Vous êtes sur la page 1sur 25

P.

Rygiel
Historien à l'âge numérique

Introduction générale

L’écriture liée aux premières civilisations, avait un aspect prosaïque de part ses desseins
utilitaires. Ce qui intéresse l’historien, c’est les mutations qui y sont liés grâce à cette technologie
qu’est l’intellect, la pensée. Nous, contemporains, ne faisons pas exception par l'invention des
écritures électroniques et autres algorithmes (écritures mathématiques) ayant opéré de nouvelles
transformations. L'intelligence historique est nécessaire à la compréhension de cela. Car ces
transformations ne sont pas une suite de causes et conséquences, mais il faudrait plutôt dire que
cette informatisation est partie d’autres transformations, comme les concepts de la vie en réseau
ou du premier alphabet complet. Ces mutations touchent alors aux modes de pensée, aux
activités économiques et amorcent les changements de civilisation.

Ces transformations ont donné naissance à une caste de gestionnaires nouvelle au sein
des mondes universitaires. Celles-ci sont cependant très souvent assimilées à une attaque allant
à l'encontre des fondements mêmes des institutions universitaires. Cela ramène les
connaissances à une simple marchandise et amorce une situation assez sombres pour beaucoup
d’historiens. Les acteurs de ce « numérique » qui suscite la méfiance devient alors de nouveaux
acteurs de la connaissance historique. Pour contrer cela, il faudrait alors accepter l’idée d’une
Digital History, où l’on formerait l’historien d’une nouvelle manière. Car en effet, l'informatique est
une science, et elle demande une formation spécifique et longue.

Pour les anciens maîtres, tous ces ordinateurs, photocopieuses… sont des outils
nouveaux dont ils ne connaissent strictement rien. En effet, leurs travaux tournaient plus autour
des bibliothèques et des «  recopiages  ». Mais parmi ceux-ci, ils existaient aussi des pionniers
postulant que l’historien de demain, serait ou ne serait pas programmeur. Aujourd’hui, il n’est pas
d’étudiant n’ayant pas accès à Internet ou d’historien ne communiquant pas avec ses confrères
par le biais de ce dernier. Au contraire des années 80’, l’historien des années 90’ commence à
devenir expert et connaisseur de sa machine. Certains concepteurs du début des années 90’
furent producteurs et diffuseurs d’informations numériques, par le moyen d’Internet. En 1996, a
été lancé le site Clio1 qui devint, de site destiné à fournir des document relatifs à un séminaire, un
site savant. Il constitue le premier site savant d’histoire en langue française. Si la réalisation et les
réflexions sont de tradition ancienne, on s'intéresse désormais aux possibilités nouvelles
d’écriture. Au début des années 2000, beaucoup de petits groupes «  d’historiens numériques  »
voient le jour2. Une réflexion poussa plusieurs historiens à mettre au point l’Analyse, un site web
ayant pour but d’embarquer un partie de la maîtrise procédurale pour aider les étudiants n’ayant
pour première vocation celle de l’historien. Le climat change peu à peu, rendant la numérisation
«  affaire d’état  », de telle sorte que de nouveaux plans de numérisation de la littérature
apparurent. On parle ici d’une innovation où le travail de l’historien se mêle à celui du
mathématicien et de l’informaticien comme lors du PIREH. Ce qu’il faut souligner ici n’est un
développement de ce parcours (dont on ne peut définir les propriétés) mais plutôt la plurivocité
des points de vue naissant. Certains pensent à une dissolution dans l'idéologie et la littérature
historique. Mais d’autres traditions, plus savantes et érudites, existent. Ce qui intéresse ici et qui a

1Rygiel se situe parmi ses auteurs.


2 ENS, PIREH.
Από τον διδάκτορα 1 Historien à l'âge numérique
été rassemblé sont « l’intérêt marqué de ses tenants pour les transformations des conditions de
production du savoir historique.

Tous ces textes numériques portent la marque de leur contexte de production. Ils n’ont en
effet pas tous les mêmes fonctions, répondant à des besoins pour chacun différents. Ces textes
sont pour beaucoup difficiles d’accès car ils concentrent souvent leur publique vers une dizaine
d’individus. Ce qui fait que cela favorise une écriture souvent nourrie d’implicites. Pour un souci
de lisibilité, les sources ont été dans ce texte souvent mise à jour de part le fait que des sites
disparaissent ou sont souvent modifiés3 . Enfin le numérique change pour l’historien que
« l’ubiquité croissante des dispositifs numériques conduit à une différenciation des pratiques et à
l’apparition d’enjeux et de controverses locales dont les termes ne sont pas identiques ni
superposables ».

Pour comprendre l’historicité de cela, il faut prendre conscience des transformations du


métier et des débats y naissant. Car l’historien est plongé dans un monde où il n’a pas ou peu de
repères. Tout comme les textes présentés ici qui ne tendent pas à une épistémologie mais vont
plutôt nous donner des outils en contribution à ses débats. Une des idées les plus défendues est
que ces transformations touchaient simultanément à tous les aspects du métier. Il faut ajouter que
la prise en compte de l’horizon numérique dans les divers débats est nécessaire. Ainsi, deux
débats semblent d’importance particulière. Un premier débat se pose au sujet de l’enseignement
de l’histoire. Alors que notre nature aujourd'hui est numérique où toutes ces techniques qui le
compose détermine notre expérience sociale. Mais notre enseignement est dérivé de ces
techniques et sciences qu’il ignore mettant l’histoire au niveau d’un canon. La question se pose
ensuite de qu'est-ce que sera l’historien de demain et quelle forme prendra l’activité savante à
ses côtés. Nous pouvons supposer que l’historien n’écrira peut-être jamais de livre et que les
moyens d’exposition de la science historique prendra de nouvelles formes. Le numérique se
dotera de compétence utiles dans l’immédiat, mais vite obsolètes. En effet, les formats, interfaces
et logiciels évoluent et les métiers avant tout se transforment. Un deuxième point est l’évolution
des compétences numériques qui deviennent acquis et les outils relatifs à cette histoire
numérique ne cessent d’accroître. Ensuite, nous nous baignons dans une illusion en croyant
possible la fusion parfaite entre l’historien numérique et l’historien de part les compétences bien
trop grandes pour un même individu. Toutes ces interrogations s’inscrivent dans un humanisme
numérique ou dans un enseignement d’une culture numérique. Le problème du numérique est
que l’historien use de jugements experts complexes qu’un ordinateur peut difficilement
automatiser. En effet, le problème est que les unités numériques peuvent difficilement s’adapter
aux différents contexte de par les informations qu’elles ont acquises de part un ou plusieurs
contextes initiaux. On pourrait dire ensuite que l’expression d’«humanité numérique  » engage à
renouer le commerce entre tous les littérateurs4 . Un enjeu de taille sera pour tous ces praticiens
des disciplines érudites devenant guère solide; ce sera de pouvoir « s’épanouir » dans un monde
bien plus saturé des différents dispositifs numériques. En conclusion, concocter un canon d’outils
à la numérisation n’est guère possible. Ensuite, la forte spécificité de certaines tâches demande,
et demandera un hyperspécialisation. Dans un même temps, les études doctorales, en
demandant un maîtrise rapide des outils utiles à la réalisation d’une prive les étudiants des
apprentissages complexes. La thèse en change de la nature ne constitue plus l’occasion d’un
apprentissage mais plutôt une « monstration » de ce que l’on sait déjà faire. L’historien dans sa
formation devra essayer non pas d’acquérir une connaissance parfaite mais plutôt acquérir une

3 Cela pose un soucis d’archives.


4Historiens, orateurs, mathématiciens, physiciens… que Colbert voulait réunir en une seule
académie.
Από τον διδάκτορα 2 Historien à l'âge numérique
compréhension de ces divers outillages numériques lui permettant d’atteindre un accès à ce lieu.
Cela conduira à une formation laissant place à une grande abstraction méthodologique mais
aussi à une connaissance des premiers rudiments mathématiques et informatiques. Ce qui est
difficile dans la mise en place de ce programme, ce sont les pénuries des ressources humaines et
des étudiants qui vont suivre ce cours (on n’ouvre pas un cours pour deux ou trois personnes).
L’autoformation, grande mangeuse de temps, a cependant ses limites. L'idéal serait un
enseignement par mutualisation qui permettrait aux étudiants d’apprendre par les échanges entre
les différentes institutions et établissements. Le mouvement qu’actionne ce débat peut être mis
en relation avec le tournant réflexif que théorisèrent certains auteurs de sciences sociales au
début des années 90’. Les sciences historiques, bien que moins atteintes par ce mouvement, ont
été prouvées par J-P Genet l'élaboration d’instrumentations nouvelles conditionnent les objets
d’étude et les différents concepts. Cela nous amène à une pratique de l’histoire comme pratique
sociale; dont l'environnement et les instituons de tout ordre en place, par leurs évolutions
déterminantes, permettent de comprendre les dynamiques de transformation de la discipline.
Celles-ci sont le produit de processus politiques et sociaux. Les injonctions d’informatisation ainsi
demandées aux universitaires se comprennent ainsi en référence à des processus politiques.
Mais de ces pratiques découlent aussi leur historicité. Mais même si ces mutations sont
considérables, elles sont soudaines et inachevées. Le contexte semble cependant aller vers une
historicisation du rapport de la profession historique au numérique permet de briser ce rapport
fétiche à cette dernière. Les formes de l’écriture sur le Web ont constamment changé. Il y a vingt
ans, au débuts des sites savants, il fallait s’orienter vers un éditeur ayant les différentes
compétences5 à la publication de manière électronique du contenu. Ce fut le plus difficile à
l’époque. Ceci, bien que paraissant archaïque, ouvre l’accès à beaucoup d’activités cellulaires. A
l’époque, alors qu’il y avait encore peu d’utilisateurs, une première plate-forme d’interaction ouvre
sur les sites savants. Après un bond d’une dizaine d’année, vers 2005. Nous pouvons voir des
sites d’histoire du type Le mouvement social, sorti en l’été 2003. Désormais, ce sont de véritables
instituions professionnels qui s’occupe du travail informatique avec plus d’exactitude. On voit,
couplé à cela, une évolution des interfaces, formes, designs, ergonomie… Ensuite, nous avons
désormais également un nouvel «  équipage  » informatique; producteurs, administrateur de
réseau, scripteur historien… dû aux nouvelles compétences plus complexes que demande le
réseau. Encore dix ans plus tard, les formes d’écriture savante électronique des historiens devient
plus nombreuses et on fait intervenir des prestataires extérieurs qui s’occupent de l’écriture
numérique. Côté historiens, on voit naître la naissance de blogs. Nous sommes ici dans des sites
fabriqués par CMS6 … Le résultat le plus spectaculaire est la prolifération du code. Tout cela est
lié aux évolutions techniques et industrielles; comme par exemple l'augmentation des débits
réseaux et des processeurs. Ces outils tendent vers une division du travail entre codes,
serveurs… et toutes sortes d’opérations nous apparaissant comme quasi-nature. On parle dès
lors de contributeurs; ceux déposant un texte graphique en ayant aucune connaissance de ce qui
se passe derrière. L’administrateur du site (étant rarement également celui du serveur), s’applique
uniquement à la génération d’un code et non plus à son écriture. Les contributeurs eux, par la
démocratisation de l'écriture son collé à un usage de cette dernière défini. La logique de ces
innovations se situe dans un soucis d’économie. Ces remarques, par le biais des conditions de
production des écritures savantes, nous montre la possibilité d’historicisation de ces dernières. Il
est possible d’associer l’ouverture de la possibilité de l’écriture en réseau à de fortes
discontinuités (ruptures) par la dissémination de l'information et par l'accélération de sa
transmission. Ces sites savants s'inscrivent une histoire très longue de la communication et il y a
pour enjeu la mise en relation de micro-sociétés. Faire de ce récit un rupture semblerait réducteur.

5 Page 29.
6 Voir tous les noms page 31.
Από τον διδάκτορα 3 Historien à l'âge numérique
Nous définissons aujourd'hui une multiplicité parmi toute une épaisseur sociale et les techniques
dont l’oubli est la condition même de l’ébahissement fréquent devant les objets numériques
présent dans notre quotidien. Si maintenant à l’inverse, nous nous intéressons qu’au producteur
historien des sources numériques contribuant à un site savant, il tend à être la quasi-totalité des
opérateurs, qui questionne sur sa capacité d’un accès pérenne aux documents produits et à sa
capacité à codéfinir les fonctions et les formes. Cette histoire disponible sous formes de codes,
témoignant d’une dynamique, est à la fois l’un des principaux défis futurs et une ressource. Une
ressource car c’est un signifiant et un défi car il nous pousse à chercher par le passé que les
modes de captation et de manipulations de ces ressources peuvent varier selon l’âge de celles-ci.

Les conditions d’utilisation du Web sont particulièrement liées et dictées par les formats et les
langages utilisés. On peut voir par exemple aux années 90’, une base lourde et hétérogène,
contrairement au début des années 2000, présentant un blog, base de données structurées de
grande taille, dont l’accès et l’utilisation ont été facilité. Nous exigeons donc dès à présent pour
une exploitation des sources premiers par l’historien: la réunion d’une intelligence de la source et
de l’historicité de l’espace étudié, d’une intelligence informatique et mathématique pouvant être
distribuée à diverses acteurs. Nous nous attaquons ensuite au caractère intrinsèquement
dynamique des matériaux. L’exploitation rigoureuse d’un de ces matériaux populaires7 dans sa
temporalité suppose non seulement l’usage, mais l’appropriation inventive d’une instrumentation
adaptée tant au grain du matériau qu’au mode de questionnement propre à la discipline. Ce
contexte d’assemblage de ces outils nous empêche de poser ses propres questions car l’outil qui
est une matérialisation de ces matériaux est considéré comme un descripteur pertinent. Le but de
cet ouvrage est de parcourir cet univers numérique de l’activité du praticien (historien) pour voir
ce qu’il peut en faire ou y faire contrairement à s’interroger sur l’environnement qu’il faudra faire
advenir.

7 Wikipedia.
Από τον διδάκτορα 4 Historien à l'âge numérique
Partie I: Archéologie d’une pratique

Chapitre I: l’offre faite aux historiens. Essaie de description des services Web
offerts aux professionnels de l’histoire contemporaine

Le but premier de la première édition de ce livre était de créer, un support, un inventaire à


tous les sites historiques déjà existants. Ce travail est donc toujours basé sur les sites de
l’exemplaire de 1996; seule l'écriture a été retouchée. On tentera ici une entreprise de typologie
des ces différents sites. Typologie ayant ses limites. Il offre un tableau des sites de la mi-98 de par
une expérience personnelle. Une première caractéristique de cela est une réelle rapidité du
changement des formes du Web avec plus en plus de sites se concentrant sur un contenu
pertinent. Le développement de certains outils8 permet l’accession à ces diverses sortes
d’écriture électronique à des non-informaticiens.

D’abord le serveur vitrine, servant à promouvoir ou à renseigner sur une presse, société…

Le mémorial propose d’étudier une partie de l’histoire plus à partir de ses sources
iconographiques, le rendant plus fragile.

Des spécialistes, des équipes qui ont pour but de fournir des informations/ressources à
moindre coût à une petite communauté (car la version papier serait trop chère). C’est le travail du
centre de ressources.

Des revues électroniques payantes voient peu à peu le jour9, s'écartant pas du tout ou
alors fort peu des revues papier, mais à moindre coût.

Nous avons la naissance de forums, dont l’unité de base n’est pas l’article lui même. Elle
est plutôt constitué de ce dernier ainsi que des réactions qu’il a suscité10 . La mise en ligne de
prépuBlications permet la mise en place du forum. Le caractère provisoire de ceux-ci peut être vu
comme un appel de coécriture ou de validation aux spécialistes.Ce qui vise à la consolidation et
fixation de ce réseau est les liens interpersonnels et professionnels créés entre les différents
utilisateurs du réseau.

Grâce aux réseaux, les limitations physiques et économiques de la consultation de


documents sont dépassées.

Le document numérique accorde des options qui sont inexistantes pour la source écrite.
Cela conduira à une consultation plus abondante ou à une multiplication de l’enjolivement des
documents numériques?

Les newsgroups11 ont pour but une collaboration d'internautes pour permettre de
répondre à certaines questions. Pour de sociétés utilisent cela et l'améliorent en prédéfinissant
une liste de qui serait susceptible de répondre aux diverses questions afin d’éviter un amas de
mail et autres spams ne les concernant pas.

8 HTML.
9 Anual Review Sociology Online par exemple.
10 Australian Humanities Review constitue un bon exemple de cela.
11 Comme H-net.
Από τον διδάκτορα 5 Historien à l'âge numérique
L’édition numérique est une tache difficile et d’ampleur qui a été prise par des privés ou
encore par la Bibliothèque nationale de France (BnF).

La métasite, l'extraordinaire croissance du réseau tend à créer des sites dont la fonction
est d’aider à la recherche.

De nombreux départements et universités tendent à diffuser les informations et à exercer


d’autres tâches administratives par le biais du réseau. Cette typologie possède trois axes12:

• Un premier se basant sur l’utilité et le fait de se servir de ce support.

• Un deuxième visant l’édition d’un matériau déjà existant pour tester les possibilités du médium
plus que tout.

• Et un troisième permettant de décrire la position institutionnelle des créateurs du site.

En combinant ces trois axes, il serait possible de déterminer avec plus de précisions qui produit
quoi dans ce champ et avec quels outils.

Chapitre II: Ecrire et penser un site

Nous retraçons ici le récit de la naissance du site Clio en 1997 par l'initiative de l’ENS et
de EHESS. Pour accéder aux possibilités qu’offrait le réseau, ils sont passé par un médiateur en
la personne d’Eric Guichard. Il s’intéressaient aux préoccupations de chacun en tentant d’y
répondre de de telle sorte qu’il nous fournit un outil nous permettant de répondre à certains
problèmes (car un outil ne peut répondre à tout).

L’écriture en réseau répondait à certains besoins. L’hypercentralisation des données ou


l’accès difficile à certaines obligeait certains historiens à ne pouvoir accéder qu’à une partie et ne
pas avoir de vue d’ensemble. Ensuite, le réseau permet l’accès à des lieux de discussion
technique sur l’histoire qui manquait cruellement où l’histoire se « construisait ».

Ce projet permet la communication entre divers individus éloigner tout en apportant un


matériau plus que la version papier. C’est un outil qui fin aux dépenses exorbitantes et qui facilite
la mutualisation partielle de la recherche. Cela nous a amené certains contours et priorités d’un
serveur répondant à nos besoins:

• Un lieu où l’on pourrait débattre de ce qui nous intéresse. Lieu qui trouve difficilement sa place
dans les circuits classiques.

• Il faudrait que ce site fasse écho aux controverses scientifiques intéressant la communauté
historienne. Il faudrait que les visiteurs soient contributeurs et non pas seulement
consommateurs.

• Offre d’outils utiles à la profession.

• Le site devrait permettre l’échange rapide entre les chercheurs.

Le site n’est pas l’équivalent d’une revue imprimée. Il a d’autres fonctions (surtout dans la
publication des sources) mais aussi une autre structure (l’un se base sur le volume, l’autre sur la
rubrique…). Le Clio, qui devait être à l'origine un site très large c’est vite spécialisé13 et cela est
dû aux conditions de conception de ce dernier. En effet, il constitue un prolongement des
recherches des chercheurs. Ensuite ce site n’est finalement pas un lieu de débat. Car pour être
digne d’intérêt, il doit être pris en charge par divers spécialistes et contrôlé. Le site devint vite un
aimant à chercheurs cherchant à prendre contact avec les régisseurs du site. Ensuite, n’allant pas

12 Plus de précisions page 45.


13 Sur l’histoire des migrations.
Από τον διδάκτορα 6 Historien à l'âge numérique
de soi, penser des formes d’écriture adaptées devint une fin en soi. Un grand avantage du
numérique est les notes de pas de pages disponibles au lecteur contrairement à la version papier.
Mais, il y a un problème qui se pose aux niveaux des habitudes des lecteurs de ces sites qui nous
sont inconnues. Enfin, nous pouvons observer que les lecteurs s'intéressent bien plus aux
sources originales qu’aux documents et autres articles.

Les analyses des consultations14 nous montrent une méconnaissance envers les lecteurs.
Le problème des articles est leur spécificité, leur taille importante et la non validation de ces
dernières. Ce qui met le site à la place d’un complément à la source papier.

Le site permet de prolonger le travail par un réseau. Mais pour toucher au delà du monde
scientifique, il faudrait diversifier les thématiques. Il faudrait pour cela plus de personnel extérieur,
un budget temps pour la maintenance. Il y aurait besoin pour ces sites, une validation du travail
scientifique par la communauté qui accorde plus de crédit à la version papier. Tous ces problèmes
amènent à la disparition de nombreux sites. La courte histoire du site Clio résume bien celle des
sites en sociologie. Le développement de telles interfaces aura un coût pour voir un
développement possible.

Chapitre III: Les sources de l'historien à l'heure d’Internet

Seul moins de 3%15 des sources qu’utilise un historien renvoie à un site Internet. Il existe
encore certaines provocations à l’égard de celles-ci.

Précisons deux notions au sujet des ressources du réseau16 . D’abord celle de traiter des
sources et d’Internet qui est évoquer les caractéristiques des données numériques. Puis la notion
de source, dont la définition ne trouve pas de trace sur le réseau. C’est un travail qui demande du
temps et une culture professionnelle de construction que le réseau ne saurait abolir. Une source
doit être validé de plus et non simplement trouvée.

Les listes, cartes, catalogues et autres sont devenus des outils indispensables dès
lors que l'information devient importante. Elle permet à partir d’une requête, d'accéder à une liste
d’images et de documents détaillés et très rapidement. Mais les personnes faisant ces listes
répondent aux besoins qui leurs paraissent pertinent mais pas forcément à nous. Ce qui fait que
nous devons parcourir chaque fiche détaillée de la rubrique et ne nous fera pas gagner de temps
significatif par rapport à la source papier. De plus les habitudes héritées de la formation nous
ferons parcourir la source papier dans son entièreté pour nous l’approprier.

La numérisation de l’archive depuis le World Wide Web est une démarche prenant de
l’ampleur. Il y a de plus une volonté politique derrière cela (8 millions de francs investis entre 1997
et 2000) pour une sauvegarde du patrimoine savant et culturel et des documents fragiles. C’est
une entreprise devenant de plus en plus riche, mais qui a aussi un coût; et qui plus est important.
De plus, il faut pour son succès une maintenance assurée et un entretien régulier pour sa
pérennité. Ensuite, numériser un document n’est pas en faire un cliché, mais produire un
document numérique. Ce n’est pas le document lui-même, mais une suite de nombres qui ont été
traités pour donner un représentation, une image lisible par le lecteur. Cela demande un certain

14 Page 51.
15 D’après des sondages faits en 2000.
16 Plus d’informations à la page 56.
Από τον διδάκτορα 7 Historien à l'âge numérique
processus d’abstraction. C’est par sa genèse que nous pouvons comprendre au mieux l’objet. De
plus les opérations effectuées par l’historien dépendent des propriétés matérielles de l’objet. Les
sources numériques ne peuvent donc pas se substituer à la version papier. Un historien qui
étudierait par exemple les techniques de production du manuscrit y perdrai.

D’autre par il y a ce choix à faire entre document image et document numérisé. Chacun présente
des qualités et des défauts17 . Le document le plus favorisé serait le PDF, rendant une impression
du document à l’identique, et ce peut importe la machine qui le traite. Le dédain des historiens
face aux documents numériques vient principalement du fait que leurs caractéristiques ont été
fixées par d’autres. Il faudrait alors soit que l’historien retravaille le matériau ou accepte qu’il ne
comble pas pleinement ses attentes.

Toutes ces conclusions sont également applicables aux données n'ayant pas d’équivalent
papiers. Ces données sont des matériaux de choix à la recherche, mais il faudrait mettre en place
un archivage à toutes ces données volatiles. Car ces données ne sont disponibles que si elles
existe physiquement dans une mémoire de masse et codées de manière lisible. De plus on peut
considérer que les supports informatiques sont moins pérennes que l’encre d’un livre. Ajoutons à
ça l’abandon, la disparition et les modifications de certains sites. L’Internet Archive de Scott
Kirkpatrick tente par de petits robots informatique de prendre des instantanés de la toile. Mais
l’auto-archivage, quelque peu décentré et anarchique, a conduit à des dispositifs d’archivage
publics comme au Canada en 2002, donnant accès au patrimoine numérique canadien.

Les données jusqu'ici présentées étaient des visualisation faisant sens. Ainsi, les fichiers
log peuvent constituer une source d'optimisation pour les sites hébergés, des informations
commerciales, ou encore des indicateurs des activités des pôles universitaires français pour les
chercheurs. Elles permettent aux historiens de mener leurs investigations.

L'usage du net n’est pas intuitif et exige des compétences. Celui-ci, bien que regorgeant
d’informations, pose un problème de contrôle par une autorité centrale. Ce qui en fait une sorte
de grenier géant. Il existe bien des bibliothécaires et documentalistes du réseau, mais la tâche
reste immense. Ceux-ci de mettre un ordre au moyen de portails et de moteurs de recherche.

Commençons par les portails. Les sites portails peuvent être faits par des spécialistes
comme par des amateurs et sont destinés autant à des spécialistes qu’à des amateurs. Ils
constituent un bon point de départ de recherche documentaire.

Pour ce qui est du moteur de recherche, il nous permet de croiser plusieurs informations
des sites entre eux. Comme pour le travail l’historien, il a pour but de rechercher plusieurs
répertoires de sources. Contrairement aux portails ils sont faits par des sociétés commerciales et
destinés à un plus large public. Son principe est simple; c’est un simple alignement de caractère
dont il fait abstraction de sens pour tenter de trouver un maximum de réponses à tous types de
requêtes. Les réponses sont souvent non pertinentes et inutilisables; c’est pour cela qu’il faut
utiliser une stratégie de requêtes longues pour diminuer l’importante ampleur des résultats.

Même si dans beaucoup de cas, nous pouvons avoir confiance aux sites internet d’autres
historiens qui use d’un travail rigoureux et sérieux, ce n’est pas toujours le cas. Nous pouvons
dire ça par exemple des contemporanéistes qui usent sans cesse des sources internet. Il y a un
problème de fiabilité qui se pose. Car d’une part nous ne disposons d’aucun repère physique et
institutionnel pour l'identification du document. D’autre part, de nombreux sites sont infestés pour

17 Page 61.
Από τον διδάκτορα 8 Historien à l'âge numérique
que le contenu en soit modifier—ce que peut faire aisément un connaisseur—comme dans le cas
de la revue Le Mouvement social, dont on a bloqué le contenu. L’historien est le mieux placé pour
contrecarrer par son esprit critique cela. L'identification de l’URL peut y aider. N’oublions pas que
le réseau n’est pas non plus constamment parcouru par ces actions frauduleuses.

Les sources Internet peuvent soit être de modestes adjuvants, soit d’indispensables
sources. Il y a deux prémices à cette conclusion. D’une part l’ubiquité du réseau permettant une
grande centralisation à moindre coût et effort. D’autre part que le réseau n’est pas un simple
adjuvant mais bien un objet—certes d’autre nature—à étudier. Elles permettent une manipulation
de moult dossiers de telle façon que cela amène à l’historien à se poser de nouvelles questions
que le réseau permet désormais.

Il y a un premier exemple18 d’une étude italienne, qui étudiait les logos utilisés par certains
mouvements politiques. Les recherchent auraient pu se dérouler sans réseau, mais il a contribuer
à un coût moindre, une plus grande rapidité, ainsi que l’accès à certains dossiers qu’on n’aurait
peut être pas pu obtenir.

Ces nouvelles formes nées du réseaux19 , nous amènent à des nouvelles formes de
communication auxquelles l’historiens n’avait jamais eu accès. Il accède à de nouvelles archives
numériques ainsi qu’à des échanges plus finement décrits.

Les données numériques nous offrent beaucoup de nouveaux modes d’exploration. Celui
que nous retiendrons est l’analyse textuelle20 . Il peut être une grande aide pour la recherche
étymologique de termes d’un poème. La nouvelle stratégie de construction de sources ne change
pas le travail de l’historien même s’il lui demande de nouvelles compétences. Les historiens qui
se rapprochent de plus en plus des technologies nouvelles vont devoir garder leur oeil critique, en
lisant et interprétant correctement les sources proposées.

Chapitre IV: Les sites des archives départementales françaises

Nous allons ici non pas regarder les promesses, mais les produits de l’action de l'activité
historienne à une date donnée. Nous allons observer21 les produits de l'activité concrète des
professionnels confrontés à Internet. Cette enquête se tournera aux changements en cours ainsi
qu’à justifier son utilité. Les archives départementales françaises constituent un bon point
d'information car ils sont nombreux et de même organisation et statut. Les propos présentés ici
seront essentiellement descriptif visant à décrire un corpus, mais suggérera aussi certaines
hypothèses. Nous n’aurons pas ici les moyens de les tester ni d’en établir un palmarès.

Il y a un premier constat d’une grande diversité. Les sites modestes constituent la norme.
Parmi les 99 archives seules 87 sont des plaquettes électroniques. Si nous distinguons parmi
celles-ci, les sites de service ou de travail, qui sont caractérisées par la possibilité de travail à
distance, in situ, alors nous sortons avec 48 plaquettes de présentation et 39 de service. Seuls 7
sites proposent des documents numérisés, des inventaires et des guides de recherche. Une

18 Page 68.
19 Cf supra.
20 Michel Bernard la décrit comme la rencontre entre la recherche littéraire et un outil qui la facilite.
21 Dispositif d'observation à la page 73.
Από τον διδάκτορα 9 Historien à l'âge numérique
vingtaine propose deux des trois. Le XML qui tend à être la norme est rarement utilisé. Le HTML22
est favorisé. Il existe cependant deux exceptions à cela dans les sites de Mayenne et de Lot-et-
Garonne; cela consiste soit à l'identification des bases de données ou à la participation de leur
élaboration. Peu attirés par l’interactivité, les liens externes restent rares. La modestie de ces sites
demeure par la pauvreté des fonds et par la difficulté des acteurs à s'approprier certains concepts
mis en oeuvre par internet. L’absence de liens externes et la redondance en sont des preuves
alors que l’informatique documentaire est censé éviter la répétition des tâches et chercher la
mutualisation des sources.

Ceux-ci sont cependant plein de bouleversements et de lourds investissements y sont


placés. Trois tendances sont principalement à l’œuvre:

• La première est la mise à disposition de l’inventaire complet qui permet de repartir l’afflux
d'internautes et de réduire leur temps de présence sur le réseau.

• La deuxième est la numérisation des documents d’archives. Leur offre se fait de plus en plus
rare et ces dossiers constituent plus de la moitié de ceux proposés. Nous pouvons traduire cela
par un intérêt accru aux sources iconographiques. Il est également fréquent de voir proposées
des archives de type sériel comme le cadastre ancien. Ils font partis des documents les plus
consultés et cela empêche la détérioration des originaux. L’évolution de ces sites dépend des
besoins et des consultations des lecteurs des archives, le XXème et la période contemporaine
étant les plus consultées. De plus ces lecteurs s'associent aux efforts entrepris contrairement
aux historiens qui n’y prennent guère place.

• La troisième tendance est l'apparition de modules d'interrogation des bases de données. Ils en
existe trois types; ceux décrivant les inventaires (eg. Arkheia), ceux décrivant les collections de
documents mis à disposition et ceux s’étant lancés dans la construction de bases de données
documentaires.

Alain Paul doute de leur intérêt et ne les considère pas comme pertinentes. D’une part l’évolution
des outils et l'accroissement du personnel risque de laissé des surprises. A la façon d’Arkheia et
ses réunions annuelles, beaucoup se mettent à l’expérimentation des dispositifs. C’est le cas
aussi de quelques services éducatifs. La «  révolution Internet  » est vite assourdie dans le cadre
que nous étudions. La règle demeure la modestie des ressources proposées ainsi que la
simplicité des dispositifs mis en oeuvre. La règle connait des exceptions et ce n’est plus un outil
dont on explore les possibilités mais un instrument de travail bénéficiant d’une attention et
d'investissement soutenus. L’intérêt vis à vis de ceux-ci témoigne d’une grande diversité. Nous
pouvons aussi témoigner extrêmement différentes dont les déterminants sont les ressources et
l'intérêt des uns pour les archives et le monde numérique ou des outils numériques. La
conclusion est que l’appropriation d’un même outil peut être extrêmement varié. La mise en ligne
des inventaires est en cours et tout porte à croire que ce sera la règle dans quelques années.
Toutes ces données serviront plus aux généalogistes qu’aux historiens car les absents ont
toujours tort. Les évolutions qui se font sans eux ne seraient se faire pour eux.

Chapitre V: Portes, portails, téléportation

Le portail s’est imposé comme « un site dont les auteurs recensent des ressources électroniques
pouvant intéresser les praticiens d’un domaine scientifique  ». Les contours de la notion suscite
cependant des interrogations et un examen de ce terme. Il renvoie à une réalité physique et la
métaphore est par une analogie. « Le portail », est en effet l'entrée unique d’un site et permettant
par la même occasion son contrôle. Il témoigne de la richesse d’un individu, de son pouvoir et de
l’un des lieux et des moyens de son exercice.

22 Dont certaines fonctions de base telles l'interactivité sont peu utilisés.


Από τον διδάκτορα 10 Historien à l'âge numérique
Pour accéder à certaines ressources, il faut passer par un portail qui en permet ou non
l’accès. Les sites anglais en sont un très bon exemple, mais les français23 ne filtrent pas les accès
et l’analogie du mot semble par conséquent extrêmement ténue. Ménestrel, lui, ne contrôle et ne
peut contrôler ses utilisateurs. De plus, il est loin d'être le seul point d’accès aux sites de
référence. Il n’est pas un portail, mais plutôt un guide du cyberroutard à l’intention du
cybermédiéviste. C’est ce qui fait que l’entreprise a un tel succès et est durable. Ce type de page
est les plus fréquenté et constitue plus un «  pont  » qu’un portail. Le «  portail  » n’était qu’un
étiquette pour la communauté savante et l’on peut bien la coller à son nouvel usage.

Les métaphores ne sont exclusives aux médiévistes et aux historien et «  l’autoroute de


l’information » en est un témoin. Les métaphores internet du livre et de l’exposition renvoient par
exemple à leur référant. D’après Lucien Sfez, il n’y a pas de dichotomie à effecteur entre
historiens et ingénieurs du réseau mais les concepteurs de celui-ci et la réalité physique sont
intimement liés. Les débats relatifs à sa conception tels celui opposant les partisans de
l'exhaustivité aux tenants du repérage de l’ensemble sont impossibles à clore. On pourrait tracer
alors les frontières d’un domaine de recherche pu d’un secteur de la toile, et renvoyant à
l’imaginaire d’un archiviste inventoriant un fond alors qu’aujourd’hui, le but est plutôt de tracer
des routes. Certains sites amateurs ont pour but de construire cette entrée monumentale par
laquelle passer. Le deeplinking a pour but de prendre en compte l'arborescence d’un site. La
métaphore peut obscurcir les enjeux liés à la construction du site ressource. Cela touche
également à la position de ces acteurs et à la nature des opérations réalisées. Mais elles peuvent
être aussi efficaces. C’est pourquoi l’auteur en prône plutôt la prolifération. Les portails nous
amène à l’imagination de nouveaux dispositifs plus efficaces dans un moment où l’on perçoit la
limite des listes statiques de ressources.

Chapitre VI: Diffusion des produits d’une recherche historique à l’heure du Web 2.0

Nous allons ici développer un projet qui échoue à cause des conditions sociales
institutionnelles et politiques de la conduite de ce type de projet.

Ce projet part d’une commande de l’ASCÉ24 qui lutte contre les discriminations et
l’illettrisme. Du fait du danger de son existence, elle lance un projet d'enquête sur «  Histoire et
mémoire des migrations en région  ». De part les textes officiels, elle veut créer un matériau de
savoir pour lutter. C’est une étude de la présence étrangère dans le cadre régional avec 26
équipes à sa tête. Un recensement25 des chercheurs est vite fait, les taches sont reparties26 et
une valorisation de l’enquête émerge. Le but est une diffusion multivectorielle et multipublic, avec
des produits réutilisables par les chercheurs et de toucher aux non-experts. Le dialogue est
entrepris, pour la diffusion et la valorisation du travail, avec divers acteurs savants, d’éditeurs et
d'associations régionales pour une diffusion du type exposition/conférence. Une association
constituée à la suite de l’enquête, devait veiller à la diffusion de l’enquête et servir d'intermédiaire
entre divers acteurs (dont des internationaux). Voire de permettre la production de ressources
collectives par le biais d’outils simples tels wiki. L’instance était appuyée de chercheurs faisant
autorité, d’appuis institutionnels… Elle paraissait solide et d’une population savante nourrissant
un dispositif homogène au point que l’on pensait pouvoir définir une ontologie partagée. Le projet

23 Persée ou Gallica.
24 Association pour la cohésion sociale et l’égalité des chances.
25 A partir de 1851.
26 Schéma page 90.
Από τον διδάκτορα 11 Historien à l'âge numérique
voulait doter cette communauté scientifique hors-sol d’un espace numérique ouvert et partagé
permettant la circulation des informations, la structuration du réseau et la production collective de
matériaux savants. Mais même si un bon nombre de livre ont vu le jour le dispositif numérique, lui,
n’n'est jamais paru.

Qu’est-ce qui a causé cette non apparition malgré le matériel qui garantissait a minima
leur bienveillance? Un courrier a été adressé au vingt-six régions pour regarder quelles
valorisations électroniques avaient été mise en place. Les initiatives locales se résume à la
publication d’un ou deux papiers PDF, et les attentes sont assez fortes mais vagues. La demande
est plus centrée sur les données brutes que sur leur traitement. Et les formats de ces données
sont mal appréhendées. La modeste culture informatique des chercheurs, les effets secondaires
des documents PDF (ne conservant pas les sources maîtres, sont comme des brouillons), les
tableaux statistiques trop peu normalisés et les collectes des étudiants sans contrôle de qualité…
sont également des facteurs. Ce n’est pas dû à une négligence mais à une ignorance des
contraintes et des normes de fabrication d’un document numérique. A ce problème de qualité des
matériaux s'ajoute le problème de communication entre chercheurs et ingénieurs. De fait, des
projets de la sorte en sciences humaines passent par des passeurs, mais ils restent encore rares.
Un dernier problème se trouve au niveau des acteurs académiques. Dans les domaines tels que
l’histoire les travaux singuliers et papiers sont valorisés.Ils sont incertains de la rendement du
travail collectif et des formes savantes de diffusion non validées. S’ajoute la réticence des
partenaires éditoriaux à la diffusion numérique. On craint sa viabilité et sa rentabilité.

Le contexte a été un poids à ce projet. L'agence a été terriblement touchée dans le cadre
de la réforme générale de la politique publique. Son effectif est diminué, elle passe de
l’immigration à une agence de la cohésion sociale et sa fonction de recherche est abandonnée
par la disparition de la direction de recherche. Sur le terrain il ya une diminution du personnel. Ces
restructurations rapides ont causé beaucoup de problèmes et dans le cas de la mutation de
l’agence cela a causé de nombreuses pertes d'informations et de matériaux. A cela s’ajoute une
incertitude de la diffusion électronique des résultats. Il découle certains impératifs pour les
chercheurs donc. Il faudrait accorder aux futurs chercheurs une formation des rudiments
numériques; c’est une remarque qui est d’actualité. Puis la formation de médiateur plus
nombreuse en France. Un dernier problème est la validation des spécialistes de l'ingénierie en
sciences humaines. Ce qui donne limite à de nombreux départs, la fatigue aidant27.

27 Plus de précisions fin de la page 96.


Από τον διδάκτορα 12 Historien à l'âge numérique
Partie II: Réflexivités réticulaires

Chapitre VII: Des archives numériques sans historiens

Les historiens n’ont malheureusement jamais fait parti de débat concernant l’archivage
numérique alors qu’ils pourraient considérablement nous éclairer. Leur intervention devrait se
situer très en amont du processus de conservation des données, voir à sa genèse. Il devra
toucher et à la structuration et à la pertinence de l’archivage. Il sera amené à devenir autant
animateur du projet que producteur d’archives. Cela impose cependant des contraintes
techniques et budgétaire. Certains problèmes se posent également avec les lignes de curiosité
des historiens futurs qui se déplacent. On passe des statistiques pas assez pertinentes aux textes
individuels eux-mêmes. Une normalisation des pratiques archivistes viserai à multiplier les taches
en éloignant les historiens professionnels, ce qui diminue nos sources. Il y a aussi un problème
vis-à-vis de la conservation des données qui sont généralement privilégiées quand elles sont
textuelles ou iconiques. Or, beaucoup de données sont traitées et les access-log nous permettent
la création de très puissants indicateurs pour se pencher sur l'intensité des échanges entre pôles
universitaires ou encore des pratiques cognitives des utilisateurs du réseau. Les nécessités
techniques et les contraintes budgétaires nous ont poussé à dissocier le contenu et le codage/
présentation de l’information, ce qui inquiète l’historien habitué à considérer l’aspect et la
matérialité du document, qui sont essentielles aux procédures d’identification. Ajoutons la fragilité
des supports physiques, les dangers de la migration de données, les coûts… la seule certitude
est que le processus n'amènera pas à ses successeurs tout ce dont il désirerait disposer. Car
l’archive n’est qu’un ensemble de traces choisies. Il faudrait alors intégrer dans ces projets des
historiens de qualités capables d’évaluer l'intérêt pour la recherche de certaines sources. Une
mutualisation serait de même nécessaire.

Les responsabilités des historiens actuels touchent aux historiens futurs et à leur
maniement des nouvelles technologies. Les générations futurs regretteront sûrement la
préservation faite par les historiens actuels vis-à-vis de ce qui l’intéressera en plus d’être
confronté à une pléthore d’informations. Se pose aussi la question du repérage de l’information
pertinente dont la lexicométrie et autres outils permettrais une description synthétique. mais il
faudrait pour cela un minimum de culture informatique et une compréhension des modes de
structuration de l’information. Une division du travail pourrait avoir lieu avec une mis en avant du
caractère collectif du travail scientifique. Le paradoxe des besoins est confronté à celui de son
utilité. Une chose est sûre, il faudra attendre.

L’historien reste l’expert de tous ces fonds. La possibilité de consulter toutes ces bandes
de données à l’aide mots-clés est pour l’instant impossible. Celle-ci pourrait permettre à
l’historien de s'affranchir de l'organisation matérielle des dépôts d’archives et de transformer
l’économie de production de l’historien. Les dossiers documentaires et bibliographiques prennent
du poids en apportant un gain de temps de la collecte de l’information. Mais ils demandent un
coût de production et un temps également. Hors de ce contexte archivistique, il permet à
l'élaboration dispositifs savants complexes mais éloignés des normes actuelles. Les
transformations en cours contribuent à changer le profil de l’historien de demain tout aussi bien
que les structures et les formes de production historienne.

Από τον διδάκτορα 13 Historien à l'âge numérique


Chapitre VIII: L’ordinateur, le réseau et l'écriture de l’histoire

Aux questions des changements amenés dans l’écriture de l’histoire et au sujet de ses
états futurs, il n’y a guère de réponse. Les études empiriques ne sont en effet pas courante et
l'historien essaie souvent de gommer son utilisation du numérique. Il est donc difficile de relever
du travail numérique de l’historien faute de données mais il existe des entreprises pionnières.

Nous pouvons relater trois pronostics tenant des formes d’écriture et du régime
épistémique de la discipline:

• La numérisation permet donc en se libérant de la structure des fonds archivistique de se créer


sa propre base de données pour venir au secours des histoires problème et comparé.

• L’histoire devient polyphonique sous l’effet de l’accroissement du stockage et de la puissance


des calculs.

• L’accessibilité aux techniques de lexicographie et de l’histoire littéraire permet un renouveau de


l'histoire sérielle.

Nous pouvons également repéré trois types d’innovation dans les pratiques de recherche et
d’écriture:

• Des dossiers documentaires sont érigés grâce aux travaux faits par les ressources du réseau.
Réunion beaucoup plus coûteuse et difficile sans le réseau.

• Ensuite, nous avons les traces de dispositifs savants nouveaux comme avec l’Atlas de
l'immigration en France dans l’entre-deux-guerres, d’Eric Guichard, qui permet à l'utilisateur de
choisir les variables…

• Enfin certains auteurs usent uniquement d’un corpus électronique qui apporte un regard neuf
sur me fonctionnement des organisations militantes et la définition de nouveaux objets.

Ces innovations sont encore rares chez les historiens, petits utilisateurs de l'analyse textuelle ou
en réseau. La micro-informatique a causé la défection des techniques quantitatives. L’enquête de
Pierre-Yves Saunier (l’une des rares), nous amène à la conclusion que l’usage de l’informatique
diffère de pays en pays dû des facteurs sociaux et culturels.

Une enquête italienne nous éclaire sur le fait que, les historiens laissant peu de traces sur
la toile, divers auteurs en viennent à faire de l’histoire contemporaine. Serge Noiret a entre autres
découvert de nombreux romans électroniques. Les conditions concrètes de la production du
savoir historique n’a quant à lui pas été affecté. Le champ ouvert aux professionnels de l’historie
est donc vaste. Les conclusions sur les changements à venir sont quant à elles hasardeuses.

Les ressources et productions électroniques sont fonctions de très nombreux paramètres.


Les dispositifs électroniques des historiens sont forgés par l’imaginaire des auteurs. Ils les
pensent comme équivalent des livres. Ils sont fort redondants et ne possèdent que rarement de
liens externes renvoyant au travail élaboré par un collègue, mais ils préfèrent élaborer eux-mêmes
le travail. La métaphore de la bibliothèque est aussi très présente comme sur Ménestrel et ses
catalogues de bibliothèques. L’usage de métaphore n’est pas spécifique aux historiens comme
celle du portail par analogie. Elles structurent de plus les pratiques. Il est difficile de repérer par
conséquent les sites qui seraient des portails. Ils seraient plutôt des sortes de sites ponts. Par
conséquent, toute prédiction demande de prendre en compte les caractéristiques et les
imaginaires des auteurs de ces sites. On connait la faiblesse des historiens à la formation de ces
nouveaux outils. Mais deux conditions permettraient la réussite des productions électroniques:
une entreprise collective associée à des chercheurs venant de champs divers. Les conditions

Από τον διδάκτορα 14 Historien à l'âge numérique


macroéconomiques, culturelles, politiques et judiciaires sont des facteurs qui déterminent le
cadre des usages et des productions électroniques. Regardons maintenant la classification à
laquelle sera confronté l’historien du futur. L’auteur pense, et Rameau est là pour l’appuyer, que
l’usage de la logique binaire préexiste à l'informatique documentaire. l'enregistrement d’une fiche
thématique n’est qu’une suite 0 et de 1. L’ajout d’un mot clé déterminé l'inclusion ou la non
inclusion d’un ouvrage référencé. Mais les progrès permettent de s’affranchir d’une telle logique.
L’inclusion dans une section par probabilité que les praticiens d’une section jugent adéquate nous
fait passer de variable binaire à variable floue. Nous pouvons ensuite envisager des grilles de
préférence remplies par les utilisateurs. Le scoring, lui, créera un algorithme donnant une liste de
réponses classées par rapport à la probabilité de leur pertinence. Enfin le feedback, probabiliste
et dynamique, permettra des réponses personnalisées. En conclusion, pour reprendre Leibniz,
«  l’ère numérique ouvre aux historiens une infinité définie de possibilités dont le produit est
incalculable ».

Chapitre IX: L'enquête historique à l’heure numérique

Chercher la méthode et les règles pour écrire un travail d’historie, est déjà un travail d’historien.
Les anciens, fondateurs de cette discipline, ne nous ont pas laissé de mode d’emploie pour cette
enquête. Lucien de Samosate est le seul auteur d’un ouvrage d'historiographie de l’Antiquité. Il
nous prescrit ce qu’il faut éviter, le profil de l’historien idéal, et enfin le fameux modus operandi.
Tout d’abord n’importe qui ne peut pas devenir historien, il faut des aptitudes particulières issues
d’un parcours de vie. Ensuite l'historien n’est pas un professionnel de l’historie, il possède une
carrière politique ou militaire derrière lui. C'est un homme d’état. La vérité de l’histoire n’est pas
garantie par un ensemble de règles ou de procédures respectées, mais par l'expérience et les
vertus du locuteur. Contrairement à l’image actuelle du juge, il est plus aujourd'hui une sorte de
sorte de journaliste d'investigation reconstituant des témoignages. En lisant la méthode de
Langlois et de Seignobos, on peut voir que les contemporains sont complètement opposés à
Lucien. D’un côté, oui avons le grand capitaine opposé à l’homme de cabinet , la belle âme
opposé à la méthode scientifique, le témoin opposé au collectionneur de documents… L’historien
de Julien n’est pas un rat d’archive et il correspond à des personnages tels de Gaulle ou
Churchill.

L'histoire d'aujourd'hui n’est donc pas celle d’avant-hier. Les textes de Lucien
appartiennent pour la postérité plus à la science-fiction. Lucien écrit des donc des textes
normatifs lors de la guerre contre les Parthes car les autres « historiens » ne faisait pas ça de la
bonne manière. Il y a plusieurs façons de faire l’enquête à Rome qui selon Lucien, sont
mutuellement exclusives. Il y a alors des soupçons à avoir vis-à-vis du contemporain. L’un traitant
de ce qu’il faut faire et écrire quitte à disqualifier les pratiques et les traits rattachées aux
adversaires et aux devanciers. Le second soupçon est l’écriture des histoires ne sont pas
différenciées forcément par leurs thèmes et par leurs thèses, mais aussi par la façon dont elles
sont produites et les enquêtes menées. La prise de possession de l’archive se fait de plusieurs
manières différentes. Les référents épistémologiques mis en avant par les uns et les autres sont
de nature différente. Tandis que Pierre Chaunu arrache au document la donnée qui nourrira le
tableau, Arlette Farge le reproduit. L’un part sur l’écoute, l’autre sur les archives… alors comment
parler d’une enquête historique au singulier? Pour cela il faudrait sortir du cadre disciplinaire28 . En
« chaussant » les lunettes d’une discipline autre et en s’appuyant sur la production matérielles de
l’activité de l’historien, on voit apparaitre un ensemble de signes incompréhensibles pour la

28 Plus d'explications avec schéma pages 119 et 120.


Από τον διδάκτορα 15 Historien à l'âge numérique
plupart aux acteurs historien et entretenant des rapports complexes avec des réservoirs de
signes/symboles.

Précisons le schéma de la page 120 décrivant l’historien contemporain. L’historien peut


être vu premièrement comme un polygraphe hypertextuel. Il consulte des documents archives
conservés ou élaborés par lui-même renvoyant à un vestige authentifié. Ils sont « normalement »
accompagnés de chemin d’accès renvoyant à ce document. Ils ne sont pas forcément textuels29 ,
mais sont décrits par des dispositifs textuels (tableaux…). Devant cette masse d’annotations, il
posera des requêtes complexes et construisent des textes nouveaux par l’application
d’opérateurs d'écriture à des éléments textuelles. Puis il présentera le travail (eg. conférences),
rencontrera d'autres acteurs et rendra publique son travail qui nourrira celui d’autres chercheurs.
L’enquête historique30 devient la délimitation d’un corpus dont l’existence est antérieure au
mouvement de l’enquête non affectée par celle-ci et l’application de nouveaux éléments
textuelles non systématiquement explicités. Cette conception était déjà utilisée par Michel
Foucault et n’est pas neuve. Il nous dit que: «  l’histoire est le travail et la mise en œuvre d’une
matérialité documentaire » et « l’histoire c’est une manière pour une société de donner statut et
élaboration à une masse documentaire dont elle ne se sépare pas ». Cette définition n’a pas pour
but de décrire l’essence du travail de l’historien mais plutôt les transformations de l’outillage de la
profession. Tout d’abord il est le produit d’une chaîne de production de savoir, c’est une activité
sociale et collective. Mais les multiples interventions peuvent aussi multiplier les erreurs. De plus
ces transformations auront des effets sur les modes d'élaboration et la nature des productions.
Ces diversifications et ces transformations vont avoir un impact sur le produit de l'activité
historienne. La diversification de la demande conduit à une diversification des profils de
l’historien. L’usage de la métaphore spatiale conduit par le biais des lieux d'accumulation à une
appropriation des annotations, étant logiciels, qui sont eux-mêmes des textes. Le passage de
revues prestigieuses dans le milieu numérique payant (eg. CAIRN) tend à réserver aux plus dotés
d’accroitre leur productivité et de multiplier les signes de distinction. Ensuite on pourrait dire que
puisque les recherches des chercheurs sont dans une large mesure numériques, on pourrait les
mettre à la disposition de la communauté. Des groupes tels Adonis s’occupe de répertorier les
documents et données antérieurs. On pourra ainsi raisonner sur une échelle plus vaste31 et avec
plus de fiabilité. L'élargissement du corpus permet de nouvelles questions et une « libération des
données ». Certains agents tels le CNRS bénéficiant de fonds publiques s’attellent à cette tâche
de libre accès. La chose n’avance que lente cependant. Cela est entre autres dû aux données et
au format, aux capacités cognitives élevées de la tâche ainsi qu’au fait que certains n’y voit que
peu d’intérêt. Un autre problème est le droit de rémunération inexistant et on lui retire l'exclusivité
de son travail. Il a une compensation en accès à des informations qui ne lui sont pas forcement
utiles. La possibilité que sa compétence spécifique soit codifiée, détachée de son porteur et
échangeable la dévalue. Nous avons ainsi une division du travail et faisant des ingénieurs de vrais
alliés. Cela conduit à une mutation de l'activité historienne plus qu’une démocratisation de celle-
ci. L’historien est vu comme un producteur de récit. On réintroduit une bonne partie de son travail
dans l’analyse et il est une fonction et un actant, non pas un individu, décomposable en unités et
ouvrant la possibilité du collectif. Ce n’est pas un fait nouveau comme par exemple pour le projet
Maitron ayant mobilisé un personnel varié. S’ajoutent donc de nouveaux acteurs qui font
bénéficier d’une capacité d'action sans commune mesure avec d'autres acteurs. Ce sont des
entreprises privées qui s’occupent de cela généralement et les infrastructures mises à disposition

29 Graphiques, vocaux…
30 Page 121.
31 Exemple page 124.
Από τον διδάκτορα 16 Historien à l'âge numérique
rendent dépendant de ceux qui maitrisent l’usage et la vente32. Définir l’activité historique c’est
«prétendre exprimer une norme ou tendre vers une visée stratégique». C’est une réflexion sur nos
pratiques. La définition proposée ici de « agent d’une chaîne complexe de traitement de signes »
n’a pas d’autre ambition. L’historien est ici pensé comme un producteur de signe dont la validité
est faite par la référence à des vestiges dont la consultation est possible du fait d’une
organisation sociale complexe. L’intérêt est de penser ce qui peut changer le métier. Ces
configurations d’opérateurs intervenant dans la production des discours historiques, la nature des
produits offerts et les conditions de leur circulation et appropriation ainsi que des configurations
économiques et sociales complexes qui déterminent ces transformations.

Chapitre X: De quoi le web est-il l’archive?

La réflexion ici mise en avant par les ateliers ATHIS est la question de l’utilisation du web
comme source possible pour l’historien. Les premiers ennuis lors des recherches commencent
dès la découpe, la description et l’analyse d’un corpus.

La première difficulté est liée au nombre d’éléments potentiellement pertinents. On obtient


pour une recherche Google par exemple 583 000 résultats. Un second problème vient de la
diversité des ressources (émissions télévisées…) qui ne font généralement pas parties du mode
de spécialisation habituel de l’historien. Ensuite, les requêtes sémantiques, qui sont par défaut les
plus proposées, par le changement d’un seul mot donnent énormément de réponses différentes.
De plus, a quelques minutes d’intervalle, les résultats changeaient également. Les difficultés
rencontrées ici sont de produire un champ sémantique pertinent.

L’historien, lors de sa formation et de son travail a l’habitude de passer par des


médiateurs. Or d’une part, le médiateur la toile est souvent masqué; d’autre part alors que les
travaux de professionnelles sont généralement documentés et explicités dans des documents
accessibles (plan d’inventaire, catalogue…), les sociétés commerciales (car ce ne sont plus des
opérateurs publics les acteurs) cachent souvent leur secrets d'algorithmes qui font leur fortune.
La mise en valeur de certaines pages ne peut être vue par la comparaison des pages auxquelles
nous renvoient les moteurs de recherche. Mais nous pouvons en partie les vérifier par, entre
autres, les blogs. Par ceux-ci, nous ne faisons qu’accéder au service de médiateurs et non pas au
web qui trient les pages de manière subjective. Cela a des effets sur la nature et le volume des
ressources recherchées. Lorsque nous consultons un document internet, nous ne consultons pas
un document mais plutôt une vue calculée selon des procédures complexes. De plus ici, le web
varie en fonction du temps où nous avons effectuer la requête que de la machine qui traite celle-
ci. Les sources textuelles varient aussi en fonction du site utilisé et ne nous permet d’accéder aux
tables ou aux fichier sources. En lisant un site internet, on accède pas à un document, mais à la
réponse à une question. Ce n’est pas ici un document au sens où les historiens l’entendent.

L’une des premières caractéristiques du web à laquelle nous touchons est la dissociation
entre support d’inscription et support de visualisation de l’information. Les processus génératifs
n’étant pas accessibles à l’historien, cela l’empêche de faire une critique externe qui établit
l’authenticité et l’intégrité du document par des indices matériels. Les traces incorporées
informatiques ne sont pas de même nature et forcément accessible à l’historien et rend plus
difficile son travail33 . La critique de provenance n’est guère non plus aisée, les pages web n’étant
pas datées (même s’il existe des exceptions, minimes). Car l’archivage des documents internet

32 Exemple de Google page 127.


33 Voir exception du phishing page 135.
Από τον διδάκτορα 17 Historien à l'âge numérique
est constitué de captures faites par intervalles et ne donnant qu’une vue très partielle de celui-ci.
L’archivage numérique est plus la définition et la documentation du site. En d’autres termes on ne
pourrait consulté les fichiers vieux de deux ou trois ans. Les usages sociaux et les dispositifs
techniques font que l’attribution à une instance est devenue fort malaisée. Le fait est lié d’abord
au outils de production collaborative (eg. Wiki). Les éléments du web 2.0 (blogs…) amènent aux
mêmes questions mais où les documents non supprimés sont agencés par le propriétaire du blog
donc. Ces difficultés ne sont pas sans analogies au travail de l’historien classique qui rencontre
des difficultés de datation et de trace face à des documents papiers (graffiti Pompéi). Le
problème posé des normes est fait vis-à-vis de leur identité qui était garantie d'authenticité par
avant par une institution (bibliothèque…). Maintenant on ne peut constituer un corpus
documentaire par une simple recherche sémantique. Les opérateurs de tels documents ne font
pas partis de la même chaîne de savoir et l'identification et la datation des documents internet ne
peut être systématisé. Le problème posé est celui des acquis des historiens n’étant pas en
coordination avec ces nouveaux documents en ce qui concerne l’utilisation de leur critique. Leur
utilisation n’est pas impossible et nous n’aurons également guère le choix de les utiliser34 .

L’avantage du Web est qu’il laisse des traces des différents échanges. Les blogs regorgent
de ces fragments. Mais il y a une difficulté de manipulation de ces différentes traces. Une
définition de la diplomatique du document numérique. On nous annonce une révolution du Web
2.0 pour un Web sociosémantique permettant l’automatisation des taches tout en donnant un
outil adapté aux préoccupations d’un historien ainsi qu’aux particularités du matériaux.

Ces liens externes de sites renvoyant à d’autres nous permettent d’établir un lien de
lecture offert. Ces liens sont évolutifs et pour un relevé à travers le temps on pourrait constituer un
historique de ceux-ci. Ce sont des balises pour l’utilisateur permettant de définir le destinataire
attendu du site, la position du locuteur ou bien l’appartenance à une configuration sociale. L’un
des sites auxquels renvoient rapidement une requête est le blog35 . Ces entreprises possèdent
aussi une forte dimension politique. Ces liens externes menant souvent vers des sites menant des
politiques des gouvernements de gauche. Ils défendent entre autres Halde, LDH, MRAP… on
peut noter « L’enfant d’abord », qui se considère comme un site « apolitique », mais qui renvoie
tout de même vers des sites politiques annonçant la « grosse conne européenne ». Nous pouvons
également trouver à partir d’un site censé nous donner uniquement des informations pratiques et
utiles sur le Sénégal des liens évoquant un anarchisme de l'extrême droite française. Et ce même
si certains de ces blogs sont reliés à des journaux très sérieux comme le monde. Certains enfin
renvoient à un positionnement idéologique brouillé telle la Riposte laïque voulant une République
laïque et sociale mais dont l’un des principaux représentants, le parlementaire hollandais Geert
Wilders, reste célèbre pour ses propos islamophobe. (Les contributions…les deux blogs?? 142).
Ces liens émanent de sites plus ouvertement politiques que le site auquel ils renvoient. Radio
Courtoisie, une radio de la droit nationaliste wallonne et le MNR par exemple, dirigent
l’association vers le site de l’internaute. Ici les deux principaux soucis idéologiques sont le
socialisme et le mondialisme. Ces données nous permettent alors plusieurs constats. Un premier
tient aux stratégies d’énonciations de l’auteur du blog amenant à une stratégie d'établissement
de liens externes qui renvoient à des sources documentaires garantes du sérieux de l’information.
A l’inverse certains webmasters comme l'extrême droite français nous définit des objectifs
neutres et objectifs, nous donnant cet exemple comme une manipulation de l’opinion et de la
coordination. C’est tout un travail idéologique qui s’opère. Cependant les enquêtes faites par nos
sources numériques nous heurtent à trois limites. Une première est que l’espace défini n’intègre

34 « Résumé » souligné page 137.


35 Exemple à la page 139.
Από τον διδάκτορα 18 Historien à l'âge numérique
pas la dimension temporelle. La seconde est les manipulation à effectuer si nous voulons
cartographier l’espace des prises de position sur une question ou des configurations définies par
le renvoie de site en site. Il faudrait alors s’armer des outils adéquats sans oublier que ceux-ci
évoluent dans le temps et nécessitent des formations particulières avec en autres une formation
mathématiques et des notions d’informatique. L’histoire est sans doute la discipline qui initie le
moins ses étudiants à cela comme le dit bien Jean Philippe Genet.

Ici nous avons une explication de la recherche par tropes ou par syntagmes. Une pratique
très ancienne, mais efficace pour traiter des corpus de grandes tailles. Un exemple sur les blogs
d’actions militantes déposant de petits textes et dont on peut suivre l’évolution des interactions
par ce procédé est disponible à la page 14436. L’exemple sur le livre en prison37 a été l’objet d’une
recherche sémantique sur Google. Après avoir trouvé les chaines de caractères les plus
pertinents/efficaces, nous tombons sur divers sites politiques engagés et des auteurs
d’historiettes faisant scandale. Cela nous permet encore d’établir une stratégie de communication
de part les sources. Nous pouvons tout de même effectuer une analyse de réception permettant
un repérage très rapide des textes sans pour autant toucher à la nature du corpus ni à la
signification des prises de parole dont nous retrouvons la trace électronique. Il faudrait pour
arriver à cela, c’est-à-dire changer d’échelle, construire un dispositif savant inédit et cela
demanderait une division du travail et de la coopération au sein de la communauté scientifique
car cela demande de lourdes compétences et donc matière à la formation et/ou aux coopérations
transdisciplinaires. La masse importante de l’information est un problème au niveau de son
exploitation. Car elle impose un outil que l’historien ne maitrise pas, mais qu’il pourrait au prix de
voir cette instrumentation renouvelée. Il faudrait repenser les outils des sciences humaines en le
redéfinissant comme une manipulation instrumentée et réglée et de symboles connectés à des
traces matérielles. Cela nécessiterait en plus de l’achat des machines, une culture informatique
des historiens leur permettant de dialoguer avec les autres scientifiques et ingénieurs, voir
construire leurs propres outils. De plus la question de l’argumentation est au poste à tous ceux
entendant utiliser cette information numérique. Elle pose une exigence de la culture informatique
aux historiens ainsi qu’une filière voisines spécialisant solidement les historiens aux numériques.
Cela devient nécessaire pour ne plus dépendre de n’importe qui ainsi que pour s’adapter à un
outil qui contrairement évolue et qui en plus de sa formation coûteuse, a une forte obsolescence.
Cela pose un problème d’archivage sous la forme numérique. On s’est peu intéressé en effet à la
question de sa pérennité les historiens n’ont jusqu’à maintenant participé que trop peu au débat.
Quelques projets fort peu nombreux comme le centre d’historie sociale au XXème existent
étudiant les mouvements sociaux modernes ne paraissent que trop peu sur des pages HTML. Ce
projet refuse le fantasme de l’archivage universel ne le considération comme un réceptacle de
vestiges ayant échappé à la destruction. Le projet prévoit l’identification de facteurs clés, le
recueil et l’indexation de leurs productions numériques.

Une réflexion s’engage alors rassemblant une connaissance de l’objet appréhendé ainsi
qu’une réflexion sur les particularités du matériau. S’emparer du matériau par le biais d’Internet
offre des pistes utiles à l’historien. Cela exige une connaissance préalable du cadre
sociopolitique. Certaines difficultés arrivent comme celle que le Web n’est pas une source, et que
même s’il est nécessaire pour l’historien contemporain, il doit être considéré avec d’autres
source. Il existe aussi beaucoup de contraintes spécifiques telles que la désorientation et la
surcharge cognitive guettant l’utilisateur. Ensuite il y a aussi la rapidité de changement des modes
d'organisation et de présentation. l’usage de ces sources par une appropriation coûteuse

36 Exemple au §1 de Expressions régulières et interactions.


37 Page 144 et 145.
Από τον διδάκτορα 19 Historien à l'âge numérique
amènerait aussi des bénéfices cognitifs. Cela pose une réflexion sur nos propres pratiques et la
fidélité vis-à-vis de la vocation de l’historien qui est la manipulation inventive et réglée des
inscriptions et la production d’un savoir critique et réflexif.

Chapitre XI: Ecriture de l'histoire et réseaux numériques

L’histoire est avant tout un travail scientifique et l'arrivée du numérique a apporté son lot
de nouvelles interrogations sur les nouvelles transformations de l’écriture historienne. Des
interrogations distinctes; on se demande si les historiens écrivent pour les usagers d’internet et
sous quelle forme, on considère qu’il offre un matériau nouveau en s'interrogeant sur ce qui faire
ou dire de neuf, l’incidence qu’il aura sur les pratiques de l’historien, on s'interroge au sujet des
propriétés des discours historiques, l’interrogation porte alors sur les transformations des usages
publics de l'histoire de l’ère numérique. L’historien collecte des matériaux pour en rédiger un texte
et il arrive que les produits de son activité soient disponibles sur la toile. Les premières utilisations
du net ont été dans le cadre d’entreprises anglo-saxonnes et souvent par le biais de leurs
activités pédagogiques. S’interroger aux transformations de l'écriture de l'historien revient à
étudier les mutations d’un métier contemporaine des dispositifs techniques auxquelles il est lié.
Nous allons ici étudier le coeur de l’activité historienne de production d’un texte qui est le
dépouillement d’archives. C’est le seul élément qui est soumis aux jugements de leurs pairs et
ces travaux définissent l’identité de l’historien. Internet n’est pas une nouveauté radicale. Une
question d’histoire se traite par l’examen de la bibliographie existante et la délimitation d’un
corpus à examiner. Or ici, la bibliographie est inexistante même si l’on peut trouver certains
manuels d’historiographie. Dans le cadre d'une enquête américaine38, Deborah Lines Anderson a
étudié l’évolution des usages de 1992 à 2003. En 1996, les pratiques sont toujours minoritaires.
Une deuxième enquête en 2003 où l’utilisation du courriel est devenue systématique. La
publication électronique demeure cependant assez rare du fait de la peur que le format
électronique ne soit pas pris en compte par les instances de recrutement et d’évaluation. Les
résultats de ce programme pilote de l’enquête nous montre que la diffusion des compétences et
des outils numériques apparaît rapide, mais tardive et reculée dans son extension. L’historien
new-yorkais est utilisateur de ces outils en 2004 tandis que le français ne le considère dans les
années 2000 que comme un substitut à la version papier plus qu’un dispositif ouvrant de
nouvelles disponibilités. Les historiens perçoivent le numérique comme un travail supplémentaire
pour eux et une menace soumise à la logique du profit. Comme « un retour du travail à la chaîne,
sans sens, sans compréhension globale du processus  »39.une dépendance des bases payantes
constituerait ensuite une défavorisation de ceux ne disposant pas de soutien économique. le
débat de l’informatisation en France porte surtout sur les modalités de mise en ligne d’une
information scientifique au formes quasi inchangées; le PDF remplaçant le format papier. Les
délais de production d’une recherche sur le réseau et fort long et souvent les sources
informatiques sont gommées par les chercheurs.

Pour examiner ces pratiques, notons chez les anglo-saxons le Journal of the Association
for History and Computing que nous appelleront JAHC, né en 1998. En France nous parlerons des
les Médiévistes et l’ordinateur de 1979. L’un traite de l’histoire médiévale, l’autre est plus général.
Mais ils ont tous deux des points communs. Ils sont tous deux de pionniers aux mêmes
convictions montrant des historiens réticents aux changements aussi nécessaires qu’inévitables.
Ce sont des organisations visionnaires parcourant les nouvelles technologies. l’informatique doit
être prise en compte car rentrée dans les moeurs et de par ses apports heuristiques indéniables.

38 Détails aux pages 154 et 155.


39 Frey, 2007, page 47.
Από τον διδάκτορα 20 Historien à l'âge numérique
L’évolution des sommaires des deux sites comportent un léger décalage dans le temps.
Commençant tous deux à traiter des analyses statistiques de grands corpus par des factorielles…
usage qui s’est peu à peu estomper. Le seul texte sur l’analyse statistique des données qu’il nous
reste a été publié en 2006 par Karine Pellier. Cela traduit un déplacement des pratiques et des
interrogations. Il y a une autre préoccupation partagée qui est les systèmes d’indexations
contextuels des données de type XML qui en permettent l’utilisation. Nous passons rapidement
dans les deux cas de la présentation de projets à l'exposé de résultats de recherche ou à la
description de dispositifs déjà matures et disponibles. La période la plus récente est marquée par
l'intérêt des systèmes de gestion d’informations complexes. Les systèmes d’information
géographique suscitent beaucoup d'intérêt surtout vis-à-vis d’un cadre d’enseignement.
Aujourd’hui on pourrait dire que les systèmes de gestion de l’information historique destinés aux
experts suscitent le plus d'intérêt même s’il n’y en a pas encore d’opérationnel malgré le
lancement de divers projets.

Nous nous pencherons maintenant aux enjeux de la manipulation des données historiques
et aux possibilités qu’offre la numérisation et la distribution des données informatiques qu’offre le
travail de l’historien. De même nous irons sur une réflexion sur l’exploration et la description
statistique des données historiques. Les historiens s'intéressent certes aux mutations des
systèmes d’écriture dont ils se servent mais ils ont rarement explorées modes de réarrangement
et de manipulation des traces historiques. Ils se contente de s’ajuster aux transformations plutôt
que d’en construire. Le Médiéviste et l’ordinateur (2002) nous montre les apports cognitifs des
techniques informatiques. Il faudrait s’approprier ces incessantes nouveautés qui aide au travail
de l’historien souvent livré à lui-même par l’avènement de la micro informatique. Le problème
n’est pas le manque de machines mais plutôt de pouvoir faire entendre aux administrateur les
besoins premiers de la formation, « la mise en place de structures et de procédures d’assistance,
de concertation entre utilisateurs  ». Procédures d’autant plus nécessaires que la formation
informatique de l’historien. Le numérique a baissé le nombre de thésards de peur de se voir
dénoté par la connaissance de tâches qu’on ne leur demande pas. Les vieilles oppositions des
deux sortes de travaux restent donc bel bien vivaces. Le problème est que cet outillage est mal
partagé et a peu de chances d’être valorisé. En effet, la production d’un outillage et l’invention de
formes nouvelles (ainsi que ses manipulations) n’ont pas été la priorité des historiens ces
dernières années.

On peut voir cependant des transformations au niveau des conditions d’accès de la


bibliographie. Le travail d’un érudit allant lire le travail de ses collègues, le numérique y contribue
en particulier par exemple pour les documents de langue anglaise plus difficilement acquérable.
Pour cela nous avons besoin de matériaux nouveaux et une offre plus riche pourrait nous
conduire à une diversification des matériaux. La surabondance de l’offre peut aussi conduire au
triomphe de produits uniques et amenant un certain monopole. Ces transformations sont peu
évoquées, voir dénoncées par les historiens. Cependant qu’en est-il de la pratique effective de
l’historien confronté à la pléthore et à la redondance de l’information. Nous avons dès a présent la
possibilité de modes de la manipilation de l’information bibliographique. Cela a conduit dans des
disciplines voisines à l’émergence d’entreprises logistiques de formalisation des productions
scientifiques. Il n’est pas certain se prête à de telles pratiques cependant. La discipline est
actuellement confronté également à la croissance exponentielle du volume de la production ainsi
qu’à son accessibilité croissante. L’érudition historienne est aussi affaire de connaissances des
fonds et des dépôts d’archives disponibles40 . Le travail de l’historien consiste en la transformation
de morceaux d’archives en sources et tracer en quelques sortes leurs limites. La numérisation

40 Exemple page 166.


Από τον διδάκτορα 21 Historien à l'âge numérique
permet de fabriquer soi-même ses sources et sous des formes diverses. L’informatique faciliterait
me travail de l’historien pouvant chercher des sources issues de plusieurs institutions et ne le
laissant plus chercher dans un botte de foin une aiguille. Mais ces transformations autorisent à
remodeler cette botte de foin. Les progrès sont en effet utiles permettant de chercher par des
recherches sémantiques de très vastes corpus mais il n’en reste pas moins un aide et ne prendra
pas toute la place, certains historiens voulant sentir la matérialité de leur source (et également
pour des raisons de coûts). Ensuite nous aurions besoin également d’une médiation de
l'informaticien41. L’archivage numérique a une visée de conservation afin de garantir leur intégrité
physique. Les anciennes méthodes nous imputait une lenteur d’imprégnation alors qu'aujourd'hui
on accède à des documents dont on a même eu l’idée de rechercher ce qui fait que cela nous
permet de nous poser de nouveaux questionnements. Malheureusement, elles ne procurent pas
les bénéfices et les plaisirs d’une sources papiers. Elles sont dénuées de cette expérience
sensorielle.

Cela nous suppose à la création ultérieure de vastes corpus mais dont les obstacles liés à
la taille de celui-ci seront tout bonnement gommé par le numérique. A noter que les écritures
invisibles de l’historien sont de plus en plus numériques. Mais toutes ces transformations42 ont
des effets heuristiques. La manipulation de ces matériaux par une centralisation achevée
permettrait d’après Vincent Denis une nouvelle appréhension des phénomènes sociaux. Pourtant
les historiens ne sont que peu nombreux à porter un intérêt aux outils. Cela nous amènent
certaines hypothèses des causes; une originalité de la discipline nouvelle, une discipline que très
peu formalisée, l’ambition caractéristique de ses évolutions précédentes. On peut noter que la
discipline historique évolue par les déplacements de ses questionnements et s’accompagne par
des changement au niveau du vocabulaire et voir à la mobilisation et à la création de sources
nouvelles. Or une évolution des systèmes experts demandent une formulation et explication de
ceux-ci et c’est difficile à établir dans une discipline qui ne définit ni une praxis, ni un matériau, ni
un vocabulaire partagé. Ces dispositifs ne restent pas adaptés au travail de l’historien car ils
essaient d’adapter les usages d’outils conçus par d’autres. Or la conception de systèmes
d’informations dédiés à ceux-ci serait une opération longue et coûteuse et d’autre part la réunion
de compétences rares et diverses. Des très rares laboratoires s’accolent à la tâche43. Des
systèmes d’aides géographiques ou archéologiques ont été faits de par les matériau à traiter qui
en rendait la conception aisée ainsi que l'intérêt pratique d’un système d’aide. Mais la
coproduction d’outils avec l’historien est difficile de part le fait qu’il n’est pas lié aux savoirs
pratiques. Le but de l’historien n’est pas de produire un savoir formalisé ou une prédiction
robuste. Nous pouvons voir récemment des transformations majeures de la discipline mais qui ne
dépendent pas essentiellement des outils apparus. Les conditions d’exercices et les dispositions
sociales sont en effet aussi d’importants facteurs. Les transformations qui sont ici de cet ordre
sont lentes et émergeront sans doute, même si elles sont innovantes en marge des institutions. La
rapidité et le faible coût des échanges le permettra. Nous verrons la naissance d’historiens
collectifs qui ne sera certes pas d’une grande nouveauté mais dont les productions et les
écritures auront sans doute des traits spécifiques.

41 Page 167.
42 Citées à la page 169.
43 ALPAGE par exemple.
Από τον διδάκτορα 22 Historien à l'âge numérique
Chapitre XII: Histoire@numérique

Nous vivons aujourd'hui dans une histoire numérique à l’intérieur de laquelle aucune de
nos activités ne pourrait sortir de ce cadre numérique. Toute l'histoire très contemporaine
comporte une dimension numérique. Le langage numérique s’inscrit dans une histoire des
systèmes d’écritures et laisse chantier ouvert à l’historien pour son étude. Les données
numériques se caractérisent par leur hétérogénéité, leur surabondances et leur fragilité et
constituent de véritables défis techniques, économiquement et politique. Cet environnement
favorise l’appropriation de ce monde par de grandes entreprises et monétisant la chose par un
monopole et un oligopole. De telle sorte que l’on voit certains directeurs d’entreprises se vanter
d’être les détenteurs de notre mémoire. Il y a en France malgré tout un désintérêt de la croissance
du numérique. Comme le prouve les articles scientifiques publiés que très récemment. Il a
pourtant la particularité de pouvoir créer des chaînes de symboles aisément manipulables.

La confrontation à l’automatisation et les possibilités nouvelles (cf supra) qu’il offre nous
posent un tentative de redéfinition de l'activité de l’historien. Elle permet une dissémination de
l'information rapide ainsi qu’une communication qui en plus d’être rapide, est peu coûteuse. Ses
transformations qui ne sont pas propres à l'histoire et qui ont été repérées et étudiées par des
champs parfois proches telles la politique, l’économie ou le droit. L’un des principaux débats et
l’introduction de l’informatique dans l’enseignement de l’histoire. Les technologies numériques
permettrait de se dispenser de l’accueil physique et les modalités de transformations plus
accessibles à ce domaine du numérique attire les institutions publiques visant à se rapprocher
des firmes privées. Toutes sortes de questionnements se posent au sujet de l’intégration d’une
culture numérique. Il faudrait repenser les valeurs formatrices des disciplines de culture. Cela
nous conduit à une « culture numérique » et à un nouvel humanisme, forcement numérique. Alors
se pose la question de la place des sciences durs pour la formation de l’historien. Faut-il qu’il soit
un agile utilisateur uniquement ou bien un « autochtone » du monde numérique.

Les incertitudes lexicales et conceptuelles conduisent les historiens à repenser leur


fonction de médiateur dans le monde qui s’annonce. Les savoirs étant détachés du corpus des
producteurs, il n’y a pas plus besoin d’intermédiation historienne pour l’accès aux sources. Cela
conduit à l’élaboration d’histoires parallèles parfois savantes, mais souvent populaires. Nous
pouvons voir l’utilisation accrue de Wikipedia qui apporte souvent peu de place aux objets et aux
approches de l’histoire savante. Nous voyons la naissance d’une histoire en ligne. Les choix qui
s’offrent face à cela à l’historien sont alors; soit de s’enfuir dans clergé renfermé aux murs clos,
soit choisir d'inventer des formes d’interventions numériques. Le problème de l’historien est de
trouver une place au sein d’un réseau d’échanges où sont rôle n’est pas prédéfini.

Chapitre XIII: Nouvelles frontières de l’historien

La technique numérique, souvent accolée au statut d’ancillaire, n’est pas toute neuve. Des
revues de 1980 en parlent en effet déjà telles la Mémoire Vive ou encore le Médiéviste et
l’ordinateur. Mais la conjoncture a récemment changé avec la naissance de plus de blogs, de
séminaires, de revues… consacrées au numérique. Actuellement de plus en plus de vénérables
travaux d’historiens intègrent un dimension numérique à leurs recherches. Nous avons
aujourd'hui une prise de conscience que l’outil numérique ne facilite pas et ne rend pas
uniquement plus rapide le travail de l’historien. Il induit de profonde mutations des conditions de
production et de la diffusion, voir de la nature, du travail de l’historien. La transformation la plus

Από τον διδάκτορα 23 Historien à l'âge numérique


souvent mise en avant est l’accès à un large réservoir de données quasi instantanément. La
communication immédiate et peu coûteuse couplée à la dissémination efficace des produits de
l'activité historienne transforment profondément l’activité historienne. Ces transformations
remarquées depuis déjà longtemps on mis au monde des discussions canoniques à leur sujet.
Nous visons à une démocratisation de l’écriture de l’histoire. Des questions tout à fait essentielles
de l’archivage du monde numérique ou l’apparition de nouveaux producteurs de récits historiques
par le biais du crowdsourcing.

L’accumulation, le traitement et la structuration des données numériques de l’historien


nous impose une redéfinition des échanges professionnels des praticiens. L’aspect le plus connus
et la numérisation des grandes bibliothèques et la mise à disposition de vastes ensembles
textuels. Leur croissance est exponentielle, passant de 3000 volumes en 1997 à quelques 400
000 en 2010 pour la seule BnF. Mais pour une consultation de ces archives, l’aide d’archivistes
sera une nécessité afin de les documenter. La grande numérisation des fonds d’archives conduit
à un renouvellement profond des méthodes d’érudition. L'érudition est donc aujourd'hui
profondément numérique. Les recherches accompagnées d’outils numérisés sont pour l’instant
moins notées de part le fait que ce ne sont encore que des entreprises pilotes44. Il est possible
aujourd'hui de nourrir un système de gestion de l’information par une océrisation45 partielle des
inscriptions manuscrites. Il y a des prototypes au début des 2000 et ils sont utilisés aujourd'hui de
façon routinière. Nous pouvons aussi actuellement caractérisé des documents anciens en
produisant de manière semi-automatique une information structurée caractérisant ceux-ci et les
images. Cela nous donne une indexation partiellement automatisée. Ces outils sont encore au
stade de laboratoire mais sont amenés très prochainement à se développer du fait de l’ampleur
que prend le réseau. Cela rend indispensable la création d’outils. Sont en cours de création
également des outils d’indexation des flux vocaux permettant de traiter des flux vidéos
importants. Cela autorisera à terme la transcription semi-automatique de vastes réservoirs
d'archives orales ou des bandes-son de flux vidéo. L’extraordinaire croissance des capacités de
calculs par la loi de Moore provoque une augmentation de la capacité de stockage possible, de la
rapidité du transfert de données, ainsi qu’une diminution des coûts des différents éléments.

L’accroissement de la masse d’information est dû à la démultiplication des possibilités de


manipulations distribuées de vastes amas de données. Cela est dû à l’accès par tous les
ordinateurs à des système de gestion d’information performants. Alors qu’il y a vingt ans, la
démarche était moins aisée demandant en plus une licence très coûteuse. Ces mutations sont
assez rapides et proposent des techniques automatisantes pour de nombreuses langues
modernes et anciennes. Un témoin de ces nombreuses utilisations d’outils numériques est les
nombreuses publications d’étudiant pour la revue le Paris ancien où ils utilisent nombre de ces
outils façonnés par le projet ALPAGE mené par Hélène Noizet et le LAMOP. La pratique
historienne est alors perçue comme une connaissance instrumentée qui a pour but d’assembler
les techniques. La nouveauté maintenant est que l’historien se trouve face à des outils, mais dont
ils ne peut saisir la complexité. Changement d’échelle, de modus operandi et d’ordre de grandeur.
Il y a un changement profond de ses pratiques et de son statut social. Mais comme avant, il
dépend de son infrastructure. Au début, seuls quelques grand spécialistes avaient une
compréhension global du système, mais aujourd'hui ce n’est plus le cas. Il n’est pas certain qu’un
individu puisse avoir une intellection globale du système. Le constat n’est pas propre à la
discipline historique, mais existe également pour la géographie. L’atelier de l’historien est sur le
point de devenir un laboratoire, où se combine les conjonctures nouvelles et anciennes. Le plus

44 Voir leurs fonctionnalités à la page 182.


45 Traitement de textes manuscrits par O.C.R..
Από τον διδάκτορα 24 Historien à l'âge numérique
bel exemple de cette dynamique est l’édition scientifique des textes anciens. Nous avons
également une nouvelle dynamique visuelle du système. Des graphes, des figures, des images…
qui sont souvent empruntés aux arts numériques. Il permette une visualisation de discours… sans
aucun effort et sans besoin de compétences en informatique. Le plus célèbre de ces outils est
Ngram. Une organisation se disant savante et ayant mis la main sur Google Books prétendait
pouvoir donner l’accès à un très vaste réservoir de données textuelles. Mais cet instrument n’est
conforme aux canons d’aucune discipline46 .

La priorité de la discipline historique est l’équipement de l’historien. La seule bonne


réponse est un dispositif savant fait par la propre communauté savante pour répondre à ses
normes. Cela ouvre la possibilité de la critique et d’une appropriation creative. Cela permettra de
calibrer les instruments et de donner l’accès aux algorithmes et aux codes. Ce contexte offrirait, à
condition de s’approprier des outils nécessaires, outre une intensification de la circulation de
l’information au sein de la communauté scientifique et une diffusion au delà, un accroissement de
nos capacités manipulations manipulatrices et donc cognitives. La tâche est cependant rude car
demandant des compétences, des outils ainsi que des capacités informatiques difficilement
réunissables par un seul collectif d’historien. Les techniques aujourd'hui les plus prometteuses
pour l’analyses vastes réseaux sont les méthodes neuronales. Parmi celles-ci l'algorithme de
Kohonen se révèle particulièrement adapté47 . Il existe également aujourd'hui des techniques
permettant de traiter les données temporelles. La chaine de Markov est idéale pour les processus
de classification. Ce contexte invite donc l’historien à repenser le graphe de ses relations
professionnelles. La production de graphes encourage les échanges entre mathématiciens,
spécialistes de la visualisation et des informaticiens. Mais les historiens, les savants de cette
pratique doivent pas s’abandonner à des prestataires extérieurs au risque de renouer à toute
critique procédurale et l’appartenance aux mondes savants. Ces échanges ont besoin des
compétences d’historien, et en particulier sa maitrise techniques de l’érudition, en font une
partenaire nécessaire. Il en est de même en matière de structuration et d’exploration des
données48 . De plus la numérisation de nos sociétés provoquent d'énormes gisements de données
portant une trace humaine. Le but serait de mieux les gérer et d’en appréhender leur
conséquences. Pour conclure, la collaboration entre mathématiciens, historiens et informaticiens
pourrait déboucher sur l’élaboration de systèmes d'élaboration de données temporelles ou
séquentielles adaptées tant aux caractéristiques des données effectivement rencontrées qu’aux
modes pertinents d'interprétation de celles-ci49. L’instrumentation de l’historien à l’âge numérique
exige donc une lingua franca qui emprunte tant aux informaticiens qu’aux historiens. La pratique
numérique doit se faire donc une place parmi d’autres dans le travail de l’historien. Il va falloir
avoir une familiarité avec ces problématiques et l’historient de demain ne devra pas juste s’en
imprégner, mais continuer à ajouter. L’historien va devoir bénéficier d’un sérieux enseignement de
la matière pour dans quelques décennies, un membre des membres savants.

46 Exemple page 187.


47 Explication page 188.
48 Page 190, pas très important mais on peut le lire, §1.
49 Exemple page 191.
Από τον διδάκτορα 25 Historien à l'âge numérique

Vous aimerez peut-être aussi