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Licence 1 du module Module : Les genres littéraires à


Première année Latifa SARI Initiation au
M. texte
l’époque classique :
11ème séance littéraire La poésie, la fable

La poésie
Les genres en vers
Il ne faut pas confondre le vers et la poésie au XVIIe siècle : on écrit encore des romans en vers, et
la plupart des pièces sont des "poèmes dramatiques". Boileau cite Molière comme un modèle pour
les poètes ("Enseigne-moi, Molière, où tu trouves la rime", Satire II), et certains des alexandrins
de Racine sont parmi les plus beaux de la littérature française.
Héritiers de l'humanisme, les poètes ont en général reçu une solide éducation classique, complétée
par la lecture des auteurs modernes français et étrangers, notamment italiens. La pratique de
l'imitation est omniprésente tout au long du siècle : Guez de Balzac, accusé de plagiat, défend
l'idée d'une légitime innutrition et lui ajoute celle d'émulation. Le poète italien Marino a une
grande influence sur la génération de 1625, tandis que les classiques s'inspirent plutôt des modèles
antiques.
Beaucoup de poètes ont également fait des études juridiques, ce qui explique peut-être leur goût
pour la législation et les règles en poésie. La perspective classique, dans laquelle la poésie est
affaire de savoir-faire plutôt que d’inspiration, accentue ce goût pour les règles en art : la
deuxième partie du siècle voit la publication de nombreux ouvrages ou préfaces de critique
littéraire, dont certains (comme L’Art poétique de Boileau) sont eux-mêmes de la poésie. La
classification des genres et des tons est minutieusement codifiée et on distingue :
- la poésie lyrique (qu'on peut chanter) dite également strophique, qui comprend le grand
lyrisme (celui des odes et des stances, genres de la poésie d'apparat destinée à glorifier, et des
chansons et cantiques, plus religieux) et le petit lyrisme (qui regroupe des genres courts de la
virtuosité verbale, souvent mondains : sonnet, rondeau, ballade, madrigal, épigramme,
épitaphe, quatrain, impromptu) ;
- la poésie non lyrique (ou non strophique) constituée de récitatifs continus en vers égaux à rimes
plates, à tendance narrative le plus souvent, à laquelle appartiennent notamment l'épopée (récit
versifié de hauts faits), l'élégie (réservée à l’expression des sentiments), l'églogue, l'idylle, la
bergerie (surtout affectés à la poésie pastorale), la satire (ironique ou polémique), l'hymne (le plus
souvent religieux), le discours (pièce d'éloquence), l'épître (lettre en vers), les romans et les
contes en vers, les fables, les poèmes didactiques.
2- Les courants de la poésie
En poésie plus encore que dans les autres genres, baroque et classicisme, traversés et travaillés
chacun par des courants divers, ne sont pas des périodes homogènes ni chronologiques, mais
représentent plutôt les deux pôles entre lesquels chaque poète est à la recherche d'un équilibre
propre : dérèglement ou maîtrise, originalité ou régularité, jeu ou sérieux, richesse ou
simplicité. Jusqu'en 1660 toutefois, la tendance est plutôt baroque, même si les deux poètes qui
dominent le début du siècle, Malherbe et Régnier, préfigurent en partie le classicisme. A partir de
1620, un nouveau climat s'installe et Théophile de Viau occupe le devant de la scène. La
génération de 1625 est particulièrement riche et diverse : gaité baroque (Saint-Amant), courant
burlesque (Paul Scarron), mélancolie maniériste (Tristan), courant pastoral (les Illustres Bergers),
raffinements de la poésie mondaine (Vincent Voiture).
Les thèmes baroques du tragique de l'existence et de l'écoulement du temps trouvent leur
expression la plus aboutie dans une poésie qui fait une large part au jeu, mais qui est toujours à

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mi-chemin entre le rire et le désespoir. La poésie baroque cherche à séduire les sens et l'esprit (par
la virtuosité, la surprise, l'énigme). Ses ressources stylistiques de prédilection sont l'hyperbole, la
pointe ou concetto (paradoxe, surprise finale), l'antithèse, la métaphore (de préférence filée), la
périphrase, la personnification, l'hypotypose et l'ekphrasis (qui donnent à voir). La préciosité et le
burlesque sont de subtils contrepoints à une esthétique baroque qui est également travaillée de
l'intérieur par le maniérisme et la poésie des marinistes.
La poésie classique, dont l'avènement, à partir de 1660, a été préparé par les malherbiens, et
l'atticisme des poètes mondains, rejette les outrances et le raffinement de la poésie baroque, et
prône une esthétique du naturel, de la clarté, de l'équilibre, qui souhaite parler à la raison, dans un
style sobre, dépouillé et ramassé, peu figuré mais attaché à la justesse des termes. Le classicisme
n'est d’ailleurs pas plus monolithique que le baroque : il n'existe pas un mais des classicismes,
selon les modèles imités.
La génération des poètes nés dans les années 1620-1640 se retrempe aux sources de l'antiquité,
mais la poésie semble s'épuiser, victime d'une certaine désaffection que le XVIIIe siècle
confirmera. Deux grands noms subsistent et marquent le triomphe du classicisme : Nicolas
Boileau, son législateur, et La Fontaine, poète de la synthèse des classicismes, influencé aussi par
le Moyen Âge et certains baroques. Au delà de l'efflorescence des années 1660-1680, le
classicisme est à son tour contesté, et de moderne qu'il était face aux baroques qu’il décrétait
anciens, devient lui-même ancien pour les nouveaux modernes qui, autour de Charles Perrault,
rejettent l'influence antique.

Quelques poètes classiques

1) Mathurin Régnier
Mathurin Régnier, l’un des écrivains les plus originaux du XVIe siècle, naquit à Chartres, le 21
décembre 1573, l’année qui suivit la Saint-Barthélemy. Son père, Jacques Régnier, notable
bourgeois de Chartres, avait créé sur la place des Halles, un jeu de paume, qui resta longtemps
célèbre et fut connu, tant qu’il exista sous le nom de tripot Régnier. Sa mère, Simone
Desportes, était la sœur de l’abbé Desportes, poète connu à l’époque, très bien vu en cour et
pourvu de gros bénéfices.
Il entendait très souvent lire les poésies de son oncle, plus respecté à Chartres que tout autre poète,
et commença de l’imiter par de petits poèmes satiriques sur les honnêtes bourgeois qui
fréquentaient le tripot de son père. Il monta ensuite à Paris auprès de son oncle. À vingt ans, il
s’attacha au service du cardinal de Joyeuse, et fit à sa suite en 1695, un premier voyage à
Rome. Il commence à écrire ses Satires. En 1601, il fit un second voyage à Rome, dans la suite de
Philippe de Béthune nommé ambassadeur par Henri IV et y resta jusqu’en 1605. Il y écrivit sa
sixième Satire, mais ne tira guère avantage de ce voyage et en revint triste et dégoûté de tout.
2) Théophile de Viau
Né entre mars et mai 1590 à Clairac et décédé le 25 septembre 1626 à Paris, Théophile de Viau
est un poète et dramaturge baroque français, connu pour ses poèmes licencieux et son athéisme.
Théophile est le poète le plus lu au XVIIe siècle, même s'il sera oublié suite aux critiques des
Classiques. Son écriture est aisée et innovante. C'est un moderne.
Depuis le XXe siècle, on le classe comme un auteur baroque. On le considère également
comme un libertin. Même si ce dernier terme apparaît un peu dans son œuvre, ce sont avant
tout des dénominations tardives.
Bien qu'un moment protégé du roi Louis XIII, il a dû se convertir au catholicisme, et vivre
longtemps caché suite à des peines d'exil prononcées contre lui. Il a en effet été accusé à tort
d'avoir publié des poèmes obscènes. On lui reprochait en fait ses croyances très libres et ses
pratiques homosexuelles.
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La poésie burlesque
La poésie burlesque est un genre poétique qui consiste à parodier un sujet grave et noble. Parmi
ses procédés, on trouve le travestissement des aventures héroïques en aventures comiques et
bouffonnes, où les dieux et les héros usent d'un langage vulgaire, ridicule et décalé. On
considère que la forme française de la poésie burlesque fut inventée par Scarron dans son
Virgile travesti qui commence ainsi la dédicace du premier livre :
« Je promets à Votre MAJESTE, dès le commencement de mon épître, qu'elle en verra bientôt la
fin, et c'est peut-être ce qu'elle en trouvera de meilleur. »
Boileau et la poésie classique
Sous le règne de Louis XIV, la bourgeoisie ne cesse de s'élever. Boileau est, dans l'ordre des
lettres, le représentant le plus authentique de cette bourgeoisie.
Il est issu d'une longue suite de greffiers, d'avocats et de petits officiers de finance. C'est à peine si,
parmi les ascendants de sa grand-mère paternelle, on rencontre quelques magistrats. Il est du
Palais et un peu d'Église ; à onze ans, il reçoit des lettres de tonsure, et sera huit ans prieur de
Saint-Paterne. Peu dévot, moins encore mystique, il vivra entouré de prêtres, de religieux,
même de jésuites, malgré les sympathies que Port-Royal lui inspire et qu'il ne cache
pas. L'influence du Grand Arnauld, rencontré chez le premier président Lamoignon, va
entraîner Boileau dans une direction nouvelle. Il renonce pour vingt-cinq ans à la satire et se
tourne vers les Épîtres morales. Il se détache de ses amis pyrrhoniens et de ses admirateurs de
cabaret. Son épître III, assez faible littérairement, atteste cette évolution. Il prend part aux
séances de la docte académie Lamoignon. On l'y invite à composer un art poétique, et on lui
propose le sujet du Lutrin. Mme de Montespan étend sa protection sur lui et sur Racine devenu
son ami. Boileau est présenté au roi en 1674 ; une pension de deux mille livres lui est accordée.
L'Art poétique paraît pendant l'été de 1674. C'est un résumé de la doctrine classique telle qu'elle
avait été élaborée en France dans la première moitié du siècle. L'ouvrage n'a rien, et ne pouvait
rien avoir d'original dans son inspiration. Mais ce qui le distingue de tous les traités de ce
genre, c'est qu'il est en vers et qu'il cherche à plaire plus qu'à instruire. Composé à l'usage des gens
du monde, il obtient auprès d'eux le plus éclatant succès.

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M. texte La poésie, la fable
12ème séance littéraire (la suite du cours)

La poésie narrative : Les Fables


Jean de la Fontaine : un auteur engagé du XVIIe siècle
Jean de la Fontaine est un poète fabuliste français du XVIIème siècle. Il s'est inspiré et a même
souvent repris les fables d'Esope, auteur grec du VIème siècle avant Jésus Christ, pour ensuite les
transposer dans le contexte actuel de son époque. C'est, à travers ses fables éditées dans douze
livres parus entre 1668 et 1694, qu'il nous communique ses idées. Mais, afin d'éviter la censure,
dans ses critiques, Jean de La Fontaine représente les hommes - notamment Louis XIV et ses
courtisans - par des animaux. Nous nous sommes ainsi demandé comment les fables de Jean de la
Fontaine révélaient l'engagement de leur auteur. Dans une première partie, nous verrons donc le
contexte historique à l'époque où Jean de la Fontaine était le fabuliste de la cour de Louis XIV.
Nous ferons ensuite une brève description de l'auteur et finirons par expliquer ce qu'est une fable
en précisant les particularités qu'elle possède chez l'auteur. Puis, dans une seconde partie, nous
montrerons que Jean de la Fontaine était un auteur engagé du XVIIème siècle et soulignerons donc
cet argument en nous appuyant sur deux de ses fables: La cour du lion et Les obsèques de la
lionne.
I- Jean de la Fontaine: le fabuliste à la cour du Roi Louis XIV
1- Le contexte historique
Après la mort de Richelieu et de Louis XIII, en 1643, débute le règne de Louis XIV qui durera
jusqu'en 1715, soit un règne de plus de 60 ans qui restera le plus long de toute l'histoire de France.
A la mort de Mazarin, en 1661, Louis XIV décide de ne pas prendre de premier ministre et de
gouverner seul. C'est sous son règne que la Monarchie Absolue atteint son apogée. C'est le roi qui
prend seul les décisions finales en dirigeant des Conseils qui ont chacun un rôle précis: le Conseil
d'en haut, le Conseil des finance, le Conseil des dépêches et le Conseil des parties. Le roi est
assisté de quelques ministres d'Etat qui siègent au Conseil d'en haut: Colbert, pour les finances, et
Louvois, pour l'armée, sont restés les plus célèbres. Un intendant de justice, police et fiances, dans
chaque généralité, dirige l'administration et lève l'impôt au nom du roi (principalement la taille).
Louis XIV a choisi pour emblème un soleil rayonnant sur le globe, avec pour devise latine: Nec
pluribus impar, ce qui signifie " Au-dessus de tous" (comme le soleil). Il organise et fabrique les
images de sa gloire militaire: tapisseries, sculptures, peintures, gravures, médailles, poésies et
opéras. La vie intellectuelle est disciplinée et centralisée au service du roi. Les artistes et écrivains
dépendent du roi et de son soutien financier (sous la forme de pensions distribuées par Colbert).
Ils sont admis à la cour, à condition de célébrer la gloire royale. Le XVIIème siècle est le temps de
l'art et de la littérature "classique' comme le théâtre de Racine et de Molière et les fables de La
Fontaine.
Au XVIIème siècle, un auteur ne put exister sans le soutien d'un puissant protecteur. Par
malchance ou manque de clairvoyance, La Fontaine compromet les débuts prometteurs de sa
carrière en acceptant la bienveillance du puissant Fouquet. Lorsque le Contrôleur Général des
Finances paye sa liberté la somptueuse fête qu'il donne à Vaux Le Vicomte pour éblouir le Roi
Soleil, La Fontaine partage, malgré lui, la déchéance de son maître. Colbert, dans un premier
temps, puis le souverain en personne, ne lui pardonnent pas les années passées auprès du ministre
condamné.

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Les talents artistiques de l'homme ne font pas sans doute l'unanimité à la Cour de Versailles
néanmoins les admirateurs ne manquent pas. Quelques figures importantes de la Haute
Aristocratie prennent fait et cause pour l'écrivain mal aimé qui n'accorde peu d'indulgence pour la
société de son époque. Remarquablement précis dans ses observations, ironique et malicieux à la
fois, La Fontaine aborde, dans ses fables, les défauts et les manies de ses contemporains à travers
la mise en scène d'un bestiaire varié et exotiques. Du rat avare au singe hypocrite, du lion
orgueilleux au renard rusé et de l'âne soumis à l'ours violent, La Fontaine expose à son lecteur sans
rien en dissimuler les comportements risibles, et souvent ridicules, des hommes du XVIIème.
Mal aimé en son temps, incompris et critiqué de ses pairs, La Fontaine est cependant devenu, au
lendemain de sa mort, l'un des plus talentueux écrivains de la littérature française. Ses dizaines de
fables, auxquelles pourtant il ne prêtait qu'une importance secondaire, entretiennent sa gloire
posthume. Apprises et récitées par des générations d'écoliers, traduites en plusieurs langues, elles
fournissent aux historiens actuels une image précieuse, quoique très souvent ironique, de la société
du XVIIème.
2- Présentation de Jean de la Fontaine
Jean de la Fontaine est né le 8 Juillet 1621 à Château-Thierry, où il sera baptisé le jour même.
C'est un poète, moraliste, dramaturge, librettiste et romancier français.
On dispose de très peu d'informations sur les années de formation de cet auteur et ses études
restent mal connues. On sait qu'il a étudié au collège de Château-Thierry, établissement très
réputé, jusqu'en 3ème, où il apprit surtout le latin et le grec.
Le 27 Avril 1641, La Fontaine entre à l'Oratoire de Paris. Mais préférant Rabelais à Saint
Augustin, il quitte sa carrière religieuse au bout de 18mois, dès 1642.
Il reprend des études de droit et fréquent un cercle de jeunes poètes: les chevaliers de la table
ronde, où il rencontre Pellisson, François Carpentier, Tallement des Réaux et Antoine Rambouillet
de La Sablière et fait connaissance d'autres hommes de lettres tels que: Conrart, Maucroix,
Charpentier, et Cassandre. Le 10 Novembre 1647, il épouse Marie Hécart, alors âgée de 14 ans,
qui lui donne un fils, Charles. En 1649, il obtient un diplôme d'avocat au Parlement de Paris. Pour
ce que l'on sait, ses fréquentations sont celles de sociétés précieuses et libertines de l'époque.
Sa vocation poétique s'éveille et il commence sa carrière par, la publication d'un premier texte, en
1654, L'Eunuque, une comédie adaptée de Térence, qui passe totalement inaperçue. Ce sont ses
Fables, éditées dans douze livres parus entre 1668 et 1694, qui lui procurent un immense succès.
Parmi les plus célèbres, on peut citer: Le Corbeau et le Renard, La Grenouille qui se veut faire
aussi grosse que le bœuf, Le Rat de ville et le Rat des champs, Le Lion et le Rat ou encore La
Cigale et la Fourmi. En Décembre 1692, La Fontaine tombe gravement malade et demande à être
converti par l'abbé Pouget, jeune vicaire de St Roch. Le 9 Février 1695, La Fontaine est pris de
faiblesse en revenant de l'Académie. Il meurt le 13 Avril à Paris et est enterré le 14 au cimetière
des Innocents.
3- Qu'est-ce qu'une fable ?
D'après Esope, la fable a pour mission de faire rire, d'avertir par l'exemple et de corriger les
erreurs en charmant l'oreille.
L'événement raconté par le fable, la plupart du temps unique, est symbolique d'une situation
courant, et l'explique. Les personnages sont en général stéréotypés et constants. Elle met en scène
des animaux: le lion représente le pouvoir et la grandeur; le loup, la cruauté, la force sauvage et
stupide, le totalitarisme; le renard symbolise l'intelligence fine, la réflexion et la ruse; le chien, la
bonté et la fidélité; le singe, le burlesque mais aussi la sagesse; l'âne, la sottise; le chat, l'égoïsme
et la cruauté.
Dans les fables de La Fontaine, les animaux sont au nombre de vingt-cinq.
On y trouve d'abord les forts et les puissants: le chat, le lion, la lionne, le loup, le renard, l'aigle, le
milan et le vautour.

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D'un autre côté, on trouve les faibles et les victimes: le mouton, l'agneau, la brebis, le chevreau,
l'âne, la souris et le poisson.
Le chien, la grenouille, le serpent, l'éléphant, et le rat sont parfois forts, parfois faibles en fonction
de l'animal auquel ils sont confrontés.
La Fontaine est surtout connu pour les dizaines de fables qu'il a composées jusqu'à la veille de sa
mort. La fable est un genre littéraire très ancien et déjà utilisé. A l'époque de l'Antiquité Romaine,
Esope rédige de courtes histoires mettant en scène hommes et animaux. Le récit s'achève sur une
morale dont il revient au lecteur de tirer un enseignement.
Des siècles plus tard, La Fontaine s'inspire des héritages de son brillant aîné: il y ajoute pourtant sa
touche particulière...
Mal reçu à Versailles, l'écrivain ne se prive pas de souligner, parfois cruellement, les absurdités de
la Cour du Roi Soleil. Deux fables éclairent les couloirs du palais d'une lumière bien étrange: au-
delà des salons feutrés, des anti-chambres cossues, mensonges, hypocrisies et trahisons régissent
les rapports de ceux qui vivent à l'ombre du souverain
Les animaux mis en scène ne sont pas choisis par hasard. Chacun jour un rôle bien précis.
- Le lion: sa puissance, son orgueil démesuré et son attitude rappellent le comportement de Louis
XIV. A l'image de l'animal qui le symbolise, le roi règne sur sa Cour. Jaloux de son pouvoir,
méfiant d'une Noblesse remuante de nature, il convoque régulièrement auprès de lui les princes de
sang pour mieux les surveiller. Une invitation à Versailles ne se décline pas. Il faut s'y soumettre,
quitter sur l'heure sa résidence provinciale et accourir au plus vite. La violence que le lion déploie
quand un courtisan commet l'erreur de lui déplaire souligne avec quelle facilité le souverain peut
briser la réputation et la renommée de celui qui ne satisfait pas ses exigences. Attention toutefois!
Si le lion n'est pas dupe des courbettes du singe réjoui de sa sévérité, Louis XIV n'apprécie pas
davantage les hypocrisies trop marquées d'un courtisan empressé et soucieux d'obtenir sa faveur.
- Le singe, l'ours et le renard évoquent les attitudes de la Cour. Le bonheur qu'éprouve le singe
quand l'ours endure la colère léonine n'est pas sans rappeler que des profondes tensions animent
Versailles: la déchéance de l'un fait le bonheur de l'autre et la disgrâce du malheureux arrange les
affaires de l'ambitieux.
La morale de la fable résonne comme un avertissement. Le renard est le plus malin de ses
compères. Il a compris qu'au palais de son maître, il n'est jamais bon de dévoiler trop haut ses
opinions. L'hypocrisie n'est cependant pas la meilleure conseillère. La Fontaine prévient: un bon
courtisans ne prend jamais ouvertement parti et doit éviter de se compromettre dans de trop
violentes querelles.
Enfin, la comparaison que l'auteur utilise quand il évoque la Cour dévoile des sentiments sans
concession à l'égard d'un univers où il ne s'est jamais senti à son aise. Le message est clair: par
delà des dorures des tableaux et l'éclat brillant de la Galerie des Glaces, les corridors du palais ne
sont guère plus avenants qu'un affreux charnier. Comportements écœurants, attitudes répugnantes
ont donc découragé l'honnête homme de pénétrer à Versailles...

II- Jean de la Fontaine : un auteur engagé qui critique une société


1. L’engagement de Jean de la Fontaine
Jean de la Fontaine était un auteur engagé de son temps. En effet, en dénonçant la société
corrompue dans laquelle il vivait, ce fabuliste cout beaucoup de risques : Louis XIV n’était pas un
roi très commode, s’il quelque chose ne lui plaisait pas, il le faisait payer à celui-ci, ou cet auteur
pouvait aussi être censuré. Mais Jean de le Fontaine était un homme adroit : il contourne la
censure grâce aux animaux qu’il met en scène dans ses fables. Effectivement, il utilise le discourt
indirect pour annoncer sa médisance : il réfléchit à la critique et ses animaux le disent à sa place.
De cette façon, Jean de la Fontaine ne pouvait pas affirmer qu’il critiquait la monarchie de Louis
XIV car ce n’est pas lui qui en fait le blâme directement.
2. La critique de la société par Jean de la Fontaine
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Pour cette partie, nous avons choisie de prendre comme exemple deux fables de Jean de la
Fontaine :
- Les obsèques de la lionne
- La cour du lion

a. Les obsèques de la lionne :

Les obsèques de la Lionne


La femme du Lion mourut :
Aussitôt chacun accourut
Pour s'acquitter envers le Prince
De certains compliments de consolation,
Qui sont surcroît d'affliction.
Il fit avertir sa Province
Que les obsèques se feraient
Un tel jour, en tel lieu ; ses Prévôts y seraient
Pour régler la cérémonie,
Et pour placer la compagnie.
Jugez si chacun s'y trouva.
Le Prince aux cris s'abandonna,
Et tout son antre en résonna.
Les Lions n'ont point d'autre temple.
On entendit à son exemple
Rugir en leurs patois Messieurs les Courtisans.
Je définis la cour un pays où les gens
Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents,
Sont ce qu'il plaît au Prince, ou s'ils ne peuvent l'être,
Tâchent au moins de le paraitre,
Peuple caméléon, peuple singe du maître,
On dirait qu'un esprit anime mille corps ;
C'est bien là que les gens sont de simples ressorts.
Pour revenir à notre affaire
Le Cerf ne pleura point, comment eût-il pu faire ?
Cette mort le vengeait ; la Reine avait jadis
Etranglé sa femme et son fils.
Bref il ne pleura point. Un flatteur l'alla dire,
Et soutint qu'il l'avait vu rire.
La colère du Roi, comme dit Salomon,
Est terrible, et surtout celle du roi Lion :
Mais ce Cerf n'avait pas accoutumé de lire.
Le Monarque lui dit : Chétif hôte des bois
Tu ris, tu ne suis pas ces gémissantes voix.
Nous n'appliquerons point sur tes membres profanes
Nos sacrés ongles ; venez Loups,
Vengez la Reine, immolez tous
Ce traître à ses augustes mânes.
Le Cerf reprit alors : Sire, le temps de pleurs
Est passé ; la douleur est ici superflue.
Votre digne moitié couchée entre des fleurs,
Tout près d'ici m'est apparue ;
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Et je l'ai d'abord reconnue.
Ami, m'a-t-elle dit, garde que ce convoi,
Quand je vais chez les Dieux, ne t'oblige à des larmes.
Aux Champs Elysiens j'ai goûté mille charmes,
Conversant avec ceux qui sont saints comme moi.
Laisse agir quelque temps le désespoir du Roi.
J'y prends plaisir. A peine on eut ouï la chose,
Qu'on se mit à crier : Miracle, apothéose !
Le Cerf eut un présent, bien loin d'être puni.
Amusez les Rois par des songes,
Flattez-les, payez-les d'agréables mensonges,
Quelque indignation dont leur cœur soit rempli,
Ils goberont l'appât, vous serez leur ami.
Jean de La Fontaine - Les Fables Livre VII

Les obsèques de la lionne, cette fable est extraite du livre VIII. Cette fable s’inspire d’un malheur
survenu à la Cour du Roi Soleil : le décès e, 1683 de la reine Marie Thérèse d’Espagne que Louis
XIV a épousé à l’occasion du traité des Pyrénées (Juin 1660).
Cette fable est une véritable satire de la cour de Louis XIV. A travers le cerf, on assiste à une
véritable satire de l’absolutisme royal. Il reproche aux courtisans de Louis XIV de manquer
d’intelligence, d’être trop bête pour réfléchir. Ils sont à l’image de ce que l’on attend d’eux. C’est
ce que l’on peut appeler la logique du paraître. On peut dire globalement que les courtisans sont
hypocrites envers Louis XIV. Jean de la Fontaine reproche aussi au roi de n’être que le monarque
absolu dont on ne voit que la cruauté. Il reproche aussi que le système de la cour est perverti, que
Louis XIV ne tolère que son point de vue. La cour du lion, dans cette fable, représente en réalité la
cour de Versailles.

b. La cour du lion :

La Cour du Lion

Sa Majesté Lionne un jour voulut connaître


De quelles nations le Ciel l'avait fait maître.
Il manda donc par députés
Ses vassaux de toute nature,
Envoyant de tous les côtés
Une circulaire écriture,
Avec son sceau. L'écrit portait
Qu'un mois durant le Roi tiendrait
Cour plénière, dont l'ouverture
Devait être un fort grand festin,
Suivi des tours de Fagotin.
Par ce trait de magnificence
Le Prince à ses sujets étalait sa puissance.
En son Louvre il les invita.
Quel Louvre ! Un vrai charnier, dont l'odeur se porta
D'abord au nez des gens. L'Ours boucha sa narine :
Il se fût bien passé de faire cette mine,
Sa grimace déplut. Le Monarque irrité
L'envoya chez Pluton faire le dégoûté.
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Le Singe approuva fort cette sévérité,
Et flatteur excessif il loua la colère
Et la griffe du Prince, et l'antre, et cette odeur :
Il n'était ambre, il n'était fleur,
Qui ne fût ail au prix. Sa sotte flatterie
Eut un mauvais succès, et fut encore punie.
Ce Monseigneur du Lion-là
Fut parent de Caligula.
Le Renard étant proche : Or çà, lui dit le Sire,
Que sens-tu ? Dis-le-moi : parle sans déguiser.
L'autre aussitôt de s'excuser,
Alléguant un grand rhume : il ne pouvait que dire
Sans odorat ; bref, il s'en tire.
Ceci vous sert d'enseignement :
Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire,
Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère,
Et tâchez quelquefois de répondre en Normand.
Jean de La Fontaine. Livre VII

Cette fable a été écrite en 1678 et est extraite du livre VII.


Cette fable est elle aussi une critique de la cour et de ses courtisans. Les critiques sont toujours les
mêmes : on reproche au roi d’être un homme sévère, qu’il décide de tout… et Jean de la Fontaine
reproche toujours aux courtisans d’être des personnes fausses, de se battre entre eux pour être
auprès du roi, et d’être toujours des hypocrites. Dans cette fable, Jean de la Fontaine destine le «
vous » aux courtisans ainsi qu’aux lecteurs, il lui sert à donner des conseils.

3. Jean de la Fontaine fait passer un message à travers ses fables


Dans Les obsèques de la lionne, la vision du cerf est un moyen de montrer au lecteur que l’on peut
sauver sa vie grâce à son imagination.
Il dénonce très explicitement l’hypocrisie des courtisans. Il expose aussi la monarchie pervertie
dans laquelle il vit. Il remet aussi complètement en cause l’absolutisme royal, de la cour et de ses
principes. Ses morales sont valables aussi bien au XVIIème siècle qu’à notre époque.
Conclusion
En effet, mal aimé et critiqué à la Cour de Versailles, La Fontaine n'accorde que peu d'indulgence
à ses contemporains: dans ses fables, il dénonce leurs plus gros défauts à travers une mise en scène
d'animaux stéréotypés. C'est d'ailleurs, grâce à ses fables; qu'il connaît un immense succès et
devient l'un des plus talentueux écrivains de la littérature française. La Fontaine nous dévoile la
véritable face cachée de Louis XIV et de sa Cour et nous fait donc preuve de son engagement. Il
utilise de nombreux stratagèmes pour éviter la censure: il personnifie les animaux pour dénoncer
la société corrompue de son époque. Il critique le Roi Soleil, à qui il reproche sa sévérité et son
autorité, ainsi que les courtisans, à qui cette fois, il reproche leur hypocrisie dont ils font preuve
pour avoir une place auprès du roi. En effet, Jean de la Fontaine remet complètement en cause
l'absolutisme royal et les principes de Louis XIV et de sa Cour.
Mais, à cette époque, Jean de la Fontaine était-il le seul écrivain engagé qui critiquait Louis XIV et
sa Cour ?

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