Vous êtes sur la page 1sur 2

Conférence de M.

Christophe VIGERIE
Conservateur de l‟abri de La Madeleine de 1998 à 2003

Orangerie du Muséum
Le 27 novembre 2004 – 20h30

Un gisement du Paléolithique supérieur,


"La Madeleine".

À l„instar de nombreux autres sites archéologiques du Périgord Noir, le


gisement préhistorique de La Madeleine fut découvert en 1863 par
Édouard Lartet et Henry Christy. Ce n‟est ni le hasard ni la chance qui
poussa ces deux passionnés “d‟Antiquités” à prospecter le long de la
vézère
Il faut rappeler que jusqu‟au milieu du XIX siècle, l‟existence d‟hommes
préhistoriques était inconcevable pour les instances religieuses, comme
d‟ailleurs pour la plus grande partie de la communauté scientifique de
l‟époque. La plupart des gens considéraient que le monde avait été créé
4004 ans avant la naissance du Christ. Cette date avait été calculée par
un évêque irlandais sur la base de l‟ancien testament.
En 1859, la publication de “L‟Origine des Espèces” de Charles Darwin
va bouleverser cette vision du monde et de sa création. Du jour au
lendemain, tous ceux qui ne pouvaient croire dans la réalité du dogme
religieux trouvèrent dans ce livre une justification de leurs doutes. En
effet, Darwin y développait l‟argument selon lequel l‟environnement de
la terre avait changé au cours de sa longue évolution et, à chaque
génération, la sélection naturelle avait favorisé au sein des espèces les
individus les plus à même de s‟adapter aux transformations du milieu.
Les fossiles n‟étaient que les lointains ancêtres des formes actuelles de la
faune et de la flore. La théorie de l‟Évolution était née et elle
s‟appliquait à tous les êtres vivants, genre humain compris.

Mais où chercher les traces de nos lointains ancêtres


préhistoriques ?

Forts de ces informations, Édouard Lartet et Henry Christy


recherchèrent en France des lieux présentant des ressemblances
géologiques et environnementales avec la préférence des populations
archaïques. Très rapidement, ils optèrent pour les marches du Massif
Central et les méandres de la vallée de La vézère.
En effet, rappelez-vous les particularités de cette région.

Des vallées encaissées protégées des vents dominants par de hautes


falaises calcaires creusées d‟une multitude d‟abris-sous-roche et des
plateaux facilement accessibles. Sans oublier La Vézère et ces nombreux
affluents. De plus, Édouard Lartet connaissait l‟existence de silex taillés
régulièrement ramassés par des paysans de la vallée. Il n‟en fallait pas
plus pour convaincre les deux compères de profiter de la toute nouvelle
ligne de chemin de fer des Eyzies de Tayac pour commencer leur
prospection archéologique en Périgord Noir.
il ne leur fallut pas longtemps pour reconnaître dans la falaise de La
Madeleine et son environnement l‟archétype de l‟idéal “primitif”.
Un objet va particulièrement attirer l‟attention d‟Édouard Lartet. Il va
découvrir la gravure d‟un mammouth réalisée sur un fragment de
défense… de mammouth !
À l‟évidence, l‟artiste préhistorique avait été contemporain de cet
animal considéré par les tenants du Créationnisme comme antédiluvien.
Les Darwinistes tenaient la preuve éclatante de l‟ancienneté de
l‟Homme sur cette planète.
Devant l‟importance de ce gisement et au vue des objets qui y avaient
été découverts, les archéologues du début du XXe siècle décidèrent
d‟associer définitivement le nom de La Madeleine à la dernière culture
du Paléolithique supérieur.

Le site devenait éponyme du MAGDALENIEN.

Plus de cent ans ont passé depuis les premières fouilles. Nos
connaissances concernant l‟environnement et les activités préhistoriques
à La Madeleine ont considérablement progressé.
Les chasseurs magdaléniens avaient une nette préférence pour les
rennes dont ils tiraient l‟ensemble de leurs besoins matériels. Les peaux
pour la confection de vêtements et de tentes, les bois pour la fabrication
des pointes de sagaies et de propulseurs, les os pour la moelle et pour la
réalisation de petits objets, telles les aiguilles, les tendons pour les fils à
coudre…
De fait, leur choix de s‟installer à cet endroit de La Vézère se révèle
extrêmement stratégique lorsque l‟on sait que les troupeaux de ces
animaux empruntaient la vallée lors de leur migration saisonnière au
Printemps et en Automne.
En 1926, Denis Peyrony, créateur et premier directeur du Musée
National de Préhistoire des Eyzies, va découvrir une sépulture d'enfant
lors d‟une campagne de fouille dans une partie tout juste dégagée du
gisement de La Madeleine. L‟enfant avait été déposé dans une
dépression creusée dans la partie est de l'abri. La fosse était tapissée
d‟ocre rouge et la tête protégée par trois pierres.
Le corps, en position allongée sur le dos, était couvert de coquillages
percés et d'éléments de parures qui …

Christophe VIGERIE

Vous aimerez peut-être aussi