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INSCRIPTIONS OSQUES ORNÉES D'IMAGES DE MONNAIES

Author(s): Robert Mowat


Source: Revue Archéologique, Troisième Série, T. 9 (JANVIER-JUIN 1887), pp. 273-285
Published by: Presses Universitaires de France
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41728522
Accessed: 03-04-2023 21:00 UTC

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INSCRIPTIONS OSQUES
ORNÉES D'IMAGES DE MONNAIES

L'attention des savants qui s'occupent des antiquit


s'est portée sur un groupe remarquable de petites stèle
cuite provenant des environs de Capoue1. On en con
lement huit, découvertes pour la plupart dans la pr
turelli, aile Curti, probablement sur l'emplacement
sanctuaire. Ce sont des blocs quadrangulaires, arro
extrémité, presque tous brisés à l'extrémité opposée
nous soit parvenu dans un état apparent d'intégrité
long sur 0m,14 de large; les dimensions des autres
pas s'en écarter beaucoup.
Chaque stèle porte une inscription en caractères o
fondément incisés, se lisant de droite à gauche, tantôt
tantôt sur trois lignes ; quelquefois l'inscription est
la face postérieure avec de légères variantes dans l'o
des mots ou dans la coupe des lignes. Ce qui augmen
de cette curieuse série archéologique, ce sont les o
moulés en relief vers l'en-tête des lignes, dans la p
die. On y reconnaît des figures de divinités vues d
exemple, Apollon radié, Minerve casquée, Junon. La
rieure offre la représentation d'un sanglier courant
peut-être une laie ou une truie, car les pis sont asse
sables ; l'image de cet animal ne se rencontre pas m
fois. Par une singularité inexpliquée, toutes les figu
nités ou d'animaux sont disposées de telle sorte que

1. Zvétaieff, Sylloge inscriplionum oscarum, Pétersbourg et L


n" 32-39, et pl. VI de l'atlas in-folio. - Idem, Inscrvptimies Ita
dialecticae, Moscou et Leipzig, 1886, nos 110-119.

111" SÉUIE, T IX. 18

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voir suivant leur aplomb naturel, il faut dresser la st


calement ; mais alors il en résulte que la lecture des ligne
de haut en bas.
La stèle dont je m'occupe en premier lieu (Pl. X) ap
au Musée Britannique1, où j'ai eu l'occasion de l'exam
porte l'inscription :

En avant de ces mots, formant tête de lignes, on voit d


nements en relief; l'un consiste en un quadrilatère de 0
0m,l 1 , au milieu duquel est figuré une laie courant à
l'autre est un médaillon circulaire montrant la tête de Minerve
aux longs cheveux épars2 s'échappant de dessous le casque à
trois aigrettes, ipiXoçia, dont elle est coiffée; ce médaillon, de
0m,8 1/2 de diamètre, est cerclé d'une bordure large de 0m,012 et
njunie de deux oreillettes percées d'un trou qui paraît indiquer
un mode de suspension.
L'aspect de ces figures est tellement caractéristique qu'il m'a
i mmédiatement rappelé les types remarquables de deux anciennes
monnaies italiques. Le quadrilatère orné du sanglier est la fidèle
image d'un de ces lingots de bronze que les numismates re-
gardent comme des spécimens de l'antique quincussis , ou pièce
de cinq as ; celui dont il s'agit 3 montre, au revers, un éléphant,
type commémoratif de la capture des éléphants de Pyrrhus à la

1. British Museum; a Guide to the second vase room in the department of greek
and roman antiquities^ part. II, p. 92, n. 12 (vitrine M); in-12, Londres, 1878.
- Cfr. Ar. Fabretti , Corpus inscriptionum italicarum, Ier sappl., p. 88, n. 496.
2. Le duc de Luynes a publié, dans un mémoire intitulé Études numisma-
tiques sur quelques types relatifs au culte d'Hécate, in-4, 1835, de très inté-
ressantes recherches sur une catégorie de divinités vues de face, aux cheveux
épars, Minerve, Junon, Cérès, Proserpine, Aréthuse, Pluton.
3. Daremberg et Saglio, 1 Dictionnaire des antiquités grecques et romaines ,
art. As, fig. 548. - Cf. Garrucci, Le monete d'Italia , pl. XXII, n. 2. - A cata-
logue of greek coins in the British Museum ; Italy, 1873 p. 62-63.

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bataille de Bénévent, en l'an 275 av. J.-C. Tite-Live nous ap-


prend que ces animaux étaient jusqu'alors complètement incon-
nus aux Romains : elephantoram maxime inusitata facie -territis
militibiis ( Epit.y XIII).
Quant au médaillon orné de la tête de Minerve, je n'hésite
pas à y reconnaître le type d'un as librai 1 dont le revers porte
l'image d'un bœuf avec l'inscription ROMA en exergue. Le type
de Minerve, vue de face, coiffée du casque à triple aigrette, ap-
paraît sur des monnaies de Tárente en Calabre, d'Héraclée, de
Laus, de Métaponte et de Yélia en Lucanie 2; toutes ces villes de
l'Italie méridionale semblent l'avoir emprunté au monnayage
ďAudoléon, roi de Péonie 3, lequel donna sa fille en mariage à
Pyrrhus en l'an 295 avant l'ère chrétienne '
Il y a donc là un argument très considérable en faveur de la
contemporanéité de l'as librai et du lingot quadrilatère figurés
sur la stèle campanienne. Par une coïncidence fort heureuse, il
se trouve que le médaillier du British Museum possède précisé-
ment des exemplaires de ces rarissimes monnaies italiques.
L'obligeant conservateur, M. Barclay Head, a bien voulu, sur
ma prière, les apporter auprès de la stèle pour m'en faciliter la
confrontation. J'ai reconnu de part et d'autre une similitude
complète, qu'il est, du reste, aisé de vérifier sur les moulages en
plâtre que, depuis lors, j'ai reçu de son non moins obligeant
collègue, M. Murray '
Deux conséquences fort importantes découlent des remarques
précédentes.
Le lingot au type du sanglier et l'as librai au type de Minerve

1. Babelon, Descr. hist, et ehronol. desmonum. de laRép . rom., I, p. 16, 17,


fac-similés. - Cf. Garrucci, Le monete d'Italia , pl. XXXII, n. 4 et 5. 11 s'en
trouve des exemplaires au Cabinet de France.
2. Mionnet, Descr . des mod. ant.y I, p. 154, 158, 159, 177; Suppl . I, p. 292,
297, 30 1.
3. Barclay V. Head, Catalogue of greek coins in the British Museum. Mac *
donia , p. 4.
4. Plutarque, Pyrrh 9.
5. Ces moulages ont été soumis à l'examen de l'Académie des Inscriptions
pendant la lecture du présent mémoire, dans la séance du 18 mars 1887.

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276 REVUE ARCHÉOLOGIQUE

de face, que l'on était parvenu à classer chronologique


assez de précision à l'époque de la guerre de Pyrrhu
restés jusqu'à présent dans l'indétermination, quant à
tion géographique.
Les images associées de ces monnaies sur la stèle
nienne prouvent qu'elles ont été fabriquées dans l'at
Capoue, au moment de l'occupation romaine.
A leur tour, ces monnaies fournissent le moyen de dat
cription osque qui accompagne leurs images; cette inscri
subséquemment toutes celles des stèles du même groupe
être rapportées très approximativement à l'an 275 avant
Par extension, la même donnée chronologique s'app
textes osques exprimés au moyen des mêmes caractèr
bétiques que les stèles en terre cuite de Capoue.
On sait que souvent les massives monnaies italiques r
une destination votive. On en a trouvé des dépôts con
en différentes localités, notamment aux sources de l
pied du mont Falterona, à Ponte della Badia, près de
Aquae Apollinares de Vicarello, près de Tarquinies ;
sible qu'elles avaient été offertes aux divinités bienfai
sources sacrées dont les vertus médicinales attiraient les ma-
lades en grand nombre; les fameux vases ďargent de Vicarello,
avec inscriptions itinéraires, sont des gobelets laissés par la
piété reconnaissante de quelque riche pèlerin venu du fond de
l'Espagne.
Cette observation nous sera d'un grand secours pour expliquer
la présence d'images monétaires sur la stèle épigraphique du
British Museum. Quoique l'inscription soit réduite, par une cas-
sure, à deux noms propres, Vireiam , Vesidia et au mot dei -
î)m2, on entrevoit au moyen de ce dernier que le texte comporte
une signification religieuse.
1. Les formes latines correspondantes seraient Viriorum , Vesullia , noms
gentilices dont on trouve des exemples dans Corp. insc. lat., IX, 5812 2023*
X, 3866, 3867, etc.
2. Comparez la forme archaïque latine deivinam pour divinami dans Corp.
insc . lat., I, n. 603, 1. 16.

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INSCRIPTIONS OSQUES ORNÉES DAMAGES DE MONNAIES 277

Si donc on lui cherche un rapport avec les curieux ornements


qui raccompagnent, on arrive sans peine à conjecturer que
ceux-ci ont été copiés ou surmoulés sur les objets votifs offerts en
nature par le rédacteur du vœu; ces objets, à savoir, un quin-
cussis quadrilatère et un as librai en bronze, ont été ensuite
déposés dans le trésor du sanctuaire ou fixés soit à la muraille
du temple, soit à l'autel de la divinité, comme l'indique l'appa-
reil de suspension qui entoure l'as librai. Il semble donc qu'à
chaque objet votif ayant une certaine valeur métallique, corres«,
pondait une inscription sur terre cuite lui servant en quelque
sorte d'étiquette avec le nom et le vœu du donateur, et prise en
charge contre un reçu sous forme de tessère délivrée par le gar-
dien du sanctuaire. Toutes les stèles devaient être méthodique-
ment rangées et empilées dans un coin du temple; c'est pour
cette raison, sans doute, que la plupart d'entre elles portent
l'inscription répétée sur deux faces opposées, de manière que
chacun de ces blocs fût reconnu à première vue, de quelque ma-
nière qu'il fût posé.
Telle est, par exemple, la plus importante d'entre elles, si l'on
considère que c'est la seule qui nous soit parvenue dans un état
d'intégrité parfaite; elle est conservée au musée de Capoue *.
FACE ANTÉRIEURE

Miniéis Kaisillieis Minateis Ner.


ekas iuvilas Iuvei flagiui stahint

FACE POSTÉRIEURE

ekas iuvilas luvei flagiui stahint


Minnieis Kaisillieis Minateis Ner.

C'est le même texte répété de part et d'autre avec de légères


variantes.

Du sanglier qui décore la face postérieure, je n'ai rien à dire


de plus que précédemment. Quant aux ornements de la face

1. Zvétaieff, Sylloge inscriptionum oscarum , n. 34 et pl. VI, fig. 2 a, 2 6 de


l'Atlas.

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opposée, ils ont été pris, à tort, pour des fleurs ros
éditeurs de ce curieux monument; il suffit de jeter u
sur le fac-similé publié par M. Zvétaieff pour y rec
roues à trois rais, du modèle portant la dénominat
de trirodiumi . Cette roue à trois rais apparaît acco
trois globules, signe du quadrans, sur une petite pi
de Cumes2 dont le revers montre un dauphin avec la
Le trirodiiim constitue aussi le type du droit et du
quadrans ombrien à la légende INI1VXI, Ikuvini , e
rétrogrades 3. Il y a tout lieu de supposer que le systè
comportait, en outre, un triens aux mêmes types,
encore été retrouvé ; c'est ce qu'autorise l'analogie
d'Iguvium 4 au musée Kircher, dans laquelle l'as et
tous deux pour types : au droit, l'étoile à quatorze
revers, le croissant avec quatre étoiles, le triens et
au droit, les tenailles; au revers, la corne d'abonda
tans et l'once; sur chaque face, la corne d'abondan
trirodium représenteraient donc non pas trois qua
plutôt trois triens dont la somme constitue un as,
l'offrande votive figurée sur la stèle du musée de C
consisté en un quincussis quadrilatère signifié par
sanglier, plus trois triens (== un as) figurés par les
c'est-à-dire exactement la même valeur métallique
l'ex-voto figuré sur la stèle du Musée Britannique.
constatons entre ces deux monuments, si distincts l'u
en apparence au premier abord, un rapprochemen
du plus grand intérêt. De ce que les offrandes des
deux monuments votifs sont égales, il faut conclure q
entre eux une certaine entente, ou que la valeur de
était rituellement déterminée. C'est cette coïncidence remar-

1. Le mot trirodium ne nous est connu que par une note tironienne ; voir
Gruter, Not . rom. vet., p. clxxxi, col. 3.
2. A catalogue of greek coins in the British Museum. Italy , p. 89.
3. Garrucci, Le monete d'Italia , pl. VIII, fig. 7. - Cf. Marchi, Laes grave
del Museo Kircheriano , cl. II, pl. IV, 4.
4. Mommsen, Histoire de la monnaie romaine , trad. Blacas, t. I, p. 398.

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INSCRIPTIONS OSQUES ORNÉES DAMAGES DE MONNAIES 279

quable qui me fait renoncer, provisoirement du moins, à une


explication dont je m'étais ďabord contenté, mais que je vais
consigner ici pour le cas où de nouvelles découvertes prouve-
raient qu'elle est préférable.
Les mots Iuvei flagiui qui se lisent deux fois dans l'inscription
capouane et qui correspondent au latin Iovi fulguratori , suivant
Buecheler, nous apprennent que le vœu est adressé à Jupiter. Or
la roue est un symbole qui se rencontre sur un grand nombre
de monuments consacrés à ce dieu 1 ; il est répété jusqu'à cinq
fois sur son autel découvert à Jublains. Cette roue symbolise le
voyage pour la réussite duquel le dédicant le plaçait sous la pro-
tection de Jupiter, dispensateur des conditions atmosphériques
indispensables à l'accomplissement de cette entreprise; auctor
bonarum tempestatium , pro itu et reditu , disent les inscriptions 2.
Avant de quitter ce sujet, il me reste à présenter quelques re-
marques sur l'interprétation même du texte osque. Dans les
trois premiers mots de la ligne

Miniéis (var. Minnieis ) Kaisillieis Minateis ner

on s'est accordé à reconnaître des noms d'homme, au génitif


singulier, correspondant aux formes latines connues Minius 3,
Caesellius 4, Minatius 5 ; mais l'accord cesse dès qu'il s'agit de
déterminer les rapports syntactiques qui existent entre ces trois
noms ; Minervini y a vu l'indication de trois familles {gentes)
campaniennes ; Corrsen celle de trois personnages; Buecheler
les tria nomina d'un seul personnage. Aucune de ces conjectures
n'est à l'abri de la critique. Je croirais plus volontiers que nous
avons dans les deux premiers mots le prénom et le gentilice du
dédicant, et que le troisième est le nom de son père au génitif.

1. Mowat, Notice épigraphique de diverses antiquités gallo-romaines , p. 79 ;


Idem*, Remarques sur les inscriptions antiques de Paris> p. 13; cfr. Bulletin
épigraphique , I, 1881, p. 55.- Héron de Villefosse, Note sur un bronze décou-
vert à Landouzy-la-Ville . (Extr. de la Revue archéologique , XLI, 1881, p. 1.)
2. Orelli, 1256, 1271.
3. C. I. L., X, 6045, etc.
4. Ibid., 2193, 3448, etc.
5. Ibid., 360, 1885, etc.

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C'est ainsi que Tite-Live (IX, 7) mentionne un Campani


lias CalavhiSy Ovii filins1. Quant au mot ner , que l'on a p
l'abréviation d'un titre de magistrature, ner(eis), du reste
ment inconnu, il me représente plutôt l'abréviation d'un
ethnique, tiré du lieu d'origine du dédicant ; dans cet
nière de voir qui est tout à fait conforme aux usages de l
phie romaine et grecque et qui consiste à mettre la fil
la nationalité à la suite des noms du titulaire, on peu
aux noms des villes de Nerete, en Calabre, de Neru
Lucanie, d'où les ethniques Neretinas 3 , Nerulinus ou
nensis ; il y aurait encore l'ethnique Neriilanas , d'un p
Latium mentionné par Pline. La première ligne du tex
pourrait donc être traduite en latin, ainsi :
(donám) Minii Caesellii Minatis , Ner(iilini ),
ou bien :

( domem ) Minii Caesellii, Minatis fiilii , Ner(etini ?),

c'est-à-dire, offrande de Minius Caesellius, fils de Minas, origi-


naire de Nerete (ou de Nerulum). On comprend, en effet, qu'un
étranger, laissant à Capoue un ex-voto, ait cru utile d'indiquer
son lieu d'origine; cette précaution n'eût pas été nécessaire pour
un Capouan, dans sa ville natale.
Quant au surplus de l'inscription,
e kas invilas lavei flagiui stahint

Buecheler le traduit par hae iovilae lovi Plagio stent '


Les mots ekas iuvilas (lat. hae iovilae), s'appliquent évidem-
ment aux objets constituant l'ex-voto; l'adjectif démonstratif
ekas (comparez lat. ec-ce ) prouve bien, comme nous l'avons sup-
posé, que la stèle remplit l'office d'une sorte d'étiquette indica-
tive. Le mot iavilas me paraît correspondre, au moins pour sa
1. Tite-Live, XXIII, 18, 46, nous fournit deux intéressants exemples de polyo-
nymie chez les Campaniens : apud Ninnios Celeres Stenium Pacuviumque -
Cerrinius Vibellius cognomine Taurea .
2. C. I. L., IX, 1006; cf. Pline, H. N., III, 11, 105; Ptolémée, III, 1, 76,
3. T. -Live, IX, 20; Suétone, Aug., 4.
4. lenär Litterarzeitung , 1874, p. 609.

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INSCRIPTIONS OSQUES ORNÉES DAMAGES DE MONNAIES 281

formation, au latin jubila peut-être au sens de « dons offerts


avec joie, avec reconnaissance »; comparez la formule votum
solvit libens laetus merito . Corrsen rend ce mot par res juvantes,
et Buecheler par res ad lovem pertinentes, en faisant observer le
rapport qui paraît exister, d'une part, entre les formes latines
Iovis et Diovis, et, d'autre part, entre les formes osques iovilas ,
iuvïlas et diuvil(as). Cette dernière forme est, en effet, donnée
par une autre stèle de même provenance * qu'il convient de
comparer à la précédente :
ek. diuvil....

Upfaleis.
Saidiieis.
sakruvit

pustrei.

La première ligne doit se lire ek(ass) diuvil[ass ], en restituant


les désinences de l'accusatif pluriel féminin, dont la première
est supprimée par abréviation, la deuxième par une cassure de
la pierre. Le nom Upfaleis répond à la fois aux deux formes
onomastiques Opellins et Ofillius, entre lesquelles il est intermé-
diaire en vertu du groupe de consonnes/?/3. De même, le nom
Saidiieis répond à Saedius ; sakruvit équivaut à consecrate Quant
h pustrei, c'est un adjectif avec désinence du cas locatif, faisant
fonction d'adverbe de temps, comme dans le latin postri-die,
arch, postri-duo chez Plaute.
La signification de ce mot, en lui-même, paraît claire; mais
sa présence dans le texte est restée inexpliquée. C'est un point
pbscur que je vais élucider. Et, d'abord, il faut se rappeler que
l'on distinguait deux sortes de vœux, le votum promissum 4 ou
susceptum, vœu anticipé, qui n'était qu'une promesse d'offrande

1. Le verbe jubilare était déjà emplové au temps de Festus.


2. Zvétaieff, Inscriptiones Italiae inferions dialecticae , p. 40, n. 113. - Cf.
Buecheler, dans Rheinisches Museum , XXXIX, p. 316.
3. Comparez en français Lefebvre à Fabre et à Favre ; de même entre lat.
aprilis et fr. avril se place l'ancienne orthographe apvril.
4. Renier, Inscr. rom . de l'Algérie , 3581 .

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en cas d'exaucement, et le votam solutam , vœu accom


exaucement. Cette différence est rendue très sensible dans une
inscription ďAquilée 1 où on lit : voto sascepto pro A. Aquillio
Valente ... Phoebus lib[ertus) v(otum) s(olvit ) l[ibens ) m(erito).
En conséquence, je crois que le texte osque pourrait se rendre
en latin de la manière suivante :

hoc donarium Ofillius Saedius sacravit postero, [scilicet, post


votam exauditum> seu voto soluto.)

La quatrième stèle dont je m'occuperai ici porte une inscrip-


tion répétée sur chaque face, en deux lignes mutilées 8 :
pumperias pustm[ . ...
Kluvatiium [

avec accompagnement d'une tête de


d'un sanglier sur l'autre. Or, si cette
comme je crois l'avoir démontré,
Romains appelaient quincussisy je
de ce mot dans le terme osque pu
pumpe au latin quinqué . Le mot suiv
nence par suite d'une cassure; je l
gie de l'adverbe posmom , pour post
avec un sens voisin de pustrei , soit
que postremum; Kluvatiium est le
lice Clovatius 4 ; il s'agit, sans dout
l'inscription serait donc :
« Quincussis consacrés en accomp
vatius. »

La tête radiée du Soleil, vue de face, est un type qui se montre


sur une uncía romano-campanienne copiée d'une monnaie de
Suessa, sur des pièces campaniennes d'Atella et de Calatia,
1. C. I. Y, 738.
2. Zvétaieff, Sylloge inscriptionum oscarum , p. 22, n. 32. - Idem, Inscrip -
tiones Italiae inferioris dialecticae , p. 39, n. 110.
3. Bréal, dans Mém . de la Soc. de linguist, de Pam, IV, p. 389, 1. 9. - Zvé-
taieff, Insc. Ital. inf. dialect ., n. 231, p. 70, 1. 16-17.
4. C, I. L., X, 1065, 7393.

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INSCRIPTIONS OSQUES ORNÉES DAMAGES DE MONNAIES 283

de Métaponte (Lucanie) et de Tárente (Calabre)1 et qui semble


avoir été importé dans l'Italie méridionale en l'an 338 av. J.-C.
avec la monnaie d'Alexandre, roi d'Épire, oncle d'Alexandre le
Grand de Macédoine ' Est-ce simplement ce type divin, ou l'i-
mage même d'une des monnaies à ce type, que l'artiste a voulu
représenter sur la stèle osque? C'est une question que je laisse
indécise.

Voici enfin, pour compléter la série, quatre fragments de


moindre importance, sur lesquels il ne reste que des mots
mutilés.

Io Au musée de Capoue, fragment opisthographe 3 :


FACE ANTÉRIEURE

Desidias ¡ • • •
(Sanglier)
kliivati [•••
FACE POSTÉRIEURE

ves [•••
(Buste de femme)
khi [•••

Un voile pend derrière la tête de la divinité; c'est probable-


ment l'image de Cérès, comme elle est représentée sur des mon-
naies de Métaponte.
2° Au musée de Naples, fragment opisthographe 4 :
FACE ANTÉRIEURE

kluva [ • •
(Sanglier) dîUVi [• • •
damu [ •
FACE POSTÉRIEURE

kluv [• ••
(Bu9te do femme) dcLYYlUSe [• • •

dinvia [•••
Babelon, Desc. des monn. de la Rép. rom., I, p. 21.
2. Rollin et Feuardent, Catalogue d'une collection de médailles grecques ,
1862, nos 677 (Tárente, en or), 3189 (Alexandre d'Épire, en argent). Pour l'ex-
pédition d'Alexandre le Molosse en Italie, voir Mommsen, Hist, rom ., trad.
Alexandre, II, p. 158, etc. Gfr. T.-Live, VIII, 3.
3. Zvétaieff, Sylloge inscr. ose ., n° 33.
4. Id., ibid., n. 36, pl. VI, fìg. 3 a~b.

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284 REVUE ARCHÉOLOGIQUE

L'éditeur décrit le buste de femme comme s'il était


protome maliens galea indutae , mais le dessin montre in
tablement une tête enveloppée d'un voile. J'y reconnais
le type de Cérès. Cette attribution contrarie le sens de d
que l'on a voulu donner au mot diuvia' à la vérité, on
une déesse Iovia et précisément à Capoue ; mais elle es
mellement identifiée avec Yénus dans le passage de l'insc
qui la concerne 1 :
HEISCE • MAGISTRATEIS • VENERVS • IOVIAE • MVRV
AEDIFICANDVM • COIRAVERVNT • PED • CCIXX • ET
LOIDOS- FÈCERVNT- SER- SVLPICIO- MAVRELIOCOF (i. cm.)

Ces lignes sont précédées des noms des magistrats capouans,


au nombre de douze ; le consulat de Sulpicius et d'Aurélius est
de l'an 646 av. J.-C. Puis donc que la tête féminine voilée ne
représente point la déesse Diuvia, à laquelle la stèle est consa-
crée, il faut y voir l'image du donariam qui lui est offert, c'est-à-
dire une monnaie à l'effigie de Cérès.
3° Au musée de Naples, fragment de stèle uniface * :
ni

Buste de femme) fUsU [ • • •


vesti [•••
La coiffure de la divinité consiste en deux bandeaux avec un
chignon ramené au sommet de la tête. L'austère simplicité de
ce type convient à une figure de Junon.
4° Au musée de Berlin, fragment uniface 3 :
(Sanglier) Ve [ • • •

5° Au musée de Berlin, fragment uniface 4 :

fio [•••
(Trois cercles f r . . '
bombés.) / L . . '
deiv [•••
1. C. I. L.y V, 3776.
2. Zvétaieff, Syil. insc. ose., n. 38, pl. VI, f. 5.
3. Zvétaieff, Syll. insc. osc.f n. 35.
4. Id., ibid.

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INSCRIPTIONS OSQUES ORNÉES D IMAGES DE MONNAIES 285

Dans les trois cercles, tre dischi rigonfi nel mezzo somigliano
a piatti rovesciati 4, je reconnais la forme lenticulaire des an-
ciens as libraux, ici en nombre ternaire comme les trien s au
trirodium de la stèle de Minnius Caesellius. Sur ces derniers
fragments reparaissent des mots que nous avions précédemment
rencontrés, par exemple deiv[iiï'.., ainsi que les noms des Clo-
vatii, des Vesullii, fréquents dans ťépigraphie latine de la Cam-
panie.
Sans avoir cherché à tout expliquer, je crois du moins avoir
montré, dans cet essai, que l'étude des monuments épigra-
phiques à figures doit être attaquée à la fois de plusieurs côtés,
avec les armes combinées de la philologie, de la numismatique
et de l'archéologie.

Robert Mo wat.

i. Bull, de l'lnstit. de corresp. arch 1876, p. 184 (art. de Duhn, Necropoli


e santuario di Capua).

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PL. X.

STÈLE OSQUE | AS LIBRAL ET QUINCUSSIS

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