Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Rygiel
Historien à l'âge numérique
Introduction générale
L’écriture liée aux premières civilisations, avait un aspect prosaïque de part ses desseins
utilitaires. Ce qui intéresse l’historien, c’est les mutations qui y sont liés grâce à cette technologie
qu’est l’intellect, la pensée. Nous, contemporains, ne faisons pas exception par l'invention des
écritures électroniques et autres algorithmes (écritures mathématiques) ayant opéré de nouvelles
transformations. L'intelligence historique est nécessaire à la compréhension de cela. Car ces
transformations ne sont pas une suite de causes et conséquences, mais il faudrait plutôt dire que
cette informatisation est partie d’autres transformations, comme les concepts de la vie en réseau
ou du premier alphabet complet. Ces mutations touchent alors aux modes de pensée, aux
activités économiques et amorcent les changements de civilisation.
Ces transformations ont donné naissance à une caste de gestionnaires nouvelle au sein
des mondes universitaires. Celles-ci sont cependant très souvent assimilées à une attaque allant
à l'encontre des fondements mêmes des institutions universitaires. Cela ramène les
connaissances à une simple marchandise et amorce une situation assez sombres pour beaucoup
d’historiens. Les acteurs de ce « numérique » qui suscite la méfiance devient alors de nouveaux
acteurs de la connaissance historique. Pour contrer cela, il faudrait alors accepter l’idée d’une
Digital History, où l’on formerait l’historien d’une nouvelle manière. Car en effet, l'informatique est
une science, et elle demande une formation spécifique et longue.
Pour les anciens maîtres, tous ces ordinateurs, photocopieuses… sont des outils
nouveaux dont ils ne connaissent strictement rien. En effet, leurs travaux tournaient plus autour
des bibliothèques et des « recopiages ». Mais parmi ceux-ci, ils existaient aussi des pionniers
postulant que l’historien de demain, serait ou ne serait pas programmeur. Aujourd’hui, il n’est pas
d’étudiant n’ayant pas accès à Internet ou d’historien ne communiquant pas avec ses confrères
par le biais de ce dernier. Au contraire des années 80’, l’historien des années 90’ commence à
devenir expert et connaisseur de sa machine. Certains concepteurs du début des années 90’
furent producteurs et diffuseurs d’informations numériques, par le moyen d’Internet. En 1996, a
été lancé le site Clio1 qui devint, de site destiné à fournir des document relatifs à un séminaire, un
site savant. Il constitue le premier site savant d’histoire en langue française. Si la réalisation et les
réflexions sont de tradition ancienne, on s'intéresse désormais aux possibilités nouvelles
d’écriture. Au début des années 2000, beaucoup de petits groupes « d’historiens numériques »
voient le jour2. Une réflexion poussa plusieurs historiens à mettre au point l’Analyse, un site web
ayant pour but d’embarquer un partie de la maîtrise procédurale pour aider les étudiants n’ayant
pour première vocation celle de l’historien. Le climat change peu à peu, rendant la numérisation
« affaire d’état », de telle sorte que de nouveaux plans de numérisation de la littérature
apparurent. On parle ici d’une innovation où le travail de l’historien se mêle à celui du
mathématicien et de l’informaticien comme lors du PIREH. Ce qu’il faut souligner ici n’est un
développement de ce parcours (dont on ne peut définir les propriétés) mais plutôt la plurivocité
des points de vue naissant. Certains pensent à une dissolution dans l'idéologie et la littérature
historique. Mais d’autres traditions, plus savantes et érudites, existent. Ce qui intéresse ici et qui a
Tous ces textes numériques portent la marque de leur contexte de production. Ils n’ont en
effet pas tous les mêmes fonctions, répondant à des besoins pour chacun différents. Ces textes
sont pour beaucoup difficiles d’accès car ils concentrent souvent leur publique vers une dizaine
d’individus. Ce qui fait que cela favorise une écriture souvent nourrie d’implicites. Pour un souci
de lisibilité, les sources ont été dans ce texte souvent mise à jour de part le fait que des sites
disparaissent ou sont souvent modifiés3 . Enfin le numérique change pour l’historien que
« l’ubiquité croissante des dispositifs numériques conduit à une différenciation des pratiques et à
l’apparition d’enjeux et de controverses locales dont les termes ne sont pas identiques ni
superposables ».
5 Page 29.
6 Voir tous les noms page 31.
Από τον διδάκτορα 3 Historien à l'âge numérique
Nous définissons aujourd'hui une multiplicité parmi toute une épaisseur sociale et les techniques
dont l’oubli est la condition même de l’ébahissement fréquent devant les objets numériques
présent dans notre quotidien. Si maintenant à l’inverse, nous nous intéressons qu’au producteur
historien des sources numériques contribuant à un site savant, il tend à être la quasi-totalité des
opérateurs, qui questionne sur sa capacité d’un accès pérenne aux documents produits et à sa
capacité à codéfinir les fonctions et les formes. Cette histoire disponible sous formes de codes,
témoignant d’une dynamique, est à la fois l’un des principaux défis futurs et une ressource. Une
ressource car c’est un signifiant et un défi car il nous pousse à chercher par le passé que les
modes de captation et de manipulations de ces ressources peuvent varier selon l’âge de celles-ci.
Les conditions d’utilisation du Web sont particulièrement liées et dictées par les formats et les
langages utilisés. On peut voir par exemple aux années 90’, une base lourde et hétérogène,
contrairement au début des années 2000, présentant un blog, base de données structurées de
grande taille, dont l’accès et l’utilisation ont été facilité. Nous exigeons donc dès à présent pour
une exploitation des sources premiers par l’historien: la réunion d’une intelligence de la source et
de l’historicité de l’espace étudié, d’une intelligence informatique et mathématique pouvant être
distribuée à diverses acteurs. Nous nous attaquons ensuite au caractère intrinsèquement
dynamique des matériaux. L’exploitation rigoureuse d’un de ces matériaux populaires7 dans sa
temporalité suppose non seulement l’usage, mais l’appropriation inventive d’une instrumentation
adaptée tant au grain du matériau qu’au mode de questionnement propre à la discipline. Ce
contexte d’assemblage de ces outils nous empêche de poser ses propres questions car l’outil qui
est une matérialisation de ces matériaux est considéré comme un descripteur pertinent. Le but de
cet ouvrage est de parcourir cet univers numérique de l’activité du praticien (historien) pour voir
ce qu’il peut en faire ou y faire contrairement à s’interroger sur l’environnement qu’il faudra faire
advenir.
7 Wikipedia.
Από τον διδάκτορα 4 Historien à l'âge numérique
Partie I: Archéologie d’une pratique
Chapitre I: l’offre faite aux historiens. Essaie de description des services Web
offerts aux professionnels de l’histoire contemporaine
D’abord le serveur vitrine, servant à promouvoir ou à renseigner sur une presse, société…
Le mémorial propose d’étudier une partie de l’histoire plus à partir de ses sources
iconographiques, le rendant plus fragile.
Des spécialistes, des équipes qui ont pour but de fournir des informations/ressources à
moindre coût à une petite communauté (car la version papier serait trop chère). C’est le travail du
centre de ressources.
Des revues électroniques payantes voient peu à peu le jour9, s'écartant pas du tout ou
alors fort peu des revues papier, mais à moindre coût.
Nous avons la naissance de forums, dont l’unité de base n’est pas l’article lui même. Elle
est plutôt constitué de ce dernier ainsi que des réactions qu’il a suscité10 . La mise en ligne de
prépuBlications permet la mise en place du forum. Le caractère provisoire de ceux-ci peut être vu
comme un appel de coécriture ou de validation aux spécialistes.Ce qui vise à la consolidation et
fixation de ce réseau est les liens interpersonnels et professionnels créés entre les différents
utilisateurs du réseau.
Le document numérique accorde des options qui sont inexistantes pour la source écrite.
Cela conduira à une consultation plus abondante ou à une multiplication de l’enjolivement des
documents numériques?
Les newsgroups11 ont pour but une collaboration d'internautes pour permettre de
répondre à certaines questions. Pour de sociétés utilisent cela et l'améliorent en prédéfinissant
une liste de qui serait susceptible de répondre aux diverses questions afin d’éviter un amas de
mail et autres spams ne les concernant pas.
8 HTML.
9 Anual Review Sociology Online par exemple.
10 Australian Humanities Review constitue un bon exemple de cela.
11 Comme H-net.
Από τον διδάκτορα 5 Historien à l'âge numérique
L’édition numérique est une tache difficile et d’ampleur qui a été prise par des privés ou
encore par la Bibliothèque nationale de France (BnF).
La métasite, l'extraordinaire croissance du réseau tend à créer des sites dont la fonction
est d’aider à la recherche.
• Un deuxième visant l’édition d’un matériau déjà existant pour tester les possibilités du médium
plus que tout.
En combinant ces trois axes, il serait possible de déterminer avec plus de précisions qui produit
quoi dans ce champ et avec quels outils.
Nous retraçons ici le récit de la naissance du site Clio en 1997 par l'initiative de l’ENS et
de EHESS. Pour accéder aux possibilités qu’offrait le réseau, ils sont passé par un médiateur en
la personne d’Eric Guichard. Il s’intéressaient aux préoccupations de chacun en tentant d’y
répondre de de telle sorte qu’il nous fournit un outil nous permettant de répondre à certains
problèmes (car un outil ne peut répondre à tout).
• Un lieu où l’on pourrait débattre de ce qui nous intéresse. Lieu qui trouve difficilement sa place
dans les circuits classiques.
• Il faudrait que ce site fasse écho aux controverses scientifiques intéressant la communauté
historienne. Il faudrait que les visiteurs soient contributeurs et non pas seulement
consommateurs.
Le site n’est pas l’équivalent d’une revue imprimée. Il a d’autres fonctions (surtout dans la
publication des sources) mais aussi une autre structure (l’un se base sur le volume, l’autre sur la
rubrique…). Le Clio, qui devait être à l'origine un site très large c’est vite spécialisé13 et cela est
dû aux conditions de conception de ce dernier. En effet, il constitue un prolongement des
recherches des chercheurs. Ensuite ce site n’est finalement pas un lieu de débat. Car pour être
digne d’intérêt, il doit être pris en charge par divers spécialistes et contrôlé. Le site devint vite un
aimant à chercheurs cherchant à prendre contact avec les régisseurs du site. Ensuite, n’allant pas
Les analyses des consultations14 nous montrent une méconnaissance envers les lecteurs.
Le problème des articles est leur spécificité, leur taille importante et la non validation de ces
dernières. Ce qui met le site à la place d’un complément à la source papier.
Le site permet de prolonger le travail par un réseau. Mais pour toucher au delà du monde
scientifique, il faudrait diversifier les thématiques. Il faudrait pour cela plus de personnel extérieur,
un budget temps pour la maintenance. Il y aurait besoin pour ces sites, une validation du travail
scientifique par la communauté qui accorde plus de crédit à la version papier. Tous ces problèmes
amènent à la disparition de nombreux sites. La courte histoire du site Clio résume bien celle des
sites en sociologie. Le développement de telles interfaces aura un coût pour voir un
développement possible.
Seul moins de 3%15 des sources qu’utilise un historien renvoie à un site Internet. Il existe
encore certaines provocations à l’égard de celles-ci.
Précisons deux notions au sujet des ressources du réseau16 . D’abord celle de traiter des
sources et d’Internet qui est évoquer les caractéristiques des données numériques. Puis la notion
de source, dont la définition ne trouve pas de trace sur le réseau. C’est un travail qui demande du
temps et une culture professionnelle de construction que le réseau ne saurait abolir. Une source
doit être validé de plus et non simplement trouvée.
Les listes, cartes, catalogues et autres sont devenus des outils indispensables dès
lors que l'information devient importante. Elle permet à partir d’une requête, d'accéder à une liste
d’images et de documents détaillés et très rapidement. Mais les personnes faisant ces listes
répondent aux besoins qui leurs paraissent pertinent mais pas forcément à nous. Ce qui fait que
nous devons parcourir chaque fiche détaillée de la rubrique et ne nous fera pas gagner de temps
significatif par rapport à la source papier. De plus les habitudes héritées de la formation nous
ferons parcourir la source papier dans son entièreté pour nous l’approprier.
La numérisation de l’archive depuis le World Wide Web est une démarche prenant de
l’ampleur. Il y a de plus une volonté politique derrière cela (8 millions de francs investis entre 1997
et 2000) pour une sauvegarde du patrimoine savant et culturel et des documents fragiles. C’est
une entreprise devenant de plus en plus riche, mais qui a aussi un coût; et qui plus est important.
De plus, il faut pour son succès une maintenance assurée et un entretien régulier pour sa
pérennité. Ensuite, numériser un document n’est pas en faire un cliché, mais produire un
document numérique. Ce n’est pas le document lui-même, mais une suite de nombres qui ont été
traités pour donner un représentation, une image lisible par le lecteur. Cela demande un certain
14 Page 51.
15 D’après des sondages faits en 2000.
16 Plus d’informations à la page 56.
Από τον διδάκτορα 7 Historien à l'âge numérique
processus d’abstraction. C’est par sa genèse que nous pouvons comprendre au mieux l’objet. De
plus les opérations effectuées par l’historien dépendent des propriétés matérielles de l’objet. Les
sources numériques ne peuvent donc pas se substituer à la version papier. Un historien qui
étudierait par exemple les techniques de production du manuscrit y perdrai.
D’autre par il y a ce choix à faire entre document image et document numérisé. Chacun présente
des qualités et des défauts17 . Le document le plus favorisé serait le PDF, rendant une impression
du document à l’identique, et ce peut importe la machine qui le traite. Le dédain des historiens
face aux documents numériques vient principalement du fait que leurs caractéristiques ont été
fixées par d’autres. Il faudrait alors soit que l’historien retravaille le matériau ou accepte qu’il ne
comble pas pleinement ses attentes.
Toutes ces conclusions sont également applicables aux données n'ayant pas d’équivalent
papiers. Ces données sont des matériaux de choix à la recherche, mais il faudrait mettre en place
un archivage à toutes ces données volatiles. Car ces données ne sont disponibles que si elles
existe physiquement dans une mémoire de masse et codées de manière lisible. De plus on peut
considérer que les supports informatiques sont moins pérennes que l’encre d’un livre. Ajoutons à
ça l’abandon, la disparition et les modifications de certains sites. L’Internet Archive de Scott
Kirkpatrick tente par de petits robots informatique de prendre des instantanés de la toile. Mais
l’auto-archivage, quelque peu décentré et anarchique, a conduit à des dispositifs d’archivage
publics comme au Canada en 2002, donnant accès au patrimoine numérique canadien.
Les données jusqu'ici présentées étaient des visualisation faisant sens. Ainsi, les fichiers
log peuvent constituer une source d'optimisation pour les sites hébergés, des informations
commerciales, ou encore des indicateurs des activités des pôles universitaires français pour les
chercheurs. Elles permettent aux historiens de mener leurs investigations.
L'usage du net n’est pas intuitif et exige des compétences. Celui-ci, bien que regorgeant
d’informations, pose un problème de contrôle par une autorité centrale. Ce qui en fait une sorte
de grenier géant. Il existe bien des bibliothécaires et documentalistes du réseau, mais la tâche
reste immense. Ceux-ci de mettre un ordre au moyen de portails et de moteurs de recherche.
Commençons par les portails. Les sites portails peuvent être faits par des spécialistes
comme par des amateurs et sont destinés autant à des spécialistes qu’à des amateurs. Ils
constituent un bon point de départ de recherche documentaire.
Pour ce qui est du moteur de recherche, il nous permet de croiser plusieurs informations
des sites entre eux. Comme pour le travail l’historien, il a pour but de rechercher plusieurs
répertoires de sources. Contrairement aux portails ils sont faits par des sociétés commerciales et
destinés à un plus large public. Son principe est simple; c’est un simple alignement de caractère
dont il fait abstraction de sens pour tenter de trouver un maximum de réponses à tous types de
requêtes. Les réponses sont souvent non pertinentes et inutilisables; c’est pour cela qu’il faut
utiliser une stratégie de requêtes longues pour diminuer l’importante ampleur des résultats.
Même si dans beaucoup de cas, nous pouvons avoir confiance aux sites internet d’autres
historiens qui use d’un travail rigoureux et sérieux, ce n’est pas toujours le cas. Nous pouvons
dire ça par exemple des contemporanéistes qui usent sans cesse des sources internet. Il y a un
problème de fiabilité qui se pose. Car d’une part nous ne disposons d’aucun repère physique et
institutionnel pour l'identification du document. D’autre part, de nombreux sites sont infestés pour
17 Page 61.
Από τον διδάκτορα 8 Historien à l'âge numérique
que le contenu en soit modifier—ce que peut faire aisément un connaisseur—comme dans le cas
de la revue Le Mouvement social, dont on a bloqué le contenu. L’historien est le mieux placé pour
contrecarrer par son esprit critique cela. L'identification de l’URL peut y aider. N’oublions pas que
le réseau n’est pas non plus constamment parcouru par ces actions frauduleuses.
Les sources Internet peuvent soit être de modestes adjuvants, soit d’indispensables
sources. Il y a deux prémices à cette conclusion. D’une part l’ubiquité du réseau permettant une
grande centralisation à moindre coût et effort. D’autre part que le réseau n’est pas un simple
adjuvant mais bien un objet—certes d’autre nature—à étudier. Elles permettent une manipulation
de moult dossiers de telle façon que cela amène à l’historien à se poser de nouvelles questions
que le réseau permet désormais.
Il y a un premier exemple18 d’une étude italienne, qui étudiait les logos utilisés par certains
mouvements politiques. Les recherchent auraient pu se dérouler sans réseau, mais il a contribuer
à un coût moindre, une plus grande rapidité, ainsi que l’accès à certains dossiers qu’on n’aurait
peut être pas pu obtenir.
Ces nouvelles formes nées du réseaux19 , nous amènent à des nouvelles formes de
communication auxquelles l’historiens n’avait jamais eu accès. Il accède à de nouvelles archives
numériques ainsi qu’à des échanges plus finement décrits.
Les données numériques nous offrent beaucoup de nouveaux modes d’exploration. Celui
que nous retiendrons est l’analyse textuelle20 . Il peut être une grande aide pour la recherche
étymologique de termes d’un poème. La nouvelle stratégie de construction de sources ne change
pas le travail de l’historien même s’il lui demande de nouvelles compétences. Les historiens qui
se rapprochent de plus en plus des technologies nouvelles vont devoir garder leur oeil critique, en
lisant et interprétant correctement les sources proposées.
Nous allons ici non pas regarder les promesses, mais les produits de l’action de l'activité
historienne à une date donnée. Nous allons observer21 les produits de l'activité concrète des
professionnels confrontés à Internet. Cette enquête se tournera aux changements en cours ainsi
qu’à justifier son utilité. Les archives départementales françaises constituent un bon point
d'information car ils sont nombreux et de même organisation et statut. Les propos présentés ici
seront essentiellement descriptif visant à décrire un corpus, mais suggérera aussi certaines
hypothèses. Nous n’aurons pas ici les moyens de les tester ni d’en établir un palmarès.
Il y a un premier constat d’une grande diversité. Les sites modestes constituent la norme.
Parmi les 99 archives seules 87 sont des plaquettes électroniques. Si nous distinguons parmi
celles-ci, les sites de service ou de travail, qui sont caractérisées par la possibilité de travail à
distance, in situ, alors nous sortons avec 48 plaquettes de présentation et 39 de service. Seuls 7
sites proposent des documents numérisés, des inventaires et des guides de recherche. Une
18 Page 68.
19 Cf supra.
20 Michel Bernard la décrit comme la rencontre entre la recherche littéraire et un outil qui la facilite.
21 Dispositif d'observation à la page 73.
Από τον διδάκτορα 9 Historien à l'âge numérique
vingtaine propose deux des trois. Le XML qui tend à être la norme est rarement utilisé. Le HTML22
est favorisé. Il existe cependant deux exceptions à cela dans les sites de Mayenne et de Lot-et-
Garonne; cela consiste soit à l'identification des bases de données ou à la participation de leur
élaboration. Peu attirés par l’interactivité, les liens externes restent rares. La modestie de ces sites
demeure par la pauvreté des fonds et par la difficulté des acteurs à s'approprier certains concepts
mis en oeuvre par internet. L’absence de liens externes et la redondance en sont des preuves
alors que l’informatique documentaire est censé éviter la répétition des tâches et chercher la
mutualisation des sources.
• La première est la mise à disposition de l’inventaire complet qui permet de repartir l’afflux
d'internautes et de réduire leur temps de présence sur le réseau.
• La deuxième est la numérisation des documents d’archives. Leur offre se fait de plus en plus
rare et ces dossiers constituent plus de la moitié de ceux proposés. Nous pouvons traduire cela
par un intérêt accru aux sources iconographiques. Il est également fréquent de voir proposées
des archives de type sériel comme le cadastre ancien. Ils font partis des documents les plus
consultés et cela empêche la détérioration des originaux. L’évolution de ces sites dépend des
besoins et des consultations des lecteurs des archives, le XXème et la période contemporaine
étant les plus consultées. De plus ces lecteurs s'associent aux efforts entrepris contrairement
aux historiens qui n’y prennent guère place.
• La troisième tendance est l'apparition de modules d'interrogation des bases de données. Ils en
existe trois types; ceux décrivant les inventaires (eg. Arkheia), ceux décrivant les collections de
documents mis à disposition et ceux s’étant lancés dans la construction de bases de données
documentaires.
Alain Paul doute de leur intérêt et ne les considère pas comme pertinentes. D’une part l’évolution
des outils et l'accroissement du personnel risque de laissé des surprises. A la façon d’Arkheia et
ses réunions annuelles, beaucoup se mettent à l’expérimentation des dispositifs. C’est le cas
aussi de quelques services éducatifs. La « révolution Internet » est vite assourdie dans le cadre
que nous étudions. La règle demeure la modestie des ressources proposées ainsi que la
simplicité des dispositifs mis en oeuvre. La règle connait des exceptions et ce n’est plus un outil
dont on explore les possibilités mais un instrument de travail bénéficiant d’une attention et
d'investissement soutenus. L’intérêt vis à vis de ceux-ci témoigne d’une grande diversité. Nous
pouvons aussi témoigner extrêmement différentes dont les déterminants sont les ressources et
l'intérêt des uns pour les archives et le monde numérique ou des outils numériques. La
conclusion est que l’appropriation d’un même outil peut être extrêmement varié. La mise en ligne
des inventaires est en cours et tout porte à croire que ce sera la règle dans quelques années.
Toutes ces données serviront plus aux généalogistes qu’aux historiens car les absents ont
toujours tort. Les évolutions qui se font sans eux ne seraient se faire pour eux.
Le portail s’est imposé comme « un site dont les auteurs recensent des ressources électroniques
pouvant intéresser les praticiens d’un domaine scientifique ». Les contours de la notion suscite
cependant des interrogations et un examen de ce terme. Il renvoie à une réalité physique et la
métaphore est par une analogie. « Le portail », est en effet l'entrée unique d’un site et permettant
par la même occasion son contrôle. Il témoigne de la richesse d’un individu, de son pouvoir et de
l’un des lieux et des moyens de son exercice.
Chapitre VI: Diffusion des produits d’une recherche historique à l’heure du Web 2.0
Nous allons ici développer un projet qui échoue à cause des conditions sociales
institutionnelles et politiques de la conduite de ce type de projet.
Ce projet part d’une commande de l’ASCÉ24 qui lutte contre les discriminations et
l’illettrisme. Du fait du danger de son existence, elle lance un projet d'enquête sur « Histoire et
mémoire des migrations en région ». De part les textes officiels, elle veut créer un matériau de
savoir pour lutter. C’est une étude de la présence étrangère dans le cadre régional avec 26
équipes à sa tête. Un recensement25 des chercheurs est vite fait, les taches sont reparties26 et
une valorisation de l’enquête émerge. Le but est une diffusion multivectorielle et multipublic, avec
des produits réutilisables par les chercheurs et de toucher aux non-experts. Le dialogue est
entrepris, pour la diffusion et la valorisation du travail, avec divers acteurs savants, d’éditeurs et
d'associations régionales pour une diffusion du type exposition/conférence. Une association
constituée à la suite de l’enquête, devait veiller à la diffusion de l’enquête et servir d'intermédiaire
entre divers acteurs (dont des internationaux). Voire de permettre la production de ressources
collectives par le biais d’outils simples tels wiki. L’instance était appuyée de chercheurs faisant
autorité, d’appuis institutionnels… Elle paraissait solide et d’une population savante nourrissant
un dispositif homogène au point que l’on pensait pouvoir définir une ontologie partagée. Le projet
23 Persée ou Gallica.
24 Association pour la cohésion sociale et l’égalité des chances.
25 A partir de 1851.
26 Schéma page 90.
Από τον διδάκτορα 11 Historien à l'âge numérique
voulait doter cette communauté scientifique hors-sol d’un espace numérique ouvert et partagé
permettant la circulation des informations, la structuration du réseau et la production collective de
matériaux savants. Mais même si un bon nombre de livre ont vu le jour le dispositif numérique, lui,
n’n'est jamais paru.
Qu’est-ce qui a causé cette non apparition malgré le matériel qui garantissait a minima
leur bienveillance? Un courrier a été adressé au vingt-six régions pour regarder quelles
valorisations électroniques avaient été mise en place. Les initiatives locales se résume à la
publication d’un ou deux papiers PDF, et les attentes sont assez fortes mais vagues. La demande
est plus centrée sur les données brutes que sur leur traitement. Et les formats de ces données
sont mal appréhendées. La modeste culture informatique des chercheurs, les effets secondaires
des documents PDF (ne conservant pas les sources maîtres, sont comme des brouillons), les
tableaux statistiques trop peu normalisés et les collectes des étudiants sans contrôle de qualité…
sont également des facteurs. Ce n’est pas dû à une négligence mais à une ignorance des
contraintes et des normes de fabrication d’un document numérique. A ce problème de qualité des
matériaux s'ajoute le problème de communication entre chercheurs et ingénieurs. De fait, des
projets de la sorte en sciences humaines passent par des passeurs, mais ils restent encore rares.
Un dernier problème se trouve au niveau des acteurs académiques. Dans les domaines tels que
l’histoire les travaux singuliers et papiers sont valorisés.Ils sont incertains de la rendement du
travail collectif et des formes savantes de diffusion non validées. S’ajoute la réticence des
partenaires éditoriaux à la diffusion numérique. On craint sa viabilité et sa rentabilité.
Le contexte a été un poids à ce projet. L'agence a été terriblement touchée dans le cadre
de la réforme générale de la politique publique. Son effectif est diminué, elle passe de
l’immigration à une agence de la cohésion sociale et sa fonction de recherche est abandonnée
par la disparition de la direction de recherche. Sur le terrain il ya une diminution du personnel. Ces
restructurations rapides ont causé beaucoup de problèmes et dans le cas de la mutation de
l’agence cela a causé de nombreuses pertes d'informations et de matériaux. A cela s’ajoute une
incertitude de la diffusion électronique des résultats. Il découle certains impératifs pour les
chercheurs donc. Il faudrait accorder aux futurs chercheurs une formation des rudiments
numériques; c’est une remarque qui est d’actualité. Puis la formation de médiateur plus
nombreuse en France. Un dernier problème est la validation des spécialistes de l'ingénierie en
sciences humaines. Ce qui donne limite à de nombreux départs, la fatigue aidant27.
Les historiens n’ont malheureusement jamais fait parti de débat concernant l’archivage
numérique alors qu’ils pourraient considérablement nous éclairer. Leur intervention devrait se
situer très en amont du processus de conservation des données, voir à sa genèse. Il devra
toucher et à la structuration et à la pertinence de l’archivage. Il sera amené à devenir autant
animateur du projet que producteur d’archives. Cela impose cependant des contraintes
techniques et budgétaire. Certains problèmes se posent également avec les lignes de curiosité
des historiens futurs qui se déplacent. On passe des statistiques pas assez pertinentes aux textes
individuels eux-mêmes. Une normalisation des pratiques archivistes viserai à multiplier les taches
en éloignant les historiens professionnels, ce qui diminue nos sources. Il y a aussi un problème
vis-à-vis de la conservation des données qui sont généralement privilégiées quand elles sont
textuelles ou iconiques. Or, beaucoup de données sont traitées et les access-log nous permettent
la création de très puissants indicateurs pour se pencher sur l'intensité des échanges entre pôles
universitaires ou encore des pratiques cognitives des utilisateurs du réseau. Les nécessités
techniques et les contraintes budgétaires nous ont poussé à dissocier le contenu et le codage/
présentation de l’information, ce qui inquiète l’historien habitué à considérer l’aspect et la
matérialité du document, qui sont essentielles aux procédures d’identification. Ajoutons la fragilité
des supports physiques, les dangers de la migration de données, les coûts… la seule certitude
est que le processus n'amènera pas à ses successeurs tout ce dont il désirerait disposer. Car
l’archive n’est qu’un ensemble de traces choisies. Il faudrait alors intégrer dans ces projets des
historiens de qualités capables d’évaluer l'intérêt pour la recherche de certaines sources. Une
mutualisation serait de même nécessaire.
Les responsabilités des historiens actuels touchent aux historiens futurs et à leur
maniement des nouvelles technologies. Les générations futurs regretteront sûrement la
préservation faite par les historiens actuels vis-à-vis de ce qui l’intéressera en plus d’être
confronté à une pléthore d’informations. Se pose aussi la question du repérage de l’information
pertinente dont la lexicométrie et autres outils permettrais une description synthétique. mais il
faudrait pour cela un minimum de culture informatique et une compréhension des modes de
structuration de l’information. Une division du travail pourrait avoir lieu avec une mis en avant du
caractère collectif du travail scientifique. Le paradoxe des besoins est confronté à celui de son
utilité. Une chose est sûre, il faudra attendre.
L’historien reste l’expert de tous ces fonds. La possibilité de consulter toutes ces bandes
de données à l’aide mots-clés est pour l’instant impossible. Celle-ci pourrait permettre à
l’historien de s'affranchir de l'organisation matérielle des dépôts d’archives et de transformer
l’économie de production de l’historien. Les dossiers documentaires et bibliographiques prennent
du poids en apportant un gain de temps de la collecte de l’information. Mais ils demandent un
coût de production et un temps également. Hors de ce contexte archivistique, il permet à
l'élaboration dispositifs savants complexes mais éloignés des normes actuelles. Les
transformations en cours contribuent à changer le profil de l’historien de demain tout aussi bien
que les structures et les formes de production historienne.
Aux questions des changements amenés dans l’écriture de l’histoire et au sujet de ses
états futurs, il n’y a guère de réponse. Les études empiriques ne sont en effet pas courante et
l'historien essaie souvent de gommer son utilisation du numérique. Il est donc difficile de relever
du travail numérique de l’historien faute de données mais il existe des entreprises pionnières.
Nous pouvons relater trois pronostics tenant des formes d’écriture et du régime
épistémique de la discipline:
Nous pouvons également repéré trois types d’innovation dans les pratiques de recherche et
d’écriture:
• Des dossiers documentaires sont érigés grâce aux travaux faits par les ressources du réseau.
Réunion beaucoup plus coûteuse et difficile sans le réseau.
• Ensuite, nous avons les traces de dispositifs savants nouveaux comme avec l’Atlas de
l'immigration en France dans l’entre-deux-guerres, d’Eric Guichard, qui permet à l'utilisateur de
choisir les variables…
• Enfin certains auteurs usent uniquement d’un corpus électronique qui apporte un regard neuf
sur me fonctionnement des organisations militantes et la définition de nouveaux objets.
Ces innovations sont encore rares chez les historiens, petits utilisateurs de l'analyse textuelle ou
en réseau. La micro-informatique a causé la défection des techniques quantitatives. L’enquête de
Pierre-Yves Saunier (l’une des rares), nous amène à la conclusion que l’usage de l’informatique
diffère de pays en pays dû des facteurs sociaux et culturels.
Une enquête italienne nous éclaire sur le fait que, les historiens laissant peu de traces sur
la toile, divers auteurs en viennent à faire de l’histoire contemporaine. Serge Noiret a entre autres
découvert de nombreux romans électroniques. Les conditions concrètes de la production du
savoir historique n’a quant à lui pas été affecté. Le champ ouvert aux professionnels de l’historie
est donc vaste. Les conclusions sur les changements à venir sont quant à elles hasardeuses.
Chercher la méthode et les règles pour écrire un travail d’historie, est déjà un travail d’historien.
Les anciens, fondateurs de cette discipline, ne nous ont pas laissé de mode d’emploie pour cette
enquête. Lucien de Samosate est le seul auteur d’un ouvrage d'historiographie de l’Antiquité. Il
nous prescrit ce qu’il faut éviter, le profil de l’historien idéal, et enfin le fameux modus operandi.
Tout d’abord n’importe qui ne peut pas devenir historien, il faut des aptitudes particulières issues
d’un parcours de vie. Ensuite l'historien n’est pas un professionnel de l’historie, il possède une
carrière politique ou militaire derrière lui. C'est un homme d’état. La vérité de l’histoire n’est pas
garantie par un ensemble de règles ou de procédures respectées, mais par l'expérience et les
vertus du locuteur. Contrairement à l’image actuelle du juge, il est plus aujourd'hui une sorte de
sorte de journaliste d'investigation reconstituant des témoignages. En lisant la méthode de
Langlois et de Seignobos, on peut voir que les contemporains sont complètement opposés à
Lucien. D’un côté, oui avons le grand capitaine opposé à l’homme de cabinet , la belle âme
opposé à la méthode scientifique, le témoin opposé au collectionneur de documents… L’historien
de Julien n’est pas un rat d’archive et il correspond à des personnages tels de Gaulle ou
Churchill.
L'histoire d'aujourd'hui n’est donc pas celle d’avant-hier. Les textes de Lucien
appartiennent pour la postérité plus à la science-fiction. Lucien écrit des donc des textes
normatifs lors de la guerre contre les Parthes car les autres « historiens » ne faisait pas ça de la
bonne manière. Il y a plusieurs façons de faire l’enquête à Rome qui selon Lucien, sont
mutuellement exclusives. Il y a alors des soupçons à avoir vis-à-vis du contemporain. L’un traitant
de ce qu’il faut faire et écrire quitte à disqualifier les pratiques et les traits rattachées aux
adversaires et aux devanciers. Le second soupçon est l’écriture des histoires ne sont pas
différenciées forcément par leurs thèmes et par leurs thèses, mais aussi par la façon dont elles
sont produites et les enquêtes menées. La prise de possession de l’archive se fait de plusieurs
manières différentes. Les référents épistémologiques mis en avant par les uns et les autres sont
de nature différente. Tandis que Pierre Chaunu arrache au document la donnée qui nourrira le
tableau, Arlette Farge le reproduit. L’un part sur l’écoute, l’autre sur les archives… alors comment
parler d’une enquête historique au singulier? Pour cela il faudrait sortir du cadre disciplinaire28 . En
« chaussant » les lunettes d’une discipline autre et en s’appuyant sur la production matérielles de
l’activité de l’historien, on voit apparaitre un ensemble de signes incompréhensibles pour la
29 Graphiques, vocaux…
30 Page 121.
31 Exemple page 124.
Από τον διδάκτορα 16 Historien à l'âge numérique
rendent dépendant de ceux qui maitrisent l’usage et la vente32. Définir l’activité historique c’est
«prétendre exprimer une norme ou tendre vers une visée stratégique». C’est une réflexion sur nos
pratiques. La définition proposée ici de « agent d’une chaîne complexe de traitement de signes »
n’a pas d’autre ambition. L’historien est ici pensé comme un producteur de signe dont la validité
est faite par la référence à des vestiges dont la consultation est possible du fait d’une
organisation sociale complexe. L’intérêt est de penser ce qui peut changer le métier. Ces
configurations d’opérateurs intervenant dans la production des discours historiques, la nature des
produits offerts et les conditions de leur circulation et appropriation ainsi que des configurations
économiques et sociales complexes qui déterminent ces transformations.
La réflexion ici mise en avant par les ateliers ATHIS est la question de l’utilisation du web
comme source possible pour l’historien. Les premiers ennuis lors des recherches commencent
dès la découpe, la description et l’analyse d’un corpus.
L’une des premières caractéristiques du web à laquelle nous touchons est la dissociation
entre support d’inscription et support de visualisation de l’information. Les processus génératifs
n’étant pas accessibles à l’historien, cela l’empêche de faire une critique externe qui établit
l’authenticité et l’intégrité du document par des indices matériels. Les traces incorporées
informatiques ne sont pas de même nature et forcément accessible à l’historien et rend plus
difficile son travail33 . La critique de provenance n’est guère non plus aisée, les pages web n’étant
pas datées (même s’il existe des exceptions, minimes). Car l’archivage des documents internet
L’avantage du Web est qu’il laisse des traces des différents échanges. Les blogs regorgent
de ces fragments. Mais il y a une difficulté de manipulation de ces différentes traces. Une
définition de la diplomatique du document numérique. On nous annonce une révolution du Web
2.0 pour un Web sociosémantique permettant l’automatisation des taches tout en donnant un
outil adapté aux préoccupations d’un historien ainsi qu’aux particularités du matériaux.
Ces liens externes de sites renvoyant à d’autres nous permettent d’établir un lien de
lecture offert. Ces liens sont évolutifs et pour un relevé à travers le temps on pourrait constituer un
historique de ceux-ci. Ce sont des balises pour l’utilisateur permettant de définir le destinataire
attendu du site, la position du locuteur ou bien l’appartenance à une configuration sociale. L’un
des sites auxquels renvoient rapidement une requête est le blog35 . Ces entreprises possèdent
aussi une forte dimension politique. Ces liens externes menant souvent vers des sites menant des
politiques des gouvernements de gauche. Ils défendent entre autres Halde, LDH, MRAP… on
peut noter « L’enfant d’abord », qui se considère comme un site « apolitique », mais qui renvoie
tout de même vers des sites politiques annonçant la « grosse conne européenne ». Nous pouvons
également trouver à partir d’un site censé nous donner uniquement des informations pratiques et
utiles sur le Sénégal des liens évoquant un anarchisme de l'extrême droite française. Et ce même
si certains de ces blogs sont reliés à des journaux très sérieux comme le monde. Certains enfin
renvoient à un positionnement idéologique brouillé telle la Riposte laïque voulant une République
laïque et sociale mais dont l’un des principaux représentants, le parlementaire hollandais Geert
Wilders, reste célèbre pour ses propos islamophobe. (Les contributions…les deux blogs?? 142).
Ces liens émanent de sites plus ouvertement politiques que le site auquel ils renvoient. Radio
Courtoisie, une radio de la droit nationaliste wallonne et le MNR par exemple, dirigent
l’association vers le site de l’internaute. Ici les deux principaux soucis idéologiques sont le
socialisme et le mondialisme. Ces données nous permettent alors plusieurs constats. Un premier
tient aux stratégies d’énonciations de l’auteur du blog amenant à une stratégie d'établissement
de liens externes qui renvoient à des sources documentaires garantes du sérieux de l’information.
A l’inverse certains webmasters comme l'extrême droite français nous définit des objectifs
neutres et objectifs, nous donnant cet exemple comme une manipulation de l’opinion et de la
coordination. C’est tout un travail idéologique qui s’opère. Cependant les enquêtes faites par nos
sources numériques nous heurtent à trois limites. Une première est que l’espace défini n’intègre
Ici nous avons une explication de la recherche par tropes ou par syntagmes. Une pratique
très ancienne, mais efficace pour traiter des corpus de grandes tailles. Un exemple sur les blogs
d’actions militantes déposant de petits textes et dont on peut suivre l’évolution des interactions
par ce procédé est disponible à la page 14436. L’exemple sur le livre en prison37 a été l’objet d’une
recherche sémantique sur Google. Après avoir trouvé les chaines de caractères les plus
pertinents/efficaces, nous tombons sur divers sites politiques engagés et des auteurs
d’historiettes faisant scandale. Cela nous permet encore d’établir une stratégie de communication
de part les sources. Nous pouvons tout de même effectuer une analyse de réception permettant
un repérage très rapide des textes sans pour autant toucher à la nature du corpus ni à la
signification des prises de parole dont nous retrouvons la trace électronique. Il faudrait pour
arriver à cela, c’est-à-dire changer d’échelle, construire un dispositif savant inédit et cela
demanderait une division du travail et de la coopération au sein de la communauté scientifique
car cela demande de lourdes compétences et donc matière à la formation et/ou aux coopérations
transdisciplinaires. La masse importante de l’information est un problème au niveau de son
exploitation. Car elle impose un outil que l’historien ne maitrise pas, mais qu’il pourrait au prix de
voir cette instrumentation renouvelée. Il faudrait repenser les outils des sciences humaines en le
redéfinissant comme une manipulation instrumentée et réglée et de symboles connectés à des
traces matérielles. Cela nécessiterait en plus de l’achat des machines, une culture informatique
des historiens leur permettant de dialoguer avec les autres scientifiques et ingénieurs, voir
construire leurs propres outils. De plus la question de l’argumentation est au poste à tous ceux
entendant utiliser cette information numérique. Elle pose une exigence de la culture informatique
aux historiens ainsi qu’une filière voisines spécialisant solidement les historiens aux numériques.
Cela devient nécessaire pour ne plus dépendre de n’importe qui ainsi que pour s’adapter à un
outil qui contrairement évolue et qui en plus de sa formation coûteuse, a une forte obsolescence.
Cela pose un problème d’archivage sous la forme numérique. On s’est peu intéressé en effet à la
question de sa pérennité les historiens n’ont jusqu’à maintenant participé que trop peu au débat.
Quelques projets fort peu nombreux comme le centre d’historie sociale au XXème existent
étudiant les mouvements sociaux modernes ne paraissent que trop peu sur des pages HTML. Ce
projet refuse le fantasme de l’archivage universel ne le considération comme un réceptacle de
vestiges ayant échappé à la destruction. Le projet prévoit l’identification de facteurs clés, le
recueil et l’indexation de leurs productions numériques.
Une réflexion s’engage alors rassemblant une connaissance de l’objet appréhendé ainsi
qu’une réflexion sur les particularités du matériau. S’emparer du matériau par le biais d’Internet
offre des pistes utiles à l’historien. Cela exige une connaissance préalable du cadre
sociopolitique. Certaines difficultés arrivent comme celle que le Web n’est pas une source, et que
même s’il est nécessaire pour l’historien contemporain, il doit être considéré avec d’autres
source. Il existe aussi beaucoup de contraintes spécifiques telles que la désorientation et la
surcharge cognitive guettant l’utilisateur. Ensuite il y a aussi la rapidité de changement des modes
d'organisation et de présentation. l’usage de ces sources par une appropriation coûteuse
L’histoire est avant tout un travail scientifique et l'arrivée du numérique a apporté son lot
de nouvelles interrogations sur les nouvelles transformations de l’écriture historienne. Des
interrogations distinctes; on se demande si les historiens écrivent pour les usagers d’internet et
sous quelle forme, on considère qu’il offre un matériau nouveau en s'interrogeant sur ce qui faire
ou dire de neuf, l’incidence qu’il aura sur les pratiques de l’historien, on s'interroge au sujet des
propriétés des discours historiques, l’interrogation porte alors sur les transformations des usages
publics de l'histoire de l’ère numérique. L’historien collecte des matériaux pour en rédiger un texte
et il arrive que les produits de son activité soient disponibles sur la toile. Les premières utilisations
du net ont été dans le cadre d’entreprises anglo-saxonnes et souvent par le biais de leurs
activités pédagogiques. S’interroger aux transformations de l'écriture de l'historien revient à
étudier les mutations d’un métier contemporaine des dispositifs techniques auxquelles il est lié.
Nous allons ici étudier le coeur de l’activité historienne de production d’un texte qui est le
dépouillement d’archives. C’est le seul élément qui est soumis aux jugements de leurs pairs et
ces travaux définissent l’identité de l’historien. Internet n’est pas une nouveauté radicale. Une
question d’histoire se traite par l’examen de la bibliographie existante et la délimitation d’un
corpus à examiner. Or ici, la bibliographie est inexistante même si l’on peut trouver certains
manuels d’historiographie. Dans le cadre d'une enquête américaine38, Deborah Lines Anderson a
étudié l’évolution des usages de 1992 à 2003. En 1996, les pratiques sont toujours minoritaires.
Une deuxième enquête en 2003 où l’utilisation du courriel est devenue systématique. La
publication électronique demeure cependant assez rare du fait de la peur que le format
électronique ne soit pas pris en compte par les instances de recrutement et d’évaluation. Les
résultats de ce programme pilote de l’enquête nous montre que la diffusion des compétences et
des outils numériques apparaît rapide, mais tardive et reculée dans son extension. L’historien
new-yorkais est utilisateur de ces outils en 2004 tandis que le français ne le considère dans les
années 2000 que comme un substitut à la version papier plus qu’un dispositif ouvrant de
nouvelles disponibilités. Les historiens perçoivent le numérique comme un travail supplémentaire
pour eux et une menace soumise à la logique du profit. Comme « un retour du travail à la chaîne,
sans sens, sans compréhension globale du processus »39.une dépendance des bases payantes
constituerait ensuite une défavorisation de ceux ne disposant pas de soutien économique. le
débat de l’informatisation en France porte surtout sur les modalités de mise en ligne d’une
information scientifique au formes quasi inchangées; le PDF remplaçant le format papier. Les
délais de production d’une recherche sur le réseau et fort long et souvent les sources
informatiques sont gommées par les chercheurs.
Pour examiner ces pratiques, notons chez les anglo-saxons le Journal of the Association
for History and Computing que nous appelleront JAHC, né en 1998. En France nous parlerons des
les Médiévistes et l’ordinateur de 1979. L’un traite de l’histoire médiévale, l’autre est plus général.
Mais ils ont tous deux des points communs. Ils sont tous deux de pionniers aux mêmes
convictions montrant des historiens réticents aux changements aussi nécessaires qu’inévitables.
Ce sont des organisations visionnaires parcourant les nouvelles technologies. l’informatique doit
être prise en compte car rentrée dans les moeurs et de par ses apports heuristiques indéniables.
Nous nous pencherons maintenant aux enjeux de la manipulation des données historiques
et aux possibilités qu’offre la numérisation et la distribution des données informatiques qu’offre le
travail de l’historien. De même nous irons sur une réflexion sur l’exploration et la description
statistique des données historiques. Les historiens s'intéressent certes aux mutations des
systèmes d’écriture dont ils se servent mais ils ont rarement explorées modes de réarrangement
et de manipulation des traces historiques. Ils se contente de s’ajuster aux transformations plutôt
que d’en construire. Le Médiéviste et l’ordinateur (2002) nous montre les apports cognitifs des
techniques informatiques. Il faudrait s’approprier ces incessantes nouveautés qui aide au travail
de l’historien souvent livré à lui-même par l’avènement de la micro informatique. Le problème
n’est pas le manque de machines mais plutôt de pouvoir faire entendre aux administrateur les
besoins premiers de la formation, « la mise en place de structures et de procédures d’assistance,
de concertation entre utilisateurs ». Procédures d’autant plus nécessaires que la formation
informatique de l’historien. Le numérique a baissé le nombre de thésards de peur de se voir
dénoté par la connaissance de tâches qu’on ne leur demande pas. Les vieilles oppositions des
deux sortes de travaux restent donc bel bien vivaces. Le problème est que cet outillage est mal
partagé et a peu de chances d’être valorisé. En effet, la production d’un outillage et l’invention de
formes nouvelles (ainsi que ses manipulations) n’ont pas été la priorité des historiens ces
dernières années.
Cela nous suppose à la création ultérieure de vastes corpus mais dont les obstacles liés à
la taille de celui-ci seront tout bonnement gommé par le numérique. A noter que les écritures
invisibles de l’historien sont de plus en plus numériques. Mais toutes ces transformations42 ont
des effets heuristiques. La manipulation de ces matériaux par une centralisation achevée
permettrait d’après Vincent Denis une nouvelle appréhension des phénomènes sociaux. Pourtant
les historiens ne sont que peu nombreux à porter un intérêt aux outils. Cela nous amènent
certaines hypothèses des causes; une originalité de la discipline nouvelle, une discipline que très
peu formalisée, l’ambition caractéristique de ses évolutions précédentes. On peut noter que la
discipline historique évolue par les déplacements de ses questionnements et s’accompagne par
des changement au niveau du vocabulaire et voir à la mobilisation et à la création de sources
nouvelles. Or une évolution des systèmes experts demandent une formulation et explication de
ceux-ci et c’est difficile à établir dans une discipline qui ne définit ni une praxis, ni un matériau, ni
un vocabulaire partagé. Ces dispositifs ne restent pas adaptés au travail de l’historien car ils
essaient d’adapter les usages d’outils conçus par d’autres. Or la conception de systèmes
d’informations dédiés à ceux-ci serait une opération longue et coûteuse et d’autre part la réunion
de compétences rares et diverses. Des très rares laboratoires s’accolent à la tâche43. Des
systèmes d’aides géographiques ou archéologiques ont été faits de par les matériau à traiter qui
en rendait la conception aisée ainsi que l'intérêt pratique d’un système d’aide. Mais la
coproduction d’outils avec l’historien est difficile de part le fait qu’il n’est pas lié aux savoirs
pratiques. Le but de l’historien n’est pas de produire un savoir formalisé ou une prédiction
robuste. Nous pouvons voir récemment des transformations majeures de la discipline mais qui ne
dépendent pas essentiellement des outils apparus. Les conditions d’exercices et les dispositions
sociales sont en effet aussi d’importants facteurs. Les transformations qui sont ici de cet ordre
sont lentes et émergeront sans doute, même si elles sont innovantes en marge des institutions. La
rapidité et le faible coût des échanges le permettra. Nous verrons la naissance d’historiens
collectifs qui ne sera certes pas d’une grande nouveauté mais dont les productions et les
écritures auront sans doute des traits spécifiques.
41 Page 167.
42 Citées à la page 169.
43 ALPAGE par exemple.
Από τον διδάκτορα 22 Historien à l'âge numérique
Chapitre XII: Histoire@numérique
Nous vivons aujourd'hui dans une histoire numérique à l’intérieur de laquelle aucune de
nos activités ne pourrait sortir de ce cadre numérique. Toute l'histoire très contemporaine
comporte une dimension numérique. Le langage numérique s’inscrit dans une histoire des
systèmes d’écritures et laisse chantier ouvert à l’historien pour son étude. Les données
numériques se caractérisent par leur hétérogénéité, leur surabondances et leur fragilité et
constituent de véritables défis techniques, économiquement et politique. Cet environnement
favorise l’appropriation de ce monde par de grandes entreprises et monétisant la chose par un
monopole et un oligopole. De telle sorte que l’on voit certains directeurs d’entreprises se vanter
d’être les détenteurs de notre mémoire. Il y a en France malgré tout un désintérêt de la croissance
du numérique. Comme le prouve les articles scientifiques publiés que très récemment. Il a
pourtant la particularité de pouvoir créer des chaînes de symboles aisément manipulables.
La confrontation à l’automatisation et les possibilités nouvelles (cf supra) qu’il offre nous
posent un tentative de redéfinition de l'activité de l’historien. Elle permet une dissémination de
l'information rapide ainsi qu’une communication qui en plus d’être rapide, est peu coûteuse. Ses
transformations qui ne sont pas propres à l'histoire et qui ont été repérées et étudiées par des
champs parfois proches telles la politique, l’économie ou le droit. L’un des principaux débats et
l’introduction de l’informatique dans l’enseignement de l’histoire. Les technologies numériques
permettrait de se dispenser de l’accueil physique et les modalités de transformations plus
accessibles à ce domaine du numérique attire les institutions publiques visant à se rapprocher
des firmes privées. Toutes sortes de questionnements se posent au sujet de l’intégration d’une
culture numérique. Il faudrait repenser les valeurs formatrices des disciplines de culture. Cela
nous conduit à une « culture numérique » et à un nouvel humanisme, forcement numérique. Alors
se pose la question de la place des sciences durs pour la formation de l’historien. Faut-il qu’il soit
un agile utilisateur uniquement ou bien un « autochtone » du monde numérique.
La technique numérique, souvent accolée au statut d’ancillaire, n’est pas toute neuve. Des
revues de 1980 en parlent en effet déjà telles la Mémoire Vive ou encore le Médiéviste et
l’ordinateur. Mais la conjoncture a récemment changé avec la naissance de plus de blogs, de
séminaires, de revues… consacrées au numérique. Actuellement de plus en plus de vénérables
travaux d’historiens intègrent un dimension numérique à leurs recherches. Nous avons
aujourd'hui une prise de conscience que l’outil numérique ne facilite pas et ne rend pas
uniquement plus rapide le travail de l’historien. Il induit de profonde mutations des conditions de
production et de la diffusion, voir de la nature, du travail de l’historien. La transformation la plus