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Le Cimetière mérovingien

du Vieux Châtelaillon

Dans son projet d’embellissement urbain, la municipalité de Châtelaillon avait


aussi programmé la mise en valeur du cimetière mérovingien par un engazonnement du site,
laissant apparaître quelques couvercles de sarcophages, l’ensemble entouré d’un petit muret
servant aussi de retenue pour les parties surélevées.
Notre association est à nouveau intervenue avant travaux au printemps 2007, dans le but
d’une simple évaluation, comparativement à l’intervention effectuée l’année précédente sur la
berge opposée du Chemin des Hautes Terres.

Pour ce faire, six ouvertures de quelques mètres carrés ont été pratiquées entre
les sarcophages et à la périphérie intérieure du terrain.
Dans les deux premiers, du côté Est, cinq fonds de sarcophages ont été mis au jour avec des
squelettes fortement perturbés parfois réduits à quelques ossements, en alternance avec des
sépultures en caissons, six au total parfois vides de corps, à l’exception d’une inhumation en
pleine terre dont le squelette était parfaitement conservé comme le montre la photo ci-
dessous :

Sondage C – Partie Est du cimetière.

En poursuivant la recherche dans ces deux sondages, il est apparu que toutes ces inhumations
reposaient sur un fossé comblé, fossé en forme de U, orienté Nord-Sud, profond d’un bon
mètre et large d’un mètre cinquante à l’ouverture. Si aucun mobilier ne vient témoigner de sa
datation, il semblerait qu’il appartienne à un système de parcellaire gallo-romain (CF Rapport
de diagnostic archéologique – Colline de Port Punay - Stéphane Vacher )
Dans une troisième fenêtre (sondage B) deux fonds de cuves sont apparus ainsi qu’une
sépulture en coffre taillée dans le substrat calcaire, peu d’ossements résiduels, le sol dans cette
partie Est du cimetière semble avoir été très perturbé par des activités agricoles puisqu’il
aurait encore été cultivé au 20 ème siècle selon les témoignage des habitants du quartier.

On notera sur le bas de la photo suivante, le système de calage céphalique latéral taillé sur
le fond du coffre ainsi que le drain creusé tout autour qui aboutit à un trou pratiqué pour
l’écoulement de la décomposition .

Sondage B - Fonds de sarcophages.


Dans celui du haut : ossements de 2 squelettes dont 1 réduction.

Le quatrième sondage situé au nord du périmètre n’a pas été très parlant, quelques
ossements de deux inhumations en pleine terre, posés à même la roche calcaire et quelques
petites pierres de ci de là marquant la tombe.

Les deux derniers sondages se situaient au niveau des restes de deux murs formant
angle droit. Un sarcophage de pierre entier a été découvert dans la fenêtre E,
malheureusement le couvercle enfoncé en son milieu avait laissé pénétrer terre et pierres ainsi
que des petits rongeurs perturbant l’ordre intérieur de la sépulture. Débarrassé de cet
encombrement la tombe n’a livré que quelques épingles de suaire en bronze et le squelette
entier d’un personnage adulte.
Dans ce même contexte, une partie de la fondation du mur orienté Nord – Sud a été
retrouvée, jouxtant trois ossuaires creusés dans le sol. Côté intérieur de cette base de mur un
léger creusement est apparu , de forme plus ou moins carrée, couvert d’une mince couche de
terre noire contenant de nombreux tessons de céramique, laisse penser que l’endroit a peut-
être été récupéré au début de sa ruine pour y construire une cabane.
Sondage E : En bas à gauche la fondation du mur Est.
Le creusement (fond de cabane ? ) et derrière le tableau, un ossuaire.

Le sondage F à l’Ouest, parallèle à la clôture n’a laissé apparaître que les ravages faits
par la pelleteuse mécanique en 1975 lorsque la terre recouvrant les sépultures a été récupérée
pour être vendue. On peut penser qu’une quarantaine de sarcophages ont ainsi disparu dans la
partie décaissée en bordure de route.
La limite de cette récupération a été soigneusement nettoyée, et à proximité du mur Sud cinq
nouvelles tombes, caisson et pleine terre, ont été découvertes, presque toutes de jeunes
enfants.
La fondation du mur a été dégagée, elle est apparue faite de pierres plates toutes inclinées
dans un sens au plan du dessous et inclinées dans le sens inverse au plan du dessus (opus
spicatum conception utilisée par les romains et reprise au moyen âge) le tout reposant sur un
lit de chaux blanche à même le substrat calcaire.

Le mur Sud et sa fondation dégagée.


Au centre du cimetière, un assemblage de pierres avait laissé penser en 1975, lors de la
première fouille, qu’il pouvait s’agir d’un autel, ces pierres ont depuis disparu, mais un
sondage a été pratiqué. Pas de trace d’autel mais une nouvelle sépulture en coffre sous le
niveau des sarcophages. (photo ci-dessous)

Le mobilier récolté est maigre, rien de significatif du haut moyen âge, quelques
épingles de suaire et tessons de céramique,quelques clous en fer, et plus précisément à
proximité des deux murs il a été trouvé des fragments d’enduit mural, de mortier rose et de
tuiles à rebords. Cette intervention a permis la découverte de 26 nouvelles sépultures qui
viennent s’ajouter aux 71 inventoriées en 1975.

Michel Enet
Responsable de l’Intervention.

Ont participé à ce Chantier : Mmes M.Cl. Villotte, D. Vital, M.N. Levallois, N. Lecesne,
Cl.Friche, et Mrs Th.Rius, Th. Gaudin, G. Durand, Fl. Vassogne, P.Ph. Robert, H. Séjourné,
Cl. Billard, D. Briand, S. Morin, S. Rabeau.

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