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Will Ernest. La Tour funéraire de la Syrie et les monuments apparentés . In: Syria. Tome 26 fascicule 3-4, 1949. pp. 258-312.
doi : 10.3406/syria.1949.4518
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1949_num_26_3_4518
LA TOUR FUNERAIRE DE LA SYRIE
PAR
ERNEST WILL
(x) Wiegand, Palmyra (1932), p. 77 : Zur ici ces lacunes; renonçant à une illustration
Geschichte des Grabturms ; on trouvera là la développée qui, vu le grand nombre de monu-
bibliographie antérieure. ments que nous examinons, aurait posé des
(2) Cf. les études de N. Toll citées ci-des- problèmes complexes, nous nous contentons
sous p. 260, n. 1-2, à propos de Doura et de de la reproduction de quelques monuments
Halébiyé. typiques.
(3) II ne saurait être question de combler
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 259
I. — ESSAI DE CLASSIFICATION
(*) Pour l'évolution de la tour palmyrénienne et l'établissement des différents types, cf. notre
étude dans Syria, XXVI (1949), p. 87 s.
260 SYRIA
l1) N. Toll, Excav. Dura, Rep., IX, 2, Abou Zimbel; pi. LXV, 2 : Abou Gelai = Irzi
p. 140 s., pi. XXIII-XXV et LXII-LXIV. de Miss Bell, Amurath, fig. 47 et 48; pi. LXV,
(2) N. Toll, Semin. Kondakov., IX, 1935, 3 et 4 : Erzi.
p. 11 s. et pi. IV-VI; aussi Sarre-Herzfeld, (4) Al Qaim : Excav. Dura, IX, 2, p. 147;
Reise im Euphrat-Tigrisgebiet, I, p. 166-168; Qalaat Djaber : Bell, Amurath, p. 49, fig. 28;
II, p. 365-373; III, pi.. LXXI-LXXV. Tabous : Sarre-Herzfeld, Reise, I, p. 170,
(3) N. Toll, Semin. Kondakov., IX, 1935, fig. 76.
p. 13 et 15; Excav. Dura, IX, 2, pi. LXV, 1 :
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 261
dant, comme ces divers édifices comptent parmi les plus élevés, on peut douter
que cet agencement ait été la règle»
■
W Ce décor architectural nous est connu cf. Andrae, Hatra, et Andrae-Lenzen/ Par-
surtout par les sites parthes de la Mésopotamie, therstadt Assur., p. 3 : Parthische Formemvelt.
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 263
mais on ne saurait exclure la possibilité qu'il ait monté plus haut; à AlQaim,
au contraire, le noyau central est conservé sur une hauteur notable au-dessus
de l'escalier qui possède pourtant encore quatre volées; partout ailleurs, la
conservation est encore moins satisfaisante (1>. On se trouve ainsi réduit aux
hypothèses. En bonne logique, deux solutions sont possibles : ou bien l'escalier
menait vers une chambre aménagée dans la partie haute, ce qui serait, en
vérité, contraire à l'habitude de rendre les sépultures aussi inaccessibles que
possible. Ou alors, il aboutissait à une plate-forme ou une terrasse au sommet.
On peut envisager dès lors l'hypothèse de cérémonies rituelles célébrées à
cette place, hypothèse, disons-le tout de suite, qu'aucun autre indice ne vient
confirmer (2>. Ou encore, la terrasse n'avait pas de rôle funéraire et faisait
simplement partie de la construction en tant que telle. Il y aura lieu de revenir
sur la question plus loin.
L'histoire ultérieure de cette tour n'intéresse que médiocrement le problème
de son origine. Réduite à ses éléments premiers, elle était une sépulture
dispendieuse et accessible aux plus fortunés seulement. Aussi bien à Doura,
où nulle évolution n'est sensible, on n'a trouvé que les restes d'une demi-
douzaine de tours. A Palmyre, au contraire, on assiste à une transformation
radicale de l'édifice dont les modalités soulignent la complexité du problème,
des influences (3). La multiplication des sépultures est réalisée ici grâce à
l'introduction, à l'intérieur, de la chambre à loculi latéraux qui se répète d'un
étage à l'autre. La forme de cette chambre, avec ses parois brisées et inclinées
vers l'intérieur dans les monuments les plus anciens, rappelle la voûte en
encorbellement dont le souvenir paraît être resté vivace en Mésopotamie
jusqu'à une date tardive, comme le prouve Hatra. Quant au loculus, il ne
saurait guère avoir été emprunté qu'à la Syrie voisine; encore faut-il recon
naître l'élaboration originale réalisée à Palmyre grâce au système de la fente
(*) Brunnow-Domaszewski, Provincia Arab les textes plus anciens pour lesquels nous nous
ia, II-I, p. 139; fig. 1034, n° 13, où sont cités contentons de ce renvoi. Cette tour se trouve à
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 265
quelque distance de la porte sud-ouest de la la route, cf. le vieux plan de Rey, Voyage dans
ville, cf. plan, p. 108, fig. 1000. Les autres le Haouran, pi. VI, reproduit par Bi ti fr,
monuments funéraires sont plus proches de Princeton Expedition, II, A, pi. XXI, p. 346.
266 SYRIA
(*) Pour ces loculi, Butler, Princeton Ex- négligé par Brûnnow-Domaszewski,' et som
ped., II A, p. 205 s., fig. 185 s. mairement mentionné par C. Butler, Prin
(2) Sur Chaqqa, cf. R. Dussaud, Topograp ceton Exped., II A, p. 360, et Watzinger,
hie, p. 367; le site est malheureusement p. 83.
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f1) Ce sont les textes suivants : 1° Nimre 7° Atil: ibid., p. 648, n° 21.
(Nemara) : Waddington, 2173 a; 2° Nahité: (2) Pour l'ère de Chaqqa, cf. Brunnow-
Waddington, 2142 k de 356 apr. J.-C; Domaszewski, Provincia Arabia, III, p. 303 et
3° Slim (Selaema) : Waddington, 2381; 305; l'auteur n'exclut cependant pas la possi
4° Busr-el-Hariri: Waddington, 2474; 5° es- bilité d'un point de départ postérieur comme
Sanamen: Cabrol-Leclercq, Diet. s. v. colomb pour Chahba-Philippopolis. Ces incertitudes
ier, de 345 apr. J.-C; 6° Kharaba: Dussaûd- ne permettent pas de parler avec Watzinger,
Macleh, Mission Syrie désert., p. 695, n° 164; sans plus, de « spâte Auslâufer » (p. 83).
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simples bandeaux saillants ait été d'un usage courant dans le Hauran tout au
long de la période romaine, tant pour des fins utilitaires que funéraires. Une
des difficultés dans notre documentation actuelle, trop fragmentaire, vient
de cette identité de structure liée à des destinations variées : l'image des
villes du Hauran hérissées de tours ou de ses villas flanquées de tours est
familière (1) ; mais ce fait montre aussi qu'il est difficile de se prononcer sans
(*) Cf. par exemple Butler, Princeton Exped., II A, p. 115, 126, 127, 134, 137, 140, etc., et
Watzinger, p. 82-83.
Syria. — XXVI. 34
270 SYRIA
Chahba (1), de plan carré et orné de pilastres d'angle surmontés d'une cor
niche, possédait un étage auquel on accédait par un escalier encore con
servé, mais appartient peut-être au type du mausolée proprement dit. Il
resterait enfin à examiner le cas des tours rondes signalées en divers en
droits (2) et dont certaines, au moins, étaient de destination funéraire.
En définitive, malgré la diversité des problèmes soulevés par les monuments
funéraires du Hauran et les grandes imprécisions de notre documentation,
on retiendra l'existence en cette région d'une tour funéraire dont l'apparence
externe était très voisine de celle de Palmyre; les sépultures, sous forme de
loculi ou de sarcophages, sont installées dans un hypogée ou dans le rez-de-
chaussée, tandis qu'il n'est pas assuré qu'elles aient occupé, comme à Palmyre,
toute la hauteur de l'édifice.
3° Cilicie Trachée. — C'est dans une région qui ne fait plus partie de la
Syrie, mais qui en reste suffisamment proche pour pouvoir lui être rattachée,
que nous rencontrons le troisième groupe d'édifices, dont la. ressemblance
avec les tours est des plus frappantes.
En Cilicie Trachée, dans le triangle formé par les villes de Séleucie, Dio-
césarée et Elaioussa-Sébastè, un nombre considérable de tombes monumentales
est signalé, dont chaque. fois des tours (3).
L'édifice le plus ancien, si la date proposée s'avère légitime, remonte à
l'époque hellénistique encore (ier siècle av. J.-C), et se dresse dans les environs
de Diocêsarée '4) : sur un socle de deux gradins s'élève une tour, de plan carré
(environ 5 mètres de côté) et de hauteur paraissant notable; le corps de
l'édifice est construit en assises régulières de pierres de taille et possède comme
unique décor des pilastres d'angle doriques avec entablement correspondant;
une pyramide à gradins assez pointue forme. le couronnement. L'intérieur,
0) Provincia Arabia, III, p. 167, n° 14; (3) Keil, Mon. Asiae Min. Ant., III, avec
fig. 1057-1058. carte pi. I; descriptions rapides et illustrations
• (2) Tour ronde de Qanaouat, Provincia insuffisantes.
Arabia, III, p. 143; pour d'autres, Butler, (4) Ibid., pi. 31, fig. 89 et 90; p. 59 et 65
Princeton Exped., II A, p. 345, fig. 313 et (Uzandja Burdj)^Les auteurs pensent que ce
p. 400, fig. 346-350 (tombes) et p. 354, fig. 318 monument pouvait être la sépulture d'un
et p. 437, fig. 384 (pour Butler, des moulins prince-prêtre d'Olba ou d'un descendant des
à vent). Cf. aussi le mausolée rond de Bosra, Séleucides (Philippe).
Provincia Arabia, III, fig. 866-871.
LA TOUR FUNÉRAIRE DE L'A SYRIE 271
dans lequel on pénètre par une petite ouverture, est constitué par une salle
unique (fig. 7).
De même type et de même décor, cette fois corinthien, sont deux autres
tours .dont l'une se trouve à mi-chemin entre Diocésarée et Séleucie, et l'autre
dans les collines au nord de cette dernière (1). Les différences consistent dans
l'importance plus grande du socle qui forme podium avec moulure terminale
et dans l'existence de fausses-portes.
La deuxième de ces tours montre
à l'intérieur un; dispositif intéres
santd'arcades soutenant la cou
verture; la première paraît datée,
par une inscription, du 11e ou du
ine siècle.
Un'
type plus fruste est repré
senté par une tour bien conservée du
voisinage de Séleucie (2) ; les éléments
de l'élévation sont les mêmes que
précédemment mais, malgré- la pré
sence d'un entablement, les pilastres
d'angle font défaut; la pyramide à
parois droites est couronnée par un
bloc de forme trapézoïdale (reposant
sur le plus petit côté) qui a sans,
doute servi de support soit à. des
statues soit à quelque autre orne- Fig. Tour de Diocésarée.
ment; l'intérieur est constitué par
une petite salle vide qui n'était pas accessible; seule une fausse-porte orne le
côté extérieur nord-ouest.
On fera des réserves pour la dernière tour signalée dans cette région,
celle d' Elaioussa-Sébastè (3). Elle comprend un socle-podium formant terrasse
devant une de ses façades et abritant un caveau. Dans l'étage, qui possède
W Ibid., p. 32, pi. 14, fig. 47 [Ovaçik) et (2) Ibid., p. 28, pi. 13, fig. 42 et p. 29, fig. 42
p. 26, fig. 38, pi. 13 (Dôsene); la pyramide n'est (Dôsene).
pas conservée dans ces deux cas. (3) Ibid., p. 223, pi. 57, fig. 183.
272 SYRIA
encore des pilastres d'angle corinthiens, est installée une chambre unique
couverte d'une voûte en berceau et éclairée par une fenêtre. La couverture
a disparu, de sorte que ce ne sont plus que les proportions élancées qui rat
tachent cet édifice aux précédents; Keil et Wilhelm penchent pour la restitu
tion d'une pyramide, mais rien ne paraît exclure un simple toit à double ver
sant, ni aussi la présence d'un prostyle. Les proportions élancées de cette
construction ne sont, au surplus, pas plus frappantes, et même le sont moins,
que celles de maint temple funéraire de cette région, dont un type original
comporte deux étages marqués en façade par deux colonnades superposées (1>.
A vrai dire, on s'éloigne déjà avec ces monuments ciliciens de la tour
véritable. L'installation interne ne comporte dans aucun cas d'étages, et
l'ensemble se présente comme un simple édicule à chambre unique, couronné
d'une pyramide, et dont seules les proportions élancées permettent le rap
prochement avec les tours. C'est eo qui nous amène à penser que lé décor
architectural, en particulier celui des pilastres d'angle manifestement trop
étirés, peut être considéré comme adventice et surajouté;. on a vu d'ailleurs
qu'il faisait défaut dans un cas. Nous rencontrerons bientôt, dans la Syrie
du Nord, une construction très voisine (B 3), mais dont la hauteur est mieux
appropriée aux dimensions générales de l'édifice, et la véritable question pour
la Cilicie est de savoir quelles considérations ont entraîné l'adoption d'une
apparence turriforme.
(x) Ibid., pi. XI, 31; XIV, 44 et 43; XVII, 53; XVIII, .',:»; XXXVII, 109; LVII, 181; XII,
34-37.
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 273
(*) Pognon, Inscr. sém. de Syrie, p. 15, a été proposée par Sachau, Reise in Syrien
pi. I-II; Watzinger, Palmyra, p.- 81-82; und Nordmesopotamien, p. 204; les .autres
Bell, Amuralh, p. 26, fig. 21 et 22; le plan auteurs optent pour une date plus haute,
de la deuxième tour, écroulée, est donné là- (3) Perdrizet, Bull.' corr. hell., 1897, p. 614
même, fig. 20/ • et Syria, 1938, p. 47 s., pi. XI : pour la restau-
(2) Pognon, ibid., p. 103, pi. V; Watzinger, . ration, Syria, 1932, p. 297; enfin Krenckeii
ibid.-; van Berchem-Strzygowski, Amida, Zschietzschmann, Rom. Tempel in Syrien,
■
p. 268, fig. 212; la date du n* siècle apr. J.-C, p. 161, fig. 231-233.
274 SYRIA
(*) C'est Perdrizet (Syria, 1938)" qui a térieur avec plan du rez-de-chaussée, coupe
émis des - doutes sur la destination funéraire restituée avec plan du premier étage) ; Wat-
du monument. On comparera le mausolée de zinger,- Palmyra, p. 81-82 et Kunsthistor,
Chamratè à Soueida (ci-dessous, C fin) lui Sallskapet. Publikat., .Stockholm, 1923, p. 18,
aussi massif avec sépulture dessous.- fig. 7 : croquis de restitution. Aussi C. Butler,
(2) Sur ces. dynastes, cf.' Schurer, ■ Gesch. Amer. Exped., Architecture and other arts,
jùd. Volkes, I, p. 712 s. et Head, Hist. num. 2, p. 49, qui donne une vue des restes subsistant
p. 783. au début de ce siècle.
(3) Sur cette famille, cf. Pauly-Wissowa, (4) C. Watzinger, dans l'ouvrage signalé à
s. v. Sampsigeramos. Pour le monument, Cassas, la note précédente, a soumis le monument à
pi. 21*- 23 (vue du site,~ restitution de une étude pénétrante, cf. p. 27, sur Yopus
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 275
par la différence de date qui atteint sans doute ce propos, cf. plus «bas B 3 et les indications
un siècle : Caius Julius avait eu le temps de se bibliographiques de R. Vallois, Architecture
romaniser. hellénique à Délos, p. 360, et surtout Ronze-
f1) Vogué, Syrie Centrale, pi. 70-71 et les valle, Mélanges Univ. St-Joseph, XV, p. 161-
corrections proposées par Butler, Architec 190.
ture (Amer. Exped.), p. 160-161 et fïg. 64-68 (4) Pour le Mausolée et son type, on ne dis
(nombre #de colonnes différent-, et accès au pose encore que d'études anciennes, cf. Ebert,
premier étage) ; pour l'inscription, Wadding- Pauly-Wissowa, s. v. Maussolleion, qui repose
ton, 2661,' et Prentice, Amer. Exped., III surtout sur Adler, Zeitschr. f. Bauwesen,
(Inscriptions), p. 155 s., n° 157 s. 1900, p.- 1-20; à ajouter les remarques d'en
(2) Krencker-Zschietzschmanjv, Rom. Tem- semble de Matz, Antike, 1928, p. 266 s. Pour
pet, p. 51, fig. 73, pi. 22-23; pour l'inscription le Mausolée d'Halicarnasse, il convient d'ajout
dédicatoire, cf.' R. Moutehde, Mélanges Univ. er les études deKRisr.HEN, Bonner Jahrb., 128
276 SYRIA
aux yeux; base à degrés, socle, étage à colonnes, pyramide de. couronnement,
on retrouve ici et là les mêmes éléments essentiels. Les particularités locales
ne sauraient faire méconnaître cette filiation évidente, et la célébrité du
monument carien l'exposait sans nul doute à de nombreuses imitations.
Mais il n'y a pas reproduction pure et simple du modèle. D'une part, à l'excep
tion du monument de Hass (et encore les piliers d'angle témoignent de la
persistance de traditions particulières), l'étage ne présente que l'apparence
d'un périptère : les murs sont pleins sur toute leur hauteur et la colonnade
est réduite à un décor de surface; c'est un vêtement emprunté à la Grèce, ou,
pour être tout à fait exact, à la Grèce d'Asie : le rôle de l'Asie Mineure dans
la formation et la diffusion des monuments funéraires de toutes sortes est
connu et ne saurait être surestimé. De plus, et ce point a suggéré le rappro
chement avec les tours, les proportions sont toutes différentes. Dans sa patrie
d'origine, le mausolée garde du temple le plan oblong et reste d'apparence
trapue. En Syrie, on s'en tient au plan carré, et les édifices sont bien plus
élancés, la hauteur comprenant au moins deux fois la mesure du côté {1).
(1923), p. 1 s.; Jahrb., 1925, p. 22 s.; Arch. Rom. Mitt., 1944, p. 173,. pi. 29, restitution
Anz., 1927, p. 1 et Rom. Mitt., 1944, p. 173 rectifiée par Krischen) mesure 17 mètres de
et pi. 30, et de Neugebauer, Jahrbuch, 1943, haut et le mausolée de Mylasa (Noack, Bau-
p. 39 s. La question mériterait d'être reprise kunst, pi. 156) 13 mètres pour 5 m. 50 de côté.
.
en complétant la série : Monument des Nér Ces deux monuments se distinguent cepen
éides, Halicarnasse, « tombe du lion » de dant des précédents par certains traits parti
.
Cnide, Mylasa avec -des mausolées de toute culiers. La tombe au lion comporte la succes
première importance découverts plus récem sionsuivante : base à degrés, socle réduit à
ment, comme le Charmileion de Cos (Schatz- un rang d'orthostates, étage à colonnes enga
mann, Jahrb. 1934, p. 110) et celui de Behlevi gées et entablement doriques, pyramide -à
(Jahreshefte, Beiblatt, XXVIII ■ (1933), p. 28; gradins portant un dé servant de base au lion;
XXIX (1934-1935), p. 108 et XXX .'(1937), on a ainsi un type intermédiaire entre le maus
p. 175, tous les deux attribués au ive siècle. olée et le socle de statue du genre du lion de
(x) Dimensions du Mausolée d'après Pauly- Chéronée ou de celui d'Amphipolis. Mylasa,
Wissowa : plan carré de 29 X 35 mètres et au contraire, offre l'exemple d'une colonnade
hauteur de -45 m. 92 avec un rapport bien périptère sans cella s'élevant sur un socle et
inférieur à 1/2; au contraire, le monument forme le pendant- des mausolées-baldaquins
d'Hermel : 11- mètres de côté contre 26 de de la Syrie du Nord,' cf. B 2. On note une divers
haut; de même Serrin, 4 mètres de côté contre ité analogue dans l'installation intérieure
10 environ de haut. Les autres mausolées cités (présence ou absence d'un caveau) ou dans le
ci-dessus confirment en gros ces données, en choix de la couverture : toit à double versant
particulier Cos et Behlevi. Le monument au .(monument des Néréides, Cos), pyramide
lion de Cnide [Antike, 1928, p. 270, fîg. 2 et (Mausolée, Cnide, Mylasa) ou attique cachant
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 277
le toit à Behlevi (Jahreshefte, 1937, Beiblalt, Guyer, fig. 6-7, même type; début nie siècle.
p. 189, fîg. 62). La diversité est ancienne et la 3° Assar, Cumont, fig. 78 : quatre baies entre
constante est fournie par l'articulation générale piliers surmontés d'une architrave droite;
de l'élévation; c'est elle aussi qui nous sert Guyer, p. 152, signale le caractère exceptionnel
de base dans notre classification des monu et inexplicable du mur plein percé d'une porte.
ments syriens. (2) Le» premier relevé est dû à Vogué,
W Cumont, Études syriennes (1917), p. 203, Syrie Centrale; on trouvera des compléments
décrit les monuments suivants : 1° Hassan- dans Butler, Architecture (Amer. Exped.)
Oglou, ûg.- 71-72; date proposée ier-ue siècles; et van Berchem-Fatio, Mémoires Inst. du
une étude plus détaillée se trouve dans Guyer, Caire, XXXVII-VIII (1914-1915). Voici - les
A us 5 Jahrtaus. morgenl. Kultur (Festschrift monuments en question : 1° Dana Nord:
Vogué," pi. 93; van Berchem, pi. XLVIII;
■
ne-me siècles. 2° Alif, Cumont, fig. 74-75; droite, pyramide, hypogée. 2° Djuwanieh :
Syria. — XXVI. 35
278 SYRIA
(Brad, Dana Nord, tombe d'Antiochos à Djuwanieh) (pi. XIII, 2 et pi. XIV, 1)
répondent exactement au type décrit; d'autres, au contraire, dépourvus de
socle, se réduisent à de simples baldaquins servant d'abri à des sarcophages
ou à l'entrée d'un hypogée; les supports sont de différentes sortes : piliers,
piliers à arcades, colonnettes. Le monument le plus original de ce groupe est
sans doute le mausolée de Cyrrhus, de plan hexagonal, aujourd'hui transformé
en wéli musulman. Dans le cas du mausolée-baldaquin véritable, le rôle de
l'étage à baies prête- à discussion : il pouvait abriter des sarcophages, ou
encore simplement des statues, images des défunts.
En tout cas, le type de Pédicule à colonnes ou à piliers, sur socle élevé,
avec du sans pyramide de couronnement, est aussi ancien que le mausolée
proprement dit. Sur un vase apulien du ive siècle, représentant Niobé pleurant
ses enfants, on voit l'héroïne debout sous un baldaquin à colonnettes sup
portant un fronton et reposant sur un socle élevé' décoré d'une rangée de
« dames au rinceau !1) ». Dans l'art funéraire tarentin, dont les rapports avec
l'art ionien du ive siècle ne sont guère douteux, des édifices de ce genre ne
semblent pas avoir été inconnus (2). De place en place, en- Asie Mineure, des
monuments analogues sont signalés. Tel est le cas de l'élégant édicule rond
Butler, p. 109, tombe d'Antiochos de 340, Villes mortes,, avec une carte -de la région,
dans le socle caveau à arcosolia. 3° Brad: p, 13, fig. 1. Le type avec et le type sans socle
Cumont, Études syriennes, *fîg. 76-77; Bell, apparaissent comme nettement distincts; il
.
The desert and the sown, p. 287, fig. ; Antike, y a cependant une parenté évidente dans le
1928, p^ 280; fig. 10: baies cintrées et pyra principe du baldaquin, et Termessos de Pisidie
mide; même type qu'en Commagene- 4° Cyr nous montrera des baldaquins sur socle conçus
rhus : Cumont, fig. 80; dans. le socle, qui a comme abris de • sarcophages. Il y a, comme
l 'importance d'un étage, chambre voûtée, toujours,- interférences entre types divers.
baies cintrées à l'étage; chapiteau corin Pour l'existence de baldaquins simples à une
thien à six faces, couronnant la pyramide; date ancienne, cf. le •monoptère sicyonien de
escalier menant > à l'étage. 5° Dana Sud, Delphes, La Coste-Messelière, Au Musée
tombeau d'Olympiane : Vogué, pi. 78, de Delphes, p. 40, fig. 3 et 4.
quatre colonnes ioniques sans socle, sur hy l1) Collignon, Statues- funéraires, p. 110,
pogée. 6° Kokanaya: Vogué, pi. -97, Butler, fig. 57; Roscher, Myth. Lex., Ill, 1, 407,
p. 109, deux édicules abritant des sarcophages fig. 6; Séchan, Études, p. 83* fig. 24.
avec trois piliers - sur un côté : date 384. (2) Watzinger, Untersuchungen zur unleril.
7° Djuwanieh: a) tombeau "de Kassianos avec Vasenmalerei ; .Pagenstecher, Unterit. Grab-
baies cintrées, de 398 et b) tombeau à toit à denkm. (Kunstgesch. Auslandes, 94) et Klum-
double versant, Butler, p. 109 et 110, fig. 42. BAcny Tarentiner Grabkunst (Tubinger For-
Pour tous ces monuments, cf. aussi Mattern, schungen, 13, 1937).
. LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 279
(>) Jahreshefte, XXVI, 1930, Beiblatt, 45, engagées, fournissant ainsi un curieux exemple
fig. 21-23, ne siècle apr. J.-C On rapprochera de la fusion entre temple et baldaquin.
aussi, à Éphèse, 1' « octogone » (Beiblatt, XXX, (4) Krencker-Zschietzschmann, Rom. Tem-
p. 41, fig. -20) : socle carré abritant un caveau - pel: 1° Hossn-Sfire, p. 20, fig. 35-37. 2° Au
et supportant un temple périptère octogonal même endroit : p. 28, fig. 46-51, pi. 20, édicule
(cella- massive avec fausse-porte, pyramide à du premier temple de Kyria. 3° Hossn Niha,
gradins de couronnement, (ieT" siècle av.- p. 136, fig. 189, pi. 60. Il faut ajouter un
Ier siècle apr. J.-C). On note ici, comme à monument de Qalaat.Fakra restitué sur le
Termessos, une plus grande richesse des types. terrain, et l'on comparera les mausolées-bal
'2) Heberdey-Wilhelm, Jahreshefte, III, daquins de Tripolitaine avec pilier central.
p. 177 s. et fig. 61 s. (5) Renan, Mission, p. 285-288, pi. 35, avec
(3) Ibid., fig. 52-55. TCe temple funéraire se restitution de Thobois; le monument a subi
présente comme un pseudo-périptère dont on des dégradations importantes depuis. Pour les
aurait supprimé les murs entre les colonnes tombeaux d'Adonis, cf. p. 275, n. 3.
280 SYRIA
,
ficene se réduit pas à un simple dais sur supports isolés, mais est formé par
une petite cella à colonnade périptère. Le monument a les titres les plus
sérieux, parmi tous ceux qu'on mentionne dans ce débat, à représenter un
de ces « tombeaux d'Adonis », dont nous parlent les textes; en tout cas,
c'est avec Qalaat Fakra, une construction qui a servi à des fins rituelles,
tout en se rattachant pour la structure' à la série des monuments funér
aires.
La petite cella de Machnaqa se retrouve dans une série de naiskoi, ou
chapelles funéraires, à pyramides,, conservés en différentes localités de la
Syrie du Nord, là-même où nous avons rencontré les mausolées-baldaquins (1).
L'édifice est des plus simples : une petite cella carrée à salle unique et porte
d'accès abrite la sépulture; une pyramide particulièrement haute et creuse
forme la couverture. Les plus beaux exemples possèdent un décor extérieur
d'un ou deux corps de moulures transversaux analogues à la corniche termi
nale: ils délimitent un ou deux étages en réduction parfois ornés de pilastres
d'angle. On ne saurait dire s'il faut reconnaître là une imitation des grands
mausolées déjà étudiés, ou simplement un parti décoratif (2) (pi. XIV, 2).
Dans quelques cas, un porche de quatre colonnes marque la façade.
Ces édifices sont tous tardifs et ne semblent pas remonter au delà du
ive siècle de notre ère. Il serait téméraire pourtant de croire que ce type est
une création de la période chrétienne seulement. Le monument de Machnaqa
4° el Bara III, de Vogué, pi. 75, 76; van certains de ses clichés se rapportant à cette
Berchem, pi. XXXI; Butler, p. 243, avec région (ci-dessous, fig. 10-11 et pi. XIV).
moulures ornées de rinceaux et pilastres-nains (2) Cf. à Pétra les exemples d'étages inter
aux angles. 5° Hass: de Vogué, pi. 74, avec médiaires avec pilastres-nains : Brunnow-
porche. 6° Rbe'ah: Butler, p. 111. 7° Taltita: Domaszewski, Prov. Arabia, I, p. 154, fig. 169-
Butler, p. 111. Il convient sans doute aussi 170 et 172-173.
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 281
(*) Renan, Mission, pi. 7, 14-16, p. 80, et (4) Survey Western Palestine, I, p. 322.
van Berchem-Fatio, pi. LXXVI et LXXV; (5) On examinera la série des documents
Perrot-Chipiez, III, p. 24, fig. 6 et p. 145, présentés par Perrot-Chipiez, . I, p. 250,
fig. 87. fig. 161 (pyramide d'Abydos); p. 305 s. et
(2) De Saulcy, Voy. Mer Morte, pi. XLII; fig. 187 s. (reliefs thébains); p. 301, fig. 190
Perrot-Chipiez, IV, p. 350, fig. 184. Wat- (tombeau d'Apis) et p. 307, fig. 194 (stèle
zinger, Denkm. Palâstinas, II, p. 71-72. peinte de Boulacq). Notre figure 8 = Perrot-
(3) Cf. plus' bas C2, avec notes. Chipiez, fig. 188 et 189.
282 SYRIA
(x) Pour ces monuments, cf. Creswell, de Chamratè à Souéida). La forme à parois
Early muslim architecture, I, p. 304 avec une droites, dont on ne niera pas les affinités avec
liste. Creswell montre que ce type, qui s'est l'Egypte, a manifestement la préférence dans
perpétué pendant des siècles sous la forme cette région. D'ailleurs, le caractère funéraire
des wélis musulmans, peut se réclamer de est assuré dans les deux cas, et, à l'époque où
modèles fort anciens, comme le prouvent les nous sommes, on ne devait plus faire de diffé
bas-reliefs assyriens. rence entre les deux types.
<2) Pagenstecher, discutant le problème de (3) Renan, Mission, p. 70, pi. VII. Monu
la pyramide [Nekropolis, p. 10 s.) tend à ment C : Renan, pi. 17; Perrot-Chipiez,
dissocier la .pyramide à parois droites et le III, p. 154, fig. 98;- van Berchem-Fatio,
type à gradins ; ce dernier ne serait pas égypt pi. LXXV; monument A : Renan, pi. 11
ien, mais « oriental ». De fait, il apparaît et 12; van Berchem, pi. LXXIV; monu
surtout sur les mausolées de l'Asie Mineure ment B : Renan, pi. 11-13; Perrot-Chipiez.
déjà signalés : Halicarnasse, Cnide, Mylasa; III, p. 152-153.
mais il est rare en Syrie (surtout le mausolée
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 283
f1) Vallois, Architecture hellénique à Délos, des monuments de Jérusalem, date acceptée
p. 355 et p. 336, n. 4. A. Foucher, l'Art par Vallois, Arch, hell., p. 311, n. 2 et Puch-
gréco-bouddhique, I, p. 45 s. G. Combaz, Mél. stein, Arch. Anz., 1910, p. 43. La date du
chinois et bouddhiques (Institut belge), I, 1933, vie siècle pour le monument à coupole est pro-
p. 167-168. posée par Contenau, Manuel, III, p. 1465
(2) Watzinger, Palmyra, p. 79 et Denkm. . et Civilis. phénic, p. 255 et 276. On trouvera
Palast., II, 17 et 71, les croit contemporains des renseignements intéressants sur les hypo-
284 SYRIA
gées et leur contenu dans Renan, Mission, latérales dans lesquelles sont placés des sarco
p. 75. Ibid., p. 77, il est question de la rareté phages selon un dispositif courant dans les
des sarcophages, mais il n'est pas fait mention nécropoles romaines d'Alexandrie (Schreiber,
de l'hypogée représenté sur la planche XIII Exped. Sieglin, I, pi. VIII et IX, Scavo B),
au-dessous du monument à coupole B; cet l'hypogée de B comprend, de fait, des loculi
hypogée est formé par un couloir avec niches latéraux.
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 285
l1) Cf. les différents types de ces monuments bia, III, p. 98, fig. 993-995; de .Vogué, p. 29-
dans Brûnnow-Domaszewski, p. 144, fig. 133- 31, pi. I. Butler, Architecture [Amer. Exped.),
139, aussi Dalman, Petra, p. 47, et Kennedy p. 324 et fig. ;• Antike, 1928, p. 270, pi. XXV.
p. 41 (block-monuments). Les. deux exceptions Date : Ier siècle av. J.-C.-ier siècle apr. J.-C.
sont le n° 70 de Brunnow-Domaszewski Pour la fosse sous le monument, J. Mascle,
(fig. 145) et le n° 9, fig. 142. Djebel' Druze, III, p. 39.
(2) Cf. les remarques de Puchstein, Arch. (4) Inscriptions : Waddington, 2320- et
Anz., 1910, p. 40 ss. CIS, II, 162.
(31 Brûnnow-Domaszewski, Provincia Ara-
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 287
l1) Brunnow-Domaszewski, p. 171, fig. 98, (2) Monument d'Hélène : Josèphe, Ant.
et Kennedy, fig. 86 : le « tombeau aux obé Jud., XX, 95; Bell. Jud., V, 55, 119, 147;
lisques » surmontant le « tombeau à- façade Paus., VIII, 16, 5. Modeïn : Josèphe, Ant.
grecque ». Jud., XIII, 6, 5, et aussi I Macc, 13, 25-30.
LA TOUR FUxNÉRAIRE DE LA SYRIE- 289
tombes W; dans un cas, on n'a qu'un pilier carré unique ayant porté au
sommet l'image en relief des défunts, comme on voit à Pétra des piliers ornés
de têtes ou de bustes (fig. 10 et 11). C'est comme si, dans tous ces cas, le
monument était l'image même du mort {2).
La région qui offre les monuments les plus .voisins de ceux de la Syrie
est l'Afrique du Nord romaine; nous ne pouvons faire état ici, avec la docu
mentation dont nous disposons, que de ceux de l'Algérie et de la Tripolitaine.
1° Algérie. — St. Gsell, dans son relevé des monuments de l'Algérie {3),
>
distingue d'abord les mausolées simples, c'est-à-dire ceux qui ne comprennent
qu'un étage unique. L'édifice, de, plan carré, comprend une pièce unique,
accessible par une porte; le décor est, de même, modeste : des pilastres d'angle,
à l'occasion, et une moulure terminale. La couverture, qui a disparu dans
C1) Ce sont les monuments suivants : 1° Ser~ Aram.-neuhebr.' Handwôrterb. s. v.; pour le
meda : de Vogué, pi. 93; Butler, p. 59-60; sud-arabique, Gesenius, Diet., s. v. (aussi
deux colonnes corinthiennes, de 132. 2° Katura, sens de « cadavre »). Mais on n'a pas essayé,
de Vogué, pi. 94; Butler, p. 61 : tombe de à notre connaissance, d'expliquer le passage
Reginus de 195. 3° Katura, de Vogué, pi. 94; du sens primitif : « souffle, âme », à la signif
Butler, p. 73; tombe d'Isidoros de 222, ication dérivée. Pour les nefesh, cf. aussi
deux piliers. 4° Benabel, Butler, p. 62, restes Ronzevalle, Mèl. Univ. St-Jos., IV, p, 159.
d'une colonne. 5° Bashmishli, Butler, p. 62, Il convient, pour la distinction entre monu
restes probables. 6° Kefr Rumâ, Butler, p. 63, ment et tombe, de rappeler l'histoire de la
restes probables. 7° Bechindélaya, de Vogué, mort d'Absalom (2, Sam., 18, 17-18); le prince
pi. 92, pilier unique de Tib. Cl. Sosandros est enterré dans une fosse près du lieu de sa
avec portrait en relief des défunts au sommet mort; mais, ajoute le texte, il avait, de son
sur trois des faces (134 apr. J.-C). M. G. Tcha- vivant, érigé une colonne dans la Vallée des
lenko, qui a examiné ces monuments de près, rois pour assurer la perpétuité de son souvenir
assure qu'ils ne portaient pas de statues. La [yad = main, dans le texte). Pour toute cette
question de leurs rapports avec les monuments question, je dois des remerciements à M. l'abbé
distyles grecs, bien connus à Delphes par J. Starcky qui m'a assisté de son savoir.
exemple, reste ouverte. (3) St. Gsell, Monuments de V Algérie, II,
(2) Le sens de « monument funéraire » pour p. 55 ss. Mausolées simples à pyramides :
nefesh (nafsa) • est chose connue depuis long les n08 2, 3, 33, 38, 57, 58 (Tipasa de Mauré-
temps, cf. pour le syriaque, Brun,- Diet, tanie) et 44 (?).
syriaco-latin, s. v.; pour l'araméen, Dalman,
290 SYRIA
bon nombre de cas, peut être constituée par une pyramide : on a alors le
correspondant exact, des naiskoi à pyramide de la Syrie du Nord (B 2) ; dans
un exemple, un monument de Tipasa de Maurétanie,- qui semble remonter
au Ier siècle encore, le cube était surmonté d'une pyramide octogonale. Mais
ce n'est pas là une règle générale; dans le cas, par exemple, où la pièce est
couverte par de grandes dalles posées horizontalement, on peut restituer un
toit à double versant, attesté d'ailleurs deux fois; de même, la pyramide ne
paraît pas convenir aux voûtes assez fréquentes W.
La même rareté de la pyramide se constate pour les mausolées à étages,
qui sont les plus nombreux (un cas sûr seulement) (2). Il convient sans nul
doute de rapprocher ce groupe des mausolées proprement dits de la Syrie (B 2) ;
mais on aura en vue surtout des monuments comme ceux de Serrin ou d'Edesse,
car l'Algérie ne nous a pas légué de constructions de l'importance de celles
de Hermel, Homs ou Hass. De plus, il faut bien reconnaître l'originalité des
mausolées algériens. L'étage, au lieu d'être fermé sur tout le tour, présente
une large ouverture sur un des côtés, soit avec simple cadre mouluré, soit
avec des colonnes prostyles (deux devant les antes, ou quatre). Dans cette
loge, on ne peut guère placer que l'image des morts. La dérivation du mausolée
peut cependant être considérée comme certaine; mais, au lieu d'un temple
périptère, c'est un petit naos prostyle qui s'élève sur le socle-podium; d'ailleurs
le plan oblong du temple n'est pas rare dans cette série (3). Ajoutons que le
des"
mausolée de Cyrrhus a pendants précis dans deux monuments, l'un de
plan hexagonal, l'autre de plan octogonal <4). Enfin les rapports avec la
Phénicie paraissent tout à fait étroits pour un autre type, celui qui correspond
aux mausolées-stèles (G). On a quelques exemples très proches du monument G
d'Amrith; le mieux conservé est celui de Flavius , de l'époque de Septime-Sévère,
à Lambèse (2 m. 40 de côté pour 7 mètres de haut). Mais, à la différence de
I1) Mausolées simples à couverture hori- (3) Temples : ibid., les n08 14, 23, 29, 37,
zontale : ibid, les n08 22, 24, 25; à voûte : 48, 49.
les n08 6, 20, 34, 36, 45, 53; avec pignon (toit (4) Ibid, n08 63-65. S. Guyer (cf. p. 277, n. 1) a
à double versant), les n08 19 et 47. noté que le monument algérien n° 63 était
(2) Mausolées à étage avec loges : ibid, les fermé sur trois de ses côtés et a rapproché les
n08 5, 7, 8, 21, 28, 16, 17, 30, 31, 32, 46, 52, mausolées d'Alif et de Hassan-oglou avec leur
55, 61 et 62; seul exemple sûr avec pyramide; mur de fond percé d'une porte.
n° 52; peut-être : n08 41 et 56.
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 291
(*) Ce sont les « cippes » de St. Gsell, (*) Afr. IL, VI, p. 66 ss., fig. 14 : Ghirza,
nos 1, 12, 15 et 27 (Lambèse). avec arcades sur pilastres d'angle; fig. 15-16
(2) On ne dispose, pour ces monuments, Ouadi Merdoum; fig. 17 : Ouadi Messegui,
que d'une documentation médiocre, des rap avec neuf colonnes sur trois rangs; fig. 26-27 :
ports sommaires dépourvus de plans, de me Oum-el-Ahmed, avec fausses portes; fig. 29 :
sures et de description détaillée parus dans Bir Gebira, sans décor; peut-être Ouadi Sof-
Africa Italiana, quoique avec une abondante fegin, Afr. IL, V, p. 173, fig. 1.
illustration. Mausolées à loge : Ouadi Migdal, (5) On comparera des monuments comme le
Afr. IL, VI, fig. 20, p. 70, et Henchir Suffit, mausolée des Julii à Saint-Bémy, ou les mau-
Afr. IL, II, p. 106, fîg. 39-40. Mausolée solées-piliers~de la Belgique et de la Germanie
simple (?) : Gasr Benêt, Afr. IL, VI, fig. 23, romaines : F. Drexel, Rom. MitL, 1920,
p. 72. p. 27 ss.; H. Kahler, Bonner Jahrb., 139
(3) Afr. IL, VI, p. 63 ss. (1935), fig. 4-12; (1934), p. 145 ss.; B. Vallois, Arch, hellén.
une particularité de ces monuments est le à Délos, p. 336 et n. 1. On ajoutera un exemple
pilier central; un des monuments de Ghirza de mausolée à étage avec loge sur le continent
(fig. 1-3) est un temple périptère. européen, le tombeau de Théron à Agrigente :
292 SYRIA
Tous ces exemples sont de l'époque romaine; mais des filiations hellé
nistiques directes ne sont pas exclues, comme le prouve le grand mausolée
punique de Dougga en Tunisie (1), adaptation barbare des grandes créations
grecques. Ainsi apparaît toute la complexité du problème des influences,
encore qu'on puisse être sûr de l'importation de tous ces types en Afrique.
Les solutions sont sans doute multiples : le mausolée à étage peut se rattacher
à des modèles directs de l'Asie Mineure; pour les stèles, on sera prêt à recon
naître une étonnante communauté de conceptions et d'usages avec la Syrie,
communauté qui peut trouver, son explication dans les traditions de peuples
nomades apparentés. Quant au mausolée à pyramide, on ne sait s'il faut
regarder directement vers la Syrie ou vers un modèle commun. égyptien.
Quoi qu'il en soit — et nous n'avons pas l'intention d'approfondir ce pro
blème qui demanderait une étude particulière — ce sont là les correspondants
les plus étroits des monuments syriens que nous rencontrerons; du côté de
l'Occident, en Europe, la diversité des édifices, ainsi que la complexité des
données, est bien plus grande.
E. — - L'Egypte.
degrés, socle avec moulure terminale, étage à On peut penser au rôle d'intermédiaire entre
colonnes ioniques aux angles et fausses portes l'Asie Mineure et l'Afrique joué par l'Italie
sur trois côtés et large ouverture sur le qua du Sud précisément : de petits édicules in
trième; selon Serradifalco, Antich. di Sici- antis avec colonnes prostyles sont attestés ' à
lia, III, 23 (cf. Adler, Zeitsch. f. Bauwesen, Tarente, cf. les ouvrages cités p. 278, n. 2.
1900, pi. IV, 1), il y avait comme couronne (l) Les illustrations de Perrot-Chipiez, III,
ment une pyramide à gradins portant une p. 376, fig. 265, sont insuffisantes depuis la
statue; pour l'état actuel, cf. Enc. Ital., s. v. restauration de Poinssot, cf. Lapeyre-Pelle-
Agrigento, pi. CLXI et Antike, 1928, p. 277, grin, Carthage Punique, p. 215 et pi. XVI
fig. 7 : ne siècle av. J.-C. L' « oratoire de Pha- (p. 209), et V. Ehrenberg, Karthago (Mor-
laris » au même endroit (Enc. Ital., l. l., p. 981, genland, 14), pi. IV c; cf. Gsell, Hist. anc.
fig. et Not. Scav., 1926, p. 106, pi. IV) comprend • Afr. du Nord, IV, p. 194; date : ne siècle av.
un podium et un étage avec pilastres d'angle J.-C.
ainsi qu'une large ouverture sur un des côtés.
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 293
(*) Exped. Sieglin, I, p. 80 et 119, n. 7 avec fig. 126). La thèse de Schreiber est acceptée
les vestiges cités : cinq exemples, tous des cha sans discussion et amplifiée par Rostovtzeff
pelles ou des temples, sauf le n° 3, dont il ne (Hellenist.-rôm. Architekturlandschaft, Rom.
reste qu'un pavé. Cf. aussi, p. 173. Pour le Mill., 1911, p. 62 et 80 s.) qui se sert aussi
tombeau d'Apis, Perrot-Chipiez, I, p. 301, du terme, d'une imprécision commode, de
fig. 190 : petit édicule à pilastres d'angle et « tour sacrée » ; de même par Grimal, p. 42,
escalier d'accès surmontant un caveau souter avec de fortes réserves cette fois.
rain. (3) Grimal, Mél. Ec. Rome, 1939, p. 28 s.
(2) Exped. Sieglin, I, p. 174; pour les autels, (4) W. Weber, Aeg. griech. Terrakotten,
p. 242, fig. 181; la peinture de Naples, p. 17, p. 252, 253, n. 16, qui rejette de même la
fig. 11 (Weber, Aeg.-griech. Terrakotten, p. 254, signification funéraire des « Lichthàuschen »,
Syria. — XXVI. 37
294 . SYRIA
F. — La Mésopotamie.
p. 250 et 252, n. 3. Cf. Watzinger, Palmyra, invoquer les reliefs thébains, cf. Perrot-
p. 81, n. 4, et Pagenstecher, Nekropolis, p. 17. Chipiez, I, p. 301, fig. 189, mais nous reste-
f1) Weber, l. l., pi.' 41 et n° 467, aussi Arch. rions démunis de toute espèce de renseigne-
Anz., 1935, 714, fig. 5; il s'agit, dans les deux ments sur l'organisation d'un édifice de ce
cas, de « tours-habitations ». genre.
(2) Pour l'existence de tours funéraires en (3) Andrae, Hatra, II, p. 75 s.; pour le
Egypte, à haute époque, on pourrait encore plan, p. 104 : avec pilastres d'angle et co-
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 295
.
Il convient ainsi de ne point négliger la moindre des données. On ne
sait trop comment apprécier les indications de certains auteurs (1). Selon
Ammien Marcellin (XXIV, 2, 6) et Zosime (XII, 8, 1, 3), l'armée de Julien
dans sa campagne contre les Perses, en 360, rencontra une série de tours en
Mésopotamie; l'une d'entre elles, se dressant près de l'aboutissement du
Canal royal est désignée par le terme de «phare ». S'agit-il d'un signal véritable,
ou d'un édifice de l'apparence d'un phare, c'est-à-dire avec des étages en
retrait les uns sur les autres (2) ?
On ne le sait. Mais comment ne pas se souvenir en l'occurrence que la
Mésopotamie est le pays de la « tour de Babel ? » On sait que l'usage de la
ziggourat n'avait pas disparu avec la conquête macédonienne. Alexandre
lui-même avait projeté la réparation de celle de Babylone et les rois séleucides
ont mis ses desseins à exécution. On pourra, dès lors, se demander si cette
construction particulière au pays des Deux Fleuves, et si caractéristique, n'a
pas exercé d'influence sur les monuments de contrées tout à fait voisines.
Or il est impossible de ne pas être arrêté par l'appellation donnée par les
auteurs grecs à cet édifice : rzyoç Br'^ov, « tombeau de Bel (3) ». On n'a pas
manqué, en s'appuyant sur certaines données archéologiques et sur des
témoignages épigraphiques, d'avancer la théorie que la ziggourat comportait
primitivement une tombe princière à son sommet, ou était le tombeau même
du dieu (4). Mais si la discussion n'est sans doute pas close, la formule « haut-
lieu artificiel » pour les périodes postérieures. primitif; pour Matz, Antike, 1928, p. 272, au
I1) Cf. la dernière discussion du R. P. Vin contraire, ce sont les raisons religieuses qui
cent, Rev. bibl., 1946, p. 433 s.; la ziggourat dominent avec le désir d'exalter le mort;
serait, « tout bonnement une réduction sym cf. aussi J. Tritsch, Journ. hell. Stud., 1943,
bolique de la Terre », et c'est « une montagne p. 113 s. Il est clair que le socle était un agen
symbolique »; les témoignages sur le carac cement destiné à isoler le mort, soit pour le
tèrefunéraire du monument sont considérés mettre à l'abri des entreprises des vivants,
comme tardifs par l'auteur. soit pour mettre ces derniers à l'abri; ultérieu
(2) E. Unger, Reallex. Vorgesch. s. v. Tem- rement, l'idée de l'héroïsation a pu exercer
pelturm, p. 255, § 8; Herzfeld, Iran in the son influence. Voici donc encore un type de
anc. East, p. 215, pi. XLIV, fig. 325; pour le monument dont l'origine peut se placer en
monument, Survey of Persian art, IV, pi. 80 Asie Mineure; mais il s'est répandu dans les
et Sarre, Kunst des alten Persien, pi. 2; pays voisins. En effet, la tombe sur socle, plus
Sarre-Herzfeld, Iran. Felsreliefs, pi. XXIX. exactement le sarcophage sur socle, n'est pas
Strabon, XV, 3, 7 (731). dit, en parlant du inconnu en Syrie. La plus ' fameuse est le
monument, 7r5pYOV où jiéyav. Qabr Hiram près de Tyr (Syria, 1922, p. 126,
(3) II est pratiquement impossible de décider pi. XXIII, 1 et Gressmann, Altor. Bilder,
si cette forme du socle à degrés a été choisie fig. 239); cf. aussi la tombe de Mérom en
par désir d'assimiler le mort à un dieu, ou s'il Galilée (Gressmann, ibid., fig. 236; Dalman,
•n'y a qu'une forme de tombe monumentale. Zeitschr. d. deutsch. Palâstinaver., 1906, p. 195) ;
Le problème se pose de façon générale à propos ou les exemples de la Syrie du Nord : Butler,
de l'origine de la tombe sur socle. Œlmann, Architecture (Amer. Exped.), p. 107 (Djuwa-
.
Arch. Am., 1930, p. .240, rattache les tombes nieh, Taltîtâ; Kafr Mares, Khirbet Faris);
lyciennes de ce type à une forme de « grenier t> p. 299 (Zebed). Cilicie, MAMA, III, fig. 180.
298 SYRIA
G. — L'Iran.
f1) Dieulafov, Art perse, IV, pi. XIX-XX, accepter l'identité de destination de ces deux
p. 79, fig.. 58; Survey, I, p. 566; Herzfeld, espèces de tours affirmée par Ghirshman,
Zeitschr. d. morg. Ges., 1926, p. 254; Godard, Syria, 1944-1945, p. 181-182 : on ne voit pas
l. l. n. suiv. p. 20, fig. 6-7. la place de l'abri du feu à Nourabad.
(2) Godard, Athar-e-Iran, III, 1938, p. 20; (5) Firuzabad remonte au début de la
Survey, I, p. 566, et n. 3; Thiersch, Pharos, période sassanide; et c'est la même date que
p. 97 et 172. Herzfeld propose pour Nourabad, au contraire
(3) Godard, L L, p. 27 pour les cahar-tak de Ghirshman, qui pense au me-iie siècles
signaux. av. J.-C. (détails techniques : absence de
(4) Godard, p. 10 s., 17-18, -sur les diffé queues d'aronde, emploi du mortier, appareil
rents types de temples du feu, et Vallois, régulier à l'extérieur).
Archit. hell. Délos, p. 328 s. On ne saurait
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LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 301
suffît à ruiner ces dernières. Watzinger déjà avait fait justice de l'hypothèse
avancée par E. Herzfeld (1) qui prétendait retrouver, dans l'emploi de la tour
funéraire, une coutume des Arabes nomades, coutume conservée pour cette
raison dans les cités limitrophes du, désert syrien, dans la région où le nomade
passe à l'état sédentaire, comme à Palmyre, Edesse, Emèse, Hatra : il n'y a
précisément dans ce groupe de tours véritables qu'à Palmyre, les monuments
de Hatra d'un côté, ceux d'Emèse et d'Edesse de l'autre, ne présentant aucune
parenté entre eux.
Mais Wàtzingër lui-même ne s'est pas engagé sur un terrain plus solide.
Pour lui, le prototype des édifices palmyréniens doit être cherché dans les
tours perses de Pasargade et de Naqsh-i-Rustam (2). On a vu ce qu'il fallait
en penser. Il y a toutes les chances que ces prétendues tours n'aient pas été
des tombes; d'ailleurs, Peussent-elles été, il n'en resterait pas moins que leur
usage s'est trouvé strictement limité dans le temps et fut abandonné par les
Perses dès la fin du vie siècle. Il serait vraiment extraordinaire qu'il ait été
réservé précisément à ce type de monument funéraire de se développer, à
l'abri de la conquête perse, pour connaître une fortune inattendue — à la
fin de l'époque hellénistique — dans ce « poste avancé de la civilisation perse »
qu*est Palmyre; et s'il fallait, dans cette formule, remplacer « perse » par
« parthe », la thèse de Watzinger ne soulèverait pas moins de difficultés. Enfin
nous nous contenterons de mentionner l'avis de ceux qui, par des voies
obscures, prétendent rattacher les tours -funéraires aux hilani hittites (3).
En réalité, toutes ces thèses supposent un point de vue plus général qu'il
n'est pas sans intérêt d'examiner. Leurs auteurs, frappés par la rareté de
la tour funéraire véritable, cherchent à la rattacher à un genre de construc
tion plus connu et ils pensent découvrir ce dernier dans la tour-habitation
(« Wohnturm », « Turmhaus »); sur quoi, ils invoquent une théorie générale
selon laquelle la « maison des morts » serait faite, dans l'antiquité, à l'image
de la « maison des vivants ». Il est cependant peu probable que cette théorie,
pour séduisante qu'elle paraisse au premier abord, "puisse résister à l'examen
des faits; il ne nous semble pas, en particulier, que les différents types de
.
mausolées que nous avons signalés en Syrie correspondent à autant de types
d'habitations. Ni le mausolée d'Halicarnasse par ailleurs, ni les mausolées
des empereurs romains ne reproduisent une demeure habitable pour quel
.
qu'un d'autre que des morts. En réalité, les nécessités propres à l'inhumation,
les conceptions religieuses, la tradition et les influences étrangères jouent un
rôle capital dans la genèse ou l'adoption des types, qui possèdent leur carac
tèrepropre, et qui peuvent rarement être confondus avec les « maisons des
vivants (1) ».
Il se trouve, de plus, que les modèles invoqués ne sont pas de véritables
« tours-habitations ». Herzfeld se réfère, en fait, aux hautes maisons à étages
dont nous voyons encore l'image dans les villes de l'Arabie du sud; Wat-
zinger, de son côté,, ne se cache pas que les tours perses qu'il propose comme
modèles sont la réplique de maisons du même type, quoique nées dans une
région plus septentrionale. Est-il sûr cependant que la hauteur et l'étroitesse
relative de ces édifices soient suffisantes à fonder leur assimilation à des
tours ? Il n'est encore venu à l'idée de personne, à notre connaissance, de
tenter un rapprochement analogue pour les maisons médiévales de l'Europe,
également hautes et étroites.
Mais si Watzinger n'a pas osé s'appuyer sur des « tours-habitations »
véritables, c'est que sa documentation était insuffisante. Actuellement les
recherches de P. Grimai nous permettent une vue plus précise de la question (2).
On peut considérer comme établi que le monde méditerranéen antique a
connu, à des degrés divers, ce genre de construction, souvent rattachée à
un corps de bâtiment, mais aussi isolée, bien répandue dans les campagnes
surtout. Des modèles de maisons en terre cuite trouvées en Egypte nous
donnent une bonne image de certaines d'entre elles. Mais la Syrie, tout comme
l'Egypte, la Grèce ou l'Asie Mineure, et peut-être plus que ces régions, a connu
l'emploi de ces édifices. Les nombreuses tours des sites de basse époque de
M On lira, au contraire, les remarques judi- stèles, mais a le tort de rattacher à la même
cieuses de Matz, Antike, 1928, p. 266 s. évolution les monuments d'origine grecque ou
(Hellenistische und rômische Grabbauten) qui anatolienne, comme le mausolée proprement
évite les idées systématiques : il est clair que dit.
le mausolée imite un temple et non une mai- (2) P. Grimal, Mél. Ec. Rome, p. 28 s. et
son d'habitation. Pfuhl, Jahrbuch, 1905, R. Vallois, Arch, hellén. Délos, p. 214-216.
p. 73-75, a bien vu les rapports entre tours et Cf. plus haut pour l'Egypte, I, E.
304 SYRIA
la Syrie du Nord et du Hauran ne sont pas des points de départ, mais des
maillons d'une longue chaîne, et des monuments comme la tour de Serd-
jibleh, encore parfaitement conservée (1), nous en ont gardé une image à peu
près parfaite.
Or nous avons nous-même signalé l'identité de structure entre la tour
funéraire du Hauran et ses pendants profanes; faudra-t-il dès lors reprendre
la théorie générale déjà combattue, en s'abstenant simplement de chercher
les modèles au loin alors qu'ils existent tout près ? On verra plus loin ce qu'il
y a lieu de retenir de la constatation mentionnée; en tout cas, on ne saurait,
maintenir le même point de vue pour Palmyre. Watzinger â été induit en
erreur dans toute cette. question parce qu'il s'est mépris sur le rôle du type
*
primitif A et qu'il avait les yeux fixés sur la tour à chambres successives à
loculi. De fait, le modèle primitif qui n'abrite à l'intérieur qu'un escalier ne
ressemble en rien à une habitation, et elle ne sert de demeure ni aux vivants
ni aux morts. Et ainsi on se voit obligé de reprendre la question à la base.
L'élimination des thèses sur l'origine arabe , ou perse n'a pas vraiment
de quoi nous surprendre : on a constaté l'absence de tours, et même la rareté
de monuments funéraires d'autres types, dans les régions voisines de la Syrie.
Inversement, on se persuade vite de .l'insignifiance relative des hypogées dans
cette contrée (à l'exception de régions comme la Phénicie où- d'anciennes
traditions sont vivaces), si on jette un coup d'oeil comparatif sur les nécro
poles d'Alexandrie en particulier. La Syrie est, à l'heure actuelle encore,
constellée des vestiges de mausolées de types divers de la période hellénis
tique et romaine, comme nul autre pays voisin : comment ne pas rattacher à
cet ensemble les tours funéraires du Hauran, de Palmyre et du Moyen-
Euphrate, de la Cilicie enfin ? On constate, en fait, l'action de tendances
analogues dans une même région allant du Taurus à la Mer Morte et de la
Méditerranée à l'Euphrate : tendances favorables à l'érection de monuments
se dressant au-dessus du sol.
La chronologie n'est pas en opposition avec cette manière de .voir. La
t1) Watzinger, p. 83. Pour la tour de , tours-habitations était prouvé, on. reviendrait
Serdjibleh, ■Butler, Princeton, Exped., II, B, encore à une origine syrienne, ou égyptienne
p. 230, fig. 232 et Amer. Exped. Architecture, à la rigueur. '
.
tour de Palmyre apparaît au ier siècle avant notre ère et connaît son apogée
au Ier après; celle de Cilicie remonte sans doute aussi haut; quant au Hauran
nous sommes contraints à plus de prudence. Les autres monuments funé
raires de la Syrie sont en majorité de la période romaine, quoique remontant
à des modèles bien antérieurs, hellénistiques en général; mais on se souvient
du grand nombre de ceux qui se placent aux premiers siècles avant et après
notre ère. Or, il est impossible de ne pas mettre ce fait en relation avec la
conquête romaine, la création de la province syrienne et la reprise de la
marche en avant de la civilisation hellénique freinée jusque-là, sinon contre
balancée, par les influences locales, ou étrangères, tout au long de la décadence
de la maison des Séleucides ; une même vague porte maintenant la civilisation
gréco-romaine à travers la Syrie jusque sur les bords de l'Euphrate.
Mais examinons de plus près ce qui se passe en Syrie occidentale. On aura
noté, dans notre classification, l'établissement de grandes zones : la Syrie
du nord d'un côté, la Phénicie-Palestine de l'autre. Dans la première, c'est
le règne du mausolée proprement dit : nul doute que la diffusion de ce type
ne s'explique par la proximité du pays d'origine du monument et par
l'hellénisation plus profonde de la région voisine d'Antioche, la capitale
séleucide. On peut sans doute faire des réflexions analogues sur les balda
quins ou les chapelles à pyramides, sortes de mausolées en réduction adaptant
un type indigène; et l'on s'accordera aussi à reconnaître le caractère
hellénisé des monuments distyles de la même région. Plus au sud, au contraire,
dès que l'on pénètre en Phénicie et en Palestine, on constate la prédomi
nancede ce que nous avons appelé le mausolée-stèle; Mais la diffusion de
ce type correspond à un éloignement plus grand par rapport à Antioche, et
l'on dira qu'à l'indépendance politique plus ou moins grande de ces régions
sous la domination des Séleucides a répondu une indépendance culturelle
plus prononcée (fig. 12).
On voit les conclusions qu'on peut tirer de cette constatation. Le seul lien
véritable qui unit les différentes contrées où l'on rencontre la tour funéraire
proprement dite, Palmyre et Moyen-Euphrate, Hauran iet Cilicie Trachée,
c'est leur situation excentrique : ce sont des régions reculées en marge des
contrées de population dense et de civilisation avancée. Or la tour est de
toute évidence une construction fruste : celle de Palmyre, en particulier, ne
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Fig. 12.
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 307
saurait échapper à cette définition; elle nous apparaît ainsi comme le produit
« provincial » de la tendance générale définie plus haut. Mais ce caractère pro
vincial ne doit pas cacher qu'elle reste le pendant des mausolées de la Syrie
occidentale, qu'elle n'est, en définitive, qu'une variante d'un type général.
Nous avons pris suffisamment soin, dans l'établissement de notre clas
sification, de signaler les différences qui séparent les divers types, pour nous
permettre maintenant d'attirer l'attention sur ce qui peut les rapprocher.
Le mausolée de la Syrie occidentale est un édifice auquel on cherche à conférer
un caractère monumental par des proportions élancées susceptibles d'accuser
sa hauteur; c'est la même intention qui se fait sentir dans la forme allongée
des pyramides des naiskoi. Or il est évident que la tour, même si nous igno
rons quel fut son couronnement, frappe par des caractères analogues : la
hauteur précisément.
Mais on peut relever, de plus, les liens qui, dans les conceptions funéraires,
unissent- Palmyre à la Syrie occidentale. On se souvient que nous avons été
amenés à reconnaître dans les mausolées-stèles de Phénicie et de Palestine
des « nefesh », d'après les indications des textes mêmes. On possède heureuse
ment un bon lot d'inscriptions de fondation de tours palmyréniennes {1). La
rédaction grecque révèle une grande uniformité : la tour est désignée géné
ralement par le terme -de umpstov = monument. Or ce terme est réservé
à l'édifice proprement dit, comme on l'apprend par les textes (tours n° 66 a,
68, 155) où il se trouve opposé à <jt:y;azloi/, désignant l'hypogée. Par ailleurs,
il convient de donner au mot « monument » son sens plein ; car une distinction
est établie, ici ou là, avec la sépulture, véritable (rrrp?, raçîwv), si bien qu'on
lit pour le n° 169 : zb uvrjpsîw tiç xiwtov rzfù- 'i/r.iift. Mais la rédaction
palmyrénienne, moins susceptible d'être entachée d'influences occident
ales, est plus • significative. Elle n'est pas, de manière générale, une
majorité"
traduction littérale du texte grec, etle terme qui est employé dans la
(1) Watzinger, p. 77, où l'on trouvera les et VIII, 64. Dans un cas, la tour de Jamblique,
références bibliographiques aux numéros des CIS, II, 4123, le palmyrénien traduit [ZV7)[XsTov
tours. Pour d'autres emplois du mot « nefesh » ' par le terme sémitique correspondant DKRN'.
en palmyrénien : des stèles d'ordinaire, cf. CIS, Les deux textes essentiels sont Inv., IV, 19,
II, 3905, 3907, 3909, 4210 et Cantineau, et Inv., IV, 7 a.
Inv. VIII, 6 et 37 (deux textes énigmatiques)
308 SYRIA
des cas est tout simplement celui de « tombeau » (QBR). On ne saurait s'en
étonner, puisque aussi bien la tour du type évolué, à laquelle toutes ces inscrip
tionsse rapportent, est réellement un tombeau. On sera ainsi d'autant
plus frappé de rencontrer deux fois le terme de « nefesh » (nos 34 et 66 a).
Un peu surprenant pour la tour à chambres à loculi successives, le terme trouve
sa pleine justification avec le type A primitif : là, la tour n'est pas véritabl
ement la sépulture; elle se dresse au*dessus des tombes aménagées dans son
socle et accessibles de l'extérieur, à la manière des mausolées-stèles qui nous
ont révélé l'emploi du mot. La tour primitive est ainsi un monument dans
le sens plein du terme, choisie pour son aspect et destinée à cette fonction
seulement.
Nous n'avons plus le moyen de faire la même démonstration pour la
tour du Hauran, et elle est bien moins nécessaire du moment que Palmyre
se trouve être plus excentrique et que la conception du « nefesh » est bien
attestée dans le Hauran précisément, encore que les inscriptions signalées ne
puissent que rarement être rattachées à des monuments connus W. Au surplus,
les dédicaces des « pigeonniers » étant de l'époque chrétienne en général, il
n'y a pas lieu d'attendre de précisions sur ce sujet, bien que certaines dis
tinguent, comme à Palmyre, entre la sépulture (ruajSoç) et la tour (zlipyoç)
élevée au-dessus (tr.îpSîv, y.o6imzfjt). Quant à la .Cilicie, on est dépourvu
d'indications plus détaillées; signalons simplement que l'une des tours porte
au sommet de la pyramide une pierre prévue comme support de statue : on
a donc le correspondant des mausolées de Cnide ou de Mylasa (2), à part l'orga
nisation de l'élévation extérieure, par où le monument cilicien avec son aspect
fruste se révèle bien comme « provincial ».
La conclusion paraît inévitable : la tour funéraire se rattache aux maus
olées de la Syrie occidentale dont elle reprend les proportions et assume
les fonctions.
f1) Cf. pour le Hauran les exemples suivants en grec gttjXt)) et les nos 39 et 40, aussi le
de « nefesh », où l'inscription est gravée sur un n° 105 (grec : (jivr^eïov) ; peut-être : Qanaouat,
« linteau » ou une pierre pouvant avoir appar- CIS, II, 169; Capitolias (ibid., 194); Umm-er-
tenu à une tour ou un monument du genre de Resas (ibid., 195). Pour les « pigeonniers »,
celui de Chamratè : Umm-ed-Jemal, CIS, II, cf. ci-dessus, p. 268, n. 1.
192; Princeton Exped., IV A, n° 41 (bilingue, (2) Cf. ci-dessus, p. 276, n. 1 et p. 275, n. 4.
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 309
II nous est apparu qu'un des traits saillants du « nefesh » est l'indifférence
de la forme qu'il reçoit. C'est bien encore ce qu'on constate pour la tour :
elle n'est pas un monument funéraire dans le principe et n'a pour elle que
son aspect haut et imposant. Mais dès lors une question supplémentaire se
pose : quelle est l'histoire de ces tours antérieurement à leur utilisation funér
aire, et comment le rapprochement avec des tombes a-t-il pu se faire ?
Nous pouvons résoudre le problème pour le Hauran, du moins dans les
grandes lignes, grâce aux inscriptions suffisamment explicites qui nous sont
conservées. On se souvient, en effet, que dans cette région la tour funéraire
portait le nom de « pigeonnier ». Et les dédicaces de Bassus, Majorinus et
autres M précisent bien que l'édifice couvrait la tombe du défunt et donnait
abri au sommet « aux colombes ailées ». Il n'y a pas lieu d'hésiter : ces cons
tructions funéraires étaient aménagées en véritables pigeonniers. C'est beau
coup, mais pas assez pour satisfaire notre curiosité. Cependant, la rédaction
sèche et prosaïque de certains textes (2), où il n'est fait que mention de l'érec
tiond'un pigeonnier, paraît exclure la possibilité que les compositions en vers,
plus développées, ne soient que le reflet de l'inspiration heureuse d'un auteur
d'épigrammes : une allusion poétique de cet ordre n'a guère pu s'établir comme
appellation d'un usage courant. Il y a donc autre chose à l'origine de
nos textes, que le choix occasionnel par. des colombes d'un monument élevé
et peu fréquenté comme demeure.
On pourrait être tenté de se référer à des conceptions religieuses et de se
souvenir que la colombe était l'oiseau sacré de certaines divinités, comme
l'Astarté sémitique,' ou son équivalent hellénisé, Aphrodite. Les fouilles > de
Beisan en Palestine nous ont livré le modèle en terre-cuite d'une sorte de
pigeonnier rond avec des oiseaux représentés au sommet, et des objets ana
logues ont été mis aux jours en divers endroits de l'île de Chypre. On a dûment
parlé à ce propos de la « maîtresse des âmes et de la déesse aux colombes (3) ».
f1) Cf. p. 268, n. 1, les n08 3, 4 et 7. des « spate Auslàufer » de celles de Palmyre.
(2) Cf. ibid., les n08 2, 5 et 6 où il n'est ques- (3) Gressmann, Alior. Bilder, fig. 673 et 523
tion que du rzzpiazepsbiv. Nous ne voyons (Idalion) et 524 (Larnaka) et Vallois, Arch.
évidemment aucune raison de considérer avec hellên. Délos, p. 353 avec bibliogr. n. 3.
Watzinger (p. 83) les tours du Hauran comme
Syria. — XXVI. 39
310 SYRIA
Bien entendu, les chrétiens qui érigèrent la majorité des tours du Hauran
avaient toutes les raisons d'oublier ces connexions et ne sauraient en avoir
parlé, à moins qu'ils n'aient découvert un sens symbolique nouveau à la
présence de ces oiseaux.
Ce qui nous paraît infiniment probable, en tout cas, c'est que les cam
pagnes hauranaises étaient parsemées de tours -habitations du genre de
celles dont nous avons déjà parlé, demeures possibles du patron, ou des
ouvriers et des gardiens, pendant la bonne saison et au moment de la récolte,
remise pour les outils, colombier permanent enfin. L'habitude d'enterrer les
morts en dehors des remparts des villes, l'usage possible d'établir les sépultures
dans les propriétés même a pu provoquer le rapprochement décisif : ainsi le
pigeonnier, de purement utilitaire et profane qu'il était à l'origine, s'est
transformé en tour funéraire. Cette évolution a pu être favorisée par
l'usage, bien attesté sur les bords de la Méditerranée, des « jardins funéraires » :
un texte de Dama dans le Hauran associe précisément le « monument » à
une cour comprenant une citerne et un figuier (1).
Que des rapprochements de ce genre aient pu se faire, il n'est ni absurde
ni téméraire de le supposer. D'autres monuments ont été exposés à une
rencontre analogue, bien qu'il ne semble pas qu'on soit jamais passé aux
conclusions dernières. Une inscription archaïque d'une tour ronde, s'élevant
sur la baie de Potamia à Thasos <2), nous apprend que l'édifice avait été
érigé à la fois pour la sauvegarde des navires et des matelots (entendons
comme phare) et comme tombe d'un certain Akératos. Une épigramme de
Kaibel (3) raconte que le gardien d'une tour, sans doute de fortification ou
de guet, continuait à monter sa garde, enterré au pied de l'édifice. A l'entrée
du Pirée, des noyés étaient inhumés à la base de deux colonnes qui servaient
de signaux de feu à la navigation; et il n'est pas impossible, malgré tout,
que les tombes signalées à côté du phare d'Abousir doivent leur emplacement
à un rapprochement analogue (4>. Il est indéniable, dans tous ces cas, que la
I1) P. Grimal, les Jardins romains, p. 63, (2) Baker-Penoyre, Journ. hell, stud., 1909,
p. 342, n. 36 et1 Pauly-Wissowa, s. v. Cepo- p. 96 et 250. Pour le personnage, cL Launey,
taphium (Samter).' Inscription de Dama : Bull. corr. hell., 1934, p. 180.
Waddington, 2452 : ib [iv^a xal rrçv aùXrjv (3) Kaibel, 111.
xal t6v !v6vtoc Xaxxov xal auxcova êipû-reuacv. (4) Thiersch, Pharos, p. 19 (cf. Bull. corr.
Cf. aussi 2322 de Soueida. hell., 1887, p. 131) et n. 1 et p. 26 pour le phare
LA TOUR FUNÉRAIRE DE LA SYRIE 311
d'Abousir. F. Robert, Thymèlë, p. 200, a Us art, p. 56. Nous ignorons, en réalité, quels'
réuni les indications que l'on possède sur les étaient les rites funéraires pratiqués dans la
tombeaux-phares dans l'antiquité. cité. Si le culte des morts comportait des céré-
f1) Étude d'ensemble par le R. P. Abel, monies périodiques, l'escalier de la tour A
Rev. Bibl., 1946, p. 56 : Les tombeaux des pouvait servir à cette occasion, soit pour des
Hérodes. rites, soit simplement pour permettre l'accès
(2) La célébration de cérémonies rituelles de la plate-forme aux membres de la famille,
a été suggérée par Rostovtzeff, Dura and
312 SYRIA
f1) Thiersch, Pharos, p. 99 et 172 s. L'au- toyens de marque et les polyandres des guer-
teur invoque d'ailleurs à ce propos les tours riers morts pour la patrie, de telle manière que
de Palmyre. la ville devienne plus forte et que ceux qui ont
(2) Philon, Traité de fortification, IX, 2, honoré leur pays par leur vertu ou par leur
recommandait les tombeaux en forme de tour mort y soient ensevelis honorablement. » Cette
de manière qu'ils pussent servir à la défense recommandation est sans doute, comme sou
■
dela cité : « On doit construire autant que pos- vent, le reflet d'un usage connu,
sible en forme de tour les tombeaux des ci-