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Cours de

SEDIMENTOLOGIE
Plan du cours
Notions de Sédimentologie
ORIGINE DES SEDIMENTS ET MILIEUX DE DEPOTS
ALTERATION
MILIEUX DE DEPOTS : RAPPELS
DIAGENESE
PRODUITS DE LA DIAGENESE
I.DEFINITIONS
La sédimentologie (ou pétrologie sédimentaire) : est une branche de
la géologie qui étudie les processus de formation des roches
sédimentaires.

La sédimentologie possède des applications en géologie pétrolière et


pour la recherche et l'exploitation de substances utiles (mines de
potasse, de bauxite, de halite, de gypse, …).

II. Origine des sédiments


Les roches des continents subissent au contact de l’atmosphère et de
l’hydrosphère, une altération. Cette altération par désagrégation
chimique et/ou mécanique conduit à la formation d’éléments dissociés
par les agents d’érosion.

Le transport s’effectue par l’atmosphère ou par l’hydrosphère.


La sédimentation se fait la plupart du temps dans un milieu aqueux.

Le dépôt des particules procède :


1. de la sédimentation de matériaux détritiques ; 2.
de la précipitation chimique à partir de solutions ;
3. de l’accumulation biologique d’organismes.

Principe
Continent Agents externes
Roches magmatiques Actions mécaniques
Roches métamorphiques Actions (bio)chimiques
Roches sédimentaires Migration – déplacement
Phase résiduelle
Sols variés (fonction des sites)
Phase silicatée, silicatée-
alumineuse Phase migratrice
Phase riche en oxydes de Fe et Al Phase en solution

Érosion Transport
Vers les Piégeage continental
océans temporaire
Phase fine en suspension
Transport

CHAPITRE 1.L’ Altération


La destruction du continent constitue la source principale des
matériaux sédimentaires. Ce phénomène intéresse aussi bien les
roches magmatiques que les roches métamorphiques et
sédimentaires. Les êtres vivants y contribuent également.

L’altération (désagrégation) mécanique dégrade la roche en petits


fragments (débris).
La désagrégation chimique dégrade les roches et minéraux
instables en sous-produits stables par l'intermédiaire de
réactions chimiques.

2. LA DESAGREGATION MECANIQUE

Un certain nombre d'agents physiques produisent la fragmentation


des roches. Les variations de température entraînent la dilatation
ou la contraction des roches: soumise à des variations de volume
incessantes, un roche se fissure puis éclate. La fissuration est
importante dans les roches composées de minéraux différents
n'ayant pas le même coefficient de dilatation: des microfissures
apparaissent à la limite entre les minéraux. L'eau qui pénètre dans
les fissures et les pores puis gèle avec augmentation de volume
ajoute son effet. Les cristaux de glace s'accroissent
perpendiculairement à la surface de la fente et augmentent son
ouverture: la roche est gélive, elle éclate sous l'effet du gel
(exemple, la craie). La désagrégation mécanique est
particulièrement importante sous les climats désertiques où les
variations de température peuvent dépasser 50 °C entre le jour et
la nuit. Elle est également grande sous les climats humides dont la
température varie autour de 0 °C (action du gel et du dégel). Elle
est responsable de l'accumulation des manteaux d'éboulis
caractéristiques des zones désertiques et des montagnes. La
cristallisation du sel ajoute son action le long des littoraux et dans
les zones désertiques. Près des côtes, les embruns salés
pénètrent dans les pores des roches. Les cristaux de sels s'y
développent et produisent des craquelures. Les sulfates de Na et
Mg sont les plus efficaces. Enfin, le transport par l'eau, et
accessoirement l'action du vent, use les matériaux et produit des
éléments plus fins: limons, poussières...
3. ROLE DE L'EAU DANS L'ALTERATION
Une des caractéristique les plus importante de la surface de la Terre est
l'abondance de l'eau, tant sous forme liquide que solide ou gazeuse. Les
molécules d'eau sont chargées électriquement et se comportent comme des
dipôles; cette propriété est due à la liaison covalente asymétrique qui unit
les atomes d'hydrogène à l'oxygène. Les deux atomes d'hydrogène sont
placés d'un seul coté et engendrent une faible charge. La nature polaire de la
molécule d'eau permet l'établissement de liaisons hydrogène entre les
molécules qui se disposent en groupes tétraédriques. Les propriétés de l'eau
découlent de cette structure. L'eau est un trés bon solvant car les extrémités
positives ou négatives de la molécule peuvent s'attacher aux ions négatifs ou
positifs. L'abaissement de température diminue l'agitation thermique des
molécules et favorise les liaisons hydrogène: les molécules se groupent et la
viscosité de l'eau augmente. L'abaissement de température produit
également l'augmentation de la densité, jusqu'à 4°C; en dessous, les
molécules se réarrangent progressivement en structure hexagonale (glace)
et la densité diminue jusqu'à atteindre un minimum à -22°C. Les molécules
d'eau s'ionisent en H+ et OH-.. La concentration des H+ définit le pH. A la température
ordinaire, il y a seulement 10-7 moles par litre d'ions hydrogène (et autant de OH -)
dans l'eau pure: le pH est neutre (pH=7). L'apport d'ions hydrogène diminue le pH;
cette acidité est produite notamment par le CO2 et les acides humiques du sol.
H2 O + CO2 ------> H2 CO 3-------> H+ + (HCO3) -
Les ions hydrogène sont responsables de la destruction des réseaux silicatés:
ils déplacent les cations métalliques qui se recombinent avec les OH-
(hydrolyse).

Figure 3-1: Structure de la molécule d'eau


Facteurs importants dans la désagrégation mécanique des
roches

Fissuration
(tectonique (failles, diaclases) –
sédimentaire (joints de stratification ) -
décompression)

Fragmentation Rôle de l’eau (hydratation) des roches (vapeur


d’eau condensée, pression capillaire)

Alternances gel-dégel (cryoclastie)


ΔT° entre le jour et la nuit
(climats froids; déserts; montagnes )
Action des organismes
(dilatation progressive des racines)

Exemples
de
désagrégatio
n
mécanique
des
roches
Altération chimique des roches
Æ Comportement chimique des roches vis à vis de l'atmosphère et de
l'hydrosphère, conditionné par les espèces chimiques présentes : N2 =>
inerte, ne participe guère aux réactions
O2 => oxydation
CO2 => ± inerte comme gaz, mais très corrosif dans l'eau :

formation d'un acide "faible" : H 2 O + CO2 HCO3- + H+

H2O => détermine tout !

S2, H2, ... très corrosifs, surtout dissouts dans l'eau

Æ Roches (silicatées et
carbonatées surtout) ces molécules,
Sont toutes exposées très largement
à l'altération chimique 2

est déterminée par la 2 4 Résultent

teneur en H O ; les autres


composés corrosifs CO2, H2S,
H SO quasi-tous d'une L’eau se comporte
réaction avec l'eau ... comme un dipôle

Exemples d’altération chimique des roches


1.Hydratation :
- c’est le phénomène inverse de la déshydratation

Exemples d’hydratation :

CaSO4 + 2H O CaSO H O2
4 ⋅2 2

Anhydrite Eau Gypse


Gonflement
FeO H O2 3 + 2 →2FeOOH
Hématite Eau Goethite

Exemple de déshydratation :
CaSO H O CaSO4 ⋅2 2
4 + 2H O2
Gypse Anhydrite Eau
2.Dissolution :
Tout minéral est soluble dans l’eau ou un
acide.

Exemples de dissolution :

*Sel gemme et autres évaporites sont


fortement solubles :
NaCl (halite) Na+ + Cl-

*Quartz et autres silicates : très faiblement solubles (6 ppm pour le


quartz dans les eaux de surface) :

SiO2 +2H O2 → Si OH( )4


Silice ou quartz Eau Silice monomère

*Carbonates : plus solubles. L'eau de pluie chargée en CO2 agit comme


un acide faible lors de sa mise en contact avec la calcite, selon les
réactions suivantes :
CO2 + CaCO3 + H2O <-> Ca 2+ + 2H+ + CO32-

3.Oxydation
Est importante pour les minéraux contenant du fer.

Oxydation Perte d’un électron

Fe2+ −e− →Fe 3+


ion ferreux ion ferrique
Fe-silicate + H2O + oxygène (dissout) => argile + Goethite
(FeO(OH))

Exemple

4FeSiO3 +O2 →2Fe O2 3 +4SiO2


Hyperstène ferrifère Oxygène Hématite Silice
(Pyroxène)

4.Hydrolyse :
C’est le processus par lequel un cation
d'un minéral est remplacé par le H+ d'une
solution acide ou de l’eau.

Totale :
NaAlSi O3 8 +8H O2 → Al OH()3 +3Si OH()4 + Na+ +OH− ( )
Albite Eau Gibbsite Silice Ions en solution
(Plagioclase)

Incomplète :

2NaAlSi O3 8 +11H O2 → Si O Al OH2 52( +4Si OH( )4 +2 Na+ +OH− ( )


) 4
Albite Eau Kaolinite Silice Ions en solution
(argile)
Résumé sur l’altération de différentes
roches (les minéraux résiduels sont stables aux conditions de
surface de la Terre)

Roche Minéraux primaires Minéraux résiduels Ions


lixiviés

Granite Feldspaths Argiles Na+, K+


Micas Argiles K+

Quartz Quartz ---

Minéraux Fe-Mg Argiles + Hématite + Goethite Mg2+

Feldspaths Argiles Na+, Ca2+

Minéraux Fe-Mg Argiles Mg+2


Basalte

Magnétite Hématite, Goethite ---

Ca2+,
Calcaire Calcite Traces CO32-

5. FACTEURS CONTROLANT L'ALTERATION

5.1 Résistance d'un minéral à l'altération


L'énergie de liaison varie selon le type d'ions concernés. Le K+ est faiblement lié à l'oxygène, le Fe++

et le Mg++ le sont moyennement; le Si 4+ établit au contraire des liaisons très fortes. On comprend

ainsi que le quartz, tectosilicate ne comportant que des liaisons fortes entre le silicium et l'oxygène,

résiste mieux à l'altération; l'olivine en revanche, contenant des cations moins liés (Fe++ et Mg++) a un

réseau cristallin plus fragile. GOLDICH (1938) a établi l'ordre de résistance des minéraux à l'altération:
Labile olivine ...................................................................plagioclases Ca

augite .............................................plagioclases Ca-Na

hornblende ................plagioclases Na-Ca

biotite .........plagioclases Na

feldspaths K

muscovite

Résistant......................................quartz

On remarque que cet ordre évoque les suites de BOWEN: ce n'est pas un hasard. Dans un magma, l'olivine

cristallise à haute température, elle est donc particulièrement instable dans les conditions de surface; elle est la

plus labile. Le quartz, en revanche est formé à une température moins élevée, il est plus stable. Le type de réseau

cristallin intervient dans la stabilité du minéral en surface.


-1
anorthite : 1,76 10
-5
feldspath K : 5,26 10
-6
muscovite : 8,09 10
-7
quartz : 1,29 10

On retrouve plus ou moins l'ordre établi par GOLDICH.

5.2 Mobilité des ions


La mobilité d'un ion dépend de son rayon et de sa charge ionique.

* Rayon ionique:

Si4 +: r = 0,42 A°

Al 3+: r = 0,51 A°

0 2- : r = 1,4 A°

La taille des ions détermine leur arrangement cristallin; le nombre de coordination d'un ion par rapport à

l'oxygène est le nombre d'ions oxygène qui peuvent se disposer autour de l'ion considéré:

- Silicium : nombre de coordination 4, l'arrangement est un tétraèdre;

- Aluminium: nombre de coordination 6, l'arrangement est un octaèdre.


* Charge ionique :

la charge Z d'un ion est égale à 1+, 2+, 3+...

* Potentiel ionique:

c'est le rapport Z/r; il détermine le comportement des ions. La classification établie par

GOLDSCHMIDT distingue 3 groupes d'ions d'après la valeur du potentiel ionique:

* Z/r < ou = 3 : les cations solubles, gros ions faiblement chargés;

* 3 < Z/r < 10 : les hydrolysats, hydroxydes insolubles;

* Z/r > 10 : les oxyanions solubles, anions complexes avec oxygène.

La répartition des charges électriques à la surface de l'ion explique son comportement vis-à-vis de l'eau.

* oxyanions solubles: leur potentiel ionique est grand, leur surface est fortement chargée. Ces ions

dissocient les H+ des molécules d'eau et s'associent avec les O--: les ions soufre donnent des ions

sulfates (SO4)2-, les ions carbone des carbonates (CO 3)2-, les ions phosphore des phosphates

(PO4)3-...

* hydrolysats: la dissociation de l'eau est partielle en H+ et OH-. Les cations s'unissent aux OH- et

forment des hydroxydes insolubles (Fe2 O3, Al2 O 3...)


* cations solubles: leur potentiel ionique et leur densité de charge de surface sont faibles. Ils n'ont pas

d'action sur la molécule d'eau et restent dispersés.

5.3 Facteurs externes contrôlant l'hydrolyse

Ce sont les facteurs physico-chimiques qui participent notamment à la définition du climat:

* la concentration en SiO2 exprimée en concentration d'acide silicique H 4 SiO 4,

* la concentration en cations basiques (Na+, Ca++, K+),

* le pH déterminé en particulier par les acides organiques,

* la température dont l'augmentation régit la vitesse des réactions et la possibilité de dissolution

des ions dans l'eau,

* la vitesse de circulation de l'eau dans le milieu (drainage) exprimant les conditions de

confinement ou de lessivage.

5.4 Cas du Fer

La solubilité du Fe dépend de la stabilité du système Fe2+ / Fe3+. De plus, l'hydroxyde

ferrique, hydrolysat insoluble, peut être solubilisé par ionisation en pH acide.


On voit que dans les conditions naturelles, l'état d'oxydation du fer dépend du pH: le fer

ferreux est stable à pH acide, le fer ferrique à pH basique. Dans les milieux à l’abri de

l'air (sol, fond de marécage...) le fer est à l'état ferreux ; il passe à l'état ferrique au cours

de l'altération à l'air. Il est lessivé en partie par l'eau de pluie légèrement acide et

transporté par les rivières. Arrivé dans l'eau de mer à pH basique, sa solubilité diminue

fortement et il précipite.

5.5 Solubilité de la silice

Elle est principalement sous forme d'acide silicique H 4 SiO 4; l'eau

de rivière en contient environ 13 mg/l. Le pH a peu d'action sur sa

solubilité dans les conditions normales (la solubilité de la silice

augmente au delà de pH = 9). Il y a en fait relativement peu de silice


transportée car les ions Al3+ réagissent sur elle pour donner des

amas colloïdaux silico-alumineux peu mobiles. La figure 7 montre la

solubilité du quartz en fonction du pH et de la température. L'axe des

ordonnées indique la quantité de silice perdue par le cristal et passant

en solution. Cette quantité est grossièrement multipliée par 10 entre 0

et 60°C; l'action du pH ne se fait sentir qu'au-delà de pH = 9.

CHAPITRE 2: TRANSPORT DES MATERIAUX


Les matériaux produits par les phénomènes d'érosion sont

généralement déplacés sous l'action de la gravité et de l'eau, plus

accessoirement sous l'action du vent.

1. TRANSPORT PAR GRAVITE PURE

Ce mode de transport se rencontre dans les régions présentant des

différences d'altitude créant des pentes, et où la désagrégation

mécanique est forte, c'est à dire essentiellement en montagne et en

régions désertiques.

Les éléments sont déplacés sur une faible distance, quelques

centaines de mètres, exceptionnellement quelques km et


s'accumulent en cônes d'éboulis. Ils sont non usés et de toute taille;

les plus gros descendent plus loin et forment la frange du cône: un

certain grano-classement horizontal s'établit. La porosité des éboulis

est grande et la percolation des eaux bonne. La cimentation est

rapide, surtout en pays calcaire, et donne une brèche de pente à

éléments anguleux.

Très souvent, à la suite de fortes pluies par exemple, à la gravité pure

s'ajoute l'action de l'eau. Les éboulis comprenant une phase fine

d'argile forment des coulées boueuses qui glissent sur les pentes et

peuvent causer des dégâts considérables. Les éléments sont


anguleux, mal classés (en vrac) et emballés dans une matrice

argileuse. Ce sont les "coulées de débris" ou "coulées de solifluxion"

aériennes qui peuvent apparaître dans tout matériel meuble à

éléments fins situé sur une pente et remobilisé par les pluies: sols,

cendres volcaniques.

Les eaux très chargées en matériaux des rivières de pays désertiques

("wadi") constituent des écoulements intermédiaires entre le courant

de traction classique d'un cours d'eau et la coulée de débris.

2. TRANSPORT PAR LA GLACE


Sous climat froid et humide, la neige se transforme en glace par

compaction et fusion. La glace s'écoule comme un fluide visqueux et

forme un glacier. La charge transportée dépend de

l'approvisionnement en matériaux. En montagne, le glacier peut

transporter des éboulis en telle quantité que ces derniers recouvrent

et dissimulent complètement la glace (cas du Glacier Noir dans

l'Oisans). La charge est beaucoup plus faible pour les glaciers

polaires en calotte. La compétence d'un glacier est également grande:

certains blocs dépassent plusieurs mètres. Les matériaux transportés

sont fortement hétérométriques et ne montrent pas de classement par


taille. Les éléments ne sont pas usés par des séries de chocs entre

eux, comme cela se produit dans un transport éolien ou aquatique,

mais ils peuvent être broyés entre eux ou contre les parois de la

vallée sous l'effet de la pression de la glace, jusqu'à former une

"farine glaciaire" faite de quartz et autres éléments très fins qui sont

une proie facile pour l'érosion torrentielle ou éolienne. La distance de

transport est de quelques dizaines de km pour les glaciers de

montagne mais elle peut dépasser la centaine de Km pour les grands

systèmes glaciaires (glaciers du Groenland).

3. TRANSPORT PAR L'EAU


3.1 Eaux sauvages et eaux chenalisées

L'eau transporte des matériaux détritiques en suspension et des

éléments en solution. La charge d'une rivière est en moyenne de 120

grammes par d'éléments en solution pour 510 g par m3 de

suspension. Sa compétence est également bien plus faible que celle

d'un glacier et dépasse rarement quelques dizaines de cm. Les

matériaux détritiques sont transportés d'autant plus loin qu'ils sont

plus petits, des milliers de km pour les grands fleuves: il s'établit un

classement longitudinal. Ils se choquent et s'usent au cours du

transport. On distingue deux grands types d'écoulement:


* l'écoulement non canalisé, ou "eaux sauvages", correspondant au

ruissellement sur une pente. L'érosion est importante mais la

longueur du transport est faible; très vite, les filets d'eau se

rassemblent est forment un chenal. Le ruissellement apparait à la

suite de fortes pluies; il est développé en montagne, en particulier

dans les bassins de réception des torrents; lorsque la charge est

grande, ils évoluent en de véritables coulées boueuses. Les matériaux

fins sont arrachés, ceux qui sont protégés par un bloc peuvent être

épargnés, ils constituent alors un pilier sous le bloc appelé

"demoiselle coiffélé "demoiselle coiffée" ou "cheminée de fée". Sous


climat désertique, les orages provoquent des écoulements en nappes,

ou sheet flood, peu chenalisés qui recouvrent de vastes surfaces mais

sont très éphémères.

* les eaux canalisées qui coulent dans un ou plusieurs chenaux en

fonction de la pente on parle généralement de torrent pour une pente

et une vitesse forte, de rivière pour une pente et une vitesse faible.

3.2 Caractéristiques physiques d'un écoulement

Les paramètres principaux sont la vitesse et la viscosité du fluide en

mouvement; ils déterminent le type d'écoulement.


a) La viscosité dépend de la quantité de matériaux transportés en

suspension et en solution; elle a une valeur minimale pour une eau

pure. Elle conditionne la compétence du fluide. Un écoulement à

forte charge est très visqueux et peut transporter des matériaux de

grande taille.

b) La vitesse est fonction de la pente et de la viscosité du fluide: sur

une même pente, une eau pure coule plus vite qu'une eau chargée.

Un gradient de vitesse existe depuis le fond, où la vitesse est nulle,

jusqu'à la surface où la vitesse est maximale a grave; la surface où la

vitesse est maximale. Un écoulement profond, quelques mètres par


exemple, a peu d'action sur le fond; au contraire, une écoulement très

superficiel, quelques décimètres, a une forte action érosive sur le

fond qui est proche de la surface où la vitesse est grande. A vitesse

égale en surface, l'action érosive des wadi en région aride est bien

plus grande que celle des rivières de pays tempérés.

c) Le type d'écoulement est laminaire ou turbulent.

Lorsque la vitesse d'écoulement est petite, les filets d'eau sont

parallèles entre eux, leur vecteur vitesse est identique: l'écoulement

est laminaire. La vitesse moyenne est égale à la vitesse instantanée.

Pour une vitesse grande, il se produit des remous, la vectrice vitesse


varient en intensité, direction et sens; à un instant t, les particules

d'eau ont des vitesses instantanées différentes: l'écoulement est

turbulent. La vitesse moyenne de l'écoulement est égale à la somme

algébrique des vitesses instantanées. La variation de la vitesse

instantanée en un point conditionne le déplacement d'un objet sur le

fond. Lorsque la vitesse augmente, l'objet est soulevé et entraîné,

lorsqu'elle diminue, il tombe: l'objet saute elle diminue, il tombe:

l'objet saute sur le fond (saltation). Le passage de l'écoulement

laminaire à l'écoulement turbulent dépend de la valeur de la formule

(nombre de Reynolds):
R = k HV/ µ

H= hauteur de l'eau V= vitesse moyenne µ= viscosité

Un grand fleuve rapide aura un écoulement turbulent.

d) Modifications d'un écoulement dans un chenal

Tout rétrécissement dans un chenal produit l'augmentation de la

vitesse de l'eau et corrélativement celle de l'érosion des berges et du

fond. Un élargissement au contraire est accompagné d'une

diminution de vitesse qui favorise la sédimentation. Un torrent

creuse en passant dans des gorges étroites, il dépose des matériaux à

leur sorties. Dans un chenal courbé, la vitesse est plus grande à


l'extérieur de la courbure qu'à l'intérieur: dans un méandre, la rivière

creuse sa rive concave et dépose sur sa rive convexe.

 
Figure 4-1: Trajet des filets d'eau et coupe dans un méandre.

Toute irrégularité de la paroi du chenal et tout obstacle provoquent

des turbulences. La vitesse augmente en avant de l'obstacle, c'est une

zone d'érosion, des tourbillcle, c'est une zone d'érosion, des

tourbillons se forment en arrière de l'obstacle et des matériaux

peuvent se déposer dans la zone d'ombre (cas des remous en arrière

des piles de pont responsables des noyades en rivière).

3.3 Action d'un écoulement sur le fond d'un chenal

Tout obstacle ou irrégularité du fond provoque une augmentation

locale de la vitesse, donc une érosion. Si la vitesse générale de


l'écoulement diminue par la suite, les cavités d'affouillement du fond

sont comblées et moulées par les dépôts ultérieurs; elles sont

conservées en empreintes à la base du corps sédimentaire qui

donnera un banc après diagénèse. Parmi les nombreuses figures

d'érosion on peut citer les flûtes (flute casts), les croissants de

courant (moulage de cavité d'érosion devant un obstacle.


Figure 4-2: Action des irrégularités des parois et des obstacles sur

un écoulement. Formation d'une flûte et d'un croissant de courant .


Les objets présents sur le fond peuvent être déplacés et accumulés en

fonction de leur taille, de la vitesse du courant et de la profondeur de

l'écoulement. La surface du dépôt présente des formes particulières,

les figures de courant. Prenons l'exemple d'une rivière dont le fond

est couvert de grains de sable d'une taille de 0,2 mm. Le type de

figures est fonction de la vitesse du courant et permet de définir 2

régimes d'écoulement: un haut régime, rapide, un bas régime, lent.


Figure 4-3 :Figures sédimentaires formées sur le fond selon le

régime de l'écoulement.

  Ces figures sédimentaires peuvent être conservées dans les


sédiments anciens, sauf les antidunes dont la conservation est

exceptionnelle. On les trouvera à la surface d'un banc, ou en contre-

empreintes à la base du banc suivant. On pourra ainsi connaître la

vitesse d'un écoulement ancien, sa direction (fond plat de haut

régime donnant une linéation de délit) et son sens (dissymétrie des

rides et des dunes).

3.4 Transport des solutions

Cet aspect du transport d'une rivière est souvent négligé. Pourtant la

quantité de matières transportées en solution est considérable. En

climat tempéré, une rivière de plaine transporte plus de matière en


solution qu'en suspension: c'est le cas de la Seine dont l'eau contient

une quantité importante d'effluents industriels. La quantité totale de

matière en solution apportée par les fleuves aux océans a été chiffrée

à des milliard de tonnes par an. La répartition des éléments

chimiques diffère de celle de l'eau de mer: l'eau de rivière est

comparativement plus riche en silice et carbonates dissous.

3.4 Transport des éléments solides

La quantité des éléments transportés dépend des caractères du fluide,

vitesse et viscosité, et de ceux des éléments eux-mêmes, taille,

forme, densité. L'écoulement de l'eau produit sur l'élément une force


verticale, dirigée de bas en haut, qui s'oppose à son poids apparent et

tend à le soulever. Cette force est proportionnelle à la vitesse du

courant. Les petits éléments (argiles, sables) sont arrachés du fond et

suspendus dans l'eau. Toute diminution de vitesse produit leur chute.

Ce transport par suspension est celui des particules de petite taille.

Le transport par suspension est celui des particules de petite taille.

Les éléments plus gros ne s'élèvent pas au-dessus du fond, sauf

épisodiquement, à la suite d'une brusque élévation de la vitesse

instantanée (saltation), ils roulent ou rampent sur le fond. Pour des

vitesses plus faibles, les petites particules déjà arrachées sont


transportées, les plus grosses restent sur le fond. On remarque que les

particules argileuses demande une plus forte énergie d'arrachement

que les sables car elles sont plus cohérentes entre elles et offre à l'eau

une surface plus lisse que les sables.


Figure 4-5: Diagramme de Hjuström (simplifié).
Au cours de leur transport, les grains s'entrechoquent et s'usent: c'est

l'abrasion. Ce phénomène est faible pour les sables; leur masse varie

peu, leur forme reste plus ou moins anguleuse, leur surface montre

des traces de choc en coup d'ongle. L'usure est nulle pour les

particules fines; elle est en revanche importante pour les graviers et

les galets qui diminuent de taille par éclatement, broyage,

éclatement, broyage, écaillage ou dissolution et deviennent arrondis.

L'abrasion dépend de la nature et la taille des galets, l'énergie de la

rivière, sa charge solide et la nature du fond de son lit. Exemples: des

éboulis décimétriques de granodiorite deviennent arrondis après un


transport un torrent de 10 km. En revanche, des grains de quartz

inférieurs à 1 mm ne montrent pas de différence notable après un

transport de plus de 200 km.

3.6 Transport par courant de densité

On range dans cette rubrique les courants de turbidité et les coulées

de débris. Ce sont des écoulements sub-aquatiques, également

aériens pour les coulées de débris, déplaçant une forte charge solide.

Les matériaux d'origine sont en position instable sur une pente. Leur

mouvement est déclenché par un déséquilibre dû à l'apport de

nouveaux éléments, un séisme, un évènement hydrodynamique de


haute énergie (tempête). Un courant de turbidité débute brutalement,

il érode la pente et arrache de nouveaux matériaux qui forme une

sorte de nuage qui roule en remous (vortex), se développe et diffuse

dans l'eau environnante. Sa vitesse au départ peut être de l'ordre de

50 km/h. La vitesse diminue ensuite et l'ensemble se dépose. On

distingue les courants de faible densité (jusqu'à 150 g/l de sédiments)

et les courants de forte densité dont la charge atteint 250 g/l. Le

courant de turbidité qui s'est déclenché sur la côte niçoise en 1979, et

dont la cause principale était la surcharge produite par le


remblaiement artificiel du site de l'aéroport, s'est déplacé sur plus de

100 km en direction de la Corse.


Figure 4-6: cupule d'érosion produite par un courant de turbidité;

des cavités sont ensuite comblées et forment des "flute-casts" à la

base des bancs.

Les coulées de débris ont des concentrations supérieures à 250 g/l.

Elles peuvent déplacer de gros blocs qui sont supportés par la

matrice argileuse visqueuse ("support de matrice"). Elles

accompagnent souvent les éruptions volcaniques de type explosif.

4. TRANSPORT PAR LE VENT


L'air est un fluide transporteur de faible viscosité; sa charge et sa

compétence seront faible: les particules transportées ont des tailles de

quelques 1/10ème de mm, quelques cm par vent violent. Le choc des

grains entre eux est plus violent que dans un transport aquatique

(l'eau amortit les chocs). Les grains présentent des traces de choc en

"V" et prennent une surface dépolie. L'érosion et le transport éolien

prennent une grande importance dans le cas de sédiment meuble, non

protégé par la végétation, ni rendu plus cohérent par une

imprégnation d'eau. Ces conditions sont rencontrées dans les régions

désertiques où la désagrégation mécanique produit des matériaux de


toute taille; les particules fines sont balayées (déflation), les éléments

plus grossiers restent sur place et forment les surfaces caillouteuses,

des regs. Les particules de l'ordre de 0,1 à 1 mm transportées par le

vent érodent les roches qu'elles rencontrent: cette action de "sablage"

est visible aussi bien sur des panneaux entiers de roches (falaises,

monument comme le Sphinx du Caire) que sur les cailloux au sol qui

prennent un aspect dépoli et présentent des surfaces planes (galets à

facettes ou "dreikanter").
CHAPITRE 3 : Milieux de dépôt

Les éléments destinés à former un sédiment sont transportés à l'état


solide ou en solution. Ils se déposent ou précipitent ensuite dans un
milieu de sédimentation. Un milieu de sédimentation est un bassin
(dépression) où règne un ensemble de facteurs physiques, chimiques
et biologiques suffisamment constants pour former un dépôt
caractéristique ; exemples : milieu fluviatile, milieu lacustre, milieu
deltaïque, milieu marin.

Ainsi, le géologue pourra reconstituer les conditions ayant régné dans un


milieu ancien à l'aide des caractéristiques de ses dépôts.

La reconnaissance et la répartition des milieux anciens de sédimentation


constituent une des bases de la paléogéographie.

1 PARAMETRES D'UN MILIEU DE DEPOT


Au cours de la sédimentation, les facteurs physiques, chimiques et
biologiques
Interviennent d'une façon conjointe: cette interdépendance rend difficile
leur étude systématique.
1.1 Agents de Transport
a)Principaux agents
b) Caractéristiques physiques de l'agent
La densité, la viscosité et la vitesse de l'agent de transport déterminent la
forme de l'accumulation sédimentaire (corps sédimentaire), et la texture
du sédiment (taille, surface, agencement spatial des grains, figures de
courant...) Schématiquement:
* vitesse forte : pas de dépôt
* vitesse faible: décantation, lumination
* viscosité faible: courant de traction, éléments classés
* viscosité forte: coulée de débris, éléments en vrac.
c) Recherche de l'agent dans un sédiment ancien.
On cherche à reconnaître l'agent qui a transporté les éléments dans un
milieu de sédimentation ancien à partir des caractères (facies) du
dépôt. C'est un exercice difficile qui permet néanmoins de reconnaître
un milieu aérien ou aquatique.
Exemple: comment faire la distinction entre dunes éoliennes, produites par le
vent en milieu aérien, et les dunes hydrauliques, formées par un courant d'eau
en milieu aquatique?
1.2 Profondeur d'un milieu de dépôt aquatique
La profondeur de l'eau est accompagnée des variations de
l'énergie du milieu, de son potentiel redox (oxygénation), de la
composition minéralogique du dépôt (néoformation de certains
minéraux, teneur en carbonates...), de son contenu biologique,
lui-même fonction de la lumière, l'oxygénation et la salinité.
a) estimation de l'énergie
En général, l'énergie hydrodynamique (agitation de l'eau) régnant
dans un milieu diminue quand la profondeur augmente. En
surface, le mouvement des vagues et les courants créent une
agitation constante de l'eau: l'énergie est forte. En profondeur,
l'agitation est faible, les sédiments décantent lentement. La
texture et les structures sédimentaires sont des indicateurs
d'énergie et non de profondeur s.s.
* énergie très forte: pas de dépôt; figures d'érosion sur le fond,
c) Liaison profondeur-anoxie
Le teneur en oxygène de l'eau diminue généralement avec la
profondeur si le corps d'eau n'est pas intensément brassé.
Diminution à la surface est due au métabolisme du plancton. Le
sulfure d'hydrogène et le méthane sont produits par la
décomposition bactérienne de la matière organique des sédiments
du fond.
Les zones profondes et calmes sont pauvres en oxygène
(anoxie).
Cependant, une agitation, même temporaire, de l'eau apporte de
l'oxygène de la surface: c'est le cas des tempêtes, des courants
profonds, des courants de turbidité.
d) Profondeur de compensation des carbonates
Le carbonate de calcium est dissous en Profondeur; il n'y a plus
de carbonate dans les mers actuelles au-delà de 5400 m de
profondeur. Les tests calcaires de foraminifères issus du
plancton sont dissous et ne laissent plus de trace dans le
sédiment.
e) Structures de glissement
Un sédiment qui glisse sur une pente se déforme est acquiert des
structures particulières, les structures de glissement, dont les
slumps sont les plus représentatifs. Ces structures sont
préservées ensuite dans la roche. On estime qu'une pente
minimale de 1°30 est nécessaire pour permettre un glissement.
f) figures indiquant une mise à l'air libre.
Les fentes de dessiccation, les traces de gouttes de pluie, les
traces de locomotion de vertébrés terrestres (comme les traces
de pas de dinosaures, au Secondaire, et celle
d'australopithèques au Quaternaire), témoignent d'une mise à
l'air du sédiment meuble.
g) Rapports brome/chlorures dans les évaporites.
La quantité de brome dans l'eau de mer augmente en fonction de
la profondeur si la masse d'eau est immobile. Les roches
produites par précipitation des sels de l'eau, ou évaporites,
contiendront une quantité de brome qui dépendra de la
profondeur de formation
1.3 Action de la température
Son action est multiple. Elle agit d'abord sur la solubilité de
nombreux corps. En général, les minéraux sont plus solubles à
chaud, néanmoins, c'est l'inverse pour le CO2 et les carbonates:
les carbonates précipitent quand la température s'élève. La
température conditionne également l'état physique de l'eau:
glace, liquide transporteur, vapeur accompagnée de la
précipitation des corps en solution (évaporites). D'une façon
générale, elle agit sur la vitesse des réactions chimiques: son
rôle est particulièrement important dans les phénomènes
d'altérations.
Certains minéraux ne se forment que dans des conditions de
température particulière: le sulfate de calcium précipite à l'état
de gypse pour une température inférieure à 25°C, à l'état
d'anhydrite pour une température supérieure.

1.4 Paramètres chimiques


Ils dépendent des paramètres physiques comme la température et
la profondeur; ils conditionnent les facteurs biologiques.
a) Potentiel d'oxydo-réduction (Eh)
Eh des milieux sédimentaires:
* Eh > 0 : milieux oxydants en contact avec l'air: milieux aériens,
milieux aquatiques superficiels ou agités
* Eh < 0 : milieux réducteurs, à l'abri de l'air: milieux aquatiques
calmes, eaux stratifiées, sols hydromorphes.
Le potentiel d'oxydo-réduction régnant dans le milieu de dépôt agit
sur l'intensité de l'activité biologique, sur l'état d'oxydation de
certains éléments (fer, manganèse...), sur l'évolution de la
matière organique. L'Eh agit sur la nature des espèces vivantes
et sur l'abondance des individus. Les minéraux à base de fer
sont des oxydes ferriques (Fe+++) en milieu oxydant, des
oxydes, carbonates et sulfures à fer ferreux (Fe++) en milieu
réducteur. La couleur du sédiment varie du rouge ou jaune
(oxydant) au vert-gris (réducteur).
Les restes organiques disparaissent par oxydation pour un Eh>0;
ils sont conservés, s'accumulent et sont réduits en
hydrocarbures et carbone en Eh négatif: le sédiment est noir.
b) Acidité ou basicité du milieu (pH)
Un milieu de sédimentation est généralement proche de la
neutralité: son pH est compris entre 6 et 8. Il existe des milieux
particulièrement acides comme les tourbières (pH voisin de 5)
ou basiques comme les lacs sodiques du grand Rift africain (pH
> 9). Certains minéraux comme la calcite et la silice, sont
sensibles au pH qui agit sur leur solubilité.
Dans l'eau de mer:
* la calcite précipite en totalité pour pH > 8; elle est dissoute aux
pH inférieurs
* la silice précipite en grande partie pour pH < 7.
Minéraux.
 
c) Salinité
La salinité d'un milieu marin est évaluée en g/l de sels dissous
(surtout NaCl) ou en % d'ion chlorure (chlorinité). La salinité de
l'eau de mer est d'environ 35 g/l, sa chlorinité de 19,4 pour mille.
La salinité des milieux aquatiques varie de 0 g/l à plus de 100
g/l. On parle d'eau douce, d'eau saumâtre, d'eau de mer, d'eau
sursalée (hypersaline). Les sels précipitent à saturation.
Certains caractères faciologiques permettent de connaître la
salinité d'un milieu ancien (paléosalinité).
Le bore se fixe dans les feuillets argileux, surtout ceux des illites
qui enregistrent donc la salinité de leur milieu de dépôt. Des
illites contenant moins de 50 ppm de bore ont été déposées en
eau douce. Des teneurs voisines de 300 ppm indiquent un milieu
salé de type marin. Des teneurs supérieures sont celles de
sédiments de milieux sursalés.

1.5 Paramètres biologiques


Les êtres vivants dépendent étroitement des autres paramètres:
énergie du milieu, température, salinité, Eh-pH, teneur en
oxygène. Ils dépendent également les uns des autres (équilibre
d'une population avec son milieu, notion de chaîne alimentaire,
nourriture disponible, surpopulation...). Ils agissent en retour sur
les paramètres physico-chimiques directement et indirectement:
 sur l'énergie du milieu: par exemple, les organismes marins
fixés diminuent par leur présence l'hydrodynamisme ambiant
(cas des récifs, des herbiers) et favorisent le dépôt des
sédiments; ils créent un micro-milieu protégé (lagon d'un atoll
par exemple).
 sur l'Eh et le pH: la surproduction de matières organiques par
dans un milieu aquatique entraîne son eutrophisation; la teneur
en oxygène de l'eau diminue (anoxie), la matière organique
s'accumule au fond et subit l'action des bactéries réductrices
(production de méthane, de sulfures).
 sur le taux d'accumulation de sédiments en produisant des
débris organiques (déjections...) et minéraux (squelettes,
coquilles, tests...) qui constituent les bioblastes des roches
calcaires (principale source des carbonates marins).
énergie moyenne: accumulation de sédiments sous forme de
corps sédimentaires irréguliers (dunes, rubans sableux), rides
de courant; sédiments grossiers (galets, graviers, sables)
* énergie faible: accumulation sous forme de corps sédimentaires
réguliers; sédiments fins laminés. b) Utilité des fossiles et des
traces fossiles
L'état de conservation des fossiles donne une indication sur
l'hydrodynamisme du milieu de dépôt. Des fossiles fragiles
délicatement conservés (fins tests de foraminifères, articles de
crinoïdes en connexion...) témoignent d'une énergie très faible.
En revanche, des coquilles cassées et classées sont
caractéristiques d'un milieu agité.

Principaux milieux de
sédimentation
a- Les milieux continentaux
- pentes : éboulis, coulées de solifluxion (=terrains gorgés d’eau)
1
- vallées torrentielles : alluvions

- milieux glaciaires : moraines


Transportées se déposent donnant naissance à- dépôts éoliens :
quand l’énergie du vent diminue, les particules des dunes de
sables2, des loess2 et des cendres volcaniques.
4
: (grandes rivières permanentes): granulats
(sables, - plaines alluviales
Graviers et galets)

- lacs et marécages : reçoivent les matériaux apportés par les


rivières.
* les sédiments détritiques sont des sables, des galets et
des vases
* les sédiments chimiques sont surtout des dépôts salins tels
que le
gypse, l’halite, la sylvite, … Les dépôts calcaires sont rares.
* Les sédiments organiques végétaux et animaux donnent
naissance à des roches carbonées (charbon, hydrocarbure), des
diatomites,

2

4
b- Les milieux intermédiaires
Ils sont situés aux limites du domaine marin et du domaine continental
et présentent des caractères mixtes.
* estuaires : influence de la mer prépondérante : dépôt essentiel est la
vase formée de sable quartzeux ou calcaire ;

* deltas : le fleuve a une action dominante; sédimentation abondante :


dépôts formés de séquences de corps sableux surmontés par des
argiles.

c- Les milieux marins c1- milieux littoraux


(plage et plate-forme littorale) :
- sédimentation à dominance silico-clastique quand l'apport détritique
est fort
- sédimentation à dominance carbonatée là où l'apport détritique est
faible et le climat favorable au développement des organismes
constructeurs.
c2- milieux de talus sous-marin : sédiments détritiques
rythmés mis en place en bas du talus par les courants de turbidité c3-
bassin et fosse océaniques :

c3- bassin et fosse océaniques : détritiques fins venant du talus


auxquels s'ajoutent les particules fines tombant de la surface: débris
planctoniques, poussières volcaniques...dépôt de boues pélagiques ou
hémi-pélagiques. Le long des marges actives, un prisme sédimentaire
souligne la position de la subduction.
CHAPITRE 4 : LA DIAGENESE
Sédiments généralement meubles et riches en eau.
Diagenèse consiste en leur transformation physico-chimique et
biochimique en roches sédimentaires compactes.
Cette transformation se fait, à faible profondeur (conditions P-T peu
élevées), en plusieurs étapes, ± respectées selon la nature du
sédiment.

En surface, on assiste à :

- l‘action des êtres vivants : les animaux fouisseurs favorisent le


mélange des sédiments fins, et les bactéries interviennent dans la
formation des phosphates, de la pyrite, du pétrole, des charbons ;

- la pédogenèse (naissance des sols), qui intervient dans la


formation de roches meubles (argile à silex, latérites) et de roches dures
(grès) ; par exemple, la silice dissoute sous climat humide peut cimenter
les sables en

grès lors des saisons plus sèches .

- la dissolution, qui concerne les sédiments émergés : les parties


superficielles du sédiment sont dissoutes par action de l'eau et entraînées
en
Profondeur ; …
Dissolution et recristallisation

- la déshydratation : lorsqu'un sédiment aquatique est asséché, il y


a
durcissement et modification de ses propriétés physiques.
En profondeur, on assiste à :

- la cimentation : a pour conséquence la disparition progressive de


la porosité. Les éléments dissous par l'eau peuvent, en précipitant,
cimenter les particules de sédiment entre elles ; on parle aussi de
lithification.
Le ciment provient souvent de la roche mère mais peut être fourni par des
roches voisines.
* Cimentation par la calcite
Les eaux interstitielles sont enrichies en CaCO3

par : - dissolution des coquilles aragonitiques

; - activité bactérienne suite aux

réactions suivantes :
matière organique Les bactéries utilisent des sulfates (CaS0 (CaSO Ca2+

+ SO42-) 4) lors de l'oxydation de la 4

SO42- + 2CH2O (matière organique ) H2S + HCO3-

Ca2+ + 2HCO 3 CaCO3 + H2O + CO2. .

- réactions faisant intervenir le CH 4 : CH4 + O2 + Ca2+ CaC03 + 2H2O.

La calcite ainsi précipite et cimente le sédiment .


* Cimentation par la silice

La solubilité du quartz comprise entre 6 et 10 ppm à T° ordinaire et pH


neutre. Elle croît avec l’augmentation de la température.

L'eau douce contient ≈13 ppm de SiO2 dissout, donc légèrement


sursaturée en quartz ; dans le sédiment, la concentration peut atteindre
80 ppm et
permettre la précipitation de quartz entre les grains du sédiment.

Ainsi, le volume de sable cimenté est plus épais dans les anciens lits
des fleuves, où la circulation des eaux est importante, que sur les
berges.

L'eau de mer sous-saturée en SiO 2 (≈4 ppm) ; dans les sédiments,


les tests siliceux d'organismes (radiolaires et diatomées) sont dissouts,
d’où la rareté
des fossiles siliceux marins hors des zones de très grande production
planctonique.

Cependant, les minéraux argileux évoluent (smectite transformé en


illite) libérant de la silice. L'eau peut devenir sursaturée et la silice
précipite.
Cimentation

- la recristallisation (=épigénie) et le remplacement


(=métasomatose) :

* Recristallisation = la transformation d'un minéral


préexistant en un autre de même composition ; il s'agit
souvent d'un changement dans la structure du minéral : par
exemple, l'aragonite des restes calcaires

d'organismes, se transforme en calcite ;


* Remplacement = la substitution d'un minéral par un
autre sans changement de volume : cas de la calcite parfois
remplacé par du sulfate de fer ;

- la compaction : sous l'effet de la pression des sédiments sus-


jacents, il
y a départ d'eau et les grains qui se réarrangent et se tassent
(=tassement).
CHAPITRE 5 : PRODUITS DE LA DIAGENESE

En se basant sur la nature chimique des différents éléments de la


roche, la taille des grains et la cristallinité du ciment, les roches
sédimentaires appartiennent à cinq classes principales:

I.Les roches carbonatées.

II. Les roches carbonées.


III. Les roches terrigènes.
IV. Les roches authigènes, groupe artificiel ou sont réunies
les roches magnésiennes, ferrifères, les sels...
 Représentent 20 % des roches sédimentaires.
 Pour la classification de Folk, deux éléments
Sont pris en considération :
microgranulaire (= micritique)
macrogranulaire (sparitique)
débris (= clastes ou intraclastes)
sphérules (= ooïdes)
fossiles (= bio...)
pelotes fécales (= pellets)

colonies récifales.
5.1. les roches carbonatées

a) le ciment:

b) les éléments:

Des calcaires
peuvent être
constitués
exclusivement
de ciment
par
évolution
complète du
dépôt originel
ou résulter de
la
recristallisatio
n de
5.2. les roches carbonées
Charbons : Accumulation de débris végétaux qui sous l'action de
microorganismes anaérobies et de la diagenèse, s'enrichissent en
carbone
(destruction de cellulose ).

Pétroles : Après l'accumulation de débris organiques en milieu


aquatique plus ou moins confiné, il y a transformation des lipides et
protéines en hydrocarbures.

Bitumes : s'agit d'une forme plus ou moins solide d'hydrocarbure, liée


soit à des calcaires soit à des schistes. Ces hydrocarbures
peuvent, après traitement, fournir du pétrole exploitable.
Mine de charbon montrant
des troncs en place

5.3. les roches


terrigènes
Principales subdivisions tiennent à la taille des éléments :
5.3. les roches terrigènes

a) Lutites ou pélites : les particules sont des minéraux argileux de taille


est inférieure à 63 µm.
b) Siltites : aux minéraux argileux, sont associés des petits grains de
quartz et rarement des feldspaths.

N.B. : - On emploie souvent le terme de « shales » pour


réunir les lutites et les siltites.

- Se précipitent dans les eaux très tranquilles : Lacs,


lagunes et fonds océaniques.

- Leur couleur est variable en fonction du milieu de


dépôt
* Noir = grand contenu organique et faible
teneur en oxygène
* Rouge = environnement oxydant
(continental)
* Vert = environnement réducteur (marins
avec faible O2)
5.3. les roches terrigènes

c) Arénites ou grès : taille des grains (quartz dominant, feldspath, rares


fragments de roches) comprise entre 0,063 et 2 mm.

* Arkoses = grès à plus de 25 % de feldspaths

* Grauwackes = grès ayant une grande abondance d'autres


roches (débris
de roches métamorphiques ou de laves).

Quand la matière argileuse dépasse 15 % du volume, on le précise


dans la nomenclature. Exple. grès feldspathique, argileux, etc....
5.3. les roches terrigènes

d) Rudites ou conglomérats : les blocs sont de taille > 2mm, et noyés dans
des ciments de nature variée.

* Poudingues1 formés d’éléments arrondis => faible


altération et érosion.
* Brèches2 formés d’éléments anguleux => grande

altération et érosion. - Si les blocs sont tous de même nature, on


précise oligomictique ou homogène ; - S’ils sont de nature

différente => polymictique ou hétérogène.

1 2

5.4. les roches authigènes


Simplement les principaux types sont :
- Cherts1 (= silex, jaspes), proviennent de la cimentation des roches
souvent volcaniques ou de la précipitation de restes d'organismes
siliceux

(éponge, radiolaires, diatomées).


- Evaporites, déposées généralement par évaporation d'une eau
saline, ayant une importance géologique et économique
considérable:
- le sel gemme ou halite2 (NaCI),

- le gypse 3 (CaSO4 - 2H2O) et l'anhydrite (CaSO( KCI) et le sel


double de magnésium et 4),
- le sel de potasse ou sylvite

potassium (MgCl, KCI).


1 2 3

5.4. les roches authigènes

- Phosphates, constitués d'un minéral apatite et le plus souvent


d'un carbonate: fluorapatite Ca5(PO4)3(F,CO3). Ils proviennent
généralement de

fragments organiques (os, pelotes fécales, écailles...).

- Roches ferrifères, contiennent au moins 10 % d'oxyde de fer


d'où leur coloration brune, rouge ou verte. Exemples : les latérites,
certaines bauxites, grès ferrugineux, … Certaines roches de ce type
sont exploitées comme minerai.
Milieux, sédiments, et roches
Agent de transport
Milieu de dépôt Sédiment Roche

Gravité seule Eboulis Brèche


Gravité + eau Coulée boueuse Brèche
Torrent Galets Poudingue
Rivière Sables Grès
Limons Pélite
Tuf calcaire Travertin
Lac et marais Sables Grès
Limons Pélite
Calcaire
lacustro-
Boue carbonatée
palustre
Tuf calcaire Travertin
Glace Moraines Tillites
Vent Sables Grès
Poussières Siltites, Loess

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