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Licence 1 du module Module :


Première année Latifa SARI Initiation au Les libertins et le libertinage
M. texte au XVIIe siècle
13ème séance littéraire

LE LIBERTINAGE AU XVIIe SIECLE

Le libertinage et les libertins


Le libertinage, réduit par l’Église à l’image caricaturale d’une débauche sans frein, est
un courant d’idée important qui innerve tout le siècle. Sous Henri IV et Louis XIII, on a
affaire à un "libertinage flamboyant" (René Pintard) qui, dans le sillage de quelques Grands,
revendique un certain affranchissement des mœurs et est friand d’une littérature gaillarde et
satirique (Théophile de Viau). Ce courant survit jusqu’à la Fronde mais est peu à peu
remplacé par un mouvement à visée philosophique (Pierre Gassendi, La Mothe Le Vayer,
Gabriel Naudé). Ses membres se recrutent surtout dans une bourgeoisie élitiste et gallicane,
hostile au pape et aux jésuites. Ils fréquentent le Collège de France, l’Académie des
Sciences et certains salons (Madame de La Sablière, Ninon de Lenclos).
Le libertinage revendique une liberté de pensée, un goût de la réflexion indépendante,
un mépris du fanatisme et de tout esprit de système. Héritiers des humanistes, les libertins
pensent qu’on peut expliquer le monde par la raison et faire ainsi l’économie de la religion.
De leur rationalisme empirique va naître la pensée scientifique moderne.
Leur volonté de profiter de la vie et de rechercher les plaisirs, même dans la modération,
les font passer pour des dépravés. Ils sont ainsi en butte à une répression séculière
particulièrement vive. Théophile de Viau mourra après son procès de 1623 et cinq écrivains
libertins seront effectivement exécutés pour leurs écrits entre 1610 et 1698. C’est pourquoi
ils développent une technique pour échapper à l’opprobre. Leurs livres sont conformistes en
apparence, mais un travail sur le texte leur permet de diffuser leurs idées : sous-entendus,
allusions, ironie, double-sens, etc. Cela laisse des marques dans la littérature, sur le plan
formel mais aussi thématique : individualisme, esprit critique, mépris des opinions vulgaires.
Ils développent également des genres dits mineurs : burlesque contestant la littérature
traditionnelle (Charles Sorel), évocations narratives de mondes anciens ou lointains (Denis
Veiras, Fontenelle), fictions philosophiques. Cyrano de Bergerac est sans conteste le grand
représentant littéraire de ce courant d’opinion au XVIIe siècle.

I/ Le libertinage de pensée
Le libertinage de pensée est un courant de pensée qui est apparu au XVIIème siècle qui a pris
son essor en Italie.
Il est caractérisé par la prépondérance du matérialisme selon lequel tout dans l’univers répond
de la matière et non d’un quelconque créateur.
Les libertins sont pour la plupart athées et considèrent que la raison est primordiale par
rapport à la religion.
II/ Le libertinage de mœurs
Le libertinage de mœurs naît peu après le libertinage de pensée et ne se donne aucune limite
morale : il renie toute tradition et tout est bon pour satisfaire le désir des libertins de mœurs
qui agissent a leur guise et pratiquent sans remord le cynisme et l'hypocrisie à l’image du
Dom Juan de Molière.
III/ Les principaux auteurs libertins
Les auteurs libertins les plus célèbres sont issus du XVIIème et XVIIIème siècle :
1
Molière : Dom Juan
Cyrano de Bergerac : Les Etats et Empires de la Lune et du Soleil
Fontenelle : L’origine des fables
Choderlos de Laclos : Les Liaisons Dangereuses.
Crébillon fils : Les Egarements du cœur et de l’esprit.
A/ Bernard de Fontenelle :
Bernard de Fontenelle est né en1657 et il meurt en 1757. Il est noble et se consacre aux lettres
ainsi qu’à la philosophie.
Il est membre de nombreuses académies scientifiques et littéraires, aussi bien françaises,
qu’étrangères.
Fontenelle fait semblant de critiquer les croyances païennes (oracles, démons) pour en réalité
critiquer la religion chrétienne et en particulier les prêtres qui entretiennent la crédulité des
gens.
B/Choderlos de Laclos :
Pierre Ambroise Choderlos de Laclos est né le 18 octobre 1741 à Amiens et il est mort en
septembre 1803. Il est l’un des principaux écrivains de son époque. Il est considéré comme un
écrivain aussi scandaleux que le Marquis de Sade ou Restif de la Bretonne.
Les liaisons dangereuses qui est un roman épistolaire, est l’un de ses plus grands chefs
d’œuvre et comme il le dit : « faire un ouvrage qui sortît de la route ordinaire, qui fît du bruit,
et qui retentît encore sur la terre quand j’y aurais passé ». C’est l’un des livres les plus connus
au monde.
Les deux principaux thèmes abordés dans ce livre sont la pruderie et le libertinage. Tous les
deux sont présentés comme réducteurs et destructeurs pour l'individu, l'un par sa négation du
corps puis l'autre par sa négation du cœur et de l'âme.
IV/ Le roman libertin :
Des le XVIIe siècle, des auteurs considérés comme libertins semblent se faire connaître.
Cette écriture met en scène une liberté de penser et d’agir qui se caractérise le plus souvent
par une perversion morale ainsi qu’une quête égoïste du plaisir.
La vie en société est présente comme un jeu de dupe dont les libertins maîtrisent à la
perfection les codes et enjeux.
La séduction y est un art complexe que l’on entreprend comme un défi (Dom Juan), un désir
ou un amour propre.
La femme est identifiée comme une proie à « entreprendre » et à « conquérir », qui finit plus
au moins rapidement par céder devant son « chasseur ».

V/ La peinture libertine :
La femme règne dans cet univers et autour d'elle flotte la promesse du plaisir.
Dans la réalité sociale, soit les femmes règnent dans les salons par leur esprit, soit elles sont
enfermées dans des couvents, soit elles sont mariées contre leur gré.
Dans la peinture, elles baignent dans le luxe et la richesse et on peut voir leurs amourettes et
aventures.
Les images sont chargées de représenter vivement les aspects du plaisir, ce qui est interdit
d'exprimer par la parole.

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Licence 1 du module Module : La Querelle des Anciens et
Première année Latifa SARI Initiation au
M. texte
des Modernes
14ème séance littéraire (la fin du XVIIe siècle)

Introduction
La fin du siècle marque une certaine sclérose, mais une nouvelle génération déjà cherche sa
voie, annonçant le temps des Lumières.
L'opposition entre tradition et modernité est une constante dans l'histoire de la littérature
moderne. Au XVIIe siècle, avec les débats sur les Lettres de Guez de Balzac (1624-1629) ou la
"Querelle du Cid (1637)", c’est surtout la "Querelle des Anciens et des Modernes" qui marque
l’Histoire, tant par son intensité (tous les écrivains qui comptent y participent à un moment ou à
un autre) que par sa longueur (1653-1715).
Elle se déroule en quatre temps. C’est d’abord la "Querelle du merveilleux chrétien" (1653-
1674) : quelques auteurs publient des épopées héroïques, prônant la supériorité du
christianisme sur le paganisme en littérature. Elle est suivie de la "Querelle des inscriptions"
(1675-1676) dans laquelle le milieu culturel s’interroge sur la langue des épigraphes à graver
aux frontons des monuments érigés à la gloire du roi ; c’est le français qui l’emporta sur le
latin.

La Querelle des Anciens et des Modernes


Une célèbre querelle anime la fin du XVIIe siècle : au modèle antique, défendu par les
« Anciens », s’opposent des formes nouvelles pratiquées par les « Modernes ». Au XVIIIe
siècle, le combat penche nettement du côté des Modernes : le Louvre plus beau que le Colisée,
Pascal plus profond que Platon, Boileau supérieur à Horace… On peut voir dans cette querelle
une articulation spectaculaire du siècle de Louis XIV sur celui de Louis XV et la traiter comme
un “événement”, ou n’en faire qu'un épisode de l'éternelle rivalité des générations, mais ce
serait en limiter l'enjeu. La rivalité entre Versailles et Paris, la cour et la ville, s’affirme. Les
écrivains survivants de la période classique – Boileau, Racine, La Fontaine, Bossuet ou La
Bruyère – font partie de l'establishment et sont fidèles aux doctrines officielles de l’Académie
française. Si Charles Perrault, déjà âgé à la fin du XVIIe siècle, se retrouve en position de
conquérant moderne, c’est aussi parce qu’il fait l’objet d’une disgrâce. À travers cette querelle
des Anciens et des Modernes, il s’agit d’affirmer la supériorité expressive de la langue
française sur le grec et le latin, autant que du « penser par soi-même » (sans référence
nécessaire aux Anciens) en étant à l’écoute d’une époque en pleine mutation. C’est l’émergence
d'une modernité culturelle, où l'idéologie des Lumières – le goût de la découverte, de
l’invention et de la liberté – remplace peu à peu ceux de l'Humanisme et de la Contre-Réforme
qui ont modelé le XVIIe siècle. Sur près d’un siècle, entre 1650 et 1750, plusieurs thèmes
seront visités et donneront lieu à des escarmouches, à de violentes diatribes, puis à des combats
d’arrière-garde. En réalité, la victoire des Modernes semble acquise dès 1715.

Un premier conflit naît autour du merveilleux chrétien : tragédies sacrées et épopées


chrétiennes se multiplient et se donnent comme supérieures, parce que fondées sur la vraie foi,
aux œuvres inspirées de la mythologie païenne. Corneille en ouvre la voie avec Polyeucte, dès
1641. Mais Boileau s’insurge contre ce courant dans son Art poétique, en 1674. Le deuxième
point est celui de l’expression en langue française : en 1676, il est proposé de remplacer les

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formules latines qui ornent les monuments publics par des inscriptions en langue française. Les
résistances sont nombreuses et vives. L'helléniste Charpentier tranche en faveur de l’évolution
en affirmant L'Excellence de la langue française (1683). Un débat plus profond commence
alors avec Charles Perrault, en 1687, par la lecture à l’Académie de son poème Le Siècle de
Louis le Grand. Il y soutient en effet la thèse d'une supériorité esthétique des écrivains du
temps sur les auteurs antiques, flattant le roi pour la grandeur de son époque, ainsi que le public
dans son ensemble, qui voit se rapprocher de lui les critères d'un goût confisqué par les
« doctes », méprisant les formes artistiques liées au plaisir : le conte, la poésie sentimentale,
l'opéra, le roman. Du côté de Perrault se rangent Fontenelle (Digression sur les Anciens et les
Modernes, 1687) et, dans leur grande majorité, les femmes, contre lesquelles Boileau écrit sa
Satire X (1694). Un autre élément se cristallise autour de la « querelle » : la traduction
d’Homère. Que le poète ait ou non existé, les traductions rivales qu'en donnent Mme Dacier
(scrupuleuse, savante, ennuyeuse, en prose) et La Motte (abrégée, simplifiée, aplatie, en vers)
ne sont ni l'une ni l'autre satisfaisantes. Personne ne voit comment elles pourraient servir de
modèle aux poètes à venir. Et c'est la question même du modèle qui est posée. Montesquieu et
Marivaux tirent la leçon de cette querelle « homérique », par la moquerie satirique – lettre
CXXXVII des Lettres persanes (1721) – ou la parodie burlesque – L'Iliade travestie (1717).
Fénelon tente de réconcilier les parties dans sa Lettre à l'Académie (1714), où il admire la
simplicité des Anciens, la voit à l'œuvre dans l'imitation de la « belle nature », tout en
ménageant les Modernes par le choix de la prose poétique. L'auteur du Télémaque (1699)
célèbre aussi un amour des hommes vivants et un désir de les voir habiter un monde plus
heureux et plus juste, non en souhaitant la reconstitution d’un lointain âge d'or, mais plutôt par
une projection de la Cité à construire. Sur la forme, l’artifice du discours poétique donne encore
lieu à polémique, mais des esprits éclairés, Fontenelle et surtout Voltaire, le défendent avec
force.

Vers 1750, l’ensemble des problématiques de la querelle n’est pas encore dépassé, mais le
débat a nourri l’émergence du mot et de l’idée de « littérature », avec un statut d’écrivain rendu
plus digne par le lien de ses œuvres avec l’opinion publique. L’esprit de création s’est opposé à
la seule autorité sur les plans religieux, politique et sociologique et a fait bouger le siècle, par
les « belles lettres ». Cet affrontement a su se donner une expression « mondaine », à travers les
cercles jansénistes et les salons littéraires ou philosophiques, autant de cases d’écho que
Voltaire exalte dans son poème Le Mondain (1736).

Les conséquences ne sont pas négligeables. La remise en cause des modèles du passé ébranle
les notions de tradition et d’autorité. Le goût classique ne peut plus imposer son esthétique qui
puise dans l’Antiquité, et l’esprit critique qui résulte de l’affrontement va s’imposer. La
Querelle des Anciens et des Modernes annoncent ainsi la philosophie des Lumières.

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