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Bourgogne - Franche-Comté, Saône-et-Loire

Rapport d’opération
Diagnostic archéologique

Tournus - « Place Carnot »

Sondages
archéologiques
Place Carnot

sous la direction de

Didier Lamotte

Inrap Bourgogne - Franche-Comté


juin 2022
Inrap · Rapport d’opération Bourgogne - Franche-Comté, Saône-et-Loire, Tournus, « Place Carnot »
12 Diagnostic archéologique Sondages archéologiques sur la Place Carnot

Notice scientifique des fondations. Cependant, l’exiguïté des sondages ne


permet pas d’avancer d’hypothèses sur l’enchainement
dans le temps de ces différentes phases, ni sur leurs
datations.
L’église sert de lieu de sépulture. Neuf tombes ont été
mises au jour, fouillées en totalité ou en partie. Parmi
celles-ci, 3 sont restées en place. Deux sépultures
Les trois sondages réalisés sur la Place Carnot se sont sont directement creusées dans le substrat argileux,
révélés positifs. les autres sont situées dans le comblement supérieur,
Les vestiges archéologiques sont quasi affleurants limoneux, du four à chaux contre le mur sud de
sous les niveaux actuels de la place, à environ -35 / l’église. La surface est d’environ 10 m². Le nombre de
-40 centimètres de profondeur. Les vestiges sont bien sépulture restant à fouiller dans cette zone est estimé à
conservés avec une puissance stratigraphique de plus une dizaine, en incluant les 3 sépultures non prélevées.
d’un mètre dans le sondage 2 où la base des vestiges Des fragments de moule de cloche ont été retrouvés,
n’a pas été atteinte. Même au niveau du sondage 1, rejetés dans une fosse située dans l’église. Son
les constructions récentes (kiosque à musique avec comblement est daté, au plus tôt, du xvie ou xviie siècle.
toilettes semi-enterrées) non pas détruit les niveaux les D’autres sites contemporains, ont livré ce type de
plus profonds des fondations médiévales. vestiges, qui restent cependant peu connus dans un
Les vestiges sont nombreux et bien conservés à faible contexte régional : Troyes (Aube), Champlitte (Haute-
profondeur sous le sol actuel de la place (environ Saône), Nevers (Nièvre), Alise-Sainte-Reine (Côte
40 cm) : fondations de l’église Saint-André, fondations d’Or). En 1757, l’évêque de Chalon baptise les 4
de la fontaine du xixe siècle, four à chaux médiéval, (nouvelles ?) cloches de l’église Saint-André.
fosse et sépultures… Au chevet de l’église, un mur d’au moins 1,60 m
Même si peu de vestiges sont datés par la chronologie d’épaisseur et orienté nord-sud, parallèle à la Saône,
absolue, le mobilier remanié, conservé dans des a en partie été récupéré à une date inconnue. Ce mur
structures plus récentes, indique une occupation du site n’est pas figuré sur les plans connus de la ville, ni
quasi continue depuis la fin du ixe ou xe siècle, jusqu’à mentionné dans les documents d’archives relatifs à
des périodes plus récentes (xvie-xviie au xxe siècle, selon la démolition de l’église. De plus, il ne semble pas
les vestiges). correspondre aux murs de façade des maisons longeant
On peut même soupçonner une occupation antique par la Saône. Le mur maintient probablement une terrasse
la découverte d’une possible monnaie du iiie siècle. avec l’église à l’ouest, avant la construction du pont
La première occupation médiévale du site est attestée sur la Saône à la toute fin du xviiie siècle.
par la présence de graines carbonisées datées entre la En 1825, la place Saint-André, sur laquelle on avait
fin du ixe et la fin du xe siècle par radiocarbone. Ces installé des bancs, fut décorée de tilleuls et d’une
graines constituent le support de la première étude fontaine monumentale entourée de six colonnes. Les
carpologique réalisée sur une fouille à Tournus. Le plans cadastraux et d’alignement de 1833/1843
spectre céréalier est typique pour l’époque concernée, montrent le soubassement de cette fontaine et
avec la présence de blé, d’avoine, de seigle et de l’agencement de ces arbres.
millet, ainsi qu’une légumineuse utilisée comme plante Dans le sondage 2, la fondation 209 se situe à
fourragère. Ces graines proviennent très probablement l’emplacement supposé de la fontaine, dans l’axe O-E
des déchets agricoles et/ou alimentaires d’un habitat de la place. De plus le plan de la fondation s’accorde
situé à proximité du site ; castrum ou abbaye, à moins avec celui dessiné sur les plans, montrant des sortes de
qu’il ne s’agisse des vestiges de l’occupation du quartier contrefort au massif du soubassement.
de Saint-André, inconnus pour la période médiévale, Une partie des fosses de plantation retrouvées lors
avant le xie ou le xiie siècle. du diagnostic correspondent vraisemblablement aux
Un autre témoin du développement de l’urbanisation tilleuls de 1825. Les autres fosses peuvent coïncider les
de ce quartier à cette époque est la présence d’un fosses de plantations des platanes de 1896.
four à chaux. Ce four, de 4,70 m de diamètre, traduit Enfin, une grande partie du xxe siècle verra la place
l’expansion de la ville dans ce secteur avec une Carnot agrémentée d’un kiosque à musique.
production de chaux (et de mortier) importante. Il est intéressant de noter que ces aménagements
Plusieurs tessons retrouvés dans le comblement du four récents (fosses de plantation, fondation du kiosque,
permettent de dater son abandon au xe ou xie siècle. voire réseaux) bien qu’ils aient perturbé les vestiges
Ce type de vestige est peu courant dans la région et anciens, ne les ont pas totalement effacés. En effet, les
seulement quelques exemples sont connus : Goux-lès- fondations de l’église, les sépultures, le four à chaux…
Dole (Jura), Mathay (Doubs), Châtenois, Rochefort- sont conservés sous les niveaux récents les plus bas. La
sur-Nénon (Jura). future requalification de la Place Carnot est également
Les vestiges de l’église Saint-André ont été mis au susceptible d’affecter les vestiges de l’église, avec en
jour dans les 3 sondages. Trois phases distinctes de particulier la purge des niveaux d’assise du sol dallé de
construction ont été identifiées par l’étude des mortiers la place, le déplacement des nombreux réseaux ou la
I. Données administratives, techniques et scientifiques 13

plantation des arbres. La surveillance à moindre coût de


ces travaux permettrait de dresser, à minima, un plan de
l’église et de mettre en évidence les relations qui peuvent
exister entre les différents vestiges découverts lors de ces
diagnostics.

État du site

Avant rebouchage, un voile géotextile a été déroulé sur les


arases des murs et du four à chaux.

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