LIRE POUR DÉBATTRE

6 À PARTIR D’UNE FABLE PAGES 53 À 60 DU MANUEL

La pratique du débat au cycle 2

◗ D’une façon générale, la pratique du débat s’inscrit dans une des missions premières de
l’école : former les élèves à la raison critique et leur faire acquérir les outils nécessaires à leur
future pratique citoyenne (cf. le programme d’EMC).
◗ Cet enjeu se retrouve plus particulièrement dans l’enseignement de l’oral. En effet, si le
débat est une question d’attitude, c’est également une question de langage. Ainsi, comme le
précisent les programmes, l’élève doit être capable à la fin du CE2 :
– de réagir en formulant un point de vue ou une proposition, en acquiesçant ou en contestant
(texte d’introduction de la partie Langage oral des programmes de français) ;
– de participer avec pertinence à un échange (questionner, répondre à une interpellation,
exprimer un accord ou un désaccord, apporter un complément).
◗ Parmi les différents types de débats décrits par les programmes, le débat réglé ou argu-
menté occupe une place essentielle : C’est une discussion entre différentes personnes sur une
question controversée où chacune doit savoir maitriser sa parole, laisser la place à celle de l’autre,
comprendre son point de vue même quand elle ne le partage pas et chercher à convaincre
en argumentant (extrait de la fiche sur le débat réglé en ligne sur le site Éduscol).
Cette définition décline l’ensemble des compétences en jeu dans la pratique du débat.
◗ On peut trouver des ressources pour la mise en œuvre du débat au cycle 2 sur le site
Éduscol :
– Le débat délibératif ou interprétatif (Fiche de préparation pour le débat en classe)
– Le débat (Séquence au cours préparatoire sur la question de la solidarité)
◗ Les attitudes travaillées dans l’exercice du débat
Les types de débats
argumenté sont décrites dans les ressources
d’accompagnement des programmes, publiées Le débat délibératif
sur le site Éduscol : Il permet d’aboutir à un choix, à une prise
de décision.
La pratique du débat à privilégier en classe est
celle du débat argumenté obéissant à des règles Le débat littéraire
garantissant son cadre démocratique et le respect Il amène les élèves à percevoir les différences
d’interprétation d’un texte polysémique.
du droit de chacun d’exprimer son opinion (fiche
Éduscol sur le débat réglé). Le débat réglé ou argumentatif
Il s’organise à partir d’une question,
On considère que le respect de ces règles par les généralement d’ordre moral, confronte des
élèves est contrôlé par l’enseignant tout au long de arguments et obéit à des règles discursives.
la séquence.

LE CHOIX DE LA FABLE COMME SUPPORT DU DÉBAT La fable porte des valeurs.

En raison de ses caractéristiques, la fable constitue
un excellent support de débat.
La fable oppose deux types de comportement.
Récit bref d’une histoire complète, la fable oppose
souvent deux personnages (voir les titres des fables)
représentatifs de deux types de comportement moral :
la prévoyance de la Fourmi ≠ l’insouciance de la Cigale ;
la cruauté du Loup ≠ l’innocence de l’Agneau…
Ces oppositions animales sont allégoriques d’opposi-
tions humaines (Je me sers d’animaux pour instruire les
hommes, dédicace de Jean de La Fontaine à Monsieur
le Dauphin, 1668).
Derrière les comportements des personnages, s’op-
posent des systèmes de valeurs que le récit construit
indirectement et qui valent pour la société des hommes :
ainsi, le lecteur comprend que la Grenouille a tort de
vouloir être ce qu’elle ne pourra jamais être du seul fait
qu’elle finit par éclater. Il comprend aussi que, pour l’au-
teur, il est vain de chercher à égaler les puissants.
La leçon implicite est le plus souvent explicitée
dans la morale dans laquelle le fabuliste s’engage
personnellement pour donner son avis :
Patience et longueur de temps / Font plus que force ni
que rage (Le Lion et le Rat).

100
Cette morale a une portée générale et amène le
lecteur à effectuer un transfert de l’histoire racontée
dans la fable à la société dans laquelle il vit.
La morale devient un outil donné au lecteur pour
penser sa propre société.
Loin d’épuiser le sens de la fable, très souvent, la
morale peut être interrogée, voire laissée à l’appré-
ciation du lecteur comme dans La Cigale et la Fourmi
où l’absence de morale permet au lecteur de prendre le
parti de la Cigale ou celui de la Fourmi.
La fable est une sorte de petit théâtre dans lequel
le langage joue un rôle très important.
Les dialogues, très fréquents, opposent souvent deux
argumentaires : c’est par des arguments que le Loup fait
condamner l’Agneau qui maitrise moins bien le langage.
Par conséquent, la fable est souvent en elle-même mise
en scène d’un débat (voir la fable de Michel Piquemal,
page 58 du manuel).
Ainsi, adosser la pratique du débat au genre de la
fable, c’est conjuguer l’enseignement et l’appren-
tissage d’une pratique discursive à celui d’un genre
littéraire qui a toute sa place dans un manuel de fran-
çais pour le CE2.

Sitographie et bibliographie Petite histoire de la fable

sur la fable
Sur Jean de La Fontaine
http://www.la-fontaine-
ch-thierry.net/fables.htm
Sur les auteurs de fables
du xxe siècle
http://www.ruedesfables.net/
fables-du-xxe-siecle/
L’édition pour la jeunesse propose
de nombreux recueils de fables
illustrées, parfois transposées en
bandes dessinées par de grands
dessinateurs (voir notamment
La Fontaine aux fables publié chez
Delcourt en 2010).
– Les premiers auteurs de fables sont Ésope (environ vie siècle avant J.-C.)
et Phèdre (ier siècle). Au Moyen Âge, les fables de l’Antiquité restent très
présentes à travers diverses copies et traductions.
– Vers 1180, Marie de France écrit le premier recueil de fables en français,
certaines traduites de l’Antiquité, 103 de son invention.
– Au xviie siècle, de nombreux auteurs s’intéressent au genre de la fable :
Charles Perrault (1628-1703), Fénelon (1651-1715) et Florian (1755-1794)
notamment.
Mais le plus grand fabuliste du xviie siècle est Jean de La Fontaine (1621-
1695) qui publie 240 fables inspirées d’Ésope ou tirées de son imagination.
La suprématie de La Fontaine est due à ses talents de poète et à sa capacité à
décrire et à penser le genre de la fable comme un outil de formation morale et
de critique sociale.
– Au xxe siècle, Marcel Aymé, Raymond Queneau, Robert Desnos, Jean
Anouilh, Pierre Gamarra, Pierre Gripari, Michel Piquemal… régénèrent le
genre par la parodie et l’humour.

LE CHOIX DES FABLES DANS LE CHAPITRE
Les fables choisies répondent à trois exigences :
– leur langue, leur portée morale et les thèmes sont
accessibles en CE2 ;
– leur niveau de difficulté permet une entrée progres-
sive dans le genre (Ésope est plus simple que Jean de
La Fontaine ; la fable de Michel Piquemal est nettement
plus longue) ;
– elles permettent de construire les compétences à
l’œuvre dans le débat réglé.
Le chapitre s’ouvre avec une fable d’Ésope :
Du Lion, de l’Ours et du Renard (p. 53).
La fable, en prose et très brève, est traduite dans une
langue très accessible. L’absence de morale explicite
permet aux élèves de découvrir intuitivement le carac-
tère ouvert du genre (si le fabuliste critique le Lion et
l’Ours, il ne dit rien du comportement du Renard).
Le Renard et la Cigogne (p. 54) est une autre fable
d’Ésope, également en prose et brève.
La morale rend explicite l’attitude de la Cigogne (elle
a voulu se venger) sans toutefois indiquer si cette
vengeance est juste ou pas.
Du point de vue du projet qui oriente le chapitre, elle
autorise plusieurs questions à mettre en débat.
Le Cheval et l’Âne (p. 56) permet aux élèves de
découvrir une fable de Jean de La Fontaine. La langue
du xviie siècle, difficile, est éclairée par de nombreuses
notes. La morale explicite l’intention du fabuliste ce
qui permet d’amener les élèves à rechercher les argu-
ments indispensables à tout débat où il s’agit bien de
chercher à convaincre en argumentant.
Le pêcheur et l’homme d’affaires (p. 58) favorise le
débat contradictoire. En effet, la fable, facile à lire et à
comprendre, conduit le lecteur à prendre parti. Si l’on
comprend bien de quel côté penche l’auteur, certains
élèves prendront sans doute le parti de l’homme d’af-
faires car il est riche.
MANUEL NUMÉRIQUE
● Les trois fables qui servent de supports au projet sont
disponibles en version audio dans le manuel numérique.
On ne peut qu’encourager à les utiliser car leur écoute,
en préalable à toute intervention pédagogique, sera une
aide précieuse pour les élèves.

6 – LIRE POUR DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE 101

Les objectifs du chapitre
Déroulé du chapitre Objectifs
POUR COMMENCER – Faire entrer les élèves dans le chapitre
Du Lion, de l’Ours – Mettre en lien la fable et le projet
et du Renard – Par l’illustration, amener les élèves à dégager les premières règles du débat
p. 53 – Leur faire découvrir une première fable appartenant au patrimoine

TROUVER DES – Faire découvrir aux élèves une autre fable d’Ésope
QUESTIONS – Amener les élèves à dégager les deux caractéristiques majeures de la fable (l’histoire et
À DÉBATTRE la morale) et à comprendre le lien entre les deux
Le Renard et – Amener les élèves à saisir les valeurs en jeu dans la fable
la Cigogne – Utiliser la mise en voix de la fable pour renforcer la compréhension
p. 54-55 – Faire comprendre aux élèves que le débat porte sur une question
– Amener les élèves à trouver des questions en lien avec la fable

TROUVER DES – Faire découvrir aux élèves une fable de Jean La Fontaine
ARGUMENTS – Les accompagner dans la compréhension de la fable, histoire et morale
Le Cheval et l’Âne – Utiliser la mise en voix pour renforcer la compréhension
p. 56-57 – Faire comprendre aux élèves qu’un débat nécessite des arguments
– Amener les élèves à trouver des arguments en lien avec une question

PARTICIPER À UN – Faire découvrir aux élèves une fable contemporaine

DÉBAT – Leur faire comprendre que la fable oppose deux visions du travail et de la vie
Le pêcheur et – Faire comprendre par le jeu la dimension dialoguée de la fable
l’homme d’affaires – Amener les élèves à manifester leur compréhension par l’écriture d’une morale
p. 58-59 – Amener les élèves à choisir le point de vue d’un personnage et à trouver des arguments
pour le défendre
– Mettre les élèves en situation de débattre

DÉBATTRE À PARTIR – Donner aux élèves une méthode pour débattre à partir de la fable
D’UNE FABLE – Amener les élèves à utiliser cette méthode régulièrement dans l’année pour fixer leurs
p. 60 compétences

Mode mineur : parcours rapide en 6 séances

● Si vous souhaitez traiter ce chapitre en mode mineur (voir Propositions de programmation p. 4),

nous vous conseillons de sélectionner les activités indiquées ci-dessous.

Les séances durent 30 minutes.

Séance 1 – Observation de la page

Ouverture p. 53 – Lecture de la fable
– POUR COMMENCER

Séance 2 – Questions Première lecture à l’oral

Le Renard et – VOCABULAIRE POUR MIEUX LIRE
la Cigogne – JE COMPRENDS L’HISTOIRE 1 , 2 a, 3 , 4 (à l’oral) ; 2 b (à l’écrit),
p. 54-55 – JE COMPRENDS LE SENS DE LA FABLE 5 et 6 (à l’écrit)

Séance 3 – Atelier 1
Idem

Séance 4 – Atelier 2
Le Cheval et l’Âne
p. 56-57

Séance 5 – Questions Première lecture à l’oral

Le pêcheur et l’homme – MISE EN VOIX 1
d’affaires – JE COMPRENDS L’HISTOIRE 2 et 3 (à l’oral)
p. 58-59 – JE COMPRENDS LE SENS DE LA FABLE 4 (à l’oral)
– ENTRE LES LIGNES 5 (à l’écrit)
– J’ÉCRIS 6
– MISE EN SCÈNE 7

Séance 6 – Atelier 3
Idem

102

POUR COMMENCER Page 53
Du Lion, de l’Ours et du Renard
ÉSOPE
Compétences
COMPRÉHENSION DE LA PAGE
– Dégager l’essentiel d’une page d’entrée dans le chapitre
– Interpréter l’illustration et la mettre en relation avec le débat
– Saisir l’intention du fabuliste à travers le rôle des personnages
– Lire la fable à plusieurs
Déroulement Séance 1 [20 min] Découverte de la page – Observation de l’illustration –
Introduction à la notion de débat
Séance 2 [30 min] Lecture de la fable – Réponse aux questions – Lecture à quatre
Matériel Pour l’enseignant : « Le renard dans la littérature », ci-dessous
ÉLÉMENTS D’ANALYSE
■ La page permet de faire entrer les élèves :
● Dans le projet. Le titre de la page explicite les enjeux
du chapitre : Lire pour débattre. L’illustration montre
des élèves en cercle en train d’échanger à l’oral.
● Dans la fable. La page présente une fable d’Ésope,
brève et simple à comprendre. L’auteur porte un
jugement sur le comportement du Lion et de l’Ours :
Ils auraient mieux fait d’en faire deux parts (l. 4-5).
Cependant, il ne dit rien de celui du Renard qui vole
le miel. Le sens de la fable reste donc relativement
ouvert.
Séance 1 [20 min]
■ Observer l’illustration
L’illustration de la page, très riche, permet des
échanges nourris et concrétise la notion de débat.
● Les élèves observent l’illustration en silence quelques
minutes.
●Leur demander de dire ce qu’ils ont remarqué. Les
amener progressivement à l’idée d’échange oral, de
partage des idées.
● Leur demander d’observer le comportement des
élèves.
● En déduire les premières règles du débat :
– inscrire sa parole dans un échange avec autrui
(symbole du cercle d’élèves) ;
– écouter les autres (on voit les élèves s’observer et
s’écouter) ;
– lever le doigt pour prendre la parole.
➜ TRACE
Ces premières règles pourront être notées sur une
affiche qui s’enrichira au fil de la séquence.
● Demander ensuite à quoi peuvent servir les feuilles
et les crayons que les élèves de l’image ont devant
eux. Si les élèves ne savent pas interpréter ce détail de
6 LIRE POUR
Debattre a
partir d’une fable
Du Lion, de l’Ours et du Renard
Le Lion et l’Ours s’entre-déchiraient pour quelques
gouttes de miel qu’ils avaient trouvées dans le creux d’un
chêne. Chacun d’eux voulait le miel pour lui, sans le
partager avec son compagnon. Ils auraient mieux fait d’en
5 faire deux parts. Car, tandis qu’ils se battaient, un Renard
se glisse sans bruit près du miel, le déguste et se sauve.
■ Ésope, auteur grec,
600 ans avant J.-C.
POUR COMMENCER
● Qui est le gagnant de la fable ? Pourquoi ?
● À QUATRE Lisez chacun à votre tour
une phrase de la fable.
l’illustration, y revenir plus tard dans la séquence.
L’image montre la nécessité, d’une part, de se servir
de notes pour échanger avec autrui, donc d’un travail
préalable, d’autre part, de prendre des notes pour se
souvenir de ce qui a été dit.
■ Lire et comprendre le titre
● Demander aux élèves s’ils savent ce qu’est un débat.
Établir un rapport avec l’échange oral, la discussion.
Leur dire qu’ils vont apprendre à débattre dans le
chapitre.
● Leur demander ensuite de dire s’ils savent ce qu’est
une fable (ils en ont peut-être appris une en CE1). Leur
dire qu’ils vont en découvrir quatre dans le chapitre.
Séance 2 [30 min]
■ Découvrir la fable
●Lire la fable aux élèves, ils suivent le texte sur leur
manuel.
● Faire relire la fable aux élèves silencieusement.
●Demander aux élèves de dire combien l’histoire
comporte de personnages, lesquels et ce qu’ils font.
■ Répondre aux questions
●Lire les questions de la première puce et demander
aux élèves d’y réfléchir à deux.
● Mettre les réponses en commun. Les élèves trou-
veront facilement que le gagnant est le Renard qui
profite de la confusion entre le Lion et l’Ours pour voler
le miel.
● Demander éventuellement aux élèves si le Renard
a eu raison de voler le miel.
● Exploitation ultérieure : cette question pourrait être
mise en débat à l’issue de la séquence et faire l’objet
d’un entrainement à la méthode proposée
à la page 60.
● Demander ensuite aux élèves d’observer le titre de la
fable pour qu’ils remarquent l’emploi des majuscules.
6 – LIRE POUR DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE 103

le renard dans la littÉrature
Dès l’Antiquité grecque, le renard est présent dans la fable,
notamment chez Ésope. Il est déjà rusé et fourbe.
C’est Le Roman de Renart, composé entre 1170 et 1250,
qui fait du renard un véritable héros littéraire. En guerre
contre la plupart des animaux de la forêt, en rébellion
contre le roi Noble, obstiné dans sa rivalité avec le loup
Ysengrin, Renart incarne la ruse mais aussi le mensonge
et la trahison au sens médiéval du terme : c’est un
chevalier félon.
Cependant, les narrateurs successifs du Roman de Renart
veillent à lui conserver sa nature animale et la faim reste le
moteur essentiel de ses actions.
■ Lire à voix haute à quatre
L’objectif est d’amener les élèves à enchainer les
quatre phrases de manière fluide. Cela suppose qu’ils
s’écoutent attentivement et suivent sur leur texte
quand ce sont leurs camarades qui lisent.
Différenciation Cette fable ne pose pas de difficulté
majeure. Cependant, on pourra aider les élèves en
difficulté pour :
– lire les mots s’entre-déchiraient, compagnon, déguste ;
– prendre en compte les virgules qui délimitent des
unités grammaticales.

• Le texte lu par
un comédien
TROUVER UNE QUESTION À DÉBATTRE Vocabulaire pour mieux lire
• La fable de Jean
de La Fontaine
Cherche le sens du mot laper (l. 2) dans

Pages 54-55
le dictionnaire. La cigogne peut-elle laper ? Mise en voix
Le Re nard e t la Cigogne Relève les deux synonymes de
À DEUX
manger, l. 2 et 6. Explique la différence
8 Partagez-vous le texte :

TROUVER UNE QUESTION À DÉBATTRE 5

Un Renard avait invité une Cigogne à déjeuner. Le repas fut servi
dans de grandes assiettes : le Renard se mit à laper, et dit à son amie
de faire comme lui. La Cigogne vit bien que l’on se moquait d’elle.
Elle invita le Renard pour le souper1 : il fut servi dans une grande
bouteille de verre.
« Allons, mon cher, dit la Cigogne, point de façons2. »

En disant cela, elle se mit à gober de bon appétit. Le Renard comprit

de sens entre les deux verbes.
Pourquoi Ésope choisit-il ces verbes
plutôt que manger ?

Je comprends l’histoire

1 Qui sont les personnages ?

bientôt qu’on lui jouait un tour et qu’on se vengeait de lui. 2 a. Le Renard cherche-t-il à faire plaisir
à la Cigogne en l’invitant à diner ?
Cela s’appelle payer les gens de la même monnaie.
b. Explique pourquoi elle est mécontente.
■ Ésope, auteur grec, 600 ans avant J.-C. STRATÉGIE ® J’utilise mes connaissances.
– l’un lit le récit ( l. 1 à 5 et 7-8) ;
– l’autre apprend par cœur ce que dit
la Cigogne (l. 6).
Entrainez-vous chacun de votre côté :
– à lire le récit de manière fluide ;
– à adopter le ton moqueur de la Cigogne.
Enchainez vos parties sans créer
de rupture.

3 Comment la Cigogne se venge-t-elle ?

Le Renard et la Cigogne
Les mots du texte
4 Comment l’illustration montre-t-elle le lien
1. le souper : le diner.
2. point de façons : ne vous gênez pas.
entre les animaux et les hommes ? Atelier 1 Nos débats

Je comprends le sens de la fable Trouvez les questions que la fable

5 met en débat.
Choisis les adjectifs qui qualifient
le Renard : COMMENT FAIRE ?
égoïste impoli généreux 1 TOUS Relisez la fable.
Demandez-vous quel est le thème :

ÉSOPE
moqueur gourmand accueillant
la vengeance ? l’égoïsme ?
la moquerie ?
6 Où la conclusion de la fable est-elle
placée ? Comment se distingue-t-elle 2 EN GROUPE Choisissez un des thèmes
de l’histoire ? et cherchez une question à débattre.
Par exemple : A-t-on le droit de se
moquer des autres ?
Entre les lignes
Quand vous avez trouvé votre
7 * Au 17e siècle, Jean de La Fontaine question, relisez la fable pour vérifier
a écrit à sa manière la fable Le Renard qu’elle correspond bien à l’histoire.
et la Cigogne. 3 TOUS Échangez les questions que

Compétences
À la fin de la fable, il écrit cette morale : vous avez trouvées. Notez celles
Trompeurs, c’est pour vous que j’écris, qui vous semblent les plus
Attendez-vous à la pareille. intéressantes.
Reformule cette morale avec tes propres
mots, pour qu’on comprenne bien quelle
leçon on peut tirer de l’histoire.

COMPRÉHENSION DE LA FABLE
54 DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE 55

– Lire et comprendre une fable d’Ésope

– Comprendre que l’histoire porte un sens moral
– Découvrir les liens entre Ésope et Jean de La Fontaine
– Mettre la fable en voix à deux

PROJET DÉBATTRE
À partir de la fable, trouver des questions à débattre

Vocabulaire
• Découvrir le sens d’un mot-clé dans la fable
• Comprendre l’emploi de verbes synonymes

Déroulement Séance 1 [40 min] Écoute et lecture de la fable – VOCABULAIRE POUR MIEUX LIRE –
JE COMPRENDS L’HISTOIRE 1 , 2 , 3 et 4

Séance 2 [30 min] JE COMPRENDS LE SENS DE LA FABLE 5 et 6 – ENTRE LES LIGNES 7

Séance 3 [30 min] MISE EN VOIX 8

Séance 4 [40 min] Atelier 1

Matériel Pour l’enseignant :

– « Le renard dans la littérature », ci-dessus + des épisodes du Roman de Renart
– le texte lu par une comédienne (manuel numérique)
– la fable de Jean de La Fontaine (manuel numérique)

ÉLÉMENTS D’ANALYSE simple (en prose et adaptée), convient mieux à des

■ La fable étudiée ici permet aux élèves de retrouver
le Renard mais dans une mauvaise posture, cette
fois-ci. Dans la tradition, le renard n’est d’ailleurs pas
toujours à son avantage (Renart et les anguilles, par
exemple).
■Le Renard et la Cigogne est l’une des fables les plus
célèbres de Jean de La Fontaine. Celle d’Ésope, plus
élèves de CE2.
■ La fable est construite selon un schéma inversé :
le Renard invite la Cigogne à déjeuner mais l’empêche
de manger à sa faim / la Cigogne invite le Renard
à souper mais l’empêche de manger à sa faim.
Le diptyque de la page 54 l’illustre parfaitement.

104
■La situation est caractéristique du principe de
vengeance : œil pour œil, dent pour dent. C’est ce
principe que valide Ésope :
– d’une part en endossant le point de vue du Renard :
Le Renard comprit bientôt qu’on lui jouait un tour et
qu’on se vengeait de lui (l. 7-8) ;
– d’autre part, en formulant la moralité : Cela s’appelle
payer les gens de la même monnaie.
■La fable est plus complexe que celle de la page 53 :
présence d’une morale mais aussi paroles rapportées
qui soulignent la dimension allégorique de la fable.
Morale : partie du texte qui exprime la moralité.
Moralité : leçon que l’on peut tirer de l’histoire.
Séance 1 [40 min]
■ Lecture de la fable
● Les élèves écoutent la fable lue par l’enseignant en
suivant le texte sur leur manuel.
● Ils relisent la fable silencieusement.
● Attirer leur attention sur la présence de notes.
● Vérifier que tous les élèves comprennent bien l’ex-
pression qu’on lui jouait un tour (l. 8).
VOCABULAIRE POUR MIEUX LIRE
et La recherche se fait dans le texte et dans
le dictionnaire par niveaux de compétences.
● Élucider le sens des synonymes de manger en
utilisant les illustrations :
laper (1re image) : boire à coups de langue ;
gober (2e image) : avaler en aspirant.
● Traiter la dernière question : Pourquoi Ésope
choisit-il ces verbes plutôt que manger ?
Parce que ces verbes soulignent l’impossibilité physique
de manger pour l’un comme pour l’autre animal.
● Demander aux élèves de relire la fable. Ils résument
oralement ce qu’ils ont compris.
JE COMPRENDS L’HISTOIRE
1 À l’oral. Les élèves utilisent les illustrations pour
décrire les personnages :
un oiseau avec un très long bec (la Cigogne) ≠
un mammifère carnivore doté d’un museau et d’une
langue (le Renard).
● Amener les élèves à établir un lien entre l’aspect
physique des animaux et l’histoire.
2 À l’oral.
a. Amener les élèves à dire qu’en choisissant des
assiettes, le Renard empêche la Cigogne de manger
donc qu’il n’a pas cherché à lui faire plaisir.
b. stratégie J’utilise mes connaissances.
Les élèves peuvent s’aider de la stratégie du même type,
explicitée à la page 200 du manuel.
Mettre en avant le processus d’inférence avec des
connecteurs logiques.
La Cigogne a été invitée à déjeuner ➜ Donc, elle
s’attend à déjeuner ➜ Mais elle constate qu’elle ne
peut pas déjeuner parce qu’elle a un bec et qu’on lui
donne à manger dans une assiette ➜ Donc, elle est
mécontente.
Ajouter l’inférence construite avec les élèves au fichier
Mes stratégies pour comprendre (cf. page 28).
Différenciation En amont, aider deux élèves en
difficulté à répondre à la question et à construire
l’explication. Ces élèves seront sollicités lors de la mise
en commun.
➜ TRACE
Écrire ce raisonnement au tableau, les élèves
le recopient.
3 Amorcer le thème de la vengeance avec cette
question.
● Demander d’abord aux élèves de dire ce que signifie
le verbe se venger et de donner des exemples de
vengeance.
● Ils répondent ensuite à la question : la Cigogne se
venge en utilisant un récipient inapproprié comme
l’avait fait le Renard.
● Dire aux élèves que la vengeance est un thème de
débat possible : l’écrire sur un coin du tableau ou sur
une affiche. Ce sera utilisé dans l’atelier Nos débats
de la page.
4 Les élèves écrivent au brouillon des éléments de
réponse qui sont mis en commun.
– Les animaux vivent dans des décors humains (table,
chaise, cheminée…).
– Ils utilisent de la vaisselle pour se nourrir.
– Ils portent un vêtement (une sorte de cravate ou
d’écharpe).
– Le Renard monte sur un siège pour manger.
Différenciation Pour les élèves les plus en difficulté,
écrire la réponse en dictée à l’adulte.
● Revenir à la fable en demandant aux élèves de
trouver dans le texte une autre caractéristique propre
aux humains : la Cigogne parle.
➜ TRACE
Au tableau, écrire une synthèse avec les élèves :
Dans la fable, les animaux ressemblent à des hommes
et parlent.
Le Renard se moque de la Cigogne en la faisant
manger dans une assiette. Elle se venge en le faisant
manger dans une bouteille.
Les élèves la recopient ou la collent dans leur cahier
du jour.
6 – LIRE POUR DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE 105
 Séance 2 [30 min]
JE COMPRENDS LE SENS DE LA FABLE
Les élèves relisent la fable et la synthèse de la séance
précédente.
5 Au brouillon, individuellement.
● Chaque adjectif choisi doit être justifié à l’oral. Le
Renard est :
– égoïste parce qu’il mange seul ;
– impoli parce que, bien qu’il ait invité la Cigogne, il
s’arrange pour qu’elle ne mange rien ;
– moqueur parce qu’il se moque de la Cigogne en
utilisant une assiette ;
– gourmand parce qu’en empêchant la Cigogne de
manger, il s’attribue deux parts.
● Après la mise en commun, demander aux élèves
quel genre de personnes l’auteur a voulu critiquer à
travers le Renard.
6 À l’oral. La conclusion de la fable (la morale) est
placée à la fin (cas le plus fréquent), isolée de l’histoire
et écrite en italiques. Elle est donc fortement mise en
valeur.
● Demander aux élèves de reformuler cette morale
avec leurs propres mots.
● Revenir à la fable de la page 53, Du Lion, de l’Ours
et du Renard. Demander aux élèves de proposer une
morale : Il vaut mieux partager que se chamailler pour
tout avoir car on risque de tout perdre.
ENTRE LES LIGNES
7 Lire la fable de La Fontaine. Si possible, projeter la
fable pour que les élèves puissent observer sa forme
versifiée et la lire eux-mêmes (manuel numérique).
● Demander aux élèves de comparer les deux morales,
celle d’Ésope et celle de La Fontaine, puis de refor-
muler celle de La Fontaine.
Séance 3 [30 min]
MISE EN VOIX
8 Cette activité de mise en voix pourra être préparée
dans la classe et/ou dans un espace réservé.
Si les élèves ont étudié les activités du chapitre 2
(Raconter des contes d’ailleurs), ils disposent d’outils
pour mettre en voix un texte : leur demander de les
utiliser lors de leur préparation.
● L’objectif est d’amener les élèves à dire un texte
selon deux modalités (lecture et récitation) en
enchainant les deux partitions.
On peut faire travailler les élèves par trois, l’un d’eux
ayant pour mission d’aider ses camarades à réussir
leur mise en voix. Une partie des binômes peut
présenter sa mise en voix lors de cette séance, une
autre lors de la séance suivante.
106
Séance 4 [40 min]
Atelier 1. NOS DÉBATS
Cette première séance sur le projet amène les
élèves à comprendre que, sans question, il n’y a pas
de débat. Il s’agit donc de leur montrer comment,
à partir de la fable, on peut extraire une ou des
questions.
1 Les élèves relisent la fable. La situation des person-
nages est brièvement rappelée. Pour aider les élèves
à formuler des thèmes :
– leur demander de quoi parle l’auteur à travers l’his-
toire des personnages, à quels comportements des
hommes en général il fait allusion ;
– revenir à la question 5 et leur demander de trouver
les noms correspondant aux adjectifs qui qualifient le
comportement du Renard : l’égoïsme, l’impolitesse,
la moquerie, la gourmandise ;
– revenir à la morale et leur demander de donner le
nom correspondant : la vengeance ;
– leur dire que l’égoïsme, l’impolitesse, la moquerie,
la gourmandise et la vengeance sont des thèmes.
➜ TRACE
Lister les cinq thèmes au tableau.
Différenciation Demander aux élèves en difficulté de
lire chaque nom de thème et de dire ce qu’il signifie.
2 Constituer cinq groupes hétérogènes.
● Répartir les thèmes et demander aux élèves de
formuler une ou des questions que l’on pourrait se
poser à partir de chaque thème. Par exemple :
– l’égoïsme : comment se comporter face à quelqu’un
qui se montre égoïste ? Faut-il parfois se montrer
égoïste ?
– la politesse : pourquoi faut-il être poli avec les
autres ?
– la moquerie : a-t-on le droit de se moquer des
autres ?
– la gourmandise : est-elle un défaut ?
– la vengeance : faut-il se venger du mal qu’on nous
a fait ? La vengeance ne présente-t-elle pas des
risques ?
3 Mettre les questions en commun, les écrire
au tableau.
➜ TRACE
Les élèves recopient dans leur cahier les questions
qui leur semblent les plus intéressantes.
Prolongement
● Après la séquence, quand les élèves auront étudié la
méthode de la page 60, on pourra utiliser ces ques-
tions au fil de l’année pour mener des débats réglés.
● Pour enrichir la culture littéraire des élèves autour du
personnage du renard, effectuer des lectures offertes
d’épisodes du Roman de Renart, par exemple :
– Renart et les anguilles (à l’avantage de Renart) ;
– Renart et Chantecler (à son désavantage).
 • Le texte lu par
un comédien
TROUVER DES ARGUMENTS Vocabulaire pour mieux lire

Relève les GN qui désignent l’âne.

Dans un dictionnaire, cherche le Mise en voix

Pages 56-57
sens du nom fardeau (vers 3). Quel autre 5 À DEUX Partagez-vous le texte et lisez-le
mot du vers 12 a le même sens ?
à vos camarades :
® Synonymes et antonymes, p. 197.
– l’un lit les vers 1 à 3 et 14 à 16 (il insiste sur

TROUVER DES ARGUMENTS Je comprends l’histoire

2
Lequel des deux animaux te parait
le moins sympathique ? Pourquoi ?
a. Remets en ordre les différents
moments de l’histoire.
l’adresse au lecteur au vers 3 : sur toi) ;
– l’autre raconte l’histoire du Cheval et de
l’Âne avec ses propres mots (il peut s’aider
du résumé de l’histoire, question 2).

A. L’Âne meurt. Atelier 2 Nos débats

B. Un Âne très chargé fait route avec
Le Che val e t l’Âne un Cheval. Pourquoi est-il important
En ce monde il se faut l’un l’autre secourir. C. L’Âne demande au Cheval de l’aider. de s’entraider ?
Si ton voisin vient à mourir, D. Le Cheval refuse de l’aider. Trouve des arguments pour répondre

Le Cheval et l’Âne
C’est sur toi que le fardeau tombe. E. Le Cheval doit porter le fardeau
et la peau de l’Âne.
Un Âne accompagnait un Cheval peu courtois1, STRATÉGIE ® Je crée un film dans ma tête.
5 Celui-ci ne portant que son simple harnois2,
b. Quels adjectifs conviennent au
Et le pauvre Baudet si chargé qu’il succombe.
caractère de l’Âne ? à celui du Cheval ?
Il pria le Cheval de l’aider quelque peu :
modeste égoïste poli
Autrement il mourrait devant qu’être3 à la ville.
« La prière, dit-il, n’en est pas incivile4 : fier méprisant gêné
10 Moitié de ce fardeau ne vous sera que jeu. »
à la question en débat.
Tes phrases peuvent commencer par : Il
est important de s’entraider, parce que… .
COMMENT FAIRE ?
1 Pour t’aider à trouver des arguments,
cherche des exemples :
– rappelle-toi une situation que tu as
vécue (ou observée) où une personne
en a aidé une autre ;

Jean de LA FONTAINE
Le Cheval refusa, fit une pétarade5 : – réfléchis à cette situation : que
Tant qu’il vit sous le faix mourir son camarade, Je comprends la morale s’est-il passé ? comment a réagi
Et reconnut qu’il avait tort. la personne qui a été aidée ? celle
3 a. La morale est-elle placée au début
qui a aidé ?…
Du Baudet, en cette aventure, ou à la fin de la fable ?
15 On lui fit porter la voiture6, b.* Reformule-la avec tes propres mots. 2 À partir de ces exemples, formule
Et la peau par-dessus encore. tes arguments pour répondre
à la question en débat.
Entre les lignes Écris-les dans ton cahier de brouillon.
■ Jean de La Fontaine, Fables, livre VI, 1668.

LISTES DE 4 * À la fin de l’histoire, le Cheval porte le 3 TOUS Échangez vos arguments.

RÉFÉRENCE
Les mots du texte fardeau et la peau de l’Âne : que veut Utilisez vos exemples pour les faire

Compétences
1. courtois : poli, aimable.
montrer l’auteur de la fable avec cette fin ? comprendre.
2. harnois : équipement du cheval. 4 À la fin de l’échange, note un
3. devant qu’être : avant d’arriver. argument auquel tu n’avais pas pensé
mais qui t’a semblé intéressant.
4. incivile : impolie.
5. pétarade : série de pets et de ruades.
6. voiture : chargement.

COMPRÉHENSION DE LA FABLE
56 DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE 57

– Découvrir une fable de Jean de La Fontaine dans la langue de l’époque

– Comprendre l’histoire et saisir le rôle des personnages
– Saisir la valeur allégorique de la fable (des animaux pour parler des hommes)
– Comprendre la morale de l’histoire
– Mettre la fable en voix à deux selon deux modalités d’oral

PROJET DÉBATTRE
Trouver des arguments pour répondre à la question en débat

Vocabulaire
• Repérer des mots et des expressions synonymes

Déroulement Séance 1 [40 min] Écoute et lecture de la fable – VOCABULAIRE POUR MIEUX LIRE –
JE COMPRENDS L’HISTOIRE 1 et 2 a

Séance 2 [30 min] JE COMPRENDS L’HISTOIRE 2 b – JE COMPRENDS LA MORALE 3 –

ENTRE LES LIGNES 4

Séance 3 [30 min] MISE EN VOIX 5

Séances 4 et 5 [deux fois 30 min] Atelier 2

Matériel Pour l’enseignant :

– la fable lue par une comédienne (manuel numérique)
– des situations d’entraide découpées dans la presse pour enfants

Pour l’élève :
– un dictionnaire
– la fable à photocopier (ressources p. 325)

ÉLÉMENTS D’ANALYSE L’écoute de la fable par des lecteurs experts (comé-

dien et enseignant) devrait suffire à aider les élèves à
Dès lors qu’il s’agit de la fable, Jean de La Fontaine est la comprendre, au moins de façon globale.
incontournable.
■ La fable a été choisie en raison de sa brièveté mais

■ Cependant, la forme versifiée conjuguée à la
langue du XVIIe siècle rend ses fables difficiles
à comprendre.
Si certains mots sont expliqués dans les notes ou font
l’objet d’une recherche dans la rubrique Vocabulaire
pour mieux lire, il reste un nombre important d’expres-
sions inhabituelles.
– Lexique : Baudet (v. 6) ; pria [sens de supplia] (v. 7) ;
quelque peu [un peu] (v. 7) ; par-dessus encore [en plus
de cela / par-dessus le marché] (v. 16).
– Syntaxe : il se faut l’un l’autre secourir [il faut se
secourir l’un l’autre] ; Moitié de [la moitié de] (v. 10) ;
ne vous sera que jeu [sera pour vous un jeu] (v. 10) ;
en cette aventure [dans, lors de] (v. 14) ; Du Baudet…
On lui fit porter la voiture [On lui fit porter la voiture du
Baudet] (v. 14-15).
■ Il est important de ne pas « traduire » la fable et de
ne pas chercher à clarifier le sens de tous les mots et
de toutes les expressions. Cela alourdirait l’étude du
texte et masquerait l’essentiel des objectifs de lecture.
aussi parce que le sens de l’histoire est relativement
facile d’accès.
On y retrouve toutes les caractéristiques du genre :
– une morale, placée en tête (ce qui n’a rien de rare)
qui donne la clé de lecture de l’histoire ;
– une histoire d’animaux qui sert d’exemple pour
instruire les hommes (dédicace de Jean de La Fontaine
à Monsieur le Dauphin, 1668) ;
– un moment théâtralisé avec la parole rapportée de
l’Âne au discours direct ;
– une chute qui retourne la situation et punit le Cheval.
■Du point de vue du projet Débattre, la fable :
– démontre ce qu’il en coute à ceux qu’on refuse
d’aider (l’Âne meurt) mais aussi comment la réalité
peut rattraper ceux qui ont refusé d’aider les autres ;
– formule une morale explicite que les élèves
comprendront aisément : En ce monde, il faut se
secourir l’un l’autre.
N.B. Veiller à parler de vers et non de lignes, il s’agit
bien de poésie.

6 – LIRE POUR DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE 107

 Séance 1 [40 min]
■ Découverte de la fable
MANUEL NUMÉRIQUE
●Faire écouter aux élèves la fable de La Fontaine lue
par une comédienne. Ils suivent le texte sur leur manuel.
●Demander aux élèves quels aspects de la fable la
comédienne met en valeur.
Les élèves relisent la fable silencieusement. S’ils ont
lu Le Renard et la Cigogne de Jean de La Fontaine
(voir page 106), leur demander quels sont les points
communs : la langue du xviie siècle, les vers.
■ Clarifier le vocabulaire
Aider les élèves à se servir des notes en demandant,
par exemple, ce que signifie le mot courtois au vers 4,
harnois au vers 5, etc.
À ce stade, ne pas chercher à clarifier le sens de la
fable dans les détails.
Les élèves relisent la fable silencieusement.
VOCABULAIRE POUR MIEUX LIRE
Les élèves peuvent travailler par deux car la
recherche est difficile.
Mots qui désignent l’Âne :
– Un Âne (v. 4) : faire remarquer la majuscule (si les
élèves ont étudié la fable précédente, il s’agit d’un
réinvestissement).
– le pauvre Baudet (v. 6) / Du Baudet (v. 14) : on attend
des élèves qu’ils relèvent intuitivement l’expression car
le mot Baudet n’est pas fréquent.
Demander aux élèves pourquoi l’auteur emploie l’ad-
jectif pauvre pour qu’ils comprennent qu’il a pitié de
l’Âne.
– son camarade (v. 12) : demander aux élèves en quoi
l’Âne était le camarade du Cheval et si le Cheval était
vraiment le camarade de l’Âne.
Les amener à comprendre que, si le Cheval avait été
le camarade de l’Âne, il l’aurait aidé.
Sens du nom fardeau (v. 3)
– Le nom fardeau vient de l’arabe farde qui désigne
la charge transportée par un chameau.
Il est synonyme de charge, chargement, poids, de barda
en langage familier.
– Le nom faix utilisé au vers 12 n’est plus usité. Il dési-
gnait une charge très pesante, pénible à porter.
– Demander aux élèves de trouver les deux mots en
relation avec l’idée de fardeau : chargé (v. 6) ;
la voiture (v. 15).
● Mettre les réponses des élèves en commun et réca-
pituler les listes au tableau :
Un Âne = le pauvre Baudet = Du baudet ;
[la charge] = le fardeau = le faix = la voiture
Les élèves utilisent ces listes pour relire et comprendre
la fable.
Leur demander ce qu’ils ont compris.
● Les élèves observent les illustrations et disent à
quels moments de la fable elles correspondent.
108
Dégager le contraste entre le Cheval qui ne transporte
rien et l’Âne qui croule sous le fardeau.
Dans l’illustration inférieure, les élèves peuvent saisir
l’humour de la représentation de la peau de l’Âne.
JE COMPRENDS L’HISTOIRE
1 Traiter la question à l’oral. Les élèves trouveront
très probablement le Cheval moins sympathique
puisqu’il refuse de prendre sa part du fardeau et qu’il
est puni par le fabuliste.
Cette question amène les élèves vers la question des
valeurs.
2 a. stratégie Je crée un film dans ma tête.
Les élèves peuvent s’aider de la stratégie du même type,
explicitée à la page 203 du manuel.
● Demander aux élèves de relire la fable en essayant
de se représenter l’action mentalement.
● Ensuite les élèves remettent en ordre les moments
de l’histoire individuellement.
L’ordre est : B – C – D – A – E.
➜ Procédure conseillée (elle convient à toutes les
activités de remise en ordre de phrases ou de para-
graphes d’un texte) :
– préparer cinq bandes de papier lisibles depuis le
fond de la classe ; écrire les phrases A – B – C – D et
E sur chacune d’elles ;
– demander aux élèves de donner la lettre du
1er morceau ; vérifier dans la fable si leur proposition
est juste (chercher les vers qui correspondent au
1er moment de l’histoire) ; éventuellement, souligner
des indices sur la bande de papier ; si la proposition
est juste, fixer la bande correspondante ;
– demander aux élèves de donner la lettre de la
2e bande ; s’il y a plusieurs propositions, placer
les bandes correspondantes les unes à côté des
autres ; vérifier laquelle est juste dans la fable (cher-
cher les vers) ; après validation, ne fixer que la bande
qui convient ;
– procéder ainsi pour toute la remise en ordre.
Ajouter l’inférence construite avec les élèves au fichier
Mes stratégies pour comprendre (cf. page 28).
Évaluation Enlever les bandes du tableau et
demander aux élèves d’écrire les lettres dans l’ordre
sur leur cahier.
Séance 2 [30 min]
JE COMPRENDS L’HISTOIRE
2 b. Ce temps de travail est important car les
adjectifs choisis donneront les thèmes des débats
de l’Atelier.
Proposer aux élèves de choisir l’Âne ou le Cheval. Après
un temps de réflexion, les adjectifs choisis sont mis en
commun, animal par animal.
Les élèves doivent justifier leur choix pour chaque
adjectif.
L’Âne : Il est modeste car il demande au Cheval de
l’aider quelque peu (un peu) : il ne lui demande pas de
le décharger complètement.
Il s’adresse au Cheval sans aucune acrimonie, en y
mettant les formes, il est donc poli avec lui.
Il est gêné parce qu’il s’excuse presque de sa
demande.
Le Cheval : Il est égoïste car il profite de son confort et
refuse d’aider l’Âne.
Il est fier parce qu’en refusant d’aider l’Âne, il cherche
à conserver sa supériorité sur lui.
Sa pétarade montre tout le mépris qu’il éprouve
envers l’Âne.
➜ TRACE
Les élèves écrivent la réponse sur leur cahier.
L’Âne : modeste – poli – gêné
Le Cheval : égoïste – fier – méprisant
JE COMPRENDS LA MORALE
3 a. Avec cette question, on réactive l’usage d’un
mot essentiel pour parler de la fable : la morale (le mot
a été vu à la question 6, fable précédente, p. 106).
Si les élèves ont oublié le mot, leur rappeler ce qu’est
une morale : partie de la fable dans laquelle l’auteur
donne la leçon à tirer de l’histoire (vers 1 à 3).
b. Aider les élèves à reformuler la morale à l’oral.
Écrire au tableau une reformulation simple que les
élèves pourront recopier dans leur cahier.
Par exemple : Il faut aider les autres car, si on ne le fait
pas, on peut en subir les conséquences.
On voit que les motivations du fabuliste sont plus
égoïstes que généreuses…
ENTRE LES LIGNES
4 Cette question ramène à la précédente. En effet,
dans les vers 15 et 16, l’image du Cheval portant le
fardeau et la peau de l’Âne est une illustration parfaite
des vers 2 et 3 : Si ton voisin vient à mourir, / C’est sur
toi que le fardeau tombe.
Différenciation Former un petit groupe d’élèves qui
ont un bon niveau de compréhension. Les aider à clari-
fier le lien entre les vers 2-3 et 15-16.
Ils écrivent une réponse personnelle dans leur cahier.
Séance 3 [30 min]
MISE EN VOIX
5 L’objectif est d’amener les élèves à dire un texte
selon deux modalités (lecture et racontage) en
enchainant les deux partitions.
L’activité doit être guidée. Le mieux est de la réserver à
un binôme d’élèves seulement et de les accompagner
étroitement.
Les élèves peuvent réécouter la fable enregistrée pour
trouver des idées de mise en voix.
➜ Procédure conseillée :
– demander aux élèves de préparer l’un la lecture des
vers 1 à 3 et 14 à 16, l’autre le racontage de l’histoire du
Cheval et l’Âne (10 minutes environ, si possible dans
une salle attenante et en autonomie) ;
– les écouter l’un après l’autre et leur donner des
conseils (10 minutes environ) ;
– leur demander de travailler l’enchainement des trois
parties en autonomie (10 minutes environ) ;
– écouter à nouveau leur mise en voix et les
encourager.
Les élèves pourront présenter leur mise en voix lors de
cette séance ou lors de la séance suivante.
MANUEL NUMÉRIQUE
Faire réécouter la mise en voix de la fable par une
comédienne. Demander aux élèves de donner leur avis
a posteriori.
Séances 4 et 5 [2 fois 30 min]
Atelier 2. NOS DÉBATS
Les séances 4 et 5, consacrées au projet, font
comprendre aux élèves qu’il faut des arguments
pour débattre.
Il s’agit donc de leur montrer comment, à partir
d’une question donnée, on peut trouver ces
arguments.
Durant cette séance, les élèves ont recours aux
écrits de travail.
– Écrire la question au tableau. Les élèves la reco-
pient sur leur cahier de brouillon.
– Clarifier le sens du verbe s’entraider.
– Donner deux ou trois exemples d’entraide pris dans
l’actualité et rapportés dans la presse (découper des
articles de journaux au préalable). Cette précaution
évitera que certains élèves ne restent sans exemples.
– Si possible, projeter ces articles l’un après l’autre
et amener les élèves à dégager en quoi consiste
l’entraide.
1. Les élèves recherchent un ou deux exemples
personnels qu’ils écrivent dans leur cahier de
brouillon.
– Mettre en commun quelques exemples pour vérifier
que les élèves restent bien dans le thème.
– Demander aux élèves d’écrire comment a réagi la
personne qui a été aidée puis celle qui a apporté de
l’aide.
– Mettre quelques réponses en commun.
2. Reprendre l’un des exemples pris dans la presse et
montrer aux élèves comment on déduit un argument
de l’exemple en utilisant les mots Pourquoi… ? / Parce
que…
Exemple de raisonnement :
– Un voisin a hébergé toute une famille dont la maison
avait été inondée.
– Pourquoi était-il important d’apporter cette aide ?
– Parce qu’il aurait été injuste qu’il reste bien au sec
alors que ses voisins étaient sans abri.
6 – LIRE POUR DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE 109
➜ Argument : Il faut s’entraider parce qu’il faut faire
face ensemble à certaines situations.
Demander aux élèves de faire le même raisonnement
sur leur(s) exemple(s).
Différenciation Regrouper les élèves en difficulté et
les aider à formuler ce raisonnement sur un exemple
évident.
3. Mettre en commun les arguments à l’oral.
– Partager le tableau en deux colonnes.
À gauche, écrire les arguments validés par la
classe et l’enseignant, à droite écrire un exemple
correspondant.
4.
➜ TRACE
Les élèves écrivent sur leur cahier du jour :
– la question initiale ;
– l’exemple personnel qu’ils ont trouvé avec
l’argument qui en découle ;
– un argument auquel ils n’avaient pas pensé et qui
leur a semblé intéressant.
Prolongement Collecter des articles de presse sur
le thème de l’entraide.
Les regrouper dans un classeur ou dans un fichier et
demander aux élèves d’en lire un de temps en temps.

• Le texte lu par • Le texte à

un comédien photocopier
PARTICIPER À UN DÉBAT Vocabulaire pour mieux lire

En t’aidant du contexte, remplace

sur la grève (l. 2) par une expression Mise en scène
Le pê c he ur e t l’homme d’aff aire s synonyme.
7 À DEUX Jouez le dialogue comme s’il
Un riche homme d’affaires1 était en vacances en Inde. Un matin, Dans un dictionnaire, cherche le
s’agissait d’un texte de théâtre.

Pages 58-59
sur la grève, il aperçut la barque d’un pêcheur qui rentrait. sens du nom évidence. Donne le sens de
Repérez les passages qui donnent
cela semblait une évidence (l. 9).
– Oh là ! lui cria-t-il. La pêche a été bonne ? des indications sur la mise en scène ou
Le pêcheur lui sourit et lui montra quelques poissons posés la manière de dire le texte : lui cria-t-il (l. 3),

PARTICIPER À UN DÉBAT 5

10
au fond de sa barque :
– Oui, c’est une bonne pêche.
– Il est encore tôt. Je suppose que tu y retournes.
– Y retourner ? demanda le pêcheur. Mais pour quoi faire ?
– Mais parce qu’ainsi tu en auras plus, répondit l’homme d’affaires,
à qui cela semblait une évidence.
– Mais pour quoi faire ? Je n’en ai pas besoin !
1
Mise en voix

À TROIS Lisez la fable à vos camarades.

– Répartissez-vous le rôle du narrateur,
du pêcheur et de l’homme d’affaires.
– Entrainez-vous à lire de manière
expressive.
– Travaillez l’enchainement de vos lectures.
Le pêcheur lui sourit (l. 3)…

Atelier 3 Nos débats

Qui a raison : le pêcheur ou l’homme

d’affaires ?
– Quand tu en auras plus, tu les revendras ! Choisis le point de vue d’un
– Mais pour quoi faire ? Je comprends l’histoire personnage et défends-le.
– Tu auras plus d’argent. 2 Où se trouve l’homme d’affaires COMMENT FAIRE ?
– Mais pour quoi faire ? et que fait-il ? Et le pêcheur ?
15
1 Reformule le point de vue du

Le pêcheur et l’homme d’affaires

– Tu pourras changer ta vieille barque contre STRATÉGIE ® Je cherche dans le texte. personnage que tu as choisi pour
un joli petit bateau. t’assurer de l’avoir bien compris.
3 a. Relis uniquement les conseils
– Mais pour quoi faire ? de l’homme d’affaires au pêcheur : 2 Cherche dans la fable les arguments
quel est son but ? que ton personnage utilise.
– Eh bien, avec ton petit bateau, tu pourras
20 avoir plus de poissons. b. Pourquoi le pêcheur ne suit-il pas 3 Pour trouver d’autres arguments,
ses conseils ? pose-toi des questions : si l’on fait
– Mais pour quoi faire ?
comme le pêcheur, quels sont les
– Eh bien, tu pourras prendre des ouvriers. avantages ? les inconvénients ? et si
Je comprends le sens de la fable
– Mais pour quoi faire ? l’on fait comme l’homme d’affaires ?

Michel PIQUEMAL
4 * Pour l’homme d’affaires, à quoi sert
– Ils pêcheront pour toi. 4 Écris tes arguments : Il vaut mieux
le travail ? Et pour le pêcheur ?
25 – Mais pour quoi faire ? faire comme le pêcheur (ou l’homme
d’affaires), parce que…
– Tu deviendras riche. Entre les lignes
5 Lors du débat :
– Mais pour quoi faire ?
5 * Relis les deux dernières lignes. À ton avis, – défends le point de vue de ton
– Tu pourras ainsi te reposer. personnage ;
l’auteur de la fable est-il d’accord avec
Le pêcheur le regarda alors avec un grand sourire : le pêcheur ou avec l’homme d’affaires ? – écoute tes camarades.
30 – C’est justement ce que je vais faire tout de suite. 6 À DEUX À la fin du débat, notez les
J’écris arguments qui vous ont semblé les
■ Michel Piquemal d’après un récit de l’abbé Pierre, plus intéressants.

Compétences
Les Philo-fables pour vivre ensemble © Albin Michel, 2009. 6 L’auteur de la fable n’a pas écrit la morale
de son histoire. À toi de l’imaginer.
Les mots du texte
1. homme d’affaires : personne qui possède des entreprises.

58 DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE 59

COMPRÉHENSION DE LA FABLE
– Lire et comprendre une fable contemporaine
– Saisir quelles valeurs se cachent derrière les points de vue opposés du pêcheur et de l’homme d’affaires
– Mettre la fable en voix à trois
– Mettre la fable en scène pour souligner sa forme théâtrale

PROJET DÉBATTRE
– Choisir le point de vue d’un personnage et le défendre
– S’engager dans un débat

Vocabulaire
• Repérer des mots synonymes
• Comprendre le sens d’une expression synonyme

Déroulement Avant la séance 1, pour trois élèves : lecture et préparation de la MISE EN VOIX 1

Séance 1 [40 min] Écoute de la fable mise en voix par trois élèves –
VOCABULAIRE POUR MIEUX LIRE – JE COMPRENDS L’HISTOIRE 2 et 3 a

Séance 2 [30 min] JE COMPRENDS L’HISTOIRE 3 b – JE COMPRENDS LE SENS DE LA FABLE 4 –

ENTRE LES LIGNES 5

Entre la séance 2 et la séance 3, pour deux élèves : préparation à la MISE EN SCÈNE

du dialogue 7

Séance 3 [30 min] J’ÉCRIS 6 – MISE EN SCÈNE par deux élèves 7

Séance 4 [30 min] Atelier 3 items 1 à 4

Séance 5 [30 min] Atelier 3 items 5 et 6

Matériel Pour l’enseignant : la fable lue par une comédienne (manuel numérique)

Pour l’élève :
– un dictionnaire
– le texte à photocopier (ressources p. 326)

110
 ÉLÉMENTS D’ANALYSE
■ Michel Piquemal, auteur français né en 1954, a
publié plus de 200 ouvrages pour la jeunesse. On
trouvera une biographie, une bibliographie et de
nombreuses informations sur son travail à l’adresse
http://www.michelpiquemal.com/
■ La fable fait partie du recueil Les Philo-fables pour
vivre ensemble, paru en 2009 chez Albin Michel.
Ce recueil regroupe des histoires, contes, mythes,
fables, etc. puisées dans des cultures du monde entier.
■ Outre le bref paragraphe d’introduction, la fable offre
au lecteur un long dialogue dans lequel s’opposent
deux façons d’envisager le travail et la vie.
La réplique Mais pour quoi faire ? revient neuf fois dans
la fable pour amuser le lecteur et montrer à l’homme
d’affaires l’absurdité de sa proposition.
Le dialogue est facile à comprendre et amène natu-
rellement les élèves vers le débat contradictoire.
MISE EN VOIX
1 Pour varier les entrées dans la fable et donner aux
élèves l’occasion de prendre la place du professeur ou
du comédien, demander à trois élèves de préparer la
mise en voix de la fable avant que leurs camarades
ne la découvrent.
Cette préparation aura lieu de préférence dans un lieu
différent de la classe : BCD ou salle attenante.
Différenciation
● Si les élèves désignés sont d’un bon niveau, les
laisser préparer seuls et les écouter une fois pour leur
donner des conseils avant leur lecture à la classe.
● Si les élèves sont en difficulté, les accompagner dans
cette préparation car il est important qu’ils réussissent
leur lecture devant leurs camarades.
Séance 1 [40 min]
■ Découverte de la fable
● Les élèves qui ont préparé la lecture de la fable la
lisent, leurs camarades suivent sur leur manuel.
● Demander aux élèves pourquoi l’illustration convient
particulièrement bien à la fable.
Cette question devrait permettre de dégager
plusieurs éléments de compréhension :
– la fable fait se rencontrer deux personnages
humains (et non pas des animaux), l’un qualifié de
riche homme d’affaires en vacances (faire observer
les lunettes et le chapeau de soleil mais aussi les
stéréotypes du costume et des chaussures pointues) ;
l’autre, autochtone identifiable à son turban ;
– le rapport, apparemment inégal, semble en faveur de
l’homme d’affaires parce qu’il est riche (sur l’illustra-
tion, il se dresse devant le pêcheur occupé à sa tâche)
mais le texte montre que le pêcheur ne se sent pas
inférieur, loin de là.
● Le texte met en dialogue deux personnages mais
également deux visions du travail et du monde.
VOCABULAIRE POUR MIEUX LIRE
Les élèves doivent donner une expression syno-
nyme à partir du contexte. Ils peuvent aussi utiliser
l’illustration.
sur la grève signifie sur la plage, sur le rivage.
Le nom évidence est dérivé de l’adjectif évident,
qui signifie clair, incontestable.
Cela semblait une évidence = Cela était clair,
incontestable.
Demander aux élèves si le pêcheur partage la même
évidence (la réplique suivante dit le contraire).
JE COMPRENDS L’HISTOIRE
2 stratégie Je cherche dans le texte.
Les élèves peuvent s’aider de la stratégie du même type,
explicitée à la page 201 du manuel.
La réponse est facile à donner. La traiter à l’oral en
sollicitant les élèves dont les compétences en lecture
sont les plus fragiles.
Il s’agit de s’assurer que les élèves ont compris la diffé-
rence de situation des deux personnages par rapport
à la question du travail : en vacances ≠ au travail.
– L’homme d’affaires est en vacances en Inde. Il est
sur une plage. (l. 1-2)
– Le pêcheur rentre de la pêche. (l. 2)
Ajouter l’inférence construite avec les élèves au fichier
Mes stratégies pour comprendre (cf. page 28).
3 a. La question fait l’objet d’un écrit de travail. Les
élèves, par deux, listent ces conseils sur leur cahier de
brouillon (les aider pour le premier) :
– retourner pêcher pour avoir plus de poissons (l. 7 à 10) ;
– pour les revendre et avoir plus d’argent (l. 12 à 14) ;
– changer sa barque contre un petit bateau pour avoir
plus de poissons (l. 16 à 20) ;
– prendre des ouvriers pour qu’ils pêchent à sa place
(l. 22 à 24) ;
– devenir riche pour se reposer (l. 26 à 28).
● Lors de la mise en commun, lister les conseils sur
une affiche.
● Demander aux élèves quel est l’objectif de l’homme
d’affaires quand il donne ces conseils au pêcheur :
montrer au pêcheur qu’il pourrait vivre autrement ?
l’aider à devenir riche ?
● Demander aux élèves ce qu’ils pensent de ces
conseils : a-t-il raison ? a-t-il tort ?
● Faire émerger deux points de vue possibles.
Séance 2 [30 min]
JE COMPRENDS L’HISTOIRE
3 b. Les élèves relisent l’affiche élaborée à la séance
précédente.
Leur demander de lire et d’interpréter les lignes 29
et 30 :
– son sourire : le pêcheur se moque de l’homme
d’affaires ; il trouve les conseils déplacés ; il n’a pas
la même conception de la vie, du travail, du repos…
6 – LIRE POUR DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE 111
– sa réplique : C’est justement ce que je vais faire
tout de suite : amener les élèves à rapprocher cette
réplique de la situation de l’homme d’affaires qui est
en vacances. Leur demander si, selon eux, le pêcheur
prend des vacances.
Évaluation Les élèves écrivent quel est selon eux
le mode de vie de chaque personnage. Ils peuvent
travailler par deux ou choisir seulement un personnage.
➜ TRACE
Donner la synthèse ci-dessous et demander aux
élèves de la lire et de la coller dans leur cahier.
– Le pêcheur : Il vit sans doute là où il est né, en
Inde. Il vit de sa pêche. Il travaille une partie de la
journée (sans doute juste ce qu’il faut pour faire
vivre sa famille), puis il se repose.
– L’homme d’affaires : Il est riche, a des employés.
Il prend des vacances dans des pays lointains.
On peut imaginer qu’il ne se repose que pendant
les vacances.
JE COMPRENDS LE SENS DE LA FABLE
4 Construire une réponse à l’oral car la question est
difficile.
Deux visions opposées du travail :
Le pêcheur : le travail est un gagne-pain qu’il ne
cherche pas à rentabiliser. Il sert à vivre et à faire vivre
sa famille.
L’homme d’affaires : le travail est un moyen de
posséder des richesses (le verbe avoir revient 4 fois :
tu en auras plus, l. 9 et 12, Tu auras plus d’argent, l. 14,
tu pourras avoir plus de poissons, l. 20), de se situer
en haut de l’échelle sociale (Tu pourras prendre des
ouvriers [qui] pêcheront pour toi) et de le montrer :
Tu pourras changer ta vieille barque contre un joli petit
bateau (l. 16-17).
ENTRE LES LIGNES
5 Le point de vue de l’auteur est perceptible dans
l’organisation du dialogue, dans le sourire du pêcheur
et dans la pirouette de la dernière réplique. La ques-
tion est ouverte : laisser les élèves échanger librement.
Séance 3 [30 min]
Les élèves qui mettent la fable en scène (deux ou
trois binômes) préparent leur prestation (à la BCD
ou dans une salle attenante) pendant que les autres
rédigent une morale (6) et cherchent des critères
d’évaluation (7).
Cette mise scène comporte une valeur d’évaluation.
Les laisser travailler seuls.
J’ÉCRIS
6 Il n’est pas facile d’écrire une morale. Les élèves
peuvent écrire en groupe, par deux, individuellement.
Mettre les morales en commun pour valider celles qui
conviennent.
Morales possibles :
– Le travail sert d’abord à vivre.
112
– Il ne sert à rien de chercher à changer sa vie alors que
celle qu’on a nous convient.
– Mieux vaut prendre du repos chaque jour qu’attendre
des vacances lointaines.
MISE EN SCÈNE
7 Les élèves qui ne mettent pas la fable en scène
donnent deux ou trois critères pour évaluer la pres-
tation de leurs camarades.
Par exemple :
– fluidité dans la lecture des répliques et dans
le passage d’une réplique à l’autre ;
– représentation de chaque personnage (posture,
gestes) ;
– prise en compte des indications lui cria-t-il et
Le pêcheur lui sourit.
Les élèves qui ont préparé une mise en scène
la présentent à leurs camarades.
Séances 4 et 5 [2 fois 30 min]
Atelier 3. NOS DÉBATS
Les séances 4 et 5, consacrées au projet, amènent
les élèves à débattre autour de deux visions du
travail et de la vie.
Durant cette séance, les élèves ont recours aux
écrits de travail.
– Écrire la question au tableau. Qui a raison : le
pêcheur ou l’homme d’affaires ?
– Demander aux élèves de lire intégralement les
étapes 1 à 6. Répondre à toutes leurs questions.
Leur dire qu’ils peuvent utiliser tout ce qui a été
travaillé dans les fables précédentes.
Leur rappeler en particulier ce qu’est un argument.
Différenciation Regrouper les élèves en difficulté
pour les aider à toutes les étapes de leur travail,
notamment :
– reformuler le point de vue du pêcheur puis celui de
l’homme d’affaires ;
– chercher avec eux les arguments utilisés par l’un et
l’autre personnage (la recherche est plus difficile pour
le pêcheur car ses arguments sont implicites) ;
– rechercher avec eux d’autres arguments ; les écrire en
dictée à l’adulte.
Organiser un mini-débat entre les élèves de ce groupe
pour les entrainer et leur donner des conseils.
Lors de la séance 5, mener le débat selon les conseils
des fiches publiées par le MEN.
Le débat réglé ou argumenté
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/EMC/01/1/
ress_emc_debat_464011.pdf
Le débat pour aller plus loin
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/EMC/02/3/
Ress_emc_debat-plus-loin_464023.pdf
Les dilemmes éthiques
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/EMC/01/3/
ress_emc_dilemmes_ethique_464013.pdf
 DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE

LA MÉTHODE

Page 60
1 LISEZ UNE FABLE ET CHOISISSEZ LA QUESTION À DÉBATTRE

a. Dans l’histoire, identifiez les personnages et repérez le trait

de caractère principal de chacun.

DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE Par exemple : égoïste, généreux, moqueur…

b. Trouvez le ou les thèmes de la fable.
Par exemple : l’entraide, le partage, la moquerie…
c. Repérez la morale.
Par exemple : Il faut partager – Quand on se moque des autres,
ils se vengent…
d. Proposez une question à débattre.
Par exemple : Faut-il toujours se venger ?
e. Échangez et choisissez la question qui vous semble
la plus intéressante.

2 PRÉPARE TES ARGUMENTS

f. Pour trouver des arguments, souviens-toi de situations

que tu as vécues.

La méthode
g. Utilise aussi l’histoire de la fable : mets-toi à la place
du personnage pour comprendre pourquoi il agit ainsi.
h. Note tes arguments au brouillon en mettant tes exemples
en face.

3 ENGAGE-TOI DANS LE DÉBAT

i. Donne ton point de vue en t’appuyant sur ta préparation.

j. Écoute celui de tes camarades. N’interviens pas quand

1. Liste de fables qui peuvent servir de supports :

ils parlent, réponds-leur quand ils ont fini.

4 GARDEZ UNE TRACE ÉCRITE

k. Notez les idées qui vous ont paru intéressantes

dans un cahier ou sur une affiche. Notez aussi les exemples
qui vous ont marqués.
Vous pouvez les illustrer avec des dessins.

● Dans le recueil Des fables pour s’interroger, Hatier, 2017. 60

– Borée et le Soleil d’Ésope.

Mettre la fable en lien avec l’extrait de la pièce de théâtre Méchant ! d’Anne Sylvestre,
page 36 du manuel.
– La Cigale et la Fourmi de Jean de La Fontaine.
Mettre en place un débat contradictoire autour des deux visions de la vie.
– La Poule aux œufs d’or d’Ésope.
Mettre en place un débat sur les valeurs défendues indirectement par le fabuliste.
– Le Lièvre et la Tortue d’Ésope.
Mettre en place un débat sur la question du travail.
● Dans le recueil Les Philofables de Michel Piquemal, Albin Michel, 2008.
– Le Tsar et la chemise.
Interroger la question posée à la fin : le bonheur est-il la même chose pour chacun d’entre nous ?
– L’aveugle et le paralytique.
Reprendre les questions posées à la fin : La solidarité n’est-elle qu’individuelle ? Ne doit-elle
pas exister aussi entre les peuples ?

2. Indications sur le nombre de séances

1 Lisez une fable et choisissez la question à débattre 30 min
2 Prépare tes arguments 30 min
3 Engage-toi dans le débat 30 min
4 Gardez une trace écrite 30 min

Prolongement
● Régulièrement dans l’année, s’emparer des situations qui peuvent amener les élèves

à débattre.
● Leur demander d’utiliser la fiche méthodologique Débattre à partir d’une fable

de la page 60.
● Compétences travaillées
– Lire et comprendre la logique d’une fiche méthodologique
– Repérer dans la fiche ce qui a été travaillé antérieurement et le réinvestir
– Utiliser la fiche méthodologique à chaque nouvelle situation de débat

6 – LIRE POUR DÉBATTRE À PARTIR D’UNE FABLE 113