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George Orwell,
La Ferme des animaux
GUIDE PEDAGOGIQUE
établi par Florian Pennanech
1 • Hatier © 2021
Classiques & Cie lycée • La Ferme des animaux • guide pédagogique
L’ÉDITION
Classiques & Cie Lycée
À l’occasion de la réforme du lycée et de la mise en place du Nouveau Bac
français, la collection Classiques & Cie a été entièrement repensée de manière
que chaque ouvrage offre aux enseignants une séquence complète sur l’œuvre
et le parcours associé, telle que définie dans les nouveaux programmes.
Cette édition de La Ferme des animaux comprend ainsi le texte du roman,
associé à une proposition de parcours « Contre-utopies et dystopies », ainsi qu’à
de nombreux autres enrichissements pédagogiques.
L’avant-texte
Composé des rubriques « Qui est l’auteur ? », « Quel est le contexte ? » et
« Pourquoi vous allez aimer ce récit », l’avant-texte permet d’amener l’élève
progressivement à la lecture du texte.
Au fil du texte : « Des clés pour la lecture linéaire »
Soigneusement annoté, le texte du roman est enrichi, à intervalles réguliers, de
pages « Des clés pour la lecture linéaire », qui permettent d’interroger des
passages emblématiques de l’œuvre, selon les exigences de l’explication de texte
orale. Structuré en fonction de la progression du texte, le questionnaire comprend
une série de questions d’analyse littéraire, suivies d’une question de grammaire
et d’une proposition d’activité (écrit d’appropriation, approfondissement
documentaire, etc.). La plupart des questions sont associées à une aide
permettant à l’élève de travailler en autonomie.
Un parcours « Contre-utopies et dystopies »
Ce parcours permet d’analyser, à travers plusieurs extraits de récits, la manière
dont la littérature invente des mondes idéaux ou terrifiants et de montrer
comment la fiction nourrit la réflexion politique, économique et sociale.
Le dossier Nouveau Bac
Le dossier inclut des prolongements artistiques et culturels (adossés à un encart
photos), ainsi qu’une rubrique « Sujets de Bac » permettant de s’entraîner sur les
nouvelles épreuves du bac.
En annexe, des fiches de méthode sont proposées pour traiter les travaux
d’écriture ainsi que l’épreuve orale.
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Conclusion
8. En quoi Major l’Ancien apparaît-il comme un orateur maîtrisant la rhétorique ?
Le mélange entre mise en scène de soi et implication d’autrui, les jeux sur les
rythmes, parallélismes et répétitions, la désignation d’un ennemi unique qui
permet de donner une explication universelle, tous ces procédés démontrent une
remarquable maîtrise de la rhétorique.
Orwell veut-il montrer que Major manipule la foule, ou bien au contraire prête-t-
il à l’animal sa propre verve pour exprimer ses convictions profondes ? Il est
difficile de trancher, surtout si l’on considère que Major est une figure de Marx
voire de Lénine, et qu’Orwell vise ici le stalinisme, corruption à ses yeux des idéaux
marxistes-léninistes. La présence de la rhétorique est donc ici ambivalente.
9. En quoi est-il aussi susceptible de toucher le lecteur ou la lectrice ?
La peinture pathétique du sort des animaux peut toucher le lecteur ou la lectrice
soit en suscitant de l’empathie pour les animaux réels, soit en l’amenant à décoder
l’allégorie et à l’appliquer aux êtres humains. Ces deux niveaux de lecture ne sont
pas incompatibles : on peut être sensible à l’exploitation animale et à
l’exploitation humaine. Ici encore le texte joue avec des niveaux de sens multiples.
La question de grammaire
10. Analysez la troisième phrase (l. 83 à 86) en identifiant les propositions
subordonnées.
• « qu’il me reste de longs mois à vivre auprès de vous » : subordonnée
conjonctive, COD du verbe « penser » ;
• « qu’il est de mon devoir de vous transmettre un peu de la sagesse que j’ai pu
acquérir » : subordonnée conjonctive, COD du verbe « croire » ;
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Conclusion
7. En quoi l’auteur cherche-t-il à faire approuver la révolte par le lecteur ou la
lectrice ?
Le lecteur ou la lectrice s’identifie difficilement aux personnages humains, qui sont
animalisés ou mécanisés ; à l’inverse ce sont les animaux qui sont humanisés, et
tout est fait pour susciter l’empathie. Ce renversement des attributs des humains
et des animaux vise à susciter l’adhésion du lecteur ou de la lectrice.
8. Dans quelle mesure cependant cette révolte paraît-elle l’effet du hasard et non
de la volonté des animaux ?
Le récit présente un certain arbitraire : l’effacement des causes et motivations
prive la révolution d’intelligibilité.
La question de grammaire
9. Étudiez les temps des verbes dans les trois premières phrases (l. 95 à 99).
« vint », « se rendit », « fit », « fut » : passé simple/« tombait » : imparfait
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L’image du héros qui continue à se battre malgré ses blessures est aussi très
importante (pensons à Roland dans La Chanson de Roland qui continue à faire un
carnage alors qu’il se vide de son sang…).
4. Comment Boxeur fait-il à son tour l’objet d’une héroïsation par le récit ?
On note que Boxeur est comparé à un cheval, mais cette fois ce n’est pas un simple
baudet qui donne des ruades, c’est un « étalon », l’animal noble de l’épopée par
excellence. Le cheval est donc anobli par cette comparaison (« à la manière d’un
étalon »). On remarque aussi qu’il porte des « coups de sabots ferrés » : il a pour
ainsi dire revêtu l’armure d’un héros épique.
Le caractère valeureux de Boxeur s’exprime aussi bien par les superlatifs (« le plus
terrifiant des spectacles ») que par la mise en scène d’une efficacité immédiate
(« son premier coup percuta le crâne d’un garçon d’écurie de Foxwood et
l’expédia, inerte, dans la boue »).
Conclusion
7. Pourquoi cette bataille est-elle importante pour la visée politique du texte ?
La bataille de l’Étable va devenir un mythe fondateur du régime mis en place par
les animaux, avec deux figures héroïques, Boule de Neige et Boxeur. Dans les
régimes totalitaires, la propagande attache beaucoup d’importance aux figures
héroïques qui fournissent des modèles au peuple, qui veut leur ressembler et se
montre donc obéissant et zélé envers le pouvoir.
8. Quelle est la fonction du comique dans ce texte ?
Au-delà de la dimension divertissante, l’effet héroï-comique (qu’on peut
rapprocher d’autres batailles d’animaux par exemple « Le combat des rats et des
belettes » de La Fontaine) permet aussi de ridiculiser les ennemis du régime
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naissant. Ils symbolisent les pays qui ont réagi à la révolution russe lorsque celle-
ci n’en était qu’à ses débuts, autrement dit avant de basculer dans le totalitarisme
sanguinaire qui en constitue aux yeux d’Orwell la trahison.
On doit ici nuancer les idéaux pacifistes d’Orwell : pour lui, qui a notamment
combattu en Espagne auprès des Républicains contre les Franquistes, il existe des
guerres justes et des violences légitimes, pourvu qu’elles soient menées au nom
de l’égalité et de l’émancipation.
La question de grammaire
9. Étudiez l’accord sujet-verbe dans la première phrase (l. 70 à 73).
Le verbe s’accorde avec le sujet. Dans « un vol de pigeons », c’est le substantif
« vol », et non son complément déterminatif « de pigeons », qui donne ses
marques au verbe (troisième personne du singulier).
On pourrait toutefois faire un accord sylleptique (« par le sens »), à la troisième
personne du pluriel, si l’on considérait que le verbe devait plutôt s’accorder avec
« pigeons ».
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Conclusion
7. En quoi ce passage constitue-t-il un tournant de l’histoire ?
La violence de l’extrait met en évidence le passage de la ferme des animaux à un
régime autoritaire : d’abord la violence physique spectaculaire avec l’apparition
des monstres quasi fantastiques ; puis la violence politique, plus feutrée, exprimée
grâce au style indirect libre qui en euphémise l’expression, mais qui est tout aussi
redoutable.
8. En quoi change-t-on résolument de ton ?
On passe d’une satire amusante, aux allures de récit enfantin, presque un conte
de fées (cf. le sous-titre de l’édition originelle) à une réflexion politique visiblement
destinée aux adultes, avec un caractère pathétique et terrifiant.
La question de grammaire
9. Étudiez la concordance des temps dans le dernier paragraphe (l. 232 à 242).
Le style indirect libre, introduit par le verbe « annonça » au passé simple, implique
le conditionnel « seraient suspendues ». Par la suite le style indirect libre continue
d’imposer le passage des verbes à l’imparfait (« elles étaient inutiles et
constituaient une perte de temps ») et au conditionnel (« à l’avenir, les questions
relatives au travail de la ferme seraient réglées par un comité spécial… »).
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travaillerait dur, exécuterait les ordres qu’on lui donnerait et accepterait l’autorité
de Napoléon ». L’effet d’insistance marque ici un entêtement dans l’idée d’un
bonheur possible que le lecteur ou la lectrice sait pertinemment être illusoire.
6. Pourquoi peut-on dire que le personnage d’Anthyllis est aliéné ?
Le discours indirect libre indique la soumission d’Anthyllis et se conclut de façon
significative sur le nom de Napoléon : « elle resterait fidèle, travaillerait dur,
exécuterait les ordres qu’on lui donnerait et accepterait l’autorité de Napoléon ».
Conclusion
7. En quoi peut-on dire que ce texte est globalement lyrique ?
Les codes du lyrisme sont bien présents :
• la contemplation de la nature : « alors qu’elle contemplait les pentes de la
colline… » ;
• l’exaltation liée à un idéal, l’expansion de la phrase signalant l’élan lyrique :
Elle aurait décrit celle d’une société où les animaux, tous égaux, libérés
de la faim et du fouet, travailleraient selon leurs capacités, les forts
protégeant les faibles, comme elle l’avait fait, elle-même, en protégeant la
couvée de canetons égarés entre ses pattes, la nuit où Major l’Ancien avait fait
son discours.
• l’expression du regret élégiaque : « Malgré tout, ce n’était pas cela que les
animaux avaient espéré ni ce pour quoi ils s’étaient battus. Ce n’était pas pour ça
qu’ils avaient construit le moulin ou bravé les balles de Jones ».
8. Pourquoi Orwell a-t-il ménagé une telle pause lyrique au sein du récit ?
Le texte nous permet d’avoir une autre vision du peuple soumis au totalitarisme :
leur résignation n’est donc pas de l’ordre de la lâcheté ou du conformisme mais
plutôt de l’incapacité à penser leur situation. À travers ce choix de narration,
Orwell plaide pour un régime qui permette aux masses d’être éduquées et de
s’émanciper en accédant à la pensée critique.
La question de grammaire
9. Étudiez les propositions relatives dans la troisième phrase (l. 316 à 320).
On relève trois propositions relatives adjectives :
• « qui s’étirait jusqu’à la route » : épithète de « pâturage », « qui » est sujet du
verbe « s’étirait » ;
• « où le blé poussait, dense et vert » : épithète de « champs cultivés », « où » est
complément circonstanciel de lieu ;
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Conclusion
7. Quel peut être la fonction d’un passage aussi pathétique au sein du récit ?
Comme pour le passage avec Anthyllis, il s’agit ici de se placer du point de vue du
peuple. Le passage lyrique avec Anthyllis comme le passage tragique avec Boxeur
n’ont pas de signification précise au sein de l’allégorie que constitue La Ferme des
animaux. On ne peut pas rapporter la mort de Boxeur à la mort d’une des victimes
du régime soviétique en particulier. Il s’agit donc d’une vision générale du peuple
destinée à susciter l’empathie et l’adhésion du lecteur ou de la lectrice. Elle
permet d’ajouter à l’analyse rationnelle des mécanismes du totalitarisme une
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La question de grammaire
8. Justifiez l’accord de « trouvée » dans la deuxième phrase (l. 234 à 237)
Dans la proposition relative adjective « qu’ils avaient trouvée dans une armoire de
la salle de bains » épithète de « une grande bouteille d’un médicament de couleur
rose », le pronom relatif « qu’» est COD du verbe « avait trouvée ».
L’antécédent étant féminin (« bouteille »), le COD antéposé devant un verbe
conjugué au passé composé avec l’auxiliaire « avoir » entraîne l’accord du
participe passé au féminin.
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Metropolis (1927)
1. Quelles sont les composantes de cette affiche ?
Il y a trois composantes : en haut, le titre dont les lettres prolongent le mouvement
vertical des gratte-ciel au centre, avec une ligne de symétrie que l’on retrouve
dans le visage de l’androïde en bas.
L’androïde au premier plan et la ville à l’arrière-plan apparaissent dans un halo de
lumière. Cela accentue l’aspect futuriste en suggérant la présence d’une énergie
diffuse dans la cité et dans le robot.
2. Quel effet produisent les lignes verticales et obliques ?
L’effet de la verticalité est d’abord une impression de hiérarchie : le film est, de
fait, fondé sur une opposition entre le haut et le bas, les riches et les pauvres. Tout
est fait pour empêcher que la hiérarchie sociale ne soit mise en cause.
La verticalité des gratte-ciel suggère ainsi l’écrasement de la population par le
pouvoir des plus riches, tandis que les lignes obliques donnent à l’ensemble un
caractère très géométrique : le but est de suggérer la déshumanisation de cette
cité du futur.
3. Que représente le robot situé au premier plan ?
Ce robot est un personnage essentiel de l’histoire mais symbolise surtout la perte
d’humanité au profit de la technologie et de l’innovation.
1984 (1956)
1. Quelles sont les composantes de cette image ?
La composition est très géométrique : une ligne horizontale au centre qui sépare
le plan en deux parties, des lignes verticales dans la partie supérieure du plan, des
lignes obliques avec effet de perspective dans la partie inférieure ; le tout avec une
symétrie très prononcée par rapport à l’axe vertical du milieu (le nez de
Big Brother). Le caractère géométrique renvoie à la façon dont tout est contrôlé
dans ce monde totalitaire.
2. Que signifient les inscriptions figurant sous les écrans ?
« War is peace, freedom is slavery, ignorance is strength »
« La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force. »
Ces formules essentielles dans le roman renvoient à la subversion du langage par
le pouvoir totalitaire. Un mot peut désormais désigner son contraire, les termes
sont interchangeables, toute vérité a disparu au profit de la parole du Ministère
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de la Vérité qui tient lieu de réalité. La déconnexion entre les mots et les choses
rend toute contestation impossible.
3. Comment la manipulation de la foule est-elle mise en évidence ?
L’effet de profondeur suggère l’immensité de la foule : c’est bien la totalité de la
société qui est ici sommée d’obéir à Big Brother. En outre, la perspective très
marquée produit des lignes qui toutes concourent vers le visage de Big Brother au
centre. Là encore le caractère totalitaire de la société est suggéré : le dictateur est
au centre, tout est relié à lui.
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Sujet de dissertation
Nombreux sont les romans qui mettent en scène un univers dystopique.
Pensez-vous que ce soit un moyen efficace pour critiquer la société ?
Vous répondrez à cette question dans un développement argumenté, en vous
appuyant sur votre lecture de La Ferme des animaux de George Orwell et sur les
autres textes étudiés dans le cadre du parcours « Contre-utopies et dystopies ».
Introduction
• Un roman est un récit de fiction, qui repose sur la narration d’une histoire située
dans un monde au moins en partie imaginaire. Les dystopies, toutefois, nous font
découvrir des mondes plus ambivalents, qui d’une part son clairement imaginaires
(situés dans le futur, empruntant aux codes de la science-fiction, etc.) mais qui se
présentent comme une version possible de notre monde actuel, révélant des
tendances et des conflits latents de notre réalité.
• Il y a donc un paradoxe : la dystopie peut facilement être disqualifiée comme
pure fiction, imagination, fantaisie, parfaitement inopérante et inefficace pour
critiquer la société. En effet, la critique consiste à juger une chose en fonction
d’une norme ; la critique de la société peut se faire au nom de la justice, de l’égalité
ou de la liberté. Or juge rune chimère n’a aucun sens : le lecteur ou la lectrice
risque d’être emporté(e) par l’histoire ou ébloui par l’inventivité du monde
dystopique. Cependant, la dystopie peut aussi être efficace en utilisant les moyens
de la littérature, c’est-à-dire en agissant sur l’esprit du lecteur ou de la lectrice
comme un traité ou un discours politique ne pourraient pas le faire.
• Dans quelle mesure la dystopie, malgré sa dimension nettement imaginaire, est-
elle un instrument puissant pour agir sur l’esprit du lecteur ou de la lectrice et lui
faire réellement voir les dérives possibles du monde réel ?
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est donc efficace, et peut-être même encore plus efficace pour les lecteurs et
lectrices d’aujourd’hui qui constatent que certains phénomènes n’ont fait que
s’accentuer, par exemple la spécialisation des tâches de production industrielle,
ou bien la dégradation de l’environnement conduisant à un contraste de plus en
plus violent entre les conditions de vie des plus riches et des plus pauvres.
• Le genre de la dystopie peut ainsi entrer en résonance avec des inquiétudes de
plus en plus actuelles, devenant de plus en plus efficace au fil du temps. Certains
aspects de notre monde peuvent parfois donner le sentiment que nous vivons déjà
dans une dystopie. Ainsi, pour beaucoup, le développement d’Internet et des
réseaux sociaux donne corps au télécran imaginé par Orwell dans 1984. Pour
d’autres c’est la multiplication des caméras de surveillance, pour d’autres
l’instauration d’une censure insidieuse qui s’apparente à une police de la pensée.
Quoi qu’il en soit, le paradoxe demeure : une dystopie prouve son efficacité
quand elle n’est plus vue comme une dystopie mais comme la réalité même. La
meilleure preuve de l’efficacité de la dystopie est que la frontière entre fiction et
réalité disparaît, du moins aux yeux de certain(e)s lecteurs et lectrices.
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Conclusion
La littérature possède des moyens propres pour critiquer la société, sans se
confondre avec un simple discours politique. Ce qui semble être a priori un
inconvénient (la nature imaginaire de la fiction dystopique) est en réalité un
avantage (car elle frappe l’esprit des lecteurs et lectrices).
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Sujet de commentaire
Rabelais, Gargantua, chapitre LVII
◼ Introduction
• Les sept derniers chapitres de Gargantua sont consacrés à l’abbaye de Thélème :
la guerre contre Picrochole s’étant achevée, il s’agit à présent pour Grandgousier
de récompenser les « victeurs gargantuistes » en leur offrant « le parement de son
buffet », « douze cent mille écus comptant » de ses coffres, et à perpétuité « ses
châteaux, et terres voisines » : La Roche-Clermault à Ponocrates, Le Coudray à
Gymnaste, Montpensier à Eudemon, et ainsi de suite.
• Au début du chapitre LII, le récit s’attarde sur le cas de Frère Jean, qui refuse
successivement les abbayes de Seuilly, de Saint-Paul de Bourgueil, de Saumur, et
à qui revient finalement le droit de fonder une abbaye « à [s] on devis ».
• La fondation de l’abbaye de Thélème semble constituer ainsi l’ultime étape de
l’apprentissage humaniste de Gargantua, et s’inscrire dans le sillage des chapitres
sur l’éducation (chapitres XIV-XV, puis XXIII-XXIV). Rabelais délaisse la veine
comique (ou « carnavalesque ») au profit d’une conclusion sérieuse, venant
apporter la « substantifique moelle » d’une œuvre à laquelle Thélème donnerait
sens et perspective.
• La seule dimension humoristique qu’on puisse observer semble relever de la
continuation de la satire des moines cloîtrés et asservis à des pratiques religieuses
purement formelles. Au-delà de cette dimension, cet ensemble de chapitres paraît
construire un idéal politique, moral et spirituel : l’utopie rabelaisienne est d’abord
et avant tout un lieu de liberté où chacun, n’écoutant que sa volonté (c’est le sens
de thèlèma en grec) accomplit la volonté divine.
• Cependant, cette interprétation suppose d’accepter que l’œuvre perde ici toute
dimension ludique et parodique : une telle rupture de registre s’accorde assez mal
avec le fait que l’abbaye en question est celle de Frère Jean. En effet, le
personnage incarne depuis sa première apparition la trivialité carnavalesque et la
dérision généralisée. Le lecteur est donc amené à s’interroger, à douter de ce final
édifiant (qui cherche à édifier le lecteur en édifiant une abbaye).
• Comment faut-il donc comprendre ce passage qui paraît si incongru au regard
de l’épopée parfois franchement bouffonne que constitue Gargantua ? S’agit-il
d’une profession de foi profondément humaniste ou bien d’une nouvelle satire à
but d’abord et avant tout comique ?
• Il faudra repartir de la lecture courante de ce chapitre comme peinture de l’idéal
humaniste pour montrer que le texte est traversé de tensions dues à la rémanence
de la veine comique : comment le texte parvient-il à concilier l’expression sérieuse
d’un idéal social et l’éloge comique des plaisirs charnels ?
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Sujet de contraction
Effectuez la contraction du texte ci-dessous au quart de sa longueur, soit
en 270 mots.
Une tolérance de +/–10 % est admise : votre travail comptera au moins 243 et au
plus 297 mots. Vous placerez un repère dans votre résumé tous les 50 mots et
indiquerez à la fin le nombre total de mots.
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Sujet d’essai
Pensez-vous que la littérature puisse nous apprendre ce qu’est la
démocratie ?
Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en
prenant appui sur La Ferme des animaux, d’Orwell, sur le texte de l’exercice de la
contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans l’année dans le cadre du
parcours « Contre-utopies et dystopies ». Vous pourrez aussi faire appel à vos
lectures et à votre culture personnelle.
Introduction
• Le mot « démocratie » nous est si familier que tout ce qu’on peut en dire paraît
tenir dans son étymologie transparente : la démocratie (démos + cratein), c’est le
pouvoir du peuple, et pluq précisément, selon la formule d’Abraham Lincoln,
seizième président des États-Unis, le pouvoir du peuple, par le peuple pour le
peuple (discours de Gettysburg en 1863).
• Cependant la démocratie est en réalité une chose complexe qui n’est pas donnée
immédiatement mais qu’il faut « apprendre » la démocratie ; autrement dit
signifie qu’elle n’est pas donnée une fois pour toutes mais s’acquiert au fil du
temps. Il faut en particulier apprendre que la démocratie a, par rapport aux autres
régimes (la monarchie, l’aristocratie), la particularité d’être un régime toujours
menacé. Cette menace est éventuellement extérieure (un tyran peut déclarer la
guerre à une démocratie) mais aussi intérieure (la démocratie elle-même peut
dériver en tyrannie ou en anarchie). C’est pourquoi il ne suffit pas d’avoir des
institutions démocratiques : il faut que les citoyen(ne)s aient intériorisé les valeurs
démocratiques pour se prémunir des dangers et des dérives.
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• Il faut enfin considérer que face à un texte littéraire, nous sommes dans
l’impossibilité de répondre. Certes cela peut paraître anti-démocratique puisqu’il
n’y a pas de dialogue, mais en même temps cela permet de découvrir une pensée
différente de la nôtre dans tous ses méandres, ses complexités, ses subtilités,
toutes ces choses qui disparaîtraient dans un dialogue oral ou un débat public.
Seule la littérature nous permet d’être vraiment confronté(e) à la pensée
d’autrui, à l’altérité. Même lorsqu’elle donne la parole à des auteurs anti-
démocratiques comme Céline, la littérature fait encore œuvre démocratique
puisque la démocratie se définit fondamentalement comme le seul régime qui
permet sa contestation, et même qui l’encourage, car elle est un régime qui vit de
sa remise en cause et de sa rénovation permanente.
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Sujet d’oral n° 1
La Ferme des animaux, chapitre 10, pages 155-157, l. 285-350
◼ Pour démarrer
Situer le texte
• Nous sommes à la toute fin du roman, les idéaux de Major l’Ancien ont été
progressivement trahis, la révolution a été oubliée.
• Les animaux observent, par la fenêtre, Napoléon qui reçoit les fermiers des
environs, dont son ancien ennemi Pilkington, avec qui il semble manifestement
chercher à se réconcilier.
Le caractériser, mettre en évidence la problématique
• Il s’agit de la dernière scène du roman, Orwell entend parachever son allégorie.
Il faut donc se demander ce que signifie cette rencontre finale entre Napoléon et
Pilkington.
• Il faut aussi être attentif à la construction narrative : Orwell veut finir sur un effet
de chute, un final à la fois inattendu, créant la surprise, mais parfaitement
prévisible, car démontrant la logique du totalitarisme.
• Comment ce coup de théâtre final vient-il parachever l’allégorie du
totalitarisme ?
Dégager les objectifs de l’explication
• Montrer la façon dont cet explicit conclut le roman sur le plan formel aussi bien
qu’idéologique.
• Déceler les sens multiples et les discours à double entente pour faire émerger
l’ironie grinçante de ce dernier moment de la satire orwellienne.
◼ Explication linéaire
§ 1 : langue de bois et hypocrisie
• Le texte insiste d’abord sur les qualités d’orateur de Napoléon : brièveté et
efficacité. Le récit reprend ce discours au style indirect libre (introduit au départ
par une incise « dit-il »). La phraséologie de Napoléon contraste avec les idéaux
révolutionnaires exprimés par Major l’Ancien, Boule de Neige et les autres : « Lui
aussi, dit-il, était heureux que la période d’incompréhension soit terminée. » On
reconnaît ici la « langue de bois » qui appelle « incompréhension » ce qui était en
réalité un conflit ouvert.
• La désignation d’un ennemi extérieur (« un ennemi malveillant » qui aurait
propagé les rumeurs) permet la réconciliation générale : c’est le schéma bien
connu du bouc émissaire, qui permet d’apaiser la violence entre deux personnes
en la retournant contre une tierce.
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• Les principes de Napoléon sont désormais aux antipodes des valeurs originelles
de la ferme des animaux. On observe un mélange d’idéaux nobles comme le
pacifisme et de pragmatisme économique « Leur unique désir, à présent comme
par le passé, était de vivre en paix et d’entretenir des relations d’affaires normales
avec leurs voisins. » Il y a dans cette phrase un effet de chute et de contraste
produit par la différence entre la noblesse de l’idéal pacifique et le caractère
purement mercantile du désir d’argent.
• La ferme est désormais entièrement convertie au capitalisme, sous la forme
néanmoins d’une « entreprise coopérative », ce qui est une version très abâtardie
de l’idée d’abolition de la propriété visant l’égalité universelle. Plus exactement,
c’est la seule forme de collectivisme imaginable dans un cadre capitalisme, et sa
mention souligne brutalement comment, graduellement, l’idéal originel s’est
perdu.
§ 2 et 3 : effacement du passé révolutionnaire
• Toujours au style indirect libre, qui permet à la narration de prendre ses
distances et de montrer l’intention satirique d’Orwell, le texte continue de signaler
les diverses trahisons par rapport à l’idéal révolutionnaire.
• Le fait de s’appeler « camarades » est présenté comme une « coutume
ridicule » bientôt abolie et le salut du dimanche matin au crâne de Major l’Ancien
comme une « habitude étrange » qui sera elle aussi bientôt supprimée. Napoléon
entend ainsi effacer le passé : le nom même de Major l’Ancien n’est plus prononcé,
il devient « un vieux verrat » (on peut penser à la pratique stalinienne consistant
à effacer sur les photographies officielles du régime les dignitaires du parti tombés
en disgrâce).
• Il s’agit donc de priver les objets de toute dimension symbolique, c’est-à-dire
exactement l’inverse de ce qui se passait au moment de la révolution, avec
l’autodafé des objets symbolisant l’exploitation animale. Ainsi le drapeau vert
orné du sabot et de la corne est réduit à un simple objet dépourvu de signification,
dont on peut retirer indifféremment le sabot et la corne pour n’avoir qu’un
morceau de tissu vert.
• La fin du paragraphe permet d’atteindre le point culminant de cet effacement
des symboles, puisque la ferme des animaux redevient ferme du manoir.
Napoléon tire argument du fait qu’il s’agit de son « nom d’origine », mais c’est
surtout un nom renvoyant à l’exploitation des animaux par le fermier Jones.
L’effacement du passé révolutionnaire se solde par le retour au passé
prérévolutionnaire, ce qui prépare le terrain à la chute finale, où Napoléon
apparaît comme un nouveau M. Jones.
§ 4 : changement de focalisation et révélation de la monstruosité
• Une fois le toast de Napoléon porté, le récit change de focalisation : désormais
nous percevons la scène à travers les yeux des animaux (on pourrait comparer cela
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◼ Question de grammaire
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Sujet d’oral n° 2
Vincent Message, Défaite des maîtres et possesseurs
texte 11, pages 187-189
◼ Pour démarrer
Situer le texte
• Il s’agit d’une analyse générale qui constitue une pause au sein de l’action. Le
but de l’auteur est ici d’engager une réflexion didactique : le récit tend à se muer
en essai.
Le caractériser, mettre en évidence la problématique
• Le discours rationnel du narrateur se mêle à l’évocation pathétique du sort des
animaux.
• Le sort désormais réservé aux humains est présenté de façon froide comme la
conséquence logique de leurs exactions passées. Une justice immanente
s’accomplit dans cette transformation des anciens bourreaux en victimes.
• Le texte rappelle ainsi les horreurs commises par les humains dans un monde
révolu pour le narrateur, qui est aussi le monde actuel pour le lecteur ou la lectrice
d’aujourd’hui.
Dégager les objectifs de l’explication
• Montrer la façon dont la science-fiction d’anticipation permet de tenir un
discours sur le monde d’aujourd’hui.
• Observer l’efficacité argumentative du dispositif consistant à remplacer les
animaux par des humains sous le regard d’êtres venant d’un autre monde.
• Montrer comment l’alliance de ces deux procédés (renversement du monde et
regard extérieur) permet un discours à la fois ironique et pathétique.
◼ Explication linéaire
§ 1 : la dystopie future, contrepartie de la dystopie présente
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• D’emblée, la façon dont les humains sont traités est présentée comme « une
manière de réplique, ou peut-être de revanche ». Le mot « réplique » insiste sur
le caractère de réciprocité (c’est la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent)
entre la façon dont les hommes traitaient les animaux et la façon dont ils sont
traités désormais. Le terme « revanche » introduit une intention plus manifeste,
et suggère même un certain plaisir pris dans l’accomplissement de ce qui est vu
comme une juste rétribution.
• Le narrateur s’adresse ensuite au narrataire, qui est censé être comme lui, un
extraterrestre du futur (et non pas un humain d’aujourd’hui), comme l’atteste le
pronom « nous » : « Les hommes ne nous ont rien fait, me direz-vous ? Mais si.
Bien sûr que si. » La figure ici utilisée est une sermocination, procédé rhétorique
consistant à anticiper et à formuler les objections d’autrui. L’oralité de ce passage
semble témoigner d’une certaine impatience face au refus de considérer les
exactions des humains.
• S’ensuit un discours qui s’inscrit dans une longue tradition littéraire, celle de la
dénonciation de l’orgueil humain, à cause duquel l’homme se croit au-dessus des
animaux et s’arroge ainsi une place à part au sein de la création. Ce thème
traditionnel est ici revivifié par la conscience écologique, beaucoup plus récente.
Grâce au procédé du regard extérieur, les lieux communs sont soudainement plus
saisissants : « Ils ont tout de même rendu pénible à habiter ce monde qui par
nature était pourtant, d’après notre expérience, l’un des plus accueillants que
l’univers abrite. » Le point de vue extraterrestre donne plus de force à la
dénonciation des actions destructrices de l’homme sur l’environnement en en
faisant un constat objectif fondé sur une connaissance bien plus vaste que celle
des humains.
• On retrouve donc le thème de l’hubris de l’être humain qui existe depuis les
premiers mythes : c’est ici la dimension prométhéenne de l’homme, le fait qu’il se
prenne pour un dieu qui peut disposer de l’ensemble de la création, qui est
critiquée : « En se félicitant constamment de leur intelligence, de l’ampleur de
leurs actions, de la vitesse de leurs progrès, ils ont transformé peu à peu le havre
de grâce en enfer. »
• La critique du progrès, lequel était au cœur de la pensée des Lumières, est un
thème constant depuis le Romantisme, il accompagne l’avancée scientifique et
technique d’une déploration de ses effets. Encore une fois la perception
extraterrestre apporte un point de vue original : la Terre est désormais invivable
et condamne le narrateur et ses semblables à l’errance.
• L’essentiel est ici que tout ce discours est tenu de façon rationnelle, comme une
observation clinique. La litote « tout cela n’est pas rien » souligne une volonté de
mesure et de retenue dans un discours qui, s’il était tenu par un humain
d’aujourd’hui, tournerait rapidement au pathétique ou au lyrique, et qui, dans la
bouche d’un extraterrestre, reste descriptif et objectif, ce qui lui donne bien plus
de force argumentative.
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• Sur le plan argumentatif, il s’agit de montrer que si une chose aussi peu naturelle
a fini par paraître parfaitement normale, sous l’effet de la coutume, il en va de
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même pour l’exploitation des animaux dans notre monde. Nous pensons que c’est
une chose naturelle, alors que c’est une habitude dont on pourrait, aux yeux des
antispécistes, se débarrasser.
• Le narrateur, dont le propos rejoint ici de nouveau les convictions de l’auteur,
fournit alors une explication qui concerne aussi bien les extraterrestres du futur
que les hommes d’aujourd’hui. Il fait de l’exploitation un phénomène
fondamentalement culturel : « c’est là où on sort de l’utile, c’est quand on entre
dans le gratuit et dans l’apparemment absurde que la culture commence. » Ce qui
est utile, explicable, rationalisable relève de la nature, mais ce qui est inutile,
inexplicable relève de la culture.
• Il prend ainsi l’exemple de la consommation de produits animaux, rejoignant les
préoccupations du mouvement végan. Celle-ci n’est pas seulement un processus
naturel (manger pour survivre), elle comporte une dimension fondamentalement
culturelle (manger pour dire qui l’on est), ce que le narrateur exprime par une
sentence générale : « Manger de tout, comme nous mettons souvent un point
d’honneur à le faire, c’est se placer au sommet et regarder les autres d’en haut. »
• Le propos une nouvelle fois devient emphatique en fin de paragraphe, comme
le montre l’anaphore en « nous sommes » qui se conclut par une référence
intertextuelle à Descartes donnant au discours sa généralité philosophique et sa
gravité comminatoire.
◼ Question de grammaire
Relevez et analysez les modes des verbes dans la première phrase : « Dans les
choix que nous avons faits nous, il est probable qu’il y ait, sans que nous osions
nous l’avouer, une manière de réplique, ou peut-être de revanche. » (l. 1 à 3)
• Modes personnels : indicatif (passé composé « avons faits », présent « est »),
subjonctif (présent : « ait », « osions »)
• Mode impersonnel : infinitif (« avouer »)
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