041. L'EXAABI nous est racontée avec les
détails suivants (041 ):
"Pendant ce temps, la mère demeurera dans une des pièces qui va se
transformer en EXAABI (peut se traduire comme salle de bains). Elle
fait sortir du sol un tube serpentant ou flexible dont la tête possède un
grand disque avec une multitude de tuyères et de boutons. Elle manipule
ces derniers en faisant sortir des embouchures d'aspersion une multitude
de jets pulvérisés de parjùm. Elle en ferme certains et en ouvre d 'autres,
en flairant avec une grande attention le mélange.
E'!fin, notre sœur de la description que nous vous exposons, a réalisé
un mélange [il s'agit d'une véritable programmation séquentielle des
variations de mélanges de parfums, NdA] qu'elle juge agréable. Dans
une autre pièce, tous attendent, réjouis, le début du bain. A 1'appel de
l'épouse, les parents, l'époux et l'enfant accourent. Ils se mettent à
l'intérieur du EXAABI et vite affleurent du sol des panneaux semblables
aux paravents japonais." [C'est moi qui ai mis le vocable ummite en
gras, NdA]
Et un peu plus loin, toujours dans le 041:
"Alors ils se dévêtent tous. Il est incorrect de voir la nudité des autres
même s'ils sont du même sexe. Pendant ce temps, 1'atmosphère de la
pièce est saturée de vapeur aromatisée. De la vapeur d'eau avec une
grande teneur en 0 3 (OZONE) et une multitude de composants aroma-
tiques, constituent le premier bain de la journée. Tous rient et bavardent
à travers les minces paravents et ensuite les séquences agréables de
l'aromatisation diminueront. N'oubliez pas que les mélanges se succèdent
tout au long de la session, comme une symphonie de nuances olfactives. "
Ce passage nous décrit donc la préparation et le déroulement du premier
"bain" de la journée, et la pièce choisie à cet effet est dénommée
EXAABI. Je donne la justification du segment XAABI au niveau du

170
dictionnaire. Mais à l'époque je ne pouvais que constater sa présence
dans tous les vocables, autant dire que le différenciateur pour la salle de
bains résidait dans le son E. Si le segment XAABI désignait l'habitation
ou le lieu de résidence, c'était le E qui caractérisait la salle de bains. Ce
n'était pas très homogène avec mon intuition première, qui me séduisait
pourtant bien. Je repris alors ma réflexion et analysai à nouveau le texte.
J'essayais de me représenter la scène selon la description: chaque
personne est "dissimulée" par quatre paravents translucides, un peu
comme notre verre dépoli ou une matière plastique d'aspect "cristal" et il
n'y a pas d'eau ou autre liquide ni d'écoulement. Aucun n'est décrit.
Chez nous, la salle de bains sert soit au bain, et il faut une baignoire, je
veux dire un "bassin" assez grand et presque plein d'eau, plus ou moins
additionnée de sels ou savons parfumés, soit à la douche pour laquelle
nous utilisons aussi des savons plus ou moins parfumés.
Chez les Ummites, une atmosphère proche du hammam, saturée en
vapeur d'eau, mais sans doute pas de chaleur (elle n'est pas citée), une
"multitude de composants aromatiques" et "des séquences agréables
d'aromatisation". Et la pièce ne s'appelle pas vraiment "salle de bains",
le texte dit exactement "peut se traduire comme salle de bains", qui laisse
apparaître une analogie, mais pas une équivalence.
C'est en reprenant l'usage que les Ummites en font que j'ai compris: si
l'atmosphère est saturée de vapeur avec beaucoup d'ozone (excellent
pour la santé, mais il faut savoir doser!), le bain ummite consiste essen-
tiellement à passer le temps d'exposition à l'ozone et aux autres dérivés
aromatiques en se distrayant par des séquences de mélanges de parfums,
représentant une suite de sensations, perceptions agréables. Et je retrouvais
bien la transcription du son E pour désigner les sensations, perceptions,
images mentales résultant des stimuli de nos organes sensitifs.
Et l'approximation de la traduction s'expliquait: le EXAABI n'est pas
vraiment une salle de bains au sens où nous l'entendons, c'est une
"pièce", un "espace pour les sensations". Je remarque au passage que
mon rendu du vocable correspond à une lecture inverse, comme en
langue allemande, puisque le vocable ummite dit "sensations-espace".
Je disposais donc d'une première confirmation que mon analyse intuitive
était fondée à propos du son E et j'observais en même temps la cohérence
des indications linguistiques du document, soulignant le caractère
original du mode de vie par rapport à nos standards. Le contenu se
trouvait aussi crédibilisé par la langue.
Il rn' apparut alors, et cette sensation a été confortée à de multiples reprises
tout au long de mon travail, que le choix des vocables donnés dans les

171
documents était à visée didactique. Pourquoi donner cette description de la
scène de la salle de bains, au détriment par exemple de la description de
l'environnement de la maison sur lequel nous n'avons rien? Pourquoi,
sinon pour donner l'occasion de comprendre ou confirmer la signification
du son E, seul très précisément accessible parmi les noms des "pièces" de
la maison. Le décalage, ici léger, entre la traduction et la réalité perçue à
travers la compréhension de la langue, et la cohérence constatée avec le
texte associé devenaient de formidables occasions de valider les contenus
et d'apprendre à connaître les facettes de la civilisation décrite.

En étendant un peu ma réflexion, je reprenais le segment de phrase ummite


DO UMMO (B3 p213) auquel j'attribuais par déduction de plusieurs
phrases ou locutions "nous sommes de UMMO". La conclusion que DO
évoquait "nous sommes de" s'imposait, avec maintenant la connaissance
possible de D pour "apparence, semblant". Il devenait très intéressant de
constater que l'évocation de l'idée d'identification et d'appartenance,
contenue dans "nous sommes de" faisait intervenir une autre idée voisine
et à rapprocher de "apparence, semblant". Je choisis l'idée de "manifes-
tation, forme". Voilà, me semblait-il, un premier indice, un peu ténu, certes,
d'une façon de penser un peu différente, originale. J'en ai alors déduit que
le son 0 évoquait l'idée d"'être, existence, entité, créature".
Six sons identifiés, appartenant pour l'instant ensemble à un système
possible de transcription de cette supposée langue, avec un petit indice de
"culture" différente, puisque ce que nous disons "nous sommes de" se dit
dans l'autre système: "manifestation(s) de créature(s)" ou "créature(s)
manifestation(s)", et que "chaleur" se dit "sensation différente" ou
"image mentale différente".
Bien qu'il puisse paraître prématuré de généraliser des observations
ponctuelles, je ne serais pas surpris que cette langue ne comporte pas
d'article, pas de conjonctions, adverbes, etc ... , bref qu'elle ne soit
construite que sur l'assemblage de concepts, d'idées ...
Ça devenait franchement passionnant, et il m'apparut nécessaire de
rechercher sans attendre si d'autres indices venaient confirmer ces
premiers résultats.

D'autres regroupements d'analogies m'avaient conduit à rapprocher les


vocables:
GOODAA 043, Moya ref 115 : "Etat liquide de la matière"
GOOINUU 041.11: dans l'expression "UAMII GOOINUU"
"aliments solides"

172
Le vocable UAMII étant par ailleurs facilement assimilable à nourriture,
j'en déduis que GOO porte l'indication "état de la matière", puisque c'est
le segment commun des signifiants et qu'il est logique de l'associer à la
partie commune des signifiés. Je peux maintenant réutiliser ma conclu-
sion en examinant à nouveau le premier vocable et déduire que si
GOODAA veut dire "état liquide de la matière", avec GOO pour état de
la matière, le segment DAA porte l'indication de "liquide". Nous
sommes bien conscients, naturellement, que nous ne faisons, pour
l'instant, que collecter des informations.
De la même manière on trouve que INUU qualifie le "solide".
Ce qui me permet d'identifier les trois composants, à savoir:
- GOO pour "l'état de la matière" ou "la matière à l'état"
- INUU pour "solide"
- DAA pour "liquide"

En continuant mon exploration des petits vocables, j'avais remarqué la


relative fréquence du groupe AA et une occurrence isolée de celui-ci
dans l'expression AA INUUO AIOOYA AMIEE ref 4 du catalogue de
Moya, publié par Ribera, avec pour traduction: "la symétrie n'existe
pas".
J'étais aussi en mesure d'attribuer à la locution AIOOYA AMIEE une
transcription voisine de la négation, ou attachée à celle-ci dans presque
tous les cas. Il s'agit ici d'un point très important abordé dans la civili-
sation des Ummites, à propos de la logique tétravalente.
On a vu, dans l'étude de GOOINUU, que INUU évoquait le caractère
"solide", et j'ai fait remarquer que 0 pouvait se transcrire par existence,
créature ... J'essaie donc de comprendre INUUO par "solide créature,
solide entité". A ce stade, peu importe que cette compréhension soit juste
ou non, ce qui compte c'est que dans l'expression AA INUUO AIOOYA
AMIEE, tous les vocables ont une signification approchée et qu'il me
reste AA pour évoquer "la symétrie".
Revenons encore aux concepts fondamentaux de description de l'Univers
par les auteurs. L'univers est décrit comme un ensemble infini d'éléments
unitaires, les IBOZOO UU, distincts les uns des autres, et dont ils affirment
qu'il n'en existe pas deux identiques, superposables. Ces éléments n'ont pas
de signification en eux-mêmes, il ne prennent d'importance que considérés
deux à deux. A ce titre, ils sont dits interdépendants, que nous justifierons
plus loin. La matière solide résulte de nombreuses combinaisons de paires
d'IBOZOO UU, et comme il n'en existe pas deux identiques, on conçoit
que de ce fait il ne peut y avoir de symétrie à ce niveau.

173
Il me reste donc AA pour signifier "symétrie" avec l'indication (non
présente dans la traduction) de magnitude, taille, véhiculée par le son A,
selon mes déductions précédentes. J'observe que nous continuons à
travailler avec des concepts, et non avec des objets, mais il s'agit là peut-
être d'une conséquence du choix de nos vocables. Je décide donc,
toujours en attendant de trouver mieux, que AA indique les deux idées:
symétrie de magnitude, symétrie de taille, symétrie d'importance. Mais
nous avons un mot pour qualifier ce concept, c'est le mot "égalité" ou
"équilibre" qui traduit la symétrie de taille [dans les poids], ou de toute
chose comparable et mal mesurable.
Et j'ai vu précédemment que A était porteur de l'idée de "taille, nombre,
grand". Si nous sommes en présence d'une vraie langue, cohérente, nous
devons trouver l'idée que les auteurs ont héritée de leurs ancêtres et qui
doit s'imposer. Or qu'est-ce qu'une symétrie, sinon la considération
d'une égalité de taille, de dimension, de nombre, mais, pour nous, dans
une disposition spatiale différente?
Je peux donc maintenant ajouter une observation complémentaire, à
propos de AA. En effet, les idées de symétrie et d'équilibre sont contenues
dans le segment AA, alors que ses composants sont seulement "magni-
tude-magnitude". J'en déduis donc que c'est le doublement du son qui
porte lui-même l'indication de symétrie, d'équilibre. Les auteurs nous
donnent l'impression, à travers tous les textes, d'une grande rigueur de
présentation de leur point de vue; une formulation qui n'est pas sans
rappeler la formulation mathématique. Je pense que le concept de symétrie
porte aussi l'idée de correspondance de un à un, à la manière dont nous
faisons le "lien" entre deux points que nous qualifions de 'symétriques'.
Ils sont en quelque sorte l'image l'un de l'autre. Ce qui est exprimé
physiquement par le doublement (répétition du son à l'identique).
De plus, nous avons vu que tout l'univers est vécu par les auteurs comme
interdépendant. La description d'un dispositif ou d'une société est faite
en utilisant la notion de "réseau", qui décrit parfaitement, non seulement
l'ensemble, mais aussi les liaisons internes entre les constituants. Notre
langage fait la distinction entre ensemble lié et ensemble non lié. La
langue ummite ne précise que pour les ensembles non liés.
Je pense donc que le doublement du son peut indiquer, non seulement la
symétrie, l'équilibre, l'égalité, mais aussi la mutualité, la réciprocité (qui
ne sont, après tout, que des formes de maintien d'un équilibre, d'une
forme de symétrie par répartition ou par contribution).
Je déduis ainsi de ces observations combinées plusieurs considérations
importantes:

174
- AA participe à l'évocation de la symétrie, et en toute cohérence,
- mais dans un système de pensée légèrement différent de celui
qui nous est familier, car la symétrie nous est rarement présentée
comme une égalité, en nombre ou en taille, mais plutôt comme une
caractéristique spatiale, insistant plus sur l'égalité des distances [par
rapport à un axe, un centre, un plan . .. ]. Nous pouvons noter, au
passage, que lesdites distances sont ici traitées comme des grandeurs
banales, et non spécifiques de la symétrie.
- que puisque A évoque la taille, le nombre, j'en étendrai la définition
au concept de "magnitude" qui est plus général et de très loin préfé-
rable au mot "dimension" qui est, dans le contexte de ces documents
et de cette civilisation, porteur d'une toute autre signification.
- que puisque A évoque la magnitude, c'est donc le redoublement du
son qui porte l'idée de "symétrie" ou d"'égalité" ou d"'image miroir",
un peu à l'image de la répétition physique qu'il représente.

Je suis maintenant en mesure d'entreprendre la compréhension du


segment DAA, puisque je connais le son D, la combinaison des sons AA,
et que j'ai une transcription déduite de DAA que nous avons vue pour
"liquide", ou "état liquide".
Je commence donc par reconstruire le segment DAA avec les "briques"
que j'ai isolées, pour "tester" si mon modèle de compréhension est
valide. J'obtiens "manifestation, apparence, semblant (D) symétrie,
égalité (AA)". Ce qui ne se rapproche pas à proprement parler de la
traduction attendue "liquide"!
Je disposais à ce niveau de réflexion de deux options (application de
notre logique banale du tiers exclus): ou ma représentation des sons par
des idées était fausse, mais elle "collait" quand même pas mal en de
nombreuses occasions, ou bien c' était mon "interprétation", c'est-à-dire
ma culture, ma civilisation, qui faisaient obstacle à l'équivalence et il
fallait peut-être, pour comprendre, se situer dans un autre cadre de
pensée. Tout en conservant une logique stricte, ciment nécessaire à la
qualité de l'analyse.
L'association d'une idée fondamentale à un son me plaisait bien, j'optai
donc pour la solution "exotique", par curiosité. Je cherchai quel lien
logique pouvait exister entre "liquide" et "manifestation d'égalité" ou
"apparence de symétrie", qui n'étaient que des reformulations de ma
transcription première. Je n'eus pas longtemps à chercher: il suffit
simplement de réfléchir aux caractéristiques d'un liquide, et d'abandonner
le concept qui nous est commun, celui de la fluidité, de l'écoulement,

175
pour considérer que la surface de tout liquide "se présente" de façon
horizontale, autrement dit de façon "égale" ou "symétrique" et que cette
caractéristique est propre aux seuls liquides. Elle est mise à profit,
indirectement, pour établir ]'"horizontale", dans les niveaux "à bulle".
Ce fut le premier élément sérieux de cohérence de mes premières
conclusions "provisoires", qui me permettait d'envisager vraiment que
mon système de lecture des vocables ummites prenait corps, car si, pour
nous, un liquide est un fluide capable d'écoulement, pour les auteurs des
textes il est caractérisé par une "apparence de symétrie, d'égalité". Le
sens affiné me permet aujourd'hui de l'exprimer par "manifestation
d'équilibre ou de stabilité". Pour reformuler le concept ummite, notre
vocable "liquide" qualifie un état de la matière (GOO) qui se manifeste
par un équilibre (DAA) [l'horizontale].
Je ne manque pas, naturellement, de souligner combien ce point de vue
est différent du nôtre, qu'il est porteur d'une originalité, et peut-être déjà
le premier indice solide d'une réalité de culture différente.
Il ne faut pas se méprendre sur la "rapidité" d'acquisition de ces bases.
La présentation directe et logiquement imbriquée du récit est trompeuse:
si par moments l'acquisition d'un nouveau concept s'est faite dans
l'enthousiasme de quelques heures, d'autres ont abouti après plusieurs
dizaines, voire centaines d'heures de douloureux tâtonnements et de
découragement affleurant.
Je prendrai un autre exemple, pour illustrer la "cohérence interne" que
j'ai trouvée à cette langue.
Le son U (qui est la transcription par les Espagnols d'un son entendu
proche du son 'ou' de la langue française) est très fréquent dans les
vocables, et à ce titre m'avait mobilisé: d'une part sa fréquence devait
contribuer à le comprendre facilement, et d'autre part, une fois connu,
il donnerait l'accès à beaucoup d'autres compréhensions. Ici, aucune
combinaison de vocables courts ne permettait une identification simple.
Après avoir longuement examiné et retourné en tous sens, au cours
d'interminables heures de recherche, tous les vocables contenant les
caractères UU, représentant la plus courte combinaison faisant intervenir
leU, j'en ai retenu trois:
IBOZOO UU qui ne reçoit pas de transcription, mais qui est donné,
tout au long des textes, comme l'élément ultime, immatériel, pour
tout dire "conceptuel" de la "trame" de l'Univers, décrit comme un
pluri-cosmos. Des essais de compréhension à caractère mathématique
très prononcé et plusieurs descriptions, singulièrement dans le texte 059,
mettent en évidence que les IBOZOO UU n'ont pas individuellement

176
d'intérêt, et qu'ils doivent toujours être envisagés par paires. C'est en
effet la seule façon, d'après les auteurs, de pouvoir exprimer des
écarts dimensionnels infinitésimaux, qui ne sont d'ailleurs pas sans
rappeler nos éléments de calcul différentiel. J'en retiens que, pour un
Ummite, un IBOZOO UU trouve son sens dans son appartenance à
une paire, pour prendre place dans la description de l'Univers.
- UUGEE qui désigne un enfant mâle. Nous avons par ailleurs plusieurs
textes, dont le D 41, sur la vie quotidienne sur la planète UMMO, qui
nous précisent que GEE caractérise l'homme, le mâle, alors que YIE ou
moins souvent YIEE, est la dénomination de la femme.
- UUGEEYIE qui désigne les enfants, 'tous sexes confondus' comme
nous dirions. L'ensemble garçons et filles, sans considération de sexe.

Il m'a paru évident, au vu des deux derniers vocables, que le segment


UU était caractéristique de "l'enfant", puisque c'était le signifié commun.
Le segment UU étant présent à la fois dans ces bases conceptuelles de
l'espace et chez l'enfant, quelle était donc la caractéristique commune?
J'ai d'abord cherché le caractère "en devenir", puisque l'enfant est un
adulte en devenir et que l'élément d'espace devient quelque chose, quand
il est considéré avec un autre élément. C'était présentable, mais n'a pas
résisté à l'essai dans d'autre vocables. Un certain nombre de tentatives
infructueuses avaient nécessité une quantité respectable d'heures. Pour
garder un moral à peu près intact, j'avais décidé de regarder autre chose.
Je venais d'entreprendre les recherches sur le son transcrit par G, qui est un
quasi "H aspiré", quand une idée s'est imposée: le son UU était double et
impliquait donc une sorte d'équilibre, de mutualité, de réciprocité, comme
nous l'avons vu plus haut. Et la seule chose que je voyais pour un IBOZOO
UU de mutuel, de réciproque, c'était la nécessité de la prise en compte d'un
autre, de la dépendance de fait, l'un et l'autre étant finalement mutuelle-
ment dépendants "de la présence, de la prise en compte" de l'autre.
Et j'ai comparé cette tentative de transcription avec UU pour les enfants.
Quelle cohérence, n'est-ce pas? Les enfants sont dépendants de leurs
parents et réciproquement, puisque ceux-ci ne sont pas libres de leurs
mouvements quand l'enfant est en bas âge, et sont ensuite liés, au moins
moralement, par les contraintes de l'éducation. Vision toute terrienne,
mais base acceptable, car la mère ummite est effectivement "dépendante"
par absence d'activité professionnelle, jusqu'à la prise en mains de
l'enfant par la collectivité ummite. Je peux donc attribuer au segment UU
la transcription de "dépendance mutuelle, réciproque, d'interdépendance",
et aussi la notion de dépendance au seul son U.

177
Et ceci va éclairer, très souvent, la conception de I'Ummite vis-à-vis de
son appartenance à son groupe social et de l'organisation dont celui-ci
doit être doté.
J'établissais donc que le son U évoque la dépendance, au moins au vu des
vocables examinés ci-dessus, et je confirmais le caractère évocateur de la
"symétrie", de la "mutualité", de la "réciprocité" du redoublement du
son. Qui sera étendue plus tard à la "continuité" et à la "stabilité".

Une épreuve de vérité et un contrôle de cohérence devenaient possibles,


avec le vocable DU rencontré dans l'expression DU 01 OIYOO, citée par
Ribera dans le catalogue de Moya en ref 82: avec pour signification
"langage topique de liaison" et rencontrée dans le D43 avec l'indication
"(langage de liaison)". Je disposais en effet, à ce moment, d'une signi-
fication supposée du son D "apparence, semblant, manifestation, forme"
et U pour dépendance.
Dans l'expression DU 01 OIYOO, et par comparaison avec d'autres
expressions, il est clair que 01 OIYOO caractérise ce que je prenais à
l'époque pour la "parole, le langage". DU est donc le témoin du caractère
de liaison.
J'avais ainsi d'un côté DU = liaison, d'après cette expression, et par
ailleurs DU= manifestation (D) et dépendance (U).
Or si nous analysons notre vocabulaire, la liaison est le fait, ou l'état
dû à un lien. Au point même qu'en chimie, on ne différencie pas les
deux concepts et que l'on parle de liaison pour évoquer le lien entre
deux atomes. Lien, qui par définition "relie" deux entités, les rend
dépendantes.
Dit autrement, si deux entités sont dépendantes, elles le doivent à un lien,
peu importe qu'il soit matériel ou immatériel, et ce lien en est l'essence
ou la manifestation, la forme.
L'expression désignant le langage m'offrait une autre occasion de valider
les premiers éléments trouvés. Les Ummites indiquent DU 01 OIYOO
avec comme traduction "langage de liaison". Je venais de confirmer le
vocable DU comme expression du lien. Et je disposais des sons 0 pour
exprimer la "créature, l'entité, l'être, l'existence" et 1 pour exprimer la
différence en tant que non-identité. Le vocable 01 pouvait donc se lire
"entité, créature (0) différente, autre (1)". Et ce nouveau vocable a toute
sa place dans cette expression, car le langage est un véhicule de trans-
mission, d'échange. Que peut signifier un échange ou une transmission
sans un interlocuteur, un destinataire? Lequel est par essence différent de
nous, c'est une "autre créature". Je pouvais dire, à la suite de cette

178
analyse et de ce constat, que les vocables DU 01 évoquaient dans le
langage, le lien, la "liaison avec une autre créature", mais avec la
formulation étonnante de "forme de dépendance et autre créature".

J'avais ici à nouveau une excellente indication de cohérence interne,


puisque par deux fois, une signification donnée pouvait être reconstituée,
clairement et sans artifice intellectuel, à partir des éléments que j'avais
isolés. Pour employer une expression à caractère scientifique empruntée
au langage des chimistes, les diverses identifications faites commen-
çaient à "réticuler", à se croiser, se rassembler et se confirmer, se donnant
de la fermeté les unes aux autres!
A ce point, j'étais en mesure de tirer quelques conclusions, provisoires,
de ce constat de cohérence et des observations accumulées:
- Chaque son identifié, et transcrit par une lettre, est porteur d'un concept
- Il ne semble pas exister d'articles et autres différenciateurs
- Le doublement d'un son ajoute l'idée de symétrie, d'égalité, de
réciprocité, d'équilibre
- Les sons X, S, D, 0, A, U, 1 etE sont identifiés et cohérents dans les
vocables explicités
- Le vocable DO est l'expression d'une "formulation" originale
- Le vocable DU est l'expression d'une "formulation" originale
Le segment DAA est non seulement cohérent, mais il est aussi
l'expression d'une "formulation" originale

Le caractère original de ces formulations n'a pas été mis en avant ou


en valeur par les auteurs, puisqu'il n'est apparu qu'à l'issue du travail
d'analyse linguistique. On ne peut donc, ici, accuser les auteurs d'avoir fait
des vocables indiqués un argument autre qu'une simple citation du véhi-
cule, apparemment sincère, d'une pensée. En particulier, dans le cas d'une
mystification par un individu ou une équipe terrestre, il faut qu'ils aient eu
la volonté de cacher une validation au deuxième degré (nécessité d'une
analyse aboutie que personne n'a menée à ma connaissance depuis les
trente ans d'apparition des premiers textes) pour accréditer les affirmations
de premier degré: nous sommes extraterrestres. Donc une nettement plus
grande probabilité que cette langue ne soit pas l'œuvre d'un quelconque
farfelu dont le génie se devait toujours plus affirmé, mais la confirmation
d'une expression originale par juxtaposition de concepts simples et
répondant à une logique inattaquable et d'expression assez différente.
Les quelques éléments répertoriés ci-dessus m'ont définitivement convaincu
que le travail était prometteur, et que la supercherie devenait moins

179
probable, car maintenant, si mon début d'hypothèse se confirmait, il
fallait que les supposés auteurs aient réalisé une vraie construction
linguistique de toutes pièces, et aient en même temps construit la culture
originale qu'elle semblait cacher.
Et la progression avait été obtenue par des procédés d'analyse logique,
d'observation et de déduction froides, qui sont reproductibles par
d'autres personnes. Ces procédés n'ont pas laissé de place à une
quelconque volonté de "torsion" dans une direction privilégiée!
J'avais vérifié que la "ré-injection" d'une signification pouvait la
conforter. J'avais identifié AA pour la symétrie et UU pour la dépendance
"réciproque, mutuelle". Je m'enhardis à essayer un autre type de vérifi-
cation, comme contrôle de cohérence de mes trouvailles, mais en procé-
dant inversement.
J'essayai ainsi de trouver une signification au couple Il, qui intervenait,
lui aussi, assez souvent.
On a vu que 1 exprime la "différence" et tout ce que nous nommons
"autrement", mais qui ne sont que des formalisations du concept de
différence: "autre", "distinct", "varié" (dans une vision collective de la
différence), ou encore "séparé" qui est une variante de "distinct". On peut
y ajouter le sens "d'écart" qui exprime aussi une différence, non pas en
termes conceptuels, mais de "magnitude", pour employer le vocabulaire
de la pensée ummite. J'y ajoute notre mot "opposé" qui n'est qu'un cas
particulier de différence, celui de la différence "intégrale".
J'avais donc l'idée de différence et l'idée de réciprocité, de mutualité,
due au redoublement. Ma déjà longue fréquentation des formulations
ummites et de leur logique rn' a fait chercher, non pas un concept direct,
mais un concept "qui est à l'origine de" ou "qui se concrétise par". Et
j'avais une piste avec le vocable "IITOA" qui désignait clairement une
"surface limite" (D69):
"Nous appelons IITOA la superficie idéale limite qui sépare l'enceinte
dont la morphologie est comparable à celle de la NEF (IMAGE 7) du
reste de 1'Espace. " Cette phrase est accompagnée d'un dessin, référencé
image 7, qui illustre le concept. Il faut comprendre, dans cette citation,
que la morphologie en question est celle de l'espace, c'est-à-dire la
"morphologie des IBOZOO UU" constitutifs de l'espace sous contrôle,
en conformité complète avec la théorie du déplacement développée par
ailleurs. Je dois concéder qu'en l'absence de compréhension préalable de
cette théorie, il eût été très difficile de parvenir à élucider ce vocable.
IITOA est donc la surface limite du volume sous contrôle pour "l'inversion"
des axes subatomiques, laquelle opération assure le changement

180
d'espace. Et dans ce vocable je ne connaissais pas la signification de T,
mais je connaissais 0 et A, et aucun ne suggérait la notion de "surface
limite".
En fait, la conclusion de ce travail de recherche purement logique est
arrivée après quelques bonnes heures de réflexion, la notion de "fron-
tière" s'imposait, puisque ce qui la caractérise c'est le fait que la "réalité"
est différente (1) de part et d'autre, en symétrie, mutuellement (1). Et j'ai
rassemblé quelques autres mots de notre vocabulaire qui évoquent la
même idée de base, comme "limite" et "enveloppe".
Cette formulation a été immédiatement opérationnelle, en particulier
dans IITOA qui m'a ensuite donné leT pour "devenir" et les véritables
significations de OA [mais sont-elles vraiment différenciées? Ne sont-ce
pas nos formulations qui peuvent être différentes?].
On observera à l'occasion de ce vocable la différence didactique des for-
mulations avec d'une part la traduction citée ci-dessus, qui a été donnée
par les auteurs. Cette traduction était indispensable à la "reconstitution",
à l'assemblage du puzzle des concepts intervenant dans le vocable. C'est
ce vocable qui m'a permis d'identifier, à travers la compréhension du
principe du déplacement des masses [voir le chapitre "Une autre vision
de l'univers"], la signification du son T. On a en effet "frontière, limite,
enveloppe (11) devenir (T) sous-jacent, ourdissage (OA)", que je transcris
par "enveloppe d'évolution de la texture". Et d'autre part, la signification
réelle de ce vocable, reconstituée après l'assemblage et qui éclaire
singulièrement le mode d'expression de la pensée ummite. Car les
notions de "devenir" et de prise en compte globale de l'espace délimité,
qui expriment l'unité d'évolution, sont une sérieuse confirmation, non
directement formulée dans la traduction fournie, des indications données
à propos du principe "d'inversion des axes". L'évocation en est discrète,
mais certaine, puisque la notion "sous-jacente" de l'ourdissage des
IBOZOO UU non seulement y transparaît, mais est indispensable à la
compréhension.
On voit ici un exemple du système didactique employé dans les documents
et comment les auteurs ont pu, en quelques phrases d'explications, faire
comprendre à un lecteur correctement attentif et observateur, un peu de
leur langue et accréditer leur discours développé par ailleurs.
J'avais ainsi pu reconstituer une signification à partir d'une transcrip-
tion élémentaire (1) et d'un principe supposé (la réciprocité par le
doublement).
Au-delà de la confirmation par le contenu montrée ci-dessus, cela consti-
tuait une double validation du système en cours de "découverte".

181
Et les occasions ne manquaient pas. J'avais en effet maintenant, en
principe, les éléments nécessaires à la justification des vocables XII, pour
la "révolution", le tour, le jour, en tant que tour ou rotation d'Ummo et
XEE pour année ou orbite. En effet, nous avons vu que j'avais attribué au
X ou S l'idée de tour, de cyclicité, d'alternance et j'ai ici Il qui porte
l'idée de limite, d'enveloppe, de frontière. Il y a deux façons de faire
un "tour", soit autour de quelque chose, en parcourant une boucle fermée,
ou supposée telle comme le "Tour de France", soit en tournant sur
soi-même, à la manière d'une toupie.
Le vocable XII évoque un tour (X) limité, sous frontière, sous enveloppe
(II) et on comprend qu'il s'agit d'une rotation sur soi-même de la planète,
et par extension 1'évocation de la durée correspondante.
En revanche, la compréhension du vocable XEE impose de préala-
blement justifier le segment EE.
La transcription brute de ce segment conduit à "image mentale (E) en
réciprocité (par Je doublement) avec image mentale (E)". Or l'image
mentale est partie intégrante du processus conscient. Si bien que le
segment EE évoque la substitution d'une image mentale par une autre,
équivalente. Ce que nous nommons, au stade élémentaire, par "codifi-
cation" (remplacement d'une 'réalité' par un code qui la représente) et
par "modélisation", dans une vision plus large. Notons au passage, que
l'évocation de "codification" du segment EE va jusqu'à se confondre,
dans la langue ummite, avec !"'enregistrement" de mémorisation,
puisque les données ne sont pas mémorisées en 1' état, mais après une
"conversion codée", une "codification". C'est pourquoi on trouve
plusieurs fois dans les documents des expressions comme (072):
"On ne peut dès lors pas écarter que WOLF soit un des deux OOYIA
(petits astres) [des étoiles naines, NdA] codifiés par nous comme
étant: ... "
Mais revenons au vocable XEE. Il est constitué de l'émission consécutive
des sons X (pour tour, révolution) et EE (pour codification, modélisation).
Or, en y réfléchissant un peu, une orbite n'a pas de réalité "perceptible",
elle n'existe que sous la forme d'une "image mentale" constituée par
l'assemblage de toutes les positions que nous prêtons à l'astre ou au
satellite au cours de sa "révolution", de sa "boucle". L'orbite est une
abstraction, une forme de modélisation d'informations élémentaires, et
nous lui associons une mise en forme mathématique: son équation. Nous
avons une nouvelle fois mis en évidence que cette langue est très précise
dans la formulation des idées, non pas à travers la mise en œuvre d'un
vocabulaire approprié, mais à l'aide d'assemblages de concepts.

182
La description des étapes de compréhension de tous les sons
élémentaires, dans leur succession, constituerait un exercice parfaitement
rébarbatif. Je n'ai plus retenu, ici, qu'un ou deux cas supplémentaires.
Je donnerai un dernier exemple d'identification de son, avec le vocable
"OMGEEYIE", qui est traduit dans les documents par "ménage", mais
auquel on peut attribuer la notion de couple, au sens de fondateur d'une
famille. Dans ce vocable, on identifie facilement GEE pour l'homme
(grâce à la précision donnée un peu plus loin dans le même document)
et YIE pour la femme. Et j'avais attribué au son 0 la transcription de
"créature, être, existence, réalité dimensionnelle".
Dans ces conditions, pour exprimer "couple" [OMGEEYIE] je dispose
des briques "créatures" [on a constaté que la notion de pluriel distinctif
est sans intérêt en regard de l'idée véhiculée] et des "briques pré-assem-
blées" que sont GEE et YIE pour Homme et Femme. Il m'est alors
apparu que ce qui manquait c'était l'idée de "ciment", de "lien", que j'ai
attribuée à M. Le couple ummite fait l'objet d'études psychologiques très
approfondies avant sa constitution, et il n'est pas question de Je désunir.
On avait vu dans le début d'exploration que le lien se dit DU. Donc leM
n'exprime pas directement le lien, mais l'union, le caractère "fusionne!",
le "couplage", car le lien (DU) contient l'idée relative d'apparence, de
manifestation, de forme (0).
Et ainsi de proche en proche, j'ai pu progressivement attribuer une signi-
fication à de nouveaux sons (de plus en plus lentement, hélas! car chaque
nouveau son identifié devait subir l'épreuve de contrôle de sa place dans
tous les vocables). Il y eut des jours avec, et des jours sans. Des jours où
le travail de rassemblement et de rapprochement des données semblait
infructueux ou remettait en cause une partie des acquis antérieurs. Il
serait naturellement fastidieux de décrire le déroulement complet de la
"découverte" qui s'est répartie sur de très nombreux mois.
Un autre constat s'impose à nous! Nous avons pu en quelques réflexions
(même si, pour ne pas alourdir l'exposé des raisonnements, j'ai escamoté
certaines parties, très pénibles, des recherches), déterminer que des
concepts généraux sont exprimés par des sons élémentaires et nous avons
trouvé plusieurs cas clairs de combinaison justifiée.
Si nous comparons les deux transcriptions de notre "racine" DAA, nous
avons pour nos langues de la Terre une traduction "liquide" et pour la
langue ummite, une traduction "manifestation, aspect d'équilibre", qui
est l'assemblage, la juxtaposition ordonnée de deux concepts qui ont leur
existence propre et indépendante. Vue sous cet angle, la composition du
sens n'est pas sans rappeler celle du chinois, avec ses combinaisons

183
d'idéogrammes. Je note au passage que l'écriture ummite, dans la mesure
où on peut parler d'écriture, est de type idéographique. Une première
lecture rapide et l'aveu même des auteurs nous indiquent que cette
écriture n'est pas structurée, au sens où nous l'entendons. La comparai-
son s'arrête là, car l'idéogramme chinois exclut le son simple et impose
une tonalité (fixe ou variable) que nous ne pouvons manifestement pas
explorer dans les textes ummites, et qui n'a pu être transcrite par les
dactylographes. Il reste néanmoins la structure "idéo ... ", puisque les
composants expriment des concepts.
Mais le plus important, à mes yeux, est la mise en évidence du caractère
de description relationnelle, fonctionnelle de l'objet, et on peut pressen-
tir que si les liquides sont déclarés caractérisés par l'aspect équilibré de
leur surface, de nombreuses autres idées, portant sur les mêmes bases,
seront sans doute véhiculées par les mêmes sons. Nous trouverons par
exemple ce segment DAA dans le vocable évoquant la régulation, et dans
lequel intervient la notion de manifestation ou de conservation d'un équi-
libre. Nous le retrouverons aussi dans la conversion dimensionnelle de
changement d'espace, car elle conduit à une IDAA, c'est-à-dire à une
"autre manifestation d'équilibre" [la réalité stable dans le nouveau système
dimensionnel], et non à un "liquide différent"! On voit bien le contresens
qu'une lecture par segments identifiés aurait donné: si DAA évoque
liquide, que vient faire la fluidité dans la conversion dimensionnelle?
Cette langue paraît donc, au moins au vu des courts exemples ci-dessus,
construite autour de froides caractérisations relationnelles. Serait-ce là
une justification du passage du document dans lequel on trouve "LE
LANGAGE ET NOTRE LOGIQUE "(043):
"... Notre premier objectif de la pensée fut d'élaborer des bases dialec-
tiques, une logique qui fût indépendante du langage, de la langue. Ceci
était d'une importance vitale si vous tenez compte du fait que notre forme
d'expression est de synchronie bivalente et que la codification verbale de
la pensée en deux modalités émises en phonation simultanée (une par
mécanisme "/inguo-guttural" semblable aux langages de la Terre, et
1'autre par un code qui implique des répétitions séquentielles de
phonèmes) prédispose à des interprétations erronées, et est source
d'erreurs due à l'ambiguïté des termes utilisés et à la nuance émotive
avec laquelle ils sont exprimés".

C'est moi qui ai souligné. L'exemple cité ci-dessus et tous les autres
rencontrés au long de la découverte de cette langue correspondent
parfaitement au constat conscient des auteurs: les termes employés

184
peuvent être ambigus et doivent être complétés par des "nuances
émotives" [tonalités??] ou franchement par un système de codification
supplémentaire [le "codilangage" que je n'ai pas étudié, pour limiter
l'ambition de l'étude, et par manque d'exemples suffisants].

L'état d'esprit
La méthode a bien fonctionné au début, lors de l'identification des
premiers signifiants. Tout en conservant un fond de logique de système
d'équations multiples, il est apparu de plus en plus nécessaire de faire de
l'analyse de signification et de recherche des idées maîtresses. On l'a vu
à propos de I pour la "différence". En effet, lorsque nous prononçons un
mot, "liquide" par exemple, notre culture et l'éducation que nous avons
reçue nous fait transcrire mentalement "fluidité, écoulement", et non pas
"horizontalité".
Je me trouvais face à un très grand tableau de plus de 800 lignes, et
chaque fois qu'une nouvelle idée de compréhension d'un son apparais-
sait, il fallait vérifier, en la remplaçant dans toutes les cases du tableau,
qu'elle était compatible avec l'acquis antérieurement établi. Certains
vocables devenaient ainsi complètement compréhensibles, confirmant
que la langue était trop cohérente pour être artificielle.

Après que quelques dizaines de vocables eurent été compris, j'éprouvai


de plus en plus de difficultés et, fort de ma première expérience, je me
suis dit que c'était ma culture, ma façon de voir qui faisaient obstacle
à une compréhension logique des vocables. Je m'apercevais qu'il me
fallait me mettre à la place de "l'autre" pour essayer de comprendre
pourquoi il désignait un vocable par telle suite de concepts, et comme je
ne connaissais pas d'avance sa "mentalité", puisqu'il fallait la découvrir,
je devais essayer plusieurs "scénarios", tester plusieurs structures de
pensée différentes. C'était à la fois passionnant, extraordinairement
prenant, intellectuellement sans égal, et trop souvent frustrant, car après
plusieurs heures, j'en sortais fatigué, presque épuisé et malheureusement
sans résultat. Quand je sentais que j'étais au bord du découragement, je
reprenais d'autres textes, pour une lecture libre, sans objectif autre que
celui de rn 'imprégner de la pensée ou de la "psychologie" des auteurs. On
comprendra pourquoi ce travail n'apparaît qu'après plusieurs milliers
d'heures effectivement consacrées à sa progression.
Jamais au cours de ces recherches, ni au cours de ce travail, l'origine
supposée extraterrestre des documents n'est intervenue. J'ai seulement

185
tenu compte des points de vue ou des explications donnés dans les
documents. Points de vue originaux certes, mais que je me suis refusé à
considérer comme inacceptables. Si je voulais accéder à la langue, ce ne
pouvait être qu'en cohérence avec les contenus des documents. Et c'est
ce qui était nécessaire. Je cherchais à comprendre une langue, exactement
comme si elle avait été oubliée et s'était perdue dans un coin de la Terre,
mais une langue de gens que je prenais pour beaucoup plus en avance que
nous dans la connaissance. Quelque chose comme ce qu'aurait pu être
aujourd'hui la langue des Atlantes, par exemple, si le cas était possible.
Et mon objectif était clair: essayer de trouver, à travers la langue, des
éléments complémentaires qui n'avaient pas été formulés directement,
dans la langue espagnole.
J'en ai trouvé quelques-uns et même beaucoup plus: j'ai compris que
cette recherche était vaine, car ce n'est pas dans l'acquis des autres qu'il
nous faut chercher de quoi nous faire progresser, c'est dans notre propre
démarche qui conditionne nos propres acquis. Les acquis des "autres" ne
peuvent être reconnus, validés, et acceptés que s'ils peuvent être
"logiquement" rattachés aux nôtres. C'est exactement la problématique
du cancre qui ne fait pas l'effort d'assimiler ce qu'il "pompe".
Sans pour autant négliger l'expérience des "autres". L'accueil qui sera
fait à ce travail sera un excellent outil d'appréciation pour évaluer si ce
sentiment est partagé.

Il s'ensuivit, lors de certaines séances de recherche, des épisodes de


"transposition mentale", de sorte de "schizophrénie" pour m'imprégner
de cette culture si différente, en abandonnant nos références, mais en
gardant une logique rigoureuse. L'expérience la plus marquante a
certainement été celle qui m'a permis d'accéder à la compréhension du
son W. Car ce son véhicule des concepts qu'il ne me serait jamais venu
à l'idée de considérer comme "équivalents". C'est un des points clés de
ce dossier: les "autres" ne pensent manifestement pas comme nous et si
certaines idées ou concepts paraissent communs, donc assez facilement
accessibles, d'autres correspondent à des différences que nous pouvons
comprendre et, malgré tout, juger irrémédiables pour longtemps.
J'avais été sensibilisé, à l'origine, par la parenté d'émission phonique de
U (prononcé 'ou') et de W, qui devait être prononcé un peu comme 'ouv'
ou 'ouw'. Après avoir imaginé une quelconque ambiguïté ortho-
graphique, à la suite du constat de la transcription de WAAM par UAAM,
je m'étais fixé sur les prononciations parentes pour en déduire un sens
parent ou rattaché. La compréhension de certains vocables paraissait

186
possible, bien que ... et d'autres ne me paraissaient franchement pas
convaincants. J'avais, à cette époque, répertorié plus de 127 vocables qui
contiennent au moins un W. J'ai tourné et retourné pendant des dizaines
d'heures les différentes significations possibles. A chacun de ces voca-
bles, je butais sur ce constat d'adéquation trop imparfaite. La signifi-
cation première que j'avais attribuée au W ne pouvait être la bonne!
J'attendais beaucoup d'un vocable court: UIW qui nous est traduit par "le
temps" (l'unité de "mesure" et le concept portent le même nom!), car j'en
connaissais le U et le 1. Vous verrez combien le chemin a été difficile,
heureusement appuyé par le contexte de certains documents, car ce
vocable évoque tout sauf ce que nous appelons le temps, ni rien qui s'en
rapproche en première analyse. En revanche, quel éclairage sur cette
autre façon de concevoir l'Univers!
Les travaux d'extérieur, singulièrement du jardin, se prêtent bien à un
dédoublement cérébral. Un premier niveau de conscience assure la base
du travail manuel, de manière automatique, pour désherber, conduire la
tondeuse ou autre. Un autre niveau de conscience est alors disponible
pour toute évasion ou autre réflexion. C'est ainsi que je me suis transfor-
mé en "Ummite" pendant des séances de feuilles mortes à ramasser. Et
c'est à l'issue d'un travail de "jardinage" d'un nombre respectable
d'heures, que l'idée est apparue, libérant tout à la fois le concept du
temps et de nombreux vocables que je me refusais à considérer comme
élucidés. Je pense à WIA qui exprime une preuve, ou WUA pour les
"mathématiques", sans parler naturellement de WOA pour "Dieu".
A travers les centaines d'heures consacrées à ces exercices de substitution,
cette transposition est devenue progressivement plus facile au point que
maintenant la simple lecture d'un vocable peut déclencher en moi, sur
commande, cette "mise en condition". Ce qui ne veut pas dire que je me
sens capable de comprendre immédiatement n'importe quel vocable de
cette langue, et encore moins d'émettre le moindre vocable original.
Ce qui compte, c'est le résultat. C'est-à-dire la mise en évidence de
18 "briques" de base, constitutives de la construction (identifiée à ce
jour) de cette langue. Et l'explication de 99,7% des 1.345 vocables isolés,
des 393 expressions, c'est-à-dire tout près de la totalité.
J'ai "découvert" les signifiants élémentaires en analysant les contenus
des textes. N'était-il pas implicite ou automatique que l'ensemble soit
cohérent, ne constituant plus alors la "preuve", Je socle d'une langue
réelle? Je me suis longtemps posé la question. En fait, les premiers
éléments ont été obtenus, comme on l'a vu, par des méthodes déductives
de type logique mathématique, avec la seule intervention du contexte

187
immédiat. Je travaillais sur les traductions directes. Sans transformation.
C'est à l'occasion des vocables plus longs, comme XANWAAB UUASII,
et lorsque je tentais de "penser comme les autres" que j'ai pu comprendre
la signification de certains sons. Par des méthodes d'analyse et de
déduction, mais sur des bases plus "logiques" que mathématiques.
J'aurais pu, au cours de ces phases, sans doute introduire, de manière
inconsciente, des éléments de ma propre logique dans ce système
linguistique. Si telle avait été la réalité de mon attitude, je pense que je ne
serais pas parvenu à un taux de "couverture" très proche de 100%. Je
n'aurais pu introduire que des éléments sémantiques de nos langues,
principalement le français. Or ces caractéristiques sont complètement
incompatibles avec la sémantique "absolument relative" (je m'explique
sur cette formulation provocatrice dans le chapitre sémantique) de la
langue ummite. Toute injection aurait été sanctionnée par l'incohérence
des solutions.
Je renvoie le lecteur à l'approfondissement des aspects inconnus de cette
langue, dans le "Précis" qui suit.
Maintenant que nous avons un aperçu de la langue, ne nous privons pas
de faire mieux connaissance avec les humains qui ont dicté et signé ces
documents.
Je vous invite à un saut immédiat dans la banlieue de la Terre, à l'échelle
du cosmos: un peu plus de 14 années-lumière, .. . le temps de passer au
chapitre suivant!

188
6. La civilisation des U mmites

Afin qu'il ne subsiste pas de malentendu à propos de la civilisation


décrite dans les documents ummites, je tiens à préciser, dans une attitude
sei enti fi que:

- Que les textes sur lesquels j'ai travaillé sont d'origine réputée
inconnue bien que déclarée, sans qu'un contrôle satisfaisant
n'ait jamais pu être réalisé, mais qu'ils ont une réalité de cohérence
sur une période de trente ans, en provenance de toutes les parties du
monde.
- Que cette réalité de cohérence se manifeste non seulement par les
contenus, mais aussi, à la suite de mon travail, par l'existence d'une
langue originale que j'ai mise en évidence. La langue et les contenus
se complètent, témoins d'une volonté de communication claire et
didactique.
- Qu'en termes de logique scientifique aristotélicienne, cette langue,
malgré sa cohérence et sa profonde originalité, qui en font en réalité
une excellente illustration des solutions possibles, à la suite des
travaux de Bertrand Russel (88), ne constitue pas une preuve de
l'existence des Ummites, en tant que créatures extraterrestres.
- Qu'en termes de logique humaine du bon sens, telle que mise en
œuvre au quotidien, en particulier dans les tribunaux, cette langue
constitue un ensemble d'indices très solides pour une réalité de tout
ce qui est abordé dans les documents. Y compris les incohérences qui
y ont été volontairement insérées. Ensemble d'indices de nature à
forger une intime conviction, de l'ordre pour moi de plus de 99% de
probabilité de vérité.
- Que l'allusion aux travaux de Russell, dans le 043, en cohérence avec
la langue découverte (voir deuxième partie) constitue à mes yeux
l'élément déterminant de preuve par l'absurde de l'impossibilité
d'une origine humaine.

189
La description de la civilisation ummite devrait donc être faite, en toute
objectivité scientifique, au conditionnel qui est le mode du doute. Outre
que le procédé littéraire est lourd, il induit une suspicion permanente de
nature à nous masquer, par trop, la très probable réalité.

En conséquence j'ai choisi, délibérément, de faire ce récit à l'indicatif,


qui me paraît plus adapté à la préparation d'une prise de conscience, qui
se révèlera nécessaire, tôt ou tard.

JI va de soi que les indications et les descriptions que je donne sont le


reflet de ma compréhension des textes ainsi que de la langue. Rien n'a été
inventé, tout est déductible des documents et vérifiable.
Vous éprouverez peut-être, par moments, l'impression que des infor-
mations manquent pour un tableau complet et que bien des questions
vous semblent sans réponse. C'est une caractéristique constante des
documents: de nombreuses informations ne sont pas fournies pour ne pas
entrer dans des détails qui donneraient trop de consistance à la "réalité"
de nos visiteurs. N'oubliez pas qu'ils ont voulu seulement nous faire
réfléchir et admettre la possibilité de leur existence, sans jamais apporter
une démonstration de leur fait qui aurait été à l'époque, et serait sans
doute encore aujourd' hui, déstabilisatrice.
Je donne, de temps à autre, des explications ou des justifications un peu
plus détaillées et assises sur l'analyse "étymologique" des vocables ou
expressions des textes. Ces indications sont mises sous forme de notes
en plus petits caractères. Bien qu'apportant, à mon avis, un éclairage
complémentaire à la compréhension de cette étonnante civilisation, ces
notes ne sont pas indispensables à une perception d'ensemble.

Les Ummites tels qu'ils se décrivent


Les Ummites se disent tellement proches de nous par leurs caractéristiques
physiques visibles qu'ils se sont fait passer pour des individus du nord de
l'Europe, sans attirer autrement plus l'attention. Ils se déclarent franche-
ment blonds, d'une taille légèrement supérieure à la moyenne, dotés d'une
peau claire, peu sensible aux effets du soleil. Ils évoquent à peine quelques
légères différences anatomiques avec nous, et insistent sur la facilité de leur
implantation ou de leurs visites dans à peu près tous les pays de la planète,
sauf apparemment en Chine, où ce ne semble pas être leurs caractéristiques
physiques qui ont fait obstacle, mais plus simplement les mesures prises
par le gouvernement chinois à l'égard de tous les étrangers.

190
Il y a finalement plus de différences morphologiques extérieures entre les
"races" terriennes qu'entre les Ummites et les "blancs" du nord de
l'Europe. Ce qui a du certainement étonner les Ummites, car ils ont
trouvé sur notre planète un échantillonnage de formes d'êtres humains
aussi "dispersé" que sur plusieurs planètes "standards" (c'est-à-dire à
population planétaire homogène, comme c'est le cas d'au moins 90% des
planètes qu'ils ont explorées à ce jour).
Ils ont une voix nettement moins expressive que les nôtres, du fait de
la faible étendue des fréquences que leur appareil vocal est capable
d'émettre, et surtout, ils sont dotés, le plus souvent, d'un appareil
d'amplification et de synthèse vocale complémentaire. Les Espagnols qui
ont eu des conversations téléphoniques avec certains d'entre eux
décrivent leur voix comme un peu métallique, monocorde et nasillarde.
Je confirme, après avoir entendu une copie du seul exemplaire connu
d'enregistrement de leur voix, que son écoute fait immédiatement penser
à quelque chose de peu naturel pour nous. A la fois par les curieuses
fréquences, "drôle de tonalité", mais aussi par le caractère "monotonal",
sans intonation de celle-ci. Serait-ce parce que la formulation dans nos
langues ne correspond pas du tout à leur logique d'expression?
Ils se déclarent différents de nous à propos d'un certain nombre de
paramètres de fonctions physiologiques, comme des taux d'hormones,
de répartition des masses dans les constituants du cerveau et du réseau
principal de neurones, etc... En fait des différences éventuelles
d'échelle, mais pas de nature. Dans un des documents décrivant
l'anatomie de l'homme d'Ummo comparée à celle de l'homo sapiens
sapiens ils donnent une molécule caractéristique (099 p5), présente
"dans leurs cheveux", et qui n'existe pas "dans les nôtres". La formule
développée est même donnée, et permet de l'identifier comme un
dérivé organométallique de l'anthraquinone (2,7-dihydroxy 4,5-diso-
dique). Telle que décrite, cette molécule est, pour notre chimie
organique, strictement instable en atmosphère habituelle. En consi-
dérant qu'une erreur de transcription est fort improbable, deux obser-
vations sont possibles; soit cette molécule représente une falsification
de désinformation (discrédit), soit sa présence "dans les cheveux" doit
être interprétée, non pas comme présence dans la chevelure, mais
comme constituant capillaire. Elle reste malgré tout "chimiquement"
très surprenante pour nous!
Ils se disent dotés de perceptions visuelles, dans les infrarouges, et
vibratoires dans certaines parties des doigts, surtout dans les extrémités,
des paumes et des poignets, qui leur autorisent un complément de vision.

191
Avec une définition de taches lumineuses nettes pour certaines
fréquences, mais très loin de la qualité de perception par les yeux.
Ils ont une autre caractéristique, non directement perceptible par nous: ils
ont un odorat beaucoup plus développé que le nôtre, à la fois en variété
d'identification et en seuil de détection. Ils se qualifient d"'hyper
osmiques" par rapport à nous, et en mesure de détecter un parfum là où
nous ne sentons rien.
Ajoutons qu'ils se disent capables de conversations télépathiques, et
qu'ils s'en servent assez couramment à partir de l'adolescence. Compte
tenu de leur théorisation de cette capacité, il est compréhensible qu'ils
aient voulu vérifier la validité de leur théorie sur la Terre. Ils disent que
nous sommes dotés de tous les moyens physiologiques nécessaires, mais
que nous ne savons pas nous en servir et que toutes leurs tentatives de
communication avec des Terriens par ce moyen ont échoué.
Ils se disent aussi d'un peuple planétaire plus ancien que le nôtre et d'un
niveau de développement plus avancé. La tentation est naturellement
grande d'essayer de quantifier cette différence et de l'exprimer en années
ou en siècles. Jean-Pierre Petit donne une indication. Je cite son texte
(BI p155):
"Les auteurs de ces textes précisent eux-mêmes que la distance qui les
séparerait de nous, au plan des connaissances, se chiffrerait en un petit nombre
de siècles" ...
Je n'ai pas trouvé trace de ce passage dans les textes dont j'ai eu
connaissance (Ah! La traçabilité de l'information ... ). L'extrait
proviendrait donc d'un texte reçu par Jean-Pierre Petit et non encore
diffusé, ou bien il en a esquissé lui-même l'estimation, au vu des descrip-
tions de leur technologie, et en faisant des hypothèses sur nos capacités
futures d'acquisition de connaissances. A titre indicatif, le décalage de
développement actuel entre les tribus les plus "arriérées" de Papouasie ou
de Nouvelle-Guinée et les Etats-Unis, pris comme référence de
développement maximum, est estimé à environ 10.000 ans. Dix mille ans
de notre vécu.
A mon avis, le comparatif Terre - Ummo n'a pas de sens. 11 faudrait
procéder par "spécialité", en y incluant une estimation de la "maturité"
de l'espèce "homme de la Terre". Dans certains textes, des décalages de
l'ordre du million d'années sont envisagés. J'ai relevé dans le D41:
"Nous disons que les habitudes mentales contractées depuis plusieurs
millions d'années (UMMO) (1 AN UMMO = 0,2118 années de la
TERRE) nous ont accoutumés à souffrir cet éloignement temporaire entre
les membres jeunes et adultes du groupe familier, et il est certain que les

192
liens matrimoniaux sont sacrés et solides entre nous. " [cette phrase peut
laisser entendre que la pratique de "contracter des habitudes mentales"
date de plusieurs millions d'années ummo, soit au moins un million
d'années terriennes]. Pour comparer avec la Terre, il faudrait pouvoir
dater, en regard, les mêmes pratiques. Impossible. A condition, naturelle-
ment, de porter crédit à l' information.
J'ai trouvé un autre extrait, toujours dans le 041:
"Sur UMMO, notre Planète, il est prescrit, depuis plusieurs milliers de
XEE (un XEE = une année UMMO) une rotation familiale au niveau de
la désignation de certains travaux domestiques. Même les UUGEE ou
UUYIE ... ".
L'indication semble ici plus précise, puisque la pratique de répartition des
travaux domestiques (dont on peut supposer le contexte à peu près
constant?) est datée de plusieurs milliers de XEE, que je peux évaluer
approximativement à 600 ou 800 ans terriens (selon le "plusieurs" que je
prends, ici à trois au moins).

Les durées ont vraisemblablement été données à titre d'exemple didactique


ou pour semer une confusion décrédibilisante, et on peut les prendre autant
pour des indications suggérées que pour de simples assertions. En tout état
de cause, je pense que si ce décalage était réellement estimable, il nous don-
nerait le vertige. Une consolation toutefois: les manifestations artistiques,
telles que nous les concevons, en matière de musique, peinture et sculpture
leur sont complètement étrangères ou à peine balbutiantes. Les Ummites
nous concèdent, sur ce terrain, une très grande avance de développement.
Finalement des êtres qui, s'ils ne réveillaient pas en certains d'entre nous,
par nature, des peurs ancestrales et irraisonnées, manifestations de compor-
tement presque animal de défense du territoire, feraient d'excellents
sujets de rencontre au coin d'une rue, pour un petit bavardage.

Les Ummites nous disent que l'être humain, seule créature consciente de
l'Univers, constitue un "point de passage obligé" de l'évolution des êtres
vivants. lis l'affirment d'après leur connaissance du Cosmos et naturelle-
ment dans les limites de celle-ci. J'admets donc, puisque j'attribue
aujourd'hui globalement la vérité au contenu de leurs écrits, que tous les
humains de l'Univers sont des créatures conscientes. La réalité de la con-
science, de la capacité d'observation et d'analyse de soi-même est donc
une donnée universelle pour les humains.
En revanche, les conclusions auxquelles cette introspection et cette réfle-
xion conduisent sont d'abord assises sur l'ensemble des connaissances. La

193
réaction d'un humain terrien face à l'allumage d'une lampe électrique est
complètement différente selon qu'il s'agit d'un habitant de Papouasie qui
n'en ajamais vu, ni jamais entendu parler, ou qu'il s'agit de vous ou moi,
qui en côtoyons au moins une dizaine par jour.
Bien que la conscience soit partagée, et qu'il ne soit pas possible de faire
de différence d'échelle entre leur exercice de cette conscience et le nôtre,
on comprend bien que le niveau de connaissances sur l'Univers, ou plus
simplement dit sur "le monde qui entoure" nos consciences, la leur et la
nôtre, doit avoir une influence capitale sur les rapports de l'humain avec
ce qui l'environne.
Et c'est ce que nous constatons. C'est d'abord, et de façon très
marquante, dans le rapport à ce qui lui est extérieur, que l'Ummite se
distingue du Terrien. Je serais tenté de citer une pensée hindoue qui dit,
pour induire la méditation et la sérénité "Ce ne sont pas les choses qui
nous atteignent, mais l'idée que l'on s'en fait".
Eh bien, c'est en quelque sorte dans ce domaine que commence la série
de nos différences avec les Ummites.

L'image mentale
Les Ummites disent qu'ils ont depuis longtemps fait la preuve que nos
perceptions ne sont pas une image fidèle de la réalité physique qui est à
leur origine. J'ai cité dans le chapitre précédent le passage dans lequel
ils nous en font la démonstration, irréfutable selon moi, en prenant
l'exemple de certains rayonnements électromagnétiques.
Mais cet exemple n'est qu'une illustration d'un phénomène universel.
Les auteurs nous donnent un schéma général, applicable selon leurs
observations, à toutes nos perceptions ou sensations.
Les explications données à ce sujet dans les documents sont assez
complètes et font appel à des notions franchement étranges et nouvelles
comme "l'esprit collectif planétaire" et le "troisième facteur".
J'aborderai ces notions à propos de la transcendance, et la présentation
que j'en fais ici reste totalement significative, même simplifiée au niveau
du principe.
Pour nous, humains de la Terre [mais l'histoire a été la même pour eux,
humains d'Ummo], depuis les toutes premières prises de conscience, nos
ancêtres ont accumulé dans leur mémoire inconsciente au cours des
générations des images ou des sensations. Cette mémoire inconsciente est
passée progressivement du stade de mémoire cérébrale au stade de
mémoire chromosomique, à force de répétitions et de permanence de

194
schémas de mémorisation. Si bien que l'image générale d'un arbre, la
couleur des feuilles, les sensations du toucher d'un liquide ou d'un point
chaud sont fixées, de façon presque définitive, dans notre cerveau, dans
une zone que nous appellerons "mémoire des modèles". Les données
mémorisées sont communes à toute l'espèce, et on conçoit ici l'inter-
vention possible d'un quelconque "collectif planétaire commun". De la
même façon, les connaissances que nous avons acquises personnellement
depuis la naissance sont mémorisées dans une autre zone de mémoire,
que je vais appeler la "mémoire vécue".
Que se passe-t-il dans notre cerveau, lors d'un stimulus extérieur, par
exemple lors de la vue d'un triangle rouge, ce qui revient à une exposition
à une radiation électromagnétique de longueur d'onde 65 11m?
D'abord, tous nos sens sont en veille permanente, et chacun va traiter la
partie de signal qui rentre dans son spectre de sensibilité. Ici, les cellules de
la rétine vont convertir l'image du triangle rouge en signaux électriques qui
sont acheminés par le nerf optique aux zones de reconnaissance du cerveau.
Notons que ce processus est réflexe et complètement étranger à 1'état de
conscience de l'humain de notre expérience, soumis au rayonnement. Ces
zones de reconnaissance vont découper les signaux en deux familles: une
partie, significative de la forme, va provoquer d'abord le balayage de la
"mémoire des modèles" pour rechercher une forme correspondante, ressem-
blante. Si cette recherche n'aboutit pas, l'échec est mémorisé et la recherche
est poursuivie dans la partie de "mémoire vécue". Dans notre exemple, c'est
ici que la forme générale d'un triangle est reconnue et est transmise à la zone
d'exercice de la pensée consciente. Il en va de même pour la couleur, dans
les parties de mémoire qui traitent de ces informations.
La zone du cerveau ' siège de la conscience' va ainsi recevoir les deux
informations: forme reconnue comme triangle et couleur reconnue
comme rouge. Tant que ces signaux ne sont pas parvenus à la zone de
conscience, l'information des stimuli extérieurs ne peut être traitée par
celle-ci, sauf établissement de réflexes conditionnés qui déclencheront
une action sans intervention de la conscience. C'est le cas par exemple de
la fuite devant la brûlure, réflexe que nous nous attachons à créer chez les
enfants, dès leur plus jeune âge.
Si l'image enregistrée ne correspond à aucun modèle déjà mémorisé, le
sujet n'aura conscience de rien, ou au mieux, conscience d'inconnu. Son
corps physique, que les Ummites appellent l'OEMII, aura juste traité des
stimuli inconscients, sans qualification. Ils auront été mémorisés dans la
mémoire vécue, et sous la rubrique "inconnu", ce qui autorisera le sujet
à les reconnaître plus tard comme déjà vus, mais non "identifiés".

195
Et ce qui apparaît dans le "champ de la conscience" pour utiliser une
expression des Ummites, quel qu'en soit le stimulus d'origine, c' est cette
représentation que nous appelons "perception", "sensation" ou "image
mentale". Il est indispensable de bien fixer que cette image mentale,
résultat d'un travail inconscient du cerveau, est bien consciente.
Ce concept fait partie des 18 bases du langage ummite. C'est celui qui est
véhiculé dans leur langue, par le son transcrit par les dactylographes par
la lettre E. Chaque fois que l'on lit E, il faut comprendre qu'il s'agit
d'une image mentale, d'une sensation ou d'une perception.
Si maintenant le rayonnement est de longueur d'onde de 80 Jlm, il n'y
aura pas de triangle visible et l'œil ne transmettra pas d'impulsions
électriques, puisque ce rayonnement est hors de son spectre de sensibi-
lité. En revanche, en supposant la surface du triangle suffisamment
grande, ce sont les neurones de la peau du visage qui vont transmettre des
impulsions électriques à la zone de traitement inconscient du cerveau.
Celle-ci mettra alors dans le champ de la conscience, la référence à la
chaleur comme nature de la perception.
Cet exemple nous montre que notre conscience est le siège d'images
mentales qui nous trompent, ou au moins ne peuvent nous renseigner sur
la nature "réelle" des phénomènes physiques qui sont à leur origine.
En effet, un phénomène de nature constante comme le rayonnement
électromagnétique dans une gamme étroite de longueurs d'onde, donne
lieu tantôt à une perception, représentation mentale d'image visuelle,
tantôt à une sensation, image mentale de chaleur.
Autrement dit, le cerveau humain (terrien ou ummite ou de toute autre
biosphère) dans ses mécanismes combinés "inconscient et conscient",
répond à la question "est-ce que ça me dit quelque chose?", mais ne peut
pas répondre à la question "de quoi c 'est fait en réalité?".
A partir de ce constat, les auteurs étendent cette observation à toutes les
sensations humaines et remettent en cause, systématiquement, l'attribution
de "réalité physique" que l'humain est enclin à faire à ses perceptions.
Parmi tous les phénomènes physiques qui "peuplent" l'Univers, seuls
certains sont accessibles à nos sens, dans des gammes de sensibilité
quelquefois étroites, et l'image que notre corps [décodage inconscient du
cerveau humain] nous en donne est une falsification de leur "réalité".
Il s'agit ici d'un point de vue complètement original que nous compre-
nons dans cet exemple simple. Il est beaucoup plus difficile d'admettre,
comme l'affirment les Ummites, que ce que notre cerveau nous présente
en image consciente d'une droite, ou d'un cercle, n'en sont pas. Et
pourtant il n'y a pas de différence dans le processus logique: c'est notre

196
cerveau qui tàit référence à une représentation spatiale droite, ce n'est pas
le rayonnement électromagnétique, dont nous, Terriens, ignorons même
la nature intime (voir développement sur l'autre vision de l'Univers).
Nous voici donc confrontés à une première différence fondamentale dans
notre relation à l'Univers dans lequel nous sommes plongés. Notre
logique de Terriens et toute l'histoire de nos connaissances sont construites
sur ce que nos sens nous indiquent [perception consciente]. D'ailleurs la
référence à Aristote pour notre logique correspond à une époque où la
connaissance de la matière et de son rapport à l'espace étaient très peu
développés et essentiellement à base "sensitive" ou "intuitive", malgré le
débat qui agita les tenants de l'hypothèse de l'atome de Démocrite et
l'école platonicienne.
La logique de pensée des Ummites est construite, entre autres, sur la
vanité d'espérer connaître la réalité des phénomènes physiques, et la non-
confiance à nos perceptions conscientes pour accéder à la "vérité de la
réalité", à !"'essence" des observations.
Notons que ce point de vue est très ouvert, et autorise a priori toutes les
hypothèses, puisque la "réalité", dans sa vérité intrinsèque, ne peut pas
être limitée à l'image que le cerveau de l'homme en donne.
Bien sûr, dans sa vie de tous les jours, I'Ummite ne raisonne pas en
permanence pour se dire que le fruit qu'il s'apprête à manger n'a pas en
réalité la consistance que sa main lui attribue, ou que la peau de sa
compagne n'a pas, dans sa réalité physique intrinsèque, Je velouté que sa
main fait naître dans son cerveau.
En revanche, si la question lui est posée, il répondra que oui, il est
conscient, en y réfléchissant, que ses sens ne lui donnent pas une image
fidèle de la réalité.
Ce qui ne sera pas du tout le cas d'un Terrien qui jugera que ce qu'il a
devant lui, c'est droit, puisque c'est conforme au gabarit droit qu' il utilise
pour vérifier. Sans avoir la moindre idée que le gabarit, comme l' original,
sont l'objet de la même falsification par nos sens!
En extension de ce point de vue, ils refusent de considérer comme reflet
de la réalité toute théorie ayant reçu des confirmations observables: elle
n'est tout juste qu'une étape vers une meilleure description, plus fine et
plus proche, de la "réalité" qui ne sera jamais accessible. Par exemple,
nous affirmons que la lumière est faite d'un rayonnement électroma-
gnétique, puisque nous savons mesurer sa vitesse, sa fréquence, son
amplitude et sa phase. Dans les mêmes conditions de connaissance, les
Ummites auraient dit que la lumière se présente à eux sous la forme
électromagnétique perceptible, puisque mesurable, mais que rien ne

197
permet d'affirmer que telle est sa constitution. Je déduis même des
documents qu'ils considèrent le rayonnement électromagnétique comme
une manifestation de phénomènes gravitationnels sous-jacents.

La société et les réseaux


Nous vivons en société, même les tribus les plus reculées de notre globe
vivent en sociétés, déclarées 'primitives' certes, mais sociétés organisées.
Les Ummites aussi, dans des conditions qui leur sont propres.
Tout d'abord leur planète est un peu plus grosse que la Terre, ce qui lui
confère une pesanteur un peu plus élevée que la nôtre. Si nous vivions sur
leur planète, nos muscles auraient à assumer un poids supérieur d'environ
20%. A l'inverse, sans qu'ils en aient fait mention, ils éprouvent sur Terre
une légèreté relative inférieure d'autant. La planète UMMO, dont le nom
peut être transcrit par "la dépendance par relations égales entre les
créatures", orbite autour d'une étoile que les Ummites baptisent
IUMMA.
[Conformément à la structure de la langue ummite, un vocable exprime
une série de concepts liés, au mieux par l'ordre dans lequel ils sont émis,
ou dans l'ordre inverse, comme en allemand pour les racines. Le nom
donné à la planète UMMO est donc une synthèse descriptive des carac-
téristiques qu'ils attribuent à ses habitants. La "dépendance" (U) est
clairement celle des créatures (0) vis-à-vis de l'esprit collectif. Le son M
évoque l'union, la juxtaposition, le couplage. Le redoublement du M peut
être lu aussi bien pour la "réciprocité", la "symétrie", "l'équilibre",
"l'égalité" que pour la "permanence, la stabilité". Leur planète est donc
"[celle de] la dépendance, par relations égales, des créatures". Pour plus
de précision sur les équivalents des sons, voir la documentation technique
linguistique.]

Cette étoile, naine comme notre soleil, mais sans doute en cours de
déclin, est un peu plus froide que notre astre. La planète UMMO en est
plus proche de telle manière que l'eau y est aussi majoritairement à l'état
liquide, mais que la température moyenne y est seulement de quelque
3°C.
Elle n'a qu'un continent unique, dont ils donnent un aperçu, en disant que
selon l'expérience qu'ils ont d'autres planètes, la fragmentation de notre
écorce terrestre en continents et le phénomène que nous baptisons
'tectonique des plaques' n'existe que sur la Terre. Ce continent, qui
représente avec les quelques îles une surface d'environ 38% de la

198
planète, a une orographie comparable à celle de l'Irlande, avec un relief
peu prononcé de "montagnes" très anciennes. En revanche ils nous
décrivent de nombreux volcans ou phénomènes assimilés sous forme de
failles, toujours en activité.
Un seul continent et un seul peuple, parlant la même langue d'un bout à
l'autre du continent. Donc une seule et même société. Toutefois les
Ummites vivent regroupés dans des vastes centres spécialisés, qu'ils
appellent des colonies. Quelque chose de plus grand que nos villes et
peut-être du même ordre que nos "régions", sortes de conurbations
déconcentrées.
Que la situation soit examinée localement, comme dans une colonie, ou
à l'échelle de la planète, la relation que I'Ummite entretient avec la
société est intrinsèquement différente de la majorité des conceptions que
nous vivons sur Terre.
Une société, en général, est d'abord un groupe, plus ou moins grand en
nombre de constituants. Les Ummites emploient aussi la notion de grou-
pe, d'ensemble, de rassemblement, c'est l'objet d'un autre son, transcrit
par les dactylographes espagnols par la lettre Y. Il faut comprendre, pour
nous Français, un son 1 un peu long et un peu "mouillé", à la limite de
"ill", comme dans "famille".
[L'équivalent ummite de notre "mot" société est AYUYISAA. Dont la
transcription est "un ensemble (Y) effectif (A) [d'éléments] dépendants
(U) et différents (1) en équilibre (AA) par permutations (S)". Ce vocable
donne déjà une idée de la richesse informative exprimée, et non supposée
implicite, qu'il véhicule. On y trouve la manifestation d'une règle de
sémantique simple: la notion de groupe doit être répétée autant de fois
qu'elle porte de qualificatifs ou compléments correctifs. La langue
ummite ne permet pas de dire un groupe (Y) [d'éléments] dépendants (U)
et différents (1), parce que cette séquence exprime un groupe dont les
différences sont dépendantes, ce qui ne veut pas du tout dire la même
chose. On a ici un aperçu des difficultés de transposition possibles entre
cette langue et les nôtres.]

Quand on considère un groupe, celui-ci peut être un "paquet" de


composants non liés, comme un sac de boules, par exemple. Les boules
sont indépendantes, et pourtant le paquet en constitue un ensemble.
C'est, en matière de société, une vision que l'on peut qualifier d'indi-
vidualiste. La société n'étant plus alors que la résultante des actions
respectives de chaque constituant, réputé 'indépendant'. Dans un tel type
de société, les contributions des individus au groupe sont considérées

199
comme des accessoires obligés de leur individualité. L'exemple limite est
donné par l'impôt qui est déclaré subi, et considéré comme nécessaire
à regret.
La société ummite ne fonctionne pas sur ce modèle. Pour les auteurs des
documents, sauf cas spécifiques rares, tout ensemble, groupe, est le siège
de liens entre les constituants. Les constituants indépendants n'existent
pas, et nous en verrons l'affirmation éclatante dans la quatrième propo-
sition de la logique tétravalente. De telle sorte qu'un ensemble, un groupe
peut être qualifié de "réseau" au sens que lui donnent les anglo-saxons de
"filet". Par extension, on pourrait aussi dire, en référence au réseau
Internet, qu'un groupe est une "toile" pour un Ummite. Rappelons-nous
au passage que les documents exprimant ces concepts datent de la fin des
années 60 et début 70, alors qu'Internet n'existait encore sans doute que
dans les cartons, puisque les moyens techniques de niveau personnel
n'étaient pas encore apparus.
A tel point que les individus sont assimilés aux "nœuds" du filet, inter-
sections des "fils" qui sont assimilés à des "contributions". A tel point
aussi qu'un constituant du réseau est autant défini par les contributions
qu'il reçoit [convergence des contributions définissant un "nœud"]
que par les contributions qu'il fournit, participant ainsi à la définition
des autres nœuds. On perçoit déjà ici une approche d'une forme de l'in-
terdépendance. La vérité de ces conceptions est naturellement exprimée
en premier lieu par la langue. Celle-ci met en œuvre des vocables très
voisins pour désigner le "point" ou le "nœud", d'une part "1800", qui se
transcrit littéralement par "contribution différenciée dans l'égalité des
composants" ou par IBO qui se transcrit par "entité à contributions
différenciées".
[C'est le son 1 qui porte la notion de différence au sens de non-identité,
comme "autre", "distinct", "différent", étendu à "varié", "séparé". Le son
B porte l'évocation de la contribution, sans extension à des concepts
proches dans nos langues.
On a vu que le son 0 évoque la créature, l'être, le composant. JI s'agit de
la créature au sens large, physique, dans sa réalité "dimensionnelle",
applicable aussi bien à la créature humaine, qu'à la plus petite réalité
dimensionnelle, l'IBOZOO UU! La duplication du son 0 exprime la
mutualité, l'égalité, la symétrie ou l'équilibre. Les entités ont des contri-
butions par définition "comparables" au point de les considérer équili-
brées, égales. On comprend alors pourquoi le point ou le nœud est
désigné par un vocable qui évoque une "différence (1) de contribution (B)
dans un équilibre, une égalité de composants (00)". Et cette désignation

200
est fonctionnelle, aussi bien pour les humains en société que pour les
IBOZOO UU, dont on peut voir qu'ils sont eux-mêmes une sorte de
"point" (segment IBO). On observe que le point est défini par son "émer-
gence", sa différence dans la masse (composants égaux), et plus encore
par la différence de sa participation, de sa contribution. La différence
n'est pas dans l'individu, elle est dans son "produit personnel", sa
contribution: nous avons ici une première trace objective de la pensée
fonctionnelle. Dans cette pensée, les "choses" ne sont pas, elles sont
perçues par ... On constate aussi la différence de signification entre 1800
et IBO, car dans le deuxième cas l'Ummite n'a pas fait référence à la
collectivité des composants, mais au composant isolé. IBO est considéré
par lui-même, alors que 1800 est dans une collectivité.]

L'Ummite se sent donc, à l'instar de tout constituant d'un réseau, rede-


vable de contributions envers les autres éléments, dont il les perçoit
dépendants. En retour il se sent naturellement dépendant des autres. D'où
le début du nom de leur planète: "Dépendance ... ". L'appréciation de "vie
en termitière" qui a pu être donnée par Jean-Pierre Petit me paraît très
négative, à la limite de la provocation un peu méprisante, et en seul
rapport au caractère exacerbé de l'individualisme français. La termitière
n'obéit pas à un choix conscient, au moins dans l'état actuel de nos
connaissances, au contraire des Ummites dans leur société. On pourrait,
à l'inverse, comprendre que leur vision de la société est le résultat d'une
évolution bien plus longue et approfondie que la nôtre, en conformité
avec leur affirmation de plus grand âge de leur population planétaire.

La formule d'identité psychotechnique


Avant d'être un citoyen, I'Ummite est d'abord un enfant, un enfant qui a
été désiré. Le contrôle des naissances est très strict sur Ummo, et ne pas
s'y conformer est une faute grave. Chaque couple se doit de donner
naissance aussi rapidement que possible à son premier enfant, mais ne
doit pas avoir plus d'enfants que sa capacité à éducation. Nous verrons la
formation des couples lors de l'adolescence.
Ce constat pose immédiatement le problème de la démographie. Les
auteurs déclarent être environ 2 milliards d'individus. Sur une planète dont
on peut calculer qu'elle a une surface de 20% supérieure à celle de la Terre,
avec des océans qui couvrent 61,84% de sa surface (021 ). Sur la Terre, les
grands océans représentent 70% de la surface. En considérant la population
de la Terre à 6 milliards d'individus, nous sommes trois fois plus nombreux

201
sur une surface une fois et demie plus petite. Ce calcul ne tient pas compte
de l'incidence possible des zones non habitables (déserts, zones
volcaniques, etc.). Les Ummites annoncent un taux de croissance maîtrisée
de la population d'environ 1,5 à 2% par an équivalent terrien.
La technologie maîtrisée depuis longtemps des investigations par ondes
gravitationnelles autorise la détection et la mesure, à distance, de très
nombreux phénomènes, physiques ou physiologiques. Cette affirmation,
dont je suis parvenu à rendre compte dans le cadre du modèle unitaire,
autorise de très nombreuses détections à distance, par exemple: la mesure
de capacités intellectuelles par détection de trains d'ondes émis, la détec-
tion de virus, et pour ce qui nous intéresse ici, le moment de l'ovulation
chez la femme. Les Ummites peuvent ainsi déterminer la période exacte
qui aboutit à une fécondation réussie à chaque tentative. Et permet, en
complément, une restriction très précise de cette plage de fécondité:
ils disent savoir la contrôler jusqu'à une durée réduite à une période
minimale de 1 h 30!
Chaque individu vivant sur Ummo est caractérisé par une "formule
d'identité psychotechnique". L'expression n'est pas restrictive. En réalité
cette formule est un tableau des "performances" de l'individu selon une
dispersion assez vaste de paramètres allant de la capacité à l'abstraction,
la vue dans l'espace, la facilité d'élocution, la capacité à calculer, la
capacité à mémoriser, l'équilibre des fonctions cérébrales et intellec-
tuelles, l'échelle des réactions émotives, etc ... On conçoit que ce tableau
est la mise en forme d'un potentiel, envisagé par spécialité, et qu'il n'est
pas figé: l'individu peut s'améliorer par l'étude ou la pratique, ou au
contraire perdre des capacités par négligence d'entretien ou pour des
raisons physiologiques.
La "mesure" de ce coefficient est donc faite à trois reprises: une première
fois à une certaine phase du développement in utero, puis à la naissance
et enfin, à la fin des études pour insertion professionnelle réelle.
Cette formule, déterminée en particulier à la naissance, est un véritable
identificateur de l'individu, traduction de son potentiel génétique. Elle va
influer sur toute la vie de I'Ummite, non pas que son déroulement soit
"programmé" dès la naissance, mais en interférant souvent avec celle-ci.
A commencer par son éducation qui va être personnalisée en fonction de
cet identificateur psychotechnique. Les textes ummites ne précisent pas
si c'est pour développer encore plus les qualités détectées ou pour
combler un "retard" à propos de facultés qui seraient défavorisées.
L'éducation de l'enfant est confiée à la mère, à la maison semble-t-il,
et avec l'aide de nombreux accessoires, et un suivi permanent de la

202
progression. A l'instar, sans doute, de nos jeux, mais quelquefois sur-
prenants, si on prend 1'exemple qui nous est décrit pour le développement
des premières facultés cognitives du bébé "premier âge". La femme
ummite "travaille" comme, et autant que, l'homme. Elle est exonérée de
contribution professionnelle pendant l'éducation de ses enfants jusqu'à
leur entrée en école universitaire, à un âge équivalent à treize ans et demi
terriens [les Ummites insistent sur le fait que le temps n'est pas le même
partout, et nous verrons pourquoi cela semble justifié].
L'enfant grandit donc à domicile, en âge et en sagesse, jusqu'à atteindre
l'âge où il va être pris en charge par la société planétaire. Celle-ci lui
assure une formation débouchant sur l'activité professionnelle, à l'issue
d'une durée d'études variant de 2,8 à 6 ans terriens. Cette formation est
dispensée dans des "internats" dans lesquels l'adolescent n'a plus de
contact avec ses parents.
[Les écoles ou universités techniques sont désignées par ONAWO UII ou
UNAWO Un, terme générique suivi de la spécialité ou du nom de la
colonie, lui-même reflet de la spécialité. Le vocable UNAWO est discuté
dans le dictionnaire: il fait référence aux méthodes pédagogiques utilisées
(réflexes conditionnés) et à l'accroissement de l'information. C'est le
vocable un qui est ici le plus intéressant. Sa transcription brute donne
"dépendance (U) limite, frontière, enveloppe (II)". J'ai été un peu intri-
gué par ce vocable, dont je n'ai pas saisi tout de suite la compréhension.
Elle était pourtant claire: l'expression de dépendance d'une limite ou
d'une frontière, c'est "l'intérieur". Ce qui est "intérieur" et tout ce qui s'y
rattache, l'idée d'internat, d'interne pour les individus ou les objets, etc ...
c'est ce qui est défini comme du côté non ouvert de la frontière entre ce
que nous appelons "intérieur" et "l'extérieur". Celui-ci étant, par défi-
nition, de l'autre côté de cette "frontière" [quelle qu'elle puisse être,
puisque seule sa caractéristique de "séparation" est ici prise en compte].
On remarquera toute la force de la structure de ce langage: l'idée générale
de tout ce qui est intérieur et qui s'y rattache, quelles que soient les
conditions, est exprimée à 1' aide de deux idées relationnelles juxtaposées.
D'une part la "dépendance" et d'autre part la "limite" ou la "frontière".
On trouve en même temps une formidable confirmation, logique et
simple, de ma compréhension de cette langue étonnante. Ce vocable
exprime donc l'internat, l'idée du contrôle périphérique 'étanche' autour
des étudiants.]
Ses parents peuvent le voir et le suivre, en vidéo, mais aucun contact
physique, ou vidéo dans le sens enfant vers parents, n'est autorisé.
L'adolescent ne peut voir ses parents. L'idée est pour nous totalitaire: il

203
s'agit de le soustraire à toute influence de ses parents et de le soumettre
à la formation intensive (à base de réflexes conditionnés), aussi bien dans
le domaine "civique" que "culture générale" et socioprofessionnel. Les
Ummites disent que cette notion de "totalitaire" est relative et que nous
sommes victimes, nous aussi et à notre façon, de totalitarismes comme
celui de l'argent, des média et d'autres exemples. Leur objectif est de ne
pas courir le risque, déjà vécu dans leur histoire, d'une éducation
déviante et déformée par certains parents et de soustraire les enfants à
toute influence non conforme aux décisions des Ummites législateurs.
Pendant la fin de sa formation et jusqu' à ce qu'il forme un couple,
[OMGEEYIE, qui se transcrit littéralement par "créatures réunies
homme femme"], il commence à contribuer professionnellement à la vie
d'UMMO. Un peu comme nos étudiants "post-bac" ou thésards.
Le choix de la profession qu'il ou elle exerce lui est librement laissé,
mais avec des incidences importantes sur sa vie. La société d'UMMO lui
assurera toujours, en contrepartie de son activité professionnelle, une
nourriture équilibrée et personnalisée, en quantité suffisante. Elle lui
assurera aussi toujours, comme un dû de la collectivité en contrepartie de
son travail, un logement suffisant, équipé et adapté à la taille de sa
"famille", et donc les moyens de s'habiller, de se distraire et de méditer,
ainsi que les moyens de communiquer et de se soigner, sans doute dans
les limites de son respect des principes diététiques et de discipline de vie.
Il faut noter ici une autre différence fondamentale d'attitude entre les
Ummites et nous, vis-à-vis de la maladie et des soins. Pour les Ummites,
la maladie n'est pas une fatalité. Ils ont une connaissance suffisante
de l'incidence de la nutrition et de la discipline de vie sur l'équilibre
psychophysiologique pour détecter, dans le cadre d'un suivi assez fin, les
comportements générateurs d'écarts et de pathologies. A cet égard, les
documents ne parlent que de causes nutritionnelles ou psychologiques
aux désordres somatiques. L'Ummite a reçu la formation nécessaire et
dispose à la maison d'un "équipement informatif' pour obtenir l'infor-
mation désirée (une sorte de "Super Internet" accessible sans frais
üe suppose sans publicité], et décrit en 1967-68). Il est donc considéré
comme responsable, vis-à-vis de la communauté sociale, des avatars de
santé que son comportement a pu causer. Nous sommes là à l' opposé de
nos conceptions de liberté, qui font payer par la collectivité, et indirec-
tement par nous-mêmes, mais sous couvert de mutualisation, les consé-
quences de nos écarts de comportement. Tout est dans l' appréciation
de la liberté, mais comme l'écrivent les Ummites, les modes de vie en
société sont le reflet du développement et sont spécifiques: il ne doivent

204
pas faire l'objet de tentatives de transposition, sans grande maturation
préalable et rien n'est immédiatement transposable.
Du travail, un logement, de quoi se nourrir, de quoi "se distraire", de quoi
contribuer à l'évolution collective G'appellerais volontiers cela de
"l'associatif psycho-méditatif'): il s'agit là des "prestations" standards
de base de la société. Dans lesquelles des notions comme le luxe, le
superconfort tels que nous l'entendons, sont complètement étrangères.
L'Ummite est responsable personnellement, vis-à-vis "de ses frères", de
la société et des siens, de la bonne exploitation de sa formule d'identité
psychotechnique. Voilà une nouvelle différence, fondamentale, avec
toutes nos sociétés. Nous ne sommes évidemment pas capables de
déterminer, et encore moins de mettre en œuvre psychologiquement ce
type de formule.
Cette société, qui présente à de nombreux égards les caractéristiques d'un
régime totalitaire collectiviste (selon notre vocabulaire, témoin de notre
appréciation des choses!), instaure la responsabilisation individuelle
vis-à-vis de la collectivité pour "récompenser" ses membres. Sanctions
à l'appui! A l'opposé de tous les comportements constatés sur Terre.
Les individus ne sont pas tous pareils, heureusement. Ils sont même,
là-bas aussi, tous différents. Encore que les auteurs disent que la disper-
sion des potentiels intellectuels est beaucoup moins grande sur leur
planète que sur la Terre. Ils en ont même été très étonnés, disent-ils. Et
cette formule, qui les individualise, définit à leur propos une "apprécia-
tion" d'ensemble qui détermine les niveaux de contribution responsable
auxquels ils peuvent prétendre.
Les cent vingt meilleurs profils de la planète sont, par périodes, appelés
à faire partie du "conseil de surveillance" d'UMMO. Et les quatre
meilleurs parmi ceux-ci, c'est-à-dire ceux qui ont le plus fort potentiel
de la planète, forment le "Gouvernement Central d'UMMO"
[UMMOAELEWE]. Nul ne peut se dérober à cette obligation, si sa
"formule" l'y conduit. Voilà encore une différence très notable avec les
méthodes que nous pratiquons pour choisir nos dirigeants politiques, et
que les Ummites ne manquent pas de souligner.
Il existe donc une échelle des "formules" et une échelle des contributions
qui en sont attendues. A ce point de connaissance de la société ummite,
on pourrait penser qu'il n'y a aucun intérêt à exercer un travail
d'ingénieur si une activité d'ouvrier assure le fond de la matérielle. C'est
pourquoi les Ummites ont introduit l'échelle des contributions. Elle est
très dure: un potentiel double exige, pour un même niveau de "confort",
des contributions quadruples. En réalité la formule nous est présentée

205
mathématiquement: la contribution minimum exigée (celle qui assure
la matérielle de base) varie comme le carré du coefficient d'identité
psychotechnique. Et donc à coefficient triple, contribution minimale
exigée neuf fois supérieure! Heureusement que l'échelle n'est pas aussi
ouverte!
Si l'individu ne fournit pas le minimum attaché à son potentiel, il se voit
progressivement (s'il persiste, et jusqu'à redressement) privé de tout ce
qui n'est pas strictement indispensable à sa survie, de telle manière que
l'Ummite s'efforce d'être performant. Et c'est ici qu'intervient un autre
aspect de sa formule d'identification et du choix d'exercice professionnel
qu'il fait en sortant de sa formation.
S'il choisit la profession pour laquelle sa formule est la plus adaptée, il
sera au maximum possible de qualité des contributions qu'il fournira.
Quitte éventuellement à s'installer dans une colonie éloignée où un poste
est disponible pour cette spécialité.
Si, en revanche, il choisit une activité pour laquelle sa formule est moins
adaptée, il ne pourra jamais exploiter pleinement son potentiel. Sauf à en
être persuadé lui-même, mais les Ummites disent que le cas arrive très
rarement.
D'où l'importance du choix de l'activité professionnelle.

Les ordinateurs (contribution à la vie sociale)


Il n'y a pas d'argent sur UMMO. Mais il y a des ordinateurs. Avant de
décrire plus avant l'intervention des ordinateurs dans la vie des Ummites,
rappelons-nous que ces documents ont été diffusés à partir de 1966, et
que la disponibilité des ordinateurs était encore réservée, sur Terre,
aux structures lourdes, grosses industries ou structures de recherche ou
d'enseignement. Les machines étaient tellement chères et leur fonction-
nement tellement coûteux que j'ai vu vendre, au tout début des années 70,
du temps de gros ordinateurs de l'époque en secondes, unités de factura-
tion. Il existait même un centre de calcul mondial au cœur des Etats-Unis,
qui groupait un certain nombre de machines interconnectées, un peu dans
le style décrit par les Ummites. Avec des machines à "l'âge de pierre" en
regard des performances décrites par les auteurs. Un certain nombre de
concepts développés dans ces documents, comme la miniaturisation,
l'ordinateur domestique, les réseaux d'ordinateurs (que l'on n'osait même
pas encore imaginer sur Terre) ont pris place dans l'intervalle. Les auteurs
s'ils sont terriens, ont dû faire preuve d'une très grande sagacité dans leurs
estimations des futurs possibles. Cela, sans parler de l'architecture et des

206
performances qu'ils décrivent de leurs machines. On trouvera plus loin
un aperçu plus technique de leur fonctionnement.

L'argent n'est pas nécessaire, puisqu'il n'y a pas de commerce. En effet,


pour des biens comme la nourriture ou les vêtements, du fait des
méthodes de production, l'offre est toujours supérieure à la demande, ce
qui enlève toute éventuelle valeur marchande aux objets concernés. De
toute façon il n'y a qu'un fournisseur, c'est la structure de gestion de la
société ummite. Si transaction il y a, ce ne peut-être qu'avec la structure
centrale de gestion, et elle a décidé d'évaluer en "points". La notion de
valeur existe, mais pas la notion de commerce ni d'échange entre
citoyens. L'offre en consommables vitaux est présente au niveau de
l'organisation de la société. Chaque "citoyen" de la planète y a accès en
échange du niveau minimal de son travail. Il n'existe pas d'offre alter-
native. Pour les biens ou services dépassant le strict minimum de vie, la
demande citoyenne existe, mais l'offre est exclusivement d"'Etat" et
payable seulement en bonifications de travail.
Chaque citoyen ummite est donc enregistré dans une énorme centrale
planétaire d'ordinateurs qui suit le déroulement de sa vie, dans tous les
compartiments possibles: la santé, la connaissance, la formule d'identi-
fication, les performances professionnelles, les performances aux "jeux",
etc ... L'immatriculation de l'individu dans le système est faite auto-
matiquement par le biais d'un terminal spécialisé équipé de capteurs à
distance qui enregistre la fécondation de l'ovule, c'est-à-dire le "top
départ" de la vie de l'Ummite, de même qu'il enregistre la première
éjaculation, qui est le "top départ" de la vie du couple!
L'horreur de Big Brother, plus vraie que tout ce que l'on peut imaginer.
Bien sûr, les Ummites n'en parlent pas du tout dans ces termes, mais il est
clair que pour pouvoir "récompenser" correctement et justement la perfor-
mance personnelle, expression de la contribution de l'individu à la vie de
la planète, il est nécessaire de pouvoir suivre avec un niveau de détail suf-
fisant les activités de celui-ci. Cet enregistrement n'est pas indiqué comme
tel dans les textes, sans doute pour ne pas "choquer" ou provoquer un rejet.
Le fait est même tout juste suggéré. Et pourtant la compréhension de la
langue à laquelle je suis parvenu montre que le concept est clairement porté
par le vocable qui qualifie leur système de centrale d'ordinateurs.
Je cite le texte, extrait du D 119:

"En premier lieu les unités de MEMOIRE (XANWAABUUASII)


n'utilisent pas comme ceux de la Terre, des Bandes magnétiques, des

207
Disques magnétiques, toroïdes de Ferrite ou des tambours, Ils 'agit en
fait de petits cubes de TITANE cristallisé chimiquement pur. "

Et la transcription de ce vocable, XANWAABUUASII donne littéra-


lement "transfert par cycles actifs (XAN) (pour] les informations (W)
d'égalité effective (AA) des contributions (B) de dépendance (U) néces-
saires, obligatoires (UA) au quotidien, par jour (SII)". Le segment XAN,
que l'on retrouve dans XANMOO, qui désigne l'ordinateur, en réalité le
mot "processeur" est bien plus proche de leurs descriptions, traduit le
mode de fonctionnement qui est détaillé dans une note très technique.
La meilleure transcription, "littéralement" de UASII est pour moi "obli-
gations (UA) quotidiennes (SII=XII)". Ce qui désigne ces unités de
mémoire comme des "[réservoirs] d'information, par transfert sur
fréquences actives, sur les contributions obligatoires quotidiennes à
l'équilibre effectif, à la stabilité".
Dans ces conditions, quel est l'homme de la Terre qui a inventé toute
cette logique culturelle, et toute la cohérence linguistique qui la supporte?
En développant cette si curieuse langue "idéophonémique"? et surtout
pour demander à tous ses lecteurs de ne pas diffuser ses documents?
Je prétends que l'on a ici un facteur de cohérence très fort avec la réalité
du contenu des textes, à savoir qu'ils ont été dictés, comme l'affirme leur
contenu, par quelqu'un d'étranger à la Terre et à ses pratiques.

Mais revenons à l'usage de ces ordinateurs, ou plutôt de ces mémoires.


Ce sont des machines de services, qui fonctionnent en réseaux et sont
toutes interconnectées. Description faite d'une réalité supposée en 1967
et que nous commençons à aborder, sans encore atteindre l'extensivité,
en 2000. On peut toutefois mieux comprendre et imaginer, aujourd'hui en
2000, ce qu'un immense réseau d'ordinateurs peut être, en extrapolant
notre vécu des débuts actuels d'Internet. Des formidables vitesses et
puissances en plus.
Chaque maison, ou site de vie, est relié à ces réseaux et assure les
services d'enregistrement (automatique ou déclenché) des données
individuelles ou domestiques destinées à être traitées. Par exemple, dans
le domaine de la santé et du suivi "médical" en général, si un enfant
présente des troubles (on penserait volontiers à un refroidissement ou une
maladie infantile), il est mis en position de télédiagnostic, les capteurs
à ondes gravitationnelles (UAXOO) transmettent au site central les
données et celles-ci sont d'un part mémorisées, pour l'historique de
l'individu, et d'autre part traitées en termes de diagnostic. La réponse

208
arrive aussitôt avec les préconisations de soins (essentiellement alimen-
taires par un régime de vitamines et/ou sels minéraux) ou de discipline de
vie. La notion de médicament n'est pas abordée et ne "colle" pas avec la
philosophie qui se dégage des textes. Les Ummites soutiennent qu'ils ont
une attitude préventive, impliquant une hygiène de vie en rapport et un
mode d'alimentation assurant la permanence et l'équilibre de tous les
apports nutritifs, y compris vitaminiques. Au point que chaque Ummite a
son récipient personnel (IOAOOI) pour les "aliments liquides" (UAMll
GOODAA), car les liquides ont des teneurs personnalisées en stimulants
et adjuvants divers.
Ils expliquent d'ailleurs qu'ils ne sont pratiquement jamais malades, du
fait de leur bonne gestion préventive de la santé. En ne manquant
pas d'insister, au passage, sur le caractère anarchiquement déplorable,
monstrueusement coûteux et inéquitable de nos attitudes de gestion dans
ce domaine. Si encore leurs remarques étaient sans fondement! . . .
Le branchement de la maison au réseau d'ordinateurs sert aussi à la
formation ou aux scènes de "visioconférence en pied" avec des corres-
pondants très éloignés. Ces séances ont lieu dans une partie dédiée de la
maison. J'en parlerai un peu plus loin.
De la même façon que la connexion domestique permet 1'enregistrement
de données médicales, y compris par exemple pour assurer l'information
sur le déroulement du processus de l'ovulation de la femme, surtout dans
Je contrôle des naissances, l'ordinateur sert aussi à enregistrer tous les
éléments contributifs à la société de chaque individu, quel que soit son
site d'activité. Le captage des données se fait naturellement sans inter-
vention humaine, impensable quand on essaie d'envisager le volume de
données à traiter et les implications de sa collecte.
Chaque foyer ummite dispose, dans la mémoire de l'extraordinaire
centrale de traitement, d'une espèce de "compte" qui tient le solde d'une
sorte de points ou d'unités de compte. Ce solde, alimenté par les équiva-
lents des contributions qui atteignent ou dépassent les minima requis,
permet au ménage d'améliorer les équipements de sa maison, ou
"d'acquérir" des objets complémentaires. Les points commencent à
s'accumuler dès l'Université Internat.
Quand je dis "acquérir", il faut comprendre qu'il n'y a pas plus de
propriété individuelle sur UMMO que d'argent. Ce que I'Ummite peut
"acquérir", c'est Je droit de jouissance d'un bien ou d'un service,
ponctuellement ou pour une durée en rapport avec l'utilisation qu'il a
projetée ou sa capacité à en assurer le "financement". Les Ummites
utilisent le terme, pris dans nos langues, étonnant dans ce contexte mais

209
très précisément parlant, d"'usufruit". Nous préférons dire, dans des
situations comparables, que nous avons la "jouissance" d'un bien ou d'un
service.
C'est pourquoi les Ummites nous ont donné la liste des catégories de
"biens" ou services disponibles. Je cite un extrait du 0119:

"Nous avons un système de codification des biens, très complexe et


soigneusement classé par type, de façon qu'à chacun s'assigne une série
de chiffres qui le représente. Ils sont classés dans les GROUPES
suivants. Tous sont économiquement évaluables.
OUMBOOBUUA (Biens- SERVICES MENTAUX Comme des travaux
de calcul mathématique, 1'Inspection de la pureté de la communication
phonique. Contrôle Psychotechnique Infantile et beaucoup d 'autres.
(Y compris des formes de RECREATION)
[Dans ce vocable OUMBOOBUUA, le segment OUM est commun à
tous les "biens" comme on le verra ci-dessous. Je le transcris, de façon
brute, par "entité, être, réalité dimensionnelle (0) dépendance (U) juxta-
position, réunion, association (M)". Il n'y a pas de propriété individuelle
sur Ummo: la propriété est le fait de la communauté planétaire. Donc le
terrne traduit par "biens" n'évoque certainement pas ce que nous mettons
derrière ce vocable. Rappelons-nous d'autre part que le citoyen ummite
n'est que "locataire", ou mieux "dépositaire" des biens mis à sa disposi-
tion. Leur méthode d'évaluation n'intervient pas ici. Il est une créature
(0) qui a mérité le droit d'utilisation par son rendement de services,
d'objets, qui en sont donc dépendants (U), mais qui ne lui sont que
juxtaposés, associés (M). Voilà pourquoi tous les "biens" commencent
par le segment "OUM".
L'explication de ce segment constitue une très intéressante justification
de la structure linguistique que j'ai identifiée. Et manifeste bien
l'excellente cohérence du dossier.
Je retrouve d'autre part le segment BOO qui exprime les services
[contributions (B) dans l'égalité des créatures (00) impliquant une
symétrie, une réciprocité et même une mutualisation].
Et enfin le segment BUUA, que je lis "contribution (B) dépendance (U)
nécessaire, obligatoire (UA) [le nécessaire ou l'obligatoire étant caracté-
risés par la validation active (A) de la dépendance (U), c'est-à-dire
quelque chose dont on est "effectivement dépendant")", c'est-à-dire "les
contributions soumises à obligation". Celles qui font appel à l'intellect,
donc aux liens obligés avec l'esprit collectif. Nous dirions "intellectuels".
Le vocable complet OUMBOOBUUA désigne donc "des contributions à

210
égalité pour les créatures (BOO), à disponibilité conditionnelle de celles-
ci (OUM), et de nature intellectuelle (BUUA)".
OUMBOOMIIA (Biens sous forme de Services qui demandent de la
motricité physiologique - mains, pieds, thorax... - comme la manipu-
lation d'outils, réparation d 'instruments de recherche, chirurgie...)
OUMYASAA/1 (Biens de Volume ou de superficie Naturelle, comme des
aires de terrain, Volumes de sous-sol, Volumes spatiaux - dans ou en
dehors de l'espace atmosphérique.)
[La décomposition de ce vocable est aussi intéressante, par rapport à la
traduction donnée, car on trouve naturellement OUM, exprimant le
caractère dimensionnel et conditionnel de la mise à disposition, mais le
vocable contient aussi YA qui exprime la réalité effective (A) d'un
ensemble, paquet, volume (Y). Un volume sphérique ou curviligne,
comme un réservoir par exemple sera précisé YAA, à cause de la
symétrie. On y trouve aussi SAA qui exprime l'équivalent de YAA, mais
sur un plan, c'est-à-dire une surface, une zone, un emplacement, consi-
déré comme circulaire. Et on trouve enfin II qui exprime le caractère
limité, délimité, sous frontière ou enveloppe pour les volumes.
Ce qui donne au vocable une lecture de "[mise] en relation de dépendance
des créatures (OUM) de volumes effectifs (YA) et surfaces (SAA)
délimités (Il)"].

OUMDAA DOAA (Biens de Consommation Alimentaire, vêtement,


AARBI OMAIU (espèces de pastilles de Titane dans lesquelles ont peut
graver des sons. Equivalent aux Disques et Bandes de Magnétophones de
la Terre) objets décoratifs, meubles... mais aussi comme l 'ENERGIE.)
OUMWI AA (Biens d'Equipement comme les appareils industriels, les
véhicules, les constructions, etc.) (Y compris tout genre d 'instrument de
laboratoire). "

La planète, le climat et la nature


La planète Ummo est donc un peu plus près de son étoile que la Terre ne
l'est du soleil. Les Ummites nous disent que leur étoile JUMMA est le
siège de très fortes variations du champ magnétique, qui se font sentir sur
Ummo avec une force que nous ne connaissons pas. Avec des pointes
supérieures à 200 gauss, alors que sur Terre nous atteignons péniblement
quelques gauss.
Cette considération a des incidences sur plusieurs autres paramètres de la
vie des Ummites. Tout d'abord, ces variations importantes et apparemment

211
imprévisibles du champ magnétique ont très vite fait obstacle, dans
l'histoire de la planète, à l'utilisation de tout dispositif magnétique
qui s'en trouvait perturbé de façon aléatoire. C'est ainsi qu'ils n'ont
pratiquement pas développé de système de communication à base
d'ondes électromagnétiques, au moins dans l'environnement planétaire
proche, ou alors au prix de problèmes immenses de blindage.
Que penser alors des savantes estimations de nos astronomes chercheurs
de vie extraterrestre, faites à propos du projet SETI? Nous écoutons
les étoiles, et leurs hypothétiques planètes, sur des fréquences électro-
magnétiques en partant du principe que d'autres supposées civilisations,
au moins aussi développées que nous, auront aussi maîtrisé de ce fait
1' émission électromagnétique.
Nous connaissons maintenant au moins une raison justifiant pourquoi
nous n'avons encore jamais rien reçu d'Ummo.
En revanche, les Ummites disent avoir mis à profit, autrefois, ces varia-
tions du champ magnétique pour produire du courant électrique dans
d'immenses boucles de câbles enterrées. C'est en effet une propriété
connue sur Terre depuis plus d'un siècle, à la suite des travaux de
Foucault: si on met un conducteur électrique dans un champ magnétique
variable, il apparaît aux extrémités de ce conducteur une différence de
potentiel, que l'on peut "convertir" en courant.
Les Ummites nous écrivent que ces techniques ont été abandonnées
(on peut se référer aux difficultés que nous rencontrons dans le stockage
de l'électricité, par exemple) au profit de la construction d'énormes
centrales de collecte de l'énergie de rayonnement de leur étoile. Ils citent
en particulier un très grand centre, construit sur le plateau de SIUU.
[Ce vocable est un nom propre, qui pour nous, désigne un nom de lieu.
A la suite d'une remarque des textes, puis de la découverte de la structure
de la langue, j'ai constaté que tous les noms, communs ou propres, étaient
obligatoirement descriptifs, puisque tous les sons émis sont signifiants. Je
veux dire qu'ils peuvent se lire et portent une signification, comme quand
dans un pays francophone quelqu'un s'appelle BOULANGER,
DUMONT, DUJARDIN ou DUVIVIER, LORPHELIN, LELIEVRE,
etc ... M'étant dit que les noms propres de lieu devaient avoir aussi une
signification, j'ai cherché à propos de ce vocable. Il exprime "cercles (S)
différence (1) dépendance (U) continue (U)", c'est-à-dire "cercles en
dépendances continue des différences". Ce qui laisse supposer que ce
plateau servait déjà aux circuits de fabrication "planétaire" de courant.
Pour de plus amples explications, on se reportera au dictionnaire des
noms propres.]

212
Pour revenir au climat, les Ummites donnent assez peu d'indications. Il
citent toutefois des ouragans très violents, qui transportent du sable en
suspension et deviennent ainsi des abrasifs terribles que tout le monde
fuit. Il neige aussi sur Ummo, et sans doute plus souvent que sur la Terre,
puisque la température moyenne y est seulement d'environ 3°C. Il y a
aussi des phénomènes que leur nom fait assimiler à nos tempêtes
d'équinoxes.
La planète UMMO tourne autour de son étoile beaucoup plus vite que ne
le fait la Terre autour du Soleil. En considérant des segments de temps
comparables, la durée du XEE, l'équivalent année de UMMO, est
0,212 fois celle de la Terre. Ce qui donne environ 2,5 mois terriens. Avec
une excentricité très faible, et une inclinaison de l'axe de rotation de la
planète qui laisse peu de place à notre concept de saisons.
[Le vocable XEE est intéressant à plus d'un titre. Il a tout d'abord été
un des deux "mots"-clés, avec XII, qui m'ont permis d'entrevoir
l'équivalence "son-idée" de la langue ummite. Puisque j'en ai déduit la
signification du X (GS), pour "révolution, rotation, tour". Sans entrer
dans le détail, le son doublé EE évoque la "codification", la "modéli-
sation", c'est-à-dire la substitution de la réalité par une construction de
l'esprit, jugée représentative. On comprend alors pourquoi XEE, qui se
transcrit par "organisation, agencement (G) rond, cercle, tour, cycle (S)
codifié, modélisé, programmé (EE)", c'est-à-dire "un cycle organisé et
programmé" décrit une trajectoire circulaire, et plus généralement une
orbite et la durée qui lui est associée. On comprend aussi alors pourquoi
XII, qui se comprend par "organisation, agencement (G) rond, cercle,
tour, cycle (S) délimité, sous enveloppe, localisé, confiné (II)", c'est-à-
dire "un cycle organisé et localisé" évoque la rotation sur soi-même,
c'est-à-dire ce que nous appelons le 'jour' à propos d'une planète, et la
durée correspondante.]

Les documents décrivent une trajectoire complexe autour de l'étoile de


leur système planétaire, trajectoire qui fait intervenir une deuxième
planète. Ils pensent avoir identifié leur étoile à celle que nous avons
répertoriée sous le nom de Wolf 424, à une distance d'environ
14,6 années-lumière. Mais ils ne sont pas affirmatifs et proposent aussi
d'autres identifications. Je pense, pour ma part, que ce flou procède de la
volonté de non-assertion de données trop vérifiables. Dans le cadre d'une
information voulue limitée et non démonstrative. Nos astronomes ont
établi que Wolf 424 était une étoile double, et certains ufologues
(les sceptiques) se sont précipités sur ce constat pour "démontrer" que le

213
dossier UMMO était une supercherie. Une information ne fait pas tout un
dossier, surtout quand on se réfère à la "vérité" de celles qui sont publiées
au nom de l'ufologie (voir le chapitre consacré à ce point). Mes connais-
sances en techniques astrophysiques sont insuffisantes pour trancher par
moi-même, mais sur quels éléments, mesurables depuis la Terre ou sa
proche banlieue (Hubble), nous fondons-nous pour affirmer le caractère
double des étoiles? Des scientifiques dont un astronome amateur
reconnu, se sont penchés sur les contenus "astronomiques" du dossier
Ummo. Les données sont en excellente compatibilité avec les lois de
Kepler et Newton. Des vérifications sont en cours, mais le travail est
long, car exercé dans un cadre non professionnel.
Une particularité est due à ces variations du champ magnétique, qui font
naître dans presque tous les ciels 1'équivalent de nos aurores boréales, et
dont les strates varient en longueur selon la distance à l'équateur de leur
planète. C'est à propos de ces sortes d'aurores boréales que des indi-
cations de couleurs comme magenta (sorte de rouge) ou cyan (sorte de
bleu) sont données. Les quelques rares autres indications sont données à
propos de l'éclairage de la maison, selon l'activité de ses occupants.
La Terre est très légèrement aplatie aux pôles. Ummo est le siège d'un
phénomène comparable. Notons la remarquable cohérence scientifique
de ces documents, dont les indications se justifient mutuellement, sans
que les auteurs le soulignent. La rotation d'UMMO est explicitement
évoquée dans la durée d'un jour (XII), sensiblement plus long que le
nôtre, équivalent à environ 30,92 heures terriennes. A aucun moment les
auteurs n'ont donné d'équivalence de temps faisant intervenir notre
subdivision sexagésimale, ils donnent toujours les fractions en centièmes.
Les Ummites parlent à plusieurs reprises des volcans en activité. Ce
ne sont pas des montagnes comme les nôtres, mais des failles, de gigan-
tesques fentes béantes dans le sol et qui crachent un mélange enflammé
de méthane-pentane-oxygène. Le nom même de ces formations
géologiques évoque le caractère "sous-jacent et permanent (OA) de leur
constitution (G)". Il y a aussi sur Ummo des zones géographiques plus
particulièrement volcaniques.

Les textes sont assez avares de descriptions détaillées aussi bien de la


flore que de la faune. Pour la végétation et tout ce qui s'y rattache comme
les fruits, j'ai relevé un maigre total de onze évocations.
Ainsi les Ummites parlent de deux fruits dont ils se nourrissent. Un fruit
de grande taille, l' AIMMOA, avec une saveur suave, une pulpe de
structure alvéolaire et une composition féculente très riche en hydrates de

214
carbone, sans graisse et qui a constitué sur leur planète, depuis des
époques très anciennes, l'aliment de base de l'homme de Ummo. Un peu
comme le fruit de l'arbre à pain (artocarpus) au Sri Lanka ou en
Polynésie. Ce fruit possède un cœur, ou endocarpe, qui est enlevé avant
la découpe en rondelles, ce qui me fait penser à une sorte d'ananas qui
aurait un contenu à alvéoles comme la grenade.
Et un autre fruit, I'INOWII, dont ils disent seulement qu'il a la pulpe
jaune.

Ils parlent de deux plantes aromatiques qui sont utilisées, l'une


pour servir de base à des essences de parfums pour le bain et l'autre,
EDIEEDI, décrite comme aquatique et filamenteuse, très douce, à
longues tiges et que l'on peut mâcher (cette description évoque pour moi
une forme proche du papyrus). Elle a été utilisée par les ouvriers, véri-
tables esclaves, qui construisirent la centrale énergétique de SIUU. Elle a
les vertus d'une drogue douce, permettant un décalage des perceptions et
autorisant l'évasion. Un peu comme Je chanvre indien, mais on ne la
fume pas. Je cite le passage du 043:
" .. .parlait doucement aux centaines d'hommes qui l'écoutaient en silence
tout en mâchant les longues tiges de EDIEEDI (PLANTE AQUATIQUE
FILAMENTEUSE, TRES SUCREE) ... " [c'est UMMOWOA qui parle,
après le travail, aux autres ouvriers esclaves qui construisaient la
centrale, NdA ].
[Ce vocable EDIEEDI est intéressant, car il véhicule des idées qui ne
sont pas directement rattachées à sa traduction, mais au contexte, comme
c'est très souvent le cas. Je le transcris en effet par "[une plante] avec
perception (E) de manifestations (D) émotives (lE) variées (1)". Voir
le détail dans les noms communs. Cette herbe du bord de l'eau, aroma-
tique et douce est décrite à travers sa consommation par les "travailleurs
forcés, esclaves" d'une construction gigantesque, après le travail. Comme
pour s'évader, oublier et se reposer. Toutes les caractéristiques d'une
drogue douce. Elle fait penser inévitablement aux feuilles de coca que les
Terriens consomment en Amérique du Sud, aux feuilles de khat qui sont
consommées au niveau du Yémen ou de l'Ethiopie, ou à la kola, mâchée
dans l'Afrique de l'Ouest.
Le lecteur notera que toutes ces indications sont directement déduites de
"l'étymologie" du vocable et de la construction particulière, inconnue
sur Terre, de cette langue, et ne sont absolument pas induites par la
traduction indiquée. Je prétends que ce constat exclut que les textes et la
langue qui s'y rattache, soient d'une quelconque origine terrienne.

215
Je déduis de ce vocable et de son contexte que la nature humaine est
comparable, quel que soit le point de vue cosmique, et que nous sommes
(au moins les Ummites et nous) faits d'un même "bois" conscient, même
si des différences biologiques nous distinguent. La vérité est dans le sens
des "mots". Je trouve, ici aussi, un élément de confirmation de la "vérité
objective, intrinsèque" des textes.]

Quelques arbustes ou arbres sont évoqués, en particulier I'OBUANNAA


qui est un arbre très haut, au moins aussi grand que les séquoias
d'Amérique du Nord, et une ou deux plantes comparées à nos fougères.
Rien n'est dit sur la répartition géographique des arbres ou arbustes.
Nous savons que sur la Terre les sapins, par exemple, ne poussent pas
partout, et nous pouvons donner les conditions d'altitude ou de latitude
qui leur sont favorables. A ce sujet, les documents d'Ummo ne
fournissent aucune indication de ce genre.
Pour le règne animal, les descriptions ne sont pas plus généreuses.
Les auteurs nous parlent d'une sorte de singe qui ressemble à nos chim-
panzés, mais qui est en plus, disent-ils, très intelligent. Ils le désignent
comme une espèce d'animal anthropoïde. Son nom suggère, selon ma
lecture, qu'il vit en bandes, sans territoire vraiment fixe.
Ils décrivent succinctement deux mammifères dont ils consomment le lait
pour "assaisonner" leur alimentation.
D'abord un mammifère aquatique dont la forme rappelle de loin le
dauphin et qui vit dans les profondeurs des mers polaires. Cet animal
est domestiqué selon une technique futuriste en 1967/68, mais dont
1' expérimentation a commencé en 1999 sur Terre. Les essais actuels
portent sur des brebis chez lesquelles on crée le réflexe conditionné de
venir chercher leur nourriture sur émission musicale. Lorsque Je réflexe
est bien installé, on passe à la traite. Les auteurs nous expliquent que les
animaux de ce type sont domestiqués pour recueillir le lait des femelles,
comme nous le faisons pour les vaches. Il s'agit ici d'un mammifère
marin et cet animal est décrit comme vivant librement, mais sous contrôle
d'un implant grâce auquel les Ummites commandent son retour à la
"ferme" pour la traite.
L'autre mammifère décrit est volant. Il n' y a pas d'oiseau au sens
zoologique du mot sur Ummo. Ce mammifère est herbivore et son
système d'aile n'a rien de commun avec celui des chauves-souris et
apparentés, qui sont les seuls mammifères volants de la Terre. Cet animal
fait aussi l'objet d'une traite, réalisée sur des animaux vivant en grand
nombre en liberté. En me fiant à la lecture de son nom, il est rendu captif

216
régulièrement, sans doute pour la traite ou pour les périodes de lactation.
Il y a ensuite une sorte de caméléon qui prend l'aspect des lichens
jaunâtres de la région dans laquelle il vit. Il est désigné par une locution:
OERUU JIOSSAUUJGAA.
[La décomposition brute en équivalents de nos idées conduit à "entité,
créature, être (0) représentation mentale, image mentale, perception (E)
copie (R) dépendance (U) continue (U)", ce que je reformule par "entité
(0) perçue, ressentie (E) par la copie (R) en dépendance continue (UU)"
[allusion à son mimétisme avec l'environnement]. OERUU se transcrit
ainsi par "créature perçue [par son] imitation dépendante continuelle".
L'autre terme de la locution IJOSSAUUIGAA est beaucoup plus riche
de signification et descriptif. En effet, le segment GAA exprime "orga-
nisation, agencement (G) équilibre effectif, égalité de fait (AA) [voir
combinaisons courantes]", c'est-à-dire "l'organisation de l'égalité effec-
tive": "carré, panneau" (voir le vocable). Le segment AUUI exprime
"vérité, action, effectivité (A) dépendance (U) particulier, spécifique,
spécial (UI) [voir combinaisons courantes]", c'est-à-dire "dépendance
spécifique effective". Le segment SS évoque "rond, cercle, tour, cycle
(S) en symétrie, à égalité, en équilibre, en équité, en réciprocité (S)",
c'est-à-dire "tour à tour". Le segment HO exprime "isolement, limite,
frontière, enveloppe (Il) entité, être, existence, créature, composant (0)'',
c'est-à-dire "l'enveloppe de la créature" ou "la peau". Le vocable
complet désigne "[un être dont] la peau a une organisation particulière
d'égalité réelle, tour à tour effectivement dépendante".
Si bien que cet animal vertébré, d'un comportement proche de nos
caméléons, est donc dénommé comme "créature perçue [par son] imi-
tation dépendante continuelle (OERUU), dont la peau a une organisation
particulière d'égalité réelle, dépendant effectivement de cycles perma-
nents (IIOSSAUUIGAA)".]

Cette désignation-description exprime idéalement le comportement


mimétique, dans sa dynamique. Notons au passage la précision de nos
langues, mais leur rigidité: le concept s'exprime en deux de nos mots:
"comportement", qui véhicule une dynamique de successions d'états
corrélés en réaction à des stimuli intérieurs ou extérieurs à la créature
considérée, et "mimétique", qui évoque la copie et auquel nous avons
ajouté l'idée d'intention de "camouflage" ou "d'identification". La
logique aristotélicienne d'évocation de nos mots et leur précision nous
conduit à développer, dans un langage évolué, un catalogue de 80.000
"désignants", sans compter les formes verbales. Et dans cette curieuse

2l7
langue, nous n'avons que dix-huit idées, quasiment toutes relationnelles,
dont l'assemblage conduit à des descriptions aussi précises, en tout cas
témoins d'une structure mentale et d'une logique d'expression franche-
ment inconnues.
Un dernier animal est décrit sous le vocable OOGIXUAA. Il s'agit d'un
reptile, dont les Ummites déclarent aimer manger la viande, "savoureuse
et ambrée". Ils poursuivent par (041 ):
"L 'OOGIXUAA correspond à une espèce de vertébré qui n'existe
pas non plus sur Terre et qui a des caractéristiques propres aux reptiles
terrestres. Son cou et sa queue sont longs. Les quatre extrémités
présentent une morphologie particulière que nous n 'avons trouvée sur
aucun animal de votre planète (des sauriens actuels ou antédiluviens).
Nos plus grands "exemplaires" peuvent atteindre presque un ENMOO
(un ENMOO équivaut à 1,87 mètres).
Sa viande est la plus appréciée sur UMMO, et nous sommes certains que
les palais terrestres, s'ils étaient dépourvus de préjugés face à l'origine
d'un tel aliment, la trouveraient très savoureuse."
Je sais, par un parent qui a mangé du boa en Asie du Sud-Est, que la chair
de ces reptiles est blanche et rappelle celle du poulet. Les auteurs des
documents ont donc une expérience de cette viande ou d'une viande
comparable.

La maison et son environnement


C'est certainement à propos de la maison et du mode de vie que les
différences apparaissent les plus frappantes. Quelques similitudes sont si
précises que l'on pourrait douter de leur sincérité ou de leur réalité.
Les auteurs ont donné dans de nombreux textes des gages sérieux de
leur attachement à la vérité. Je porte donc, malgré tout, crédit à ces
affirmations de pratiques si proches des nôtres.

Les Ummites vivent, pour presque les trois quarts d'entre eux, en maison
individuelle, à la surface de leur planète. Les autres résident, Je plus
souvent pour des raisons professionnelles, en habitat collectif dans des cités
de type souterrain. Cela semble dû, bien que l'indication n'en soit pas
formellement donnée, à la rudesse du climat: température moyenne basse
et surtout manifestations climatiques exécrables avec des tempêtes et oura-
gans tourbillonnants, abrasifs à cause du sable transporté. Nous n'avons
pas de détails sur l'habitat souterrain, en revanche un nombre de pages
important est consacré à la maison et à une partie de la vie quotidienne.

218
Comme nous l'indiquent les Ummites, leurs maisons individuelles ne
sont pas sans rappeler d'une certaine façon nos champignons. Dans
toutes leurs phases de développement. La partie habitable de la maison
est constituée d'un volume d'ensemble à un seul niveau, de forme
circulaire et rappelant une citrouille qui aurait été amputée d'une partie
de sa base. Ou encore quelque chose comme le chapeau bien convexe
d'un champignon. Avec une base plutôt cylindrique pour abriter tous les
équipements techniques (et ils sont nombreux!), et une espèce de dôme
en surélévation qui abrite la pièce spéciale de "vidéo-3D".
La plupart du temps et le plus souvent durant la journée, cet ensemble
repose sur le sol ou à la limite de son contact, dans une sorte de cuvette
qui épouse la forme inférieure de l' habitation.
Quand arrive le crépuscule, la maison s'élève, sans doute sur commande
des occupants, grâce à un dispositif enterré qui n'est pas sans rappeler
un très gros piston. Elle peut ainsi s'élever de plusieurs mètres. Très
largement en dessous de 50 mètres qui sont la limite d'altitude d' inter-
férence avec les zones de vol des véhicules guidés. Dans le même temps,
les occupants peuvent faire tourner lentement leur maison, de façon à
pouvoir profiter de la vue de la nature et de l'horizon sur un tour complet.
Quelques architectes terriens ont essayé de mettre en pratique des
concepts équivalents: la problématique des masses et du coût de l'énergie
nécessaire correspondante ont, pour l'instant, conduit à des prix qui
limitent ces réalisations à des prototypes.
Quand elle est au sol, la maison tient sa place au sein d' une sorte de
jardin dans lequel le paysage a été recomposé artificiellement: variétés
végétales, répartition des volumes et de zones rocheuses de formes et de
couleurs variées pour rendre agréable un espace qui n' aurait été, en
l'absence de cette mise en valeur, que très terne et monotone, peut-être
autant qu'une tourbière en Irlande. Le métier de paysagiste fait d'ailleurs
l'objet d'une description didactique intéressante. Quand il fait beau et
qu'ils en ont envie, les Ummites mangent dehors, et comme nous "au
barbecue". La formulation en est truculente (041 ):
" ... Cependant, nous continuons à utiliser pour les repas réalisés en plein
air, le très ancien procédé qui consiste à griller les aliments par simple
combustion, en milieu "oxygéné " (NOUS DISONS NORMAL DANS
L'AIR)."
Ce que je trouve plus qu'étonnant, c'est le mode de fonctionnement du
piston de montée/descente de la maison. Non pas dans le principe même,
un piston n'est après tout qu'un piston, mais dans la mise en œuvre
de vapeur de sodium. Quand on sait la sensibilité du sodium, qui

219
s'enflamme spontanément au contact de l'humidité de l'air, en
dégénérant en explosion violente à cause de l'hydrogène dégagé, on peut
se demander quelles propriétés extraordinaires présente la vapeur de
sodium, pour qu'elle soit préférée à d'autres solutions. Ce n' est pas la
première fois que ce dossier pose plus de questions que les réponses qu'il
apporte sur le monde ummite.
Puisque nous sommes encore au sol, avant de remonter avec la maison,
remarquons que rien ne traîne ou ne marque extérieurement les traces des
moyens d'approvisionnement, énergétiques ou autres. Et pour cause! Tout
ce qui est nécessaire à la vie de l'ensemble familial qui habite la maison lui
est distribué par des voies souterraines et acheminé par l'intérieur de la tige
du "piston". Y compris l'énergie, qui est livrée sous forme de "cartouches"
de propane. De l'énergie circule dans des canalisations souterraines, sous
la forme thermodynamique d'un plasma à très haute température, ache-
miné dans des tuyaux isothermes avec une architecture d'écoulement très
sophistiquée. Les auteurs parlent d'une température au centre des canali-
sations d'environ 1,6 millions de oc et de seulement (!) 1.200°C en
périphérie. Il est peu probable qu'il alimente les habitations. Toutes les
matières premières, alimentaires ou autres parviennent à la maison par un
système de transport souterrain qui n'est pas sans rappeler les systèmes
pneumatiques qui ont existé dans nos grandes villes il y a quelques dizaines
d'années. Les denrées sont conditionnées sous forme cylindrique,
entourées d'une sorte de gélatine et propulsées par de l'hélium sous
pression. Les Ummites comparent ces "conditionnements" normalisés à
nos boîtes de conserves, dont les calibres sont effectivement normalisés et
sans doute d'une taille comparable. La pression de l'hélium s'exerce dans
les deux sens afin de piloter correctement l'acheminement.
[Ces "paquets" cylindriques sont dénommés NUUGII et le vocable est
traduit, selon les documents par "cylindre", "cylindre conservateur de
gélatine", "récipients voyageurs", "masse gélatineuse cylindroïforme" et
"récipients de voyage". Tout le passage du document le plus descriptif
évoque quelque chose comme les "boîtes" de nos anciens systèmes de
communication dits "pneumatiques" comme il en a existé à Paris jusque
dans les années 1960, et un système d'expédition comparable.
Il s'agit, en quelques mots, du système général d'approvisionnement des
habitations et autres centres, grâce à un réseau de tubes souterrains, par la
mise en œuvre de "petits" containers enrobés dans de la "gélatine" [sans
doute pour le calibrage, la lubrification et l'étanchéité].
La transcription brute du vocable donne: "flux, transfert (N) dépendance
(U) symétrie, équilibre, stabilité, continuité (U en répétition) organi-

220
sation, structure (G) enveloppe, limite, isolement (Il)". Ce qui conduit à
la formalisation de la transcription: "structure (G) enveloppée (Il) pour
les transferts (N) de dépendance (U) constante (U)". Le lieu de vie et ses
occupants sont en dépendance permanente des aliments, de l'énergie, des
matières premières, etc ... qui lui sont transférés: ce sont ses approvision-
nements, et la meilleure transcription que nous puissions donner de ce
vocable est "transfert (N) pour dépendance (U) continue (U) organisé (G)
sous enveloppe (Il)" [expression ummite purement fonctionnelle] ou
encore selon notre logique de formulation "approvisionnement emballé".

Ce système nécessite bien sûr une normalisation des tubes et il en existe


différents calibres. On observera tous les avantages d'une telle solution:
elle permet de s'affranchir de toute infrastructure de surface, pour nous
presque toujours "routière", au prix d'une infrastructure souterraine, il est
vrai. Mais il n'y a plus de problème de véhicules, de trafic bi-dimension-
nel à réguler, d'embouteillages ni de pollution de l'air. Je rappelle que
cette description, à faire rêver nos écologistes actuels, a été faite en 1967.
Il n'y a pas de lignes électriques ou téléphoniques. Le paysage et la
nature sont entièrement sauvegardés. La maison reçoit ce qu'elle a
demandé ou que son système a commandé pour elle, au fur et à mesure
des besoins. Il n'y a qu'un très faible stockage au niveau de la maison,
dans un "magasin tubulaire (NUUYAA)".
Les deux récentes tempêtes qui se sont abattues sur l'Europe de l'Ouest
dans les tous derniers jours de 1999, ont provoqué des dégâts considé-
rables en France et dans d'autres pays. Au point de faire réfléchir à
l'enfouissement des lignes électriques et téléphoniques. Les documents
ummites décrivent en 1967 que la surface de leur planète est le siège
de tempêtes violentes et destructrices. Nous ne pouvons échapper au
rapprochement. Constatons la cohérence du récit et l'adéquation de la
solution mise en œuvre.

Nous pénétrons dans l'habitation par le passage prévu quand celle-ci est
au niveau du sol, et profitons de la lente montée de la maison pour
commencer à en faire la visite.
La première chose qui surprend dans cette habitation d'un seul niveau,
c'est qu'elle est ronde et qu'elle n'a pas du tout de fenêtres. D'ailleurs,
elle n'a pas de murs extérieurs au sens où nous l'entendons. Mis à part le
volume central, surélevé, dont nous parlerons plus loin, la surface
circulaire est divisée en secteurs par des cloisons. A la manière des
portions d'un fromage de Vache qui rit, mais en plus grand puisqu'il n'y

221
a en général que six pièces. Chaque "secteur" détermine l'équivalent
d'une pièce, visiblement vide de meubles, qui communique avec ses
voisines par une absence de porte. Les portes ne sont pas nécessaires,
puisque les Ummites savent contrôler dans le volume de chaque pièce le
bruit et la température. Ils peuvent donc "isoler" chaque volume à la de-
mande. Arrêtons-nous un instant sur l'aspect de cette pièce (IAXAABI).
Tout d'abord il n'y a pas de mur extérieur et ce qui en tient lieu fait penser
à ce que nous voyons sous nos fenêtres, une esquisse de mur que les
architectes appellent des "allèges". Ici l'allège est basse, de l'ordre de
quelques dizaines de centimètres. L'œil est ensuite étonné de constater
que la pièce n'a pas non plus de plafond et que c'est une sorte de fenêtre
bombée (la maison est ronde, en forme de demi-citrouille), transparente
(les Ummites disent qu'elle est fabriquée avec un dérivé du germanium)
qui le remplace en même temps que les fenêtres. La pièce est en fait
isolée des intempéries, mais donne aux résidents la vue directe sur le ciel
et sur l'horizon. C'est une prérogative de l'homme, chef du couple,
de procéder à l'installation de ces panneaux ou à leur fermeture pour
concrétiser sa prise en responsabilité de la maison et de la cellule fami-
liale, lors de l'emménagement. Le sol est, lui aussi, insolite. Il est nu,
plat, et se présente comme une sorte de tableau très moderne, cubiste,
dans le genre des peintures de Mondrian. Des formes géométriques de
couleurs simples, mais bien différenciées, se détachent très nettement de
la sorte de carrelage à l'aspect de pierre reconstituée qui recouvre le sol.
Chaque surface représente l'emplacement d'un meuble et la couleur
sa destination. Les meubles et tous les accessoires de vie, y compris les
alimentations et les évacuations en fluides, sont "enterrés" ou "en
attente" dans la partie technique de la maison, juste sous le sol des pièces.
Toutes les "pièces" ou volumes de vie (pour un même type d' habitation,
car les types sont variés, bien que moins divers que sur Terre) sont garnis,
au sol, d'une distribution identique de panneaux de couleur.
Chaque "pièce" est polyvalente, sans destination propre ou préalable.
Chacune peut devenir sur commande, tantôt la "salle de bains", tantôt la
"cuisine-salle à manger", tantôt une pièce à méditer, ou une chambre à
coucher (pour enfant, pour adulte ou pour tous). Les pièces sont ainsi
"multi-fonctionnelles" potentielles.
[Arrêtons-nous sur Je vocable qui désigne la maison XAABI, et que l'on
retrouve à l'état de segment dans la désignation des "pièces", soit à titre
général par IAXAABI soit selon leur destination momentanée comme
EXAABI, UAMIIXAABI, etc ... Il faut lire GSAABI (GS=X, voir
phonétique) et la décomposition élémentaire des idées évoquées conduit

222
à "organisation, agencement (G) rond, cercle, tour, cycle (S) équilibre
effectif, continuité réelle, plat (AA) contribution (8) différent, divers,
varié (1)''. Le segment SAA correspond à l'évocation d'une surface ronde
et plane, horizontale comme un liquide: on peut rendre par zone,
emplacement endroit, surface plane ou horizontale, voire stable etc ... La
maison est donc appelée "une surface horizontale (XAA) organisée (G)
et à contributions (8) variées (1)''. C'est bien le cas puisque chaque pièce
est par nature polyvalente, et que sa destination n'est que l'affaire d'un
temps. Elle retourne à sa polyvalence dès la fin de son utilisation. Cette
polyvalence est perceptible dans sa désignation IAXAABI, puisqu'elle
est "diversité (1) activement validée (A) et maison (XAABI)". Le
meilleur rendu de ce concept est donné par l'expression anglo-saxonne
actuelle "multipurpose". Une autre interprétation est possible, avec
"différente (1) de validation active (A)." Dans cette lecture chaque
volume de vie ne devient "activement validé" que lorsqu'il a reçu une
destination. Pendant que la pièce sert de "salle de bains", son statut est
actif et valide. Lorsque la pièce est en attente d'affectation, elle est dans
un état "autre" ou "différent" d'actif validé.
Dès que la pièce reçoit une affectation, elle porte la désignation de sa
destination. Par exemple, pour "le bain", elle devient "[l'affectation] aux
sensations (E) de la surface horizontale organisée (XAA) à contributions
(8) diversifiées (1)'' (EXAABI).]
On ne voit pas non plus de dispositif d'éclairage. Ce sont les parois, nous
disons les murs, des pièces qui deviennent plus ou moins lumineuses et
dans les tons voulus. C'est ainsi qu'au moment de méditer, avant de se
coucher, les parois de la chambre à coucher prennent des tons très doux,
plutôt bleutés. Tous les dispositifs nécessaires sont "rangés" dans le sol, en
prise directe avec la zone technique de la maison, qui en occupe toute la
partie inférieure (directement sous le plancher de la zone de vie). Aucun
des accessoires de vie n'échappe à la télécommande par ultrasons, laquelle
est normalisée dans l'ensemble de la planète. Une majorité d'Ummites
voient leurs facultés de phonation dégénérer à la puberté. Ils reçoivent, en
compensation, un équipement d'amplification de leur maigre filet de voix
résiduel. Bien qu'une minorité n'en éprouvent pas le besoin, tous en sont
dotés car cet appareil est capable, sur un signal vocal précis d ' entrer
en émission ultrasonore modulée. Toutes les maisons sont équipées de
télécommande sur les signaux standardisés. Par exemple, vous allez chez
des amis (eux disent des frères) et vous voulez aider en préparant la salle à
manger. Vous lancerez la commande ultrasonore exactement comme chez
vous, et les "meubles" correspondants émergeront du sol à votre ordre.

223
Avant de vivre une partie de journée en compagnie d'une famille ummite,
observons que parmi les meubles, il n'y a ni table ni chaise. Nous autres
Terriens des pays dits évolués, vivons au-dessus du sol et nous nous
asseyons sur des chaises, face à une table qui présente un plan surélevé
par rapport au sol. Les Ummites vivent au niveau du sol et la différence
de niveau est obtenue par descente de certaines parties du sol. En effet,
pour former l'équivalent d'une chaise, ou place pour s'asseoir, une
surface rectangulaire du sol, colorée en jaune puisque c' est sa couleur
d'identification, descend, manœuvrée par un piston de l'étage technique,
jusqu'à une profondeur adaptée. L'Ummite s'assied alors au bord de cette
"fosse", en y insérant ses jambes. Le siège ainsi constitué n' a pas de
dossier. En restant dans notre comparaison chaises et table, avec cinq ou
six "sièges" régulièrement distribués autour d'une surface libre, celle-ci
a la fonctionnalité d'une table, ce qui sera Je cas pour le repas.
Ce volume, partiellement libéré pour permettre de s'asseoir, peut être
agrandi vers le bas, en faisant descendre le fond de la "fosse". Au point
que I'Ummite peut s'y tenir debout, et y prendre un vrai bain vertical,
dans de l'eau et recevoir des aspersions. C'est en quelque sorte, à cette
occasion, aussi sa baignoire.
Les Ummites nous décrivent le début de journée d'une famille composée
de cinq résidents: Monsieur et Madame avec leur garçonnet d'environ
8 ans terriens, n'ayant donc pas encore l' âge d'aller à l' Internat de
Formation Supérieure, et Je couple des parents (retraités) de l'époux qui
a obtenu de se joindre à celui-ci.
Je vais garder le même principe.
La journée a, sur Ummo, une durée d'un tout petit peu moins que
31 heures (30,92 h) que les Ummites décomptent en 600 uiw. Nous
verrons ce vocable très important au niveau du chapitre du temps. Ce qui
met l'uiw à 3,09 minutes.
De la même manière que dans nos civilisations, le décompte du temps de
la journée commence à 0 heure, soit 0 uiw sur Ummo. Donc la famille se
réveille à 196 uiw environ. Les Ummites dorment nus et couchés sur le
ventre, à la rigueur sur le côté. Il nous est indiqué que cette habitude a été
contractée dans des temps anciens, à une époque où ils avaient découvert
les effets nocifs des rayons cosmiques. Il semble que la planète Ummo
soit mieux protégée de leurs effets que la Terre, du fait de la persistance
d'un champ magnétique fort, créé par leur étoile. Malgré cela, les
Ummites avaient décidé que coucher à plat ventre, c'était faire rempart
utile de son corps et ainsi protéger des rayons dangereux les organes de
la reproduction, surtout les gonades. Remarquons que tous les occupants

224
de la maison se réveillent en même temps, et sans "réveil", jugé agressif
pour le subconscient. Chacun règle la durée de son sommeil en gérant
l'heure de l'endormissement.
Comme il est parfaitement indécent et insupportable, dans la civilisation
ummite, de voir la nudité de l'autre, même en étant de sexe identique, les
parents et l'enfant s'habillent immédiatement dans l'obscurité, en se
couvrant d'une cape d'intérieur. C'est un vêtement très simple fait d'une
matière que nous avons du mal à imaginer. Un sorte de matière plastique
légère et poreuse.
Parlons du vêtement à cette occasion. Les vêtements sont, comme
beaucoup de consommables et singulièrement pour tout ce qui touche à
l'hygiène, à usage unique sur Ummo. Ils sont fabriqués sur place, dans la
maison, et à la demande. Le vêtement d'intérieur semble être identique
chez tous les Ummites. Les matières qui interviennent dans son élabo-
ration ne sont pas décrites, mais il nous est précisé que les Ummites
n'utilisent pas de fibres, comme nous le faisons, et ne pratiquent pas le
tissage. Ils disent qu'ils ont découvert cette technique lors de leur premier
contact avec la Terre. On sait que les Ummites circulent en dehors de leur
habitation, c'est-à-dire en société, habillés de vêtements plutôt ajustés,
ressemblant à nos salopettes ... je cite l'extrait du document 041:
"Après cela il extrait un nouveau vêtement nouvellement confectionné
qui s'adapte à la nature de son travail. Ils 'agit dans le cas particulier
que nous commentons, d'une espèce de salopette très ajustée, dont les
couleurs dans ce cas, cercles jaunes sur un fond pourpre, constituent un
code complexe de couleurs et formes géométriques chromatiques qui
représentent les différentes spécialités professionnelles de notre
monde." [C'est moi qui ai souligné, NdA]. De ce fait, le citoyen ummite
est immédiatement identifiable à la fois dans son rang "techno-social"
et dans l'équivalent potentiel "intellectuel" (son coefficient psycho-
technique). Le vêtement qu'il porte le situe dans la "dépendance" sociale
en informant ses "frères". C'est d'ailleurs la signification que porte le
vocable EEWE.
Le vêtement décrit ici doit plutôt se présenter sous une forme inter-
médiaire entre la matière plastique et ce que nous appelons du "non
tissé". La caractéristique fondamentale de ce tissu est sa porosité sélec-
tive, permettant 1' évaporation de la transpiration tout en maintenant la
protection par rapport au mi lieu environnant. Une sorte de "Gore-Tex®"
bien avant la lettre! (environ trente ans!). Quant à la forme, elle est la
même pour tout le monde pour le vêtement d'intérieur. Elle consiste en
une sorte de poncho, de forme circulaire, dans lequel sont pratiquées trois

225
ouvertures: une centrale pour la tête et deux latérales pour les bras.
J'observe que ce vêtement, parfaitement fonctionnel, répond essentiel-
lement à la protection visuelle et est très simple à élaborer. Nécessité de
coupe réduite au minimum et intégrable à la fabrication, pas de couture
ou autre dispositif d'assemblage. Il suffit de spécifier la taille désirée à la
machine qui produit.
Il s'agit là du premier vêtement d'intérieur. Je cite l'extrait "se couvrent
immédiatement avec les GIUDUUDAA EEWE (Espèce de cape
poreuse.. .)"
[Le segment DAA exprime "manifestation, forme (D) équilibre effectif,
égalité réelle (AA)" [voir combinaisons courantes], c'est-à-dire "forme à
équilibre effectif' ou encore "liquide" [allusion à l'horizontalité]. Le
segment UU exprime "dépendance (U) en symétrie, à égalité, en équi-
libre, en équité, en réciprocité (U)", c'est-à-dire "dépendance égale" ou
"égalité de dépendance". Le segment UUDAA évoque "un liquide à
dépendance égale", c'est-à-dire "l'eau", puisque c'est LE liquide dont
toutes les créatures vivantes dépendent. L'égalité de la dépendance, c'est
son caractère "vital" généralisé [sur Ummo, comme sur Terre]. Le
segment GI exprime "agencement, organisation (G) différent, autre,
distinct, séparé, varié (1)", c'est-à-dire "agencement différent" . On
retrouve ce segment dans GIAA qui évoque aussi la porosité pour
absorber. Le segment UD exprime "dépendance (U) manifestation, forme
(D)", c'est-à-dire "dépendance de la manifestation". Le vocable complet
désigne "[un vêtement] avec une organisation différente conditionnée par
la forme de l'eau". Expression qui rejoint la notion de "cape poreuse". JI
faut bien comprendre que c'est la texture du matériau qui est l'objet d'une
organisation (G) pour une différence de dépendance (lU) [non étanche,
poreux].
Autant l'affichage de son rang psychotechnique est nécessaire pour son
insertion et sa reconnaissance sociale, autant cette information est inutile
dans le groupe familial. Peu importe, en effet, que I'Ummite chef de
famille soit de potentiel plus ou moins élevé, en famille il est connu
physiquement comme le chef et son épouse comme le sous-chef. Inutile
donc de s'embarrasser, à domicile, de marques à caractère social. Voilà
pourquoi aucune distinction n'est mentionnée, sauf des variantes de
couleurs.
Je relierais volontiers cette observation à la contrainte associée à la
nudité. En effet, celui qui est nu, n'a plus de vêtement: il n'a donc plus
de rang social détectable, puisqu'il n'est pas "repérable" dans sa fonction
qui n'est lisible que par son vêtement. Voilà pourquoi l'individu qui a

226
fauté est déshabillé (D 102). En le déshabillant, on Je condamne à
"l'anonymat social" et à la non-reconnaissance d'une quelconque
fonction sociale. Voilà aussi pourquoi I'Ummite a la hantise de se trouver
nu, indépendamment des éléments sexuels qui sont évoqués: être nu,
pour lui, c'est n'être plus rien! Et ce sentiment est inculqué dès le plus
jeune âge et "enfoncé" à coups de "réflexes conditionnés" pendant
1'adolescence.
Nous avons ici une formidable preuve de cohérence de l'ensemble des
textes et du dossier, car les éléments du recoupement ne sont pas directs
et font intervenir les constituants culturels, aussi bien clairement expri-
més dans tous les textes, que perceptibles dans toutes nos transcriptions
de vocables. Un homme de la Terre aurait pu inventer cette culture et son
formalisme, mais n'aurait certainement pas inventé corrélativement ce
langage si puissant et donné des 'traductions' aux contenus si différents,
mais si complémentaires de la signification vraie du vocable.
Quel intérêt, même purement intellectuel, y aurait-il à inventer un lan-
gage, aussi cohérent que s'il évoquait des réalités, associé à une culture
créée de toutes pièces, mais suffisamment occulté pour que personne, en
l'espace de trente ans, n'ait seulement essayé de comprendre ou compris
ce qu'il véhicule? Un tel auteur aurait donc pris le formidable risque de
décéder avant d'avoir pu, un tant soit peu, "profiter" de sa supercherie?
Remarquons en outre la construction à la fois didactique et retardatrice de
compréhension: nous sommes habitués, nous Terriens, à donner, dans
notre démarche de traduction, un équivalent aussi proche que possible du
"mot" à traduire. Ici les vocables à traduire sont GIUDUUDAA EEWE,
et le texte donne "sorte de cape poreuse pour s'habiller". La compréhen-
sion de la langue nous conduit à une équivalence approchée, mais de
formulation cohérente et surprenante. L'indication donnée est descriptive
et didactique, mais ne contribue pas ici à la compréhension de la langue.
Ce sont les indications contextuelles qui m'ont donné l'accès à la
justification de EEWE pour le vêtement.

La famille étant maintenant habillée, chacun procède à des occupations


sélectives mais assez courtes, car le premier "bain" de la journée va
intervenir.
Arrêtons-nous un instant sur les décalages culturels que nous pouvons
constater, car ce qui est surprenant, c'est que les différences existent,
mais ne semblent pas hors de portée de compréhension. Nous sommes
très loin des mondes décrits par notre science-fiction classique qui
attribue à des sortes de monstres, créatures complaisamment décrites

227
comme "aliens", des comportements bizarres, mais "naturellement
filmables"! Pour les vêtements, par exemple, tout le monde porte, et c'est
vrai sur toute la planète, semble-t-il, la même "tenue" d'intérieur. Il y a
là au moins deux observations sociologiques à faire. D'une part, il
n'y a pas de différence entre les citoyens lorsqu'ils sont en "milieu
domestique". Tous sont, soit chef de famille parce qu'investis de cette
responsabilité par la société en tant que "mâles", soit contributeur tout
aussi important en tant que "femelle" [j'utilise ici volontairement
l'équivalent des termes ummites qui sont complètement étrangers à toute
connotation sexiste, au moins en termes de notre vocabulaire terrien, et
je discuterai ce point plus loin, car il a des résonances culturelles très
fortes], soit encore citoyen ummite en devenir comme peut l'être l'enfant
ou le préadolescent. Tous portent donc le même vêtement utilitaire,
d'intérieur. Et nous imaginons facilement qu'une machine, d'une taille à
peine équivalente à une machine à laver ou même peut-être à un four à
micro-ondes, leur délivre, à travers par exemple un genre de fente de
sortie, une surface de matière, je n'ose dire d'étoffe ou de "non-tissé", qui
est sans doute pliée et qui va constituer leur "cape" d'intérieur. Une sorte
de "robe de chambre" standardisée qui est fonctionnelle et répond au
besoin ponctuel. Le décalage culturel, simple mais important, est dans le
fait que les Ummites savent que tout le monde porte ce même vêtement
dans des circonstances comparables. A quoi servirait de porter un
vêtement différent, puisque personne ne sera là pour le constater? Et
d'autre part, ne sommes-nous pas, pensent les Ummites, des contribu-
teurs équivalents, en tant qu'êtres humains conscients et responsables
vis-à-vis de notre coefficient psychotechnique personnel? Pourquoi alors
se formaliser de la normalisation d'un vêtement à caractère utilitaire, en
environnement spécifiquement domestique? On constate au passage
l'absence totale d'un de nos différenciateurs fondamentaux, je veux dire
l'idée du "luxe". L'Ummite ne peut se différencier de ses congénères
que par le niveau "psychotechnique professionnel" que son vêtement
extérieur affiche. Il ne lui vient même pas à l'idée qu'un vêtement
d'intérieur "personnalisé" puisse le valoriser aux yeux des seuls siens!
De toute façon, il n'existe qu'un seul type d'appareil pour la fabrication
des "capes d'intérieur", qui fournit des tenues d'un modèle unique, et il
ne saurait le modifier.
Pendant que chacun prépare ses activités de la journée, la femme (c'est
aujourd'hui son tour, mais il change tous les jours, en alternance avec son
mari et chacun de ses parents), procède aux préparatifs pour le premier
"bain" de la journée. Ce bain, obligatoirement pris avant le premier repas,

228
n'en est pas un au sens de nos cultures. JI s'agit d'une exposition
prolongée (pratiquement une petite heure) à une ambiance saturée de
vapeur d'eau chargée en ozone additionnée de divers composants aroma-
tiques. Nous avons répertorié, sur Terre, certaines des vertus préventives
de l'ozone. Je connais bien quelqu'un qui a travaillé à la mise au point
d'appareils domestiques de production de ce gaz à la fin des années 60.
L'invention n'a pas vu le jour, car il n'y a pas de marché individuel de la
prévention, en matière de santé. La prévention coûte, et la maladie étant
seule prise en charge économiquement dans nos sociétés développées,
l'individu n'a strictement aucun intérêt (mesuré à la seule aune possible:
financière) à faire l'effort à titre personnel.
Comme la durée de cette exposition à l'ozone et à quelques autres princi-
pes actifs est longue, elle est agrémentée d'une programmation parfumée.
Nous avons vu que les Ummites ont un odorat hyper-développé, en com-
paraison du nôtre. De la même manière que nous écouterions volontiers
de la musique "pour passer le temps", les Ummites respirent et profitent
d'une grande variété de senteurs, selon des séquences programmées.
Avec une différence notable: ils composent eux-mêmes, à chaque fois,
une nouvelle "partition". Sur commande ultrasonore, l'Ummite en charge
de cette activité (elle tourne, au même titre que toutes les autres tâches
domestiques) fait sortir du sol le dispositif de programmation et d'échan-
tillonnage. A l'aide de boutons et autres commutateurs, il sélectionne les
composants et assigne les temps. Il teste, "flaire" et jauge la qualité de
ses choix en approchant les buses du "programmateur" de son nez, et
consacre quasiment l'équivalent de vingt minutes à cette tâche. Cette
activité de "mélange de parfums" est abondamment décrite, et à plusieurs
reprises, dans les documents. Elle doit être une réelle caractéristique
différenciante. Si les séquences programmées lui paraissent particuliè-
rement réussies, l'Ummite peut en mémoriser tous les paramètres pour
une utilisation ultérieure. Lorsque la programmation olfactive est prête,
celui ou celle qui en a assumé la charge, appelle tout le monde au bain.
Chacun se place sur un des rectangles jaunes, emplacements des activités
individualisées. Pendant que la pièce se sature en vapeur d'eau chargée
d'ozone et de divers autres adjuvants, des sortes de panneaux translu-
cides, genre de nos plastiques "cristal" rappelant les paravents japonais,
sortent du sol, à raison de quatre par individu, de telle sorte que chacun
se trouve isolé de la vue détaillée des autres, dans une sorte de boîte
translucide. Chacun peut alors enlever son vêtement d'intérieur (à
l'abri des regards inconvenants) et exposer son corps aux bienfaits de
l'atmosphère de la pièce. Tout en appréciant la séquence des senteurs et

229
parfums, les commentaires vont souvent bon train sur la "qualité" de la
programmation. Les Ummites soulignent les grandes différences de
sensibilité et de finesse émotive que ces mélanges peuvent traduire selon
les individus. Ils insistent sur les bien meilleures réussites des femmes
dans cette activité, exprimant ainsi la diversité de leurs émotions et leur
extrême sensibilité. Ils font clairement un parallèle avec nos activités
musicales. Je cite le 04:

"Notre sensibilité olfactive est beaucoup plus éduquée que la terrestre.


La différence de niveau est analogue à celle que nous subissons inver-
sement en ce qui concerne la musique, domaine où les terrestres sont de
merveilleux maitres. "

On notera que l'ensemble de cette phase de bain consiste en une expo-


sition du corps à des mélanges gazeux actifs, agréables, et que pendant
toute sa durée, les individus sont encouragés à se livrer à leurs sensations,
principalement olfactives, et ne font rien d'autre. C'est pourquoi la
"configuration bain" d'une pièce s'appelle la EXAABI, c'est-à-dire
"l'espace multifonctionnel à sensations", et que les Ummites nous l'ont
désignée dans la phrase (041 ): "Pendant ce temps, la mère demeurera
dans une des pièces qui va se transformer en EXAABI (peut se traduire
comme salle de bains) " ...
Lorsque la fin du bain s'annonce, celui qui est en charge du repas se revêt
et quitte la pièce pour (c'est son tour aujourd'hui) le préparer. Les condi-
tions physiques (pardon pour cette présentation "déshumanisée", mais
elle semble assez bien correspondre à l'esprit ummite ... ) de ce repas sont
déterminées à la fois par le cadre et par la manière de préparer les mets.
Pour l'environnement, nous nous retrouvons naturellement dans une
autre pièce, qui porte encore la désignation de IAXAABI, c'est-à-dire de
"pièce à tout faire". Chaque convive lancera l'ordre ultrasonore de
descente du plancher de sa place au niveau "siège", et pourra ainsi
s'asseoir sur le sol, les jambes "pendantes", autour de la surface de
"table". Il revient à l'enfant de participer aux tâches domestiques en
procédant, avec l'appareil ad hoc, lui-même sorti du sol sur commande,
à la couverture préalable de la surface de "table" par aspersion d'une
substance dégradable de protection. Une sorte de nappe "chimique",
jaune, qui s'éliminera facilement après le repas.
Lorsque notre chef de famille en émet la commande ultrasonore, le sol
s'entrouvre pour laisser surgir un curieux dispositif. L'équipement
UAMIIXANMOO, que les Ummites associent à l'indication "cuisines

230
programmées à mémoire de titane", a pris la place des rectangles sépia et
mauve. Il est constitué d'une espèce de colonne courbe à l'extrémité de
laquelle l'Ummite trouvera tout à la fois l'orifice de service et les touches
et autres accessoires de commande. Cet appareil est tout à la fois une
sorte de robot de service, assurant la sélection des mets choisis, leur
déconditionnement programmé (avec intervention humaine paramé-
trable), un four ou dispositif de cuisson et mise en température et une
sortie de mise à disposition.
[Une remarque à propos du vocable UAMDXANMOO. Il est fait de
UAMII qui évoque les aliments, la nourriture et de XANMOO dont la
meilleure équivalence me paraît être "processeur", ce qui donne une
traduction globale par "processeur des aliments". On verra, dans la
description des ordinateurs, pourquoi ceux-ci sont désignés par un tel
vocable. La "traduction" donnée par les auteurs est plus descriptive
d'autres éléments que ne l'indique le contenu du vocable. Tous les
"ordinateurs" sont constitués d'un "bloc" de titane (monocristal
thermorégulé) qui comprend l'ensemble des programmes et des données,
et d'un ou plusieurs "processeurs" adjoints. Les relations entre les atomes
(MOO) de la mémoire sont gérées par des flux en organisation cyclique
efficace (XAN).]
Voyons son fonctionnement. Il nous renseignera tout à la fois sur le degré
de technicité de la civilisation et sur les points d'importance
psychologique des acteurs.
Tout d'abord I'Ummite en charge du repas, le père dans notre exemple,
procède à la préparation et au remplissage des "conteneurs" à aliments
liquides. Les Ummites n'utilisent pas de verres ou autres contenants pour
les boissons. Ils se nourrissent sous forme liquide par une technique qui
fait penser aux "narguilés" du Moyen-Orient. Les récipients affectent
diverses présentations. Celui qui nous est montré dans les illustrations a
l'aspect d'un réservoir sans réelle forme, avec l'apparence d'une énorme
figue, faisant penser qu'il n'est pas fait d'un matériau rigide. Il contient
plusieurs "sous-réservoirs" séparés. Chaque convive dispose d'un tuyau
flexible, équipé d'un embout personnel qu'il porte à sa bouche. Cet
embout contient les dispositifs miniaturisés nécessaires pour que le
liquide soit délivré, à chaque sollicitation, sous une légère pression et à
la température du corps. Les "aliments liquides" peuvent être person-
nalisés, par exemple pour les enfants, par des compléments vitaminiques
ou stimulants.
[L'expression UAMII GOODAA qui désigne les "aliments liquides" a
été une des premières clés de confirmation de la structure de la langue

231
ummite. En particulier grâce au rapprochement possible avec GOOINUU
qui désigne la forme solide. Le segment GOO exprime l'organisation, la
structure (G) des entités dimensionnelles, entre elles, de façon continue
ou stable (00), ce qui évoque le type des liens que nous dirions "inter-
moléculaires". Le segment DAA exprime l'apparence, la forme (D) en
équilibre effectif, à égalité réelle, en continuité de fait, effectivement
symétrique (AA), comme sont tous les liquides qui se présentent toujours
de façon horizontale, qui est une forme d'équilibre parfait. Il est intéres-
sant de noter que nous associons la fluidité à "liquide", alors que pour
l'Ummite il s'agit d'une "organisation stable des composants (GOO) se
présentant en équilibre, en symétrie (DAA)". Le vocable UAMII désigne
l'aliment, la nourriture en tant que nécessité (UA =dépendance vérifiée,
contrainte) associée, rattachée (M) à la limite, l'isolement (II). La pre-
mière manifestation du corps humain, OEMII, en situation d'isolement,
de non-contact avec ce qui lui est extérieur, c'est le besoin d'énergie
matérialisé par la faim ou la soif.]
Les aliments liquides font penser à nos potages ou à nos soupes, tout en
restant exclusivement liquides. La variété de ces derniers est très grande.
Il s'agit de mélanges végétaux, d'extraits d'animaux, d'essences aro-
matiques synthétiques, etc. Compositions qui nous feraient sans doute
penser à des soupes exotiques ou des sauces de lointains pays.
Une fois la préparation des liquides terminée, ceux-ci sont disposés au sol
et le père fait part aux autres occupants de la maison que les conditions
du repas sont "prêtes". Tous revêtent une nouvelle cape d' intérieur et
vont prendre place dans la pièce qui est destinée, pour cette occasion, au
premier repas de la journée. En fait, chacun émet 1'ordre ultrasonore de
préparation de son siège individuel et voit la surface jaune du sol descendre
jusqu'à une profondeur suffisante pour qu'une fois assis au bord du trou,
il puisse y placer confortablement ses jambes.
Le premier repas UOUAMII va pouvoir commencer. Les Ummites
précisent à ce sujet qu'il s'agit du repas numéro zéro, donnant par là une
des indications fondamentales de leur système de numérotation.
Lorsque chacun a pris place dans son siège, le repas commence par une
phase de silence d'une dizaine de minutes, permettant à chacun de se
déconnecter de toute préoccupation. Les Ummites assimilent cette phase
à un retour momentané à une situation psychologique infantile. Elle est
nécessaire à un fonctionnement idéal du processus gastrique et digestif.
Une phase équivalente aura lieu à la fin du repas.
Une fois que chacun a pris ses aliments liquides, on passe aux nourritures
solides, en commençant par les fruits. Remarquons au passage l'analogie

232
entre ce déroulement et celui préconisé par le Yoga. Cette discipline
physico-mentale terrienne propose de ne pas boire en mangeant, ou le
moins possible et surtout de commencer le repas par les fruits, dont
l'assimilation est beaucoup plus rapide que celle des autres aliments.
Lorsque les fruits sont mangés à la fin du repas, leur assimilation "rapi-
de" et différentielle entre en compétition préjudiciable avec la digestion
des autres aliments, structurellement plus lente.
Le père va désigner au sélecteur de la cuisine automatique, le fruit à
distribuer: aujourd'hui de l' AIMMOA. Les aliments, comme tous les
consommables domestiques, sont stockés dans les réservoirs tubulaires
de l'habitation. Un "manège" assure la possibilité de sélection. Ce
dispositif permet le fonctionnement en toutes circonstances, quelle que
soit la "pièce" demandeuse et même dans l'éventualité de rotation de la
maison. L'aliment sélectionné, ici le fruit, arrive au processeur encore
tout emballé de sa protection sous forme de cylindre (NUUGII). La sorte
de gélatine d'emballage, à base de dérivés chlorés du silicium, est
détruite par action fulgurante d'oxygène liquide, et le fruit devient
disponible pour sa préparation, après mise à la température ambiante. Il
est ensuite vidé de ses parties non comestibles et découpé en tranches.
Les Ummites déclarent ne pas utiliser de couverts, ni cuiller, ni fourchette,
ni assiette, bien sûr. Sur Ummo, on mange avec ses doigts. Nous pensons
naturellement tout de suite aux problèmes d'hygiène que pose cette façon
de s'alimenter. Ils utilisaient autrefois (il disent "dans l'antiquité"!) de
très fins gants jetables. Ils se servent maintenant d'un étonnant appareil
qui peut tout aussi bien déposer par vaporisation un mince film sur la
peau des mains, ou en assurer la destruction. Cet appareil, dont chacun
dispose à côté de son siège, comporte une ouverture assez large pour que
le convive puisse y glisser alternativement ses mains. La protection est
obtenue par les propriétés de tension superficielle du film déposé, qui
n'autorisent aucune adhérence d'aucune matière. L'appareil est utilisé
avant chaque nouvelle prise de nourriture, pour débarrasser les mains du
film qui vient de servir et pour en déposer un nouveau. L'Ummite ne se
lave pas les mains comme nous, au moins à ces occasions, mais assure
leur protection ainsi que celle de sa nourriture.
Lorsque nous mangeons, nous laissons des reliefs du repas: peaux, écorces,
gras, cartilages, os, éventuellement ce que nous n'aimons pas, etc ... Et
nous mettons ces restes dans des poubelles affectant la forme de sacs ou de
boîtes. Arrêtons-nous un instant sur la chaîne des manipulations qui traitent
ces sous-produits de notre vie. Il n'y a pas si longtemps, en tout cas à
l'époque de ces documents, tous les détritus, y compris les emballages

233
vides, tant en verre qu'en carton, matières plastiques et autres, étaient
collectés, transportés, repris et finalement déversés en vrac à destination de
décharges, véritables cimetières des ordures qui y étaient enfouies.
Le problème des déchets issus du mode et du niveau de vie se pose aussi
aux Ummites. On a constaté sur Terre que le volume et la nature des
ordures sont des témoins directs et objectifs du niveau de développement
des "émetteurs". On pourrait donc s'attendre à des problèmes gigan-
tesques, du fait de l'avance en développement de la civilisation ummite.
Dans la réalité décrite par les auteurs des documents, il n'y a plus de
problème d'ordures ni de pollution. Non pas que leur volume soit réduit
à zéro, mais parce que le traitement est réalisé sur place, avec conversion
directe en gaz intégrables sans dommage à l'atmosphère.
Il n'y a pas de résidus alimentaires au niveau des consommateurs. Ces
restes sont traités lors de la préparation et convertis en gaz (hélium,
hydrogène) in situ. Les Ummites ne remettent pas un vêtement déjà
porté: ils s'en procurent un autre sur place et jettent l'usagé dans une
sorte de bouche d'égout domestique qui porte le nom d'IMAAUIII, et
qui assure sa destruction et conversion en gaz légers. On peut imaginer
que cette sorte de vide-ordures sert à la destruction de tout ce qui peut
être qualifié de détritus courant.
[Ce vocable est très intéressant. Sa transcription brute est obtenue par
"différence (1) juxtaposition, assemblage (M) équilibre effectif (AA)
intérieur (UI) séparé, indépendant (1)". La juxtaposition de différences en
symétrie ou en équilibre effectif, c'est la définition de l'équivalent d'un
ensemble "sas", comme celui d'un vide-ordures par exemple. Quand à
un, il exprime l'intérieur, en tant que dépendance d'une limite, d'une
frontière. On pourrait très bien rendre ce vocable par l'expression "sas
d'intérieur indépendant".]
Puisque nous sommes dans le domaine des résidus de la vie, un mot doit
être dit à propos de la gestion des excréments solides. Malgré le ton
scientifique de mon propos, je suis conscient qu'en abordant ce sujet
directement, je risque d'être taxé "d'obsédé scatologique" par certains
ufologues à l'instar des observations de Jacques Vallée dans Révélations
(84). De la même manière que les résidus de la civilisation sont traités "à
la production", les fèces sont traitées au niveau individuel, par un petit
dispositif que chaque Ummite porte de manière interne après la toute
petite enfance. Ce dispositif assure la séparation des matières en solide et
eau, et leur conversion respective en hélium. Pendant les voyages
spatiaux, cette eau est récupérée, purifiée et recyclée au niveau individuel,
ce qui assure l'autonomie du voyageur dans ce domaine.

234
Les résidus de menstruation sont traités de la même manière pour les
femmes. Constatons au passage que nous nous acheminons lentement,
mais sûrement, vers ce type de solution pour le problème menstruel
féminin. Nous savons assurer l'absorption en interne, mais pas encore le
traitement. A la fois pour des raisons de miniaturisation et de source
d'énergie. Je ne doute pas que quand un tel dispositif verra le jour, les
femmes l'adopteront en masse.
Le plus intéressant n'est bien sûr pas là, mais dans les vocables qui
désignent les matières fécales AAYA et l'urine IEAAYA. En effet, le mot
qui désigne l'ensemble, dans nos civilisations, est "excréments" dont la
signification principale évoque l'éjection, la séparation. La transcription du
vocable ummite fait intervenir "équilibre (AA) paquet, ensemble (Y) vali-
dation active (A)". C'est-à-dire que le point de vue est totalement nouveau.
L'organisme humain éprouve le besoin de rejeter ce qui nuit à son équi-
libre. Les feces et les urines contiennent toutes les substances qui lui
seraient toxiques en accumulation. C'est pourquoi elles sont qualifiées de
"validation active (A) de l'ensemble (Y) en équilibre (AA)". Quant aux
urines, les ummites ne s'attardent pas, au moins dans ce contexte, à leur
aspect liquide. En revanche, le vocable est ici aussi très intéressant sur le
plan culturel. L'urine est la déjection (AAYA) des émotions (lE). J' observe
le parallèle avec ce que nous constatons, nous aussi sur Terre: lors d'émo-
tions fortes ou violentes, c'est le sphincter urinaire qui tient le moins bien!
Nous verrons plus loin la puissance de cette définition qui s' applique à
tout processus de retour à l'équilibre, en particulier l'émission de photons
à propos des électrons. Ce qui fait qualifier le photon de "fiente
ponctuelle" (IBOAAYA) lors de certaines émissions.
Je pense que ce point est un des nombreux éléments clés qui concourent
à donner à la langue ummite la consistance d'une langue réellement
véhiculaire. Quel individu de la Terre aurait eu un quelconque intérêt, si
chose lui avait été possible, à construire cette civilisation et sa langue, à
ce niveau de détail (non formulé, mais reconstitué), et à en restreindre la
diffusion à trente-quatre destinataires espagnols? En prenant le risque de
décéder avant que quelqu'un finisse par comprendre la langue d'abord, et
ses motivations ensuite?

Après avoir observé à nouveau une dizaine de minutes de silence, le


père organise un échange au cours duquel chacun donne son projet
d'occupation pour la journée. Tous en discutent.
Il procède ensuite, seul, à des ablutions personnelles avant sa sortie de la
maison: lavage de dents, apparemment par pulvérisation comme nous

235
savons le faire, et protection des yeux et de tous les orifices corporels
(nez, oreilles, etc.). Il revêt ensuite son vêtement de travail, lequel décrit
clairement son activité par des combinaisons de symboles géométriques
de couleurs variées. Le vêtement est le véhicule d'une information
d'image.
[C'est pourquoi il se dit EEWE. En effet, la transcription brute fait inter-
venir "codification, modélisation (EE) information, variation, nouveauté
(W) perception, image mentale (E)", c'est-à-dire que l'on peut en rendre
l'idée par "codification [pour la] perception de l'information".]
Puis il sort de la maison et va se rendre à son travail en empruntant un
des moyens de locomotion disponibles sur Ummo, ici un véhicule à
"moteur à plasma".

Les moyens de déplacement


Les Ummites sont des humains, et leur constitution corporelle leur
permet de supporter au quotidien une pesanteur environ 20% supérieure
à celle que nous connaissons sur la Terre. Ils se déplacent à pied, comme
nous, sur de courtes distances.
En ce qui concerne les "véhicules", on peut en considérer trois sortes.
D'une part ceux qui doivent, par nature, rester en contact avec le sol,
comme les engins de terrassement ou les engins agricoles (qui sont
curieusement spécifiés pour exploitation souterraine, sans doute à cause
du climat). Pour tous les autres véhicules, qui sont donc par nature
"volants", l'espace aérien a été divisé en deux parties: celle comprise
entre le sol et une limite de 56 mètres d'altitude, dont nous ne connais-
sons pas la justification, mais qui est dédiée aux vols individuels
"libres", sans contrôle collectif. L'espace aérien au-delà des 56 mètres
dans lequel tout déplacement de véhicule est pris en charge par la
gestion collective et échappe complètement aux passagers qui n'ont
spécifié que leur point de destination (le point de départ est connu
automatiquement par une sorte de GPS, ou de mémorisation du but du
voyage précédent).
L'équipement individuel de déplacement libre (les Ummites le déclarent
"en absence de réseau ou d'organisation liée") s'adapte au corps et
ressemble sans doute à l'équipement de nos astronautes. Il n'est pas
piloté par des commandes manuelles, mais par commande vocale. Il est
utilisé lorsque les distances dépassent le rayon d'action pédestre, mais
restent modestes. On pourrait l'assimiler à nos motos, ou mobylettes,
mais à place unique et surtout à déplacement dans les trois dimensions.

236
Tant qu'il ne dépasse pas les 56 mètres d'altitude, le voyageur est
complètement libre et naturellement responsable, puisqu'il ne risque pas
de pénétrer la zone réservée aux véhicules contrôlés.
L'autre type de véhicule possible est décrit comme se rapprochant d'un
modèle d'automobile futuriste. Je ne partage pas du tout cette indication
en voyant le dessin qui en est donné avec le texte (voir page 290). Ce
véhicule se déplace dans l'air, à la manière des avions, c'est-à-dire dans
les trois dimensions. Sa face frontale fait penser à une immense entrée
d'air, et sa partie postérieure se présente comme un empennage d'avion,
cruciforme, avec dérive plongeante. Sa forme générale ferait plutôt
penser à un poisson très court, mais avec une énorme gueule grande
ouverte. Presque le format d'une lotte. Ce véhicule est caractérisé par un
moteur à plasma (GOONIIOADOO BUUTZ) dont la constitution est
indiquée par un schéma commenté sur plusieurs pages. Je ne rentrerai pas
dans la discussion détaillée de son fonctionnement, synthétiquement
décrit, mais il me paraît nécessaire de faire ici plusieurs remarques.
Tout d'abord, et comme on pouvait s'y attendre, la partie génératrice et
confinante du plasma n'est pas décrite et fait tout juste l'objet d'une
mention. C'est conforme à l'esprit des textes dont le but n'est pas de nous
donner des clés, ni même des pistes, dans la maîtrise de 1'énergie.
Ensuite, et c'est là le point essentiel, il ne faut pas confondre. Le moteur
à plasma ummite, d'une part, est une "simple" source d'énergie thermi-
que pour un dispositif propulsif traditionnel avec tuyère. Le plasma en
est la source de chaleur elle-même, et sans doute un bon moyen de sa
conservation par auto-confinement. D'autre part, la présentation d'une
propulsion atmosphérique possible par un procédé magnétohydro-
dynamique (c'est le mot savant pour désigner la physique des plasma) tel
qu'il a pu être décrit par le Pr Auguste Meessen ou par Jean-Pierre Petit.
Tout part d'un constat et de son interprétation.
Ce qui a été vu et quelques rares fois filmé dans notre atmosphère a reçu
le nom d'OVNI. Les vitesses ont pu être mesurées en certaines occasions
et ont conduit à des contradictions entre les dires de témoins et nos
conceptions de la physique. Par exemple les témoins décrivent un vol très
rapide et silencieux, alors que la vitesse calculée est clairement super-
sonique et doit donc s'être traduite, "mécaniquement", par un énorme
"bang". Une explication cohérente de cette apparente contradiction est
donnée dans les documents ummites. Ils décrivent succinctement une
technique qu'ils ont développée (069, note 11) pour s'assurer le contrôle
thermique et les paramètres de trajectoire (direction et vitesse) de
molécules gazeuses distantes. Ce qui leur autorise des vitesses courantes

237
de Mach 12 (12.000 km/h) en atmosphère de type terrien! A aucun
moment cette technique n'est rattachée à une quelconque ionisation. Des
dispositifs pariétaux d'ionisation sont en revanche décrits pour parer
les impacts de particules, molécules et micrométéorites dans Je "vide"
interplanétaire. Ces dispositifs fonctionnent en provoquant l'ionisation
des particules incidentes non chargées et en les soumettant à un champ
électrique répulsif de valeur très élevée. Il n'y a pas d'allusion, dans
les documents que j'ai pu consulter, à un quelconque contrôle de
l'environnement gazeux par des procédés d'ionisation.
L'idée qu'en ionisant l'air ou le fluide qui entoure le véhicule, on peut
animer "l'atmosphère" qui l'entoure dans des directions et à des vitesses
telles que l'on fait disparaître la cause physique du "bang" est née par
amalgame de ces différentes descriptions. Ce qui n'enlève rien à sa
créativité et à son originalité. Il y faut aussi au moins un champ magné-
tique variable, de façon à faire naître des forces dites "de Lorentz". La
mise en œuvre en atmosphère gazeuse n'était pas encore à la portée de la
technologie terrienne, lorsque Jean-Pierre Petit a entrepris d'en vérifier le
bien-fondé. Elle ne l'est toujours pas, d'ailleurs. Il a parfaitement réussi
en procédant par analogie dans l'eau et en faisant disparaître le
phénomène dit des "vagues d'étrave" et de "poupe". En bon mécanicien
des fluides, il a étendu le procédé de suppression du bang à la propulsion,
et de fait, les Japonais ont entrepris de réaliser un sous-marin expérimen-
tal sur cette idée. Il a ensuite été tentant d'imaginer une extension de ce
principe propulsif à l'atmosphère et de proposer que les OVNI combinent
dans un même cocon d'ionisation leur propulsion et la neutralisation du
"bang" supersonique. Et cela d'autant plus que le moteur des véhicules
d'Ummo est donné comme "à plasma". Je ne discuterai pas pour décider
qui a eu l'idée le premier et qui l'a publiée, entre le Pr Auguste Meessen
et Jean-Pierre Petit. Il y a en outre une différence certaine de mise en
œuvre entre les modèles qu'ils proposent.
On peut juste légitimement s'interroger sur l'intérêt d ' un mode de
propulsion qui met le véhicule en isolement total et en incapacité
structurelle de communication avec l'extérieur. En effet, l'ionisation de
l'atmosphère autour du véhicule est exactement ce que les capsules et
autres navettes spatiales "vivent" lors de leur rentrée dans les couches
denses de l'atmosphère: la très grande vitesse de rentrée provoque, par
friction avec les gaz, une élévation de température qui amorce l'ioni-
sation de ceux-ci. Il s'ensuit un isolement total des communications
(électromagnétiques) pendant cette phase qui dure un peu plus d'une
minute, lors d'un retour sur Terre.

238
A quoi servirait d'aller vite et sans bruit, si c'est sans espoir de connaître
sa vitesse et surtout sa position (connue soit par écho électromagnétique
radar, soit par réception électromagnétique GPS, soit par combinaison
des deux, comme le font les missiles de croisière)? Que dire en plus, si
cette façon de se déplacer est réservée à une atmosphère fluide, et n'est
donc pas utilisable dans le vide interplanétaire? Les inventeurs de ces
techniques (terriennes) de propulsion MHD croient-ils les crédibiliser,
parce que les Ummites déclarent qu'ils communiquent par modulation
des ondes gravitationnelles, en insistant bien sur l'universalité de la
gravitation? Celles-là même dont nous envisageons tout juste l' existence,
sans l'avoir encore "démontrée", et pour lesquelles les premières
expériences spatiales sont en préparation.
Les Ummites insistent bien dans leur document (041) sur la différence
de mode de propulsion entre leurs nefs interplanétaires et leurs véhicules
planétaires dont le déplacement est assuré par échange traditionnel de
quantité de mouvement avec un mélange gazeux éjecté. On trouvera plus
loin une explication par la langue ummite.
Nos avions "à réaction" sont propulsés par l'éjection d'un mélange de gaz
dont la grande vitesse est obtenue par échauffement, via la combustion du
kérosène dans l'air, au sein d'un turboréacteur. C'est l'ensemble des
produits de combustion qui est éjecté à vitesse aussi grande que possible.
Et si on veut aller encore plus vite, on rajoute de la chaleur en allumant la
"post-combustion". Ce faisant, nos avions consomment de l'oxygène et
polluent l'atmosphère. Leur sustentation est assurée par des effets aéro-
dynamiques combinés entre leur vitesse et le profil de leurs ailes. Pour
donner une idée, un Concorde en vol à Mach 2,2, soit environ 2.300 km/h,
avalerait environ 5 tonnes d'air par seconde au niveau de la mer!
Le véhicule ummite consomme aussi de l'air. Celui-ci, après liquéfaction
et évaporation, est mis en contact avec la source de chaleur (alimentée
par le "générateur à plasma") au fond d'une tuyère qui en assure
l'éjection. On constate que le véhicule restitue l'air qu'il a absorbé, après
l'avoir grandement accéléré, mais sans l'avoir pollué. Il n'est précisé à
aucun endroit que ce type de véhicule dispose d'un environnement
contrôlé lui permettant de se déplacer à vitesse supersonique.
En revanche, ces véhicules ne sont pas pilotés par leur occupants. Ils sont
pris en charge par un réseau de capteurs et d'ordinateurs qui leur assurent
une trajectoire sécurisée faisant intervenir leur position, leur vitesse, les
conditions météorologiques et la connaissance de la trajectoire de tous les
engins de même nature volant en interférence possible avec le véhicule
considéré. Ces appareils volent à basse altitude, à peine supérieure à la

239
limite des 56 mètres, de façon à "minimiser les dégâts en cas de crash"!
On peut donc en déduire qu'ils volent assez lentement ... , mais assez haut
pour éviter les maisons qui peuvent émerger à tout instant, et les arbres
dont certains sont très élevés.
Pour nous résumer, les véhicules "actuels" décrits dans les documents
ummites se limitent à quatre types:

- Les engins à contact obligé avec le sol de la planète et qui ne sont que
cités.
Les engins de déplacement individuel à court rayon d' action. Ils sont
volants et pilotés par leur unique passager. Altitude maximale
56 mètres. Rien n'est donné sur leur mode de propulsion.
Les véhicules dits "à moteur à plasma" que je viens de décrire [les
Ummites disent avec une extraordinaire précision de vocabulaire
"véhicules par antonomase". Pour l'illustrer, nous devrions dire des
"plasma" au même titre que nous disons un "diesel", car tel est le
véritable sens de l'antonomase]. C'est celui qu'emprunte en général
le père ou la mère de famille dont le travail est assez éloigné de la
maison.
Les véhicules interplanétaires et intragalactiques dont la source
d'énergie est aussi une structure à plasma, sans doute alimentée par la
"fusion" contrôlée matière/antimatière, (faisant intervenir du bismuth
et du lithium) mais dont la propulsion est assurée par une maîtrise
gravitationnelle locale (voir le dictionnaire). Ces véhicules sont
équipés de dispositifs ionisateurs de protection contre les impacts de
particules isolées ou en petit nombre. Ils sont aussi équipés d'un
ensemble de contrôle de l'environnement gazeux éventuel leur
permettant de croiser en atmosphère quelconque à des vitesses super-
soniques. Rien n'indique que le procédé est ionisant et générateur de
plasma.

Aucun véhicule ummite décrit ne se déplace grâce à l'action directe de


la magnétohydrodynamique et aux forces "de Lorentz". Il est même
précisé, à propos des petites sphères d' observation, que le dispositif
propulsif est de nature gravitationnelle (062).
J'ajouterai qu'en matière de mise en mouvement par un champ, nous ne
savons produire que dans le champ magnétique (ce qui limite les "cibles"
aux seuls matériaux "magnéto-sensibles") ou dans le champ électrique,
ce qui limite le champ des cibles aux particules chargées. Nous savons
que le champ gravitationnel est universel et que toute "réalité dimen-

240
sionnelle" y est soumise. J'emploie ici l'expression ummite qui permet
ainsi de qualifier non seulement les "objets" massiques mais aussi les
objets sans masse comme les photons.
Penser que tout mouvement sans contact implique un champ magnétique
ou électrique ou les deux, comme le suggère la propulsion MHD
(Magnétohydrodynamique) ou la solution "ElectroMagnétique", n'est
que l'expression d'un anthropomorphisme terrien. Qui tente de rendre
compte des observables avec ses connaissances du moment. Pouvons-
nous affirmer que nous connaissons tout?

Pendant que le père de famille se rend à son travail dans son véhicule
"à moteur à plasma", la mère monte avec son enfant dans la seule pièce de
la maison qui ne soit pas polyvalente. Cette pièce est à un niveau que
1'on peut comparer au premier étage. Elle répond à la désignation de
UULODAXAABI et correspond à une sorte d'auditorium circulaire dont
l'ensemble mur-plafond est quasi-hémisphérique. Cette paroi en forme ce
coupole sert d'écran pour une perception tridimensionnelle totale. Il y a
plusieurs sièges possibles dans le sol, au centre de la pièce. La mère est
montée avec son enfant pour lui faire découvrir que cette installation peut
aussi être utilisée pour apprendre, en se "rendant" sur le site. La région que
cette famille habite est belle, avec un paysage varié, mais entièrement
recomposé. Pour découvrir, par exemple, à quoi ressemble une région
volcanique, avec des failles en activité éruptive, il suffit de faire son choix
de programme. Si l'objet de la demande est disponible dans la "cinéma-
thèque domestique", le programme est lancé à partir de celle-ci. Si le sujet
est trop spécialisé, ou a besoin d'être actualisé, il sera "télédistribué" par
le réseau d'ordinateurs. La technologie mise en œuvre est succinctement
abordée, pour dire qu'elle n'a rien à voir avec celle de notre télévision,
bien que l'outil en rappelle un peu le principe. L"'affichage" semble obtenu
par la juxtaposition d'extrémités de fibres optiques, chacune constituant un
point. L'important est la restitution du relief et de l'impression, que le
spectateur éprouve, d'être au milieu de la scène.
Bien sûr, cette pièce ne fonctionne pas qu'en réception. Les Ummites
peuvent s'en servir pour faire ce que nous appellerions de la "visio-
conférence en pied, ou tridimensionnelle". En effet, si la télépathie leur
permet de communiquer, en direct, avec n'importe quel autre Ummite
qu'ils connaissent, elle n'assure pas la transmission d'images. Il leur
suffit de se placer au centre de la pièce dédiée et que leur interlocuteur
fasse de même. Ils peuvent ensuite entrer en conversation, aussi bien en
verbalisant leur pensée que par le canal télépathique.

241
La télépathie

L'homme a toujours rêvé de communiquer à distance. N'ayant pas trouvé


de moyen naturel pour le faire, l'homme de la Terre a mis à profit, dès
qu'il l'a pu, ses découvertes "technologiques" pour parvenir à cette
réalisation. C'est ainsi que sont successivement apparus le télégraphe
Chappe, dont la propagation est optique, puis les divers systèmes
électriques, puis électromagnétiques. Nous culminons actuellement avec
le téléphone portable, qui est une incontestable solution de substitution à
la télépathie. Avec toutefois quelques restrictions et limitations.
Tout d'abord, le portable est tributaire de sa source d'énergie. Ensuite,
il est tributaire d'une infrastructure de relais actifs: pas de relais
émetteurs-récepteurs, pas de téléphone portable. Et enfin, les ondes
électromagnétiques traversent très difficilement le milieu aquatique.
Cette dernière observation est la raison majeure qui a fait dépenser des
sommes astronomiques en recherches, par les Américains et les Russes
pendant la guerre froide. Il est possible que des budgets considérables lui
soient encore consacrés. Comment, en effet, entrer en contact avec un
sous-marin en plongée? Tant que l'homme de la Terre n' aura pas maîtrisé
la télépathie (la vraie, pas celle de salon!), les sous-marins continueront
à faire presque surface pour émettre leur position et recevoir des ordres.
Situation désagréable de repérabilité et de vulnérabilité. Comme on le
voit, c'est la raison militaire qui a trouvé les budgets de recherche.
Qu'en est-il pour les Ummites? Le tableau semble tellement idyllique
que c'en est manifestement incroyable. Les Ummites affirment qu' ils
communiquent quand et où ils le veulent, même à l'échelle cosmique
interplanétaire, et en temps réel. Et donnent quelques explications. Bien
sûr, elles font intervenir l'espace selon leur description. Sans entrer trop
dans les détails qui seront mieux abordés dans le chapitre sur l'autre
vision, les auteurs disent que l'Univers est "en réalité" constitué d'une
infinité de paires d'univers conjugués deux à deux. Parmi ceux-ci, il en
est un qui nous paraît privilégié: celui dans lequel nous vivons. C'est
celui que nous voyons, sentons, touchons, celui qui est accessible à nos
sens. Tous ces univers sont différents, et ce qui les caractérise, c'est la
vitesse maximale de l'information en leur sein. Pour l'univers dans lequel
nous vivons, nous (hommes de la Terre et d'Ummo) avons identifié cette
vitesse maximale de l'information comme étant celle de la lumière, soit
environ 300.000 km/s. Parmi tous les autres univers, que nous ne
pouvons ni toucher, ni voir, ni contacter d'aucune façon (par définition,
puisque nous n'en faisons pas partie), il en est qui ont une vitesse

242
maximale plus faible et d'autres pour lesquels elle est plus élevée. Il
existe donc en particulier deux univers remarquables, car ils ont les
vitesses maximales limites: celui où cette vitesse est nulle, et celui où
cette vitesse est infinie.
Laissons de côté pour le moment l'univers à vitesse maximale nulle.
Considérons l'univers à vitesse limite infinie. Les Ummites expliquent
qu'ils ont mis en évidence plusieurs raisons de l'existence de cet univers,
et en particulier qu'il est l'intennédiaire des communications télé-
pathiques. Pour comprendre comment la chose est possible, il ne faut
surtout pas chercher à se représenter les différents univers. Tous existent
"en même temps" à chaque endroit que l'on considère, aussi petit soit-il.
Et selon les auteurs des documents, seules certaines structures atomiques
présentes sur nos chromosomes et dans certaines régions de notre
encéphale (configurations "aquantiques" de certains atomes de krypton)
pennettent des échanges d'infonnations par ondes gravitationnelles entre
les univers. Ces atomes, présents dans leur cerveau, sont de véritables
portes d'échange et convertisseurs entre l'univers à vitesse infinie et celui
dans lequel nous vivons. Ils fonctionnent en pennanence dans le cadre de
l'âme et de l'esprit collectif, concepts que je développe un peu plus loin.
Les Ummites déclarent qu'ils ont analysé (par des techniques d'inves-
tigation à distance) le fonctionnement de notre cerveau et que nous,
créatures humaines de la Terre, sommes aussi dotés, de ces atomes
spéciaux. Rien ne nous empêche donc, en principe, de pouvoir échanger
par télépathie. Ils disent que toutes leurs tentatives de communication
avec nous ont échoué.
Il semble bien que cette faculté n'est pas immédiate et que sa mise en
œuvre doit s'apprendre.
Lorsque les recherches ont été menées sur Terre, il faut noter que les
opérateurs ont très vite abandonné l'idée de transmettre des mots, mais
se sont rapidement tournés vers la transmission d'idées, comme les
évocations de figures géométriques ou de concepts simples: carré, cercle,
maison, pont, avion, bateau, etc ... Les protocoles d'essais comprenaient
un individu émetteur et un individu récepteur, complètement isolés sur le
plan sensoriel et pour lesquels l'heure même du début de l'expérience
n'était pas connue d'avance. Plusieurs jeux de cartes, genre 7 familles,
avaient été préparés à l'insu des acteurs. Chaque carte évoquait un
concept simple représenté par un dessin stylisé. Le jeu qui servait
d'expérience était tiré au sort (la totalité des précautions prises étaient
destinées à éliminer, autant que possible, la toujours possible fraude
humaine ... ), et un nouveau tirage au sort désignait la carte à traiter.

243
L'individu émetteur était invité à se concentrer sur le symbole pour en
"envoyer" l'idée au récepteur. Le temps considéré comme nécessaire
était noté ainsi que l'heure. Au même moment, le récepteur était invité à
dessiner, sans parole, le symbole qu'il pensait avoir reçu. Après un train
d'une dizaine de tentatives, l'expérience était arrêtée, et on comparait les
images dessinées, dans leur séquence, avec les images "émises". Les
résultats n'ontjamais été franchement probants, car tout le problème était
de déterminer, statistiquement, quel était le taux de réussite normal,
témoin du simple hasard. Toutes ces recherches ont porté sur d'éven-
tuelles capacités encore inconnues de notre cerveau. Les scientifiques et
psychologues qui ont procédé aux premiers travaux ont été vite débordés
par une masse de "chercheurs parallèles" qui travaillaient sur les
supposés pouvoirs "surnaturels" du cerveau [comprendre "naturels",
mais contrôlés, et à la seule portée d'individus d'exception, les raisons en
étant a priori financières, car les contrats possibles semblaient juteux ... ).
C'est ainsi qu'est née une branche de la parapsychologie, et toutes les
soi-disant découvertes qui ont suivi.
Aucun débouché sérieux n'a fait l'objet de publication, même au seul
niveau des résultats et quarante ans plus tard, si le procédé avait porté ses
fruits, nous le saurions, malgré le "couvercle" militaire.
Que disent les Ummites? Pour entrer en communication télépathique
avec quelqu'un G'ai cru comprendre qu'il fallait le connaître, pour l'avoir
immatriculé dans sa mémoire ad hoc), il faut changer de plan de
conscience, en passant en mode de semi-endormissement. Cela permet de
neutraliser l'activité cérébrale associée au traitement des stimuli
sensoriels et autorise un accès conscient au couches subconscientes
d'émission du cerveau. Les Ummites disent que c'est un exercice qui
n'est pas simple, mais qu'ils sont arrivés à très bien à maîtriser à force de
pratique. Ils peuvent, disent-ils, basculer en une fraction de seconde.
Celui qui reconnaît Je signal d'appel correspondant, et souhaite donner
suite à la demande, se place aussi en état "second" et le transmet au
demandeur. La conversation peut alors s'établir et les messages
s'échangent. Il s'agit d'une conversation comme nous les connaissons,
avec interruptions et possibilité d'échanges simultanés. Elle peut être à
interlocuteurs multiples. Les Ummites nous disent qu'ils ont identifié les
impulsions gravitationnelles correspondantes et donnent leur fréquence.
Le train d'impulsions, dans la tête de l'émetteur, change d'univers lors de
son traitement par les atomes de krypton "aquantiques" et passe à
l'univers à vitesse infinie. [J'invente ce mot "aquantique" pour qualifier
quelque chose que nous n'avons pas encore constaté, du fait du caractère

244
encore "grossier" de nos outils d'investigation: des atomes dont les
électrons et les constituants du noyau obéissent à une distribution
régulière et échappent aux comportements statistiques quantiques]. La
vitesse de circulation de l'information étant infinie, la distance réelle n'a
donc pas d'importance, et le train d'impulsions se présente au même
instant à tous les atomes aquantiques en "contact" avec cet univers.
Comme il est accompagné de !'"adresse du destinataire", seuls les atomes
de celui-ci vont assurer leur transition (en chemin inverse de l'émetteur)
vers l'univers vivant qui les héberge, c'est-à-dire celui du récepteur. Dont
les circuits cérébraux d'écoute vont acheminer le message vers la zone de
conscience. Les Ummites affirment avoir mis en évidence ce phénomène
par mesure du temps de réponse de l'émission et de la réception, au
niveau cérébral. Ils en donnent la valeur en précisant qu'elle a été
constatée indépendante de la distance du correspondant.
Ils disent aussi qu'ils ont plusieurs manières de s'exprimer vocalement:
le langage simple que j'ai étudié, un langage complexe que j'ai appelé
"codilangage" qui met en œuvre des intonations et que je n'ai pas encore
étudié, et un troisième langage encore plus complexe dont ils ne donnent
pas d'exemple. Ils exposent que seul le langage simple peut être utilisé
en télépathie. Et que pour bien transmettre, ils évoquent la vocalisation
de ce qu'ils veulent envoyer, même pour ceux dont la voix s'est atrophiée
et pour lesquels l'opération "leur rappelle le temps de leur enfance où ils
pouvaient encore se faire clairement entendre".
Ici, les choses deviennent très intéressantes. On peut déjà en déduire que
le choix du mode d'expression dans la pensée humaine, la parole en
particulier, intervient très en aval de la pensée elle-même. La structure
cérébrale en charge de l'émission est commune à la télépathie et à la
verbalisation, au moins chez les Ummites. Le codilangage ne se différen-
cie pas fondamentalement du langage simple (enchaînement coordonné
d'idées relationnelles), sauf pour les intonations. Ce qui est très
homogène et cohérent: la transmission télépathique se fait à partir de
codes équivalents aux seules dix-sept sonorités fondamentales,
prononçables et identifiées. Or, mon travail a mis, par ailleurs, en
évidence que chaque phonème est porteur d'une idée, que ce langage est
"idéophonémique". Sans aucune prise en considération de la télépathie.
Quelle formidable cohérence tout de même, non?
Nous avons cherché à communiquer par télépathie, sans succès à ce jour,
en tentant de transmettre des idées simples.
Les Ummites nous citent leur langage, qu'ils nous laissent découvrir,
mais dont ils nous disent qu'il est le support direct, et le seul, de leurs

245
communications télépathiques. Une fois compris après un long travail, ce
langage se révèle être presque exclusivement une construction d'idées
simples, et relationnelles. Parfaitement adapté, dans son architecture, aux
nécessités que nous avons attribuées à la transmission télépathique.
Il est important de noter que cette cohérence n'ajamais été mise en avant
par les auteurs. Elle n'a pu apparaître qu'après une compréhension
suffisante de la langue. Pourquoi un homme de la Terre aurait-il inventé
tout ça? Avec tous ces détails non-dits et si homogènes? Voilà donc
encore une très bonne raison pour exclure que ces documents soient une
supercherie humaine.
Il n'en reste pas moins que l'idée d'une infinité de cosmos qui coexistent
partout dans l'Univers avec le nôtre est difficile à admettre pour nous. Il
semblerait que la chose ait été du même ordre pour les Ummites. C'est
pourquoi, chaque fois qu'ils font référence au multi-univers et à toutes
ses implications, ils parlent de "transcendance", mot admirablement
adapté pour évoquer "ce qui échappe à l'entendement". Ils disent que leur
pratique de la télépathie est une des mises en évidence dimensionnelles
perceptibles de la validité de leur théorie.

L'esprit collectif et le troisième facteur


Pour les Ummites, la "population consciente" de chaque planète
constitue un groupe homogène vivant, différent de tous les autres. Son
caractère vivant est inséparable d'un développement dans la néguen-
tropie. L'ensemble des êtres vivants du biotope d'une planète voient leur
développement coordonné par une structure d'échange et centralisatrice
d'information, qu'ils nomment BUUAWEE BIAEEI. Cette structure
fonctionne à deux niveaux, un premier plan commun à toutes les espèces
du biotope, et un deuxième plan, spécifique aux êtres conscients.
Les Ummites affirment que les chaînes moléculaires de l'ADN portent à
leur extrémité une "grappe" d'atomes de krypton "aquantiques". Leur
rattachement à l'ADN en fait bien un attribut du vivant. Ces atomes
contiennent, par accumulation "ancestrale" de l'histoire du vécu de tous
les êtres vivants d'un biotope planétaire, la description de tous les "plans"
ou "schémas" évolutifs possibles du vivant dans ce biotope.
L'information y est stockée sous forme d'états énergétiques à des niveaux
subparticulaires, comme ceux des constituants des électrons ou des
constituants des noyaux. Les échanges se déroulent au niveau gravi-
tationnel. Les chaînes d'ADN portent donc tous les "patrons" possibles
du biotope. Ce système d'atomes aquantiques fonctionne comme un

246
récepteur, mais aussi comme un émetteur. Il informe, par "effet frontière"
trans-univers, la structure collective de gestion du biotope, qui se trouve
"localisée" dans l'univers à vitesse limite infinie. C'est ainsi que les
Ummites expliquent pourquoi, selon les cas, une mutation accidentelle de
la structure sera intégrée ou reprise en termes d'évolution, ou au contraire
abandonnée. Elle sera, en particulier, confrontée à la "survie possible",
par comparaison avec les schéma stockés. C'est en faisant intervenir
l'information par la structure planétaire de coordination que les auteurs
expliquent les mutations survenant "de l'intérieur" et en l'absence de
stimuli extérieurs aux cellules. Chaque noyau de cellule de chaque être
vivant est ainsi "en prise" avec l'univers de "coordination". Chaque
biotope, ou chaque planète y dispose de son propre sous-ensemble.
C'était un des buts de leur exploration de la Terre, ont-ils affirmé, que de
vérifier la "réalité" de cette architecture au niveau de la planète. Résultat
positif: les chaînes d'ADN de tous les êtres vivants de la Terre comportent,
elles aussi, des grappes de krypton aquantique.
Un autre de leurs objectifs était de vérifier si la communication était
possible entre les structures de coordination de deux planètes différentes.
Ils n'ont pas donné le résultat de leur recherches, et on comprend
aisément pourquoi.
[Arrêtons-nous un instant sur l'expression BUUAWEE BIAEEI. Le
premier terme se transcrit, en termes bruts par "contribution (B) dépen-
dance (U) égale (U) effective (A) variation, changement, information
(W) codification, modèles (EE)". Ce que je transcris par "les modèles
informatifs des contributions à égalité de dépendance effective".
Le deuxième terme se transcrit, toujours en termes bruts, par "contribu-
tion (B) différence, variété (1) décisions (AE) perceptions (E) différence
(1)". Je le formule par "contributions à la variété des décisions par des
perceptions variées".
Si bien que l'expression complète désigne "[la structure] des contribu-
tions, à égalité de dépendance effective, par des modèles informatifs à la
variété des décisions associées aux différentes sensations".
On voit que la désignation ummite, fonctionnelle, met l'accent sur la
gestion de l'information et sur le caractère bidirectionnel des échanges
(les contributions à égalité de dépendance sont en entrée de la structure,
et la variété des décisions est en sortie, au niveau de l'influence sur le
développement des espèces).]

Darwin a constaté et provoqué la prise de conscience de l'évolution des


espèces, en reconstruisant l'histoire, l'enchaînement de la progression

247
vers de plus en plus de complexité et d'organisation, jusqu'à l'homme.
Sans entrer dans des détails qui mèneraient trop loin, la présentation
ummite de "l'esprit collectif planétaire" donne un éclairage nouveau,
cohérent et singulièrement détaillé sur la logique qui a présidé à cette
évolution. Notons au passage un point fondamental de la pensée et de la
formalisation ummites: la structure planétaire existe au sein de l'univers
à vitesse limite infinie, et est présentée comme des "informations de
plans, préenregistrées (EE)". Cette notion d'information est celle qui
sous-tend toute la représentation ummite de l'univers. L'Univers dans
son ensemble n'est-il pas nommé le WAAM, c'est-à-dire les "informa-
tions (W) en équilibre effectif (AA) et en couplage (M)"? Le tout à
l'échelle du multicosmos, c'est-à-dire dans la considération de l'infinité
des univers.

Cet esprit collectif planétaire joue aussi un rôle qui est spécifique à
l'espèce consciente: l'homme. Les Ummites disent qu'à chaque humain
conscient est associée une âme. En donnant cette affirmation, ils ne se
différencient pas de nombreuses écoles de pensée ou religions de la Terre.
Selon les points de vue, cette âme a un contenu différent.
Pour les catholiques elle est l'expression de la conscience que Dieu a
donné à l'homme, et on peut comprendre les émois du père Guerrero,
quand il a pris connaissance des éléments ummites, car c'est aussi leur
point de vue, d'une certaine façon.
Dans l'ensemble, l'idée de l'âme est associée à la conscience de la
participation à la "Création", avec une connotation transcendantale.
L'âme est, pour les Ummites, l'image adimensionnelle, conceptuelle
mais réelle, de chaque individu au sein de l'esprit collectif planétaire.
Ils la dénomment BUAWAA, qui veut dire "contribution obligatoire
(indispensable) informative à l'équilibre effectif". On constate que le
vocable ummite ne fait pas référence directe à la conscience, mais au rôle
indispensable de l'âme dans l'échange équilibré des informations, dans
une sorte de partage permanent et nivelant "par le haut".
[Ce vocable se transcrit, en brut par "contribution (8) nécessaire, obliga-
toire (UA) information (W) équilibre effectif (AA)". Que je reformule
par "contribution obligatoire (indispensable) informative à l'équilibre
effectif''. On comprend immédiatement la cohérence réelle du discours,
et l'appui que la compréhension de la langue lui donne!]
Faisons un petit récapitulatif.
Le biotope de chaque planète est peuplé d'êtres vivants, constitués de
cellules avec de l'ADN dans les noyaux. Chaque hélice d'ADN comporte

248
à chaque extrémité une grappe d'atomes de krypton qui assure, d'une part
le contrôle d'exécution des mutations et d'autre part l'interface de
communication gravitationnelle avec l'univers à vitesse limite infinie.
La communication se fait au sein d'une structure d'échange des infor-
mations, baptisée "esprit collectif planétaire".
Chaque être conscient est représenté, en outre, au sein de cette structure
par son "âme". Pour les Ummites, il s'agit d'une entité adimensionnelle
de communication, et donc de partage, des informations.
Il reste maintenant à assurer le transfert d'informations entre l'être
humain, son corps physique conscient, et son âme. C'est le rôle d'une
nouvelle sorte de grappes d'atomes aquantiques, toujours du krypton. Cet
"organe" de communication, qui reçoit le nom de OEMBUUAW, est
désigné le plus souvent par "lien soma-psyché" ou "facteur qui relie
l'âme au corps" ou "intermédiaire entre l'esprit et le corps". Il reçoit
aussi le nom de 3ème facteur de l'homme.

[La transcription brute du vocable OEMBUUAW se fait en considérant


OEM qui exprime les "créatures (0) qui ressentent (E) leurs relations
(M)" et BUUA qui évoque la "contribution (B) de dépendance (U) obli-
gatoire (UA)". Et le soncept W qui exprime l'information. On constate
ainsi que le vocable OEMBUUAW désigne "[ce que les] créatures ressen-
tent [comme des] relations de contributions de dépendance nécessaires et
d'information".
Ici encore, la compréhension de la langue met en évidence l'excellente
cohérence de l'exposé.]

Ces atomes de krypton sont situés dans certaines régions de l'encéphale.


Le krypton reçoit la désignation de DIIUYAA.

[La transcription du vocable DIIUYAA donne, en termes bruts,


"manifestation, forme (D) isolement, limite, enveloppe, localisation (II)
dépendance (U) paquet, ensemble (Y) équilibre, symétrie, réciprocité
(AA)". Le segment UYAA évoque un ensemble symétrique ou en équi-
libre et dépendant. Il désigne l'enveloppe électronique de l'atome, qui en
est dépendante. Le vocable désigne ainsi "[un élément dont] la sphère
dépendante est une manifestation de frontière [avec l'univers à vitesse
limite infinie]". C'est une excellente définition de cet élément chimique,
seul capable du comportement "aquantique" qui autorise l'effet frontière
avec l'univers à vitesse limite infinie, et pour tous les êtres vivants d'un
même biotope, d'une même planète. Cette communication assure le

249
pilotage du développement des êtres vivants, intelligents ou non, de la
planète.
Nous avons ici, encore, un témoignage clair de la cohérence des contenus
des documents et de la langue. Qui n'a pu apparaître qu'après compré-
hension suffisante de celle-ci, et sans que les auteurs aient rien fait de
direct pour la favoriser. Quel homme de notre Terre aurait pu inventer
tout cela? Et surtout dans quel but, puisque tout ou presque est resté caché
pendant plus de trente ans?]

Pourquoi 3ème facteur de l'homme?


Pour les Ummites, l'existence de l'homme, seule créature consciente de
l'univers, est appuyée sur quatre éléments:
Son corps physique, qu'ils désignent par OEMII, 1er facteur
L'existence d'une âme, BUAWAA, qui en est le 2ème facteur
- Un lien entre le corps physique et l'âme, OEMBUUAW, 3ème facteur
- L'existence d'un esprit collectif planétaire, ensemble regroupant les
âmes, et qui reçoit le nom de BUUAWEE BIAEEI, 4ème facteur

La méditation et le repos
Les Ummites insistent sur la sensibilité de l'esprit collectif planétaire. Ils
affirment qu'un petit nombre d'âmes "informées" peuvent avoir une
influence considérable sur l'ensemble, à partir de la prise de conscience
collective de son existence.
Toutes les réalités dimensionnelles de l'Univers évoluent, et il n'y a que
deux sortes d'évolution. D'une part celle du non-vivant. Son évolution se
traduit par une dégradation de son organisation: la pierre s'abîme, se
transforme en poussière. Ce type d'évolution se traduit par un état final
plus désordonné, moins structuré, que l'état initial. Nous disons que
l'évolution est entropique. C'est celle du nivellement énergétique par le
bas. Le chaos et l'anarchie sont l'exemple même d'absence d' organisation:
les scientifiques disent qu'ils sont l'expression de l'entropie maximale.
Toute évolution qui traduit une organisation finale plus grande que celle
qui présidait à l'état initial, est une évolution qui va à l'encontre de
l'entropie, qui en est la négation. C'est pourquoi on qualifie cette
évolution de "néguentropique".
Prenons l'exemple d'une collectivité simple: celle d'une classe mixte
avec ses écoliers, distribués au hasard, garçons et filles mélangés.
Prenons comme état initial que la classe est calme pendant que le
professeur parle.

250
Imaginons un premier cas: un élève interrompt Je professeur avec
désobligeance, ce qu'un autre reprend à son compte sur un autre mode.
Plusieurs élèves rient, Je professeur est décontenancé et d'autres élèves se
font entendre et commencent à jeter des boulettes de papier, etc ... et
Je calme dégénère en chahut généralisé. L'état final de la classe est
incontestablement moins "organisé" que son état initial: l'évolution a été
entropique. Un seul élève, par son impulsion initiale, a suffi à désorga-
niser gravement l'ensemble, conduisant à une perte d'opportunité
d'apprendre pour la classe complète.
Imaginons un deuxième cas. Un élève, ayant remarqué que le voisinage
direct des garçons et des filles était une source de distraction par rapport
à la concentration nécessaire au suivi des cours, fait la suggestion de sépa-
rer la classe en deux groupes: d'un côté les garçons et de l'autre les filles.
Le professeur, considérant cette suggestion comme une opportunité,
autorise cette nouvelle répartition. Au-delà de commentaires possibles
sur la sociologie ou le caractère puéril de l'exemple, il est certain que la
classe est alors dans un état d'organisation supérieur à son état initial,
plus structuré. L'évolution a été ici néguentropique, puisqu'elle aboutit à
plus d'ordre. On constate au passage que ce nouvel état autorise une
meilleure acquisition des connaissances, nouvelle forme de néguentropie.
Ne retenons de cet exemple simplifié que deux constatations:
- l'entropie, c'est l'évolution vers plus de désordre et c'est un
gaspillage. C'est malheureusement le type d'évolution le plus répandu.
La néguentropie, c'est l'évolution vers plus d'ordre. C'est une carac-
téristique de l'évolution à long terme du vivant. L'homme, stade
actuel ultime du développement de la vie, est une structure incon-
testablement plus organisée que les premières mousses qui sont
apparues sur la Terre il y a quelques centaines de millions d'années.
- dans une collectivité, une intervention modérée et bien ciblée est
souvent suffisante pour provoquer des effets considérables, et d'un
facteur d'échelle supérieur à celui attachable au niveau de l'action.
Tous les spécialistes en action psychologique vous Je confirmeront.

Ces différentes considérations vont nous permettre de mieux comprendre


le point de vue ummite et les activités qui en découlent.
Avant de se coucher, Je couple ummite se livre à une sorte de méditation,
mêlée d'analyse autocritique de comportement (les chrétiens diraient un
"examen de conscience") sur les évènements de la journée. Chacun
s'installe dans Je "creux" de son siège, au milieu de la pièce qui va devenir
la chambre à coucher et s'isole mentalement dans une atmosphère douce

251
et intime, avec des éclairages non contrastés dans les tons bleu violeté. Le
temps consacré à cette activité mentale est long en comparaison de nos
échelles de temps: pratiquement une heure et demie de notre temps. Au cours
de ce processus, l'Ummite se remémore sa conduite tout au long de !ajournée
et l'analyse en regard de ses devoirs moraux envers la collectivité. La
démarche intellectuelle est de nature profondément néguentropique.
En effet, pour comparer sa conduite à celle qui aurait été conforme à la
Loi Morale UAA, il lui faut se remémorer sa conduite exacte, en garder
un souvenir structuré, donc combattre la conduite "entropique" qui
consiste à laisser s'installer la désorganisation, le flou du souvenir. Acte
non destructeur. Il lui faut aussi analyser les prescriptions de la Loi
Morale dans les conditions de son souvenir, c'est-à-dire maintenir intacte
l'image de la structure originale des prescriptions. Encore un maintien
en l'état d'organisation. L'ensemble étant un processus mental,
encéphalique conscient, est directement en prise avec l'esprit collectif
planétaire. Il diffuse donc son attitude non destructrice. Ce faisant, il lutte
contre l'entropie possible, penchant naturel de l'évolution.
Lorsque cette rétrospection fait apparaître qu'une attitude différente de
celle qui a été vécue était possible et souhaitable, l'analyse consciente
positive a pour effet de "gommer" ou "compenser" les impacts négatifs
enregistrés par l'esprit collectif lors des faits, et de les remplacer, non par
l'attitude positivement adoptée, mais par l'idée "profondément vécue" du
comportement qui aurait dû être. Une sorte de vécu par "remords" et
"substitution". La conduite reconnue comme valide étant conforme, par
définition, à la Loi Morale, il s'ensuit que le bilan final est forcément au
pire de niveau égal, et généralement plus positif que le bilan initial.
L'action ne peut être que néguentropique, avec un "enrichissement" de
l'esprit collectif, donc de la communauté consciente de la planète.
On comprend aisément pourquoi, dans la perspective de l'esprit collectif
planétaire, cette pratique est une prescription obligatoire avec un contenu
profondément vécu.

[Un mot sur la "Loi Morale" UAA. La transcription brute de ce vocable


donne "dépendance (U) validation active (A) validation active (A)". Elle
peut donner lieu à deux interprétations. On peut lire UA-A, c'est-à-dire
"validation active (A) des obligations, des contraintes ou des nécessités
(UA)". C'est-à-dire "vérification expérimentale des obligations", qui est
beaucoup plus fort que les obligations elles-mêmes.
On peut aussi lire U-AA, qui se traduit par "dépendance (U) et équilibre
effectif (AA)", c'est-à-dire "équilibre effectif dans la dépendance". Qui

252
exprime une autre réalité de la vie collective ummite. Et qui peut aussi
être assimilé à une contrainte.
Je préfère la première formulation qui évoque clairement le côté "obliga-
toire" que l'on peut associer à une loi. Je suis conscient que cette lecture
présente une connotation "terrienne" marquée, les Ummites auraient
dit "géocentrique". Je pense plutôt qu'elle fait partie d'un ensemble de
concepts qui s'imposent dans la logique du fonctionnement de la
conscience, dans son universalité.]

L'examen de conscience est prolongé par une période de méditation


sur la place de l'homme dans l'Univers, sur sa fonction contributive à
l'évolution positive de celui-ci en tant que "Création", œuvre de Dieu et
sur le concept de Dieu lui-même. Une sorte de "prière" du soir, avec une
connotation très scientifique de contribution à l'évolution de l'espèce.
Et la pièce qui sert tout à la fois à cette méditation ou au sommeil porte
tantôt le nom de WOIWOAXAABI ou WOIWOIXAABI. On aurait pu
s'étonner que les auteurs aient utilisé le mot "dortoir", et non "chambre
à coucher". Le choix du mot est encore, ici, fort judicieux. Il fait penser
que la pièce a une fonction première de sommeil et qu'il peut être
collectif (en particulier avec les enfants). L'expression "chambre à
coucher" porte une indication intimiste qu'ils n'ont pas voulu donner.

[Le document 041 associe l'appellation WOIWOIXAABI à l'espace de


sommeil lui-même. Et le vocable WOA est donné pour désigner Dieu. La
transcription brute de WOI donne "information (W) créature, entité
dimensionnelle (0) différence, autre, variété (1)", ce que je formule par
"autre information de la créature". Ce segment recouvre aussi bien
l'activité consciente de méditation, qui se fait sur un plan de conscience
non "habituel", c'est-à-dire différent, et l'activité inconsciente du
sommeil, qui a lieu par périodes consécutives, et au cours desquelles
l'individu accroît son niveau informatif (sauf celui du temps, témoin du
caractère inconscient du processus).
Le vocable WOIWOAXAABI évoque la fraction de la maison (XAABI)
pour "l'information différente de l'être" (WOI) et [pour] Dieu (WOA)
[la méditation].
Le vocable WOIWOIXAABI évoque, dans les mêmes conditions, la
"partie de maison (XAABI) pour les "pluri" (répétition) informations
différentes de l'être"(WOI), c'est-à-dire le sommeil. Nous savons, bien
sûr, que le sommeil est fait d'une succession de phases identiques dont le
cycle de base est d'environ une heure et demie. Le segment WO se

253
retrouve dans tous les processus de "génération" comme l'ovulation
EIWOO, ou les axes des IBOZOO UU: OAWOO, ou de régénération
comme dans la carboxyhémoglobine WOODAA-. Si bien que je suis
tenté de lire WOI comme une "génération différente ou distincte de
l'individu, une re-génération". Le sommeil WOIWOI pourrait être
désigné, dans cette hypothèse, par "pluri-régénérations".]
On voit bien que les Ummites donnent ainsi l'idée des deux types d' uti-
lisation, semble-t-il consécutives, de la pièce qui devient "méditarium"
(WOA), puis chambre à coucher (pour les pluri-régénérations WOIWOI).

Quand le temps de la méditation est écoulé, les Ummites se livrent à


quelques ablutions finales et lancent la commande d'émergence des lits.
Il faut bien comprendre que lorsque je dis "lit" en évoquant la couche
ummite, je ne pense pas du tout à ce que nous connaissons sur Terre. Quel
que soit le pays. Le déploiement de la couche ummite commence par
l'émergence d'une sorte de couronne tubulaire chromée qui sort à plat du
sol et se maintient en lévitation électromagnétique à environ un mètre de
celui-ci. Cette couronne, stabilisée à sa hauteur normale, laisse ensuite
s'échapper une sorte de mousse qui fait un peu penser à nos
polyuréthanes et qui se modèle selon une sorte de coquille allongée,
ferme et solidaire de la couronne initiale. La "coquille" ainsi déployée
reste en lévitation magnétique et forme le lit individuel. A l'inverse, au
lever, sur commande ultrasonore, la coque de mousse se recroqueville,
s'auto-dissout et disparaît par conversion en gaz légers. La couronne
métallique réintègre alors son logement dans le sol. Les Ummites
dorment ainsi chaque soir, par hygiène, dans un lit neufl
Il n'y a pas de sujet indésirable dans les documents, ce qui nous vaut
quelques lignes de détails amusants sur les conditions du couchage des
Ummites.
Le système de suspension par lévitation magnétique est forcément
souple. Chaque lit est indépendant. Il est donc assorti de servo-méca-
nismes dont la désignation évoque la compensation automatique, pour lui
assurer une forme de stabilité. On imagine toutes les combinaisons de
"pilotage" qui peuvent être envisagées et leur souplesse. Toujours par
commandes ultrasonores. Les Ummites éprouvent des sensations
agréables, de type érogène, lors de certains types d'accélérations. Ils
peuvent en déclencher la mise en œuvre par les servo-mécanismes. Un
passage est amusant, lorsque les auteurs précisent que si les ordres
donnés semblent incohérents à l'ordinateur de contrôle, celui-ci suspend
l'exécution et attend la confirmation des ordres! Les époux peuvent donc

254
commander le rapprochement des lits, et provoquer, s'ils le désirent, une
mise en condition ...
Il est incorrect et terriblement érotique de voir la nudité des autres, même
du même sexe, sauf dans le couple. C'est l'acte de se dévêtir qui est le
plus provocateur. C'est pourquoi dans le couple, on éteint la lumière le
temps de se dévêtir et on la rallume ensuite.
L'Ummite dort tout nu, c'est-à-dire sans vêtement et "sans couverture".
Il dort à plat ventre. Une vieille tradition, qui n'a pas été remise en cause,
veut que l'irradiation des gonades par les rayons cosmiques conduise à
des malformations des futurs enfants. Et que l'écran du corps contribue à
la protection des gonades.
Le temps du sommeil est contrôlé par une discipline sous réflexe
conditionné.
Certains hommes de la Terre parviennent aussi à très bien contrôler la
durée de leur sommeil. Les Ummites déclarent que les réveils sont
d'abominables machines à stress! et je crois que nous les vivons souvent
comme cela ...

Le couple, la famille et la vie sociale


A un peu plus de treize ans et demi, l'enfant ummite quitte ses parents
pour faire ses études dans une sorte d'Université en internat, quelquefois
polytechnique. Il est complètement soustrait à l'influence éducative de
ses parents. Ses maîtres assument le complément relationnel et éducatif
en lieu et place de ses parents.
Toutes les connaissances sont acquises par des méthodes pédagogiques
sophistiquées, faisant intervenir tout à la fois la pratique du bilangage et
celle des "réflexes conditionnés". Elles semblent très performantes. Les
Ummites ne se cachent pas que l'isolement des enfants correspond à la
prise en mains, très directive, de leur insertion sociale, c'est-à-dire à leur
éducation de citoyens. Un tel état d'esprit est baptisé "totalitaire" dans
nos sociétés démocratiques. Il est présenté par les Ummites comme la
seule solution pérenne (confirmée depuis des siècles terriens!) aux
problèmes insolubles de la gestion antérieure de la planète. Le plus dur a
été pour la génération de transition: celle qui a pris la décision et qui se
l'est imposée à elle-même.
Selon le coefficient psychotechnique professionnel, la durée des études
peut s'étaler d'un minimum de deux ans et demi jusqu'à presque six
ans. C'est donc dans le cours de ses études (comme sur Terre) que
l'adolescent va franchir le cap de sa maturation sexuelle.

255
L'institution du mariage est "sacrée" et fondatrice de la société ummite.
Tl ne doit pas être ni brisé, ni dévoyé. JI vaut mieux attendre que de
prendre le risque de faire des erreurs dans le choix du conjoint. D'autre
part, la procréation est obligatoire, mais contrôlée et il n'est pas question
(sauf exceptions sanctionnées) d'avoir plus d'enfants que la capacité
assumable par la famille. Par un contrôle anticonceptionnel très pointu,
et pas par l'avortement. Le sentiment qui domine, pour nous Terriens,
devant les descriptions de la vie ummite, c'est que cette planète et
ses habitants semblent vivre en perpétuelles actions de prévention et
d'anticipation, et non en situation de constat. Prenons quelques exemples.
En matière de santé, I'Ummite va adopter une discipline de vie et
d'alimentation de nature à faire disparaître les risques de maladie.
Nous avons l'impression qu'il perd de sa liberté dans l'opération. Un
comportement équivalent conduirait tous les fumeurs à cesser de fumer
sur Terre. Si on interrogeait I'Ummite, il répondrait qu'individuellement
(le mot a-t-il le même sens pour lui?) la contrainte est faible mais surtout
qu'elle est indispensable à l'équilibre de la planète. Personne ne fumant,
plus de maladies induites (cardiovasculaires, cancers ...) et donc des
énergies disponibles recentrables sur d'autres sujets d'épanouissement.
Les actions de soin, réparatrices, sont des "rattrapages", des actions
correctives a posteriori, nécessitées par le résultat d'un laisser-aller
"entropique", puisque la maladie est un facteur et un témoin du désordre.
Il est évident que cette attitude psychologique est d'autant plus facile à
comprendre que les connaissances sont plus nombreuses et plus profondes.
Au vu de ces descriptions, la question est néanmoins posée dans nos
sociétés: malgré l'unité de mesure finale qu'est l'argent, pouvons-nous
démontrer que la réflexion ummite n'est pas féconde?
En matière de procréation, c'est-à-dire de préparation des générations
futures de la planète, les Ummites ont exactement la même attitude. Ils
se disent capables, au vu du patrimoine génétique d'un homme et d'une
femme, de prédire sérieusement le potentiel [coefficient psychotechnique
professionnel] de l'enfant à naître et ses risques de "tares" possibles. Si
bien qu'ils découragent clairement les assemblages de couples qui ne
déboucheraient pas presque certainement sur des individus à profil géné-
tique en progression. C'est une forme d'eugénisme qui nous paraît
utopique, à défaut d'avoir décidé si elle est souhaitable, puisque nous
n'avons même pas encore fini de dresser la carte du génome humain.
Toujours à propos du couple, les caractères et les profils psychologiques
des deux impétrants sont analysés de façon détaillée et approfondie, de telle
sorte que la société ummite soit assurée de la solidité à vie du couple.

256
C'est donc dans ce double système de compatibilité que les jeunes
Ummites vont se fréquenter. Avec des paliers de progression dans le
"contact" [il est hors de question qu'un contact à caractère sexuel, quel
qu'il soit, ait lieu avant le mariage], assortis de contrôles de cohérence
psychologique et génétique.
Au cours de leurs études, les jeunes Ummites "contribuent" de plus en
plus à la société et accumulent des unités qui leur serviront au moment de
s'établir en couple. Ils se marient un peu avant la fin de leurs études.
Le mariage est organisé très peu de temps après les premières menstrua-
tions de la fiancée et de telle sorte que la première copulation ait lieu lors
d'une de ses premières ovulations. Toutes assurances prises pour qu'un
premier enfant naisse sans délai. Je n'ai pas trouvé, dans les documents,
d'indication sur la durée de la gestation.

Le couple (OMGEEYIE) est ainsi formé, toujours, d'un homme (GEE)


et d'une femme (YIE).

[Un mot rapide sur ce vocable. Il exprime que les créatures (0) sont
associées, juxtaposées, réunies, couplées (M) et qu'il s'agit d'un homme
(GEE) et d'une femme (YIE).]

Arrêtons-nous un instant sur ces deux mots qui désignent l'homme et la


femme. Ils sont les témoins tout à la fois de l'originalité de la langue et
de la culture qui la sous-tend. Non sans avoir quelques rapports avec nos
points de vue.
Le vocable qui désigne l'homme, le mâle, est l'assemblage des idées de
"structure, organisation (G) et codification, modélisation, program-
mation (EE)". Dans l'évocation ummite, l'homme est caractérisé comme
un être structuré ou structurant (G) et qui "mentalise" (E) ses sensations
(E), c'est-à-dire qui analyse, transpose et codifie ou enregistre ses
perceptions.
Cette définition de l'homme-mâle est-elle étrangère à nos conceptions?
Sentons-nous, sauf dans la formulation et la façon de voir bien sûr, une
différence avec ce que nous pourrions en dire? Nous pourrions sans doute
y trouver quelque expression un peu "machiste", mais ne s'agit-il
pas d'une culture qui nous est complètement étrangère? Cette façon
de désigner l'homme, en tant qu'élément sexué mâle de la paire indispen-
sable à la reproduction, n'est-elle pas à la fois l'expression d'une sorte de
constante de "l'espèce" [l'Humain, à travers le cosmos] et la manifes-
tation évidente du formidable écart avec une autre culture?

257
Les vocables qui désignent la femme, la "femelle" de l'espèce "Homo
Ummo", sont tantôt (et le plus souvent) YIE et moins souvent YIEE.
Pour YIE, il s'agit de l'assemblage, respectivement de "ensemble,
paquet, groupe (Y) autre, différent, distinct (1) image mentale (E)". Le
son Y évoque non seulement le rassemblement, le regroupement "en
vrac", mais aussi les courbes, par opposition au caractère anguleux de
tout ce qui est structurant. Nous avons vu que les Ummites classent les
"images mentales", c'est-à-dire les perceptions conscientes en deux
familles: d'une part les images résultant directement des stimuli
"physiques" sensoriels, qu'ils désignent par le sonE et les autres sensa-
tions, perceptions que sont les émotions, les sentiments, en les désignant
par lE soit "différence, distinct (1) images mentales (E)". La femme est
donc désignée par les Ummites comme un "ensemble (Y) de sentiments,
d'émotions (lE)". Comment ne pas être interpellé par cette formulation
si synthétique pour exprimer toute la spontanéité, et le caractère
émotionnel, émotif ou sentimental de nos compagnes?
Comment ne pas voir, en dehors de tout machisme facile, l'opposition
que les deux désignations soulignent:
Le premier phonème de l'homme évoque l'organisation alors
que celui qui désigne la femme évoque le caractère cumulatif,
rassembleur ou agrégatif, mais sans structure.
Le deuxième phonème qui évoque l'homme fait à nouveau référence
à la structure par le biais de la symétrie, du retour sur soi-même, de la
continuité et de l'analyse. Celui qui évoque la femme souligne
d'abord sa différence dans les schémas mentaux, la prééminence de
ses perceptions "d'accompagnement". Elle "sent", perçoit intuiti-
vement plus qu'elle ne voit ou touche physiquement.
J'ajoute que lorsque les Ummites désignent une femme par YIEE, ils
rendent compte de la réalité de l'analyse, et de la capacité de réflexion de
nos compagnes.

Et vis-à-vis de l'origine de ces documents? Si des êtres humains terriens


avaient dû inventer ces formulations, il leur aurait fallu d'abord décider
des quelque dix-huit pierres fondamentales de toute expression de la
pensée. Il aurait fallu qu'ensuite ils analysent en profondeur les types de
comportements psychosomatiques comparés de l'homme et de la femme.
Et qu'ils formulent, à l'aide des composantes nouvelles de ce "supposé"
langage le résultat de leur réflexion. Déjà presque impossible, à ce stade
de la détermination. Il aurait fallu qu'en plus ils limitent volontairement
la diffusion de ces "trouvailles" à trente-quatre Espagnols ordinaires, et

258
en leur masquant totalement qu'il s'agissait d'une réelle forme
d'expression?
On voit bien que l'hypothèse d'une origine terrienne de ce mode
d'expression est incohérente avec l'histoire et le contenu de ces
documents. La preuve de la provenance extraterrestre n'est pas faite, en
toute rigueur scientifique. Et en votre intime conviction?

Ce que nous nommons la "famille" n'a pas d'équivalent culturel chez les
Ummites. Ils se sentent tous "frères" planétaires, puisque très dépendants
les uns des autres par "l'esprit collectif planétaire". Le couple est une
"réunion" de deux êtres qui a sa réalité, et tous ceux qui lui sont proches
(parents ou frères et sœurs) constituent des "frères" de proximité. La
cellule familiale n'a sa place que pendant l'éducation domestique des
enfants, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'ils atteignent presque 14 ans. Ensuite
ne reste que le couple, comme assemblage fondateur et participant
(à deux) à l'évolution de la collectivité planétaire.

Comme nous l'avons vu, l'épouse qui a toujours une qualification


professionnelle, est dispensée de l'exercice de son métier pendant
l'éducation de ses enfants, qu'elle a tôt. Si la notion de grand-père ou de
grand-mère a un sens dans cette société, on a toutes les chances d'y être
grand-parent avant 35 ans!

Sur Ummo la journée dure 600 uiw, soit l'équivalent de presque


31 heures terriennes. Le sommeil occupe à peu près un tiers du temps:
196 uiw. A comparer à notre durée moyenne de sommeil de l'ordre de
8 heures, soit à peu près un tiers de notre journée! L'Ummite travaille
(contribution sociale obligatoire) un temps relativement court, selon la
contrainte de "concentration" mentale. Entre 2 h 30 et presque 4 heures
(terriennes) par jour. Le reste de !ajournée est réparti entre ses activités
d'auto-formation, l'éducation des enfants à domicile, ses activités de
méditation, le temps passé aux repas et aux bains et du temps de distrac-
tion ou de jeu. On ne sait pas la part consacrée aux temps de déplacement.
Elle est vraisemblablement très faible, au vu de la gamme des moyens
disponibles via le réseau des ordinateurs, et l'espace de visioconférence
stéréo spatiale.
Les documents insistent sur la nécessaire activité ludique, construite
comme un défi à toujours se surpasser. Ils ne décrivent pas directement
les activités concernées, mais insistent sur les différences avec notre
conception du sport et de la compétition. Selon ma lecture des rares

259
vocables qui évoquent les jeux, l'activité ludique est compétitive, mais
jamais individuelle. Elle est physique, mais aussi mentale, faisant appel
au sens de la solidarité et de la complémentarité. Quelque chose comme
une sorte de "tête et les jambes", dont les rôles de tête et jambes ne sont
pas attribués d'avance et dans des situations "physiques" nécessitant une
"politique" de groupe des équipes. Avec une permutation savamment
gérée des décisions (voir OXUO). Je verrais bien, non pas une mise en
scène spectaculaire, mais un suivi permanent, informatisé, des scores.
Avec des résultats du genre: "moins bon ou meilleur que la dernière fois".
Sachant que les situations sont complètement nouvelles et évolutives,
mais en enchaînement "arborescent". Inutile de dire que ces "jeux" ne
sont pas un spectacle et sont à usage de distraction en groupe, mais
privée.

L'Univers, Dieu et l'homme,


ou la religion et ses fondements scientifiques
Je ne veux pas ici me livrer à une réflexion métaphysique, au demeurant
passionnante, mais qui occuperait à elle seule l'équivalent du présent
travail. Simplement présenter les réponses apportées par les Ummites à
plusieurs types de questions: comment l'Univers? Pourquoi et que peut
être Dieu? Pourquoi l'homme dans tout ça?
La réponse à "Comment l'Univers?" est forcément tributaire de l'état
achevé ou non de la réflexion de l'homme, ou plutôt de la certitude qu'il
en a. En ce qui nous concerne, si la réponse peut être formulée, elle
devrait commencer par "En l'état de nos connaissances ... ". Une idée
majeure s'impose à nous: l'Univers dans l'infini de son existence, et
encore plus avec le modèle "cosmologique standard", est UN. Nous le
comprenons comme un vaste complexe, mais unique. C'est aussi le cas
des Ummites qui nous expliquent que dans leur vision, ce complexe l'est
encore plus infiniment que ce que nous imaginons, mais ils le considèrent
aussi comme UN tout. Qui se doit d'être cohérent, car s'il ne l'était pas,
il ne pourrait être considéré comme une "unité". Se pose alors immé-
diatement la question de l'impulsion et du maintien de cette unité, ce qui
se traduit par l'idée d'un créateur ou d ' un animateur. Quel que soit le
système religieux auquel l'homme adhère. La question est celle de la
nécessité causale. L'idée d'un "Dieu" ou d'un créateur est nécessaire et
constitue la réponse à la question "métaphysique". L'idée du "Créateur"
est donc une réponse rationnelle secrétée par notre conscience à la
question elle-même rationnelle et posée par notre conscience, à la suite

260
de nos observations de l'Univers. La "mise en forme" pratique est ensuite
une question historique de l'exploitation locale et temporelle des
capacités émotionnelles des hommes par un quelconque clergé. J'entends
par là les acteurs décisionnaires ou exécutants de chaque système de
croyance étayant ce qui tient lieu de réflexion métaphysique.
Mais le comment de l'Univers, c'est d'abord le résultat de nos observa-
tions et de leur interprétation. Je suppose que tout le monde connaît notre
présentation de l'univers: c'est un presque "vide" (il y aurait beaucoup
à dire sur ce que contient ce mot!) à quatre dimensions dans lequel "flot-
tent" [nous ne savons pas expliquer ni pourquoi, ni vraiment comment]
des masses en mouvement et se "propagent" des rayonnements. Parmi les
masses, nous distinguons les masses inertes et les masses vivantes. A la
question "pourquoi la vie?", nous ne savons, nous Terriens, répondre que
"Dieu", c'est-à-dire "origine certifiée nécessaire", ce qui est un habillage
de notre ignorance. Et surtout nous devons admettre que nous avons des
"théories" adaptées à la justification de fragments de l'univers, mais
qu'elles sont isolées et le plus souvent incompatibles. Par exemple
l'interaction électronucléaire avec la gravitation.
Que nous affirment les Ummites? Que ce que nous appelons "vide" est
en réalité un immense conglomérat à dix dimensions d'interactions
locales de trains d'ondes gravitationnelles. Et que toutes les réalités
(perceptibles et non perceptibles) de l'Univers, incluant les évènements
d'univers qui ne nous sont pas inaccessibles, peuvent être décrites par des
combinaisons d'interactions gravitationnelles locales. Le lecteur trouvera
le développement scientifique de ces idées dans le chapitre suivant.
L'important, c'est que les "réalités dimensionnelles" ne peuvent exister
que par interaction des trains d'ondes gravitationnelles. C'est-à-dire que
le jour où tous ces "paquets" auront des caractéristiques comparables
(fréquence, amplitude et phase) il n'y aura plus d'interaction possible,
donc plus de masse, plus de magnétisme, plus de mesures de distances,
de chaleur, etc. Ce sera la mort de l'Univers.
Pour nous aider à comprendre, les auteurs nous expliquent que les règles
d'interactions locales peuvent être comparées, dans une vision didac-
tique, à une sorte de "faisceau" de dix flèches en chaque "point" de
l'Univers. Je prendrai un groupe de dix épis de blé, que l'on peut tenir
dans sa main. Sous l'action des trains d'ondes incessants (gravitation-
nels), ces épis sont animés de faibles variations d'angles qui traduisent
leur sensibilité. Un peu comme sous l'action du vent. Si bien que
l'on peut imaginer une vue de l'univers comme un immense essaim de
libellules en vol, les insectes étant à touche-touche. Ou comme un

261
immense champ de gerbes de blé contiguës, animées par des rafales
simultanées, mais diverses, de vent. De la même façon qu'une libellule a
besoin d'animer ses ailes pour voler, les "paquets de flèches" (IBOZOO UU)
ont besoin de trains d'ondes gravitationnelles. Retenons ici que les
"flèches" sont la représentation d'axes (OAWOO) qui sont l'objet de
"variations" angulaires. Un peu à l'image de chaque tige de blé mûr dans
un champ au début de l'été, sous le souffle de vent. Leur inclinaison est
une variation de leur axe. Et elle cesse dès que le vent ne souffle plus.
Pour les Ummites, cette variation angulaire est, au moment où elle se
produit, une nouveauté, une information très localisée, et s'exprime en
prononçant le son W. Bien sûr, les "gerbes d'épis" ou les "libellules" sont
la plus petite partie descriptible de l'univers, et inaccessibles à nos
instruments de mesure (et aux leurs, d'ailleurs!). Ils sont la base de toutes
les manifestations de l'Univers, et à ce titre sont des éléments "dimen-
sionnels". Ils sont désignés, dans la langue ummite, par le son O. Il font
partie de la "trame", les Ummites affectionnent le mot "ourdissage" de
l'Univers! Ils sont sa base permanente, les éléments dimensionnels qui le
valident, ce qu'ils expriment avec les sons OA. Les ondes gravitation-
nelles, comme toutes les ondes, ne sont pas fixes et se propagent. Si bien
qu'elles se manifestent successivement en des points qui se touchent,
qu'elles passent d'un "paquets de flèches" à son voisin et que cette action
est réciproque ou mutuelle. Les Ummites le disent en doublant le O.
Voilà pourquoi "l'axe" d'un IBOZOO UU, en tant que flèche participante
d'un paquet, et soumise en permanence au "souffle" des ondes gravita-
tionnelles, est désigné par OAWOO, ce qui se transcrit par "[support]
sous-jacent (OA) des variations (W) de réalités dimensionnelles (0) avec
réciprocité (0)".
Nous avons vu que sans différences entre les trains d'ondes gravitation-
nelles, il n'y aurait plus de réalités dimensionnelles. Il faut donc qu'il y
ait toujours un "souffle" pour animer les épis de blé, un souffle pour créer
des variations (W) sous-jacentes, texturantes (OA). Cette "source" de vie
et de réalité de l'Univers n'est-elle pas l'expression de Dieu ou du
créateur? Les Ummites font l'assimilation et désignent donc leur "Dieu",
leur "Créateur" par WOA.
On comprend mieux alors pourquoi leur définition est à la fois religieuse,
puisqu'ils lui donnent une réalité "adimensionnelle" en tant qu'esprit
"insufflateur", et complètement scientifique, puisque l'idée est dérivée
des constats objectifs du comportement dimensionnel de l'Univers. On
remarquera au passage la profonde analogie entre les affirmations
monothéistes, chrétienne en particulier, et la conception ummite sur

262
!'"immanence", la "permanence" et !"'ubiquité" de Dieu. La religion
catholique affirme que Dieu est omniprésent (lieu et temps) et souffle de
vie, et en fait une des bases de sa foi. La religion "ummite" affirme que
"Dieu" est omniprésent (lieu et temps) et justifie scientifiquement
pourquoi (à l'échelle microphysique la plus petite!).
Je rapproche de ce point de vue écrit en 1967 par les Ummites, la formule
de conclusion (822) du mathématicien et astrophysicien anglais, Stephen
Hawking, successeur de Bertrand Russell à la chaire de Newton, de
l'université de Cambridge:
"Cependant, si nous découvrons une théorie complète, elle devrait un jour être
compréhensible dans ses grandes lignes par tout le monde .. . Alors, nous tous,
philosophes, scientifiques et même gens de la rue, serons capables de prendre
part à la discussion sur la question de savoir pourquoi l'univers et nous existons.
Si nous trouvons la réponse à cette question, ce sera le triomphe ultime de la
raison humaine- à ce moment, nous connaîtrons la pensée de Dieu."
Nous avons maintenant une meilleure idée des réponses ummites aux
questions sur "Comment l'Univers?" et "Pourquoi et que peut être
Dieu?". Et l'homme alors?
Les interactions gravitationnelles ont d'abord donné des rayonnements,
lesquels se sont concentrés (action gravitationnelle) au point qu'aient pu
apparaître des particules, des masses etc. De la matière inerte, mais
électriquement chargée, puis magnétique. Laquelle s'est rassemblée,
toujours sous l'action gravitationnelle, en nuages de particules, en
molécules, l'Univers acquérant à chaque étape un degré de complexité
plus grand. Une évolution "néguentropique", qui est la "signature" créatrice
de l'impulsion "divine". Des étoiles, puis des planètes sont apparues.
Parmi celles-ci, certaines ont vu naître la vie, comme la Terre, Ummo et
bien d'autres. L'apparition du premier être vivant de l'Univers percep-
tible s'est faite, pour des raisons d' équilibre global énergétique, en
"symétrie" de l'apparition de son "image" dans l'univers de vitesse limite
infinie. L'ADN, témoin de la vie, ne pouvait exister sans sa chaîne
d'atomes de Krypton "aquantiques". D' ailleurs la mort de l'être vivant
est déclenchée par la coupure de la connexion avec l'univers limite, le
retour des atomes de Krypton à une structure quantique normale.
Toujours sous l'impulsion de "l'évolution", les êtres vivants se sont
"complexifiés", grandement aidés en cela par l'enrichissement informatif
de l' univers limite.
Un jour, quelque part dans l'univers pour une planète qui abritait la vie,
le "Créateur" a lancé le ou les trains d'ondes gravitationnelles qui
donnaient une réalité dimensionnelle à d'autres atomes de Krypton, les

263
rendant aquantiques, dans le cerveau des individus les plus évolués.
Un saut de niveau évolutif était fait, sous l'impulsion du Créateur: la
capacité pour des êtres vivants d'avoir un "retour conscient" de leur place
dans l'Univers. En participant à l'univers limite à travers l' âme et le
troisième facteur. L'humain, en tant que créature consciente, était né. La
réalité, pour chaque humain sur une planète donnée, devenait une affaire
de progression néguentropique, donc de temps. C'est pourquoi certaines
planètes, comme la Terre, n'ont pas encore atteint ce niveau de prise
de conscience et qu'Ummo, qui est une planète abritant la vie depuis
beaucoup plus longtemps, a atteint ce stade.
L'homme va ainsi continuer à complexifier son organisme, de façon
accélérée, puisque sa prise de conscience d'appartenance au "collectif
planétaire" et à son évolution ne peut que l'accélérer. Toute évolution non
"néguentropique", c'est-à-dire menant à un retour à un niveau de
moindre évolution, devient alors un "crime" contre la participation à la
création.
Dans leurs recherches sur la structure ou sur le "comment" de l'Univers,
l'homme d'Ummo et tous ceux qui ont atteint au moins ce niveau de
connaissance, ont découvert les ondes gravitationnelles et comment les
produire. Ils ont donc acquis les moyens de "participer" à la création,
puisque ces ondes sont à la base de toute réalité. Raison de plus pour
n'avoir que des actions positives d' organisation, "néguentropiques", en
particulier vis-à-vis des hommes de la Terre, après qu'ils aient été
découverts. C'est une des raisons majeures pour lesquelles la visite des
Ummites ne peut être que "pacifique" et éventuellement directive vis-à-
vis de nos comportements jugés destructeurs. D'où leur tentation
d'empêcher que nous nous autodétruisions dans un conflit nucléaire
planétaire, par exemple.
Voilà la place que les Ummites donnent à l' homme dans l'Univers. Et en
font un contributeur actif à sa propre évolution.
Certains humains, très rares, naissent avec une connexion spéciale (une
complexion spécifique et complémentaire à leur troisième facteur et à
leur âme) qui leur donne accès à l'essence même de l'impulsion créatrice
de l'Univers, à la "pensée de Dieu" en quelque sorte. Conscients
de ce lien spécial, ils peuvent être tentés de s'en déclarer le "fils" ou
l'expression "incarnée", puisqu'ils sont une réalité dimensionnelle en
liaison permanente avec "l'Esprit du Grand Architecte". Ils sont en tout
cas privilégiés pour transmettre aux humains de la planète sur laquelle ils
sont nés, les concepts les plus proches de l'esprit de création: amour des
hommes envers leurs semblables, importance des attitudes néguentropiques,

264
etc ... Ces humains sont susceptibles d'apparaître à toute époque dans
chaque biotope et sans que leur nombre soit restreint. Les Ummites
considèrent qu'ils devraient apparaître en nombre progressivement
croissant, traduisant l'augmentation du niveau d'évolution de l'esprit
collectif de la planète. En revanche, leurs caractéristiques morpho-
psychologiques devraient les rendre inaptes à la reproduction.
La Terre et Ummo ont chacune abrité une fois la vie d'un tel homme. Sur
Terre, il est apparu à une époque de développement encore insuffisant de
la planète. Ce qui a fait obstacle à une correcte compréhension de ses
dires, il a reçu le nom de Jésus-Christ, et les Ummites l'ont baptisé
OYAGAAWOA, ce qui veut dire "Dieu de la planète du carré (Terre)".
Quand est apparu un tel humain sur Ummo, le développement était
semble-t-il plus avancé, mais la planète vivait encore des formes sévères
de barbarie. Les Ummites lui ont donné le nom d'UMMOWOA, ce qui
veut dire "Dieu de Ummo".
Dans les deux cas, leurs dires ont été mémorisés et transcrits plus ou
moins vite sur des supports en assurant une meilleure conservation.
Ces êtres d'exception ne représentent pas l'aboutissement d'une évolu-
tion continue, affirment les Ummites, ils sont l'expression d'un autre type
d'humain, représentant le saut "quantique" au quatrième niveau des
créatures vivantes.
Dans des situations d'extrême émotion et sous d'autres paramètres mal
détaillés, leur structures de communication avec l'univers limite entrent en
résonance avec "le système d'informations sous-jacent" WOA (ondes
gravitationnelles), instaurant un déséquilibre insupportable. Le système
fondamental (WOA) en déclenche alors la "rétraction" vers un autre
Univers, pour assurer le retour à l'équilibre. Ce qui se traduit par "la dispa-
rition sur place" et définitive de )"'être-Dieu". C'est ce qui s'est produit
pour Ummowoa, comme nous l'expliquent les Ummites et qui a été le cas
pour Jésus-Christ. Lequel a vu sa disparition transformée par les narrateurs,
qui sont intervenus plus d'un siècle plus tard, en "montée au ciel".
Comme on peut le constater, il n'y a pas de notion de péché originel, pas de
caractère salvateur de l'incarnation et pas de "mystère" dans la "religion"
ummite. De simples (ou complexes) interactions gravitationnelles.

Les institutions et le fonctionnement de la planète


Ummo est une planète. Pas un pays comme on peut en trouver sur Terre.
Et pourtant, la présentation que les Ummites font de leurs institutions
paraît vraiment très proche de ce que nous avons mis en place, au moins

265
dans les pays démocratiques. Il suffit d'une lecture superficielle pour se
dire que les trois pouvoirs décrits, exécutif, législatif et judiciaire sont
sortis tout droit d'une pauvre extrapolation de nos institutions. De là à
conclure que tout le dossier n'est qu'une invention d'un facétieux
Terrien, formidablement créatif et génial, il n'y a qu'un pas.
L'observation détaillée et comparative des quelques informations
données aurait dû alerter les commentateurs dans leurs conclusions som-
maires. La réalité véhiculaire de la langue, inaccessible aux observateurs
du dossier qui m'ont précédé, donne, en outre, un éclairage nouveau.
Par la consistance du langage présenté et par sa réalité, j'élimine une
origine terrienne des documents. Même si cela doit nous donner le
vertige, tout en restant "pudique", il s'agit donc d'une origine non
terrestre. Il est donc exclu que les auteurs des documents aient "copié"
nos institutions démocratiques. Force est alors de constater que la mise
en place de ces trois pouvoirs est un aboutissement logique de la gestion
intelligente de la conscience humaine. En n'oubliant pas le décalage
"temporel" lourd, qui fait de nous des "bambins de maternelle" en regard
de l'acquis de développement des Ummites. Ces trois institutions
semblent donc le fondement des organisations humaines démocratiques.
A bien y regarder, si les trois institutions sont présentes, les bases sur
lesquelles elles sont construites sont totalement différentes de ce que
nous connaissons. Et peuvent nous donner matière à réfléchir.
C'est le pouvoir législatif qui ressemble le plus à ce que nous connais-
sons. Nos parlements ou assemblées de députés, en charge de l'élabora-
tion ou de l'évolution des lois, sont élus au suffrage universel direct. Sur
Ummo, le choix est à deux étages. Les Ummites se déclarent environ
2 milliards d'individus (à rapprocher de nos 6 milliards en progression
galopante ... ). Si l'on garde un ratio humain de représentation, de 1 pour
10.000 comme sur Terre, cela conduit à environ 20.000 députés pour la
planète. lngérable, même avec une informatique performante.
Les Ummites ont donc organisé leur représentation à deux niveaux, comme
aux Etats-Unis pour le pouvoir exécutif. Tout d'abord, les citoyens sont sol-
licités pour se rassembler par unités de douze personnes, en pleine
possession de leurs droits, bien évidemment. Ce qui est original, ici, c'est
la méthode de groupement: il n'y a pas de liste. Les individus se rassem-
blent par affinités et désignent entre eux un représentant. Ces représentants
élisent ensuite, par vote secret, les "députés" qui sont chargés du pouvoir
législatif. Le travail de ces élus est plus proche d'un travail technocratique
en recherche d'efficacité que d'un travail politique tel que nous l'enten-
dons. L'objectif des législateurs ummites est de maintenir en permanence

266
un système réglementaire en adéquation avec les exigences de vie des
citoyens et leurs évolutions. Ils sont aidés, en cela, par le gigantesque
réseau d'ordinateurs interconnectés pour la collecte de l'information. Les
informations sont anonymisées, puisque seuls les impacts statistiques sont
intéressants. Vous avez dit "comme notre système"?
Pour nous faire une idée de la complexité de gestion, mais aussi de son
niveau d'évolution, prenons une loi simple de nos démocraties. Mettons
qu'elle envisage quelques conditions d'application. Il faudrait mettre en
place un système d'enregistrement de toutes les conditions réunies à
chaque application de cette loi, ainsi qu'à chaque tentative non aboutie.
Nos députés pourraient alors comparer, sur des bases statistiques objec-
tives, les "résultats" d'application avec ce qui avait été prévu à l'origine.
Ils pourraient alors envisager de répondre à la question: cette loi est-elle
justifiée? Toujours d'actualité? Les conditions d'application décidées
à l'origine ont-elles été respectées? Sont-elles justifiées? Sont-elles
toujours d'actualité? Etc ... Toutes choses qui ne sont même pas effleurées
aujourd'hui dans nos démocraties modernes. Bien sûr, cette description,
forcément schématique, nous paraît idyllique. N'oublions pas que ces
institutions s'accompagnent de règles de vie qui sont totalement incom-
patibles avec l'idée que nous nous faisons de la liberté.
Dans nos démocraties, le pouvoir exécutif est élu. Sur Ummo, ce pouvoir
est l'objet d'une désignation objective, résultat d'une sélection. Comme
je l'ai déjà raconté, tous les adolescents de la planète subissent à l'âge
de 13,65 ans terriens, un examen approfondi de leur personnalité
"psychophysiologique". Au cours de ces tests, ils sont évalués sur
quantité de critères, l'ensemble débouchant sur un tableau synthétisé par
un coefficient psychotechnique professionnel. Ceux qui ont les profils les
meilleurs, les plus équilibrés et/ou les plus prometteurs (les critères sont
très précis) sont sélectionnés d'office pour faire partie d'un groupe d'élite
de 120 enfants. Aucun ne peut se soustraire aux effets de cette sélection.
Ces enfants reçoivent, dans les universités de mathématiques, un
enseignement spécialement adapté et très élargi, insistant sur les futures
responsabilités qu'ils tiendront dans la société. A l'issue de leur cursus,
les quatre meilleurs d'entre eux seront appelés à gérer la planète.
Le Gouvernement Central de Ummo est en effet constitué de quatre
personnes, éventuellement un minimum de trois en cas de défaillance
momentanée de l'une d'entre elles. La durée du mandat est sans doute de
6,4 ans terriens, ce qui correspond, selon mes calculs, à 30 XEE (années
de Ummo). Cette durée semble compatible avec une action efficace. Un
membre du gouvernement central de la planète ne peut exercer cette

267
responsabilité qu'une seule fois, en un mandat complet au maximum
et redevient simple citoyen à l'expiration de sa charge. Les Ummites
considèrent que l'humain de leur planète voit son potentiel commencer à
décliner à partir d'environ 26 ans terriens. Les membres du
Gouvernement Central ont entre 17-18 ans et 23-24 ans. Tranche d'âge
hors normes à nos yeux, et surtout aux yeux de nos gérontocrates.
Le groupe des sélectionnés restants, soit 116 personnes, fonctionne
comme une sorte de conseil de surveillance. Il constitue tout à la fois un
organe de contrôle, un réservoir de compétences et le pouvoir judiciaire.
Le contrôle consiste essentiellement à s'assurer qu'aucun des quatre
hiérarques ne prend d'ascendant sur ses "frères" de l'exécutif. Le conseil
de surveillance a le pouvoir d'apprécier les écarts possibles, et de décider
le remplacement complet du gouvernement central. Heureusement qu'il
est doté du pouvoir judiciaire, ce qui évite de poser des problèmes de
concurrence dans 1'exercice de la justice.
Il est aussi un réservoir, puisqu'en cas de remplacement, c'est en son sein
que les quatre nouveaux hiérarques sont choisis.

Les décisions judiciaires ne concernent que les transgressions de la "Loi


Morale", synthèse des obligations vis-à-vis des frères de la collectivité,
sous toutes leurs formes. Aussi bien dans les relations, même indirectes,
avec les autres individus, que dans le respect des "contributions néguen-
tropiques". L'être fautif est écouté et les juges décident après avoir
consulté tous les témoignages "objectifs", c'est-à-dire tous les enregistre-
ments possibles des faits et gestes de l'individu (voir le vocable ISOO).
Il n'y a pas de peine de mort. La peine consiste à être mis à nu (c'est-à-
dire à perdre son identité contributive à la société, qui est lisible sur les
vêtements) et à servir la collectivité, en devenant sujet d'expériences, en
principe non douloureuses ou traumatisantes. La Loi Morale s'applique à
tous, sans considération de rang hiérarchique.

La façon de compter et d'écrire les nombres


Je ne veux pas entrer, ici, dans une analyse de la symbolique et du forma-
lisme mathématiques. Elle fera partie d'un prochain travail qui éclairera
certainement quelques points encore obscurs dans leurs descriptions.
C'est en tout cas dans cette partie que l'on peut mettre en évidence le plus
facilement des tentatives de désinformation. La façon de représenter les
nombres et de compter ne s'accommode pas d'à peu près et se doit d'être
cohérente. Je parle ici de logique de description et de capacité d'évocation.

268
Nous utilisons, pour la majorité des pays développés de la Terre, un
système numérique à base 1O. Il n'y a pas si longtemps, les Anglais
comptaient encore à base 12. Ils ont gardé quelques mesures
"savoureuses" de poids et de volumes, comme l'Oz ou la pinte. Sans
parler du système monétaire qui mélangeait allègrement, il y a encore
quelques dizaines d'années, la base 12, le nombre 20 et même une unité
de 21, avec la guinée!
En ce qui concerne les Etats-Unis, qui prétendent donner un modèle au
monde en ce début de 21 ème siècle, ils comptent encore en gallons, là où
nous utilisons normalement le litre et ses multiples. Je veux souligner ici
que compter en gallons n'a pas empêché de réaliser, à plusieurs reprises,
des expéditions d'hommes sur la Lune. En revanche, il semble que
compter à la fois en yards et en mètres a été un obstacle fatal à un
atterrissage "économique" réussi sur Mars!
Le fait que les Ummites déclarent compter avec une base 12 n' est donc
pas une surprise en soi. D'autant qu'ils attachent une importance
particulière au chiffre 4, sans doute à cause de la logique tétravalente.
Et 4 est un sous-multiple de 12.
La symbolique, je veux dire la façon d'écrire les "chiffres" de base, est
intéressante, car elle comporte une structure à base 4. Je l' ai détaillée
dans le schéma ci-dessous.

+0 +1 +2 +3 +4

Base =Niveau 0 x 4 =0
:~
=0
~

=1
0
=2
n
=3
0

0 10 0 a
Base =Niveau 1 x 4 =4 =4 =5 =6 =7

(!) ~ ~ ®
Base =Niveau 2 x 4 =8 =8 =9 =10 =11
12 zéro
· -.-- .· :::::>
+ une puissance de la
base
·-
-
269
En revanche, les Ummites ne comptent pas comme nous le faisons. Avec
une grande différence: ils comptent le zéro comme chiffre significatif, et
cela induit pour nous un décalage ordinal. On obtient le comparatif suivant:

Terrien cardinal ordinal Ummite cardinal ordinal

0 Zéro Zéro premier


1 Un premier Un deuxième
2 Deux deuxième Deux troisième
3 Trois troisième Trois quatrième
etc ...

Dans un document (D45), les Ummites nous donnent quelques équi-


valents d'écriture des nombres ou des opérations élémentaires comme
l'addition, la soustraction, etc. J'observe en premier lieu que l'écriture est
de même logique que la nôtre, c'est-à-dire de droite à gauche en allant
des unités vers les puissances de la base. Répondant en cela à une logique
mathématique linéaire.
J'ai personnellement vérifié la conformité des calculs montrés en base
12. Ils sont tous cohérents et justes, sauf! a soustraction. Les deux erreurs
commises dans cette opération relèvent de la confusion mentale des bases
de calcul, mais pas dans 1'écriture. Il faut bien comprendre que dans
la comparaison écrite des systèmes de calcul, synthétique et très pédago-
gique, deux transpositions interviennent. D'une part la transposition
d'écriture qui consiste à écrire les chiffres avec une autre "orthographe"
ou d'autres symboles et la transposition de la base de calcul elle-même.
Sans entrer dans les détails techniques qui n'ont pas leur place ici, la
soustraction est écrite en logique "sémantique" à base 10, mais avec des
symboles de base 12. Donc évidemment incohérents. Ce mélange des
bases est parfaitement excusable, occasionnellement, pour un esprit qui
doit manipuler deux systèmes concurremment. J'observe toutefois, à
cette occasion, que dans un tableau qui montre plusieurs opérations, les
deux seules erreurs se produisent dans la même opération, et non en
dispersion statistique comme on pourrait s'y attendre. L'auteur n'a fait de
fautes que pour cette opération. Un peu comme s'il avait perçu que des
erreurs multiples, mais crédibles, distribuées au hasard auraient été
un obstacle à la compréhension de la logique générale. Des erreurs
distribuées dans toutes les opérations au hasard auraient été la signature
d'un auteur non familier du système à base 12 qui se trompe involontaire-
ment. Deux erreurs, homogènes, dans la même opération et qui traduisent

270
une "erreur" de choix du système, me semblent des "erreurs" volontaires.
Je les rattache à la tentative de désinformation.
Le même type d'erreur a été commis dans le texte qui présente certains
"paragraphes" ou "observations" de leur UMMOWOA (043). Les
numéros des paragraphes sont donnés tout à la fois en écriture ummite et
en valeur équivalente terrienne. Attitude didactique, en première analyse.
L'incohérence, systématique, est dans 1'écriture à base 10 avec une
orthographe ummite, à base 12! La reproduction de cette erreur, sans
exception sur sept pages et dix-neuf références au long du document, est
un témoin "objectif' de la volonté de "désinformation", mais signée,
c'est-à-dire accessible en analyse approfondie.
En effet, observons les réactions selon le niveau d'analyse du lecteur
(cette démarche pourrait être étendue à tous les textes ummites!).
a) Le lecteur de type romanesque ou divertissant, c'est-à-dire superficiel
par rapport aux contenus vrais, voit des symboles écrits comme des
"enluminures" ou des artifices graphiques émotionnels. Leur contenu
symbolique potentiel lui échappe complètement.
b) Le lecteur un peu plus analytique se demande pourquoi de curieux
symboles en regard du texte. Pour comprendre, il lui faut retourner
dans d'autres textes pour rechercher des analogies. La majorité pré-
fère abandonner la tentative de compréhension et retourne à l'attitude
du a).
c) Les quelques qui s'obstinent finissent par identifier les signes comme
des symboles numériques arithmétiques. Une lecture superficielle de
transposition orthographique est satisfaisante: le lecteur raisonne
et vit en base 10, il lit un nombre qui lui paraît équivalent et s'en
satisfait. La désinformation est totalement efficace puisque l'erreur
est avalisée sans avoir été reconnue comme telle, malgré un premier
niveau d'implication et d'analyse. Le lecteur deviendra un défenseur
des contenus en soutenant une erreur introduite qu'il n'aura pas vue.
Discréditant, non seulement le contenu, mais aussi l'attitude humaine
terrienne (associée à la conviction, vécue en premier lieu a, b): lecture
trop superficielle.
d) Parmi ceux qui ont fait l'effort de décrypter l'écriture en symboles
ummites, seuls ceux qui ont "vérifié" les indications ont pu constater
la "désinformation" et la mettre en évidence. Population très
restreinte par rapport au volume des lecteurs, et cible potentielle de la
loi du nombre. Tous les autres(!) n'ont pas vu cela et c'est un esprit
"tordu" qui a montré "ce qui n'a rien d'une évidence" (puisque cela
n'a pas encore été vu).

271
Les Ummites ont fait lire et commenter à haute voix des documents
comme celui-ci, dans les réunions du Club de la Baleine Joyeuse.
J'espère avoir pu, dans cette réflexion, vous faire percevoir à travers
quels tests et comment les Ummites ont pu, avec un seul aspect d'un
document reçu par Sesma en août 1966, faire une étude très riche
d'enseignements sur les structures mentales d'analyse et de réflexion des
humains terriens, et leur distribution statistique. La présence même de
cette structure sous-jacente d'analyse est une pièce très importante de
confirmation de l'origine non terrienne des documents. Qu'aurait à faire
le KGB, ou tout autre service de renseignements, de ce type d'analyse, au
résultat connu d'avance et faisable dans n'importe quel autre contexte?

J'ai trouvé une autre sorte de désinformation dans la datation des


évènements. Nous datons les fait marquants par l'indication de
paramètres, reflets de notre système de repérage temporel. Les années
sont comptées à partir d'un point origine arbitraire, mais témoin de nos
attachements culturels ou religieux: par exemple la naissance de Jésus-
Christ dans le système chrétien. Chaque année est divisée en mois,
lesquels le sont en jours. Et nous datons avec le système JJ MM AAAA
(après JC). En informatique, nous précisons les heures, minutes et
secondes, pour fixer les idées.
L'année ummite est courte: l'équivalent de deux mois et demi terriens,
environ. La segmentation en mois et jours n'a pas vraiment d'objet,
d'autant que la moindre inclinaison de l'écliptique de la planète n'induit
pas de différence notable entre ce qui serait comparable à nos saisons.
Les Ummites déclarent leur année composée de 60 jours de 600 uiw. Il
est donc homogène (normal vis-à-vis d'une attitude rationnelle) de
compter une date en uiw dans l'année, c'est-à-dire sur un total de 60 x
600 = 36.000 uiw.
C'est effectivement ce que l'on constate, avec la mention d'évènements
comme la date d'une loi formulée par 317 1 26.644, qui se lit en l'année
317 (du troisième Temps) à l'uiw 26.644. Cette datation est parfaitement
cohérente avec une gestion totalement informatisée de la planète.
L'indication 26.644 serait donnée, en termes équivalents terriens, dans le
44ème jour, à l'uiw 244 (soit environ l'équivalent de dix heures).
D'autres indications de dates ou de temps ne sont pas cohérentes, avec
par exemple des données du genre "dans la nuit 76 de l'année 315". En
effet une année ne compte, d'après leurs déclarations, que soixante jours.
Lorsqu'une indication de durée est donnée (037) en regard d'un voyage
en nef de Ummo à la Terre, et qu'il s'agit de 853.691,244 uiw, c'est

272
encore incohérent avec les indications des autres documents: cette durée
correspond, sur la base de 1 uiw = 3,092 minutes terriennes, à plus de
5 ans! Nous pouvons choisir: désinformation, erreur de frappe, indication
sous-jacente d'une autre réalité?, etc . ..
Vis-à-vis de l'erreur de frappe, j'ai essayé de calculer ce que représen-
terait une durée de 85.369 uiw (correspondant à une erreur de position de
la virgule). On trouve six mois et quelques jours ... , c'est-à-dire la durée
moyenne que les Ummites ont donnée pour leurs voyages entre Ummo et
la Terre. Simple coïncidence?
Une analyse systématique des dates et autres éléments de durée est
actuellement en cours. Si les éléments sont suffisants, elle permettra
peut-être de mieux comprendre les nombres et le système de datation sur
Ummo.

La logique tétravalente
Les documents mentionnent à de nombreuses occasions la différence de
logique entre nos civilisations. D'abord, il n'est pas question de nier la
réalité: tous nos comportements rationnels (à nous, Terriens), donc
logiques, dérivent des postulats énoncés par Aristote et sont "éclairés"
par les observations pratiques. Je rappelle que cette logique repose sur les
trois principes suivants, applicables autant aux objets qu'aux énoncés:

1) Principe d'identité. Un objet ne peut simultanément être et ne pas être.


2) Principe de non-contradiction: si un objet a une caractéristique,
il ne peut avoir simultanément la caractéristique opposée. Exemple: si
votre chien est noir, il ne peut être non noir.
3) Principe du tiers exclu: un énoncé ne peut être que vrai ou faux (il n'y
a pas d'autre (tierce) possibilité que l'être ou le non-être).

On remarque tout de suite que la formulation de chaque principe fait


référence à la négation. Les principes de la logique aristotélicienne sont
indissociables de l'usage, et donc de la définition, de la négation. Ce
point a une résonance sémantique fondamentale. On verra en effet que la
langue ummite n'a pas de négation, reflet de la logique qui la sous-tend.
J'ai dit plus haut que la logique aristotélicienne était construite sur
l'expérience, sur l'observable. Le non observable n'a pas "droit de cité"
chez Aristote. Platon avait suggéré que les observables n'étaient qu'un
aspect perceptible d'une réalité inaccessible à la perception, dans son
essence. Et la langue est le véhicule et l'outil sur mesure de la logique.

273
Notre langue est ainsi incapable de décrire correctement l'inaccessible
(par nature) à l'observation. Ce n'est pas une question de résolution des
appareils de mesure, c'est une question de structure. On voit déjà les
difficultés sémantiques pour décrire le "transcendant", c'est-à-dire ce que
nous ne pourrons jamais percevoir. Devant ce constat, Aristote aurait pu
demander: à quoi bon?

Quels sont les principes de la logique tétravalente?


La réponse est d'abord dans le document 059, dont je cite le passage:
"1 °) En premier lieu nous vous faisons remarquer que notre conception
de l'espace: en étant essentiellement différente de celle des terrestres,
exige des bases mathématiques distinctes des vôtres. 11 ne s'agit pas de
nos symboles mathématiques qui diffèrent car naturellement un problème
aussi superficiel est facilement résolu par une transcription appropriée
(conversion de la base 12 en une numération décimale etc.) Mais il ne
vous sera pas facile de comprendre nos algorithmes de WUA WAAM
(MATHEMATIQUES DE L'ESPACE PHYSIQUE) sans suivre au
préalable un cours complexe d'initiation qui va requérir de nombreux
mois d'étude aux initiés en mathématiques terrestres. A cela il y a une
raison: quand il s'agit d'analyser les propriétés de l'Espace, les postu-
lats normaux de la Logique mathématique qui vous est familière comme
à nous d'ailleurs, NE NOUS SERVENT PAS. Comme vous le savez, la
Logique formelle accepte le critère intitulé par les terrestres LOI DU
TIERS EXCLU (selon lequel toute proposition est nécessairement
FAUSSE ou VRAIE). Dans notre WUUA WAAM ce postulat doit être
rejeté. On a alors recours à un type de Logique Multivalente que nos
spécialistes appellent UUWUUA /ES (LOGIQUE MATHEMATIQUE
TETRAVALENTE) selon laquelle toute proposition adoptera indistincte-
ment quatre valeurs: OAIOOYAA (VERITE) - OAIOOYEEDOO
(FAUX) - OAIOOYA AMMIE (peut se traduire: VRAI EN DEHORS
DU WAAM)- AJOOYAU (intraduisible en langage terrestre). "
(C'est moi qui ai mis en gras les vocables ummites, NdA).

Il faut d'abord comprendre que l'espace physique est l'espace


dimensionnel, c'est-à-dire descriptible par des équations. Les Ummites
complètent ainsi leur position, en rejetant le tiers exclu et le principe de
non contradiction. Ils le disent dans le 043:

" ... Nous observons des divergences notables entre vos bases de logique
habituelles et les nôtres.

274
Nous nions le principe TERRE du tiers exclu (exclusion du milieu énoncé
par Aristote) selon lequel les propositions peuvent être seulement
VRAIES ou FAUSSES.
Une telle ligne dialectique exige d'elle-même de ne pas accepter le prin-
cipe que vous nommez CONTRADICTION (par exemple dans le domaine
que nous appelons théorie de BIEEWIGUU) (peut se traduire par
psycho-physiologie).
Nous respectons dans tous les cas ce que vous appelez le principe
d'IDENTITE ... "

Je n'aurais jamais pu comprendre les quatre "vérités" de cette logique, si


je ne n'avais eu accès à cette langue et à la culture qu'elle véhicule. Je
prends ici, un par un, les quatre principes énoncés plus haut:

- OAIOOYAA (VERITE). Ce principe de vérité peut se traduire par "un


être (0) effectivement, vraiment (A) distinct (1) peut être un ensemble
(Y) de composants stables (00) effectivement stable ou constamment
effectif(AA)". On remarque que c'est l'effectivité, c'est-à-dire le constat
d'une action, d'une réalité, qui fait appartenir à la "vérité", à l'existence
[dimensionnelle]. Cette définition correspond au constat d'identité de la
logique élémentaire aristotélicienne. Mais cette observation est étendue à
toutes les formes dimensionnelles possibles: y compris les formes non
perceptibles, pourvu qu'elles aient des "effets reproductibles" (constam-
ment effectifs).

- OAIOOYEEDOO (FAUX). On remarque immédiatement le segment


commun OAIOOY qui exprime "un être effectivement distinct peut être
un ensemble de composants stables". Le segment EEDOO exprime "est
un modèle, une construction (EE) de formes (D) de composants (0) en
continuité (0) [DOO =forme mnémonique ou mémoire]". L'expression
approchante, au moins en français, de cette partie du vocable est "c'est
une vue de l'esprit!". Le vocable complet désigne "un être effectivement
distinct peut être un ensemble en équilibre dimensionnel de construction
mentale mnémonique" ou "un être effectivement distinct peut être un
ensemble en équilibre dimensionnel exprimant une vue de l'esprit". On
notera que dans le cas de la réalité (vraie) les combinaisons sont décrites
valides, vérifiées (A). Le concept est positif. A l'opposé, quand il s'agit
de décrire l'erreur, c'est l'idée de doute, de non-certitude (portée par
leD) qui est utilisée associée à la source "mnémonique", c'est-à-dire
"mentale".

275
Ce qui est très important ici, c'est le constat que la négation, c'est-à-dire le
"non vrai" qui est pour nous une façon d'exprimer le "faux", n' existe pas
ici. L'indication donnée, adaptée à notre vocabulaire, est "faux". Elle ne
comporte pas de négation. Même l'indication de l'erreur est portée par un
concept "non directement négatif'. Cette culture et sa logique ne
connaissent pas la négation. En accord avec leur rejet du tiers exclu, lequel
par définition "exclut", donc "nie". L'expression de "faux" est ainsi rendue,
dans cette culture, par une transposition de souvenirs. Cette approche est
très intéressante. Analysons. Que qualifions-nous, ici sur Terre, de faux?
Quelque chose qui a été démenti (logique négative, donc aristotélicienne)
par l'expérience. Sinon, nous dirions indéterminé. Avant d'être l'objet
d'une vérification expérimentale (nous sommes dans le dimensionnel) une
idée est d'abord née dans une pensée. Cette pensée ne peut être intégra-
lement novatrice. Elle repose forcément sur des acquis antérieurement
mémorisés (DOO). En revanche, puisqu'elle est neuve, cette idée
représente une codification, une "exploitation" (EE) originale. Gardons à
l'esprit les deux implications importantes, formulées dans notre logique: il
y a des faits validés (réalités dimensionnelles, même non perceptibles).
Il y a des faits encore à l'idée de combinaisons issues de la mémoire; qui
n'ont pas subi l'épreuve de la vérité. Il sont considérés "a priori faux". Ils
ne changeront de statut qu'après validation, si elle a lieu. On comprend
pourquoi les Ummites déclarent développer de nombreuses théories,
mais sans les "croire".

- OAIOOYA AMMIE (peut se traduire: VRAI EN DEHORS DU


WAAM). On retrouve ici le segment OAIOOYA qui exprime "un être
effectivement distinct peut être un ensemble effectif de composants
stables". Ici, ces ensembles ne reçoivent pas de "validation active ou par
l'expérience (A)", mais une réalité (A) d'associations (M) continues
ou stables (M) d'émotions ou de sentiments (lE) [c'est-à-dire des per-
ceptions d'ordre adimensionnel], ce que les Ummites expriment par "en
dehors du WAAM". En effet le WAAM est l'Univers dimensionnel, celui
de "l'espace physique réel", c'est-à-dire celui qui est "modélisable",
ou réductible à des équations. Les perceptions d'ordre adimensionnel
sont les sensations émotionnelles, les sentiments, et le fait de certains
concepts comme Dieu, l'âme etc ... dont la résonance émotionnelle ne
trouve pas de "support" dimensionnel.
On pourrait transcrire cet énoncé par quelque chose comme " Il y a des
ensembles valides de combinaisons variées [résultant] de la réalité
d'associations stables d'émotions".

276
- AIOOYAU (intraduisible en langage terrestre). Cette indication, bien
qu'ayant un fondement réel, est manifestement mise pour ne pas donner
la clé complète de cette logique, tant que la langue n'est pas comprise.
Elle répond tout à la fois à une provocation et à un réel constat de non-
équivalence. En effet, le son U ('ou' en français) évoque la dépendance,
l'état sous influence, de soumission ou d'influence, sous tous leurs
aspects. Aussi bien tels que nous les concevons, avec leurs implications
physiques de non-liberté que comme facteurs générateurs de cette dépen-
dance, moins visibles, mais aussi efficients. L'influence est une forme
d'exercice de mise sous dépendance. C'est pourquoi on retrouve ce son
dans le nom de notre cosmos "jumeau", c'est celui qui "influence" le
nôtre, celui auquel nous sommes "soumis". Notre espace physique réel
s'appelle le WAAM, et notre univers "jumeau" s'appelle le U-WAAM,
c'est-à-dire l'univers "à influence", car l'action est réciproque.
La compréhension de la langue va nous aider à mieux cerner le concept.
On observe que le vocable ne commence pas par "0" qui est la désigna-
tion d'un être. Ici, le propos est général. "Les ensembles (Y) effective-
ment (A) variés (1) de composants en équilibre (00) sont effectivement
(A) dépendants (U)". Cette proposition évoque l'interaction "transcen-
dante" entre les univers, et c'est en ce sens, je crois, qu'elle est qualifiée
"d'intraduisible" par les Ummites. L'ambiguïté du mot est volontaire:
il eût été en effet "méprisant" ou "condescendant" de dicter "incompré-
hensible" en lieu et place de "intraduisible".

Cette logique est présentée dans les documents comme sous-tendant


les mathématiques ummites. Certains se sont précipités sur ce qu'ils
pouvaient entrevoir avec le mot "mathématiques" et le nombre 4 extrait
de la "tétravalence". Ils se sont lancés dans des recherches, sans doute
fécondes, mais sans lien réel, me semble-t-il, avec les idées présentées
dans ce document par les Ummites. Les combinaisons de "vrai, vrai" et
autre "vrai, faux" y paraissent sans objet.
Les mathématiques (WUA ou WUUA) sont le fondement même de la
représentation de l'univers. Elles sont désignées comme les "informa-
tions (W) des dépendances ou des influences (U) [éventuellement
décrites en réciprocité (U)] activement validées, vérifiées expérimenta-
lement (A)". C'est-à-dire "l'outil de validation (A) des dépendances ou
des influences (U) des variations, informations (W)". Ou encore l'outil
qui rend compte, ou autorise le compte rendu, des interactions entre les
univers ou les IBOZOO UU. On retrouve le concept des variations angu-
laires permanentes des OAWOO. Il s'agit bien de l'outil fondamental de

277
construction de la théorie unitaire et décrivant les interactions des univers
entre eux. N'oublions pas que ces interactions sont décrites dans
I'IBOZOO UU lui-même, et éventuellement dans les interactions entre
deux IBOZOO UU "conjugués". Ce sont des rapports d'influence qui
décrivent la structure de toutes les réalités dimensionnelles.
Cette logique n'a de sens que dans un contexte de multi-univers, d'où la
phrase évoquant la non-compatibilité de notre logique quotidienne pour
évoquer la transcendance.
Dans cette approche, il y a lieu de considérer les deux sortes d'images
mentales des humains: celles qui résultent de stimuli dimensionnels (E)
et celles qui relèvent de l'adimensionnel (lE). Les quatre principes
peuvent ainsi se reformuler comme:
1) JI y a des ensembles qui ont été vérifiés (dimensionnel)
2) Il y a des ensembles qui sont à l'état imaginatif ou mental (dimen-
sionnel)
3) Il y a des ensembles qui résultent de combinaisons sentimentales ou
émotionnelles (adimensionnel)
4) Les ensembles constatés sont sous influence ou dépendance [c'est
aussi vrai de l'adimensionnel que du dimensionnel et même entre
eux]

Ummo et le temps
Il y a plusieurs façons de parler du temps. Il y a celui de l' histoire, c'est-
à-dire celui du passé avec une grande échelle. Il y a la notion de temps.
Qu'est-ce que le temps?
Les documents donnent quelques indications sur l'histoire "récente" de
la planète Ummo. Comme c'est prévisible, il s'agit d'indications
relatives, qui situent les temps les uns en regard des autres, mais sans
repère ni référence à la Terre et à son époque actuelle. Ce repère est-il
d'ailleurs possible?
Les Ummites comptent leur histoire récente en "Temps" ou époques de
6.000 XEE, soit 6.000 ans UMMO. Une époque correspond ainsi à envi-
ron 1.250 ans terriens. Ils situent la période correspondant à nos années
1960-70 dans leur "Troisième temps". Le point zéro de leur système actuel
de datation a été défini lorsque la planète s'est donné un chef suprême
"centralisé", élu par des gouverneurs. En fait des chefs locaux, des chefs de
"colonies", qui étaient des concentrations ou des rassemblements.
On peut esquisser un parallèle. En étant bien conscient que le temps ne
peut être, par nature, le "même" sur Ummo que sur la Terre. J'en fais la

278
"démonstration" un peu plus loin. En revanche des durées peuvent être
comparées. Pour prendre une image didactique, reportons-nous au
moment de la fête de la nativité chrétienne, avec devant nous deux
bûches de Noël. L'une est au chocolat et l'autre au café. Elles ne sont pas
identiques, à l'évidence, et peuvent représenter le temps sur Terre et sur
Ummo. Mais si on définit une "tranche" de bûche d'un centimètre, on
pourra valablement comparer les tranches coupées dans ces conditions.
Le temps n'est pas le même sur Ummo et sur la Terre, mais les intervalles
sont comparables.
Sans trop savoir quelle était l'organisation d'Ummo avant cette date,
on peut assimiler l'élection d'un chef unique, planétaire, à la prise de
conscience de sa nécessité. Nous n'avons pas d'indication de la période
actuelle dans le troisième temps. Je prends donc une situation statistique
"au milieu". Ummo de notre époque se situe donc environ 3.125 ans
terriens après la décision de 1'élection du chef planétaire.
La situation géopolitique de la Terre n'est pas comparable à celle
d'Ummo: écorce planétaire morcelée en continents, races très différen-
ciées, très grands décalages de développement, etc . .. La création de la
Société des Nations, après la première guerre mondiale, était un premier
geste. La création de l'ONU, juste après la seconde guerre mondiale,
traduit la prise de conscience effective de la nécessité d' actions à
l'échelle planétaire. Je l'assimile à la décision de l'élection du chef
central et unique d'Ummo.
Les documents donnent quelques références historiques, étapes remar-
quables (ou plutôt, sans doute, à nous faire remarquer), selon eux, de
leur développement. Tous ces repères se situent entre le point zéro et
aujourd'hui de leur histoire, c'est-à-dire en transposition future pour nous
d'environ 3.100 ans! Les "dates" sont données dans le format ummite et
l'analyse de celui-ci n'a pas encore révélé toutes ses composantes. Les
auteurs signalent en plus (mais c'est très vraisemblablement pour
dérouter ou désinformer) un changement de définition de la période
orbitale de leur planète, lequel a une incidence sur la durée de l'année.
Donc sur le calendrier. Mais la date du changement n'est pas donnée, pas
plus que des précisions sur sa consistance.
Pour le reste, c'est-à-dire la vie quotidienne, le jour dure 600 uiw (c'est
l'unité de temps) soit presque 31 heures: 30 heures et 92 centièmes
exactement, soit environ 30 heures et 55 minutes. Ce qui met l'uiw à
3 minutes et 5,5 secondes. Une curiosité: nous divisons l'heure et la
minute en 60 fractions. Chez les Ummites, c'est le jour qui est divisé par
60 et par 1O. Or 60 est un multiple de 12, qui est la base de calcul ummite.

279
On retrouve le découpage cyclique du temps, avec la base 12:
Sur Terre, le jour vaut 2 fois 12 heures de 5 fois 12 minutes de 5 fois
12 secondes. Avec un système de numération général à base 10.
Sur Ummo, le jour vaut 10 fois 5 fois 12 uiw. Avec semble-t-il une unité
intermédiaire de 25 uiw (qui correspond à une segmentation comparable
à celle des heures pour nous, soit 1124ème de la journée). Le système de
numération général est aussi à base 12.

Le point de vue ummite sur l'idée de temps


La théorie de l'univers (essentiellement la gravitation héliocentrique) de
Newton avait un cadre spatial tridimensionnel. Le temps y était une
grandeur comme d'autres, mais n'avait pas le statut de "dimension". Le
cadre tridimensionnel était universel et s'imposait à tous les phénomènes.
Einstein a "désacralisé" les trois dimensions spatiales, en les ramenant à
une nécessité locale (on ne peut rien positionner sans repère) et a, dans
la même approche, donné au temps le statut de "dimension" . Ce qui
l'impose dans le référentiel local au même titre que les trois dimensions
d'espace. Or nous comprenons à peu près bien comment faire le lien,
"raccorder" des référentiels locaux pour les dimensions d'espace, alors
que nous ne savons pas assurer un type analogue d'opération pour le
temps. Ce qui a conduit au paradoxe de Langevin, dit "des jumeaux".
La relativité nous indique (conséquence de l'expression mathématique de
la transformation de Lorentz) que le temps doit "s'arrêter" pour un
voyageur hypothétique qui voyagerait à la vitesse de la lumière! Par quel
mécanisme, pourquoi peut-on en arriver à ces conclusions? Les Ummites
consacrent plusieurs passages de documents à l'explication des
différences de définition du temps.
Tout d'abord il est essentiel, d'après eux, de bien faire la différence entre
le stimulus, la cause et la perception que nous en avons. Différence que
nous, Terriens, ne pratiquons pas: c'est le même mot "temps" qui désigne
tout: la dimension, ce qui est mesuré et la sensation que nous en avons.
Comme nos langues ont un mot précis pour chaque concept, c' est que
nous n'avons qu'un seul concept!
Pour les Ummites, l'information c'est le temps et réciproquement.
Examinons d'abord l'information. Comme je l'ai montré à propos du son
W qui exprime l'information, celle-ci naît d'une nouveauté ou d'un
changement. Prenons l'exemple du changement. Sa définition réside
dans le constat d ' une différence entre un état final et un état initial. La
formulation elle-même introduit implicitement le temps, par l' usage des

280
mots "initial" et "final". Non pas comme grandeur mesurable, mais
comme repère de "séquence". Si bien qu'un changement n'est pas le
véhicule d'une seule information directe (état final différent de l'état
initial) mais aussi d'une information induite: celle de la "consécutivité"
et la nécessaire relativisation "séquentielle" d'un état.
En un mot: un état n'est pas représentatif d'une information. Il n'a pas,
par lui-même, d'avant ou d'après. Un changement, une variation est une
information qui ne peut être définie que par un "avant" et un "après". Elle
définit donc aussi le temps.
Allons un peu plus loin. Faisons maintenant abstraction d'un éventuel
changement observable. Tout est plat. Comment définir un "avant" et un
"après"? Pour les définir, il faut dire avant quoi ou après quoi, c'est-à-
dire définir la variation, le changement, l'information. C'est-à-dire que
nous ne pouvons évoquer le temps sans information, variation associée.
Résumons-nous. Nous venons de constater, dans notre raisonnement
logique, que l'information détermine le temps et que le temps ne peut être
déterminé sans information. Ces deux "concepts" sont donc les deux
versants d'une seule réalité. Un peu comme s'ils étaient les deux vues
d'un observable examiné selon un "univers" ou selon un "autre".
Retenons-en simplement que l'information et le temps sont deux aspects
d'une réalité unique. En notant bien que le temps décrit ici est "objectif'
en tant que "variation observable".
Qu'en est-il, pour nous Terriens, dans notre vie de tous les jours?
Premièrement, ce que nous appelons temps n'est que la transposition
mentale de la réalité. La notion, la perception du temps est subjective.
Seules les variations sont "objectives". Par exemple, devant les mêmes
informations, les comportements individuels de perception seront
différents.
Celui qui ne voit pas, qui ne perçoit pas les "variations" de l'Univers dans
lequel il est plongé, n'a pas de perception du temps. Il ne voit rien, ne sent
rien, ne s'intéresse à rien: il s'ennuie. Et il trouve le "temps long", par
"absence" d'information. En allant plus loin, celui qui n'a pas les moyens
de percevoir les variations de l'Univers qui l'entoure, soit parce qu'il dort
naturellement, soit parce qu'on l'a endormi (anesthésie par exemple),
a perdu la notion du temps pendant la période, et ne la retrouve qu'à
travers la première information, le premier "changement" que constitue
le réveil.
Inversement, un individu actif, à l'écoute de toutes les informations, de
tous les changements qui 1' entourent, vit le temps avec intensité.
D'ailleurs son capital informatif augmente et sa néguentropie aussi. Il ne

281
le percevra pas comme le déroulement "imposé" d'un compteur
quelconque, comme pourrait l'être une horloge.
Oui, d'accord. Mais le temps "objectif' existe par lui-même, puisque les
horloges le mesurent, n'est-ce pas?
Eh bien, non! L'horloge ne mesure pas le temps, elle en donne l'illusion,
et dans notre logique de non-séparation des images mentales, nous
confondons le temps et sa mesure. Je garde l'image de l'horloge
ancienne, avec sa trotteuse, mais le lecteur pourra 1'étendre à toutes les
formes d'horloges.
Le déplacement de l'aiguille des secondes devant le cadran constitue,
pour chaque seconde, une différence, une variation et donc une infor-
mation. Les minutes, avec un cran pour chaque tour des secondes, et les
heures se déplacent dans les mêmes conditions de logique, mais avec une
"charge informative" moins élémentaire. Lorsque l'aiguille se déplace,
elle ne compte pas le temps, elle montre une accumulation d'infor-
mations. Toutes identiques dans leur contenu informatif, pour une même
aiguille. Voilà pourquoi il a été nécessaire de différencier les aiguilles:
pour permettre l'identification de l'information véhiculée.
Une horloge, ou n'importe quel dispositif de mesure du temps, ne mesure
pas le temps: il mesure une accumulation "normalisée" de variations
informatives.
C'est principalement pour cette raison que les Ummites ont désigné "le
temps" par UIW, qui se transcrit par "dépendance (U) autre, différence,
(1) information, variation, nouveauté (W)". Quand un Ummite parle du
temps, il évoque sa perception, son interprétation (dont il se sent dépen-
dant, par nature) (U) de la variété (1) des informations (W) [dont il peut
avoir connaissance, ou qui lui parviennent].
C'est aussi la raison qui les conduit à formuler UWI un "instant", désigné
comme "dépendance (U) informations (W) différence, écart (1)", qui est
reformulable par "une différence (1) dans les informations (W) dont il
dépend (U)".
Revenons un peu sur la conception ummite de l'Univers, décrit comme
l'infinité des IBOZOO UU (lB.) en interaction avec l'infinité des trains
d'ondes gravitationnelles. Chaque lB. est assimilable, au moins dans une
image didactique, à une poignée d'épis de blés qui seraient en mouve-
ment léger, mais incessant, sous l'action de vents variables. Ces "épis"
sont nommés "axes" OAWOO. Les mouvements incessants des axes sont
des variations, donc des informations (W) permanentes (OA) de ces
axes. En tant que telles, elles sont donc les témoins du temps au niveau
du concept le plus petit de l'espace: I'IBOZOO UU. Selon qu'il sera

282
souvent sollicité dans ses variations axiales ou non, chaque IBOZOO UU
aura ainsi un cumul d'information (addition quantifiée des informations
constatées) personnalisé. Ce cumul, qui est par définition son contenu
informationnel, lui est propre. On comprend mieux maintenant pourquoi
le temps est "local" et pourquoi le temps est mesuré par un "couple"
d'IBOZOO UU.
Je retiens de cette explication, construite à partir de ma lecture des
documents et de ma compréhension de la langue, qu'elle donne une
justification "subparticulaire" au constat mathématique du caractère local
du temps, composante de la relativité.
Les mouvements incessants des "axes" autour de leur position de stabi-
lité sont les conséquences passagères des interactions gravitationnelles,
tributaires du déplacement de ces "ondes". Elles ne peuvent se déplacer
plus vite que la vitesse limite (nous l'avons baptisée 'vitesse de la
lumière'). Un voyageur est constitué d'IBOZOO UU, comme toute
réalité dimensionnelle. S'il se déplace à la vitesse limite (de la lumière),
aucune information nouvelle (depuis qu'il a atteint cette vitesse) ne peut
l'atteindre, puisqu'elle ne peut le rattraper (il faudrait pour cela aller plus
vite que la vitesse limite). Comme le cumul d'informations, c'est le
temps, le temps s'est donc figé pour le voyageur à son état précédent.
Vis-à-vis de la perception du temps, ce voyageur est comme le malade
anesthésié, mais la cause en est différente. Le patient sous anesthésie
ne peut percevoir un temps qui continue à s'accumuler au niveau de
ses 180ZOO UU, alors que le voyageur, lui, n'aurait plus d'évolution
du temps à constater, puisque ses IBOZOO UU seraient "figés"!
(inaccessibles à l'influence des autres).
Comprenons bien que le temps est attaché aux constituants de l' espace
(les 18.) et que chaque "créature" ou réalité dimensionnelle ne fait
qu'emprunter, qu'épouser le temps des 18. qui la constituent. Les êtres
vivants s'en "nourrissent"!
Les explications données dans les documents éclairent singulièrement les
conclusions étonnantes de la théorie de la Relativité.

Un dernier point d'importance. La définition du temps comme cumul,


comme constat des additions, même à contenu négatif, des informations
ne peut avoir d'inverse, sauf sous forme purement mathématique.
Prenons l'exemple d'une soupière que nous remplissons à l'aide d'une
louche, en comptant les mouvements de louche. A chaque apport, le
niveau monte (c'est l'information "soupe") et le nombre de mouvements
s'accroît d'une unité (c'est l'information "temps"). Si, une fois la

283
soupière remplie, nous décidons de la vider par le moyen de la louche,
à chaque mouvement l'information "soupe" va diminuer, alors que
l'information "temps" va continuer d'augmenter. C'est d'ailleurs ce que
dit un dicton populaire "Faire ou défaire, c'est toujours travailler!".
Le temps étant défini par le cumul des incidences informatives, ne peut
avoir de "sens inverse". C'est la raison du sens unique de la "flèche du
temps", et la réponse, hélas peu romanesque, à la question de la machine
à remonter le temps. Laquelle alimente d'ailleurs largement les auteurs
de science-fiction par les contradictions qu'elle implique.

(A propos du sens du temps, j'extrais du D29: " ... et une quatrième -le
TEMPS- nous la percevons de manière psychosomatique comme un flux
continu dans un sens unique que nous appelons UIWIUTAA (quelque
chose comme la flèche ou le sens orienté du temps.)". Ce vocable se lit:
UIW qui désigne le temps. Le segment lU qui se lit "différent, autre,
distinct, séparé, varié (1) dépendance (U)", c'est-à-dire "différence de
dépendance", exprime que le temps n'est pas perçu comme les autres
dimensions. Le document précise la perception "psychosomatique" alors
que les autres dimensions sont perçues de manière sans doute somatique,
c'est-à-dire "directement". Le segment TAA évoque "évolution, comporte-
ment (T) équilibre effectif, symétrie d'action, égalité, équité, réciprocité
active (AA)", c'est-à-dire "évolution symétrique effective". La dimension
temps est effectivement symétrique, c'est notre perception qui ne l'est
pas. Le vocable complet UIWIUTAA exprime "la différence de dépen-
dance d'une évolution effectivement symétrique à propos du temps".]

Il serait passablement indigeste de développer ici l'approche dimen-


sionnelle du temps par les Ummites. Elle éclaire le point abordé par
UIWIUTAA.

Les ordinateurs (technologie) dont le "cristal" de titane


On a vu la très grande place que les ordinateurs prennent dans la vie des
Ummites. Quelque chose que nous pouvons un peu mieux nous représen-
ter, maintenant en ce début de 21 ème siècle, que dans la fin des années 60,
période de réception de ces documents. Rappelons-nous que le micro-
processeur n'existait pas et que le premier micro-ordinateur expérimental
a vu le jour environ dix ans plus tard, dans la fin des années 70!
Tout d'abord, je voudrais démystifier complètement l'appareil, car il a
encore sur Terre des caractéristiques mal connues.

284
Un ordinateur ou, de façon plus élémentaire, un microprocesseur n'est
qu'une machine, un tas de "ferraille". C' est même la seule machine qui
ne fait rien quand on la met en marche. Elle attend qu'on lui désigne un
programme à exécuter avec des données.
Un ordinateur ne prend pas de décision. Le programme actif fournit un
résultat que l'homme décide de convertir en décision, plus ou moins
automatique. Et il est vrai que dans de nombreux domaines, la machine
va plus vite que l'homme. Et sans faute, si le programme a été réalisé
conformément à un cahier des charges sans faille et a été correctement
"testé".
Un ordinateur est une machine dont le travail se résume à des milliards
d'opérations élémentaires imbriquées. Les seules opérations ultimes que
la machine "sait" faire sont l'addition et la comparaison d'un nombre à
zéro. Car tous nos calculs les plus savants peuvent se décomposer en un
ensemble complexe de telles opérations élémentaires.
Ces opérations simples sont réalisés à l' aide de circuits électroniques dits
de "portes logiques" constitués de transistors, lesquels sont des sortes de
"robinets" électroniques. Selon leur "polarisation", ils laissent passer le
courant ou non.
La mémoire de l'ordinateur est constituée de plusieurs supports, aussi
bien des groupes de transistors (on parle alors de mémoire volatile, dite
RAM) que de successions de bits sur tout support (on parle alors de
mémoire de stockage, souvent ROM).
Pour bien comprendre les différences d'échelle et de puissance entre les
conceptions ummite et terrienne, je laisserai d'abord de côté la non-
capacité terrienne à traiter les problèmes par voie non digitale. On "sait"
faire, mais c'est compliqué et le "marché" est jugé insuffisant!
Les données sont mémorisées sous forme de séquences de bits corres-
pondant à leur description à l'aide de symboles binaires. On considère
globalement qu'il faut huit caractères binaires pour décrire n'importe quel
chiffre, lettre ou caractère de ponctuation. Comme les circuits électro-
niques ne sont pas à l'abri des pannes, on renforce les caractères mémorisés
par des caractères de contrôle dont l'agencement permet même, le plus
souvent, la reconstitution des données éventuellement altérées. Ce qui
porte statistiquement à neuf les caractères binaires nécessaires pour un de
nos signes. Si l'on considère grossièrement qu'un transistor est nécessaire
à la mémorisation d'un bit (ce qui est en dessous de la réalité), il faut donc
neuf transistors pour mémoriser n'importe quel caractère.
Nos ordinateurs sont construits avec deux parties bien distinctes: d'une
part le calculateur capable d'addition et de comparaison et d'autre part la

285
mémoire. Elle-même scindée en deux parties: la mémoire dite vive qui
fonctionne avec des accès à l'échelle de la nano-seconde oo-
9 s) et
d'autre part les "périphériques" de stockage (en général disques durs)
avec des échelles d'accès en millisecondes (soit environ un million de
fois plus lents!). Le calculateur fonctionne sur la même base de vitesse
que la mémoire vive.
Il faut bien comprendre que nos machines fonctionnent sur la base de
circuits qui mettent enjeu des millions d'atomes pour un transistor, et des
millions de transistors pour un petit programme.

Et l'ordinateur ummite?
Une remarque préliminaire amusante: les auteurs déclarent qu' ils ne
connaissaient pas le transistor avant de l'avoir découvert sur Terre. De la
même façon que les techniques de tissage des fibres. Ils ne manipulent
pas de fibres, sauf optiques.
Les Ummites ne donnent pas de segmentation très claire des fonctions de
calcul et de mémoire dans leurs ordinateurs. Compte tenu du caractère
"transmutatif" des opérations, par changement des atomes, nos connais-
sances actuelles excluent leur exécution dans un "monocristal", fut-il
thermorégulé. Les circuits de calcul doivent donc être "séparés", un peu
comme le processeur est différent, séparé de la mémoire (vive, en
l'occurrence) dans nos machines. Les opérations de calcul sont réalisées
sur la base d'une gamme de "fusions" atomiques contrôlées, et sélection-
nées pour correspondre à la base 12, à l'image de (071):

C6 12 + H 11 = N 7 13 (L'azote N est de masse atomique 14!)

JI faut comprendre ici que l'opération de calcul elle-même ne fait intervenir


que trois atomes. Si nous considérons que les circuits de préparation des
données et de récupération de celles-ci sont d'une complexité comparable
à celles de nos ordinateurs, les machines ummites font l'économie de
millions voire de milliards d'atomes pour un calcul élémentaire. Avec
l'économie d'énergie et la miniaturisation correspondante.
Cette réaction de "fusion" n'est naturellement envisageable que dans un
contexte de maîtrise suffisante des constituants subatomiques des noyaux
et des cortèges électroniques. Remarquons aussi que faire intervenir les
atomes un par un, par exemple un carbone ici, un azote là, etc ... nécessite
de pouvoir "adresser", c'est-à-dire "cibler" un atome et un seul dans une
architecture ordonnée: un cristal.

286
Le problème est le même pour la mémoire vive. C'est pourquoi les
Ummites nous disent que le "cristal de titane" est thermorégulé. Il faut en
effet que la position de chaque atome du cristal soit connue et ne subisse
pas d'écart. Le repos du quasi zéro absolu est nécessaire ainsi que la
pureté 100%.
Pourquoi le titane? Tout simplement parce que ce métal, peu abondant
sur Terre et de métallurgie assez complexe pour nous, est très répandu sur
Ummo. Il semble que la Terre soit une exception cosmique vis-à-vis du
titane. Il y en a beaucoup plus sur la Lune, par exemple. De plus c'est un
métal léger, très résistant, en particulier à la chaleur et pratiquement
inoxydable.
[C'est pourquoi les Ummites le dénomment DilO, c'est-à-dire "réalité
dimensionnelle (0) à manifestation (D) sous enveloppe, protégé ou
insensible (II)"].
Un document nous explique comment accéder aux atomes, individuel-
lement, et comment fonctionne la mémoire de leurs ordinateurs. Tout est
terriblement cohérent, et fait appel à des notions que nous comprenons,
comme l'effet hétérodyne ou les fréquences de battements, mais avec une
technologie qui nous paraît inaccessible. Le principe de l'adressage
atomique est tridimensionnel, chaque coordonnée étant parcourue par un
faisceau d'ondes gravitationnelles. On comprend que pour chaque plan
d'atomes, l'adressage est obtenu en faisant varier la phase de l'onde au
niveau du premier plan. Les données sont mémorisées à l'échelle de dix
valeurs possibles par atome. Nos ordinateurs fonctionnent avec au moins
neuf transistors d'une dizaine de millions d'atomes chacun pour un
nombre de 1 à 1O. L'échelle est donc de 1 à 90 millions en capacités de
stockage.
Chaque atome stocke un nombre de 0 à 10 sous forme de sub-états
quantiques de son écorce électronique: interaction électron + "photon" ou
rayonnement de fréquence connue. D'où la lecture ou l'écriture à l'aide
d'un rayonnement adapté.
Le texte ummite (D71) dit:
"De plus: une simple pastille de TITANE comprend des billions
d'atomes. Nous pouvons donc imaginer 1'information codifiée qu'elle
sera capable d 'accumuler.
Aucune autre base MACROPHYSIQUE de MEMOIRE ne peut lui être
comparée."
Nous pouvons faire un rapide calcul de capacité de stockage.
Prenons un cube de titane d'un millimètre de côté, soit un millimètre
cube. A peu près la tête d'une grosse épingle. La taille d'un atome

287
métallique moyen est de l'ordre de l'angstrom, soit I0- 7 mm. Le cube
contient donc environ 107 x 107 x 107 atomes soit 102 1 atomes. Soit, en
tenant compte du système de stockage ummite, une capacité de 1020
caractères au sens où nous 1'entendons.
A titre de comparaison, un disque dur de nos meilleurs micro-ordinateurs
actuellement mis sur le marché a une capacité d'environ dix giga octets,
soit 101 o octets.
La comparaison des capacités et des technologies est là: un millimètre
cube de titane pur et thermorégulé a la même capacité que dix milliards
(!) de micro-ordinateurs modernes terriens. Avec des temps d' accès
inférieurs à la nanoseconde contre des millisecondes, c' est-à-dire un
million de fois plus rapides!
On se demande comment Monsieur Jacques Vallée, déclaré infor-
maticien, pouvait écrire en 1992 (B4) que les ordinateurs ummites ne
rivalisaient pas, et de beaucoup, avec les meilleures créations de la
Silicon Valley!. ..

Quant aux techniques de mise en œuvre et de programmation des


machines ummites, elles étaient franchement en avance sur les éléments
connus dans la fin des années 60.
Lorsque I'Ummite veut soumettre un problème au réseau d' ordinateurs
via celui dont il dispose, il expose son problème de vive voix, en respectant
une sorte de syntaxe simple. Je pourrais aujourd'hui, à titre de compa-
raison, faire réaliser un programme du même type. Il y faudrait entre
12 et 24 mois/homme. Les logiciels de reconnaissance et de restitution
vocales sont maintenant disponibles.
Quant aux programmes, les Ummites disent que leurs ordinateurs
s"'auto-programment". Compte tenu des contextes d'apparition de la
formule, je pense qu'elle fait référence aux techniques que nous appelons
de neuro-programmation. Techniques complètement inenvisageables à la
fin des années 60, du fait de la complexité et de la puissance des
machines nécessaires. Il s'agit en gros de faire faire à l'ordinateur un
apprentissage sur un panel de données combinées avec les résultats
correspondants. Pour cela, l'ordinateur est chargé avec un programme de
simulation de circuits de neurones associés à leur synapses et aux
modèles de leurs interactions (simulation des neurotransmetteurs). Les
machines actuelles ne dépassent guère les 256 neurones. Les résultats
sont étonnants, et on arrive à faire apprendre à lire (balayage d'une feuille
dactylographiée par scanner et prononciation sonore associée) assez
rapidement à un ordinateur.

288
Dans un tel processus, l'ordinateur "auto-programme" ses circuits
synaptiques.
Il suffit alors de disposer d'une machine assez puissante pour simuler un
réseau complexe de neurones, de plusieurs milliers voire dizaine de
milliers pour obtenir des résultats relativement proches du fonction-
nement local du cerveau humain. Et de la nourrir périodiquement d'un
panel suffisant d'apprentissage ou de réactualisation (tout comme
l'homme!).

La description des ordinateurs ummites est totalement cohérente et


compréhensible, dans ses grandes lignes. Le principe de base reste de
même nature que dans nos machines, avec une succession de codifications.

[DIEWEE est le principe de base donné pour le fonctionnement des


ordinateurs. Il se lit "manifestation, forme (D) différence, autre, variété
(1) perception, sensation, représentation mentale, idée (E) des infor-
mations, variations (W) enregistrement, codification, modélisation
(EE)". Ce vocable désigne la "manifestation de la variété des perceptions
[par] des informations codifiées".
Cette désignation ne distingue pas réellement leur base logique de
fonctionnement de la nôtre.]

Les données à traiter sont d'abord l'objet d'un enregistrement, d'une


codification (les niveaux énergétiques quantiques de l'écorce électro-
nique des atomes de titane). Elles sont ensuite l'objet des traitements par
de nouveaux codes de transposition (les réactions de fusion sélective,
processus nucléaire). La restitution fait intervenir une codification
inverse, avec retour aux niveaux quantiques de la couche électronique.
Il y a en fait un énorme fossé dans les technologies mises en œuvre:
miniaturisation, puissance, etc ...
Les techniques de programmation présentées ne nous paraissent pas
réellement révolutionnaires, mais il s'agit de processus "mentaux"
et logiques et nous avons vu que les Ummites ne se déclarent pas trop
"surdoués" par rapport à nous.

289
Dessin du véhicule à plasma
(GOONIIOADOO UEWAA) décrit dans le 041,
et reproduit ici avec la très aimable autorisation
de M. Rafael Farriols.

290
7. Une autre vision de l'Univers

Les objets et un peu de leur histoire


L'hypothèse de la présence d'extraterrestres sur notre planète pose de
nombreuses questions. A commencer par celle de la possible réalité de
ceux-ci. J'ai eu l'occasion de montrer, dans le chapitre sur les vérités, que
nous n'avons pas le droit d'exclure. Mon travail linguistique conduit à la
conclusion que l'existence d'extraterrestres est très hautement probable
ainsi que leur présence sur Terre.
Dès lors, deux questions majeures au moins se posent: celle du ou des
transports depuis leur planète d'origine (heureusement incluse dans notre
galaxie!) et celle des communications entre eux et cette planète. Il sera
plus facile de traiter des échanges après avoir abordé le problème majeur
des voyages.
Le déplacement est synonyme de mouvement, impliquant dans notre
système sensoriel (et je généralise ici à tous les humains de l'Univers)
l'idée de distance et celle de temps, dont une combinaison familière est
la vitesse, définie comme le rapport de la distance parcourue au temps qui
a été consacré au mouvement.
Le déplacement est aussi synonyme de masse, car on voit mal, sauf dans
des problèmes de collégiens, l'intérêt de déplacer, si ce n'est pas
"quelque chose" doué de masse.
Se trouvent donc impliquées ici trois des quatre raisons d'être de la
physique, que sont 1'espace, le temps et la masse. La charge électrique,
quatrième base, n'interviendra que pour mémoire et afin qu'on ne
l'oublie pas.

Jusqu'aux travaux d'Einstein, la réponse aux questions du déplacement


était presque simple: un système référentiel universel d' espace à trois
dimensions et une variable annexe, non liée, et universelle elle aussi: le
temps. Ce qui autorisait une définition simple de la vitesse: distance

291
parcourue (indiscutable, puisque ne comportant qu'une valeur) divisée
par le temps associé. La masse était une grandeur indépendante, que l'on
savait mesurer et constater, mais que l'on ne savait pas justifier.
L'observation fine du mouvement des planètes du système solaire avait
conduit Kepler à la formulation mathématique de leur déplacement.
Saluons cet homme, car les satellites et autres sondes spatiales sont
encore lancés en s'appuyant sur la justesse de ses observations et calculs.
Newton, après étude approfondie de la Lune, formula la loi de la gravi-
tation universelle (à l'échelle des connaissances de l'époque qui se
limitaient au système solaire) qui définit l'attraction entre deux masses
comme proportionnelle au produit de celles-ci et à l'inverse du carré de
la distance qui sépare leurs centres de gravité. L'histoire a retenu de lui
ce qu'il avait dit d'une pomme, d'un comportement comparé à celui de la
Lune. Ses calculs étaient largement fondés puisqu'ils allaient permettre
de prévoir la découverte de la planète Neptune (Le Verrier 1846), par le
calcul déduit des observations du comportement "anormal" de la planète
Uranus.
La physique avait été simple. Les découvertes de l'électricité, de la
charge électrique, du magnétisme, et surtout du caractère "universel" de
la vitesse de la lumière, allaient bouleverser ce bel ordonnancement
et conduire Einstein à sa première publication en 1905, sur "L'élec-
trodynamique des corps en mouvement" [Relativité restreinte aux
mouvements uniformes des référentiels]. La publication, en 1915, de la
relativité générale donnait le coup de grâce, mais avec beaucoup plus de
questions posées.
Einstein introduisait en effet de nombreuses révolutions en même temps.
D'abord sur un plan philosophique. Les solutions de l'équation de
champ, qui décrit les liens entre la géométrie de l'espace et son contenu
énergie-matière, le conduisaient sur des hypothèses de modèles
d'Univers. Il en a été imprégné toute sa vie, au point de s'obstiner
longtemps sur le modèle d'un Univers statique. L'Univers ne pouvait
plus être décrit par un système spatio-temporel absolu, avec d'un côté
l'espace, d'un autre le temps et d'un troisième la masse.
Ensuite sur un plan physique, en particulier avec les nouvelles bases:
- Aucun signal ne peut se déplacer plus vite que la lumière, dont la
vitesse, mesurée, est constante et identique dans tous les référentiels.
Exit l'action instantanée à distance.
Il n'y a plus de référentiel global et absolu, mais le référentiel est
"local". Il reste euclidien. Il a été clairement défini par Hermann
Minkowski en 1908, et porte couramment son nom. Il est confirmé

292
comme une extension de celui de nos perceptions.
- Le référentiel n'est plus tridimensionnel, mais tétradimensionnel en
y intégrant le temps. Deux observateurs en mouvement relatif ne le
partagent pas de la même manière: ce que l'un perçoit seulement
comme espace, l'autre le perçoit en partie en temps et en partie en
espace.
- L'équivalence entre la masse et l'énergie fait dépasser le simple
concept de masse et oblige à décrire un contenu énergie-matière.

Ce modèle fonctionne remarquablement bien pour décrire le mouvement


des planètes du système solaire (la précession du périhélie de Mercure a
été prévue par la théorie avec une précision excellente, entre autres) et les
observables ultérieurs au niveau cosmologique.
Bien que beaucoup plus moderne, cette famille de représentations
n'apporte rien à la physique de nos déplacements interplanétaires, qui
continuent à être réalisés sur les bases de Kepler et de Newton, car les
vitesses sont (très) faibles en regard de la vitesse mesurée de la lumière.

Ce modèle reste descriptif des comportements macroscopiques.


L'équation de champ admet une multitude de solutions selon les
conditions initiales prises et les nécessaires hypothèses simplificatrices.
Elle est encore souvent insoluble.
Mise à part l'équivalence masse-énergie, qui est formulée par une
relation mathématique (le célèbre E=mc2!), rien n'éclaire sur les justi-
fications physiques de l'équivalence fondamentale "courbure = énergie-
matière". En quoi consiste la masse? Par quel mécanisme courbe-t-elle
l'espace-temps? Quant à l'énergie, on sait en décliner des formes et
définir leurs équivalences, mais par quels mécanismes (autres que des
abstractions mathématiques) peut-elle être équivalente à la masse?
Personne n'a de réponse satisfaisante, en tout cas pas plus que du temps de
Newton. Même aujourd'hui, en l'an 2000, après la découverte des protons,
des neutrons, des positrons, des antiprotons, des quarks et de la longue liste
des particules et autres "constituants de la matière", notre image de la
nature de la masse reste floue: un collage "par interaction forte" diablement
stable de subparticules instables et souvent incompatibles.

Donc pour résumer, et en ne considérant que nos connaissances


otliciellement reconnues ou standard,
En matière de déplacement à échelle humaine terrestre G'y inclus nos
expériences spatiales actuelles), la physique de Kepler et de Newton reste

293
suffisante. La prise en compte de la relativité est toutefois devenue néces-
saire et réelle, car les GPS actuels, qui donnent des précisions largement
inférieures au mètre, tiennent compte du ralentissement des horloges dû
à leurs distances respectives aux masses (altitudes).
L'ensemble des observations cosmologiques est resté conforme au
modèle dérivé de l'équation de champ, jusqu'aux observations récentes
du télescope spatial Hubble. Les écarts nouvellement constatés induisent
des correctifs, voire une future remise en cause.
A propos de la masse et du concept associé de charge, une amorce
d'unification des théories arrive à rendre compte d'à peu près toutes les
observations, sauf de la cohésion intime de la matière. Ces théories sont
à ossature électromagnétique. Avec un cas singulier: celui de la lumière.
Elle est en effet immatérielle et continue, et pourtant se comporte comme
si elle était faite de grains, comme la matière.

Une autre révolution a été introduite par Einstein: c'est la prise en


considération de la "géométrie" de l'espace. Avant lui, le référentiel
unique était euclidien, avec pour bases fondatrices des points, des
droites et des plans. Selon Einstein, l'espace "se courbe" en ne restant
plus conforme à la construction euclidienne. Il peut adopter une
courbure positive ou négative. Sans proposer aucune réponse, autre que
mathématique, à la question de "que veut dire 'se courber'?". On
explique que l'espace est "fait" ou qu'il est "le siège" de géodésiques,
c'est-à-dire de lignes de déplacement obligatoire. Quelque chose
comme les rails de l'espace-temps. Et c'est la forme de ces lignes qui
définit "la courbure". A notre échelle quotidienne humaine, nous
vivons dans un espace de Minkowski, c'est-à-dire au milieu de droites,
plans et points. Les géodésiques sont pour nous des droites. En effet,
quand vous la laissez tomber, votre chaussure tombe "tout droit", à la
verticale. La théorie de la relativité a prévu que les rayons lumineux,
supposés rectilignes en l'absence de masse voisine, seraient déviés au
voisinage de très grosses masses comme le Soleil, traduisant la cour-
bure locale de l'espace-temps. L'expérience en a été réalisée par
Eddington lors d'une éclipse du soleil en 1919 et a confirmé la théorie
par l'observation.
Nous ne sommes pas plus capables, en ce début de l'an 2000, qu'il y a
cent ans, de donner un contenu justificatif à cette géométrie: l'espace-
temps est toujours considéré comme vide, à la rigueur "occupé" par un
rayonnement cosmologique résiduel à 3°K, et quelques fois "occupé" par
des ondes électromagnétiques ou de la matière.

294
Le cadre du transfert des connaissances

Les auteurs des documents affirment qu'ils ne sont pas terriens et disent
qu'ils viennent d'une planète située à environ (car la distance est
variable) 14,4 années-lumière. A leur arrivée sur Terre, ils sont presque
immédiatement conscients du caractère inacceptable de la description de
leur voyage: nous sommes persuadés, d'après les travaux d'Einstein
maintes fois confirmés, que la vitesse de la lumière est infranchissable, et
même que s'en approcher est énergétiquement utopique.
N'oublions pas qu'il s'agit d'une ethnie plus avancée dans son histoire et
dans ses connaissances que nous ne le sommes. Et que le décalage, si
les temps peuvent être comparés, peut se chiffrer en centaines, voire en
milliers de nos années.
J'ai constaté que leur système linguistique, très différent et probablement
plus perfectionné, leur a permis de comprendre et de pratiquer les nôtres:
la toute première communication n'est possible que du plus évolué vers
le moins évolué. Il en a été exactement de même à propos de nos acquis
scientifiques. Ils ont donc été en mesure de replacer notre système de
connaissances dans la perspective du leur.
Une connaissance mal assimilée, parce qu'acquise trop rapidement ou
sans implication personnelle, est en général mal exploitée (ce que j'ai
appelé le syndrome du cancre). Ce point de vue de bon sens est aussi
partagé par les Ummites. Mais ils ont voulu nous "dédommager" des
informations qu'ils ont acquises sur nos cultures. En nous donnant en
retour des informations sur eux. Jusque là, tout est simple. Mais ils
avaient d'autres impératifs. Je ne suis pas juge, mais observateur. L'étude
de notre biotope et de nos psychologies les conduit au constat que:

- Leurs connaissances physiques et cosmologiques interdisent aux


Terriens d'admettre la possible présence d'extraterrestres sur leur
planète.
- Le décalage de civilisation est ainsi très grand, trop grand pour qu'un
dialogue officiel puisse être établi, sans bouleversement à peu près
certainement catastrophique.
- La maturité psychologique et psychosociale de la planète en est le reflet.

La dette, qui est réelle, ne peut donc être soldée en nature, par exemple
au cours d'échanges, qui impliqueraient la reconnaissance objective de la
présence. Elle doit l'être sous forme immatérielle, donc informative, et à
sens unique. Pour les raisons abordées ci-dessus,

295
L'information brute serait non assimilable et pour qu'elle puisse
l'être, il faudrait la prouver. Ce qui ferait retomber dans le risque du
bouleversement contraire à l'objectif recherché et n'écarterait pas les
risques de mauvaise intégration.
En conséquence, l'information ne sera pas brute, et pour qu'elle soit
assimilable, il faut qu'elle se rattache à des connaissances vérifiées.
Le rattachement ne sera que potentiel, et devra nécessiter un effort
certain de réflexion, concourant à une assimilation correcte et
pérenne. Il sera encouragé par la tonalité des textes.
- La solution est une mise en perspective relative des deux pensées. La
difficulté est de situer la pensée terrienne par rapport à la pensée ummite,
en essayant de décrire des concepts "évidemment non encore pensés"
et sans faire un catalogue exhaustif, d'ailleurs incompréhensible.

Voilà donc définies les conditions, le cadre du "transfert de connaissances",


au moins dans le domaine de la physique. Or, que constatons-nous?

Les documents, surtout le 059, contiennent des références à nos


connaissances les plus récentes (1966, période de leur première for-
mulation tracée) et à quelques connaissances d'acquisition probable dans
un futur proche. On nous dit que l'espace de Minkowski (simplement
cité tel quel) est une base participant elle aussi à la pensée ummite. J'y
vois une confirmation que l'humain, même extraterrestre, conserve ses
caractéristiques sensorielles limitées à trois dimensions spatiales et à la
perception du temps.
Je suis longtemps resté perplexe devant les quelques indications qui nous
sont données en matière d'espace ou plutôt d'Univers. Exactement
comme on peut se trouver devant un super puzzle: on dispose de
morceaux, on sait qu'ils sont parties intégrantes d'un tout, mais on sait
que l'on n'a pas toutes les pièces, qu'on ne connaît que quelques règles
du jeu d'assemblage (restreintes par notre capacité de compréhension
supposée), et quelques traits de l'image finale à obtenir.

Bien que de formation scientifique approfondie, j'ai limité ma tentative


de compréhension de l'ensemble à des considérations logiques et
qualitatives: pas d'équations, de dérivées, d'intégration, ni d'autres
outils. Mais avec la volonté de ne pas retenir ce qui ne s' emboîtait
logiquement pas. A cela plusieurs raisons:
- Mon goût d'abord, et les compétences qui en dérivent naturellement.
On ne peut faire "au mieux" que ce que l'on aime.

296
- La certitude ensuite, à travers ce que ma compréhension de la langue
a véhiculé, que le transfert de connaissances ne pouvait être qu'in-
ductif, donc au niveau des principes, de la réflexion et non détaillé.
- La prise de conscience progressive de l'écart "d'outillage". L'Univers
est décrit à dix dimensions et les lois que je pressens nécessitent un
arsenal mathématique qui n'a pas encore été développé, au moins à
ma connaissance.

En revanche, je peux espérer faire partager ma compréhension et


conduire le lecteur à se représenter simplement, ainsi que je l'ai fait,
comment des voyages interplanétaires peuvent être réalisés en apparente
contradiction avec la limitation de la vitesse de la lumière, et sans
remettre en cause son existence.
Ici, comme dans le domaine linguistique, il ne faut pas que subsiste de
malentendu. Ce que je développe ci-dessous, c'est la vision de cette
autre physique que j'ai acquise à travers l'étude des documents,
appuyée par la connaissance de la langue. Ce n'est pas une version
estampillée "UMMO". Seuls les auteurs sont en mesure de commenter
les erreurs et la possible conformité de ma description. En auront-ils
la volonté?
Chaque fois que l'occasion m'a semblé justifiée, j'ai essayé de situer nos
connaissances en regard des affirmations des signataires. Sans faire de
comparaison qualitative ni quantitative.
Mais avant d'évoquer le voyage, commençons par comprendre " la mer".

Le cosmos, vu par les Ummites


L'Univers, en tant qu'ensemble de la création, est Un (n'oublions pas
que les Ummites décrivent leur Dieu WOA, créateur et animateur
"consubstantiellement" omniprésent de l'Univers).
A la manière des images d'un super kaléidoscope, il peut être vu sous
une infinité d'angles. Non pas de l'extérieur, puisque rien ne peut
lui être (par définition) extérieur, mais de n' importe quel point qui le
constitue. Ce n'est pas une affaire d'endroit, mais de façon de voir.
Chacun de ces points de vue, également possible partout et dont la
réalité est physique et démontrable, correspond à une description
différente de l'Univers.
[L'Univers, en langue ummite, porte le nom de WAAM. C'est-à-dire,
littéralement: "variations, informations, nouveautés (W) équilibre
effectif, symétrie réelle (AA) couplage, association (M)''. C'est une

297
synthèse totale de l'ensemble de leurs descriptions. Les informations sont
les variations angulaires dues aux interactions gravitationnelles, l'équilibre
effectif ou la symétrie réelle expriment que l'ensemble est un tout "clos"
et qu'une variation quelque part a forcément son équivalent ailleurs sous
une forme appropriée et à somme énergétique nulle, et le couplage est
l'expression du lien des "variations" dans l'équilibre.]

C'est en ce sens que les Ummites déclarent qu'il y a une infinité


d'univers. Ce qui nous pose un petit problème de vocabulaire. Par
convention, dans tout ce qui suit, l'Univers avec un U majuscule est la
désignation du Tout cosmique, dans la totalité de sa diversité. Chaque
univers, avec une minuscule, est le résultat d'une sélection, d'une façon
de voir. C'est cet univers-là qui a un "jumeau" ou un "anti-univers". Pour
bien insister, en paraphrasant les Ummites: l'Univers est constitué de
l'infinité des paires d'univers.
Nous avons construit notre vision de l'Univers sur des concepts: la droite,
le point comme intersection de deux droites, dites alors "non parallèles",
et le plan comme surface définie par ces mêmes droites concourantes.
Ces concepts ont été formulés par le mathématicien grec Euclide, trois
siècles avant notre ère: ils sont dits "euclidiens". La description d'une
géométrie non euclidienne de l'espace par la relativité, n'a pas encore été
assimilée par le grand public comme donnée structurelle de l'espace, et
cela ne s'impose pas.
La notion de "géométrie" est importante et il ne semble pas qu'elle soit
présente à l'esprit ummite comme elle l'est au nôtre. Le mot définit la
capacité d'exprimer les mesures (du grec metron = mesure) de la Terre
(du grec gê= la terre), ou en rapport avec la Terre. Il était normal qu'elle
fasse intervenir les perceptions comme celle de la droite, et de ses asso-
ciés comme le point ou le plan. Que seront les concepts "géométriques"
mille ans après la découverte, par Einstein, de la courbure de l'espace, si
les hommes de la Terre n'ont pas anéanti leur planète d'ici là?
Pour les Ummites, les bases euclidiennes ne sont acceptables que dans
une vision "non transcendante", c'est-à-dire dans celle de nos perceptions
quotidiennes, dans le cadre de l'espace de Minkowski. Pour comprendre
leur description de l'Univers, nous devons complètement oublier la
droite, le point et le plan. Les Ummites nous disent aussi que les travaux
d'Einstein sont compatibles avec leur théorie, en précisant même qu'ils
ont trouvé dans ses travaux un élément qu'ils ne connaissaient pas. Nous
devons donc abandonner le référentiel absolu d'espace. Jusqu'ici tout est
simple et compréhensible.

298
Cela se complique quand les Ummites nous exposent que leur description
nécessite dix dimensions: trois pour l'espace, une pour le temps (comme
nous) et six pour la masse et la charge (sans, naturellement, donner
d'indication sur leurs participations respectives). Cette partie-là est
franchement nouvelle en 1967. Les premiers travaux publiés de physique
quantique des "supercordes" qui envisagent aussi dix dimensions datent
des années 80.
A partir de là, les Ummites ont un peu triché, pour des raisons évidentes
de pédagogie. Je garde leur exemple d'explication qui nous permettra
de comprendre. Faisons d'abord un petit aparté sur nos sens. Nous
sommes capables d'appréhender, plus ou moins bien, ce qui se produit
dans les trois dimensions. Nous savons les volumes simples: cube,
sphère, cône, cylindre, etc ... Lorsque l'on parle de quatre dimensions,
on comprend bien que la 4ème dimension, comme le temps, vient en
plus des autres, mais on a beaucoup de mal à se la représenter assem-
blée aux autres. Surtout que nous avons l'habitude de montrer les
"dimensions" dans un repère "orthonormé" [perpendiculaires] qui est
l'expression géométrique simple de leur indépendance. Il est plus facile
de comprendre quand on visualise. Mais comment se représenter dix
dimensions?
C'est pourquoi les Ummites ont donné des images et un truc pour
se faire une idée des dix dimensions, qui ont naturellement une
"valeur" en chaque "point" de l'espace. Pour ne pas être en contra-
diction avec l'abandon suggéré du point euclidien, les Ummites
décrivent une portion d'espace, presque aussi petite qu'on peut l'ima-
giner, mais pas aussi infiniment petite que notre point, qui n'a pas
d'existence physique. Cette micro-portion d'espace a les caractéris-
tiques des dix dimensions. On peut s'en faire une description, unique-
ment destinée à la compréhension, en imaginant ou en dessinant un
"faisceau" de flèches, ou de droites qui ne se touchent pas, pour
exprimer leur indépendance (Figure 1). Il s'agit d'un dessin, d'une
figuration pour compréhension. Chacune des droites, D 1, 02, 03, ...
D 10 donne une image, à sa façon, de la valeur locale de la dimension
qu'elle représente.

Dans notre géométrie, qu'est-ce qui rend un point différent de son voisin?
Une différence dans une de ses coordonnées, de ses "dimensions". Par
exemple, une légère variation de la hauteur, et cette différence peut être,
pour nous, aussi petite que possible. Tendant vers zéro pour deux points
'infiniment voisins' .

299
IBOZOO UU
Figure 1

IBOZOO UU
Figure 2

Les Ummites considèrent que l'Univers est discontinu, et qu'il n'est pas
envisageable que deux micro-portions d'espace voisines aient une
différence d'une quelconque dimension tendant vers zéro. Cette diffé-
rence de "valeur" infiniment petite, mais limitée, se visualise, dans notre
représentation par une orientation légèrement différente de la droite
considérée (Figure 2). On voit sur la figure la position de la droite 0'2,
légèrement différente de la droite 02 de I'IBOZOO UU voisin, puisque
c'est le nom que les Ummites donnent à la micro-portion d'espace
associée à ses caractéristiques. Toutes les autres droites ont des "angles"
identiques, pour ces deux IBOZOO UU. On peut ainsi imaginer notre
premier IBOZOO UU environné, "à touche-touche", de ses dix variantes
locales, chacune selon une dimension. On peut ensuite se représenter
qu'il est entouré d'aussi près par ses variantes de deux dimensions, et de
ses variantes à trois dimensions, etc ... jusqu'aux dix dimensions. Il
est donc entouré de 495 voisins immédiats, le plus "éloigné" n'étant
différent que d'une variation élémentaire sur toutes les dimensions "à la
fois". Et chacun de ces voisins a lui-même autant de voisins immédiats et
ainsi de suite.

300
Chaque 1.8. est représentatif par ses "axes" de sa micro-portion d'espace,
mais celle-ci n'est pas identifiable. En effet toutes les flèches, tous les
axes se ressemblent sans que rien ne les distingue. Ceci nous conduit à
l'image d'un immense ensemble d'aiguilles ou de flèches, orientées dans
tous les sens, mais "assemblées" par mini-groupes de dix. Un peu comme
des paquets de "Mikado" sans peinture et entremêlés en désordre.
L'ensemble de toutes ces flèches imaginaires occupe tout l'espace,
matière présente ou non. C'est la "trame" de l'Univers, son "ourdissage"
comme se plaisent à le qualifier les Ummites. Ces flèches, ces "axes"
échappent à nos sens aussi bien parce qu'il s'agit de valeurs trop petites
pour nos perceptions (dans le cas de nos quatre dimensions accessibles)
que parce qu'elles appartiennent à des dimensions (les six autres) que nos
sens ne peuvent, par nature, percevoir.
Si nous gardons l'intégralité de ce modèle, nous ne pouvons plus rien
imaginer, puisque nous sommes littéralement "ensevelis" et "transpercés"
par ces "axes". Imaginons que nous déchirons cet immense paquet par le
milieu, afin de disposer d'un semblant de surface à peu près plane, héris-
sée de ces "flèches", tout juste assez petites pour ne pas nous envahir.
Nous avons donc devant nous un extrait de l'ensemble des IBOZOO UU
de l'Univers. C'est l'image fixe, figée d'un infini tapis de pointes
entremêlées dans tous les sens.
Or, l'Univers vit: les objets se déplacent, des étoiles naissent, d'autres
meurent. Il en est de même de tous les êtres vivants, hommes, animaux
et plantes. C'est pourquoi les Ummites disent que l'Univers est le résultat
de l'interaction de l'infinité des trains d'ondes gravitationnelles avec
l'infinité des IBOZOO UU.

Avant de continuer avec notre image, arrêtons-nous sur la notion d'onde.


Dans notre représentation de l'espace, une onde (lumineuse, sonore,
aquatique, ... ) est un phénomène continu cyclique. Il est caractérisé par
trois grandeurs:
- son amplitude, qui peut être comprise comme sa taille, sa force
- sa fréquence, qui traduit sa cadence de renouvellement, de cyclicité
- sa phase, qui peut être comprise comme la valeur de son amplitude
initiale

La physique ummite est homogène: elle ne reconnaît pas de structure


continue à l'Univers, elle ne reconnaît donc pas non plus la continuité des
fonctions, à l'échelle la plus intime de l'Univers, celle que nous regardons
ici. Elle admet que ces phénomènes, intimement discontinus, sont perçus

301
comme continus par nos sens et par nos appareils de mesure insuffi-
samment "fins". Mais elle reconnaît le caractère cyclique et les trois
paramètres évoqués.
Une bonne image de la notion d'onde "discontinue" et perçue comme
continue est donnée par une ligne de dominos debout. Imaginons que tout
un lot de dominos soit équipé sur une petite base d'un ressort léger
et d'une petite ventouse, de telle sorte que l'on puisse poser le domino
verticalement sur sa ventouse. Si on le pousse légèrement et qu'on le
relâche, il revient à sa position initiale. Par une astuce, il ne revient pas
en arrière. Si maintenant nous alignons un grand nombre de dominos en
une grande file, nous avons l'image des axes d'une dimension d'une file
d'IBOZOO UU. Si nous poussons le premier domino d'une pichenette,
l'inclinaison va se propager jusqu'au dernier, chaque domino étant
poussé par le précédent. Nous verrons un frisson se déplacer le long
des dominos, exactement comme une onde: nous aurons une perception
continue d'un phénomène que nous savons discontinu, puisque les
dominos sont indépendants les uns des autres.
Notre approche récente de la cosmologie et de la "structure" de la matière
par la théorie des cordes, puis des "supercordes", nous fait soupçonner
l'existence d'ondes gravitationnelles, à l'image des ondes électromagné-
tiques, et dans le plus pur esprit quantique. Nous avons réussi, récemment,
à les mettre en évidence dans le cas très précis du pulsar binaire 1913+ 16.
Nous observons des phénomènes que la théorie prévoit, avec des mesures
remarquablement concordantes, à 0,5% près. Les ondes dont parlent les
Ummites sont-elles de même essence, car le "vocabulaire" peut nous trom-
per? Il semblerait que oui. Les Ummites emploient le mot espagnol
"gravitatorias" et il ne semble pas qu'il y ait d'autre mot pour désigner
"gravitationnelles". D'autres indications, sur le très faible niveau éner-
gétique de ces ondes, sur leur particule associée reconnue comme notre
graviton, sur leur portée infinie, vont dans ce sens. En revanche, les
Ummites évoquent à plusieurs reprises un spectre très large de fréquences
et d'amplitudes que nous n'envisageons pas encore. J'ai donc retenu, tout
au long de mon travail, la dénomination d"'ondes gravitationnelles".

Comment interagissent les ondes gravitationnelles avec les IBOZOO


UU? En induisant des variations angulaires dimensionnelles dans ceux-ci.
Des variations qui ne sont pas stables, mais oscillantes. Si bien que notre
coupe d'espace, en forme de "tapis brosse", fait d'IBOZOO UU précé-
demment immobiles, ressemble maintenant, sous l'action permanente
des trains d'ondes gravitationnelles à un champ de blé animé par des

302
rafales ou des tourbillons de vent. Les "axes" s'inclinent et se redressent
comme des épis de blé sollicités par les mouvements de l'air. Le
phénomène est permanent, les mouvements incessants, si bien que les
Ummites proposent une autre image: celle d'une infinité de libellules en
vol, au contact les unes des autres dans un fourmillement généralisé.
Leurs ailes en mouvement alternatif permanent sont une bonne image des
variations angulaires des "axes" des IBOZOO UU. Les Ummites ajoutent
que dans cette image, il n'y a pas deux libellules identiques, façon de
préciser que chaque lB est caractéristique d'un "point" de l'Univers.
Mais comme personne ne sait "lire" ou "décoder" un IBOZOO UU, on
ne sait pas où chacun se situe. Ce qui est sûr, c'est qu'ils sont tous
quelque part dans l'essaim de libellules ou le champ de blé aux vents.
C'est déconcertant, mais ça suffit.
Gardons l'image du champ de blé. Il est soumis en permanence à
des coups de vent, plusieurs en même temps, rarement dans la même
direction, et presque jamais avec la même force. Si bien qu'un épi sera
sollicité simultanément dans presque tous les sens, avec des forces
variables (amplitudes), tantôt en rafales plus ou moins serrées
(fréquences) et qui n'ont pas toutes commencé en même temps (phase).
On comprend bien que les épis, qui représentent les "axes" de "micro-
portions d'espace", oscillent au gré de la résultante des trains d'ondes
gravitationnelles. Que se passe-t-il dans de pareilles conditions?
Nous n'avons pas encore "vu" et encore moins "observé" le comporte-
ment des ondes gravitationnelles. En revanche, nous avons observé la
mer, la lumière et les sons. La lumière est, pour nous, une onde électro-
magnétique. Sa fréquence la rend visible ou invisible et éventuellement
dangereuse (rayons X ou gamma). Nous avons fait des expériences sur la
lumière, dites d'interférences, qui ont permis de mettre en évidence
qu'elle se conduit comme une onde. Ces observations sont aussi vraies
dans 1' air avec les ondes sonores, c'est même ce qui permet de varier les
notes d'un instrument de musique. Elles montrent que, lors de l'inter-
action de deux faisceaux lumineux, il y a des endroits de l'espace où la
lumière s'annule (les amplitudes se soustraient et donnent des "franges
noires", comme disent les physiciens). Il en est d'autres où, au contraire,
on constate une lumière deux fois plus forte (les amplitudes s'addition-
nent et donnent des franges "claires"). Ces observations ont été faites,
le plus souvent avec deux faisceaux de même fréquence. Elles sont
complètement généralisables à tous les phénomènes ondulatoires,
puisque caractéristiques des propriétés des fonctions périodiques. Rien
n'interdit d'imaginer les résultats, certainement très compliqués, que

303
donnerait localement un mélange de fréquences, d'amplitudes et de
phases, généralisé à tout l'espace.
Revenons à notre image d'épis de blé ondulant en désordre. Il y a des
parties du champ où les ondulations résultantes sont faibles et à peu près
homogènes et coordonnées: la surface des têtes d'épis paraît souple, soyeu-
se et fluide; elle donnerait presque envie de la caresser d'une gigantesque
main. Il y a d'autres parties, en général très localisées, où le désordre appa-
rent et la force des ondulations sont tels que les mouvements s'enchevêtrent
et s'additionnent, donnant à la surface l'aspect dur et compact d'une sorte
de matière, de masse. En tout cas, la souplesse, la douceur qui donnaient
l'impression de fluidité a disparu, au profit d'une manière de freinage,
d'épaisseur, de viscosité, de consistance, quelque chose comme de "l'iner-
tie". On a compris que ces zones restreintes sont celles qui vont présenter les
caractéristiques de masse, d'inertie. Et que le reste est de l'espace "vide". On
comprend aussi, dans ce modèle didactique, que ce qui apparaît localement
comme de la masse à l'instant t, peut disparaître à l'instant t+dt en même
temps que ces caractéristiques apparaissent en une autre localisation. C'est
la conséquence de la distribution aléatoire des additions ou soustractions
d'amplitudes en fonction de leurs déphasages ou composantes de
fréquences. Puisque les vents sont instables dans tous leurs paramètres.
Et maintenant, comment faire le lien avec la réalité observée? Dans
l'équation de champ d'Einstein, il y a les tenseurs qui contiennent en
"potentiel" la dynamique, les mouvements, les équations différentielles
décisives. Dans le modèle ummite, ces équations sont dans le modèle
d'interaction entre les ondes gravitationnelles et deux IBOZOO UU.
L'image du champ de blé était pédagogique pour jeter les bases. Dans
la réalité, les "axes" sont attachés à des micro-portions d'espace beau-
coup plus petites que celle qu'occupe une particule élémentaire comme
l'électron. Armés d'une lunette très grossissante, observons une paire
d'IBOZOO UU. Nous avons vingt épis qui, tour à tour, s'inclinent en
semblant de désordre. En y regardant de plus près, on voit que certaines
flèches prennent la même inclinaison, deux à deux.
C'est le signe qu'il y a transfert d'énergie selon cette dimension.
L'IBOZOO UU reçoit de l'énergie, mais ne la stocke pas, ilia transmet.
Il peut aussi, bien sûr, en recevoir de son "voisin". Il peut aussi s'établir
une sorte d'aller et retour entre les axes représentatifs de la même dimen-
sion. Quelque chose que nous appelons un système d'onde stationnaire,
témoin que les axes de cette dimension sont entrés en résonance. Un peu
comme le mouvement alternatif des personnages d'un jaquemart. Ce
système peut aussi s'établir sur un ensemble d'IBOZOO UU.

304
De ce que nous avons vu, nous pouvons exprimer qu'un IBOZOO UU tout
seul n'a pas de sens: il ne peut pas entrer en résonance tout seul. De plus,
comment définir une différence (ou une identité) entre des "axes" corres-
pondants, sans disposer de deux entités? L'IBOZOO UU doit donc être
envisagé par paire. Cela permettra par ailleurs de définir une dynamique.
[C'est la raison pour laquelle cette micro-portion d'Univers porte ce drôle
de nom. IBOZOO UU indique d'abord qu' il s'agit d'un "point", ou de
son "assimilation", puisque IBO en est la définition. C'est la réalité
dimensionnelle (0) qui est définie par sa différence (1) de contribution
(8). Cette définition est très intéressante, car elle est "logiquement
fonctionnelle": si deux points participent à l'espace au même titre, ils ne
sont pas discernables. En revanche, toute différence permet d'identifier.
Cette définition est idéale, dans la mesure où, fonctionnelle, elle est adap-
tée à tous les contextes. Les interactions se traduisent par des manifes-
tations (D) circulaires, angulaires (S) [les dactylographes ont transcrit Z
pour DS] qui s'établissent dans l'équilibre entre les entités, de façon
égale, ou en symétrie (00). De plus, rien ne peut être défini sans une
paire, ce qui les rend, de fait, mutuellement, réciproquement et continuel-
lement dépendants (UU).
Finalement, I'IBOZOO UU porte ce nom pour exprimer qu'il est une
"entité (0) à contributions (B) différenciées (1) sous forme (D) angulaire
(S) à égalité entre les entités (00)".
Chacun des axes dimensionnels qui constituent I'IBOZOO UU s'appelle,
en langue ummite, OAWOO. Et que désigne OAWOO? Nous trouvons
le segment OA qui veut dire "sous-jacent", "permanent", au sens de la
trame, de la texture. C'est en l'effet l'expression validante, active (A) des
entités, des réalités dimensionnelles (0). Cet axe est l'objet de variations
(angulaires) qui sont autant de nouveautés, d'informations (W) et ces
informations se propagent à égalité, d'entité à entité (00). Ce qui revient
à caractériser, toujours sous l'angle fonctionnel puisque telle est la langue
ummite, l"'axe" par la "texture ou le support (OA) des informations (W)
dans l'égalité des (00)".
Ces dénominations sont sérieusement cohérentes avec le modèle, non? Et elles
permettent une bonne amorce de représentation de 1'espace, vue sous 1'angle
ummite. Quels sont les hommes de la Terre qui ont inventé cela (langue et
conception) pour l'écrire à trente-quatre Espagnols qui ne pouvaient rien y
comprendre, vingt ans avant que nos savants n'esquissent une idée sérieuse
des dix dimensions? Il n'y a pas d'explication terrestre cohérente.]
Dans le cadre de l'approfondissement à venir de cette vision très
originale de l'espace, et pour ne pas manipuler l'appellation ummite

305
d'origine, lourde, je propose de dénommer ce concept par "Nœud
d'Interactions Gravitationnelles Interdépendant"- "NIGI".
Les Ummites nous disent aussi qu'un couple d'IBOZOO UU est la base de
toute existence physique de la matière, à l'échelle subparticulaire, et ils
donnent l'exemple de l'électron. Les fonctions sont discontinues. En
reprenant la figure 2, on se représente très bien qu'au moment où il est
établi (l'intervalle de temps est infinitésimal et sert de base à l'expression
du temps lui-même), un flux de variations combinées des dix dimensions
donne une expression spatiale (par les trois échanges d'énergie selon les
axes "spatiaux"), temporelle (par l'axe "du temps"), de masse et de charges
par les dimensions intervenant respectivement dans leurs définitions. Cette
situation est transitoire, et se répercute sur une autre paire, connexe.
Examinons maintenant une "chaîne" ou une séquence de six IBOZOO UU,
de I.l à I.6, telle que sur la figure 3, ligne supérieure. Ils sont tous en
"décalage élémentaire" avec leurs voisins immédiats, et donc accessibles à
la transmission directe. L'irruption d'un train d'ondes gravitationnelles (dans
la figure à gauche de LI) puis entre 1.1 et 1.2, et en "direction" de la chaîne
interagit sur toutes les dimensions et constitue, selon la description ci-dessus,
les conditions de la manifestation d'une fraction de masse chargée, au
"point" défini par la paire 1.1-1.2. Le système d'ondes n'étant pas station-
naire, et sans continuité, à l'instant élémentaire suivant, noté t+dt, la "photo"

t+dt

t+2dt '/- ~
)[; :' = ~
· .-/, ~·'-
. ,
/ x·._.,. '

t+3dt )K· )/( -~ ~:x: .~


t+4dt JI<· ,
X~
~-
/

',
. .
.....


"· ·, __.

' .
~-
' .,..._
' ·


- ~-
··


--
<'/

1 '

Flux d'ondes
IBOZOO UU
gravitationnelles Figure 3

306
donne cette même situation manifestée entre 1.2 et 1.3, et bien évidem-
ment il n'y a plus rien entre 1.1 et 1.2, car un IBOZOO UU ne peut
participer qu'à un seul couple à la fois. Et ainsi de suite comme montré
sur les lignes consécutives de la figure 3. Si bien qu'en considérant toute
la chaîne, tout se passe comme si [et c'est ce que nos sens en retiendraient
s'ils avaient accès à cet infiniment petit subparticulaire] la masse chargée
initiale s'était déplacée de la position 1.1-1.2 à la position 1.5-1.6 en un
temps de 4dt, comme montré sur la figure 4.

1.3 1.4 1.5 1.6

à l'instant t

·\ }": ..·
--~- :x .- ~
--' · .-·~~
~
- -·· · ,.·,_
~~,
...
' -......

1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1 1.6

à l'instant t+4dt
P"lu• d"onctee
gre~nnell- IBOZOO UU
Figure 4

Bien évidemment, je ne rentre pas ici dans des considérations trop


détaillées du modèle. Retenons seulement que, selon le nombre de
dimensions concernées par l'interaction gravitationnelle, nous aurons
une manifestation de masse, avec ou sans charge, ou une simple mani-
festation de rayonnement, électromagnétique ou gravitationnel, et nous
avons ici notre première surprise: la texture ultime étant, pour les
Ummites, le "tapis" d'IBOZOO UU animé par les ondes "gravitationnel-
les", le rayonnement électromagnétique est construit sur des constituants
"gravitationnels". Tous les mouvements et toutes les interactions
observés dans l'univers se ramènent toujours à une base gravitationnelle.
Une particule, et toute subparticule sera un assemblage de paires d'lB en
interaction locale et globalement stationnaire.
Notre vision de l'atome est celle d'un assemblage entre des subparticules
nucléaires (mésons, quarks, etc.) et des électrons, le tout en équilibre de
charge et d'énergie. C'est simplement une échelle plus grande de
regroupement. Au titre d'un niveau de regroupement encore plus grand,
une molécule est un "assemblage" d'atomes. Quelques fois sans lien
physique net, comme dans une paire d'ions.

307
[C'est pourquoi les Ummites utilisent la même expression NilO AA pour
désigner les atomes et les molécules. Il s'agit en effet d'une "réalité
dimensionnelle (0) avec des flux (N) localisés [gravitationnels], déli-
mités (II) et en équilibre effectif, en symétrie réelle ou effectivement
stable (AA)".]
En revanche, les auteurs ne partagent pas notre classification des sub-
particules. Ils laissent à penser que l'on peut en trouver une infinité,
directement dérivée de l'énergie mise en œuvre pour "casser" les noyaux.
Viendrait-il à un terrassier l'idée de cataloguer les éclats de cailloux
obtenus, après chaque coup de masse?
La représentation ummite du noyau correspond plutôt à une attitude
philosophique: c'est une réalité de cohésion.

[ODU, qui désigne le noyau, exprime que c'est une réalité dimensionnelle
(0) [siège] de liens (DU) [manifestations (D) de dépendance (U)].]

C'est un tout quantique qui, sous l'action une interaction énergétique,


expulse d'autres "paquets quantiques", plus ou moins stables. Les
morceaux récupérés étaient présents dans le tout initial, mais ils n'en sont
pas obligatoirement la norme constitutive. C'est-à-dire que les notions
de neutron ou de proton sont indépendantes et non obligatoirement
structurantes. Le noyau des atomes présente une masse chargée, et sous
des provocations énergétiques, il expulse d'autres masses chargées ou
non, mais en général stables par elles-mêmes.

Le modèle de constitution de tout ce qui est observable par l'interaction


gravitationnelle entre deux IBOZOO UU est très fécond.
1) Il propose une explication structurelle logique à la "coexistence" de la
masse avec la structure de l'espace-temps. C'est, à mes yeux, un point
fondamental. Lorsque nous parlons d'espace-temps, nous évoquons
les quatre dimensions "géométriques" ou de positionnement. Nous
envisageons alors l'interaction de la masse avec cette géométrie,
c'est-à-dire que nous faisons bel et bien intervenir un concept
nouveau, celui de la masse, même habillée en énergie. On ne sait pas
décrire une masse avec uniquement une longueur, une largeur, une
hauteur et du temps. Il faut aussi donner sa quantité, sa densité ou sa
répartition. Bref c'est une information nouvelle, et on peut en dire
autant de la charge électrique. Je ne comprends pas que nous parlions
de description de l'espace à quatre dimensions. Nous décrivons
l'espace, mais au sens large, implicitement à six dimensions: quatre

308
d'espace-temps, une de masse et une de charge. Ce que les Ummites
nous apportent, c'est que la masse, la charge, et même peut-être l'e-
space et le temps, parmi tous les observables de l'Univers, résultent
de combinaisons de dix dimensions qui échappent à nos sens. Nous ne
percevons que le "résultat final".
2) Le modèle ummite propose une explication du déplacement d'une
masse, au niveau le plus intime de l'espace-temps. Notre physique est
parfaitement incapable de donner une explication concurrente.
3) Il donne un éclairage substantiel à la dualité onde-particule que nous
attribuons à nos observations des phénomènes à l'échelle quantique.
L'outil d'observation, même le plus petit rayon lumineux, est
d'essence gravitationnelle: nous avons maintenant un support de
justification de son interférence avec Je sujet à observer, nous resti-
tuant tantôt une manifestation à caractère massique ou discontinue,
tantôt à caractère de rayonnement ou "continue".
L'explication est dans la composition des mouvements ondulatoires
et dans les interférences. La composition de plusieurs mouvements ondu-
latoires conduit à des zones manifestant des soustractions et d'autres des
additions des amplitudes, comme nous l'avons vu. A l'échelle quantique,
l'ajout d'un rayon lumineux (énergie d'essence intimement gravitation-
nelle, selon les Ummites) pourra faire disparaître localement (toujours à
l'échelle quantique) la manifestation de matière, lui substituant une mani-
festation de rayonnement et vice versa, selon les dimensions impactées.
Observons au passage que les IBOZOO UU n'étant pas localisables, nous
sommes en parfaite conformité avec les incertitudes d'Heisenberg. Les
Ummites déclarent son point de vue en cohérence avec leur modélisation.

Le mouvement d'une masse


Mais allons un peu plus loin. Si les Ummites ont "décrypté" l'essence des
ondes gravitationnelles co-constitutives de l'espace-temps, ils ont appris
à en contrôler l'émission et la réception. C'est qu'ils savent les "lire", et
en particulier qu'ils peuvent mettre une image de structure de la matière
sur des flux, même très complexes. Leurs moyens informatiques (nous
avons vu la puissance des machines) leur permettent les traitements
correspondants.
Dans le modèle ummite, l'émission de trains d'ondes gravitationnelles
convenablement dosés en amplitude, fréquence et phase va permettre de
provoquer un déplacement de masse, par le phénomène des interférences.
En effet, tout ce qui se manifeste par une masse, et en particulier un corps

309
humain, résulte d'une myriade d'IBOZOO UU en interactions perma-
nentes avec les impulsions gravitationnelles "locales" constitutives de
l'Univers. C'est même ce gigantesque paquet d'ondes stationnaires
qui fait l'homme, en faisant d'abord des subparticules erratiques et quan-
tiques (sans individualité), elles-mêmes groupées en essaims constituant
les particules, elles-mêmes en atomes, puis en molécules, dont par exem-
ple notre ADN dans chaque chromosome, puis en noyaux cellulaires,
puis en cellules, puis en types de tissus, et finalement en organes. C'est
pourquoi les Ummites commencent la définition d'un être vivant par:
"Réseau de particules matérielles [ou réseau d'IBOZOO UU] capable
d'enrichir son information interne au niveau biochimique aux dépens de
1'information extérieure" (0357).
Simplifions notre vision en observant un neutron. Supposons-le "fixe"
pour l'exemple. Il est la manifestation d'un ensemble d'interactions
dimensionneJJes stationnaires concernant sa masse, sa taille et son
absence de charge. Les interactions sur les dimensions spatio-temporelles
"bouclent" (stationnaires), assurant la "fixité" de la particule. Si un train
d'ondes gravitationnelles impliquant ces dimensions interagit, c'est-à-
dire s'il survient une impulsion, il brise en partie la stabilité du système
stationnaire et induit de ce fait l'interaction avec d'autres lB non encore
impliqués, ce qui se traduit par la perception du déplacement au niveau
de nos instruments.
Un paquet d'ondes gravitationnelles peut ainsi engendrer le déplacement
d'une masse. Ce n'est plus ensuite qu'affaire de contrôle et de dosage
(amplitudes, fréquences, phases). Tout dans l'Univers est d'essence
gravitationnelle, aussi bien l'énergie du vent, des marées, etc ... que celle
de nos moyens de locomotion, et des leurs.
Si l'on sait impulser Je déplacement d'une particule, on sait aussi, à une
autre échelle, provoquer le déplacement d'un objet ou d'un humain.

Nous savons maintenant comment une masse existe dans l'Univers et


comment on peut aboutir à son déplacement. Pour évoquer le voyage
interplanétaire, il nous faut maintenant aborder la notion de distance et la
notion de vitesse (ou de temps).
Dans notre système d'évocation des voyages spatiaux, nous restons
la plupart du temps fondamentalement euclidiens (voyages selon des
trajectoires décrites dans un espace absolu). Il n'y a pas d' autre intel-
ligence non terrestre (naturelle) dans le système solaire. Il faut donc
envisager les planètes d'autres étoiles, comme destination. A l'instar
d'UMMO autour de Wolf 424. D'où des distances interstellaires, et dans

310
le cas d'UMMO, une distance que la lumière parcourt en 14,4 années, en
moyenne. Nous savons cette vitesse infranchissable. Les Ummites nous
déclarent avoir fait les mêmes mesures que nous et partager notre certitude
qu'elle constitue la limite maximum de tout signal de notre univers.
Ils nous indiquent que la notion de distance que nous connaissons n'est
pas la seule possible. Toutes nos mesures (les nôtres et les leurs) sont
faites avec des sortes de "lunettes filtrantes", chaque type ne laissant voir
qu'un aspect des choses. Notre ignorance du multi-univers nous fait
utiliser les lunettes de base de l'espèce humaine, c'est-à-dire celles de nos
sens, celles de l' espace décrit par Minkowski. Autrement dit, plein de
droites et de points. Cette façon de voir l'Univers fait constater que la
vitesse de la lumière est de 300.000 km/s. Les Ummites nous disent
savoir utiliser plusieurs sortes de lunettes, pouvoir changer de point de
vue, c'est-à-dire "changer d'univers". Ils constatent alors que la vitesse
limite est différente, et ils ont même noté que cette vitesse est caractéris-
tique de chaque univers. Comprenons-nous bien: son caractère limite est
indiscutable et constitue une donnée certaine de chaque univers. C'est sa
valeur qui est variable d'un univers à l'autre.
Comme on peut s'y attendre, la "réalité" des distances est aussi propre
à chaque point de vue. Ne cherchons pas à nous représenter en trois
dimensions ce qui se passe à dix. Il y a simplement une infinité de points
de vue, et les Ummites nous disent en avoir pratiqué quelques-uns.
Les auteurs ajoutent que notre univers jumeau, notre "anti-univers", a
une influence très grande sur le nôtre. (Jean-Pierre Petit rend compte de
la formation et de l'aspect actuel des galaxies les plus communes
par interaction avec notre univers jumeau. Voir B25). Il induit des
ondulations, des variations sur des dimensions autres que nos quatre
traditionnelles dans notre univers. Ce qui revient à dire que si, avec des
"lunettes" appropriées, nous savons "voir" ces dimensions comme la
longueur et la largeur, par exemple, nous voyons une distance variable
et quelquefois plus courte qu'avec les lunettes traditionnelles. Il faut
comprendre que "voir", dans mon exemple, c'est vivre. Ce qui veut dire
qu'en sachant changer de point de vue, ou encore changer d' univers,
c'est-à-dire de cadre tridimensionnel, on peut "voir", donc mesurer, les
distances quelquefois plus courtes. Les Ummites insistent beaucoup sur
le caractère presque aléatoire et quasi imprévisible de ces variations. Pour
pouvoir les prévoir, il faudrait pouvoir "voir" notre univers jumeau,
puisque c'est lui le responsable. Or on ne peut voir qu' un seul univers à
la fois, nous ne sommes capables que d'un seul système dimensionnel à
la fois.

311
Les distances peuvent donc être nettement plus courtes, mais pas dans
notre vie habituelle, et pas toujours. Ces autres distances varient
sans cesse, selon ce que les Ummites appellent des "oscillations extra-
cosmologiques". Ils donnent par exemple, dans le 058, les indications:

"La distance apparente, c'est-à-dire celle que suivrait un faisceau


cohérent d'ondes dans l'espace à trois dimension, était le quatre janvier
mil neuf cent cinquante-cinq 14,43 7 années-lumière.
La distance réelle dans l'espace décadimensionnel à cette même date,
selon nos mesures, est de 3, 685 années-lumière. "

De plus, la vitesse limite est la caractéristique de chaque point de vue, de


chaque univers. Si l'on peut choisir, dans l'infinité des possibles, un point
de vue qui donne une distance sérieusement raccourcie et une vitesse
limite largement plus élevée que celle que nous connaissons, le voyage
n'est plus une utopie, il devient une réalité effectivement possible. Mais
il n'est pas toujours faisable ou raisonnable, en temps ou en énergie.
La condition fondamentale est, après la compréhension complète de la
structure de l'Univers, la maîtrise du changement de point de vue, du
changement de référentiel.

[Les Ummites désignent par OAWOOLEAIDAA le processus qui


consiste à changer de référentiel, de cadre dimensionnel. On lit "axe,
dimension (OAWOO), équivalence (L), image mentale, perception,
sensation (E) différent, autre, distinct, séparé, varié (1) manifestation,
apparence, forme (D) symétrie de magnitude, équilibre effectif, conti-
nuité réelle (AA)". Le vocable complet désigne "un changement de
l'équilibre dimensionnel de l'effectivité des êtres se traduisant par la
perception effective d'une autre forme d'équilibre réel".]

Les Ummites ne donnent évidemment pas de détail sur le déroulement du


processus. Je m'attache actuellement à des tentatives de modélisation. Le
respect de nos acquis est sauf: la lumière se déplace bien à une vitesse
infranchissable, en conformité avec notre lecture de l'Univers. Les
auteurs nous indiquent seulement que nous n'avons pas tout vu, que nos
instruments d'observation ne sont pas encore assez fins, et que nous
interprétons "mal" certaines observations. Ils nous donnent en revanche,
quelques pistes qui mériteraient d'être explorées. Il faudrait pour cela
naturellement des moyens et donc avoir été reconnu. Nous n'en sommes
pas là!

312
Cette description peut avoir été perçue un peu abstraite. Prenons une ou
deux images qui pourraient aider à mieux comprendre.

L'étoile de mer
Imaginons que nous sommes des êtres intelligents, mais que la nature
ne nous a donné que deux dimensions, à l'image d'une sorte d'étoile de
mer, infiniment plate, et bleue. Nous savons nous déplacer sur le sable,
au bord de l'eau, mais très, très lentement. Nous vivons sur une plage.
De l'eau nous inonde régulièrement, phénomène que nous pensons
saisonnier, mais nous ne savons pas ce qu'elle représente. Nous imagi-
nons bien qu'il doit exister d'autres plages, avec sans doute d'autres
étoiles de mer, mais vu la longueur de la nôtre et notre vitesse, nous ne
saurions partir en exploration sans la certitude de mourir avant d'avoir
rien vu de nouveau.
Etoile de mer moi aussi, je viens de trouver un message de 1.300 pages
qui m'explique qu'il existe d'autres étoiles de mer intelligentes, de
couleur bleu-vert, sur une autre plage. J'ai appris à l'école qu'il n'est
pas possible de voyager dans un temps raisonnable jusqu'à une
prochaine plage, et le message est là pour m'expliquer que c'est tout à
fait faisable. Les étoiles de mer bleu-vert ont découvert que le monde
n'avait pas que deux dimensions, comme nous le croyons, et que l'eau,
que nous connaissons, est une manifestation locale d'un ensemble très
vaste qui s'appelle la mer. Ses mouvements sont à trois dimensions,
assurent-ils. Après l'avoir longtemps étudié, ils ont mis au point un
système pour flotter dans l'eau. Ils l'utilisent surtout dans ce qu'ils
appellent des grandes marées. Mais ils ne savent pas bien les prévoir. Si
bien que lorsque la mer est violente, ils peuvent se faire transporter loin
et vite, et c'est comme cela qu'ils sont venus jusqu'ici nous déposer ces
papiers.

L'abeille américaine
Cette autre petite scène se passe en Espagne, au milieu des années 60.
Une abeille espagnole rencontre une abeille qui se dit américaine, mais
que rien ne distingue extérieurement, sauf peut-être sa voix. L'espagnole
refuse immédiatement de reconnaître à l'autre qu'elle vient d'aussi loin,
puisqu'une abeille ne vole qu'à 1 km/h. L'autre continent, à 6.000 km
environ, nécessiterait un vol ininterrompu de 6.000 heures, épuisant et de
toutes façons une abeille ne vit que 600 heures (Ces chiffres ne sont

313
naturellement pas réels, mais choisis pour l'exemple). En plus, il faut
revenir.
L'abeille espagnole signifie son désaccord. L'américaine lui parle alors
de ces curieux points noirs, dans le soleil, que l'on entend quelquefois,
quand on ne vole pas.
Elle dit qu'elle a eu la curiosité de chercher ce que c'était, et elle a décou-
vert que ce sont des avions. Il s'agit de drôles de machines qui font du
bruit, qui sont énormes et qui vont très vite. Il y en a un rassemblement
près de sa ruche, en Amérique et elle a vérifié: il y a aussi de tels rassem-
blements en Espagne. Elle raconte alors comment elles font toutes, en
Amérique, pour aller loin et vite, sans se fatiguer.
Elles vont au rassemblement d'avions et elles attendent qu'il y en ait un
en partance. Elles font alors un petit vol, en passant discrètement par la
porte. Quand elles sont "dedans", elles ont l'impression d'être dans un
autre univers: il y fait frais, il y a du bruit en permanence et l'horizon est
très proche. Il y a rarement des fleurs. Si elles le veulent, elles peuvent
voler dans l'avion, mais elles peuvent rester posées aussi. En fait, après
quelques heures, l'avion s'arrête et la porte s'ouvre: elles peuvent alors
reprendre contact avec l'air habituel, même si ce n'est pas leur pays.
L'abeille américaine dit ainsi qu'elle a volé le temps du voyage, quelques
heures, sans dépense d'énergie supérieure à sa vie de tous les jours, et
pourtant elle a parcouru une distance "infranchissable". Voilà pourquoi
elle est là, toute fraîche, alors qu'elle vient de si loin. Evidemment,
dit-elle, elle ne peut venir et repartir que s'il y a des avions.
Inutile de vous dire que quand l'abeille espagnole a raconté dans sa ruche
ce qu'elle avait entendu, personne ne l'a crue.

Les communications et la télépathie


Aller loin, très loin, c'est bien. Mais si tant d'énergie est dépensée,
c'est pour la connaissance de la collectivité, qui doit être informée des
découvertes et des nouveautés. C'est pourquoi cela n'a pas de sens
d'imaginer que des voyageurs partent pour des expéditions à des vitesses
proches de celle de la lumière pour bénéficier dans leur vie de la
contraction relativiste du temps. Ils ne pourront alors pas communiquer
leurs découvertes à leur planète, ou alors, à leur retour, à des générations
qui leur auront succédé. Vision utopique, et anthropocentrique de l'an
2000, de l'improbable sacrifice économique de la génération initiatrice
du voyage. Rien de tout cela ne pourrait avoir lieu s'il n'existait un
moyen de communiquer quels que soient la distance et le temps.

314
Revenons à l'idée de l'infinité des univers, qui n'est qu'une infinité
de points de vue. Notre vécu dimensionnel quotidien n'est que l'un de
ceux-là, celui avec lequel notre cerveau interprète les stimuli gravitation-
nels qui l'atteignent. Nous avons vu que chacun de ces points de vue est
caractérisé par la valeur de la vitesse limite (de la lumière) qui lui est
propre. Il y a une infinité de points de vue. Il y a donc une infinité de
vitesses limites. Et parmi celles-ci, deux valeurs remarquables: zéro et
l'infini. Ce sont des extrêmes, donc des cas spéciaux.
Il y a ainsi un point de vue à vitesse limite zéro. Dans cette "vision" rien
ne peut bouger, pas même l'information. C'est un univers dont la
présence est indispensable à certains phénomènes et à l'équilibre général,
mais trop compliqué à aborder ici.
L'autre point de vue extrême a une vitesse limite infinie, c'est-à-dire que
l'information, qui circule comme la lumière, y est partout instantanée.
Presque tout notre corps physique est "programmé" dans le point de vue
des droites et des points (espace habituel euclidien). Quelques "circuits",
très petits et localisés dans le cerveau, sont "programmés" définitivement
et irréversiblement dans cette vision à vitesse infinie. Ce sont, entre
autres, les circuits de communication des êtres conscients avec leur
"esprit collectif', leur "âme planétaire". Ces circuits "informent" l'esprit
collectif et guident, pilotent en retour tout à la fois les évolutions de
l'espèce et les "réflexes biologiques des êtres" (voir chapitre 6, la télé-
pathie, et le troisième facteur). Ce qui est important, c'est que certaines
de nos structures cérébrales fines sont en "conformation" avec l'univers
à vitesse infinie. Les Ummites disent qu'après avoir fait des sondages
parmi les hommes de la Terre, ils sont sûrs que nous disposons, nous
aussi, de ces structures cérébrales (elles sont constituées d'une chaîne
déterminée d'atomes de krypton, à configuration "aquantique"). Par un
apprentissage adéquat, l'homme de Ummo apprend ainsi à communiquer
en utilisant les aptitudes que ces circuits permettent. Et il transmet par ce
moyen ce qu'il a appris à formuler, c'est-à-dire l'équivalent des sons
qu'il prononce. En temps réel et quelle que soit la distance, fût-elle
interplanétaire et de dimension galactique!
Rien n'interdit, en principe, que nous apprenions, nous aussi sur Terre,
à nous servir de ces facultés.

La conformation permanente et non modifiable de ces structures


atomiques fines sur le référentiel de l'univers à vitesse limite infinie
correspond à une exigence du Créateur ou de la Nature. C'est la sécurité
de continuité de développement harmonieux de la planète, et de l'espèce.

315
A tel point que le signal de la mort de l'individu est sa déconnexion
avec "l'esprit collectif', matérialisée par le retour à un comportement
"quantique" et banal des atomes normalement dédiés à la communi-
cation. La "ligne" de l'individu avec l'esprit collectif est alors coupée.
Le caractère permanent de ce lien est idéal. Même lorsqu'il déclenche
son propre changement de référentiel au cours de ses voyages, I'Ummite
reste donc en contact avec l'esprit collectif de sa planète et conserve ainsi
tout son potentiel de vie et de communication.

Une comparaison possible


Les quelques lignes qui suivent s'adressent à ceux que la physique ne
rebute pas trop, tout en restant au niveau des concepts.
Il y a d'abord eu toutes les théories construites autour de la description
des particules comme ponctuelles (notre point) et de dimension O. Celles-ci
restaient naturellement porteuses d'une masse, d'une charge et d'un spin.
Les dernières théories, dites de supergravité, rencontrèrent des difficultés
apparemment sans solution. C'est dans le début des années 80 qu'apparut
une nouvelle théorie, quasiment révolutionnaire: celle dite des "cordes".
Elle reçut ce nom parce qu'elle n'assimilait plus les objets fondamentaux
à un point, mais à une minuscule corde vibrante, de dimension "unique"
et de "longueur" extrêmement faible (de l'ordre de J0-33 cm). Les par-
ticules élémentaires apparaissaient alors comme des modes de vibration
différents de la corde. Il y eut deux sortes de cordes envisagées: les
cordes dites "ouvertes" dont les extrémités étaient libres et les cordes
"fermées" dont les extrémités se rejoignaient pour former une "boucle".
On pouvait se représenter qu'au cours du temps, une corde ouverte décrit
une surface dans l'espace-temps, alors qu'une corde fermée décrit un
"tube". Et l'interaction entre deux particules était décrite par l'interaction
entre deux cordes. Cette théorie nécessitait vingt-six dimensions, ce qui
parut un peu lourd comme image de la réalité.
C'est la prise en compte de la supersymétrie, en 1984-1985, dans les
travaux notamment d'Edward Witten, de Michael Green et John
Schwarz, qui a redonné de la crédibilité à la théorie des cordes, sous le
nom de "supercordes", en limitant le nombre de dimensions nécessaires
à dix. La gravitation semblait intégrée avec la justification du graviton de
masse 0 et spin 2, et elle était très élégante, puisque seuls deux groupes
de symétrie de jauge étaient envisageables.
Hélas, même si cette représentation quantique des interactions matière/
rayonnement est séduisante, un certain nombre de problèmes subsistent:

316
il existe des milliards de manières de "compactifier" les six dimensions
excédentaires (par rapport à nos quatre classiques). Un peu de la même
manière que l'équation de champ d'Einstein a donné lieu à plusieurs
variantes, il existe cinq théories de cordes.
Des travaux récents ( 1996) ont abouti à la mise en évidence de trois types
de "dualités", concept qui permet de "coupler" les théories en compensant
leurs insuffisances réciproques. Ce qui a conduit à la toute dernière
évolution, la M-Théorie, du nom que lui a donné E. Witten, et dont on
attend encore beaucoup.

L'environnement décadimensonnel s'impose pour le moment, par


l'intermédiaire de la théorie des "supercordes". Il est encore beaucoup
trop tôt pour dire si la panoplie de ces dimensions recouvre des concepts
comparables à ceux cités par les Ummites.
En revanche, je suis frappé par une sorte de complémentarité. La théorie
des "supercordes" modélise les vibrations d'un type de corde polyvalent,
capable de décrire toutes les facettes de l'espace-temps, particules
comprises, sur une base quantique. La présentation ummite décrit un cou-
ple d'IBOZOO UU, animés par des ondes gravitationnelles, capable de
décrire toutes les facettes de l'espace temps, dans les mêmes conditions.
Tout se passe comme si les Ummites décrivaient les implications, entre
elles, de cordes ouvertes, sur des "segments" d'espace-temps "contigus",
à partir de leurs extrémités partagées, que seraient les IBOZOO UU.
Dans une géométrie angulaire, qui me semble d'ailleurs beaucoup plus
adaptée à la modélisation ondulatoire, au traitement des interférences et
à la prise en compte d'une relativité "intégrale". Nous cherchons à
modéliser la vibration de la corde, alors que les Ummites déclarent
surtout s'intéresser à ce qui se passe à ses extrémités.
Ils nous laissent comprendre que les interactions sont de deux natures:
"interne", traitant des éventuels rapports entre les dix dimensions au
niveau de chaque IBOZOO UU, et "externe" au niveau du "basculement"
de couplage de l'IBOZOO UU dans son changement de paire. Les
interactions s'appuyant principalement sur la "métrique" angulaire de
l'espace, quelle que soit leur nature.
Dans cette perspective, l'onde élémentaire serait de nature gravitation-
nelle, et de très faible énergie. Les échelles de longueur et de temps sont
compatibles avec nos théories. Je pense qu'aucune des dix dimensions
du modèle ummite ne correspond à une quelconque de nos dimensions
sensorielles, ni à une quelconque manifestation mesurable. Ce qui lui
donne l'élégance de ne plus poser le problème de la "compactification"

317
des dimensions non sensorielles, et autorise beaucoup plus de potentiel
descriptif à la variété des référentiels.

JI pourrait s'agir là d'un premier pas de situation en "relativité" de leur


modèle décrit et du dernier des nôtres.

318
8. Vie extraterrestre et contact

Tout le monde s'accorde à considérer la vie extraterrestre comme non


seulement possible, mais vraisemblable. Avant même que l'idée n'en ait
été complètement admise, Carl Sagan, astronome américain, s'est mis en
quête de valider ce qui n'est encore qu'une hypothèse.
Dans "vie extraterrestre" il y a "extraterrestre" et "vie", comme aurait
dit Monsieur de la Palice. Une discipline scientifique nouvelle est née:
l'exobiologie, qui étudie la vie possible ailleurs que sur Terre. Il est
normal qu'elle ait commencé par définir les conditions de l'apparition et
du développement de la vie, par extrapolation de nos observations sur
Terre.

Nous avons répertorié à ce jour une cinquantaine de planètes extra-


solaires et le nombre des découvertes s'accélère. Leur présence a été
déduite des perturbations constatées dans le mouvement des étoiles qui
les "hébergent", et pour l'une d'entre elles, par l'observation directe
d'une mini-éclipse de son étoile, lorsqu' elle est passée entre celle-ci et
nous (824).
Ces planètes sont encore trop grosses (de la taille de Jupiter et plus) pour
avoir une chance raisonnable de connaître les conditions du développe-
ment de la vie. C'est que nous recherchons des planètes qui ressemblent
à la Terre, en masse et en distance à l'étoile pour une température
moyenne permettant à l'eau d'exister à l'état liquide. C'est une condition
que nous jugeons indispensable à la vie telle que nous la connaissons.
Vous avez pu constater avec moi, au fil du présent travail, que les
documents ummites étaient très largement crédibles. A cause de la
présence de leur langue. Quand les Ummites ont reçu les signaux
électromagnétiques en provenance de notre système solaire, ils
attribuaient à celui-ci quelques planètes géantes comme Jupiter, Saturne
et Neptune. Et une autre planète "géante", non observée, mais déduite des
perturbations d'orbite du soleil. Il s'agissait en réalité du groupe formé

319
par l'ensemble Vénus-Mercure dont chaque planète était trop petite pour
être individuellement observée (D57). Il conviendrait donc d'être prudent
dans l'interprétation de la détection des grosses planètes.
Il ne fait pas de doute que, même après avoir identifié avec toutes les
certitudes possibles au moins une planète de caractéristiques très
proches de celles de notre Terre, il restera encore un long chemin pour
vérifier l'existence d'une forme de vie sur cette planète. Surtout si elle
est lointaine.

Certains cherchent des planètes, d'autres scientifiques traquent la


présence de vie dans les météorites, ces cailloux qui nous viennent de
l'espace. Les difficultés sont ici d'un autre ordre, car ces bolides affron-
tent, pour nous parvenir, la traversée de notre atmosphère à des vitesses
de plusieurs kilomètres par seconde, qui les font fondre et se volatiliser
en brûlant dans 1' oxygène de notre atmosphère. Seul le noyau résiduel de
cette combustion nous parvient, quand la météorite avait une dimension
suffisante avant d'atteindre la Terre.
C'est sous forme de segments de molécules organiques, du type ADN,
que l'on a cru déceler des traces de vie fossile dans l'une d'entre elles, en
lui attribuant une origine martienne. Sans que les chercheurs aient réel-
lement pu être certains que ces traces n'ont pas été ajoutées au cours des
manipulations. Le résultat observé est aujourd'hui largement remis en
cause.

Notre définition d'un organisme vivant passe par la reproduction et le


prélèvement d'énergie sur le milieu qui lui est extérieur. D'où le débat
philosophique qui s'est amorcé: ne s'agit-il pas là, déjà, d'une forme
d'intelligence?
Je ferai personnellement la distinction entre vie consciente, qui à notre
niveau planétaire se confond avec humaine, et vie non consciente. En
existe-t-il dans l'univers? C'est l'objet de l'ouvrage Sommes-nous seuls
dans l'univers? (824) et les scientifiques interrogés sont partagés. Le
débat est ouvert, car il se situe au niveau des hypothèses et du vraisem-
blable.
Un constat est commun. Celui de l'histoire de l'apparition de la vie
consciente sur la Terre U'ajouterai que c'est plus l'idée que nous nous
en sommes fait, à travers les travaux de Darwin) et des innombrables
choix que la Nature a dû opérer pour aboutir à l'homme du 21ème siècle
avec ses connaissances. Les conclusions qui en sont tirées séparent les
deux camps.

320
Certains partisans du "contre" estiment que la complexité de ces choix
exclut qu'ils aient pu se réaliser avec le même "heureux résultat" dans
d'autres environnements. Ils sont donc convaincus que la vie intelligente
et consciente n'existe que sur la Terre. Pour ceux-là, et il en existe encore
beaucoup, parler de vie extraterrestre n'est pas raisonnable, sauf peut-être
à propos de micro-organismes de type bactérien. Leur réveil sera sans
doute difficile!
D'autres partisans du "contre" s'appuient sur le paradoxe de Fermi, qui
semble servir de socle à la position de nombreux scientifiques. En quoi
consiste-t-il?

Le paradoxe de Fermi
Enrico Fermi, physicien italien, est né en 1901 à Rome et mort en 1954.
Ses travaux ont été couronnés par le prix Nobel en 1938. Il a activement
participé aux premiers développements importants de la physique
quantique. Une famille de particules porte le nom de "fermions" en
hommage à sa découverte. Il est à l'origine du choix des neutrons comme
projectiles de déclenchement des réactions de fission et a construit à
Chicago la première pile atomique à uranium, en 1942. Il a donc parfai-
tement connu la dernière guerre mondiale, puis la guerre froide. Les
observations d'OVNI d'après guerre, dans l'ambiance d'armes nouvelles
issues des Vx allemands, puis de la bombe atomique ont immédiatement
posé le problème de l'origine "adverse" ou extraterrestre de ces
phénomènes.
Interrogé sur la question en 1950, Fermi énonça son paradoxe:
- S'il y a des civilisations extraterrestres qui ont atteint la maîtrise des
voyages interstellaires, elles devraient être parvenues jusqu'à nous. Nous
aurions dû déjà rencontrer soit des êtres vivants, soit leurs sondes, soit
leurs robots, soit des traces de leur visite. Or nous n'avons, jusqu'à
présent, aucun indice d'une telle visite.
Et il ajoutait: peut-être qu'il en existe malgré tout, mais la maîtrise de
l'électromagnétisme et de l'énergie nucléaire sont les facteurs d'un
risque énorme d'autodestruction. Si on ne les voit pas, c'est sans doute
qu'ils n'ont pas survécu à la mise en œuvre technologique de leurs
connaissances.

La première proposition ("elles devraient être parvenues jusqu'à nous")


est l'expression d'une volonté de découverte et d'expansion prêtée aux
extraterrestres. Directement extrapolée de nos prospectives. Flagrant

321
délit d'anthropomorphisme! Et largement partagée par de nombreux
scientifiques qui n'hésitent pas à employer le terme barbare de "coloni-
sation" de la galaxie, en précisant qu'elle est inéluctable ... Au nom de la
survie de l'espèce humaine terrienne, dont le devoir est de multiplier
"les sites", face au risque d'autodestruction ou de disparition pour cause
d'impact d'astéroïde. Le débat devient ici socio-philosophique!
Que pouvons-nous opposer, sur le vu du contenu des documents
ummites, qui sont, eux, bien réels?
Tout d'abord, la vie intelligente n'est pas si répandue que cela. Bien que
leurs investigations aient porté sur des espaces limités par les distances et
les capacités de voyage, les Ummites déclarent avoir rencontré des
formes de vie intelligente, mais en relativement faible quantité. Elle
a pris des formes variées, mais profondément humaines, et toujours
construites sur la chimie du carbone. Nous ne connaissons pas encore
tous les paramètres du biotope entrant dans les capacités d'aboutissement
à la vie intelligente. Nos estimations sur la dissémination de la vie s'en
trouvent sensiblement surévaluées.
Ensuite, les voyages et l'éventuelle "expansion galactique" sont tribu-
taires de la réalité cosmologique et de basses considérations "écono-
miques". Les distances sont "cosmiques", c'est-à-dire gigantesques, à la
fois en regard de la vitesse limite (que nous avons attachée à la lumière)
et de l'espérance de vie moyenne de l'humain (que les Ummites nous
décrivent comme l'étape ultime de l'évolution de la vie). Selon eux,
l'idée que tout l'univers sera un jour accessible et visité est parfaitement
délirante!
Mieux: les voyages, dans des conditions de temps raisonnables, ne sont
pas toujours possibles et sont dépendants de fluctuations que 1'humain ne
maîtrise pas et que nous pourrions qualifier de "saisonnières", mais
imprévisibles. C'est en particulier la raison pour laquelle beaucoup
d'observations d'OVNI ont eu lieu pendant et après la seconde guerre
mondiale, jusqu'en 1975 environ. Nos premières traces (émissions à
puissance suffisante) électromagnétiques à l'échelle du cosmos datent de
1934. Il s'est produit, pendant la période qui a suivi, un plissement extra-
cosmologique (voir le chapitre 7, sur l'autre vision de l'Univers) de très
grande ampleur qui a permis à plusieurs civilisations de nous rendre
visite. D'où les observations spécialement nombreuses de phénomènes
inexpliqués (OVNI?) durant cette période.
Tout n'est donc pas techniquement possible. L'autre question doit être
posée. L'"expansionnite" est-elle une maladie généralisée ou seulement
témoin du stade de développement terrien? A partir du moment où une

322
civilisation a dominé ses pulsions primaires de contrôle territorial, ce qui
arrive à la prise de conscience "planétaire", ne fait-elle pas de l'équité
entre ses citoyens la base de son fonctionnement, avec la "connaissance"
comme moteur à long terme? Il s'en suit que si une planète parvient à ne
pas s'autodétruire (en ce sens, l'analyse de Fermi est en partie justifiée),
elle s'oriente vers l'équité entre ses habitants. En effet, si tel n'est pas
l'objectif réalisé, les luttes d'influence aboutissent à régénérer l'esprit de
défense animale du clan ou du "territoire", c'est-à-dire à demeurer au
stade intermédiaire. Les ressources de la planète sont limitées et le coût
de collecte de supposées ressources extérieures est sans commune
mesure avec les moyens. (Nous en commençons tout juste la prise de
conscience, malgré certains délires prospectifs, aussi bien scientifiques
qu'économiques). La solution est sans doute d'abord dans un contrôle de
l'expansion démographique qui ne peut être débridée. Tant que le nombre
d'habitants de la planète est l'objet d'une croissance anarchique, c'est la
lutte pour l'espace (plus ou moins soft, ou économique) et pour la survie
qui l'emporte. Dans de telles conditions, la prise de conscience planétaire
n'est pas encore possible.
La connaissance, moteur fondamental de la recherche, est en position
d'apporter des réponses dans tous les domaines, pourvu que l'esprit
d'objectivité scientifique l'anime. L'investigation interplanétaire aura sa
place, mais après un développement harmonieux des relations intra-
planétaires. Sa faisabilité technologique et son coût (en regard des
apports potentiels) décideront de sa mise en œuvre.
Nous savons, en ce qui concerne Ummo à notre égard, que le moteur n'a
pas été seulement la curiosité de la volonté de connaissance. Il a été aussi
la validation possible d ' une communication potentielle entre les "âmes
collectives planétaires". A mon avis, les résultats de premier niveau ont
été négatifs, confortant l'étanchéité des structures planétaires. Il ne
m'étonnerait pas que notre planète puisse être, dans l'avenir, le champ
d'une recherche approfondie de progression. La vie va vers une comple-
xité toujours plus grande, mieux organisée et mieux contrôlée. Principe
vérifié à l'échelle interplanétaire par les Ummites. Un niveau supplé-
mentaire de complexité (et cohérent avec l' idée du Créateur de faire un
Univers Un et total, dans l'esprit ummite) ne serait-il pas accessible en
essayant la communication, puis la symbiose des "âmes collectives"? On
pourrait trouver ici d'excellentes raisons, pour les Ummites, de maintenir
un contact avec nous, tout en nous amenant progressivement, mais par
induction, à un niveau "culturo-cognitif' comparable (connaissance
de l'espace et de la matière, maîtrise du fonctionnement du cerveau,

323
communication télépathique, tissu psychosociologique, etc.) et à la prise
de conscience "planétaire" associée. Nous leur apporterions, en échange,
)"'ourdissage" de toutes nos "connaissances artistiques", qu'ils ont
constatées, et la part de nos cultures porteuse de ce potentiel. Ce qui
pourrait donner un contenu à l'objectif formulé dans une lettre reçue par
Jean-Pierre Petit à la fin de juillet 1993: " ... et le développement
programmé et concerté d'une évolution biculturelle de nos deux
civilisations".
La tentative ultime serait de construire la première "unité collective pluri-
planétaire", sorte d'âme collective commune qui serait effectivement,
dans la perspective ummite, une "première" à l'échelle du dévelop-
pement humain connu (par eux et par nous). Il s'agirait d'un projet sur de
nombreuses générations, malgré la relative rapidité de l'influence
estimée de la pensée "de conscience collective" sur l'évolution. Elle
serait dans la continuité de la néguentropie croissante de l'Univers et des
créations humaines dans la perspective unitaire du Créateur WOA. Je
n'aurais pas été choqué d'entendre YU/ 1 défendre cet aspect des choses,
dans sa confrontation avec WIIBEAA/43, devant I'UMMOAELEWEE.

De plus, le monde scientifique fait valoir que rien d'objectif n'a été
observé qui conforte la réalité de la vie extraterrestre. A-t-il pris en
compte les rapports sur les OVNI, pour une étude sérieuse? Une seule
tentative a été faite, par les Etats-Unis, en confiant le travail à
l'Université de Boulder (Colorado), sous la direction du professeur
Condon. L'orientation de ses conclusions avait été définie d'avance, au
point de provoquer la démission de certains de ses membres, en cours de
mandat.
Rien n'a donc été vraiment étudié. Tout simplement parce que le
phénomène OVNI est "politiquement" inadmissible devant les foules et
leurs animateurs que sont les média. Reconnaître l'existence objective
des OVNI, compte tenu des performances observées face à nos meilleurs
avions, c'est reconnaître l'impuissance de la couverture de défense de
l'espace aérien. Le soutien des militaires est alors un pilier objectif des
politiques, au-delà de leur soumission constitutionnelle dans les pays
"démocratiques". Cette vision, doctrine du complexe militaro-industriel,
est dépassée. Je constate en effet, à la suite de la lecture des documents
et de la compréhension de la langue ummite, que la Terre a été visitée
depuis cinquante ans, et sans doute depuis beaucoup plus longtemps
encore, sans aucune manifestation d'agressivité (de la part de nos
visiteurs). Je remarque aussi que sur le vu des faibles performances de

324
nos avions, nous n'aurions aucune chance en cas de réelle agression!
Ne serait-il pas aussi utile et plus efficace de reconnaître rapidement
la réalité de nos visiteurs et de nouer des relations avec un "partenaire"
qui serait, en cas de réelle agression "cosmique", de niveau adapté?
En fait, d'une part les voyages interplanétaires ne peuvent être envisagés
n'importe quand et n'importe comment, et d'autre part ils ne peuvent
coûter n'importe quel prix. Quelle civilisation se sacrifiera économique-
ment pour financer des recherches spatiales, surtout à l'échelle interstel-
laire, et pour que seuls ses descendants (relativité oblige) n'aient qu'une
chance seulement probable d'en retirer une meilleure connaissance?
La première proposition du paradoxe de Fermi a ainsi trouvé une partie
de sa réponse: si des civilisations extraterrestres se sont montrées ou se
montrent à la Terre, aucune reconnaissance scientifique ne peut en être
publiquement faite. Rien ne peut officiellement être mis en œuvre pour
en assurer l'étude, objectivement contradictoire aux intérêts des "Poli-
tiques" et à la complicité économique du complexe militaro-industriel.
Rançon de notre développement culturel et historique encore "embryon-
naire" en regard de ces autres civilisations. Ce qui pose les questions de
l'autre partie du paradoxe.
Lorsque Fermi déclare "Nous aurions dû rencontrer des êtres vivants, ... ,
soit leurs traces", il oublie tout simplement l'impératif politique
secondaire. Il n'est pas politiquement souhaitable d'avoir constaté,
objectivement, que notre espace aérien peut être impunément violé. Il
n'est pas plus souhaitable, pour des raisons analogues, que des êtres ou
des traces aient pu être cataloguées. Fermi était un scientifique, naïf
comme nous sommes tous en regard des intérêts en jeu. Mais il avait
travaillé avec les militaires, ou leurs "prête-noms" civils, en fermant les
yeux. Il pouvait donc parler avec leur assentiment. C'est pourquoi son
paradoxe est un excellent bouclier, parfaitement prisonnier d'une logique
convenue et implicitement acceptée, contre le concept d'extraterrestre
intelligent sur Terre. En revanche, si cette attitude se comprend, elle
n'excuse pas les scientifiques d'aujourd'hui, qui s'abstiennent de poser la
bonne question des conditions du contact.

Je l'ai dit en avant-propos: un contact efficace ne peut être établi qu'à


l'initiative du "culturellement plus développé". Dans une éventuelle
tentative à notre initiative, nous ne savons pas qui contacter, ni où,
ni par quels moyens, ni comment nous rendre "compréhensibles".
Nous ne saurions donc faire le premier geste. La question est alors
posée de la reconnaissance de la tentative de contact faite par d'autres.

325
Et c'est actuellement notre problème, car la solution est dans l'attitude
psycho-logique.
C'est volontairement que je rapproche notre "mot" de son contenu
étymologique. Malgré leurs dénégations, nos scientifiques n'ont pas
réellement dans la tête de trouver des indices de contact extra-terrestre.
Cette mise en évidence possible serait d'abord la relativisation immédiate
de leur savoir, et la reconnaissance de notre relative impuissance techno-
logique, insupportable vis-à-vis des politiques dispensateurs de budgets.
Voilà un des éléments déstabilisateurs indiscutables d'une manifestation
officielle d'éventuels extraterrestres: la décrédibilisation immédiate des
politiques antérieures et la démotivation des chercheurs. Que des scienti-
fiques recherchent des "preuves" de vie intelligente à des milliers d'années-
lumière, comme les convaincus de SETI (voir ci-dessous), est tolérable,
car un éventuel résultat positif ne porte pas à conséquence politique
locale, je veux dire à l'échelle de notre planète, et encore moins de la
nation qui découvrira.
Mais pour entendre, il faut être prêt à écouter. Tant pis pour les scienti-
fiques officiels et traditionalistes: nous devons être en permanence à
l'écoute, et tout cataloguer. En ce sens, la démarche de SET!, développée
ci-après, est le témoin d'une attitude positive. Si un phénomène existe, il
en sortira, statistiquement. Mais pas par un contact physique ou matériel.
Ce qui veut dire que nous devrons, un jour, ajouter au dogme de la preuve
directe, celui de la multiplicité des manifestations convergentes, des
indices. Celui de la théorie de la "nécessaire existence". C'est principale-
ment un problème philosophique qui rejoint ce que j 'ai abordé dans le
chapitre 4: nous n'avons pas le droit d'exclure.
[En ummite, la preuve se dit WIA. Littéralement: "information,
nouveauté (W) différente, autre (1) effective, vraie (A)". Cette formu-
lation fonctionnelle n'implique pas la "matérialité" de la vérification,
comme dans notre concept de preuve. C'est l'idée "d'information", au
sens large et avec son évocation de nouveauté, qui est utilisée.)
Je prends ici le pari que nous aurons prochainement d'énormes
problèmes de compréhension de l'univers, car certains continueront à
chercher des preuves au sens traditionnel, avec confirmation dimension-
nelle enregistrée (c'est le caractère "indubitable" de notre philosophie
des observations) là où nous ne pourrons espérer que des indices forts et
éventuellement concordants. Les trous noirs en sont déjà une très bonne
illustration. Comment pouvons-nous prétendre décrire et vérifier par
l'observation ce qui se passe "à l'intérieur d'un trou noir", puisque
par définition aucune information ne peut franchir son "horizon", vers

326
l'extérieur? Qui me prouvera, avec des arguments de notre logique
scientifique actuelle, que son "intérieur" est une étoile à neutrons "sur-
condensée", qu'il a une réalité objectivement enregistrable? La seule
réponse actuelle est "tout se passe comme si. .. ", sans aucun espoir de
validation directe. Qui me prouvera, avec les mêmes arguments, que j'ai
tort lorsque j'affirme qu'en fait, ce que nous appelons "trou noir" n'existe
pas? Et que nos observations correspondent à un équivalent de matière
ombre répulsive de notre univers jumeau, dont les manifestations gravi-
tationnelles (effet de lentille inverse) sont ce que nous observons objecti-
vement? Matière dont la présence conforte singulièrement nos observa-
tions de déséquilibre de répartition entre matière "observée" parce que
visible et matière "nécessaire", pour l'instant qualifiée diversement selon
les hypothèses, et en particulier du mot aberrant de "manquante".
Vis-à-vis du paradoxe de Fermi, l'argument "nous n'avons rien vu", n'est
donc absolument pas recevable, d'une part parce que nous ne regardons
pas sérieusement, et d'autre part parce que personne d'officiel n'a intérêt
à voir.

Les partisans de l'existence d'une vie extraterrestre intelligente font


valoir, eux, que la Terre n'est qu'une occurrence moyenne dans un
système solaire qui n'est pas plus remarquable qu'un autre. Et que notre
galaxie n'a rien de franchement différente de la majorité de nos obser-
vations. Il n'y a donc aucune raison statistique, selon ce point de vue, que
notre cas soit isolé. Et il y a de fortes chances que, à l'issue d'une histoire
de la vie ayant emprunté des voies plus ou moins équivalentes, des êtres
comparables à nous existent quelque part dans l'univers. On ne prend
alors pas trop de risques en affirmant, dans cette perspective, qu'il y en a
un grand nombre qui ont une histoire plus ancienne que la nôtre. Ils sont,
de ce fait, plus avancés dans la connaissance.
Puisque de nombreuse civilisations sont envisageables, l'idée vient alors
d'en rechercher des preuves.

Le programme SETI
C'est l'astronome Carl Sagan qui a été l'initiateur du programme.
Puisqu'il est vraisemblable que des êtres ont un niveau plus avancé
de connaissances et que les lois de la physique sont les mêmes dans tout
l'univers, il y a toutes les chances qu'ils aient découvert, comme nous, les
vertus de communication des ondes électromagnétiques. Ces êtres arrosent
alors le cosmos, comme nous, de leurs émissions et nous devrions

327
pouvoir les constater au passage. Ce sont les deux hypothèses fondatrices
de SETI (pour Search for Extra Terrestrial Intelligence) qui ont abouti
à son lancement. Le plus grand radiotélescope du monde (300 rn de
diamètre) a été construit à Arecibo, sur l'île de Porto Rico. JI a coûté
12 millions de dollars par an à la NASA, en frais de fonctionnement,
jusqu'à ce qu'elle renonce à le financer, en 1993. Le secteur privé a pris
le relais.
L'astronome Jean Heidmann (t juillet 2000) était le plus chaud supporter
français de ce programme depuis son origine et a associé l'exploitation
du radiotélescope de Nançay (le 2ème du monde) à l'écoute des étoiles ou
de leurs planètes.
Le défi est aussi technologique. Les émissions radio sont caractérisées
par la direction de l'émetteur, il y a des millions de milliards de
planètes à écouter, et on ne sait pas sur quelle fréquence (des millions
de canaux aussi). Les besoins informatiques de décodage et d'analyse
sont énormes, et une organisation mondiale a été mise récemment
en place sur Internet, MegaSETI. Le principe est simple: lorsque vous
n'utilisez pas votre ordinateur c'est de la puissance de calcul "perdue
par non-utilisation". Vous pouvez la mettre à la disposition de
MegaSETI, devenu SETI at home, qui lui fait faire une partie (toute
petite à chaque fois) de ses calculs. L'université de Harvard a traité un
milliard de canaux en simultané!
A ce jour, le programme SETI n'a rien "entendu" d'intelligent, et ses
acteurs sont toujours en recherche.

II est fort instructif de comparer les motivations et les agissements de


SETI avec ce que l'on peut lire dans les documents Ummo.
Une civilisation avancée connaît les ondes électromagnétiques, d'après
l'hypothèse SETI. Bravo! c'est effectivement en écoutant l'univers dans
leur grand centre d'écoute que les Ummites déclarent avoir découvert
notre existence.
Mais alors, nous devrions aussi entendre leurs émissions? Et c'est là
que se montre le côté simpliste de la projection de nos connaissances.
Les Ummites vivent dans un environnement magnétique planétaire
(du fait de leur étoile) très instable qui a exclu rapidement toutes les
utilisations courantes de technologies électromagnétiques. Ils ont des
connaissances plus avancées que nous sur l'Univers et leurs appareils
ne communiquent plus que par des émissions/réceptions gravitation-
nelles (AAXOO-UAXOO), beaucoup moins énergétiques, de bande
passante nettement plus large et de portée et vitesse tout aussi grandes.

328
Il n'y a ainsi aucune raison que nous captions une émission radioélec-
trique de Ummo, et pourtant leur planète est tout près, à l'échelle de
l'Univers: moins de 15 années-lumière. Dès qu'une civilisation décou-
vre les ondes gravitationnelles Ue crois que nous sommes maintenant
en quête de leur piste), elle abandonne les ondes électromagnétiques
pour des raisons de rapport performances/prix que nous pouvons
parfaitement comprendre. Voilà qui réduit singulièrement les chances
de capter un signal électromagnétique en provenance d'une civilisation
plus avancée.
Comment suis-je arrivé à cette conclusion? Simplement en "traitant" des
signaux autres que ceux des ondes électromagnétiques: je n'ai pas rejeté
le dossier UMMO et les OVNI qu'il implique, et j'ai analysé un contenu
"papier".
Interrogé sur les ovnis, malgré une évidente réticence, Jean Heidmann a
répondu que "c'est une nécessité d'aborder la question des extraterrestres sans
parler des ovnis" (824 p55). Il était inutile de lui poser la question du
lien. La réponse était prévisible. La reconnaissance du fait OVNI en tant
qu'issu d'une technologie non terrienne est une réponse implicite à la
question posée par SET!: "en existe-t-il?". Dès lors, pourquoi continuer
à écouter les étoiles et leurs planètes à la recherche d'une hypothétique
trace? Par ailleurs, il a joué curieusement sur les mots en affirmant "il
n'existe aucun cas d'OVNI à ce jour qui soit suffisamment bien étayé pour attester
scientifiquement que cet objet provient d'une civilisation extraterrestre." Cette
affirmation est conforme à la vérité. Nous vivons dans une logique
binaire, aristotélicienne, et il est tout aussi conforme à la vérité d'affirmer
"il n'existe aucun cas d'OVNI à ce jour qui soit suffisamment bien étayé
pour attester scientifiquement que cet objet provient d'une civilisation
terrienne". Et dans ce cas, rapprochant les deux affirmations, je demande:
ils viennent d'où, alors? La seule réponse possible est dans le premier
principe de logique scientifique, exposé au chapitre 4 et violé ici: nous
n'avons pas le droit d'exclure! Pour ne pas avoir à faire face à cet argu-
ment, Jean Heidmann leur récusait même la matérialité objective en
disant (824 p55): "Je crois pour ma part que les ovnis font partie, avec d'autres
histoires merveilleuses, de l'arsenal des gouvernants pour désinformer et
continuer à faire rêver le grand public. C'est une manière d'empêcher les citoyens
de raisonner intelligemment". Reconnaissons toutefois que les récits
d'enlèvements ou de mutilations, diffusés principalement aux Etats-Unis,
sont effectivement des alliés objectifs des budgets de défense, par le
sensationnel des agressions prétendues. Sont-ils le reflet sincère d'une
réalité?

329
La communication

Que pourrait être un contact sans communication? Un geste sans lende-


main? Imaginons que l'heure de gloire des acteurs de SETI ait sonné:
un train d'impulsions électromagnétiques ou d'ondes est détecté, qui ne
correspond pas à ce que nous avons déjà entendu sur cette fréquence et
dans cette direction. Il semble répétitif.
La première question se pose, comme elle s'est déjà posée: ce train
d'ondes est-il un témoin objectif d'une intelligence? De belles
empoignades intellectuelles en perspective! A quels arguments donner le
plus de poids? La nouveauté de la source, la nouveauté de la fréquence?
La structure du train de signaux? Sa répétitivité? Après une énorme
tempête sous les crânes, nos scientifiques se sont mis d'accord pour
reconnaître le caractère intelligent de l'origine du message. Bien, mais
alors qu'en faire? Essayer de comprendre son contenu!
Il y a fort peu de chances que ce message ait été envoyé à notre desti-
nation. Même dans cette hypothèse, nous n'avons donc aucune idée de ce
qu'il est susceptible de véhiculer, et encore moins dans quel système
logique de formulation.
Revenons à la description succincte que les Ummites nous ont faite de la
réception de notre message radioélectrique. Les signaux ont été émis
en 1934 et reçus sur Ummo en équivalent 1949. L'enregistrement a duré
un peu plus de six minutes, il était en morse, et il servait de support à
des essais de communication (aux hautes fréquences de l'époque) entre
deux cargos norvégiens en Atlantique Nord. Conversation technique,
vraisemblablement.
Les Ummites ont observé la constitution du message à partir de deux
signes, le court et le long, ce qui les a mis immédiatement sur la piste de
la numération binaire. Concept qui ne serait à l'honneur opérationnel sur
Terre que dix ans après l'émission (au milieu des années 40). Ils disent
qu'après avoir beaucoup cherché avec tous leurs moyens, ils ont fina-
lement opté, mais sans évidence, pour une expression analytique de la
figure "carré", selon leur géométrie angulaire. Ce qui les a conduits,
après vérification de notre existence, à baptiser la Terre: OYAAGAA, soit
"La planète du carré". Et à prendre conscience, plus tard, de toutes leurs
erreurs dans l'interprétation de ce "message".
Dans le cas d'un signal capté par SETI, vu la faiblesse de nos moyens
d'investigation, je n'ose même pas envisager le temps nécessaire à un
décryptage significatif, s'il est possible. N'oublions pas que ce message
peut très bien être, par exemple, une séquence de signaux de mauvaise

330
exécution d'un sous-ensemble pour analyse par sa structure principale
(genre Lem à Orbiter, par exemple).
A titre indicatif, selon les dires des Ummites, la Terre détient 6.000 pages
de leurs écrits dictés, dont une partie certaine de doublons (de sécurité).
Les premiers documents ont été disponibles en Espagne au début 1966.
Certainement qu'en trente-quatre ans, de nombreuses personnes se sont
penchées sur leur contenu et ont tenté d ' en déchiffrer la langue. J'ai
personnellement travaillé sur un peu plus de 1.340 vocables, accompa-
gnés d'environ 1.300 pages dactylographiées d'explications cohérentes,
en commençant il y a bientôt cinq ans. C'est seulement maintenant,
après quasiment 5.000 heures de travail, que je peux envisager de faire
connaître une première compréhension de cette langue complètement
étrangère à nos structures logiques, à condition que mon travail soit pris
au sérieux! Que pourrait-il en être d'un train de signaux radioélectriques
sans mode d'emploi?

En guise de conclusion à son ouvrage Enquête sur des Extraterrestres


qui sont déjà parmi nous ( B 1), Jean-Pierre Petit présente une image à
laquelle je souscris:

"Ceux qui proposent avec tant d'insistance de développer des programmes


d'écoute radioélectrique en refusant avec véhémence de participer à tout débat
concernant le phénomène OVNI ressemblent, quant à eux, à des habitants
d'Armorique qui, affectant de nier les passages incessants d'avions au-dessus de
leur province laissant dans le ciel leurs fines traînées de condensation, tendraient
des micros en direction de l'Ouest dans l'espoir de détecter les conversations des
habitants des Etats-Unis."

J'ajouterai à cette image que, depuis mon travail, nous savons que des
"avions" se sont posés pour distribuer quelques écrits de ces habitants
et nous proposer d'en découvrir la langue.

331
9. Et maintenant ...

J'aurais pu intituler cette petite synthèse "conclusion". Mais la conclusion


est pour moi l'expression de la fermeture. Or ce dossier n'est pas clos! Il
est même tout juste ouvert. Faisons d'abord un rapide tour d'horizon.

A partir de février 1966, l'ufologue (bien que le titre ne se soit imposé que
plus tard) espagnol Fernando Sesma reçoit, par la poste ou par porteur
spécial, un certain nombre de lettres ou documents dont le contenu est éton-
nant. Les auteurs se disent humains, présents en petit nombre sur Terre, et
originaires de la planète Ummo, distante de la Terre de 14,4 années lumière.
Outre Sesma, certaines des personnes qui évoluaient dans sa mouvance
ésotérique de contacts extraterrestres et quelques autres ufologues espagnols
reconnus ont été destinataires de ces textes. En tout trente-quatre personnes
ont reçu, en Espagne, un total supérieur à 1.300 pages dactylographiées. Ces
documents, rédigés pour la très grande majorité en espagnol, traitent de tous
les sujets, décrivant surtout une civilisation étrangère à la Terre. Ils compor-
tent, parsemés dans le texte espagnol, des mots ou des locutions que les
auteurs présentent comme échantillons de leur langage. Ils ont été reçus de
février 1966 à 1995, soit pendant pratiquement trente ans!
Ces lettres surprenantes ne devaient pas faire l'objet d'une diffusion. De
relation en relation, quelques textes sont arrivés en France à partir de
1970. Trois observations d'OVNI sont associées, dans la banlieue de
Madrid en 1966 et 1967, à ces documents. Des photos ont été faites.
Des analyses ponctuelles des contenus scientifiques des textes ont été
entreprises dès 197 1 par une organisation ufologique française privée
(le GEPA). Elles ont conclu de façon mitigée, à l'image de la diversité
de sensibilité des experts sollicités. A partir de 1977, la technologie et
les moyens ont permis une étude scientifique des photographies. La
personnalité en vue qui en a signé le rapport, Claude Poher, a proposé
l'explication négative de photographies réelles de mises en scène. Il a
étendu sa proposition à l'ensemble du dossier.

333
Régulièrement, pendant les années qui ont suivi, des ufologues ont
"repris" le dossier et ont conclu à une supercherie. Tous s'appuyaient, en
première intention, sur les conclusions du rapport de Claude Poher.
Aucun n'a analysé les documents en profondeur. Aucun n' a pu apporter
d'arguments scientifiques et convaincants.
Je ne suis pas ufologue, ce qui me donne une sorte de neutralité. Je suis
"tombé" par hasard, en 1995, sur un livre qui traitait à peu près scientifique-
ment de ce dossier. Convaincu du sérieux de cette affaire, sans connaître
à l'époque l'existence des photographies et les conclusions de Claude
Poher, j'ai alors entrepris de comprendre la langue présentée dans ces
documents. Après de longs mois passés à rassembler une copie sûre
du maximum des documents connus, à définir et mettre au point des
instruments informatiques adaptés, et à faire l'analyse minutieuse des
textes et des mots inclus, je suis parvenu à en comprendre la construction
et le sens. Rien de commun avec aucune des structures linguistiques
connues à la surface de notre globe. Essentiellement pour des raisons de
sémantique et de logique.
Il est alors devenu nécessaire d'étudier en détail le rapport de Claude
Poher, à l'aide des photos publiées. Ses conclusions me sont apparues
prudentes, mais très orientées, et j'ai pu démontrer qu'elles n'étaient pas
justifiées. Ce sont les ufologues qui ont transformé en certitude ce qu'il
avait proposé comme explication. Une analyse détaillée des ouvrages
ufologiques les plus connus sur le dossier Ummo montre que les thèses
et les conclusions ne sont pas scientifiquement fondées (au sens que l'on
donne à ces mots dans tous les milieux de la recherche), mais construites
pour avoir un contenu qui fait vendre, au risque d'affirmer des contre-
vérités.
Face à ce fatras d'informations et de supputations habilement mélangées,
j'ai pu procéder à un travail de recherche purement scientifique, dans
l'esprit et dans les méthodes.
Il s'en suit que trente-quatre ans après la réception du premier document,
et pour la première fois, plus d'un millier de pages de textes ont conduit
à la découverte d'une langue complètement étrangère à notre planète.
Cette langue est validée par un peu plus de 1.340 vocables, entrant dans à
peu près 400 expressions et dont je rends compte à 99,7%. Et le contenu
des "mots" de cette langue originale est en totale cohérence avec les
documents. Exactement comme si ces rapports avaient été dictés pour
nous faire comprendre que la civilisation décrite n'est effectivement pas
terrienne et que la langue est là pour en donner la confirmation. Pour
donner aussi, accessoirement, quelques aperçus profonds ou légers de

334
différences de culture. Le tout étant doté d'une "perle", c'est-à-dire d'une
indication qui, pour moi, confirme l'exclusion définitive de l'origine
terrienne possible: l'allusion aux travaux de Bertrand Russell sur les
insuffisances de nos langages et leurs possibles contradictions ou indéter-
minations internes structurelles, les "paradoxes".
En résumé:
- Un minimum de 1.300 pages, diffusées sur trente ans, et non sérieu-
sement revendiquées, sauf par les contenus.
- Un trésor de 1.345 vocables et 400 expressions qui permettent de
cerner la sémantique de cette langue, complètement étrangère à nos
systèmes de formulation.
- Des vocables dont le contenu correspond très exactement aux
explications fournies, avec une corrélation profonde et intime avec les
textes et leur esprit.
- Des documents dont les contenus scientifiques, au moins en matière
de cosmologie, sont clairs, cohérents, compréhensibles et ont permis
à Jean-Pierre Petit, Directeur de recherches au CNRS, de faire des
avancées notables sur la mécanique de formation des galaxies et une
justification de la matière non perceptible de notre univers (825).

Vous avez ainsi partagé toutes les raisons qui ont conduit à l'évidence:
ces documents ont moins de chances d'être d'origine terrienne que vous
n'en avez de gagner au Loto!

Cette information majeure doit-elle bouleverser notre vie? Assurément,


non!

Le plus important est à mes yeux, tout simplement, la reconnaissance de


"l'autre" et de ce qu' il implique. Au-delà du fait que d'autres savent plus
que nous, l'essentiel, c'est de nous assumer dans la situation où nous
sommes. Nous en savons plus que nos parents, c'est certain. Ont-ils eu
peur de nous? Ils ont effectivement pu craindre, un moment qui s'éternise
un peu, une dérive vers le risque majeur du nucléaire. Devons-nous
trembler devant nos enfants, qui en sauront un jour plus que nous?
Soyons nous-mêmes, sans nous voiler la face, car il ne sert à rien
d'ignorer la réalité, ou de le feindre. Et analysons simplement, dans un
survol, les implications sous leurs deux facettes.
Vis-à-vis des Ummites d'abord. Ils continuent d'observer la Terre, en tout
petit nombre. La publication de mon travail les renseigne sur un point:
les indications linguistiques mises dans les textes ont porté leurs fruits,

335
puisque qu'un Terrien en a reconnu le contenu. Plutôt bien ou plutôt mal,
n'a pas vraiment d'importance, car l'essentiel est pour eux dans le
"déclic". Les Ummites peuvent déjà tirer un enseignement du délai et de
la forme. Les trente-cinq ans qui se sont écoulés sont peut-être très longs
ou normaux par rapport à leurs prévisions. Ils vont en affiner leurs
connaissances des hommes de la Terre, en quelque sorte dans le
prolongement de leur expérience "psychosociologique". La suite dépend
de leur stratégie et de leurs plans. Ils ont écrit, dans un courrier reçu par
Jean-Pierre Petit en juillet 1993 (82):
" ... L'envoi des différents documents a pour objet un transfert dosé
et progressif de connaissances scientifiques d'origine extraterrestre
et s'inscrit dans le cadre de la deuxième phase dite "de préparation"
du programme général élaboré par l'UMMOAELEWE en vue de
l'établissement d 'un contact officiel entre nos deux civilisations galac-
tiques (1950-2050) ... La seconde étape du programme (19 70-2000) dite
"de préparation" qui a pour but une sensibilisation et une maturation
progressive des élites politiques, militaires, puis scientifiques, sociales
et religieuses, vise à rendre rationnellement admissible et tolérable
l'idée même d'une présence extraterrestre sur Terre et à favoriser
la diffusion progressive à 1'échelle macro-sociale de ce nouveau
paradigme. "
Il est clair que la compréhension de la langue ummite présentée dans les
documents pourrait être un élément important, un peu tardif peut-être, de
cette deuxième étape. Bien sûr, l'idée de présence extraterrestre sur notre
planète doit être assumée en toute indépendance. Nous n'avons, à mon
avis, rien de profond à attendre de nos visiteurs, tant que nous n'aurons
pas définitivement admis par nous-mêmes qu'ils existent, qu'ils sont là,
et que depuis cinquante ans leur comportement n'a pas été agressif, et n'a
pas vocation à l'être. Je note que la découverte de la langue, advenue
longtemps après le premier document connu, s'intègre dans un processus
de progressivité: d'abord des documents dont l'origine a été abondam-
ment discutée et controversée, tout en restant confinés dans un petit
milieu intéressé. La filtration vers les grands média d'information, redou-
tée à l'époque par ses conséquences possibles, a été évitée. Ensuite, ces
textes ont un contenu scientifique indéniable et un directeur de recherche
au CNRS en a tiré et en tire encore matière à publications intéressantes,
mais "ignorées" de ses confrères, à ce jour. Tous les scientifiques de
France, au moins, le prennent pour un illuminé, très créatif grâce aux
"extraterrestres", c'est-à-dire pour la majorité des Terriens, grâce "aux
petits hommes verts".

336
La publication du présent travail va ou ne va pas provoquer de réactions
de la part des hommes de notre Terre. Quelles que soient les suites, elles
donneront d'autres informations à nos visiteurs: sur la continuité des
pesanteurs des idées reçues, sur l'éventuelle "non-ouverture d' esprit", sur
certaines formes de dynamisme, sur la fantastique puissance du pouvoir
des média et/ou de l'argent, sur la "timidité" de nos hommes politiques,
etc ...

Vis-à-vis des Terriens ensuite. C'est l'Espagne qui a servi de terrain


d'exploration psychosociologique. Expérience ouverte par le compor-
tement méditerranéen des Espagnols qui a un peu "débordé" les
Ummites, mais ils ont laissé faire. Il ne fait pas de doute que l'existence
des Nations est une composante de la Terre, mais que le traitement de la
donnée "extraterrestre" devrait se faire à l'échelle planétaire, au sein de
la seule structure aujourd'hui "crédible" qu'est l'ONU, bien qu' elle soit
objectivement sous le contrôle économique de la nation la plus puissante
de notre globe.
J'ai été amené, pour ne pas me disperser au cours de cette longue étude,
à mettre de côté des pans entiers d'investigation. Il reste à approfondir
certains points de la langue et à réfléchir aux implications logiques et
culturelles (sans doute très fécondes) du mode d'expression à sémantique
"absolument relative" et à explorer l'écriture ummite. Si d'autres tentent
de mettre le multi-univers en équations de nos systèmes analytiques, je
pense que nous aurons beaucoup plus à apprendre en nous efforçant de
reconstruire, pour étude comparative et complémentaire, le système de
la géométrie angulaire. En réfléchissant aux outils mathématiques
nécessaires à cette autre exploration de l'espace-temps. Voilà un nouveau
domaine d'investigation, sans parler des nombreuses expériences à faire,
accessibles avec des moyens limités. Les Ummites ont vérifié qu'un
certain nombre de leurs acquis étaient directement exploitables avec
les technologies terriennes. L'approfondissement des données sur la
structure de l'espace et par voie de conséquence sur la matière, devrait
ouvrir de nouvelles pistes sur la maîtrise de la supraconductivité, des
champs magnétiques "hyper énergétiques", sur les fondements réels des
échanges d'énergie, et sur les applications des "champs", en particulier le
"gravitationnel". Sans parler du transfert d'énergie par "effet-frontière".
Que dire de l'apprentissage de la télépathie et de tant d'autres domaines
à explorer?
C'est, bien sûr, une affaire de moyens. Mais il faut d'abord une prise
de conscience, et c'est l'objet du présent travail d'alerter le monde

337
scientifique. Le sujet "extraterrestre", à travers les informations du
dossier UMMO, devrait maintenant prendre sa place dans le champ de
nos investigations scientifiques et métaphysiques. Qui prendra le premier
conscience? et assurera le financement? Quelque mécène, passionné par
les réalités de l'espace?

Il reste enfin aux média à se regarder en face. Ce n'est pas leur intérêt de
rester en marge de la réalité des découvertes, fussent-elles à propos des
ovnis, de la connaissance de la matière qui s'interroge sur l' existence de
dix dimensions, de la linguistique qui déborde notre cadre planétaire,
etc ...
Le processus est déjà largement engagé: la petite cuisine de l'audimat est
autodestructrice de civilisation à long terme. Mais n'est-ce pas déjà voir
trop loin pour leurs responsables?
L'information peut être spectaculaire. On peut imaginer en faire un
spectacle. Si l'information n'est pas de qualité, il ne reste plus que le
spectacle, indigne à lui seul, de leur mission manquée. Ce n'est pas en
faisant de l'audience (?) malsaine sur les témoignages folkloriques
d'OVNI et sur des cas qui relèvent clairement de la psychiatrie, qu'ils
feront progresser la nécessaire prise de conscience préalable: les extra-
terrestres ont une existence réelle, ils ne sont pas du tout à l'image que
le cinéma ou les média en projettent, et il ne sert à rien de faire peur ou
d'organiser une chasse à "l'homme"!
Cette dernière a d'ailleurs été largement développée au cours des
quarante dernières années, par les services secrets des plus grands Etats,
et, heureuse différence des niveaux culturel et technologique, sans
succès ...

Ils sont très prudents, attendent des réactions constructives de notre part,
et comme ils ne sont pas rancuniers,

La formidable aventure de la communication possible avec des êtres


humains manifestement étrangers à notre planète pourrait commencer
demain ...

338
DEUXIÈME PARTIE

Précis
du système linguistique
idéophonémique
Ll. Introduction à la partie linguistique

Comme vous avez pu le constater dans l'avant-propos, la nature de ce


travail est au carrefour de deux de ce que nous appelons "disciplines". Il
s'agit de comprendre une langue inconnue, qu'elle soit réelle ou non
n'a pas d'importance dans cette partie du débat, et d'en démonter, autant
que faire se peut, le système de construction.
J'ai expliqué dans un chapitre précédent pourquoi j'avais délibérément
fait abstraction des méthodes de recherche littéraires et de toute connais-
sance linguistique préalable. Et pourquoi je m'étais tourné vers la logique
des méthodes de résolution des systèmes d'équations à multiples
inconnues.
Trouver une signification dans un contexte très simple et quasi binaire,
comme ce fut le cas au début pour les sons X ou S avec XII et XEE, n'est
pas hors de portée.
Mais quand le concept recherché doit s'intégrer dans une dizaine de
vocables à la fois, sans qu'un raccourci s'impose, ce n'est plus tout à fait
du travail mathématique. C'est de l'analyse poussée, de la déduction
comparative et combinée, à la limite de la divination. Alors j'ai fonction-
né à l'intuition d'abord, puis par élimination déductive ou par tentatives
successives. Dans tous les cas il faut beaucoup d'imagination, de
préférence "débridée", mais il est vite apparu que cette créativité devait
être canalisée selon une pensée, une culture qui n'étaient pas les miennes.
Le travail a été faussement littéraire, scientifique tout au long pour la
rigueur nécessaire de l'analyse, des déductions et la validation.
Accompagné de la logique mathématique dans la démarche de recherche.

J'ai présenté cette partie de l'étude, certainement un peu moins vivante,


en traitant d'abord la base documentaire, support indispensable et
préalable au travail.
Comme ces textes ont été dictés, j'ai ensuite procédé à la prise en charge
de l'aspect phonétique du dossier. Il est primordial. Les auteurs qualifient

341
leurs verbalisations de "phonèmes", substantif que j'ai récusé au profit de
"vocables". Mais à bien y regarder, je pense qu'ils ont pris la définition
de nos dictionnaires au premier degré, et n ' était-ce pas déjà une incitation
à rechercher la solution dans les "sons", dans la verbalisation?
La suite logique, c'est "comment" les premiers résultats ont été trouvés.
Il s'agit de la phase "médiane", dans le déroulement temporel, et elle a
été la plus délicate. Je sentais que pour comprendre il me fallait changer
de logique, me transposer dans un autre système de formulation, mais je
ne savais pas lequel et n'en avais naturellement pas la "pratique". Cette
immersion dans une autre pensée s'est faite progressivement, et le temps
nécessaire à chaque tentative s'est réduit considérablement. Ce qui n'a
pas été toujours commode, malgré des aspects stimulants et ludiques
certains.
Ce chapitre m'a semblé accessible à tous les lecteurs, indépendamment
de l'intérêt de chacun pour la linguistique. Je l'ai donc inséré dans la
première partie de l'ouvrage et vous l'avez lue, sans doute, avant de
parvenir à la présente introduction.
Je propose ensuite le catalogue des signifiants élémentaires, briques de
base identifiées dans cette première approche, et quelques combinaisons
remarquables de ceux-ci, en justifiant à chaque occasion les signifi-
cations retenues.
Ces signifiants ne sont rien sans leur assemblage. Je développe la
réflexion à laquelle j'ai pu me livrer en matière de "sémantique", à défaut
d'autre terme adapté. J'y ai joint les quelques éléments de "syntaxe" ou
de "grammaire" que j'ai cru déceler. J'ai pensé qu'il serait trop ambitieux
et prématuré d'aborder l'analyse en profondeur et les conséquences de la
structure de cette langue. Je pense y consacrer un futur dossier, au même
titre que l'étude de l'écriture des Ummites et l'approfondissement des
éléments de la théorie unitaire qu'ils nous présentent.
La vraie question reste: ces documents, ou plutôt cette langue, ont-ils pu
être créés de toutes pièces (et sans faire intervenir des appréciations sur
les possibles motivations) par des Terriens? Un petit chapitre est consacré
à l'analyse comparée des sémantiques terriennes et de la sémantique
ummite. La forme de pensée qui se dégage des vocables y est comparée
à celle qui se pratique sur notre planète. La démonstration est faite que
cette langue et la pensée qui la sous-tend ne peuvent avoir été conçues par
un ou des Terriens.
Une autre démonstration est possible: par l'absurde. C'est l' objet de
l'argumentaire présenté en étroite relation avec la citation de Russell dans
les textes ummites.

342
Nous sommes ici dans un cadre sans précédent, au moins doublement. Il
s'agit d'un langage et d'une pensée inconnus sur Terre. Du fait que les
"vocables" n'ont pas des contenus véhiculaires comparables et qu'ils
sont les témoins d'une pensée à structure différente des nôtres, un banal
dictionnaire d'équivalences linguistiques ne peut avoir de sens. Le
dictionnaire se doit d'éclairer le lecteur sur les différences culturelles, par
des comparaisons, il doit être "explicatif'.
On y trouvera d'une part le dictionnaire des noms communs, véritable
concrétisation du travail fait puisqu'il rend compte, à plus de 99%, des
vocables trouvés dans les textes. Je suis bien conscient que cette liste de
"mots" et leurs équivalences pour nous ne constitue qu'un premier pas,
certainement approximatif, et qu'un immense travail reste encore à faire
pour prétendre connaître cette langue, si sa domination finale nous est
accessible à travers l'échantillon disponible. Ce dictionnaire, quelquefois
à tendance "encyclopédique" pour justifier de la compréhension pro-
posée, est plutôt de nature "étymologique", mais pas au sens historique
que ce mot véhicule dans nos langues. On voit bien que face à un langage
de structure inconnue, notre vocabulaire tombe "en panne". Comment
qualifier ce qui ne nous est jamais venu à l'esprit? Il faudra inventer de
nouveaux mots. J'ai ouvert la voie, avec les termes "idéophonémique",
"soncept" et "pensée fonctionnelle".
J'y ai adjoint le dictionnaire des noms propres, car on trouve, en
complément de l'indication des auteurs, une signification à ceux-ci,
puisque toutes les combinaisons sonores émises sont signifiantes.
Je donne enfin un catalogue des locutions ou expressions rencontrées
dans les textes, et leur équivalence justifiée dans notre système
d'expression.

Dans un ou deux documents, les Ummites disent qu'ils ont échangé ou


conversé avec d'autres civilisations qui visitaient aussi la Terre. Ils ont
aussi écrit que les techniques propulsives des nefs des ces autres visiteurs
étaient de même nature que les leurs et dérivaient, à l'évidence, d'une
identification partagée de la structure de l' espace.
Je me suis alors demandé comment ils avaient pu "discuter" avec ces
autres explorateurs de la Terre. En apprenant leur langue, à leur insu?
Comme pour nous?
Il me paraît aujourd'hui, avec un peu de recul, que la sémantique de cette
langue peut tout autant s'imposer comme "universelle", en tant
qu'aboutissement et stade nécessaire, à défaut d'ultime, de la réflexion en
matière de langage et de ses implications avec l'extension transcendante

343
des connaissances. En n'exprimant que le "vrai", et en débarrassant le
langage de toutes ses rigidités (Russell aurait dit ses 'mots-objets') qui
obligent à faire appel en permanence à des "nuances", au profit de la capa-
cité de décrire n'importe quel nouveau concept ou nouvel élément sans
avoir à enrichir le vocabulaire. Cette langue, cette modalité d'expression
qui permet de tout décrire, même l'inaccessible à l'expérience et à la
perception, deviendra peut-être indispensable pour exprimer la relativité
"absolue". Sa sémantique elle-même est construite sur la généralisation de
la relativité et reflète l'image de la structure supposée de l'Univers! Et sa
pratique ne nécessite que dix-huit phonèmes élémentaires!
Il est possible que cette forme d'expression, indépendante de toute
logique extérieure, donc relative par excellence, soit le niveau le plus
achevé, le plus partageable du langage (il ne s'agit pas ici de poésie!) et
se soit imposée à partir d'un certain seuil de connaissances du Cosmos.
Les "problèmes" de traduction se résumeraient alors à moins d'une
vingtaine d'équivalences sonores ...

Nous avons ainsi encore bien des générations pour approfondir ...

344
L2. Bases documentaires

Le fonds de documents disponible se compose de plusieurs types de


textes et chaque vocable à étudier est susceptible d'apparaître plusieurs
fois dans l'ensemble et avec des "traductions" différentes.

1. La notion de page et de document


Les textes sur lesquels j'ai travaillé proviennent de quatre origines:

a) RIBERA
Les extraits de textes cités dans l'ouvrage d'Antonio Ribera Jorda (83)
et traduits par Jean-Jacques Pastor. J'y ai repéré les vocables en utilisant
la numérotation des pages de l'ouvrage. Il n'y a aucune difficulté.
Une mention particulière doit être faite, car Ribera publie le catalogue de
vocables dressé par Antonio Moya Cerpa en janvier 1978. Chacun des
vocables est identifié dans cette liste par un numéro que j'ai gardé en le
qualifiant de "référence". Le catalogue de MOYA est publié par Ribera
aux pages 203 à 212. On trouvera donc des localisations de vocables
comme Rib. p65 ou Moya ref215.

b) le GESTO
Les extraits de documents diffusés par le GESTO, association selon la loi
de 1901, Groupement d'Etudes Scientifiques des Traces d'Ovnis, dont le
siège est à Pertuis (F-84120). Ces copies sont une compilation d'extraits
de documents originaux espagnols, traduits en français, et plus ou moins
regroupés par thèmes. Il est très probable que ces documents ne sont pas
Je reflet complet et exact des documents d'origine, et qu'aucun moyen de
contrôle de leur source n'est accessible.
Ce découpage par thème, pour intéressant et convaincant qu'il soit,
détruit néanmoins l'architecture de chaque document original et nous a
privé, en ce sens, d'indications qui auraient pu contribuer à lever des

345
ambiguïtés. Chaque extrait de document est identifié selon le catalogue
d'Ignacio Damaude, en Dxx.
Quelques documents sont relativement récents, à l'échelle des trente ans
de durée du dossier, et n'ont pas reçu de référence Damaude. C'est le cas
de la lettre "du Golfe" que j'ai identifiée par G91, puisqu' elle date de
1991, et des rapports reçus par Javier Sierra que j'ai identifiés JS88.
La diffusion sur support magnétique, et un peu "en vrac", sans mise en
page pour des raisons compréhensibles d'économie de stockage, à
la manière d'un résumé scientifique, ne permet pas une systématique
ou une sécurité dans la pagination, et donc dans 1' identification des
vocables. J'ai personnellement imprimé ces documents en corps 12,
à partir des copies que je me suis procurées, sans présentation parti-
culière, et j'ai gardé le système du numéro de page associé au numéro
de document.
Si un chercheur veut approfondir mon travail, il s'exposera, au pire, à un
glissement d'un numéro de page dans certains documents. Il sera de
toutes façons amené, à mon avis, à se recréer son propre système
d'indexation pour ces documents.
J'observe que les orthographes retranscrites sont assez souvent
différentes des orthographes disponibles par ailleurs, ce qui n'a pas été,
compte tenu de l'architecture de la langue ummite, sans me poser de
sérieux problèmes. Cet état de fait, ajouté à des différences quelquefois
sensibles de traduction (entre la traduction du GESTO, dont Je traducteur
n'est pas identifié, mais que je suppose avoir été faite par Jean-Jacques
Pastor, et celle qui a été réalisée à titre privé pour mon usage), m'a
conduit à soupçonner des documents à contenus très proches, mais
différents. Pour le valider, il faudrait connaître l'origine espagnole exacte
de chacun des textes diffusés par Je GESTO et se livrer à une compi-
lation. Il faudrait pour cela que le GESTO accepte de donner les moyens
de traçabilité de ses informations, y compris l'accès à ses sources ou
"originaux" espagnols.

c) AGUIRRE
Le docteur Juan M. Aguirre Ceberio, qui a fait partie un temps du groupe
de Madrid, a reçu personnellement un certain nombre de documents
originaux. Il a rassemblé en une édition unique, une bonne quantité de
copies (reconstituées aussi fidèlement que possible, ce ne sont pas des
photocopies d'originaux) de documents.
J'ai pu me procurer un exemplaire de cet ouvrage, qui est naturellement
en espagnol (B Il). Il rassemble 998 pages utiles de textes, en corps 13

346
ou 14 et d'une présentation beaucoup plus aeree que les documents
originaux, dactylographiés assez serré. Les documents ont, ici aussi,
subi un découpage destiné à en présenter les extraits par centre
d'intérêt. Nous avons donc perdu, là encore, l'architecture originale des
rapports.
L'ensemble est diffusé en trois volumes, eux-mêmes divisés en
tomes, ce qui donne un système de repérage trop compliqué. Je lui ai
substitué une indexation par document, allant de Al à Al43, mais en
gardant la numérotation des pages originales, pour une recherche plus
efficace.
Puisque cette compilation Aguirre est le dossier le plus "facilement"
accessible aux chercheurs, j'ai cité les documents en utilisant le plus
souvent possible ces références. J'ai joint une table de correspondance
entre ma classification et la numérotation Aguirre.
J'ai travaillé sur une traduction privée (réalisée par un ami, et non
diffusée à ce jour), que j'ai demandée "très près" de la formulation
originale, car je soupçonnais des tournures typiques d'une forme de
pensée différente.

d) SOURCES PRIVEES
Quelques copies de documents, répertoriés par Darnaude, me sont
parvenues par des sources privées. J'ai mis aussi dans ce type de prove-
nance les extraits de lettres publiés par des auteurs autres que Ribera. Je
pense à Enrique Lopez Guerrero et à Jean-Pierre Petit, en particulier. Le
nombre de vocables rencontrés dans les documents de cette provenance
est très faible, et j'ai indiqué, pour chacun, les éléments de traçabilité
de sa source, afin que tout mon travail soit vérifiable par quiconque
le souhaiterait.

e) Le réseau Internet
Plusieurs sites français ont mis en ligne la majorité des documents
traduits en français. Puisque ces textes ont été mis sur le réseau, ils
ont été "retapés" au clavier après traduction. Une rapide enquête m'a
convaincu que les sources n'étaient pas "meilleures" que les miennes et
ma dernière demande de renseignements est restée sans réponse aucune,
pas même négative.

Si je prends la présentation des documents "originaux" espagnols comme


étalon de densité, le fonds documentaire dont je dispose représente
environ 1.300 pages.

347
Il est vraisemblable qu'existent d'autres documents espagnols non diffusés,
en particulier entre les mains de Rafael Farriols, mais je n'en estime pas le
volume à plus de 100 à 200 pages. Estimation proche des éléments donnés
par Damaude qui évalue le fonds documentaire espagnol à 1.400 pages
dans son ensemble. Auxquelles il faut ajouter la cinquantaine de pages
reçues personnellement par Jean-Pierre Petit, et qu'il ne diffuse pas. Les
allégations de documents UMMO, espagnols et français réunis, faisant état,
globalement, de plus de 2.000 pages me semblent réellement exagérées,
malgré la volonté évidente de non-diffusion de certains détenteurs.
Il est regrettable que l'esprit de partage de patrimoine culturel [et nous
sommes ici à l'échelle de la planète] et des connaissances s' efface devant
d'autres considérations. Il y a pourtant d'énormes différences entre la
diffusion entre spécialistes et la diffusion de masse.

J'ai parlé de sources pour accéder aux textes.


L'ufologue Ignacio Damaude a dressé un catalogue des documents
Ummo, dans lequel il a référencé tous les textes dont il a eu connaissance
de l'existence, sans avoir toujours eu accès au contenu, du moins
l'affirme-t-il. C'est pourquoi il diffuse une liste avec, pour chaque docu-
ment, le sujet ou le thème: I'UMMOCAT. C'est le seul moyen de repère.
Mais il est flou et n'est guère exploitable scientifiquement, puisque les
documents ont été éclatés sans report, sur chaque fraction, de l' indication
du document d'origine.
Chaque courrier est en général repérable par son destinataire et la date de
sa réception. L'information n'est pas plus aisément exploitable.
J'ajoute que ce catalogue a d'abord contenu des références directes
à des documents signés et revendiqués par les Ummites. Ignacio
Damaude y a, par la suite, intégré tous les documents qui font référence
au dossier Ummo, pour autant qu'ils lui paraissaient présenter de
l'intérêt. Cela va de l'article de journaliste sur l'affaire à des courriers,
des opinions sur le dossier ou même des comptes rendus de conversa-
tions téléphoniques. Je n'ai, bien sûr, considéré que les documents
UMMO signés.

Comme nous avons pu le constater, il y a recouvrement des sources,


c'est-à-dire qu'un même document est présent dans plusieurs sources.
J'ai été tenté, au début de l'étude, de travailler sur la fréquence d'appa-
rition des vocables. Le constat de la duplication m'en a dissuadé, puisque
les fréquences sont autant le reflet de la multiplicité de diffusion des
documents que de la volonté de citation des auteurs.

348
2. Indexation ou repérage des vocables

La distribution des vocables ummites dans les textes n'est pas trop dense.
Il m'a donc paru plus simple de référencer un vocable par le numéro de
la page dans laquelle il apparaît, associé à l'identification du document.
Un vocable est donc localisable avec une information double, par exemple
A60.123 qui se lit: documentAguirre n°60, page 123, ou 042.2 qui se lit:
document Damaude n°42, page 2.
L'occurrence multiple d'un même vocable dans la même page est rare et
les différences de contexte permettent largement de les identifier.
Mais ce système est tributaire de la numérotation des pages, elle-même
dépendante du moyen de diffusion.

3. Travaux antérieurs
La présence de ces curieux vocables disséminés dans les textes,
accompagnés d'explications plus ou moins déroutantes, a certainement
inspiré plus d'un esprit, à travers le monde. Combien ont dépassé le stade
de la liste des vocables avec la "traduction" (donnée dans le document)
en regard?

Dans l'ordre chronologique, je citerai un premier travail d'approche (89)


de vingt-quatre pages. Il dresse un petit catalogue de remarques au-delà
de la liste traditionnelle de mots associés à leur "traduction" extraite des
textes. Il est l'œuvre de Hiltrud Nordlin Franz, la secrétaire de Rafael
Farriols. Les Ummites ont eu connaissance de son existence. Ce
document, dont j'ai une copie, n'a pas dépassé un cercle restreint de
contactés. Il est référencé par Damaude sous le numéro 3660. Il contient
une ébauche de rapprochement de certaines racines et une amorce de
réflexion analytique et sémantique. Malheureusement, à mon avis, sur
des bases phonétiques erronées et des constats discutables.

Il y eut ensuite le dictionnaire de Moya Cerpa, qui fit l'objet d'une


publication autonome (B 12). Il s'agit, à ma connaissance, de la première
et seule tentative publiée de recensement de l'information linguistique
Ummo, jusqu'au présent travail. Moya l'a diffusée de son côté dans des
cercles ufologiques espagnols, mais je n'ai pas connaissance de 1'éditeur.

Une liste de vocables (B 10) a été envoyée par Farriols à Damaude en


septembre 1988. Elle figure au catalogue de Damaude sous la référence 427.

349
Cette liste, présentée à la manière du dictionnaire de Moya Cerpa
n'apporte rien, sinon un total de 417 entrées, c'est-à-dire à peine dix de
plus que celui-ci, dont certains amalgames discutables.

Deux autres travaux, de diffusion beaucoup plus récente, ont été réalisés
par Godelieve Van Overmeire, précédemment coordinatrice des enquêtes
à la Société Belge d'Etudes des Phénomènes Spatiaux (SOBEPS). Ces
études procèdent de la volonté de recherche des parentés phonétiques
possibles avec certaines langues de la Terre, l'objectif étant la mise en
évidence probable que la langue ummite est une création purement
terrienne. Le premier travail, terminé en 1996, consistait à recenser et
montrer les analogies phonétiques de plus de 500 vocables répertoriés
avec des racines et des sons terriens, essentiellement Thai et Sanscrit.
Bien que sa diffusion soit restée très confidentielle, il a fait l'objet d'une
"mise en forme" sur Internet, sous la signature de A.J. Holbecq, sans
aucune concertation, ni même consultation préalable de l'auteur du
travail original.
Sur sa propre initiative, sa seconde étude est accessible en ligne
sur Internet depuis juillet 2000; elle porte sur un thésaurus d'environ
1.000 vocables et expressions. Ils sont analysés sous l'angle d'une
parenté possible, cette fois avec le chinois, via une lecture de construc-
tion artificielle assise sur l'exploitation de la phonétique romanisée d'un
dictionnaire de chinois à l'usage des anglophones, édité par l'Université
d'Oxford.

D'autres investigations ont peut-être été menées dans le monde, mais


aucune, à ma connaissance, n'a été publiée.

Défaut d'étude, absence de résultats ou volonté de non-diffusion?

Si bien que je pense que le présent ouvrage, très loin d'être exhaustif
aussi bien en maîtrise de la sémantique qu'en analyse des implications de
celle-ci sur nos modes de pensée, doit être le seul travail analytique à peu
près complet et concluant sur la langue présentée dans le dossier Ummo.

350
L3. Phonétique et prononciation

Je rappelle que je suis parti de l'hypothèse "neutre", je veux dire "non


agressive", que les documents pouvaient être sincères, et que si tel n'était
pas le cas, la supercherie et le montage apparaîtraient à un moment ou à
un autre.

"Nous utilisons un langage double (par répétition séquentielle de divers


vocables nous pouvons exprimer deux courants simultanés d'idées).
Les mots notés dans ce document sont des expressions graphiques
approximatives de leur phonie réelle. " [Extrait du 021, reçu par Manuel
Campo en 1967.]

"La transcription de nos dénominations est très difficile à faire. Nous


avons adopté comme habitude la norme d'écrire avec des graphismes
terrestres (pour ce cas précis en orthographe simulée espagnole) les
paroles qui à notre avis ont la plus grande similitude avec nos phonèmes
acoustiques correspondants, car il est impossible de traduire le code
télépathique employé entre nous (jusqu 'à ce jour, tous les essais pour
communiquer avec vous de manière télépathique ont échoué). " [Extrait du
038, reçu par Fernando Sesma Man:zano le 17 juin 1966. C'est la note 1.]

Les vocables ummites dont nous disposons sont écrits avec notre système
(latin) de représentation graphique, ce qui nous rend leur déchiffrement
accessible. Ils ont été "dictés" par les Ummites, au même titre que le reste
des textes.

Le cheminement d'un vocable [de l'origine à moi] peut donc se schématiser:

1. Enoncé vocal du vocable (par I'Umrnite qui dicte, par exemple OEII/98)
2. Perception auditive par le "secrétaire" terrien
3. Transcription par le "secrétaire-dactylographe", dans la plupart des cas

351
de langue maternelle espagnole, et on peut supposer que le vocable n'a
pas subi d'altération dans la traduction du texte espagnol en français.
Nous verrons toutefois qu'en réalité il y a vraisemblablement eu quelques
déformations que nous avons identifiées comme des fautes de frappe ou
des erreurs, non rectifiées, dues au procédé de recopie: scanner peut-être
pour les documents les plus récents et, plus vraisemblablement, faiblesse
et déformations en relecture de certaines frappes de machines à écrire,
en particulier entre le D et le 0).

Enoncé vocal d'origine


Les Ummites indiquent dans certains textes qu'ils ont, pour la majorité
de leur population, un organe de phonation qui s'atrophie à la puberté.
Pour nous, Terriens, la voix des garçons change plus spectaculairement
que celle des filles à ce moment du développement, mais il est intéressant
de noter ce parallèle. Peut-être s'agit-il d'une constante de l'évolution à
laquelle nous n'échapperons pas? Tous, et spécialement ceux dont la voix
s'est trop atrophiée, reçoivent un "implant artificiel et technologique"
qui supplée aux défaillances de l'organe de phonation. Il sert aussi à
l'émission de commandes par ultrasons.
Nos visiteurs déclarent qu'ils ont été sélectionnés pour les caractéris-
tiques originelles conservées de leur voix. Je dispose d'une copie du seul
enregistrement connu de l'une de ces voix, réalisé par Rafael Farriols au
domicile madrilène d'un certain Francisco Donis Ortiz, Calle de Antonia
Mercé, le 5 mars 1969 et en présence d'Antonio Ribera.
Ce document a fait l'objet d'analyses scientifiques, non pas sur son
authenticité, qui n'est pas démontrable, mais sur les caractéristiques
fréquentielles des sons enregistrés. Les résultats de ces analyses ont
été publiés respectivement par Ribera (83) et Jean-Pierre Petit (B 1).
Ce dernier cite des paroles et des conclusions qu'il prête à l' ingénieur
qui a procédé à l'étude, mais celui-ci s'est désolidarisé ultérieurement
en déclarant que ses propos avaient été déformés, ou au moins mal
compris. Une chose est sûre: à part Jean-Pierre Petit, aucun scien-
tifique exerçant des responsabilités officielles de recherche n'est prêt
à assumer publiquement un élément quelconque d'accréditation de
type 'extraterrestre'. Ce qui en dit long, je crois, sur les pesanteurs et
les mentalités induites par le système autorégulé de la puissance
financière et du complexe politico-médiatique. Il s'agit d'un
asservissement objectif des esprits et du potentiel de créativité de la
recherche.

352
Me limitant ici à une analyse des contenus, j'observe que l'enregistre-
ment porte sur une communication téléphonique de qualité moyenne, et
l'écoute de ce très petit segment sonore (environ 30 s) me suggère les
remarques suivantes:

- La phrase est courte, mais les mots espagnols prononcés font l'objet
de répétitions diverses, qui ne sont pas sans rappeler le langage de
deuxième niveau, qui est décrit dans les textes. La transcription exacte
du segment en ma possession fait apparaître des différences,
mineures, avec la transcription qui a été faite par Jean-Pierre Petit
dans (8 1 p74), bien qu'il n'ait pas mentionné les répétitions.
J'ai noté: "No formulen preguntas, preguntas, (for)mulen preguntas,
preguntas dos(?) hermanos (re)unidos en su[o} domicilio de mis
hermanos. Su[o}pplicamos perdon, su[o}pplicamos perdon, seor,
desconnecto co[ujmmunicacion, seor, desconnecto ".
- Il y a un effet curieux, intermédiaire entre la réverbération et l'écho
réellement décalé, qui est sans doute dû à la technologie de branche-
ment sur le réseau téléphonique, puisque les Ummites n'utilisent
pas les postes téléphoniques normaux, pour des raisons déclarées
"évidentes" de sécurité. Sans doute pour éviter les risques de locali-
sation de l'appel! Technologie de branchement volant exclusivement
valable, on le saura plus tard, sur des installations du type Pentaconta
ou "Cross-bar", qu'ils ont traduites par "barres croisées".
- Le ton semble en effet assez monocorde, quasiment non humain, et
fait penser à un quelconque son d'ordinateur, tel que nous avons pu
en connaître dans les débuts de cette technique. Je rappelle que cet
enregistrement date de début 1969 et que cette technologie, si elle
existait déjà entre les mains de Terriens, nécessitait de très gros
moyens techniques et énergétiques. Quelle dépense et mobilisation de
moyens, pour un simple petit coup de téléphone, dans une hypothèse
de mystification par des hommes de la Terre! Et pour quel résultat?

J'ai pu noter, par ailleurs, au gré des textes dont j'ai eu connaissance, les
remarques suivantes, faites par les Ummites, au sujet des équivalences
possibles entre leur 'phonalisation' et la prononciation constatée des
Espagnols, prise ici comme référence, sauf dans le texte en provenance
de France:

- à propos de UM-MO: "le U très fermé et guttural, le M pourrait


s'interpréter comme un B ",en 021 page 2 (reçu en 1966 par SESMA).

353
- ou encore ".. . graphisme qui nous est familier, OUMO ("m "prolongé
pour la prononciation)... " Lettre reçue de Paris par Antonio Ribera
Jorda, le 2 septembre 1968 (D70). Et citée par lui-même page 29. On
notera ici l'orthographe de OUMO, qui correspond à la transcription
du vocable par un francophone, car un hispanophone transcrit
UMMO, le son OU n'existant en français qu'avec la diphtongue,
alors qu'il peut être directement transcrit par U en espagnol. Nous
avons ici un premier élément important de confirmation de la réalité
de la dictée.

ou encore "... que nous pourrions exprimer en code linguistique


espagnol ainsi: UMMO (avec U presque muet)... " Duplicata transmis
à Ribera, date non spécifiée en 1969, sur indication donnée par les
Ummites au destinataire premier (B3 p75).
- "... le phonème XOOGU (le G se prononce comme un H aspiré)
s'applique à tout un système ... " Extrait de la note 7, adjointe au
document sur les vaisseaux spatiaux, reçu par Enrique Villagrasa
Novoa à Madrid le 9 janvier 1968. Cité par Ribera (B3 pl61).

"... Deux types de flux informatifs nous relient à l'Ame Collective


BUAUE BIAEII le "E" se prononce comme une synthèse de A
etE): ... " Extrait de D357, reçu par Rafael Farriols le 19 mars 1987,
à Barcelone en espagnol.

- "... et que nous appelons BAAYIODUU (le Y est presque muet et leD
peut être pris comme un Z très doux). "Extrait de D58, reçu par Alicia
Araujo le 17 avril 1967.

L'indication du M prononcé presque comme un 8 est une confirmation


solide du constat fait par toutes les personnes qui ont pu entendre ces voix
et leur ont trouvé un caractère "nasillard" ou de type "Donald Duck":
c'est une des déformations caractéristiques chez toute personne
"enrhu!!ée"! Cette prononciation est en partie perceptible dans l'enre-
gistrement. La voix est donc nasillarde à l'origine, avant même sa prise
en charge par le téléphone et l'enregistrement.

J'ajouterai une indication indirecte, extraite du D32, à propos des deux


"mots" XEE et XII. Je cite:
"Il faut supprimer toute équivoque qui pourrait surgir avec ces mots. Sur
UMMO nous utilisons le phonème Xl ou SI (il est difficile de trouver les

354
lettres appropriées) qui signifie (CYCLE, ROTATION ou REVOLUTION)
et qui a une double acceptation. C'est-à-dire qu'ils 'agit de ce que vous
appelez une parole HOMOPHONE. Avec le mot "Xl" ou "CSI" nous
exprimons aussi bien la rotation de UMMO sur son axe (UN JOUR) que
la révolution par exemple d'une ROUE".
J'aurai l'occasion de revenir sur cette citation, mais j'en retiens ici
l'indication que les Ummites prononcent un son intermédiaire entre leS
et le X, puisqu'ils laissent le dactylographe préciser "il est difficile de
trouver les lettres appropriées", et que ce phonème sera transcrit tantôt
par la lettre S, tantôt par la lettre X. Cela aura énormément d'importance
dans un segment clé: XOO ou SOO ou ZOO.

Processus de dictée et écarts orthographiques


Dans la situation de dictée, I'Ummite émet ses phonèmes et le dactylo-
graphe écrit ce qu'il entend. Avec son arsenal auditif et orthographique.
Les Ummites, conscients que des déformations préjudiciables puissent en
être les conséquences, ont systématiquement vérifié tout ce qui avait été
dactylographié, ainsi que le déclare le secrétaire madrilène (A 134.97,
01326): " ... mais par contre il y avait des lettres où ils m 'avertissaient
pour chaque mot et si je me trompais quelque part il ne suffisait pas
de corriger je devais engager un nouveau papier blanc et recommencer
gentiment sans me fâcher, encore moins refuser". Cette indication est
précieuse, car elle permet de considérer la dispersion des orthographes
d'un même vocable comme normale, voulue ou au moins assumée.
Les Ummites ajoutent d'ailleurs, pour que les choses soient claires, dans
le 0357.3, à propos d'une expression "Le BUAUE BIAEEIII (B.B.)
(Le nombre de lettres écrites signifie que dans notre phonétique nous
étirons ces phonèmes) est une entité capable de relier entre eux les
éléments d'un réseau social humain ou animal". Cette remarque vient
compléter le constat de surveillance de la transcription, validant de ce fait
les orthographes. En revanche, rien ne pourra être fait pour éviter les
erreurs de recopie, ce qui contribue à "retarder lourdement" l'accès à la
base effectivement originale des documents.
Un autre aspect de la dictée est apparu avec des sons mixtes inhabituels.
La très grande majorité de cette étude a été faite en attribuant une
signification commune aux sons X, Z et S. C'est pourquoi on trouvera de
nombreuses références à ces sons ou lettres. C'est en approfondissant
pour une compréhension plus précise qu'une vérité est apparue, confirmant
encore la réalité de la dictée. Les lettres X et Z se sont révélées les

355
équivalents orthographiques directs de combinaisons phonétiques
inhabituelles. Les dactylographes ont écrit "X" pour transcrire "G-S"
prononcé par I'Ummite qui a laissé faire. Il en est de même pour D-S, qui
a été rendu par Z. On comprend que j'aie pu longtemps les confondre
avec le S.

A la suite du premier dictionnaire UMMO, établi par Antonio Moya


Cerpa en janvier 1978 et publié par Ribera, l'analyse des 403 vocables
qu'il contient conduit au constat que
Les lettres C, H, J, P, Q ne figurent dans aucun vocable. J'en déduis
donc que les sonorités correspondantes ont été absentes dans les
'dictées' ou transcrites par d'autres lettres.
Le son porté par la lettre Q en espagnol est très proche du C dur
français et d'autre part la lettre est peu usitée. Si la sonorité corres-
pondante avait été entendue elle aurait été transcrite par la lettre C ou
K que l'on trouve d'ailleurs, mais très peu.
L'écoute de l'enregistrement fait apparaître une réelle difficulté
du locuteur à prononcer le C dans le 'sc' de 'desconecto' et le son
entendu fait penser à une 'déformation' nasale courante chez les
asiatiques, que nous transcrivons par NG, dans Trang, par exemple.
Le C initial de 'communicacion' est presque prononcé G (version
française), alors que celui qui précède le A est prononcé conformé-
ment à nos usages. Cette observation, jointe à la précédente, suggère
que les Ummites "nasillent" le 'C' devant un O.
Le H n'a pas été transcrit pour la simple raison que le son correspon-
dant a toujours été transcrit par G (version espagnole aspirée), et
cela est en accord avec l'indication donnée en janvier 1968 (voir
ci-dessus). On le verra apparaître plus tard, sous la plume de dactylo-
graphes de langue maternelle non espagnole, en particulier dans des
documents de 1987/88, où il est transcrit à la place du son G.
Le J, "jota" n'a jamais été transcrit, et pour cause: je prétends que si
les Ummites parlent du nez, c'est en partie parce qu'ils ne sont pas
capables d'articuler les sons de gorge ou gutturaux (au sens où nous
les entendons): nous en avons la preuve, puisque le G dur n'est pas
plus articulé qu'en espagnol.
Reste leP, qui correspond à une autre série de sons, de la famille des
labiales, (consonne occlusive bilabiale sourde), et pour lequel je n'ai
pas encore d'explication, ni de vocable à étudier. L'écoute de la bande
indique une prononciation peu accentuée, proche du B français, mais
en tous cas possible et reconnaissable.

356
On constate toutefois une réelle absence du phonème P et une pseudo-
absence du phonème F. L'écoute de la bande montre que les Ummites
sont parfaitement capables de prononcer ces phonèmes. Cette étude
concluant à une "quasi vérité" extraterrestre, je suggère l'explication
suivante. Dans de nombreux documents, il est fait allusion aux comman-
des de mécanismes à l'aide d' ultrasons, en précisant que les commandes
sont vocales et converties en ultrasons par l'appareil vocal dont chaque
Ummite est doté. Puisque tout son émis dans cette langue est signifiant,
il est nécessaire de disposer d'au moins un signal, forcément vocal, de
commande de la conversion en ultrasons. Pourquoi pas le P? Ainsi, toute
commande de mécanisme serait un vocable ummite, commençant par P.
Par ailleurs, les questions sont posées à l'ordinateur domestique à la voix
et non pas au clavier (qui n'existe très probablement pas). Ici aussi,
chaque commande ou requête est formulée par un ou plusieurs vocables.
Puisque tout peut être demandé ou formulé, il faut aussi une commande
fonctionnelle restrictive au seul terminal de l'ordinateur domestique. Et
qui ne soit pas une conversion en ultrasons dans la gamme de fréquences
des commandes non "informatiques", sinon il pourrait y avoir compé-
tition avec un ordre quelconque destiné à un appareil domestique. Ainsi
toute adresse vocale à l'ordinateur pourrait commencer par F.
Je rappelle qu'il s'agit de suggestions, et qu'elles n'ont pas reçu l'aval
des auteurs des documents.

En ce qui concerne les voyelles, j'ai pu observer par trois fois, dans le
court enregistrement disponible, une quasi équivalence (pour nous) entre
le U et le 0 (que j'ai indiquée par [] dans sa transcription). J'avais déjà
travaillé depuis quelque temps sur ce dossier, lorsque j'ai pu disposer de
cette copie de l'enregistrement. Dans les documents, certains vocables
étaient incompréhensiblement différents, alors que le contexte plaidait en
faveur d'une identité, par exemple j'avais relevé ONAWO et UNAWO
et je cherchais quelle différence de sens pouvait justifier cette différence
d'orthographe ... La découverte de cette quasi équivalence de sonorités a
confirmé les éléments du contexte et j'ai trouvé là une nouvelle manifes-
tation, forte, de cohérence interne du dossier. L'enregistrement appuyait
les transcriptions des dactylographes, puisqu'ils avaient pu écrire aussi
bien U que O. Il y avait, dans le même temps, confirmation implicite
de la valeur opérationnelle de l'enregistrement, puisqu'il donne des
indications pertinentes d'explication des "curiosités" de transcription.
Constat réalisé presque trente ans après les faits par un homme n'ayant
aucun rapport avec les protagonistes de l' époque, et ayant travaillé

357
exclusivement sur dossier. Ce qui milite pour la sincérité de la
provenance de l'enregistrement, mais est hélas en contradiction avec le
contrôle de la dictée, découvert plus tard.

Perception auditive et transcription


Une éventuelle déformation à l'audition est finalement difficile à séparer
de la transcription, puisque celle-ci est seule à pouvoir la mettre en
évidence, du moins dans notre cas. Nous ne pouvons pas, en effet, faire
répéter les secrétaires: ils sont restés anonymes et cela se passait il y a
environ trente ans.

La très grande majorité des textes disponibles a été transcrite par un ou


des secrétaire(s) hispanophone(s). Il se trouve que dans cette langue,
selon les provinces, la même sonorité peut être transcrite par des groupes
de lettres différentes. Ce qui fait qu'un même son peut avoir été rendu par
des orthographes différentes, et je ne peux travailler que sur les textes!
J'aurais pu tenter de me fonder sur une transcription systématiquement
phonétique des vocables, mais les techniques informatiques que j'ai mises
en œuvre nécessitent que tous les caractères descripteurs soient dispo-
nibles;je ne dispose pas, dans mon ordinateur, de tous les symboles 'écrits'
de la phonétique et je préfère me relire en caractères latins traditionnels.
Après avoir consulté diverses personnalités hispanophones, dont un
professeur, de langue maternelle espagnole, à l'Institut d'Espagnol de la
ville de R ... et un interlocuteur de travail d'origine équatorienne, j'ai
construit un système d'équivalences, très simple, et dont j'ai trouvé la
justification à de nombreuses reprises, au moins dans la première moitié
de l'étude, en cohérence avec les changements de secrétaires hispanisants
ou francophones.

J'ai donc assimilé le X au S, et réciproquement


le V au B, et réciproquement
leD au Z, parfois (comme indiqué en 1.)
le Z au S ou au X, parfois
le Y au LL, parfois

Ce qui m'a permis de 'normaliser' le foisonnement des orthographes


de certains vocables trouvés. Je citerai, par exemple, les transcriptions
données par le secrétaire du document 0357, reçu le 19 mars 1987 par
R. Farriols:

358
Il écrit IVOSZOO UHU là où son prédécesseur(*) écrivait IBOZOO UU
OEMVUAUFB OEMBUAUW
et HAYIULLISAA AYUYISAA

(*) Je pense que nous disposons là de confirmations des éléments que


les dates pouvaient nous faire supposer: il y a peu de chances que le
secrétaire ait été le même en 1987 qu'au cours des années 1967 et 1968.
L'étude fine a montré plus tard que IVOSZOO avait sa justification,
en dehors de la phonétique.

On voit donc ici toute la fragilité d'un traitement alphabétique sans


précaution ni étude préalable par les sonorités et les langues maternelles
des secrétaires.

Les vocables transcrits dans le document D491, reçu en novembre 1988,


ont une orthographe clairement francophone avec l'emploi des accents
aigu et circonflexe, comme dans Oyagâ, là où nous trouvons Oyagaa
chez les hispanophones, ou encore Oumowoa pour Ummowoa, ou Oémi
pour Oemi, etc ... J'y vois une nouvelle confirmation de la réalité de la
dictée, et des indications complémentaires sur les sons correspondant aux
vocables transcrits. Le secrétaire est ici sans doute le même que pour
les documents de 1987, francophone (suisse, vraisemblablement) et
hispanisant, puisque le texte était en espagnol. Chaque fois qu'un vocable
a été transcrit par un non hispanophone, il a été intégré au thésaurus après
remise "en conformité". Par exemple "Yôâouaba 5" a été traité comme
YOOAAUABA 5.

Certains ufologues se sont plus à soutenir que l'ensemble du dossier


UMMO est une création humaine terrienne, de la CIA, du KGB, ou de
tout autre source de notre planète. Quel montage sophistiqué a-t-il fallu
réaliser pour dicter les mêmes vocables, à 21 ou 22 ans de distance, à des
interlocuteurs de langue maternelle différente afin d'accréditer que le
contenu du dossier était à ne pas diffuser!!
Je prétends que cette explication n'est pas réaliste en regard des
pratiques, singulièrement économiques, et de la psychologie terrienne.
C'est pourquoi cette partie de l'étude m'a conforté dans l'hypothèse que
l'origine annoncée non terrienne des documents était à ne pas négliger et
m'a incité à poursuivre mon travail d'investigation.

359
L4. Les signifiants élémentaires

On a vu précédemment que les signifiants élémentaires, les briques de


base de cette langue sont les sons, les phonèmes comme 1' ont idéalement
précisé les Ummites, que les dactylographes nous ont transcrits avec
fidélité.
Ces composants élémentaires de langue sont des idées, des concepts dont
nous n'avons pas toujours d'équivalent direct et simple. Cela vient de
la sémantique "de relativité" qui impose des concepts relationnels et
"fonctionnels" (voir le chapitre suivant).

Je me suis donc trouvé souvent en situation de devoir exprimer une


idée de base, un concept fondamental par un échantillonnage de mots de
notre langue, pour essayer de définir au mieux l'idée. On verra facile-
ment que ces quelques mots ne sont que l' expression des facettes d'une
même réalité, ouverte, englobant toutes nos nuances. Celles-ci n'ont en
effet plus de raison d'être dans une langue qui n'accorde d'importance
qu'aux idées exprimant des relations fondamentales.

On verra par ailleurs que j'ai mélangé les adjectifs, les substantifs
puisque ces notions n'existent pas dans cette langue: seule l'idée de
relation compte, et l'adjectif est quelquefois plus précis que Je substantif
(ex: distinction et distinct).
Dans nos langues un adjectif, un adverbe sont des "correctifs" associés à
un mot de base, soit un nom, soit un verbe pour les compléter. Dans tous
les cas, ce correctif apporte une idée complémentaire. Pourquoi ce for-
malisme différencié en adjectifs, adverbes ou autres? Le "complément"
correctif existe aussi ici, mais seulement sous forme de l'idée, et réduit à
une expression relationnelle fondamentale. Cette relation vient ainsi
compléter l'ensemble.

Voyons tous les phonèmes identifiés de cette langue.

361
Le phonème rendu par la lettre A

Les Ummites se disent "pragmatiques" et "empiriques". Ils sont donc


face à la "réalité" comme nous. Ils considèrent comme vrai tout ce qui a
été vérifié, validé, comme nous. La grande différence vient du fait qu'ils
ne considèrent pas ce constat de "vérité" comme la réalité elle-même,
mais seulement comme sa "manifestation". Ce qui traduit la "réalité"
d'un phénomène, ce sont ses conséquences perceptibles. La vérité d'un
processus est dans son caractère "actif', "effectif'. C'est l'idée véhiculée
par le soncept A. Je l'ai rendu par vérité, réalité, de fait, effectif.
Activation et action, puisque l'action est objectivement constatable.
Et cette transcription est proche de l'expression supplémentaire que ce
son véhicule, celle de la "validation active", de la "confirmation
exécutive", du "passage à l'acte", de la "vérification expérimentale".
Toutes actions de vérité dont l'importance est majeure. La notion de
''validation active", en fait "d'action vérificatrice ou probante" apparaît
presque exclusivement en fin de vocable, ou de segment. Une sorte de
"désinence" ou de "marque verbale", car le verbe est action, et l'action
est importante. Elle est aussi l'expression même du "passage à l'acte".
On verra, dans les dictionnaires, que j'ai employé tantôt l'une ou l'autre
formulation pour être aussi "compréhensible" que possible. L'idée
générale reste celle de la vérité et de la réalité. En fait, cette langue
procède par assemblage d'idées, et pour chaque idée nous aurons le choix
parmi plusieurs mots, du fait de la précision et de la richesse en nuances
de nos langues, héritages incontournables de leur rattachement à la
logique aristotélicienne.

J'ai donc retenu pour A: "vérité, action, effectivité".

Le phonème rendu par la lettre B ou la lettre V


Il faut observer que les Espagnols prononcent les deux lettres de la même
manière, ou d'une manière si proche qu'à la dictée on va trouver l' une ou
l'autre lettre. Dans un esprit constructif, de type ummite par exemple, on peut
se demander pourquoi subsistent ces deux lettres dans l'alphabet espagnol.
Il n'y a pas lieu à discussion pour ce son. Il exprime la "contribution",
c'est-à-dire l'apport d'un "prestataire" à au moins une destination. J'ai
étendu à participation et concours (comme apporter son ... ).

Donc Bou V valent pour "contribution, participation, concours".

362
Le phonème rendu par la lettre D

La majorité des rapports ont été rédigés en castillan (espagnol régional de


Madrid et de ses environs) et ont été très vraisemblablement dictés à un
Madrilène. En castillan, le D se prononce comme un 'th' anglais très
court et étouffé, surtout en fin de mot. On trouve d'ailleurs une indication
compatible (voir le chapitre phonétique). Ce qui fait que j'ai trouvé,
à quelques reprises, ce son transcrit par Z, par un dactylographe
hispanophone mais non madrilène. En fait Z = OS.
J'ai trouvé d'abord "apparence", avec l'idée de doute sur la réalité qui
est implicite du mot, dans nos langues. Cette transcription s'est assez
rapidement complétée des sens de "manifestation" au sens de "se mani-
fester par", et de "forme" qui est une formalisation autre qu'apparence et
qui porte moins le "doute". Il faut bien comprendre que pour I'Ummite,
il n'y a pas de doute! La "forme" n'est que l'expression perçue de la
"réalité", et il est sûr que cette perception est trompeuse. Le son D exprime,
pour la réalité dimensionnelle qui en est le "support", la panoplie de stimuli
de nos sens qui correspondent à l'image mentale, pour le récepteur.
En tant que manifestation, la forme peut quelquefois s'assimiler au
produit, au sens de production, ou au résultat.

Donc D vaut pour "manifestation, forme, et quelquefois apparence".

Le phonème rendu par la lettre E


L'idée première a été de lui attribuer la valeur de "image mentale" en tant
que "schéma ou image consciente" apparaissant à la suite d'un groupe de
stimuli sensoriels. J'ai été amené à la compléter de ses équivalents dans
notre langage que sont "perception" ou "sensation" et plus tard d"'idée",
puisqu'il s'agit d'une représentation mentale. L'idée fondamentale reste
qu'il s'agit du "résultat accessible à la conscience" de la sollicitation de
nos sens. Une image mentale de premier niveau. La conscience est un
processus de confrontation d'images mentales.

Donc E vaut pour "image mentale, perception, sensation, idée".

Le phonème rendu par la lettre G a été relativement long à préciser.


Je lui avais attribué une signification de type "angulaire", à cause de
GAA = carré (donné dans un texte) dans lequel je savais, à la suite du

363
travail antérieurement mené, que AA exprimait la "symétrie". Cela ne
correspondait pas bien avec GOODAA pour "l'état liquide de la matière".
La meilleure signification est "agencement, organisation". On pourrait
presque dire "architecture" au sens du constat d'organisation que l'on
peut reconstituer, de l'agencement, par exemple l'architecture d'une
molécule, c'est-à-dire l'organisation des atomes qui la constituent.
L'utilisation de ce concept est très présente dans les vocables disponibles,
et se rapporte à tout ce qui peut être "structuré".

Donc G vaut pour "organisation, agencement".

Le phonème rendu par la lettre 1


Le son 1 est précis et correspond pourtant à un certain nombre de
formulations dans nos langues. L'idée fondamentale est celle de l'altérité,
de la "non-identité", bien que cette formulation très claire pour nous, soit
inconcevable pour un Ummite.
Pourquoi? Eh bien, parce que deux réalités dimensionnelles ne peuvent être
identiques (d'après la théorie unitaire des IBOZOO UU). Le fait d'exister
les différencie donc déjà. Il n'est donc pas nécessaire d'inventer un procédé
dialectique, sémantique pour exprimer cette 'non identité' qui est implicite.
En plus, cette formulation est typiquement aristotélicienne, puisqu'elle
définit un concept par le "non", l'opposition. Et le langage ummite (dans
son formalisme fondamental) ne sait pas formuler la négation, puisqu'elle
est l'expression d'une logique (du tiers exclu) qu'il rejette. Et pourtant il
faut bien, non pas constater, mais exprimer cette "différence". Les mots que
j'ai trouvés voisins sont "autre", parce que par définition, et là je suis dans
la pensée ummite, l'autre est par essence différent puisque "non sujet". J'ai
recensé aussi "distinct" qui n'est qu'une façon différente de dire "autre", et
j'ai pris aussi "séparé" qui évoque une acception implicite de "distinct". On
trouvera quelquefois "indépendant", qui suppose la séparation.
La différence peut être aussi exprimée dans sa collectivité, et cela donne
le mot "varié" ou "variété" qui n'est qu'un assemblage de différences
ou de chose distinctes. Quelque chose comme l'expression plurielle des
différences. Notre mot "diversité" s'y rattache.
La différence peut être aussi le constat objectif du résultat d'une
comparaison dimensionnelle, et j'ai opté pour le mot "écart" qui ne prend
pas position sur la dimension de comparaison.
Enfin la différence peut être "absolue", poussée à l'extrême, et le plus
différent, c'est "l'opposé".

364
Le son 1 vaut donc pour "différent, autre, distinct, séparé, varié, et
beaucoup plus rarement écart, opposé".

Le phonème transcrit par la lettre K


Peu courant, il a rapidement trouvé sa signification. Il véhicule l'idée de
"mélange, de brassage et même de rapprochement".

Le phonème transcrit par la lettre L


Il a été beaucoup plus long à déterminer. Ce qui est intéressant dans le
son L, c'est l'idée de franchissement, de rupture complétée de l'idée de
différence, mais dans la continuité. Au moins dans le domaine physique.
Quand, au niveau d'un IBOZOO UU, une impulsion gravitationnelle
correspondant à un univers U 1, se convertit en impulsion ou autre
manifestation du même IBOZOO UU ou d'un autre dans un univers U2,
il y a "transition, passage", par effet "frontière", dont le nom commence
par 'L' [LEEIIYO].
Mais cette transition, ce passage à travers une discontinuité implique
une conversion, une équivalence (d'une réalité dans un univers avec
une autre, dans l'autre univers), ou encore une transposition, une
correspondance.

Le son L vaut pour "équivalence, correspondance, transposition".

Le phonème transcrit par la lettre M


Il n'a pas été très difficile à transcrire. Il exprime l'union, la réunion, la
juxtaposition avec 'fixation', la juxtaposition "fusionnelle", mais de type
"par paire". Le caractère d'union exprimé par M est de type structurel,
et beaucoup plus fort qu'un simple "lien" qui sera exprimé par 'DU'. M
exprime aussi la relation.

Le son M vaut pour "relation, association, juxtaposition, réunion,


couplage, appariement".

Le phonème transcrit par la lettre N


Il fait partie du groupe des sons à transcription simple. Il évoque le "flux,
le transfert, le rayonnement". Ce flux peut être matériel, avec transport ou

365
déplacement de matière, ou immatériel, mais dimensionnel comme dans
UULNTI, où le "flux" en question est un "rayonnement" optique. Les
informations qui ne peuvent être "transportées" que par un support
dimensionnel, sont l'objet d'un "flux" exprimé par N. Il en est de même
pour l'influx nerveux.
Mais attention, ce flux ou transfert ne correspond a priori pas à un
"transport" comme nos concepts peuvent l'imaginer avec un "véhicule".
On trouvera à l'occasion du vocable UEWA, qui désigne les moyens de
transport, une discussion à ce sujet. Vraies différences de culture.

Le son N vaut pour "flux, transfert, rayonnement".

Le phonème transcrit par la lettre 0


Il n'a pas été simple à maîtriser. La première transcription, obtenue assez
rapidement, par "entité", au sens d'être vivant s'est assez vite montrée
insuffisante. Le son 0 ne désigne pas que le vivant, il désigne toute forme
de réalité dimensionnelle, y compris la plus élémentaire, c'est-à-dire
I'IBOZOO UU. C'est d'ailleurs pourquoi on retrouve trois fois le son 0
dans sa désignation.
Un bref rappel des conceptions ummites éclairera la notion. Pour
les auteurs des documents, l'univers est constitué d' entités dimen-
sionnelles de toutes tailles, de la nébuleuse à l'atome en passant par
la planète, l'homme et la cellule par exemple. Toutes ces "réalités
dimensionnelles" sont construites à partir de cette brique élémentaire
qu'est l'IBOZOO UU, qui est immatérielle, mais dimensionnelle. Aussi
compliquées soient-elles, les réalités dimensionnelles sont néanmoins
exprimables par des équations et des variables (les fameuses dimen-
sions). Le reste de la vie, pour les humains et pas pour les autres êtres
vivants qui n'ont pas d"'âme", fait intervenir des sentiments ou des
émotions qui ne sont pas dimensionnels (exprimables par des équations).
Une difficulté vient de ce que nous utilisons le même verbe 'exister'
pour exprimer ces "réalités" différentes. Les Ummites ont une variété
d'expressions distinctes pour exprimer ces "existences" (voir la logique
tétravalente).
Par suite, on pourra exprimer un équivalent de 0 par "truc, machin,
bidule, chose, existence, entité, être, créature, composant, constituant,
etc .. . " Il s'ensuit que j'ai mal cerné la transcription de ce son 0 jusqu'à
ce que je sois parvenu à clarifier les quatre principes de la logique
tétravalente.

366
Le son 0 vaut donc "entité, être, créature, existence, réalité dimen-
sionnelle, composant".

Le phonème transcrit par la lettre R


Il appartient à la catégorie des transcriptions qui ont semblé simples.
Le rendu par nos mots de "copie, clonage, duplication" paraissait
satisfaisant. C'est en approfondissant, de matière comparée, des expres-
sions comme AAR et RAA qu'une transcription plus appropriée est
apparue. L'idée véhiculée par ce son est celle de l'"imitation", de
la "simulation". En totale cohérence avec le constat sémantique
(voir chapitre suivant). La copie peut être, pour nous, un objet, en
contradiction avec le principe de la sémantique relative. Les idées de
clonage et de duplication incluent déjà, dans nos formulations, une idée
de symétrie, d'égalité avec l'original (rendue normalement par AA). Ce
qui les exclut du concept brut R.

Le son R vaut donc "imitation, simulation".

Le phonème transcrit par la lettre S


Le son S a une transcription assez ouverte. Comme il est apparu dans la lec-
ture de Xl et SI, les sons X (GS) et S qui se trouvaient déjà présentés comme
équivalents, portent la notion élémentaire de "tour, révolution". Pour tenir
compte de la tonalité très scientifique de bon nombre de textes, j'ai pris
le parti d'étendre à la notion de cycle, cyclicité, celle de ses qualifiants de
période ou fréquence. En effet un mouvement circulaire (la rotation en est
le symbole) se traduit, en projection sur une droite, par un mouvement
alternatif. J'ai donc pris aussi le mot "alternance". D'ailleurs, même dans
notre langue, ne dit-on pas "tour à tour", "à tour de rôle" ou "chacun son
tour" pour exprimer l'identité conceptuelle de l'alternance et du cycle? Je
remarque, de plus, que les fonctions "trigonométriques" (sinus, cosinus en
particulier) sont appelées "fonctions circulaires" en français.
A la notion de tour ou de cycle, est venue s'adjoindre celle de répétition
(qui est une forme cyclique) et quelques rares fois de "série" au sens
d'une longue répétition. Je précise que j'ai trouvé cette idée de répétition
exprimée aussi bien dans une série de cycles, que dans ce que nous
appelons la "ramification", à l'exemple des dents d'un râteau, qui sont
répétées x fois. Je l'ai rencontrée aussi dans l'idée de transmission
héréditaire, qui est la répétition d'un caractère au long des générations.

367
Le son S exprime "rond, cercle, tour, cycle, répétition, alternance,
série".

Le phonème transcrit par la lettre T


Il fait partie des sons à transcription simple: c'est l'idée de "devenir", ou
encore l'évocation du constat séquentiel et comparé des états consécutifs
d'une réalité dimensionnelle. Nous dirions "en regard de l'écoulement du
temps".

Le sonT vaut pour "devenir, évolution".

Le phonème transcrit par la lettre U


Correspondant à la transcription espagnole (prononciation 'ou' en
français), c'est aussi un son à signification simple et directe. Il exprime
tout à la fois l'idée de "dépendance", c'est-à-dire de "non-autonomie",
comme nous le formulons, et celle d'influence qui est son ' pendant' . On
pourra souvent le rendre par "soumis" pour les individus ou les
phénomènes. Comme la pensée est fonctionnelle, on trouvera l'assimi-
lation de "soumis" ou de "dépendance" à celle des conditions associées.
Une des expressions favorites des Ummites est " ... chef auquel nous
sommes soumis". Il faut bien comprendre que dans la logique ummite,
celui qui est sous influence est aussi sous dépendance. Notre mot
"dépendance" est plus fort.

Le son U vaut pour "dépendance, soumission, condition, influence".

Le phonème transcrit par la lettre W


Le son W est certainement le son dont les transcriptions sont les plus
déroutantes, et traduisent la plus grande différence avec les idées
véhiculées par ce que Russell a baptisé nos "mots-objets". Ce son est
presque omniprésent dans la langue ummite. D'une certaine façon,
c'est normal, puisqu'il véhicule le concept qui est l'expression la plus
achevée du développement, c'est-à-dire " l'information". Non pas au sens
médiatique, mais au sens néguentropique.
Pour bien comprendre l'idée véhiculée par ce son, je vous propose une
petite expérience de pensée. Imaginons un enfant en très jeune âge qui,
pour les besoins de notre exemple, vit en permanence, depuis sa

368
naissance, dans une chambre d'un bleu uniforme, et tout ce qui lui est
extérieur est bleu, du même bleu. Cet enfant reconnaît un environnement
sans discontinuité, sans rupture, 'monotone' puisque le mot semble très
adapté. Il ne sait pas que c'est bleu puisqu'il n'a pas d'élément de
comparaison, de différenciation. Il ne sait pas ce qu'est une couleur, et
nous serions bien en mal de le lui expliquer en restant dans son environ-
nement et sans faire appel à son imagination. Dit autrement: en matière
de couleur, base de notre exemple, son niveau informationnel est nul.
Si maintenant nous introduisons dans son champ de vision un objet jaune,
l'apparition de cette couleur différente, associée à une réalité différente
(l'objet) va nous permettre de lui apprendre à nommer ces deux couleurs,
à s'en construire une représentation mentale. En matière de couleur, son
niveau informationnel aura progressé. L'introduction de cette autre
couleur, constitue une nouveauté, une variation, un changement de son
environnement et elle a, par son existence différentielle (un événement),
je veux dire par la différence que son existence introduit, un contenu
informatif.
Cette analyse est parfaitement justifiée, mais nos "mots-objets" ne
véhiculent pas implicitement ces concepts. Cet exemple nous a ainsi
permis de comprendre pourquoi les Ummites attribuent toutes ces idées,
finalement très cohérentes, au seul son W.
Une remarque intéressante: le phonème W, est prononcé, en espagnol, à
la manière anglo-saxonne, c'est-à-dire avec un son "évolutif' et non pas
"tranché" ou "franc" comme un E ou K. Il est prononcé "oue" ou "ouw"
qui porte, dans la prononciation elle-même une "variation", puisque la fin
sonore du phonème n'est pas identique à son début. Je suis tenté d'y voir
une "allusion figurative sonore" évoquant le concept véhiculé. Une sorte
d'idéophonémie figurative. Je ferai la même remarque à propos du
doublement pour la "symétrie", "l'égalité", "la continuité".
L'idée du W est très souvent évoquée, spécialement à l' occasion des
IBOZOO UU. Ceux-ci sont décrits, dans une présentation imagée, comme
des poignées (au sens de ce que l'on peut tenir dans sa main) de flèches.
L'idée de mouvement permanent de ces flèches (oscillations de faible am-
plitude, pour chacune) est donnée par une comparaison avec des libellules,
insectes qui ont effectivement plusieurs ailes en mouvement permanent.
Ces oscillations de faible amplitude sont des "variations" angulaires
permanentes, et en tant que telles véhiculent de "l'information" élémentaire
(principalement la différentielle d'information dimensionnelle sur
chaque axe), dont le temps en particulier. Voilà pourquoi les Ummites
appellent ces "axes" OAWOO (voir le vocable).

369
Le son W vaut pour "variation, changement, événement, nouveauté,
information, modification".

Le phonème transcrit par la lettre Y


La lettre Y correspond, en espagnol, à la transcription d'un 1 long et
légèrement 'mouillé' comme le 'ill' dans 'famille' en français. Il ne doit
pas être confondu avec le Il dans lequel en principe les deux 1 sont
franchement prononcés. Il est tout de même arrivé quelquefois que le son
Y ait été transcrit par II. Je ne crois pas avoir rencontré l'inverse.
J'ai trouvé comme transcription "paquet, ensemble, groupe". Cette lettre
désigne aussi bien le rassemblement que la "forme" que ce rassemblement
peut prendre. Un peu comme si nous disions un "sac". Il y a dans Y une
notion d'occupation tridimensionnelle, pour le volume et en même temps
une idée de groupement et de rondeur, de courbe et de "non structure",
en opposition à G. C'est pourquoi le mot "paquet", bien que familier ou
trivial, est celui qui représente le mieux l' idée, à mes yeux. Tout volume
courbe fait intervenir Y, qu'il s'agisse de sphère ou sphéroïde ou de
tuyau: YAA, dans lequel AA indique la symétrie, le caractère "régulier"
du volume et sa stabilité. Et quand les Ummites nous parlent de
réservoirs YAA, nous pouvons nous les représenter sphériques ou
cylindriques. Certainement pas anguleux. YAA sert aussi à désigner
l'encéphale, la tête. Ne nous arrive-t-il pas d'évoquer que nous perdons
"la boule", pour la tête?
On trouve aussi Y dans la description des groupes humains en société:
YU ou YUYI, au titre du regroupement, de !"'ensemble", et naturel-
lement des sous-ensembles.

Le son Y vaut pour "ensemble, groupe, paquet, volume".

Le doublement d'un phonème


Bien que n'étant pas un phonème à proprement parler, ce procédé
"sonore" s'y rattache parfaitement, puisqu'il exprime une idée fonction-
nelle élémentaire. Le doublement d'un phonème, d'un son, ou d'une
lettre si on raisonne en transcription terrienne écrite, est porteur de l'idée
d'égalité mais je précise que ce doublement est parfois mal discernable,
la séparation des sons n'étant pas nette, si bien que lorsque le transcrip-
teur est francophone, il nous rend compte de ce double son par l'utilisation
de l'accent circonflexe. Il écrit Oyagâ pour la Terre. Le dactylographe

370
espagnol qui, lui, ne pratique pas l'accent circonflexe pour prolonger un
son, transcrit cette longueur par Oyagaa.
L'indication du doublement voulu du son est idéalement donnée par la
transcription ROHO pour un segment rendu dans d'autres documents
par ROO. Comme on l'a vu dans le chapitre "Comment j'ai trouvé",
j'ai d'abord attribué la signification de symétrie à ce doublement. En
fait, l'idée première est celle de l'égalité et de l'égalisation. L'idée
d'égalité vient s'ajouter, idéalement sur un plan sonore ou phonétique,
à celle du son émis. Exemple A = effectif, AA = effectivement égal ou
également effectif. On comprendra la notion d'égalité ou d'égalisation,
en prenant le cas des liquides DAA. Le segment AA exprime l'égalité
effective, vérifiable, active: vous rajoutez du liquide, il se met
"effectivement égal". Il n'y a pas de différence, et toute différence est
comblée. C'est pourquoi on pourra rencontrer des équivalences par
"nivellement", "indifférence", "platitude", "sans relief', "sans
perturbation".
D'autre part l'égalité suppose deux termes. Qui sont forcément
comparables (logique), ce qui conduit à "symétrie, égalité, équilibre,
équité" et quelquefois "mutualité, réciprocité". Dans cet esprit
d'égalité on trouvera l'expression de la réponse "dosée", toujours à
égalité, et qui correspond à la continuité d'une action d'asservissement,
par exemple. L'égalité peut être l'expression d'une considération dans
le temps et pour un seul objet, en comparaison avec lui-même. On
débouche alors sur les idées de "continuité", "stabilité", "constance",
"permanence".
Bien évidemment, cette idée d'égalité, de continuité, etc. s'accommode à
tous les phonèmes: WW = information continue, 00 = composants en
équilibre ou composant stable, etc . ..
Je n'ai rencontré que deux combinaisons (EE et Il) qui peuvent véhiculer
une signification différente (voir plus loin).
Il est intéressant de constater toute la symbolique, éminemment pragma-
tique, représentée par cet artifice "phonétique". Le doublement constitue
une juxtaposition, ici sonore, qui se prête parfaitement à la prise en
compte d'un "objet" double, comme symétrique. L'absence de son
intermédiaire entre les deux émissions facilite le rapprochement
conceptuel porteur de la "réciprocité", de la "mutualité", de "l'égalité" ou
simplement de la "symétrie". La prolongation du son est aussi un
symbole possible de la continuité ou de la stabilité. Et notre système écrit
de transcription "latin" ne fait qu'ajouter à la force de l'évocation, mais
ce n'est bien sûr qu'un pur hasard.

371
J'ai ainsi recensé dix-sept phonèmes et le doublement que j'assimile
à ceux-ci comme signifiants élémentaires de ce si curieux système
linguistique. A titre d'illustration de sa capacité évocatrice, je propose
d'examiner quelques "segments" simples, et assez courants dans les
documents disponibles.

Quelques combinaisons courantes (par ordre alphabétique)


Attention, je donne ci-dessous la lecture spécifique possible et constatée
de plusieurs groupes de soncepts, que j'ai baptisés par ailleurs
"segments" et que les linguistes appellent "sub-mots", dans la conception
de nos sémantiques. Cela ne veut pas dire que la lecture doit toujours être
faite selon cette architecture. Compte tenu du caractère relationnel de
construction des vocables, ou assemblages descriptifs, une lecture
différente est toujours possible.

AA Ce couple de sons, qui se lirait en langage brut "effectivité- effec-


tivité", peut exprimer toutes les combinaisons que le doublement
autorise: "effectivement égal, réellement équitable, effectivement stable,
réellement continu, en vraie symétrie". Voir le doublement pour plus de
précisions.

AE J'ai retenu cet autre couple de sons, pour la double formulation qu'il
autorise. Sa lecture brute donne "validation active, vérité, conformation
exécutive (A) image mentale, perception, sensation (E)". La lecture de
"confirmation exécutive et image mentale" conduit à l'expression de la
"décision". L'état mental du passage à l'acte. La lecture de "vérité et
image mentale" est utilisée par les Ummites pour désigner la validation
pratique par le sujet, sa "vérification" d'une image mentale présentée
par "l'esprit collectif'. Ou par son propre processus de réflexion. Qui
débouche sur une décision.

BAA Ce segment est fréquent et témoin de l'approche originale montrée


par cette culture. La lecture directe donne "contribution, participation (B)
équilibre effectif, continuité réelle, vraie stabilité (AA)". La richesse de
notre expression verbale, grâce à la complexité syntaxique, nous fait
envisager deux lectures distinctes de ce segment. Les contributions
peuvent être équilibrées ou harmonieuses, comme "à chacun selon sa
peine" ou "chacun selon ses moyens". Elles peuvent être aussi des
contributions à l'équilibre ou à l'harmonie. C'est-à-dire des apports qui

372
ont pour objectif, finalité, le maintien d'un équilibre. On va trouver sous
cette approche l'expression de la vie et de la néguentropie, caractérisées
par une "réactivité d'organisation", ou un accroissement d'information.
Les Ummites définissent le vivant comme capable de maintenir son
équilibre (interne ou vis-à-vis du milieu extérieur) face aux "agressions"
de l'évolution, ce qui est par définition l'expression d'un développement
"équilibré". On retrouvera donc le segment BAA pour exprimer "vivant"
et dans des vocables sous-entendant la vie. On le trouvera aussi dans
la participation à la régulation (nivellement), en particulier le réseau
d'ordinateurs AYUBAA.

BU Un bref rappel de la conception ummite de l'univers permettra


une compréhension facile de ce segment. Tous les phénomènes
dimensionnels (descriptibles par la dynamique mathématique des
équations) sont dépendants (les uns des autres) ou sous influence. C'est
la 4ème proposition de la logique tétravalente. La règle des variations
étant celle exprimée par le nom même de l'Univers: l'équilibre en
couplage AAM. Dans cet ensemble, chaque phénomène est dépendant et
contribue, par son existence même, à la dépendance des autres. C'est ce
qu'exprime le segment BU, par la contribution (B) [de] dépendance (U)
ou de soumission. Nous dirions le devoir. Ce segment évoque le plus
souvent l'influence "subie" de l'extérieur par le sujet, celle de son
environnement. Ou la contribution des êtres à l'esprit collectif.

DD Manifestation, forme (D) en symétrie, en équilibre, à égalité, en


équité, en continuité, en stabilité (D). Nous le rendrons par "forme
permanente" ou "manifestation continue". Ce pourra aussi être une
"réponse" asservie: la manifestation d'un contentement à égalité, en
symétrie à des "sucreries".

Dl Ce segment n'a pas de signification spéciale. Il évoque simplement la


variété des occurrences d'un phénomène ou d'une réalité dimensionnelle. On
le rencontre souvent dans la partie "métaphysique", ou dans la logique tétra-
valente. On peut aussi bien le lire par "les manifestations diverses" ou la "va-
riété des formes". Ce que nous formulons le plus souvent par "tout ce qui..."
avec beaucoup moins de précision descriptive ou évocatrice, et une expression
de logique aristotélicienne, car "tout ce qui ... " exprime une exhaustivité
restrictive. Alors que la formulation ummite "manifestations diverses" est
ouverte, même à des formes éventuellement non encore connues. Ce n'est pas
péremptoire et dominateur, comme !"'impérialisme" de notre formulation!

373
DOO Ce segment évoque le plus souvent la "mémoire", ou la "mémori-
sation" en tant que faculté ou procédé de conservation d'informations. Le
concept de mémorisation évoque une manifestation (D) (la restitution) et
un "objet" ou un "sujet" (0) dont la mémoire assure la continuité (0). La
mémoire est pour les Ummites "la manifestation de continuité des êtres".

DU Ce segment se lit, à l'état brut, par "manifestation, forme (D) et


dépendance (U)". C'est ce que nous formulons par "lien, liaison" et tout
ce qui "attache". C'est pourquoi on retrouve ce segment dans DUII,
qui désigne la couronne, la "ceinture" qui entoure les nefs: DU = lien et
II = enveloppe, limite, DUII = lien qui limite, qui enveloppe = ceinture
ou couronne. On voit bien que la désignation ummite est purement
fonctionnelle alors que nous manipulons des "mots-objets" et on sent
qu'elle est beaucoup plus générale et pourrait qualifier tout autre chose,
comme des remparts d'une ville, même s'ils n'étaient pas ronds!

DUU Ce segment est très intéressant, car il fait référence à une dési-
gnation qui nous est inhabituelle. Nous qualifions la découverte de
Newton de "gravitation universelle" et les Ummites sont d'accord avec
nous sur le concept, pas sur l'interprétation newtonienne. Elle se mani-
feste par une attraction mutuelle ou réciproque, universelle, c' est-à-dire
qui s'applique à tout corps et que nous ne pouvons y échapper. C'est
le sens porté par "dépendance mutuelle ou réciproque (UU)". Cette
dépendance est un état, un potentiel. L'attraction elle-même en est la
manifestation, l'apparence, la forme (D). Cette manifestation de
dépendance mutuelle, c'est l'attraction universelle, ou plus couramment
la "gravitation". On observera l'homogénéité des "variantes" de nos
langues, car la gravitation est aussi l'expression d'une dépendance
"continue" ou "permanente".

EE Nous avons ici les idées de l'image mentale (E) d'une part et l'idée
de mutualité, de réciprocité, de symétrie par le doublement. Un peu
comme une "image mentale d'image mentale". Ce que nous exprimons
par la "réflexion", qui inclut bien l'idée de symétrie, de réciprocité du
processus mental. Ce peut être aussi la représentation mentale d'une
perception ou d'une sensation, l'idée que l'on s'en fait. Cette repré-
sentation mentale est une abstraction, c'est l'équivalent d' un code qui
remplace la "réalité" qu'il désigne. On trouvera aussi ce segment pour
exprimer la "codification", c'est-à-dire la représentation abstraite d'une
réalité ou la "modélisation" et le concept d'abstraction lui-même. Les

374
patrons, les plans, qui sont aussi une substitution codifiée de la réalité, ou
d'une future réalité, sont aussi désignés par le segment EE. On peut
aussi lire "image mentale (E) en continuité (E)". Or la continuation, la
prolongation est obtenue par l'enregistrement. Tout est homogène, car
l'enregistrement (essentiellement informatique) passe par une codification.
Les "engrammes" sont aussi des enregistrements dans notre cerveau.

El Ce segment, et aussi vocable, se lit "image mentale, perception,


sensation (E) différent, autre, distinct (1)", c'est-à-dire "image mentale
différente" (voir le chapitre "Comment j'ai trouvé"). En réalité ce
segment exprime notre équivalent "chaleur".

EW Ce segment est construit sur "l'image mentale (E)" et le "change-


ment, la variation, la nouveauté (W)". On le trouvera aussi bien dans la
perception de la nouveauté, sa prise de conscience que dans l'évocation
du futur en tant que représentation mentale d'une nouveauté, c'est-à-dire
un "projet".

EWA Ce segment évoque "la perception (E) du changement (W)


effectif (A)". Le changement est perçu dans sa vérité. Ce segment
désigne la "conversion", la "transformation".

GOO Ce segment est très répandu. Sa compréhension m'a bien aidé


dans la progression. Les idées brutes constitutives sont "organisation,
agencement (G)" et "créatures, réalités dimensionnelles, composants
(0)" en "symétrie, égalité, réciprocité, continuité, stabilité (0)". Ce
segment désigne le constat "d'équilibre stable" des composants, quel que
puisse être le système considéré. A commencer par ce que nous appelons
l'état de la matière, et que les Ummites désignent non pas comme un état,
mais une organisation ou un stade d'organisation de ses constituants.
Ce segment peut tout aussi bien désigner le constat des relations entre
objets, créatures, ou êtres comme celles qui sont implicites du concept
d'ontologie.

GUU Nous avons ici l'évocation de "l'agencement (G) en dépendance


(U) égale, mutuelle, réciproque, continue ou stable (U)". C'est-à-dire non
plus un constat, comme évoqué par GOO, mais l'expression d'une
dynamique portée par les idées d'influence et de continuité de la dépen-
dance. Je propose l'équivalent "système cybernétique" ou "organisation
à dépendance égale ou continue" avec l'idée de communauté. La réponse

375
physiologique de notre organisme le fait apparaître comme un GUU,
c'est-à-dire un "système soumis à des dépendances, des contraintes
permanentes".

lA Ce segment exprime "différent, autre, distinct, séparé, varié (1) vérité,


action effectivité (A)", c'est-à-dire "effectivement différent" ou "séparé-
ment actif' ou "actif dans la différence". C'est le propre de ce que nous
appelons un "organe", dans sa définition générale. Il a une ou plusieurs
fonctions qui le différencient des autres, sinon il ne serait pas nommé.

lAA Dans ce segment, le groupe AA exprime, du fait du doublement, la


symétrie réelle, l'équilibre effectif, l'égalité, l'équité, la réciprocité dans
l'action ou l'effectivité. Le soncept 1 ajoute l'idée de différence, d'altérité
ou de variété. Le segment lAA désigne une différence et un équilibre
effectif, c'est-à-dire soit un "déséquilibre", une inégalité, un écart dans
l'équilibre effectif, ou une discontinuité.

IBO Ce segment qui est souvent associé à une indication comme


"point", contient trois soncepts. L'idée de différence ou de variété (1),
au sens de différence dans la collectivité. L'idée de contribution (B).
Et l'idée de "réalité dimensionnelle" (0), ici la plus élémentaire. Le seg-
ment IBO exprime "réalité dimensionnelle, être à contribution distincte".
Il faut comprendre que la contribution ou la participation est à un réseau,
quel qu'il soit. L'Univers compris. Et ce qui permet de définir un point,
c'est sa "différence" avec son voisin: elle peut être dimensionnelle au
plus petit niveau, mais aussi de tout ordre. La définition est fonctionnelle.

lE J'ai retenu ce segment à la fois pour l'idée de différence (1) de


séparation et pour ce qu'il suppose de la vision ummite de l'Univers.
Pour les auteurs de ces documents et selon ce qui transparaît dans la
langue, nos sens nous renseignent (mal, mais c'est ainsi!) sur notre
environnement en faisant surgir dans notre espace cérébral conscient des
"images mentales" (E). Nos sens réagissent à des stimuli qui sont d'ordre
dimensionnel, "mesurable" en quelque sorte, et ces images mentales ont
donc une source "dimensionnelle". Ces images mentales s'accompagnent
d'autres (1) qui leur sont associées, ce sont des sentiments ou des
émotions: la colère, la peur, l'étonnement, etc ... Ces images mentales,
dont la source n'est pas directement dimensionnelle, sont appelées
"autres ou séparées (1) images mentales (E)" par opposition aux images
mentales "natives, primordiales, dimensionnelles". Par extension, on

376
retrouvera ce segment dans la désignation de ce qui n'a pas de "réalité"
dimensionnelle, comme les impossibilités, les "non-réalités", déclarées
d'ordre "sentimental" ou "émotif'. Il faut bien comprendre qu'aucune
image mentale, aucun stimulus sensoriel n'est purement dimensionnel.
Notre organisme perçoit deux images mentales simultanées: l'image de
base, directement sensorielle (E) et une image d'accompagnement,
séparée, différente (lE), correspondant à l'environnement émotionnel de
la première. Ce que nous ne cessons d'exprimer du genre "j'ai touché
avec dégoût, j'ai entendu avec joie, j'ai vu avec tristesse, etc ... "
C'est ainsi que lE se transcrit par "émotion, sentiment".

lEE De la même façon que les émotions, les sentiments sont désignés
par "autres (1) perceptions (E)", on trouve lEE pour "autres (1) modèles,
habitudes, patterns, codes (EE)", c'est-à-dire "des modèles ou des
patterns émotionnels".

II Ce son double, qui se lit en direct "différence (1) mutuelle, réci-


proque, continue, permanente (1)", est intéressant car il constitue une
autre illustration de l'expression de la "symétrie" par la juxtaposition
sonore. J'ai trouvé sa signification par recomposition et non par déduc-
tion des textes. Ce segment exprime une symétrie à base de différences.
En principe pas possible, selon nos expressions, puisque la symétrie
traduit une forme d' égalité, incompatible avec l'idée de différence. Et la
seule solution logique à cette expression, c'est le concept de "frontière".
La symétrie, qui est un concept logique, et non une réalité mathématique,
est portée par l'évocation "de part et d'autre" de la frontière. De plus, une
frontière (au sens ummite) est permanente, parce que structurelle.
Je précise, en prenant l'exemple de la frontière entre la France (F) et la
Suisse (S). Nous faisons une première constatation, (F) est différent de
(S). C'est une différence. "Symétriquement", "de la même manière",
nous constatons que (S) est différent de (F). En n'oubliant pas que cette
langue se déclare indépendante de toute logique extérieure, ce qui la
conduit à la nécessité du double constat. Nous avons donc bien deux
différences qui sont "symétriques", ou encore ces différences sont
"mutuelles". Et ce double constat n' est possible qu'à travers une
frontière, une limite, une séparation. La frontière, la limite sont des
substantifs attachés plutôt à une géométrie plane. Les concepts ummites
sont universels. J'ai donc rajouté le mot "enveloppe", qui traduit la
frontière en termes de nos perceptions tridimensionnelles. L'idée de
limitation est aussi applicable au domaine des idées, et on trouvera que

377
II évoque aussi les caractères "restreint", "localisé", parce que limité,
délimité, donc isolé. L'extension de cette notion d'isolement est couram-
ment pratiquée par les Ummites qui s'en servent pour exprimer l'état de
tout ce qui est limité ou propre à la planète. Une sorte de "confinement
planétaire" dans l'infini cosmique.

IUU On a vu, un peu plus haut, que UU pouvait exprimer l'attraction


gravitationnelle, en tant que "dépendance mutuelle ou réciproque". Il
existe une autre forme d'attraction, qui donne la même sensation: celle
d'un champ de forces non gravitationnelles. Pour les Ummites, qui
n'évoquent pas le champ électrique, le seul champ de forces qui ne soit
pas directement gravitationnel, c'est un champ magnétique. Voilà
pourquoi le "champ magnétique" est dit "autre dépendance réciproque"
ou "autre soumission mutualisée", c'est-à-dire IUU. Il faut en effet que
l'objet soit lui-même réactif au champ. Il est vraisemblable que cette
appellation recouvre en plus une réalité structurelle au niveau des ondes
gravitationnelles et des IBOZOO UU.

LAA Ce segment, assez peu courant, exprime "équivalence, correspon-


dance (L) symétrie réelle, équilibre effectif, continuité réelle, stabilité
effective (AA)", et on le rencontre pour évoquer "une théorie". Une
théorie est faite pour expliquer, rendre compte d'un état d'équilibre
global (AA). L'explication donnée n'est pas le fait lui-même, mais
seulement une équivalence (L) en général explicative, fonctionnelle.
C'est aussi "une somme de correspondances (L) qui forment un tout
réellement (A) équilibré (A)". Les Ummites disent "des équivalences en
équilibre effectif' [ce qui suppose que la théorie a été vérifiée (effectif!)].

NN Ce segment véhicule les idées de "flux, transfert, rayonnement (N)


en symétrie, à égalité, en réciprocité, en continuité ou en stabilité (N)".
On trouvera le plus souvent "transferts à égalité ou en symétrie", que
nous appelons des "échanges".

NOl Ce segment exprime les idées de "flux, transfert (N) entité,


existence, créature (0) différence, autre, séparé (1)", c'est-à-dire de
transfert à des créatures différentes. Ce que nous exprimons par nos mots
"message", "messager", et tous les mots équivalents.

OA Ce segment apparaît très souvent, et ce n'est pas surprenant, car il


fait référence à un principe fondamental de la pensée ummite. Toute

378
"réalité dimensionnelle" est constituée à partir de l'interaction de trains
d'ondes gravitationnelles avec le "tissu" spatial universel que sont les
IBOZOO UU. Leur combinaison en constitue la trame, le fondement, ce
que les Ummites appellent à de nombreuses reprises "l'ourdissage", et
que nous pourrions aussi appeler le "canevas". On vérifie la cohérence de
la pensée fonctionnelle: le segment exprime "créature, être (0) vérité,
action, effectivité (A)". Ce qui fait la "vérité" de l'être, sa "réalité", son
effectivité, c'est son canevas, sa trame. Ce sont les raisons pour
lesquelles j'ai très souvent transcrit OA par "sous-jacent, ourdissage,
trame ou substrat, canevas, base, fondement".

00 Ce segment est certainement le plus courant, avec AA. Il exprime


"entité, existence, être, créature, composant (0) en symétrie, à égalité, en
équilibre, en continuité, en stabilité (0)". On trouvera le plus souvent
"des composants en équilibre" ou "des composants stables, constants,
permanents", comme dans un lac. L'égalité des composants peut
exprimer leur participation "égale" dans l'univers et ce sera le cas des
IBOZOO UU: l'égalité exprime ici l'appartenance à un même univers
(partage de la différentielle commune). On peut aussi rencontrer une
population, ou l'expression d'une collectivité dont les membres sont
supposés égaux.

001 Ce segment est intéressant, car il éclaire un peu la structure des


descriptions. Le segment 00 exprime l'équilibre entre les êtres ou les
créatures (0) (voir plus haut). Le soncept 1 apporte l'idée de différence
ou d'altérité. La transcription brute donne "égalité entre créatures et
différence". C'est l'idée de "l'individualisation", de la "personnalisation"
qui sont l'expression de discontinuités, de différences, de distinctions
dans l'équité entre les créatures.

SAA Ce segment exprime "rond, cercle, tour, cycle (S) équilibre


effectif, égalité réelle, effectivement continu, vraiment plat (AA)", c'est-
à-dire "un rond plat". Ce que nous rendons par "spot" ou zone, endroit,
surface, terrain, emplacement, etc ...

UA On a ici un autre exemple de la combinaison de concepts relation-


nels pour exprimer une réalité, non pas en tant que telle, mais dans ses
implications. La lecture de UA se fait par "dépendance (U) vérité, action,
effectivité (A)", c'est-à-dire que ce segment exprime la réalité effective,
active de la dépendance ou encore la soumission réelle. Or par quoi se

379
manifeste une dépendance effective? Par quelque chose de vécu comme
une contrainte, un incontournable, une nécessité, une obligation.
J'ai donc transcrit le plus souvent UA par obligation ou nécessité.
On comprend alors pourquoi la "loi morale" qui s'exerce universellement
sur I'Ummite est désignée par UAA, car c'est la confirmation exécutive
(A) des obligations (UA), autrement dit: ce qui s'impose effectivement et
avec force!

UE Ce segment exprime "la dépendance (U) et l'image mentale, la


perception, la sensation (E)", c'est-à-dire "[ce qui est associé] à l'image
mentale de dépendance". Nous sommes en pleine pensée fonctionnelle.
De quoi peut-on se percevoir dépendant? De quelque chose dont on a
besoin, qui est nécessaire comme un outil, et plus généralement un
"moyen".

UI Ce segment exprime la dépendance (U) et l'altérité, la différence (1),


ou encore le plus souvent la "dépendance de la différence". Or nous
avons un groupe d'idées pour qualifier ce qui dépend de nos différences,
c'est notre "spécificité". L'idée de ce segment c'est la singularité, la
spécificité, ce qui caractérise ou particularise, avec des mots comme
"spécial" ou "spécialisé", particulier, singulier.

un J'ai choisi ce segment qui est aussi un vocable, pour la différence


de formulation et de logique qu'il implique. En effet, sa lecture donne
"dépendance (U) et limite, frontière (II)". Là, c'est le contexte qui m'a
aidé à trouver et le résultat est intéressant: qu'est-ce qui est dépendant
d'une limite? Au sens de l'enveloppement, n'oublions pas? Eh bien! c'est
"l'intérieur". Notre formulation a complètement occulté les bases
fonctionnelles de cette définition. Pour nous, intérieur et extérieur
impliquent une frontière, une limite et c'est tout. Pas directement la
dépendance. De plus, nous retrouvons ici la nécessité de notre logique
aristotélicienne: il y a un "mot-objet" pour l'intérieur et un autre pour
"non-intérieur", que nous formulons par "extérieur", plus "symétrique"
et plus facile.
Les Ummites sont attachés à l'économie logique et verbale et la notion
d'intérieur est la seule intéressante. Ils désignent donc l'intérieur par
"dépendant d'une limite, d'une enveloppe". Ce que nous appelons
l'extérieur c' est tout le reste, qui n'a donc pas lieu d'être défini (voir les
travaux de Russell sur le concept de "tout"). On va naturellement retrou-
ver ce segment pour tout ce qui répond à cette désignation fonctionnelle

380
ou relationnelle: autant l'intérieur, interne que l'internat. Et aussi tout ce
qui se rapporte aux contenus.

UR Ce segment exprime les idées de dépendance (U) et d'imitation


(R). L'imitation est une volonté de reproduire, de donner une image
conforme. Ce qui donne une image conforme en manifestant de la
dépendance, c'est "l'empreinte", la "trace". Elles sont en effet un reflet
de la réalité, la dépendance étant implicite de notre mot.

US J'ai retenu ce segment pour l'originalité de la formulation qu'il


représente. On le retrouve le plus souvent dans les descriptions techniques
et surtout dans un descriptif de l'espace. Si on considère les idées
véhiculées, on trouve "dépendance (U) et cyclicité, répétition ou alternance
(S)". En fait, comme on peut le vérifier dans les signifiants élémentaires, le
son S évoque l'idée de cycle ou d'onde, d'ondulation. Et le segment US
exprime le caractère dépendant des ondulations. Dépendant, mais de
quoi? Comme le contexte le suggère, il s'agit de la dépendance d'autres
ondulations, de la formulation d'une évolution conjointe. Un système
d'ondulations existe, et on le définit comme premier. Un autre existe que
l'on qualifie de deuxième, et on observe que les ondulations, les cycles ou
les ondes du premier se retrouvent dans le deuxième. On dit alors que le
deuxième système d'ondes est "à cyclicité dépendante" du premier. C'est
ce que nous transcrivons par le préfixe "iso" (du grec isos = égal) qui
exprime une évolution d'amplitude ou de fréquence comparable et
concomitante. C'est ainsi que l'on trouve ce préfixe dans les plissements
(ondulations) isodynamiques de l'espace, ou encore dans la définition du
référentiel local de l'espace, qui se doit d'être "iso-local".

UU On a vu ce groupe à propos de la dépendance, dans l'acception des


champs aussi bien de gravité (DUU) que magnétique (IUU). Il intervient
aussi dans les désignations "sociales" en mettant en relief le caractère
"mutuellement dépendant" des êtres conscients sur Ummo ou "continuel-
lement dépendants" des humains vis-à-vis de "l'esprit collectif'. L'idée
exprimée est celle d'interdépendance, de dépendance mutuelle que nous
allons trouver dans nos langues avec "socialisation", "coordination",
"asservissement", entre autres. Il est présent dans l'expression de la
"dépendance permanente" des enfants.

UUL J'ai retenu ce segment parce qu'il se détache un peu des indi-
cations générales ci-dessus et pour "1 'originalité" (exotique) de sa

381
construction. Ce segment évoque systématiquement les phénomènes
lumineux, le plus souvent en fréquences visibles, optiques. Or les idées
brutes exprimées, en première lecture, sont celles de "dépendance (U)
équilibre effectif, égalité réelle, continuité de fait, stabilité effective (U)"
et celle de "équivalence, correspondance (L)". J'ai mis très longtemps à
comprendre sa justification. C'est en reprenant les premiers travaux
d'Einstein sur la lumière et l'effet photoélectrique que l'explication m'est
apparue. Les électrons qui forment un nuage autour du noyau pour
constituer un atome, sont caractérisés par un niveau d'énergie qui est
propre à chacun, selon le principe d'exclusion de Pauli. Lorsqu'un
électron "change" de niveau énergétique (quelle qu'en soit la cause) vers
un niveau moins élevé, il libère la différence d'énergie sous forme d'un
photon dont la fréquence est caractéristique, entre autres, du changement.
De là les fameuses raies d'émission atomique du spectre de l' élément.
A l'inverse, lorsqu'un photon rencontre un électron, il est "absorbé" en
cédant son énergie à l'électron, qui voit ainsi son niveau énergétique
s'accroître. Cet électron se trouve alors dans un état "anormal" d'énergie
et, sauf sollicitation extérieure, il revient à son état énergétique "normal"
en expulsant un photon. C'est une des curiosités extraordinairement
originales de la langue ummite: elle assimile cette expulsion à la défé-
cation, en tant qu"'expulsion pour un retour à l'équilibre (IBO-AAYA)".
Le photon est le plus souvent émis dans le visible. La fréquence de l'onde
émise (ou absorbée) est d'ailleurs une caractéristique de la combinaison
"orbitale électronique - numéro atomique de l'élément". Cette émission
ou absorption correspond (L) à une soumission (U) à la stabilité (U,
doublement) de l'atome. En effet, si l'atome n'est pas "stable", l'électron
"sur-énergétique" reste en l'état et aucun photon n'est émis.

WE Ce segment exprime "variation, changement, événement, nou-


veauté, information (W) image mentale (E)", c'est-à-dire "perception de
changement" ou "idée de changement, de modification". C'est-à-dire
"transformation".

WUA Ce segment exprime "changement, variation, nouveauté, infor-


mation (W) obligation, nécessité (UA)" [voir plus hautj. Or, obliger des
changements, des nouveautés ou de variations, c'est "conduire", "pilo-
ter", "diriger". WUA pourra aussi être rendu par conduite ou pilotage. On
trouvera aussi WUA pour mathématiques, en tant qu"'informations (W)
de dépendance (U) effective (A)", c'est dire l'expression des lois de
dépendance. Forcément les équations des modèles dimensionnels.

382
WUAA Ce segment exprime "changement, vanatton, événement,
nouveauté, information (W) dépendance (U) vérité, action, effectivité
(A) en symétrie, à égalité, en équilibre, en continuité, stabilité (A)". Or
les changements en dépendance équilibrée, c'est-à-dire adaptés ou
ajustés, ou encore proportionnels, c'est le propre de "l'asservissement",
du "pilotage automatique". Il suppose des variations, mais en "équilibre
effectif ou à effectivité continue".

XA Ce segment apparaît souvent, principalement à l'occasion de


l'évocation des ordinateurs ou plutôt des "microprocesseurs spécialisés"
qui "truffent" littéralement la vie des Ummites. La prise en compte brute
des idées donne [GS = X, voir phonétique] "organisation, agencement
(G) rond, cercle, tour, cycle, répétition (S) vérité, action, effectivité (A)",
c'est-à-dire des "cycles organisés actifs" ou des "ondes organisées
actives". En conformité avec la description technique de leurs ordina-
teurs. On trouve aussi ce segment dans la description du champ magné-
tique alternatif haute fréquence (XAI UU) de sustentation de la "cabine
passagers" des nefs interplanétaires.

XAA Ce segment apparaît très souvent ainsi que son "cousin" SAA.
XAA, qui doit être lu GSAA [GS = X] peut exprimer plusieurs sortes
d'idées. En premier lieu, la lecture G-SAA qui évoque une "surface
organisée", comme pour la maison, par exemple. La lecture détaillée, de
son côté, exprime "organisation, agencement (G) rond, cercle, tour, cycle,
périodicité (S) vérité, action, effectivité (A) en symétrie, à égalité, en
équilibre, équitablement, en réciprocité (A)", c'est-à-dire "organisation
cyclique avec équilibre effectif ou stabilité effective". C'est la caractéris-
tique de tout espace socialisé, concept de synthèse qui nous est peu
familier. En effet, l'organisation cyclique, c'est celle de la permutation,
du "chacun son tour" et l'équilibre effectif, c'est la vérification pratique
que tous sont traités de la même façon, équitablement et en réciprocité.
On trouvera ce segment aussi bien pour définir une "colonie", c'est-à-
dire une région ou une ville, que pour définir la maison, dans laquelle les
tâches domestiques sont réparties en permutation.

XAN Je cite ce segment caractéristique des microprocesseurs, en


complément de XA, avec l'intervention, en sus, de "flux, transferts", qui
est très logique dans le fonctionnement des ordinateurs. Le segment,
qui doit être lu GSAN (GS = X, voir phonétique) peut être rendu par
"organisation (G) de cycles ou d'ondes (S) effectives (A) de transferts

383
(N)". Ce qui est parfaitement conforme à la description (de principe)
qu'ils donnent de leurs machines, les transferts étant envisagés entre les
atomes du cristal de titane thermorégulé.

XU J'ai retenu ce segment, qui désigne la "main" et toute ramification


pour sa capacité évocatrice. En effet, il doit être lu GSU [GS =X, voir
phonétique] et sa transcription directe donne "organisation (G) répétitive
(S) de dépendance (U)", exactement comme les dents d'un râteau. Nous
sommes très loin de nos langues, dans lesquelles chaque concept ou
chaque idée est véhiculé par un "mot-objet" propre. Les doigts de la main
sont autant d'occurrences d'une même réalité, chacune séparée de ses
voisines. Cet ensemble se manifeste donc par une suite alternée: doigt,
espace, doigt, espace, etc. Nous comprenons donc bien pourquoi la main
peut être désignée par une série d'alternances. Mais les doigts ne sont
pas indépendants: essayez de ne bouger qu'un seul doigt, par exemple
l'annulaire! Ces doigts sont en effet rattachés à la paume, ce qui les rend
"dépendants" de leur fixation. On va ainsi trouver ce segment chaque fois
qu'une construction logique (conceptuelle ou dimensionnelle) évoque
"l'embranchement", la "ramification", comme les doigts de la main. On
le trouvera par exemple dans la désignation d'une forme de lézard, dont
les pattes et le corps ont des mobilités comparables à celle des doigts de
la main. J'imagine que si nous devions donner un nom ummite à nos
crabes, ils comporteraient aussi le segment XU.

XUU Ce segment m'a paru intéressant du fait de sa puissance d'évo-


cation fonctionnelle. Sa transcription brute peut être faite de deux façons:
soit "embranchements, ramifications (GSU) [comme des mains] et
dépendance (U)" ou "cycles organisés (GS) mutuellement dépendants,
ou en dépendance continue, permanente (UU)". Qui représentent deux
expressions de la même réalité, celle de l'arborescence. En effet, chaque
branche donne lieu à une ramification. Chaque ramification (XU) est
donc dépendante (U) des autres par son rattachement de base. Dans
la pensée fonctionnelle des Ummites, une arborescence, ce sont des
"ramifications dépendantes".

YAA Je termine le tour d'horizon par ce segment. Il est constitué


des idées brutes de "ensemble, paquet, regroupement (Y) et symétrie
effective, équilibre effectif, égalité réelle, continuité de fait, stabilité
effective (AA)". Il évoque en première intention un volume (courbe)
avec symétrie réelle, c'est-à-dire la sphéricité, la boule. On trouvera ainsi

384
la désignation d'une planète comme "réalité dimensionnelle (0) sphéroï-
dale (YAA)". On peut aussi y lire l'idée de "continuité ou de stabilité",
associée à l'idée de "condensation" des astrophysiciens (rassemblement,
concentration avec symétrie), ce qui explique les traductions données par
"astre froid", c'est-à-dire condensé parce que "continu, égal à lui-même,
constant ou stable".
La transcription par réservoir vient d'une autre lecture. Il s'agit bien d'un
volume (Y) mais dont la vocation (fonction) est la continuité réelle AA
(de l'approvisionnement ou du fonctionnement). Un réservoir se dit en
ummite: "un volume pour la continuité effective". Inattaquable!
On trouvera aussi YAA pour exprimer des œufs. En effet ce segment est
la désignation fonctionnelle d'un œuf: il désigne un "ensemble, paquet
(Y)". Il assure la continuité (AA) de l'espèce, par le renouvellement des
générations. A sa façon il est aussi une "réserve", un "réservoir" pour
l'espèce. Cohérence de la décomposition fonctionnelle!
On trouvera aussi, tout simplement, YAA pour exprimer la "boule" ou la
"sphère cérébrale".

YU Ce segment évoque "paquet, ensemble, groupe (Y) dépendance


(U)". C'est-à-dire "paquet ou groupe dépendant" ou encore "groupe de
soumis". C'est le concept que nous appelons "ajout", qui est un paquet,
un sous-ensemble dépendant (d'un principal auquel il est ajouté). On
trouvera ce segment pour ajout, adjonction et tous les mots qui se
rattachent à cette idée.

385
L5.Réfle~onsémantique

A propos du "bilangage"

Avant d'aborder plus directement l'aspect sémantique du système


ummite, je voudrais dissiper un doute possible sur la langue étudiée. Les
Ummites disent dans un passage cité par ailleurs (043) que leur langue
peut être ambiguë. Pour bien situer les différents modes d'expression
déclarés par les Ummites, leur forme d'expression courante et bana-
lement quotidienne est le langage "idéophonémique", celui dont l'accès
nous est développé dans les documents (voir ci-après) et qui fait l'objet
de la présente étude. Celui de l'équivalence d'un phonème pour une idée
(idéo-phonémique). Ce qui les a conduits, lors de l'évocation de concepts
mathématiques ou transcendants, à développer un langage de deuxième
niveau, beaucoup plus précis et adapté. Ils définissent leur pratique simul-
tanée des deux types de langages comme la pratique du "bilangage". Le
langage de second niveau, que j'appelle "codilangage" à l'opposé des
autres observateurs du dossier, est construit sur des répétitions codifiées
de certains éléments de la phrase.

Plusieurs remarques à propos du "codilangage".


JI est dit, à quelques reprises dans les rapports, que ce codilangage a été
développé pour traiter des sujets transcendants. Or, si l'on s'en tient à la
définition de la transcendance, il s'agit du "caractère de ce qui se situe
hors d'atteinte de l'expérience et de la pensée de l'homme". Ce qui
désigne parfaitement l'évocation de la partie dimensionnelle de l'espace
qui échappe aux quatre dimensions accessibles à nos sens. Je verrais bien
ce codilangage permettre de décrire simultanément, et c'est le point
fondamental, des phénomènes accessibles à 1'expérience et des
phénomènes inaccessibles. Ou encore de décrire la simultanéité de
phénomènes tous deux transcendants, c'est-à-dire inaccessibles. Par
exemple les multi-réalités de l'espace au niveau de l'IBOZOO UU.

387
Quelques exemples (rares) du codilangage nous sont donnés dans les
textes. Ces exemples ne sont pas commentés. Peut-être qu'ils recèlent des
éléments d'accès qu'une analyse très fine pourra dévoiler. Je n'en suis
pas sûr, et afin de ne pas mélanger les genres et de ne pas compliquer le
travail, je me suis complètement abstenu de toute observation de cette
partie du discours ummite. Si l'accès au codilangage est possible, je le
garde pour une phase d'étude complémentaire au même titre que les
graphismes ummites.
J'observe, malgré tout, que la pratique de cette forme seconde de
transmission de l'information nécessite une très solide formation et des
capacités de concentration hors de portée de l'humain terrien moyen,
semble-t-il. Il faut en effet mémoriser tout le segment initial de phrase
pour situer les paramètres arithmétiques de l'expression, et en assimiler
le décodage tout en suivant l'évocation du langage normal, qui n'est déjà
pas, en lui-même, facilement à notre portée.
Je note aussi que ce codilangage fait intervenir des accentuations et
des modulations possibles vocalement, mais impossibles en langage
télépathique. J'en déduis que la télépathie ne peut transmettre que des
équivalents des phonèmes de base, immédiatement dérivés de l'émission
vocale "élémentaire".

Quelques définitions
Fournir à chaque mot ou vocable ummite une "traduction" ou un équi-
valent dans nos langues est un acte de mise en correspondance pour la
compréhension. Ce peut être l'objectif d'un lexique ou d'un dictionnaire.
Cela ne renseigne pas sur la construction de la langue que l'on étudie.
En restant avec notre vocabulaire linguistique simple, le discours dans
une langue est construit avec des mots qui sont organisés en propositions
et en phrases. L'ensemble des règles qui organisent les relations des mots
entre eux se partage entre la syntaxe et la grammaire.
Dans nos langues, les mots eux-mêmes sont construits d'une certaine
façon, en général avec un "radical" qui véhicule l'idée et des désinences
qui expriment les rapports possibles du mot avec les autres mots de la
proposition. D'autres fois, comme en allemand par exemple, une idée
peut être rendue par juxtaposition de "radicaux", le nouveau mot
d'ensemble étant alors soumis aux règles des désinences, préfixes, etc ...
C'est l'objet de la sémantique de traiter de tout ce qui, dans l'architecture
des mots et de 1'expression des idées, n'est pas réglé par la syntaxe ou la
grammaire.

388
La structure de la langue ummite n'a rien de commun avec celle des
nôtres. Notre substantif"sémantique" ne peut donc évoquer correctement
le constat d'une architecture que nous découvrons. Il faudrait parler ici de
quelque chose comme "une étude descriptive des concaténations
idéophonémiques". A défaut d'un vocable simple et adapté, j'ai gardé,
malgré tout, celui de "sémantique".
Si nous considérons à nouveau l'allemand et son système d'assemblage
de concepts comportant des préfixes, des racines combinables théorique-
ment à l'infini, des suffixes et des désinences, on dit d'une telle langue
qu'elle est agglutinante. Les mots résultants sont en effet construits par
agglutination de radicaux, préfixes et désinences.
Un exemple: en allemand la racine "fern" exprime la distance, l'éloigne-
ment, comme constat. Le préfixe "ent" exprime la séparation définitive.
On trouve ainsi le verbe "ent-fem-en" qui veut dire "éloigner", "envoyer
au loin", dans lequel "en" est la désinence caractéristique de l'expression
verbale à l'infinitif.
On a aussi "scheiden" qui veut dire "séparer", "faire la différence". Et le
verbe "ent-scheid-en" qui exprime l'idée de décision, de trancher.
Voilà donc des exemples simples de langue agglutinante.
Le français n'est pas une langue agglutinante à un degré aussi élevé,
c'est d'ailleurs pourquoi il est plus difficile à apprendre que d'autres
langues et que sa pérennité à long terme ne me semble pas assurée.
Car si une langue n'est pas très agglutinante, ce sont la syntaxe, les
mots de liaison et l'incontournable grammaire qui les accompagne, qui
doivent remplacer les fonctions d'assemblage des idées assumées par
l'agglutination. D'où une lourdeur, une complexité et surtout une
longueur, à base de périphrases, incompatible avec "l'économie" de la
nature humaine (plus c'est simple ou moins c'est fatiguant, mieux
c'est!), qui condamnent, à terme, son usage. C'est, à mon avis, une
des raisons principales de l'émergence de l'anglais comme langue
"internationale".

Dans tous leurs écrits, les Ummites ne parlent pas de leurs "vocables"
mais de leurs "phonèmes". Par exemple, dans le D21, tous les éléments
nous sont donnés pour chercher à comprendre sur la base des sons:

"Nous essayons par tous les moyens de vous fixer en écriture espagnole
l 'image acoustique de nos expressions, bien que dans la majorité des
cas, nos phonèmes peuvent se refléter dans des expressions graphiques
diverses. "

389
Cette appellation mérite que l'on s'y arrête un peu. Les Ummites
maîtrisent très bien la langue espagnole et ils auraient pu utiliser d'autres
désignations pour caractériser les unités de leur langue. Tous les ana-
lystes ont sans doute repris cette dénomination sans réellement chercher
pourquoi le mot de "phonème" avait été utilisé. Je n'ai moi-même
compris cette indication que beaucoup plus tard, après avoir identifié
l'unité verbale sonore par d'autres moyens. La définition donnée par le
Petit Larousse est "son d'une langue, défini par les propriétés distinctives
(traits pertinents) qui l'opposent aux autres sons de cette langue". Le Petit
Robert (04/99), quant à lui, définit le phonème comme "la plus petite
unité de langage parlé dont la fonction est de constituer les signifiants
et de les distinguer entre eux. Le français comprend 36 phonèmes:
16 voyelles et 20 consonnes".
En choisissant ce mot, les Ummites ont donné une indication très précise
sur l'architecture, la sémantique de leur langue. Validée a posteriori, ce
qui est remarquable quant à la sincérité probable des documents. La
compréhension de la langue ummite me permet d'éclairer et de verser
le choix de ce mot au crédit du respect de la vérité et par voie de
conséquence au caractère didactique du vocable.
En effet, les unités verbales (au sens de paroles) que les Ummites
profèrent en s'exprimant ne sont pas des "mots" au sens de nos langues
comme nous le verrons dans la suite de ce chapitre. Le substantif
"vocable" que j'ai préféré utiliser est aussi très proche du concept de
"mot". Et les Ummites ont voulu donner l'indication que les "unités
verbales" faisaient l'objet d'une émission sonore, et qu'elles étaient des
sons élémentaires, d'où le choix de l'excellent signifiant: "phonème".
Cette explication, en définitive très simple, m'est apparue comme
conséquence de la forme sémantique de cette langue, et en l'absence de
substantif court et clair, j'ai gardé celui de "vocable" que j'avais retenu
au début pour désigner l'équivalent de nos mots.
Pour simplifier à propos de nos langues, nous appelons "phonèmes" les
unités sonores émises (voir les 36 phonèmes de la langue française)
et leur assemblage concourt à la formation de syllabes, elles mêmes
constitutives de morphèmes, voire de mots. Il faut grouper plusieurs
phonèmes pour construire un mot, c'est-à-dire concourir à l'évocation
d'un objet, d'une perception, d'une idée.
Dans la langue ummite, chaque phonème est évocateur d'un concept
correspondant à l'expression d'une relation. Chaque phonème n'évoque
pas un objet, mais une abstraction, c'est-à-dire une perception ou une
idée. C'est pourquoi j'ai décidé de construire un nouveau mot, puisque la

390
logique aristotélicienne qui sous-tend nos langues l'exige: à une idée
nouvelle doit correspondre un nouveau mot et son contraire. Par analogie
avec les langues idéographiques, qui procèdent par assemblage d'idées
correspondant à des signes écrits et prononçables, j'ai choisi d'attribuer
à cette langue le caractère "idéophonémique". J'ai dénombré à ce jour
17 phonèmes et un procédé "phonologique", ainsi que quelques règles
"syntaxiques". L'Ummite s'exprime par combinaisons associatives de
ces phonèmes presque tous relationnels.

Dans la suite, j'utilise les définitions suivantes:


- Le phonème avec notre définition courante et classique (voir
ci-dessus).
Le "segment" est un assemblage quelconque de phonèmes contigus.
Il est porteur d'une signification qui est constatée dans le contexte de
son apparition, susceptible d'avoir plusieurs formulations différentes
selon celui-ci. Il n'a strictement rien à voir (sauf cas exceptionnel)
avec ce que nous pouvons appeler un monème, une syllabe ou une
"racine". C'est un simple assemblage constaté de phonèmes contigus.
Le groupe est un assemblage reconstitué de phonèmes d'émission
non contiguë, mais intervenant dans la logique des qualificatifs
multiples.
- Le "vocable" est une concaténation ordonnée de phonèmes, le
plus souvent "segmentable" pour la compréhension terrienne. Ces
segments peuvent correspondre à des unités d'expression "fonction-
nelle". Le vocable est défini par un silence avant et un silence après:
transcrits par des séparateurs neutres (blancs) dans l'écrit.
- Une locution ou expression est un ensemble de deux ou trois voca-
bles, présentés par les ummites comme concourant à une désignation.

Un peu d'histoire
Dans le mois de janvier 1978, l'ufologue espagnol Antonio Moya Cerpa
a rendu public un relevé de tout les "mots" ummites qu'il avait recensés.
Il les a baptisés "phonèmes" à l'instar des Ummites eux-mêmes, et en
croyant désigner une même réalité. Dans cette liste, Antonio Moya Cerpa
a mis, en regard de chaque "phonème" ummite relevé, la traduction (ou
ce qu'il est tentant de considérer comme telle!) qu'il a trouvée dans le
texte. Après un classement par ordre alphabétique et attribution
d'un numéro à chaque phonème, ce document est devenu le seul "dic-
tionnaire" disponible avant le présent travail. En même temps qu'il en

391
lançait la publication (B 12), il en a remis un exemplaire à son confrère
Ignacio Damaude le 28 janvier 1978.
C'était le premier document qui donnait un panorama assez complet, et
surtout sous forme rassemblée, des vocables et locutions trouvées dans
les rapports. Un premier support donnant l'illusion d'un accès possible à
la compréhension de la langue. Si j'écris "illusion" c'est parce qu'une
grande partie des traductions fournies (et déclarées comme telles)
donnent la vision en équivalent terrien du concept le plus approché
(fournie par les Ummites), mais seule l'analyse approfondie (contenu et
motivations) des contextes, dont je ne doute pas que les auteurs les aient
documentés à cet effet (voir UYAAYAA), m'a permis de dépasser ce
blocage et d'accéder aux unités signifiantes réelles.
Ce dictionnaire a été diffusé à nombre d'organisations ufologiques non
gouvernementales reconnues à travers le monde, et à quelques person-
nalités. Je n'ai pas connaissance de leurs réactions, mais il paraît évident
qu'ils n'ont pu formuler d'avis sensé, sauf d'ordre général. L'ufologue
Ignacio Darnaude a d'autre part soumis ce même dictionnaire, pour
étude, à Don Antonio Vidal Lamiquiz, Professeur de Linguistique dans la
section Philologie de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université
de Séville. Cette étude a donné lieu à un examen oral en table ronde le
samedi 4 mars 1978, par une trentaine de personnes. Ignacio Darnaude en
a fait un rapport écrit, publié par Ribera (B3).
Il ressort de ce rapport que les distingués universitaires constatent
qu'ils ne disposent pas d'assez d'informations pour se livrer à l'étude
de cette langue selon les méthodes linguistiques habituelles. Ce qui est
vrai, puisqu'ils n'ont disposé que du dictionnaire. En revanche, il
n'est pas le moins du monde question d'envisager des méthodes "non
traditionnelles" comme j'ai pu être amené à le faire.
Ils ont soupçonné la langue ummite d'être agglutinante, mais selon les
critères "terriens", c'est-à-dire en évoquant les préfixes et les désinences.
Ils se plaignent de ne pas disposer de l'univers logique des auteurs!
Et pour cause, puisque d'une part il ne répond pas du tout aux caractéris-
tiques que nous en attendons, et d'autre part les vocables de ce relevé,
même avec traduction, étaient complètement isolés de leur contexte,
lequel constitue la seule voie sensée pour accéder à cette pensée
différente. Il n'est pas fait mention qu'ils aient réclamé l'accès à ces
contextes ni même des éléments destinés à le clarifier.
Je voudrais ici souligner mon point de vue.
Nous sommes en face d'une langue supposée pratiquée par des êtres
qui se disent extérieurs à la Terre. Toute démarche se fondant sur des

392
méthodes d'analyse déjà éprouvées dans nos recherches linguistiques ne
peut qu'échouer. Ces méthodes sont en effet construites sur une structure
supposée de la langue à étudier. Quand les universitaires se plaignent de
ne pas disposer d'assez d'informations pour documenter la table des
sous-différenciateurs, le dictionnaire des termes, la grammaire et la struc-
ture syntaxique, ils sont condamnés à l'échec. Ce n'est pas en réclamant
un marteau que l'on pourra libérer ce qui ressemble à une vis à tête
bizarre que l'on a devant les yeux!
Face à l'affirmation du caractère extraterrestre de la langue, il fallait, à
mon avis, garder dans son processus de réflexion toutes les ouvertures
possibles. Dans ce sens, et dans l'hypothèse de la réalité du caractère
non terrien du langage, aucune méthode préétablie connue ne pouvait
fonctionner. Seules des méthodes générales, essentiellement basées sur
une observation pragmatique et des principes logiques déductifs simples,
avaient des chances d'aboutir.
Je constate, au-delà des conclusions neutres et dubitatives, qu'aucune
mise en œuvre d'outils modernes comme l'informatique n'a été
envisagée. Pourtant, des ordinateurs suffisants et pas trop coûteux étaient
disponibles sur le marché à cette époque. Je ne suis pas sûr que des
universitaires littéraires aient pensé, au début 1978, aux services que ce
genre d'outils pouvait rendre, même en Lettres! Il n'est nulle part fait
mention de leur "bataille" pour obtenir la disposition (même partielle) de
tels outils. Il me paraît perceptible, au vu des conclusions, que ces
Messieurs les Universitaires n'étaient peut-être pas pressés de s'investir
plus avant dans ce dossier pour le moins étonnant, à défaut de "brûlant"!
La seule conclusion exploitable qui en est donc sortie est que la langue
paraissait agglutinante. Conclusion partiellement juste, mais obtenue sur
des bases fausses puisqu'il ne s'agit pas du concept d'agglutination tel
que nous l'entendons.
Lorsque les universitaires espagnols (mais quel universitaire français a
marqué un quelconque intérêt publiable pour le sujet?) listent les
carences fondamentales du dossier qui leur a été soumis et expriment:

«Pour obtenir une radiographie solvable de l'appareil de communication ummite,


il faudrait au moins disposer, dans notre laboratoire sémantique, des éléments de
jugement suivants:
a)
b)
c) de termes différents des substantifs ou essentiellement descriptifs qui
paraissent prédominer dans ce dictionnaire. Nous devrions mettre la main sur

393
d'autres unités idiomatiques comparables à nos adverbes, prépositions,
désinences verbales, flexions de déclinaisons, modificatifs, etc., .. .»

on ne peut que constater, aujourd'hui, tout le décalage perceptible


dans l'approche terriblement anthropomorphique, je dirais même géo-
centrique, de ces universitaires. Nous sommes en présence de centaines
de pages de textes, d'origine inconnue et incontrôlable, dont les auteurs
se disent non-terrestres. Ils déclarent faire de leur mieux (attention! ceci
ne nous dispense pas d'une analyse sérieuse des contenus!) pour nous
faire percevoir ce que leurs concepts ont de différents, à commencer par
les éléments du langage.
Regretter le manque d'éléments comparables aux éléments présents dans
nos langages, c'est préjuger déjà que le langage ummite procède d'une
architecture et donc d'une logique de même nature. Ce qui revient à
supposer implicitement,
- soit que tous les langages des êtres intelligents qui peuvent peupler
certaines planètes du Cosmos ne peuvent que procéder d'une logique
que nous avons déjà expérimentée (nous savons tout avant eux ... ,
mais alors comment, diable, sont-ils venus? alors que nous ne
saurions pas faire le même voyage ... ),
- soit que ces textes ne sont qu'une tromperie d'origine terrienne, et
donc que la prétendue langue est une construction de toutes pièces,
faisant partie du montage global. Cette deuxième hypothèse ne peut,
à mon avis, résister à l'analyse sérieuse et scientifique (en termes de
contenu linguistique et psychologique) des textes.

«Système "agglutinant": ce serait la langue qui aurait recours à l'intervention


d'un terme différent pour chaque signifié, comme par exemple le Basque, en
augmentant ainsi la nomenclature et même la facilité pour l'apprendre.»

On voit ici encore la transposition de nos conceptions linguistiques. Nos


langues ont besoin d' un catalogue exhaustif de désignations pour
évoquer tous les concepts connus. Ces désignations peuvent êtres
obtenues par une construction agglutinante. L'Ummite n'a pas de "mots"
préétablis et descriptifs. li construit, à la demande, ce qu' il veut exprimer,
à l'aide de l'assemblage relatif des concepts relationnels élémentaires.
L'observation rapide de la fréquence de certaines séquences de sons
évoque effectivement une ' composition à caractère agglutinant' . On
trouvera dans le dictionnaire à quel degré cette langue, paraissant
agglutinante dans les faits, est à l'opposé de l'être 'basiquement'. A

394
moins de qualifier d'agglutination (au sens sémantique) une simple
juxtaposition.
Je m'inscris en faux contre l'intégration aux langues de type occidental,
car la structure même des vocables exclut tout rapprochement possible
avec nos formes de communication verbale. Les "sub-mots" identifiés
correspondent à des segments logiques qui n'ont rien de comparable avec
ce que ce concept représente pour nous. Et les universitaires ont bien lu
les mêmes sub-mots que j'ai baptisés "segments", mais ils n'ont pas eu
les moyens de comprendre la variété possible de leurs différentes signifi-
cations. Par exemple DAA qui peut aussi bien exprimer "l'apparence
équilibrée" à propos de la surface d'un liquide que "la manifestation
d'équilibre" d'une régulation par exemple. Naturellement il ne s'agit pas
de sub-mots, mais d'assemblages comparables de concepts.

On sent, dans le rapport, que les universitaires n'ont pas manqué


d'intuition, mais ne l'ont pas exploitée. Lorsqu'ils estiment:

«L'ummite serait donc comme un jeu de tournevis convenant à autant de têtes, avec
en opposition un seul tournevis avec des bornes interchangeables, système souple.
Il est sûr qu'avec aussi peu de phrases contenues dans le dictionnaire
(«DO-DO»}, c'est un peu comme si avec des éléments et des dispositions
spatiales très semblables, on obtenait des signifiés étonnamment différents.»

La dernière phrase, bien que s'appliquant au "codilangage" est en


quelque sorte prémonitoire, car c'est effectivement ce qui se produit avec
la sémantique relationnelle: les éléments et les dispositions spatiales sont
très semblables, et on obtient des signifiés "étonnamment différents"! La
référence faite ici au «codilangage» illustre parfaitement l'impuissance
affichée (qu'elle ne soit pas voulue est une autre affaire!) des univer-
sitaires espagnols à maîtriser un concept un peu abstrait. N'importe quel
scientifique admettra volontiers que l'on peut coder son langage, en
prenant pour exemple un couple devin/médium. En décidant que tout
énoncé commençant par une répétition du premier mot est faux, je peux
communiquer simplement en codilangage:

1 -«Cette maison est bleue!» [elle l'est vraiment]


2- «Cette, cette maison est bleue!» [elle ne l'est pas]

L'exemple est ici volontairement simplifié, mais on peut imaginer


exprimer de la sorte, simultanément, deux choses totalement étrangères,

395
et même, pourquoi pas, contradictoires! Dans ce cas, notre pensée
n'admettant qu'une idée, il faudra que l'auditeur choisisse!

«La logique, le langage et Einstein: Pour obtenir la typologie d'une langue, il est
nécessaire de l'associer à une réalité sémantique que nous connaissons déjà,
le cerveau humain avance - tout au moins initialement - avec les appuis de
l'analogie et des comparaisons.
Donc, l'inspiration linguistique de UMMO nous est inaccessible car sa chose-en-
soi-même de référence nous est malheureusement inconnue.»

Nos universitaires cherchent décidément à rattacher cette langue à une


typologie connue et déclarée nécessaire. Ils concluent que n'en trouvant
pas, elle est inaccessible! Je suis parti du principe que sa "chose-en-soi-
même", comme son nom l'indique [Ah! que nos langues sont précises!]
est "en elle-même", et donc que c'est à l'intérieur des vocables et des
expressions qu'il fallait aller la rechercher. Avec l'aide des contextes, car
ils n'étaient pas là pour rien, n'est-ce pas?
Quant au rapprochement entre "la logique, le langage et Einstein", il est
vraiment dommage que ces brillants universitaires n'aient pas eu accès
aux textes, car les Ummites font explicitement référence, dans un
document, aux travaux sur le langage, non pas d'Einstein, mais de
Bertrand Russel, grand mathématicien anglais qui a eu le prix Nobel de ...
Littérature pour ses travaux sur ... le langage, entre autres.
Ils ont encore déclaré:

«Nous devrions donc nous résigner à laisser la langue UMMO dans une limbe
inaccessible et nous limiter à ausculter la «manifestation» adaptable de celle-ci
qu'ils nous ont fournie si gentiment. Ainsi nous foulons irrémédiablement un
terrain relatif: ils communiquent entre eux d'une manière «A» mais pour se faire
comprendre de nous ils ont été obligés de nous donner une version «Z» dans
laquelle, nous le savons, toute ressemblance avec la réalité ...
Il est donc probable que le schéma idiomatique qu'ils ont laissé filtrer n'est pas
construit avec leur logique mais plutôt avec la nôtre et qu'ils sont en train de se
comporter avec l'homo sapiens comme Tarzan avec les pauvres pygmées (Toi
apporter moi noix de coco, moi les manger et toi ensuite aller... ); ou comme nous
avec un enfant de quatre ans ou un analphabète ... »

Cette phrase traduit une erreur manifeste de lecture du texte ummite, un


vrai contresens! Les auteurs ne disent pas qu'ils ont déformé leur langage
pour nous être accessibles, mais qu'ils ont "déformé" les "traductions"

396
pour donner de leurs vocables une transcription qui nous soit compré-
hensible, intégrable à nos schémas mentaux.
On aurait pu s'attendre à une lecture un peu plus nuancée et moins
manichéenne de la part d'aussi nobles universitaires. Il est évident que le
point de vue ummite est totalement à l'opposé de la présentation faisant
intervenir une quelconque distorsion pour des raisons supposées
didactiques. 11 est vraisemblable que de nombreux éléments ne sont pas
donnés, mais les justifications ont été indiquées à de fréquentes reprises:
des informations trop nombreuses et/ou trop précises crédibiliseraient la
réalité ummite au-delà d'un seuil considéré (par eux) comme admissible
pour la population de la Terre. Les mentalités ne sont manifestement pas
préparées (et la présente analyse en est une magnifique illustration)
à l'acceptation raisonnée et assumée d'une réalité 'autre', et dotée, de
plus, d'un développement technologique très avancé par rapport au nôtre.
Ce qui ne manquera pas d'induire, au jour de la prise de conscience, un
sentiment profond de vulnérabilité. Ne faut-il pas trouver dans cette
perspective les raisons du rejet de l'idée même de la présence d'êtres
forcément perçus comme "supérieurs" et donc "indésirables"?
En fait, parce qu'elle a mis sa tête dans le sable, l'autruche n'entend pas
sonner le réveil qu'elle vient d'ingurgiter!

«Langue simple en vérité: Peut-être l'est-elle vraiment, car eux-mêmes affirment


utiliser uniquement pendant l'enfance des éléments phonétiques et graphiques,
pour communiquer à l'âge adulte par de subtiles ondes paranormales. Et s'ils ne
parlent pas après l'enfance (sauf avec un laryngophone auxiliaire), toute leur
voûte informative est à base de télépathie, et leur langage écrit a très bien pu
demeurer archaïque et presque inutilisable.»

Cette présentation est une déformation du contenu des documents.


J'ai donné des précisions sur la télépathie dans le chapitre 6. Elle est
construite sur le même schéma que le langage parlé, à l'exclusion du
codilangage. Seul le support en diffère: ondes gravitationnelles à
manifestations sonores dans le langage parlé habituel (naturel ou
amplifié) et trains d'ondes gravitationnelles codées (sans contrepartie
sonore) en télépathie. On remarquera qu' une civilisation qui ne commu-
niquerait qu'à l'aide de moyens de type télépathique, je veux dire sans
disposer de moyens efficaces justifiant des échanges (les écrits ou les
enregistrements de 1'oral), serait bien en peine de fixer sa mémoire et de
construire son histoire. Celles-ci ont en effet besoin d'un support qui
résiste au temps et qui sert objectivement de référence. En l'absence de

397
ce type de support, la civilisation ummite n'aurait pas pu accéder à des
niveaux techno-culturels aussi élevés que celui que les auteurs nous
montrent. On réfléchira utilement, à ce sujet, à l'état et aux capacités de
développement (naturels, avant intervention des missionnaires) des
civilisations terriennes de tradition orale, singulièrement en Afrique.

«Conclusions: En tant qu'homme de science doté d'une solide probité intellec-


tuelle, le titulaire de la chaire de linguistique clôtura le colloque en déclarant
qu'avec les rares éléments de jugement disponibles à l'heure actuelle, il n'était
pas possible de faire une affirmation catégorique sur la nature sémantique de
l'hypothétique langage UMMO. En se basant uniquement sur le "dictionnaire",
son équipe de spécialistes ne pouvait authentifier la réalité de celui-ci mais elle
ne pouvait pas non plus l'écarter. Nous considérons que ces prudentes réserves
pourraient être révisées dans le futur par une analyse plus minutieuse et appro-
fondie de la terminologie ummite, si nous obtenons plus d'éléments.
. . . ».

Cette conclusion, toute en prudence, a le mérite d'être ouverte. C'est


celle de la seule étude publiée sur le langage Ummo. J'en ai retenu que
les spécialistes linguistes espagnols avaient eu trop peu de matière pour
travailler. Le seul dictionnaire est insuffisant, bien que j'aie pu commen-
cer à extraire quelques informations intéressantes de son analyse.
D'autre part, ces universitaires ne semblent pas avoir manifesté ni une
motivation forte pour un approfondissement, soutenus en cela par Ignacio
Damaude qui ne parle pas d'avoir proposé le détail des textes, ni un
penchant marqué pour l'utilisation d'outils modernes comme l' ordinateur,
et disponibles à l'époque.

Au vu de la qualité et du niveau de leurs commentaires, quelles informa-


tions sémantiques auraient-ils pu extraire de textes aussi scientifiques que
le D59 sur les IBOZOO UU? qui contient pourtant une clé essentielle, un
des dix-huit sons signifiants et primordiaux, et la formulation complète
de la logique tétravalente.

Le Japonais
La construction possible de la langue ummite à partir d'une succession
d'idées m'a conduit rapidement à une comparaison avec nos langues
"idéographiques", principalement le chinois et le japonais qui en est
dérivé, au moins pour une très grande partie.

398
J'ai très vite éliminé les parentés avec le chinois. Cette langue concatène,
assemble des idées, mais celles-ci sont directement attachées à une
construction de nature aristotélicienne, c'est-à-dire individuellement
descriptives, et non relationnelles.

Le Japonais m'a paru, au moins en première analyse, plus intéressant.


Lors de leur "emprunt" à la culture chinoise, les Japonais ont tenté de
clarifier, de classer et même de "normaliser" l'immense fourre-tout que
sont les idéogrammes chinois (et les significations associées). Cette
démarche me paraissait de bonne augure, en rapprochement avec ce que
j'avais pu entrevoir de la construction du système linguistique ummite.
En réalité, ce n'était qu'un mouvement de simplification indispensable.
Nous pouvons apprécier son impact directement dans le décalage
d'intégration à notre univers technologique moderne (début 2000) entre
la Chine et le Japon. Ce dernier pays n'est pas en reste pour rivaliser avec
nos meilleures conceptions dans le domaine robotique, par exemple.

La langue japonaise est agglutinante, d'une façon comparable à


l'allemand. Remarquons que l'agglutination est une nécessité pour les
langues idéographiques qui ne veulent pas créer autant d'idéogrammes
que nous avons de "mots".
Cette caractéristique (n'oublions pas que la langue et son formalisme
sont des reflets directs de la structure de pensée) ne s'est pas posée en
obstacle, lors du rapprochement de la dernière guerre: l'axe Berlin-Tokyo.

En étudiant plus en détail la langue japonaise, on constate qu'elle est le


véhicule d'une culture qui se rapproche de la description ummite: esprit
collectif très développé, avec sentiment très fort d'appartenance à une
communauté. Expression d'un sens souligné de la hiérarchie, vécue
comme instrument indispensable à la gestion de la communauté. Le
Japonais ne se sent pas "individu" rassemblé dans une collectivité, il se
sent "membre constitutif'' d'un groupe social, lui-même intégrant un
autre groupe social, au sein d'une hiérarchie.

La langue, quant à elle, est construite avec des 'mots-objets' (au sens
russellien), je devrais dire 'idée-objet', additionnés de correctifs
syntaxiques.
Voilà une différence fondamentale avec la langue ummite. Elle rattache
définitivement le japonais à la famille des modes d'expressions binaires,
terriens.

399
On peut néanmoins, faire quelques comparaisons:

En japonais, comme en allemand dans les subordonnées, le verbe est


rejeté à la fin de la phrase ou des subordonnées, considérées dans leur
simplicité ultime.
Dans la langue ummite, la lecture de nombreux vocables induit une
hiérarchie gauche droite (dans notre transcription) proche de la logique
agglutinante constatée avec l'allemand. Dans l'expression allemande,
l'idée principale est formulée en dernier lieu, et toutes les idées évoquées
auparavant sont des compléments descripteurs dont la hiérarchie
d'importance va en s'amplifiant au fur et à mesure que l'on se rapproche
de l'idée principale.
J'ai souvent trouvé une structure comparable dans la langue ummite,
abstraction faite naturellement de la notion de préfixe, particule ou
désinence. Ce qui me fait penser que ce type de "composition" est sans
doute à rattacher au processus agglutinant lui-même, au moins dans l'ex-
pression élémentaire de la logique de rattachement des idées principales.

L'expression du pluriel se fait aussi en japonais, par le redoublement. Ce


n'est pas une caractéristique exclusive de cette langue.
J'ai retrouvé dans le japonais une construction verbale proche de celle
des Ummites. Un certain nombre de verbes sont exprimés en assemblant
le concept fondamental et un suffixe caractéristique de l'action (suru =
faire, entre autres), ce qui donne une structure expressive très ouverte à la
langue.
En japonais on trouve par exemple:
ryokô = voyage et ryokô o suru = voyager, faire un voyage.
En langue ummite, la caractéristique de l'action, de la validation active
et de la vérité, le son A est quelquefois en fin de vocable, et on trouve:
keai =art de mélanger et keai-a =pratiquer l'art de mélanger
En fait l'analyse fine n'a pas mis en évidence de réelle systématique.

Des parentés sont ponctuellement observables. Devant ce constat, les


analyses de rattachement possible sont de deux ordres:
ou bien l'observateur met la langue "en tête" (contre toutes les idées
communément admises). Il met alors en avant que ces similitudes de
formulation sont la manifestation évidente d'emprunts et déclare que
la langue ummite n'a pas d'existence par elle-même. Elle ne peut être,
alors, qu'une version habilement travestie d'emprunts à la langue
japonaise. Il faudra alors qu'il réponde de l'invention corrélative de la

400
"civilisation" ummite, du contenu scientifique des documents, et de la
formidable cohérence de la langue et des contenus. Cette hypothèse
ne résiste pas au test des "paradoxes" attachés à nos formulations
implicites du tiers exclu. On peut dire aussi bien en japonais qu'en
français "je mens". Cette expression contient sa propre négation.
Quelle expression doit être considérée comme vraie?
- ou bien l'observateur met la pensée au premier plan, en considérant la
formulation comme sa "fille" de charpente et d'extériorisation. La
similitude de pensée attribuable à la similitude de formulation fait
alors déduire que les processus intellectuels ou cérébraux sont de
nature comparable. Tout à fait en accord avec les affirmations faites
dans les documents. Ce point de vue, complété du test satisfaisant des
paradoxes (en ummite on ne dit pas 'je', ni 'nous', ni 'vous', qui sont
des expressions impossibles avec les concepts relationnels, mais 'ce
qui'), crédibilise l'ensemble. La parenté des formulations traduit une
parenté des modes de pensée, et non une origine commune.

La négation
Dans toutes nos langues, un mot désigne un objet ou une idée, tous deux
identifiés. Restons sur l'objet, pour simplifier. Le principe du tiers exclu
conduit à définir "tout ce qui n'est pas l'objet" D'emploie ici déjà la
négation], c'est-à-dire son contraire, par la désignation du "non-objet".
L'expression de la négation implique la désignation d'un ensemble
illimité, mais restreint à au moins un critère. Voilà un paradoxe de nos
langues!
J'ai choisi cette formulation pour montrer que la négation est inséparable
de la logique du tiers exclu et qu'elle en est même la signature. On l'a vu
à propos de la logique, au chapitre 6.
Les Ummites déclarent rejeter le principe du tiers exclu et pratiquer une
logique tétravalente, et dont le langage est indépendant (voir la citation
du 043 ci-dessous). La négation ne peut donc avoir d'existence dans
cette langue, et c'est une des difficultés majeures que nous rencontrons
dans sa compréhension. J'ai été très vite étonné de la formulation de la
langue ummite correspondant à ce que les auteurs nous "traduisaient"
par une négation. C'était toujours une périphrase, dans laquelle un
quelconque caractère négatif n'apparaissait pas avec évidence.
Prenons un exemple. J'ai devant moi un tabouret, que je déclare "mon
tabouret". Ma langue, peu importe qu'il s'agisse du français, de l'espagnol
ou du japonais, me permet de décrire l'ensemble du monde qui m'entoure,

401
c'est-à-dire qui m'est perceptible, directement ou par la pensée. Ma
langue, et sa logique aristotélicienne associée, m'indiquent que tout objet
ne peut pas "être" et être "autre chose" simultanément (principe d'iden-
tité du tiers exclu). Ce qui me conduit à déclarer que le monde qui
m'entoure est constitué de deux entités: d'une part "mon tabouret", et
d'autre part "tout ce qui n'est pas mon tabouret". Quand je formule cette
pensée, j'inclus dans le "tout" ce que je perçois et les perceptions que je
peux imaginer. La liste peut être infinie, mais elle est "limitée" puisque
sa définition se résume à un concept "tout ce qui ne ... pas", c'est-à-dire
celui de la négation. Cela est possible parce que le monde que je perçois
n'a qu'une réalité: expérimentale ou par la pensée, mais c'est l'expres-
sion d'une même représentation. L'objet, évoqué en pensée, reste l'objet.
La représentation est unique, expérimentale ou en pensée.
Qu'en est-il pour I'Ummite? Pour lui, quel que soit le "point" considéré
de l'espace, il peut être vu, vécu, imaginé (y compris dans la transcen-
dance) sous une infinité de facettes, de modalités qui sont l'infinité des
univers du multi-cosmos. C'est-à-dire que l'image mentale que ses sens
font naître dans son encéphale n'est qu'un point de vue parmi une
infinité. Le "point" considéré (bien que le point au sens géométrique que
nous lui donnons n'ait pas de sens pour I'Ummite) a une infinité de
réalités possibles, plus ou moins différentes (voir à ce sujet le chapitre 7
"Une autre vision de l'Univers"). Il ne peut y avoir de signification à
désigner toutes les réalités qui ne sont pas celle qu'il perçoit au moment
de parler. S'il a un tabouret devant lui, même après l'avoir désigné "son
tabouret", il sait que dans d'autres espaces tridimensionnels, ce ne peut
plus être un tabouret. Inutile alors de désigner tout ce qui n'est pas "son
tabouret". En revanche, les multiples formes que chaque "point" peut
prendre dans les différents espaces, ne sont pas vécues par I'Ummite,
ni par le Terrien qui adhérerait à cette forme de pensée, comme des
sensations "normales". Pourquoi donc leur donner une désignation?
Pour nous résumer, l'objet que nous voyons ou nous touchons est une
"réalité dimensionnelle" accessible à nos sens: il fait partie de l'une des
facettes du multi-cosmos, celle de notre espace sensoriel. L'évocation de
tout ce qui lui est "étranger", lui est "autre", englobe les formes de ce même
objet dans d'autres espaces et tous les autres objets. Dans tous les cas, cette
évocation est le résultat de "effectif (A) d'associations stables (MM) de
spéculations, d'émotions (lE)". Voilà pourquoi l'Ummite ne désigne pas le
non-objet par une négation, puisque le non-objet n'a pas de sens pour lui.
La langue ummite autorise la désignation de tout ce qui est étranger à
l'objet perceptible, par l'expression des spéculations nécessaires.

402
Lorsque nous évoquons le "non-objet" dans nos langues, celui-ci a une
réalité virtuelle, il est pensé comme objet possible, mais différent de
l'objet désigné.
Les Ummites ne lui attribuent pas de réalité virtuelle, ils ne conservent
que l'acte de pensée, qui est acte de "simulation de perception", de
"sensation artificielle", "d'image mentale autre": lE.

Tout est relatif chez I'Ummite. Relationnel ou fonctionnel


Il m'est arrivé d'exprimer, dans les transcriptions, que cette langue avait
une architecture, une construction fonctionnelle, puisque les objets n'y
sont pas désignés en tant que tels, mais en tant que combinaisons d'idées.

A y bien réfléchir, cette sémantique est 1'exacte réplique de la conception


qu'ils expriment dans leur théorie unitaire de l'espace-temps.
En effet, cette théorie unitaire est construite autour de I'IBOZOO UU,
en tant que constituant ultime et unique (!) de l'espace (aussi bien
subatomique qu'intersidéral), en combinaison avec l'interaction de trains
d'ondes gravitationnelles. Et si on analyse finement leur théorie, on
constate qu'elle est l'expression d'une relativité plus que généralisée (au
sens que nous donnons à ce mot)! C'est l'expression d'une relativité que
j'appellerai "absolue", c'est-à-dire érigée en principe "constructeur",
"fondateur". Bien sûr, la physique ummite se développe en faisant
intervenir la notion de référentiel, mais cet outil est local et l'ensemble
des mouvements s'exprime en combinaison des référentiels locaux.
Une des "conséquences" des travaux d'Einstein est la mise en évidence, pour
nous, de la relativité: ses deux plus célèbres publications ne comportent-elles
pas le substantif? Relativité "restreinte" puis "généralisée". L'acquis fonda-
mental a été la démonstration qu'il n'était pas nécessaire de disposer d'un
référentiel global pour apprécier un mouvement ou une position, mais d'un
référentiel local et des relations nécessaires avec d'autres référentiels, dont
celui de destination. C'est un premier pas indispensable. Les Ummites
déclarent un ensemble de référentiels locaux "dynamiquement liés" et nous
avons ici une énorme différence de conception: le référentiel n'est pas
statique, même local; il est évolutif et tout est dynamique.
On retrouve cette même conception dans la sémantique de cette langue
élémentaire, ou de premier niveau, c'est-à-dire comparable à nos
langages. Il n'y a pas de référentiel, tel que nous en utilisons: pas de
grammaire, pas de syntaxe, pas de désinences. Tout juste le principe de
"connexité" et trois de ses conséquences logiques indispensables.

403
Un concept est décrit par un assemblage logique (dont la logique séquen-
tielle, de "connexité" exprime la hiérarchie de juxtaposition) de concepts
relationnels élémentaires. Lorsque l'Ummite évoque la dépendance, le
caractère tributaire (U) et une limite, une frontière ou une enveloppe (II),
il exprime la notion "d'intérieur" ou "d'interne", ou toute notion qui fait
intervenir ces deux concepts élémentaires et dans cet ordre. Chaque idée
élémentaire est une relation (voir ci-dessous), et en tant que telle, est
indépendante de tout référentiel logique. Elle constitue en elle-même déjà
son propre référentiel, puisque la relation est par définition l'expression
d'un lien, en général logique, et sa cardinalité. Pour utiliser un voca-
bulaire plus commun, la relation est une façon de rattacher et contient sa
capacité de rattachement. Ce concept logique, dérivé des mathématiques,
est simple. Prenons la notion de conducteur de voiture. Une voiture
commune ne peut avoir qu'un seul conducteur, puisqu'elle n'a qu'une
place de conduite. La relation qui lie une voiture à son conducteur est dite
de cardinalité 1, 1. Une voiture ne peut avoir qu'un conducteur. En
revanche, un gros avion de ligne avec copilote a deux pilotes possibles.
La relation "gros avion de ligne" à pilote est de cardinalité 1,2.
Si je considère maintenant le lien logique entre un maître et ses élèves
dans une classe, je constate que sa cardinalité est de 1,n. Avec n désignant
le nombre inconnu d'élèves, qui peut aussi bien être 1 que 20 ou 30!
La relation est donc un référentiel "local" de logique et de langage. Et on
voit que la combinaison de deux concepts, eux-mêmes relations, conduit
à l'expression d' une idée, d'un nouveau concept. Sans intervention
d'aucune logique extérieure. Si pour nous le mot "intérieur" évoque une
idée de positionnement, c'est du fait de la logique aristotélicienne
implicite de notre langage. Le vocable ummite UII a exprimé une idée
assimilable en associant la dépendance (U) à celle de limite ou frontière
(Il). Sans référentiel additionnel. Si bien que l'idée peut être évoquée
dans des contextes qui n'ont rien de "positionnement".
Chaque idée véhiculée est l'expression d'une relation. Ces relations sont
combinées les unes par rapport aux autres, c'est-à-dire "relativement".
L'expression d'une idée est donc le résultat d'une "relativité de rela-
tions". Exactement comme l'électron est une manifestation de "relation
entre IBOZOO UU". En ne faisant intervenir qu'un référentiel local, celui
de l'expression de la relation. La permanence de cette idée maîtresse me
conduit à formuler que cette situation est générale, omniprésente et
représentative du modèle unitaire que les Ummites soutiennent. Dans une
manière de provocation, je la qualifierai "d'absolue" pour faire continuité
avec les travaux d'Einstein.

404
L'absence de référentiel, sauf à usage local et surtout l'expression du
multi-cosmos par intervention de l'infinité des référentiels possibles,
mais en relations, c'est la relativité à l'état "absolu" ou "fondamental".
Einstein a démontré, dans certaines limites que je ne détaillerai pas ici, la
validité de la "Relativité restreinte", il a consacré toute la suite de sa vie
à tenter une démonstration analogue de la "Relativité générale" sans y
parvenir. Les Ummites proposent à notre réflexion les bases logiques
d'une relativité fondamentale, constructrice, devant intervenir dans tout
processus de description, que je propose de nommer " Relativité
Absolue". Et non limitée à l'univers de nos perceptions.

Je pense trouver dans leur langue la même "architecture", la même


volonté de fonctionnement "hors référentiel". C'est à mon avis en ce sens
qu'il faut comprendre la phrase extraite du (043):

"Notre premier objectif de la pensée fut d'élaborer des bases dialec-


tiques (*), une logique qui fût indépendante du langage, de la langue. "

(*) Ribera a publié "didactiques" dans la version française, alors que le


texte espagnol dit "dialectiques", qui est beaucoup plus homogène avec
le contexte.

En effet, ce que Russell a démontré, c'est la faiblesse de nos formu-


lations, prisonnières de la logique aristotélicienne. Il ne pouvait imaginer
d'autres formes de pensée. Ce qui conforte au passage les tenants de
l'hypothèse que la pensée (logique aristotélicienne) précède la langue,
qui en est ainsi la "fille" et "marquée" de son empreinte. Les auteurs
disent donc avoir élaboré des bases dialectiques (ils ne disent pas un
langage, et on va voir pourquoi, car c'est très homogène!). Ils parlent
même dans un autre texte (D Il 0), de "système linguistique", ce qui
donne une idée du caractère construit de la "langue". Je cite le passage
qui fait allusion au travail (89) de Hiltrud Nordlin Franz, secrétaire de
Rafael Farriols:

"Nous avons été émus qu'une femme d 'Espagne ait eu la gentillesse


d'analyser notre système linguistique. Pour cela notre respectueuse
admiration. "

Nos langues actuelles sont le résultat de l' évolution de nos pratiques


ancestrales, nous les constatons. Mis à part la langue russe moderne qui

405
a fait l'objet d'une refonte au début du siècle, et le japonais en son temps,
aucun langage de la Terre n'a été entièrement construit au point de le
présenter comme un "système".
Or la sémantique que je trouve est le liant, la "colle" de moins d'une
vingtaine de "briques", de "concepts" qui ne sont pas des "objets" au sens
des "mots-objets" de Russell, mais qui sont des "mots-logiques" ou des
"idées-fonctions" comme aurait pu dire Russell. Ce sont des abstractions,
il n'y a pas d'évocation d'objet. Ces sons véhiculent des concepts
relationnels. Notre mot "phonème", utilisé par les Ummites, n'évoque
que l'unité sonore élémentaire de verbalisation. Sans lui associer de
contenu. Cette langue est construite avec des "idéophonèmes", des
"sons-concepts", terme auquel je préfère un néologisme de mon cru: les
"soncepts".

Des phonèmes relationnels et abstraits: les soncepts


En effet, si je reprends les soncepts de base de la langue, un par un, en les
étudiant sous cet aspect, je fais les constats suivants.

Le soncept A exprime "vérité, action effectivité". C'est l'idée du constat


de réalité par les conséquences, l'action ou les "effets". L'idée est déjà
fonctionnelle. Prenons un exemple: des arbres bougent sous l'action du
vent. Les arbres sont A (effectifs, on peut les voir et les toucher) et le vent
est A, puisque son effet est perceptible. Ce soncept est relationnel,
fonctionnel. Il exprime la relation entre une réalité supposée et ses effets.
Dans une relation de cardinalité 1, 1. C'est surtout le seul concept
d'action, et il en faut un au minimum, sinon le discours devient purement
figé. Il ne peut, sans lui, véhiculer l'idée d"'agir".

Le soncept B ou son équivalent espagnol V exprime "contribution,


participation". C'est une idée fonctionnelle, de relation. La contribution
n'est pas un objet, c'est l'expression de la relation entre le contributeur et
celui ou ceux qui sont destinataires. C'est un mot-relation, et en logique,
c'est une relation de cardinalité l,n.

Le soncept D exprime "manifestation, apparence, forme". Il ne s'agit pas


d'un "objet", mais de la relation entre "une réalité" [pas forcément
perceptible] et la perception que nous en avons. Prenons l'exemple de la
gravitation. L'attraction universelle existe. La chute des corps en est une
"manifestation". Une réalité peut avoir de multiples manifestations, mais

406
une manifestation peut être commune à plusieurs réalités. C'est donc un
mot-relation, de cardinalité n,n. Ce phonème est spécialement important:
c'est lui qui autorise la formulation implicite du multicosmos, en
déclarant qu'une même "réalité dimensionnelle" peut avoir plusieurs
manifestations (D), en particulier "une par cosmos considéré", mais
exclusives.

Le soncept E exprime "image mentale, perception, sensation". Ce n'est


pas un objet, c'est un concept. Il véhicule la relation fonctionnelle entre
une réalité "physiquement ou mentalement perçue" et sa présence à la
conscience. Je dirais que dans le binôme "réalité dimensionnelle
observée ou perçue" et "observateur", le soncept D traduit la déformation
perceptive rapportée à la "réalité dimensionnelle" alors que le soncept E
traduit la déformation perceptive rapportée à l'observateur. Il s'agit de
toutes façons de "relations d'information", de cardinalité 1, 1. Un stimulus,
une image mentale ou une idée, par sens considéré.

Le soncept G exprime "organisation", "agencement" . Ce n'est pas un


objet. L'organisation c'est le constat de l'ensemble des relations qui sont
établies entre les "réalités dimensionnelles". Cardinalité probable 1,n.
Une organisation comporte n relations.

Le soncept 1 exprime la "différence", )"'altérité". C'est à l'évidence une


relation, puisqu'il ne saurait y avoir de différence sans au moins deux
termes à comparer. Le soncept 1 implique une relation de comparaison.
C'est une relation en général binaire, mais qui doit être envisagée de
cardinalité 1,n.

Le soncept K exprime "mélange". Ce n'est pas un objet. C ' est une


expression de relation. Il ne saurait y avoir de mélange sans au moins
deux constituants, et ici la cardinalité est à rapporter aux composants du
mélange obtenu, à savoir 1,n.

Le soncept L exprime "équivalence, correspondance". Ce ne sont pas des


objets, mais des idées de relation. C'est l'expression de la relation par
elle-même, puisque dans sa définition générale: une relation est une
"correspondance" ou une "équivalence". La cardinalité est ici de 1, 1.

Le soncept M exprime "union, couplage, relation". Même remarque que


pour le soncept L. N'est à l'évidence pas un objet, puisque ça n'a pas de

407
sens d'unir un objet! Il en faut au moins deux! Le couplage, l'union est
donc l'expression d'une relation de 'lien', de cardinalité comparable au
mélange, à savoir 1,n. On peut en effet réunir plusieurs constituants pour
n'obtenir qu'un regroupement unique. L'union est plus durable que le
mélange.

Le soncept N exprime "flux, transfert". Ce n'est pas un objet, mais l'idée


d'une relation, puisqu'il traduit le "déplacement" d'une origine vers une
destination. La relation implique le mouvement (au moins énergétique,
à cause du rayonnement). A priori, cardinalité 1, 1.

Le soncept 0 exprime "entité, être, réalité dimensionnelle". C'est le seul


soncept qui évoque ce que nous nommons objet. On remarquera que
"l'objet" ou le "mot-objet", au sens Russellien, correspond à une réalité
physique ou à son idée, dans notre système de pensée. Dans la pensée
ummite, le soncept 0 évoque tout ce qui est dimensionnel, c'est-à-dire
exprimable en équations, même très complexes, et non nécessairement
perceptible. Je veux dire non limité à notre univers sensoriel. En tant
qu'objet, il sera souvent le pivot de l'expression pratique des relations.
Il est lui-même aussi une relation, sauf lorsqu'il exprime "la dimension
elle-même". En effet, tout résultat d'équation(s), et c'est la définition du
présent soncept, est le résultat d'une ou plusieurs relations (équations)
abouties. Le soncept 0 véhicule la relation "descriptive" de sa justifica-
tion: ses relations à ses composants.
La réalité dimensionnelle est l'expression en général matérielle, mais
elle peut ne pas l'être, des relations "gravitationnelles" plus ou moins
nombreuses et complexes qui la constituent. En fait, une réalité dimen-
sionnelle est une combinaison complexe de relations élémentaires entre les
IBOZOO UU. Les Ummites disent volontiers un "ensemble sensé (au sens
de "pertinent", "orienté") d'IBOZOO UU". Le fait même de pouvoir la
décrire par un ensemble de relations mathématiques dans le cadre des
dimensions de l'Univers, lui confère son statut. C'est le seul son qui
pourrait être rendu (de façon restrictive) par une famille de nos mots-
objets: être, individu, sujet, créature, objet, bidule, machin, chose, truc,
etc ... Je constate que nous avons ici le seul "concept-objet" de cette langue.
JI ne fait pas référence à la perception. Mais c'est une abstraction qui rend
compte de la "matérialité" ou de la perception possibles. Cardinalité 1,n.

Le soncept R exprime "imitation". Ce n'est pas un objet, mais une idée


de relation. Selon que l'on considère le sens, le cardinalité change, du

408
simple fait que l'original est par définition unique. La relation "original
à imitation" est de cardinalité l,n.

Le soncept S exprime "rond, cercle, tour, cycle, répétition". L'idée n'est


pas celle de l'objet rond, mais beaucoup plus celle de la boucle, du
parcours fermé avec retour à l'origine. Ce que précise "tour" ou "cycle"
ou "répétition". En ce sens, c'est une relation de consécutivité, donc
temporelle, en sus de l'expression fonctionnelle d'un parcours logique
avec retour aux conditions initiales, éventuellement répétable. S' il fallait
lui attribuer une cardinalité, je prendrais le nombre d'occurrences de
répétitions et je dirais 1,n.

Le soncept T exprime "devenir, évolution". Ce n'est pas un objet, mais


une idée. Elle exprime aussi une relation: celle de la réalité (dimension-
nelle ou non) à elle-même, à travers le temps. Cardinalité l , l.

Le soncept U exprime "dépendance". C'est clairement une relation: on


ne peut envisager de dépendance sans préciser de quoi le "sujet" est
dépendant. Je suggère une cardinalité de 1,n, puisque le sujet peut être
dépendant de plusieurs facteurs simultanément.

Le soncept W exprime ''variation, changement, événement, nouveauté,


information". C'est aussi une idée relationnelle: celle de la présence en
regard de l'absence qui l'a précédée, ou l'inverse. Cette relation doit
effectivement être envisagée en plus du "devenir", car le "devenir" est
celui d'une réalité existante. Le "rien" ne peut pas "devenir". En
revanche, une "réalité dimensionnelle" peut se manifester "à la place" du
"rien", c'est la relation d"'apparition" dans sa dynamique consécutive,
qui en fait d'ailleurs la base du vocable "temps". Cardinalité 1, l.

Le soncept Y exprime "groupe, ensemble, paquet, volume". La relation


est ici celle de "rassemblement, regroupement", de prise en compte
collective, globale, mais sans que soient impliqués de liens exprimés
par M.
Pour être plus précis, si vous prenez un sac et y mettez trois boules en
vrac, vous obtenez un ensemble de boules: c'est le son Y et si les boules
sont différentes, soit en taille, soit en couleur ou tout autre différenciateur
que vous souhaitez évoquer, vous direz YI.
Si en revanche, vous accolez ces trois boules par des vis ou de la colle,
vous aurez aussi un ensemble de boules mais OM [unies, ou réunies] et

409
si elles sont différentes, selon des critères comparables à ceux évoqués
précédemment, vous direz selon votre volonté de souligner les
différences ou le couplage YIM ou OMI.

Le doublement du soncept exprime "la symétrie, l'égalité, l'équilibre,


la continuité, la stabilité". Il s'agit de relations qui expriment, soit une
fonction entre deux ou plusieurs objets (égalité, équilibre, cardinalité
1,n), soit une fonction intrinsèque de non-modification, de constance
(continuité, stabilité: cardinalité 1,1 ).

Ce qui conduit au constat que la sémantique de cette langue est


construite presque exclusivement sur des concepts relationnels, par
définition indépendants de tout référentiel. Ces briques sont les
constituants "idéaux" d'une pensée "fonctionnelle". En effet, toute
fonction est au moins une relation. Les objets ou les concepts "n'exis-
tent" pas en tant que tels: ils sont décrits comme des combinaisons de
relations. Il n'y a pas de référentiel tel qu'un dictionnaire ou une liste
de "mots", puisque ceux-ci sont composés selon les besoins des idées
à exprimer.

Grammaire, syntaxe, et remarques sémantiques


Dans ce domaine, commençons nos observations par des remarques
liminaires.

- Seuls les auteurs sont capables de dire si l'échantillon de leur langue,


qu'ils nous ont donné à étudier, est représentatif. La démarche
d'introduction à la culture et à la langue est très didactique, de façon
manifestement perceptible dans l'ensemble des documents. Dans ces
conditions il serait dommage, et je n'ose l'imaginer, que les auteurs
n'aient pas fait 1' effort de nous présenter un panorama globalement
témoin de l'ensemble accessible à notre compréhension.
Je suppose donc que les quelques observations que j'ai pu faire sont
généralisables.
- Les dactylographes ont écrit sous la dictée, mais le texte transcrit a
toujours été "vérifié" et "validé" par I'Ummite de service, sous
couvert du responsable terrien, le plus souvent YU/1. La version qui
nous est parvenue, pour autant qu'elle soit fidèle, est donc le reflet de
ce que les auteurs ont voulu que nous voyions. J'appuierai cette
remarque de la citation d'une phrase du D21:

410
"Nous essayons par tous les moyens de vous fixer en écriture espagnole
1'image acoustique de nos expressions, bien que dans la majorité des cas,
nos phonèmes peuvent se refléter dans des expressions graphiques
diverses."

Le plus simple est de passer en revue comparée les caractéristiques les


plus évidentes de cette langue en regard de celles des nôtres.

SÉPARATEURS

En effet, la présence d'espaces (blancs) entre les vocables doit nous


faire apparaître des unités linguistiques et éventuellement un ordre de
celles-ci, en fonction des "séparateurs" rencontrés.
Rien n'est apparu réellement dans ce domaine. L'analyse des expressions
ou des quelques phrases, seules occurrences de séparateurs "natifs" fait
apparaître une logique. Cette langue associe des idées relationnelles au plus
bas niveau de formalisation: les phonèmes. C'est-à-dire qu'une émission
sonore est plus proche, dans ce qu'elle véhicule à notre échelle, d'une
proposition que d'un "mot". La séparation, transcrite par des espaces,
représente en réalité, pour l'instant, des silences dans la dictée. Destinés,
semble-t-il, à nous aider à isoler des "groupes" significatifs accessibles. La
phrase prononcée par YU/1 (DSO) est le seul exemple, mais parfaitement
didactique, des séparateurs comparés ummites et terriens. Seul l'accès à
l'original permettrait de savoir si les signes séparateurs "en codes terriens"
ont été ajoutés par les Ummites, ou par un copiste postérieur. Je pense, pour
ma part, qu'ils ont été mis d'origine sur instruction des Ummites, pour
faciliter l'accès à la langue. Peut-être qu'une étude plus approfondie nous
fera comprendre ce que ces espaces représentent.

LES ARTICLES, ADJECTIFS, ADVERBES, ETC . ..

Nos langues sont construites, sur un plan logique, comme des articulations
de mots. Certains évoquent des réalités matérielles ou conceptuelles
indiscutables, parce qu'accessibles à l'expérience: ce sont les "mots-
objets" comme les a appelés Russell. Une table, un arbre, etc. D'autres
mots servent à établir des liaisons entre les "mots-objets", comme les
verbes, les adjectifs qui servent à compléter l'évocation des "mots-
objets" ou les prédicats pour former l'expression la plus simple, "atomi-
que" pour garder le vocabulaire inventé par Bertrand Russell. Exemple:
la table est grande.

411
On remarquera que les verbes expriment un état ou une action.
D'autres sortes de mots interviennent, pour préciser ou au contraire
généraliser: les mots comme "ceci", "cela", ')e", "maintenant", "quelques",
''tous" que Russell baptise les "circonstanciels égocentriques". Il démontre
d'ailleurs que ces mots ne sont pas réellement utiles. Je citerai encore les
adverbes, qui sont aux verbes ce que les adjectifs sont aux noms, aux
substantifs.
Je retiens la remarque générale que chaque "mot" de nos langues exprime
une idée simple, qui est principale comme un nom, d'action comme un
verbe, et de "modulation" ou de "correction" comme un adjectif ou un
adverbe, et qu'enfin il y a toute une série de mots de liaison comme les
conjonctions, les prépositions, etc ... Cette délicate alchimie est souvent
complétée par des "variations" de mots que sont les désinences, qui
servent à "positionner" les idées que les mots véhiculent, quant au
nombre, au rôle, et au temps, en relation avec Je temps de celui qui parle.
Je n'aborde pas les articles, puisque certaines langues fonctionnent très
bien sans en faire usage, et certaines les remplacent par des désinences.

Et la langue ummite, en regard de toute cette panoplie?

D'abord, pour les articles, je cite la note du D41:

"Dans notre langage il n y a pas le mode grammatical que vous appelez


"ARTICLE". Les vocables féminins et masculins sont toujours distincts
dans leur forme graphique. Pardonnez-nous de parfois écrire par
distraction LE YIE au lieu de LA YIE (FEMME). "

J'y ajouterai un extrait fort significatif. Le document Dl04, dont il est


tiré, explique et décrit comment les informations collectées sur la Terre
sont réexpédiées sur UMMO. Par enregistrement sur "bloc de titane"
(voir le chapitre 6, à propos des ordinateurs, point de vue technique). Ce
qui correspond à quelque chose qui peut évoquer nos cartes mémoire de
type PCMCIA sur nos micro-ordinateurs, mais avec une technologie et
des performances extraordinaires. Les Ummites donnent un aperçu des
conclusions enregistrées sur le devenir prévisible de la Terre (selon leurs
méthodes) et transmises sur UMMO. Les données ayant été enregistrées,
c'est l'occasion de "détailler" les caractéristiques du bloc mémoire
utilisé. Ce rapport a naturellement été mémorisé en langue ummite. Le
plus important, en ce qui nous concerne ici, vient du commentaire qu'ils
font sur les "retranscriptions" en anglais et en espagnol:

412
"Les paragraphes autonomes renseignés entre guillemets, sont une
transcription littérale, la plus fidèle possible, recueillie dans 1'infor-
mation originale. [Il s'agit ici des citations des textes terriens, NdA]
(Cette précision de la version dans la langue qui vous est familière, se
comprend avec les additions grammaticales et sémantiques qui la
rendent intelligible car nos textes sont excessivement synthétiques,
dépourvus de la morphologie de syntaxe qui vous est familière ce qui a
rendu très difficile son décodage sans l'addition préalable de formes
verbales, adjectifs, etc. "

C'est moi qui ai souligné les points importants: les Ummites expliquent
bien qu'ils n'utilisent pas "les additions grammaticales et sémantiques"
[la syntaxe et la grammaire, avec son jeu de prépositions, désinences,
conjonctions, etc.). Ils précisent même qu'ils n'utilisent pas de "formes
verbales, ni d'adjectifs", et que leur langue est "excessivement synthé-
tique". De plus, je souligne que ce passage ne m'a rien donné lorsque
j'ai commencé mon travail, et n'avait même pas retenu mon attention.
Je n'ai pu lui trouver de justification qu'après avoir découvert les
caractéristiques de cette langue.
La logique de base de nos langues consiste à désigner un objet, une
action, un qualificatif par un mot. Accompagné de son pendant
aristotélicien, selon la logique du tiers exclu, son "contraire". Par
exemple l'adjectif "haut" qui a pour opposé "non-haut" que l' on a trouvé
plus pratique de désigner par "bas".
Ce qui nous contraint à construire un nouveau mot et son contraire pour
chaque idée nouvelle, et nous assure ainsi les moyens d'une description
toujours plus précise de l'univers qui nous entoure. Au prix d'une liste de
mots, toujours plus longue, bien supérieure à 80.000 pour une langue
comme le français et d'environ 220.000 mots si on prend en compte les
mots techniques.
La précision des mots, dans le couple de base "objet - non-objet"
entraîne la nécessité de toute une série de moyens de moduler par des
correctifs. Le vocabulaire ne peut que s'enrichir, constituant des
catalogues toujours plus vastes avec une variété quasi infinie de nuances.
En ce sens, nos langues sont tributaires, devant une réalité nouvelle, de
leur incapacité à en rendre compte avec simplicité avant d'avoir fait
évoluer le vocabulaire en conséquence, par de nouveaux concepts, donc
de nouveaux mots.
Nous en avons une magnifique illustration dans les "emprunts" qui sont
faits aux langues étrangères. Quand une langue n'a pas encore créé de

413
mot pour recouvrir un concept, surtout si celui-ci ne se rattache pas
directement à sa culture, les individus qui la parlent intègrent tout
naturellement le "mot" étranger qui véhicule le concept. En l' an 2000, la
France n'a toujours pas admis, dans son langage, la pratique de "manger
de manière expéditive", qui fait par ailleurs l'objet d'une contestation
diétético-culturelle. Chacun a sa description et j'ai fait un assemblage de
quatre mots. Les français ont intégré le mot anglo-saxon 'fastfood', résultat
agglutiné des deux idées-forces.
Je n'entrerai pas dans le débat de l'enrichissement du vocabulaire et de
l'appauvrissement corrélatif des cultures dans leur spécificité.

En face, le langage ummite, au moins tel que je l'ai perçu et compris,


ne se revendique d'aucune logique, sinon de "décrire" en termes de
"relations" et d'exprimer par "connexité". Il n'y a pas de "mots-objets"
dans cette langue, ni de logique implicite. Seulement des "briques" de
base qui ne sont que des expressions de relations.
Une idée complexe sera exprimée par un choix judicieux et une
construction logique des relations de base. Il en découle de nombreuses
conséquences:

Il n'est plus nécessaire de distinguer les noms des adjectifs, ou les verbes
des adverbes. Ces sortes de mots véhiculent des idées, les groupes
relationnels en sont autant capables. L'arbitrage entre l'idée principale et
le correctif doit normalement découler du contexte, et je l'ai souvent
trouvé dans mes transcriptions: toutes les solutions non adaptées
s'éliminent d'elles-mêmes en application d'une logique descriptive.
Néanmoins, j'ai trouvé le plus souvent l'idée principale présentée en
premier avec le "correctif' ou "qualifiant" immédiatement attaché. Sauf
dans les vocables "complexes" où le qualifié principal semble rejeté en
fin d'expression.
Les mots de liaison ne sont plus utiles, puisque les nuances qu'ils
apportaient le sont aussi bien par les idées relationnelles, quand elles sont
réellement justifiées.
Seules les idées nécessaires au discours sont évoquées à l'aide des "sons-
relations", que j'ai baptisés soncepts. La liste n'en est donc pas "fermée",
et tout nouveau concept pourra s'exprimer par une nouvelle combinaison
de relations. Pour autant que la base soit exhaustive, le vocabulaire est
infini dès la création de la langue et sa capacité descriptive est sans
limite. Les Ummites insistent à plusieurs reprises sur la nécessité
d'adapter la formulation, dans un dialogue, au niveau de compréhension

414
de l'interlocuteur [dont ils ont une appréciation directe par la codification
de son vêtement]. La souplesse de leur système linguistique est là pour le
permettre. On comprend ainsi pourquoi la transcription ne peut se faire,
comme dans nos langues par un "mot" pour un "vocable". La richesse, la
puissance descriptive et évocatrice des combinaisons relationnelles ne
peut être rendue que par de belles, voir longues périphrases. Je citerai, à
ce propos et en manière de confirmation, le document 072:

"Mais la transcription de ces idées devient véritablement difficile si vous


tenez compte que vos schémas mentaux sont conformés de manière
différente des nôtres. Nous ne pouvons utiliser un langage commun
intelligible pour tous deux. Maintenant même, en m'efforçant d 'utiliser des
modes verbaux en espagnol qui vous soient familiers, je fais obstacle aux
flux des idées que d 'une autre façon je pourrais communiquer avec
aisance, si les acceptions de vos phonèmes pouvaient interpréter
correctement ma pensée. Vos frères Rilke, Neruda, Garcia Lorca auraient-
ils pu exprimer leur exquise sensibilité avec le seul instrument verbal d'un
vocabulaire sélectionné dans l 'index d 'un manuel d'électronique?(*)
Il ne s'agit pas dans notre cas de chercher un phonème ou un vocable
espagnol dont la signification soit analogue à notre expression cor-
respondante. Même si ce premier cas était obtenu et même en réalisant
une analyse lexicographique complète de la langue, les expressions
complexes intégrées par ces "paroles" cacheraient des significations
insolites pour les habitudes topiques de la pensée terrestre. "

(*) Cette phrase peut se comprendre de façon étonnante: la formulation


ummite (et je rappelle qu'ils maîtrisent très bien la langue espagnole)
laisse entendre qu'ils sont parfaitement conscients du caractère "non poé-
tique", abominablement froid de leur "système linguistique", comparable
aux formulations réalisées avec les termes extraits d'un "index de manuel
électronique"!
De nombreux "mots" différents dans nos langues, véhiculent des idées
comparables. C'est le fait des nuances nécessitées par la précision de nos
vocables. On trouvera, dans la langue ummite, un même vocable dont la
compréhension sera rendue différemment, dans nos langues, selon le
contexte.
En revanche, le système manque un peu de précision, de temps à autre,
et peut induire des ambiguïtés. D'où la mise en œuvre d'un langage
complémentaire, que j'ai baptisé codilangage et que je n' ai pas étudié.
J'en ai justifié par ailleurs les raisons.

415
Les groupes ou séquences relationnelles sont construits de telle manière
qu'il n'y a en général pas d'ambiguïté dans la compréhension. C' est la
conclusion à laquelle je suis arrivé en tentant de transcrire les vocables à
l'occasion des dictionnaires. Il est vrai que quand on se retrouve devant
une série d'idées "relationnelles", on peut imaginer de multiples façon de
les agencer. En réalité, une seule combinaison s'est le plus souvent
imposée. Le lecteur pourra s'amuser, à propos de l'un ou l'autre vocable
du dictionnaire, à tenter de fabriquer une autre transcription et à la
replacer dans son contexte ...

Donc pas de mots de liaison et des idées, tantôt principales, tantôt


secondaires ou "correctrices".
Et quelques artifices sémantiques, je n'ose dire "grammaticaux ou
syntaxiques". Je tiens à préciser ici que les éléments que j ' ai identifiés ne
peuvent avoir reçu l' aval des auteurs des documents. Bien qu'aucune des
modalités suggérées n'ait fait l'objet d'une utilisation "massive" qui en
aurait établi à coup sûr l'existence, certaines compréhensions, fréquentes,
n'ont pas été possibles tant que ces conventions n'ont pas été identifiées.
Ces conventions s'intègrent, en tout état de cause, dans une logique
simple d'expression.

Je ne considère pas le doublement des soncepts comme un procédé


"grammatical" ou logique. Je l'ai rattaché aux émissions sonores et donc
aux phonèmes (procédé phonologique).

Les conventions logiques

LA "CONNEXITÉ" OU LA RELATIVITÉ DE L' EXPRESSION

Presque tous les vocables sont construits, aux conventions sémanto-


logiques près, sur la lecture des soncepts en addition de connexité, dans
le sens de l'émission sonore. Il faut toutefois être attentif au fait que
l'enchaînement logique (exprimé dans la pensée fonctionnelle ummite)
ne s'accommode pas toujours (et même rarement!) de nos conventions
syntaxiques ou grammaticales (je pense ici en particulier aux position-
nements obligés de l'adjectif dans les langues anglo-saxonnes).

Par exemple, le vocable EAAIODI apparaît deux fois, en A 13.125 "NOS


BASES EAAIODI GOO (ontologiques)" et en Al4.143 " .. . il y a un
nombre très réduit de POSSIBILITE D 'EXISTENCE EAAIODI GOO

416
(ONTOLOGIQUES) ". JI est un des meilleurs exemples de la sémantique
"absolument relative" ou de "connexité" . Il se lit directement de gauche
à droite, c'est-à-dire dans la séquence d ' émission des soncepts.
E = image mentale, perception, sensation
A = vérité, action, effectivité
A= la répétition du soncept précédent exprime l'idée ajoutée de
"symétrie, équilibre, égalité, continuité, stabilité": AA = équilibre
ou égalité effective
1 = différent, autre, distinct, séparé, varié, écart, opposé
0 = entité, être, existence, créature
D = manifestation, forme
1 = différence, autre, distinct, séparé, varié, écart, opposé

Le vocable complet désigne "l'image mentale de l'équilibre effectif


de la diversité des êtres dans leurs formes différenciées", que l'on
comprend mieux dans "la représentation mentale de l'équilibre
effectif des manifestations différenciées de la diversité des êtres". Ce
vocable définit l'ontologie de façon originale, mais parfaitement
compatible avec notre formulation.

LE PLURIEL
Cette façon d'exprimer des idées par des groupes de relations fonda-
mentales exclut naturellement tout système de désinences nominales,
verbales ou de déclinaisons. Il est nécessaire de pouvoir évoquer le
concept de "pluralité". Et là, la langue ummite a gardé ce que l'on
retrouve dans un certain nombre de langues terriennes considérées
comme "élémentaires". Le procédé est simple, et indiqué directement par
les Ummites. La répétition d'un segment (et non d'un phonème) exprime
sa pluralité. L'Univers est un multi-cosmos. En ummite, cosmos se dit
WAAM. Le multi-cosmos se dit WAAMWAAM, et les auteurs nous ont
aidés en faisant écrire WAAM-WAAM.

L'IDÉE D'ÉGALITÉ OU DE CONTINUITÉ (lecture de symétrie OU d'égalité)


On a vu que le doublement d'un soncept était porteur d'une idée d'équi-
libre ou de continuité que nous exprimons par "symétrie, équilibre,
égalité, continuité, stabilité". L'expression de cette même idée, sur le
même principe en association à un segment, et non plus à un soncept,
entre en compétition avec la répétition qui évoque la pluralité. Les

417
Ummites ont fait simple. Ils ont attaché l'idée (doublement) à tous
les soncepts composant le segment, ce qui généralise l'idée à tout le
segment.
Par exemple "une information (W) effective (A)" se dit WA. Pour
exprimer des "informations effectives égales ou symétriques", ou la
"symétrie des informations effectives", on ne peut pas dire "WAWA" qui
serait logique (doublement), mais exprimerait la "pluralité" de WA. Le
système ummite a donc attaché le doublement à chaque soncept et
formule WWAA.
C'est ce qui se produit dans le vocable BUAWWAA. Ce vocable
n'apparaît qu'une fois, en A 13.114 "Si tu dois te défendre contre ton
frère, si pour conserver unis OEMII-BUAWWAA (CORPS et ESPRIT) tu
dois le blesser, fais-le à la dernière limite, après avoir épuisé tous les ... ".
Il s'agit d'une autre expression pour désigner l'âme. Le doublement du
segment WWAA invite à la lecture de "symétrie" du segment WA. Ce
segment évoque "symétrie des informations effectives". On reconnaît le
segment BUA qui évoque "contributions (B) obligatoires, nécessaires
(UA)" [voir combinaisons courantes], c'est-à-dire "contributions
obligées". Le vocable complet désigne "les contributions obligées aux
informations bi-univoques effectives".

CORRECTIFS MULTIPLES (qualifiant, qualifié, attribut commun)


Le principe de connexité a une conséquence logique immédiate: une idée
correctrice d'une autre idée ne peut que lui être "adjacente". En effet, si
eJie n'est pas contiguë, le lien est perdu dans la logique consécutive
d'expression. Peu importe que la correction soit dite avant ou après.
Après avoir cru déceler une logique dans le positionnement, j'ai du me
résigner: il n'y a pas de dominante. li s'en suit un problème pour attribuer
plusieurs correctifs à une idée unique. Notre système de formulation nous
permet de dire "un chapeau rond, bleu et mou". Un Ummite ne peut pas
le dire. Il doit exprimer "un couvre-chef (*) rond, couvre-chef bleu,
couvre-chef mou".
(*) Un chapeau est un objet: il n'a pas d'existence dans la pensée
fonctionneJJe. Quand il évoque ce que nous appelons un chapeau,
I'Ummite pense "fonction", c'est-à-dire "couvre tête" ou "décore tête"
(la tête étant exprimée eJJe-même par l'une ou l'autre de ses fonctions).
Ce qui conduit à des répétitions visibles dans les vocables, et que l'on
peut traiter mentalement par le procédé, dérivé des mathématiques, de la
mise en facteur commun. Comme la position du correctif n'est pas

418
définie, le cas peut se présenter dans les deux situations. Il peut aussi
concerner plus d'un soncept, voire un segment entier. Je donnerai trois
exemples:

Le vocable UXGIGII, qui doit être lu UGSGIGII (voir phonétique),


exprime en réalité U-G-(S et 1 et Il). Le groupe (S et 1 et II) exprime
"circulaire (S), différent (1) et local (Il)". Le soncept G exprime
l'organisation. Le segment G-(S et 1 et 11) évoque "une organisation
circulaire, différente et locale". L'idée de dépendance, véhiculée par le
soncept U, indique que cette organisation est celle de la dépendance, de
la soumission. Une organisation dont on est dépendant, qui sert de norme,
c'est par exemple "un référentiel", ce que le contexte confirme. Le vocable,
transcrit par UXGIGII, désigne "la dépendance organisée (un réfé-
rentiel) circulaire, différente et locale".

Autre exemple: DOOGOO.


Le redoublement du segment 00 invite à la lecture d'attribut commun
selon (D et G)-00. Le groupe (D et G) exprime "manifestation, forme,
apparence (D) et agencement, organisation (G)", c'est-à-dire "organi-
sation de l'apparence", ou encore "manifestation ou forme organisée,
artificielle". Le segment 00 exprime "entité, être, existence, créature,
constituant (0) en symétrie, en équilibre, à égalité, en continuité, en
stabilité (0)", c'est-à-dire "équilibre, symétrie de constituants" ou "à
égalité de composants". Il faut comprendre que l'équilibre est entre le
stimulus (réalité dimensionnelle 0) et le résultat (réalité dimensionnelle
0), c'est-à-dire que la réponse est le reflet exact (symétrie, égalité) de la
"cause". Le vocable complet désigne "manifestations organisées de
composants en équilibre".

Dernier exemple: AABUUGUU.


Ce vocable n'apparaît qu'une fois, en G91.3 "Les hommes (OEMMIE)
des ethnies d'Afrique, d 'Asie et d'Amérique du Sud à cause de leur
moindre développement culturel (BIEWIIGGAE AABUUGUU) (ce qui
n'implique pas qu 'il soient inférieurs en évolution cérébrale) ".
La répétition du segment UU dans le segment BUUGUU invite à la
lecture de correctifs multiples, selon (B et G)-UU. Le groupe (B et G)
exprime "contribution (B) et organisation, agencement (G)", c'est-à-dire
"des contributions organisées". Le segment UU exprime "dépendance
(U) en symétrie, à égalité, en équilibre, en réciprocité, en continuité,
stabilité (U)", c'est-à-dire "la dépendance réciproque ou stable". Le

419
segment AA exprime "vérité, action, effectivité (A) en symétrie, à
égalité, en équilibre, en équité, en réciprocité (A)", c'est-à-dire "équilibre
effectif'. le vocable complet désigne "l'équilibre effectif des contri-
butions organisées d'une dépendance continue". C'est l'expression
fonctionnelle de l'état de développement, en complexité (contributions
organisées) croissante.

UNE VÉRIFICATION

Je terminerai ce tour d'horizon sémantique par une vérification. Telle que


j'ai pu la faire. J'ai attribué aux sons élémentaires de cette langue des
concepts évoqués en essayant de cerner au mieux les idées véhiculées.
J'ai trouvé à plusieurs reprises, des formulations utilisant l'un ou l'autre
terme identique à ceux que j'avais été amené à utiliser.
Je cite ici un extrait du 0119 (All9.188) (reçu par José Jimenez
Marhuenda le 26 avril 1980) [j'ai mis en gras les mots forts]:

" ... Nous autres appelons le Réseau Endocrinien en le traduisant par


une parole de notre langue comme l'ensemble relié de flux et de
concentrations ponctuelles de toutes les substances que vous appelez
hormones, situés dans le milieu liquide du tissu sanguin, lymphatique,
céphalorachidien, liquide etc... de l'enceinte somatique."

L'émission verbale ummite [parole de notre langue] pourrait être


YUNYUASNEII YWOOIIDAA. Laquelle se lit "ensemble (Y) relié,
dépendant (U) de flux (N) et [ensemble relié YU, correctif multiple] de
concentrations (ASNE) ponctuelles (II)" et "ensemble de substances
de vie en équilibre (YWOO) en milieu liquide DAA de l'enceinte
somatique (Il) ... "
Il s'agit là des termes exacts que j'ai employés dans la signification des
sons élémentaires.

La sémantique ummite est bel et bien une cascade de relations, telles que
je les ai identifiées.

POUR UNE LOGIQUE DES EXPRESSIONS

Lorsque plusieurs vocables participent à une expression, ils comportent


quelquefois une idée ou un segment commun, qui sert de lien. Dans une
logique comparable à celle des correctifs multiples.

420
Exemple: 1'expression GIIXAA YUXAA apparaît en A36.41 "Et comme
de la poche de l'un des sujets aperçus sortait un mouchoir, on imita
même ce détail, (tout en ignorant sa fonction), en faisant dépasser d'une
fente d'un soi-disant costume une feuille froissée de GIIXAA YUXAA
(produit alimentaire synthétique qui se présente sous forme de fines
lamelles)".
On observe un segment commun XAA, qui doit être lu GSAA. Si bien
que l'expression se lit (GII et YU)-XAA. Le segment GII exprime
"l'organisation de l'enveloppe" et ici, avec notre vocabulaire, "l'agence-
ment de l'habillement". Le segment YU exprime "ensemble ou groupe
dépendant". Le groupe (GII et YU) évoque "l'agencement de l'habille-
ment du groupe dépendant". Le segment GSAA exprime "organisation
(G) cyclique ou alternée (S) (permutation, substitution] équilibre effectif,
continuité réelle, stabilité effective (AA) [voir combinaisons courantes]",
c'est-à-dire une "substitution en continuité réelle, sans perturbation" ou
une "intégration réussie". L'expression complète se transcrit par "l'agen-
cement de l'habillement du groupe dépendant pour une intégration sans
perturbation".
Il s'agit effectivement d'une pièce d'habillement jugée déterminante par
les Ummites, destinée à imiter les "pochettes" en France. On constate,
par ailleurs, combien l'indication donnée par les Ummites est éloignée
d'une "traduction", et que l'indication concernant le produit alimentaire
est purement culturelle et destinée à préciser les choix que les
expéditionnaires ont faits: sacrifier un peu de la survie pour espérer
ne pas se faire remarquer. Voilà un nouvel exemple de la méthode
'didactique' utilisée pour faire entrevoir une culture, une autre façon de
considérer les choses.

421
L6. Une langue non terrienne

Comparaison sémantique

Les spécialistes de toutes les disciplines traitant de la pensée, psycho-


logues, linguistes, logiciens et philosophes sont d'accord: la pensée est
inséparable du langage qui l'exprime. Chacun peut l'observer dans l'acte
de pensée lui-même. L'addition est, par exemple, un assemblage d'actes de
pensée simples. Isolez-vous et essayez de faire l'addition des deux
nombres 528 et 379, sur un morceau de papier. Etant seul, vous n'allez pas
parler. Ecoutez-vous, intérieurement. Vous verbalisez (en mode muet)
les étapes de votre pensée, dans 1' ordre: 9 et 8 égalent 17, je pose 7 et je
retiens 1, etc ... Toute pensée s'exerce par le langage (même non énoncé).

En outre, comme le constatent tous les encyclopédistes, le langage est un


fait spécialement humain: il n'existe ni chez les animaux, ni chez les auto-
mates les plus perfectionnés. Sans confondre modes de communication
élémentaires et langage.

CONSTRUCTION SONORE

Pour décrire l'émission sonore selon les concepts terriens, nous utilisons,
entre autres, les notions de monème, phonème et syllabe.
Le terme "mot" est ambigu et les linguistes ont proposé le terme
"monème", pour désigner un "signe-unité" de la langue. Par exemple un
nom, un verbe, un adjectif, une préposition, la désinence de déclinaison,
un préfixe, un suffixe, etc.).
Il est construit à partir de "phonèmes" que sont les "unités phoniques
pertinentes, c'est-à-dire différenciatrices". Un phonème est le "caractère
phonique minimal qui pour une langue parlée, distingue une chose dite
de ce qui aurait pu être dit" (Encyclopédie Bordas). Ces phonèmes sont
très rarement isolés.

423
Un exemple de groupement des phonèmes est celui des syllabes (au
moins une consonne et au moins une voyelle, prononcées en une seule
émission).
Une ou plusieurs syllabes concourent à la formation d'un monème.
Les phonèmes des langues terriennes sont différenciateurs, mais ils ne
sont pratiquement jamais isolément "signifiants", c'est-à-dire porteurs
d'une signification propre.

Les phonèmes ummites sont signifiants. Ils véhiculent chacun une


abstraction. Ils sont, tout à la fois, l'émission d'un son et l'expression
d'un concept, procédé inconnu de la parole terrienne. C'est pourquoi j'ai
décidé de distinguer ce signifiant élémentaire nouveau par un néologisme
exprimant le groupe "son+ concept": le soncept. La langue ummite n'est
pas une concaténation de phonèmes, mais une concaténation de soncepts.
C'est ce qui a contribué à dérouter tous les linguistes et tous les
chercheurs qui se sont penchés sur cette langue. Lorsque les auteurs ont
écrit "nos phonèmes", les lecteurs terriens n'ont pas pu prendre en
compte leur aspect "signifiant", puisque cette caractéristique était
absente du "pattern" associé au mot "phonème" dans notre pensée. C'est
la recherche de signifiants, dans une démarche "non linguistique", qui a
permis de trouver.

Le système linguistique ummite ne peut être décrit avec notre


vocabulaire. Il est construit sur un élément inconnu des langues terrien-
nes, pour lequel il a été nécessaire d'inventer un mot: le SONCEPT.
Il s'agit là de son premier caractère non terrien.

TYPOLOGIE

Les spécialistes du XJXème siècle ont reconnu, dans tous les langages de
la Terre, trois types de langues:

Les langues flexionnelles, qui sont caractérisées par l'usage de mots


de liaison, l'usage d'affixes (préfixes ou suffixes), de désinences. Les
langues européennes en sont chacune un exemple.
- Les langues isolantes qui marquent les rapports "grammaticaux" par
la place des mots ou l'intonation. Dans de telles langues, les mots sont
invariables. Un exemple classique est celui du chinois.
Les langues agglutinantes, qui sont un intermédiaire entre les deux
types précédents, mêlant les deux caractéristiques.

424
Cette typologie des langues terriennes est aujourd'hui dépassée, car il a
été montré au xxème siècle qu'aucune langue n'était intégralement
rattachable à un seul type. Il serait plus correct de déclarer les langues
toutes agglutinantes, avec plus ou moins de dominance flexionnelle ou
isolante. Les notions fondatrices restent intéressantes.

Qu'en est-il de ce que j'ai trouvé de la langue urnmite?


Les composantes flexionnelles sont à éliminer, puisqu'elles constituent
des modulateurs ou des apports. La signification étant portée par Je plus
petit élément d'expression possible (phonème), il n'y a pas de sub-niveau
accessible permettant de hiérarchiser les "modulateurs" de sens. Sauf par
d'éventuels accents qui n'ont jamais été mentionnés. On ne peut non
plus les inclure au même niveau, puisqu' il n'existe que 18 signifiants
"élémentaires".
De la même façon, les mots de liaison devraient, dans le cas d' une langue
flexionnelle, s'exprimer par des phonèmes isolés. Or ceux-ci sont
par définition, déjà porteurs d'une signification "fondamentale". Cette
éventualité constituerait une contradiction avec la logique relationnelle
des contenus des signifiants, qui exige au moins deux unités assemblées.
La langue ummite n'a aucune caractéristique flexionnelle.

En revanche, les unités signifiantes étant les phonèmes, ceux-ci sont


invariants. C'est une conséquence de leur définition. Et on a pu constater,
dans le principe de connexité, complété des trois conventions logiques,
que la position du phonème avait une importance-clé dans la signification
de l'ensemble. C'est même la seule possibilité offerte au locuteur pour
"composer" ou "adapter" son discours. Au moins dans l'échantillon qui
nous a été disponible. La langue ummite a toutes les caractéristiques
d'une langue isolante. C'était en partie prévisible, du fait de sa structure
logique "idéo ... "

A fortiori, on ne peut donc rattacher le système linguistique ummite aux


langues agglutinantes.
Par sa typologie intégralement isolante, la langue ummite ne s'ap-
parente à aucune langue terrienne.

LOGIQU E D' EXPR ESSION OU SÉMANTIQUE

Toutes les langues de la Terre sont construites, à l'image de la pensée de


l'humain terrien, sur le modèle "une idée- un monème". Ce qui conduit

425
à disposer d'autant de monèmes que d'idées à exprimer. D'où la richesse
de nos vocabulaires et/ou de nos systèmes grammaticaux. Une idée
est exprimée par un groupe de phonèmes, individuellement dénués de
signification propre. C'est le nombre et la position respective des
phonèmes qui concourent à la constitution des unités signifiantes.

Le langage ummite est caractérisé par 17 soncepts, porteurs chacun d'une


idée élémentaire, presque toujours relationnelle. Et par un procédé
phonologique, le doublement, qui ajoute une Jgème idée fondatrice. Mis
à part le soncept 0, chacune de ces idées exprime une relation. Si bien
qu'une idée finale est une concaténation organisée de relations.
L'organisation est indissociable des soncepts utilisés.

Prenons l'exemple de l'émission sonore UII.


Pour nous, Terriens, ce sont trois phonèmes concaténés, combinaison
dans laquelle nous remarquons l'émission répétée d'un phonème: 1. Cette
combinaison ne répond pas à la définition d'une syllabe (pas de
consonne). Il existe peut-être une langue terrienne dans laquelle ce
"groupe phonémique" est signifiant.
Pour les Ummites, il s'agit de l'émission consécutive, c'est-à-dire
ordonnée de deux idées de base, liées:
D'abord le son U (en français 'ou') qui évoque la dépendance.
Ensuite le son doublé II qui évoque la limite.
Nous sommes en situation de langage "idéo ... ", et la lecture est implicite
dans l'ordre d'émission: dépendance et limite. C'est-à-dire "dépendance
de limite".
Si I'Ummite avait voulu formuler "limite de dépendance", il aurait émis
liU.
On observera que la signification véhiculée est l'expression de fonctions
ou de relations. Et que si l'on veut en rendre compte avec nos mots, nous
sommes contraints à une famille de mots: tous ceux qui exprimeront le
groupe des fonctions évoquées.
Pour cet exemple, on retrouvera les notions de "dépendance d'une limite"
dans des mots comme "intérieur, interne, internat, contenu, capacité
(au sens de contenu), volume (au sens de contenu), plafonné (comme
maximum), la notion d'encadrement elle-même et tout ce qui s'y
rattache, etc ... ". On perçoit ici les difficultés de compréhension d'abord,
de traduction ensuite qui ont été rencontrées. Un Terrien ne comprend pas
facilement pourquoi trois simples sons peuvent évoquer autant de mots
si différents. Seule l'analyse fonctionnelle des idées signifiées, et la

426
confrontation au contexte, permettent ensemble de déterminer le panel de
nos mots qui sont en équivalence.

Je prendrai deux autres exemples.


L'émission du groupe phonétique UIW véhicule dans l'ordre les idées de
"dépendance (U) différence (1) changement ou information (W)" [on se
réferera utilement à la justification de cette équivalence à propos du
soncept WJ. Heureusement qu'à l'occasion de ce "vocable", les Ummites
nous ont prodigué d'assez nombreuses explications, témoins d'une
différence réelle de civilisation et de pensée. En effet, l'assemblage
logique fonctionnel auquel nous sommes conduits "dépendance des
différences d'informations" n'exprime pas pour nous "le temps", signi-
fication pourtant équivalente déduite des indications données en contexte
et vérifiée.
Les mêmes soncepts, émis dans un autre ordre, UWI, par exemple
conduisent à une autre hiérarchie des signifiés: "dépendance des
informations distinctes". La différence, l'altérité exprimée ici conduit à
l'équivalence par notre mot "instant".

Ces exemples montrent les différences de contenu et de niveau


d'assemblage de la langue ummite en regard de celles de la Terre. La
densité d'information du véhicule phonétique ummite est beaucoup plus
grande, du fait de l'existence des soncepts.
D'autre part, les idées véhiculées sont des idées qui sont pour nous
''générales", fonctionnelles. Il n'en existe que dix-huit, par ordre alpha-
bétique des soncepts: effectivité, contribution, manifestation, perception,
organisation, altérité, mélange, équivalence, relation, flux, existence,
imitation, cyclicité, évolution, dépendance, information, groupement,
égalité.
Ces idées sont des abstractions et, pour nous Terriens, l'aboutissement
d'un processus de généralisation, de synthèse. Elles représentent une
prise de recul par rapport aux "mots-objets" (selon Russell) de notre
pensée habituelle.
Or ces idées sont les constituants élémentaires du langage ummite, les
plus petites unités de l'expression vocale, c'est-à-dire les "bases" d'un
système de pensée. Nous avons ici un décalage de double ampleur et une
"contradiction" dans la construction du langage. Et celui-ci est le reflet
de l'organisation de la pensée.
Ces idées, pièces de base pour un Ummite, sont pour nous, au niveau de
chacune, l'expression d'une action de synthèse de notre pensée. Nos

427
"mots" sont des sous-ensembles vis-à-vis de chacune des idées
véhiculées par les soncepts ummites. Un soncept ummite correspond à
une famille de nos mots.

Je résume les organisations comparées des systèmes linguistiques dans le


schéma ci-contre.

On constate immédiatement la différence d'architecture, et on comprend


les difficultés d'expression de signifiés comparables; sans prendre en
considération le fossé entre les cultures. Mais en sont-elles vraiment
indépendantes?

DIFFICULTÉS DE TRADUCTION

- Sens ummite vers langue terrienne


On voit sur le schéma que pour accéder à l'équivalence de signifiés
(parvenir à l'expression du même contenu), tout en restant au niveau du
"mot à mot" pour simplifier, plusieurs étapes sont nécessaires. A partir
du concept commun évoqué, il faut faire la liste de tous les mots qui
contiennent implicitement cette idée, en s'assurant de son caractère
exhaustif, puis sélectionner le mot le plus adapté au contexte (autres mots
évocables), quand des indications sont fournies.
Hiérarchies sémantiques comparées

JNiveau élémentaire

.
Monème
1de pensée terrienne

1Niveau élémentaire
~ pensée ummite

Mot-

.
.
" ----
F~ta

. .......

---- SONCEPT

428
- Sens langue terrienne vers ummite.

Ici le processus me paraît encore plus difficile. Le point de départ de


l'idée à signifier, c'est pour nous un "mot". Il faut analyser le mot pour
déterminer à quelles familles, à quels soncepts [parmi les dix-huit dispo-
nibles] il se rattache, c'est-à-dire déterminer quels sont ses constitutifs
relationnels. En étant exhaustif. Il faut ensuite construire la combinaison,
la séquence relative des soncepts qui rendra l'idée à véhiculer, en
pratiquant une analyse logique comparée. Le nombre de combinaisons
envisageables est infini, puisque le nombre de soncepts exprimables n'est
pas limité, du fait des réemplois possibles. Ce qui veut dire que la traduc-
tion d'une langue terrienne vers la langue ummite est très difficilement
envisageable, en tout cas nécessite un effort mental gigantesque de
doubles transpositions consécutives (analyse et ré-architecture) de la
pensée. Incompatible, me semble-t-il en première analyse, avec une
élocution fluide.

Cette architecture mentale, cette façon de penser est incontestablement


étrangère à tout système terrien (voir ci-après).

J'irai même plus loin: un humain de la Terre pense selon nos processus.
Nous venons de voir qu'il est pratiquement impossible de passer, dans
des conditions fluides, de la "langue terrienne vers la langue ummite",
quelle que soit l'idée à signifier.
En conséquence, un humain terrien ne peut avoir "inventé" cette langue,
telle que je l'ai identifiée, avec 1.345 vocables. D'autant que ceux-ci
portent parfois sur des domaines scientifiques très "pointus". Et cette
langue revendique un nombre infini de vocables possibles permettant ainsi
l'adaptation du discours aux capacités de compréhension de l'interlocuteur.

Je pense que des éléments de preuve sont ici apportés que le système
linguistique ummite ne peut avoir été construit par un ou des
hommes de la Terre, et que son origine doit ainsi être considérée
comme extérieure à notre planète.

UN RÊVE

Nos civilisations ont connu des penseurs de très grande puissance


intellectuelle. Leibniz ( 1646-1716) a fait partie de ceux-là. Il a rêvé et
tenté d'établir une "langue caractéristique universelle", comprenant, avec

429
une notation symbolique appropriée, les éléments fondamentaux de
tous les concepts. [Nous avons un exemple d'une telle démarche avec
la structure du langage ummite de premier niveau]. Et dotée d'"un
assemblage de règles, comparables à celles de l'algèbre qui permettrait
de combiner ces symboles et de faire progresser la pensée". Leibniz n'a
pas réalisé le projet. Les règles algébriques rêvées par Leibniz font
inévitablement penser au codilangage (bien qu'on reste ici arithmétique)
rencontré dans les textes ummites (voir le chapitre sémantique).
Nous avons vu que si un tel système linguistique est possible [et il semble
que le système ummite y satisfasse], il est structurellement incompatible
avec les modalités d'expression de la pensée humaine terrienne (mot-
objet) d'aujourd'hui et de l'époque de Leibniz.
Sa mise en œuvre nécessiterait une reconstruction préalable et complète
du mode de pensée. Après avoir envisagé un moment que la structure
logico-biologique actuelle de notre encéphale ne serait pas capable de
supporter un passage non évolutif (sur des générations) à cette autre
forme de pensée, je suis maintenant persuadé qu'il n'en est rien. C'est
très probablement possible, mais il faudra un entraînement extraordinaire
et surtout des cerveaux très puissants pour supporter la coexistence des
deux modes de pensée, dans un exercice fluide, et plus que balbutiant.

La pensée fonctionnelle
Lorsque j'ai isolé, par élimination, les premiers signifiants, j'ai constaté
qu'il me fallait leur attribuer des significations d'abstractions, de
concepts. Trouver qu'un individu (DO) est désigné par "forme (D) d'être
(0)" ou "forme de créature" ne m'a donc pas surpris outre mesure.
J'attribuais ces curiosités à la méthode employée. Elle ne pouvait
déboucher, au moins au début, que sur des concepts.
J'ai ensuite été frappé par le faible nombre d'unités signifiantes: dix-huit,
et leur niveau élémentaire: les phonèmes. Pas de désinences possibles,
par d'affixe possible, donc pas de déclinaisons ni de conjugaisons. Pas
d'articles, pas de verbes, pas d'adjectifs, et encore moins d'adverbes. Pas
d'accentuation décrite, pas de prépositions, pas de conjonctions, autant
dire aucun matériel, selon nos normes. Et pourtant on parvient correc-
tement à comprendre par association de concepts. D'où la définition des
"soncepts" et de leur assemblage relatif.
Il restait tout de même réellement surprenant d'observer que dans
l'ensemble de 1.345 vocables qui nous ont été proposés, aucun ne
désignait un objet comme nous le faisons. Décrivant une action, ou la

430
participation à une action, oui. Mais pas d'objet. A croire que les auteurs
avaient veillé à n'en citer aucun. En revanche, je devais inclure dans
chaque transcription de vocable, un complément comme «facteur de ... »,
ou «agent de . .. », ou «personne en charge de ... » ou «ce qui. .. », etc.
Je me suis alors rappelé un passage qui m'avait paru plutôt mal justifié
dans son contexte. Le document A 14, contient en page 141:

"Notre pensée a toujours été guidée par une orientation qui garde une
vague analogie avec le Pragmatisme du Philosophe terrestre John
Dewey. Nous évaluons toute connaissance avec une échelle dont le
niveau le plus élevé est occupé par la fonctionnalité". [C'est moi qui ai
mis en gras, NdA).

Ce philosophe et pédagogue américain, décédé en 1952, a développé une


doctrine dérivant du pragmatisme, «l'instrumentalisme». Pour les tenants
du "pragmatisme", l'ordre de l'action est supérieur à celui des
phénomènes. L'instrumentalisme consiste à considérer la vérité au
service de l'activité, ou la connaissance comme un "instrument". Or
qu'est-ce que la fonctionnalité? Apprécier la fonctionnalité, c'est
connaître le "rôle" des choses, des faits ou des idées. Et le rôle, la place
prise dans une logique ou un mécanisme est bien l'expression d'une
action. Evoquer la fonctionnalité, c'est faire référence, dans une même
pensée, à l'action et à la connaissance. Cette dernière étant un moyen de
décrire et de situer l'action. Voilà comment doit être compris, selon moi,
l'extrait du document ummite ci-dessus.
Inutile de tenter de faire ici une distinction entre savoir et connaissance.
Savoir est une chose. Que représente un savoir ou une connaissance sans
communication, c'est-à-dire sans moyen d'échange? L'un et l'autre sont
directement tributaires de la langue, au même titre que la pensée. Le
langage, véhicule de pensée et de connaissance, est un outil. Si la
fonctionnalité est «prioritaire» dans l'appréciation de la connaissance,
elle doit 1'être aussi dans Je langage.
Décrire les caractéristiques générales de notre pensée va permettre de situer
comment peut s'exprimer une pensée de structure différente de la nôtre.

LA PENSÉE TERRIENNE OU L"' ATOMISME LOGIQUE"

C'est aux logiciens du début du XXème siècle que l'on doit l'analyse et la
définition des liens entre la pensée, le langage et la vérité. Outre G Frege
et Bertrand Russell, Ludwig Wittgenstein, qui a été l'élève de ce dernier,

431
est aussi connu que son maître. Notre pensée attribue un nom à chaque
objet ou chaque idée. Ce constat a été soutenu par Wittgenstein, dans le
Tractatus logico-philosophicus, qui l'a fait connaître en 1921. Il a donné
à cette caractéristique de nos langages et de notre pensée le nom
«d'atomisme logique)). Dans le couple "mot-objet" (on pourrait tout
autant évoquer un couple "mot-idée"), la relation est biunivoque, c'est-à-
dire qu'à un mot correspond un seul objet dans une situation donnée
(objet et interlocuteurs) et que ce même objet, dans cette situation, ne
reçoit qu'un seul nom.
Prenons l'exemple de notre mot "premier". Si on consulte un dictionnaire
au mot «premiem, on trouve que ce mot vient du latin et qu'il désigne,
dans son acception générale, «qui précède les autres dans le tempS)) ou
«qui précède tout le reste, dans ... )). C'est-à-dire que le «premiem
précède, est suivi d'«autreS)). Chacun de ces «autreS)) reçoit un nom:
deuxième, troisième et ainsi de suite. On remarque que sur un plan
purement logique, il ne saurait y avoir de "deuxième" sans qu'il y ait
d'abord eu un "premier". Mais le mot "premier" évoque la tête de liste.

LA PENSÉE UMMITE OU LA PENSÉE "FONCTIONNELLE"

Il n'y a pas ici de précédent d'analyse, et pour cause, puisque c'est à


propos du présent travail que 1' on découvre cette forme de pensée
différente.
Comment se dit "premier" en langage ummite? C'est l'assemblage des
deux soncepts UO qui expriment "mot à mot": "dépendance et réalités
dimensionnelles", c'est-à-dire "[le facteur de] dépendance de réalités
dimensionnelles", "celui dont les êtres, existences, "trucs", etc ... dépen-
dent". En y réfléchissant bien, cela correspond à l'explication qui est
donnée par nos dictionnaires. Il ne peut y avoir logiquement de deuxième
et autres, sans qu'un premier existe. N'est-ce pas l'expression de la
dépendance? Le "premier" n'est pas défini ici par un nom, un mot. Ce
que nous exprimons en une idée, les Ummites le disent en assemblant
deux idées qui concourent à une description de rôle ou de fonction. Une
autre approche le confirme. Le chef d'un groupe, c'est le "premier" parmi
les autres. Ce qui s'est dit, pour nos cultures héritées du latin, "primus
inter pares" [premier parmi ses pairs, Nd A]. Et le chef est bien celui dont
les autres dépendent, essentiellement par ses analyses et ses décisions. La
logique est la même, mais pas la formulation. D'ailleurs le concept
véhiculé par la langue ummite est plus large et peut être étendu à
"origine", qui est aussi une forme "rang premier", d'antécédent. Nous

432
constatons que nous avons deux mots différents pour exprimer "premier"
et "origine", alors que le langage ummite n'emploie qu'une unique
description de fonction.
C'est pourquoi je propose de nommer cette forme d'expression, celle de
la "pensée fonctionnelle".

Prenons un autre exemple, celui de l'eau. L'eau est, dans notre système
de pensée, une chose, un objet, généralement fluide et indispensable à la
vie. Cet objet reçoit dans nos langues un nom qui l'évoque sans
ambiguïté, le mot "eau".
Dans la pensée ummite, et donc dans la langue qui en est Je reflet,
l'eau se dit "UUDAA". Ce simple vocable de cinq phonèmes exprime
beaucoup de notions. Le segment UU désigne l'égalité, la continuité dans
la dépendance (U = dépendance et redoublement = égalité, symétrie,
continuité). C'est-à-dire que l'eau est un facteur d'égalité dans la
dépendance, ou encore, avec notre formulation "tous en dépendent égale-
ment ou de façon permanente". C'est l'expression de la nécessité vitale,
non pas en termes de vie, ou de nécessité, mais en termes fonctionnels
(la dépendance) de relation comparée (de façon effectivement égale ou
continue). Le segment DAA exprime "la manifestation (D) [allusion à
la relativité de nos perceptions] et l'action, l'effectivité (A) symétrique
ou égale (redoublement A)", c'est-à-dire "ce qui a une manifestation
effectivement équilibrée ou plate". Ce qui conduit à désigner l'eau par "le
liquide (DAA) de la dépendance permanente (UU)".
C'est-à-dire que la langue ummite désigne l'eau par deux fonctionnalités
associées ou juxtaposées: le caractère permanent de la dépendance vis-à-
vis d'elle et le fait qu'elle se manifeste par une action symétrique ou une
égalité effective [l'horizontale de tous les liquides]. Il n'est aucunement
question de fluidité ni d'écoulement.

Un dernier exemple va permettre de mieux cerner les caractéristiques


de la pensée fonctionnelle: le cœur est désigné par OAWUO dans
l'expression "OAWUO WUANAI (TACHYCARDIE)" (A25.82). Le
segment OA exprime "le canevas, la texture, le fondement, la base [voir
combinaisons courantes]". Le soncept W exprime "les variations". Le
segment OAW évoque "le canevas, la texture et les variations". Le
segment UO exprime "dépendance (U) des créatures (0)". Ce vocable
désigne "[ce dont] les variations sont le fondement et la dépendance
des créatures". Les "variations" sont ici les battements du cœur, puisque
chaque battement est "nouveau". On observe que la langue ne désigne

433
pas un objet, mais un organe par des caractéristiques fonctionnelles
suffisantes pour l'identifier dans le discours. Cette forme d'expression, si
particulière pour nous, de la "pensée fonctionnelle", est complètement
étrangère à tous les systèmes de pensée de la Terre. Ce vocable n'a pas
été choisi au hasard dans la liste des "mots ummites" fournis.

On constate, à travers ces trois exemples, que la pensée fonctionnelle ne


désigne pas des objets. Elle décrit et nomme des fonctions ou des rôles,
c'est-à-dire des composantes de l'activité. On comprend alors pourquoi
le soncept A, qui exprime l'activité, l'effectivité, est si souvent rencontré.
L'"atomisme logique" ou la pensée terrienne désigne des objets. Ce qui
conduit à des périphrases pour rendre, dans notre pensée, les idées
véhiculées par la langue ummite.

Allons un peu plus loin. Un objet ou une idée sont rarement à "usage
unique", à "rôle unique" ou à fonctionnalité unique. Prenons le cas de
l'eau. Qu'on l'utilise pour boire ou pour laver, c'est pour nous, Terriens,
toujours de l'eau. Il n'en est pas de même pour un Ummite. L'eau qu'il
boit n'est plus de l'eau, c'est "un liquide nutritif' [UAMIIGOODAA]
alors que l'eau pour se laver est un "liquide pour hygiène".
On remarque immédiatement deux grandes différences avec la forme de
notre pensée, et qui en sont exclusives:
la fonction fait disparaître l'objet. Nous réagissons en effet immédia-
tement en objectant que beaucoup d'autres liquides nutritifs existent
qui ne sont pas de l'eau. Dont acte. Mais dans la pensée fonctionnelle,
pourquoi conserver des "substantifs", des mots qui désignent des
objets, puisque seules leurs fonctions seront évoquées? La pensée
fonctionnelle est incompatible avec la désignation d'objets, qui est
par définition "nominative" et non fonctionnelle.
la fonction décrite est celle de l'action, objet du discours. Si l'eau est
envisagée pour son caractère nutritif, son autre caractère contributif à
l'hygiène est sans intérêt dans le discours. C'est-à-dire qu'un même
"objet" de notre pensée peut recevoir, à la limite, une infinité de
descriptions fonctionnelles. Selon le rôle qu'il tient dans "le thème"
de chaque discours. Le caractère biunivoque du lien "mot-objet" n'a
plus de raison d'être, il est remplacé par un lien "description fonc-
tionnelle-objet", opportun et approprié, et qui ne peut être biunivoque.

Prenons un exemple rapide, en transposant en pensée fonctionnelle deux


actes simples de notre vie. Lorsque j'ai conduit ma femme et mes enfants

434
chez mon frère, je l'ai fait avec ma voiture. L'Ummite aurait dit: j'ai
conduit ma famille avec mon "transport de personnes". Je suis revenu
seul, mais en tractant la remorque de mon frère, avec cette même voiture.
L'Ummite aurait dit je suis revenu avec mon "véhicule tracteur".

Cette forme de pensée autorise une langue souple et adaptée au niveau de


compréhension de l'interlocuteur: il suffit au locuteur de détailler plus ou
moins l'aspect fonctionnel des éléments qu'il désigne.

Dès lors que la pratique de mots désignant des objets n'a plus de raisons
d'être, il n'y a pas lieu de les conserver dans le langage, et seuls les
concepts fondamentaux intervenant dans toute fonctionnalité doivent être
conservés. Avec les deux piliers logiques de description de la perception
que sont "l'effectivité, l'action, la réalité, la vérité" et "la réalité
objectivement modélisable" ou "réalité dimensionnelle". Et les quelques
relations ou fonctions nécessaires à la description de "toute participation
causée ou causale à tout processus "émotionnel" ou "réel", même
inaccessible par nature à toute perception".

La forme de pensée qui sous-tend la langue ummite, et que je


propose de baptiser "pensée fonctionnelle" est incompatible avec la
structure de la pensée terrienne. A ce titre, elle ne saurait avoir été
inventée par un Terrien.

La cohérence
Selon la théorie ummite, et je crois que nous pouvons partager ce point
de vue sans hésitation, la description de l'Univers est le fruit de notre
esprit. La réalité de l'Univers nous est inaccessible, du fait de la
déformation induite par nos perceptions. L'existence d'un univers
"jumeau" a été mise en évidence, non pas par le constat "objectif' de sa
perception, mais par les effets qui lui sont attribuables.
Il n'est donc pas logique de disposer d'un langage descriptif des objets
(pensée terrienne ou assimilée) puisque ces objets ne peuvent être
constatés directement. Nous en avons une parfaite illustration avec les
"trous noirs" et la "masse manquante" de l'Univers. En fait, "trous noirs"
veut dire implicitement "indescriptibles" et "masse manquante" également.
Cette dernière expression est d'ailleurs la plus belle aberration linguis-
tique de notre système de pensée. Si nous évoquons de la masse, de la
matière, ce devrait être à la suite d'un constat. Car ces mots désignent une

435
texture "palpable" et "perceptible". Or elle est manquante, c'est-à-dire
qu'elle est l'objet d'un "non-constat". Encore un paradoxe! Nous
devrions dire que nous constatons des "effets assimilables à ceux d'une
possible masse que nous ne savons pas encore constater". Et cette
formulation est parfaitement fonctionnelle: rien ne dit qu'il s'agit
vraiment (effectivité du constat) de matière. Toute autre justification peut
être admise. Par exemple celle que nous proposent les Ummites, par
action de notre "univers jumeau".
J'en retiens que la description de "l'inaccessible à la vérification" de la
"logique atomique" n'a guère de sens dans le contexte d'un langage et
d'une pensée de type terriens. Pour désigner et décrire le perceptible et le
non perceptible par leurs effets, disposer d'un langage "fonctionnel" est
une meilleure solution. La pensée fonctionnelle ne prend pas position sur
la réalité des "choses" mais sur la réalité de leurs effets ou comporte-
ments. Elle ne prétend pas "nommer" les choses autrement que par leurs
implications qui nous sont accessibles.
Cette forme de pensée permet de progresser dans la représentation de
l'Univers et de l'Homme, malgré le doute et la certitude de la non-
connaissance de la nature intime des phénomènes. Elle est la fille indis-
pensable de l'empirisme, du constat de notre vécu dans le cadre struc-
turellement limité (il ne s'agit pas ici d'échelle) de nos perceptions et la
seule voie de prise en compte de tout ce qui leur échappe, par essence.
Je rapproche cette réflexion des deux phrases suivantes, extraites du 043:

"En ce sens, l'orientation de penseurs néopositivistes de la TERRE


comme Russell est clairvoyante, non pas au niveau du rejet de toute
métaphysique mais comme exigence d'une révision du langage. Tant
que vous ne clarifierez pas vos formes de communication informative
le processus de recherche de la vérité sera lent et très laborieux." [C'est
moi qui ai mis en gras, NdA]

La pensée fonctionnelle est ainsi un outil indissociable de la prise en


considération de phénomènes dont l'essence ne peut faire l'objet, par
nature, d'un constat direct empirique. On a vu plus haut que cette forme
de pensée et de langage nécessitait très peu de signifiants élémentaires,
essentiellement relationnels. En conformité avec le constat qui a été fait
dans l'analyse sémantique du premier niveau de cette langue.

En résumé, l'ensemble du dossier Ummo, sous l'aspect linguistique qui


a été étudié, est formidablement cohérent.

436
On a constaté en effet une incapacité de la pensée terrienne à décrire
l'Univers selon la théorie ummite. Une autre forme de pensée, que
j'ai appelée "fonctionnelle", incompatible avec la pensée terrienne, est
nécessaire. On a constaté sa mise en œuvre dans le langage présenté dans
les documents. Ce langage a, en lui-même, une structure incompatible
avec les langues pratiquées sur la Terre et il était inconnu jusqu'au
présent travail. Il constitue un témoin objectif de cette forme de pensée
"exoplanétaire".

Je pense avoir apporté ici des éléments de preuve solides de l'impos-


sibilité terrienne et donc de la réalité extraterrestre de l'origine des
documents Ummo.

Notre forme de pensée s'avèrera probablement assez vite (après la prise


de conscience, qui sera certainement laborieuse!) inadaptée à l'extension
de nos connaissances: dimensions supplémentaires associées aux théories
de supercordes, trous noirs, masse "manquante", expériences de corréla-
tion de particules (particules intriquées) en sont les signes avant-coureurs
(Alain Aspect et suivants ... ), etc. Le développement et l'approfondis-
sement de ces points fera l'objet d'un prochain travail.
Curieusement (mais est-ce réellement une coïncidence?), nous sommes
en situation de pensée fonctionnelle vis-à-vis de ce dossier: tous les
éléments, pensée et langue, sont convergents, et pourtant, nous n'avons
pas la "validation empirique" des auteurs. N'y a-t-il pas là une forme de
symbolique forte, voulue par les Ummites? Une sorte de chemin "pour
mieux se rendre compte"? Car ils auraient pu semer quelques points forts
"d'effectivité".

Devons-nous, en conséquence, nous voiler la face et prétendre, comme


l'ont soutenu tous les commentateurs qui m'ont précédé, que tout cela est
sorti du cerveau d'une équipe de Terriens géniaux (plutôt marxistes,
malgré des contradictions certaines que ces observateurs n'ont pas voulu
voir) qui ont pensé à tout et surtout à limiter la diffusion de leurs
formidables trouvailles à quelques trente-quatre amateurs espagnols qui
n'y ont (presque) rien compris?

437
L 7. Une autre preuve
par l'allusion à Bertrand Russell

Présentation rapide de l'homme et de ses travaux (*)

RUSSELL Bertrand, Arthur William, 3ème duc du nom (né à Trelleck,


Pays de Galles, en 1872 - mort en 1970 à Penrhyndeudraeth, Pays de
GalJes). C'est d'abord par la logique que Russell a rénové la philosophie.
Exposée dans Princip/es of Mathematics (1903) et Principia mathema-
tica (1910-1913, en collaboration avec Whitehead), puis, d'une manière
plus accessible, dans La Méthode Scientifique en Philosophie (1914) et
dans Notre connaissance du Monde Extérieur (1914) défendant un
monisme neutre et de logique atomique. Son travail sur la logique
mathématique a eu une grande influence sur la logique symbolique et sur
l'ensemble de la théorie mathématique. La logique classique (aristoté-
licienne) ne connaissait qu'une forme: celle de l'attribution d'un prédicat
à un sujet (ainsi: "Socrate est mortel"). La logique russellienne étudie
toutes les formes possibles sous leur aspect le plus général.
En logique mathématique, Russell et Whitehead ont continué l'œuvre de
Peano et de Frege en décrivant un langage formalisé, différent du langage
usuel, où les théorèmes mathématiques puissent s'écrire sans être sujets
aux ambiguïtés de ce dernier, qui avaient conduit aux «paradoxes» (ou
«antinomies») de la théorie des ensembles.
Le système logique («théorie des types») à la base de l'usage de ce langage est
assez différent de celui qu'utilisent couramment les mathématiciens et a conduit
à de nouvelles difficultés, non prévues par ses auteurs.

Russell se passionna pour les questions politiques et sociales. Plusieurs


fois emprisonné pour son pacifisme, «socialiste» opposé à Staline, il créa
un «tribunal pour juger les crimes de guerre au Vietnam» (qui se réunit à

(*)(Éléments extraits de différents dictionnaires et de l'encyclopédie ALPHA)

439
Paris) et, jusqu'à la fin de sa vie, il défendit et appliqua ses principes avec
intrépidité. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1950.

Une autre "preuve"


Lorsque j'ai commencé ce travail, je ne connaissais de Bertrand Russell
que le nom. Je pensais vaguement qu'il était philosophe, et surtout
engagé dans le mouvement pacifiste mondial. Je ne connaissais rien
de ses travaux de mathématiques ni de sémantique, et encore moins
des écrits et travaux qui lui valurent le prix Nobel de Littérature en
1950.
Au cours de mon étude, j'ai "dé-couvert", au sens propre du terme, une
langue de structure complètement nouvelle et étrangère à nos modes de
formulation. Au point que la compréhension existe presque toujours,
mais qu'une expression aisée dans nos langues, en correspondance avec
le "vocable" ummite d'origine, n'est pas toujours possible. Toutes nos
langues sont construites sur une charpente logique de communication,
c'est leur sémantique. La "charpente" que je trouve à la langue que
j'attribue aux Ummites est d'une construction totalement différente de
celles que nous connaissons.
C'est en essayant de mettre sur pied un modèle et en réfléchissant à ce
sujet que je me suis rappelé l'allusion aux travaux de Russell dans deux
documents, le 043 et la lettre de condoléances reçue par Ribera en février
1970 pour la mort de B. Russell (A86). Je cite le passage, extrait du 043:
"Nous observons des divergences notables entre vos bases de logique
habituelles et les nôtres.
Nous nions le principe TERRE du tiers exclu (exclusion du milieu
énoncée par Aristote) selon lequel les propositions peuvent être
seulement VRAIES ou FAUSSES.
Une telle ligne dialectique exige d 'elle-même de ne pas accepter
le principe que vous nommez CONTRADICTION (par exemple dans
le domaine que nous appelons théorie de BIEEWJGUU) (peut se traduire
par psycho-physiologie).
Nous respectons dans tous les cas ce que vous appelez le principe
d'IDENTITE.
Ce que nous venons de vous rapporter exige un éclaircissement. Dans
notre "devenir" [transcription directe du soncept T, NdA] normal, dans
notre vie quotidienne, notre dialectique peut se confondre avec la vôtre.
Si je dis que OUI je me suis réveillé à 26 UIW, une telle proposition est
VRAIE ou bien je peux avoir falsifié la réalité auquel cas un autre type

440
d'énonciation distincte de VRAIE ou FA USSE n'est pas possible (et ceci
ICI dans mon cadre tridimensionnel de mon WAAM (Univers).
Pour des actes usuels de la vie quotidienne, ce principe artificiel,
bipolaire et bivalent, est valable et utile (vous ne faites pas non plus au
marché, des corrections relativistes sur la masse d'une marchandise qui
se déplace du commerçant vers le client).
Mais quand nous désirons spéculer au sujet de valeurs transcendantes
ou quand nous essayons d'étudier des concepts que vous appelleriez
gnostiques, ontologiques, physiques, biologiques, théologiques... ce
principe est totalement à rejeter.
Ceci est précisément le grand obstacle auquel il est fait allusion dans
les paragraphes précédents. Comment vous exposer nos bases méta-
physiques si nos "langues" respectives se basent sur des principes
logiques contradictoires? Le problème ne peut se résoudre en trans-
crivant les significations de phonèmes comme vous pouvez vous en
douter. [D'où toute la difficulté de certaines transcriptions, dans mon
"dictionnaire", NdA]
Ceci est la raison pour laquelle (en dehors de celles inhérentes à un
impératif de censure) nous nous voyons obligés, dans nos rapports,
d'utiliser des comparaisons terra-centriques, des propositions mutilées
et rétrécies qui élaguent toute la richesse informative de nos expressions
dialectiques. Déjà la seule utilisation du verbe ETRE limite toutes nos
possibilités. Toute l'ontologie des penseurs de la TERRE est saturée
d'expressions comme "ETRE", "JE NE SUIS PAS", "J'EXISTE" sans
option pour d'autres formes au contenu distinct.
En ce sens, l'orientation de penseurs néopositivistes de la TERRE
comme Russell est clairvoyante, non pas au niveau du rejet de toute
métaphysique mais comme exigence d'une révision du langage.(*) Tant
que vous ne clarifierez pas vos formes de communication informative le
processus de recherche de la vérité sera lent et très laborieux. "

Et dans la lettre de condoléances:


" ... La noble attitude de 1'humain décédé envers ses frères massacrés au
Viêt-Nam par une structure sociale totalitaire et une nation étrangère,
ses profondes études sur la sémantique(*), les mathématiques et
1'ontologie, son indépendance de critères, sa simplicité dans sa vie
quotidienne et son engagement constant envers les valeurs humaines de
sa Planète, font que nous estimons qu'il mérite cet hommage. "

(*) NdA: C'est moi qui ai mis en gras.

441
Nous devons aussi considérer que le texte ci-dessus a été reçu par
Antonio Ribera le 6 février 1970. A titre indicatif, la traduction française
des travaux de Russell, qui nous concernent ici, n'est apparue en France
qu'en 1969! Il y a donc de bonnes chances qu'une traduction espagnole
n'ait pas été disponible au début 1970.
Pour documenter mon étude et nourrir ma réflexion, j'ai entrepris,
en conséquence, de lire les travaux de Russell dans le domaine de la
formulation Signification et Vérité (B8). Cet écrit est très intéressant et
pose des problèmes de fond. La lecture en est quelque peu rébarbative. Il
est assez difficile à comprendre, car le vocabulaire utilisé et les concepts
manipulés sont relativement abstraits, malgré les exemples pratiques
cités. Je crois pouvoir dire qu'il n'est pas "accessible" à qui n'a pas une
raison très importante et fondamentale d'approfondir le sujet. Et, même
dans ces conditions, le travail de Russell ne peut se lire en pleine
compréhension qu'à petite dose de quelques pages à la fois.
Sur le fond, il met en évidence les implications logiques qui sous-tendent
nos formulations et les limites (comprendre les situations ambiguës ou
inextricables) qui sont atteintes dans certains cas. Russell s'est ainsi
rendu célèbre en formulant son paradoxe du barbier:
"On suppose qu'il existe une ville où il y a deux catégories d'individus: ceux qui
se rasent eux-mêmes et ceux qui ne se rasent pas eux-mêmes. Parmi ceux-ci se
trouve un barbier, dont la fonction est de raser tous les gens qui ne se rasent pas
eux-mêmes, et exclusivement ceux-là. Et Russel demande: qui rase le barbier?"
On peut aussi citer le verbe mentir à la première personne du présent
de l'indicatif: "je mens" est une proposition qui porte sa propre contra-
diction.
On dit de telles propositions qu'elles sont indécidables, puisqu'on ne sait
dire si elles sont vraies ou fausses. Nos langues et notre logique ne nous
donnent pas les moyens de dire si elles le sont, ou nous autorisent des
formulations intrinsèquement contradictoires.
Modifier nos systèmes de formulation peut ainsi apparaître séduisant,
après la lecture des réflexions de Bertrand Russell. Je rappelle que c'est
après avoir rencontré "l'étrangeté" de cette langue et certaines difficultés
de traduction et même de transcription, que je me suis intéressé aux
travaux de Bertrand Russell.

A partir de ce constat et du rapprochement entre ma découverte de la


langue ummite et la citation des textes qui font référence aux travaux de
Russell, les deux hypothèses sur la genèse des documents ummites et leur
origine doivent être examinées.

442
1) Origine terrienne et montage à des fins indéterminées, ou au
mieux aux fins "avouées" d'études psycbosociologiques (comme la
thèse a pu en être soutenue).
La démonstration a été faite, dans le chapitre précédent, de l' impossibi-
lité de l'origine terrienne. L'examen développé ici est destiné à ceux qui
n'auraient pas été convaincus par les observations citées à cette occasion.
Je me place donc dans une situation purement hypothétique, pour en
démontrer l'impossibilité.
L'allusion profondément motivée et largement justifiée aux travaux de
Russell dénote chez les auteurs des documents un intérêt certain pour les
problèmes, non pas linguistiques, mais fondamentaux sur la structure des
langages, sémantiques.
Ces travaux ont donc été complètement assimilés, très probablement
en anglais, puisque aucune traduction n'était encore disponible. Leur ca-
ractère hermétique, difficile et abstrait n'a pas fait obstacle à la conclusion
de la "nécessaire révision" de nos systèmes de formulation. A ce niveau
de réflexion et compte tenu de la difficulté des travaux de Russell, je
considère la probabilité de trouver, dans nos populations, l'homme ou
l'équipe capable, à 1 pour 10.000, ce qui à l'échelle de la France, donne
une population d'auteurs potentiels d'environ 6.000 personnes.

Conclure est une chose. Décider de passer à l'acte, et le faire, en est une
autre.
Je mets ici la probabilité de trouver l'homme de la décision et de l'action
à 1 pour 10.

Nos auteurs ont donc ensuite entrepris et mené à terme la construction d'un
nouveau système linguistique, échappant totalement à nos références
habituelles, pour satisfaire à la "nécessaire révision du langage".
Je pense être généreux en attribuant une probabilité de 1 pour 10.000 à la
capacité de création aboutie de la langue (ce qui représente 6.000
personnes supposées capables à l'échelle de la France!). En réalité, nous
sommes bien d'accord que jamais personne à ce jour n'a fait la moindre
tentative connue de création de cette logique sémantique. Et celle-ci est
"réussie" du premier coup! [Rappelons-nous, pour mémoire, que Russell
lui-même avec Whitehead, binôme unique, a tenté cette création dans la
théorie des types, en limitant l'objet au langage mathématique. Et que le
résultat n' a pas atteint ses ambitions.]
La probabilité de trouver sur Terre 1'homme capable de mener à bien le
projet linguistique des Ummites peut donc se chiffrer à

443
- conclusion de révision de la sémantique 1o-4
- décision de passage à l'acte J0-1
- création du système linguistique original 1o-4
soit une probabilité globale de t0-9, ou encore un sur un milliard.

Comme une langue ne saurait exister en tant que véhicule d'expression


sans avoir des objets ou des idées à décrire, les auteurs se sont ainsi trou-
vés dans l'obligation de créer de toutes pièces aussi la civilisation
ummite. De telle sorte qu'ils pouvaient en justifier le langage.
C'est ici que l'étude devient passionnante. Créer la description d'une
civilisation est sans doute à la portée de (presque) n'importe quel auteur
de science-fiction, pour autant que cette description reste générale et ne
rentre pas trop dans les détails. On a vu Jules Verne, Aldous Huxley,
Abrasimov, et bien d'autres. Imaginons qu'en France, il y ait grossiè-
rement 600 auteurs français capables, ce qui me paraît très largement
généreux, cela représente 600 sur 60.000.000, soit 1 pour 100.000, ou
encore 1o-s 0

La description de civilisation des Ummites répond dans l'ensemble à ce


critère, si l'on ne prend pas en considération les dossiers "techniques" qui
font partie des documents. J'en retiens quatre, à commencer par la
conception de l'univers avec les IBOZOO UU. Cette partie, bien que
superficiellement abordée, est déjà forte d'une base solide de réflexion,
avec l'ambition de présenter une théorie unitaire (cohérente avec le
discours). Excusez du peu! Toutes les explications sur la technologie de
leur vie quotidienne s'y rattachent magnifiquement et de façon très
homogène. Nos connaissances y sont resituées.
Il y a ensuite l'extraordinaire créativité de la description des nefs
intragalactiques, avec les cohérences techniques de la langue.
Il y a encore la description technique, très pointue, de l'altimètre-
accéléromètre au thiocyanate de mercure.
Il y a enfin la description des caméras ou enregistreurs d'images à
lentilles gazeuses, qui est tout aussi riche de précisions techniques très
intéressantes.
Pour avoir eu la capacité de mise au point de toute cette création
technologique et l'avoir insérée dans un discours, dont la volonté initiale
est, rappelons-le, de construire une nouvelle sémantique, j'attribue la
probabilité à nouveau à 1 sur 100.000 ce qui est très généreux, car cela
correspond à 600 personnes à l' échelle de la France, soit encore J0-5.
En négligeant tous les autres aspects, et en particulier la méta-
physique (!), la religion et la logique tétravalente avec leur intégration

444
dans toute la pensée ummite, je trouve une probabilité globale au titre de
la civilisation de J0-5 x J0-5 = to-to.

En reprenant l'ensemble des points examinés, je parviens à la probabilité


résultante, soit J0-9 x 1o-10 = to-19_
C'est-à-dire que l'ensemble représenté par
- la compréhension maîtrisée des limites sémantiques de nos langues,
la conception d'un langage nouveau construit autour d'une
sémantique originale répondant aux besoins formulés,
sa création réelle,
la création corrélative de la société qui justifie cette langue,
avec les précisions technologiques multiples qui sont fournies, dans
une magnifique cohérence linguistique au niveau des détails ultimes,
et sans tenir compte des créations originales dans le domaine de la
métaphysique, de la logique et de la religion décrites,

a une chance sur dix milliards de milliards d'avoir pu être réalisé par
un ou des hommes.

En nous comptant 6 milliards d'individus sur notre planète, soit 6.1 09,
on voit que si un homme sur Terre pouvait en être capable, il n'aurait que
J0- 10 chances de mener à bien son projet. Soit une sur 10 milliards.
Autant dire aucune.
C'est pourquoi je peux dire, à l'issue de ce raisonnement, que l'origine
terrienne de l'ensemble de ce dossier est infiniment improbable et au
niveau de "l'impossible statistique".
Et encore, je n'ai pas pris en compte la durée de réception des documents,
proche de trente ans.

J'ai relevé aussi des contradictions psychologiques.

On ne crée pas une langue pour la laisser dans un tiroir, surtout si son
architecture nouvelle a été conçue pour faire face à des déficiences de nos
systèmes linguistiques. Sinon il y a contradiction dès le premier niveau
du raisonnement, entre l'objectif recherché et les moyens mis en œuvre.
Donc on entreprend sa diffusion.
La réalisation de cette nouvelle langue et sa profonde osmose avec la
civilisation décrite sont le résultat d'un énorme travail créatif et
généreusement fécond, y compris dans la théorie unitaire. Et ce travail
va être présenté, pour recevoir consécration et reconnaissance, à un

445
minuscule échantillon de trente-quatre personnes espagnoles, de niveau
honnêtement moyen, sans plus, et dont certains paraissent être des
"illuminés" notoires. Surtout, on leur expliquera bien que, s'ils commu-
niquent ces trouvailles à d'autres personnes, on les privera de la suite des
informations! Comme méthode de diffusion, il me semble qu'il y a plus
adapté! La rétention a d'ailleurs été globalement très efficace. Je vois
donc là une première contradiction à l'hypothèse initiale de source
humaine et terrienne, construite sur le constat de la "remarque Russell".

En admettant la volonté de restreindre en quantité la population cible, au


nom du test, pourquoi ne pas proposer 1'usage de cette langue justement pour
l'essayer? Pourquoi la décrire de façon si "cachée" qu'il faudra attendre plus
de trente ans pour qu'un homme parvienne à en comprendre une partie? Il y
a là une très sérieuse contradiction avec la nécessaire hypothèse initiale de
volonté de rénovation du langage. Elle la discrédite complètement.

Si la volonté des documents a été de procéder à une étude psycho-


sociologique, pourquoi s'être fatigué à lire Russell et à créer de toutes
pièces un langage qui s'imbrique parfaitement dans la civilisation
présentée, mais dont les caractéristiques de cohérence et de novation ont
complètement échappé à la cible (plutôt petite, pour une étude!) des
trente-quatre contactés? N'importe quel charabia aurait pu faire l'affaire.
Pourquoi un vrai langage, répondant idéalement aux objections de
Bertrand Russell, dans une chimère? Quel apport en attendre sur le plan
psychosociologique, si la cible ignore même que le langage est crédible,
puisque aucun élément n'est donné sur sa construction?

Prise sous l'angle des probabilités, l'origine terrienne est statistiquement


impossible.
Prises sous l'angle de l'homogénéité de la démarche, toutes les hypothèses
de l'origine terrienne conduisent chacune à une contradiction fondamentale.

Ce qui me fait dire que, si l'auteur avait pu être un Terrien, il aurait


été tellement à part et "exceptionnel" qu'on aurait pu largement le
considérer comme "extraterrestre".

2) Origine conforme aux contenus des textes, c'est-à-dire non-


terrienne.

Dans ce cas, le dossier est limpide et parfaitement homogène:

446
Pour faire leur étude de la Terre dans la plus grande discrétion, les
Ummites ont été confrontés à l'apprentissage de nos langues. Ce qui n'a
pas été un vrai problème, compte tenu de l'avance de développement
qu'ils affichent (maturité logique, méthodes et moyens techniques).
En revanche, ils ont été en mesure, à cette occasion, de déterminer les
différences fondamentales de nos modes d'expression avec le leur, et leur
rattachement implicite à la logique aristotélicienne. Incompatible, de leur
point de vue, avec un accès raisonnablement rapide à l'assimilation, à la
compréhension sérieuse de la texture de l'Univers.
Par ailleurs, ils ont fait l'inventaire de nos connaissances, en "balayant",
parmi d'autres sources, toutes les synthèses récompensées par toutes
nos organisations, en particulier les prix Nobel et la Médaille Fields
(remplace le prix Nobel de Mathématiques qui n'existe pas). Dans tous
les travaux répertoriés, ils ont trouvé ceux de Russell sur les mathé-
matiques et sur la sémantique. Et il leur a paru intéressant de citer les
travaux de Russell sur la rénovation nécessaire du langage, pour induire
ou amorcer une réflexion de notre part. Qui prendrait place quand? C'est
une autre question, mais l'essentiel aurait été fait.(*)

C'est tout et c'est simple. C'est donc, à mon avis, la seule réponse
raisonnable à la question de l'origine de ces documents.

(*) Je vais même plus loin: la citation des travaux de Russell est une des
"perles" destinées à permettre la validation sérieuse du dossier, sans pour
autant apporter une preuve "flagrante" ou "immédiate". La "preuve", qui
n'en est pas une au sens strictement scientifique de toute logique,
mais une probabilité très élevée de réalité, n'apparaît qu'indirectement,
après étude approfondie. Elle fait référence à des informations et des
déductions qui ne sont pas immédiatement accessibles au lecteur moyen.
Pour induire et retarder, mais elle existe. Elle n'a été accessible que dans
le cadre d'un travail de réflexion et de fond sur la langue. A nous de
savoir l'exploiter.
Il ne m'étonnerait pas qu'il y ait plusieurs autres perles, dans d'autres
domaines, naturellement. Je pense aux références à Einstein, à Sir Arthur
Eddington (très vraisemblablement à propos du caractère "erroné" de
notre concept de trou noir) et au Père Teilhard de Chardin, à l'évidence à
propos de sa réflexion sur la nécessaire révision des dogmes de la foi
catholique. Les notions de péché originel et de salut par l'incarnation,
entre autres, apparaissent comme terriblement "géocentriques",
contradictoires avec le caractère "universel" de l'Eglise Catholique

447
Romaine, puisque incompatibles avec les implications cosmiques de la
possible réalité de la vie extraterrestre intelligente. Pourquoi la Terre
aurait-elle seule pêché? etc ... On conçoit pourquoi du temps sera encore
nécessaire avant que Giordano Bruno ne soit réhabilité.

448
Adressage des documents AGUIRRE
en recherche globale

N° de page Volume tome page Doc. Aguirre Refexteme


global

1 Al 058
2 2 A2 058
32 32 A3 02099
37 37 A4 099
48 48 AS 0102
55 55 A6 0102
59 59 A7 0102
63 63 A8 021
76 76 A9 021
79 79 AIO 068
93 93 Ail 068
103 I 103 Al2 068
107 [ 107 Al3 043/76/77/78
141 141 A14 033
146 146 AIS 033 041
150 150 Al6 033
174 1 174 Al7 041
198 Il 1 A18 041
203 II 6 A19 non immatriculé
209 Il 12 A20 041
218 Il 21 A21 041
224 II 27 A22 041
234 JI 37 A23 04
248 Il 51 A24 041
262 Il 65 A25 041
285 II 88 A26 041

449
N° de page Volume tome page Doc. Aguirre Ref externe
global

292 Il 95 A27 041


308 II Ill A28 046
311 II 114 A29 031
320 II 123 A30 D47/D31
345 II 148 A31 047
349 Il 152 A32 047
356 Il A33 057
366 II Il A34 057
373 II 18 A35 057
393 Il 38 A36 057
399 Il T 44 A37 057
405 II 1 50 A38 022
408 II 53 A39 0103
411 II 56 A40 0108
423 II 68 A41 0109
425 II 71 A42 034
428 II 73 A43 027
430 II 1 75 A44 024
433 II 1 78 A45 038
439 II 1 84 A46 024
441 Il 86 A47 028
443 Il 1 88 A48 non immatriculé
445 II 1 90 A49 025
446 Il 1 91 A 50 032
449 II 94 A51 055
451 II 96 A 52 026
453 II 98 A 53 054
454 II 99 A 54 053
463 II 108 A 55 044
464 II 109 A 56 056
468 II 1 113 A 57 non immatriculé
471 II 1 116 A 58 050
474 Il 1 119 A 59 060
478 II 123 A60 037
480 Il 1 125 A61 037
482 II 1 127 A62 039
483 II 1 128 A63 0135

450
N° de page Volume tome page Doc. Aguirre Refexteme
global

488 Il 133 A64 D41


490 Il 135 A65 D49
494 Il 139 A66 D84
498 Il 143 A67 D73
503 II 148 A68 D62
506 II \51 A69 D62
511 Il \56 A70 D62
517 Il 162 A71 D62
530 Il 175 A72 D62
534 Il 179 A73 D62
540 II 185 A74 D62
548 Il 193 A75 non immatriculé
550 Il 195 A76 non immatriculé
552 II 197 A77 D\38
555 Il 200 A78 D\435
558 Il 203 A79 D947
559 Il 204 A80 D\42
562 Il 207 A81 D\44
566 Il 211 A82 D\455
568 Il Il 1 A83 non immatriculé
571 Il II 4 A84 D70
575 Il II 8 A85 D72/74/75
588 Il Il 21 A86 D87
590 Il II 23 A87 D82
59\ II II 24 A88 D83
607 II Il 40 A89 D67
610 Il Il 43 A90 non immatriculé
611 Il II 44 A91 D95
615 Il Il 48 A92 D73
629 II II 62 A93 DllO
631 II II 64 A94 D88
633 II Il 66 A95 D89
637 II II 70 A96 D96
638 II II 71 A97 D93
644 II II 77 A98 D97
649 II Il 82 A99 DIOl
652 Il II 85 A\00 D91

451
N° de page Volume tome page Doc. Aguirre Refexteme
global

656 II II 89 AlOI 090


660 II II 93 A102 094
664 II Il 97 A103 0100
669 II II 102 A104 0107
670 II Il 103 AlOS 0106
680 II II 113 A106 0170
682 Il Il 115 A107 non immatriculé
(le AlOS n'existe pas!)
685 Il Il 118 A109 0171
692 Il II 125 AllO 0104
701 Il II 134 Alli 0104
709 II Il 142 A112 0104
713 II Il 146 All3 0112
724 Il Il 157 Al14 non immatriculé
735 Il Il 168 AilS 0114
738 II Il 171 All6 0173
742 Il Il 175 A117 0116
748 II II 181 A118 0117
752 Il 11 185 All9 0119
761 Il Il 194 A120 0118
769 Il Il 202 A121 0174
771 1II 1 1 Al22 045
779 III 1 9 A123 non immatriculé
781 III Il A124 063
789 III 19 A125 036
792 III 22 A126 051
794 Ill 24 A127 059
797 III 27 Al28 052
809 III 39 Al29 0136
820 III 50 A130 059
823 III 53 A131 059
834 Ill 64 A132 ?
838 Ill 68 A133 059
866 Ill 96 A134 01326/955
869 III 99 A135 0955
871 1II 101 A 136-1 069
884 Ill 114 A136-2 069

452
N° de page Volume tome page Doc. Aguirre Refexteme
global

891 Ill 121 Al36-3 069


902 III 132 A136-4 069
914 III 144 A136-5 069
925 III 155 A136-6 069
937 HI 167 A136-7 069
950 III 1 180 A137 062/0977
955 Ill 1 185 A138 071
966 Ill 196 A139 061
969 III 197 A140 non immatriculé
971 Ill 199 A141 non immatriculé
972 III 202 A142 066/43
983 III 213 A143 065

453
Bibliographie

( 1) Enquête sur des Extra-terrestres qui sont déjà parmi nous


Jean-Pierre PETIT- Éditions Albin Michel 1991

(2) Le mystère des Ummites- Une science venue d'une autre


planète? - Jean-Pierre PETIT- Éditions Albin Michel 1995

(3) Les extra-terrestres sont-ils parmi nous?- Le véritable langage


Ummo - Antonio RIBERA JORDA - Éditions du Rocher
1984/1991

(4) Révélations- Jacques VALLÉE - Éditions Robert Laffont 1992

(5) L'affaire Ummo, les extraterrestres qui venaient du froid


Renaud MARHIC- Les Classiques du Mystère 1 SOS OVNI 1993

(6) OVNI, La science avance- Jean-Claude BOURRET


et Jean-Jacques VELASCO - Éditions Robert Laffont 1993

(7) La science face aux extraterrestres


Jean-Claude BOURRET - Éditions France Empire 1977

(8) Signification et Vérité - Bertrand RUSSELL - Flammarion 1969

(9) Estudio sobre el sistema idiomatico de UMMO - Intento de


Vocabulario- Hiltrud N. FRANZ- en el ano 1970

(10) Vocabulario UMMITA Liste alphabétique de mots


et expressions par ordre alphabétique
auteur inconnu, mais envoyé par Farriols et reçu par Damaude
le 16.09.1988

455
(11) Escritos de UMMO
Juan Miguel AGUIRRE- Santos Reprografia Madrid 1983

(12) Diccionario de 403 palabras dellenguaje UMMO


Antonio MOYA CERPA- Sevilla 1979

(13) La propulsion des soucoupes volantes


Lieutenant Pilote Jean PLANTIER- Édition Marne 1955

(14) PHENOMENA- Contact: Perry PETRAKIS


BP 324- F-13611 Aix en Provence

( 15) Enquête sur les OVNI - Voyage aux frontières de la science


Jean-Pierre PETIT- Éditions Albin Michel 1992

(16) Preuves de l'existence des soucoupes volantes


Antonio RIBERA et Rafael FARRIOLS - Éditions de Vecchi 1975

(17) Le collège invisible


Jacques VALLÉE- Éditions Albin Michel 1975

(18) INFORESPACE
Revue de la Société Belge d'Etudes des Phénomènes Spatiaux
(SOBEPS ASBL)- Avenue Paul Janson 74- B-1 070 Bruxelles

(19) Chronologie de l'affaire UMMO


David LOZANO MARQUEZ - Crta. Huetor Vega, Urb. Argaz,
no 26 18008 - Granada

(20) UMMO: La increible verdad


Antonio RIBERA - Ed. Plaza & Janes 1985

(21) Sont-ils déjà là? Extraterrestres: l' affaire ROSWELL


Gildas BOURDAIS - Presses du Châtelet 1995

(22) Une brève histoire du temps- Du Big Bang aux trous noirs
Stephen HAWKING - Flammarion 1989

(23) INCROYABLE et scientifique


B.P. 4051 -F-66047 PERPIGNAN Cedex

456
(24) Sommes-nous seuls dans l'univers?
Jean HEIDMANN, Alfred VIDAL-MADJAR,
Nicolas PRANTZOS, Hubert REEVES - Fayard 2000

(25) On a perdu la moitié de l'Univers


Jean-Pierre PETIT- Éditions Albin Michel 1997

457
La Troisième partie de ce Précis idéophonémique
consiste en un recueil de
DICTIONNAIRES
de noms communs, de noms propres,
et d'expressions et de phrases ummites.

Cette Troisième partie est disponible sur CD-ROM uniquement,


sur commande aux Éditions Aldane
à l'aide du présent Bulletin (ou sur papier libre)
à l'adresse suivante:

Éditions Aldane
Case postale 100
CH - 1216 Cointrin
Suisse

ou par courrier électronique à


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Je commande ..... exemplaire(s) du CD-ROM "UMMO: de vrais


extraterrestres! Précis du système idéophonémique - Troisième partie:
Dictionnaires" au prix de 15.- Euros (port compris), payables par chèque
à l'ordre de Daniel Benaroya.

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459
Depuis Je milieu des années 1960, de curieuses lettres dactylo-
graphiées ont commencé à parvenir à plus de quarante destinataires
à travers le monde, principalement en Espagne. Les auteurs de ces
lettres disent être originaires d'une lointaine planète, qu'ils
appellent, dans leur langue, UMMO.
Tandis que les gens bien pensants ne se privaient pas de se gausser
d'une aussi bonne plaisanterie, d'autres, comme l'astrophysicien
Jean-Pierre Petit, se sont intéressés de plus près au contenu de ces
lettres, et y ont trouvé des indications de grande valeur scientifique,
peu compatibles avec la thèse d'un canular.
Ces lettres sont émaillées de termes ummites (transcrits
phonétiquement). Des dictionnaires d'équivalence ont été établis.
Mais jamais encore le secret de la langue utilisée n'avait été élucidé.
Pour la première fois, Je sens réel du langage ummite est percé à
jour dans le présent travail. Loin d'être de simples assemblages de
sons fantaisistes, les phonèmes ummites, en effet, ont révélé une
exceptionnelle structure, non seulement intelligente mais n'ayant
rien en commun avec aucun des idiomes terrestres connus.
L'aventure de cette découverte, une étape capitale dans l' histoire de
l'humanité, est l'objet de cet ouvrage passionnant.
"Jamais au cours de ces recherches, ni au cours de ce travail,
l'origine supposée extraterrestre des documents n'est intervenue. J 'ai
seulement tenu compte des points de vue ou des explications donnés
dans les documents. Points de vue originaux certes, mais que j e me
suis refusé à considérer comme inacceptables. Si je voulais accéder
à la langue, ce ne pouvait être qu 'en cohérence avec les contenus des
documents. Et c'est ce qui était nécessaire. Je cherchais à
comprendre une langue, exactement comme si elle avait été oubliée
et s'était perdue dans un coin de la Terre, mais une langue de gens
que je prenais pour beaucoup plus en avance que nous dans la
connaissance.
Jean Pollion
"Je suis très favorablement impressionné par le sérieux, la rigueur,
l'impeccable protocole scientifique, l'approche rationnelle du tortueux
dilemme d'Ummo, l'excellente méthodologie, la clarté d 'expression et,
peut-être par-dessus tout, par l'honnêteté des points de vue clairs et la
gestion impartiale des informations et données ambiguës sur Wolf. "
Ignacio Damaude Rojas-Marcos
"Po/lion a fait un travail fantastique, passionnant, fonctionnant
comme un véritable Sherlock Ho/mes. "
Jean-Pierre Petit

JLJJL, Prix: 48.- Francs suisses


28,00 Euros
ISBN 2-940045-ll-9

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