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Philippe Rygiel
Dans
Revue d’histoire moderne & contemporaine
2011/5
(n° 58-4bis), pages 30 à 40
Article
Nous savons peu de choses cependant de ce que font les historiens, leur 2
activité en tant que métier étant peu et rarement étudiée. En revanche,
les textes,
souvent écrits à la première personne, de collègues évoquant
leur conception
de l’histoire et leur parcours abondent. En certains
d’entre eux, nous trouvons
enchâssés de petits récits de pratiques, dont
nous savons depuis longtemps qu’ils
entretiennent des rapports
complexes avec les manières de faire de leurs auteurs,
mais qui
[2]
cependant peuvent faire signe . Nous avons choisi d’en citer quatre,
rédigés par des historiens dont une partie de l’activité se déroula
simultanément
et qui sont ou furent nos contemporains (pour que leurs
pratiques nous soient
encore familières), mais assez anciens pour que
leurs auteurs ne soient plus
pris aujourd’hui dans les enjeux
d’institutions et d’écoles.
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Bernard Lepetit : modéliser et tester
DOCUMENT 1
Ceci est un historien
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« Par une mutation qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui n’est sans 14
doute pas achevée,
l’histoire a changé de position à l’égard du
document : elle se donne pour tâche première non
point de
l’interpréter, non point de déterminer s’il dit vrai et quelle est sa
valeur expressive,
mais de le travailler de l’intérieur et de l’élaborer ;
elle l’organise, le découpe, le distribue,
l’ordonne, le répartit en
niveaux, établit des séries, distingue ce qui est pertinent de ce qui
ne
l’est pas, repère des éléments, définit des unités, décrit des relations.
[L’histoire] est le
travail et la mise en œuvre d’une matérialité
documentaire (livres, textes, récits, registres,
actes, édifices,
institutions, règlements, techniques, objets, coutumes, etc.) qui
présente
toujours et partout dans toute société, des formes soit
spontanées, soit organisées de rémanences. Le document n’est pas
l’heureux instrument d’une histoire qui serait en elle-même
et de
plein droit mémoire ; l’histoire c’est une manière pour une société de
donner statut et
élaboration à une masse documentaire dont elle ne
[11]
se sépare pas » .
La seconde remarque est que cette définition n’a pas vocation à définir 15
un être ou une essence de l’histoire telle qu’elle est pratiquée
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aujourd’hui.
Construction, abstraction, elle laisse délibérément de côté
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un certain nombre
de propriétés de l’acte historien et plusieurs des
questions qui lui sont associées,
en particulier celles du sens, de la mise
en récit, mais aussi de la définition
même de ce qu’est le fait historique,
que nous avons commencé par écarter et
cela parce que sa visée est
d’abord stratégique. Il s’agit de réfléchir à ce que
changent, ou peuvent
changer, pour une profession particulière, les transformations
contemporaines de l’outillage des professions intellectuelles, et partant
à se doter des outils permettant de définir des conduites adaptées,
travail dont
on trouvera l’écho dans d’autres textes.
À
L’HISTORIEN FACE À L’EXTENSION ET AU
PARTAGE DES DONNÉES NUMÉRIQUES
Notes
Une première version de ce texte a nourri une conférence donnée lors de l’école
d’été du CNRS
« Histoire et méthodes quantitatives », tenue à Roscoff en
septembre 2009. Une version légèrement différente a paru en italien sous le
titre « L’inchiesta storica in epoca digitale », Memoria e Ricerca, 35, 2010,
p. 185-
197. Nous remercions les éditeurs de cette revue de nous avoir autorisé à
reproduire une version
remaniée de ce texte. Toutes les URL citées dans cet
article ont été consultées le 13 septembre 2011.
L’un des effets induits, et récents, de la diffusion des pratiques numériques est
un intérêt nouveau pour les pratiques des historiens au travail. En témoigne par
exemple une enquête en cours du
Trinity College d’Hartford : voir Writing
History in the Digital Age, http://writinghistory.trincoll.edu.
Antoine PROST, Douze leçons sur l’histoire, Paris, Seuil, 1996. PDF
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On verra sur ce thème « L’historien face à l’ordre informatique », Matériaux pour
l’histoire de
notre temps, 82, avril-juin 2006.
Pour une courte introduction en français aux dynamiques actuelles, voir Jean-
Daniel FEKETE,
« Visualiser l’information pour la comprendre vite et bien », in
Lisette CALDERAN, Bernard HIDOINE
et Jacques MILLET (éd.), L’usager
numérique, Paris, ADBS éditions, 2010, p. 161-194.
Il a été montré que la toile historique italienne fut d’abord, au cours de ses
premières années
d’existence, le réceptacle d’une multitude d’histoires
particulières produites par la réécriture de l’histoire nationale par de multiples
groupes idéologiquement défaits ou socialement dominés : Antonino
CRISCIONE, Serge NOIRET, Carlo SPAGNOLO, Stefano VITALI (éd.), La Storia
a (l) tempo di Internet :
indagine sui siti italiani di storia contemporanea (2001-2003),
Bologne, Pátron editore, 2004.
L’expression, en provenance probablement du Canada francophone, traduit la
digital literacy
en usage aujourd’hui au sein des organisations internationales.
Des travaux sont en cours en France, afin d’offrir aux acteurs de la recherche en
sciences
humaines et sociales l’accès à des répertoires structurés de données et
de documents issus de recherches
antérieures. Le principal opérateur est ici le
grand équipement Adonis du CNRS. Voir l’article de
Jean-Luc Pinol dans ce
dossier, p. 90-100.
Plan
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L’HISTORIEN, UN POLYGRAPHE HYPERTEXTUEL
Auteur
Philippe Rygiel
rygiel.philippe@wanadoo.fr
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