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1.

Le phénomène « littératies numériques »


Chapitre 3 – l’écosystème des littératies numériques
⮚ Littérature et changement des modalités d’attention
(Angela Biancofiore ; Yves Citton)

1 – Études littéraires et attention

. Naissance du web > transformation radicale des manières d’écrire, de lire, de communiquer.
Possibilité de consulter une quantité énorme de documents (films, livres, manuscrits,
musiques, podcasts) etgrosse facilitation à partir de l’ordinateur pour faire une recherche.
. Le rôle de l’érudition a énormement changé ainsi que la mémorisation des textes.
. évolution des études littéraires en lien avec les développement des études numériques.
. Yves Citton, professseur de littérature à Paris 8 :
L’essentiel se situe dans le regard, de notre manière de faire attention aux oeuvres, aux
phénomènes du Monde.

2 – crise d’attention avec le numérique ?

. évolution très rapide de la tech numériques : entraine un désarroi, une crise de l’attention
. changement des modalités de travail qui engendrent du stress, voire des burns out.
. Mais attention à ne pas être manichéen : l’orgine du conditionnement de l’attention se situe
déjà au XIXeme s. Avec le développement du liberalisme et une alphabetisation de la société.
L’accès généralisé aux données en ligne ne date que du début du XXIème s.
. existance d’une compétition inter-individuelle dans cet univers de surabondance de
données.
. attention et distraction peuvent être analysées plus subtilement : la distraction peut
apporter des bien-faits, en éloignant l’individu d’un disccours dominant.

3 – une pléthore de documents sur le web


. les intelligences personnelles et collectives n’ont pas eu le temps de s’adapter correctement
à cette surabondance de textes, d’images, de sons dans l’univers numérque.

. la distraction peut être émancipatoire car elle permet d’échapper au discours unique.

. Pour Roland Barthes, le plus beau dans l’experience littéraire est quand le regard se soulève
au dessus du livre et qu’il y a distraction.

. par la distraction, on peut fermer les yeux et imaginer d’autres textes, lier les
éléments racontés aux souvenirs, par ex.
4 – Google est un service gratuit ?
. Google intéragit constamment avec nos attentions dans le cadre de l’économie digitale,
impliquant digital labour, le travail digital, activité de l’internaute non rémunérée.

. Il y a une marchandisation de l’attention à travers du fonctionnement de certaines


plateformes web, mais ce n’est pas nouveau. (XIXème s. Les journaux commencent à vendre
des espaces de pub pour réduire leurs prix de vente)

. Dans Médiarchie (2017), Yves Citton analyse la structure et le financement des médias :
notre attention est orientée à des fins commerciales et politiques.

. voir au sujet de l’origine bio culturelle de l’attention l’ouvrage de Jean-Phillippe Lachaux Les
petites bulles de l’attention
5 – Alignement des attentions sur le web
. différents modes de fonctionemment de l’attention en lien avec le numérique :

- Attention individuelle : j’oriente mon regard vers un objet


- Attention partagée : commence quand on est plusieurs : on détourne le regard
lorsque les autres tournent le regard. Nous sommes attentifs les uns aux autres et
cela modifie la construction de notre subjectivité
- Attention organisationnelle : le manager oriente l’attention des salariés
- Attention collective à travers les médias : qui décident de rendre visibles tel
évènement plutôt qu’un autre. La société est donc conditionnée dans les sphères
sociale, politique, émotionnelle ou écologique.

6 – pour une éc(h)osophie de l’attention dans le numérique


Dans un cybermonde soumis à ces conditionnements, comment faire pour arriver à un
désalignement de nos attentions et lutter contre les synchronisations perpétuelles des
attentions? Il faut compenser cela par une forme de sagesse.

Eco = maison ; echo = résonance

. il faut trouver des pratiques, des savoirs soutenables face à la surabondance des infos et le
conditionnement. (autres temporalités, autres thèmes ?)

. comment créer des environnements qui aident à se proteger et à reflechir.

. multiplier les perspectives en créant des milieux, des microenvironnements pour créer des
décalages.

. éviter les bulles de filtre, qui sont certaines dynamiques sur les plateformes capitalistes qui
ont tendance à nous aligner. (ex. L’ORTF). Sans démoniser, ces infrastructures marchandisent
notre attention (peur, désir etc.) et rendent difficiles la reflexion et le partage.

7 – la mutation anthropologique produite par le numérique


Il y a un basculement où le numérique a tendance à uniformiser les contenus et ceci
globalement. (formats mp3 etc.)

. D’un côté, il y a une diversification. (ex : choix énorme, infini de musiques). Avec un mot clé,
on a accès une infinité de contenus. C’est inédit dans l’histoire de l’humanité.

. D’un autre, il y a une uniformisation des protocoles, des formats, peu transparente.

. Peter Watkins, la monoforme : la plupart des films, des émissions de TV sont constamment
uniformisés. Et c’est ainsi sur le web globalement. C’est inquiétant.

. C’est à nous de favoriser des diversifications de formats culturels.

8 – Vers une extinction de l’expérience ?


Comment pouvons nous envisager la question de l'hybridation entre l'humain et la machine?

Il faut évoquer la question de l’hybridation (ex : gps qui retire des capacités humaines de
s’orienter).

. Il faut aussi évoquer la techogénèse : l’évolution de la société avec la machine. Une


coévolution des capacités de l’humain avec son corps et des appareillages. Au lieu de
mémoriser des choses importantes, on les met dans un livre qui nous permet de nous
décharger.

. Mais y a t- il un danger de l’extinction de l’experience par rapport au vivant ?


. D’un côté, Il y a peut etre une menace d’extinction de la mémoire et de certaines capacités.
Une atrophie. Une question : Que va t il se passer demain s’il n’y a plus d’électricité ?

. Il faut donc être attentif à cela. Gerer les limites. Mais comment bénéficier de tout cela ? Il
existe une hypermnésie et ce n’est ni bon ni mauvais.

. Extinction de l’expérience : les enfants ne savent plus nommer le nom des plantes ou des
animaux. La technogenèse nous a fait nous détacher du vivant. Mais c’est à cause de la
marchandisation de l’attention, lié au développement de la productivité et moins de celui du
numérique.

9 – Générations collapsonautes : être les échos les uns des autres


Dans Qu'appelle-t-on panser? La leçon de Greta Thunberg (2020), Bernard Stiegler cite
Bergson a propos des gens qui arrivent à avoir le monde entier à l’interieur d’eux mêmes.

Question cruciale : De quoi nous nous faisons l’écho ?

Nous sommes les échos des uns des autres. Il faut faire circuler ces échos. Il faut se considérer
comme des passages. À l’échelle planétaire.

Il faut répondre à des questions cruciales pour re – terraformer la terre.

Il faut créer une vectorialité générale pour garantir l’habitabilité de la planete.

Lutter contre les communs négatifs. (Alexandre Monnin, Héritage et fermeture, une écologie
du démantelement). Plastique, nucléaire, finance etc...

Chapitre 4 – Enjeux sociétaux de l’édition littéraire numérique : accessibilité et


adaptabilité
⮚ Édition numérique : de quoi parle-t-on ?
L’édition numérique peut être considérée de la même manière que l’édition classique papier ? Gallica
équivaut à un journal en ligne ou à un ebook ?

1 – Introduction, concepts, définitions :


Voyons les différentes formes de formats numérique existants :

Edition numérique, définition : ensemble des procédés permettant de produire, de mettre en


forme et de diffuser des contenus dans des supports numériques (en ligne ou non) et qu’1on lit
sur un écran (ordinateur, liseuse, tablette, smartphone).

Il existe trois catégories d’édition numérique :

o La numérisation

Qui consiste à reproduire des publications déjà imprimées pour les diffuser dans
l’environnement numérique. A permis de constituer d’énormes bases de données.
« bibliothèques numériques » de modèles économiques différents :

- Bases des données gratuites : Gallica, biblio numérique de la BNF, Persée donnant un
accès libre et gratuit à d’importantes collections textuelles.
- Bases de données partiellement gratuites : comme googlebooks
- Bases de données payantes : collections particulières ou livres sous droits d’auteur.
Ex : bibliothèques universitaires comme CAIRN (sciences humaines)

o L’édition numérique native


Travail editorial pensé pour le numérique sans passage par l’imprimé.Ex : blogs, sites
internet, livres numériques, revues scientifiques (openedition journals)
o L’édition en réseau

Est basée sur l’écriture collaborative. C’est le cas de tous les wiki, mais aussi les travaux
d’édition scientifique. (projet ENCCRE Ed num collabo et critique de l’Encyclopedie de
Diderot et d’Alembert).

[l’ed scientifique offre de multiples possibilités de création, diffusion, conservation et


valorisation du patrimoine textuel.

Pour ces formes éditoriales, il existe des critères matériels, esthétiques, techniques et scientifiques,
évoquons les.

2 – Créer et diffuser un document numérique 


Il existe trois aspects à considérer :

o Ce que l’on voit sur l’écran

Malgrès l’aspect multidimensionnel du numérique et la champ des possibilités qui vont


bien au dela de l’édtion traditionnelle, pour qu’il soit lisible à l’écran, il faut que le fichier
publié soit structuré.
Il faut pour cela l’enrichir d’informations qui déterminent sa mise en forme.
Ex : structure générale, navigation intern et externe, notes, illustrations, données
interactives, etc...

o Données numériques qui structurent le document


o le format choisi, répondant à des principes et des codes appelés
« standards » est extrèmement important, il détermine le contenu
numérique qu’on veut produire, sa forme, et son mode d’utilisation.

o Différences d’exigences techniques selon les formats. Conséquences sur la


durée de vie de la publication, leur interopérabilité et possibilités
d’utilisation.

o Différences de conditions d’accès : certains sont libres et ouverts (publics ou


consortiums de recherche) , d’autres sont privés et payants.

o Rendre les données accessibles


Tout document numérique publié est accompagné de « métadonnées ».
Ce sont des instructions en code caché qui décrivent les ressources numériques et
permettent au document d’être repéré par des catalogues et moteurs de recherche.
(referencement et identification)
Ex : type de doc ; sujet ; etc...

Les métadonnées facilitent la recherche d’infos, la réutilisation de données et leur


préservation.

L’édition traditionnelle vit des jours difficiles. En effet, le déveolppement numérique répond à
une grande variété de défis.

- Nouvelles formes de diffusion


- Nouveaux usages
- Nouvelles pratiques de lecture

Cela suppose donc de penser avec attention la structuration des données par le biais de la
multitude d’outils disponibles pour répondre aux besoins esthétiques et scientifiques.
2 – les formats de l’édition numérique 
o Le PDF (portable document format)

. avantages : Simple, format le plus utilisé de l’édition numérique. Préserve la mise en


page des documents, facile à transmettre, compatible avec tous les systèmes
d’exploitation.

. inconvénients : possibilités éditoriales limitées , difficilement adaptable à certains


supports de lecture. (liseuses, portables)

o L’EPUB (Electronic publication)

Format standard actuel des livres numériques. Le texte est adaptable à la forme de
l’écran, fonctionne donc sur tous types d’appareils et systèmes d’expl.
Possède de nombreuses possibilités : recherche en plein texte, outil d’annotations,
configurations par le lecteur, dictionnaires etc...
Se rapproche de l’idée du livre : couverture, table des matières, index intéractifs.
Autres fonctionnalités comme la modif de la taille des polices, la couleur de fond, outils
d’assistance pour mal ou non voyants.

o Le TEI (Text Encoding initiative)

Format de balisage crée par une communauté de chercheurs.


Propose des recommandations pour l’encodage pour l’édition numérique native, surtou
pour les documents textuels.
Permet à travers la pose de balises (TAG) de faire la description de la structure interne du
doc, des pages, des paragraphes et toutes autres informations.
Les éléments identifiés peuvent ensuite être facilement mis en valeur à l’ecran en
fonction des critères scientifiques de l’éditeur numérique.
C’est un outil essentiel à l’édition scientifique pour mettre en avant les richesses d’un
texte.

L’édition numérique suppose de nouveaux modèles esthétiques, économiques, techniques. Elle


exige aussi une évolution de la chaîne éditoriale selon les supports de diffusion et les objectifs du
public visé.

Mais elle suppose aussi de nouveaux défis, notamment au niveau de l’accéssibilité.

⮚ Édition numérique accessible

A cause de leur handicap, de nombreuses personnes n’ont pas accès à la lecture.


Le problème s’accroit avec le numérique.
Mais Il existe des solutions constituant un pan très riche des humanités numériques.

o Numérique et accessibilité des livres pour les personnes empechées de lire.


Édition adaptée / édition inclusive
. entre 5 et 10% des livres publiés sont disponibles dans un format adapté aux personnes
porteuses de handicap
. nombreuses associations agissent pour plus d’inclusion. (Lisy ; apiDV ; Braillenet ; INJA ;
mobidys ; association Valentin Haüy)
. Il existe aussi des lois : Loi DADVSI – 2006 (exception au droit d’auteur) ; directive
européenne sur l’accessibilité – 2019 (harmonisation pour l’accessibilité) 
. Et des dispositifs : TIGAR – 2009 (; Platon – 2010 (transfert d’ouvrages numériques) ; la
rentrée litteraire accessible (syndicat national de l’édition ; BNF ; CNL)
o Distinctions édition adaptée / édition inclusive

o Adaptée : 1 contenu pour 1 besoin (ex : livre audio, numérique en braille,


livre à gros caractères)
o Inclusive : 1 contenu classique et 1 support numérique en format accessible
(ex : fichier consultable sur tout type d’appareil de lecture)

o Les formats de l’édition adaptée

- DAISY (digital accessible information system) : norme pour les livres audios


numériques.

Avantages : par rapport à un simple livre audio : navigation structurée, mémorisation


derniere position de lecture, variation de la vitesse etc...) ; lecture possible sur dvers
supports (telechargement et streaming)

- BRF (Braille ready format) : format utilize pour l’édition de textes pour leur
impression en braille

Lecture possible sur des appareils compatibles avec le braille (plages et bloc-notes)

- FROG (Free Your cOGnition) : version numérique accessible d’oeuvre existantes pour
les enfants atteints de troubles DYS.
Les outils de lecture sont modulables en fonction des besoins (police, aération du
texte, soutien audio etc...)
Lecture possible sur ordi, portable ou tablette grace à l’app FROG reader.

o Les formats de l’édition inclusive

- EPUB 3 : format standardisé pour les livres numériques qui facilite la mise en page
des livres
Très adaptable, favorise l’accessiblité
Fonctionne surla plupart des supports de lecture : tablettes, smartphones, ordis,
liseuses, appareils en braille, retransmission vocale

Chapitre 2 – Une littératie nativement numérique


Objectifs :
⮚ Reconfiguration des postures auctoriales / révolution des pratiques de lecture en
lien avec l’avènement du numériques
⮚ Les grandes étapes de la construction de la littérature numérique
⮚ Principales caractéristiques de l’écriture nativement numérique (format
bref/écriture intime et personnelle

Contenu pédagogique :
⮚ Culture numérique et format bref
⮚ Les deux premières générations de la littérature numérique
⮚ La littérature web : sites et blogs d’écrivains
⮚ Narrations de soi sur le web
Alvéole 1 – Culture numérique et format bref (Florence Thérond)
1. Le format bref dans la littérature web et la culture contemporaine
. Société caractérisée par un rapport au temps dominé par la vitesse et la simultanéité : format
bref privilégié. En finances, on a le « trading haute fréquence », dans l’audiovisuel les clips, spots
pubs, génériques, bandes annonces. (prix décernés à des trailers) etc...

. ces formats courts sont critiqués :

- Pierre Bourdieu en 1996, essai sur la TV. Il utilise le terme de « fast thinker » pour
qualifier les intellectuels médiatiques, toujours prêts À intervenir dans un temps record.
(chasse au scoop, impératif de la concision). La TV ne serait-elle pas condamnée à n’avoir
que des fast-thinkers qui ne pensent que par des idées reçues ? « fast food culturel »,
« nourriture culturelle pré-digérée, pré-pensée »
- Des historiens font des travaux sur le rôle des petites phrases prononcées par les
politiques, les slogans, les graffitis. Ex : Yves Pagès « aphorismes urbains » (collecte 4000
grafittis de 1968 à nos jours, et en publie une partie sur son site internet aujourd’hui)

. Intêret des chercheurs. plusieurs ouvrages collectifs publiés ces dernières années : Formes
breves et modernité, dirigé par Walter Zidaric, 2019 ; Formes Breves. Au croisement des
pratiques et des savoirs, de Cecile Meynard et Emmanuel Vernadakis, 2020 ; ou pour le
domaine audiovisuel, les travaux de la sociologue Sylvie Périneau en 2019. Enfin, le dossier de
Florence Thérond Les formes breves dans la littérature web
( https://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/les-formes-breves-dans-la-litterature-web
).

Florence Thérond parle de « l’apothéose du bref ».

. Il existerait en effet, pour reprendre la terminologie de Philippe Marion, une « médiagénie » :


facilité d’adaptation du format bref dans la littérature web en raison du zapping caractéristique
du web, peu propice à la lecture dans la durée.

. Ex : LE blog Autofictif, d’Eric Chevillard (3 maximes, récits brefs et aphorismes par jour depuis
2007. http://autofictif.blogspot.com/ ; ou celui de Jacques Fuentealba « la Fabrique de la
littérature microscopique » https://fablimi.wordpress.com/ .

. Il y a une multiplication des sites dédiés à la narration brève sur le net. On peut citer pour
l’anglo-saxon le site Flash Fiction online, où pour le français la plateforme d’édition
communautaire Short Édition (créé À Grenoble en 2011, pour tout ce qui se lit en moins de
20mn) fait « pour lutter contre les moments d’ennui et d’attente de la vie quotidienne. Enfin, le
site Smartnovels propose des romans-feuilletons pour les smartphones.

. Depuis 2005, il existe même un prix (le prix Pépin) pour récompenser des nouvelles de SF de 300
signes maxi et envoyées au format numérique.

. La forme brève favorise l’inventivité, l’expérimentation de techniques de représentations


nouvelles. Elle est dense et donc intense. (comme dans l’Haïku). Elle compense en profondeur ce
qu’elle perd en ampleur.

2. L’exemple de la twittérature

. Twitter a été créé en 2006 avec la contrainte de 140 caractères par message.

. La twittérature détourne le dispositif créé initialement la maintenance des relations sociales


dans une communauté. Mais en 2009, le livre twittérature – the world’s greatest book in twenty
tweets or less, d’A. Aciman et E. Rensin crée le terme et ouvre une nouvelle ère d e publication de
« recueils de tweets » :
- En 2010, Jean-Yves Fréchette crée « L’institut de twittérature comparé » (ITC) qui fait la
promotion de la twittérature, dans un partenariat avec Jean-Michel Leblanc, de
Bordeaux. Professeur au Québec, Il s’intéresse depuis 2009 à twitter en concevant
Twittexte, outil permettant aux élèves de travailler la concision, la précision, de jongler
avec la langue. Son avatar sur Twitter est Pierre-Paul Pleau. Il participe avec l’ITC à des
colloques, festivals et À bien d’autres projets. Il publie des ouvrages Tweet Rebelle (2011)
et Ne sois pas effrayé par le pollen dans l'œil des filles (2015), recueil comportant 140
photos 140 tweets en partenariat avec le photographe Blacksmithpat. Extraits de Tweet
Rebelle, où l’auteur défend une conception militante et libertaire de twitter et de la
twitterature, comme lieu d’insurrection :

« J’aime l’effet des mots sur les faits : je m’enfonce dans les couches d’ombre du
numérique et je m’applique à casser le cours des conneries »

« les mots sont des petits radeaux qui flottent sur la langue. Ne les avalez jamais !
Mais crachez-les avec force pour que le sens éclabousse »

- Citons aussi les Cent quarante signes d’Alain Vernstein.

. Il existe aussi un autre courant de la twittérature, né au Japon. Ce sont les « cellphone


novels. ». L’auteur compose un texte ample de plusieurs centaines de pages en enchainant les
tweets. On « fait du long avec du court » (Thierry Crouzet), on compose des formes amples
« lâchées par saccade » (T. Crouzet), des « récits costauds découpés en languettes tweetées (J-Y
Fréchette). On expérimente l’écriture en temps réel sur le modèle des keitai shosetsu (textes
rédigés en SMS depuis le début des années 2000.

. Au sujet de la twittérature, l’auteur Thierry Crouzet explique dans un post :

« Contrairement à l’écriture sérielle, on ne remet plus en cause la forme. Contrairement à la


micronouvelle, on ne poursuit pas la virtuosité. On cherche plutôt à écrire à la vitesse de la
lecture, comme si les lecteurs se penchaient au-dessus de notre épaule. C’est une écriture guère
éloignée de celle du blog, mais plus tendue encore, puisque éclatée phrase après phrase. Où à
chaque point, un événement extérieur peut nous dérouter."

Les étapes de l’invention de la twittérature selon lui :

- Nick Belardes, entre avril 2008 et mars 2009 compose sa Novella Smallplaces (992 tweets
mis bout À bout) et adapte pour la première fois le celphonenovel à twitter.
- Matt Richtel, journaliste et blogueur new-yorkais, entre juin et décembre 2008 écrit sa
nouvelle It should not be snowing (220 tweets) et crée le terme thriller (thriller/twitt).
- Thierry Crouzet, publie entre décembre 2008 et avril 2010 les 5200 tweets qui
composeront Croisade (plus tard La quatrième théorie). Première expérience de grande
ampleur.

Thierry Crouzet s’inclut donc dans les pionniers. Pour lui, la twittérature est « la forme reine de
notre temps » « en phase avec les outils, nos rythmes de vie, de pensée, de lecture » « les
oeuvres fermées [...] me semblent en comparaison désuètes, comme si elles avaient été écrites
au siècle dernier ».

Dans La Mécanique du texte, paru en 2015, Thierry Crouzet explique l’influence qu’à la
contrainte des 140 caractères de twitter dans sa manière d’écrire :

- Twitter est un lieu 3 en 1 : écriture, diffusion, dialogue


- Une façon de revenir aux jeux d’écriture des années 90. (Georges Pérec, le nouveau
roman)
- La contrainte oriente l’imagination, dicte le rythme, pousse l’écriture
- Modifie aussi les contraintes syntaxiques (verbes sans sujet, point à la place des virgules
etc.)
- L'interaction avec les lecteurs l’exalte, rendent possible le retour, le commentaire, la
critique en temps réel. > écriture collective
- L’écrivain devient hybride (cyborg) et est augmenté par l’intelligence collective de sa
communauté.
- Mais aujourd’hui, les vedettes du showbiz saturent le réseau devenu trop populaire. Le
côté intimiste fait place à une foule bruyante. La littérature participative devient plus
difficile à mettre en place.

3. Réinsérer la forme brève dans une histoire longue

La forme brève n’est pas une invention d’internet. Graffitis, slogans dans la vie et sur les murs, et
de nombreux formats dans la littérature : adage, aphorisme, apophtegme, axiome, énigme,
emblème, épigramme, épigraphe, esquisse, exergue, historiette, impromptu, instantané, bribe,
charade, citation, dédicace, devinette, devise, maxime, pensée, parabole, remarque, sentence,
xénie, bon mot, cas, concetto, conseil, dicton, fragment, madrigal, monodisque, proverbe, pointe,
haïku, etc.
Internet a cette capacité de réhabiliter ces formes. LA brièveté n’est pas seulement
dimensionnelle, mais représente un rapport interne à la parole, un rapport entre minimum dans
le volume et le nombre de signes et un maximum dans leur énergie (Nietzche).
La forme brève d’internet mobilise donc des procédés stylistiques éprouvés permettant des effets
de raccourci et d'accélération. (dépuration, ellipse, paralipse, effet de chute).

> trois traditions de la forme brève mobilisées dans la littérature web :

a. l’aphorisme : Eric Chevillard ou Thierry Crouzet s’inscrivent ainsi dans la lignée de


Montaigne, de La Bruyère et La Rochefoucauld et commentent de façon incisive les
événements du monde ou expériences intimes.

b. l’anecdote ou le fait-divers : histoires piquantes tirées de faits mineurs, à la Jules Renard ou


Félix Fénéon, donnant à cette forme brève une portée comique.

c. L’exercice poétique :
> Haïkus, quantas, la brièveté hante la poésie contemporaine. Sur internet, la brièveté est au
centre de la réflexion tout d’abord pour des raisons techniques (ce qui tient sur l’écran), De
même, les installations ne supportent pas bien la longueur continue.(Jean-Pierre Balpe).
Aussi, le haïku n’est plus seulement une mode, il est aussi un genre avec l’avènement du
twit’haïku (twaïku), poésies expérimentales brèves portant sur l’actualité et petits faits de
vie, devenant pratique sociale, comme au Japon depuis la fin du XIXe siècle.

> Selon un article de l’express de 2019, l’engouement pour la poésie est en hausse et
particulièrement chez les jeunes.
On pense que ce regain d'intérêt est lié à Internet et aux réseaux sociaux, avec de nouvelles
générations de poètes et poétesses, voulant écrire des textes accessibles à tous : l'insta
poésie offre un mélange de textes et de création graphique. Elle se veut instantanée et
minimaliste. On observe l’omniprésence du micro poème, adapté à la logique de flux,
contrainte par le carré instagram, de quelques pouces. Littérature scrollée, poésie visuelle
vue avant d’être lue, pour un effet immédiat, où se mélangent textes, photos, sons et vidéos.
ex : Nayyirah Waheed, Yrsa Daley-Ward, Nikita Gil (diversité, culture post-coloniale), Tyler
Knott-Gregson, Atticus, Amanda Lovelace, Lang Leav.
> Ou encore Rupi Kaur, metisse penjabi-sicks et canadienne suivie par plus de 4millions
d’abonnés sur instagram et dont le recueil d’insta-poèmes “milk and honey” a été vendu à
plus de 3,5 milllions d’exemplaires. (Best seller dans la liste du NYT pendant 70 semaines).
Son style est épuré, courts paragraphes, dessins de type minimaliste qui s’offrent comme une
deuxième lecture.
Mots percutants, émotions universelles dans un langage simple. Malgré l’enthousiasme pour
ses créations, d’autres dénoncent une logique entrepreunariale, en abusant de phrases
récapitulatives, calibrées pour être “hashtaggables” et devenir virales.

> L’esthétique développée par les instapoètes est souvent vintage, avec des effets
d’impression machine, par exemple.
Selon Olivier Belin (“vers une poésie commune? etc..”), l’instapoésie “réactive l’imaginaire et
le souvenir de la matérialité de l’écriture manuscrite, du journal intime entrouvert [...] cahier
d’écolier, feuille quadrillée [...] machine à écrire”

> Si d’un côté, on a l’impression de vivre les ambitions des avant-gardes du siecle dernier de
démocratiser la poésie et la généraliser dans l’espace public, l'insta poésie reste une pratique
poétique à la marge et reste très marquée d’amateurisme. (tel le slam pour la poésie sonore).
Les textes publiés sur les plateformes sont souvent écrits dans un style classique, d’une
esthétique souvent surannée, reprenant des codes plus proches du XIXe siècle et produits par
des poètes non lecteurs de poésie, et leur bagage culturel de poésie scolaire.

> Cependant, certaines créations brèves du web, comme l'insta poésie, la face-poésie ou la
twittérature témoignent d’un positionnement critique “face À la multiplication des
investissements d’un environnement dont la neutralité relève du leurre et développent des
pratiques techno poétiques à la performativité éminemment critique.” (Gaëlle Théval)
[ interview de Gaelle Théval https://www.fabula.org/colloques/document7458.php]

Alvéole 2 –Une nouvelle expérience d’écriture et de lecture


La transmission des contenus de la culture numérique ne se fait plus de manière linéaire dans
l’espace et le temps, comme dans le langage alphabétique.
L’hypertexte, le web, implique le croisement producteur X destinataire et de multiplier les auteurs
d’une narration, avec l’interaction du public.

La littérature numérique se manifeste en tant que langage indépendant de l’espace et du temps


classiques de la production et de la réception et apporte de nouveaux formats
communicationnels.

1. Qu’est ce que la littérature numérique?

> Ne pas confondre littérature numérisée et littérature nativement numérique.

> Définition : toute littérature qui utilise le dispositif informatique comme médium et met en
œuvre une ou plusieurs propriétés de ce médium. (Philippe Bootz, Les basiques : la
littérature numérique)

> propriétés du médium informatique :


- le mode d’affichage (l’écran permettant une mise en page)
- algorithme (ensemble des règles logiques codées dans un langage de programmation
en vue de produire un résultat
- codage numérique : binaire, supprime les distinctions entre les différents médias, en
ramenant tout signe à un code numérique. (toutes technologies électroniques
fonctionnant en base 2 : 1 ou 0, le courant passe ou ne passe pas)
- interactivité : capacité que l'œuvre donne aux lecteurs de pouvoir influencer la
composition des signes proposés à sa lecture). l’oeuvre devient un outil qui permet
au lecteur d’intervenir dans le processus d’écriture
- Dispositif : l’ensemble des composants matériels et logiciels qui interviennent dans la
communication que l’oeuvre instaure entre auteur et lecteur
- transitoire observable : la partie de l'œuvre que le lecteur voit, pas le programme,
mais le résultat.

> le texte numérique n’est pas immatériel


Il est ancré dans une nouvelle forme de matérialité, non plus celle du livre, mais celle du
numérique. On peut de cette manière mesurer les évolutions médiatiques de la littérature.
(Serge Bouchardon)
> tensions entre littéralité et spécificités du support numérique
Différentes manières de définir la littérature numérique.
- partant du numérique : la littérature numérique est une forme particulière de
littérature utilisant le dispositif informatique comme médium.
- partant de la littérature : distingue des arts numériques : une œuvre numérique est
littéraire si le texte a le rôle principal et qu’il y a une activité de lecture.
- Pour Bouchardon : la littérature numérique est l’ensemble des créations qui mettent
en tension littéralité et spécificités du support numérique.

Pour Jean Clément, la littérature numérique est une littérature problématique puisque le
texte n’est plus séparable de son environnement technique. LEs texte est contaminé par les
médias qui partagent son espace. Il est le résultat visible d’un ensemble de processus. Le
texte perd sa place centrale. (Jean Clément). Question posée dans un contexte d’émergence
d’oeuvres “visibles” et de littéraTube (Gilles Bonnet).

> littérature numérique / culture numérique


Évolution en 2004-2005 versus le web 2.0 : plus de simplicité et d’intéractivité. Il y a un
changement majeur des pratiques et de notre rapport au monde. Le numérique devient
l’espace dans lequel nous vivons : un environnement qui façonne le monde et sa culture.
On parle aujourd’hui de culture numérique.
On ne peut pas penser la littérature numérique indépendamment de cette révolution
anthropologique.
On parle dorénavant de littérature en milieu numérique. On se réfère d’avantage à un
phénomène culturel qu’à des outils technologiques. L’enjeu est devenu d’étudier non plus
seulement” les oeuvres littéraires produites grace à l’informatique, mais de comprendre le
nouveau statut des oeuvres produites `l’époque du numerique.” (Marcello Vitali-Rosati)

2. Évolution : les 2 (ou 3?) générations de la littérature numérique

- N K Hayles distingue deux générations dans l’histoire de la littérature électronique :


des œuvres de fiction hypertextuelles jusqu’en 1995 et les oeuvres davantage
multimédia issues de l’évolution en des formes hybrides ensuite. (network fiction,
interactive fiction, locative narratives, generative art).
Elle définit la LNum comme étant toute littérature combinant pratiques textuelles et
numériques.
- Mais Anaïs Guilet avance dans un article de 2018 que la déf. de Hayles ne pouvait
pas inclure les œuvres issues des réseaux sociaux, ni celles produites pour nos
smartphones et tablettes, et la réalité virtuelle, ses travaux ayant été publiés l’année
de sortie du 1er iphone. et qui font l’objet d’un grand usage populaire.
- Leonardo Flores en 2018, appelle cette période en cours de 3ème génération de la
littNum, qui a émergé avec les réseaux sociaux, les touchscreen, la réalité
augmentée. Elle se caractérise plus par le remix que par l’invention de formes, par
la création d'œuvres via plateformes et interfaces, une subjectivité romantique et un
pastiche de poésie postmoderne.

- Anaïs Guilet renchérit sur cette 3ème génération : “à l’audience populaire, qui a la
particularité d’opérer sur des plateformes non spécifiquement dédiées à la
littérature et dont le détournement des supports, le remix, serait le mode d’action
privilégié.”
C’est un tournant populaire de la littérature électronique, c’est “le sacre de
l’amateur”. (Patrice Flichy, 2010).

3. La littérature numérique avant le web - expérimentations

Des années 50 au début des années 2000, les pionniers de la littNum ont été des bricoleurs.
Des chercheurs créateurs qui ont inventé des nouvelles esthétiques.
La communauté ELO incarne cette tendance, qui dirige le laboratoire NT2, au Québec, dirigé
par Bertrand Gervais et qui archive les œuvres numériques de différentes périodes.
On peut citer aussi Jean-Pierre Balpe, Philippe Bootz ou Serge Bouchardon qui ont placé leur
pratique au cœur de leur réflexion scientifique. Cette communauté a défendu une approche
conceptuelle et formaliste afin de gagner en légitimité.

> début de la littérature numérique dans les années 50 : laboratoires scientifiques. Elle quitte
ces cercles restreints dans les années 1980, avec l’arrivée des PC.

> Portée par des avant-gardes pour révolutionner les manières traditionnelles de raconter et
de poétiser la langue, et bouleverser le système littéraire, ses circuits de sélection, de
valorisation, de capitalisation.

> Philippe Bootz (docteur en physique et communication) est un des plus anciens auteurs de
littérature numérique en français. Il conçoit en 1977 une première forme de littérature
programmée, la poésie matricielle. Language pluricode (mix de mots, lumières, couleurs,
installations avec laser. En 1985, revient à la poésie numérique en 1985 avec la télématique. Il
fonde en 1988 le groupe LAIRE et publie la revue àlire, la plus ancienne revue informatique à
avoir publié des générateurs poétiques.

> Á l’origine, 3 genres de littérature numérique :

- la poésie animée
- la littérature générative
- l’hypertexte de fiction

a. la littérature générative
- l’ordinateur est programmé pour produire des textes
> générateur de textes : un programme qui crée du texte À partir d’un
ensemble de règles et d’éléments préconstruits formant un dictionnaire.

- Deux grandes familles : la génération automatique et la génération


combinatoire
-
> automatique : ce n’est pas le texte qui s’affiche. Cela produit de l’infini.
Fantasme d’éternité.
Le générateur crée des textes à partir d’un dictionnaire de mots et d’une
description informatique des règles d’assemblage de ces mots. à partir d’un
moteur d’inférence (règles de calcul permettant la production d’une
grammaire, d’un lexique). La construction du texte est totalement
algorithmique. à partir d’un moment, le programme fait des choix aléatoires.
Présenté pour la première fois en 1985 par Jean-Pierre Balpe à une
exposition, un générateur en cours de fonctionnement appelé Renga génère
des textes. (32500 textes générés automatiquement lors de l’expo)

“les étiquettes nouvelle, roman, poème etc… ne correspondent plus à ce que


j’essaie de faire. J’essaie d’inventer une littérature de l’éphémère, de la
mobilité, de l’instantané, de la variation. “Je pense que depuis longtemps le
livre est en bout de course sur le plan de l’invention”

JP Balpe a plus tard créé un générateur de romans (1991), puis de proverbes.


À partir de 1997, le générateur est mis à disposition de l’université Paris 8.

Ici, l'intéressant est le dispositif, pas les textes générés.


Aujourd’hui, il est possible d’utiliser ces dispositifs sur le propre site de JP
Balpe. (pour générer des haïkus par exemple)

> combinatoire : il s’agit de combiner des parties de textes pré-construites.


Le nombre de combinaisons peut être grand mais pas infini. Le générateur
automatique crée du sens alors que le combinatoire uniquement de la
syntaxe.
ex : 100 mille milliards de poèmes, de Raymond Queneau est une référence,
prémice aux travaux des créateurs de LittCombinatoire généré par ordi.
L’ouvrage est construit sous forme de languettes correspondant chacune à un
vers, que le lecteur peut combiner.
Cette œuvre connaîtra de nombreuses versions programmées par la suite, et
pour la première fois en 1988.
On peut citer aussi un certain nombre sites qui apparaissent vers 1995, usant
les processus de phrases à trous. Prolixe de Christophe Petchanatz, de 1992.
Il y a aussi les générateurs de Bernard Manier, créé en 1995 (Mémoire d’un
mauvais coucheur).

Selon Philippe Bootz, la génération de texte est à la fois une approche technique qui
perdure et à la fois une conception historiquement datée qui se termine vers 1995
avec les travaux de Barbosa et Petchanatz. Elle est ensuite réintégrée de manière plus
générale et ouverte comme une littérature multimédia programmée par un auteur et
exécutée en temps réèl pendant la lecture. Cela inclut la génération de texte,
l’animation programmée et la création multimédia interactive programmée. ex:
collectif transitoire observable, 2003-2007.
b. la poésie numérique animée
C’est l’autre genre important présent depuis les débuts de la littNum.
Son origine remonte à l’avènement des poésies concrètes et visuelles :
- les calligrammes d'Apollinaire : écrire en beauté, poème objet, le graphisme
apporte un supplément de sens, dessin polysémique.
- la poésie concrète : fondée dans les années 50 par Augusto de Campos et
Décio Pignatari, le poème est un objet sensible. On joue avec le langage dans
la réalité matérielle avec l’aspect visuel du mot de la lettre. Travailler le
signifiant pour libérer les signifiés.

> caractéristiques :
- oeuvres hybrides (texte, image, sons, séquences vidéos)
- non imprimables
- possibilités de manipulation des textes par les lecteurs

> à partir de 1990, plusieurs revues ont pour objectif de diffuser cette poésie
numérique. Par exemple :
- La revue Doc(k)s créée par le poète Julien Blaine
- La revue àlire, créée en 1989, par un collectif constitué autour de Philippe
Bootz, diffusée d’abord sur disquettes et CDRom.

> l’ídée est de revendiquer le statut littéraire de la littérature numérique. Elle n’est
pas qu’un outil linguistique

> Dans la poésie numérique animée, les textes sont considérés comme éléments
iconographiques pouvant être manipulés par le lecteur. Il y a une irruption de la
temporalité dans la chose écrite. Les émotions du lecteur (spectateur?) sont liés aux
mots mais aussi à leur manipulation, leur animation, avec ou sans hypertexte.
ex : - for all seasons, d’Andreas Muller (2005). Le texte est reconfiguré en images
manipulables par le lecteur. Le texte devient objet et les souvenirs de l’auteur à
travers des calligrammes. On évolue dans les souvenirs de l’artiste.
- Tramway, d’Alexandra Saemmer (2008). souvenirs d’enfance mêlés à des
conversations dans le tramway. Le texte circule sous forme de bande passante, dans
des fenêtres déplaçables.

c. l’hypertexte de fiction
> 3ème genre historique de la littérature numérique.
Des fragments de textes sont reliés par des liens. C’est le lecteur qui choisit son
parcours de lecture, dans une démarche labyrinthique.

> La notion d’hypertexte a été formulée pour la première fois en 1965 par Teodor
Nelson, sociologue américain : “le trait principal de l’hypertexte et sa discontinuité et
le saut, déplacement inattendu de l’utilisateur dans le texte.” Puis encore en 1981 :
“J’entends comme hypertexte une production non séquentielle d’un texte en
arborescence qui laisse le lecteur choisir. Fragments de textes reliés par des liens,
proposant aux lecteurs des parcours différents”

> La fiction hypertextuelle doit être pensée dans la continuité d’une histoire littéraire
- tradition d’expérimentation littéraire
- tradition de l’écriture fragmentaire
- dans la continuité d’oeuvres qui s'accommodent d’une lecture tabulaire
- rapport hypertexte / postmodernisme

> Dans les années 60, en France, des gens issus de mouvements post-structuralistes
imaginent une nouvelle textualité avec des notions proches de celles de Teodor
Nelson : Roland Barthes définit son texte idéal : “Dans ce texte idéal, les réseaux sont
multiples et jouent entre eux sans aucun puisse coiffer les autres. Il est réversible, on
y accède par plusieurs entrées…”

> Le lecteur de l’hypertexte s’approprie donc une partie du rôle dévolu à l’auteur. Il
devient l’énonciateur des rapports de lecture entre les différentes parties du texte.
L’expérience de lecture est totalement nouvelle, faisant disparaître la fixité du texte.
> ex. précurseurs :
- Vie et opinions de Tristram Shandy, Laurence Stern, 1760 : révolutionne le
récit écrit avec les divagations de l’auteur et des personnages avec une
communication auteur/lecteur
- Un conte À votre façon, Raymond queneau, 1967
- écriture fragmentaire : les romantiques (Novalis) ont déjà revendiqué ce
genre. Plus tard, au XXème, le fragment est mis en avant, synonyme de
modernité. Le nouveau roman aussi.
- La lecture tabulaire : La Vie, mode d’emploi, de George Perec, 1978 : la vie
d’un immeuble parisien, en faisant l’inventaire du réel, pendant 100 ans.
- notion de postmodernisme : Serge Bouchardon (Univ, de Compiegne) préfère
le terme de “récit littéraire interactif”. Il opère un classement de ces récits :
grande diversité des types d’oeuvres : récits hypertextuels (lecture non
linéaire de fragments via des liens), récits cinétiques (exploitent la notion
temporelle et la dimension multimédia/mouvements), récits algorithmiques
(utilisation de génération automatique de textes, comme des romans
policiers interactifs ex: Trajectoires, JP Balpe), des récits collectifs où les
internautes peuvent participer à l’écriture du récit.
Les genres se sont complexifiés et de nombreux dispositifs existent
dorénavant.

> les premiers hypertextes de fiction


- Afternoon a story, Michael Joyce, 1985 : classique fondateur. L'œuvre a été
développée avec le logiciel Storyspace (créé par Michael Joyce lui-même
dans les années 80) et permet de développer plusieurs récits arborescents à
partir de textes de base. On clique sur des mots contenant des hyperliens,
utiliser des icônes pour répondre à des questions. Il n’y a pas de début ni de
fin (20 débuts d’histoires possibles). L'œuvre a connu 5 éditions entre 1985
et 1992. Le support numérique et la structure hypertextuelle facilitent la
lecture infinie de l'œuvre.
- Victory Garden, Stuart Moulthrop, 1992 : autre classique fondateur. Un jardin
labyrinthique dans lequel le lecteur est appelé à déambuler, pour explorer les
relations entre les personnages et les évènements de la guerre du Golfe.
Ampleur considérable (1000 lexies et 2800 liens). On accède aux textes à
partir d’une carte présentant le jardin. Jamais le lecteur ne peut accéder à
une perception globale de l'œuvre.
- Patchwork Girl, Shelley Jackson, 1995 : d’abord publiée sur CDrom et
disquette, l'œuvre a aussi été réalisée à partir de storyspace. Basé sur le
roman classique Frankenstein. Il y a des séquences linéaires, mais la pensée
interne du personnage ne peut être découverte qu’à travers une recherche
labyrinthique. Plusieurs options de navigation sont offertes pour visualiser
l'enchaînement des lexies et les liens nécessaires à la lecture. Thématiques
de l’identité (difractée), de la lecture et de l’écriture.
- Apparitions inquiétantes, Anne-Cécile Brandenbourger, 1997-2000 :
hypertexte élabore un hyper Roman policier tournant autour de la question
“qui a tué le dr Marbella?”. À priori, c’est classique, mais en cliquant sur les
liens, la trame s’étoffe, et permet d’introduire un réseau de suspects
secondaires. On peut commencer la lecture de différentes manieres (début,
mises à jour, hasard, résumé etc..) et il y a une option “atlas des chemins”
pour visualiser son parcours, fait d’une multitude d’intrigues.

> Dans les années 90, il y a eu un grand espoir de renouveau de la littérature à travers
le développement de l’hypertexte de fiction. Mais cet espoir a été déçu. : forme
difficile à écrire, expériences arrivées trop tôt?, inerfaces peu attrayantes à l’époque?
Intrigues trop pauvres? dimension littérairee sensiblement oubliée?
Aujourd’hui, il existe un renouveau de ce genre de littérature numérique, tourné
autour du regroupement d’histoires linéaires écrites par différents auteurs. Les
objectifs ont changé et il n’est plus question de rompre avec une tradition livresque
pour être novateur. On met l’accent sur les autres possibilités ouvertes par le
numérique : le multimédia, d’autres formes d’interactivité.
Selon Serge Bouchardon, les récits purement hypertextuels sont de plus en plus rares
sur internet. Mais on constate une prolifération des récits interactifs consistant en
l’intervention du lecteur dans le récit, où le lien hypertexte n’est pas le seul ressort.

4. Liens utiles

. mini lexique de la littérature numérique, par Philippe Bootz


https://balises.bpi.fr/mini-lexique-de-la-litterature-numerique/

. liens des grandes revues spécialisées


http://www.alamo.free.fr/ , crée en 1981 par des oulipiens
https://www.akenaton-docks.fr/ , site dédié exclusivement à la littérature numérique
http://motsvoir.free.fr/ dernière version de la revue de poésie numérique alire (1988)

Alvéole 3 – Habiter la littérature Web : sites, vlogs et blogs d’écrivains

Les sites et les blogs d’écrivains, lieux matriciels

Selon Gilles Bonnet, (Pour une poétique numérique, hermann 2017) il a différentes manières pour les
écrivains d’être sur Net. Si d’un côté, nombreux d’entre eux usent la toile comme une vitrine pour
faire la promotion de leurs publications papiers sur les sites de leurs maisons d’édition, de nombreux
autres font de leur site une oeuvre, une maison d’écriture, une maison d’écranvain, néologisme créé
par ce dernier pour désigner les écrivains qui :
“assument un engagement constructif dans le paysage numérique”, “absorbés”, par le “comment
écrire sur le web”.

Nous verrons ici 4 exemples d’écranvains et de leurs sites / blogs : François Bon (pionnier du web
littéraire français), Philippe de Jonckheere, Yves Pagès et Thierry Crouzet.

1. François Bon et Tiers Livre

https://www.tierslivre.net/

Site notoire d’une structure extraordinairement complexe.


> Objectif : construction d’un internet alternatif destiné à résister À l’uniformisation.

Interactions avec une communauté d’auteurs et de lecteurs où l'œuvre est constamment


retravaillée, laissant apparaître les tâtonnements.
Les modèles auctoriaux anciens sont redéfinis et de nouveaux modèles émergent.

> François Bon : vendéen né en 1953, fils d’un mécanicien et d’une institutrice. A été
ingénieur et se consacre au début des années 80 à la création littéraire. Auteur prolifique
(plus d’une trentaine d'œuvres). Des romans, des récits, une biographie, des traductions.
Il fera partie de ces auteurs qui ont réinvesti les usines, les entreprises dans un contexte de
malaise social : littérature prolétarienne. Quelles sont les mutations dans le monde du
travail?
Il a ensuite une réflexion sur la dématérialisation et interroge le rapport de l’homme avec les
objets.
Plus tard, c’est le souci pour accroître l’accessibilité aux auteurs qu’il admire, dans une
démarche de partage, que François Bon commence à s'intéresser à l’internet. Il est le
pionnier français de la littérature en ligne, au moment où le marché éditorial traditionnel
s’essouffle. Il crée donc en 1997 le premier site français consacré à la littérature. (remue.net)
En 2004, il crée tierslivre.net et contribue au développement des blogs littéraires (chaque
nouveau texte vient s’ajouter à la suite du précédent, de forme chronologique, contrairement
à l’hypertexte, fait de nœuds), genre auquel le public s'intéresse de plus en plus à l’époque.
Plus tard, en 2008, il lance la plateforme d’édition numérique en ligne publie.net., site qui
œuvre à la démocratisation de la lecture numérique avec des ouvrages numériques au prix
d’un livre de poche, avec un catalogue constamment mis à jour.
En 2013, il crée le magazine de fictions en ligne nerval.fr avec 200 pages en accès libre. Il
fonde ensuite sa propre maison d’édition Tiers Livre éditeur. “labo vivant des explorations et
des tentatives qui n’ont pas vocation à passer à l’édition commerciale”.
multiplie les expériences, les modes d’écriture, les registres et travaille sur une
chaîne-auteurs plutôt que sur une chaîne du livre, et crée un véritable écosystème divisé en
branches liées mais distinctes au cœur d'un écosystème profus. Il s’agit de revenu.net,
tierslivre.net, publie.net, nerval.fr, youtube, twitter et facebook. (points de contact
interactifs, faisant de la constellation François Bon une entité vivante, un réseau
d’interdépendances).
- FB transforme les sites en ses sites “afin de prolonger l’infini du bord absent”, selon
Sébastien Rongier.
- 2009 : création de la chaîne youtube avec le titre “La vidéo comme un roman”. plusieurs
types de contenu : “le vidéo-journal”, “les chroniques de Jean Barbin”(double de FB), les
capsules “1 minute” etc…

> Tiers-livre :
FB offre une visibilité sur son travail et commente ses choix : combine l’informatif et le
créatif. “monstration de son atelier” “exposer la création”.
-working progress continuel
-intégration de l'œuvre de FB dans une chaîne de textes produits par d’autres.
- fait figure de leader de par l’acuité de sa réflexion sur le numérique et l’ancienneté de ses
engagements.
- moins préoccupé par la médiation que par la création : “il faut contaminer internet de
l’intérieur pour ne pas le laisser aux démolisseurs du monde”

“Le blog est un salon du livre permanent où vous vous prêtez à des performances. C’est votre
boutique d’écrivain public.” L’auteur se met en scène de par une identité visuelle
immédiatement reconnaissable. (auteur-metteur en scène).
- Le bandeau du site change constamment, c’est l’idée du renouvellement permanent.
(garage, ville, bibliothèque, chantier etc…)
- la page d’accueil ne cesse de bouger
- site “usine”

le tiers-livre web marmite : on mitonne de la littérature


> LE sacre de l’amateur :
- dans l’espace numérique public, l’auteur est amené à construire lui-même sa légitimité et
son identité.
- les modèles auctoriaux anciens se trouvent mis en question, en vue de sa redéfinition à l’ère
du web 2.0
FB a des réticences à se faire appeler écrivain. “je n’ai pas une identité d’écrivain”. Il préfère la
condition de l’amateur. “l’apprentissage À toujours refaire sur et pour soi-même, un geste
libre parce que nul ne commande en amont, nulle récompense, nul égard, ni retour.” En effet,
le terme écrivain est associé à la publication de livres imprimés.
-FB prend plutôt le chemin de littérattube (néologisme de Gilles Bonnet). Et le terme
d’écrivain peut aussi être substitué par le terme écranvain. Il s’est aussi considéré comme
“artiste média” et se présente actuellement sous le terme de chercheur inventeur en lecture
/ écriture.

-L’arborescence du site épouse les méandres de la biographie de l’auteur. L’existence de


l’auteur devient une fiction vécue constamment remodelée, tout comme l’architecture du
site.

> polémiste et secoueur de littérature :


- la scène littéraire est un combat
- rechercher l’instabilité et le questionnement
- ne pas dédaigner la provocation
- une posture revendicatrice et manifestaire

> la culture du lien :


- le site web comme lieu de construction de relations
- travailler en atelier ouvert
- rhétorique du collectif qui inclut le lecteur qui participe activement à la création et
qui soutient l’effort commun

“ l’auteur sur le web ressemble ainsi plutôt à un noeud dans le réseau, à une étoile
tridimensionnelle reliée à d’autres étoiles (Alexandra Saemmer)

> François Bon, écrivain d’un seul livre?


“Qu’un écrivain n’écrive qu’un seul livre, à reactualiser toute sa vie, redevient enfin possible
comme il l’a été pour Homère…”
Avec tierslivre.net, œuvre totalement fantasmée, excédant les 6000 articles, FB excède
largement le livre imprimé. Son oeuvre investit le site, se construit discursivement dans les
billets quotidiens, les entretiens, les débats, les tweets que l’on serait tenté de qualifier de
paratexte, mais c’est pourtant dans l’articulation de tous ces discours que prend vie l’oeuvre
de François Bon, son livre en construction, “son arbre”.
Il y a une puissance, une formidable énergie de travail, une oeuvre monde, rappelant quelque
peu celle de Balzac

2. Désordre.net de Philippe de Jonckheere


Ayant développé ce site il y a presque 20 ans avec Julien Kirsch, De Jonckheere est
photographe de formation et a fait des études à l’ENSAD. En 1999, il se procure un PC et
commence à écrire à partir de là. (contrairement À FB)
En 2002, il commence à tenir le “journal de son existence désordre", son fameux “bloc-notes
du désordre”. Il crée ensuite le pola journal, où il publie des séries de clichés polaroid, avec
notamment des autoportraits.
C’est une des caractéristiques du travail de PDJ, son aspect autobiographique.
Le bloc-notes mixe des textes, photos, sons, hypertextes.
> le pola-journal
PDJ s’attache à investir le quotidien, l’infra ordinaire, le pas grand chose. C’est une oeuvre vie.
C’est l’existence de l’auteur qui fait le site.
C’est l'œuvre du quotidien qui peut paraître ordinaire et qui ne l’est pas. (cf Georges Perec).
> “La Vie (comme elle va”
photographies disparates superposées, forment une fresque avec des images du quotidien.
Déconstruction et reconstruction du quotidien
> À quoi tu penses ?
série de petites publications faites à partir de photos prises dans le train par l’auteur et
accompagnées de la pensée au moment de cette photo.
> page d’accueil
pêle mêle d’images, le désordre, elles se disposent toujours différemment à chaque
actualisation, ne sont jamais fixées, comme l’existence. Principe labyrinthique, d’errance, de
dérive mais aussi de convergence et de rencontre. Il n'y a pas de chronologie, pas de logique
temporelle. l’instant est multiplié. Une esthétique du pluriel mais aussi du
fragment.L’actualité est perpétuellement inachevée.

L’idée anarchique et du refus de toute hiérarchie esthétique entre photo, son et littérature,
déjà investie par les dadaïstes au début du XXème siècle est réinvestie par PDJ. Tout peut
faire oeuvre.

3. Archyves d’Yves Pagès


Yves Pagès est né en 1963 et a dirigé une thèse sur l'œuvre de Ferdinand Céline. Depuis
1990, comme écrivain, il a publié une dizaine d'œuvres de fiction, divers textes courts dans
des revues, des journaux (inrockuptibles, La quinzaine littéraire) et des ouvrages collectifs
comme “lettre de rupture”, “La France invisible”. Il a aussi conçu l’appareil critique de
plusieurs recueils d’écrits politiques, comme “sorbonne 68 graffitis” et est l’auteur de
plusieurs fictions radiophoniques pour France Culture.
En 2009, il crée avec Philippe Bretelle et Alexandre Mouawad le site Archyves.net sur lequel il
anime le blog Pense-bête où sont mis en regard textes de fiction, images et essais.
Tour à tour fictionneur et théoriste, éditeur chez Vertical, blogueur.

> Archyves.net
“ouverture pour travaux” nous indique bien l'intérêt qu’il y a au travail en cours. “work in
progress”.
L’auteur va y mettre en scène tous les aspects de sa personne publique et y archive ses
travaux photos et écrits classés dans les tiroirs du bandeau d’accueil, que les catégories
soient thématiques ou génériques (romans, théatre, photo, arts muraux etc.) ou qu’elles
soient chronologiques.
Mais le site n’est pas seulement une vitrine. Outre la présentation de ses travaux et la mise
en scène de son ethos d’éditeur, le site inclut aussi une dimension plus intime avec différents
pdf. plus axés sur la biographie de l’auteur, les chemins empruntés par l’artiste.
Les voix, les rencontres, les découvertes croisées et vécues au long de la vie de l’auteur sont
compilées ici et se mêlent à sa propre voix.
Les archyves sont souvent des arkaia, mais sont aussi évolutives et d'origines multiples. (idée
de collectif). LE site est un lieu double où s’effectue le geste de l’archiviste, mais aussi de vie
et de circulation et d’expérimentation. (photos, travaux en cours)
Il y a aussi un ethos libertaire. Dans la catégorie adages adhésifs, par exemple ou dans les
écrits sur les gilets jaunes à partir de 2018. Yves Pages tente ainsi “d’ouvrir certaines
hostilités”. Pas seulement de par le positionnement dans le champ littéraire mais aussi par la
déconstruction du langage. (liens avec la poésie concrète et les situationnistes évidents). Il
s’agit de déconstruire le langage du néolibéralisme, du marketing, des éléments de langage
que Sandra Lucbert, dans son ouvrage Le ministère des comptes publics,2021, appelle la LCN
(Lingua capitalismi neoliberalis).
Pour cela, Yves Pagès utilise le calembour, des légendes sous les photos, les adages en
reprenant des locutions figées de l’espace urbain et les sortir de leur contexte géographique
d’énonciation, grâce à un jeu de stickers.

4. Le blog de Thierry Crouzet


Autre écranvain, Thierry Crouzet a lui aussi créé sa “maison”, son blog d’auteur. Plus
précisément, son atelier.
En effet, Thierry Crouzet a publié son premier texte numérique en 1996, récit/journal d’un
voyage en Sicile. Blogueur avant les blogueurs… Pour lui, le format base de données permet
une évolution constante. De blog faisait de post écrits au début, il est passé au concept de
“rotulus”, dans un esprit de lecture en continu. Il s’agit de montrer au lecteur qu’il ne lit pas
un article de presse mais une œuvre à part entière, au plus près du texte et de l’image, et le
moins de boutons possibles.
L’auteur nous alerte sur le problème de la constante évolution technique des outils qui fait
que les blogs doivent être reprogrammés continuellement. Pour pallier le risque de
disparition de l'œuvre, Thierry Crouzet a enregistré une version statique du blog sur GitHub
(plateforme pour les développeurs).

Quelques autres blogs et sites à découvrir :

- Jean-Michel Maulpoix http://www.maulpoix.net/ ;


- Claro : le clavier cannibale : http://towardgrace.blogspot.com/ ;
- Emmanuelle Pagano : https://emmanuellepagano.wordpress.com/
- Joël Bastard : http://joelbastard.blogspot.com/
- Valère Novarina : http://www.novarina.com/
- Jean-Philippe Toussaint : http://www.jptoussaint.com/
- Martin Page : http://www.martin-page.fr/
- Arnaud Maïsetti : https://www.arnaudmaisetti.net/spip/
- Jean-Charle Masséra : http://www.jean-charles-massera.com/
- Jérémy Liron : http://www.lironjeremy.com/
- Martin Winckler : http://www.martinwinckler.com/
- Michel Séonnet : http://petitspointscardinaux.net/

Alvéole 4 – Narrations du soi sur le web


A. Les journaux du confinement sur le web : le roman choral de l’humanité à
l’épreuve de la pandémie du XXIe siècle (Angela Biancafiore)

De nombreux internautes ont décidé dès le début de la pandémie d’écrire leur “journal de
confinement” afin d’exprimer leur vécu.
Il y a eu d’autres pandémies tout au long de l’histoire, mais jamais un virus ne s’est propagé aussi
rapidement sur toute la planÈte : systèmes de santé débordés, incertitudes, polémiques quand à
l’origine du virus et aux actions à entreprendre.

Les écritures du confinement sont apparues. La moitié de l’humanité a acces au web et 85% sait lire
et écrire. 3 milliards et demi de personnes tous les jours sur les réseaux sociaux, 40000 messages
publiés chaque seconde sur facebook.

> écritures numériques du confinement et histoire sociale en direct

L’ensemble de ces écritures sur le web représente un matériel impressionnant. On perçoit à travers
eux l’histoire sociale en direct. Ces journaux montrent les contradictions, font émerger le vrai, “des
jeux de vérité” (Foucault) au sein d’une époque d’incertitude et de perte de sens.
De plus, l’écriture fixe les mouvements émotionnels. Des récits apportent du réconfort À ceux qui les
écrivent et ceux qui les lisent.

Les choses n’arrivent pas dans l’abstrait, nous dit l’écrivain italien Paolo Di Paolo en citant l’écrivain
espagnol Antonio Munõz Molina : “Ce qui est arrivé est arrivé à quelqu’un. Et comme celui qui écrit
ne ne sait pas ce qui se passera demain ou dans quelques heures, il raconte ce qu’il voit ou ce qu’il a
entendu, sans distinguer ce qui, dans des années , semblera pertinent ou semblera écarté.”
Paolo di Paolo : “C’est l’autobiographie de l’espèce humaine à l’épreuve du XXIe siècle : un volume
invisible composé de milliards de pages, un gigantesque roman choral. Aucun évènement historique,
de la peste du XIVe siecle aux dernières guerres mondiales, ne peut se targuer d’une telle richesse de
témoignages. Sur les plus de quatre milliards d’humains qui ont vécu presque simultanément la
même chose, une grande partie ne s’est pas contentée de parler de ce qui se passait. Elle l’a écrit. Elle
a pu l’écrire. Elle est en train de l’écrire. Nous sommes à la fois les lecteurs, les auteurs et les
personnages. (Repubblica, 30 mai 2020).

on peut citer :

- des ateliers d’écriture en ligne proposés aux étudiants (LLCER italien 3ème année par Angela
Biancafiore) et la création d’un blog collectif
- l’initiative de l’université libre de l’autobiographie d’Anghiari (LUA, Italie) en demandant à
tous ceux qui le souhaitaient d’envoyer un mail pour partager ses reflexions et son
experience de la pandémie : 1174 textes envoyés par 830 participants. LEs textes ont révélé
une très forte diversité d’approche du phénomène du confinement. Un livre collectif a été
publié à partir des textes.

Les textes des divers étudiants évoquant l’expérience du confinement ont contribué à un échange
indispensable sur le web, mais aussi dans leur classe.
Le partage de l’expérience signifie favoriser l’exploration de la vie intérieure à travers l’écriture : la
narration numérique a permis un sentiment de cohésion avec l’autre. “je n’étaid pas tout seul à vivre
cette expérience”.

L’écriture de soi sur le web ou au sein d’un blog pendant la pandémie a été une activité de production
de sens dans un cadre de liberté et d’absence de jugement. La production narrative a eu pour effet de
rendre le monde plus familier à une époque d’incertitude et de prendre conscience de l’impact dess
évènements sur chacun et chacune.

Les émotions de chacun ont été accueillies et exprimées dans un processus d’écriture permettant de
nommer, identifier et reconnaitre ce qui appartient À notre experience. Il est émergé un sentiment
de fraternité et de cohésion.

Cette pratique éducative numérique narrative a été concue dans le cadre des théories sur
l’apprentissage socio-émotionnel (SEL) développées depuis 1995 dans plusieurs universités du
monde. (https://casel.org/about-us/our-history/)

B. Performer avec son corps sur youtube : les vidéopoèmes de François Bon,
Pierre Guéry et Milène tournier (Florence Thérond)

Jetons un œil sur la vidéoperformance sur youtube, filmée par le/la poète lui/elle-même et réalisée
dans un espace privé sans public. La manière de filmer fait partie intégrante du poème.

Selon Gaëlle Théval, poète et professeure à l’université de Rouen, ce type d’expérimentation n’est pas
nouveau dans le paysage de la poésie en performance. En effet, dans les années 60, la pratique de
l'auto filmage était fréquemment utilisée par les performeurs. Elle évoque aussi le courant de la
“poésie action” à la fin des années 50, où on explorait les nouveaux médias en affirmant “la volonté
de remise en circulation du poème dans la société”, hors du livre.

Les trois exemples ci-dessous ont en commun leur dimension numérique et le fait qu’ils sont destinés
à une diffusion en milieu numérique. Gaëlle Théval fait référence à ce que Leonardo Flores appelle la
troisième génération de la littérature numérique (Third generation electronic literature)
correspondant à l’émergence du web 2.0 (2005).
LEs poètes numériques de cette génération ne sont plus des poètes-programmeurs, ingénieurs du
texte, comme Philippe Bootz ou Jean-Pierre Balpe ou Alexandra Saemmer. Ils utilisent des interfaces
existantes. Ce sont des “auteurs usagers” (Gaëlle Théval) investissant les réseaux sociaux, le
microblogging en relation avec les tournant iconique qui a transformer les paysage en ligne depuis le
milieu des années 2000.

> François Bon et JEan Barbin “Chroniques de soi en mort”

Né en 1953, ingénieur ayant travaillé dans l’industrie pendant plusieurs années, il publie
plusieurs livres dans les années 80, et se spécialise en même temps dans les ateliers
d’écriture en prison et dans les quartiers sensibles.
Il fait partie de ce mouvement des années 80 qui a vu les écrivains réinvestir le monde du
travail et scruter le réel, publier des romans sur l’usine.
Dans les années 90, avec la crise du marché éditorial, FB explore d’autres chemins et crée en
1997 le premier site web consacré à la littérature : remue.net, puis en 2004 tiers-livre.net.
Il contribue au développement des blogs llitteraires.
Tiers-livre est une oeuvre labyrinthique de plusieurs millers d’articles qui se poursuit depuis
2009 sur la chaine youtube de l’écrivain. Aujourd’hui, avec plus d’1 million de vues, elle
concentre une grande partie de son activité créative, avec des vidéos d’1 minute, des carnets
privés, des lectures, des chantiers de relfexion, des ateliers d’écriture ou la série Jean Barbin.

Jean Barbin est un personnage éponyme d’une série de chroniques sous forme de capsules
vidéos réalisées en auto-filmage diffusées par FB depuis 2017. Il existe trois saisons de cette
série.
Personnage aux traits étranges, déformés, surgit dans la nuit, depuis un ailleurs.Distorsion
visuelle et sonore créeent un un climat d’étrangeté faisant songer aux personnages de Francis
Bacon. Solitude d’un hors-lieu et d’un hors-temps, Jean Barbin est une sorte de double de
François Bon, le monstre, le clown que l’on porte en soi.
Gilles Bonnet qualifie l’éstethique développée par FB de “grotesque nouveau”. Il y voit
l’expression du flottement et de l’errance identitaire du sujet contemporain.

https://www.youtube.com/watch?v=4FbvUc_nRFk&t=2s

> Pierre Guery : My talking heads

Né en 1965 à Marseille, Pierre Guery est poète, traducteur et performeur. Il a étudié la


musique et la danse contemporaine, d’où son rapport À la poésie dite “sonore”, sons cris,
râles, chuchotements, qui bougent son corps sur les scènes où il aime slamer, seul ou avec
d’autres artistes. Publications liées à l’art de la poésie performance. Livres hybrides,
performance pluridisciplinaires, influences multiples creusant quelques thèmes comme
l’enfermement, la folie, la sexualité, la maladie, le deuil.
Pour lui, l’écriture n’est pas un isoloir et il est engagé dans le mouvement français d’éducation
populaire “peuple et culture”, animant rencontres littéraires, ateliers de slam poésie, lectures
publiques.
Ses recherches portent sur l’oraliture : comment écrire la parole? Comment parler l’écrit? et
les dialogues avec d’autres médias.
La série de capsules vidéos My talking heads s’est déroulée sur trois saisons de 10 capsules
chacune, sur la chaine youtube Voicekabinett.
Choix du procédé de vidéo-webcam, il s’agit donc d’un acte performatif , loin des quesitons
techniques relatives à la prostproduction.
Les poèmes sont écrits, enregistrés et aussitôt mis en ligne. Sans montage, sans retouche,
juste une identité et une unité de lieu.
La série s’integre dans un projet plus vaste d’hyperpoésie, une poésie d’action régie par la
voix. Le texte n’est pas poème, mais une chose malléable, plastique, ouverte aux rencontres.
https://www.youtube.com/watch?v=RKKHezMUDDQ&t=1s

> Milène Tournier : la série “Rêves de quarantaine”

Née en 1988, Milène Tournier est docteure en études théatrales et écrit des oeuvres de
théatre et poésie. Elle a publié plusieurs ouvrages, s’intéresse á la littérature en lien avec les
arts numériques et élabore des poèmes-vidéos. Sa chaine youtube comporte plusieurs séries
comme Alice dans les villes, je t’aime comme…, perfomrances marchées, tatoo sans toi ou
rêves quarantaine.
Cette dernière série réalisée durant le confinement lié à la pandémie. Le corps de l’autrice
devient le principal sujet des vidéos de cette série. Chaque vidéo, musique en off et texte
incrusté en lettres blanches sur la vidéo commence par “j’ai rêvé cette nuit”. Ne pouvant plus
marcher dans les rues, elle explore son appartement, son “petit logis”. Chaque meuble,
chaque bibelot devient un paysage, un être, une présence. Le petit logis accède aux
dimensions du cosmos. L’univers entier semble pouvoir se réinventer dans l’étroitesse de la
chambre par la magie des mots et de la vidéo.

https://www.youtube.com/watch?v=rfIEgnO2S2Q&t=1s

En conclusion, l’esthétique amateur complètement assumée dans ces trois exemples entre en
relation avec les codes de la plateforme sur laquelle les vidéos sont publiées, faite pour cela.
Mais ce geste de publication a une dimension fortement subversive. LEs trois artistes revendiquent le
développement de la poésie hors le livre, hors institution, dans le “n’importe où de la vie” (Gaëlle
Théval) et même au sein de l’architexte trÈs formaté et formatant de youtube.
Le geste vise à développer une sorte de parasitage du réseau. Et n’en déplaise à ceux qui voudraient
confiner l’art et la littérature dans des chappelles dédiées, la poésie, c’est ici, et c’est comme ça.

Chapitre 3 – Continuités et rupture dans le processus créateur


Objectifs :

⮚ Etudier la reconfiguration des genres et des formes canoniques à l’ère numérique

⮚ Apprendre à développer, à partir des pratiques des écrivains, une approche


critique des dispositifs médiatiques à l’ère numérique
Contenu pédagogique :

⮚ La poésie et les dispositifs médiatiques de l’ère numérique

⮚ La question du numérique dans le théâtre en temps d’épidémie

⮚ Revisiter le patrimoine classique grâce à l’électronique


Alvéole 1 – La poésie et les dispositifs médiatiques de l’ère numérique
(Florence Thérond)
Présentation d’Alexandra Saemmer :
- Personnalité marquante de la sphère numérique, professeure en sciences de l’information et
de la communication à l’université Paris 8 Vincennes/Saint Denis.
- Dirige le centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation. (CEMTI).
- recherches avec une approche sémiotique et rhétorique des écritures numériques, recherche
création en littérature numérique, éducation critique aux médias
- auteure de plusieurs livres sur le sujet : Rhétorique du texte numérique ; MatiÈres textuelles
sur support numérique
- également auteure de romans hypertextes, et du roman Le logbook de la colonie, issu d’une
expérience de récit dystopique collaboratif mené sur facebook, Les Nouvelles de la colonie.

Interview d’A. Saemmer par Florence Théron

> intérêt pour la littérature en tant que chercheuse et praticienne :


. passionnée par la littérature numérique. D’abord en tant que chercheuse dans les années
90, et notamment par l’hypertexte. (souvenir de la première expérience du clic sur
l’hyperlien). “LE pouvoir d’entrer dans le texte” ; “saut dans le vide”, “exploration”.
Elle a donc pris contact avec des collectifs qui pratiquaient la littérature numérique.
Jean-Pierre Balp, Philippe Bootz. tous 2 chercheurs et pratiquants.
Elle s'est auto formée au langage html et au codage. Elle a donc ensuite fondé avec des
étudiants son propre collectif “fractales” et son premier site, Benoit Mandelbrot. “entrer dans
un hypertexte,c’est un peu comme s’enfoncer dans une structure fractale, profonde, infinie”.

> choc quand elle découvre les premières animations textuelles sur ordinateur. “s’ouvrait une
nouvelle voie d’exploration d'expérimentation pour la littérature. Le texte fixe, imprimé
pouvait devenir tactile, manipulable, ouvert au mouvement”. Cela pouvait permettre
l’émergence de nouvelles figures de style, de nouvelles résonances métaphoriques. (ex :
métalepse interactive). Le couplage entre mot et mouvement ouvre des possibilités nouvelles
et infinies. Potentiel encore intensifié avec l’arrivée des tablettes tactiles, en démultipliant le
potentiel rhétorique liée à ces couplages.

> s’est ensuite lancée dans la création et notamment dans l'hyper fiction, avec “conduit
d’aération”, une fiction pour tablette, qu’elle a présenté avec un nouveau collectif
(Hyperfiction), C’est ce qui est au coeur de ses recherches aujourd’hui.

> “Une lecture critique de la poésie numérique ne peut pas faire l’impasse sur la
programmation”. Y’a-t-il une esthétique du code?
. Selon elle, il y en a une. On peut coder de façon plus ou moins élégante, conformiste ou
créative. Les langages sont plus ou moins industriels.
. des types de codages peuvent être plus ou moins problématiques. (langage Python : slave /
master). Jusqu’à quel point peut-on faire abstraction du langage problématique usé dans la
programmation? Quelle est l’influence du langage de programmation sur les productions?
. La notion de programme est beaucoup plus large et contient aussi le logiciel de
programmation utilisé.
. l’acte créatif numérique est fertilisé par ce qui préexiste et est contraint par ce qui préexiste.
. Il faut explorer les points de tension quand on étudie le type d’outils industriels utilisés pour
la création littéraire numérique. (ex : festivals flash, littérature, twittérature). Il y a selon elle
une implication profonde entre pratique littéraire et industrie. “l’auteur n’écrit jamais sur une
page totalement blanche”. “le cadre, les menus, l’architexte, qui soutient l'œuvre numérique
et qui la contraint”. Certains programmes vont jusqu'à écrire à la place de l’auteur.
. architexte : comment une structure logicielle formate le texte que l’on écrit. Par le design
mais aussi à travers les mots qui sortent à l’écran : le computexte.
. ni l’architexte, ni le computexte n’ont été conçus par l’auteur. Le logiciel, le programme va
même jusqu’à formater sa vision du monde à l’auteur.
> La confrontation dans le dialogue avec l’outil logiciel, le programme, est donc au coeur de la
pratique de littérature numérique. Il faut questionner cela en tant qu’auteur et chercheur. On
le voit notamment chez facebook, qui décide ce qui peut Être vu ou pas, selon des calculs
complexes, prenant en compte des logiques affinitaires et des enjeux commerciaux, et qui
échappent à l’auteur.

> Qu’apporte le numérique à l’écriture autobiographique? Il peut traduire la difficulté de


reconstruire un souvenir et d’exprimer une expérience traumatique.
Présentation du travail Böhmische dörfer. Ouvre réalisée sur Prezi (type ppt) où l’auteure fait
le récit des sudètes qui ont fait alliance avec les nazis pendant la 2nde guerre mondiale.
Ouvre performance montée et présentée en plusieurs langues.
- l'œuvre n’est pas montée par slide/feuillet. Les éléments sont posés sur un même
canevas, patchés avec des liens de navigation.
- toutes les pièces du puzzle sont là mais quand on navigue, on ne les voit pas toutes
ensemble.
- On arrive jamais à vraiment reconstruire de la même manière l’histoire dans son
intégralité. Cela correspond parfaitement à l'aspect fragmenté des histoires de ces
gens.
- L'œuvre a malheureusement été dégradée au fil du temps par les modifications
faites sur le logiciel dans les mises à jour successives. Des vidéos ont par exemple
disparu. Cela montre l’éphémérité des productions dans le numérique, dues à
l’instabilité du support. C’est désolant, violent et presque de l’ordre des choses.
- Il y a un lien avec l’humain : comme la mémoire humaine, l'œuvre ou la mémoire de
l'œuvre se dégrade petit à petit, de manière non maîtrisable par l’auteur.

> Quel lien entre poésie numérique et avant-garde?


La littérature numérique, historiquement, s’est placée très tôt dans le cadre des avant-gardes
littéraires : Créer de l’inconfort dans la lecture :
- briser l’immersion romanesque considérée naïve, issue du confort bourgeois, où tout
l’ordre du monde est stable.
- Les premiers auteurs numériques ont souvent voulu profiter du média pour
augmenter encore ce niveau de perturbation du lecteur.
- C’est le cas de Philippe Bootz (“esthétique de la frustration”)

Il faut questionner cette notion d'inconfort de manière critique. Quelle est l’efficacité de cet
inconfort à une époque où il paraît de plus en plus compliqué d’assurer la capacité
d’immersion dans un roman classique? Est-ce qu’il est encore possible sur une plateforme
sociale de créer un récit classique? Non. Les plateformes font tout pour empêcher le récit
chronologique. Du coup, est-ce que les structures actuelles imposées tentent de nous
installer dans un éternel présent exploré à la hâte? Est-ce que cet inconfort voulu par les
avant-gardes n’a pas aujourd'hui quelque chose en commun avec ce langage des plateformes
tel qu’on voudrait nous l’imposer? Est-ce que cette volonté d’inconfort n’aurait pas été une
erreur à l’heure où l’immersion profonde a tendance à disparaître?
Le public est-il vraiment capable de comprendre ce type d'œuvre dans toute sa profondeur,
face aux habitudes impatientes d’aujourd’hui?

> Quels sont les rapports de la poésie numérique avec les industries culturelles?
Pour qualifier le rapport complexe entre littérature (et arts) numérique avec les industries
culturelles du numérique, on peut utiliser la notion de dispositif, au sens que lui donnait
Michel Foucault :
- Pour lui, le dispositif est une notion à double face : c’est une technostructure, qui en
même temps comporte en elle des enjeux de pouvoir et en même temps qui met à
disposition des savoirs, dont on ne peut plus se passer. (ex : téléphone portable).
On sait que ce dispositif exploite nos données et nous domine mais il nous procure
des savoirs et un confort qui compense les risques qu’il apporte avec lui malgré tout.
- Ce malgré tout nous concerne puisqu’il est au cœur des pratiques de la littérature
numérique, qui est inextricablement liée aux industries culturelles du numérique. ex :
les ordinateurs sur lesquels nous parlons ont une marque, un système d’exploitation,
une industrie créative. inexorablement.

Comment se passe ce rapport?


La dépendance de l'œuvre vis à vis de son dispositif est à la fois fatale et à la fois est de
l’enchantement, du ravissement. L’auteur souvent n’a pas son mot à dire et doit se
positionner. Ça peut l’inciter à adopter des principes esthétiques et fondateurs de ses
pratiques.
ex : dans la littérature, le “tube” est aussi important que la “littéra”.
Il faut assumer cette ambiguïté. La creuser. Par exemple, Jean-Pierre Balpe et son profil
Rachel Charlus hétéronyme de facebook et ses textes créés par des générateurs
automatiques de textes sur la plateforme qui tend à censurer.
Alexandra Saemmer a demandé à JP Balpe s'il ne trouvait pas dérangeant de confier ses
œuvres, ses traces à une plateforme industrielle : il a répondu qu'au contraire, il misait sur la
force économique de fb pour assurer à ses traces une forme de pérennité. Il trouve certains
traits de fb comme étant fascinants. On peut voir par exemple un nombre très élevé de
profils de gens décédés qui s'auto alimentent, par un “joyeux anniversaire”, par exemple…
Alvéole 2 – La question du numérique dans le théâtre en temps de pandémie
(Elisabeth Belmas)
Un peu d’histoire…
- La pandémie a surpris tout le monde et a eu une grosse influence sur la vie culturelle et
artistique. Mais elle n’a pas été la première.
- Toutes les pandémies ont entraîné des restrictions d’activités artistiques
- L’historienne de la Santé Elisabeth Belmas parle des grandes épidémies du passé et de ses
répercussions sur le théâtre.

> Les pestes


Au XVIeme et XVIIeme siecle, il y eut beaucoup d’épidémies de pestes autochtones. La dernière en
1720, qui a sévit À MArseille était importée. À partir de là, des mesures ont été systématiquement
prises pour les empêcher. Quarantaines, confinements, barrières etc.

Le théâtre, quant À lui, subissait le même sort que tous les lieux publics. On fermait tous les lieux
publics immédiatement. Au 17ème, il s’agissait surtout de jeux de paume. Les polices municipales et
les prévôts surveillaient tous ces lieux et brulaient les vêtements, les meubles des malades et
bouclent les quartiers où il y a des foyers. Les pestiférés sont mis à l’extérieur des villes.
Les théâtres ne peuvent donc pas ouvrir.

Contrairement à aujourd’hui, peu de gens discutaient de ces mesures, au vu de la létalité des


maladies pour lesquelles il n’existait pas vraiment de cure. Les comédiens comme les autres en
avaient très peur et allaient se réfugier dans les campagnes.

Dans les villes, il n’y a eu aucune alternative pour la production d’activités théâtrales dans ces
pandémies du XVI et XVIIème siècle. Mais dans les campagnes, on ne sait pas très bien ce qu’il se
jouait ou pas.

> Le choléra
Au XIXème, sévit à Paris en 1832 une épidémie de choléra, décrite par Victor Hugo qui en décrit “son
souffle”, ou encore Charles de Rémusat, écrivant que les habitants de la ville ne souciaient guère de
ce qui allait arriver, en attendant qu’elle sévisse.
Chateaubriand décrit ensuite les jours où l’épidémie explosa, à la mi-carême, où les “bals publics
furent plus fréquentés que jamais”.
Les journaux notifient de nombreux cas dans les quartiers populaires et on associe donc le choléra à
la misère. Les boulevards et ses salles continuent donc de se remplir.
Eugène Sue, dans le Juif Errant, raconte même que le petit peuple célèbre “la mascarade du choléra”,
dans un cortège populaire. “il faut boire, rire, jouer, et faire l’amour”.
Mais courant avril, petit à petit, les recettes des spectacles vacillent, le choléra éclate. Les spectateurs
viennent demander le remboursement de leurs billets, cela malgré les injonctions des journaux à
venir dans les salles où l’on a installé des ventilateurs et distribue des lotions chlorées, comme au
théâtre du Gymnase, par exemple.
Les théâtres ont donc ouvert et joué une bonne quantité de pièces dans des conditions
rocambolesques, acteurs et spectateurs malades inclus.
L’épidémie s’arrêtera en octobre après avoir tué plus de 18000 parisiens et 100000 français.

Le théâtre en temps de covid


-Avec la pandémie du covid-19, on a dû redéfinir notre rapport au théâtre, le réinventer, reconstruire
une communauté théâtrale.

- De nouvelles technologies ont été extrêmement précieuses : chaînes youtube, Zoom, blogs et sites
ont permis à une vie théâtrale riche de se maintenir malgré la fermeture des théâtres.

- Mieux, cela a permis à un certain nombre de personnes généralement privées d’accès au théâtre de
s’y intéresser

- Certes, rien ne remplace l’émotion d’un spectacle en présence, mais les nouvelles technologies ont
permis de créer du lien, alors même que nous étions tous confiné.e.s.

- On mesure donc bien tous les enjeux esthétiques, sociologiques, mais aussi politiques liés aux
nouvelles technologies, et plus globalement aux humanités numériques.

Alvéole 3 – Revisiter le patrimoine classique à travers la musique


électronique
Comment la musique électronique permet de revisiter le patrimoine culturel, en exemplifiant à
travers le texte classique fondateur, l’Odyssée d’Homère, et le spectacle Hé hop! Pénélope, odyssée
musicale écrite et mise en scène par Emmanuelle Bunel et le compositeur multi-instrumentiste Tonj
Acquaviva.

> présentation des artistes

> découverte du texte d’Homère

> processus d’adaptation du texte par Emmanuelle Bunel

> introduction à la musique ethno-électronique par Tonj acquaviva

Présentation des artistes


- Emmanuelle Bunel :
Chanteuse, auteure, compositrice, metteuse en scène et responsable artistique de la
compagnie La Morena depuis 2002. Formée en chant lyrique à Lyon, formation complétée
auprès de différents chorégraphes, chanteurs et metteurs en scène.
A mis en scène de nombreux spectacles et produit plusieurs albums. Depuis 2019, elle
travaille avec Tonj Acquaviva à la création de spectacles musicaux autour du répertoire
méditerranéen entre tradition et modernité.
Son intérêt pour la Méditerranée s’explique tant par le multilinguisme qui caractérise la
région que par ses origines séfarades qui trouvent un écho dans les thèmes de l’exil et du
nomadisme présents dans ce patrimoine culturel.

- Tonj Acquaviva :
Compositeur, chanteur, interprète, auteur, arrangeur, multi-instrumentiste, chercheur de sons
et de dialectes et producteur musical, né à Palerme en Sicile. Puis dans le patrimoine culturel
méditerranéen, berceau de cultures et de peuples qui se sont influencés depuis des siècles.
En 1975, il commence à étudier la guitare, puis les instruments ethniques du sud de l’Italie et
des Andes. Il fonde en 1979 le groupe Agricantus, projet de musique ethnique qui évoluera
vers une recherche musicale electro-trance-world, dont il sera compositeur et directeur
artistique jusqu’en 2013.
En 2008, il crée Acquaviva, projet qui mélange ses influences musicales et celles de
Weltlabyrinth (ensemble formé avec la chanteuse Rosie Wiederkehr) et des formes d’art
visuel.
Tonj collabore aussi avec des peintres, des vidéastes et des écrivains. Il a publié 13 CD et crée
de la musique pour le théâtre et le cinéma avec des instruments traditionnels et
électroniques. Il a obtenu de nombreux prix pour ses œuvres.
L’Odyssée d’Homère
Épopée grecque de plus de 12000 vers, composée au VIIIème s. avant Jésus-Christ. Elle relate les
aventures d’Ulysse durant son retour à Ithaque, île dont il est le roi, après la guerre de Troie.
(racontée dans l’Iliade). Son fils et sa femme l’attendent en rusant pour repousser les prétendants.
(faire et défaire la toile tissée)

LE texte est divisé en 24 chants et organisé en trois parties :

- chants I à V : Télémaque décide de partir à la recherche de son père, prisonnier sur l’île de
Calypso.
- chants VI à XII : Ulysse s’échappe de cette île, arrive en Phéacie et raconte ses aventures.
arrivées depuis la fin de la guerre de Troie, finie 8 ans auparavant.
- chants XIII à XXIV : Ulysse et Télémaque rentrent à Ithaque, et Ulysse récupère sa couronne.

L’écriture est caractérisée par l’emploi de l’hexamètre (vers de 6 pieds), ce qui facilitait la
mémorisation du texte pour être récité devant la foule et dynamiser le récit. L’emploi de l’épithète est
fréquent, pour caractériser les personnages et aider à les identifier. (Ulysse endurant, aux mille ruses
; Aurore “aux doigts de rose”etc…)

autres caractéristiques (chant XII les Sirènes) :

- texte intradiégétique (narration à la première personne)


- emploi de l’épithète homérique (Circé aux beaux cheveux, Circé la merveilleuse, etc…)
- ressources stylistiques des sirènes pour convaincre Ulysse : impératif, vocabulaire de la
flatterie et de la séduction, illusion d’un savoir total (adj. indéfini “tout”)
- Ulysse aux traits de monarque et de héros (donnant les ordres, mettant en œuvre les
conseils de Circé) mais aussi d’humain avec ses faiblesses (cède à la tentation), et force
physique mise en valeur (“mes mains fortes”).

L’adaptation du texte d’Homère à la scène


- Présentation du spectacle Hé Hop ! Pénélope

En s’appuyant sur la structure de l’Odyssée, Emmanuelle Bunel a écrit ce spectacle musical


(tout public à partir de 8 ans), mêlant poétique homérique à la langue d’aujourd’hui. Ici, c’est
Pénélope qui part en terre inconnue avec son fidèle compagnon Mentor à la recherche du
Ha, le son qui serait à l’origine des langues méditerranéennes, pour le rapporter à
Mnémosyne, la déesse de la mémoire.

Les deux protagonistes vont croiser tous les personnages féminins de l’Odyssée jusqu’À
Nausicaa, qui les aidera à retrouver le “Ha”.

Dans cette œuvre, les auteurs revisitent le patrimoine littéraire et musical méditerranéen en
créant un dialogue original entre les langues, les voix et les instruments traditionnels et
électroniques.

- Adaptation par Emmanuelle Bunel

Adapter un texte narratif à la scène implique un travail de réécriture fondé sur des choix :
garder ou supprimer des éléments. Dans le cas de l’Odyssée, l’oralité du texte original a
facilité ce travail d’adaptation.

- lecture de plusieurs versions (adulte et enfants) et tentative d’extirper les éléments


importants.
- processus d’écriture : travail sur l’imaginaire et questions posées : à quel public on va
s’adresser? Ici, l’autrice a cherché la possibilité d’avoir plusieurs niveaux de lecture.
(public élargi)
- Pourquoi c’est Pénélope qui part? Pénélope est connue pour attendre, être fidèle. À
l'époque d’Ulysse, ça fait sens mais aujourd’hui, Pénélope doit pouvoir partir. Elle va
à la rencontre des personnages féminins de l’Odyssée, choix qui met en avant ces
femmes qui sont aussi femmes de savoir, de sciences, des linguistes.
- Est-ce qu’Homère parle encore aux générations d’aujourd’hui? oui, il y a d’ailleurs
chez Homère une idée de série (épisodes). La gamme de sentiments d’Ulysse est
aussi très large et ces sentiments sont toujours ressentis aujourd’hui!
- L’autrice voulait aussi retransmettre aux jeunes générations des valeurs comme
l’hospitalité, valeur importante en Méditerranée très présente dans l’Odyssée.
- Aspects musicaux : L’autrice chante depuis des années le répertoire de chants
méditerranéens dans les langues de la région.
- Pourquoi la musique électronique? C’est le travail de Tonj Acquaviva qui a inspiré
notre autrice avec le mélange electro/tradi, permettant d’inventer des mondes plus
modernes en se réappropriant le répertoire trad, en le réarrangeant. Dans l’écriture
et dans les morceaux musicaux. (sons, effets, reverbs etc…)

La musique électronique
Au début du XXème siècle, l’artiste futuriste italien Luigi Russolo pose les bases de la musique
électronique dans son essai L’Art des bruits, publié en 1913, où il propose d’intégrer les sons urbains
et industriels dans la création musicale et pour cela, de substituer des instruments électroniques aux
instruments traditionnels. Des artistes appliquent alors ses théories en jouant, par exemple, avec les
sons de sirènes, de klaxons et de tuyaux.

On peut citer Johanna Magdalena Beyer, compositrice germano-américaine, pionnière de la musique


électronique, avec sa composition Music of the Spheres, de 1938, mêlant instruments acoustiques et
électroniques.

Dans les années 50, les compositeurs Pierre Schaeffer et Pierre Henry découpent et collent des
bandes magnétiques pour créer des compositions sonores, 1er exemple d'échantillonnage
(sampling). Ils sont à l’origine de la “musique concrète”, voulant placer l' environnement de la vie
contemporaine au centre de la production musicale.

Dans les années 60, l’allemand Karlheinz Stockhausen incorpore des musiques issues de civilisations
non occidentales dans ses créations électroniques. On peut citer aussi les compositrices britanniques
Delia Derbyshire et Daphn Oram, figures importantes de l’époque.
Dans les années 70, le groupe allemand Kraftwerk mixe musique pop et sons électroniques et donne
naissance à la musique dite electro. L’utilisation d’appareils tels que les pédales delay, vocodeurs et
synthétiseurs se généralisent.

Dans les années 80, l’introduction d’échantillonneurs (sampleurs) à des prix abordables se généralise.
(l'échantillonneur Fairlight, un des rares modèles de sampleur, coûtait jusqu’à 100000 dollars). Le
groupe britannique Art of Noise ou la new-yorkaise Laurie Anderson contribuent alors à la diffusion
de cette nouvelle musique et apparaissent de nouveaux courants tels que la house et la techno.

Dans les années 90, naissent la jungle et la dub.

> Le concept de musique ethno-électronique, par Tonj Acquaviva

C’est le croisement entre musique du monde et musique électronique. Pour Tonj, l’évolution vers ça
était naturelle, s'intéressant à la musique dans les années 90, quand la musique électro explose et les
échanges ethniques s’intensifient à Rome, où il vit à l’époque. Avec son groupe formé dans les années
80, il s'intéresse très vite aux musiques sud-américaines de Cuba, du chili et du
Brésil, (développements de la musique traditionnelle.) Il s’agissait de rénover, d’actualiser la musique
traditionnelle.

Valeur ajoutée des outils électroniques : très important pour éviter la muséification, en manipulant
les musiques anciennes. (“Si vous voulez savoir ce que je fais, écoutez les musiques des champs de
coton du siècle dernier” Miles Davis). Les outils électroniques facilitent ce rapprochement entre les
genres, les origines, les ethnies à travers la réalité urbaine contemporaine.

Conclusion
Le patrimoine ancien peut toujours faire l’objet de nouvelles lectures, comme celle d’Emmanuelle
Bunel dans son spectacle.

Le recours à l’ethno-electronique, pratiquée para Tonj Acquaviva, permet d’actualiser le classique et


d’en livrer une interprétation contemporaine.

Alvéole 4 – Revisiter le patrimoine classique à travers la musique


électronique II
Approfondissement de l’étude du spectacle Hé Hop Pénélope, afin de montrer dans le détail
comment les nouvelles technologies permettent de rénover le patrimoine culturel traditionnel.

Observation des processus de création des arrangements et des ambiances sonores par Tonj
Acquaviva et l'ingénieur du son Julien Josserand, puis proposition d’analyses du spectacle.

Présentation du travail de création et d’arrangement


- Instruments anciens utilisés :

. Instruments à vent : Le hulusi (Chine-Vietnam), friscaletto (Italie)

. percussions : guimbarde, tambour sur cadre, cymbale

. instruments à cordes : le charango (Andes)

- Instruments électroniques utilisés :

. échantillonneur (sampleur) : depuis les années 80, Tonj est fasciné par cet outil. On utilise
des triggers (petits micros) que l’on pose sur les instruments physiques ou avec lequel on
enregistre la voix, la nature, des sons divers, que l’on peut paramétrer pour modifier encore
ces sons.
. guitare synthétiseur : achetée dans les années 80, dont les sons peuvent Être utilisés tel
quels ou être transformés radicalement. On peut aussi fragmenter les lignes mélodiques,
convertir le son en chose rythmique

- la transformation des sons par Tonj Acquaviva

Pour créer des ambiances sonores, le compositeur enregistre des voix ou des sons dans leur
environnement et les modifie ensuite avec différentes techniques.

. la voix : on crée une ambiance de plusieurs voix en les copiant et en les collant, les
inversant.

. les sons : enregistrement dans un lieu quelconque (ici la balustrade d’un palais ancien à
Rome), puis travail sur l’échantillonneur en le transformant (affiner) et le superposant À
d’autres.

“La recherche est importante afin de trouver la profondeur.”

. Il existe aujourd’hui des logiciels appelés modificateurs ou changeurs de voix qui permettent
de modifier la voix automatiquement en ajoutant divers effets. (https://voicechanger.io/)

Il est possible de modifier la hauteur, le débit, la tonalité ou le timbre de la voix, ajouter des
effets de reverb ou de chorus, etc…

Conclusion
LEs nouvelles technologies, et en particulier les instruments électroniques permettent de revisiter le
patrimoine littéraire et culturel, comme en témoigne cette réécriture de l’Odyssée d’Homère pour
lequel Tonj Acquaviva a crée différentes atmosphères musicales et sonores.

Le recours aux chants et aux intruments aussi bien traditionnels qu’électroniques plonge le public
dans un voyage musical À travers duquel il peut redécouvrir un texte plurimillénaire. Les différents
effets de modification de voix ou d’introduction de sons contemporains tels que des bruits de sirènes
facilitent la relecture par les jeunes et les moins jeunes, d’un mythe fondateur de la société
occidentale.

LE travail de création artistique mené para les deux artistes, mêlant écriture dramatique, chants et
arrangements musicaux, permet de revisiter un socle de valeurs parfois en péril et de redécouvrir un
patrimoine en commun qui fait parfois défaut dans un monde globalisé.

Chapitre 4 – Formes de la narration dans l’univers numérique


Objectifs :
⮚ Découvrir l'évolution des formes de narration populaires à l'ère numérique et les
inscrire dans un histoire littéraire longue : narrations sérielles, feuilletonnantes,
spécificités narratives du Webtoon, écritures collaboratives, journaux de bord en
ligne.
⮚ Découvrir la réalisation de narrations géo-photographiques et d'un
webdocumentaire par une équipe de chercheurs
⮚ Découvrir et pratiquer en ligne l'auto-biographie langagière

Contenu pédagogique :
⮚ Le roman-feuilleton à l'ère numérique
⮚ La bande-dessinée nativement numérique
⮚ Autobiographies numériques dans un monde globalisé
⮚ Narrations poétiques sur Instagram

Alvéole 1 – Le roman-feuilleton numérique (Florence Thérond / Marie-Eve


Thérenty)
1. Le roman feuilleton, une invention du XIXe siècle
Le roman-feuilleton est un roman populaire publié en épisodes dans un journal, la plupart du
temps dans un quotidien. Il se définit par sa forme et non par son genre.

-à l’invention du journal quotidien en 1836, avec La Presse, par Emile de Girardin,


l’introduction de la publicité entraîne la baisse du prix et apporte de nombreux lecteurs. Pour
fidéliser les lecteurs, la direction décide d’introduire des romans-feuilletons. De juillet à
septembre, est publié le premier d’entre eux : La Comtesse de Salisbury, d’Alexandre Dumas,
puis La Vieille Fille, de Balzac, d’octobre à novembre.

D’abord destinés à la publication en volume, peu à peu ces textes sont écrits spécifiquement
pour la presse. Les histoires sont longues, et on utilise des cliffhangers pour remédier à
l’attente.

Peu à peu, les RF connaissent un succès retentissant, comme Les Mystères de Paris, d’Eugène
Sue, publié en 90 épisodes dans Le Journal des débats entre juin 1842 et octobre 1843, ou
encore Les Trois Mousquetaires, de Dumas. Balzac et Zola s’y mettent également.

Les éditeurs publient les RF comme des opérations publicitaires avec des équipes d’auteurs
pour les écrire rapidement. C’est l’entrée de la littérature dans la culture de masse.

> Influence du RF sur l’invention du roman réaliste (MArie-Ève Thérenty)


Le RF paraît en bas de page, dans un espace créé spécialement pour la fiction et la critique.
Cet espace permet également d’introduire des opinions permettant de détourner la censure.
(une espèce de dialogue à la manière d’internet aujourd'hui).

LEs histoires fascinent les bourgeois mais aussi les classes populaires. Une dialectique se met
en place. Eugène Sue, par exemple, commence à prendre des positions sur des thèmes
politiques de l’époque. (les prisons, la misère etc) dépassant les positions du journal. On
entre dans une tendance déficionnalisante, le début du réalisme. La proximité entre les faits
divers et l’écriture fictionnelle crée un rapprochement. Un rythme nouveau à travers la
quotidienneté et d’un autre côté, une fictionnalisation des affaires politiques et des
reportages. (écrivains journalistiques). Le storytelling est le véritable héritier de cette
période. Des effets énormes sur l’histoire littéraire mais aussi sur l’histoire culturelle.

2. LEs outils numériques pour faciliter l’étude du “continent feuilletonesque au


XIXème siècle
Ici, M.E Thérenty revient sur la création en 2011 de Média 19, plateforme collaborative de
recherche sur la culture médiatique au XIXème s. Lieu de convergence de plusieurs projets :
accès aux journaux, notices biographiques de journalistes, dossiers scientifiques et bases de
données. Tout est consultable et partagé par des chercheurs du monde entier, ce qui permet
:

- un partage des infos récoltées et en faciliter l’étude


- accéder facilement à des romans feuilletons jusqu’alors inconnus
- observer les RM sous différents angles
- mettre à jour des réseaux qui n’appartiennent pas à l’histoire littéraire traditionnelle

C’est aussi le cas du projet “rezdechaussée.uwaterloo.ca/projet, créé par Nicolas Gauthier,


professeur universitaire à Waterloo au Canada, accessible en ligne depuis 2018.

3. Le retour du feuilleton à l’ère numérique


Le feuilleton numérique reprend les codes du RF et les adapte à la société d’aujourd’hui.

Son succès est lié au phénomène de micro littérature et de la publication sérielle en vogue
aujourd’hui.

Ces codes s’adaptent parfaitement au support numérique : liberté des formats, des choix, des
genres et conditions de lecture aléatoires, à partir d’un smartphone : dans les transports, ou
une file d’attente par exemple.

> exemple1 : Jacques Jouet


Jacques Jouet, membre de l'Oulipo, publication journalière À partir de 2000 de 215
épisodes d’un roman, La République de Mek Ouyes (publié plus tard chez P.O.L.).
L’histoire d’un chauffeur poids lourd déçu par la République et qui crée son état
personnel dont il devient le président et l’unique citoyen sur une aire d’autoroute.

Réflexions sur le roman feuilleton à l'intérieur de ce récit : la prolifération,


l’infinitude, la périodicité de la lecture ainsi que de l’écriture.

Aujourd'hui, les romans feuilletons de Jacques Jouet comptent plus de 2000 épisodes
et sept volumes publiés.

> exemple 2 : MArtin Winckler


En 2001, MArtin Winckler lance la publication de Légendes, sur le web, en
feuilletons. Les lecteurs ont reçu pendant 173 jours un mail et un chapitre. (paru en
2002 en livre).

(On notera que l’éditeur déclare en septembre 2001 dans Libération qu’il considère
que le feuilleton n’est qu’un passage, une étape dans le processus de création qui
doit mener au livre papier.)

> exemple 3 : Julian Fellowes et Belgravia


En 2016, le roman feuilleton historique Belgravia, de l’écrivain et scénariste anglais
Julian Fellowes est publié sous la forme de série littéraire sur application dédiée qui
donne accès au contenu texte ou audio.

Cela permet la lecture nomade via smartphone de contenus courts, ce qui attire le
public jeune. Une campagne de communication est faite sur les réseaux sociaux et
youtube .

Après la parution de tous les épisodes, les lecteurs ont été avertis de la publication
prochaine du livre papier.

Cette approche “digital first” correspond donc ici à une stratégie visant à attirer le
public visé.

> exemple 4 : Thierry Crouzet, “One Minute”


Tout au long de l’année 2015, l’écrivain et blogueur Thierry Crouzet publie sur la
plateforme Wattpad et son site personnel les fragments d’un texte en 365 épisodes.
“une minute par jour” et 2000 signes. L’ensemble de ces épisodes est ensuite édité
sous format papier en 4 tomes et sortira cette année.
Pour l’auteur, le feuilleton doit s’écrire au moment où il est lu. Il y a un espace entre
les écritures pour que les gens interviennent. L’écriture est tributaire de
l’improvisation, du jeu avec les lecteurs mais aussi des contraintes liées aux épisodes
précédents.

Choix de wattpad : ergonomique, versatile, mais aussi dû au changement d’outil.


Après avoir utilisé word, qui déroule indéfiniment, wattpad ou Ulisses propose
l’utilisation de feuilles à organiser. Les 380 points de vue différents sont le fruit de
l’outil parfaitement adapté à leur organisation.

> exemple 5 : ALexandra Saemmer, “nouvelles de la colonie”, feuilleton


collaboratif sur facebook
Alexandra Saemmer est professeure universitaire à Vincennes/Saint-Denis,
co-directrice du CEMTI (Centre d’études sur les médias, les technologies et
l'internationalisation). Ses recherches portent sur la sémiotique et la rhétorique des
écritures numériques, l’éducation critique aux médias, et est auteure de plusieurs
livres sur la littérature et les arts numériques.

Elle est également co-autrice d’un roman hypertexte Conduit d’aération,et du roman
Le Logbook de la colonie (éditions publie.net), fruit d’une expérience de récit
dystopique collaboratif mené sur facebook, Les Nouvelles de la colonie.

Depuis 2016, elle déplace tout son travail de création sur les réseaux sociaux, sur
facebook et tiktok. Elle crée un profil de fiction pour commenter le quotidien et lui
créer une personnalité. Elle y a trouvé du goût, de la liberté, mais aussi un sentiment
de solitude.

En 2017, elle lance des projets de coécriture de récit polyphonique dans le but
d’initier des jeux de rôle où différents auteurs essaient de tisser un récit.

Elle entame alors le projet des “Nouvelles de la colonie” en lançant des posts
d’invitation. De nombreux profils de fiction se sont créés et ont commencé à
participer au projet pendant 8 mois, ainsi qu’un illustrateur. Les 4 co-auteurs ont
participé sans se rencontrer dans la vraie vie, mais uniquement via messenger.

. Ce projet fictionnel constitue-t-il une tentative d'insurrection contre la


gouvernementalité facebook?

contradiction : œuvre créée sur fb et grâce à facebook, mais l’histoire est une
dystopie qui préfigure ce que le futur Méta pourrait être et comment cela pourrait
nous happer et transformer nos vies dans le futur. (début d'expérience de cela
pendant la pandémie). Il y a une critique de la plateforme sur la plateforme. C’est un
vrai paradoxe. Les auteurs sont devenus en quelque sorte les esclaves créatifs de fb.

Mais tout cela est peut-être vain : on critique la plateforme, mais on reste connectés.
On ne prend pas la décision d’insurrection finale, en se déconnectant. Il y a toujours
ambiguïté.

Alvéole 2 – La bande dessinée nativement numérique


1. Introduction au webtoon
a. Origine
Format de bande dessinée créé en Corée du Sud, dont le terme est introduit par un site web
spécialisé dans ce genre.

Liés aux publications de manhwa, BD coréennes inspirées de la vie quotidienne et des


problèmes sociétaux. (les premiers manhwas en ligne sont très limités, dessins scannés).
Avec les progrès technologiques, le format s’améliore pour devenir celui caractéristique des
webtoons : la verticalité

20023 - 2004 : les portails Daum et Naver lancent leurs propres services de BD en
ligne.(Daum webtoon, Naver webtoon). Site gratuit disponible pour les auteurs optimisé pour
la création de webtoons. Moyen de diffusion et de lecture privilégié.

possibilité de lire n’importe où et n’importe quand. exportation de l’idée dans toute l’Asie,
puis les EUA et l’Europe.

Webtoon : BD gratuite ou payante, publiée épisodiquement et de manière hebdomadaire sur


des plateformes numériques privilégiant le scrolling comme mode de lecture.

[BD papier : succession de dessins juxtaposés et organisés en séquence narrative. Cases


organisées à l'intérieur d’une page et séparées par des blancs inter iconiques appelés
gouttières. Le lecteur fait lui-même le lien sémantique entre la case lue et la case suivante.]

différence bd / webtoon : mise en page / mise en écran. limitée en largeur à 690 px. 1 à 2
images maximum à la fois. Taille en longueur infinie.

La verticalité apporte de grands changements dans la manière de raconter l’histoire :


obligatoirement linéaire.

De plus, le format numérique offre la possibilité d'ajouter des éléments animés, de la


musique. (ambiance visuelle ou sonore plus immersive)

b. caractéristiques :
> rôle des gouttières : utilisation succincte dans la bd classique, mais rôle plus
important dans le webtoon : changer d’espace de récit, sa temporalité, du rythme de
lecture, grace à une variation de la taille de ces gouttieres, mais aussi : le
changement de couleur change la signification (fond noir pour flashback etc..). Enfin,
les gouttières peuvent comporter des éléments intra-diégétiques nous permettant
une immersion plus grande dans les scènes. Elle participe entièrement de la
narration, équilibre le rythme entre texte et images, entre action et pause.

> modèle économique atypique : systèmes de monnaie virtuelle : achat de packs de


jetons (coin) contre des épisodes. Prix en Corée : 200 won (15 cents), revenus
générés par la pub et vente de données à des entreprises tierces ; vente de droits
associés aux webtoons (droits de traduction et d’adaptation de films, séries, pièces
de théâtre etc…). En France, ce modèle économique jouant sur l'impatience des
lecteurs est repris, avec 1er modèle : les fast pass(acheter des épisodes qui ne sont
pas encore sortis gratuitement) que l’on achète avec des coins pour les débloquer
semaine après semaine. 2ème modèle : 1ers épisodes gratuits, puis paiement les
prochains. Prix aux alentours de 50 cents l’épisode. (plus cher, vu que moins de
lecteurs). 3ème modèle : l’abonnement avec accès complet aux œuvres.

> rythme de publication hebdomadaire en général, plus fréquente pour les


comédies (15 cases au lieu de 50 à 70). Rythme intense de publication, en interaction
avec les lecteurs permettant l’amélioration de l’histoire.

c. l’aprÈs Internet du webtoon


Tout comme d’autres genres littéraires, le webtoon peut se décliner sous différentes
manières. (prolongement de la vie des personnages) Très commun en Corée, les webtoons
sont une source importante de contenu. L'adaptation à d’autres formats permet de
bénéficier aux créateurs et aux entreprises.

Après le succès de Misaeng (Yoo Tae Ho) en 2012, d’abord webtoon, puis Manhwa, puis série
drama en 2014, le nombre de drama adaptés de webtoons a fortement augmenté. LEs
webtoons sont beaucoup plus populaires que les séries tv. D’où l’importance de la
participation des auteurs à la production (pour ne pas décevoir les fans et habitués du
webtoon).

De plus, les auteurs créent aussi des produits dérivés. (figurines, stickers etc…)

Le passage au format papier est bien plus rare en Corée (5%) qu’en France. Webtoon factory
est l’une de ses maisons qui propose des levées de fonds pour proposer des collectors.
Michel Lafont a également annoncé sa propre collection. (Sikku).

d. quelques exemples
- Love Story, Kang full. 2003. dessins minimalistes et cases très rapprochées, histoire
d’amour entre deux collègues de travail.
- Tower of God, SIU, 2010. très grand succès international. histoire fantastique-action,
raconte l'ascension de Bahm dans une tour gigantesque en poursuivant Rachel. plus
de 500 épisodes en 3 saisons.Grosse évolution entre les épisodes conçus à des
années d’intervalle.
- Traditions d’Olympus, Rachel Smythe, 2018. webtoon n1 aux EUA, adaptation du
mythe de Perséphone et Hadès. Dénote par son style graphique différent. Les
auteurs au trait atypique peuvent donc aussi se mettre au webtoon.
- webtoons français : My lovely bodyguard, Daisy, 2010 lancé en 2019 sur Naver
webtoon France, romance/thriller où Sarah franco-coréenne sauve un artiste de
kpop. dessin fin reprenant le style coréen, et The Quest, Eyrra_art, 2022., comédie,
une jeune aventurière s’aperçoit que sa condition n’est pas si géniale.
2. Entretien avec Emilie Coudrat (éditrice chez webtoon France)
Naver veut développer l’application Webtoon France depuis 2019.

Objectifs :

-mettre à disposition le plus de titres possibles : adaptation de blockbusters coréens et


américains, recherche de créateurs français.

Collaborateurs : petite équipe et réseau de partenaires : agences de traduction, freelances


pour la traduction et la relecture.

Catalogues : 300 titres dont 50 français. genres : romances drama, fantaisie, contemporaines,
action/aventure, comédies (françaises très bonnes), thriller,

Cibles : garçons et filles 15-25

Choix des titres : recherche d’abord la Corée pour la fantaisie et moyen-âge, l’heroic fantasy.
Aux États-Unis, on peut trouver un catalogue plutôt LGBT friendly et enfin en France, on
trouve de la romance réaliste, du boys love aussi. Pour le public un peu plus âgé, on cherche
de la mature romance, plus profonde, et de la comédie.

Comment proposer un projet? Envoyer les 3 premiers épisodes de la série, ce qui plante le
décor des personnages, de la trame globale, des enjeux principaux. On signe alors la 1ere
saison si ça fonctionne. (On=comité éditorial regroupant français et coréens)

travail d’écriture : partagé, accompagné pour le storyboard, au début pour ensuite laisser
une liberté au créateur.

modèle économique : modèle freenium. l’objectif est de donner une plus grande
accessibilité au contenu. Accès libre à des épisodes gratuits si on est prêt à attendre la sortie.
Mais on peut payer si on ne veut pas attendre. / encarts publicitaires partagés avec l’auteur /
développement de dérivés comme des livres, des séries netflix, jeux vidéos etc… Webtoon
prend ce rôle de mise en relation avec les éditeurs pour les créateurs.
3. Entretien avec Kiri, autrice de webtoon
. PArcours

Autrice de “mon le plus sincère” sur webtoon France. A toujours fait de la BD, du manga.
Entre gros projets et petites scènes. A commencé à utiliser les réseaux sociaux pour les
montrer. Elle découvre le format webtoon en 2020, puis participe à un concours. Au lieu
d’envoyer ces BD courtes aux maisons d’édition, elle prépare quelques planches pour 3
épisodes en modifiant un peu le format. Elle lit quelques webtoons et se lance.

L’objectif était avant tout de se faire éditer. Elle ne remporte pas le concours mais des primes
de participation et tombe amoureuse du format et de la plateforme. Quelques mois après,
elle s’inscrit au programme canvas plus, de webtoon France, pour sélectionner des créateurs.
Elle est remarquée et elle envoie un mail aux éditeurs webtoon. LE dossier est accepté, le
scénario est retouché, le genre est choisi (comédie).

. processus de création

influences Winx club, traits fins et simples adaptés à la comédie. Influencée par Maliki. Elle se
lance avec ces abcès pour créer un épisode de 60 cases par semaine. Elle change alors son
style pour gagner du temps mais avec de l’efficacité. Il y a une baisse en termes de
graphisme, mais a stabilisé son style en alliant esthétique et efficacité.

. avantages du format

> proximité avec les lecteurs (positive ou négative) via rendez-vous hebdomadaire : retour
immédiat et direct sur l’épisode posté. Cela apporte beaucoup au créateur, pour trouver les
faiblesses, par exemple. On peut ainsi orienter le prochain épisode. il y a une véritable
attache communautaire.

> le format où la lecture se fait par le scroll. On peut donc jouer sur la temporalité. facilité
pour créer du suspense, jouer sur le rythme dans les blagues et de la narration. La lecture
verticale est importante. On peut aussi animer certaines cases. (immersif, ludique) ou ajouter
de la musique.

> processus d’écriture : à partir du scénario, le lundi, l’autrice crée le storyboard, avec un
brouillon fait en 2h à peu près. Le mardi, elle fait l’ancrage où on fait les contours au propre,
ce qui dure un jour ou deux, avec l’aide éventuelle d’assistants. Le MErcredi, on passe à la
coloration (colo), aplats de couleur sur les personnages, ombre et lumiÈre. Le lendemain, elle
passe aux ambiances et décors. Après avoir terminé le samedi, elle s’occupe des finitions et
des textes, des dialogues.

Enfin, envoi aux équipes de correction et à l’éditeur qui peut avoir des demandes comme
“pas assez de drama” etc.. avec qui l’autrice entretient des relations franches et proches.
(unique référent chez webtoon)

Alvéole 3 – Autobiographies numériques dans un monde globalisé


1. Autobiographies langagières (Nathalie Auger)
> Objectifs :

- reconnaître sa propre diversité linguistique et culturelle. Celle-ci est fortement


émotionnelle.
- développer ses compétences concernant la diversité culturelle et porter un regard
distancié sur les siennes
- se familiariser avec les différentes approches de représentaiton de la trajectoire
langagiere de differents locuteurs
- comprendre les ressources que représentent les langues et les variations
linguistiques

> la reconnaissance de sa propre diversité :

Nos ressentis par rapport aux langues sont liées à la façon dont on les a apprises, qui nous les
a transmises, comment. C’est le mouvement du vivant.

> intérets :

Ce genre de représentation permet de rendre compte des langues apprises dans les
différents contextes et situations de la vie. C’est un atout pour la réussite étudiante et une
maniÈre d’avoir une une plus large ouverture d’esprit sur le monde.

> les langues : une relation intime

Il y a un rapport intérieur / extérieur du locuteur par rapport à leurs langues. On a à la fois


des rapports personnels et d’autres imprégnés d’enjeux sociétaux dans notre rapport aux
langues.

> importance :

Pour des étudiants en FLE par exemple, la prise de conscience des ressources langagières, des
relations qu’on a avec les langues permet de considérer leurs apprenants avec plus
d’empathie et de bienveillance. Les expériences langagières des apprenants quant à eux
peuvent être utilisées comme des ressources linguistiques, culturelles qui dynamisent
l’apprentissage.

> référence :

Tout cela fait référence aux travaux de Brigitta Busch, enseignante et chercheuse à Vienne qui
a proposé un travail visant à identifier les langues en présence pour valoriser leurs
connaissances sur le marché linguistique et culturel ceci pour tout type de locuteur.

2. Narrations digitales dans le webdocumentaire, entretien avec Raffaele


Cattedra par Angela Biancofiore
Découverte d’un projet collectif de web-recherche

Raffaele Cattedra est professeur de géographie à l’université de Cagliari, et anciennement à


Montpellier. Il est spécialiste des nouvelles formes de narration multimédiales du numérique.

En 2013, Il a réalisé en compagnie d’autres chercheurs (de Turin et Cagliari) un webdoc sur la
Tunisie où ils sont allés sur le terrain accompagnés par une équipe de l’image et du son qui
l’ont monté.

L’objectif était de recevoir le récit de gens sur leur expérience liée à la pratique de l’espace
public après une situation de révolution (2011).

Le webdocumentaire est une modalité récente (une quinzaine d’années) de documentaire.


Ce qui le caractérise est qu’il est interactif. C’est le recepteur qui décide de son mode de
navigation.

Dans notre exemple, il y a trois grandes parties divisées en zones géographiques de Tunis.

Il y a un dialogue entre l’experience des gens interviewés dans leur liberté retrouvée et le
format “libre” du format webdoc, en arborescence.
Il n’y a pas en apparence un discours préétabli par les chercheurs, ils ont laissé aux gens la
possibilité de s’exprimer, avec des points de vue différents, qui plus est. Leur expérience de la
Révolution du Jasmin se reflete au coeur de narrations à consulter de manière interactive.

http://webdoc.unica.it/tunisi/fr/index.html#Home
> observation spontanée et subjective des expaces publics du centre de Tunis, selon les
sensibilités de chacun

> objectif non seulement de mettre ensemble des videos, des textes, des photos et une
solution technique de publication en ligne mais aussi de mçelanger les différentes formes de
narration pour que les mots influent sur les images et vice et versa.

“le rôle du chercheur n’est pas neutrem on ne peut pas raconter quelque chose sans se
questionner nous mêmes sur ce que sont les émotions des gens et sur nos propres émotions
en tant que chercheurs.”

On se pose des questions sur ce qu’on l on appelait la distance du chercheur para rapport à
son objet d’études. Ceci a dorénavant changé.

On est bel et bien témoinau niveau méthodologique d’un affective turn : un tournant affectif
dans l’analyse des narrations numériques par des chercheurs qui tiennent compte des
relations complexes entre les sphères émotionnelle, politique et géographique, dans une
dimension participative des recherches.

3. Fès, Maroc. Vingt-trois regards en liberté, dialogue sur les narrations


numériques au sein des ateliers géo-photographiques (Raffaele Cattedra,
Angela Biancofiore)
> L’expérience de la marge : recherche conduite à Fès, au Maroc

Après la première experience à Tunis et une reflexion sur la question des émotions, les
chercheurs décident de travailler avec de 23 jeunes collégiens. Leur regard peut-il se
substituer au regard du chercheur?

Des questions sont posées sur le déplacement des artisans de la casbah vers l’exterieur, et les
processus de gentrification en cours dans le centre historique de la ville.

LEs jeunes collégiens ont travaillé sur un projet de récit géo-photographique, par étapes :

- un récit des jeunes écoutés tels que des individus sur la vie dans leur quartier
- reportage photo de la part des participants, puis séance de restitution
- transformation des recits individuels en récit collectif
- présentation du résultat en colloque

Les points de réflexion sont amplifiés et valorisés grace à la spontaneité des regards et au
dépassement des clichés, à travers une vision poétique.

Fondements :

- children / youth geographies consistent à admettre que les enfants et ados ont une
perception de l’espacee différente de celle des adultes.
- Recours au langage de l’image et aux méthodologies basées sur l’échange et la
participation, communication à partir des propres codes et experiences des
intervenants, leurs propres corps et imaginaires.
- approche du “recit photographique” : production d’un récit personnel, d’abord
textuel puis traduit en image, focalisé sur les espaces quotidiens mais pouvant
transmettre un point de vue émotionnel.
Alvéole 4 – Narrations poétiques sur Instagram, rencontre avec Cloé Brami

Découverte des narrations poétiques de Cloé Brami (oncologue, enseignante et artiste) à travers sa
page Instagram.

Entretien pour approfondir l’origine et les motivations de cette pratique artistique de partage via
plateforme numérique

> Présentation de C. Brami


C. Brami est également membre du Centre Théories et pratiques du Care (TEPCARE) à
Montpellier et travaille au Learning Planet Institute (PAris) et à la fac de médecine de
Montpellier.

Comme le dit sa page instagram en juin 2022 : “Artiste multidisciplinaire au contact du vivant
exerçant l’art et la science de la médecine. #moodforcare”

> Créer un journal de bord en ligne : un cheminement intérieur


Le besoin de partager peut passer par la création d’un journal de bord. Le choix d’instagram
est fait par rapport à son aspect visuel. D’abord en postant des photos, puis en ajoutant des
textes donnant une résonance à la photo. La page se nourrit des rencontres, des lectures, des
cheminements intérieurs et font échos les uns aux autres.

La résonance chez les autres a entraîné la création progressive d’une communauté qui donne
l’élan pour la suite des publications.

> La naissance d’une communauté


Sans formation littéraire, l’autrice a redécouvert la poésie et la littérature sur le tard. Elle a
commencé à déposer ses découvertes, comme dans une librairie en ligne, un espace
d’enseignement, de partage.

> Enseignement et ouverture


La manière que l’autrice a “d’enseigner” sur instagram se transforme avec elle et sa
communauté, et la réception et l'intérêt de celle-ci, son ouverture. La base de données ainsi
formée peut être appropriée et récupérée. Elle a aussi fait quelques lives. L'intérêt de la
plateforme est la liberté de l'espace qui n’est pas limité à tel ou tel autre cadre académique.
Le public étant très large, il y a une ouverture sur les contenus à être transmis. Différents
médias, supports, ponts interdisciplinaires.

> Incarner la transformation


Grâce à des followers présents et engagés, ainsi que des thèmes qui ont une portée réflexive,
l'intérêt se crée chez beaucoup. La complexité du monde, sa transformation s’opère en
parlant des transformations individuelles, et cela passe par la poésie. C’est un miroir. Une
résonance entre individuel et collectif.

> créativité et partage


Le partage de moments intimes apporte l'authenticité. L’idée est d’apporter des réflexions
sur le savoir-être, mais tout en apportant de la légèreté. Tout est objet de transmission.

La créativité est souvent limitée à certains espaces : comment faire pour lui permettre de
sortir? Il y a un grand besoin de respecter les espaces créatifs et de les faire vivre en les
partageant.
La page instagram de Cloé Brami nous montre ses moments de vie, ses découvertes, ses lectures
dans une forme poétique, intime, narrative.

C’est sa communauté, sa “résonance”, qui lui a donné le courage de poursuivre sa démarche.

Création d’un espace de créativité et de liberté sur instagram

L’écriture entre images et paroles est une sorte d’auto-exploration, un acte de courage.

L’écriture de soi, comme le dit Michel Foucault est un exercice de vérité à travers lequel le sujet se
construit, se sculpte par l’émergence du sens.

Ici, il est de la vérité de l’intime sur une plateforme tout public, et donc un espace de liberté. Il y a
une forme d’engagement, sur les chemins abrupts de sa dimension intime.

Ses activités d’enseignement sont abordées avec plus de liberté que dans les espaces académiques.

La page de Cloé est donc un espace de créativité aux supports les plus variés, un espace dynamique
tissé progressivement grâce au dialogue avec la communauté d’internautes.

une écriture de l’intime ouverte au monde, pour prendre soin de soi, des autres et des écosystèmes
vivants. Un espace de reconnexion à soi et aux autres, une opportunité de transformation. Une
mutation à opérer dans l’aller retour entre sphère collective et individuelle.

Un changement intérieur qui se fait collectif à une époque marquée par l’impact de l’humain sur la
planète et la biodiversité.

L’autrice nous montre qu’il est possible d’établir une relation régénérative avec le monde si on
reconnaît notre vulnérabilité et notre force, dans un couplage constant avec l’ici et le maintenant,
avec tout ce qui soutient la vie.

Chapitre 5 – Nouvelles pratiques éditoriales de la littérature et de l’essai


sur le web
Objectifs :
⮚ Comprendre les mutations qui touchent la création littéraire comtemporaine en lien avec
l’essor du numérique
⮚ Explorer la question de l’autoédition chez les écrivains contemporains
⮚ Présenter des projets pédagogiques innovants en lien avec les nouvelles formes de
narration utilisant la vidéo
⮚ Illustrer, par des études de cas, le développement du web scientifique dans le cadre de la
science ouverte

Contenu pédagogique :
⮚ La littérature hors du livre : entretien avec Alexandre Gefen sur la littérature et le
numérique
⮚ S’autopublier : un geste de résistance ?
⮚ Présentation du projet pédagogique « booktrailers », de l’écrit à l’image, où les étudiants
sont invités À créer collectivement des narrations sous forme de vidéos à partir de textes
écrits
⮚ Partage de pratiques scientifiques sur le web : entretien avec Clément Barniaudy sur les
carnets « hypothèses »

Alvéole 1  – La littérature hors du livre (Angela Biancafiore)


La littérature contemporaine et numérique, une exploration des transformations
profondes touchant l’idée d’auteur, d’éditeur ainsi que la communauté de lecteurs

Entretien d’Alexandre Gefen, historien des idées et de la littérature, par Angela Biancafiore.

Gefen est aussi directeur de recherches à l’équipe Thalim-CNRS, Paris 3. Il a également fondé le
site fabula.org en 1999 et s’est intéressé très tôt aux humanités numériques (web scientifique,
édition, philologie numérique) et a publié différents ouvrages sur le sujet.

L’interview est d’abord fondée sur l’essai de Gefen « L’idée de littérature : de l’art pour l’art aux
écritures d’intervention », Corti, 2021.

1. L’extension de l’idée de littérature

. L’univers du numérique accentue la nature relationnelle du texte littéraire. Ex : sur wattpad,
le lecteur interpelle directement l’auteur. Le domaine de la littérature n’est plus un espace
séparé. Il n’y a plus de rupture entre le langage littéraire et le langage ordinaire, plus de
rupture sociale entre l’auteur et le lecteur.

. LE texte littéraire numérique est potentiellement continu, infini et transforme donc


profondément notre idée de littérature.
Sur le web, nous assistons à l’émergence d1une forme élargie de littérature (suscutant des
réticences pour ceux qui sont attachés à une forme « sacralisée » de littérature. (un peu
comme les romantiques le faisaient ?)

. Aujourd’hui, on peut parler de littérature hors du livre. (Voir Rosenthal et Ruffel, texte paru
dans littérature 2010/4 n.160
https://www.cairn.info/revue-litterature-2010-4-page-3.htm?contenu=article).

. Nous assistons aussi à une forme de démocratisation de l’écriture, en particulier sur les
réseaux textuels, comme facebook ou twitter.
Tout le monde peut écrire, partager ses expériences, reflexions sur ses émotions, un voyage,
une citation, etc...
Des auteurs très jeunes mettent en scène dans leurs romans sur wattpad leurs relations aux
parents, leur vision de la religion, de l’école et autres questions identitaires.

. « Il y a du romanesque dans les réseaux sociaux... Il y a une émotion romanesque qui est
celle du parcours de vie, de l’accident, de la rencontre... »

. La litt num a certainement facilité l’éclosion de ces écritures liées à notre époque
contemporaine, et l’a démocratisée. Ex : les prix littéraires sur Wattpad.
(https://www.wattpad.com/wattys/)
.
2. Comment la litt num peut-elle contribuer à la construction des émotions
collectives ?
. L’écriture des jeunes publiant des journaux sur wattpad ouvre la voix – en quelque sorte – À
la construction de soi et à la mise en discussion de repères partagés.

Les grands modèles culturels communs nourrissent l’écriture de fanfiction, ce qui contribue À
la construction d’histoires personnelles.

. De plus, la poétique cognitive souligne aujourd’hui les pouvoirs de la littérature et la


dynamique complexe de son influence sur la conscience du lecteur, à travers les
neurosciences et la psychologie. (voir Marco Caracciolo, The experientiality of narrative. An
enactivist approach, De Gruyter, 2014)

3. Littérature numérique et intelligence collective

Nous assistons, avec les littératures numériques, à l’émergence de transformations profondes


qui prennent la forme de tournants culturels :

- Un tournant iconique : expression À travers les images, vidéos, dessins, animations


graphiques sur le web en général et en particulier sur instagram ou tiktok

- Un tournant émotionnel : les chercheurs sont de plus en plus intéressés au rôle des
émotions et À leur interaction avec la sphère cognitive, notamment dans la
communication et les apprentissages

- Un tournant écologique : la société se mobilise de plus en plus pour la protection des


écosystèmes menacés par l’impact de l’action humaine. Ces tendances se développent
dans la littérature dans son rôle d’anticipation sur l’avenir (écosophie?)

Enfin, les écritures numériques contribuent aujourd’hui au développement d’une intelligence


collective autour des formes d’écriture littéraire : sur la toile, les communautés organisent
par exemple des échanges autour des procédés littéraires ou de l’interprétation des œuvres.

“Les espaces d'expression sont aujourd'hui extraordinairement variés, depuis le slam


jusqu'au recueil de poésie, de l'écriture brève de Twitter jusqu'aux jeux fanfictionnels...
J'inviterais les étudiants à parcourir l'ensemble de ces formes-là et à choisir celles qui
retiennent leur sensibilité".

Alvéole 2  – S’autopublier : un geste de résistance ?


1. L’ère de la publication (Lionel Ruffel)

François Bon a écrit dans Tiers Livre “Si on veut que la littérature vive, c’est À nous de la
prendre en charge”, mettant en avant la responsabilité de l’écrivain. Y a-t-il une nouvelle
forme d’engagement littéraire? Au sens de JP Sartre, la lecture engagée, selon FB serait
stérile. Mais les dimensions sociale, littéraire et politique ne sont plus aussi indissociables
comme elles l’étaient et la capacité du texte littéraire À agir sur la réalité est aujourd’hui
fortement remise en question.
Mais l’écrivain a aujourd’hui une responsabilité nouvelle : re-légitimer la place du littéraire
dans le monde et défendre une littérature qui “se crie dans les ronds-points et se vit avec la
voix et le corps” (FB, Tiers Livre). Une littérature performée, exposée, hors-livre.

François Bon, avec ses vidéos youtube (littératube, selon Gilles Bonnet), sur un support de
grande diffusion, montre cet engagement de recréer l’espace où écrire, à echapper en tant
qu’écranvain au confinement de la littérature dans le livre, les bibliothèques, librairies et facs,
bref, ses lieux et supports dédiés. “refonder la nécessité de l’écriture en dehors du strict
cercle littéraire”, disait-il en 1998. Selon lui, “balancer sur youtube”, lieu de démocratisation
et de production culturelle, épicentre de la culture participative, c’est “retrouver l’instance
décisive qu’est, étymologiquement, le geste de la publication” (FB, Tiers livre). Cet
engagement va de paire avec son aspect collectif permis par la diffusion et le partage. C’est
un engagement qui qui est sorti des systèmes idéologiques et dogmatiques, qui ne milite
pour aucune cause, mais qui veut porter les images et les mots “dans la lumière publique”
(Gilles Bonnet, “FBon : porter les mots dans la lumière publique”, PUR).

C’est cet aspect pluriel de la publication que se situe le caractère profondément politique de
l’engagement littéraire et l’un des concepts clefs du contemporain. Il y a un changement
d’imaginaire : De l’imaginaire fondé sur l’objet-support (le livre), on va vers un imaginaire
centré sur une action et une pratique (la publication). “Il existe aujourd’hui autant de
littératures que de possibilités de publication” écrit Lionel Ruffel. (Brouhaha, le monde du
contemporain, Verdier, 2016).

Cette pluralité, aux antipodes d’un imaginaire de la rareté, de la littérature silencieuse et de


l’auteur consacré par le livre, est indissociable de l’expérience contemporaine du littéraire,
multiple et diverse.

> publier retroune à son sens originel : rendre public, de l’expression privée destinée à des
correspondants précis à l’expression pour des publics de plus en plus divers. La publication
non limitée aux livres, les publics non limités aux lecteurs, et une multitude de possibilités :
livres, performances, lectures, salons, groupes, espaces numériques divers. (Lionel Ruffel)

Dans ce contexte, l’autopublication se développe


Autrefois jugée suspecte, (on se passait d’un éditeur, garant supposé de la qualité de
l’oeuvre), l’autopublication est aujourd’hui le fondement même de l’écriture blog ou sur les
réseaux sociaux. N’importe qui peut être éditeur de ces propres textes sur le web.
Thierry Crouzet écrit dans La Mécanique du Texte, Publie.net, 2015 :
“Voilà ce que les blogs et les ebooks changent pour les auteurs. Donner à lire ce qui nous
semble nécessaire, non ce qu'un tiers juge nécessaire. L'autoédition a toujours existé :
William Blake, Gustave Flaubert, Marcel Proust, T.S. Eliot, Rudyard Kipling...mais soudain, elle
ne coûte plus rien, elle n'exige qu'un risque esthétique" (p. 118)
"Dès 1999, je suggère à des amis de créer une maison d'édition numérique. D'après moi, il
fallait accepter tous les textes, ne rien censurer, ouvrir les vannes du barrage. je reprogramme
mon générateur d'ebooks pour transformer simplement les textes soumis en livres
numériques. Nous avons lancé Olympio en 2000, puis mes amis sont redevenus des censeurs,
ils ont voulu veiller à la qualité, à la tenue, à tant de choses paralysantes. ce YouTube du texte
a vite capoté, engouffrant quelques millions. Il était trop tôt de toute façon" (p. 85)

Le blog et les réseaux sociaux permettent une publication immédiate et sans filtre. Chacun
est son propre éditeur, il n’y a plus d’intermédiaire entre écrivain et lecteur.
“L’espace littéraire se coupe en deux, avec un off de plus en plus vaste et de plus en plus
dynamique, tout cela dans la plus grande indifférence des penseurs officiels et des
institutions.”(p.85)
conséquences : il y a tout un pan de la littérature contemporaine qui échappe complètement
au monde de l’édition et de la critique. Mais c’est d’autre part, dans ce off que les auteurs
s’affranchissent pour la première fois À un système qui était et est hautement hermétique et
traditionnel.

2. François Bon et Tiers-livre Éditeur : “Maintenant, je fais mes livres”


En 2016, François Bon crée Tiers Livre Éditeur pour éditer lui même les textes qu’il publie sur
son site avec un système d’impression à la demande, mais pour lui, il ne s’agit pas
d’auto-édition : “LE sit n’est plus le complément au travail, il est le travail lui même, et la
collection de livres imprimés son extension matérielle et partageable”.

"Nulle volonté d’éviction – les titres Tiers Livre Éditeur seront aussi accessibles depuis
librairies hors mon propre site d’ici quelques semaines ou quelques mois –, mais justement :
juxtaposition et superposition des outils. La petite édition indépendante vit désormais de ses
ventes en ligne directe, sans préjudice de la présence librairie. D’ici quelques semaines ou
une poignée de mois, ma propre collection Tiers Livre Éditeur sera accessible, commande ou
mini-stocks, pour les libraires, mais ce n’est pas non plus une priorité : j’ai assez d’autres
ouvrages pour les nourrir, et je considère cette collection comme une respiration propre au
site. Comme une boutique de musée, ou la cave d’un viticulteur producteur. Un remodelage
en profondeur va s’effectuer dans les mois à venir, à mesure que s’étoffe le passage au Print
On Demand de l’édition traditionnelle, comme Maurepas pour le groupe Hachette : les
libraires pourront d’autant mieux constituer un stock qui leur ressemble, au lieu des offices à
la benne comme ce qui se prépare à nouveau pour la rentrée dite littéraire."

Alvéole 3  – Le tournant iconique

Entre septembre 2019 et février 2020, le département d’études italiennes de l’Université Paul Valéry
et le lycée de Lunel ont collaboré sur un projet pédagogique innovant, le vidéo-racconto : création de
book-trailers.

Les vidéos illustrent des récits littéraires d’Andrea Bajani, Laila Wadia et Christiana de Caldas Brito.

Tout ceci sous la responsabilité d’Angela Biancofiore, Raffaella Fiorini, de l’UPVM3, et Muriel Berbié,
professeur d’italien au lycée Louis Feuillade de Lunel.

> le book trailer est un outil pédagogique innovant qui encourage les élèves à lire des œuvres
littéraires et à les interpréter à travers la création de vidéos courtes selon le format court de bandes
annonces de films.

> objectifs :

- expérimenter les outils numériques


- créer des ressources numériques en ligne sur les auteurs étudiés
- Exprimer les émotions qu’un texte réveille dans le cadre d’une éducation socio-émotionnelle
- susciter l’envie de lire une oeuvre littéraire
- renforcer les compétences linguistiques en langue étrangère
- développer l'intérêt pour la création littéraire
- développer les théories et pratiques fondées sur une vision transformative de la littérature,
en lien avec les recherches récentes sur la poétique cognitive et sur une éducation
expérientielle
- explorer l’apprentissage coopératif et la pédagogie de projet
- encourager la pratique de la recherche documentaire (web, cdi, médiathèques)
- intensifier les liens lycées / facs

> les différentes phases du projet

1. proposition d’un corpus de récits par les profs. Ici, des auteurs italiens contemporains. Le
texte est ensuite choisi par les étudiants qui forment des groupes de travail pour créer des
storyboards.
2. analyse et compréhension des textes : travail sur l’histoire, les auteurs, la narration, les
personnages, les thèmes abordés, le message global du récit, leur résonance émotionnelle
3. création collective d’un story-board : formation de groupes de travail, définition des rôles,
accueil des points de vue
4. recherche sur le web de ressources : logiciels de montage, outils de création de storyboard,
traitement de l’image, musique, textes, images…
5. intervention de Ahmad Joumblat, réalisateur, studio numérique à Paul Valery
6. Création collective de la vidéo au second semestre, sous 3 formats possibles :
a. format didactique (l’élève se filme pour présenter l’auteur et le texte)
b. format théâtral (peuvent interpréter des personnages et intervenir)
c. format trailer cinématographique (présentation de l’oeuvre sans se filmer)

Durée des vidéos : 3-7 minutes

temps de réalisation : 10/19 - 01/20

groupes de 3 ou 4 élèves ou étudiants

> conclusion du projet

Le 25 fevrier 2020, les étudiants et les élèves ont pu se rencontrer lors d’une journée de présentation
des books trailers à l’université Paul Valery.

Moment important de valorisation des productions, de convivialité favorisant les échanges en dehors
des cours et une opportunité pour les lycéens de découvrir la fac.

Ainsi, le dispositif book trailers a permis l’exploration d’outils numériques dans le cadre d’une
éducation experientielle, cad, fondée sur l’experience individuelle et collective. De plus, le projet a
permis aux participants d’incarner des personnages des récits dans les vidéos, de choisir les
personnages, des costumes, des décors.

à travers lui, les participants se sont en quelque sorte approprié les récits littéraires des auteurs.

Alvéole 3  – Partage de pratiques scientifiques sur le web

1. Partager, écrire, débattre : créer des communautés de chercheurs grace au


web scientifique
Examinons la question du partage des résultats de la recherche et des pratiques scientifiques
via le numérique et notamment les carnets de recherche Hypothèses, largement utilisées
par les chercheurs pour diffuser les contenus de leurs activités de recherche.

https://hypotheses.org/
> entretien avec Clément Barniaudy sur le carnet de recherche TEPCARE
Clément Barniaudy est maître de conférence en géographie à la fac de Montpellier et
responsable du site TEPCARE. Il nous raconte l’histoire du carnet de recherche Hypothèses
qu’il a fondé, les circonstances de la création de ce site de veille scientifique, et les avantages
qu’il offre aux chercheurs et internautes.
Basé à Marseille et créé après un colloque sur le care en 2018, le site Hypothèse est très
facile à gérer. Entre le blog et le site internet spécialisé, il présente l’avantage de donner une
visibilité aux intentions qui animent les chercheurs travaillant autour des théories et
pratiques du care, sur l’idée du “prendre soin” : de nous-mêmes, des autres, des institutions,
du vivant.
Le carnet de recherche en ligne s’est développé à partir de 2019. Les chercheurs ont publié
des vidéos, des colloques et des séminaires, des tables rondes, des articles, des
bibliographies et des ressources électroniques. Clément Barniaudy a créé une rubrique de
“veille scientifique” permettant aux utilisateurs de suivre les publications et évènements
scientifiques autour des éthiques du care. La démarche s’inscrit dans l’idée de la “recherche
engagée”, pour une transformation du monde à partir des transformations intérieures.
En plus d’incarner un concept de science ouverte, cela a permis de fédérer une communauté
de chercheurs, enseignants, formateurs et étudiants autour des thèmes abordés : LEs
personnes intéressées s’adressent au mail de contact pour demander leur inscription sur la
liste de diffusion du GIS TEPCARE. (Groupement d’Intérêt Scientifique). Cela favorise la
formation d’un groupe pluridisciplinaire intéressé par le même thème. PArmi les domaines
disciplinaires des membres du GIS, il y a : la littérature, la géographie, la psychologie,
l’écologie, la biologie, la physique, les sciences de l’éducation, la médecine, la philosophie, les
sciences naturelles…etc
> la revue Web notos
Dans le carnet de recherche, il y a une rubrique qui renvoie à la revue web à comité de
lecture NOTOS. Espaces de création : arts, écritures, utopies qui publie plusieurs articles et
textes sur les thèmatiques liées au TEPCARE.
https://notos.numerev.com/
Cette revue en ligne à comité de lecture a été fondée en 2011 par un groupe d’enseignants
chercheurs de l’équipe LLACS-ReSO de l’univ Paul Valery. Au fil des ans, de nombreux
chercheurs, écrivains, étudiants, artistes ont publié dans la revue et ainsi construit une
communauté vivante et dynamique autour de l’interculturalité, de l’écologie et du care.
À partir de janvier 2020, la revue NOTOS est hébergée par la plateforme NUMEREV,
incubateur de revues de la maison des Sciences de l’Homme de Montpellier.
> diffusion d’évènements scientifiques en livestream et replay accessibles à tous publics
À travers le site TEPCARE, le public des internautes et des étudiants a un accès gratuit aux
séminaires, colloques et conférences en livestream ou en replay.
La pandémie a accéléré le recours au livestream sur youtube, ce qui a permis a un public très
vaste et diversifié d’accéder en direct ou en différé aux évènements scientifiques. Le groupe
de chercheurs du TEPCARE a créé sa propre chaine youtube pour une diffusion d’évènements
en plusieurs langues et un dialogue avec le public grace au chat. La démarche s’inscrit dans le
cadre de la Science ouverte, c’est à dire la mise à disposition au grand public des résultats des
activité de recherche et favoriser l’émergence d’une intelligence collective grace à l’essor
des littératies numériques.

2. D’autres sites web et institutions qui contribuent au développement du web


scientifique
> Centre pour l’édition électronique ouverte (CLEO)
Il s’agit d’une Unité mixte de services du CNRS, de l’université d’Aix-MArseille, de l’EHESS et
de l’université d’Avignon. Elle s’inscrit dans le cadre de la bibliothèque scientifique numérique
(BSN), initiative du Ministère français de la recherche.
Il développe le portail de sciences humaines et sociales OpenEdition.
LE cLéo offre des logiciels, des outils et des serveurs qui simplifient le travail d’édition
d’articles scientifiques :
- Revues.org propose des formations adaptées aux rédacteurs de revues scientifiques.
les soutient dans leur travail. Mais la mise en ligne est un acte de publication qui
relève de la seule responsabilité des directions de revues. À partir du Cléo, a été
développé le Lodel, logiciel libre d’édition électronique, adopté par plusieurs revues,
laboratoires et institutions pour leurs publications, contribuant ainsi activement à
l’amélioration du logiciel.
- OpenEdition regroupe quatre plateformes :
. OpenEdition books: plateforme des livres en sciences humaines et sociale, dont plus
de la moitié en accès ouvert.
. Revues.org, devenue OpenEdition Journals en décembre 2017, plateforme de
revues de recherches.
. Calenda : calendrier scientifique
. Hypothèses : plateforme de carnets de recherches (blogs scientifiques) proposant
des formations à l’édition électronique et à la gestion des blogs scientifiques
Pour aller plus loin : article de Delphine Cavallo, “revues.org : l’invention de l’édition
électronique scientifique, entre libre accès et modèle économique pérenne”,
https://www.erudit.org/fr/revues/memoires/2009-v1-n1-memoires3559/038638ar/
> Le programme de recherche NumeRev
Né de l’association entre Lise Verlaet (LERASS-Céric / sciences sociales) et la MSH-Sud
(Maison des sciences de l’homme), NumeRev est un projet de portail interdisciplinaire de
ressources scientifiques numériques ayant pour mission d’être un incubateur scientifique et
un vecteur privilégié de science ouverte. (open science ou open research).
https://projet.numerev.com/
Les humanités numériques et le libre accès ont globalement transformé le secteur de
l’édition scientifique. Cela a favorisé l’émergence de plateformes telles que HAL, OpenEdition,
Cairn.info, Huma.num et la formation de dispositifs informationnels incontournables pour les
chercheurs en sciences humaines et sociales.
Cela s’est aussi traduit par l’essor d’une offre polymorphe pour les porteurs de projets
(secteur public, privé ou corporation) ainsi que pour les politiques éditoriales (portail de
ressources, archives ouvertes, preprint, etc) et celles de diffusion (accès gratuit,
subventionné, commercial ou hybride).
Le projet NumeRev s’inscrit dans cette dynamique, proposant un cadre pour la discuter, la
compléter ou de l’appronfondir.
L’équipe NumeRev est composée d’ingénieurs d’étude, de développeurs informatique,
professionnels de l’information scientifique et technique, enseignants-chercheurs de
différentes disciplines, réunissant les acteurs de la sphère scientifique pour co-construire un
dispositif socio-numérique contribuant à la bibliodiversité francophone dans une optique de
science ouverte.

Chapitre 6 – Une culture de la participation et du partage


Objectifs : 
⮚ Découvrir la richesse des différentes formes de production et de partage de créations
numériques dans les plateformes des réseaux sociaux
⮚ Étudier les productions narratives numériques des étudiants sur écologie et
pandémie
⮚ Apprendre à utiliser les outils de traduction en ligne
⮚ Comprendre le fonctionnement des outils collaboratifs dans le domaine de la science
citoyenne
Contenu pédagogique : 
● Créations multimedia sur réseaux sociaux : entretiens avec étudiants et auteurs sur
l’utilisation des littératies numériques : comment exprimer des valeurs, créer des
communautés, acquérir de nouvelles connaissances sur la toile ?
● Présentation de l’action recherche ECONARRATIVE : étude des narrations numériques des
étudiants dans le cadre d’un projet international sur écologie et pandémie
● Présentation du projet TraduXio (plateforme collaborative de traduction multilingue
assistée par ordi) et différents outils de traduction en ligne
● Présentation du concept de « science citoyenne » à l’ère d’internet

Alvéole 1  – Créations multimédias dans les réseaux sociaux

différentes modalités de production et de partage de créations numériques dans les plateformes de


réseaux sociaux.
Très grande richesse révélant les capacités créatives des internautes dans l’utilisation des litératies
numériques / exprimer leurs valeurs / créer des communautés / acquerir de nouvelles connaissances
sur la toile
> création d’espaces qui donnent du sens à notre existence et notre parcours d’apprentissage, sur
plusieurs niveaux :
- sphère individuelle : cognitive et affective
- plan collectif : au niveau d’un groupe social, par exemple
- niveau systémique : ensembles plus vastes comme une société / un pays / un
continent / les écosystèmes vivants / la planète
> PODCAST1 : exemple de Romuald, étudiant en LLCER Italien, à Paul Va qui a créé une chaine
youtube pour diffuser ses créations musicales.
Pour lui : importance de transmettre ses émotions à travers les chansons, il utilise les réseaux
Instagram / youtube / facebook et tik tok
Selon Romuald : Instagram permet beaucoup plus d’interactions avec les internautes > avantage de
recevoir des commentaires et des encouragements
LA réaction de la communauté joue un rôle essentiel, particulièrement pendant la période de
confinement > possibilité de rencontrer d’autres chanteurs et beaucoup d’amis l’encourageant à
continuer ses diffusions. Sur les réseaux, une famille est née autour de sa musique.

> PODCAST2 : exemple de Marcello, étudiant à Paul Va (licence d’italien) qui a crée sa chaine
youtube pour diffuser ses créations musicales et tutoriels lui permettant de partager ses
connaissances techniques.
Il a appris tout seul à travers des chaines youtube consacrées à la musique électronique.
Pour produire ses tutoriels, il utilise OBS Studio pour enregistrer l’écran de l’ordinateur.
C’est aussi pendant le confinement qu’il a développé ses connaissances sur le web pour produire ses
compositions techno-rap.
ex de vidéoclip né de sa collaboration avec Maximiser.
Il recommande Ysos pour élargir ses connaissances en musique éléctronique.
Et Simon Servida pour avoir des conseils (en anglais) sur les techniques de production musicale avec
exemples et astuces.
et des plateformes pour mettre en vente ses créations musicales :
- distrokid.com
- fr.fiverr.com
- beatstars.com (recommandé par Marcello)
Reception de retours d’internautes sur Instagram.
Pour Marcello : expérience très enrichissante de diffusion de créations musicales sur le web > chemin
d’autoformation (grace aux vidéos consultées), puis à travers les échanges avec toute une
communauté passionnée par les productions musicales en techno-rap.
Diffusion des créations numériques > cultiver et partager une passion avec les internautes (souvent à
l’autre bout de la planète) > prendre des risques / avoir le courage de s’exposer / croire à ce que l’on
fait.

> PODCAST3 : rencontre avec Manon Sala, étudiante diplomée en sciences-po à Strasbourg. Elle a
crée une série de podcasts La Nouvelle Conscience pour rencontrer des personnes engagées sur le
terrain de l’écologie. (sur youtube et spotify)
. Elle a réalisé un entretien avec Pia Benguigui, présidente du Réseau étudiant pour une société
Ecologique et Solidaire. (RESES)
Son podcast est une sorte de laboratoire d’idées.
Possibilité de retrouver et de donner de l’espoir / créer une communauté / partager des valeurs :
- interdépendance
- la rencontre entre bien être individuel et collectif
- se mettre en mouvement vers un avenir d’union / coopération / solidarité
Outil puissant pour aller à la rencontre / discuter / partager des valeurs / des thèmes essentiels
. Autre épisode où elle expose les idées d’Edgar Morin pour mieux comprendre le monde actuel et
ses crises.
Le podcast est un outil positif de transmission permettant de toucher un vaste public.
C’est une utilisation vertueuse du numérique qui génère l’épanouissement de soi-même et des
autres.
> Contribue à canaliser les idées / les actions / les individus pour favoriser les rencontre dans la
réalité physique.

> PODCAST4 : Entretien avec Benoit Jourdheuil, doctorant en philosophie à l’Université Paul Valery et
auteur de 2 ouvrages parus sur ThebookEdition.
Benoit nous aide à comprendre les potentialités du numerique et notamment de la plateforme
youtube dans la diffusion de ses créations musicales et poétiques.
De plus, les médias sociaux lui permettent de communiquer avec le monde entier > possibilité de
surmonter l’isolement lié à son handicap.
Dans la sphère du numérique : il faut “assumer le personnage qu’on dégage”, “ne pas vouloir plaire”
“refusons de ressembler à tout le monde”.
Morceaux disponibles sur youtube : Limonben - coeur de mère / Limonben - Fleur d’Orient

Alvéole 2 – Narrations numériques pour une éducation transformative


Le projet ECONARRATIVE (Angela Biancofiore)

Action ECONARRATIVE : projet de recherche internationale autour de la narration / l’écologie / la


pandémie
Il a résulté à la production de ressources numériques multimédia par des élèves étudiants de France,
Italie, Suède, Tunisie, Chili.

> la narration comme facteur de résilience et de sollicitude face aux crises


environnementales et sanitaires
Focus sur le rôle de la narration dans les domaines des humanités environnementales et médicales en
lien avec l’éducation.
Élèves et étudiants invités à des ateliers d’écriture sur l’experience de la pandémie / confinement et
leur vécu dans le contexte des crises environnementales et sanitaires.
> Apprendre à accueillir ces expériences / comprendre les causes / générer un engagement vers une
éthique du CARE > prendre soin se soi / des autres / de la planète.
Problématique : Comment les pratiques éco-narratives nous permettent de transformer nos modes
de perception et d’action dans ces domaines?
Déroulement : mode hybride / publication des narrations multimedia sur un blog collectif dédié sur
Moodle (à partir de l’outil glossaire).
- Création de posts par les étudiants pour éditer texte / fichier / vidéo / audio ouverts À la
lecture de tous les participants > effet de résonance essentiel pour la réussite du projet
- Le point de vue unique de chacun s’inscrit peu À peu dans une dimension collective de
partage et d’encouragement réciproque
Ces narrations numériques sont devenues une ressource pédagogique importante dans le cadre de
l’Education sensible du trauma (trauma-informed education ou trauma-sensitive education),
pratique éducative théorisée et experimentée dans de nombreuses universités (Stanford, Berkeley,
Harvard entre autres).
[Impact considérable de la pandémie sur la société et les apprentissages > trauma collectif et
individuel de portée historique]
Ainsi, les acteurs du projet ECONARRATIVE avec l’appui des différentes fonctions de la narrationont
élaboré et mis en pratique des dispositifs pédagogiques innovants capables de faire face à une
situation inédite dans le cadre des enseignements.
[videos réalisées par différents participants au projet]

> Entretien avec Sorenza (étudiante en 3ème année d’italien) sur son expérience des atliers
d’écriture dans le cadre de l’action ECONARRATIVE
“Ce cours est comme une bulle protectrice : quand on rentre dans la classe, on relâche toute la
pression”.

Les textes écrits par les étudiants sont beaucoup plus que de la littérature (Duccio Demetrio). Ce sont
des narrations > rôle fondamental dans le processus de création de sens sur le parcours
d’apprentissage ainsi que sur un plan personnel.
Ebook avec les textes des étudiants : Il Respiro della Terra - Laboratorio di econarrativa, Université
Paul VA.
Alvéole 3 – La traduction et les bases de données : une révolution numérique
PArtie 1 - Présentation du module UPVMultilingue de l’application MAP (Mon
Assistant de Poche) par Nathalie Auger
- Phase 1 : Raison d’être :
Aide à la compréhension de l’espace et de l’information à UPVM par les étudiants
internationaux
Apprentissage des langues étrangÈres et du français par tous les étudiants de l’UPVM (oral et
écrit)
Utile également pour les publics non-voyants ou sourds
Valeurs d’accueil / ouverture à l’altérité / au monde / à l’apprentissage
Image internationale de l’UPVM : 122 langues sur le campus en 2018 (Auger N.)

- Pour qui?
Aider les nouveaux entrants non francophones dans leurs orientations / accès à l’info en
utilisant une des 122 langues du campus. (langues étudiées à l’université / de l’université /
non enseignée sur le site)
Plus-value pour l’UPVM : un modèle co-construit avec les enseignants et les étudiants de
l’UVPM.

- Phase 2 : Une appli pour apprendre les langues


projet validé par la direction du conseil des composantes et le departement des sciences du
langage en 2018. / financement de 5000eur permettant :
- l’analyse de l’utilisation des services de la fac par les étudiants selon leur type
(étudiante en socio en fev 2018)
- l’analyse des langues présentes sur le campus (étudiants en sciences du langage mars
18)
- choix des points stratégiques de l’UPVM pour le developpement des versions
multilingues (cehfs de projets et collÈgues, avril 2018)
- la recherche des locuteurs de ces langues pour assurer les traductions (IEFE,
étudiants Erasmus, dpts des langues , LEA, en sept 2018
-
- Phase 3 : Construction du module relatif aux langues
- Que traduire?
LE module 2 du MAP a été traduit : “Étudier à l’université”
Lexique très specifique traduit pour une bonne compréhension et une réussite
universitaire des étudiants
- Comment traduire ?
D’abord avec l’anglais > langue véhiculaire internationale
Puis chaque année quelques autres langues enseignées sur le campus / parlées par
des étudiants
représentativité de l’oral : collaboration d’anglophones aux voix, accents différents, à
l’image de la diversité dans le monde.
- Le volet humain : una appli participative pour la traduction
Pour coordonner et collecter les textes traduits et les voix, collaborations d’étudiants
et enseignants volontaires de l’UPVM > notamment du master traduction et
négociation de projets internationaux / implication d’étudiants de l’IEFE qui
apprennent le fLE et l’association étudiante LUK qui propose des traductions
pro-bono.
- LE volet juridique
le service juridique de l’université (DAJI) conseille quant à la collecte des voix et des
traductions pour leur utilisation dans l’appli.
- Le volet apprentissage
Études scientifiques depuis les années 70 montrant que l’apprentissage d’une langue
étrangÈre se fait toujours en relation avec des langues déjà connues (Cummins 79)
La didactique peine encore à prendre en compte ce fait mais si les recherches
abondent dans ce sens.
Pour aider à passer d’une langue à une autre, les humanités numériques deviennent
en tout cas un outil de choix :
- traducteurs électroniques
- dictionnaires en ligne
- écoute de la prononciation d’énoncés divers
Quand l’utilisateur choisit une langue sur l’appli, il a donc automatiquement l’oral et
l’écrit activés.
- Le volet technique
enregistrement des voix par l’atelier vidéo de l’UPVM > rendu de grande qualité de la
voix pour l’appli.
Mise en oeuvre : activation du multilingue en version anglaise sur Drupal /
modification de l’API pour appeler la version anglaise d’un contenu / modification de
l’app pour afficher la version anglaise ou française / ajout d’un champ audio dans le
back office pour pouvoir integrer un fichier audio avec possiblité de lecture depuis le
contenu courant

PArtie 2 - Une boite À outil numérique pour la traduction, ou la traduction outillée


> Introduction
. Traduire : transférer un message d’une langue à une autre. (lorsque le transfert est oral ou en
langue des signes : interprétation)
Verbe traduire > latin traducere > conduire au delà, faire passer, traverser
C’est la raison d’être de la traduction : dépasser les barrières linguistiques et les frontières >
rapprocher au-delà des différences > rendre une rencontre possible.
Devise européenne : In varietate concordia / Unie dans la diversité
“La langue du monde, c’est la traduction!” Umberto Eco
Et aussi titre du livre de Barbara Cassin.
Traduction :
Opération linguistique et culturelle, omniprésente dans nos vies / participe à notre réalité
quotidienne.
Monde globalisé : traduction au coeur du fonctionnement des sociétés par le biais des échanges
internationaux.
Communication / linguistique : enjeu socioéconomique clé dans un monde hyperconnecté.
> Nous sommes entrés dans “l’âge de la traduction généralisée” (Mathieu Guidère, 2016)
Demande exponentielle de tradutions dans :
- les productions culturelles
- le monde de l’entreprise (technique / scientifique / terminologie spécialisée) > nécessité
d’adaptation des programmes universitaires > création de spécialistes dans les métiers de la
traduction.
(demande anglaise “Lingua franca” toujours en forte croissance, mais toutes les langues sont
concernées)
> à l’Université :
échange de savoirs passe par la traduction > discipline dédiée :
la traductologie : étudier la théorie et la pratique de la traduction (opérations langagières et
cognitives en tant qu’objet ou le résultat) et selon le cadre socioculturel et pragmatique dans
lequel elle a lieu / interactions ou influences entre ce cadre et les acteurs concernés dans le
processus et les traces de ces interactions.
Discipline hybride : études littéraires / culturelles / linguistique / poste de travail du
traducteur - ergonomie (ergonomie : relation entre l’homme et ses moyens, méthodes,
milieux de travail)
Traduction perçue et pratiquée différemment selon les époques.
Aujourd’hui : il y a un ensemble d’outils technologiques qui forment le poste de travail, ce qui a
transformé la profession. > passage au quasi tout numérique > outils plus précis / meilleure qualité
dans les rendus / réduction du temps de travail / plus de collaboration (entre humains et aussi avec
les machines > nouveaux métiers > besoin de nouvelles compétences
Associations de professionnels promeuvent la garantie de bonnes pratiques
Réseaux sociaux : volonté de communiquer au dela des langues / contneus divers partagés de la
façon la plus libre possibles par des milliards de personnes
demande en traduction trÈs forte de la part des entreprises > besoin d’limenter et montrer
l’innovation essentiel
Domaine scientifique : passage au numérique donnant accès une quantité gigantesque
d’informations > traduction automatique de plus en plus utilisée pour une compréhension rapide
mais souvent inexacte.
> Nouveau paradigme : digitalisation des pratiques et humanités numériques / développement de
l’IA / essor de la traduction neuronale
> 2016 arrivée de la traduction automatique neuronale (TAN) : de google À Deepl, évoution constante
des modèles (énormes quantités de données disponibles ). Objet d’étude dans divers contextes et
développements de programmes par l’OCDE et l’UE par exemple.
MAIS : traduction automatique > immédiateté / qualité du texte douteuse. Besoin de rédiger des
textes AD HOc faits pour les traducteurs automatiques pour minimiser les erreurs.
différence entre une révision (traducteur / biotraducteur) et une postédition : beaucoup d’heures et
d’efforts, mais pour certains types de textes : traduction humaine seule solution efficace
Cela nous oblige à nous poser des questions.
Comment et pourquoi apprendre à traduire?
Pourquoi et comment aborder l’enseignement de la traduction?
> Une boîte à outils numériques pour la traduction
Ressources existantes pour mieux traduire et mieux rédiger dans nos langues de travail.
objectif d’ergonomie du poste de travail sans quitter la même interface :
> logiciels de traitement de texte équipés de correcteurs ortographiques
> outils d’aide à la rédaction
> les dictionnaires en ligne (unilingues / bilingues / pour apprenants / généraux / spécialisés)
> glossaires spécialisés
> banques de données terminologiques
> logiciels de traduction automatique
> corpus parrallèles
- Traitements de texte :
. Microsoft word : version sous licence et autre gratuite
. autres gratuits (en ligne ou à télécharger), certains uniquement sur tablette ou smartphone
: WPS office writer)
. Certains permettent même l’apprentissage des règles grammaticales et de style, comme
Antidote par exemple. (sous licence)
- Dictionnaires généraux unilingues ou bilingues
En ligne, permettent une consultation rapide et le copier-coller.
La plupart sont sémasiologiques (ordre alphabetique)
. consultation trÈs simple via barre de recherche et fonctionnalités de recherche avancée.
. dictionnaires pour apprenants avec informations grammaticales et vues synthétiques :
compréhension et enrichissement des connaissances
- Concordanciers
Permettent de voir les mots dans leur contexte d’utilisation : Linguee / Glosbe / TradoolT /
reverso context > vastes bases de données textuelles multilingues libres d’accès.
UPVM :. abonnement à Sketch Engine fourni > dispo sur le site de la BU.
. accÈs à Frantext : corpus français (265 milllions de mots) développé par l’ATILF-CNRS
et utilisé pour le TLFI (Trésor de la langue Française informatisé)
. LE IWeb Corpus (Brigham Young University, MArk Davies) : énorme corpus (14 milliards de
mots) qui réunit des pages internet en anglais.
. Tout comme le British nationalCorpus, pour l’anglais contemporain écrit et parlé .(100
millions de mots)
adresses :
ATILF, [en ligne] http://atilf.atilf.fr/

Cambridge Dictionary, [en ligne] https://dictionary.cambridge.org/dictionary/english

CNRTL, [en ligne] https://www.cnrtl.fr/

Frantext, [en ligne] https://www.frantext.fr/

Linguee, [en ligne] https://www.linguee.fr/

Oxford Learner’s Dictionary, [en ligne] https://www.oxfordlearnersdictionaries.com/

Reverso Context, [en ligne] https://context.reverso.net/traduction/

Sketch Engine, [en ligne] https://www.sketchengine.eu/

Tradooit, [en ligne] https://www.tradooit.com/

Wordreference, [en ligne] https://www.wordreference.com/

- banques de données
. IATE : base terminologique de l’Union Européenne. > termes spécialisés dans de nombreux
domaines et dans toutes les langues de l’UE.
. Site de l’UE : mise à disposition de glossaires et d’autres applications, développés par la DGT
à Bruxelles.
. Le grand dictionnaire terminologique et Termium plus : gérés par l’’Office québécois de la
langue française (OQLF). > grand nombre de fiches terminologiques avec définition,
contextes, variants régionaux, et recommandations sur la fiabilité du terme.
. France Terme : Géré par la Délégation Générale à la langue française et aux langues de
France : termes publiés au journal officiel.
à tester : reconnaissance et synthèse vocale / traduction vocale / logiciels de reconnaissance
optique de caractères (OCR) et de conversion / outils à mémoire de traduction, utilisés par les
professionnels de la traduction. (versions de test dispos)
adresses :
Banques de données terminologiques

Le Grand Dictionnaire Terminologique, [en ligne] http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/

IATE, [en ligne] https://iate.europa.eu/home

TERMIUM Plus, [en ligne] https://www.btb.termiumplus.gc.ca/

- Traducteurs automatiques :
grosses avancées dans la traduction automatiques neuronale.
Deepl semble le meilleur outil actuel de ce type. > version gratuite et version payante.
Attention : problèmes de confidentialité avec les versions gratuites. (programmes gardent en
mémoire les textes) > prudence requise
adresses :
DeepL, [en ligne] https://www.deepl.com/translator
Google translator, [en ligne] https://translate.google.com/
Microsoft Bing, [en ligne] https://www.bing.com/translator
Promt.One Translator, [en ligne] https://www.online-translator.com/translation
Reverso, [en ligne] https://www.reverso.net/traduction-texte
et… ChatGPT !!

MAIS tous ces outils ne sont pas parfaits > ce sont des sortes de brouillons qu’il faut plus ou
moins retravailler.
Qualité du résultat qui varie en fonction :
- des combinaisons linguistiques
- de la syntaxe du texte source
Dans le cas de Deepl :
- résultat décevant quand syntaxe du texte source complexe.
- erreurs fréquentes si le texte présente des noms propres / acronymes / abréviations /
toponymes.
- impossibilité de traduire les jeux de mots : le double sens apporte souvent des faux
sens.
- accusation de sexisme : genre masculin privilégié
- problèmes avec les anaphores / mots isolés / sans contexte / termes spécialisés
- possibilité d’omissions ou des rajouts de texte (double traductions et différentes)
> toujours réviser le texte traduit (post-édition)
> à utiliser avec éthique et responsabilité (éviter les copier-coller), et attention aux problèmes
de plagiat.

> Pense-bête :
Alvéole 4 – La science citoyenne à l’ère d’internet

La science n’est pas réservée aux chercheurs.


Le développement d’outils numériques a permis de consolider un mouvement de fond > chaque
citoyen est un acteur de savoir à part entière.
Science > bien commun / science ouverte
Recherche et résultats accessibles par tous. > appuyée sur les ressources liées à l’internet.
Données ouvertes et outils collaboratifs. ex: wiki
[concept qui n’est pas nouveau : pratiques remontant au XVIIème s. (correspondants, chercheurs de
terrain)
> L’ère du numérique renforce le rôle des réseaux dans la construction d’un savoir collectif :
>>> “Laboratoires hors les murs”

. Avantages des projets participatifs :


- force importante de travail et de compétences : observation sur le terrain sur des espaces
très larges et périodes variables
- retour des scientifiques sur les méthodes utilisées / processus de production / résultats
obtenus > valorisation du travail des chercheurs > rapprochement des citoyens et de la
science. > regard critique et contrôle relatif
- implication de la société dans le travail des chercheurs

. Exemples de projets et plateformes :


- Zooniverse : l’une des premières plateformes de science citoyenne > initiatives du monde
entier dans des domaines comme l’espace / la physique / les arts / la littérature / les sciences
de la nature
https://www.zooniverse.org/
- Testaments de poilus : projet collaboratif pour conserver le souvenir de nombreux soldats
morts en 14-18. au moyen des testamens écrits vite faits sur papier d’écolier / au verso d’un
doc administratif ou d’une enveloppe. Précieux pour l’étude de la guerre, la peur de la mort,
le patriotisme et la postérité.
https://edition-testaments-de-poilus.huma-num.fr/
- Monter son propre projet : proposer des activités, collaborer bénévolement, lancer son
propre wiki.
https://scienceouverte.fr/

. La science ouverte suppose le partage libre des données > open data / données ouvertes.
VIDEO
Et qu’on puisse partager bien plus encore : Les sources :
Ce sont les codes permettant de faire fonctionner des logiciels avec lesquels nous agissons dans le
monde du numérique. > c’est le principe de l’open source. VIDEO
. Une initiative de la science ouverte : la Fête de la science > chaque automne partout en France
La recherche sort des murs des laboratoires et part à la rencontre de la population.

. Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche engagé dans la science ouverte et


s’engage auprÈs des étudiants

. Contraintes
Science ouverte ne veut pas dire sciences “en libre service”.
Les données sont communiquées de manière libre et ouverte > mais on ne peut pas se les approprier.
Attention au plagiat!

Chapitre 7 – Construction et interprétation des corpus numérisés


Objectifs : 
⮚ Comprendre comment s'organisent les données numériques
⮚ Explorer les modalités de connexion des données et exploration des corpus: une
étude sur les systèmes d’information géographique (SIG)
⮚ Reconstruire la logique des mots au moyen d'un travail d'élucidation sémantique
associant la philologie et la lecture lente des textes par le médium informatique.
⮚ Une initiation à la lecture distale (ou distante) utilisant des outils numériques qui
permettent de questionner de vastes archives de textes – en particulier littéraires,
mais non seulement – afin de dégager des tendances à partir de la comparaison des
données discursives (des faits de discours) massives qu’ils contiennent.

Contenu pédagogique : 
● Définition et fonctionnement des données, bases de données, corpus et big data

● Du GPS au texte: présentation des principes méthodologiques et des usages des SIG avec
quelques exemples analysés

● Illustration des modalités de fonctionnement d'un logiciel d'analyse textuelle: Machiato,


conçu pour le corpus des Legazioni e commissarie, scritti di governo de Machiavel.

● Exploration des enjeux la lecture distale et introduction à la textométrie


Alvéole 1  – Formaliser - questions d’échelle

Le monde du numérique utilise un vocabulaire que nous croyons maîtriser mais qui en fait désigne
des réalités qui nous échappent

1. LEs datas, qu’est-ce que c’est?


Nouvelle ere de la donnée ;: data
Tout type de contenus qui peuvent être échangés d’une manière ou d’un autre.
(textes, photographies, ouvrages, recherches faites sur google, la trace sur un site web)
Depuis que l’homme communique, il transmet de la data.
> jusqu’en 2005 : 135 Exabytes de données (1 byte=1octet=1pressionsurune touche). texte
de mille caractères = 1kb / 1 livre de 500p 1Mb / un film HD = 1Gb, ou le génome humain /
toute la vie d’une personne filmée en caméra HD = 1Tb / 2000 ans de musique = 1Petabyte /
1 Exabyte = 1000 Pt
> selon IDC (International data corporation : rien qu’en 2006 : 161 Exabytes - 2010 : 1200
Exaoctets/bytes - 2015 : 7900 exaoctets - 2020 : 40000 Exaoctets

> début années 2000 : entrée dans l’ère d’internet


Les sociétés commencent à comprendre la valeur de ces données de plus en plus
volumineuses.
Elles inventent des nouveaux produits utilisant ces données. (fins commerciales / militaires /
médicinales, etc)
> arrivée en masse des réseaux sociaux et smartphones
2015 : 15 millards de smartphones / 50 milliards aujourd’hui / 70 milliards en 2025
Ce qui génère encore plus de données. ex : nombre de pas, calories, heures de sommeil,
achats, papiers d’identité, voyages, temps de travail/repas/divertissement, humeur, etc
C’est l’ère du BIG DATA dans laquelle on vient d’entrer.

> Pourquoi avoir toutes ces infos?


Ces données étudiées, analysées et utilisées grace aux statistiques et maintenant
grace aux algorythmes du machine-learning (apprentissage automatisé) s’avèrent très
puissantes :
- pour comprendre les ocmportements
- faire des prédictions
“L’information est l’oxygène des temps modernes.”
> peuvent permettre de gagner des élections (trump et obama ont eu recours au big data)
> chaines de restaurations pour prévoir le nombre de clients et leurs affaires avant d’ouvrir
une nouvelle unité (calculs prévisionnels de rentabilité)
> sociétés d’assurance pour mieux connaitre leurs assurés (ristournes à partir d’un certain
nombre de pas/jour! / si maison connectée)
> banques vérifiant les profils avant d’accorder des prêts
Le Big data et la recolte de données sont présents dans tous les milieux.
> IBM a investit 25 milliards rien que dans l’analyse de données.
> Mais le BIG DATA, ce n’est pas juste ça
définition : L’ensemble des techniques et outils permettant de valoriser les données.
caractérisé par les trois V : Volume - Variété - Vélocité
- Volume : analyse d’une grosse quantité de données
- Variété : des données très différentes
- Vélocité : rapidité dans l’acquisition et le traitement des données
. puis ont été ajoutés deux autres V : Véracité - Valeur
- Véracité : sur la teneur de l’information (fake news, mouvements volontaires), sa
fiabilité
- Valeur : transformation de la donnée en valeur
-

> Nouveau outils du BIG DATA


- nouvelles architectures de bases de données
- plus grande capacité de stockage (catalogues)
- nouvelles sciences : la DATA science
…et nouveaux métiers :
- Data scientists
- Data analysts

> futur
La masse de données double tous les deux ans. 80% des entreprises ne sont pas encore
structurées, seulement 6% sont exploitées.
En FRance : 83% des entreprises ne sont pas encore matures dans l’exploitation de leurs
données.
Les métiers dans le big data sont en pleine expansion.Les prévisions mettent les données au
coeur de notre avenir : photographes, vidéastes, développeurs, écrivains, artistes,
chercheurs, mathématiciens
L’utilisateur de tecnhiques liées à la DATA sera omniprésent dans de nombreux domaines.
Estimation : d’ici 20 ans, la majorité des humains auront les bases dans les technologies du
big data ou de l’intelligence artificielle (comme aujourd’hui pour internet).
voir www.dhaki.fr

2. Comment s’organisent les données numériques?


LEs données numériques sont inutilisables si elles ne sont pas organisées de manière efficace,
en fonction de l’usage que l’on souhaite en faire.
> Elles peuvent être identifiées pour être retrouvées plus facilement :
on parle alors de “données structurées”.
> elles doivent être exploitables depuis n’importe quel endroit du monde, avec des outils et
méthodologies différentes :
On parle “d’interopérabilité”.
Pour cela : La communauté internationale adopte des principes, des protocoles et des
standards qui facilitent la circulation des données pour qu’humains et machines puissent y
acéder et les exploiter.
Aujourd’hui : données dispos pour les humains > mais elles devront être dispos pour les
machines de demain.

> Les principes FAIR


Principes appliqués dans le domaine de la science ouverte. LEs données doivent être
organisées pour :
- être plus facilement accessibles
- être comprises
- être échangeables
- être réutilisables
Application surtout dans la recherche, mais aussi pour toute ressource numérique disponible
en acces ouvert.
Les plateformes qui hébergent ces données doivent implémenter des protocoles et standards
pour qu’aujourd’hui et demain, humains et machines puissent les exploiter.
a. findable
faciliter la localisation des données. Des métadonnées très précises permettent
d’identifier les données, les fichiers et documents issus de la recherche.
b. Accessible
stocker les données de maniÈre durable. / dans un environnement sécurisé / pour
Être utilisées pendant longtemps à l’aide de protocoles ouverts et standards, en accès
libre et gratuit.
c. Interoperable
privilégier les formats ouverts / largement partagés, pour assurer les échanges entre
systèmes informatiques différents > augmentation des capacités des métadonnées à
être combinées > plus de précision dans les recherches.
d. Reusable
fournir des métadonnées qui informent bien sur la provenance des données et sur
leur condition de réutilisation.

> Quelques autres principes d’organisation des datas


- Les bases de données
- Le web de données (initiative Intle > constitution d’un réseau global
d’informations)
- les métadonnées (informations sur les données numériques pouvant être
lues par des machines et facilitent les tâches pour les utilisateurs). Liées entre
elles, elles sont la base d’une autre notion importante : le web sémantique
-
3. Les corpus
Ensemble de documents artistiques ou non réunis dans un objectif précis. > généralement
large, parfois gigantesque.
- Corpus matériel : réunion d’un ensemble de documents. (archives par exemple)
- Corpus immatériel : inventaire des documents, pièces ou autres
- Corpus numérique : numérisation des documents existants ou la création de
documents natifs.

> Le cas de FRANTEX


Base de données textuelle développée au laboratoire ATILF (analyse et traitement
informatique de la langue française) mise en ligne en 1998.
Aujourd’hui elle comporte 5571 réfs et 265 millions de mots basée sur un corpus de
textes littéraires français du XIe au XXIe siecle.
Accessible à partir de la page de la BIU de Montpellier.

> Littérature et corpus numériques


Il existe de plus en plus de bases de données donnant accès à d’importants corpus littéraires
ou autres.
Les plus larges sont dispos sur des bibliothèques numériques parfois payantes.
ex : Gallica, le portail de la Bibliothèque Nationale de France > millions de ressources
numériques, natives ou numérisées.

> Des corpus spécialisés


Les chercheurs travaillent de plus en plus sur la création de corpus numériques spécialisés :
autour d’un auteur, d’un thème, d’une période, d’une problématique, accompagnés d’outils
d’aide à la consultation.
ex : Biblissima, palteforme publique dédiée À la diffusion du patrimoine du Moyen-âge et de
la renaissance.

Le big data concerne aussi l’univers des littératies numériques.


Il faut pouvoir se repérer dans une infinité de données mais aussi pouvoir les lire et les analyser.
Le numérique peut donc constituer un nouvel outil de travail.

4. Le web sémantique
web actuel : un ensemble de documents. Des pages web définies au langage html., affichées
par le navigateur web. Recherches à travers un moteur à partir d’un mot clé sur Godard
on entre sur la page wiki. beaucoup d’informations sur la recherche. films, dates, durée des
films etc.
Une autre page nous donne des informations sur un Godard terroriste. > même nom. Pas de
différence possible à partir du nom. Seulement par déduction.
problème :
informations recherchées par un humain, pas de centralisation des résultats, informations
peu structurées.
Pourrait-on faire une recherche automatique? Peut-on combiner des infos venant de
plusieurs sources? Combiner les entités qui réfèrent à la même chose? Oui, grace au web
sémantique.
Proposé par le W3C. (World Wide Web consortium). : objectif, gérer les données du web
html.

> Définition du web sémantique : ensemble de technologies pour représenter, partager et


interagir avec des données sur le web pour faciliter leur utilisation par des programmes et
agents localisés.
web actuel : ensemble de documents (encodés en html) / recherche par mots clé > utilisé
majoritairement par l’être humain
web sém : ensemble de connaissances (encodés en RDF) / recherche par concept (film,
personne, organisation, etc) > utilisé majoritairement par la machine
> couches du web sémantique
. identification
. échange (RDF)
. représentation et inférence de nouvelles données
. interaction avec les données rdf

> application : Le web des données ouvertes et liées.(Linked open data)


Permet aux utilisateurs de faciliter leurs recherches.
Originaire de la mise en ligne de données brutes (pouvant être reliées à d’autres domaines).
à partir de l’ouverture de ces données (open source). on met en ligne l’expression la plus
simple de ces documents, qui alimente un fichier triplé RDF.
Ces fichiers RDF peuvent être connectés entre eux à travers les encodages http premettant le
croisement de tous les RDF entre eux.
L’utilisation de ces données ouvertes a été approuvée par la fondation europeana et les
l’ensemble des institutions publiques.

Alvéole 2  – Du GPS au texte


1. Connecter les données et explorer les corpus
Les Systèmes d’information géographique (SIG)
Dans les humanités numériques, il y a aussi l’application des méthodes et des pratiques liées
au numérique dans le domaine des sciences humaines et sociales, que ce soit en ligne ou
hors ligne.
démarche transdisciplinaire qui offre de nombreuses possibilités de travail.
les ordinateurs peuvent nous aider à étudier des corpus volumineux ou à lire autrement les
documents avec lesquels nous avons l’habitude de travailler : C’est le cas des SIG (Systèmes
d’information géographique)

Les SIG, qu’est-ce que c’est?


Système d’information qui intègre, stocke, analyse et affiche l’information géographique. Les
applications liées aux SIG sont des outils qui exploitent les méthodes computationnelles pour
explorer un corpus dans une perspective spatiale et spatio-temporelle. Elles permettent aux
utilisateurs de créer des requêtes interactives, d’analyser l’information spatiale, de modifier
et d’éditer des données à travers des cartes et des lignes temporelles.
> créer ou de recréer des cartes à partir de données diverses: des textes, des lieux de
conservation, des témoignages, etc.
Pour cela. les SIG combinent :
- Le traitement automatique du langage naturel (TALN)
- Les sciences des données
- L’Intelligence artificielle (IA, apprentissage machine et apprentissage neuronal
profond)
- Le Web des données
- > traitement automatique du langage naturel (TALN)
domaine multidisciplinaire impliquant la linguistique, l’informatique et l’intelligence
artificielle, et qui vise la création d’outils de traitement de la langue naturelle pour
différentes applications, comme la traduction automatique, la correction
orthographique, la fouille de textes, etc.
. Usage dans les SIG : reconnaître dans un texte tous les éléments du langage (les «
entités nommées ») qui font référence à une entité unique et concrète, appartenant
à un domaine spécifique: noms de personnes, de lieux, d’institutions, dates, lieux,
etc. On appelle cette application la « reconnaissance d’entités nommées » (REN).
Il peut aussi désambiguïser ces entités nommées. ex : Washington » peut désigner à
la fois une personne et un lieu.

Que font les SIG?


Les outils propres aux SIG attribuent des coordonnées de géolocalisation aux entités
nommées d’un texte, aux données d’une base de données, grâce au recours à des
référentiels sémantisés en ligne (des informations disponibles grâce au principe du Web de
données).
Il faut parfois vérifier de quel lieu il s’agit exactement (un même nom peut désigner plusieurs
points géographiques).
On peut ensuite, grâce à ces informations, reconstituer une ou des cartes dans différents
buts.

Exemples
Applications des SIG dans le domaine des littératies numériques : reconstituer la carte d’un
récit de voyage, la géographie poétique d’un auteur, reconstituer la carte d’une ville
ancienne, etc.
La géolocalisation du contenu d’un corpus.
> exemple 1 :
Biblissima permet, entre autres, de voir sur une carte les lieux représentés dans les
manuscrits médiévaux, puis de consulter dans le détail les enluminures, les
illustrations ou les dessins représentant un lieu donné et identifiés dans les
documents du corpus.
> Exemple 2 :
Pélagios, un réseau de chercheurs qui appliquent ces méthodes de SIG à leurs
recherches sur le Mexique du XVIe siècle, les cartes marines du Moyen-Âge et autres.
> Exemple 3 :
Théatres de société, projet du programme de recherche lié au fond national pour la
recherche suisse, et son site, catalogue des représentations qui ont été jouées en
société en France et en Suisse Romande entre 1700 et 1871. Vaste base de données
accouplée à des representations cartographiques élaborées via SIG

Alvéole 3  – Enjeux de l’édition littéraire numérique : un logiciel d’analyse


textuelle

Étude le l’édition littéraire numérique et des outils à son service à partir d’un exemple, Le corpus
des lettres de Machiavel.
D’abord, quelques définitions :
> humanités numériques : croisement des méthodes mathématiques et informatiques avec les
sciences humaines et sociales, l’histoire, la littérature, la linguistique, la sociologie, les arts, la
philosophie, etc.
L’association de deux manières de faire, deux manières de voir les textes notamment.
Des manières traditionnelles aux méthodes mathématiques.
ex : les fréquences (la fréquence d’apparition d’un mot) / la représentation des mots avec des
histogrammes, etc.
> l’un des domaines des humanités numériques est : l’édition numérique :
- éditer un texte par le biais des outils numériques.
- comparer les différentes traductions d’un même texte
- etc
En ce qui nous concerne, nous allons nous pencher sur une nouvelle branche : l’analyse textuelle.

> analyse textuelle du corpus des lettres de Machiavel :


Ce corpus des lettres de Machiavel va être rédigé par lui à la seconde chancellerie florentine, entre
1498 et 1512.
Il s’agit de 2214 lettres envoyées de ou vers Florence à ces correspondants et publiées dans les 7
volumes de l’édition Nationale de Machiavel entre 2001 et 2011. (questions posées sur le bien et le
mal en politique, notamment. Discussion peut-être peu fertile en vérité.)
. À partir d’une approche linguistique, on peut aussi se poser des questions sur le language employé
par l’auteur. Différences entre les premières et dernières lettres? Utilise-t-il plus certains mots auprès
de Louis XII qu’auprès de l’empereur Maximilien? Change-t-il les termes de son discours en fonction
du contexte? Est-il original?
Pour répondre à ce genre de questions, on a crée en collaboration avec des équipes d’informaticiens
l’outil / interface / logiciel “Machiato”.(3 ans de recherche) pour regrouper ces lettres.

. L’outil Machiato
- le passage du physique au dématérialisé
Cela passe par la normalisation du texte. Ici, le format source était .doc, donc pas besoin
d’océrisation (reconnaissance des caractères) : le triage de chacun des mots du corpus :
> Déceler le nombre d’entrées dans le nombre de mots total : 700000 mots, 25000 entrées.
(dans une langue contemporaine, pas nécessaire, mots déjà existants dans les outils de
dictionnaire)
> mise par ordre alphabétique de ces mots : italien de Machiavel instable (50 différentes
occurences de Firenze, latinismes, erreurs orthographiques. travail fastidieux
> à partir de ces entrées, on crée des familles de mots
> il faut ensuite ajouter aux différents documents des métadonnées. (destinataire, date, lieu
de rédaction, etc
> à partir de là, on crée un index de familles compliant les infos.. ex : famille “avoir” : 230
graphes différents, 230 conjugaisons du verbes, 230 flexions du verbe, etc. > 15136
occurences
- Création d’index
permettant de classer les lettres, en fonction du nombre de mots / de la date de rédaction /
lieu de rédaction, etc.
Cela permettra de poser des questions du type : Machiavel écrit-il différemment quand il est
à Florence?
> et donner la possibilité aux personnes intéressées par ce corpus d’y accéder de manières
différentes.
ex : accéder uniquement aux lettres de légation

> visualisation des résultats numériques :


sous corpus / periodes : occurences - fréquence - dispersion - hypertexte (surprise de l’apparition du
mot)
- données qualitatives :
ex : histogramme de toutes les flexions d’une famille de mots (histogramme en barres)
Recherches avancées pour l’utilisateur. En créant des sous-corpus à l’infini

Alvéole 4  – La lecture distale


Formalisation des données et examen statistique
1. Statistiques et données textuelles massives
Les outils informatiques qui ont permis de questionner et surtout d’analyser des bases de
données langagières de plus en plus massives relèvent d’abord de la statistique.
branche des mathématiques a connu un développement croissant en sciences humaines,
avant même leur tournant numérique
Projet en émergence au XVIIIè s., cette ambition est devenue tangible, en particulier auprès
de certains courants de pensée dans le premier tiers du XIXè s.
La mise en nombre du monde social, puis sa mise en équations ont ainsi constitué de
véritables enjeux et projets scientifiques (pas forcément partagés par toute la communauté
des Humanités) plus de cent cinquante ans avant l’ère digitale à proprement parler.
La linguistique va ainsi entrer dans l’arène : comme science pilote des Humanités, elle va
chercher à mettre en avant leur scientificité. À partir de la rigueur définitoire de ses unités
(que Saussure, au début du XXè s. consacrera en système d’oppositions et de différences, à
nouveau en résonance du système de la physique gravitationnelle de NEWTON) et des
fameuses règles de grammaire, elle va se porter comme candidate à la rigueur des
observables, de leur fréquence d’apparition, de leur récurrence…
les sciences du vivant, la biologie, la médecine mais aussi l’économie, la psychologie ou la
sociologie n’auront cessé d’accroître leur usage et leur maîtrise des statistiques.
La rigueur réside non seulement dans les équations et les formules (qui forment le socle
mathématique des applications aux documents discursifs) mais encore tient à la qualité et de
la clarté de la présentation des raisons pour lesquelles on applique à des faits de langage et
de langue ces traitements.
Ces instruments conceptuels sont en réalité déjà anciens : le numérique, puis l’intelligence
artificielle, permettent surtout de les automatiser, même si, au passage, ils ouvrent à des
observations qui auraient été impossibles à l’œil nu ou « à la main »…

2. Stylométrie, textométrie, logométrie : objets et enjeux


. LA linguistique computationnelle
Dès les années soixante, la linguistique computationnelle (ou informatique) s’est
affirmée. Elle a progressivement développé un certain nombre d’outils en TAL
(traitement automatique du langage) et en linguistique de corpus, qui ont pu
bénéficier à diverses autres disciplines : analyse du discours, histoire, psychologie,
sociologie, sciences politiques… Un leitmotiv prévaut alors : compter les mots ! On
va ainsi indexer systématiquement tous les mots de la langue, en essayant de
couvrir la plus grande diversité possible de de types de discours.
. LEs grand corpus
. Outiller l’approche des textes
Pour cela, il faut accéder à la quantification la plus massive possible de données.
Ensuite, on met en place des tables de concordance (ou : concordanciers) afin de
réunir l’ensemble d’un même terme dans ses différents contextes d’emploi
(c’est-à-dire l’environnement discursif, des mots qui le précèdent ou le suivent).
Très tôt, les linguistes ont ainsi recours aux technologies informatiques et en premier
lieu à la fouille de documents et de textes (qui permet de les explorer en en
étiquetant chaque occurrence, pour en comparer les usages).

. L’assistance informatisée de la mesure des mots


Très tôt, les linguistes font ainsi recours aux technologies informatiques et, en
premier lieu, à la fouille de documents et de textes (qui permet de les explorer en en
étiquetant chaque occurrence, pour en comparer les usages).
Par la suite, la mesure des fonctionnements stylistiques (stylométrie), lexicaux
(lexicométrie) va se numériser et devenir la textométrie.

. La textométrie :
- approche quantitative : description rigoureuse des données textuelles,
discursive, sur la base, d’abord, des acquis quantitativistes de la statistique
textuelle (constitution d’index de fréquence de termes, calcul des
coocurrences et des corrélats au sein d’un corpus, analyse factorielle de
correspondances…).
- approche qualitative : création d’interfaces permettant de naviguer dans les
hyperdocuments, d’utiliser des moteurs de recherche adaptés aux besoins de
la fouille de données linguistiques et textuelles et, bien entendu, d’accéder à
des concordanciers permettant de situer dans l’archive le terme faisant
l’objet de la requête..
Logiciels de textométrie : Hyperbase, Lexico, Alceste, IRaMuTeQ, TXM ou
Voyant Tools
De plus en plus performants, il s’avèrent aussi désormais relativement aisés à
prendre en main, au moins dans un premier temps et à condition de bien en
maîtriser les objectifs opérationnels.

3. La lecture distale
dès les années 2000 (et sans, alors, revendiquer le secours de l’informatique), l’historien de la
littérature Franco MORETTI plaide pour développer une méthode dite de lecture à distance
qui viserait à appréhender l’intégralité du fonctionnement de la littérature mondiale (la
littérature-monde).
la quantification est saisie comme un moyen de relier les concepts de la théorie littéraire aux
textes eux-mêmes, tout comme la mesure de la longueur d’un objet repose sur des
opérations successives pour l’effectuer : cette opérationnalisation relie la notion de longueur
aux opérations qui permettent de la mesurer. MORETTI va en conséquence s’appuyer sur les
données numérisées ou nativement numériques, dans des bibliothèques en ligne de plus en
plus fournies et massives (Google Livres, Gallica, Europeana…) pour pratiquer la lecture à
distance.
Le principe de base consiste à montrer que l’analyse par les logiciels de traitement de
données textuelles ouvre à des observables nouveaux, ou, du moins, qui n’avaient pas été
identifiés précédemment.
Ex.1 : Ainsi, en se servant de l’analyse des réseaux, l’historien de la littérature dégage
des motifs d’action et d’intentionnalité chez les personnages shakespeariens
d’Hamlet, ce qui permet à MORETTI de mettre au jour l’importance d’Horatio,
personnage pourtant secondaire.
Ex.2 : mettre en avant une nouvelle lecture de Phèdre de Racine, à partir de la
mesure de l’espace textuel occupé par chaque personnage au sein de l’œuvre, à
partir du nombre de mots qui lui sont attribués.
Ainsi, Phèdre est locutrice de 29 % des mots qui y sont énoncés, Hyppolite en
prononce 21 %, Thésée 14 %, les gardes aucun.
Ces décomptes en soi ne signifient rien.
En revanche, dans le cadre de la théorie des réseaux auquel souscrit le chercheur, le jeu des
relations et leur orientation (à qui s’adresse-t-on ?) ouvrent à la compréhension de la place
occupée par un personnage au sein du réseau
(le « système personnage ») qu’il constitue avec les autres. Le chercheur propose la
figuration suivante dans laquelle le poids des relations est marquée par l’épaisseur relative
des traits :

Ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’un petit pacte avec le diable : nous savons
comment lire les textes, apprenons désormais comment ne plus les lire. La lecture distale,
c’est la distance – pour me répéter – comme condition de la connaissance ; elle nous
permet de focaliser sur des unités plus petites ou plus larges que le texte : dispositifs,
thèmes, figures ou bien genres et systèmes » (je traduis, LF)

> Conclusion
Au final, les analystes les plus avisés et les plus fins de la textométrie et de la lecture distale
vont dans le même sens et s’inscrivent dans une démarche visant à convaincre les plus
réticents, au sein des sciences humaines et sociales, à s’engager dans des approches
quantificatrices outillées, qui n’oublient pas la dimension qualitative. Cette prudence – ils en
sont conscients – est plutôt salutaire, pour éviter de se laisser aller aux travers caricaturaux
d’une fascination technophile ou pour l’apparente objectivité d’une mathématisation qui
n’explique rien, qui n’interprète pas, mais assène des résultats non dégrossis.

4. Enjeux et problèmes - conclusion


les procédés statistiques pour faciliter la mise en calcul nécessitent que l’on encode et que
l’on transforme le réel, le continu, l’analogique, en valeurs discrètes. Cela rend bien des
services et cela a fait, notamment à l’ère informatique, progresser non seulement nos
méthodes de traitement de données mais encore, grâce à ces dernières, nos connaissances
sur le monde.
Mais ’il ne faut jamais oublier quand on cherche à quantifier et à numériser des
phénomènes, qui relèvent en général du continu, ou que l’on cherche à interpréter les
résultats obtenus après plusieurs opérations, parfois très complexes qui ont comparé,
rapporté des données les unes aux autres… La tentation est forte de se laisser porter par la
simplification opérée et de la substituer à une véritable analyse critique, qui reprendrait la
complexité des phénomènes que la formalisation a certes permis d’envisager autrement (et
parfois d’envisager tout court, dans la mesure où sur des données très massives, l’œil humain
est incapable de déceler des tendances sans aide informatique). Le réductionnisme est sans
doute le piège, à la fois le plus avantageux et le plus dangereux des sciences humaines.
Et il ne faut jamais oublier non plus : la rigueur est aussi de mise dès le début du traitement
des données, par leur contrôle et la précision des bases de données que l’on doit constituer.
Les erreurs de départ peuvent avoir des répercussions catastrophiques sur l’ensemble du
travail.

Chapitre 8

Conclusion

Vous avez achevé votre parcours de formation au sein de la brique Littératies numériques. Comme vous avez
pu le voir, les enjeux de la révolution numérique sont immenses, ils sont technologiques, sociétaux, mais
aussi culturels. La création littéraire a connu, surtout depuis l’avènement du Web 2.0, des bouleversements
d’une importance au moins égale à celle qu’avait connue l’Europe du XVe siècle avec l’invention de
l’imprimerie moderne.

Comme vous avez pu le voir, loin de détrôner l’écrit, le numérique en multiplie les usages. Les modes
herméneutiques traditionnels, successivité, linéarité sont bouleversés. Nous sommes entrés dans une ère
nouvelle – inquiétante pour certains, exaltante pour d’autres - celle de « la pluralisation de l’idée de
publication » analysée par Lionel Ruffel, de la culture du partage des textes et de leur fragmentation dans les
médiaux sociaux. Cette ère nouvelle est marquée par le surgissement radical du lecteur et de ses pouvoirs, ce
qui a conduit à une transformation tout aussi radicale de la figure de l’auteur. Une nouvelle auctorialité se
dessine, à la fois singulière et collective. L’auteur en régime numérique s’inscrit désormais dans une
dynamique communautaire et participative. Il peut avoir parfois le sentiment d’y perdre son identité. Aussi
importants que soient ces bouleversements, ils ne peuvent toutefois pas se penser indépendamment de
l’histoire littéraire des époques passées. Ce serait une grave erreur de croire que les pratiques littéraires et
artistiques en régime numérique puissent se construire sur une table-rase des expérimentations qui les ont
précédés, celles notamment des avant-gardes européennes.

Nous souhaitions vous donner des clefs pour lire, analyser et faire connaître autour de vous les pratiques de
ces écrivains, journalistes, artistes, critiques qui s’attachent, grâce au numérique, à redonner à la littérature et
aux arts, une puissance d’intervention dans notre société. Ceux-ci nous montrent que dans le paysage, très «
formaté », des industries médiatiques, des résistances sont possibles et la constitution d’« espaces de liberté
» souhaitable. Nous espérons que ce parcours vous aidera à développer à votre tour des compétences dans le
domaine des écritures numérique et d’y exercer votre créativité.

Au sein de notre univers numérique, nous avons parfois l’illusion que la technique apporte la solution ;
cependant, c’est plutôt la connaissance qui est essentielle, et particulièrement le processus de construction
du sens à partir de la masse d’information qui est à notre disposition.

Nous avons, en effet, la capacité d’explorer la nature de la connaissance et nos erreurs ; par conséquent, dans
l’écosystème actuel, nous pouvons nous inscrire en tant qu’humains dans une dimension plus vaste, au
niveau de l’espace et du temps, afin de toucher notre conscience civique de terriens qui peuvent vivre et
s’épanouir uniquement dans un rapport de convivialité avec tous les êtres sensibles (humains et non
humains). Nous pouvons ainsi toucher la dimension planétaire des relations que nous pouvons établir grâce
au web et aux littératies numériques.

En tant qu’enseignants et chercheurs, nous avons voulu explorer avec vous les dimensions nouvelles que le
numérique introduit constamment ; puisque le monde de la technique est en perpétuelle évolution, nous
avons besoin d’une connaissance capable de s’auto-réformer, de se réorganiser et s’adapter avec
discernement en fonction des incertitudes de notre temps.

Nous avons navigué avec vous dans cet océan d’incertitudes à travers des « archipels de certitudes », afin de
bâtir un chemin d’apprentissage où la connaissance intellectuelle n’est jamais séparée de l’affectivité (voir E.
Morin, Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur, Seuil, 1999).
En réalité, en grec ancien le terme cyber se réfère au « gouvernail »: le kubernetes est le maître de navigation,
le pilote. Pouvons-nous à présent utiliser notre expérience d’apprentissage en littératies numériques pour
mieux naviguer dans l’océan des informations et des nouvelles formes de création ?

Pouvons-nous utiliser notre chemin d’apprentissage pour nous épanouir ? s’épanouir ne veut pas dire
simplement « s’amuser », mais plutôt atteindre un bonheur authentique dérivant du fait que nous
contribuons positivement à notre cyber-monde, et que nous faisons partie d’une communauté apprenante.

La connaissance et surtout la compréhension, peuvent nous conduire à notre épanouissement collectif et


individuel, lorsque nous envisageons notre humanité au sein d’une conscience civique terrienne bâtie sur les
interdépendances, sur les liens qui nous font vivre.

Contre toute forme de néo-obscurantisme et d’enfermement culturel qui se répandent rapidement grâce à
internet , l’exploration des multiples dimensions des littératies numériques peut nous amener à mieux
comprendre notre diversité créatrice et sa richesse, afin de fonder nos productions et interactions dans le
web sur le dialogue, sur le respect de la dignité de chacun, sur la reconnaissance des différences (culturelles
et d’opinion) qui sont les éléments essentiels pour réaliser notre liberté.

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