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. Naissance du web > transformation radicale des manières d’écrire, de lire, de communiquer.
Possibilité de consulter une quantité énorme de documents (films, livres, manuscrits,
musiques, podcasts) etgrosse facilitation à partir de l’ordinateur pour faire une recherche.
. Le rôle de l’érudition a énormement changé ainsi que la mémorisation des textes.
. évolution des études littéraires en lien avec les développement des études numériques.
. Yves Citton, professseur de littérature à Paris 8 :
L’essentiel se situe dans le regard, de notre manière de faire attention aux oeuvres, aux
phénomènes du Monde.
. évolution très rapide de la tech numériques : entraine un désarroi, une crise de l’attention
. changement des modalités de travail qui engendrent du stress, voire des burns out.
. Mais attention à ne pas être manichéen : l’orgine du conditionnement de l’attention se situe
déjà au XIXeme s. Avec le développement du liberalisme et une alphabetisation de la société.
L’accès généralisé aux données en ligne ne date que du début du XXIème s.
. existance d’une compétition inter-individuelle dans cet univers de surabondance de
données.
. attention et distraction peuvent être analysées plus subtilement : la distraction peut
apporter des bien-faits, en éloignant l’individu d’un disccours dominant.
. la distraction peut être émancipatoire car elle permet d’échapper au discours unique.
. Pour Roland Barthes, le plus beau dans l’experience littéraire est quand le regard se soulève
au dessus du livre et qu’il y a distraction.
. par la distraction, on peut fermer les yeux et imaginer d’autres textes, lier les
éléments racontés aux souvenirs, par ex.
4 – Google est un service gratuit ?
. Google intéragit constamment avec nos attentions dans le cadre de l’économie digitale,
impliquant digital labour, le travail digital, activité de l’internaute non rémunérée.
. Dans Médiarchie (2017), Yves Citton analyse la structure et le financement des médias :
notre attention est orientée à des fins commerciales et politiques.
. voir au sujet de l’origine bio culturelle de l’attention l’ouvrage de Jean-Phillippe Lachaux Les
petites bulles de l’attention
5 – Alignement des attentions sur le web
. différents modes de fonctionemment de l’attention en lien avec le numérique :
. il faut trouver des pratiques, des savoirs soutenables face à la surabondance des infos et le
conditionnement. (autres temporalités, autres thèmes ?)
. multiplier les perspectives en créant des milieux, des microenvironnements pour créer des
décalages.
. éviter les bulles de filtre, qui sont certaines dynamiques sur les plateformes capitalistes qui
ont tendance à nous aligner. (ex. L’ORTF). Sans démoniser, ces infrastructures marchandisent
notre attention (peur, désir etc.) et rendent difficiles la reflexion et le partage.
. D’un côté, il y a une diversification. (ex : choix énorme, infini de musiques). Avec un mot clé,
on a accès une infinité de contenus. C’est inédit dans l’histoire de l’humanité.
. D’un autre, il y a une uniformisation des protocoles, des formats, peu transparente.
. Peter Watkins, la monoforme : la plupart des films, des émissions de TV sont constamment
uniformisés. Et c’est ainsi sur le web globalement. C’est inquiétant.
Il faut évoquer la question de l’hybridation (ex : gps qui retire des capacités humaines de
s’orienter).
. Il faut donc être attentif à cela. Gerer les limites. Mais comment bénéficier de tout cela ? Il
existe une hypermnésie et ce n’est ni bon ni mauvais.
. Extinction de l’expérience : les enfants ne savent plus nommer le nom des plantes ou des
animaux. La technogenèse nous a fait nous détacher du vivant. Mais c’est à cause de la
marchandisation de l’attention, lié au développement de la productivité et moins de celui du
numérique.
Nous sommes les échos des uns des autres. Il faut faire circuler ces échos. Il faut se considérer
comme des passages. À l’échelle planétaire.
Lutter contre les communs négatifs. (Alexandre Monnin, Héritage et fermeture, une écologie
du démantelement). Plastique, nucléaire, finance etc...
o La numérisation
Qui consiste à reproduire des publications déjà imprimées pour les diffuser dans
l’environnement numérique. A permis de constituer d’énormes bases de données.
« bibliothèques numériques » de modèles économiques différents :
- Bases des données gratuites : Gallica, biblio numérique de la BNF, Persée donnant un
accès libre et gratuit à d’importantes collections textuelles.
- Bases de données partiellement gratuites : comme googlebooks
- Bases de données payantes : collections particulières ou livres sous droits d’auteur.
Ex : bibliothèques universitaires comme CAIRN (sciences humaines)
Est basée sur l’écriture collaborative. C’est le cas de tous les wiki, mais aussi les travaux
d’édition scientifique. (projet ENCCRE Ed num collabo et critique de l’Encyclopedie de
Diderot et d’Alembert).
Pour ces formes éditoriales, il existe des critères matériels, esthétiques, techniques et scientifiques,
évoquons les.
L’édition traditionnelle vit des jours difficiles. En effet, le déveolppement numérique répond à
une grande variété de défis.
Cela suppose donc de penser avec attention la structuration des données par le biais de la
multitude d’outils disponibles pour répondre aux besoins esthétiques et scientifiques.
2 – les formats de l’édition numérique
o Le PDF (portable document format)
Format standard actuel des livres numériques. Le texte est adaptable à la forme de
l’écran, fonctionne donc sur tous types d’appareils et systèmes d’expl.
Possède de nombreuses possibilités : recherche en plein texte, outil d’annotations,
configurations par le lecteur, dictionnaires etc...
Se rapproche de l’idée du livre : couverture, table des matières, index intéractifs.
Autres fonctionnalités comme la modif de la taille des polices, la couleur de fond, outils
d’assistance pour mal ou non voyants.
⮚ Édition numérique accessible
- BRF (Braille ready format) : format utilize pour l’édition de textes pour leur
impression en braille
Lecture possible sur des appareils compatibles avec le braille (plages et bloc-notes)
- FROG (Free Your cOGnition) : version numérique accessible d’oeuvre existantes pour
les enfants atteints de troubles DYS.
Les outils de lecture sont modulables en fonction des besoins (police, aération du
texte, soutien audio etc...)
Lecture possible sur ordi, portable ou tablette grace à l’app FROG reader.
- EPUB 3 : format standardisé pour les livres numériques qui facilite la mise en page
des livres
Très adaptable, favorise l’accessiblité
Fonctionne surla plupart des supports de lecture : tablettes, smartphones, ordis,
liseuses, appareils en braille, retransmission vocale
Contenu pédagogique :
⮚ Culture numérique et format bref
⮚ Les deux premières générations de la littérature numérique
⮚ La littérature web : sites et blogs d’écrivains
⮚ Narrations de soi sur le web
Alvéole 1 – Culture numérique et format bref (Florence Thérond)
1. Le format bref dans la littérature web et la culture contemporaine
. Société caractérisée par un rapport au temps dominé par la vitesse et la simultanéité : format
bref privilégié. En finances, on a le « trading haute fréquence », dans l’audiovisuel les clips, spots
pubs, génériques, bandes annonces. (prix décernés à des trailers) etc...
- Pierre Bourdieu en 1996, essai sur la TV. Il utilise le terme de « fast thinker » pour
qualifier les intellectuels médiatiques, toujours prêts À intervenir dans un temps record.
(chasse au scoop, impératif de la concision). La TV ne serait-elle pas condamnée à n’avoir
que des fast-thinkers qui ne pensent que par des idées reçues ? « fast food culturel »,
« nourriture culturelle pré-digérée, pré-pensée »
- Des historiens font des travaux sur le rôle des petites phrases prononcées par les
politiques, les slogans, les graffitis. Ex : Yves Pagès « aphorismes urbains » (collecte 4000
grafittis de 1968 à nos jours, et en publie une partie sur son site internet aujourd’hui)
. Intêret des chercheurs. plusieurs ouvrages collectifs publiés ces dernières années : Formes
breves et modernité, dirigé par Walter Zidaric, 2019 ; Formes Breves. Au croisement des
pratiques et des savoirs, de Cecile Meynard et Emmanuel Vernadakis, 2020 ; ou pour le
domaine audiovisuel, les travaux de la sociologue Sylvie Périneau en 2019. Enfin, le dossier de
Florence Thérond Les formes breves dans la littérature web
( https://nt2.uqam.ca/fr/cahiers-virtuels/les-formes-breves-dans-la-litterature-web
).
. Ex : LE blog Autofictif, d’Eric Chevillard (3 maximes, récits brefs et aphorismes par jour depuis
2007. http://autofictif.blogspot.com/ ; ou celui de Jacques Fuentealba « la Fabrique de la
littérature microscopique » https://fablimi.wordpress.com/ .
. Il y a une multiplication des sites dédiés à la narration brève sur le net. On peut citer pour
l’anglo-saxon le site Flash Fiction online, où pour le français la plateforme d’édition
communautaire Short Édition (créé À Grenoble en 2011, pour tout ce qui se lit en moins de
20mn) fait « pour lutter contre les moments d’ennui et d’attente de la vie quotidienne. Enfin, le
site Smartnovels propose des romans-feuilletons pour les smartphones.
. Depuis 2005, il existe même un prix (le prix Pépin) pour récompenser des nouvelles de SF de 300
signes maxi et envoyées au format numérique.
2. L’exemple de la twittérature
. Twitter a été créé en 2006 avec la contrainte de 140 caractères par message.
« J’aime l’effet des mots sur les faits : je m’enfonce dans les couches d’ombre du
numérique et je m’applique à casser le cours des conneries »
« les mots sont des petits radeaux qui flottent sur la langue. Ne les avalez jamais !
Mais crachez-les avec force pour que le sens éclabousse »
- Nick Belardes, entre avril 2008 et mars 2009 compose sa Novella Smallplaces (992 tweets
mis bout À bout) et adapte pour la première fois le celphonenovel à twitter.
- Matt Richtel, journaliste et blogueur new-yorkais, entre juin et décembre 2008 écrit sa
nouvelle It should not be snowing (220 tweets) et crée le terme thriller (thriller/twitt).
- Thierry Crouzet, publie entre décembre 2008 et avril 2010 les 5200 tweets qui
composeront Croisade (plus tard La quatrième théorie). Première expérience de grande
ampleur.
Thierry Crouzet s’inclut donc dans les pionniers. Pour lui, la twittérature est « la forme reine de
notre temps » « en phase avec les outils, nos rythmes de vie, de pensée, de lecture » « les
oeuvres fermées [...] me semblent en comparaison désuètes, comme si elles avaient été écrites
au siècle dernier ».
Dans La Mécanique du texte, paru en 2015, Thierry Crouzet explique l’influence qu’à la
contrainte des 140 caractères de twitter dans sa manière d’écrire :
La forme brève n’est pas une invention d’internet. Graffitis, slogans dans la vie et sur les murs, et
de nombreux formats dans la littérature : adage, aphorisme, apophtegme, axiome, énigme,
emblème, épigramme, épigraphe, esquisse, exergue, historiette, impromptu, instantané, bribe,
charade, citation, dédicace, devinette, devise, maxime, pensée, parabole, remarque, sentence,
xénie, bon mot, cas, concetto, conseil, dicton, fragment, madrigal, monodisque, proverbe, pointe,
haïku, etc.
Internet a cette capacité de réhabiliter ces formes. LA brièveté n’est pas seulement
dimensionnelle, mais représente un rapport interne à la parole, un rapport entre minimum dans
le volume et le nombre de signes et un maximum dans leur énergie (Nietzche).
La forme brève d’internet mobilise donc des procédés stylistiques éprouvés permettant des effets
de raccourci et d'accélération. (dépuration, ellipse, paralipse, effet de chute).
c. L’exercice poétique :
> Haïkus, quantas, la brièveté hante la poésie contemporaine. Sur internet, la brièveté est au
centre de la réflexion tout d’abord pour des raisons techniques (ce qui tient sur l’écran), De
même, les installations ne supportent pas bien la longueur continue.(Jean-Pierre Balpe).
Aussi, le haïku n’est plus seulement une mode, il est aussi un genre avec l’avènement du
twit’haïku (twaïku), poésies expérimentales brèves portant sur l’actualité et petits faits de
vie, devenant pratique sociale, comme au Japon depuis la fin du XIXe siècle.
> Selon un article de l’express de 2019, l’engouement pour la poésie est en hausse et
particulièrement chez les jeunes.
On pense que ce regain d'intérêt est lié à Internet et aux réseaux sociaux, avec de nouvelles
générations de poètes et poétesses, voulant écrire des textes accessibles à tous : l'insta
poésie offre un mélange de textes et de création graphique. Elle se veut instantanée et
minimaliste. On observe l’omniprésence du micro poème, adapté à la logique de flux,
contrainte par le carré instagram, de quelques pouces. Littérature scrollée, poésie visuelle
vue avant d’être lue, pour un effet immédiat, où se mélangent textes, photos, sons et vidéos.
ex : Nayyirah Waheed, Yrsa Daley-Ward, Nikita Gil (diversité, culture post-coloniale), Tyler
Knott-Gregson, Atticus, Amanda Lovelace, Lang Leav.
> Ou encore Rupi Kaur, metisse penjabi-sicks et canadienne suivie par plus de 4millions
d’abonnés sur instagram et dont le recueil d’insta-poèmes “milk and honey” a été vendu à
plus de 3,5 milllions d’exemplaires. (Best seller dans la liste du NYT pendant 70 semaines).
Son style est épuré, courts paragraphes, dessins de type minimaliste qui s’offrent comme une
deuxième lecture.
Mots percutants, émotions universelles dans un langage simple. Malgré l’enthousiasme pour
ses créations, d’autres dénoncent une logique entrepreunariale, en abusant de phrases
récapitulatives, calibrées pour être “hashtaggables” et devenir virales.
> L’esthétique développée par les instapoètes est souvent vintage, avec des effets
d’impression machine, par exemple.
Selon Olivier Belin (“vers une poésie commune? etc..”), l’instapoésie “réactive l’imaginaire et
le souvenir de la matérialité de l’écriture manuscrite, du journal intime entrouvert [...] cahier
d’écolier, feuille quadrillée [...] machine à écrire”
> Si d’un côté, on a l’impression de vivre les ambitions des avant-gardes du siecle dernier de
démocratiser la poésie et la généraliser dans l’espace public, l'insta poésie reste une pratique
poétique à la marge et reste très marquée d’amateurisme. (tel le slam pour la poésie sonore).
Les textes publiés sur les plateformes sont souvent écrits dans un style classique, d’une
esthétique souvent surannée, reprenant des codes plus proches du XIXe siècle et produits par
des poètes non lecteurs de poésie, et leur bagage culturel de poésie scolaire.
> Cependant, certaines créations brèves du web, comme l'insta poésie, la face-poésie ou la
twittérature témoignent d’un positionnement critique “face À la multiplication des
investissements d’un environnement dont la neutralité relève du leurre et développent des
pratiques techno poétiques à la performativité éminemment critique.” (Gaëlle Théval)
[ interview de Gaelle Théval https://www.fabula.org/colloques/document7458.php]
> Définition : toute littérature qui utilise le dispositif informatique comme médium et met en
œuvre une ou plusieurs propriétés de ce médium. (Philippe Bootz, Les basiques : la
littérature numérique)
Pour Jean Clément, la littérature numérique est une littérature problématique puisque le
texte n’est plus séparable de son environnement technique. LEs texte est contaminé par les
médias qui partagent son espace. Il est le résultat visible d’un ensemble de processus. Le
texte perd sa place centrale. (Jean Clément). Question posée dans un contexte d’émergence
d’oeuvres “visibles” et de littéraTube (Gilles Bonnet).
- Anaïs Guilet renchérit sur cette 3ème génération : “à l’audience populaire, qui a la
particularité d’opérer sur des plateformes non spécifiquement dédiées à la
littérature et dont le détournement des supports, le remix, serait le mode d’action
privilégié.”
C’est un tournant populaire de la littérature électronique, c’est “le sacre de
l’amateur”. (Patrice Flichy, 2010).
Des années 50 au début des années 2000, les pionniers de la littNum ont été des bricoleurs.
Des chercheurs créateurs qui ont inventé des nouvelles esthétiques.
La communauté ELO incarne cette tendance, qui dirige le laboratoire NT2, au Québec, dirigé
par Bertrand Gervais et qui archive les œuvres numériques de différentes périodes.
On peut citer aussi Jean-Pierre Balpe, Philippe Bootz ou Serge Bouchardon qui ont placé leur
pratique au cœur de leur réflexion scientifique. Cette communauté a défendu une approche
conceptuelle et formaliste afin de gagner en légitimité.
> début de la littérature numérique dans les années 50 : laboratoires scientifiques. Elle quitte
ces cercles restreints dans les années 1980, avec l’arrivée des PC.
> Portée par des avant-gardes pour révolutionner les manières traditionnelles de raconter et
de poétiser la langue, et bouleverser le système littéraire, ses circuits de sélection, de
valorisation, de capitalisation.
> Philippe Bootz (docteur en physique et communication) est un des plus anciens auteurs de
littérature numérique en français. Il conçoit en 1977 une première forme de littérature
programmée, la poésie matricielle. Language pluricode (mix de mots, lumières, couleurs,
installations avec laser. En 1985, revient à la poésie numérique en 1985 avec la télématique. Il
fonde en 1988 le groupe LAIRE et publie la revue àlire, la plus ancienne revue informatique à
avoir publié des générateurs poétiques.
- la poésie animée
- la littérature générative
- l’hypertexte de fiction
a. la littérature générative
- l’ordinateur est programmé pour produire des textes
> générateur de textes : un programme qui crée du texte À partir d’un
ensemble de règles et d’éléments préconstruits formant un dictionnaire.
Selon Philippe Bootz, la génération de texte est à la fois une approche technique qui
perdure et à la fois une conception historiquement datée qui se termine vers 1995
avec les travaux de Barbosa et Petchanatz. Elle est ensuite réintégrée de manière plus
générale et ouverte comme une littérature multimédia programmée par un auteur et
exécutée en temps réèl pendant la lecture. Cela inclut la génération de texte,
l’animation programmée et la création multimédia interactive programmée. ex:
collectif transitoire observable, 2003-2007.
b. la poésie numérique animée
C’est l’autre genre important présent depuis les débuts de la littNum.
Son origine remonte à l’avènement des poésies concrètes et visuelles :
- les calligrammes d'Apollinaire : écrire en beauté, poème objet, le graphisme
apporte un supplément de sens, dessin polysémique.
- la poésie concrète : fondée dans les années 50 par Augusto de Campos et
Décio Pignatari, le poème est un objet sensible. On joue avec le langage dans
la réalité matérielle avec l’aspect visuel du mot de la lettre. Travailler le
signifiant pour libérer les signifiés.
> caractéristiques :
- oeuvres hybrides (texte, image, sons, séquences vidéos)
- non imprimables
- possibilités de manipulation des textes par les lecteurs
> à partir de 1990, plusieurs revues ont pour objectif de diffuser cette poésie
numérique. Par exemple :
- La revue Doc(k)s créée par le poète Julien Blaine
- La revue àlire, créée en 1989, par un collectif constitué autour de Philippe
Bootz, diffusée d’abord sur disquettes et CDRom.
> l’ídée est de revendiquer le statut littéraire de la littérature numérique. Elle n’est
pas qu’un outil linguistique
> Dans la poésie numérique animée, les textes sont considérés comme éléments
iconographiques pouvant être manipulés par le lecteur. Il y a une irruption de la
temporalité dans la chose écrite. Les émotions du lecteur (spectateur?) sont liés aux
mots mais aussi à leur manipulation, leur animation, avec ou sans hypertexte.
ex : - for all seasons, d’Andreas Muller (2005). Le texte est reconfiguré en images
manipulables par le lecteur. Le texte devient objet et les souvenirs de l’auteur à
travers des calligrammes. On évolue dans les souvenirs de l’artiste.
- Tramway, d’Alexandra Saemmer (2008). souvenirs d’enfance mêlés à des
conversations dans le tramway. Le texte circule sous forme de bande passante, dans
des fenêtres déplaçables.
c. l’hypertexte de fiction
> 3ème genre historique de la littérature numérique.
Des fragments de textes sont reliés par des liens. C’est le lecteur qui choisit son
parcours de lecture, dans une démarche labyrinthique.
> La notion d’hypertexte a été formulée pour la première fois en 1965 par Teodor
Nelson, sociologue américain : “le trait principal de l’hypertexte et sa discontinuité et
le saut, déplacement inattendu de l’utilisateur dans le texte.” Puis encore en 1981 :
“J’entends comme hypertexte une production non séquentielle d’un texte en
arborescence qui laisse le lecteur choisir. Fragments de textes reliés par des liens,
proposant aux lecteurs des parcours différents”
> La fiction hypertextuelle doit être pensée dans la continuité d’une histoire littéraire
- tradition d’expérimentation littéraire
- tradition de l’écriture fragmentaire
- dans la continuité d’oeuvres qui s'accommodent d’une lecture tabulaire
- rapport hypertexte / postmodernisme
> Dans les années 60, en France, des gens issus de mouvements post-structuralistes
imaginent une nouvelle textualité avec des notions proches de celles de Teodor
Nelson : Roland Barthes définit son texte idéal : “Dans ce texte idéal, les réseaux sont
multiples et jouent entre eux sans aucun puisse coiffer les autres. Il est réversible, on
y accède par plusieurs entrées…”
> Le lecteur de l’hypertexte s’approprie donc une partie du rôle dévolu à l’auteur. Il
devient l’énonciateur des rapports de lecture entre les différentes parties du texte.
L’expérience de lecture est totalement nouvelle, faisant disparaître la fixité du texte.
> ex. précurseurs :
- Vie et opinions de Tristram Shandy, Laurence Stern, 1760 : révolutionne le
récit écrit avec les divagations de l’auteur et des personnages avec une
communication auteur/lecteur
- Un conte À votre façon, Raymond queneau, 1967
- écriture fragmentaire : les romantiques (Novalis) ont déjà revendiqué ce
genre. Plus tard, au XXème, le fragment est mis en avant, synonyme de
modernité. Le nouveau roman aussi.
- La lecture tabulaire : La Vie, mode d’emploi, de George Perec, 1978 : la vie
d’un immeuble parisien, en faisant l’inventaire du réel, pendant 100 ans.
- notion de postmodernisme : Serge Bouchardon (Univ, de Compiegne) préfère
le terme de “récit littéraire interactif”. Il opère un classement de ces récits :
grande diversité des types d’oeuvres : récits hypertextuels (lecture non
linéaire de fragments via des liens), récits cinétiques (exploitent la notion
temporelle et la dimension multimédia/mouvements), récits algorithmiques
(utilisation de génération automatique de textes, comme des romans
policiers interactifs ex: Trajectoires, JP Balpe), des récits collectifs où les
internautes peuvent participer à l’écriture du récit.
Les genres se sont complexifiés et de nombreux dispositifs existent
dorénavant.
> Dans les années 90, il y a eu un grand espoir de renouveau de la littérature à travers
le développement de l’hypertexte de fiction. Mais cet espoir a été déçu. : forme
difficile à écrire, expériences arrivées trop tôt?, inerfaces peu attrayantes à l’époque?
Intrigues trop pauvres? dimension littérairee sensiblement oubliée?
Aujourd’hui, il existe un renouveau de ce genre de littérature numérique, tourné
autour du regroupement d’histoires linéaires écrites par différents auteurs. Les
objectifs ont changé et il n’est plus question de rompre avec une tradition livresque
pour être novateur. On met l’accent sur les autres possibilités ouvertes par le
numérique : le multimédia, d’autres formes d’interactivité.
Selon Serge Bouchardon, les récits purement hypertextuels sont de plus en plus rares
sur internet. Mais on constate une prolifération des récits interactifs consistant en
l’intervention du lecteur dans le récit, où le lien hypertexte n’est pas le seul ressort.
4. Liens utiles
Selon Gilles Bonnet, (Pour une poétique numérique, hermann 2017) il a différentes manières pour les
écrivains d’être sur Net. Si d’un côté, nombreux d’entre eux usent la toile comme une vitrine pour
faire la promotion de leurs publications papiers sur les sites de leurs maisons d’édition, de nombreux
autres font de leur site une oeuvre, une maison d’écriture, une maison d’écranvain, néologisme créé
par ce dernier pour désigner les écrivains qui :
“assument un engagement constructif dans le paysage numérique”, “absorbés”, par le “comment
écrire sur le web”.
Nous verrons ici 4 exemples d’écranvains et de leurs sites / blogs : François Bon (pionnier du web
littéraire français), Philippe de Jonckheere, Yves Pagès et Thierry Crouzet.
https://www.tierslivre.net/
> François Bon : vendéen né en 1953, fils d’un mécanicien et d’une institutrice. A été
ingénieur et se consacre au début des années 80 à la création littéraire. Auteur prolifique
(plus d’une trentaine d'œuvres). Des romans, des récits, une biographie, des traductions.
Il fera partie de ces auteurs qui ont réinvesti les usines, les entreprises dans un contexte de
malaise social : littérature prolétarienne. Quelles sont les mutations dans le monde du
travail?
Il a ensuite une réflexion sur la dématérialisation et interroge le rapport de l’homme avec les
objets.
Plus tard, c’est le souci pour accroître l’accessibilité aux auteurs qu’il admire, dans une
démarche de partage, que François Bon commence à s'intéresser à l’internet. Il est le
pionnier français de la littérature en ligne, au moment où le marché éditorial traditionnel
s’essouffle. Il crée donc en 1997 le premier site français consacré à la littérature. (remue.net)
En 2004, il crée tierslivre.net et contribue au développement des blogs littéraires (chaque
nouveau texte vient s’ajouter à la suite du précédent, de forme chronologique, contrairement
à l’hypertexte, fait de nœuds), genre auquel le public s'intéresse de plus en plus à l’époque.
Plus tard, en 2008, il lance la plateforme d’édition numérique en ligne publie.net., site qui
œuvre à la démocratisation de la lecture numérique avec des ouvrages numériques au prix
d’un livre de poche, avec un catalogue constamment mis à jour.
En 2013, il crée le magazine de fictions en ligne nerval.fr avec 200 pages en accès libre. Il
fonde ensuite sa propre maison d’édition Tiers Livre éditeur. “labo vivant des explorations et
des tentatives qui n’ont pas vocation à passer à l’édition commerciale”.
multiplie les expériences, les modes d’écriture, les registres et travaille sur une
chaîne-auteurs plutôt que sur une chaîne du livre, et crée un véritable écosystème divisé en
branches liées mais distinctes au cœur d'un écosystème profus. Il s’agit de revenu.net,
tierslivre.net, publie.net, nerval.fr, youtube, twitter et facebook. (points de contact
interactifs, faisant de la constellation François Bon une entité vivante, un réseau
d’interdépendances).
- FB transforme les sites en ses sites “afin de prolonger l’infini du bord absent”, selon
Sébastien Rongier.
- 2009 : création de la chaîne youtube avec le titre “La vidéo comme un roman”. plusieurs
types de contenu : “le vidéo-journal”, “les chroniques de Jean Barbin”(double de FB), les
capsules “1 minute” etc…
> Tiers-livre :
FB offre une visibilité sur son travail et commente ses choix : combine l’informatif et le
créatif. “monstration de son atelier” “exposer la création”.
-working progress continuel
-intégration de l'œuvre de FB dans une chaîne de textes produits par d’autres.
- fait figure de leader de par l’acuité de sa réflexion sur le numérique et l’ancienneté de ses
engagements.
- moins préoccupé par la médiation que par la création : “il faut contaminer internet de
l’intérieur pour ne pas le laisser aux démolisseurs du monde”
“Le blog est un salon du livre permanent où vous vous prêtez à des performances. C’est votre
boutique d’écrivain public.” L’auteur se met en scène de par une identité visuelle
immédiatement reconnaissable. (auteur-metteur en scène).
- Le bandeau du site change constamment, c’est l’idée du renouvellement permanent.
(garage, ville, bibliothèque, chantier etc…)
- la page d’accueil ne cesse de bouger
- site “usine”
“ l’auteur sur le web ressemble ainsi plutôt à un noeud dans le réseau, à une étoile
tridimensionnelle reliée à d’autres étoiles (Alexandra Saemmer)
L’idée anarchique et du refus de toute hiérarchie esthétique entre photo, son et littérature,
déjà investie par les dadaïstes au début du XXème siècle est réinvestie par PDJ. Tout peut
faire oeuvre.
> Archyves.net
“ouverture pour travaux” nous indique bien l'intérêt qu’il y a au travail en cours. “work in
progress”.
L’auteur va y mettre en scène tous les aspects de sa personne publique et y archive ses
travaux photos et écrits classés dans les tiroirs du bandeau d’accueil, que les catégories
soient thématiques ou génériques (romans, théatre, photo, arts muraux etc.) ou qu’elles
soient chronologiques.
Mais le site n’est pas seulement une vitrine. Outre la présentation de ses travaux et la mise
en scène de son ethos d’éditeur, le site inclut aussi une dimension plus intime avec différents
pdf. plus axés sur la biographie de l’auteur, les chemins empruntés par l’artiste.
Les voix, les rencontres, les découvertes croisées et vécues au long de la vie de l’auteur sont
compilées ici et se mêlent à sa propre voix.
Les archyves sont souvent des arkaia, mais sont aussi évolutives et d'origines multiples. (idée
de collectif). LE site est un lieu double où s’effectue le geste de l’archiviste, mais aussi de vie
et de circulation et d’expérimentation. (photos, travaux en cours)
Il y a aussi un ethos libertaire. Dans la catégorie adages adhésifs, par exemple ou dans les
écrits sur les gilets jaunes à partir de 2018. Yves Pages tente ainsi “d’ouvrir certaines
hostilités”. Pas seulement de par le positionnement dans le champ littéraire mais aussi par la
déconstruction du langage. (liens avec la poésie concrète et les situationnistes évidents). Il
s’agit de déconstruire le langage du néolibéralisme, du marketing, des éléments de langage
que Sandra Lucbert, dans son ouvrage Le ministère des comptes publics,2021, appelle la LCN
(Lingua capitalismi neoliberalis).
Pour cela, Yves Pagès utilise le calembour, des légendes sous les photos, les adages en
reprenant des locutions figées de l’espace urbain et les sortir de leur contexte géographique
d’énonciation, grâce à un jeu de stickers.
De nombreux internautes ont décidé dès le début de la pandémie d’écrire leur “journal de
confinement” afin d’exprimer leur vécu.
Il y a eu d’autres pandémies tout au long de l’histoire, mais jamais un virus ne s’est propagé aussi
rapidement sur toute la planÈte : systèmes de santé débordés, incertitudes, polémiques quand à
l’origine du virus et aux actions à entreprendre.
Les écritures du confinement sont apparues. La moitié de l’humanité a acces au web et 85% sait lire
et écrire. 3 milliards et demi de personnes tous les jours sur les réseaux sociaux, 40000 messages
publiés chaque seconde sur facebook.
L’ensemble de ces écritures sur le web représente un matériel impressionnant. On perçoit à travers
eux l’histoire sociale en direct. Ces journaux montrent les contradictions, font émerger le vrai, “des
jeux de vérité” (Foucault) au sein d’une époque d’incertitude et de perte de sens.
De plus, l’écriture fixe les mouvements émotionnels. Des récits apportent du réconfort À ceux qui les
écrivent et ceux qui les lisent.
Les choses n’arrivent pas dans l’abstrait, nous dit l’écrivain italien Paolo Di Paolo en citant l’écrivain
espagnol Antonio Munõz Molina : “Ce qui est arrivé est arrivé à quelqu’un. Et comme celui qui écrit
ne ne sait pas ce qui se passera demain ou dans quelques heures, il raconte ce qu’il voit ou ce qu’il a
entendu, sans distinguer ce qui, dans des années , semblera pertinent ou semblera écarté.”
Paolo di Paolo : “C’est l’autobiographie de l’espèce humaine à l’épreuve du XXIe siècle : un volume
invisible composé de milliards de pages, un gigantesque roman choral. Aucun évènement historique,
de la peste du XIVe siecle aux dernières guerres mondiales, ne peut se targuer d’une telle richesse de
témoignages. Sur les plus de quatre milliards d’humains qui ont vécu presque simultanément la
même chose, une grande partie ne s’est pas contentée de parler de ce qui se passait. Elle l’a écrit. Elle
a pu l’écrire. Elle est en train de l’écrire. Nous sommes à la fois les lecteurs, les auteurs et les
personnages. (Repubblica, 30 mai 2020).
on peut citer :
- des ateliers d’écriture en ligne proposés aux étudiants (LLCER italien 3ème année par Angela
Biancafiore) et la création d’un blog collectif
- l’initiative de l’université libre de l’autobiographie d’Anghiari (LUA, Italie) en demandant à
tous ceux qui le souhaitaient d’envoyer un mail pour partager ses reflexions et son
experience de la pandémie : 1174 textes envoyés par 830 participants. LEs textes ont révélé
une très forte diversité d’approche du phénomène du confinement. Un livre collectif a été
publié à partir des textes.
Les textes des divers étudiants évoquant l’expérience du confinement ont contribué à un échange
indispensable sur le web, mais aussi dans leur classe.
Le partage de l’expérience signifie favoriser l’exploration de la vie intérieure à travers l’écriture : la
narration numérique a permis un sentiment de cohésion avec l’autre. “je n’étaid pas tout seul à vivre
cette expérience”.
L’écriture de soi sur le web ou au sein d’un blog pendant la pandémie a été une activité de production
de sens dans un cadre de liberté et d’absence de jugement. La production narrative a eu pour effet de
rendre le monde plus familier à une époque d’incertitude et de prendre conscience de l’impact dess
évènements sur chacun et chacune.
Les émotions de chacun ont été accueillies et exprimées dans un processus d’écriture permettant de
nommer, identifier et reconnaitre ce qui appartient À notre experience. Il est émergé un sentiment
de fraternité et de cohésion.
Cette pratique éducative numérique narrative a été concue dans le cadre des théories sur
l’apprentissage socio-émotionnel (SEL) développées depuis 1995 dans plusieurs universités du
monde. (https://casel.org/about-us/our-history/)
B. Performer avec son corps sur youtube : les vidéopoèmes de François Bon,
Pierre Guéry et Milène tournier (Florence Thérond)
Jetons un œil sur la vidéoperformance sur youtube, filmée par le/la poète lui/elle-même et réalisée
dans un espace privé sans public. La manière de filmer fait partie intégrante du poème.
Selon Gaëlle Théval, poète et professeure à l’université de Rouen, ce type d’expérimentation n’est pas
nouveau dans le paysage de la poésie en performance. En effet, dans les années 60, la pratique de
l'auto filmage était fréquemment utilisée par les performeurs. Elle évoque aussi le courant de la
“poésie action” à la fin des années 50, où on explorait les nouveaux médias en affirmant “la volonté
de remise en circulation du poème dans la société”, hors du livre.
Les trois exemples ci-dessous ont en commun leur dimension numérique et le fait qu’ils sont destinés
à une diffusion en milieu numérique. Gaëlle Théval fait référence à ce que Leonardo Flores appelle la
troisième génération de la littérature numérique (Third generation electronic literature)
correspondant à l’émergence du web 2.0 (2005).
LEs poètes numériques de cette génération ne sont plus des poètes-programmeurs, ingénieurs du
texte, comme Philippe Bootz ou Jean-Pierre Balpe ou Alexandra Saemmer. Ils utilisent des interfaces
existantes. Ce sont des “auteurs usagers” (Gaëlle Théval) investissant les réseaux sociaux, le
microblogging en relation avec les tournant iconique qui a transformer les paysage en ligne depuis le
milieu des années 2000.
Né en 1953, ingénieur ayant travaillé dans l’industrie pendant plusieurs années, il publie
plusieurs livres dans les années 80, et se spécialise en même temps dans les ateliers
d’écriture en prison et dans les quartiers sensibles.
Il fait partie de ce mouvement des années 80 qui a vu les écrivains réinvestir le monde du
travail et scruter le réel, publier des romans sur l’usine.
Dans les années 90, avec la crise du marché éditorial, FB explore d’autres chemins et crée en
1997 le premier site web consacré à la littérature : remue.net, puis en 2004 tiers-livre.net.
Il contribue au développement des blogs llitteraires.
Tiers-livre est une oeuvre labyrinthique de plusieurs millers d’articles qui se poursuit depuis
2009 sur la chaine youtube de l’écrivain. Aujourd’hui, avec plus d’1 million de vues, elle
concentre une grande partie de son activité créative, avec des vidéos d’1 minute, des carnets
privés, des lectures, des chantiers de relfexion, des ateliers d’écriture ou la série Jean Barbin.
Jean Barbin est un personnage éponyme d’une série de chroniques sous forme de capsules
vidéos réalisées en auto-filmage diffusées par FB depuis 2017. Il existe trois saisons de cette
série.
Personnage aux traits étranges, déformés, surgit dans la nuit, depuis un ailleurs.Distorsion
visuelle et sonore créeent un un climat d’étrangeté faisant songer aux personnages de Francis
Bacon. Solitude d’un hors-lieu et d’un hors-temps, Jean Barbin est une sorte de double de
François Bon, le monstre, le clown que l’on porte en soi.
Gilles Bonnet qualifie l’éstethique développée par FB de “grotesque nouveau”. Il y voit
l’expression du flottement et de l’errance identitaire du sujet contemporain.
https://www.youtube.com/watch?v=4FbvUc_nRFk&t=2s
Née en 1988, Milène Tournier est docteure en études théatrales et écrit des oeuvres de
théatre et poésie. Elle a publié plusieurs ouvrages, s’intéresse á la littérature en lien avec les
arts numériques et élabore des poèmes-vidéos. Sa chaine youtube comporte plusieurs séries
comme Alice dans les villes, je t’aime comme…, perfomrances marchées, tatoo sans toi ou
rêves quarantaine.
Cette dernière série réalisée durant le confinement lié à la pandémie. Le corps de l’autrice
devient le principal sujet des vidéos de cette série. Chaque vidéo, musique en off et texte
incrusté en lettres blanches sur la vidéo commence par “j’ai rêvé cette nuit”. Ne pouvant plus
marcher dans les rues, elle explore son appartement, son “petit logis”. Chaque meuble,
chaque bibelot devient un paysage, un être, une présence. Le petit logis accède aux
dimensions du cosmos. L’univers entier semble pouvoir se réinventer dans l’étroitesse de la
chambre par la magie des mots et de la vidéo.
https://www.youtube.com/watch?v=rfIEgnO2S2Q&t=1s
En conclusion, l’esthétique amateur complètement assumée dans ces trois exemples entre en
relation avec les codes de la plateforme sur laquelle les vidéos sont publiées, faite pour cela.
Mais ce geste de publication a une dimension fortement subversive. LEs trois artistes revendiquent le
développement de la poésie hors le livre, hors institution, dans le “n’importe où de la vie” (Gaëlle
Théval) et même au sein de l’architexte trÈs formaté et formatant de youtube.
Le geste vise à développer une sorte de parasitage du réseau. Et n’en déplaise à ceux qui voudraient
confiner l’art et la littérature dans des chappelles dédiées, la poésie, c’est ici, et c’est comme ça.
⮚
Alvéole 1 – La poésie et les dispositifs médiatiques de l’ère numérique
(Florence Thérond)
Présentation d’Alexandra Saemmer :
- Personnalité marquante de la sphère numérique, professeure en sciences de l’information et
de la communication à l’université Paris 8 Vincennes/Saint Denis.
- Dirige le centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation. (CEMTI).
- recherches avec une approche sémiotique et rhétorique des écritures numériques, recherche
création en littérature numérique, éducation critique aux médias
- auteure de plusieurs livres sur le sujet : Rhétorique du texte numérique ; MatiÈres textuelles
sur support numérique
- également auteure de romans hypertextes, et du roman Le logbook de la colonie, issu d’une
expérience de récit dystopique collaboratif mené sur facebook, Les Nouvelles de la colonie.
> choc quand elle découvre les premières animations textuelles sur ordinateur. “s’ouvrait une
nouvelle voie d’exploration d'expérimentation pour la littérature. Le texte fixe, imprimé
pouvait devenir tactile, manipulable, ouvert au mouvement”. Cela pouvait permettre
l’émergence de nouvelles figures de style, de nouvelles résonances métaphoriques. (ex :
métalepse interactive). Le couplage entre mot et mouvement ouvre des possibilités nouvelles
et infinies. Potentiel encore intensifié avec l’arrivée des tablettes tactiles, en démultipliant le
potentiel rhétorique liée à ces couplages.
> s’est ensuite lancée dans la création et notamment dans l'hyper fiction, avec “conduit
d’aération”, une fiction pour tablette, qu’elle a présenté avec un nouveau collectif
(Hyperfiction), C’est ce qui est au coeur de ses recherches aujourd’hui.
> “Une lecture critique de la poésie numérique ne peut pas faire l’impasse sur la
programmation”. Y’a-t-il une esthétique du code?
. Selon elle, il y en a une. On peut coder de façon plus ou moins élégante, conformiste ou
créative. Les langages sont plus ou moins industriels.
. des types de codages peuvent être plus ou moins problématiques. (langage Python : slave /
master). Jusqu’à quel point peut-on faire abstraction du langage problématique usé dans la
programmation? Quelle est l’influence du langage de programmation sur les productions?
. La notion de programme est beaucoup plus large et contient aussi le logiciel de
programmation utilisé.
. l’acte créatif numérique est fertilisé par ce qui préexiste et est contraint par ce qui préexiste.
. Il faut explorer les points de tension quand on étudie le type d’outils industriels utilisés pour
la création littéraire numérique. (ex : festivals flash, littérature, twittérature). Il y a selon elle
une implication profonde entre pratique littéraire et industrie. “l’auteur n’écrit jamais sur une
page totalement blanche”. “le cadre, les menus, l’architexte, qui soutient l'œuvre numérique
et qui la contraint”. Certains programmes vont jusqu'à écrire à la place de l’auteur.
. architexte : comment une structure logicielle formate le texte que l’on écrit. Par le design
mais aussi à travers les mots qui sortent à l’écran : le computexte.
. ni l’architexte, ni le computexte n’ont été conçus par l’auteur. Le logiciel, le programme va
même jusqu’à formater sa vision du monde à l’auteur.
> La confrontation dans le dialogue avec l’outil logiciel, le programme, est donc au coeur de la
pratique de littérature numérique. Il faut questionner cela en tant qu’auteur et chercheur. On
le voit notamment chez facebook, qui décide ce qui peut Être vu ou pas, selon des calculs
complexes, prenant en compte des logiques affinitaires et des enjeux commerciaux, et qui
échappent à l’auteur.
Il faut questionner cette notion d'inconfort de manière critique. Quelle est l’efficacité de cet
inconfort à une époque où il paraît de plus en plus compliqué d’assurer la capacité
d’immersion dans un roman classique? Est-ce qu’il est encore possible sur une plateforme
sociale de créer un récit classique? Non. Les plateformes font tout pour empêcher le récit
chronologique. Du coup, est-ce que les structures actuelles imposées tentent de nous
installer dans un éternel présent exploré à la hâte? Est-ce que cet inconfort voulu par les
avant-gardes n’a pas aujourd'hui quelque chose en commun avec ce langage des plateformes
tel qu’on voudrait nous l’imposer? Est-ce que cette volonté d’inconfort n’aurait pas été une
erreur à l’heure où l’immersion profonde a tendance à disparaître?
Le public est-il vraiment capable de comprendre ce type d'œuvre dans toute sa profondeur,
face aux habitudes impatientes d’aujourd’hui?
> Quels sont les rapports de la poésie numérique avec les industries culturelles?
Pour qualifier le rapport complexe entre littérature (et arts) numérique avec les industries
culturelles du numérique, on peut utiliser la notion de dispositif, au sens que lui donnait
Michel Foucault :
- Pour lui, le dispositif est une notion à double face : c’est une technostructure, qui en
même temps comporte en elle des enjeux de pouvoir et en même temps qui met à
disposition des savoirs, dont on ne peut plus se passer. (ex : téléphone portable).
On sait que ce dispositif exploite nos données et nous domine mais il nous procure
des savoirs et un confort qui compense les risques qu’il apporte avec lui malgré tout.
- Ce malgré tout nous concerne puisqu’il est au cœur des pratiques de la littérature
numérique, qui est inextricablement liée aux industries culturelles du numérique. ex :
les ordinateurs sur lesquels nous parlons ont une marque, un système d’exploitation,
une industrie créative. inexorablement.
Le théâtre, quant À lui, subissait le même sort que tous les lieux publics. On fermait tous les lieux
publics immédiatement. Au 17ème, il s’agissait surtout de jeux de paume. Les polices municipales et
les prévôts surveillaient tous ces lieux et brulaient les vêtements, les meubles des malades et
bouclent les quartiers où il y a des foyers. Les pestiférés sont mis à l’extérieur des villes.
Les théâtres ne peuvent donc pas ouvrir.
Dans les villes, il n’y a eu aucune alternative pour la production d’activités théâtrales dans ces
pandémies du XVI et XVIIème siècle. Mais dans les campagnes, on ne sait pas très bien ce qu’il se
jouait ou pas.
> Le choléra
Au XIXème, sévit à Paris en 1832 une épidémie de choléra, décrite par Victor Hugo qui en décrit “son
souffle”, ou encore Charles de Rémusat, écrivant que les habitants de la ville ne souciaient guère de
ce qui allait arriver, en attendant qu’elle sévisse.
Chateaubriand décrit ensuite les jours où l’épidémie explosa, à la mi-carême, où les “bals publics
furent plus fréquentés que jamais”.
Les journaux notifient de nombreux cas dans les quartiers populaires et on associe donc le choléra à
la misère. Les boulevards et ses salles continuent donc de se remplir.
Eugène Sue, dans le Juif Errant, raconte même que le petit peuple célèbre “la mascarade du choléra”,
dans un cortège populaire. “il faut boire, rire, jouer, et faire l’amour”.
Mais courant avril, petit à petit, les recettes des spectacles vacillent, le choléra éclate. Les spectateurs
viennent demander le remboursement de leurs billets, cela malgré les injonctions des journaux à
venir dans les salles où l’on a installé des ventilateurs et distribue des lotions chlorées, comme au
théâtre du Gymnase, par exemple.
Les théâtres ont donc ouvert et joué une bonne quantité de pièces dans des conditions
rocambolesques, acteurs et spectateurs malades inclus.
L’épidémie s’arrêtera en octobre après avoir tué plus de 18000 parisiens et 100000 français.
- De nouvelles technologies ont été extrêmement précieuses : chaînes youtube, Zoom, blogs et sites
ont permis à une vie théâtrale riche de se maintenir malgré la fermeture des théâtres.
- Mieux, cela a permis à un certain nombre de personnes généralement privées d’accès au théâtre de
s’y intéresser
- Certes, rien ne remplace l’émotion d’un spectacle en présence, mais les nouvelles technologies ont
permis de créer du lien, alors même que nous étions tous confiné.e.s.
- On mesure donc bien tous les enjeux esthétiques, sociologiques, mais aussi politiques liés aux
nouvelles technologies, et plus globalement aux humanités numériques.
- Tonj Acquaviva :
Compositeur, chanteur, interprète, auteur, arrangeur, multi-instrumentiste, chercheur de sons
et de dialectes et producteur musical, né à Palerme en Sicile. Puis dans le patrimoine culturel
méditerranéen, berceau de cultures et de peuples qui se sont influencés depuis des siècles.
En 1975, il commence à étudier la guitare, puis les instruments ethniques du sud de l’Italie et
des Andes. Il fonde en 1979 le groupe Agricantus, projet de musique ethnique qui évoluera
vers une recherche musicale electro-trance-world, dont il sera compositeur et directeur
artistique jusqu’en 2013.
En 2008, il crée Acquaviva, projet qui mélange ses influences musicales et celles de
Weltlabyrinth (ensemble formé avec la chanteuse Rosie Wiederkehr) et des formes d’art
visuel.
Tonj collabore aussi avec des peintres, des vidéastes et des écrivains. Il a publié 13 CD et crée
de la musique pour le théâtre et le cinéma avec des instruments traditionnels et
électroniques. Il a obtenu de nombreux prix pour ses œuvres.
L’Odyssée d’Homère
Épopée grecque de plus de 12000 vers, composée au VIIIème s. avant Jésus-Christ. Elle relate les
aventures d’Ulysse durant son retour à Ithaque, île dont il est le roi, après la guerre de Troie.
(racontée dans l’Iliade). Son fils et sa femme l’attendent en rusant pour repousser les prétendants.
(faire et défaire la toile tissée)
- chants I à V : Télémaque décide de partir à la recherche de son père, prisonnier sur l’île de
Calypso.
- chants VI à XII : Ulysse s’échappe de cette île, arrive en Phéacie et raconte ses aventures.
arrivées depuis la fin de la guerre de Troie, finie 8 ans auparavant.
- chants XIII à XXIV : Ulysse et Télémaque rentrent à Ithaque, et Ulysse récupère sa couronne.
L’écriture est caractérisée par l’emploi de l’hexamètre (vers de 6 pieds), ce qui facilitait la
mémorisation du texte pour être récité devant la foule et dynamiser le récit. L’emploi de l’épithète est
fréquent, pour caractériser les personnages et aider à les identifier. (Ulysse endurant, aux mille ruses
; Aurore “aux doigts de rose”etc…)
Les deux protagonistes vont croiser tous les personnages féminins de l’Odyssée jusqu’À
Nausicaa, qui les aidera à retrouver le “Ha”.
Dans cette œuvre, les auteurs revisitent le patrimoine littéraire et musical méditerranéen en
créant un dialogue original entre les langues, les voix et les instruments traditionnels et
électroniques.
Adapter un texte narratif à la scène implique un travail de réécriture fondé sur des choix :
garder ou supprimer des éléments. Dans le cas de l’Odyssée, l’oralité du texte original a
facilité ce travail d’adaptation.
La musique électronique
Au début du XXème siècle, l’artiste futuriste italien Luigi Russolo pose les bases de la musique
électronique dans son essai L’Art des bruits, publié en 1913, où il propose d’intégrer les sons urbains
et industriels dans la création musicale et pour cela, de substituer des instruments électroniques aux
instruments traditionnels. Des artistes appliquent alors ses théories en jouant, par exemple, avec les
sons de sirènes, de klaxons et de tuyaux.
Dans les années 50, les compositeurs Pierre Schaeffer et Pierre Henry découpent et collent des
bandes magnétiques pour créer des compositions sonores, 1er exemple d'échantillonnage
(sampling). Ils sont à l’origine de la “musique concrète”, voulant placer l' environnement de la vie
contemporaine au centre de la production musicale.
Dans les années 60, l’allemand Karlheinz Stockhausen incorpore des musiques issues de civilisations
non occidentales dans ses créations électroniques. On peut citer aussi les compositrices britanniques
Delia Derbyshire et Daphn Oram, figures importantes de l’époque.
Dans les années 70, le groupe allemand Kraftwerk mixe musique pop et sons électroniques et donne
naissance à la musique dite electro. L’utilisation d’appareils tels que les pédales delay, vocodeurs et
synthétiseurs se généralisent.
Dans les années 80, l’introduction d’échantillonneurs (sampleurs) à des prix abordables se généralise.
(l'échantillonneur Fairlight, un des rares modèles de sampleur, coûtait jusqu’à 100000 dollars). Le
groupe britannique Art of Noise ou la new-yorkaise Laurie Anderson contribuent alors à la diffusion
de cette nouvelle musique et apparaissent de nouveaux courants tels que la house et la techno.
C’est le croisement entre musique du monde et musique électronique. Pour Tonj, l’évolution vers ça
était naturelle, s'intéressant à la musique dans les années 90, quand la musique électro explose et les
échanges ethniques s’intensifient à Rome, où il vit à l’époque. Avec son groupe formé dans les années
80, il s'intéresse très vite aux musiques sud-américaines de Cuba, du chili et du
Brésil, (développements de la musique traditionnelle.) Il s’agissait de rénover, d’actualiser la musique
traditionnelle.
Valeur ajoutée des outils électroniques : très important pour éviter la muséification, en manipulant
les musiques anciennes. (“Si vous voulez savoir ce que je fais, écoutez les musiques des champs de
coton du siècle dernier” Miles Davis). Les outils électroniques facilitent ce rapprochement entre les
genres, les origines, les ethnies à travers la réalité urbaine contemporaine.
Conclusion
Le patrimoine ancien peut toujours faire l’objet de nouvelles lectures, comme celle d’Emmanuelle
Bunel dans son spectacle.
Observation des processus de création des arrangements et des ambiances sonores par Tonj
Acquaviva et l'ingénieur du son Julien Josserand, puis proposition d’analyses du spectacle.
. échantillonneur (sampleur) : depuis les années 80, Tonj est fasciné par cet outil. On utilise
des triggers (petits micros) que l’on pose sur les instruments physiques ou avec lequel on
enregistre la voix, la nature, des sons divers, que l’on peut paramétrer pour modifier encore
ces sons.
. guitare synthétiseur : achetée dans les années 80, dont les sons peuvent Être utilisés tel
quels ou être transformés radicalement. On peut aussi fragmenter les lignes mélodiques,
convertir le son en chose rythmique
Pour créer des ambiances sonores, le compositeur enregistre des voix ou des sons dans leur
environnement et les modifie ensuite avec différentes techniques.
. la voix : on crée une ambiance de plusieurs voix en les copiant et en les collant, les
inversant.
. les sons : enregistrement dans un lieu quelconque (ici la balustrade d’un palais ancien à
Rome), puis travail sur l’échantillonneur en le transformant (affiner) et le superposant À
d’autres.
. Il existe aujourd’hui des logiciels appelés modificateurs ou changeurs de voix qui permettent
de modifier la voix automatiquement en ajoutant divers effets. (https://voicechanger.io/)
Il est possible de modifier la hauteur, le débit, la tonalité ou le timbre de la voix, ajouter des
effets de reverb ou de chorus, etc…
Conclusion
LEs nouvelles technologies, et en particulier les instruments électroniques permettent de revisiter le
patrimoine littéraire et culturel, comme en témoigne cette réécriture de l’Odyssée d’Homère pour
lequel Tonj Acquaviva a crée différentes atmosphères musicales et sonores.
Le recours aux chants et aux intruments aussi bien traditionnels qu’électroniques plonge le public
dans un voyage musical À travers duquel il peut redécouvrir un texte plurimillénaire. Les différents
effets de modification de voix ou d’introduction de sons contemporains tels que des bruits de sirènes
facilitent la relecture par les jeunes et les moins jeunes, d’un mythe fondateur de la société
occidentale.
LE travail de création artistique mené para les deux artistes, mêlant écriture dramatique, chants et
arrangements musicaux, permet de revisiter un socle de valeurs parfois en péril et de redécouvrir un
patrimoine en commun qui fait parfois défaut dans un monde globalisé.
Contenu pédagogique :
⮚ Le roman-feuilleton à l'ère numérique
⮚ La bande-dessinée nativement numérique
⮚ Autobiographies numériques dans un monde globalisé
⮚ Narrations poétiques sur Instagram
D’abord destinés à la publication en volume, peu à peu ces textes sont écrits spécifiquement
pour la presse. Les histoires sont longues, et on utilise des cliffhangers pour remédier à
l’attente.
Peu à peu, les RF connaissent un succès retentissant, comme Les Mystères de Paris, d’Eugène
Sue, publié en 90 épisodes dans Le Journal des débats entre juin 1842 et octobre 1843, ou
encore Les Trois Mousquetaires, de Dumas. Balzac et Zola s’y mettent également.
Les éditeurs publient les RF comme des opérations publicitaires avec des équipes d’auteurs
pour les écrire rapidement. C’est l’entrée de la littérature dans la culture de masse.
LEs histoires fascinent les bourgeois mais aussi les classes populaires. Une dialectique se met
en place. Eugène Sue, par exemple, commence à prendre des positions sur des thèmes
politiques de l’époque. (les prisons, la misère etc) dépassant les positions du journal. On
entre dans une tendance déficionnalisante, le début du réalisme. La proximité entre les faits
divers et l’écriture fictionnelle crée un rapprochement. Un rythme nouveau à travers la
quotidienneté et d’un autre côté, une fictionnalisation des affaires politiques et des
reportages. (écrivains journalistiques). Le storytelling est le véritable héritier de cette
période. Des effets énormes sur l’histoire littéraire mais aussi sur l’histoire culturelle.
Son succès est lié au phénomène de micro littérature et de la publication sérielle en vogue
aujourd’hui.
Ces codes s’adaptent parfaitement au support numérique : liberté des formats, des choix, des
genres et conditions de lecture aléatoires, à partir d’un smartphone : dans les transports, ou
une file d’attente par exemple.
Aujourd'hui, les romans feuilletons de Jacques Jouet comptent plus de 2000 épisodes
et sept volumes publiés.
(On notera que l’éditeur déclare en septembre 2001 dans Libération qu’il considère
que le feuilleton n’est qu’un passage, une étape dans le processus de création qui
doit mener au livre papier.)
Cela permet la lecture nomade via smartphone de contenus courts, ce qui attire le
public jeune. Une campagne de communication est faite sur les réseaux sociaux et
youtube .
Après la parution de tous les épisodes, les lecteurs ont été avertis de la publication
prochaine du livre papier.
Cette approche “digital first” correspond donc ici à une stratégie visant à attirer le
public visé.
Elle est également co-autrice d’un roman hypertexte Conduit d’aération,et du roman
Le Logbook de la colonie (éditions publie.net), fruit d’une expérience de récit
dystopique collaboratif mené sur facebook, Les Nouvelles de la colonie.
Depuis 2016, elle déplace tout son travail de création sur les réseaux sociaux, sur
facebook et tiktok. Elle crée un profil de fiction pour commenter le quotidien et lui
créer une personnalité. Elle y a trouvé du goût, de la liberté, mais aussi un sentiment
de solitude.
En 2017, elle lance des projets de coécriture de récit polyphonique dans le but
d’initier des jeux de rôle où différents auteurs essaient de tisser un récit.
Elle entame alors le projet des “Nouvelles de la colonie” en lançant des posts
d’invitation. De nombreux profils de fiction se sont créés et ont commencé à
participer au projet pendant 8 mois, ainsi qu’un illustrateur. Les 4 co-auteurs ont
participé sans se rencontrer dans la vraie vie, mais uniquement via messenger.
contradiction : œuvre créée sur fb et grâce à facebook, mais l’histoire est une
dystopie qui préfigure ce que le futur Méta pourrait être et comment cela pourrait
nous happer et transformer nos vies dans le futur. (début d'expérience de cela
pendant la pandémie). Il y a une critique de la plateforme sur la plateforme. C’est un
vrai paradoxe. Les auteurs sont devenus en quelque sorte les esclaves créatifs de fb.
Mais tout cela est peut-être vain : on critique la plateforme, mais on reste connectés.
On ne prend pas la décision d’insurrection finale, en se déconnectant. Il y a toujours
ambiguïté.
20023 - 2004 : les portails Daum et Naver lancent leurs propres services de BD en
ligne.(Daum webtoon, Naver webtoon). Site gratuit disponible pour les auteurs optimisé pour
la création de webtoons. Moyen de diffusion et de lecture privilégié.
possibilité de lire n’importe où et n’importe quand. exportation de l’idée dans toute l’Asie,
puis les EUA et l’Europe.
différence bd / webtoon : mise en page / mise en écran. limitée en largeur à 690 px. 1 à 2
images maximum à la fois. Taille en longueur infinie.
b. caractéristiques :
> rôle des gouttières : utilisation succincte dans la bd classique, mais rôle plus
important dans le webtoon : changer d’espace de récit, sa temporalité, du rythme de
lecture, grace à une variation de la taille de ces gouttieres, mais aussi : le
changement de couleur change la signification (fond noir pour flashback etc..). Enfin,
les gouttières peuvent comporter des éléments intra-diégétiques nous permettant
une immersion plus grande dans les scènes. Elle participe entièrement de la
narration, équilibre le rythme entre texte et images, entre action et pause.
Après le succès de Misaeng (Yoo Tae Ho) en 2012, d’abord webtoon, puis Manhwa, puis série
drama en 2014, le nombre de drama adaptés de webtoons a fortement augmenté. LEs
webtoons sont beaucoup plus populaires que les séries tv. D’où l’importance de la
participation des auteurs à la production (pour ne pas décevoir les fans et habitués du
webtoon).
De plus, les auteurs créent aussi des produits dérivés. (figurines, stickers etc…)
Le passage au format papier est bien plus rare en Corée (5%) qu’en France. Webtoon factory
est l’une de ses maisons qui propose des levées de fonds pour proposer des collectors.
Michel Lafont a également annoncé sa propre collection. (Sikku).
d. quelques exemples
- Love Story, Kang full. 2003. dessins minimalistes et cases très rapprochées, histoire
d’amour entre deux collègues de travail.
- Tower of God, SIU, 2010. très grand succès international. histoire fantastique-action,
raconte l'ascension de Bahm dans une tour gigantesque en poursuivant Rachel. plus
de 500 épisodes en 3 saisons.Grosse évolution entre les épisodes conçus à des
années d’intervalle.
- Traditions d’Olympus, Rachel Smythe, 2018. webtoon n1 aux EUA, adaptation du
mythe de Perséphone et Hadès. Dénote par son style graphique différent. Les
auteurs au trait atypique peuvent donc aussi se mettre au webtoon.
- webtoons français : My lovely bodyguard, Daisy, 2010 lancé en 2019 sur Naver
webtoon France, romance/thriller où Sarah franco-coréenne sauve un artiste de
kpop. dessin fin reprenant le style coréen, et The Quest, Eyrra_art, 2022., comédie,
une jeune aventurière s’aperçoit que sa condition n’est pas si géniale.
2. Entretien avec Emilie Coudrat (éditrice chez webtoon France)
Naver veut développer l’application Webtoon France depuis 2019.
Objectifs :
Catalogues : 300 titres dont 50 français. genres : romances drama, fantaisie, contemporaines,
action/aventure, comédies (françaises très bonnes), thriller,
Choix des titres : recherche d’abord la Corée pour la fantaisie et moyen-âge, l’heroic fantasy.
Aux États-Unis, on peut trouver un catalogue plutôt LGBT friendly et enfin en France, on
trouve de la romance réaliste, du boys love aussi. Pour le public un peu plus âgé, on cherche
de la mature romance, plus profonde, et de la comédie.
Comment proposer un projet? Envoyer les 3 premiers épisodes de la série, ce qui plante le
décor des personnages, de la trame globale, des enjeux principaux. On signe alors la 1ere
saison si ça fonctionne. (On=comité éditorial regroupant français et coréens)
travail d’écriture : partagé, accompagné pour le storyboard, au début pour ensuite laisser
une liberté au créateur.
modèle économique : modèle freenium. l’objectif est de donner une plus grande
accessibilité au contenu. Accès libre à des épisodes gratuits si on est prêt à attendre la sortie.
Mais on peut payer si on ne veut pas attendre. / encarts publicitaires partagés avec l’auteur /
développement de dérivés comme des livres, des séries netflix, jeux vidéos etc… Webtoon
prend ce rôle de mise en relation avec les éditeurs pour les créateurs.
3. Entretien avec Kiri, autrice de webtoon
. PArcours
Autrice de “mon le plus sincère” sur webtoon France. A toujours fait de la BD, du manga.
Entre gros projets et petites scènes. A commencé à utiliser les réseaux sociaux pour les
montrer. Elle découvre le format webtoon en 2020, puis participe à un concours. Au lieu
d’envoyer ces BD courtes aux maisons d’édition, elle prépare quelques planches pour 3
épisodes en modifiant un peu le format. Elle lit quelques webtoons et se lance.
L’objectif était avant tout de se faire éditer. Elle ne remporte pas le concours mais des primes
de participation et tombe amoureuse du format et de la plateforme. Quelques mois après,
elle s’inscrit au programme canvas plus, de webtoon France, pour sélectionner des créateurs.
Elle est remarquée et elle envoie un mail aux éditeurs webtoon. LE dossier est accepté, le
scénario est retouché, le genre est choisi (comédie).
. processus de création
influences Winx club, traits fins et simples adaptés à la comédie. Influencée par Maliki. Elle se
lance avec ces abcès pour créer un épisode de 60 cases par semaine. Elle change alors son
style pour gagner du temps mais avec de l’efficacité. Il y a une baisse en termes de
graphisme, mais a stabilisé son style en alliant esthétique et efficacité.
. avantages du format
> proximité avec les lecteurs (positive ou négative) via rendez-vous hebdomadaire : retour
immédiat et direct sur l’épisode posté. Cela apporte beaucoup au créateur, pour trouver les
faiblesses, par exemple. On peut ainsi orienter le prochain épisode. il y a une véritable
attache communautaire.
> le format où la lecture se fait par le scroll. On peut donc jouer sur la temporalité. facilité
pour créer du suspense, jouer sur le rythme dans les blagues et de la narration. La lecture
verticale est importante. On peut aussi animer certaines cases. (immersif, ludique) ou ajouter
de la musique.
> processus d’écriture : à partir du scénario, le lundi, l’autrice crée le storyboard, avec un
brouillon fait en 2h à peu près. Le mardi, elle fait l’ancrage où on fait les contours au propre,
ce qui dure un jour ou deux, avec l’aide éventuelle d’assistants. Le MErcredi, on passe à la
coloration (colo), aplats de couleur sur les personnages, ombre et lumiÈre. Le lendemain, elle
passe aux ambiances et décors. Après avoir terminé le samedi, elle s’occupe des finitions et
des textes, des dialogues.
Enfin, envoi aux équipes de correction et à l’éditeur qui peut avoir des demandes comme
“pas assez de drama” etc.. avec qui l’autrice entretient des relations franches et proches.
(unique référent chez webtoon)
Nos ressentis par rapport aux langues sont liées à la façon dont on les a apprises, qui nous les
a transmises, comment. C’est le mouvement du vivant.
> intérets :
Ce genre de représentation permet de rendre compte des langues apprises dans les
différents contextes et situations de la vie. C’est un atout pour la réussite étudiante et une
maniÈre d’avoir une une plus large ouverture d’esprit sur le monde.
> importance :
Pour des étudiants en FLE par exemple, la prise de conscience des ressources langagières, des
relations qu’on a avec les langues permet de considérer leurs apprenants avec plus
d’empathie et de bienveillance. Les expériences langagières des apprenants quant à eux
peuvent être utilisées comme des ressources linguistiques, culturelles qui dynamisent
l’apprentissage.
> référence :
Tout cela fait référence aux travaux de Brigitta Busch, enseignante et chercheuse à Vienne qui
a proposé un travail visant à identifier les langues en présence pour valoriser leurs
connaissances sur le marché linguistique et culturel ceci pour tout type de locuteur.
En 2013, Il a réalisé en compagnie d’autres chercheurs (de Turin et Cagliari) un webdoc sur la
Tunisie où ils sont allés sur le terrain accompagnés par une équipe de l’image et du son qui
l’ont monté.
L’objectif était de recevoir le récit de gens sur leur expérience liée à la pratique de l’espace
public après une situation de révolution (2011).
Dans notre exemple, il y a trois grandes parties divisées en zones géographiques de Tunis.
Il y a un dialogue entre l’experience des gens interviewés dans leur liberté retrouvée et le
format “libre” du format webdoc, en arborescence.
Il n’y a pas en apparence un discours préétabli par les chercheurs, ils ont laissé aux gens la
possibilité de s’exprimer, avec des points de vue différents, qui plus est. Leur expérience de la
Révolution du Jasmin se reflete au coeur de narrations à consulter de manière interactive.
http://webdoc.unica.it/tunisi/fr/index.html#Home
> observation spontanée et subjective des expaces publics du centre de Tunis, selon les
sensibilités de chacun
> objectif non seulement de mettre ensemble des videos, des textes, des photos et une
solution technique de publication en ligne mais aussi de mçelanger les différentes formes de
narration pour que les mots influent sur les images et vice et versa.
“le rôle du chercheur n’est pas neutrem on ne peut pas raconter quelque chose sans se
questionner nous mêmes sur ce que sont les émotions des gens et sur nos propres émotions
en tant que chercheurs.”
On se pose des questions sur ce qu’on l on appelait la distance du chercheur para rapport à
son objet d’études. Ceci a dorénavant changé.
On est bel et bien témoinau niveau méthodologique d’un affective turn : un tournant affectif
dans l’analyse des narrations numériques par des chercheurs qui tiennent compte des
relations complexes entre les sphères émotionnelle, politique et géographique, dans une
dimension participative des recherches.
Après la première experience à Tunis et une reflexion sur la question des émotions, les
chercheurs décident de travailler avec de 23 jeunes collégiens. Leur regard peut-il se
substituer au regard du chercheur?
Des questions sont posées sur le déplacement des artisans de la casbah vers l’exterieur, et les
processus de gentrification en cours dans le centre historique de la ville.
LEs jeunes collégiens ont travaillé sur un projet de récit géo-photographique, par étapes :
- un récit des jeunes écoutés tels que des individus sur la vie dans leur quartier
- reportage photo de la part des participants, puis séance de restitution
- transformation des recits individuels en récit collectif
- présentation du résultat en colloque
Les points de réflexion sont amplifiés et valorisés grace à la spontaneité des regards et au
dépassement des clichés, à travers une vision poétique.
Fondements :
- children / youth geographies consistent à admettre que les enfants et ados ont une
perception de l’espacee différente de celle des adultes.
- Recours au langage de l’image et aux méthodologies basées sur l’échange et la
participation, communication à partir des propres codes et experiences des
intervenants, leurs propres corps et imaginaires.
- approche du “recit photographique” : production d’un récit personnel, d’abord
textuel puis traduit en image, focalisé sur les espaces quotidiens mais pouvant
transmettre un point de vue émotionnel.
Alvéole 4 – Narrations poétiques sur Instagram, rencontre avec Cloé Brami
Découverte des narrations poétiques de Cloé Brami (oncologue, enseignante et artiste) à travers sa
page Instagram.
Entretien pour approfondir l’origine et les motivations de cette pratique artistique de partage via
plateforme numérique
Comme le dit sa page instagram en juin 2022 : “Artiste multidisciplinaire au contact du vivant
exerçant l’art et la science de la médecine. #moodforcare”
La résonance chez les autres a entraîné la création progressive d’une communauté qui donne
l’élan pour la suite des publications.
La créativité est souvent limitée à certains espaces : comment faire pour lui permettre de
sortir? Il y a un grand besoin de respecter les espaces créatifs et de les faire vivre en les
partageant.
La page instagram de Cloé Brami nous montre ses moments de vie, ses découvertes, ses lectures
dans une forme poétique, intime, narrative.
L’écriture entre images et paroles est une sorte d’auto-exploration, un acte de courage.
L’écriture de soi, comme le dit Michel Foucault est un exercice de vérité à travers lequel le sujet se
construit, se sculpte par l’émergence du sens.
Ici, il est de la vérité de l’intime sur une plateforme tout public, et donc un espace de liberté. Il y a
une forme d’engagement, sur les chemins abrupts de sa dimension intime.
Ses activités d’enseignement sont abordées avec plus de liberté que dans les espaces académiques.
La page de Cloé est donc un espace de créativité aux supports les plus variés, un espace dynamique
tissé progressivement grâce au dialogue avec la communauté d’internautes.
une écriture de l’intime ouverte au monde, pour prendre soin de soi, des autres et des écosystèmes
vivants. Un espace de reconnexion à soi et aux autres, une opportunité de transformation. Une
mutation à opérer dans l’aller retour entre sphère collective et individuelle.
Un changement intérieur qui se fait collectif à une époque marquée par l’impact de l’humain sur la
planète et la biodiversité.
L’autrice nous montre qu’il est possible d’établir une relation régénérative avec le monde si on
reconnaît notre vulnérabilité et notre force, dans un couplage constant avec l’ici et le maintenant,
avec tout ce qui soutient la vie.
Contenu pédagogique :
⮚ La littérature hors du livre : entretien avec Alexandre Gefen sur la littérature et le
numérique
⮚ S’autopublier : un geste de résistance ?
⮚ Présentation du projet pédagogique « booktrailers », de l’écrit à l’image, où les étudiants
sont invités À créer collectivement des narrations sous forme de vidéos à partir de textes
écrits
⮚ Partage de pratiques scientifiques sur le web : entretien avec Clément Barniaudy sur les
carnets « hypothèses »
Entretien d’Alexandre Gefen, historien des idées et de la littérature, par Angela Biancafiore.
Gefen est aussi directeur de recherches à l’équipe Thalim-CNRS, Paris 3. Il a également fondé le
site fabula.org en 1999 et s’est intéressé très tôt aux humanités numériques (web scientifique,
édition, philologie numérique) et a publié différents ouvrages sur le sujet.
L’interview est d’abord fondée sur l’essai de Gefen « L’idée de littérature : de l’art pour l’art aux
écritures d’intervention », Corti, 2021.
. L’univers du numérique accentue la nature relationnelle du texte littéraire. Ex : sur wattpad,
le lecteur interpelle directement l’auteur. Le domaine de la littérature n’est plus un espace
séparé. Il n’y a plus de rupture entre le langage littéraire et le langage ordinaire, plus de
rupture sociale entre l’auteur et le lecteur.
. Aujourd’hui, on peut parler de littérature hors du livre. (Voir Rosenthal et Ruffel, texte paru
dans littérature 2010/4 n.160
https://www.cairn.info/revue-litterature-2010-4-page-3.htm?contenu=article).
. Nous assistons aussi à une forme de démocratisation de l’écriture, en particulier sur les
réseaux textuels, comme facebook ou twitter.
Tout le monde peut écrire, partager ses expériences, reflexions sur ses émotions, un voyage,
une citation, etc...
Des auteurs très jeunes mettent en scène dans leurs romans sur wattpad leurs relations aux
parents, leur vision de la religion, de l’école et autres questions identitaires.
. « Il y a du romanesque dans les réseaux sociaux... Il y a une émotion romanesque qui est
celle du parcours de vie, de l’accident, de la rencontre... »
. La litt num a certainement facilité l’éclosion de ces écritures liées à notre époque
contemporaine, et l’a démocratisée. Ex : les prix littéraires sur Wattpad.
(https://www.wattpad.com/wattys/)
.
2. Comment la litt num peut-elle contribuer à la construction des émotions
collectives ?
. L’écriture des jeunes publiant des journaux sur wattpad ouvre la voix – en quelque sorte – À
la construction de soi et à la mise en discussion de repères partagés.
Les grands modèles culturels communs nourrissent l’écriture de fanfiction, ce qui contribue À
la construction d’histoires personnelles.
- Un tournant émotionnel : les chercheurs sont de plus en plus intéressés au rôle des
émotions et À leur interaction avec la sphère cognitive, notamment dans la
communication et les apprentissages
François Bon a écrit dans Tiers Livre “Si on veut que la littérature vive, c’est À nous de la
prendre en charge”, mettant en avant la responsabilité de l’écrivain. Y a-t-il une nouvelle
forme d’engagement littéraire? Au sens de JP Sartre, la lecture engagée, selon FB serait
stérile. Mais les dimensions sociale, littéraire et politique ne sont plus aussi indissociables
comme elles l’étaient et la capacité du texte littéraire À agir sur la réalité est aujourd’hui
fortement remise en question.
Mais l’écrivain a aujourd’hui une responsabilité nouvelle : re-légitimer la place du littéraire
dans le monde et défendre une littérature qui “se crie dans les ronds-points et se vit avec la
voix et le corps” (FB, Tiers Livre). Une littérature performée, exposée, hors-livre.
François Bon, avec ses vidéos youtube (littératube, selon Gilles Bonnet), sur un support de
grande diffusion, montre cet engagement de recréer l’espace où écrire, à echapper en tant
qu’écranvain au confinement de la littérature dans le livre, les bibliothèques, librairies et facs,
bref, ses lieux et supports dédiés. “refonder la nécessité de l’écriture en dehors du strict
cercle littéraire”, disait-il en 1998. Selon lui, “balancer sur youtube”, lieu de démocratisation
et de production culturelle, épicentre de la culture participative, c’est “retrouver l’instance
décisive qu’est, étymologiquement, le geste de la publication” (FB, Tiers livre). Cet
engagement va de paire avec son aspect collectif permis par la diffusion et le partage. C’est
un engagement qui qui est sorti des systèmes idéologiques et dogmatiques, qui ne milite
pour aucune cause, mais qui veut porter les images et les mots “dans la lumière publique”
(Gilles Bonnet, “FBon : porter les mots dans la lumière publique”, PUR).
C’est cet aspect pluriel de la publication que se situe le caractère profondément politique de
l’engagement littéraire et l’un des concepts clefs du contemporain. Il y a un changement
d’imaginaire : De l’imaginaire fondé sur l’objet-support (le livre), on va vers un imaginaire
centré sur une action et une pratique (la publication). “Il existe aujourd’hui autant de
littératures que de possibilités de publication” écrit Lionel Ruffel. (Brouhaha, le monde du
contemporain, Verdier, 2016).
> publier retroune à son sens originel : rendre public, de l’expression privée destinée à des
correspondants précis à l’expression pour des publics de plus en plus divers. La publication
non limitée aux livres, les publics non limités aux lecteurs, et une multitude de possibilités :
livres, performances, lectures, salons, groupes, espaces numériques divers. (Lionel Ruffel)
Le blog et les réseaux sociaux permettent une publication immédiate et sans filtre. Chacun
est son propre éditeur, il n’y a plus d’intermédiaire entre écrivain et lecteur.
“L’espace littéraire se coupe en deux, avec un off de plus en plus vaste et de plus en plus
dynamique, tout cela dans la plus grande indifférence des penseurs officiels et des
institutions.”(p.85)
conséquences : il y a tout un pan de la littérature contemporaine qui échappe complètement
au monde de l’édition et de la critique. Mais c’est d’autre part, dans ce off que les auteurs
s’affranchissent pour la première fois À un système qui était et est hautement hermétique et
traditionnel.
"Nulle volonté d’éviction – les titres Tiers Livre Éditeur seront aussi accessibles depuis
librairies hors mon propre site d’ici quelques semaines ou quelques mois –, mais justement :
juxtaposition et superposition des outils. La petite édition indépendante vit désormais de ses
ventes en ligne directe, sans préjudice de la présence librairie. D’ici quelques semaines ou
une poignée de mois, ma propre collection Tiers Livre Éditeur sera accessible, commande ou
mini-stocks, pour les libraires, mais ce n’est pas non plus une priorité : j’ai assez d’autres
ouvrages pour les nourrir, et je considère cette collection comme une respiration propre au
site. Comme une boutique de musée, ou la cave d’un viticulteur producteur. Un remodelage
en profondeur va s’effectuer dans les mois à venir, à mesure que s’étoffe le passage au Print
On Demand de l’édition traditionnelle, comme Maurepas pour le groupe Hachette : les
libraires pourront d’autant mieux constituer un stock qui leur ressemble, au lieu des offices à
la benne comme ce qui se prépare à nouveau pour la rentrée dite littéraire."
Entre septembre 2019 et février 2020, le département d’études italiennes de l’Université Paul Valéry
et le lycée de Lunel ont collaboré sur un projet pédagogique innovant, le vidéo-racconto : création de
book-trailers.
Les vidéos illustrent des récits littéraires d’Andrea Bajani, Laila Wadia et Christiana de Caldas Brito.
Tout ceci sous la responsabilité d’Angela Biancofiore, Raffaella Fiorini, de l’UPVM3, et Muriel Berbié,
professeur d’italien au lycée Louis Feuillade de Lunel.
> le book trailer est un outil pédagogique innovant qui encourage les élèves à lire des œuvres
littéraires et à les interpréter à travers la création de vidéos courtes selon le format court de bandes
annonces de films.
> objectifs :
1. proposition d’un corpus de récits par les profs. Ici, des auteurs italiens contemporains. Le
texte est ensuite choisi par les étudiants qui forment des groupes de travail pour créer des
storyboards.
2. analyse et compréhension des textes : travail sur l’histoire, les auteurs, la narration, les
personnages, les thèmes abordés, le message global du récit, leur résonance émotionnelle
3. création collective d’un story-board : formation de groupes de travail, définition des rôles,
accueil des points de vue
4. recherche sur le web de ressources : logiciels de montage, outils de création de storyboard,
traitement de l’image, musique, textes, images…
5. intervention de Ahmad Joumblat, réalisateur, studio numérique à Paul Valery
6. Création collective de la vidéo au second semestre, sous 3 formats possibles :
a. format didactique (l’élève se filme pour présenter l’auteur et le texte)
b. format théâtral (peuvent interpréter des personnages et intervenir)
c. format trailer cinématographique (présentation de l’oeuvre sans se filmer)
Le 25 fevrier 2020, les étudiants et les élèves ont pu se rencontrer lors d’une journée de présentation
des books trailers à l’université Paul Valery.
Moment important de valorisation des productions, de convivialité favorisant les échanges en dehors
des cours et une opportunité pour les lycéens de découvrir la fac.
Ainsi, le dispositif book trailers a permis l’exploration d’outils numériques dans le cadre d’une
éducation experientielle, cad, fondée sur l’experience individuelle et collective. De plus, le projet a
permis aux participants d’incarner des personnages des récits dans les vidéos, de choisir les
personnages, des costumes, des décors.
à travers lui, les participants se sont en quelque sorte approprié les récits littéraires des auteurs.
https://hypotheses.org/
> entretien avec Clément Barniaudy sur le carnet de recherche TEPCARE
Clément Barniaudy est maître de conférence en géographie à la fac de Montpellier et
responsable du site TEPCARE. Il nous raconte l’histoire du carnet de recherche Hypothèses
qu’il a fondé, les circonstances de la création de ce site de veille scientifique, et les avantages
qu’il offre aux chercheurs et internautes.
Basé à Marseille et créé après un colloque sur le care en 2018, le site Hypothèse est très
facile à gérer. Entre le blog et le site internet spécialisé, il présente l’avantage de donner une
visibilité aux intentions qui animent les chercheurs travaillant autour des théories et
pratiques du care, sur l’idée du “prendre soin” : de nous-mêmes, des autres, des institutions,
du vivant.
Le carnet de recherche en ligne s’est développé à partir de 2019. Les chercheurs ont publié
des vidéos, des colloques et des séminaires, des tables rondes, des articles, des
bibliographies et des ressources électroniques. Clément Barniaudy a créé une rubrique de
“veille scientifique” permettant aux utilisateurs de suivre les publications et évènements
scientifiques autour des éthiques du care. La démarche s’inscrit dans l’idée de la “recherche
engagée”, pour une transformation du monde à partir des transformations intérieures.
En plus d’incarner un concept de science ouverte, cela a permis de fédérer une communauté
de chercheurs, enseignants, formateurs et étudiants autour des thèmes abordés : LEs
personnes intéressées s’adressent au mail de contact pour demander leur inscription sur la
liste de diffusion du GIS TEPCARE. (Groupement d’Intérêt Scientifique). Cela favorise la
formation d’un groupe pluridisciplinaire intéressé par le même thème. PArmi les domaines
disciplinaires des membres du GIS, il y a : la littérature, la géographie, la psychologie,
l’écologie, la biologie, la physique, les sciences de l’éducation, la médecine, la philosophie, les
sciences naturelles…etc
> la revue Web notos
Dans le carnet de recherche, il y a une rubrique qui renvoie à la revue web à comité de
lecture NOTOS. Espaces de création : arts, écritures, utopies qui publie plusieurs articles et
textes sur les thèmatiques liées au TEPCARE.
https://notos.numerev.com/
Cette revue en ligne à comité de lecture a été fondée en 2011 par un groupe d’enseignants
chercheurs de l’équipe LLACS-ReSO de l’univ Paul Valery. Au fil des ans, de nombreux
chercheurs, écrivains, étudiants, artistes ont publié dans la revue et ainsi construit une
communauté vivante et dynamique autour de l’interculturalité, de l’écologie et du care.
À partir de janvier 2020, la revue NOTOS est hébergée par la plateforme NUMEREV,
incubateur de revues de la maison des Sciences de l’Homme de Montpellier.
> diffusion d’évènements scientifiques en livestream et replay accessibles à tous publics
À travers le site TEPCARE, le public des internautes et des étudiants a un accès gratuit aux
séminaires, colloques et conférences en livestream ou en replay.
La pandémie a accéléré le recours au livestream sur youtube, ce qui a permis a un public très
vaste et diversifié d’accéder en direct ou en différé aux évènements scientifiques. Le groupe
de chercheurs du TEPCARE a créé sa propre chaine youtube pour une diffusion d’évènements
en plusieurs langues et un dialogue avec le public grace au chat. La démarche s’inscrit dans le
cadre de la Science ouverte, c’est à dire la mise à disposition au grand public des résultats des
activité de recherche et favoriser l’émergence d’une intelligence collective grace à l’essor
des littératies numériques.
> PODCAST2 : exemple de Marcello, étudiant à Paul Va (licence d’italien) qui a crée sa chaine
youtube pour diffuser ses créations musicales et tutoriels lui permettant de partager ses
connaissances techniques.
Il a appris tout seul à travers des chaines youtube consacrées à la musique électronique.
Pour produire ses tutoriels, il utilise OBS Studio pour enregistrer l’écran de l’ordinateur.
C’est aussi pendant le confinement qu’il a développé ses connaissances sur le web pour produire ses
compositions techno-rap.
ex de vidéoclip né de sa collaboration avec Maximiser.
Il recommande Ysos pour élargir ses connaissances en musique éléctronique.
Et Simon Servida pour avoir des conseils (en anglais) sur les techniques de production musicale avec
exemples et astuces.
et des plateformes pour mettre en vente ses créations musicales :
- distrokid.com
- fr.fiverr.com
- beatstars.com (recommandé par Marcello)
Reception de retours d’internautes sur Instagram.
Pour Marcello : expérience très enrichissante de diffusion de créations musicales sur le web > chemin
d’autoformation (grace aux vidéos consultées), puis à travers les échanges avec toute une
communauté passionnée par les productions musicales en techno-rap.
Diffusion des créations numériques > cultiver et partager une passion avec les internautes (souvent à
l’autre bout de la planète) > prendre des risques / avoir le courage de s’exposer / croire à ce que l’on
fait.
> PODCAST3 : rencontre avec Manon Sala, étudiante diplomée en sciences-po à Strasbourg. Elle a
crée une série de podcasts La Nouvelle Conscience pour rencontrer des personnes engagées sur le
terrain de l’écologie. (sur youtube et spotify)
. Elle a réalisé un entretien avec Pia Benguigui, présidente du Réseau étudiant pour une société
Ecologique et Solidaire. (RESES)
Son podcast est une sorte de laboratoire d’idées.
Possibilité de retrouver et de donner de l’espoir / créer une communauté / partager des valeurs :
- interdépendance
- la rencontre entre bien être individuel et collectif
- se mettre en mouvement vers un avenir d’union / coopération / solidarité
Outil puissant pour aller à la rencontre / discuter / partager des valeurs / des thèmes essentiels
. Autre épisode où elle expose les idées d’Edgar Morin pour mieux comprendre le monde actuel et
ses crises.
Le podcast est un outil positif de transmission permettant de toucher un vaste public.
C’est une utilisation vertueuse du numérique qui génère l’épanouissement de soi-même et des
autres.
> Contribue à canaliser les idées / les actions / les individus pour favoriser les rencontre dans la
réalité physique.
> PODCAST4 : Entretien avec Benoit Jourdheuil, doctorant en philosophie à l’Université Paul Valery et
auteur de 2 ouvrages parus sur ThebookEdition.
Benoit nous aide à comprendre les potentialités du numerique et notamment de la plateforme
youtube dans la diffusion de ses créations musicales et poétiques.
De plus, les médias sociaux lui permettent de communiquer avec le monde entier > possibilité de
surmonter l’isolement lié à son handicap.
Dans la sphère du numérique : il faut “assumer le personnage qu’on dégage”, “ne pas vouloir plaire”
“refusons de ressembler à tout le monde”.
Morceaux disponibles sur youtube : Limonben - coeur de mère / Limonben - Fleur d’Orient
> Entretien avec Sorenza (étudiante en 3ème année d’italien) sur son expérience des atliers
d’écriture dans le cadre de l’action ECONARRATIVE
“Ce cours est comme une bulle protectrice : quand on rentre dans la classe, on relâche toute la
pression”.
Les textes écrits par les étudiants sont beaucoup plus que de la littérature (Duccio Demetrio). Ce sont
des narrations > rôle fondamental dans le processus de création de sens sur le parcours
d’apprentissage ainsi que sur un plan personnel.
Ebook avec les textes des étudiants : Il Respiro della Terra - Laboratorio di econarrativa, Université
Paul VA.
Alvéole 3 – La traduction et les bases de données : une révolution numérique
PArtie 1 - Présentation du module UPVMultilingue de l’application MAP (Mon
Assistant de Poche) par Nathalie Auger
- Phase 1 : Raison d’être :
Aide à la compréhension de l’espace et de l’information à UPVM par les étudiants
internationaux
Apprentissage des langues étrangÈres et du français par tous les étudiants de l’UPVM (oral et
écrit)
Utile également pour les publics non-voyants ou sourds
Valeurs d’accueil / ouverture à l’altérité / au monde / à l’apprentissage
Image internationale de l’UPVM : 122 langues sur le campus en 2018 (Auger N.)
- Pour qui?
Aider les nouveaux entrants non francophones dans leurs orientations / accès à l’info en
utilisant une des 122 langues du campus. (langues étudiées à l’université / de l’université /
non enseignée sur le site)
Plus-value pour l’UPVM : un modèle co-construit avec les enseignants et les étudiants de
l’UVPM.
- banques de données
. IATE : base terminologique de l’Union Européenne. > termes spécialisés dans de nombreux
domaines et dans toutes les langues de l’UE.
. Site de l’UE : mise à disposition de glossaires et d’autres applications, développés par la DGT
à Bruxelles.
. Le grand dictionnaire terminologique et Termium plus : gérés par l’’Office québécois de la
langue française (OQLF). > grand nombre de fiches terminologiques avec définition,
contextes, variants régionaux, et recommandations sur la fiabilité du terme.
. France Terme : Géré par la Délégation Générale à la langue française et aux langues de
France : termes publiés au journal officiel.
à tester : reconnaissance et synthèse vocale / traduction vocale / logiciels de reconnaissance
optique de caractères (OCR) et de conversion / outils à mémoire de traduction, utilisés par les
professionnels de la traduction. (versions de test dispos)
adresses :
Banques de données terminologiques
- Traducteurs automatiques :
grosses avancées dans la traduction automatiques neuronale.
Deepl semble le meilleur outil actuel de ce type. > version gratuite et version payante.
Attention : problèmes de confidentialité avec les versions gratuites. (programmes gardent en
mémoire les textes) > prudence requise
adresses :
DeepL, [en ligne] https://www.deepl.com/translator
Google translator, [en ligne] https://translate.google.com/
Microsoft Bing, [en ligne] https://www.bing.com/translator
Promt.One Translator, [en ligne] https://www.online-translator.com/translation
Reverso, [en ligne] https://www.reverso.net/traduction-texte
et… ChatGPT !!
MAIS tous ces outils ne sont pas parfaits > ce sont des sortes de brouillons qu’il faut plus ou
moins retravailler.
Qualité du résultat qui varie en fonction :
- des combinaisons linguistiques
- de la syntaxe du texte source
Dans le cas de Deepl :
- résultat décevant quand syntaxe du texte source complexe.
- erreurs fréquentes si le texte présente des noms propres / acronymes / abréviations /
toponymes.
- impossibilité de traduire les jeux de mots : le double sens apporte souvent des faux
sens.
- accusation de sexisme : genre masculin privilégié
- problèmes avec les anaphores / mots isolés / sans contexte / termes spécialisés
- possibilité d’omissions ou des rajouts de texte (double traductions et différentes)
> toujours réviser le texte traduit (post-édition)
> à utiliser avec éthique et responsabilité (éviter les copier-coller), et attention aux problèmes
de plagiat.
> Pense-bête :
Alvéole 4 – La science citoyenne à l’ère d’internet
. La science ouverte suppose le partage libre des données > open data / données ouvertes.
VIDEO
Et qu’on puisse partager bien plus encore : Les sources :
Ce sont les codes permettant de faire fonctionner des logiciels avec lesquels nous agissons dans le
monde du numérique. > c’est le principe de l’open source. VIDEO
. Une initiative de la science ouverte : la Fête de la science > chaque automne partout en France
La recherche sort des murs des laboratoires et part à la rencontre de la population.
. Contraintes
Science ouverte ne veut pas dire sciences “en libre service”.
Les données sont communiquées de manière libre et ouverte > mais on ne peut pas se les approprier.
Attention au plagiat!
Contenu pédagogique :
● Définition et fonctionnement des données, bases de données, corpus et big data
● Du GPS au texte: présentation des principes méthodologiques et des usages des SIG avec
quelques exemples analysés
Le monde du numérique utilise un vocabulaire que nous croyons maîtriser mais qui en fait désigne
des réalités qui nous échappent
> futur
La masse de données double tous les deux ans. 80% des entreprises ne sont pas encore
structurées, seulement 6% sont exploitées.
En FRance : 83% des entreprises ne sont pas encore matures dans l’exploitation de leurs
données.
Les métiers dans le big data sont en pleine expansion.Les prévisions mettent les données au
coeur de notre avenir : photographes, vidéastes, développeurs, écrivains, artistes,
chercheurs, mathématiciens
L’utilisateur de tecnhiques liées à la DATA sera omniprésent dans de nombreux domaines.
Estimation : d’ici 20 ans, la majorité des humains auront les bases dans les technologies du
big data ou de l’intelligence artificielle (comme aujourd’hui pour internet).
voir www.dhaki.fr
4. Le web sémantique
web actuel : un ensemble de documents. Des pages web définies au langage html., affichées
par le navigateur web. Recherches à travers un moteur à partir d’un mot clé sur Godard
on entre sur la page wiki. beaucoup d’informations sur la recherche. films, dates, durée des
films etc.
Une autre page nous donne des informations sur un Godard terroriste. > même nom. Pas de
différence possible à partir du nom. Seulement par déduction.
problème :
informations recherchées par un humain, pas de centralisation des résultats, informations
peu structurées.
Pourrait-on faire une recherche automatique? Peut-on combiner des infos venant de
plusieurs sources? Combiner les entités qui réfèrent à la même chose? Oui, grace au web
sémantique.
Proposé par le W3C. (World Wide Web consortium). : objectif, gérer les données du web
html.
Exemples
Applications des SIG dans le domaine des littératies numériques : reconstituer la carte d’un
récit de voyage, la géographie poétique d’un auteur, reconstituer la carte d’une ville
ancienne, etc.
La géolocalisation du contenu d’un corpus.
> exemple 1 :
Biblissima permet, entre autres, de voir sur une carte les lieux représentés dans les
manuscrits médiévaux, puis de consulter dans le détail les enluminures, les
illustrations ou les dessins représentant un lieu donné et identifiés dans les
documents du corpus.
> Exemple 2 :
Pélagios, un réseau de chercheurs qui appliquent ces méthodes de SIG à leurs
recherches sur le Mexique du XVIe siècle, les cartes marines du Moyen-Âge et autres.
> Exemple 3 :
Théatres de société, projet du programme de recherche lié au fond national pour la
recherche suisse, et son site, catalogue des représentations qui ont été jouées en
société en France et en Suisse Romande entre 1700 et 1871. Vaste base de données
accouplée à des representations cartographiques élaborées via SIG
Étude le l’édition littéraire numérique et des outils à son service à partir d’un exemple, Le corpus
des lettres de Machiavel.
D’abord, quelques définitions :
> humanités numériques : croisement des méthodes mathématiques et informatiques avec les
sciences humaines et sociales, l’histoire, la littérature, la linguistique, la sociologie, les arts, la
philosophie, etc.
L’association de deux manières de faire, deux manières de voir les textes notamment.
Des manières traditionnelles aux méthodes mathématiques.
ex : les fréquences (la fréquence d’apparition d’un mot) / la représentation des mots avec des
histogrammes, etc.
> l’un des domaines des humanités numériques est : l’édition numérique :
- éditer un texte par le biais des outils numériques.
- comparer les différentes traductions d’un même texte
- etc
En ce qui nous concerne, nous allons nous pencher sur une nouvelle branche : l’analyse textuelle.
. L’outil Machiato
- le passage du physique au dématérialisé
Cela passe par la normalisation du texte. Ici, le format source était .doc, donc pas besoin
d’océrisation (reconnaissance des caractères) : le triage de chacun des mots du corpus :
> Déceler le nombre d’entrées dans le nombre de mots total : 700000 mots, 25000 entrées.
(dans une langue contemporaine, pas nécessaire, mots déjà existants dans les outils de
dictionnaire)
> mise par ordre alphabétique de ces mots : italien de Machiavel instable (50 différentes
occurences de Firenze, latinismes, erreurs orthographiques. travail fastidieux
> à partir de ces entrées, on crée des familles de mots
> il faut ensuite ajouter aux différents documents des métadonnées. (destinataire, date, lieu
de rédaction, etc
> à partir de là, on crée un index de familles compliant les infos.. ex : famille “avoir” : 230
graphes différents, 230 conjugaisons du verbes, 230 flexions du verbe, etc. > 15136
occurences
- Création d’index
permettant de classer les lettres, en fonction du nombre de mots / de la date de rédaction /
lieu de rédaction, etc.
Cela permettra de poser des questions du type : Machiavel écrit-il différemment quand il est
à Florence?
> et donner la possibilité aux personnes intéressées par ce corpus d’y accéder de manières
différentes.
ex : accéder uniquement aux lettres de légation
. La textométrie :
- approche quantitative : description rigoureuse des données textuelles,
discursive, sur la base, d’abord, des acquis quantitativistes de la statistique
textuelle (constitution d’index de fréquence de termes, calcul des
coocurrences et des corrélats au sein d’un corpus, analyse factorielle de
correspondances…).
- approche qualitative : création d’interfaces permettant de naviguer dans les
hyperdocuments, d’utiliser des moteurs de recherche adaptés aux besoins de
la fouille de données linguistiques et textuelles et, bien entendu, d’accéder à
des concordanciers permettant de situer dans l’archive le terme faisant
l’objet de la requête..
Logiciels de textométrie : Hyperbase, Lexico, Alceste, IRaMuTeQ, TXM ou
Voyant Tools
De plus en plus performants, il s’avèrent aussi désormais relativement aisés à
prendre en main, au moins dans un premier temps et à condition de bien en
maîtriser les objectifs opérationnels.
3. La lecture distale
dès les années 2000 (et sans, alors, revendiquer le secours de l’informatique), l’historien de la
littérature Franco MORETTI plaide pour développer une méthode dite de lecture à distance
qui viserait à appréhender l’intégralité du fonctionnement de la littérature mondiale (la
littérature-monde).
la quantification est saisie comme un moyen de relier les concepts de la théorie littéraire aux
textes eux-mêmes, tout comme la mesure de la longueur d’un objet repose sur des
opérations successives pour l’effectuer : cette opérationnalisation relie la notion de longueur
aux opérations qui permettent de la mesurer. MORETTI va en conséquence s’appuyer sur les
données numérisées ou nativement numériques, dans des bibliothèques en ligne de plus en
plus fournies et massives (Google Livres, Gallica, Europeana…) pour pratiquer la lecture à
distance.
Le principe de base consiste à montrer que l’analyse par les logiciels de traitement de
données textuelles ouvre à des observables nouveaux, ou, du moins, qui n’avaient pas été
identifiés précédemment.
Ex.1 : Ainsi, en se servant de l’analyse des réseaux, l’historien de la littérature dégage
des motifs d’action et d’intentionnalité chez les personnages shakespeariens
d’Hamlet, ce qui permet à MORETTI de mettre au jour l’importance d’Horatio,
personnage pourtant secondaire.
Ex.2 : mettre en avant une nouvelle lecture de Phèdre de Racine, à partir de la
mesure de l’espace textuel occupé par chaque personnage au sein de l’œuvre, à
partir du nombre de mots qui lui sont attribués.
Ainsi, Phèdre est locutrice de 29 % des mots qui y sont énoncés, Hyppolite en
prononce 21 %, Thésée 14 %, les gardes aucun.
Ces décomptes en soi ne signifient rien.
En revanche, dans le cadre de la théorie des réseaux auquel souscrit le chercheur, le jeu des
relations et leur orientation (à qui s’adresse-t-on ?) ouvrent à la compréhension de la place
occupée par un personnage au sein du réseau
(le « système personnage ») qu’il constitue avec les autres. Le chercheur propose la
figuration suivante dans laquelle le poids des relations est marquée par l’épaisseur relative
des traits :
Ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’un petit pacte avec le diable : nous savons
comment lire les textes, apprenons désormais comment ne plus les lire. La lecture distale,
c’est la distance – pour me répéter – comme condition de la connaissance ; elle nous
permet de focaliser sur des unités plus petites ou plus larges que le texte : dispositifs,
thèmes, figures ou bien genres et systèmes » (je traduis, LF)
> Conclusion
Au final, les analystes les plus avisés et les plus fins de la textométrie et de la lecture distale
vont dans le même sens et s’inscrivent dans une démarche visant à convaincre les plus
réticents, au sein des sciences humaines et sociales, à s’engager dans des approches
quantificatrices outillées, qui n’oublient pas la dimension qualitative. Cette prudence – ils en
sont conscients – est plutôt salutaire, pour éviter de se laisser aller aux travers caricaturaux
d’une fascination technophile ou pour l’apparente objectivité d’une mathématisation qui
n’explique rien, qui n’interprète pas, mais assène des résultats non dégrossis.
Chapitre 8
Conclusion
Vous avez achevé votre parcours de formation au sein de la brique Littératies numériques. Comme vous avez
pu le voir, les enjeux de la révolution numérique sont immenses, ils sont technologiques, sociétaux, mais
aussi culturels. La création littéraire a connu, surtout depuis l’avènement du Web 2.0, des bouleversements
d’une importance au moins égale à celle qu’avait connue l’Europe du XVe siècle avec l’invention de
l’imprimerie moderne.
Comme vous avez pu le voir, loin de détrôner l’écrit, le numérique en multiplie les usages. Les modes
herméneutiques traditionnels, successivité, linéarité sont bouleversés. Nous sommes entrés dans une ère
nouvelle – inquiétante pour certains, exaltante pour d’autres - celle de « la pluralisation de l’idée de
publication » analysée par Lionel Ruffel, de la culture du partage des textes et de leur fragmentation dans les
médiaux sociaux. Cette ère nouvelle est marquée par le surgissement radical du lecteur et de ses pouvoirs, ce
qui a conduit à une transformation tout aussi radicale de la figure de l’auteur. Une nouvelle auctorialité se
dessine, à la fois singulière et collective. L’auteur en régime numérique s’inscrit désormais dans une
dynamique communautaire et participative. Il peut avoir parfois le sentiment d’y perdre son identité. Aussi
importants que soient ces bouleversements, ils ne peuvent toutefois pas se penser indépendamment de
l’histoire littéraire des époques passées. Ce serait une grave erreur de croire que les pratiques littéraires et
artistiques en régime numérique puissent se construire sur une table-rase des expérimentations qui les ont
précédés, celles notamment des avant-gardes européennes.
Nous souhaitions vous donner des clefs pour lire, analyser et faire connaître autour de vous les pratiques de
ces écrivains, journalistes, artistes, critiques qui s’attachent, grâce au numérique, à redonner à la littérature et
aux arts, une puissance d’intervention dans notre société. Ceux-ci nous montrent que dans le paysage, très «
formaté », des industries médiatiques, des résistances sont possibles et la constitution d’« espaces de liberté
» souhaitable. Nous espérons que ce parcours vous aidera à développer à votre tour des compétences dans le
domaine des écritures numérique et d’y exercer votre créativité.
Au sein de notre univers numérique, nous avons parfois l’illusion que la technique apporte la solution ;
cependant, c’est plutôt la connaissance qui est essentielle, et particulièrement le processus de construction
du sens à partir de la masse d’information qui est à notre disposition.
Nous avons, en effet, la capacité d’explorer la nature de la connaissance et nos erreurs ; par conséquent, dans
l’écosystème actuel, nous pouvons nous inscrire en tant qu’humains dans une dimension plus vaste, au
niveau de l’espace et du temps, afin de toucher notre conscience civique de terriens qui peuvent vivre et
s’épanouir uniquement dans un rapport de convivialité avec tous les êtres sensibles (humains et non
humains). Nous pouvons ainsi toucher la dimension planétaire des relations que nous pouvons établir grâce
au web et aux littératies numériques.
En tant qu’enseignants et chercheurs, nous avons voulu explorer avec vous les dimensions nouvelles que le
numérique introduit constamment ; puisque le monde de la technique est en perpétuelle évolution, nous
avons besoin d’une connaissance capable de s’auto-réformer, de se réorganiser et s’adapter avec
discernement en fonction des incertitudes de notre temps.
Nous avons navigué avec vous dans cet océan d’incertitudes à travers des « archipels de certitudes », afin de
bâtir un chemin d’apprentissage où la connaissance intellectuelle n’est jamais séparée de l’affectivité (voir E.
Morin, Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur, Seuil, 1999).
En réalité, en grec ancien le terme cyber se réfère au « gouvernail »: le kubernetes est le maître de navigation,
le pilote. Pouvons-nous à présent utiliser notre expérience d’apprentissage en littératies numériques pour
mieux naviguer dans l’océan des informations et des nouvelles formes de création ?
Pouvons-nous utiliser notre chemin d’apprentissage pour nous épanouir ? s’épanouir ne veut pas dire
simplement « s’amuser », mais plutôt atteindre un bonheur authentique dérivant du fait que nous
contribuons positivement à notre cyber-monde, et que nous faisons partie d’une communauté apprenante.
Contre toute forme de néo-obscurantisme et d’enfermement culturel qui se répandent rapidement grâce à
internet , l’exploration des multiples dimensions des littératies numériques peut nous amener à mieux
comprendre notre diversité créatrice et sa richesse, afin de fonder nos productions et interactions dans le
web sur le dialogue, sur le respect de la dignité de chacun, sur la reconnaissance des différences (culturelles
et d’opinion) qui sont les éléments essentiels pour réaliser notre liberté.