Vous êtes sur la page 1sur 60

Histoire de l'architecture /

par Léon Vaudoyer,...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Vaudoyer, Léon (1803-1872). Auteur du texte. Histoire de
l'architecture / par Léon Vaudoyer,.... 1846.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart


des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le
domaine public provenant des collections de la BnF. Leur
réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet
1978 :
- La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le
cadre d’une publication académique ou scientifique est libre et
gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment
du maintien de la mention de source des contenus telle que
précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale
de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF ».
- La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait
l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la
revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de
fourniture de service ou toute autre réutilisation des contenus
générant directement des revenus : publication vendue (à
l’exception des ouvrages académiques ou scientifiques), une
exposition, une production audiovisuelle, un service ou un produit
payant, un support à vocation promotionnelle etc.

CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de


l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes
publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation


particulier. Il s'agit :

- des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur


appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés,
sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable
du titulaire des droits.
- des reproductions de documents conservés dans les
bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont
signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à
s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de
réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le


producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du
code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica


sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans
un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la
conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions


d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en
matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces
dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par
la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition,


contacter
utilisation.commerciale@bnf.fr.
MORALE ET MATÉRIELLE,

OU COLLECTION ENCYCLOPÉDIQUE ET STATISTIQUE


DE TOUS LES FAITS RELATIFS
A L'IIISTOIRE INTELLECTUELLE ET PHYSIQUE DE LA FRANCE
ET DE SES COLONIES.

HISTOIRE DE L'ARCHITECTURE,

PAR

LÉON VAUDOYER,
Architecte du Gouvernement.

PARIS.
J.-J. DUBOCHET ET C,B, ÉDITEURS,
RUE RICHELIEU, 60.

JANVIER 1846.
Imprimé par Plon frères.
dans ces monuments la composition d'un nument celtique le plus remarquable de
plan disposé pour former un ensemble. Ces cette espèce est celui qui existe en Angle-
allées couvertes se composent de deux terre, dans le comté de Salisbury, et que
rangées de pierres brutes posées verticale- les Anglais désignent sous le nom de Slone
ment à la suite l'une de l'autre, et formant ,henge, pierre suspendue. En France nous
ainsi deux murailles parallèles, entre les- avons plusieurs cromlechs ; il en existe Un
quelles il existe un corridor ou une gale- près de Fontevrault, et quelques-uns dans
rie couverte par de grandes pierres trans- l'ancienne Bretagne.
versales servant à la fois de plafond et de Les Alignements se composent, ainsi
couverture. Rien ne peut mieux en donner que les cromlechs, d'un certain nombre de
l'idée que la manière dont un enfant com- pierres debout, si ce n'est qu'au lieu d'être
mence à disposer des dominos quand il disposées circulairement elles sont placées
cherche à figurer une bâtisse. Tant il est en ligne droite et sur plusieurs lignes pa-
vrai que cette disposition résulte du prin- rallèles les unes aux autres. Les pierres ali-
cipe le plus élémentaire de stabilité; sa- gnées de Carnac forment un ensemble ex-
voir : deux points d'appui plus ou moins traordinaire; elles sont rangées sur onze
distants, servant à supporter une traverse lignes parallèles, et s'étendent dans l'es-
horizontale d'une dimension proportionnée pace de plusieurs lieues, car on les sup-
à cette distance. On pourrait facilement pose devoir se rattacher aux pierres
établir un rapprochement entre ces monu- d'Ardeven, auxquelles elles sè lient par
ments celtiques :t certains monuments plusieurs points intermédiaires. Parmi
de l'tnde et de l'Egypte. les différentes explications que les au-
La plus remarquable des allées couver- teurs ont voulu donner de ces singuliers
tes qui existent en France est celle qui monuments, il nous serait difficile de don-
est située à Bagneux près Saumnr (Maine- ner la préférence à aucune ; et nous crai-
et-Loire ), elle. a 20nl de longueur. Les gnons bien que ces énigmes restent encore
pierres qui servent de support aux tables long-temps irnpénétrables.
ont environ 2D1,25 de hauteur. Près d'Essé, Pierres branlantes ou tournantes.
à 2810.01 de Rennes (Ille-et-Vilaine), on voit — Ou rencontre parmi les monuments
une allée couverte, d'une importance pres- celtiques des roches posées en équilibre
que égale à celle du monument de Sau- l'uue sur l'autre, ii'ayant qu'un point de
mur. Celle dont nous donnons un desqin, contact, et pouvant recevoir un mouve-
et qui, comme celle d'Essé, est connue ment d'oscillation plus ou moins marqué ;
sous le nom de Roche-aux-Fées, se trouve dans d'aiitres cas, le bloc supérieur tourne
près de Mettray, dans le département comme sur un pivot, et cependant elles
d'Indre-et-Loire, à 8kn> de Tours. Sa situa- demeurent dans cette position depuis des
tion au milieu d'un-bouquet d'arbres touf- sièéles. Des traditions superstitieuses ont
fus, le seul existant au centre d'une plaine, fait considérer ces monuments comme des
semble ajouter à son caractère, et lui prête pierres probatoires destinées à rechercher
une physionomie qui n'est peut-être pas la culpabilité des accusés, et particuliè-
sans analogie avec celle que ce monument rement la fidélité des femmes; leurs mou-
devait avoir dans son origine. La longueur vements servaient atissi, à ce qu'on sup-
totale du monument est de 701,40, sa lar- pose, à l'interprétation des oracles : peut-
geur de 3"',30, et sa hauteur de 4"',20. Les être, en les faisant mouvoir, les prêtres
pierres sont mieuxjointes que dans les au- interprétaient-ils leurs mouvements dans
tres monuments de ce genre. le sens le plus favorable à leurs intentions.
Etait-ce dans l'intérieur de ces monu- MM. Cambry, Dulaurc, Baudoin, Maison-
ments que s'accomplissaient les rites mys- Blanche, et, depuis eux, plusieurs autres
térieux des druides 1 étaient-ils réservés à antiquaires ont émis sur la destination de
la demeure des prêtres ou'aux oracles de ces singuliers monuments diverses opi-
lajustice! c'est ce que jusqu'ici nous sem- nions parmi lesquelles nous nous abstien-
blons destinés à ignorer. drons même de faire un choix, tant elles
Crornleks. — On désigne sous le nom nous semblent hasardées. Il existe de sem-
de cromleclt un ensemble composé d'un blables pierres sur plusieurs points de la
certain nombre de peulvans ou menhirs France : la plus volumineuse de toutes est
disposés régulièrement, soit en cercle, soit celle de Perros-Guyrech (Côtes-du-Nord) ;
selon la forme elliptique, et quelquefois son poids doit être évalué à 400 OOOkg,
sur plusieurs rangs concentriques les uns et cependant un seul homme peut lui im-
aux autres. Ces sortes d'enceintes sa- primer un mouvement sensible. Nous cite-
crées, qui offrent une analogie réelle avec rons aussi celle qu'on voit près du village
celles du même genre qui étaient très- d'Uchon, à 12knl d'Autun (Saône-et-Loire).
communes chez les premiers peuples de La Bretagne, l'Auvergne, et le départe-
l'Asie, sont considérées par les auteurs, ment de la Lozère offrent un assez grand
soit comme des temples, soit comme des nombre de pierres branlantes ; on leur
lieux d'assemblée publique, soit enfin donne les noms divers de pierres roulan-
comme des sépultures de famille. Le mo- tes, pierres qui dansent, pierres folles, etc.
Tumuli ou tombellcs, — L'inhuma- déposait à ses côtés ses armures, des
tion d'un corps a pour effet de laisser à la vases, des bijoux et d'autres objets qui
surface du sol un monticule de terre qui lui avaient appartenu pendant sa vie.
aide à reconnaître la place même de la Quelques-unes de ces collines étaient con-
sépulture; mais, dans un court espace de sidérées comme sacrées, d'autres étaient
temps, la pluie, le vent ont bientôt fait élevées dans un but de défense : dans ce
disparaître cette trace périssable, et le sol cas, elles étaient tronquées dans leur par-
reprend son aspect primitif; or donc, pour tie supérieure de manière à pouvoir con-
la perpétuer et prévenir cette rapide des- tenir un certain nombre de combattants ;
truction , on eut l'idée toute naturelle d'y dans ce cas, un large fossé les circonscrit,
amonceler des pierres de manière à former et souvent elles se trouvent liées à un sys-
une élévation factice et plus durable, jus- tème de défense.
qu'à ce qu'enfin on entreprit de rendre Autres constructions des Gaulois.
ces surélévations plus durables à l'aide de — Tous les monuments que grossiers,
nous venons
constructions solides ; et ce qui avait dû de décrire sont informes et et
avoir lieu pour la sépulture d'un seul in- l'on peut dire que l'art n'est aucunement
dividu eut également lieu pour celle d'un intervenu ni dans leur conception, ni dans
certain nombre d'hommes, lorsqu'après leur exécution. Ils se trouvent tous épars
une bataille, par exemple, on donnait la dans la campagne, plus ou moins distants
sépulture ài ceux qui y avaient trouvé la les uns des autres, souvent sans aucun
mort. rapport entre eux, et n'ont jamais été
Telle est évidemment l'origine des lu- compris dans l'enceinte des villes. Les
muli que l'on trouve dans tous les pays du Gaulois n'avaient- ils donc pas de villes ?
monde et qui servirent de type aux plus étaient-ce donc là leurs seuls monuments 1
somptueux mausolées. Les pyramides d'E- et en existait-il d'nn autre genre qui nous
gypte ne sont autre chose que de gigan- seraient restés inconnusl Telles sont les
tesques tumuli, et tous les grands tom- questions qu'on est amené à se faire quand
beaux de l'antiquité affectent toujours la on s'occupe de rechercher quels pouvaient
forme conique ou pyramidale, qui est de- être les mœurs et l'état de la civilisation
venue en architecture le type caractéris- des Gaulois avant l'occupation romaine.
tique des monuments funéraires. On comprend très-bien que les Gaulois,
La France possède un grand nombre de sans cesse guerroyant et toujours occupés
tumuli qui peuvent être attribués aux d'expéditions lointaines, ne se soient pas
Celtes, aux Gaulois ou aux Romains; les attachés à se construire des habitations
plus simples tombelles gauloises sont for- fixes et susceptibles d'une longue durée.
mées avec de la terre; d'autres, que l'on Voici la description que donne Strabon
nomme des habitations gauloises (liv. iv) : - Les
gnlgals, ii maisons gauloises, spacieuses et rondes,
se compo- » étaient construites de poteaux et de
sent d'un » claies, en dehors et en dedans desquels
amas de j> on
appliquait des cloisons en terre ; une
pierres ; » large toiture, composée de bardeaux
elles sont, » de chêne et de chaume ou
de paille ha-
en géné- » chée et pétrie dans l'argile, recouvrait
ral , de » le tout. »
forme co- Vitruve, liv. Il, ch. i, après avoir fait la
nique, quelquefois cependant leur base description de ce même genre de bâtisse,
est elliptique, leur hauteur est souvent mentionne la Gaule, l'Espagne, le Portu-
de 20m, le tumulus de Cumiac en a plus gal et l'Aquitaine comme les contrées dans
de 30. lesquelles il était usité.
L'intérieur des galgals se compose sou- César dans ses Commentaires, dit que
vent de plusieurs chambres sépulcrales ses soldats étaient logés (in casas rjua
composées de pierres brutes comme des more gallic) stramentis tecta eront). Ce
dolmens, contenant plusieurs squelettes, more gallico donne à penser que ce genre
soit assis, soit couchés ; dans d'autres il de toiture de chaume était peu en usage
n'existe qu'une seule salle dans toute l'é- en Italie, où il est encore aujourd'hui
tendue de la colline, servant de sépulture extrêmement rare.
commune ; enfin on trouve quelquefois dans Les agglomérations de population qui
l'intérieur de ces monuments des construc- composaient chez les Gaulois ce qu'on
tions cimentées; dans ce cas, on peut appela des villes ne devaient avoir aucun
être certain qu'elles sont d'origine ro- rapport avec l'ensemble d'une ville tel
maine. qu'on est arrivé à le composer depuis;
Les fouilles faites dans l'intérieur de mais les oppida dont il est souvent ques-
plusieurs de ces monuments ont fait recon- tion dans l'histoire des luttes désespérées
naître que, selon le rang et la dignité du qu'ils eurent à soutenir contre les Ro-
personnage qui y était enseveli, on y mains en tenaient lieu; les oppida gaulois
étaient entourés d'enceintes fortifiées qui, soumettre à sa puissante unité tous ces
chez les peuplades les plus sauvages, peuples barbares, afin de les initier plus
étaient formées à l'aide d'abatis d'ar- sûrement, et pour ainsi dire malgré eux ,
bres croisés en tous sens et établis de aux avantages d'une civilisation avancée.
préférence dans les endroits déjà formi- Pour les Romains, conquérir une province,
dables par leur situation naturelle ; dans soumettre une nation, c'était la faire en-
d'autres provinces ces remparts étaient trer dans la grande famille romaine, et,
construits d'une manière plus solide et une fois incorporée à l'empire, chaque
pins durable à l'aide de pierres entremê- province participait à sa prospérité, à sa
lées de grandes pièces de bois ; ce système gloire et à sa puissance. Cette Gaule, donc
de construction, outre qu'il avait l'avan- naguère si sauvage, si ignorante, si indis-
tage de s'exécuter plus rapidement, avait ciplinée subit promptement une trans-
de plus celui d'offrir une grande résis- formation , complète
et n'eut bientôt plus
tance , car la pierre était à l'abri du feu, rien à envier à l'Italie.
et le bois ne permettait pas d'y faire brèche. Au lieu des antiques oppida situés dans
Il paraît que ce mode de construction va- des lieux escarpés, s'élevèrent dans les
riée ne produisait pas un mauvais effet, situations les plus favorables des villes
et c'est ainsi que César le juge quand il florissantes qui s'embellirent de monu-
dit : Hoc quurn, in speciem varielatemque ments de toute espèce; les landes incultes,
deforme non est, allrmis trabibus ac saxis les marais insalubres sont livrés à la cul-
quæ reclis li)tcis suos ordines sei-vant, tum ture, les vastes forêts sont exploitées
ad utilitatem et defensionem urbium sum- régulièrement, des voies de communi.ca-
mam hdbet opporlunilatem... (Cæs. Bell. tion ouvertes dans toutes les directions
gall., liv. vu ). C'était dans ces espèces de sillonnent le pays et franchissent les fleu-
citadelles qu'au premier signal de guerre ves sur des ponts solides et durables ; des
les populations de la campagne, aban- ports sûrs et commodes reçoivent les vais-
donnant leurs misérables chaumières,cou- seaux sur les deux mers, des aqueducs
raient se renfermer avec leurs femmes, d'un développement immense traversent
leurs enfants, leurs troupeaux et tout ce les montagnes et les vallées pOlIr apporter
qu'elles pouvaient transporter avec elles. au sein des villes des eaux pures et abon-
g 2. Époque romaine.
dantes, les campagnes se couvrent de
maisons de plaisance; enfin le latin rem-
Premiers effets de la conquête. — place la langue celtique, ou plutôt, en se
Ces oppida, bien que témoins de nom- fondant avec elle, engendre un idiome
breux et héroïques exploits, ne purent nouveau. C'est ainsi que ces peuples diffé-
cependant pas protéger la liberté gauloise rents réunis en un seul corps de nation
contré la science et la puissance des Ro- virent naître pour eux une ère toute nou-,
mains, et quelquefoismême les villes gau- velle. Les Gaulois, dès lors, s'habituèrent
loises devinrent le noyau de villes ro- à ne plus considérer les Romains comme
maines. des vainqueurs, mais bien comme des frè-
La première ville fondée par les Romains res et la Gaule prit rang parmi les pre-
dans les Gaules fut celle d'Aquæ Sextiae mières ,
nations de l'Europe.
(Aix en Provence), qui eut pour fondateur Les monuments divers qui appartien-
le consul C. Sextius, 123 av. J.-C. nent à cette période brillante de notre
Un des plus anciens monuments romains histoire ont en partie été détruits dans les
fut celui qu'on éleva en mémoire de la cé- siècles postérieurs; mais cependant, dans
lèbre victoire remportée par Marius sur le petit nombre de ceux qui ont survécu,
les Cimbres et les Teutons ilO1 av. J.-C.). nous possédons encore assez d'exemples
C'était une haute pyramide située à l'ex-* variés pour avoir une idée à peu près exacte
trémité du Champ-Putride, près d'Eaux- de ce que ftirent les productions de l'art
Sextiennes ; les bas-reliefs représentaient romain dans notre pays. Il serait difficile
Marius debout sur un bouclier soutenu d'assigner à chacun de ces édifices une
par des soldats et dans l'attitude d'un gé- date bien précise; mais cependant on peut
néral proclamé imperalor. Ce monument souvent, faute de documents authentiques,
était encore entier au 15" siècle, et le vil- reconnaître, d'après le style de leur archi-
lage de Pouvrières avait pris pour armoi- tecture ceux qui appartiennent aux beaux
ries la scène représentée par le bas-relief. temps de ,
l'empire et qui doivent être
La conquête de la Gaule, commencée si classés dans l'époqueceux de la décadence.
brillamment par Jules-César 51 av. J.-C., Ponts et aqueducs. — Les Romains
fut accomplie par Auguste et ses succes- considéraient comme un des premiers
seurs; mais la conquête romaine n'était moyens de civilisation l'établissement de
pas la conquête qui détruit et ne laisse ces constructions d'utilité publique qui ont
après elle que des ruines ; la tâche que les pour objet de contribuer au bien-être des
Romains s'étaient imposée était noble et citoyens et d'assurer la salubrité du
grande : si Rome ambitionnait la domina- C est par ce sentiment qu'ils établissaientpays.
on universelle, c'était dans le but de ces constructions de manière à leur don-
ner la. plus grande durée possible, afin seul, mais le principal luxe de l'architec-
que, s'il survenait dans l'Etat quelque ca- ture. Pour se convaincre de ce que nous
lamité publique, une guerre, ou un dés- avançons ici, il suffirait de citer les ponts,
ordre dans les finances, elles pussent pen- les aqueducs et les égouts de Rome, qui
dant longtemps se passer de réparations servent encore aujourd'hui aux habitants
et continuer à satisfaire aux besoins pour de cette ville et qui n'ont pas peu contri-
lesquels elles avaient été créées : l'extrême bué certainement à la préserver d'une
solidité était donc, dans ce cas, non le ruine complète.

En France, sans être aussi riches en simples n'étaient percées que d'une seule
OA.

monuments de ce genre, nous pouvons ci- ouverture, comme la porte de France à


ter les restes d'aqueducs deLyon,Treux Nîmes; les plus importantes se compo-
de Jouy près de Metz, celui d'Arcueil à saient de deux grandes ouvertures, dont
Paris, et enfin le fameux pont du Gard, l'une pour l'entrée et l'autre pour la sortie,
qui est une véritable merveille et par la comme celle de Saintes ; et quelquefois
grandeur de ses proportions, et par sa du- même de deux plus petites pour les pié-
rée , et par son admirable situation. tons, comme celles d'Aroux et de Saint-
On voit encore dans plusieurs provinces André à Autun; le passage d'une tour à
des restes de ponts qui n'auraient rien eu l'autre au niveau du parapet des murs
à redouter des ravages du temps si la main motivait toujours une surélévation qui
des hommes n'était venue volontairement était pleine dans les portes de peu d'im-
hâter leur ruine; ce sont ceux de Vaison portance, comme dans la petite porte de
et de Saint-Chamas, qui n'ont qu'une France à Nîmes, et formait une galerie à
seule arche; celui de Saint-Chamas est jour dans celles d'une plus grande étendue,
enrichi d'un arc monumental à chacune comme aux deux portes d'A,ulun.Vitruve re-
de ses extrémités; son ensemble est d'un commande de faire les tours rondes comme
joli effet. Dans le département de l'Hé- devantmieux résister aux chocs tles béliers.
rault il existe un pont de trois arches qui Thermes. — L'usage des bains , si
n'est plus en état de servir; à Saintes commun en Italie, fut importé par la con-
on voyait il y a peu de temps encore les quête dans la Gaule. Les Romains appré-
restes d'un pont romain surmonté d'une cièrentpromptementles différentes sources
porte composée de deux arcs géminés. * d'eaux minérales qui se trouvent répan-
Ce pont vient d'être récemment dénaturé dues sur divers points de la France, et les
et l'arc a été démoli pour être reconstruit, villes d'Aix en Provence, de Néris, du
plus loin. Enfin nous citerons comme un Mont-Dore, de Bagnères et beaucoup d'au-
modèle de construction de ce genre le tres localités renommées par les propriétés
pont de Sommières, qui, dans son origine, salutaires de leurs eaux thermales, virent
avait dix-sept arches dans sa longueur; s'élever ces vastes édifices qui. sous le nom
il servait de passage à la voie antique qui de thermes, servaient à 1'usage des bains
allait de Nîmes à Luteva. de toute espèce, et dans lesquels on avait
Portes de ville. — Comme exemples coutume de disposer des salles pour la
de portes de ville, nous possédons celles conversation, des portiques pour la pro-
de Nîmes et celles d'Autun ; ces dernières menade, des exèdres pour le repos, etc.
surtout permettent de se faire une idée du C'est surtout dans les thermes que 1es Ro-
caractère monumental que les Romains mains ont fait preuve d'une grande habi-
donnaient à ce genre de constructions. Ces leté dans l'art de bâtir.
portes, situées à l'extrémité des voies L'Italie conserve de vastes raines de
principales, étaient pratiquées entre deux thermes qui ont permis de nous initier
tours qui en défendaientl'entrée ; les plus aux détails desusogesromains. En .France,
les plus beaux restes de thermes qu'on échapper aux dévastations du bas-empire
connaisse sont ceux qui existent à Paris , et au zèle hostile des premiers chrétiens
rue de laHarpe"; ces bains n'étaient qu'une aussi la France n'en possède-t-elle au-
dépendance du vaste palais impérial dans jourd'hui qu'un très-petit nombre.
lequel Julien fut proclamé empereur par Le plus ancien temple romain qui soit
ses soldats; une seule salle, celle qu'on en France est peut-être celui de Vemègues
appelait frigida.'ium, parce qu'elle était près d'Aix en Provence. Le style de l'ar-
* destinée
au bain froid, a conservé sa voûte, chitecture de ce monument qui offre beau-
qui s'élève à 15111 au-dessus du sol. Cette coup d'analogie avec celui de l'art grec et
voùte, construite en blocage, est d'une son voisinage de Marseille, permettent de
telle solidité, qu'un jardin contenant de conjecturer que ce temple doit appartenir
grands arbres fut établi au-dessus pen- aux premiers temps de la conquête.
dant plusieurs années. Les retombées de Les Romains, en empruntant aux Grecs
cette voûte d'arête sont soutenues par des leurs croyances et leurs pratiques reli-
proues de navire en pierre, qu'on serait gieuses, avaient également adopté la forme
tenté de considérer commelesplus anciens etla dispositionde leurs temples, etletem-
emblèmes de la ville de Paris. Ces thermes ple romain fut une imitation complète du
étaient alimentés par l'eau de l'aqueduc temple grec. Le mieux conservé de tous
d'Arcueil. Dans le golfe de Fréjus, à l'oc- les temples romains, non-seulement en
cident dela ville, on voit encore les ruines France , mais dans l'étendue entière des
d'un établissement thermal assez complet ; anciennes provinces de l'empire romain,
on y reconnaît le sudatorium ou bain de est celui qui existe dans la ville de Nîmes,
vapeur : c'est une salle de forme circulaire départementdu Gard, et qu'on désigne sous
surmontée d'une voûte conique. le nom de Maison carrée. Ce monument
Enfin Nîmes, si riche en monuments de remarquable est trop connu et a été re-
-l'époqueromaine, possédait aussi des bains présenté trop souvent, pour qu'il nous soit
remarquables par leur grande disposition, nécessaire d'en faire la description. On est
ainsi qu'on put en juger lors des fouilles autorisé à croire que le temple de Nîmes
faites dans le siècle dernier, et qui mirent à était consacré aux petits-fils d'Allguste.
découvert les restes de ce vaste édifice; si l'on s'en rapporte à l'interprétation don-
mais l'ensemble de ces ruines intéressan- née par Séguier à l'inscription gravée sur
tes fut complétement dénaturé lorsqu'on le frontispice, et qui d'après Ini aurait
créa le jardin actuel de la Fontaine. A été : C. Cœsari Augusti F. Cos.L. Cte-
l'ouest des bains on voit encore une salle sari Augusti F. Cos. désignait) principi-
richement décorée de colonnes, de niches busjuventutis, ce qui fait remonter l'érec-
et de sculptures, qu'on nomme le Temple tion du monument à l'an 754 de Rome et
de Diane. Mais la forme particulière de à l'an 1er de l'ère chrétienne.
cet édifice, qui ne ressemble en rien à un Il existe à Vienne, en Dauphiné, un
temple; les aqueducs qui l'environnent, autre temple moins bien conservé que ce-
sa proximité des bains, tout permet de con- lui de Nîmes, mais qui offre cependant
jecturer que c'était une salle de bains ou beaucoup d'intérêt; il était consacré à
un nymphée. Les restes de plusieurs éta- Livie : les détails n'en ont jamais été ter-
blissements de bains, moins importants minés, mais dans les chapiteaux on re-
que ceux qu'on vient de citer, ont été dé- trouve des feuillages aigus, analogues à
couverts en Languedoc, en Auvergne et ceux du temple de Vernègues, qui pour-
dans d'autres parties de la France. raient faire croire à l'intervention d'artistes
Nous savons, d'après les découvertes orientaux établis sans doute dans la partie
faites en Italie et particulièrement à méridionale de la Gaule.
Rome, que c'était dans les thermes que les Il devait exister en France un grand
Romains se plaisaient à déployer le plus nombre de monuments religieux analogues
grand luxe de décoration. Les parois in- à ceux qu'on vient de décrire, mais ils ont
térieures de ces vastes salles étaient revê- tous disparu ; les villes de Riez, d'Arles
tues des marbres les plus variés ; les voûtes, d'Autun, d'Avallon, sont à peu près les seu-,
supportées par des colonnes monolithes les qui en aient conservé quelques restes.
de gr-anit ou de porphyre, étaient décorées Tomb"aux. -On a vu, lorsque nous
de peintures ou de stucs dorés ; les pave- nous sommes occupé des monnments gau-
ments étaient en mosaïque des immenses lois, combien sont nombreuses en France
cuves de marbre étaient destinées aux les tombelles ou collines factices qu'on
bains, et les salles de ces somptueux édi- peut attribuer à ce peuple ; celles que les
fices étaient en outre enrichies des chefs- Romains élevèrent à la mémoire de leurs
d'œuvre de la sculpture antique. guerriers. de leurs concitoyens ne sont
Temples. — Les colonies romaines éle- pas moins communes. A la proximité des
vèrent dans les provinces des Gaules des grandes villes et généralement le long des
monuments consacrés aux grandes divi- voies publiques, on éleva, de préférence à
nités du paganisme, aux demi-dieux et des tombelles, des monuments plus im-
aux empereurs; ces monuments n'ont pu ortants et plus somptueux. Parmi les
tombeaux les plus simples, et qui se rap- de ce nombre sont non-seulement les ther-
portent probablement à la première épo- mes, dont nous avons déjà parlé, mais
que de la coiiquête,nous citerons, auprès encore les théâtres, les amphithéâtres et
d'Autun, le reste de monument qu'on ap - particulièrement les arcs de triomphe. La
pelle la pyramide de Couart ; près de la France encore peut nous fournir des
ville de Vienne, en Dauphiné, près de exemples de ces divers monuments assez
Saint-Remy, l'antique Glanum, on voit bien conservés pour juger de la supériorité
des tombeaux dans lesquels on a introduit que l'architecture romaine y avait dé-
un certain luxe d'architecture, tout en ployée. Le théâtre est bien effectivement
conservant le principe de la forme pyra- d'originegrecque; mais les Romains surent
midale. ; dans le siècle dernier, on voyaitlui donner un développement et une im-
encore à Aix, en Provence, trois tombeaux portance architecturale qu'il n'avait ja-
que Sextius, le fondateur de cette ville, mais atteints sous leurs prédécesseurs.
avait fait élever aux membres de sa fa- On voit à Orange, département de Vau-
mille; le plus important de ces tombeaux cluse, les restes d'un théâtre romain qui
était composé d'un soubassementcarré sur mérite d'autant mieux de fixer l'attention
lequel s'élevaient deux étages de colonnes que toute la partie de la scène s'y trouve
superposées et disposées circulairement. mieux conservée que dans aucun théâtre
Les représentations de ce monument n'in- d'Italie; et ces ruines, étudiées avec soin,
diquent pas quelle était la forme-du cou- permettent d'éclairer plusieurs points es-
ronnement, qui, sans doute, avait été dé- sentiels pour la recomposition des théâtres
truit antérieurement. des anciens. A Vienne, à. Ailes il existe
Lors de la destruction de ce tombeau, aussi des restes de théâtres mais , plus in-
on y trouva la bulle en or qui fut trans- complets.
portée à Paris au cabinet des médailles. Près du théâtre d'Orange, on voit en-
Quant aux simulacres funéraires peu im- core quelques vestiges d'un ancien cirque ;
portants, qui surmontaient le plus souveut on sait que les cirques étaient destinés
les sépultures romaines ou qu'on plaçait aux courses de chevaux, aux courses en
,
dans l'intérieur des chambres sépuler-ales,
chars et à différents exercices gymnasti-
comme les sarcophages, les cippes, les ques. Ce fut, de la part des Romains, une
stèles, etc., ils étaient, dans l'antiquité imitation de l'hippodrome des Grecs, au-
comme de nos jours, façonnés à l'avance quel ils donnèrent une grande extension.
et vendus tout faits pour être consacrés à Les théâtres, les cirques et les amphithéâ-
la mémoire de tel ou tel individu, dont il tres sont des monuments qui, comme on
ne restait qu'à graver le nom. Nos musées doit le comprendre, avaient une certaine
de province sont riches en monuments de analogie entre eux; mais ces derniers ap-
ce genre. partiennent plus particulièrement aux
Théâtres, cirques, amphithéâtres. Romains.
— Si, dans certains
édifices, les Romains La France est riche en amphithéâtresj
n'ont souvent été que des imitateurs des elle en possède surtout deux qui, quoique
Grecs, il en est d'autres dans lesquels ils moins vastes et moins somptueux que le
se sont montrés véritablement créateurs ; Colysée de Rome, n'en sont pas moins

aussi intéressants à étudier quant aux usa- à Nîmes ; on les désigne vulgairement sous
ges qui se rattachent à ce genre d'édifices. le nom d'arènes. On n'a aucun document
L'un de ces amphithéâtres est à Arles ; qui permette de fixer d'une manière cer-
ie second beaucoup mieux conservé, est taine la date de leur construction. Le plan
,
de 'Pamphithéâtre de Nîmes, comme celui la civilisation romaine, la Gaule subit les
de tous les amphithéâtres, a la forme d'une vicissitudes de l'empire comme elle en
ellipse, dont le grand axe a l33m 380mm, avait partagé la gloire.
et le petit axe 10lui 400""" ; l'extérieur se Dès le 5« siècle eut lieu l'invasloii des
composait de deux rangs de portiques à Francs, qui occupèrent les provinces du
arcades : il y avait en tout trente-cinq nord. Déjà le christianisme avait com-
rangs de gradins, divisés en quatre pré- mencé à remplacer le culte des idoles et
cinctions, ayant chacune leurs issues et Clovis, en recevant le baptême avec ,ses
leurs vomiloires particuliers. La distribu- sold.ts, devint bientôt pour l'Occident ce
tion des nombreux escaliers, des galeries, que Constantin avait été pour l'Orient; il
des vomitoires, etc., était combinée de assura le triomphe de la religion chré-
manière à faciliter la circulation du con- tienne, et posa ainsi les fondements de
cours immense de citoyens qui s'y réunis- cette nouvelle société dont nous allons
saient les jours de spectacle, et dont le avoir à étudier les développements succes-
nombre pouvait être de 20 000 (le Colysée sifs. On comprend que l'influence des idées
de Rome contenait 87 000 spectateurs). chrétiennes devait naturellement produire
Il parait que l'amphithéâtre de Nîmes, une transformation complète dans les arts,
comme le Colysée, pouvait être à l'occa- et particulièrement dans les monuments
sion transformé en naumachie. religieux.
Il existe en France quelques autres res- Catacombes. — Pendant tout le temps
tes d'amphithéâtres romains, à Fréjus, que les chrétiens avaient été persécutés,
département du Var ; à Lillebonne, en ils n'avaient pu songer à construire des
Normandie; à Saintes et à Poitiers. édifices, et leurs cérémonies religieuses
Arcs de triomphe. — Nous devons restèrent ensevelies dans les catacombes.
mentionner encore un autre genre de mo - La Gaule, comme l'Italie, possédait de
nument qui appartient à l'occupation ro- mystérieux sanctuaires consacrés par le
maine ; ce sont sang des martyrs. On voit encore queLques.
les arcs de unes de ces grottes creusées dans le sol à
triomphe, dont Lyon, à Agen, à Montmajour, etc.
plusieurs exis- Basiliques. -Devenus libres de prati-
tent dans un quer publiquement leur religion, les chré-
assez bon état tiens eussent été incapables d'élever des
de conserva- temples, et ne voulant pas se servir des
tion. Celui temples païens qui d'ailleurs ne se prê-
qu'on voit a taient aucunement à leurs besoins, ils choi-
l'entrée de la sirent parmi les édifices grecs ou romains
ville d'Orange, celui de tous qui, par sa disposition et son
département de étendue, pouvait le mieux convenir aux
Vaucluse, est le exigences de ce nouveau culte : ce fut la
plus remarquable de tous ; il a été dégagé basilique, vaste salle composée d'une nef
et complètement restauré : trois arcades, principale, de bas-côtés ou galeries laté-
une grande et deux petites, servent de rales et de tribunes, qu'ils essayèrent de
passage. Les sculptures qui décorent les transformer en église. Cette disposition de
différentes faces représentent des armures, la basilique antique devint ensuite tradi-
des agrès et des attributs nautiques. Mal- tionnelle, et fut reproduite lors de l'érec-
gré la difficulté qu'on éprouve à fixer la tion des nouveaux temples.
date de l'érection de ce monument qui ne La basilique chrétienne fut donc bien
porte aucune inscription on peut du effectivement une imitation de la basili-
,
moins affirmer qu'il n'a jamais été dédié que païenne mais il importe de remar-
à Marius comme quelques auteurs l'ont quer que, soit par une cause soit par une
,
avancé sans autorité, car le style de autre, les chrétiens, dans la construction
l'architecture et des ornements permet de de leurs basiliques, substituèrent bien-
croire que cet arc de triomphe appartient tôt à l'architrave grecque des basiliques
à une époque plus avancée. Les arcs de antiques un système d'arcs reposant di-
Reims, de Carpentras et de Cavaillon rectement sur les colonnes isolées qui
duivent être rangés dans la dernière pé- leur servaient de points d'appui, combi-
riode de l'empire; celui qu'on voit à Saint- naison toute nouvelle, dont il n'existait
Semy pourrait seul être considéré comme aucun e-xemple antérieur. Ce mode nou-
antérieur à ceux-ci, et par la pureté de veau de constructionqu'on a généralement
ses profils et l'exécution des détails on attribué à l'inhabileté des constructeurs
peut supposer qu'il date d'une époque flo- de cette époque ou à la nature des maté-
rissante de l'art. riaux qu'ils avaient à leur disposition,
§ 3. Origines et développements de l'archi- devait cependant devenir le principe fon-
tecture chrétienne. damental de l'art chrétien, principe qui se
caractérise par l'affranchissement de l'ar-
Après avoir participé aux bienfaits de cade, et l'abandon du système de construc-
tion rectiligne des Grecs et des Romains. de décoration. Le genre de construction
En effet, l'arcade, qui était devenue l'élé- adopté à cette époque était analogue à
ment dominant de l'architecture romaine, celui dont les Romains' faisaient usage
était cependant restée assujettie aux pro- dans les derniers siècles de l'empire ; c'é-
portions des ordres grecs, dont l'entable- tait un mélange de briques et de petites
ment lui servait d'accompagnement obligé, pierres cubiques comme on en voit aux
et de ce mélange d'éléments si divers était Thermes de Julien à Paris. La Basse-Œu-
né ce style mixte qui caractérise l'architec- vre à Beauvais, le baptistère de Saint-
ture gréco-romaine. Or, les chrétiens, en Jean à Poitiers et l'église de Savenières
dégageant l'arcade, en abandonnant l'em- sont les principaux exemples de ce style,
ploi des ordres antiques et en faisant de la qui se trouve caractérisé en outre par des
colonne le support réel de l'arc, ont posé les frontons très-obtus et des fenêtres à plein
bases d'un nouveau style, qui conduisit à cintre généralement de petite dimension ;
l'emploi exclusif des arcs et des voùtes dans quant à l'ornementation, elle est très-sim-
les monuments chrétiens. C'est l'église de ple , et les sculptures ressemblent encore à
Sainte-Sophie, à Constantinople, bâtie par celles de ladécadence romaine, quelquefois
Justinien au milieu du 6e siècle, qui nous on remarque l'emploi de pierres ou de bri-
offre le plus ancien exemple de ce système ques de diverses couleurs disposées avec
de construction en ares et en voûte dans une certaine symétrie.
une église ch rétienne de grande proportion. Il devait y avoir à cette époque un
Nous ne pouvons douterqu'il n'ait existé grand nombre d'églises bâties en bois, si
en France comme en Italie et en Orient, l'on en juge par les fréquents incendies
des basiliques chrétiennes faites à l'imita- dont il est fait mention. Le style latin dut
tion des basiliques antiques ; mais aucun subir, pendant la durée de cinq siècles,
de ces édifices, que la nature même de plusieurs modifications, mais nous man-
leur construction rendait très-périssables, quons d'éléments pour pouvoir les signa-
n'a pu parvenir jusqu'à nous. ler; nous remarquons seulement que sous
Fortunat et Grégoire de Tours décri- le règne de Charlemagne le style de l'ar-
vent plusieurs basiliques construites à Pa- chitecture chrétienne offrait encore une
ris , à Tours, à Clermont et dans d'autres grande analogie avec le style gallo-romain,
villes de la Gaule, et, d'après ces descrip- ainsi qu'on peut en juger par les parties
tions, on peut facilement juger que ces de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle qui ap-
basiliques primitives présentaient exacte- partiennent à l'origine de la construction.
ment la disposition des basiliques que l'on Toutes les églises élevées antérieure-
voit encore à Rome. Néanmoins les au- ment au règne de Charlemagnen'étaient
teurs chrétiens nous apprennent que dans pas toutes aussi simples qu'on serait dis-
le nombre des premières églises il y en posé à le croire; l'on peut avoir une idée
avait de forme circulaire.L'ancienne église de leur richesse en consultant les auteurs
de Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris, qui les ont décrites.
surnommée Saint-Germain-le-Rond, en Etienne de Tournai, décrivant la basi-
serait une preuve suffisante si l'Italie n'en lique de Sainte-Geneviève, construite par
présentait encore de nombreux exemples; Cloyis et détruite par les Normands lors-
il arriva aussi que la forme circulaire fut qu'ils firent le siége de Paris, dit qu'elle
combinée avec les nefs rectangulaires. Le était couverte de mosaïques à l'intérieur
temple élevé par Perpetuus sur le tom- et à l'extérieur.Fortunat, poète du 6e siè-
beau de saint Martin auprès de Tours fut, cle , appelle la basilique de Saint-Vincent,
dans notre pays, un exemple remarquable aujourd'hui Saint-Germain-des-Prés,bâ-
de cette curieuse disposition. tie par Childebert, la maison dorée de
Style latin du 5e au 10e siècle. — Les Germain ; elle était décorée de mosaïques
monuments chrétiens les plus anciens que d'or, et sa couverture était en-métal bril-
nous possédions en France ne remontent lant. On sait que Dagobert fit élever l'ab-
guère qu'aux lOe ou 11e siècles; le style baye de Saint-Denis, qui fut également
de leur architecture dérive directement du décorée de marbres, de peintures et de
style romain, more romano, ainsi qu'on sculptures. Saint Eloi était un artiste re-
le trouve exprimé dans les écrivains du nommé et construisit plusieurs églises re-
temps, et c'est par cette raison que l'on haussées de marbres et de mosaïques.
peut comprendre soHis la dénomination de C'est lui qui fonda la fameuse abbaye de
style latin les monuments qui se trouvent Solignac, qui était pour ainsi dire une
- appartenir à la période de siècles qui s'é- école d'artistes. On sait que saint Eloi fit
tend du 5e au 10", pour faire distinction des élèves et qu'il se livrait avec eux à des
avec le style byzantin qui à cette époque, travaux d'orfévrerie.
régnait en Orient etn'avait pas encore pé- Parmi les constructeurs de l'époque
nétré en Occident. mérovingienne nous citerons encore saint
Les caractères distinctifsdesmonuments Berquerre, qui fit bâtir un couvent à 20'"u
de style latin dépendent de l'appareil, de de Reims; saint Colorubans, fondateur de
la forme des fenêtres et des éléments l'abbaye de Luxeuil ; saint Martin de
Tours, qui était un excellent charpentier ; Quant aux ouvriers laïques, ils venaient
sous Charlemagne, prince passionné pour pour la plupart de l'Italie, où les arts n'a- '
l'architecture,Eginhard avait l'intendance vaient jamais cessé d'être pratiqués et qui
générale des constructions; un nommé avait reçu des artistes grecs les procédés
Robert fut le maître de l'œuvre d'un cou- de l'art byzantin. De ce concours de cir-
vent que Charlemagne bâtit en Espagne, constances il résulta une certaine unifor-
près de Carcassonne. Théodulfe, Engil- mité dans les dispositionsgénérales et dans
bert, Fardulfe étaient de véritables archi- le style des monuments chrétiens; mais
tectes ; Radgniert, qu'on trouve qualifié les influences locales n'étaient pas toute-
de sapiens arclLitectus, envoyait les moines fois sans effet sur le caractère et l'ordon-
de son monastère étudier à Tours sous Al- nance des églises élevées dans les diffé-
cuin, que Charlemagne avait fait venir rentes provinces de France ; et celles
d'Angleterre. contemporaines de l'Alsace, de l'Auvergne,
Les efforts tentés par Charlemagne pour de la Normandie, du Poitou et de la Pro-
faire prévaloir les principes de la civilisa- vence présentent dans chacune de ces
tion romaine exercèrent une influence in- contrées une physionomie particulière qui
contestable sur les arts, et l'architecture mérite d'être observée attentivement.
particulièrement, mais elle ne fut pas de Dans les provinces méridionales, les
longue durée; les guerres continuelles qui monuments romains, dont un grand nom-
eurent lieu tant à l'intérieur qu'à l'exté- bre subsistaient encore à cette époque, fu-
rieur, suivies des craintes qu'inspiraitl'ap- rent pris pendant longtemps pour modèles
proche de l'an 1000, que l'on considérait par les artistes chrétiens. La façade de
comme devant être la dernière année du Notre-Dame-des-Dons à Avignon, qui
monde, s'opposèrent à l'accomplissement fut probablement élevée, au 11e siècle, est
de cette renaissance latine. évidemment une imitation de l'architec-
Style roman. — Une fois que les ter- ture romaine; celles de Saint-Trophime à
reurs de l'an 1000 furent dissipées et que Arles et de Saint-Gilles près de Nîmes, se
les populations furent rassurées sur leur ressentent aussi du voisinage des édifices
avenir, une ère nouvelle commença pour antiques qui existaient dans ces villes ; on
la chrétienté les esprits sortirent de leur pourrait en dire autant de la cathédrale
engourdissement, et de cette époque date d'Angoulême. Enfin dans beaucoup d'au-
la constitution sociale du moyen âge. tres villes de la France, à Vaison, à Ca-
L'art, suivant cette impulsion, com- vaillon, etc., on voit des églises plus ou
mença à se transformer : les anciennes moins importantes dans lesquelles il" est
églises, pour la plupart couvertes,ou même facile de reconnaître que certaines écoles
voûtées en bois, avaient été détruites ou du moyen âge restèrent long-temps sous
brûlées pendant les guerres; il fallait les l'influence des principes de l'architecture
réparer ou songer à en élever de nouvelles. antique. Si du midi nous remontons vers
Mais on ne se contenta pas de remplacer le nord, nous retrouverons dans le portail
les églises qui avaient pu être détruites, de Saint-Remy à Reims, et dans l'ordon-
on n'hésitait pas à démolir celles qui sem- nance de la nef de la cathédrale d'Autun,
blaient trop petites ou trop pauvres pour qui sont d'une date moins ancienne, la re-
les rebâtir , sur do nouveaux plans plus productiondecertaines formes bien évidem-
,
vastes et plus belles. Voici ce que dit à ce ment inspirées par les monuments romains
-
sujet Raoul Glaber (liv. IJI, ch. iv) : Près
de 3 ans après l'an 1000, les églises furent
que possèdent ces deux villes. S'il s'agit
maintenant de généraliser les caractères
renouvelées dans presque tout l'univers, distinctifs des églises des 11e et 12e siècles,
surtout dans l'Italie et les Gaules, quoi-- nous devrons prendre pour exemples celles
que la plupart fussent encore en assez bon qui présentent le plus d'unité dans leur
état pour ne point exiger de réparations. » ensemble et la plus grande netteté de style
Il semblait que l'onvoulût tout rajeunir'; on dans leurs détails.
bâtit alors de tous côtés, avec une ardeur Aux 11e et 12e siècles, le plan des églises
vraiment surprenante, des monastères, des d'Occident conserva la disposition primi-
églises plus grandes et plus magnifiques tive de la basilique latine, c'est-à-dire la
que celles des siècles précédents ; c'est à forme allongée et les galeries latérales;
cette époque, c'est-à-dire au 11c siècle, les modifications les plus importantes fu-
qu'appartiennent en effet la plupart des rent le prolongementdu chœur et des ga-
églises de France, surtout celles situées leries au delà de la croix, la circulation
entre la Loire et la Méditerranée'; ce fut établie auteur de l'abside, et enfin l'ad-
aussi alors que se formèrent les premières jonction des chapelles qui vinrent se grou-
associations de constructeurs dont les ab- per autour du sanctuaire. Dans la con-
bés et les prélats faisaient eux-mêmes Struction, les colonnes isolées de la nef
partie; les arts étaient cultivés dans les sont quelquefois remplacées par des pi-
couvents, les églises s'élevaient sous la liers ; tous les vides sont cintrés en arca-
direction des évêques, et les moines coo- des , et un système général de voûtes est
péraient aux travaux de toute espèce. substitué aux plafonds et tux charpentes
des anciennes basiliques latines. En un des bords du Rhin , dans l'église de Saint-
mot, l'architecture chrétienne subit en Etienne à Caen, etc. Souvent il n'y avait
Occident, au Il" siècle, la même transfor- qli'un seul clocher, et dans ce cas il était
mation qu'elle avait subie en Orient au 6", placé soit au-dessus de l'entrée, soit au
seulement il importe de remarquer que centre de la croix ; mais quelquefois les
les points de dissemblancequi existent en- clochers étaient au nombre de trois, un sur
tre l'Eglise d'Occident et l'Eglise d'O- la croix et un de chaque côté du portail,
rient, consistent dans la disposition du ou bien un sur le portail et un de chaque
plan et surtout dans l'importance des clo- côté du transseptcomme à Saint-Germain-
chers. L'usage des cloches, qui lie fut que d es-Prés à Paris; enfin, dans certaines
passagèrement adopté en Orient, a cOlltri- églises de cette époque on trouve jusqu'à
bué, en effet, à donner aux églises d'Occi- quatre et cinq clochers. La décoration des
dent un caractère et une physionomie qui clochers est analogue à celle des façades :
leur est propre et qu'elles doivent particu- ce sont en général des tours carrées, per-
lièrement à ces tours élevées devenues la cées d'arcades à plein cintre, à un, deux,
partie essentielle de leurs façades; le clo- ou trois étages, et surmontées d'une toi-
cher peut donc être considéré comme la ture pyramidale qui s'élève souvent sur
forme symbolique de l'Eglise d'Occident, une base octogonale; cette toiture est le
de même que la coupole est restée pen- plus généralement construite et couverte
dant long-temps le type caractéristiquede en pierre. Le clocher de l'église de l'ab-
l'Église d'Orient. baye de Saint-Germain d'Auxerre est un
Les façades des églises romanes sont en
général très-simples dans leur ensemble
elles offrent à leur partie inférieure, selon
leur importance, une ou trois ouvertures ;
,
des plus beaux exemples de clocher roman
qu'on puisse citer; ceux de l'Abbaye-aux-
Hommes, de Caen ( (Saint-Etienne) méri-
tent d'être mentionnés, quoiqu'ils soient
considérés comme moins anciens que la
au-dessus des portes on remarque qtielque-
fois une galerie composée de petites arca- partie inférieure de la façade.
des supportées par des colonnettes, mais Les façades latérales des églises roma-
cette galerie est plutôt figurée que réelle; nes sont de la plus grande simplicité et
on peut supposer qu'elle fut imitée des ne présentent pas encore cette multitude
façades des églises d'Orient, dans lesquel- de contreforts et d'arcs-boutants qu'on re-
les le gynécée ou tribune des femmes, tou- marque dans les édifices religieux d'une
jours située au premier étage, était éclai- époque postérieure. Quelques contreforts
rée par une suite de fenêtres contiguës. ou pilastres peu saillants forment à peu
Dans les églises romanes de France, ces près la seule décoration de cette partie de
arcades sont ordinairement décorées de l'édifice ; les transsepts se dessinent nette-
statues comme dans la façade de Notre- ment en saillie, et sont peu décorés. Celui
Dame de Poitiers. Au-dessus de cette ga- de Saint-Etienne, de Beau vais, mérite
Ierie s'ouvrait l'oculus (l'œil), grande fenê- d'être remarqué comme exemple complet
tre circulaire desti- de cette partie des églises de cette époque.
née à éclairer la C'est à l'abside que l'on flt les premières
nef plus tard, dans applications d'arcs-boutants, mais ces
les églises de exemples sont peu nombreux ; lorsque les
grande étendue, voûtes de la nef commencèrent à s'élever
l'oculus est souvent et nécessitèrent des arcs-boutants, on prit
remplacé par trois soin de ne pas les rendre apparents à l'ex-
ouvertures, comme térieur, et l'on comprit qu*il était néces-
dans la façade de saire d'abriter cette partie essentielle fkla
Saint-Etienne de construction. A l'église de l'Abbaye-aux-
Caen. Les pignons Hommes à Caen, à SaintrSernin., à Tou-
qui terminent les louse, on a su profiter de ces arcs-boutants
façades romanes pour couvrir le triforium situé au-dessus
sont l'expression de des collatéraux.
la couverture, dont l'inclinaison ne forme A l'intérieur les églises romanes, comme
pas un angle très-aigu: ils sont décoré3 nous l'avons déjà vu, se composent d'une
d'ornements peu saillants disposés en nef principale, de deux galeries ou nefs
forme de losanges, de cercles, ou en imbri- latérale,; au-dessus des nefs latérales il
cations comme on en voit à Notre-Dam., y a souvent un triforium ou tribune, qui
de Poitiers, à Saint-Etienne de Beau- est une tradition des galeries supérieures
vais, etc. de la basilique antique. Le jour pénètre
Dans les églises des 9c et ne siècles, par trois rangées de fenêtres : les unes
les clochers commencèrent d'abord par s'ouvrent sur les bas-côtés de la nef; les
être peu importants, comme ceux de No- secondes, sous la galerie ou tribune qui
tre-Dame de Poitiers ; mais une fois adop- règne au-dessus, et les troisièmes sont
tés , nous les voyons grandir et s'élever percées entre les arceaux de la grande nef,
triomphalemént, comme dans les églises au-dessus du toit du triforium. Ces fenê'
tres sont en général de petite dimension les plus anciennes de l'édifice : c'est là
et sans meneaux; leur forme, comme celle qu'on peut le plus facilement retrouver les
de tous les arcs, est le plein cintre. Les types primitifs de l'art roman. Dans les
nefs sont ordinairement voûtées en voûtes
d'arêtes; mais cependant on trouve des
exemples de voûtes en berceau, comme à
l'église de Notre-Dame des Dons à Avi-
gnon , à celles de Chapaize en Bourgogne
de Saint-Sernin à Toulouse, de Chatel
de Montagne, dans l'ancien Bourbonnais,
de Saint-Georges de Bocherville en Nor-
mandie, à Notre-Dame du Port à Cler-
mont. La voûte de l'église de Tournus, en
Bourgogne, présente une disposition uni-
que de voûte: ce- sont des berceaux trans-
versaux portant d'un arc doubleau à l'autre.
Parmi les églises romanes les plus im-
portantes et les plus remarquables qui
existent en France, outre celles déjà ci-
tées, nous ajouterons encore Saint-Paul
d'Issoire, en Auvergne; l'église de l'ab-
baye deVezelay, Saint-Benoît-sur-Loire,
dont un certain Bertin fut l'architecte ; la
cathédrale de Châlons-sur-Marne,etc. de Saint - Denis, est située sous le chœur
Dans certaines églises du lle et du 12" et renferme les tombes des rois de France ;
siècle, au centre de la croix, à la ren- elle est du règne de Charlemagne et consé-
contre des deux voûtes, il existe quel- quemment antérieure aux autres caveaux.
quefois une coupole ou une construction L'abside des églises romanes. qui dérive
analogue, supportée par des pendentifs de la tribune des basiliques antiques , est
ou des encorbellements de formes va- généralement demi-circulaire ou à pans
riées. Ces pendentifs, d'origine byzantine, coupés; mais cependant quelquefois on
sont évidemment une importation orien- trouve des exemples d'absides carrées,
tale due à quelques confréries d'artistes comme dans l'église de Laon. Dans d'au-
voyageurs; mais elle n'est pas parvenue à tres églises, .au contraire, les transsepts,
se naturaliser dans notre pays. Les églises ou bras de la croix, sont terminés à l'in-
de France dans lesquelles cette disposition térieur par une disposition demi-circulaire
particulière a été adoptée doivent donc analogue à celle de l'abside, comme à
être considérées comme faisant exception ; Noyon, à Soissons, etc.
mais elles méritent néanmoins sous ce rap- Dans les façades de quelques églises des
port d'être étudiées avec intérêt. Le sanc- 1Il et 12" siècles, on remarque des galeries
tuairedel'église deNotre-Dame-des-Dons, crénelées et disposées ,pour la défense,
à Avignon, est surmonté d'une coupole. comme à Notre-Damed'Etampes, à l'église
L'église de Souillac a deux coupoles dans abbatiale de Saint-Denis, etc.
la nef et une au transsept ; on en voit éga- L'ornementation des églises romanes
lement aux églises de Périgueux, de Notre - comprend trois types différents celui qui
Dame-du-Puy en Yelay, de Cahors, etc. émane directement de l'artromain, celui
L'église Saint-Etienne, à Nevers, dont la qui se compose d'emprunts faits à l'art
construction entière remonte positivement byzantin, et enfin celui qui est une sorte
au lIe siècle, présente une nef voûtée en de mélange des deux. Mais, malgré ces
-
berceau, des bas-côtés en voûte d'arête,
un triforium voûté en demi berceau, une
abside flanquée de trois chapelles en cul
variétés, il faut reconnaître que l'archi-
tecture romane conserva toujours un grand
caractère d'unité résultant des principes
de four, le plein cintre partout et une cou- qui lui avaient servi de base et qui, s'ils
pole à huit pans au point d'intersection de avaient pu être développés entièrement,
la croisée. L'église de Tournus possède eussent engendré un art complet.
lîne coupole très-remarquable. Le style roman est donc vraiment le
Sous le chœur des églises romanes on type primordial de l'architecture chré-
, à
rencontre souvent des cryptes destinées tienne en France, et l'église du 12" siècle
renfermer le tombeau d'un martyr ou du peut, selon nous, être considérée comme
patron sous l'invocation duquel l'église a l'expression la plus noble, la plus simple
été placée. Ces chapelles souterraines, qui et la plus sévère du temple chrétien.
furent une tradition des souterrains et des Style de transition. — Entre le style
catacombes, sont basses et obscures; le de l'architecture du 12" siècle, dont le si-
style de leur architecture est simple et sé- gne distinctif était encore l'arc plein cin-
vère, et, comme les cryptes des églises tre, et le style de l'architecture du 13° siè-
romanes sont nécessairement les parties cle, qui est caractérisé par l'emploi exclu -
sif de l'arc ogival, il faut reconnaître une tecture antique. Mais, tout en admettant
période de transition dans laquelle l'ogive ces deux grandes divisions, il faut re-
et le plein cintre se mêlent et se marient marquer que les différentes provinces de
de manière à faire pressentir la révolution France formaient diverses écoles qui
prochaine qui est sur le point de s'opérer avaient chacune leur style particulier.
dans l'architecture chrétienne. Ainsi la Normandie, l'Ile-de-France, la
Dans les églises de l'époque de trans- Bourgogne, l'Auvergne, la Provence, le
ition, le chœur prend déjà plus d'impor- Périgord, le Limousin, etc., possèdent
tance en raison des cérémonies qui devien- des monuments très-différents les uns des
nent plus pompeuses, et la forme dela autres.
croix latine commence à s'altérer ; les cha- Les églises d'Auvergne sont remarqua-
pelles secondaires deviennent plus nom- bles par l'emploi de pierres colorées et de
breuses et la forme carrée remplace la terres cuites combinées de différentes ma
forme pol:ygonple des chapelles romanes. nières; l'église d'Issoire est un exemple re-
Si les constructions acquièrent plus de per- marquable de ce genre d'ornementation.
fection en raison d'une exécution maté-
§ 4. Style ogival ou gothique.
rielle plus soignée, elles s'éloignent de
plus en plus de l'unité et de la sévérité Aperçu général.—Nous voici parvenue
qui caractérisent les édifices de l'époque à cette époque de notre histoire où l'arc
antérieure; le nombre et le volume des plein cintre, qui pendant mille à douze
cloches augmentant,l'emplacementet l'im- cents ans avait eu le privilége de régner
portance des clochers augmentent aussi; à dans tous les édifices chrétiens, est entiè-
l'intérieur, les orgues, qui s'étaient per- rement détrôné par l'arc ogival ou aigu.
fectionnées et avaient acquis plus de vo- Quant à la raison de cette préférence aC-
lume, motivèrentprès de l'entrée des con- cordée à l'arc ogival, on ne peut, selon
structions importantes. nous, la trouver que dans ce besoin de li-
Nous considérerons comme appartenant berté illimitée vers laquelle tendait inces-
à l'époque de transition l'église de Saint- samment l'art chrétien. L'architecture ogi-
Remy, à Reims, celles de Laon, de NQyon, vale caractérise l'époque romantique du
de Saint-Denis, de Saint-Nicolas, à christianisme ; c'est un art qui tend à ge
Blois, la cathédrale de Châlons-sur- soustraire à l'autorité tyrannique de l'É-
Marne, l'église de Jumiéges, etc. glise pour s'abandonner au sentiment de
Ce fut surtout dans le nord de la France l'infini. M. Vitet a parfaitement défini les
que le type roman commença à se modi- caractères de l'architecture ogivale lors-
fier et que l'ogive prévalut d'abord; dans qu'il a dit : cc Son principe est dans l'é-
le midi et dans le sud- ouest, au contraire, » mancipation, dans la liùert{., dans l'es-
les formes latine et byzantine persistè- " prit d'association et de commune, dans
rent, et les édifices ogivaux y sont en " des sentiments tout indigènes et tout na-
très - petit nombre. Il y a cependant lieu " tionaux; elle est bourgeoise, et de plus
de citer quelques exceptions ainsi à Nar- elle- est française, anglaise, teutonique,
bonne, à Clermont, àToulouse, à Carcas- » etc. L'autre, au contraire ( l'architecture
Y)

sonne, à Montpellier, etc., on voit des » romane), est exotique et sacerdotale ;


-
églises gothiques très importantes; de n clIc naît du dogme et non du sol, de la
même que, dans le nord, il existe aussi n foi, et non des moeurs ; elle règne par
des églises romanes très-remarquables. A » droit de conquête ecclésiasti que; elle
Paris, nous avons Saint - Germain - des- » n'a d'f)ulres principes, d'autres racines
Prés et l'ab&ide de l'église de l'abbaye " que l'Eglise et les canons. Aussi les ar-
Saint-Martin-des-Champs. On voit dans » ehitectes, qui sont-i's! ici des moines,
plusieurs parties de la Normandie des » rien que des moines ou des gens d'église ;
églises de style roman; celles de Caen sont » là des laïques, des francs-maçons. "
justement célèbres. Le plein cintre, c'est la forme détermi-
Les deux grandes divisions qu'on a éta- née et invariable; l'ogive, c'est la forme
blies en Frauce pour le langage, la langue libre, indéfinie et qui se prête à des modi-
d'oil et la langue d'oc, pourraient presque fications sans limites. Si donc le style ogi-
être admises dans l'architecture du moyen val n'a plus l'austérité du style roman,
âge : en effet, les pays au midi de la Loire c'est qu'il appartient à celte deuxième
sont ceux dans lesquels domine le style phase de toute civilisation, celle dans la-
roman ; ceux au nord, au contraire, ceux quelle l'élégance et la. richesse remplacent
dans lesquels le style ogival a atteint son la force et la sévérité des types primor-
plus grand développement. Il faut donc diaux; c'est, en général, cette transfor-
d'après cela reconnaître que les mêmes mation qui caractérise le principe d'tine
influences qui avaient maintenu dans la décadence prochaine, et celle de l'art
langue romane ou langue d'oc des éléments chrétien fut la conséquence de l'altération
plus nombreux de l'idiome latin, avaient du type roman.
fait prévaJoir et conserver dans l'architec- Au 1.3e siècle, commencent à apparaître
ture romane certaines formes de l'archi- les architectes laïques, organisés en con-
fréries voyageant d'un pays à l'autre et savons avoir été en bois, peut-être se-
transmettant ainsi les types-traditionnels ; rlons-nous bien étonnés de voir qu'elles
il en résultait que des monuments élevés à étaient alors de forme ogivale et que de
de très-grandes distances les uns-des au- ce système de construction a bien pu naî-
tres offraient une frappante analogie et tre le système de nervures sur les arêtes
souvent même une complète similitude. des voûtes, dont celles de pierres ne se-
La France est plus riche qu'aucun autre raient, en admettant cette hypothèse,
pays en beaux monuments du 13° siècle, qu'une véritable traduction.
et Notre-Dame de Paris, Notre-Dame de Il est donc incontestable que, comme
Chartres, la Sainte-Chapelle, les cathé- forme isolée l'ogive a pu et dû précéder
drales d'.I\miens et de Reims, celles de ,
l'arc appareillé en demi-cercle; et, si par
Strasbourg, de Sens, de Bourges, de Cou- l'analyse on est arrivé à reconnaître qu'un
tances, etc., sont des églises de style ogi- arc aigu exerce réellement une moindre
val auxquelles aucune église d'Allemagne, poussée qu'un arc plein-cintre, ce ne dut
d'Angleterre ou d'Italie ne saurait être être qu'après avoir fait simultanément
comparée. Mais, avant d'entreprendre l'emploi de l'un et de l'aiitre sans d'abord
l'examen détaillé des monuments de cette s'êtré rendu compte de leurs propriétés.
brillante période du moyen âge, il importe En fait d'art, le sentiment précède toujours
de nous arrêter et de chercher à analyser le calcul, le génie trouve, invente ou
les causes qui produisirent la substitution adopte une forme de prime abord, par
du style ogival au style plein cintre ou instinct : l'esprit et le jugementl'analysent
roman. ensuite pour la rectifier, la compléter, ou
Origine de l'ogive. — L'ogive, consi- l'appliquer à- propos, selon que le goût la
dérée comme forme isolée, existe dans les sanctionne ou la répudie. Nous ne sau-
constructions de la plus haute antiquité; rions donc admettre que la forme ogivale,
on en trouve des exemples divers soit dans ni par conséquent l'ensemble du système
l'Inde , soit en Egypte soit dans l'Asie- ogival, doive son origine à la science.
Mineure en Italie et même ,
, au Mexique. Nous avons déjà expliqué comment et à
Et nous ne devons pas nous en étonner ; quelle époque l'arcade devint l'élément
car ce mode de construction, composé de constitutif et distinctif de l'architecture
deux courbes qui se rencontrent, dut bien chrétienne ; comment, dans l'art chrétien,
certainement, dans l'ordre-des connaissan- l'arcade, libérée et affranchie du joug que
ces humaines, précéder la construction du les Romains lui avaient imposé, put être
cintre parfait, ou plein cinlre, qui, com- modifiée dans son contour et dans ses pro-
posé d'un seul arc de cercle, est une com- portions. Nous avons vu, de plus, que le
binaison bien plus avancée des efforts de système de construction en arcade, substi-
la sci'ence. tué exclusivement à tout autre, produisit
Le linteau horizontal porté sur deux plus tard celui des constructions en voûte
points d'appui plus ou moins distants est dans toutes les parties des édifices reli-
le principe naturel de l'art de construire, gieux; or, ce mode général de construc-
ainsi que nous avons déjà eu occasion de tion en arcade et en voûte, n'étant assujetti
l'exposer en parlant des monuments celti- à aucune règle, subit promptementla con-
ques. Or nous voyons dans les construc- séquence de l'entière liberté qu'on lui
tions primitives que lorsqu'on a voulu avait laissée; et l'arcade, affranchie, fut
éloigner les points de support, on a cher- bientôt déformée, soit d'abord par le sur-
ché à diminuer l'étendue de la portée par haussement ou par le resserrement de son
'des pierres placées en encorbellement, et cintre, soit, au contraire, par son aplatis-
qu'enfin lorsqu'on a voulu suppléer aux sement en forme d'anse de panier, soit
linteaux, qui exigent des pierres de grande enfin par la brisure de sa courbe et ce
dimension et ne présentent pas toujours syslème d'architecture, qui eût pu se dé-
une résistance suffisante, on a, par une velopper dans ses données premières fut
succession d'assises de pierres en sur- entraîné dans une voie nouvelle dont, l'o-
plomb les unes sur les autres formé for- give fut le résultat final.
cément une ogive, comme on le, voit à une La répétition multipliéeet constante des
porte pélasgiquedes murs de la ville d'Ar- formes curvilignes dut amener l'idée et
pino, dans le Latium. Si de la construc- quelquefois même la nécessité de les va-
tion de pierre nous passons à la construc- rier, et l'ogive fut probablement une des
tion de bois, nous reconnaîtrons de même combinaisons auxquelles ce besoin de va-
qu'avant d'arriver à composer un cintre riété donna lieu. Il est permis de croire,
parfait avec des pièces de charpente, il en effet, que pendant long-temps ce fut
dut être bien plus naturel et plus facile de ainsi qu'elle fut employée; car dans les
former une ogive, comme cela a lieu dans monuments de transition, c'est-à-dire dans
les pignons des anciennes maisons de bois, ceux où l'on rencontre à la fois le. plein-
et, s'il nous était donné- de connaître les cintre et l'ogive, cette dernière apparaît
formes des voûtes de certaines églises des indistinctement, tantôt au-dessous, tantôt
premiers siècles de la chrétienté que nous au-dessus d'un plein. cintre ; quelquefois
binaisons du cercle. A l'extérieur, sur les dans tous les détails que comporterait l'é-
faces latérales et autour de l'abside, les tude approfondie de la décoration inté-
arcs-boutants destinés à maintenir la rieure des églises chrétiennes des 13e et
butée des voûtes acquièrent un grand 14e siècles; il nous faudrait décrire ces
volume par suite de l'élévation toujours belles stalles en bois sculpté qui gar-
croissante donnée à la nef. Ce système nissaient le chœur, les pierres sépulcra-
d'arcs-boutants multipliés, qui joue un les qui en composaient le pavement, les
si grand rôle à l'extérieur des églises chaires, les jubés, etc. Seulement nous
gothiques, passe aux yeux de certaines nous contenterons de citer, parmi les
personnes pour une savante combinaison, beaux ouvrages de ce genre, la chaire de
et sont considérés comme le résultat Strasbourg, la clôture du chœur et les
d'une science avancée, tandis que pour stalles d'Amiens, celles de l'église d'Albi,
d'autres ils représentent de véritables le jubé de Troyes, etc.
étais dont on n'a pas osé dégager l'édifice.
Quelque opinion qu'on puisse émettre à
cet égard, il est certain, toutefois, qu'il
eût été impossible d'obtenir la hauteur
prodigieuse des nefs, le peu de volume des
points d'appui intérieurs et les grands
vides des fenêtres, sans recourir à ces
moyens de consolidation extérieure. Il
faut donc forcément en conclure que les
constructeurs ou artistes du 13e siècle se
préoccupaient presque exclusivement de
l'effet intérieur des églises, et préféraient
rejeter au dehors toutes les masses de
constructions indispensables à la solidité
de l'ensemble. Nous croyons à propos de
faire observer, à ce sujet, tout ce qu'un
tel système avait de vicieux et dans son
principe et dans ses conséquences. Com-
ment en effet, admettre que les éléments
essentiels de la solidité d'un édifice puis-
sent être ainsi rejetés à l'extérictir et ex-
posés nécessairement à toutes les chances
de destruction! Plus prudents en cela que
leurs successeurs , les constructeurs du La peinture ornementale contribua aussi
12, siècle avaient parfaitement compris la à enrichir les édifices chrétiens. Des feiiil-
nécessité d'abriter les arcs-boutants en les
comprenant sous le toit du triforium,
lages, des fleurs, des oiseaux ou des des -
sins de fantaisie étaient figurés sur le fût
comme on le voit, e^ntre autres exemples, des colonnes et sur les murailles; c'est
à l'église de Saint Etienne Abbaye-aux- ainsi qu'on suppléait aux marbres précieux
Ilommes) à Caen, à Saint-Sernin de Tou- et aux éclatantes mosaïques des églises
louse, etc. d'Orient. Les couleurs les plus vives et la
Mais, pour qui pénètre dans l'intérieur dorure étaient aussi appliquées à la sculp-
de ces vastes cathédrales du ]3c siècle, ture, et venaient lui prêter leur concours
ces supports élancés s'élevant du sol jus- pour compléter l'effet et l'expression que
qtiaux voûtes, la sombre et mystérieuse la forme seule de la plastique eût été
profondeur des galeries, la riche décora- alors impuissante à produire. De nom-
tion des chapelles, l'éclat de ces verrières breux exemples de bas-reliefs ou de figu-
diaprées, ne peuvent manquer de produire res en pierre ou en bois, peints et dorés,
un effet merveilleux, en présence duquel ont survécu à toutes les destructions les
on reste saisi d'admiration c'est bien là, bas-reliefs du chœur de Notre-Dame re-
en effet, le temple chrétien dans tout son cemment nettoyés, et les figures d'ap6tres
éclat, répondant par sa grandeur et sa de la Sainte-Chapelle, complétement res-
magnificence à ce sentiment de l'infini au- taurées , peuvent donner une idée de ce
quel s'abandonnaient avec enthousiasme genre de coloration appliqué à la statuaire.
les constructeurs du moyen âge. En résumé, l'église du 13e siècle, dans
L'ornementation des églises du 13c siè- son ensemble, peut être considérée comme
cles a un caractère bien particulier et qui l'expression la plus pompeuse de l'archi-
diffère essentiellement de celle des églises tecture chrétienne. Le même système de
des siècles précédents ; elle emprunte tous construction est parfaitement suivi dans
ses motifs à la flore indigène : les feuilles toutes les parties, et de plus, il faut le re-
de chêne, de houx, de chardon, etc., en connaître elle offre une certaine unité de
font tous les frais. style qUOl1 trouve rarement dans les églises
Nous n'entreprendrons pas d'entrer ici des siècles précédents. Mais cependant,
tout en reconnaissant que des lois commu- L'emploi de l'ogive n'a donc eu d'autre
nes ont pu régir les constructeurs de cette résultat que l'augmentation toujours crois-
époque, nous devons l'avouer, nousne som- saute de la hauteur des voûtes, qu'il fallait
mes pas convaincus que l'architecture ogi- forcément maintenir à l'aide d'arcs-Tjou-
vale ait jamais été basée sur des principes tants, et le plan des églises gotbiques,
fixes et déterminés ; nous croyons, au con- quant à la disposition des points d'appui,
traire, qu'elle fut laconséquence d'un prin- est resté exactement le même que celui
cipe unique et absolu, celui d'une liberté il- des basiliques primitives, bien que celles-
limitée. Le propre de l'arc brisé, devenu le ci fussent couvertes de simples charpentes,
type caractéristique de l'architecture chré- et que celles-là fussent entièrement voQ-
tienne à partir du 13e siècle, n'est-il pas de tées. En un mot, les points d'appui mul-
se prêter précisément à une déformation tipliés et les travées étroites des églises
continuelle, et cette facilité de modifier la gothiques sont loin de résoudre ce -pro-
forme des vides n'existait-elle pas aussi blème de la science de la construction,
pour les points d'appui î qui consiste à pouvoir couvrir un espace
Quant à cette prétendue hardiesse tant donné avec le moins de points d'appui
vantée des constructeurs du moyen âge, possibles. C'est celui que les anciens s'é-
elle nous semble très-contestable; leur taient sans doute proposé dans la con-
science se borne réellement à avoir su pro- struction de la basilique de Constantin,
fiter des leçons de l'expérience, et à n'a- à Rome et dans leurs grandes salles de
voir reculé devant aucun moyen pour as- thermes avec l'arc plein cintre. C'est ce-
surer la solidité de leurs constructions. lui qu'A mol fo di Lapo et Brunellesco ont
En effet, une fois en possession de l'o- résolu dans la cathédrale de Florence avec
give, de cette prétendue conquête de la l'arc brisé. On comprend alors tout le
science, quel fruit les architectes du parti qu'on peut tirer de la construction
13° siècle eD ont-ils su tirer 1 quels nou- en voûte ; et, il faut le dire hautement, il
veaux efforts ont-ils tentés! Il eût été na- y a une plus juste entente de la construc-
turel de croire qu'à l'aide de ces arcs plus tion et plus d'art dans la basilique de Con-
puissants ils auraient essayé de franchir stantin et dans la cathédrale de Florence
de plus grands espaces, de manière à di- que dans aucune église gothique. Ce sont
stancer les points d'appui et à en diminuer véritablementlàdes œuvres de génie qu'on
le nombre ; mais il n'en est rien, cette re- peut hardiment proposer pour modèles.
cherche de la diminution des points d'ap- Nous avons vu que la France possédait
puineles pré- les plus beaux monuments gothiques; on
occupe aucu- ne sera donc pas surpris que ses archi-
nement ; les tectes aient été appelés dans tous les pays
yeux sans de l'Europe : Lan franc et Guillaume de
cesse levés Sens ont coopéré à la construction de la
vers le ciel, cathédrale de Cantorbéry ; Pierre de Bon-
ils ne songent neuil obtint du prévôt de Paris la permis-
qu'à atteindre sion de partir avec plusieurs de ses élèves
à une hauteur pour aller en Suède bâtir la cathédrale
démesurée. d'Upsal en 1258 ; maitre Jean éleva, au
Les travées 13* siècle, la cathédrale d'Utrecht; maître
de leurs nefs Hardoin fut l'architecte de l'église de
ne s'élargis- Sainte-Pétronneà Bologne, commencée en
sent pas, elles 1300 et restée inachevée; plusieurs artistes
s'allongent ; français ont travaillé à la cathédrale de
leurs points Milan : ce fut un nommé RichardTaurigny,
d'appui non- de Rouen, qui sculpta les stalles, ainsi
seulement ne que celles de Sainte-Justine de Padoue.
deviennent Parmi les architectes célèbres du moyen
pas plus ra- âge dont s'honore la France, nous devons
res, mais, citer encore Eudes deMontreuil, archi-
quelque effort tecte de Sainte-Ca.therine-du-VaI-des-
qu'on fasse Ecoliers, de Sainte-Croix-de-la-Bretonne-
pour leur don- rie, des Blancs-Manteaux,des Chartreux,
ner une appa- des Cordeliers, etc.; Jean de Chelles, au-
rence de lé- teur du portail méridional de Notre-Dame
gèreté, ils de- de Paris; Robert de Luzarche et Thomas
viennent réel- de Cormont, architectes de -la cathédrale
lement plus d'Amiens; Robert de Coucy et Jean d'Or-
volumineux : bais, de la cathédrale de Reims; Jean
et ce n'est qu'au 15e siècle, comme à Langlois, de Saint-Urbain de Troyes;
Saint-Ouen de Rouen, par exemple, qu'on Erwin de Steinbach, de la cathédrale de
essaie de les amoindrir. Strasbourg; Enguetrand-le-Riche, de
dans certaines parties moins parfaites et moins autant d'effet, autant de plaisir
,
que Saint-Ouen, la catbédrale de Rouen, que l'intérieur de Notre - Dame ou de
et tous les monuments du 15" siècle ap- Chartres, etc., et on aura raison. C'est
partiennent au commencement de la dé- qu'en architecture l'effet ne résulte pas
cadence, qui se trouve accomplie au 16e. de la forme et de la perfection des détails,
C'est dans cette dernière période ogivale ni même des éléments accessoires de la.
surtout que le caprice et la fantaisie ne construction, mais bien du rapport qui
connurent plus de bornes, et que l'on existe entre les pleins et les vides, de la
créa ce style corrompu auquel on donna proportionétablie entre la largeur et la hau-
le nom caractéristique de gothique fleuri teur d'un vaisseau et da plus de la combi-
ou styleflamboyant. naison des ligneshorizontales et verticales
Or, que résulte t-il de cette classification dont se compose l'ossature de l'édifice ; tels
généralement admise 1 C'est que la pé- sont les éléments avec lesquels l'architecte
riode considérée comme la plus florissante doit produire une harmonie pIns ou moins
de l'architecture gothique, celle dont le puissante, plus ou moins parfaite. Dressez
style est regardé comme le plus près de la les colonnes les plus élégantes, cintrez des
perfection, estprécisémentcelle qui touche arcs ou plein cintre ou aigus, élevez des
à l'époque romane; que les églises gothi- voûtes à une hauteur prodigieuse, prodi-
ques les pins estimées sont précisément guez les profils les plus purs, les sculptu-
celles qui, dans leur disposition, leur con- res ou les peintures les plusielles; si le
struction et leur décoration, se rapprochent rapport des pleins et des videu est faux,
le plus des églises romanes: Notre-Dame si les proportions de l'ensemble sont mau-
de Paris, par exemple, qui passe avec vaises vous ne produirez aucun effet.
raison pour une des plus belles églises ogi- Ainsi, dans Saint-Ouen, l'on aura beau
vales; Notre-Dame telle qu'elle avait été critiquer la maigreur des colonnettes, le
conçue primitivement, c'est-à-dire déga- peu d'énergiedes sculptures, le trop grand
gée des adjonctions postérieures qui y ont vide des fenêtres, les formes contournées
été faites, et surtout des parties qui datent des meneaux, etc., on ne pourra pas faire
du 14e siècle, est à peu de chose près une que ce ne soit un magnifique vaisseau, bien
église romane. Ainsi donc, les plus belles charpenté, heureusement divisé, dans le-
églises de style ogival ne sont belles qu'à quel vides et points d'appui se trouventdans
la condition de conserver les principes ro- un rapport très-heureux et qui satisfait
mans : d'où il faut conclure que ces prin- tout d'abord. Si, cependant, l'on compare
cipes étaient plusjus'.es, plus simples et la travée deNotre-DamedeParis, pag. 2147
plus vrais que ceux de l'architecture ogi- avec celle de Saint-Ouen, page 2150, on
vale, même celle du 13e siècle, qui déjà remarquera dans celle-ci moins de simpli-
renferme en elle un germe d'altération. cité que dans celle-là; et, de plus, on
On voit, à ce compte-là, combien le nom- pourra observer que dans la construction
bre des édifices de la belle époque gothi- des voûtes de Notre-Dame on avait mieux
que se trouve restreint; on voit que le conçu le principe de la voûte d'arête en
style ogival n'a brillé tout au plus que embrassant deux travées à la fois dans un
pendant deux siècles et demi, tandis que même cintre ; principe qui, s'il eût été dé-
le style plein-cintre, qui a commencé avec veloppé comme dans les salles romaines,
le triomphe clu christianisme, a duré 6 ou eût permis d'arriver à une combinaison
7 siècles. On n'a pas craint cependant de toute autre des points d'appui.
répéter bien souvent que l'architecture § 5. Édifices divers du moyen âge.
romane était une architecture de déca-
dence ; or, il est pins juste, ce nous sem- Il faut forcémentreconnaître que l'art du
ble, de considérer l'art roman comme un moyen âge se résume tout entier dans les
art qui resta long-temps dans son en- églises et dans les couvents; c'était un art
fance, et parvint à son époque de déca- purement religieux, et, avant le 15e siècle,
dence , eest-à-tlire au gothique, avant on pouvaitpresquedirequ'iln'y avaitréel-
d'avoir atteint le développement et la per- lement pas d'architecture civile en France.
fection dont il était susceptible. Dans les couvents et les abbayes, l'archi-
C'est malheureusement trop souvent tecture des cloîtres, des salles capitulaires,
par le goût, la forme et l'exécution des dé- etc., n'était qu'un reflet de celle des égli-
tails de l'architecture qu'on juge du degré ses : lorsque le style roman dominait, les
de mérite d'un édilflce, et qu'on arrive à le couvents étaient romans; lorsque le style
classer soit antérieurement, soit posté- ogival prévalut, ils furent gothiques. La
rieurement à l'époque considérée comme modulation de l'architecturegothique était
celle de la décadence. Essayez donc par fort restreinte, et il -n'eut pas été donné
exemple de faire comprendre à la masse à cette architecture de satisfaire aux be-
du public que Saint-Ouen de Rouen est soins complexes et multiples d'une civili-
en décadence sur Notre-Dame de Paris : sation plus avancée.
chacun vous répondra, et de bonne foi, Convenu. — Les fréquentes dévasta-
que l'intérieur de Saint-Ouen lui fait au tions des Normands n'ont laissé subsister
en France aucun des couvents de la pri- conservées. La partie de la ville de Car-
mitive Église , et les plus anciens ne re- cassonne qu'on appelle la Cité offre l'en-
montent guère au delà du 11" siècle. semble tout à fait complet d'une cité du
Comme exemples du style d'architecture 13e siècle. Il y avait autrefois en France
des couvents de cette époque, nous cite- une quantité innombrable de châteaux for-
rons les cloîtres de Saint-Georges, de Bo- tifiés; parmi les plus remarquables, nous
cherville, en Normandie , celui de Saint- citerons : à Paris, le château du Louvre,
Trophime, à Arles, dont une partie appar- bâti par Philippe-Auguste; la Bastille et
tient au 13° siècle ; celui de Saint-Sauveur, Vincennes , bâtis par Charles V; les chà.
à Aix; et enfin le beau cloître de Moissac, teaux d'Arqués, de Lillebonne, de Dieppe,
dans lequel, bien que l'ogive commence à en Normandie ; celui des ducs de Bourgo «
apparaître, on remarque encore dans les gne, à Dijon; ceux de Montfort-l'Amaury
ornements tous les caractères du style et de Rambouillet, dans l'ancien Hure-
byzantin. Au 13e siècle, le style ogival poix, aujourd'hui Seine-et-Oise; les cliâ
s'introduisit dans l'architecture des cloî- teauxde Fongères et de Clisson, en Breta -
tres, qui acquirent alors plus d'importance gne; celui de Plessis-lès-Tours, en Tou
et de richesse. Les réfectoires étaient raine; ceux de Coucy et de Pierrefons, l'Il
aussLune partie des couvents dans laquelle Picardie; les châteaux de Saumur et de
les architectes du moyen âge apportaient Champtocé, dans l'Anjou; celui deBour-
une grande recherche. Celui de Saint- deilles, en Périgord; de Tarascon, en
Germain-des-Prés eut une grande réputa- Provence; de Beaucaire, en Languedoc;
tion; il était l'oeuvre de Pierre de Mon- le château de Bourbon-l'Archambault et
tereau, architecte de la Sainte-Chapelle, celui de Moulins, dans le Bourbonnais ;
auquel est dr> également celui de l'ab- celui de Montlhéry, sur la route d'Orléans,
baye Sair.l Martin, qui existe encore et dont il reste une grande tour ; les châ-
fait aujl..Lù'hui partie du Conservatoire teaux de Blandy et du Vivier, en Brie, et
des -arts et métiers : c'est un précieux celui de la Mothe-Saint-Héraye, dans les
spécimen d'architecture du IS" siècle qui Deux-Sèvres, etc. La plupart de ces châ-
mérite de fixer l'attention. Les plus célè- teaux , et d'autres que nous n'avons pas
bres abbayes qui aient existé en France nommés, se trouvent représentés dans
sont la fameuse abbaye de Cluny, le plus plusieurs ouvrages.
grand couvent de l'ordre des bénédictins, Parmi les habitations royales, le palais
bâtie au 12" siècle par Hezelon ; l'abbaye de la Cité, à Paris, doit être mentionné à
de Clairvaux, celle de Saint -Remy, à part à cause de son importance et de l'in-
Reims; l'abbaye si renommée de Saint- térêt historique qui s'y rattache. La re-
«Victor à Paris ; l'abbaye de Saint-Denis, construction du palais de la Cité date du
et enfin, le fameux couvent de Saint-Ouen, règne de saint Louis; il ne fut terminé
& Rouen, le plus ancien de toute la Nor- que sous le règne de Philippe-le-Bel : les
mandie. Au 14" et surtout au 15e siècle, auteurs contemporains le désignent sous
on commença à vitrer les galeries des le nom de Palatium insigne. La grande
cloîtres, comme au cloître de Saint-Jean- salle surtout était une œuvre d'art très-
des-Vignes, à Soissons; à celui de Saint- remarquable de cette époque; Corrozet
Wandrille, etc. donne une description très-détaillée de
Constructions militaires@ chàteaux. cette ancienne salle qui était consacrée à
— Dans les constructions militaires, tel- différents usages. Elle fut brûlée en 1618,
les que les enceintes des villes, les portes, après la mort de Henri IV, et reconstruite
les châteaux-forts, etc., le moyen âge sur les anciennes fondations, telle qu'on la
resta bien loin des Romains, dont il n'a- voit aujourd'hui, par Jacques Debrosses.
vait su ni conserver, ni imiter les admi- Habitations privées. — Quant aux
rables constructions. — Les châteaux des ,habitations particulières, on comprend
seigneurs les plus riches et les plus puis- très-bien ce qu'elle:! pouvaient être sons
sants consistaient en bâtiments irréguliers, le régime de la féodalité, où la bourgeoisie
incommodes, peréés de fenêtres rares et n'avait ni puissance, ni richesse. Mais par
étroites, renfermés dans une ou deux en- cela même qu'elles étaient d'une grande
ceintes fortifiées et entourées de fossés ; simplicité, elles offrent dans leur construc-
le donjon, grosse tour élevée, occupait or- tion certaines données primitives dont
dinairement le centre, et des tours plus l'art sut plus tard tirer bon parti. Elles
ou moins nombreuses flanquaient les mu- étaient généralement en bois, peu éten-
railles et servaient à la défense. La ville dues et mal distribuées intérieurement.
d'Avignon, avec ses remparts, son .pa- Leurs façades sur les rues se terminaient
lais des papes et quelques anciennes tours ordinairement par un pignon de forme ai-
féodales, offre la physionomie presque guë, dans lequel s'inscrivait une ogive
complète des villes du moyen âge. On composée de deux pièces de bois. Les ou-
voit à Aigues-Mortes, à Tann (Haut- vertures étaient larges et multipliées, afi n
Rhin), à Vendôme, à Villeneuve-le-Roi, que la lumière pût facilement pénétrer
des restes de portes de villes assez bien dans l'intérieur. Sur la rue, les étages
étaient établis en encorbellement les uns ces formes par cela même se prêtaient peut-
sur les autres; par cette disposition, en- être beaucoup plus difficilement à la variété
core en usage en Orient, d'où elle fut et à la multiplicité des besoins de l'archi-
peut-être importée, les passants et surtout tecture civile , qui tendaient sans cesse à
les acheteurs se trouvaient à l'abri. Il est s'augmenter! ne peut-on pas conclure enfin
assez probable que le désir de se garantir de que l'architecturedu moyen âge est surtout
la pluie fit adopter dans le Nord une telle le produit direct des doctrines chrétien-
disposition, motivée sans doute en Orient nes , et que, comme nous l'avons déjà dit,
par le besoin de se garantir du soleil. la véritable dénomination qui convienne à
Dès le IGe siècle, ces simples maisons l'art de cette époque est celle d'art chré-
de bois et de briques ne laissaient pas que tien, en opposition avec celle d'art païen,
d'être traitées avec un certain goût, sou- qui sert à désigner l'art des siècles anté-
vent même avec beaucoup d'art : les bois rieurs au triomphe du christianisme1
en étaient sculptés avec recherche; quel-
quefois ils étaient, de plus, peints et do-
-
Tombciaux. Certains tombeaux éle-
vés au moyen âge doivent être remarqués
rés ; aux remplissages de briques, on sub- avec intérêt. Ces tombeaux, élevés dans
stituait, dans certains cas, des carreaux l'intérieur des églises, étaient le plus
de terre émaillés de diverses couleurs souvent placés dans le vide des arcades du
comme on en voit des exemples à Beau-, chœur, ou dans des chapelles privilégiées
vais, Rouen, Caen, Orléans, Blois, Di- destinées à la sépulture des rois, des prin-
jon, etc., conservent encore quelques ces ou des nobles ; celui du roi Dagobert,
vieilles habitations du moyen àge; mais à Saint-Denis,était de ce nombre. L'église
le nombre en diminue chaque jour. La de Brou possède plusieurs tombeaux re-
plus importante et la plus remarquable marquables, mais d'une époque plus ré-
habitation du 15e siècle est celle de Jac- cente. Il est un autre genre de tombeau
ques Cœur, à Bourges. L'hôtel de Sens , qui se compose d'un sarcophage, sur le-
à Paris, est encore un curieux exemple de quel est représentée une figure couchée,
l'architecture privée de cette époque. comme on en voit un grand nombre dans
Hôtels-de-ville. —Les hôtels-de-ville. les caveaux de Saint-Denis. Les tom-
originairement mai- beaux les plus ordinaires étaient indiqués
sons communes, ne par de simples pierres sépulcrales compo-
commencèrent à ac- sant le dallage des églises : on reprodui-
quérir quelque im- sait sur ces dalles, à l'aide d'une gravure
portance qu'après en creux, les personnages divers dont elles
l'affranchissement recouvraient la sépulture; cette gravure
des communes; aussi était quelquefois remplie de Il'astic de
les plus anciens que couleur qui devait produire un bon effet.
nous possédions en Les abbés et les évêques eux-mêmesn'a-
France ne datent-ils vaient souvent pas d'autres tombeaux. Ce-
que du Ii," siècle. lui de la reine Frédégonde, conservé à
Ils empruntent leur Saint-Denis, est le plus ancien exemple
principal caractère de ce genre de pierre sépulcrale. Il est de
de ces hautes tours plus très-curieux par sa décoration. C'est
de beffroi dont ils une espèce de mosaïque composée de
sont accompagnés. marbres de couleur et d'émaux, rapportés
C'est dans le nord et fixés, à l'aide de mastic, dans des ca-
que se trouvent les vités de cuivre. On a représenté, à l'aIde
llî,tels-de-ville de de ce travail, la figure de la reine de gran-
cette époque. Ceux deur naturelle ; le visage, les pieds et les
dArras, de Saint-Quentin, de Noyon, mains sont lisses et déterminés seulement
méritent d'être cités. Comme palais pu- par le contour extérieur. Parmi les dalles
blic du moyen âge, le palais de justice de sépulcrales conservées dans nos églises,
Rouen mérite de fixer l'attention. Destiné nous ne pouvons omettrede citer celles qui
d'abord à l'assemblée des états de Nor- recouvraient la tombe d'architectes célè-
mandie, cet édifice fut commencé à la fin bres. A Reims, il existe encore celle de Ives
du Hje siècle par Roger Ango. Libergier, architecte de Saint-Nicaise et
D'après l'examen rapide que nous ve- de la cathédrale, mort en 1263. Une tombe
nons de faire des constructions civiles , ne non moins digne d'être citée est celle de
peut-on pas conclure que les artistes du Pierre de Montereau ; elle fut trouvée
moyen âge n'avaient exclusivement en vue dans la chapelle de la Vierge, qu'il avait
que les édifices religieux ; que l'état de la élevée dans l'abbaye Saint-Germain-des-
société ne permettait pas d'introduire de Prés. Nous citerons encore celle d'Alexan-
grands perfectionnements dans l'architec- dre de Berneval l'un des architectes de
ture civile que les formes adoptées dans Saint-Ouen, à Rouen, où il est inhumé.
l'architecture des églises devaient être Cette dernière tombe date du 15e siècle.
consacrées comme un article de foi, et que Fonts. — Les constructeurs du moyen
âge, au génie duquel nous devons la con- gation. On voit encore à Avignon les restes
ception de ces belles cathédrales dont du pont construit par saint Benezet en
nous avons parlé précédemment et dans 1177; l'une des piles de ce pont, ainsi
lesquelles ils ont épuisé tout leur sa- que cela avait lieu fréquemment, était
voir dans l'art de bâtir, étaient fort surmontée d'une chapelle. Au moyen âge ,
inhabiles lorsqu'il s'agissait de construc- la tête des ponts était défendue par des
tions d'utilité publique, comme les aque- constructions militaires, et le pont lui-
ducs les ponts, etc. Toutes les tentati- même était souvent surmonté de tours
,
ves qu'ils firent dans ce genre ne furent élevées, comme ceux de Cahors sur le Lot.
pas heureuses : le plus ancien des ponts S 6. Époque de la 7-enaissance, de
de Paris (le pont Notre-Dame) ne date
Charles VIII à Henri III.
que du 16. siècle; Fra Giocondo, moine
véronais, en dirigea la construction. Tous Considérations générales. — Il est
les ponts qui avaient été construits à Paris dans l'histoire de l'humanité certaines
antérieurement à celui-ci avaient été à époques mémorables que la Providence
plusieurs reprises enlevés par les eaux, semble avoir marquées de préférence pour
reconstruits tantôt en bois, tantôt en l'accomplissement de ses mystérieux et
pierre, et toujours détruits de nouveau. impénétrables desseins.
Dans leur ignorance , les constructeurs Les faits nombreux et importants qui
du moyen âge pensaient que le moyen ont signalé le 15e siècle, rapprochés les
'd'assurer aux ponts une plus grande soli- uns des autres, ne semblent-ils pas coïn-
dité était de rapprocher autant que possi- cider entre eux et se prêter un mutuel ap -
éle les piles des arcs , et conséquemment pui pour concourir simultanément au pro-
de faire les arcs très-étroits, ne compre- grès de la civilisation moderne : d'une
nant pas qu'une telle disposition, outre part la féodalité est détruite, les nations
l'inconvénient d'entraver la navigation, acquièrent plus de force et plus d'unité ,
avait pour résultat de diminuer l'espace les relations des peuples se multiplient ;
réservé au passage des eaux et de multi- pendant que d'une autre des découvertes
plier les parties sur lesquelles pouvait nombreuses et fécondes, et pardculière-
s'exercer leur action. Si l'on ajoute à cela ment l'invention merveilleuse de l'impri-
le mauvais mode de construction et sans merie, contribuent puissamment à la régé-
doute le manque de connaissances néces- nération de la société européenne.
saires pour bien assurer les fondations, C'est au milieu de telles circonstances
on comprendra facilement que les ponts et par leur concours que s'opérait ce grand
du m-oyen âge n'aient pas pu résister aux mouvement intellectuel, qualifié depuis
chances de destructionauxquelles ce genre du n'lm de renaissance, auquel les arts ne
de monument est nécessairement exposé. pouvaient pas rester étrangers ; ce nom
Nous répéterons à l'occasion des ponts ce de renaissance indique suffisamment l'i-
que nous avons déjà dit à l'occasion des dée qu'on attache généralement à la trans-
-travées des églises : c'est que si les con- formation complète qui eut lieu à cette
structeurs ou architectes du , moyen âge époque : c'est-à-dire que les différentes
avaient été aussi hardis et aussi expéri- périodes du moyen âge furent considérées
mentés qu'on le suppose dans l'art de bâtir, comme une époque de ténèbres et d'igno-
ils auraient compris que le système de con- rance durant laquelle les esprits étaient
struction en arc doit servir à franchir de restés plongés dans une longue et profonde
grands espaces et à distancer les points léthargie; or, au moment du réveil, les
d'appui ; or, quand dans la largeur d'un regards se tournèrent de nouveau vers le
fleuve on pourrait établir un pont à l'aide foyer de la civilisation antique pour lui
de cinq ou six arches et qu'on en fait un emprunter la lumière qu'on croyait la
nombredouble, il y a là une preuve évidente plus propre à féconder les nouvelles idées.
d'ignorance et de timidité. L'ancien pont En prenant ainsi le passé pour modèle,
d'Orléans avait dix-neufarches ; le nou- c'était bien réellement une sorte de résur-
veau n'en a que neuf. Le pont Saint- rection, de renaissance qu'on prétendait
Esprit , sur le Rhône, dont la construction opérer.
date du 13e siècle, est peut-être le plus L'influence que l'Occident avait exercée
remarquable des ponts de cette époque; il sur les arts en Italie n'avait jamais été
paraît avoir-été fait à l'imitation de quelque que passagère; l'antiquité, dont elle était
pont romain. : les arcs sont encore plein restée l'héritièrt directe, avait bientôt re-
cintre et les piles sont percées, comme pris son empire, et ce fut en son nom que
au pont antique de Sommières, de ma- se manifestèrent les premiers symptômes
nière à livrer passage aux eaux dans les de la renaissance italienne : pendant que
grandes crues. Les ponts du moyen âge les philosophes, les poètes et les savants
sont atijourd'hui en petit nombre; ceux étudiaient les auteurs anciens, les archi-
qui avaient résisté sont souvent détruits tectes exhumaient les débris des monu-
pour être remplacés par d'autres , mieux ments. L'Italie fut ainsi lapret-nièreà pro-
combinés et plus commodes pour la navi- poser l'architecture païenne pour modèle,
en l'opposant à cette architecture chré- s'était en même temps accomplie dans nos
tienne de l'Occident, qui n'avait jamais mœurs, dans nos institutions et dans no-
pu prendre racine sur son sol. Au 15" siè- tre littérature. Or comment méconnaître
cle Rome devint le point de mire de tous la part qu'eut l'Italie dans ces transfor-
les , artistes, et les villes italiennes com- mations simultanées l'Italie n'était-elle
1

mencèrent à élever de nombreux édifices pas, par sa situation même, le véritable


dans lesquels on fit l'applicationd'un nou- lien qui devait unir l'Occident à l'Orient !
veau système d'architecture encore in- 11 ne faut pas non plus perdre de vue
connu dans les autres pays de l'Europe. qu'antérieurement à la renaissance, la ci-
En France, à la même époque, le style vilisation française s'était opérée à l'aide
ogival était. encore partout en vigueur, de deux éléments distincts, l'élément la-
mais menacé comme nous l'avons dit, tin et l'élément franc : c'est au premier
d'ilne prochaine décadence. que se rattachent tous les édifices élevés
Tel était l'état des arts en Italie et en en France pendant la domination romaine
France, lorsque Charles 'VIII monta très- et tous ceux élevés au moyen âge dans le
jeune sur le trône. En 1483, ce roi, sous style dit roman ; du second dérivent les
le prétexte de revendiquer quelques droits constructions dans lesquelles le style ogi-
de famille et entraîné lui-même par les ha- val fut exclusivement adopté, et qui pour
bitudes guerrières de ses sujets, conduisit la plupart sont situées au nord de la
une armée française jusqu'à Naples ; mais Loire. Comment donc s'étonner que, dans
cette aventureuse expédition n'eut aucun cette crise ardente et féconde de la renais-
résultat politique. Le roi et les jeunes sei- sance, la France, se rappelant son ori-
gneurs qui l'avaient accompagné n'en rap- gine romaine, ait été portée à évoquer de
portèrent que le goût du luxe et de tout nouveau et avec enthousiasme l'exemple
ce qui peut contribuer aux douceurs de de ses premiers maîtres en fait d'art. Rn-
l'existence; ils furent jaloux de doter la fantsdelacivilisationromaine, nous avons
France du bien-être qu'ils avaient appris tout emprunté de l'antiquité; est-ce donc
à se procurer : les manoirs féodaux qu'ils à dire que nous ne conservions pas une
retrouvèrent à leur retour ne leuLsemblè- originalité propre1 Il en est de l'architec-
rent plus dignes d'être habités, après ces ture comme du langage, et si cette com-
somptueux palais embellis de tous les paraison a déjà été faite bien souvent,
chefs-d'œuvre des arts qu'ils avaient pu c'est qu'il ne saurait y en avoir de plus
admirer en Italie, et ils se proposèrent exacte et de plus frappante; de ce que la
d'en créer de semblables. Dès ce moment, langue française s'est formée d'éléments
]*Italie fut appelée à devenir pour la grecs, latins et italiens, n'est-elle pas,
France ce que la Grèce avait été dans un malgré cela, la juste expression-de notre
autre temps pour elle. esprit français! On doit toutefois le recon-
Telle est non pas la cause première, naître, la renaissance, en cédant à un
mais l'origine de la renaissance en France ; esprit d'imitation trop prononcé, n'a pas
il ne s'agit pour le moment que de fixer totalement réalisé ce qu'on était en droit
une date et d'établir que les premières d'en attendre; le principe au nom duquel
tentatives faites en architecture dans cette elle s'est opérée renfermait des germes
nouvelle voie furent le résultat d'une im- féconds qui n'ont pas tous également
portation étrangère. Nous voulons de plus fructifié.
insister sur ce point, que si la renaissance Il importe de remarquer qu'à la fin de
a facilement et promptement détrôné l'ar- ce 15e siècle, signalé par de grandes et
chitecture du moyen âge, c'est que celle- merveilleuses choses, l'Italie avait déjà
ci était déjà parvenue d'elle-même à la vu fleurir dans son sein des artistes tels
dernière période de sa décadence. que Arnolfo diLapo, Brunellesco, Orcagna,
Certains esprits, dans leur engouement Léon-Baptiste Alberti, Bramante, Baltha-
exclusif pour les belles productions de sar Perruzi, etc., qui avaient élevé de
l'architecture du moyen âge, se sont pro- nombreux et admirables monuments dans
noncés contre la réforme opérée dans le nouveau style d'architecture; tandis
l'architecture française au 16c siècle, re- qu'en France les artistes contemporains
grettant qu'un principe d'imitation soit de ceux-ci se livraient à tous les écarts
venu détruire l'originalité de l'art go- de leur imagination dans les dernières
thique, qu'ils veulent absolument qua- productionsde ce style que nous avons dési -
lifier d'art national ; mais nous ne sau- gné sous le nom de gothiquefleuri ; c'est-à-
rions comprendre ces regrets, persuadés dire que la plus belle période de la renais-
que nous sommes que l'art du moyen sance italienne était déjà presque écoulée,
âge, abandonné à lui-même, eût été inca- que les premières tentatives de la renais-
pable de se régénérer et de satisfaire aux sance française étaient encore à faire.
exigences de la civilisation toute nouvelle Premiers exemples de l'architec-
qui commençait à se développer dans no- ture de la renais.ance, règnes de
tre pays. Si la renaissance s'est accomplie Charles VIH et de Louis XD.- Char-
dans l'architecture française, c'est qu'elle les 'VIII, étant mort, en 1498, à l'âge de
moyen âge, il appela à son aide les artistes aussi de nombreux travaux de sculpture
les plus capables de seconder ses vues. pour le château de Fontainebleau. On en
Si Chambord, construit par Pierre Nep- trouve les détails dans ses mémoires.
veu, dit Trinqueau, conserve encore dans L'exemple donné par le roi ne_pouvait
son ensemble l'aspect des châteaux féo- pas manquer d'être suivi par les courti-
daux des siècles précédents, le style élégant sans; les constructions particulières de
de la renaissance française se développe cette époque qui méritent d'être citées
bientôt de la manière la plus brillante dans sont: le château de Nantouillet, bâti pour
les châteaux de Blois, de Madrid et de le chancelier Duprat ; le château de Che-
Fontainebleau ; à Blois, la grande façade nonceaux, sur le Cher, commencé par Tho-
extérieure du château sur la place des Jé- mas Bohier en 1516, celui d'Azay-le-Ri-
suites, n'a rien à redouter de la comparai- deau, près de Tours, et surtout le manoir
son qu'on pourrait en faire avec les produc- qu'Ango, ce riche armateur de Dieppe,
tions les plus remarquables de "la renais- s'était fait bâtir à Varengeville. On voit en-
sance italienne, et l'escalier en saillie sur core dans plusieurs villes de France, et à
la façade de la cour est une œuvre d'archi- Orléans entre autres, quelques habitations
tecture à part et vraiment toute française ; privées qui datent également de cette épo-
à Madrid, des faïences coloriées avaient que ; nous citerons aussi la jolie maison de
été employées dans toutes les parties de Moret, qui a été transportée à Paris aux
la décoration extérieure. La fabrication de Champs-Elysées, et la galerie de Thôte!
ces faïences était une importationitalienne Bourgtheroulde à Rouen, où se trouvent
due à la famille délia Robbia, qui, dans sculptés les fameux bas-reliefs-qui repré-
ce genre s'était acquis une grande célé- sentent le camp du Drap-d'Or.
brité. Neuf grands sujets en terre émaillée Sous François Ier on distingue dans les
provenant de la décoration extérieure de édifices deux styles différente : l'un qui
ce château ont été récemment acquis dérive de celui de Louis XII et semble
par le ministre de l'intérieur pour le mu- conserver un caractère plus national, et
see de l'hôtel Cluny; il y en avait douze l'autre qui se développe évidemment sous
de même grandeur, les trois autres sont
en Angleterre. Ces plaques, représentant
les dieux de la fable, sont signées Pierre
-
l'influence italienne.
Le Louvre. Mais de toutes les pro-
duocions de la renaissance française, la
Courteys, d'autres Courtois, avec ces mots : plus importante et la plus remarquable
fet à Limoges, 1559. Or, Vasari nous ap- est le palais du Louvre. Sous Philippe-
prend que les faïences du château de Ma- Auguste, le Louvre avait été construit
drid sont dues à César délia. Robbia; il comme château-fort pour défendre Paris
est donc probable que cet artiste italien et protéger le cours de la Seine, néan-
eut recours pour la fabrication à des moins il fut habité successivement par
ouvriers limousins, ou qu'il n'exécuta plusieurs rois, et particulièrement par
seulement qu'une partie des sujets qui dê- Charles V qui y'fit exécuter de grands tra-
coraient ce château. vaux; mais sous le règne de François Ier,
Mais c'est Fontainebleau que Fran- et surtout sous celui de Henri II, le Lou-
çois Ier semblait avoir choisi de préférence vre changea entièrement d'aspect. On en-
pr ur la réalisation de ses vastës projets. La treprit la reconstruction totale de ce châ-
plus grande partie de ce château date de teau , dont les distributions incommodes
cette époque, et était déjà, sinon achevée, ne convenaient plus aux usages et au
au moins fort avancée par des artistes fran- goût de l'époque.
çais avant que le Rosso Serlio Primatice et On pense que cette restauration fut
les autres artistes italiens fussent arrivés commencée vers 1640. Pierre Lescot, qui
. en France: ce sont particulièrement les pouvait alors avoir trente ans, fut chargé,
bâtiments autour de la cour ovale dont comme architecte, de cette tâche impor-
nous voulons parler ; on peut, en effet, y tante ; mais quoique François IPr eût
remarquer un style d'architecture plus consacré des sommes considérables à
simple et plus original que celui qui pré- l'exécution du nouveau Louvre, les con-
valut plus tard par suite de l'influence structions en étaient fort peu avancées à
toujours croissante des artistes étrangers la fin de son règne. Pour qu'on puisse se
que François Ier fit venir d'Italie. faire une idée exacte de ce que devait être
Le Rosso et Primatice furent successi- le Louvre tel qu'il avait été conçu par
vement chargés des décorations intérieures Pierre Lescot, il faut qu'on sache que la
du château de Fontainebleau : le premier cour ne devait avoir de grandeur que le
a exécuté celles de la galerie de Fran- quart de celle actuelle, les dimensions en
çois I"'; le second eut pour collaborateurs avaient été déterminées par celles de l'an-
Bagna Cavallo, Ruggeri da Bologna, et cien château de PhiHppe-Auguste, sur les
surtout Nicolo dell'Ablate,qui exécuta les fondations duquel on avait voulu élever les
peintures de la salle des fêtes et celles de nouveaux bâtiments.
la célèbre galerie d'Ulysse, détruite C'était surtout dans les façadesintérieu-
çous Louis XV. Benvenuto Cellini fit res de la cour du Louvre que Lescot avait
cru devoir déployer un grandluxe architec- dans les édifices de la renaissance, anté-
tural , et l'ordonnance de cette cour, si rieurement à ceux-ci; les escaliers étaient
son vent citée comme modèle, est Certaine- toujours construits en vis, soit en pierre,
ment dans son genre la plus belle page soit en bois.
qu'aucun architecte ait produite depuis Productions de la renaissance sous
l'époque de la renaissance dans notre pays. Henri II et Charles IX. — Le grand dé-
Le style de l'architecture du Louvre était veloppement qu'avaient pris les arts en
parfaitement en harmonie avec l'éclat de France sous le règne et par l'influence de
cette cour élégante à laquelle ce palais François Ier se continua après l'avénement
était destiné; de toute part la galante et au trône de Henri 11, son fils, qui eut lieu
poétique pensée du roi se révélait par des en 1547. Catherine de Médicis surtout
monogrammes et des attributs empruntés contribua à propager en France le goût
à la fiction mythologique sous le voile de des arts, des sciences et des lettres, qu'elle
laquelle se laissait deviner la célèbre avait laissés florissants dans sabelle patrie.
Diane de Poitiers. Le Louvre de Pierre Pendant que Pierre Lescot et Jean Gou-
Lescot, commencé sous François Ier et jon continuaient le Louvre, Philibert De-
continué sous Henri II, peut donc passer lorme élevait pour Diane de Poitiers le
pour la plus brillante et la plus complète délicieux château d'Anet, sur les bords de
expressionde la renaissance française, dont l'Eure. Toutes les ressources de l'art et de
elle résume parfaitement le caractère; et la nature avaient été mises en œuvre
si l'on ajoute que ce furent Paul Ponce et pour faire d'Anet un séjour enchanteur.
Jean Goujon que Lescot s'associa pour Le portique d'entrée, la chapelle et le
compléter son œuvre, on ne s'étonnera grand portail, qui décore aujourd'hui- la
plus de l'harmonie parfaite qui règne en- première cour de l'Ecole-des-Beaux-Arts,
tre l'architecture et la sculpture de cet étaient les morceaux d'architecture les
édifice tout français, dont on chercherait plus remarquables de cette vaste habita-
vainement l'égal en Italie. tion ; à l'intérieur des appartements, la
A l'intérieur des bâtiments, les seules menuiserie des portes et des lambris avait
parties qui datent de l'origine sont : la été exécutée avec une extrême recherche
salle décorée des célèbres cariatides de et un goût exquis; les sculptures étaient
J. Goujon et l'escalier de Henri II. Le dues à Jean Goujon, et les vitraux à Jean
plafond et les boiseries du cabinet de Cousin. Dans les cours, dans les parterres,
Henri II, replacés récemment dans le de belles eaux jaillissaient continuelle-
bâtiment de la colonnade, peuvent donner ment dans des bassins de marbre; des
une idée du goût et du luxe des décora- parcs peuplés de bêtes fauves, des voliè-
tiens intérieures des appartements. res, des viviers, etc., complétaient cet
Hôtel-de-ville de Paris. — Tout en ensemble merveilleux, qui semblait plutôt
songeant à reconstruire le palais destiné l'œuvre d'une fée que celle des hommes.
au siége-de la royauté, François Ier avait Avant que Philibert Delorme n'eût ter-
voulu en même temps doter la bourgeoisie miné Anet, Jean Bullant élevait pour le
parisienne d'un palais plus digne d'elle; connétable Anne de Montmorency le châ-
un Italien, Dominique Cortone, fut l'ar- teau d'Ecouen. La disposition du château
chitecte de cet édifice, dont la première d'Ecouen est celle des anciens châteaux
pierre fut posée en 1533, ainsi que cela féodaux : ce sont quatre corps de bâti-
était consigné dans une inscription latine ment élevés au pourtour d'une cour cen-
gravée sur la façade et rapportée par trale, et flanqués aux angles de quatre
Corrozet. Quoique l'œuvre d'un étranger, pavillons saillants qui ne sont autre chose
l'hôtel-de-ville de Paris appartient essen- qu'une transformationdes anciennes tours.
tiellement à l'architecture française; on Ce fut sans doute aussi dans le but de re-
ne saurait rien trouver de semblable en produire l'effet de ces tours élevées qui
:
Italie les combles élevés, les grandes dominaient les entrées des- châteaux du
cheminées qui les surmontent,et les vastes moyen âge que Bullant avait composé, pour
fenêtres percées dans la façade, sont au- décorer l'entrée du château d'Ecouen, cette
tant d'exigences des pays septentrionaux sorte de portail à trois ordres qui offrait
qui ont été acceptées par Cortone, et cet quelque analogie avec celui qu'on voyaitail
artiste distingué aj ustement compris qu'en fond de la cour d'Anet. Les quatre faces
construisant pour Paris il devait créer une intérieures de la cour du château d'Ecouen
architecture toute diffférente de celle qu'il étaient toutes différentes les unes des au-
eût pu faire en Italie. L'hôte.l-de-ville de tres; il semble que Bullantn'ait pas cher-
Paris, quoique élevé par un architecte ita- ché à composer un ensemble, mais que
lien, est donc un édifice tout français judi- son intention ait été de faire sur chacune
cieusement conçu en vue des besoins et du de ces façades une reproduction desprinci-
climat de la France. Les escaliers de l'hô- pales ordonnances dont l'antiquité nous a
tel-de-ville sont, avec ceux du Louvre et du conservé des exemples. Que peut-on penser
château de Nantouillet, les premiers esca- de ces grandes colonnes empruntées à un
liers à rampes druites qu'on puisse citer temple du Forum romain pour supporter
ces toits aigus et ces lucarnes demi-gothi- Philibert Delorme, qui avait été suc-
ques! Bullant est d'autant moins excusa- cessivement chargé de travaux importants
ble que dans d'autres parties du château sous les règnes de François Ier et de Hen-
et notamment dans le portail d'entrée et ri II, devait aussi s'illustrer sous celui de
dans la décoration de la façade sur la ter- Charles IX par la construction du palais
rasse, il a prouvé qu'il pouvait, sans co- des. Tuileries. Ce palais était destiné à
pier, se faire honneur de son propre génie ; l'habitation de Catherine de Médicis ; elle-
c'est là le côté blâmable de la renaissance, même en avait tracé les plans. Dans l'ori-
lorsque, entraînés par leur amour aveugle gine, le palais des Tuileries devait être
de l'antiquité les artistes s'abandonnent beaucoup plus considérable, mais le corps
à ces serviles, imitations dont les consé- de bâtiment principal fut seul exécuté tel
quences furent plus tard si déplorables. que nous le reproduisons ici. Philibert
Mais, de tous les contrastes qu'on remar- Delorme semble avoir voulu résumer dans
que dans le château d'Ecouen, le plus frap- l'architecture du château des Tuileries
pant est celui que forme la chapelle, située la plupart des principes dont il développe
dans un des quatre pavillons d'angle. On est la théorie dans ses ouvrages; c'est là qu il
effectivement surpris de voir cette chapelle fit J'appli:ation de ce genre de colonnes
conserver le style gothique à côté de ces et de pilastres divisés par tambours orac8.
ordonnances antiques ou de ces formes ca- Quoique Philibert Delorme qualifie ces
pricieuses de la renaissance. Le même fait colonnes de françaises, et qu'il s'en attri-
se reproduit dans bien des châteaux du 16e bue l'invention, nous devons faire obser-
siècle : àBJois, à Chenonceaux, à Nantouil- ver que ce système de colonnes et de pi-
let, I,:-s chapelles ne participent pas plus lastres à bossages se retrouve dans les
qu'à Ecouen, du style des autres bâtiments. édifices de l'antiquité et dans ceux de la
Il n'en Est pas de même à Fontainebleau renaissance italienne; il faut toutefois re-
et à Anet, où les formes ogivales ont com- connaître que Delorme a su introduire un
plétementdisparu. Il faut donc en conclure goût tout particulier dans les profils et
qu'au 16e siècle certains arlistes envisa- l'ornementation des ordres des Tuileries,
geaient tout différemment l'architecture et l'ensemble de ce palais peut être cité
civile et l'architecture religieuse, et, tout comme un des exemples Jes plus caTac-
en consentant à ètre novateurs dans l'une, téristiques de l'architecture française au
croyaient, à l'égard de l'autre, devoir 16" siècle. C'est Philibert Delorme qui le
respecter le type consacrè. Il en était, au premier a mis en usage le genre de con-
contraire, tout autrement de ceux qui, struction en planches sur champ pour les
comme Philibert Delorme, à Anet, cher- voûtes légères et les combles, et Qu'il a
chaient à soumettre l'architecture reli- désigné dans son ouvrage par moyen* de
gieuse aux mêmes principes que l'archi- construire à petits frais.
tecture civile.

Tombeaux et autres monuments de ble et dans leurs détails le caractère 'de


la renaissance. — Outre les édifices que l'époque à laquelle ils furent élevés; ils
nous avons présentés comme productions sont l'wl et l'autre en marbre et ornés de
de l'architecture française au 16e siècle, il sculptures de la plus grande délicatesse.
en est d'autres moins importants, il est Celles du tombeau de Louis XII ont été
vrai, mais d'un style plus élevé, dans les- exécutées en partie par un nommé Jean-
quels les artistes de la renaissance se sont Juste de Tours. Elus tard, Philibert de
aussi exercés avec succès : nous voulons Lorme fit exécuter le tombeau du roi Fran-
parler d'abord des mausolées des princes et çois Ier. Les profils sont d'une grande
des souverains, placés pour la plupart finesse; mais on pourrait lui repro-
dans les églises. Les plus anciens de ces cher d'avoir fait usage de formes ar-
monuments sont !e tombeau du cardinal chitecturales peu propres à ce genre de
d'Amboise dans la cathédrale de Rouen, monument. Peut-être serait-il permis d'at-
et celui de Louis XII et d'Anne de Breta- tribuer aussi à Delorme le tombeau que
gne, qui a été replacé à Saint-Denis. Ces Diane de Poitiers fit élever à son mari,
deux tombeaux portent dans leur ensem- Louis de Brézé, dans la cathédrale de
Rouen. La composition de ce monument
sépulcral estd'un styleà la foisnoble, riche § 7. Dernière période de la renaissance.
et élégant. Nous citerons aussi le tombeau Règnes de Henri III et Henri IV.
de Henri II et de Catherine de Médicis,
élevé du vivant de cette princesse. Quel- — Les persécutions religieuses qui si-
gnalèrent le règne de Charles IX et
ques-uns l'attribuent au Primatice, d'autres les troubles intérieurs qui déchirèrent
à Jean Bullant quant aux sculptures, elles la France avant que Henri IV ne fût
sont de Germain Pilon. Ce monument était monté sur le trône, contribuèrent à ralen-
destiné à prendre place dans le grand mo- tir la marche progressive que les arts
nument de la famille des Valois, à Saint- avaient constamment suivie en France
Denis dont Philibert Delorme avait été depuis le comencement du 16e siècle. Sous
chargé, par Catherine de Médicis aussitôt le règne de Henri III, le style de l'archi-
après la mort du roi son époux. Cet im- tecture ne subit pas de notables modifica-
mense mausolée ne fut jamais terminé ; tions mais cependant un principe de dé-
on tut oblige de le cadence commence à se faire sentir. On
démolir vers la fin du ne saurait, d'ailleurs, citer aucun édifice
siècle dernier parce important élevé à cette époque; et cepen-
qu'il menaçaitruine. dant Henri III avait à sa disposition des
11 était situé sur le architectes d'un grand mérite, qui ne lui
côté nord de l'église eussent pas fait défaut s'il leur eût fourni
royale de Saint-De- l'occasion de se produire. Dans ce nombre
nis. Pour se faire une il faut distinguer Jacques Audrouet-Du-
idée de ce qu'il devait cerceau, dont les talents comme archi-
être , il faut avoir tecte et comme graveur n'ont peut-être
recours aux gravures pas été appréciés à leur juste valeur. Du-
de Marot. Si le mau- cerceau, cependant, a publié un grand
solée de la famille des Valois eût été nombre d'ouvrages qui, par la variété de
achevé, c'eût été certainement un des mo- leurs sujets, témoignent de la souplesse et
numents les plus importants de ce genre ; de la fécondité de son génie inventif ; mais
par la grandeur de sa masse et la phy- aussi Ducerceau était huguenot, et il
sionomie de son ensemble, il serait devenu n'eût pu conserver- les bonnes grâces du
le digne pendant du tombeau des Médicis roi qu'en changeant de religion; or, il pré-
à Florence et eût pu être comparé aux féra quitter la France que de se faire ca-
grands mausolées de l'antiquité. tholique. On ne doit donc pas être surpris
Nous ne saurions omettre de parler d'un si Ducerceau ne put pas parvenir à atta-
petit édifice dans lequel le style et les for- cher son nom à aucune œuvre architectu-
mes de la renaissance ont été heureuse- rale de quelque importance. On a cru de-
ment appliqués : c'est la jolie fontaine des voir lui attribuer le Pont-Neuf; mais il
Innocents, située originairement au coin paraîtrait que ce fut son fils, Jean-Bap-
de la rue aux Fers et de la rue Saint-Denis. tiste Ducerceau, qui, quoique jeune encore,
C'était l'œuvre de Pierre Lescot et de commença cette importante entreprise.
Jean Goujon. Ces deux artistes avaient C'est donc surtout par les ouvrages qu'il
également associé leurs talents pour la a publiés que Jacques Audrouet-Ducer-
composition du jubé de Saint-Germain- ceau a acquis une certaine célébrité. Ces
l'Auxerrois. Ce jubé a été détruit à la ré- ouvrages, extrêmement variés, ne sont pas
volution. tous connus: ceux que l'on possède for-
Les cheminées, qui dans les pays sep- ment au moins 20 volumes.
tentrionaux jouent un rôle si important Jean-Baptiste Ducerceau et Dupérac
dans l'intérieur des appartements, étaient obtinrent la confiance de Henri IV, et
devenues pour les artistes de la renais- furent chargés des principaux édifices qui
sance un motif de décorations particulières firent entrepris à Paris vers la fin du 16"
et très-variées, dans lesquelles ils se plai- siècle. Ces deux architectes paraissent
saient à développer les ressources de leur avoir contribué, chacun pour leur part, à
féconde imagination. On voit encore, dans la continuation de la galerie, qui, d'après
un grand nombre de châteaux en France, les idées de Henri IV, devait unir le
des exemples de cheminées décorées avec Louvre au palais des Tuileries. On cite
beaucoup d'art et de richesse. Nous cite- également un nommé Metezeau comme
rons plus particulièrement celles de Fon- ayant coopéré à la construction de cette
tainebleau et d'Écouen; les villes d'Orléans, galerie sous Louis XIII.
de Roiien, de Blois possèdent encore, dans
l'intérieur de quelques habitations parti-
culières, plusieurs cheminées remarqua-
-
Pierre Gueroult, dnns son Histoire de
Saint-Germain-en Laye, affirme que
Jean-Baptiste Ducerceau fut chargé de
bles. Nous citerons enfin celle qui a été terminer le château neuf de Saint-Ger-
transportée au musée de la sculpture fran- main-en-Laye. l'un des bâtiments les
çaise, au Louvre et qui vient du château plus considérables qui aient été entrepris
de Villeroy. ,
à cette époque. On peut,d'après les gravu-
Mais c'est surtout dans la conception tecte français s'est laissé entraîner par
et l'exécution du palais du Luxembourg, l'infliience italienne; Debrosse n'eut cer-
élevé en 1615 pour servir d'habitation à tainement pns d'autre idée alors, que
Marie dé Médicis , que Jacques Debrosse de doter la France d'une de ces décora-
tions en placage qui étaient à cette épo-
a déployé toutes les ressources de son ta-
lent. La disposition du palais du Luxem- que fort en vogue en Italie, et dont les
portails de l'église du Jésus et San-Andrea-
bourg est celle dé tous les châteaux fran-
çais, c'est-à-dire qu'il se compose de della-VaUe à Rome étaient considérés
quatre corps de bâtiments disposés carré-comme les plus beaux types. L'appllcatioii
ment autour d'une cour centrale et flan- des ordres antiques à une façade d'église
qués aux angles de pavillons plus sail- était donc une tentative toute nouvelle
lants et plus élevés; l'entrée, comme à dans l'architecture française ; et quoi-
Anet, à Ecouen, à Fontainebleau, est qu'elle eût dû choquer le goût et la raison,
surtout ainsi faite au portail d'une église
décorée d'une espèce de frontispice à deux
étages qui donne à la façade un aspect gothique, la décoration du portail de
noble et pittoresque; quoique le style de Saint-Gen ais fut cependant considérée
l'architecture du Luxembourg ait une cer- -
comme un chef d'œuvre, et devint pen.
dant long-temps le type des portails d'é-
taine analogie avec celle de la cour du pa-
glise qu'on éleva en France.
lais Pitti et de quelques autres palais flo-
rentins, on doit reconnaître que ce style Règne de Louis XIII. — Sous le
règne de Louis XIII, roi sans énergie,
avait déjà quelques précédents dans diffé-
sans puissance et sans volonté, Richelieu,
rents édifices français, entre autres dans
la galerie du Louvre et dans le château premier ministre, s'était emparé d'un
de Saint-Germain. Quoi qu'il en soit, pouvoir et d'une autorité sans bornes;
nous n'hésitons pas à dire que le Luxem- ambitieux de toutes les gloires, il encou-
bourg , tant par la disposition régulièreragea les arts, les sciences et les lettres,
de son ensemble que par la fermeté de seset contribua à jeter un grand éclat sur
masses et l'unité de style qui règne dansune époque à laquelle son nom est inva-
toutes les parties, mérite d'être considéré
riablement attaché.
comme une œuvre de maître et vraiment Jamais on n'avait tant construit en
-nationale, et nous pensons que le palais France, et surtout à Paris, que sons
de- Marie de Médicis peut très-bien tenirLouis XIII. Le nombre des communautés
sa place à côté du Louvre et des Tuileries.
religieuses qui furent établies à cette épo-
C'est pour une des galeries du palais du
que est considérable ; les anciens couvents
Luxembourg que Rubens exécuta une furent agrandis ou reconstruits; la place
suitede sujets empruntés à la vie de Marie
Royale fut terminée et la presque totalité
de Médicis ; ces tableaux font aujourd'hui
des maisons de ce quartier, connu sous le
partie de la collection du Louvre. Une suite
nom du Marais, date du même temps.
de tableaux semblables dont les sujets Dans les villes de Rouen, Beauvais,Reims ,
eussent été empruntés à la vie de Henri IVOrléans, etc., on voit encore quelques con-
structions particulières du règne de
devaIt etre
placée dans
Louis XIII; les hôtels-dé-ville de Lyon et
la galerie
de Reims méritent de fixer l'attention
parallèle,
parmi les édifices publics de cette période.
mais ils ne Ce ne fut guère qu'au début du règne de
furent ja-
Louis XIII que l'on commença vraiment à
mais exé-savoir distribuer un appartemement. On
cutés. trouve dans Tallemant des Réaux quelques
Peut-être
détails curieux sur la disposition du célèbre
aurait-on
hôtel de Rambouillet. « Madame de Ram-
droit bouillet, dit-il, est une personne habile en
au
,
contraire,
toutes choses. Elle fut elle-même l'archi-
de jugertecte de son hôtel, mal satisfaite de tous
plus sévè-
les dessins qu'on lui faisait (c'était du
rement le
temps du maréchal d'Ancre, car alors on
portail que
ne savait que faire une salle à un côté,
Debrosse
une chambre à l'autre et un êscalier au
fut chargé
milieu). Un soir, après y avoir bien rêvé,
de compo-elle se mit à crier : Vite du papier, j'ai
ser pourtrouvé le moyen de faire ce que je vou-
l'église
lais. Sur l'heure elle en fit le dessin ; on le
Saint-Ger- suivit de point en point. C'est d'elle qu'on
vais qui a appris à mettre les escaliers à côté pour
était ,restée avoir une grande suite de chambres, à ex-
inachevée : hausser les planchers et à faire des portes
ici., on ne peut le méconnaître, l'archi- hautes et larges et vis-à-vis les unes des
autres... » Nous ne prétendons pas contes- soumis avec tant de talent dans la com
ter l'influence qu'a pu exercer madame de position de ses cariatides de la salle des
Rambouillet sur la manière de distribuer gardes.
les appartements vers 1612; mais cette in- Outre les adjonctions que nous ve-
fluence a bien pu être un peu exagérée nons d'indiquer, Anne d'Autriche fit dé-
par cet auteur. Néanmoins c'est un fait corer ses appartements et construire une
constant qu'en fait de distribution et d'ar- salle de spectacle dans le pavillon dont
rangements intérieurs à faire dans les une partie est aujourd'hui occupée par le
habitations, les femmes ont encore aujour- grand escalier du Musée.
d'hui conservé le privilège de s'y entendre A Versailles, Louis XIII fit construire
réellement à merveille. Il n'y a donc pas un petit château destiné à servir de ren-
lieu de s'étonner que Catherine de Médi- dez-vous de chasse. Ce château, bâti en
cis ait tracé les plans des Tuileries,que Ma- pierre et briques, entouré de fossés et
rie de Médicis ait dirigé les constructions flanqué de pavillons, conservait encore la
du Luxembourg, et que madame de Ram- disposition et l'aspect des anciens châ-
bouillet ét peut-être bien d'autres depuis teaux français du moyen âge, et, sous ce
aient conçu la distribution de leur hôtel. rapport, on peut considérer le château de
L'architecte le plus célèbre du temps de Versailles bâti par Louis XIII comme le
Louis XIII fut Charles Lemercier; il bâtit dernier exemple de ce type de château si
la Sorbonne, la première pierre en fut posée universellement adopté dans les tiiècles
en 1627, et celle de l'église en 1635; c'est précédents. Ce fait est d'autant plus re-
au milieu du chœur de cette église que marquable que le modeste rendez-vous de
fut élevé plus tard le tombeau du cardinal chasse de Louis XIII était destiné à de-
de Richelieu, son fondateur. Lemercier venir le noyau du magnifique château de
donna également le plan de cette somp- Louis XIV.
tueuse habitation dans laquelle le cardi- Mazarin, succédant à Richelieu comme
nal ministre voulait déployer une magni- premier ministre, acquit bientôt la même
:flcence toute royale ; ce palais, connu puissance ; il chercha en tout à copier son
sous le nom de. palais Richelieu ou palais prédécesseur et ne voulut pas tester en
Cardinal, contenait, outre de vastes ap- arrière dans les encouragements qu'il ac-
partements, une galerie décorée des por- corda aux lettres et aux beaux-arts. Riche-
traits des hommes lés plus illustres, une lieu avait reconstruit la Sorbonne, Maza-
chapelle et deux salles de spectacle. En rin fonda le collége des Quatre-Nations,
1636, Richelieu fit donation à Louis XIV auquel il légua sa précieuse bibliothèque ;
de ce palais, qui, par la suite, prit lenom de mais cet édifice ne fut commencé qu'en
Palais-Royal. En 1692, Louis XIV donna 1662 : Levau en composa les plans, et la
le Palais-Royal en toute propriété à Phi- construction fut dirigée par Lambert et
lippe d'Orléans ; depuis cette dernière Dorbay. Cet édifice s'éleva sur l'emplace-
époque, d'importantes modifications et ment de l'hôtel de Nesle, en face même
augmentationsfurent faites au palais créé de la nouvelle façade du Louvre, dont
par Richelieu. Levau avait également donné les dessins.
Les projets qui, sous Louis XIII, fùrent Mazarin, comme IVichelieu, voulut avoir
conçus pour l'achèvement du Louvre dé- une habitation dont l'importance et le
passaient de beaucoup en étendue et en luxe fussent en rapport avec son rang et
magnificence ceux de François Ier et de sa richesse; il fit choix d'un emplace-
Henri II. D'après les plans de Lemercier, ment compris entre la rue Richelieu et la
les bâtiments commencés par Lescot se rue Vivienne, et.fit bâtir un vaste palais
trouvaient augmentés dans une proportion dans .lequel il se plut à réunir des trésors
telle que la cour devait avoir une étendue de toute espèce ; dans des appartements
quatre fois plus grande qu'auparavant. meublés avec la plus grande magnificence,
Tout en respectant et continuant les or- et dans de spacieuses galeries, on ne
donnances des façades bâties sous Henri II, comptait pas moins de 400 bastes antiques
Lemercier jugea à propos de .marquer le en bronze, en marbre ou en -porphyre,
milieu et l'entrée de ce palais par un p a- 500 tableaux environ des meilleurs maî-
villon central plus élevé que les autres tres et une bfbliothèque de 40 000 vol umes.
bâtiments et surmonté d'un dôme à quatre Le style de l'architecture des édifices
pans ; ce pavillon, destiné à contenir la bâtis sous le règne de Louis XIII et la
chapelle, se lie assez bien avec les parties régence d'Anne d'Autriche offre évidem-
adjacentes, mais-il est loin d'être irrépro- ment moins< de correction que celui des
chable dans la décoration de sa partie su- édifices antérieurs à HenriIV. il est cer-
périeure. Quant aux cariatides de Pierre tain que le goût se montre plus corrompu ;
Sarazin, quel que soit leur mérite, on ne mais ce que l'arclútecture perd en pureté,
saurait approuver l'apparence de vie qu'il elle semble le gagner en indépendance ;
a cru pouvoir donner à ces figures tout moins fine, moins élégante que sous les
architecturales; c'est avoir méconnu les règnes de François Ier, de Henri II et de
principes auxquels Jean Goujon s'était Charle. IX l'architecture du 17e siècle
,
vise à devenir plus pompeuse et plus mo- la puissance et la grandeur de la reli-
numentale ; on pourrait dire, en quelque gion catholique; aussi ne craignons-nous
sorte, qu'elle est plus monarchique; enfin pas de le dire, les églises du 17e siè-
vers la fin du 17" siècle, les arts, momen- cle, quoique composées sous l'influence
tanément paralysés par les troubles inté- d'un goût déjà corrompu et d'après des
rieurs du royaume, semblent prêts à pren- principes qui ne pouvaient engendrer
dre un nouvel essor, et l'on peut déjà qu'une architecture bâtarde,ne laissent pas
pressentir les futures merveilles du siècle cependant que de présenter daus leur en-
de Louis XIV. semble un aspect noble et grandiose tout
Des églises au 17e siècle. — Dès le aussi susceptible d'exalter les sentiments
milieu du 17e siècle, on adopta pour les religieux que les plus belles églises gothi-
églises un style d'architecture uniforme. ques des siècles antérieurs.
Les artistes français avaient dès lors entiè-
§ 8. Règne de Louis XIV.
rement rompu avec les traditions du moyen
âge pour se mettre àla suitedes architectes Dès que Louis XIV eut pris les rênes
italiens. Les types déjà imités par Debrosse de l'Etat et put gouverner par lui-même,
dans la décoration du portail de Saint- une ère toute nouvelle commença à s'ouvrir
Gervais furent les modèles invariables des pour la France; Colbert fut le Mécène de
nouvelles églises qui s'élevèrent en France ; ce nouvel Auguste, à la gloire duquel des
l'église des Jésuites, rue Saint-Antoine illustrations de tout genre semblaientappe-
commencée en 1627 et terminée en 1641, , lées à concourir simultanément; les arts ne
fut bâtie d'après les dessins du père Fran- restèrent pas en arrière et l'architecture
çois Derrand et du frère Martel-Ange, jé- particulièrement fit de grands
,
efforts pour
suites; le portail, dont Richelieu avait l'ait répondre aux idées .de grandeur et de ma-
In dépensé, fut fait à l'imitation de celui gnificence du roi.
de l'église du Jéslls à Rome, et surtout de Versailles. —Louis XIV, voulant fixer
celui de Saint-Gervais à Paris le portail
,
sa résidence à Versailles, conçut de prime
de l'église- des Petits-Pères (1656), celui abord le projet de transformer le modeste
de Saint-Thomas-d'Aquin (1682), et plus rendez-vous de chasse de Louis XIII en
récemment celui de Saint-Roch (1736), ne un vaste et superbe palais qui n'eût point
furent que des reproductionsplus ou moins de rival dans le monde; les obstacles
modifiées de ce même genre de façade. qu'offrait une localité ingrate par elle-
Nous devons aussi appeler l'attention sur même ne le rebutèrent pas ; il y consacra
la façade de l'église Saint-Etienne-du- des sommes d'argent si considérables qu'il
Mont à Paris, dont Marguerite de Va- parvint, en peu de temps, à réaliser cette
lois première femme de Henri IV, posa immense entreprise : le château, com-
,
la première pierre en 1610; cette façade mencé par Levau, fut continué par Julés
est certainement préférable, sous bien des Hardouin Mansard en 1661, et les jardins
rapports, à plusieurs de celles que nous furent dessinés par Lenôtre. Louis XIV
ayons citées plus haut. voulut que le petit château de Louis XIII
Mais en même temps l'église de Saint- fût conservé au centre du nouveau. En
Pierre de Rome venait d'être terminée, et effet, on voit encore autour de la cour de
son dôme avait acquis une réputation uni- marbre les bâtiments en pierres et briques
verselle ; de toutes parts, en France comme qui en faisaient partie. Les travaux qui
en Italie,on chercha dèslors à introduire des furent exécutés pour conduire les eaux
dômes dansles églises ; et depuis le dô in e de dans le parc de Versailles dépassent tout
la petite église des Carmes, rue de Vaugi- ce qu'on peut imaginer; la distribution de
tard, qui date de 1613, on vit successive- ces eaux, faite avec beaucoup d'art, dans
ment élever à Paris les dômes des églises toutes les parties de ces vastes jardins,
de laSorbonne (1635), des Jésuites (1630), leur ont valu une grande renommée.
des Quntre-Nations (1662), de l'Assomp- Les lignes extérieures du château de
tion (1670), puis enfin ceux plus impor- Versailles, du côté du parc, ne sont pas
tants du 'Val-de-Grâce (1645) et des Inva- d'un heureux effet ; en cherchant la cor-
lides (1675). Ce fut ainsi que le dôme qui, rection, Mansard n'avait produit qu'une
au 6e siècle, apparaissait pour la première froide et monotone architecture entière-
fois, dans la basilique de Sainte-Sophie ment dépourvue de mouvement, et si l'on
de Constantinople, et qui, au moyen âge, est frappé, ce n'est que par la prodigieuse
avait été proscrit des églises d'occident, étendue des bâtiments. Il n'en est pas de
redevint alors le type caractéristique des mêiiie des intérieurs, là les décorations
églises catholiques, plus particulièrement atteignent au plus haut degré du luxe et
en Italie, en France et en Espagne. Ce de la magnificence, tout en satisfaisant,
fut une conquête-dont les architectes du sinon au goût le plus pur, au moins aux
17* sièle enrichirent l'architecture fran- conditions principales de l'art; ces déco-
çaise et dont il faut leur fairehonneur; car rations sont certainement le produit d'une
la forme d'une coupole est certainement imagination féconde, indépendante et
la plus propre à caractériser dignement hardie; comme décorations intérieures
d'un palais de souverain, il est difficile de les projets qui furent proposés, ce fut ce-
rien imaginer de plus pompeux et de plus lui d'un médecin, Claude Perrault, qui
noble ; la peinture et la sculpture ont riva- obtint la préférence ; toutefois Colbert et
lisé entre elles pour produire un grand le roi lui-même, ne trouvant pas que ce
effet, et les intérieurs du château de projet répondît aux idées de grandeur et
Versailles offrent des exemples rares de ce de magnificence qu'ils s'étaient faites
qu'on peut réaliser par le concours bien pour l'achèvement d'un palais comme le
entendu des différents arts. Dans cette Louvre, il fut résolu qu'on aurait recours
suite nombreuse de pièces qui compo- à un architecte étranger. Le Bernin avait
saient les grands appartements du roi et alors une réputation européenne; sollicité
de la reine, on voyait réunis des tableaux par une lettre autographe du roi de venir
des plus grands maîtres, des antiquités à Paris, il y consentit, non sans se faire
précieuses et des objets de curiosité de beaucoup valoir. On lui prodigua, pen-
toute espèce. Lebrun, Coypel, Audran, dant ce voyage, des égards et des hon-
de La Fosse, Lemoine, Philippe de Cham- neurs qui semblaientn'être réservés qu'aux
pagne, Jouvenet, etc., avaient exécuté souverains. Consulté par Louis XIV sur
les peintures des voûtes et des plafonds. l'achèvement du Louvre et sur la réunion
Parmi les innombrables statues qui déco- de ce palais à celui des Tuileries, il fit
raient le parc, plusieurs étaient dues à des projets, très-médiocres d'ailleurs,
Girardon Puget, Coysevox, etc. La cha- qui, après un commencement d'exécu-
pelle, qui, mérite d'être mentionnée à tion , furent abandonnés ; le Bernin repar -
part, fut seulement commencée en 1699 et tit pour Rome comblé d'honneurs et de
terminée en 1710. La salle de spectacle ne richesses. Claude Perrault parvint alors
fut bâtie que sous Louis XV. à faire adopter son projet, dont l'exécu-
-
Le Louvre sous Louis XIV. L'achè-
vement du Louvre fut une des grandes
tion fut immédiatementcommencée (1665).
Perrault, sous l'influence de cet entraîne-
préoccupations de Louis XIV ; cet achè- ment général qui reportait toutes les idées
vement présentait de grandes difficultés. vers l'antiquité, ne crut pouvoir mieux
Les premiers projets présentés par Levau faire que d'emprunter à l'architecture an-
n'ayant pas obtenu l'assentiment du roi, tique ses ordres les plus riches pour en
Colbert ouvrit une espèce de concours en- décorer le frontispice du plus beau palais
tre les plus célèbres architectes de tous de France. Certes on ne saurait refuser à

la colonnade du Louvre un certain carac- l'architecture française fut immense et


tère de grandeur et de noblesse, un aspect dure encore aujourd"hui même.
imposant qui frappe tout d'abord; mais il N'est-ce pas évidemment la colonnade
faut convenir cependant. que ces colonnes du Louvre qui a engendré les bâtiments
gigantesques sont tout à fait dispropor- de la place Louis XV, la place 'Vendôme,
tionnées avec l'architecture des autres la M-)nnaie, et plus récemnwnt la Bourse
parties de ce palais, et leur accouplement et la Madeleine! Depuis Louis XIV, l'a-
est incontestablement d'un mauvais effet ; mour des grandes colonnes exerça beau-
de plus, les formes et les dimensions de coup d'empire sur les architectes français
cette façade n'étant pas en rapport avec et les a entraînés à faire des édifices d'un
la nature de nos matériaux, on a dû re- caractère faux et hors de proportion avec
courir, pour l'appareil des architraves , à leur destination; il s'agissait avant tout
des moyens très - compliqués et contraires de faire ce qu'on appelait de la grande
aux principes d'une bonne construction; architecture, sans s'iuquiéter du caractère
l'interruption du plain-pied de la colon- particulier â imprimer à tel ou tel édifice
nade , occasionnée par la surélévation de en raison de l'usage auquel il devait être
la porte principale, est aussi un défaut consacré.
très-choquant qu'on ne saurait excuser. Si la colonnade du Louvre est réelle-
Malgré les justes et nombreuses critiques ment l'œuvre d'architecture la plus capi-
auxquelles a toujours donné lieu l'œuvre tale du siècle de Leuis XIV, en raison de
de Perrault, elle n'en fut pas moins con- l'infbence q(l'elle a exercée, non-seiile-
sidérée comme une merveille, et l'on peut ment en France, mais dans toute l'Eu-
ajouter que l'influence qu'elle exerça sur rope, il ell est d'autres qui, quoique moins
importantes on moins renommées, sont avaient été données par Cassini aussi
certainement tout aussi remarquables. qu'en est-il réstilté1 C'est que le corps de
Antres édifices de cette époque.- bâtiment principal de l'Observatoiren'est
L'hôtel des Invalides, œuvre de Libéral en quelque sorte qu'un édifice de repré-
sentation et que les seuls bâtiments con-
venables aux observations sont ceux plus
modestes, mais plus utiles, qui lui ont
été successivement annexés depuis. Le
bâtiment de l'Observatoire est planté sur
la méridienne de Paris. La constructionde
cet édifice offre cela de particulier qu'on
y a fait uniquement usage de la pierre à
l'exclusion du fer et du bois.
En 1673, le prévôt des marchands et les
échevins de la ville de Paris résolurent
d'élever un monument commémoratif
des rapides et brillantes conquêtes de
Louis XIV. Ce monument, connu sous le
nom de Porte-Saint-Denis, doit donc
être plutôt considéré comme un arc de
triomphe que comme une porte de ville :
cette dénomination de porte résultait
de sa situation à l'une des principales
entrées de la ville et sur les anciennes
limites. Ce fut François Blondel, archi-
tecte, maréchal des camps et armées du
roi, qui en donna les dessins; la manière
dont il traita ce monument triomphal
lui fit beaucoup d«honneur. L'ensemble
de la porte Saint-Denis est compris dans
un carré parfait; ainsi, la hauteur du
monument est égale à sa largeur. Les
Bruant, est un édifice complet dans son sculptures en sont très-belles, et le tout
ensemble et dans toutes ses parties ; la ne manque pas d'harmonie; mais, quel
disposition générale de ce vaste établis- que soit le mérite incontestable de ce mo-
sement, l'ordonnance de la cour, la cha- nument triomphal, combien n'est-il pas
pelle, etc.; assignent un rang très-distin- cependant inférieur à ces arcs de triomphe
gué à l'architecte qui l'a conçu. Le dôme qui s'élevaient sur les voies antiques et
ajouté par Jules-Hardouin Mansard se dont plusieurs existent encore en Italie
lie mal à la chapelle; mais, pris isolé- et en France ! La porte Saint-Martin, éga-
ment, c'est un monument de premier lement consacrée à la gloire de Louis XIV,
ordre. Cependant, comme dôme, celui est l'œuvre de Pierre Bullet, élève de
de l'église du Val-de-Grace nous paraît Blondel ; elle fut construite en 1674. Ce
bien supérieur sous plusieurs rapports. monument, moins grand et moins riche
Le couvent du Val-de-Grâce avait été que la Porte-Saint-Denis, tient davan-
fondé et construit par les libéralités
d'Anne d'Autriche en 1624. Louis XIV en-
core enfant posa la première pierre de
l'église le lcr avriL 1645 cette église, com-
mencée par François Mansard, fut conti-
nuée par Jacques Lemercier et terminée
par ri erre Lemuet et Gabriel Leduc. L'in-
térieur de la coupole a été peint par Mi-
gnard.
L'Observatoire royal, construit d'après
les dessins de Claude Perrault, fut com-
mencé en 1667 et terminé en 1672. Cet
édifice offre extérieurement un caractère
assez convenable à sa destination, mais
les différentes pièces intérieures ont tou-
jours été mal disposées pour l'usage au-
quel elles étaient destinées; la science tage du caractère des portes de ville; son
était encore peu avancée à l'époque où ensemble présente un aspect assez satis-
l'on constr-uisit cet édifice tout spécial, et faisant. Placés dans une situation plus
Perrault, d'ailleurs, eut le tort de ne pas avantageuse, ces deux monuments pro-
vouloir suivre les indications qui lui duiraient évidemment un tout autre effet.
Les autres constructions qui appartien- tion dela cascade de Saint-Cloud, une par-
nent au règne de Louis XIV sont telle- tie du château et plusieurs hôtels à Paris,
ment nombreuses qu'il ne nous serait pas parmi lesquels l'hôtel de Bcauvais, rue
possible de les examiner en détail ; nous Saint-Antoine. Jean Lepautre, son frère,
nous contenterons donc de les énumérer plus graveur qu'architecte,a laissé un grand
en raison de leur importance et de l'intérêt nombre de compositions gravées, trlles que
qu'elles présentent. cheminées, vases, plafonds, etc., dans les-
Pendant la durée de ce long règne, quelles on reconnaît une imagination ar-
l'intérieur de Paris reçut de notables dente et féconde ; ces deux artistes exercè-
améliorations : l'enceinte septentrionale rent une grande influence sur le style des
fut encore reculée, de nouveaux bou- décorations qui caractérisent le règne de
levards furent plantés, les rues et les Louis XIV. Desgodets et Marot se distin-
quais commencèrent à être régulière- guèrent aussi par la publication d'ouvrages
ment alignés, les différents quartiers qui sont encore fort estimés aujourd'hui.
furent pourvus de fontaines publiques, Le premierfutchargé parColbert de mesu-
la place Vendôme et la place des Victoires rer et graver les plus beaux édifices de Rome
complétèrent ces embellissement,,. Ces antique c'e dont il s'acquitta avec succès.
deux places, par leur heureuse disposi- Quant à, Marot, il publia deux ouvrages :
tion , l'ordonnance grandiose et monu- l'un, in-f°. de 196 planches, en 1700, et un
mentale de leur décoration, effacèrent en- autre, in-41, de 114 planches, en 1738. Ces
tièrement la place Royale et la place ouvrages avaient pour but de reproduire
Dauphine, qui avaient une grande renom- les principaux édifices de France élevés au
mée sous le règne précédent. De tous les 17esiècle et au commencementdu 18", ainsi
hôpitaux ouverts par la charité à la mi- queDucerceau l'avait fait pour ceux du 16'.
sère publique, l'hÔpital général, dit de la Ces ouvrages sont fort recherchés aujour-
Salpêtrière, fut le plus important et le d'hui; ils fournissentde précieux renseigne-
plus remarquable. On établit sur la Seine ments sur des édifices qui ont été détruits.
un nouveau pont de pierre pour commu- En résumé, de quelque point de vue
niquer des Tuileries au faubourg Saint- qu'on envisage l'architecture du siècle de
Germain. Gabriel et Mansard avaient Louis XIV, on sera forcé de reconnaître
donné les dessins de ce pont ( le pont qu'elle se distingue par un caractère in-
Royal ), dont la construction eut lieu sous contestable de grandeur et de magnifi-
la conduite de François Romain, de l'or- cence ; et de plus, il faut en convenir, par
dre de Saint-Dominique. une remarquable unité. En voyant les
Louis XIV fit achever le château des œuvres des architectes de cette époque,
Tuileries par Levau et Dorbay, qui ne se on acquiert la conviction qu'ils poursui-
firent pas scrupule de dénaturer l'œuvre vaient tous le même but et avaient les
de Philibert Delorme déjà très-compro- mêmes idées; disons plus, ces idées étaient
mise par leurs prédécesseurs; la rue qui communes aux peintres, aux sculpteurs
existait entre le palais et le jardin fut et aux poètes : l'architecture de Mansard,
supprimée, et le nouveau jardin fut des- de Lemercier, de Perrault, etc., était
siné par Lenôtre les Champs-Elysées parfaitement en harmonie avec la pein-
furent régulièrement plantés, en même ture de Lebrun, la sculpture de Coysevox
temps de grands et magnifiques hÔtels et de Puget, ainsi qu'avec toutes les pro-
s'élevèrent dans les quartiers les moins ductions littéraires du grand siècle; cette
peuplés de la ville, qui, par suite, se trouva harmonie est le fait dominant de ces
considérablement augmentée. La France époques puissantes où chacun ayant foi
enfin se couvrit alors de châteaux somp- dans son œuvre, reste persuadé que tout
tueux, élevés sous l'influence de celui de ce qui se fait est infiniment supérieur à
Versailles, et ne conservant conséquem- tout ce qui s'est fait précédemment. Or,
ment plus rien de la physionomie des an- ce n'est qu'à de telles conditions que l'art
ciens châteaux féodaux; dans le nombre peut étre indépendant et avoir une phy-
nous citerons les châteaux de Marly, de siono.iiie entière et, originale.
Trianon et de Saint-Cloud, ceux de Clagny,
§ 9. De Louis XV à la Restauration.
de Maisons, de Vaux-le-Vicomte, etc.
Artistes d'un ordre particulier.
Outre les architectes célèbres que nous
- A l'éclat du règne de Louis XIV, aux
pompes brillantes de la cour de Versailles,
avons eu occasion de citer à propos des succédèrent les honteuses débauches de
divers édifices élevés sous le règne de la régence; la corruption du goût devait
Louis XIV, nous ne saurions nous dispen- être la conséquence de la corruption des
ser de mentionner quelques artistes d'un mœurs, et si l'excès même des désordres
ordre à part qui se sont fait connaître par qui s'étaient introduits dans la société
des ouvrages de différents genres. servit à stimuler l'esprit des philos phes,
Antoine Lepautre s'était acquis une il ne pouvait en être de même des beaux-
grande renommée pour la décoration inté- arts, qui ne purent se soustraire à cette
rieure des édifices; on lui doit la composi- funeste influence. Il y eut cependant un
certain nombre d'artistes qui entreprirent son style, caractérise très-bien le goût de
de lutter contre ces tendances pernicieu- certains artistes de cette époque qui ne
ses, et le.principe de grandeur qui avait craignaient pas d'allier ensemble des re-
dominé avec exagération pendant le règne productions des ordres les plus purs de
de Louis XIV sauva l'architecture d'une l'antiquité et les détails les plus capricieux
décadence complète. du genre dominant auquel ils avaient
Les productions de la fougueuse imagi- peine à se soustraire.
nation du Bernin avaient engendré en Ita- C'est aussi du temps de Louis XV que
lie le Boromini, qui, plus qu'aucun autre, datent la plupart des hôtels du faubourg
fit prévaloir le goût des formes les plus Saint-Germain ; or, quel que soit le goût
contournées et les plus bizarres; Rome qui règne dans l'ornementation, tant inté-
conserve epcore de nombreux témoignages rieure qu'extérieure de ces différents hô-
de ce mauvais goût dunt l'influence de- tels , il faut proclamer que par leur dis-
vait malheureusement se faire sentir en position générale et la distribution de
France. leurs différentes parties ces hôtels offrent
Un architecte nommé Oppenord fut le sans contredit le plus beau modèle qu'on
Boromini français; il s'était acquis une puisse trouver d'une habitation noble,
grande réputation dans I*art de décorer somptueuse et agréable. L'hôtel du fau-
les intérieurs et avait réussi à mettre en bourg Saint-Germain, situé entre cour et
vogue le style le plus maniéré et le plus jardin, avec ses dépendances à droite et
capricieux qu'on puisse imaginer. Les à gauche de la cour principale, etc., est
Guarini,les Meissonnier et les Germain, un type tout à fait français qu'on peut
également amateurs du genre tourmenté nous envier, car il n'existe rien d'analogue
et bizarre, auraient, avec lui, replongé dans les autres pays de l'Europe. Et quant
l'architecture dans la barbarie sans les au mauvais goût dont on accuse les oeuvres
efforts de quelques artistes éclairés qui du Ise siècle, on peut le dire hardiment,
ne perdirent jamais de vue les vrais prin- rien en France ne saurait être comparé
cipes de l'art. Le style d'Oppenord avait aux extravagantes productions de ce genre
pq facilement -s'introduire dans les bou- qu'on voit en Italie, en Allemagne et en
doirs et dans les galons des hôtels nou- Espagne. Nulle part, qu'on le sache bien
vellement construits, mais il ne lui fut les véritables artistes n'ont lutté avec plus,
pas possible de s'imposer aussi aisément de persévérance et dé succès contre cette
dansées édifices publics. licence, à quelques égards séduisante,
Gabriel,qui exécuta successivementles qu'on voulait introduire dans les arts.
bâtiments de l'Ecole-Militaire, , ceux-de C'est en se rattachant toujours aux
la place Louis XV, la salle de spectacle grands principes de l'antiquité que l'archi-
de 'Versailles et le château de Compiègne, tecture française a évité ces écarts funestes
est un de ceux qui ont fait tous leurs ef- qu'on signale à la même époque dans les
forts pour conserver à l'architecture un édifices des autres pays et c'est sous l'in-
caractère de simplicité et de grandeur qui fluence de cette fidélité, , trop rigoureuse
contrastait sensiblement avec les écarts sans doute, aux préceptes de l'architecture
qu'on se permettait alors dans les construc- antique que s'élevèrent alors l'église de
tions particulières. Les bâtiments de la Sainte-Geneviève et le portail de Saint-
place Louis XV (1763), quoique visible- Sulpice.
ment inspirés par la colonnade du Louvre, L'église de Saint-Sulpice, commencée
lui sont, à quelques égards, supérieurs, d'abord en 1646, sur les dessins d'un ar-
et leur ensemble compose une décoration chitecte nommé Gamard, ayant été re-
grandiose et monumentale; le plan même connue d'une étendue insuffisante, fut
dela place était si bien conçu, qu'après presque entièrement recommencée d'après
avoir cherché vainement des combinaisons les projets de Levau, sur un plan plus
de toute espèce, on n'a pas pu mieux faire vaste. En 16^5, la construction fut con-
que d'y revenir. Les bâtiments de l'Ecole- tinuée après la mort de celui-ci par un
Militaire (1752 ) pourraient être l'objet nommé Daniel Gittard.Le manque d'ar-
d'une critique plus sévère; mais la salle gent obligea plusieurs fois d'interrompre
de spectacle de Versailles peut aller de les travaux. En 1718, l'architecte Oppe-
pair avec toutes les autres décorations du nord fut chargé de la continuation de ce
château exécutées sous Louis XIV. -On monument. Le style de l'architecture ap-
imaginerait difficilement une salle plus pliquée à l'intérieur de l'église de Saint-
noblement disposée., plus magnifique- Sulpice émane directement de celui de
ment décorée et plus digne'enfin du pa- Saint-Pierre de Rome qui servait alors de
lais dont elle fait partie. Dans la recon- patron à toutes les églises qui se construi-
struction du château de Compiègne, Ga- saient. Quant au portail, il fut .fondé en
briel fut gêné par la formé irrégulière du 1733 sur les destins de Servandoni, qui
terrain, mais il sut s'en tirer avec adresse. s'était acquis une grande renommée dans
La fontaine de la rue de Grenelle, ache- l'art de composer les décorations théâtra-
vée en 1739, est un monument qui, par les .et les travaux de fêtes. Ce portail,dont
'effet résulte principalement de sa gran- son péristyle surmonté d'un fronton a dil
denr, eut alors un très-grand succès dont évidemment être pris pour modèle par
on n'a pas lieu de s'étonner, car il est Soufflot lorsqu'il conçut le projet de cette
constant que, comparé aux façades en église. La disposition de la croix grecque
placage imitées du portail de Saint-Ger- qu'il avait adoptée était peu convenable
vais, le portail de Saint-Sulpice, outre pour les pratiques du culte ; mats peu lui
ses grandes dimensions, avait l'avantage importait : l'idée de son dÔme et de son
d'offrir des colonnades à jour et des por- portique paraît l'avoir préoccupé exclusi-
tiques d'une certaine profondeur. Ce mor- vement. Ainsi que nous l'avons déjà re-
ceau d'architecture nous paraît le plus marqué, depuis l'achèvement de Saint-
grand effort tenté dans la façade d'une Pierre, la forme du dôme paraissait con-
église en dehors des principes de l'art sacrée pour les églises d'une certaine im-
du moyen âge et en évitant en même portance , et Soufflot resta dans le même
temps toute similitude avec le temple ordre d'idées ; mais pris dans son ensemble,
païen. Mais néanmoins, quand on veut soit intérieurement, soit extérieurement,
analyser les éléments dont cette façade se le dôme de Sainte-Genevièveest certaine-
compose, on est amené à conclure que le ment d'une forme moins satisfaisante que
principe d'après lequel elle a été conçue celui des Invalides et surtout que celui du
est tout à fait faux, que l'emploi des co- Val-de-Grâce, et quant aux autres parties
lonnes et des intérieures
plates-bandes de l'église qui
ne saurait forment les
avec nos ma- quatre bras
tériaux être de la croix,
fait dans de elles man-
telles propor- quent d'u-
tions sans nité ; on y
obliger de re- remarqueure
courir à de variété de
mauvais voûtes et de
moyens de pénétrations
construction, dans tous les
que ces dou- sens : ce sont ,
bles colonnes si Pon veut,
les unes der- de curieux
rière les au- exemples
tres -ne sont d'appareils et
pas d'un heu- de coupe de
reux effet, pierre, mais
que cette ga- qui nuisent
lerie supé- incontesta-
rieurc est tout blemcnt à l'ef-
à fait sans fet général.
motif, et Le péristyle
qu'enfin il n'est pas plus
n'existe au- exempt de
cun rapport d«auts, et le
entre l'ordonnance de l'extérieur et celle système de sa construction, qui a nécessité
de l'intérieur du monument. de nombreuses armatures de fer, est des
Servandoni laissa cette façade inache- plus vicieux. Nous We-ntreprendroiis pas
vée ; la plus ancienne des deux tours-n'est de retracer ici toutes les discussions qui
même pas de lui, la seconde a été refaite s'élevèrent dans le temps au sujet du plus
par Chalgrin en 1777. ou moins de solidité des quatre piliers du
En 1757 la nouvelle église de Sainte-Ge- dôme, toujours est-il qu'on fut obligé de
neviève fut commencée sous la direction do les refaire en construction pleine pour plus
Soufflot; les opérations préliminaires pri- de sûreté.
rent plusieurs années , et ce ne fut qu'en Quelles que soient la justesse et la sévé-
1764 que Louis XV vint solennellement rité des critiques auxquelles on puisse sou-
en poser la première pierre. De tous tes mettre les églises de Saint-Salpice et de
édiflces modernes élevés en France, l'é- Sainte-Geneviève, il est à propos de con-
glise de Sainte-Geneviève est sans con- stater dans ces deux monuments cette re-
tredit celui dans lequel on s'est le plus cherche de style élevé et correct en oppo-
appliqué à imiter les productions de l'ar- sition avec toutes ces œuvres de mauvais
chitecture antique, en restant toutefois goût qui déshonoraient alors l'architec-
sous-l'influence de Saint-Pierre. Le Pan- ture française.
tfiéon de Rome avec sa voûte sphérique et L'hôtel des Monnaies, élevé en 1771 par
M. Antoine, est encore une preuve de ces bazar un édifice unique et sans rival dans
efforts constants que faisaient les archi- le monde. Or, quand on songe que c'est an
tectes d'un vrai mérite -pour maintenir même architecte qu'on doit le théâtre de
l'art dans les principe de l'antiquité ; ce
>
la Comédie-Française attenant aux bâti-
n'est pas à dire qu'on doive pour cela consi- ments du Palais-Royal, celui de l'ancien
dérer ces monuments comme des modèles, Opéra rue de Richelieu, et le célèbre Opéra
mais, eu égard au déréglement qui régnait de Bordeaux, il faut convenir que cet ar-
alors, il faut savoir gré aux artistes qui ne chitecte mérite d'occuper un rang très-
s'y sont pas laissé entraîner ; leurs inten- distingué parmi ses contemporains.
tions étaient bonnes, mais il faut convenir L'emploi du fer dans les constructions
qu'ils ne furent pas toujours à la hauteur d'une certaine importance n'est pas aussi *
de la tâche qu'ils s'étaient imposée. Le sys- récent qu'on est généralement disposé à le
terne trop exclusif d'imitation qu'ils avaient supposer. Ce fut M. Brébion, architecte du
faitprévaloir ne s'opposait-il pas d'ailleurs Louvre à cette époque (vers 1778), qui en
à la production d'un style original 1 fit une des premières applications dans la
Règne de Louis XVI. — Les écarts voûte et le comble du grand salon du
que nous avons signalés de la part de cer- musée. Quelques années plus tard,
tains architectes du règne de Louis XV M. Louis construisait en fer les voûtes,
eurent pour effet de produire bientôt une les planchers et le comble du Théâtre-
brusque réaction si l'on ajoute à cela Français (1789).
l'influence des encyclopédistes et cet esprit En 1784, on entreprit, dans un intérêt
de réforme générale qui commençait à tout fiscal de renfermer Paris dans un mur
poindre dans la société, on comprendra d'enceinte, et l'on éleva, à cette occasion,
que les arts aient aussi tenté de se régé- à chacune des entrées de là capitale, de
nérer et de suivre une nouvellevoie ; mais, nouvelles constructious d'un style uni-
.
sous le prétexte de réformer le mauvais forme mais toutes variées dans leur dis-
goût, on appauvrit le style de l'architec- ,
position. M. Ledoux, architecte, qui fut
ture , et l'on créa des œuvres inférieures, seul chargé de toutes ces constructions,
pour la plupart, à celles qu'on se hâtait avait voulu leur imprimer un cachet d'ori-
de répudier. Les édifices commencés sous ginalité; mais il n'était réellement par-
le règne précédent furent continués et venu qu'à créer un style bizarre et parfois
achevés sous celui-ci; mais de plus, on en même ridicule. Il ne faut donc voir dans
créa successivement de nouveaux, parmi cette architecture des barrières qu'un goût
lesquels nous citerons le collége de France, individuel et qui est heureusement resté
par Chalgrin (1774) ; lEcole de Médecine, sans imitateur.
Un grand nombre d'habitations parti-
culières furent bâties à cette époque, sur-
tout dans la Chaussée-d'Amin; elles por-
tent un caractère particulier qui les rend
facilement reconnaissables parmi les con-
structions plus modernes dont elles sont
maintenant environnées; moins grande-
ment conçues et moins monumentalement
dont Louis XVI posa la première pierre traitées que les habitations du règne de
dans la même annÉe par Gondoin ; le Louis XV, ces constructions sont genéra-
Théâtre-Français depuis l'Odéon, com- lement mesquines et se distinguent par.
mencé en 1779 et, terminé en 1782 par l'affectation de certains détails fort en
Peyre et Dewailly. vogue alors et par une extrême maigreur
M. Louis éleva à cette époque quatre dans leurs profils.
édifices dont un seul suffirait pour faire La récente découverte des temples grecs
la réputation d'un architecte. Ce furent de Pestum dans le royaume de NapleS
d'abord les maisons et les galeries du Pa- exerça momentanément une grande in-
lais-Royal, qui furent bâties au pourtour fiuence sur l'architecture. On vit alors les
du jardin dans un but de spéculation architectes saisis d'un véritable engoue-
(4781). 11 est certainement difficile d'i- ment pour les ordres de ces temples, cela
maginer un ensemble de constructions devint une mode et l'on appliqua indis-
mieux entendu pour satisfaire aux don- tinctement ce genre , de colonnes
nées du programme proposé; quelques ob- grecques
à des édifices tous différents d'usage et
servations critiques que puisse motiver, de destination. MM. Legrand et Molinos
sous certains rapports, le style de l'archi- furent les derniers partisans de ce stylt,-
tecture du Palais-Royal, il est constant grec dont ils firent de malheureuses appli -
que la grande unité qui règne dans ces cations. Ce furent ces deux architectes
vastes bâtiments, l'heureuse disposition qui, en 1789, construisirent la salle dit
du plan, l'habileté avec laquelle de nom- théâtre Feydeau dans un terrain très-
breux et commodes dégagements ont été irrégulier. Ce théâtre, qui avait été traité
ménagés, feront toujours de cet immense avec une certaine recherche, fut démok
Carrousel, froide imitation de l'arc de un exemple peu satisfaisant; cette longue
Constantin de Rome, fort peu approprié étendue de façades semblables ne saurait
par ses dimensions, à la place où iL fut être mieux comparée qu'à une ligne de
érigé; dela colonne d'Austerlitz, repro- soldats rangés en bataille.
duction à peu près exacte de la colonne On doit aussi à l'empire la construction
Trajane, chef-d'œuvre d'Apollodore, si ce de la Halle-aux-Vins, celle des Abattoirs
n'est que le monument de marbre fut tra- et de plusieurs marchés; le genre d'archi-
duit en bronze. Le péristyle du Corps lé- tecture adopté pour ces édifices d'utilité
gislatif et le temple de la Gloire, devenu publique nous paraît bien approprié à leur
la Madeleine, ne furent également que la destination, et l'on peut en conclure qu'il
reproduction des temples de l'antiquité suffit d'être vrai et naturel pour faire
paterne ; enfin le grand édifice qui avait bien. La coupole en bois qu'on avait
été commencé, sur le quai d'Orsay, pour construite au-dessus de la cour de la Halle
le ministère des affaires étrangères, fut au blé ayant été consumée par un incendie
conçu d'après l'ordonnance des théâtres en octobre 1802, Bellanger, architecte, la
ou des amphithéâtres romains. refit en fer en 1811, telle qu'on la voit
On professait aiors le plus profond mé- aujourd'hui. Il est assez curieux que par
pris pour l'architecture du moyen âge et l'effet du lvasard cette coupole ait exacte-
de la renaissance; quand il s'agissait d'un ment les dimensions de celle du Panthéon
nouvel édifice, il fallait absolument, pour de Rome , et fasse de même que celle-ci
en déterminer le style, lui trouver un partie d'une sphère tangente à la surface
point d'analogie dans un monument de du sol.
l'antiquité romaine. Cette fausse direction Les décorations intérieures, la compo-
dominait dans les écoles publiques : au sition des meubles, des bronzes et des
lieu de ce principe si juste et si vrai qui pièces d'orfévrerie, etc., tout, sous l'em-
vent qu'en architecture la forme soit dé- pire, se faisait dans un esprit d'imitation
terminée par le besoin et par le mode de antique ; il en résultait qti'on n'hésitait
constiuction, on était arrivé à en faire pa-; à adopter pour les meubles destinés
prévaloir un autre tout opposé et entière- aux usages les plus vulgaires la forme de
ment contraire à la raison ; il consistait à trépieds ou d'autels empruntés aux Grecs
et aux Romains. Par horreur des lignes
contournées et des formes capricieuses, si
fort en vogue avant la révolution, on ne
voulut plus admettre que les lignes droites
et les formes anguleuses ; à la profusion
des ornements et des sculptures en relief
et richement dorés, on substitua une
simplicité souvent exagérée qui, dans
l'intérieur des appartements, produisait
une grande froideur et s'opposait à toute
magnificence, tant il est difficile de réfor-
mer sans passer d'un excès à un autre.
La Restauration et le gouverne-
ment de Ju!Uet. — Mais on devait
promptement se lasser de ce style sec
et froid qui ne répondait pas aux exi-
gences du luxe et ne se prêtait pas à
ce besoin de bien-être qui avait été en-
gendré par la paix. La restauration fut
une occasion dont on profita pour pro-
tester faiblement d'abord, mais ensuite
plus résolument et plus universellement;
l'architecture des édifices publics de cette
période ne diffère pas essentiellement de
celle de l'empire : elle se trouve caractérisée
par le monument expiatoire de Louis XVI,
par l'église de Notre-Dame-de-Lorette, la
nouvelle salle de la chambre des députés
et l'achèvement de la Madeleine.
Ce fut alors que le besoin de change-
une certaine influencesur les constructions ment et l'abandon du style de l'empir-e
de cette époque; c'est peut-être à ces causes amenèrent ce retour aux vieux ameuble-
qu'il faut attribuer ce goût si prononcé ments richement sculptés dont l'aspect
pour les grandes places, pour les façades flatte agréablement la vue. Mais ce goût,
bien alignées, et enfin pour cette régularité pour les productions du passé, s'il devait
et cette symétrie dont la rue de Rivoli est durer, serait à la fois le signe et la cause
d'une véritable impuissance. Tels sont cette situation, et il ne nous appartient
donc les écueils que l'art moderne doit pas de préjuger à laquelle de ces écoles
chercher à éviter, savoir le mépris ou le l'avenir doit appartenir, seulement nous
trop grand engouement pour l'art du passé. croyons devoir nous élever contre le sin-
La révolution de juillet, en assurant le gulier abus que l'on fait de ces mots :
triomphe de la liberté, a pu momenta- notre art national, notre architecture na-
nément réagir sur les arts et sur l'archi- tionale, et contre la fausse interprétation
tecture en particulier, de là cette espèce qu'on en fait trop souvent. L'architecture
d'anarchie résultat de l'éclectisme procla- d'un pays se transforme comme sa civili-
mé à cette époque ; mais en même temps sation, ses mcetirs, ses idées et ses be-
aussi cette studieuse avidité avec laquelle soins. Ainsi donc, l'architecture des mo-
on s'est mis à interroger les monuments numents de tout genre élevés en France
de notre pays, la plupart méconnus ou n'était ni plus ni moins nationale au
incompris par l'école de l'empire; espé- moyen âge qu'à la renaissance, que sous
rons que de cette étude bien dirigée il ré- Louis XIII, Louis XIV ou Louis XV.
sultera une intelligence véritable de nos Nous terminerons par la citation d'un
besoins, de nos goûts et de notre carac- passage emprunté à M. HippolyteFortoul
tère français; mais que sous prétexte de (de l'art en Allemagne) qui résume en peu
refaire notre art national, on ne commet- de mots l'idée qu'il faut attacher -à l'ar-
tra pas l'erreur de copier et de reproduire chitecture : « Autant de fois vous verrez
littéralement les productions d'un autre l'architecture changer ses formes autant
âge créées dans un autre ordre d'idées et de fois vous pourrez dire que la civilisa-
pour des besoins tout différents des nôtres. tion sera renouvelée ; et si vous assistez
Dans le même espace de quinze années, à une époque où les constructions man-
le gouvernement de juillet'a fait élever quent d'originalité, dites aussi sans crainle
beaucoup plus d'édifices que la restaura- que ses idées n'en ont aucune ; les monu-
tion. Sans parler de ceux qui étaient restés ments sont la véritable écriture des peu-
inachevés, et qui ont été,terminés nous ples. M
citerons dans ce nombre l'Ecole des beaux-
,
§ 10. Bibliographie.
arts, la colonne de Juillet, l'édifice du
quai d'Orsay, la chambre des pairs, Époque gauloise. — Dom Martin,
l'hôtel-de-ville, l'église Saint - Vincent- La Religion des Gaulois. Paris, 1727. —
de-Paul, l'hospice de Charenton, etc. Histoire des Gaules et des conquêtes des
Les architectes aujourd'hui peuvent se Gaulois. Paris, 1752-1754. — Éclaircis-
diviser en trois écoles : l'une, qui a ses re- sements hist. sur les origines celtiques, etc.
présentants dans la générationde l'empire, Paris, 1744. — Explication de divers mo-
est restée fidèle aux principes dits classi- numents singuliers qui ont rapport à la
ques , elle lutte et proteste sans relâche religion des peuples les plus anciens. Pa-
contre toute espèce de tentative nouvelle. ris, 1739. — Pelloutier, Histoire des Cel-
La seconde, plus large dans ses doc- les, et particulièrement des Gaulois et des
trines, moins exclusive dans ses admira- Germains. Paris, 1770-71. — La Sauva-
tions, veut, tout en s'appuyant sur les gère, Recueil d'antiquités dons les Gaules,
grands principes de l'antiquité, tenir 1710.- Laureau, Histoire de France avant '
compte de tout ce que le moyen âge et la Clovis; nouv. édit. Paris, 1789. — De
renaissance nous ont transmis de beau Cambry, Monuments celtiques (il y a une
soit en Italie, soit en France, et en tirer, nouvelle édit. de ce livre par Em. Sou-
d'utiles et féconds enseignementspour ar- vestre). Paris, 1805. — Berlier, Histoire
river à la création d'un style approprié à de la Gaule sous la domination romaine.
nos besoins, à nos matériaux et à notre Bruxelles, 1822. — Monuments anciens et
climat. modernes publiés par Jules Gailhabaud,
La troisième, plus jeune et plus ar- notices de, M. Ernest Breton, «n 1843,
dente, qui est née d'hier à la suite et par 44 et 45. — Amédée Thierry, Histoire
l'inlluence d'une certaine école littéraire, des Gaulois. Paris. — Mahé, Essai sur
est très-entière dans ses principes; ils les antiquilés du Morbihan. — Bareil-
peuvent, d'après son propre langage, se Ion, Recherches sur plusieurs monu-
résumer ainsi : l'architecture du moyen ments celtiques et romains, 1806. — De
âge est notre architecture nationale ; c'est Jouffroy et E. Breton, Introduction à
l'architecture ogivale du 13e siècle, qui l'histoire de France. Paris, 1838. — Gri-
représente l'apogée de l'art en France, et vaud de La Vincelle, Recueil de monu-
qu'il faut étudier et prendre pour modèle ments antiques de la Gaule, 1817. — De
de notre architecture moderne, à l'exclu- Penhouet, Recherches historiques sur la
sion de toute autre ; par la raison que pour Bretagne, d'après ses monuments. — Re-
tant faire que d'imiter, disent ses adeptes, cherches sur les pierres de Carnac — De
il vaut mieux ne remonter qu'à six siècles Freminville, Antiquités du Finistère,
plutôt qu'à dix-huit. 1828. — Antiquités du Morbihan, 1822.
Nous devons nous contenter d'exposer — Antiquités des Côtes-dur-Word, 1832.—
Mahé, Essai sur les antiquités du Mor- Essai sur l'architecture religieuse du
bihan. Vannes, 1826. — De Penhouet, moyen âge, particulIèrement en France,
Archéologie armoricaine. Rennes 1826. 1839, publié par la Société de l'histoire de
Essai sur les monuments armoricnins. ,
France. — A. Allier, Michel et L. Batis-
Nantes, 1805. — Mémoires de l'académie sier, L'ancien Bourbonnais. Moulins,
celtique , aujourd'hui la Société des anti- 1833-37. — Vitet, Histoire des anciennes
-
quaires de France. Germet, Histoire de
Vienne durant l'époque gauloise. Vienne ,
villes de France. Dieppe, Paris 1833. —
Revue des Deux-illondes. Paris, 1844.-
1829. — Duteuil. Notice archéologique Moret, Moyen âge pilloresque, texte des-
surr le dolmen de Monlguyon. criptif et historique. Paris, 1837. — J.
Époque gallo - romaine. — César, Oudin, curé deBourron, Manuel d'archéo-
Commentaires. — Montfaucon, Diarium logie religieuse, civile et militaire. -Cros-
-ilaJicum. Paris, 1702. — Antiquités ex- nier, chanoine de Nevers, Eléments d'ar-
pliquées isupplém.).-Millin, Monuments chéologie à l'usage des séminaires. — Da-
antiques inédits, 1802-1806, 2 vol. — His- niel Ramée, Moyen âge archéologique et
toire des beaux-arts. — Clérisseau, Anti- monumental texte). Paris, 1840. — Raoul-
quités de Nîmes. - Grangent et Durand,
Monuments de Nîmes, 1819. — Ménard,
Rochette, Discours sur les types primitifs
de l'art chrétien. Paris 1834. — Bour-
Histoire de Nîmes. — Rey, Monuments rassée, Archéologie chrétienne. Tours ,
anciens et gothiques de Vienne en France, 1842. — Chapuy et Jolimont, Histoire
texte de Velly. Paris, 1820. — Frary, des cathédrales de France. — Miller,
Monuments de l'ancien Comtat venaissin, Nouvelle description de la cathédrale de
— Jollois, Antiquités du grand cimetière Strasbourg. — La Sauvagère, Recherches
d'Orléans. —• Mémoire sur les antiquités historiques et critiques sur la Touraine ,
du Loiret. Paris, 1832. —La Sauvagère, le Poitou et le Maine, 1786. — Thiollet,
Antiquités de Saintes. — Ern. Breton,
Antiquités d'Autun. — Chorier, Anti-
Antiquités et monuments du Poitou.
Al. Noël, Souvenirs pittoresques du Poi-
-
quités de Vienne, .1650 ; nouvelle édition, tou et de l'Anjou. Paris, 1828. — Mallay,
par Cochard. Lyon, 1828. — Spon, Re- Eglises romanes et romano-byzantines du
cherches des antiquités de Lyon. Lyon, département du Puy-de-Dôme. Moulins ,
1695. — Colonia, Antiquités de la ville de 1838. — D. Branche et E. Thibaud,
Lyon. Lyon, 1701. — A. Fluchon, Mé- L'Auvergne au moyen âge. Clermont-
moire sur trois anciens aqueducs de Lyon. Ferrand, 1842. — A. Michel, L'ancienne
Lyon, 1842. — Lamy, Description de deux Auvergne et le Velay. Moulins , 1842. —
monuments anciens près la ville de Saint- Romelot, Description historique de l'église
Remy, 1737. — Grangent et Durand, métropolitaine de Bourges. — Tarbé,
Description des monuments antiques du Recherches historiques sur la ville de Sens
-
midi de la France. Paris, 1819. — Seguin,
Antiquités d'Arles, 1687. Estramgin,
L'Amphit,héâtre romain d'Arles. Mar-
et ses environs. — Tripon , Histoire mo--
numentale de l'ancienne province dit
Limousin. — De Cambry, Voyage du
seille 1837. — Études archéologiques, Finisth-e, 1795. — Description du dépar-
1838. -
,
historiques et artistiques sur A7'les. Aix,
Fortia d'Urban, Antiquités et
tement de l'Oise. -- Richet, Le Mans
ancien et moderne. Tarbé, Les sépul-
monuments du département de Vaucluse, tures de saint Remi à Reims. — Trésor
-
1808. — Caristie, Notice sur l'arc et le
théâtre d'Orange et d'Arles, Paris 1839.
des églises de Reims. — Flodoart, His-
toire de l'église métropolitaine deReims.
— Le Beuf, Dissertation sur
,
l'état des — Mario, Metrop. Rem. hist ia, 1666.
anciens habitants du Soissonnais avant la —" Arnaut, Description monumentale du
conquête des Gaules par les Francs, Pa- département de l'Aube. — Gilbert', Des-
ris, 1736. — Dissertation sur l'état civil cription historique de l'église Notre-Dame
etecclés. de Paris 1739. — De Caylus de Reims. Reims, 1825. — Gérusez, Des-
Recueil d'antiquités.,
Paris, 1752 et 1766., cription historique et statistique de la
Moyen Age. — Dom Bernard de Mont- ville de Reims:-Reims, 1817. — Duplessis,
faucon Les monuments de la monarchie Histoire de la ville et des seigneurs de
française., Paris, 1729-1733. — Millin, Coucy, 1728. — Histoire de l'église de
Monuments français. Paris, 1790-1798. Meaux, 1730. — Champollion, Antiquités
de la France, Paris, 1807.1811. Cha- -
— Voyage dans les départements du midi
puy, Cathédralesfi-ançaises. Paris, 1823-
de la ville de Grenoble. Grenoble, 1807.
— Doublet, Histoire de l'abbaye de Saint-
Denis. — Rouillard, Histoire de Saint-
- 1831. -De Caumont, Bulletin monumen- Germain-des-Prés. Paris 1724. — Gil-
tal , 1834. — Essai sur l'architecture reli- ,
bert. Description de la basilique métropol.
gieuse au moyen âge. Caen, 1825. — de Notre-Dame de Paris, 1811. — Des-
Prosper Mérimée, Notes d'un voyage dans
-
le midi de la France, 1835. Notes d'un
voyage dans l'ouest. Paris, 1836. — Notes
cription historique de l'église royale de
Saint-Denis. Paris, 1815. — Félibie.n et
Lobineau, Histoire de l'abbaye royalé dé
d'un voyage en Auvergne. Paris, 1838. — Saint-Denis.—Calmet,HistoiredelaLor-
raine. Nancy, 1745.—Bégin, Histoire de la Charles Pensée, Recueil des anciens mfi-
cathédrale de Metz. Metz, 1842. — Pom-
meraye, Histoire de l'abbaye royale de
Saint-Ouen. Rouen 1662. — Histoire de
l'église cathédrale de,
-
numents civils et religieux de la ville d'Or-
léans. Vergnault Romagnesi, Album
du département du Loiret. — Histoire de
Rouen. — De La la ville d'Orléans 1830. — Chabouillet,
Rue, Essai historique sur la ville de Caen Notice historique ,sur le château de Clte-
et son al"Tondissement. — L.-T. Jolimont,
Monuments de la Normandie. Paris,
-
nonceau. Paris, 1834. Deville, Tom-
beaux de la cathédrale de Rouen. La
1820. — Gilbert, Description historique Querrière Description historique— des
île l'église cathédrale de Notre-Dame de Maisons de Rouen. — De La Saussaye,
Rouen. Rouen , 1816. — Description his- Eglises, châteaux et hôtels du Blaisois :
torique de l'église Saint-Ouen de Rouen. ] °. château de Chambord; 2° château de
Rouen, 1816. — Langlois et de Lapierre, Blois, 1840. — A. Lenoir, Rapport sur
Description historique des monuments de le Périé, château d'Anet, 1800. —
Rouen, 1821. — Jolimont, Description Merle et Perie, Château de Chambord.
historique et critique des monuments civils — Imbard, Tombeaux de François Irr et
el religieux du Calvados. Paris, 1825. — de Louis XII. — G. Jobard, Voyage pit-
Deville; Essai historique sur l'église et toresque en Bourgogne. — Vauzellc, Mo-
l'abbaye de Saint-Georges de Bocherville. numents de la France. — Stanislas Bel-
Rouen, 1827. — Hyac. Langlois, Essai langer, La Touraine ancienne et moderne.
historique et description de l'abbaye de —
Caliet, Notice sur quelques architectes
Saint-Vandrille. Paris, 1817. -Deshays, du 16e siècle.
Histoire de l'abb(t?je royale de Jumiéges. Ouvrages généraux. — AIL-xand-rede
Rouen, 1829.—Gilbert, Description his- La Borde, Les monuments de la France.
torique de l'église cathédrale de Chartres. Paris, 1816. — Louis Batissier, Éléments
Chartres, 1824. — Dusseyel, Description d'archéologie nationale. Paris, 1843. —
historique du département de la Somme. De Caumont, Cours d'antiquités monu-
ville d'Amiens, 1832. —
e- Histoire de lacathédrale mentales , 6 vol. Paris, 1821 et années
Notice sur la d'Amiens. — suivantes. — Alexandre Lenoir, Musée
Rivoire, Description de l'église cathédrale des monuments français. Paris, 1800 à
d'Amiens, 1806. — Gilbert, Description 1822. Seroux d'Agincourt, Histoire
historique de la cathédrale d'Amiens. — de l'art par les monuments. Paria. —
Louvet, Histoire de la ville et cité de Willemin, Monuments français inédits.
Beauvais et antiquités du Beauvoisis, Paris, 1806.— Ch. Nodier, J. Taylor et
1614. — Gilbert, Description historique A. Cailleux, Voyages pittoresques et ro-
de la cathédrale Saint-Pierrede Beauvais,
-
1829. Em. Voiliez, Description de la
cathédrale de Beauvais. Paris, 1838. —
mantiques dans l'ancienne France, 1820.
— A. Hugo, France historique et monu-
mentale. Paris, 1836. —Dulaure, Descrip-
Estrangin Description de l'église mél7.o- tion des principaux lieux de Fraitce.
politaine , d'Arles. •— Instructions du Paris, 1788. —Daniel Ramée, Manuel de
comité historique des monuments , de l'histoire générale de l'architecture chez
1834 à 1845. — Lenoir, Monuments des tous les peuples. Paris, 1843. — Dussom-
arts libéraux. — Martin et Cahier, Vi- merard, Les arts au moyen âge. Paris,
traux de la cathédrale de Bourges. — 1838.— Félibien et Lobineau, Histoire de
Bourgeois, Vues de France. — Didron , Paris. Paris , 1725. — Sauvai, Histoire
Annales archéologiques. — Lassus et et recherches des antiquités de la ville de
Didron, Monographie de la cathédrale de Paris. Paris, 1779. — Dulaure, Histoire
Chartres. — Allom et Delille, La France physique, civile et morale de Pa?-is. Pa-
au XIXe siècle. — Arnaud, Voyage ar- ris , 1825. — Le Beuf, Histoire de la vil7
.
chéologique dans le diocèse de. Troyes.-
Léon de La Picotière et Poulet Malassis,
-
et du diocèse de Paris, 1754. Jules G
habaud Bibliothèque archéologiqv
Le département de l'Orne archéologique Daly, Revue de l'architecture et des
et pittoresque. — Adolphe Berty, Diction- vaux publics. — Magasin pittoresque u
naire de l'architecture du moyen âge. 1839 à 1845. ( Études d'architecture en
Renaissance. — Philibert Delorme, France.) L. Batissier, Histoire de l'art
(l'architecture de), 1567. — Jacques An- monumental, Paris, 1844.— Laudon, Des-
drouet-Ducerceau, Les plus excellents bâ- cription de Pa-ris. — Brice, Description
timents de France. — Baltard. Paris et ses de Paris et de ses édifices. — TurFin de
monuments.-Marot, Recueil de plusieurs
châteaux, églises, hôtels, etc., œuvres d'ar-
-
Crissé, Le vieux Paris. Pollet et Roux,
Monuments d'architecture gothique ro-
chitecture(ditlegrandMarot]1700.—Israël
Silvestre, Vues diverses. — Perelle, idem.
—Rigaud, Châteaux de France. — Blan-
cheton, Vues des principaux châteaux de
France. — Castellan, Fontainebleau. —

Vous aimerez peut-être aussi