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Ya-t-il une « fabrique d’albâtre » et un atelier de tissage au

Ramesseum ?

Guy Lecuyot
UMR 8546 CNRS–ENS

Abstract
Research carried out over several years in the Ramesseum has allowed us to identify the function of some annexes of the temple. This is the case
notably in the southern part of the temenos where the team led by Chr. Leblanc has located the kitchens (for preparing offerings required for
daily worship), the school and the palace. While the north side is devoted to the storerooms where foodstuffs were stored as well as amphorae
for wine, oil, incense, etc., the south side is rather an area where the product were processed. The large space located in the southwest corner of
the temenos is currently under study. It includes a set of ten rooms and a large courtyard where fragments of worked stone, mainly of ‘alabaster’
(calcite), and tools (flint drills and polishers) were found. In this area workshops were devoted to activities such as the manufacturing of stone
vessels and perhaps also weaving – weavers are indeed represented in the tomb of Neferrenpet (TT 133). This contribution proposes a review of
current research on the remains located in the southwest corner and will focus primarily on recent findings in relation to the activities carried
out inside the temple.
Keywords
Ramesseum; workshop; tools; flint drills; alabaster (calcite)

Si la fonction de certaines annexes du temple de Ramsès II à Groupe STF


Thèbes-Ouest a été identifiée, comme au nord les celliers et
autres magasins pour le vin,1 l’huile et l’encens et, au sud, le Trois phases chronologiques sont attestées dans ce secteur:5
palais,2 les cuisines, l’école,3 l’ensemble STF qui prend place à une période antérieure à la construction du temple de Ramsès
l’angle sud-ouest du téménos et couvre une surface d’environ II qui correspond à une occupation funéraire entre la fin du
2500m2, est encore en cours d’investigations (Figure 1).4 Moyen Empire et le début du Nouvel Empire6 avec un chapelet
de tombes7 qui va du temple de Thoutmosis IV8 à celui de

figure 1: ramesseum,
vue vers le sud-ouest
du secteur stf à
partir du vestibule
(photo: y. rantier).

5
Il n’est pas toujours évident, dans les annexes, de faire la différence
1
Desroches Noblecourt, Moukhtar and Adam 1976. entre les vestiges des activités de l’époque de Ramsès II et celles des
2
Leblanc, Shaker, Zaki and Livio 2014. décennies suivantes et pendant la XXe dynastie. On sait, grâce au
3
Leblanc 2004. Papyrus des grèves, qu’à l’époque de Ramsès III le temple servait de
4
Ces travaux sont effectués dans le cadre de la Mission française de siège aux administrateurs de Thèbes-Ouest. Voir Leblanc 2011.
Thèbes-Ouest (MAFTO) dirigée par Chr. Leblanc en collaboration avec 6
C’est à partir de la XVIIIe dynastie que des chapelles de culte sont
le Centre d’étude et de documentation sur l’ancienne Égypte (CEDAE). implantées dans ce secteur, comme la chapelle de Ouadjmes (Lecuyot
Pour l’état des recherches, voir, dans le bulletin de l’Association pour and Loyrette 1996), puis les temples de Thoutmosis IV, Aménophis II
la sauvegarde du Ramesseum Memnonia, la rubrique ‘Nouvelles et et, sous Aménophis IV, la chapelle dite de la Reine blanche (voir Kalos,
activités’ pour les années 1991 à 1997 (vol. II à VIII), puis ‘Recherches Nelson and Leblanc 1996: 71, fig. 2).
7
et travaux’ pour les années 1998 à 2014 (vol. IX à XXV); pour le secteur Anthes 1943: 6–15.
8
STF, voir Lecuyot 2010. Voir Guidotti and Silvano 2002: 6, 20–1, fig. 3.

ICE XI (2017): 333–338 333


Guy Lecuyot

Thoutmosis III9 en passant par le Ramesseum10 et le temple


d’Aménophis II.11 La seconde est celle de l’époque ramesside
(XIXe et XXe dynasties) et la dernière, après l’abandon du
culte, correspond aux phases tardives.12

1 - Période pré-ramesside

Dans le quart nord-ouest de STF, sous les niveaux ramessides,


l’entrée d’une tombe-puits a été mise au jour. Le puits ouvre
sur un caveau orienté est-ouest avec son entrée à l’est. En
surface, l’ouverture rectangulaire du puits, encadrée par une
margelle faite de deux rangées de briques crues, se dissimulait
sous une couche d’éclats de calcaire. Une maçonnerie enduite
de mouna consolidait le haut de la cheminée. La sépulture a
été pillée dès l’Antiquité, réoccupée et brûlée. Au moment
de sa découverte le puits était rempli de déblais avec de gros
blocs de calcite et le caveau encombré de morceaux de pierre
provenant des parois. Sur le sol reposaient les restes de trois
cercueils en bois et une jarre en terre cuite.13 Dans le fond du
puits et dans le caveau ont été retrouvés les fragments d’une
trentaine d’oushebtis en terre crue (Figure 2).

2 - Époque ramesside

À l’époque ramesside, le groupe était accessible par l’angle sud-


ouest de la voie dallée qui contournait le temple dit de Touy et le
Ramesseum proprement dit.14 Au moment de son aménagement
la zone a été remblayée avec des éclats de taille provenant de
la construction des temples. Mêlés à ces déblais, on trouve des
fragments de vases : beer-jars, moules à pain, plaques de cuisson,
coupelles, coupes, vases décorés, etc. (Figure 3).

Construit en briques de terre crue, le groupe comprend


un vestibule avec, au milieu de son mur ouest, une porte figure 2: ramesseum, secteur stf. oushebti en terre
débouchant sur un corridor de même taille qui lui-même crue retrouvés dans la tombe-puits
donne accès, au nord et au sud, à dix salles réparties (photo: g. lecuyot).
symétriquement, cinq de chaque côté.15

Les salles et le vestibule étaient couverts de voûtes, des


orthostates protégeaient le bas des murs et leurs sols étaient
dallés en pierre. Le sol du corridor était recouvert de briques
de terre crue protégées par un enduit blanc.

Des montants et linteaux en grès décorés dans le creux


encadraient les portes à un seul vantail ouvrant vers l’intérieur
des salles. Sur les linteaux un disque solaire ailé surmontait
deux lignes d’hiéroglyphes mentionnant les noms de naissance
et de couronnement de Ramsès II ; sur les montants, une
inscription verticale reprenait ce protocole qui devait se
terminer par l’épithète « aimé de » avec le nom d’une divinité.

Une porte située à l’extrémité ouest du corridor ouvrait sur


une grande cour. Des murs, dont seules subsistaient les arases,

9
Seco Álvarez and Martínez Babón 2015
10
Loyrette and Nasr 1994; Nelson and Kalos 2000.
11
Sesana 2010: 74 ; Sesana and Consonni 2013.
12
Le téménos a d’abord été transformé en nécropole, puis il a servi de
carrière avant d’accueillir, dans la salle dite des barques, un lieu de
culte chrétien: voir Lecuyot 2000.
13
Jarre piriforme en pâte L III avec deux petites anses au niveau de
l’épaule, col cassé.
14
Cette voie desservait les différents groupes des annexes. Elle était
accessible au sud par la cour donnant sur la porte extérieure sud qui
s’ouvrait dans le mur périphérique des annexes et rejoignait au nord,
grâce à une rampe, l’esplanade située en avant et en contrebas du
figure 3: ramesseum, secteur stf. poteries mises au
petit temple dit de Touy. jour dans le nivellement de la cour
15
Lecuyot 2010: 113, pl. LVIII A. (photo: g. lecuyot).

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Ya-t-il une « fabrique d’albâtre » et un atelier de tissage au Ramesseum ?

compartimentaient le quart sud-est de la cour.16 Dans l’espace


ainsi délimité cinq massifs carrés, en briques crues, font penser
aux bases d’un portique. L’absence de base au milieu du côté
nord laisse supposer que l’entrée de l’enclos s’effectuait de ce
côté. Deux autres petits aménagements ont pris place à l’est.
Le premier délimite dans l’angle sud-est un espace où ont été
trouvés plusieurs coupes cassées. Le second consiste en un
réduit construit contre le mur est; dans le sol, constitué d’une
accumulation de poussière de taille, une trentaine de forets en
silex en forme de croissant ont été mis au jour. Ils servaient à
creuser la cavité intérieure des vases en calcite. Dans cet espace
ont également été recueillis des fragments de calcite, la plupart
des fragments portant des traces de sciage, de dolérite dont des
fragments de percuteurs et d’éclats de silex.
Dans la partie est du quart sud-est de la cour, le sol est comme
encrouté de résidus de taille blanchâtre incrusté de fragments
de calcite et de forets alors que, dans la partie ouest, on
trouve plutôt de la poussière grise provenant sans doute de
l’éclatement des percuteurs.
Dans son ensemble la cour ne possède plus de sol à proprement
parler, mais plutôt des zones correspondant à des aires de
travail. Cependant, près des murs de clôture, comme à l’angle
nord-est, subsistent quelques traces de sol blanchi.
À un moment, les murs délimitant le quart sud-est ont été
détruits en raison de l’extension du travail de la pierre dans
la cour. En effet, l’arase de l’angle nord-ouest de l’enclos était
recouverte d’une couche de poussière rosâtre provenant du
débitage de granit. Adossées au mur ouest, dans l’angle sud-
ouest, prenait place une petite pièce ouverte à l’est et, du côté figure 4: ramesseum, secteur stf. forets en sileX en
de l’angle nord-ouest, des murs perpendiculaires au mur de forme de croissant (photo: g. lecuyot).
limite ouest délimitaient plusieurs salles.
3 - Époque tardive rectangulaire dont le mur sud se poursuit vers l’ouest. Près de
l’entrée, côté sud, subsiste aussi un moignon de maçonnerie
À la Troisième Période Intermédiaire, au moment ou le dont la fonction nous échappe.
Ramesseum a été transformé en nécropole,17 l’ensemble STF a
été isolé du reste du téménos par un mur transversal installé Dans le vestibule et le corridor, entre le sol ramesside et
dans le vestibule sur des remblais, au-dessus du dallage; il les déblais de surface, une couche brunâtre, contenant des
bloque la communication avec le temple. À partir de cette résidus de litières, de la paille et des déjections animales,
époque l’accès au groupe devait se faire par le sud-ouest, le montre que ces espaces ont servi à parquer des animaux à un
mur d’enceinte de la cour ayant sans doute été arasé.18 moment donné.20 Dans certaines salles, au-dessus des vestiges
du pillage, dans les déblais, des alignements de briques
Est–ce à partir de la TPI qu’a commencé la récupération des empilées sans mortier forment des sortes de compartiments
matériaux – dalles du sol, seuils, orthostates – et le débitage dont il est difficile de comprendre les raisons.21
de monuments dans la cour ? Des traces de brûlé et des plages
de poudre de pierre – granit, calcite, dolérite – tendraient à 4 - Activités
le prouver.
4.1 - Cour
Dans la partie ouest de la cour on trouve des traces de brûlé
avec, dans le quart nord-ouest, un emplacement circulaire À l’époque de Ramsès II, une partie de la cour était affectée au
d’un four et, dans le quart sud-est, sous un amas de briques, travail de la pierre. De très nombreux outils ont été mis au jour
des traces d’ornières.19 sur toute sa surface, avec une concentration importante dans
le quart sud-est: au total, pas moins de deux cents cinquante
Enfin, une occupation tardive est représentée par une mèches de forets en silex (Figure 4),22 des polissoirs,23 des
construction qui chevauche le mur de limite sud du groupe
central des annexes STA: il s’agit d’une longue pièce 20
Cette couche passe sous le mur transversal condamnant l’entrée
du vestibule à partir du temple.
16 21
Lecuyot 2010: pl. IX A. Ces aménagements sont postérieurs à la couche brunâtre.
17 22
Nelson 2003. Aucune tombe de la Troisième Période Intermédiaire Lecuyot 2010: pl. LX B. Entre 2006 et 2014, 211 croissants ont été
n’a été retrouvée dans le secteur STF alors que, pour le groupe retrouvés dans la zone. Ils mesurent entre 3 et 9cm de large. Pour
mitoyen au nord (STA), pas moins d’une centaine d’ouverture de puits comparaison, voir par exemple de Morgan 1897: 114, fig. 340–2;
figurent sur l’ancien plan du Survey de E. Baraize. Garstang 1903: 7, pl. III s (i); Caton-Thompson and Gardner 1934: 105,
18
Il est remarquable que sur les premiers plans du Ramesseum la 131, pl. XVIII 1–25, LXIX 1–12; Simon Boidot 2004: 382–383, fig. 494 b2;
cour n’est pas délimitée par un mur et n’était pas considérée comme Simon Boidot 2008; Kobusiewicz 2015: 81, fig. 48.1.
23
faisant partie du temple. Voir Quibell 1896: pl. 1; Petrie 1897: pl. XXII. Lecuyot 2010: pl. LXI A. Pour comparaison, voir Quibell and Green
19
Lecuyot 2010: pl. LIX B. 1902: 49, pl. 62 (3–6); Karlshausen and De Putter 2000: 118–9, cat. 10

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Guy Lecuyot

percuteurs24 et des petites lames dentelées en silex.25 Un été retrouvé et aucune trace de scellements ou de trous de
grand nombre de percuteurs proviennent de la partie nord- poteaux qui auraient pu correspondre aux montants des
ouest de la cour où ils étaient mélangés à de la poussière de métiers à tisser n’a été observée.
taille grisâtre.26
Si l’on se fie à la représentation de la tombe de Neferrenpet,
De très nombreux éclats de calcite et de dolérite ont été il faudrait restituer quatre métiers dans chaque salle et
trouvés, mais très peu de ratés de taille de vases.27 De plus, donc, pour les dix salles du secteur STF, quarante métiers
la plupart des traces de travail montrent des marques de à tisser. Reste à savoir si cela est plausible. Comme on peut
sciage avec des concrétions de vert de gris, supposant l’usage le remarquer pour l’ensemble des annexes, les espaces sont
d’une lame métallique et d’un abrasif, plutôt que des stries surdimensionnés et le groupe STF n’échappe pas à la règle.35
circulaires correspondant au travail de va-et-vient typique de
l’usage des croissants.28 Les témoins du creusement de vases On peut s’interroger sur la nature des étoffes tissées dans
sont exceptionnels en revanche de nombreuses plaquettes les ateliers rattachés au Ramesseum. Cette production a
plus ou moins épaisses ont été découvertes, sans que leur dû dépasser les besoins liturgiques du temple lui-même
usage puisse être déterminée.29 et connaître une plus large diffusion. On sait qu’au Nouvel
Empire encore, le tissage d’étoffes de qualité, marquées au
4.2 - Salles nom de l’institution d’origine, reste pour une grande part
un monopole d’État, dans le contexte de l’administration
Si des activités artisanales liées au travail de la pierre sont du Trésor et témoigne de sa prospérité. Les ateliers royaux
bien attestées dans la cour,30 il n’en va pas de même dans répondent aux besoins officiels36 – liturgiques ou autres –
la série des dix salles où l’arrachage des dallages, des seuils mais couvrent aussi, notamment sous forme de dotations aux
et des orthostates n’a pas permis à ce jour de retrouver des fonctionnaires, une partie des besoins privés : la constitution
vestiges d’une quelconque activité. d’un trousseau funéraire entraîne en particulier de grandes
dépenses en termes d’étoffes dont d’importantes quantités
Ces salles ont avant tout fourni de la vaisselle utilitaire
sont nécessaires pour préparer l’inhumation. Il ne serait donc
d’époque ramesside qui a été mise au jour comme d’ailleurs
pas étonnant qu’il y ait eu un atelier au Ramesseum qui, si l’on
dans les autres parties du téménos31 – moules à pain, dokkas,
se fie encore à la représentation de la tombe de Neferrenpet,
mais aussi coupes, coupelles, beer-jars, amphores, bouchons,
aurait employé pas moins d’une soixantaine de personnes.
étiquette de jarres et quelques tessons décorés –, aussi bien
dans les couches de déblais que dans les couches antérieures Conclusion
à l’aménagement du secteur.32
Les observations, suite aux derniers dégagements, ont apporté
Le soin apporté à l’aménagement des dix salles plaide pour une chronologie relative des activités qui se sont succédé dans
une activité particulière. On pense aux ateliers de tissage cette zone, même si l’on ne sait toujours pas avec certitude les
représentés dans la tombe thébaine d’un chef des tisserands activités pratiquées dans les dix grandes salles. Après le règne
de Ramesès II, Neferrenpet (TT 133).33 Au Nouvel Empire, de Ramsès II, une partie de l’espace a accueilli des animaux.
les métiers de haute lisse remplacent ceux de basse lisse En effet, une couche marron contenant des résidus végétaux
et améliorent considérablement les performances comme surmontait directement le dallage en briques crues enduites
les conditions de travail.34 Cependant, aucun peson n’a du corridor et celui du vestibule, couche passant sous le mur
construit à la Troisième Période Intermédiaire et qui a isolé
et 11; Simon Boidot 2004: 382–3, fig. 494 b3. Aston 1994: 42–7 pour la l’ensemble STF du reste du temple. Il est certain qu’à cette
terminologie préconise d’utiliser plutôt travertin que calcite ou albâtre. époque une partie des structures avaient été démantelée
24
Pour comparaison, voir Arnold 1991: 262, fig. 6.16; Karlshausen and puisque des fragments de grès décorés provenant des
De Putter 2000: 117, cat. 6–8.
25
Elles sont interprétées comme des lames de faucilles. Pour
montants et linteaux des portes des salles ont été trouvés sur
comparaison, voir Garstang 1903: pl. V s (i); nombreux exemple dans le sol ramesside du corridor, sous ou dans la couche marron.
Kobusiewicz 2015.
26
C’est plus de 250 percuteurs qui ont été retrouvés dans toute la Les orthostates en grès ont disparu et les sols de la majorité des
zone étudiée (diam. 7 à 19cm). salles ont été arrachés ainsi que plusieurs seuils. Il semblerait
27
La calcite représente plus de la moitié de l’ensemble; viennent que, dans un premier temps, ce sont les éléments en grès qui
ensuite la dolérite, puis le granit. Le silex, le schiste et la quartzite
ont été récupérés, cela dès la fin de l’époque ramesside, puis
représentent des quantités pour ainsi dire négligeables, voir Lecuyot
2010: 124. le calcaire, sans doute pour fabriquer de la chaux.37
28
Ces croissants ne servaient qu’à creuser des vases en calcite. Sur la
technique de fabrication des vases, voir Hester and Heizer 1981;
Arnold and Pischikova 1999: 123–4; Aston, Harrel and Shaw 2000:
64–5; Shaw 2010: 25–7. Pour un exemple d’archéologie expérimentale, des exemples de métiers à tisses horizontaux et verticaux.
35
la description et l’usage de ce qui est appelé twist-reverse-twist drill Comparé au temple de son père Séthi Ier à Gourna et à celui de son
(TRTD), voir Stocks 2003: 139–68. Pour un atelier, voir Quibell and fils Mérenptah, le temple de millions d’années de Ramsès II est de
Green 1902: 51, pl. LXVIII. taille monumentale, aussi bien l’édifice cultuel en pierre que les
29
Pour un exemple de traces de sciage sur une plaquette, voir Shaw gigantesques groupes d’annexes. On ne peut que s’interroger sur
2010: 29, fig 2.3. les objectifs du souverain et sur la réalité de l’augmentation des
30
Voir Debono 1994. richesses, des besoins et de la population sous le règne de Ramsès
31
Voir par exemple Lecuyot 2012. II. On ne retrouve cette démesure qu’avec le temple de Ramsès III à
32
Lecuyot 2010: pl. LX A. Medinet Habou.
33
Voir Davies and Gardiner 1948: 49–52, pl. XXXV; Nelson 1990–1991: 36
Production pour les vêtements des prêtres, pour habiller la statue
128–9, fig. 1. Sur trois registres, on voit en haut les fileuses, au centre divine et les funérailles royales, voir Hall 1986: 18.
37
les porteuses d’écheveaux et en bas le gardien et quatre métiers de On a constaté le même schéma dans les remplois des superstructures
haute lisse. en grès du temple puis pour la récupération des blocs de calcaire dans
34
Johl 1924: 23, fig. 18–20; Forbes 1964: 199–200 et 209, fig. 32 pour les fondations.

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Ya-t-il une « fabrique d’albâtre » et un atelier de tissage au Ramesseum ?

Les déblais qui encombraient


les salles comprenaient
des éléments provenant de
tombes de la TPI et n’étaient
donc pas à leur place
d’origine puisque aucune
tombe n’a été retrouvée dans
ces salles. Quand on compare
au groupe central STA, où
pas moins d’une centaine de
tombes figurent sur l’ancien
plan de Baraize, on peut se
demander si ce n’est pas ce
dernier, ou plutôt Quibell,
qui les a déversés ici.

Il est difficile d’évaluer


et de discerner ce que fut
le nettoyage du temple
effectué par Baraize.38 Dans
le secteur STF, on peut
imaginer qu’il a en grande
partie déblayé le vestibule figure 5: ramesseum, vue vers le nord-est du secteur stf à partir de l’angle
et la salle SA01, mais que les sud-ouest de la cour (photo: y. rantier).
autres salles ne l’ont été que
très superficiellement, ce qui
ne semble pas être le cas de la cour. C’est donc dans le cavalier Debono, F. 1994. Un atelier d’artisans au Ramesseum.
de déblais sud qu’il faut peut–être rechercher des vestiges Memnonia IV–V: 37–53, pl. III–IV.
provenant du secteur STF. Desroches Noblecourt Chr., Moukhtar, G., Adam Ch. 1976.
Le Ramesseum. X. Les annexes nord-ouest [I’’’]. Le Caire,
L’ensemble des salles du secteur STF n’est pas encore
Collection Scientifique du CEDAE.
entièrement fouillé et des éléments d’interprétation sont
Forbes, R. J. 1964. Studies in Ancient Technology IV. Leiden, Brill.
encore susceptibles d’être mis au jour pour confirmer
Garstang, J. 1903. Mahâsna and Bêt Khallâf. London, Bernard
ou infirmer nos hypothèses. En attendant, des travaux
d’aménagement ont d’ores et déjà été entrepris dans la cour Quaritch.
afin de préserver les vestiges in situ (Figure 5). Guidotti, M. C. and Silvano, F. 2002. La ceramica del tempio di
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Edizioni ETS.
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International Congress of Egyptologists XI 338

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