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COURS DE SEDIMENTOLOGIE GENERALE – Licence de Géologie

Avertissement : Ce cours s’adresse essentiellement aux étudiants de la troisième année de la


licence de géologie toutes options. Il contient les éléments de base en sédimentologie, ou plus
généralement, en géologie sédimentaire. Il s’agit néanmoins plus d’un canevas de cours que
d’un cours véritable. Les étudiants pourront le compléter (notes et illustrations) pendant les
séances de cours en salle.

Sommaire
CHAPITRE 2 : GENERALITES SUR LES SERIES SEDIMENTAIRES.........................2
I : INTRODUCTION................................................................................................................2
II : CARACTERES FONDAMENTAUX DES SERIES SEDIMENTAIRES....................3
1 : Stratification et discontinuités sédimentaires...............................................................3
2 : Structures sédimentaires.............................................................................................4
3 : Organisation verticale et horizontale.........................................................................5
III : DIFFERENTES ECHELLES D’ORGANISATION.....................................................5
1 : Le faciès............................................................................................................................5
2 : La séquence de petite échelle ou séquence élémentaire................................................6
4 : Mégaséquences et cycles sédimentaires.....................................................................6
5 : Les cycles orogéniques.................................................................................................8
CHAPITRE 3 : METHODES D’ETUDE DES SERIES SEDIMENTAIRES....................8
I : RAPPEL DES OBJECTIFS................................................................................................8
II : METHODES DIRECTES DE SURFACE.......................................................................9
1 : Analyse des faciès.............................................................................................................9
2 : Analyse du contenu biologique.......................................................................................9
3 : L’analyse séquentielle et la stratigraphie séquentielle...............................................10
4 : Corrélations et Paléogéographie..................................................................................10
6 : Synthèse géodynamique............................................................................................11
III : METHODES INDIRECTES DE SUBSURFACE.......................................................11
1 : Données de forages........................................................................................................12
2 : Les diagraphies..............................................................................................................12
3 : La sismique.....................................................................................................................13
CHAPITRE 6 : LES ENVIRONNEMENTS SEDIMENTAIRES.....................................15
INTRODUCTION...................................................................................................................15
PRINCIPAUX ENVIRONNEMENTS..................................................................................16
I : LES ENVIRONNEMENTS CONTINENTAUX.............................................................16
II : LES ENVIRONNEMENTS MIXTES............................................................................19
III : LES ENVIRONNEMENTS MARINS..........................................................................23

Programme :

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Chapitre 1 : Rappels sur les processus d’élaboration des sédiments et des roches
sédimentaires.

Chapitre 2 : Généralités sur les séries sédimentaires

Chapitre 3 : Méthodes d’étude des séries sédimentaires

Chapitre 4 : Les structures sédimentaires

Chapitre 5 : L’analyse séquentielle et la stratigraphie séquentielle

Chapitre 6 : Les environnements sédimentaires actuels et anciens

Chapitre 7 : Reconstitution des paléoenvironnements

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CHAPITRE 2 : GENERALITES SUR LES SERIES SEDIMENTAIRES

INTRODUCTION

La géologie sédimentaire (ou la sédimentologie) constitue le fondement de la Stratigraphie.


Cependant, la stratigraphie comporte :

La Lithostratigraphie qui consiste à établir des subdivisions dans des séries sédimentaires
même si celles-ci ne sont pas datées avec précision (azoïques ou par manque de repères de
datation absolue). Il est donc toujours possible d’établir ces subdivisions.

La Biostraigraphie qui consiste à dater les séries sédimentaires sur la base de leur contenu
biologique, c’est-à-dire à donner un âge aux différentes unités lithostratigraphiques déjà
définies.

La Chronostratigraphie qui consiste à rapporter ces unités à un référentiel universel qui est
l’échelle stratigraphique ; celle-ci correspond à la succession des étages, systèmes, ères
géologiques.

L’étude des séries sédimentaires correspond donc à la Lithostratigraphie, mais elle est
d’autant plus fiable que les repères chronologiques sont établis et fréquents.

L’histoire des séries sédimentaires et des environnements qu’elles représentent a enregistré les
nombreux événements géologiques qui se sont succédé : transgressions, régressions,
émersions, déformations tectoniques, variations du niveau marin, variations climatiques etc..).

L’objectif de leur étude est de reconstituer au mieux ces événements, qui interviennent au
cours de l’évolution géodynamique des bassins sédimentaires ; celle-ci détermine la genèse et
la localisation des ressources minérales et énergétiques qu’ils renferment.

II : CARACTERES FONDAMENTAUX DES SERIES SEDIMENTAIRES

Toutes les séries sédimentaires sont stratifiées, renferment des structures sédimentaires de
différentes natures et sont organisées en unités de différentes échelles.

1 Stratification et discontinuités sédimentaires

La sédimentation est un phénomène discontinu qui présente des interruptions de dépôt. Ces
interruptions correspondent à des discontinuités dont la reconnaissance et la description
facilite les subdivisions.

Les discontinuités sont de nature différente en fonction de leur échelle (Typologie scalaire) et
de leur extension géographique. Elles représentent des interruptions de durée variable. De
plus, leurs expressions sont différentes selon les milieux de sédimentation.

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2 Typologie scalaire des discontinuités

Le diastème est la discontinuité de plus petite échelle et correspond à une surface séparant des
bancs de même lithologie. Les diastèmes sont fréquents dans les formations carbonatées.

Le joint est un intervalle mm à cm intercalé entre les bancs de même lithologie ou de


lithologie différente. Il est généralement de nature argileuse.

La surface durcie est une discontinuité exclusivement marine (milieu littoral). Elle se
caractérise par une lithification précoce (qu’il faut mettre en évidence par l’analyse
diagénétique des microfaciès), un enduit d’oxydes (le plus souvent ferrugineux) qui n’est pas
toujours bien conservé à cause de l’érosion, un placage de faunes benthiques et enfin des
terriers et/ou des perforations. L’ensemble de ces caractères facilite la reconnaissance de ces
surfaces.

La surface de remaniement correspond plutôt à un horizon cm à dcm de condensation ; cette


discontinuité de grande échelle se caractérise par une accumulation de faunes aussi bien
benthiques que nectoniques ou planctoniques ainsi que des lithoclastes (ou des galets)
remaniés par les courants. Ce type de discontinuité représente une interruption de plus longue
durée que les précédentes, de l’ordre de plusieurs millions d’années.
Ces discontinuités sont souvent associées à des périodes de « vacuité », à sédimentation
fortement ralentie voire nulle. Dans les séries mésozoïques, elles correspondent aux
« ammonitico-rosso » bien connus dans les bassins téthysiens.
Ce type de discontinuité peut se développer également dans des séries continentales sous la
forme de niveaux à galets encroûtés (ferricrètes à galets).

La «  surface » de ravinement (régionale) est une surface d’érosion généralisée (d’extension


régionale ou provinciale) engendrée lors d’une émersion importante de longue durée. Elle
peut être d’origine glaciaire, comme c’est le cas de la surface de ravinement de l’unité IV de
l’Ordovicien terminal connue sur l’ensemble de l’Afrique occidentale.

Les discordances sont les discontinuités de plus grande échelle ; on peut distinguer les
discordances dites « cartographiques » correspondant à des surfaces de transgression ou de
régression généralisées, faisant suite généralement à une phase de déformation ; elles se
confondent alors avec les discordances angulaires. Ces dernières séparent des séries fortement
déformées et fracturées, ayant subi une érosion et pénéplanation conduisant au développement
d’un profil d’altération, de séries peu ou pas déformées qui initient un nouveau cycle de
sédimentation. On peut citer l’exemple de la discordance hercynienne, bien connue sur
l’ensemble du domaine saharien, qui représente une interruption de plus de 20Ma.

1.2 Extension et expression des discontinuités

L’extension géographique des discontinuités dépend évidemment de leur échelle (de leur
importance) ; ainsi, les diastèmes et les joints sont des surfaces locales d’extension limitée
tandis que les discordances se développent à l’échelle des bassins voire des provinces
géologiques et sont donc d’extension continentale.

De plus, selon les environnements l’expression des discontinuités, en tant que périodes
d’interruption de la sédimentation, est différente. Pendant qu’il se forme une surface durcie en
milieu marin littoral, un ou plusieurs paléosols se développent en milieu continental. Il s’en

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suit des difficultés de corrélation de séries marines et continentales, lorsque les repères de
datation n’existent pas ou sont insuffisants.

1 : Structures sédimentaires

Toutes les séries sédimentaires présentent des structures sédimentaires de différentes origines,
mécaniques, biologiques, climatiques etc. Elles fournissent des données précieuses sur les
milieux de dépôt. Le chapitre 4 leur sera consacré.

Les structures mécaniques sont engendrées par l’action des courants ; elles renseignent alors
sur la nature, la direction et l’intensité de ces courants (figures d’érosion à la base des bancs,
rides de courant, rides de vagues etc.) ainsi que sur la dynamique sédimentaire (grandes
stratifications obliques fluviatiles ou littorales).

Les structures biologiques sont engendrées par les organismes vivants sur un substrat meuble
ou consolidé, sous la forme de terriers, perforations ou traces de surface. Elles renseignent
donc sur la nature des organismes, leur mode de vie, la nature du substrat etc.

Certaines structures sont liées à des variations de climat (dessication par exemple), la mobilité
du substratum pendant la sédimentation (structures de glissement par exemple).

2 : Organisation verticale et horizontale

Les séries sédimentaires s’organisent en unités hiérarchisées de différentes échelles ; bancs,


formations, séries etc. qui sont les unités de la lithostratigraphie. Il sera question plus loin de
la signification sédimentologique de ces unités.

A toutes les échelles, les faciès se succèdent dans un ordre déterminé. Il s’agira ensuite de
définir les facteurs qui engendrent ces successions (logiques).

La « loi de Walther et Golovkinsky (1893) » est fondamentale en géologie sédimentaire ; elle


permet de comprendre et d’expliquer les successions de faciès. Elle s’énonce comme
suit « On ne peut rencontrer verticalement que les faciès et les provinces qui sont
juxtaposés ». Ce qui signifie que les successions verticales et horizontales sont identiques.

Exemples : (figures et commentaires à joindre).

Les notions fondamentales à retenir sont les notions de faciès, de discontinuités, de succession
(qui sera utilisée pour remplacer la notion de superposition) c’est-à-dire d’enchaînement
vertical et horizontal. Ces enchaînements ou ces successions reflètent les variations dans les
milieux de dépôt, la dynamique sédimentaire, les variations climatiques, et, plus
généralement, l’histoire des bassins sédimentaires (tectonique, subsidence, variations du
niveau marin etc.).

III : DIFFERENTES ECHELLES D’ORGANISATION

1 : Le faciès

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Les faciès représentent l’échelle élémentaire d’organisation au sein des séries sédimentaires.
Il s’agit, en effet, de l’association et de l’arrangement des éléments (des constituants)
minéraux et organismes fossiles, qui s’expriment par les textures. La notion de faciès fut
introduite et définie par Haug (1900). Telle qu’elle est énoncée, elle a plutôt une signification
lithologique ou pétrographique.

On peut utiliser différentes variantes de faciès, selon les données disponibles et les objectifs
de l’étude. On distingue les types de faciès suivants :

Faciès biologique ou biofaciès qui ne tient compte que du contenu biologique des dépôts. Les
biofaciès sont utilisés notamment à des fins paléoécologiques ou écoséquentielles. Dans la
pratique, on associe faciès pétrographique et biologique ; ex. : calcaire à brachiopodes.

Faciès texturaux (de Rivière, Passega ou Dunham) utilisés pour préciser les modalités de
transport, de dépôt et, plus généralement les conditions hydrodynamiques.

Faciès diagraphiques ou électrofaciès définis sur les enregistrements diagraphiques effectués


lors des forages. De tels faciès se caractérisent par des valeurs précises des paramètres
physiques mesurés ; ex. : résistivité, radioactivité naturelle, polarisation spontanée, densité…

Faciès photogéologiques ou photofaciès définis sur les photographies aériennes ou,


actuellement, sur les images satellites. Ces photofaciès sont particulièrement utiles lorsqu’il
n’y a pas d’affleurements et permettent l’établissement de cartes géologiques.

Faciès géochimiques définis sur la base des mesures géochimiques ; celles-ci concernent les
éléments majeurs (comme le Ca ou le Mg dans les calcaires) et les éléments en traces (comme
le Si, Al, Cu, Sr, Ba etc.). Ils renseignent sur les conditions chimiques de la sédimentation.

La signification sédimentologique des faciès est fondamentale ; elle conduit à préciser toutes
les conditions de dépôt, c’est-à-dire les facteurs de la sédimentogénèse.
Exemples : Grès grossier mal classé à matrice argileuse : éléments transportés et déposés par
un agent dynamique au pouvoir de classement faible comme cela pourrait être le cas des
coulées boueuses, d’une moraine ou d’un dépôt de mass-flow en milieu sous-marin.
Calcaire wackestone à algues : dépôt de basse énergie dans la zone photique (< ou = à 60 m).

2 : La séquence de petite échelle ou séquence élémentaire

Définition : suite évolutive de quelques faciès limitée par deux discontinuités.


En milieu fluviatile, par exemple, les deux dicontinuités peuvent être identiques et
correspondre à deux surfaces d’érosion ; mais on peut observer une surface d’érosion à la base
et un paléosol au sommet. Les faciès passent progressivement l’un à l’autre (ex ; conglomérat,
grès, argile). La signification d’une telle succession est une diminution progressive de
l’énergie hydrodynamique (diminution de la compétence du courant).

En milieu marin littoral (sédimentation carbonatée), où les discontinuités les plus fréquentes
sont des surfaces durcies plus ou moins évoluées, une succession de marne – marnes et
nodules calcaires – calcaire s’explique par une augmentation progressive du taux de CaCO3
dans l’eau de mer qui pourrait être engendrée par une diminution de la bathymétrie ; c’est-à-
dire une modification progressive des paramètres chimiques du milieu de dépôt.

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3 : Mégaséquences et cycles sédimentaires

Il s’agit d’une suite évolutive de séquences de petite échelle limitée par deux discontinuités
de grande extension (surfaces durcies et perforées régionales, surfaces de remaniement ou
surfaces de ravinement régionales). Les unités lithostratigraphiques correspondantes sont les
formations et les séries.

Deux dispositions sont possibles : cyclique ou symétrique et acyclique ou assymétrique.

Une évolution cyclique peut s’écrire : A B C D C B A, où A, B, etc. représentent des


séquences. Ce type d’évolution caractérise des plateformes stables et correspond aux « cycles
sédimentaires » au sens séquence de dépôt de grande échelle.

Une évolution acyclique dite encore séquentielle du type : ABC, A’B’C’, A’’B’’C’’ etc..,
plus fréquente, représente la réponse sédimentaire de nature séquentielle à un phénomène
géologique qui est cyclique, comme c’est le cas des variations du niveau marin qui sont
périodiques. Cependant, les séquences ne sont pas rigoureusement identiques d’une
mégaséquence à la suivante car les conditions de dépôt (bathymétrie, hydrodynamisme,
paramètres chimiques etc..) sont progressivement modifiées au cours du temps (plusieurs Ma
ou dizaines de Ma).

Quelques précisions :

Notion de «  Cycle Sédimentaire  »  :

Un cycle sédimentaire débute par une transgression généralisée de grande amplitude et


comprend successivement, une série dite « transgressive », une série dite « régressive » et se
termine par une régression généralisée.

La transgression implique une élévation progressive du niveau marin qui engendre un


approfondissement relatif (espace sédimentaire limité par le fond du bassin et le niveau de la
mer, de plus en plus grand) ; il s’en suit une série à polarité transgressive comprenant des
faciès et des séquences de milieu de plus en plus profond. Puis, avec la chute progressive du
niveau marin, la tendance s’inverse ; il se dépose alors une série à polarité régressive. Le
cycle s’achève par une « régression » qui s’exprime par une surface d’émersion régionale.

Cependant, cette notion de cycle sédimentaire, telle qu’elle est définie, est restrictive et ne
concerne que la sédimentation marine. Il existe des cycles sédimentaires en milieu
continental, qui peuvent être engendrés par des variations climatiques par exemple.

Notion de «  séquence ou série virtuelle  »  :

C’est à A. LOMBARD (1956 ; 1972) que l’on doit cette notion fondamentale, sensée
expliquer ou décoder toutes les successions sédimentaires.

La séquence ou série virtuelle de Lombard comprend successivement: des dépôts détritiques


grossiers (Conglomérats), des sables ou des grès, des argiles, des carbonates et des évaporites.
Cette succession de faciès devrait exister dans toutes les séries sédimentaires. Dans la réalité,
elle ne s’observe que partiellement dans certains types de bassins ou à certaines périodes

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(stades) de la vie des bassins. En effet, les faciès détritiques (Cg, Grès, Argiles) et parfois
évaporitiques, sont particulièrement développés dans les bassins « continentaux » ou lors des
périodes d’érosion qui succèdent à l’édification des chaînes de montagnes. De même que
certains bassins se caractérisent par une sédimentation exclusivement carbonatée et/ou
évaporitique, lors des périodes de transgressions généralisées.

Exemples : les bassins triasiques sahariens et atlasiques se caractérisent par un remplissage


détritique puis évaporitique ; les bassins mésozoïques (Bassins atlasiques) comportent une
sédimentation exclusivement carbonatée au cours du Jurassique inférieur et moyen.

En définitive, chaque type de bassin, aux différents stades de son évolution, se caractérise par
une « série naturelle » particulière. Cette notion de série naturelle, introduite par J.
DELFAUD (1974), adaptée à chaque bassin, permet de tenir compte des réalités
sédimentaires ; elle remplacera donc avantageusement celle, plus théorique, de série virtuelle.

4 : Les cycles orogéniques.

En réalité, il s’agit des successions sédimentaires déposées au cours des cycles orogéniques
qui sont les unités de plus grande échelle, dont les limites sont des discordances angulaires.

Un cycle orogénique débute logiquement par une période de sédimentation ou de lithogénèse,


suivie par une période dite d’orogénèse au cours de laquelle est édifiée une chaîne de
montagnes (orogène) et clôturée par une période d’érosion et de destruction de cette chaîne,
appelée glyptogénèse. Certains auteurs considèrent que c’est cette période de glyptogénèse
qui devrait initier les cycles orogéniques.

Le plus important à considérer est l’expression sédimentaire des trois phases qui se succèdent
au cours d’un cycle orogénique. La période de lithogénèse comprend un ou plusieurs cycles
sédimentaires où la sédimentation est variée : marnes, calcaires, deltas ec. La période
orogénique est annoncée par les premières déformations et mobilités dans les bassins, qui se
marquent par une sédimentation en contexte mobile : les flyschs. Enfin, la période de
glyptogénèse ou d’érosion est marquée par des molasses ; celles-ci, de nature détritique,
remplissent des basins résiduels, intramontagneux ou situés en bordure des chaînes de
montagnes. Il existe dans la littérature de nombreux exemples illustrant ce qui précède (voir
cycles calédonien, hercynien ou alpin).

En conclusion, l’analyse des séries sédimentaires doit conduire à reconstituer les


enchaînements à différentes échelles, directement liés et déterminés par les différents stades
de l’évolution des bassins sédimentaires, jusqu’à leur disparition, et à l’emplacement desquels
sont édifiées des chaînes de montagnes. On retiendra également que les faciès ou les
séquences de petite échelle sont façonnés par les facteurs régissant la sédimentation ; tandis
que les mégaséquences (et cycles sédimentaires) et à plus forte raison, les cycles orogéniques
font intervenir les phénomènes géologiques, tels que subsidence, variations du niveau marin,
tectonique qui jalonnent les différents stades de l’histoire des bassins.

CHAPITRE 3 : METHODES D’ETUDE DES SERIES SEDIMENTAIRES

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I : RAPPEL DES OBJECTIFS

L’analyse complète des séries sédimentaires doit conduire :

1 : à reconstituer tous les facteurs de la sédimentogénèse, c’est-à-dire toutes les conditions de
dépôt : hydrodynamiques, biologiques, physico-chimiques, ainsi que le contexte tectonique et
climatique.

2 : à décrire, comprendre et expliquer les évolutions verticales et définir les unités
sédimentaires de différentes échelles.

3 : à reconstituer l’organisation spatiale des unités ou corps sédimentaires, ce qui conduira à
préciser la dynamique sédimentaire et la cinématique de ces corps sédimentaires (ex.
progradation en domaine deltaïque ou littoral).

4 : à définir les environnements de dépôt et les paléogéographies successives.

5 : à définir les différents facteurs qui ont déterminé ces évolutions. En définitive, il s’agit de
reconstituer le cadre géodynamique de leur mise en place.

Selon que les séries sédimentaires soient accessibles à l’observation à l’affleurement ou


recouvertes et donc accessibles seulement grâce aux forages et/ou données géophysiques ou
plus généralement de subsurface, on développera les méthodes les plus appropriées.

II : METHODES DIRECTES DE SURFACE

Il s’agit de l’étude des séries sédimentaires à l’affleurement.

1 : Analyse des faciès

Les observations nécessaires concernent : la géométrie, les limites inférieure et supérieure,


l’extension horizontale ainsi que l’épaisseur des bancs ; celle-ci peut être homogène ou
variable latéralement, dans le cas de bancs « lenticulaires ».

On décrira ensuite la lithologie, les structures sédimentaires ainsi que les constituants lorsque
ces derniers sont visibles à l’œil nu ou à la loupe (de terrain).

Ces observations sont le plus souvent insuffisantes, notamment dans le cas de faciès
carbonatés ; elles doivent alors être complétées par l’analyse des microfaciès (nécessitant le
prélèvement d’échantillons et la confection de lames minces). L’analyse des microfaciès
comprendra la détermination des textures, des constituants (nature, pourcentages relatifs etc.)
ainsi que des observations d’ordre diagénétique.

Cette description des faciès fournit des informations précieuses sur les facteurs
hydrodynamiques, physico-chimiques et biologiques de la sédimentation, sur les
environnements ainsi que sur le contexte climatique et tectonique (voir exemples en cours).

2 : Analyse du contenu biologique

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Lorsque les faciès sont fossilifères, il est indispensable d’analyser ce contenu biologique à des
fins paléontologiques, paléoécologiques et biostratigraphiques.

Cette analyse porte sur la nature des faunes et flores, qu’il faut déterminer, leur répartition
verticale à l’échelle du banc ou des séquences, leur répartition horizontale, leur disposition
(qui dépend des modalités de fossilisation). Parfois, il est utile (voire nécessaire) d’étudier les
associations biologiques.

Ces données conduisent à :

-dater les formations et séries sédimentaires (biostratigraphie),

-définir les milieux de dépôt (qui ne correspondent pas toujours aux milieux de vie),

-préciser la bathymétrie, la salinité, la température, la nature des substrats, l’hydrodynamisme

Lorsque les peuplements biologiques sont abondants et diversifiés, de nombreuses traces de


leur activité sont généralement conservées ; l’association de certaines traces biologiques
constitue des « ichnofaciès » (dont l’étude est l’ichnologie), qui fournissent des
renseignements supplémentaires utiles sur les conditions et environnements de dépôt.

3 : L’analyse séquentielle et la stratigraphie séquentielle

L’objectif de cette démarche est d’établir des subdivisions basées sur les successions logiques
de faciès et de séquences à différentes échelles. Les données de base nécessaires à l’analyse
séquentielle sont : une description complète et détaillée des faciès ou microfaciès, et des
discontinuités.

La clé de décodage de l’information est la série naturelle : suite de tous les faciès différents
rencontrés, replacés dans leurs environnements respectifs, sur un paysage sédimentaire. La
série naturelle permettra de dessiner un graphe séquentiel, en tenant compte des
discontinuités. Sur ce graphe séquentiel apparaissent les séquences de différentes échelles (ces
aspects seront détaillés au chapitre 5).

Les évolutions verticales seront alors définies et leur interprétation conduira :

- à déterminer les environnements de dépôt, car ces derniers sont caractérisés par des modèles
de séquences établis (ex. : séquence fluviatile, de front de delta, de plateforme carbonatée
interne etc.),

- à préciser les conditions hydrodynamiques, la dynamique sédimentaire (ex. : séquence strato


et granocroissante de front de delta indiquant l’augmentation progressive de l’énergie),

- à définir, à l’échelle des mégaséquences, les facteurs géodynamiques qui déterminent les
évolutions reconnues, comme la subsidence, les variations du niveau marin etc..

Dans certains cas, on utilisera uniquement les biofaciès et les unités que l’on pourra définir
sont des « écoséquences », ou encore les electrofaciès reconnus sur les enregistrements
diagraphiques pour établir les « electroséquences » (voir détails et exemples au paragraphe ).

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La stratigraphie séquentielle est une méthode relativement récente qui utilise les descriptions
de faciès et des discontinuités provoquées par les fluctuations du niveau marin. L’intérêt de
cette approche est que les séquences qu’elle permet de définir sont isochrones (voir détails au
chapitre 5).

4 : Corrélations et Paléogéographie

Le principe des corrélations consiste à comparer et relier les séries sédimentaires analysées,
en utilisant des repères bien établis et fiables. Les repères biostratigraphiques sont les
meilleurs. Dans le cas de séries peu fossilifères et mal datées, on utilisera les discontinuités
(plutôt de grande échelle engendrées par des évènements géologiques enregistrés à l’échelle
du bassin). Les évènements tectoniques « instantanés », comme les séismes, exprimés par des
« séismites », ou magmatiques exprimés par le dépôt de cendres volcaniques constituent
d’excellents repères de corrélation.

Les corrélations séquentielles sont particulièrement intéressantes car les séquences, à une
certaine échelle, sont isochrones, notamment les séquences dites « eustatiques » définies par
la stratigraphie séquentielle.

Dans tous les cas, les corrélations permettent de représenter les corps sédimentaires, d’en
préciser la géométrie et la cinématique (progradation par exemple).

De plus, les environnements de dépôt étant déjà définis, les corrélations permettront de
dessiner des profils paléogéographiques que l’on pourra comparer d’une période à l’autre,
puis expliquer les modifications mises en évidence.

La paléogéographie peut également être représentée cartographiquement ; il est parfois utile


de représenter d’abord la répartition des faciès.

D’autres documents cartographiques sont généralement établis :

-cartes en isopaques (répartition des épaisseurs pour une formation ou une série) ; elles
permettent de visualiser la géométrie des remplissages sédimentaires, les zones de forte
subsidence et les zones « résistantes » ou zones hautes, peu subsidentes.

-cartes en isobathes (des variations géographiques de la profondeur d’un horizon déterminé,


déduites de l’analyse des données de subsurface). Il est souvent utile de comparer cartes
d’isobathes et cartes en isopaques ou ces dernières avec les cartes paléogéographiques.

5 : Synthèse géodynamique

Il s’agit de reconstituer au mieux l’évolution des bassins sédimentaires ; cet aspect dépasse le
cadre de l’analyse des séries sédimentaires, même si elles représentent le remplissage des
bassins.

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L’interprétation des évolutions séquentielles à différentes échelles, des cartes
paléogéographiques, des cartes en isopaques etc. permet de définir les facteurs ayant régi ces
évolutions : subsidence, eustatisme, climat, tectonique, éventuellement magmatisme ; ce sont
les facteurs géodynamiques de l’évolution des bassins sédimentaires. La synthèse ainsi établie
conduira à définir les différents stades de l’histoire des bassins, les types de bassins, et
d’orienter l’exploration des ressources minérales et/ou énergétiques qu’ils renferment.

III : METHODES INDIRECTES DE SUBSURFACE

Lorsqu’il n’existe pas d’affleurements, on a recours aux données géophysiques et/ou de


forage disponibles.

1 : Données de forages

Les forages traversent généralement toutes les séries sédimentaires constituant le remplissage
des bassins. En cours de forage, des déblais (cuttings) sont récupérés en surface grâce à la
boue de forage qui circule de haut en bas puis de bas en haut, remontant ainsi les fragments de
roches broyées par l’outil de forage. L’examen de ces déblais permet donc de décrire, avec
plus ou moins de précision, les formations traversées par le forage. Il sera alors possible de
reconstituer les successions sédimentaires, la profondeur des limites (donc des discontinuités)
de chacune des unités et leur épaisseur.

D’autre part, des carottes peuvent être prélevées dans certains intervalles considérés comme
réservoirs potentiels par exemple. Elles fournissent une information continue et fiable (faciès,
structures sédimentaires, discontinuités, faunes et microfaunes) ; ce sont donc des
compléments indispensables aux données fournies par les déblais. Il est également possible de
prélever des échantillons de carottes qui feront l’objet de lames minces dont l’étude permettra
une description plus détaillée des faciès.

Ces informations sont suffisantes pour établir les subdivisions en séquences de différentes
échelles ainsi que des cartes en isobathes et en isopaques.

De plus, toujours en cours de forage, la vitesse d’avancement de l’outil de forage est


enregistrée de manière continue ; elle est fonction de la dureté des roches, donc de la nature
lithologique et de la compaction (qui augmente avec la profondeur). Ainsi, les quartzites sont
plus difficiles à traverser que les calcaires ou les évaporites. Cet enregistrement donne
indirectement des renseignements sur les formations traversées.

Enfin, un chromatographe permet de détecter en cours de forage, la présence de gaz dans les
formations sédimentaires. Ce gaz est analysé et sa composition précisée. Cette information est
très importante car elle permet de détecter et de situer les gisements éventuels de gaz
(Hydrocarbures à l’état gazeux).

2 : Les diagraphies

En fin de forage, on enregistre des diagraphies (dites différées) ; il s’agit d’enregistrements


continus, en fonction de la profondeur, des caractères physiques des formations traversées par
ce forage. Ces caractères physiques sont directement liés à la lithologie et aux déformations
éventuelles qui ont affecté les séries sédimentaires.

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La plupart des diagraphies sont des diagraphies « électriques ». Le principe des diagraphies
consiste à descendre « un outil » adapté au paramètre que l’on doit mesurer puis de remonter
cet outil, à vitesse constante jusqu’à la surface. L’enregistrement s’effectue de façon continue.
Actuellement, les équipements sont très modernes et permettent des enregistrements très
précis.

Les caractères ou paramètres physiques classiquement mesurés et enregistrés sont : la


polarisation spontanée (notée PS), la résistivité des roches (notée R), leur radioactivité
naturelle (notée Gamma-ray ou GR), la radioactivité induite, la densité, la vitesse de
propagation du son dans les roches, les « inclinaisons » qui correspondent soit au pendage des
couches soit à des structures sédimentaires comme les stratifications obliques etc.

Tous ces paramètres sont plus ou moins directement liés à la lithologie. Il est alors possible de
les « traduire » en termes lithologiques ou plus exactement d’électrofaciès, et de décrire les
successions sédimentaires traversées par les forages, d’établir les subdivisions en séquences
de différentes échelles.

Sur les diagraphies, les variations du signal sont généralement progressives et les courbes
enveloppes (car on utilise souvent deux diagraphies, le gamma-ray et le sonic par exemple)
permettent de dessiner des électroséquences (des exemples seront donnés en cours) dont il
existe des modèles correspondant aux différents types et environnements de dépôt (O.
SERRA, 1978). Les courbes présentent également des variations brusques ou pics qui
représentent des discontinuités ; certains pics caractéristiques peuvent être observés sur
plusieurs forages et constituent alors d’excellents repères de corrélations.

Les diagraphies d’imagerie sont de plus en plus utilisées, en complément des diagraphies
classiques; ce sont des enregistrements numériques qui permettent de visualiser les différentes
lithologies rencontrées.

En définitive, les diagraphies permettent de définir les lithologies, les structures sédimentaires
(grâce à la diagraphie de « pendagemétrie »), les électrofaciès , les électroséquences, les
environnements de dépôt ; elles fournissent également de bons repères pour les corrélations
dont l’utilité a été précisée au paragraphe II-4). Les diagraphies sont particulièrement utilisées
dans l’exploration pétrolière et dans l’exploitation des gisements ; c’est d’ailleurs grâce à
l’exploration pétrolière que ces techniques ont été développées et sans cesse améliorées.

3 : La sismique

La sismique réflexion est une méthode d’investigation fondamentale dans l’étude des bassins
(et des séries) sédimentaires.

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Le principe de cette méthode (simplifié) consiste à provoquer, sur des lignes sismiques
régulièrement disposées à travers le bassin, des explosions ou des ébranlements en surface,
qui se propagent en profondeur, traversant les séries sédimentaires, et se « réfléchissant » sur
les discontinuités qui sont appelées réflecteurs. Le signal remonte en surface et les temps de
parcours, qui dépendent de la profondeur et de la vitesse de propagation donc de la lithologie,
sont enregistrés sous forme de profils sismiques (qui font l’objet ensuite de multiples
traitements qui les rendent plus « lisibles »).

L’interprétation des profils sismiques (voir cours et T.D. de Géophysique) est d’abord d’ordre
structural ; les différents réflecteurs ainsi que leur géométrie (et déformations éventuelles)
sont restitués et permettent la représentation des structures en profondeur. D’autre part, les
épaisseurs des unités sédimentaires identifiées et la profondeur des réflecteurs sont calculées ;
ces données permettront de dessiner des cartes en isobathes et en isopaques.

Depuis plus de 30 ans, les travaux d’EXXON (Haq et Vail 1978) ont conduit à utiliser les
profils sismiques pour une interprétation sédimentologique. Il est possible d’identifier des
séquences de dépôt (au sens eustatique), leur géométrie, leurs limites ainsi que les limites
séparant les différents prismes de dépôt qui constituent les séquences; ces surfaces sont celles
utilisées en stratigraphie séquentielle, qui a d’abord été appelée stratigraphie sismique. Il
s’agit des limites inférieure et supérieure des séquences, des surfaces de transgression ou
d’inondation maximale.

Les séquences de dépôt sont généralement constituées par les prismes suivants : Prisme de bas
niveau marin (PBN) ou prisme de bordure de plateforme (PBP), compris entre la limite
inférieure de la séquence et la surface de transgression, Intervalle transgressif (IT), compris
entre la surface de transgression et la surface d’inondation maximale (qui s’exprime parfois,
en domaine profond, par un intervalle dit « condensé ») et un prisme de haut niveau marin
(PHN), souvent tronqué par la limite supérieure de la séquence.

La reconnaissance de ces séquences a un intérêt particulier car il s’agit d’unités isochrones


faciles à corréler à l’échelle du bassin.

Apport de la géochimie

Les données géochimiques complètent l’analyse des faciès. Les éléments majeurs et en traces
sont dosés sur les échantillons prélevés lors de la campagne de terrain.
Selon les types lithologiques, les éléments majeurs, mesurés en %, sont Si, Al (roches
détritiques) ou Ca, Mg (roches carbonatées) ; les éléments-traces, mesurés en ppm, sont par
exemple : Fe, Mn, Ba, Sr, Cu,V, Mo etc.

Ces éléments sont des marqueurs géochimiques externes, qui renseignent sur l’origine des
apports, les processus d’altération donc le climat etc., ou propres au milieu de dépôt ; ils
permettent alors de préciser les conditions physico-chimiques de la sédimentation. 

Exemples : le % de Bore (élément fixé sur les minéraux argileux) est directement lié à la
salinité des milieux ; on peut distinguer les milieux à salinité normale (milieu marin), les
milieux sursalés (lagunes) et les milieux saumâtres ou d’eau douce.

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Le Cu, le Mo (Molybdène) et le V (Vanadium) sont généralement fixés sur la matière
organique des sédiments de milieu confiné et réducteur.

Il est également possible d’utiliser, si nécessaire, la géochimie isotopique ; le dosage des


isotopes de l’Oxygène (O18 et O16) et du Carbone (C12 et C13) est particulièrement intéressant.
En effet, le rapport O18/O16 est lié (et proportionnel) à la température et à la salinité, puisque
des températures élevées favorisent l’évaporation et, par conséquent, l’augmentation de la
salinité des milieux aquatiques.  

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CHAPITRE 6 : LES ENVIRONNEMENTS SEDIMENTAIRES

INTRODUCTION

Environnement = ensemble des facteurs régissant la sédimentation dans un bassin


sédimentaire ; ce sont les facteurs de la sédimentogenèse : physico-chimiques et biologiques,
dans un contexte tectonique et climatique particulier.

Termes équivalents utilisés : milieu de dépôt, domaine sédimentaire, paysage sédimentaire.

L’environnement détermine donc les faciès ; et, à l’inverse, la description détaillée de ces
derniers permettra la reconnaissance des environnements.

La comparaison des sédiments actuels et anciens permet d’identifier de façon plus ou


moins fiable les paléo-environnements, selon le principe fondamental de l’actualisme. Ce
sont les éléments essentiels des reconstitutions paléogéographiques.

Le recours à des modèles de dépôt de référence, actuels ou anciens, est nécessaire. Mais ces
derniers sont incomplets ; il manque les paramètres suivants :

a : Les variations en fonction du temps, qu’il est possible de reconstituer grâce au
raisonnement séquentiel ; la définition de l’enchaînement vertical et latéral des faciès, des
séquences et des environnements qu’ils représentent devient alors indispensable.

b : La situation géographique de l’aire de dépôt qui détermine le contexte climatique ; de


nombreux critères sédimentologiques, minéralogiques, biologiques et géochimiques existent
pour définir correctement le climat au cours de la sédimentation.

D’autre part, un paléoenvironnement, qui peut être représenté par une surface durcie
perforée, élaborée en milieu marin littoral, correspond le plus souvent à un corps
sédimentaire, dont il faudra définir la géométrie, l’extension etc…Les corrélations sont
indispensables ; elles permettront, en définitive, de reconstituer les paléogéographies, et,
parfois, le contexte tectonique (les déformations syn-sédimentaires notamment).

La reconstitution des environnements est d’un intérêt économique évident car de nombreuses
accumulations minérales ou énergétiques (minerais, charbon, hydrocarbures) sont liées à des
environnements particuliers (plate-formes carbonatées, deltas etc..).

PRINCIPAUX ENVIRONNEMENTS

Dans la nature actuelle, on distingue : les environnements continentaux, les milieux mixtes
situés aux confins domaine continental – domaine marin, et les environnements marins, très
variés, allant du rivage jusqu’au domaine marin le plus profond (abyssal).

Chaque environnement se caractérise par une extrême variabilité qui dépend de la nature et du
volume des apports, de la morphologie des plate-formes marines, déterminée par le cadre
tectonique, du climat etc. ; la sédimentation est régie par les facteurs de la sédimentogénèse :

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qu’il faut reconstituer : facteurs physiques (= nature, vitesse et direction des courants,
température, pluviométrie etc.), chimiques (= salinité, composition de l’eau, pH, Eh etc.),
biologiques (= nature, diversité et répartition des peuplements etc.), géologiques (= arrière-
pays source des apports, stabilité ou mobilité du substratum, reliefs, subsidence, climat etc.).

I : LES ENVIRONNEMENTS CONTINENTAUX

Il s’agit des environnements : fluviatile, désertique, lacustre, palustre et glaciaire. Seuls les
milieux fluviatile et désertique seront décrits car ce sont les plus fréquents et les plus
importants dans les séries anciennes.

I-1 : Le milieu fluviatile

Sur le plan hydrodynamique : il se caractérise par des écoulements canalisés dans des
chenaux. Les modes de transport les plus fréquents sont la saltation et la suspension. Il
convient de distinguer : le transport des particules dans l’eau (=grain-flow) dans les chenaux,
les coulées de boue (=mud-flow) sur les piedmonts, et l’écoulement en nappes superficielles
(=sheet-flow) sur les glacis et les plaines alluviales.

Le pouvoir transporteur est souvent considérable comme le montrent les exemples suivants :

Fleuve Débit en m3/s Charge en T/an


Gange 34 000 700 x 106
Mississipi 18 000 520 x 106
Niger 6 000 300 x 106
Nil 3 000 60 x 106
Cheliff 30 Réduite et variable

Ces données sont importantes car elles permettent de comprendre les volumes considérables
de sédiments dans les deltas.

Sur le plan biologique :

Dans les chenaux, les poissons et les organismes planctoniques sont parfois abondants ; sur le
fond et les rives des cours d’eau, peuvent proliférer des organismes fixés (larves d’insectes,
plantes aquatiques par exemple) ou des endobiontes ainsi que des algues d’eau douce pouvant
donner des encroûtements stromatolithiques.

Sur les plaines alluviales, recouvertes par l’eau de façon périodique (lors des crues) et souvent
éphémère, une couverture végétale de type marécageux, éparse ou dense, peut se développer ;
d’autre part, des bactéries sont souvent présentes.

Sur le plan sédimentaire :

Il faut distinguer les dépôts de piedmont qui sont des cônes alluviaux et les dépôts fluviatiles
proprement dits.

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1 : les cônes alluviaux : ce sont les dépôts grossiers, peu altérés (ou peu évolués) mis en place
par gravité essentiellement, juste au pied des reliefs ; ce matériel est immature ; on observe
également des coulées de boue responsables de dépôts chaotiques hétérométriques très mal
classés. Le matériel grossier est souvent constitué de galets, orientés (inclinés) vers l’amont.

Les dépôts de cônes alluviaux sont différents selon le climat. Ils sont fréquents et
caractéristiques des bordures de bassins intramontagneux (post-orogéniques) ; exemples
anciens à retenir : les dépôts du Plio-Quaternaire pré-saharien, au pied des reliefs atlasiques ;
les dépôts du Miocène supérieur décrits sur les bordures nord (Monts du Dahra) et sud
(Ouarsenis) du bassin du Cheliff.

2 : Les dépôts fluviatiles s.s.

La structure des systèmes fluviatiles ne sera pas décrite. Mais il est possible de distinguer les
faciès de chenaux et ceux des plaines alluviales dites encore plaines d’inondation.

Les faciès de chenaux, déposés sur les rives convexes des cours d’eau méandriformes, ou
constituant les lentilles sableuses allongées parallèlement au courant, dans les réseaux en
tresses, sont toujours grossiers et granoclassés. Ils se caractérisent par des structures
sédimentaires différentes selon le type de réseau : stratifications obliques décimétriques à
métriques dans les dépôts des réseaux en tresses (chenaux anastomosés), où s’observe une
seule direction (dominante) de courant ; stratifications entrecroisées de même échelle dans les
réseaux à méandres, où il existe au moins deux directions de courant opposées ou obliques
l’une par rapport à l’autre ; en se superposant, elles sont entre-croisées.

De plus, ces stratifications sont remplacées vers le haut, dans les séquences par des rides de
courant dissymétriques, puis par des laminations planes de bas régime.

Les faciès de plaine alluviale sont plus fins (=silts et argiles restés en suspension) ; ils se
déposent par décantation et se caractérisent par des laminations planes (litage horizontal).
Généralement, dans ces faciès, se développent des paléosols, plus ou moins évolués selon la
durée qu’ils représentent.

Ces deux types de faciès se succèdent dans les séquences ; ces dernières sont toujours limitées
à la base par des surfaces d’érosion (de ravinement) bien marquées, et, au sommet, par un
paléosol ou une autre surface d’érosion, si la sédimentation fluviatile est continue sur une
longue période. Le climat et les processus d’érosion sont déterminants.

Les séquences des réseaux en tresses sont plus grossières que celles des réseaux
méandriformes et ne comportent que peu de matériel argileux, car l’énergie du courant est
plus importante.

Notons enfin, que les deux types de réseaux, en tresse et à méandres, se succèdent dans
l’espace, d’amont en aval, et dans le temps (verticalement) au cours d’une période de
sédimentation fluviatile.

Quelques exemples de séries fluviatiles anciennes : le Cambrien des Tassilis, le Trias


saharien, le Crétacé inférieur de l’Atlas saharien.

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I-2 : Le milieu désertique

Les déserts occupent environ ¼ de la surface de la Terre ; il ne sera question ici que des
déserts chauds ; on peut distinguer les déserts arides, où l’évaporation est nettement
supérieure aux précipitations et semi-arides, lorsque cette différence est plus atténuée.

Sur le plan dynamique : l’environnement désertique se caractérise par des cours d’eau
temporaires, endoréiques, divaguant sur de vastes étendues, qui n’arrivent pas en mer ; à
l’exception du Colorado et du Nil pour l’Actuel. L’écoulement peut être canalisé dans des
chenaux au pouvoir d’érosion modéré ; mais, le plus souvent, il s’agit d’écoulements
superficiels en nappes (sheet-flow).

D’autre part, l’action du vent est dominante ; les matériaux déposés dans les chenaux sont
repris par le vent et transportés parfois sur de grandes distances (vents de sable).

Sur le plan biologique, hormis les reptiles, les rongeurs, les insectes, on peut noter une
végétation discontinue et peu abondante.

Sur le plan sédimentaire : la sédimentation en milieu désertique est très variée ; elle associe
des dépôts de chenaux à base généralement plane, des dépôts éoliens (=dunes) et les dépôts de
sebkhas ou de chotts (dépressions continentales alimentées par les cours d’eau temporaires).

Les dunes éoliennes sont les structures ou les accumulations sableuses les plus
caractéristiques ; le sable est fin, bien classé et constitué de grains de quartz ronds et mats. Les
stratifications obliques métriques, fortement inclinées (40°) sont visibles dans ces
accumulations ; à la surface des dunes, on peut observer des rides éoliennes dissymétriques,
dont les crêtes plus ou moins rectilignes sont perpendiculaires à la direction du vent.

Les Ergs sont des ensembles (ou « champs ») de dunes dont la forme est variable (voir cours
de sédimentologie de L2). L’action du vent se traduit par la déflation (élimination de la
fraction sableuse et plus fine) qui laisse en place des cailloutis dispersés sur de vastes plateaux
appelés Regs ; ces éléments sont éolisés, polis par le vent ; ils sont généralement arrondis
mais présentent parfois des facettes façonnées par le vent ; ce sont les « dreikanters » ou
galets à facettes, facilement identifiables.

Dans les sebkhas et les chotts : la sédimentation est tour à tour éolienne et évaporitique ; les
intervalles évaporitiques sont constitués de cristaux de sulfates ou de chlorures dont la taille
augmente au cours de l’évaporation ; ils forment alors des horizons continus (croûtes) affectés
par la dessication ; celle-ci s’exprime par des fentes (et polygones) ainsi que des structures en
teepees caractéristiques, dont la dimension est parfois décimétrique.

Exemples anciens de séries de milieu désertique : Les « Vieux Grès Rouges » du Dévonien
d’Angleterre, les « Nouveaux Grès Rouges » du Permo-Trias des chaînes hercyniennes, les
Grès rouges jurassiques des gorges du Colorado, les séries du Trias saharien, les séries du
« Continental Intercalaire » saharien, d’âge essentiellement crétacé inférieur.
Le caractère commun à toutes ces séries est leur couleur rouge (rubéfaction) qui est due à
l’oxydation des particules ferrugineuses des sédiments, suite à leur longue exposition à l’air.

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II : LES ENVIRONNEMENTS MIXTES

Ils correspondent aux Estuaires, aux Deltas, aux Lagunes littorales ; ces dernières seront
sommairement abordées avec les zones supra et intertidales..

Estuaire ou Delta selon la puissance et le pouvoir transporteur des cours d’eau, de l’aptitude
de la mer à disperser le matériel.

II-1 : Les estuaires

C’est la partie submergée d’une vallée fluviatile dans laquelle pénètre la marée ; de ce fait, les
estuaires présentent des points communs avec la zone intertidale, notamment du point de vue
hydrodynamique. L’influence fluviatile est fortement atténuée et le matériel est dispersé par
les courants marins (marée et vagues).

Cet environnement se caractérise par des faunes de milieu saumâtre.

Sur le plan sédimentaire, les estuaires sont le siège d’une sédimentation fine (vases) et
sableuse ; les barres sableuses, occupant la partie amont de l’estuaire, sont allongées dans
l’axe de la vallée fluviatile et mobiles puisque remaniées par la marée. Les sédiments les plus
fins constituent souvent « un bouchon vaseux » ou « slikke » qui est remis en suspension au
flot et qui se dépose au jusant (provoquant ainsi l’envasement des ports d’estuaires).

D’autre part, on observe souvent une forte concentration de matière organique d’origine
végétale qui fixe l’Uranium, faisant des estuaires des domaines particulièrement intéressants
pour les accumulations potentielles de minerai d’Uranium (ex. le gisement d’Arlit au Niger).

II-2 : Les deltas

Ils correspondent aux accumulations sableuses les plus importantes en milieu littoral, en
raison de la charge considérable des cours d’eau, aussi bien dans l’actuel que dans l’ancien.

Il s’agit de l’embouchure d’un cours d’eau , dont les matériaux sont remaniés par les vagues
(la houle) et la marée, à la différence des estuaires, le matériel est essentiellement sableux.

Le volume et la complexité d’un delta est fonction des apports, de l’influence relative des
courants (fluviatile, marée et vagues), de la morphologie des plate-formes littorales qui
détermine les bathymétries, de la subsidence et, plus généralement, du contexte tectonique.

Zonation et structure des deltas

De l’amont vers l’aval, on peut distinguer :

La partie fluviatile (dite encore supradeltaïque ou haut de delta), occupée par le réseau
fluviatile (qui ne sera pas décrite ici, puisqu’ayant fait l’objet du paragraphe I-2).

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La plaine deltaïque, partie médiane du delta, est située entre la ligne de rivage et une ligne
bathymétrique de -5 m environ ; elle se caractérise par la ramification du chenal fluviatile
principal en de nombreux chenaux distributaires qui achemineront les sables transportés vers
le domaine marin plus distal. Entre les chenaux distributaires s’étendent des estrans tidaux,
des étangs, des marais, des lagunes sursalées.

Les caractères hydrodynamiques de cette zone se résument à l’action des courants fluviatiles
atténués, de la marée et parfois des vagues. Les faunes sont celles des milieux saumâtres et
parfois d’eau douce ; la végétation est particulièrement développée (mangroves à Palétuviers
dont les racines sont immergées dans l’eau)

Le front de delta correspond à la zone d’accumulation des sables, située entre 5 et environ 60
m de profondeur. C’est un domaine, le plus souvent de haute énergie, sous influence de la
dynamique fluviatile, de l’action de la mare et des vagues.

Sur le plan biologique, les faunes benthiques sont fréquentes et diversifiées.

L’arrivée progressive des sables vient interrompre la sédimentation carbonatée de basse


énergie de ce milieu dont les caractères sont ceux de la zone infratidale. Ces sables
s’organisent en barres sableuses (ou cordons sableux) disposées perpendiculairement ou
parallèlement au rivage (voir détails au paragraphe classification des deltas).Les termes de
barres d’embouchure ou d’off-shore bars sont également employés pour désigner ces
accumulations sableuses.

Vers le large, dans un domaine marin plus profond, le delta se prolonge par un pro-delta qui
est un éventail plus ou moins important de sables fins, de silts et d’argiles, déposés en milieu
confiné ; cette situation est celle des marges continentales stables (passives). Sur les marges
mobiles (actives), le prolongement d’un delta est un éventail sous-marin profond (Deep Sea
Fan) constitué de turbidites (flyschs), résultant du remaniement et de la re-sédimentation, au
bas du talus continental et sur le glacis, des sables du front de delta par les courants de
turbidité.

La sédimentation deltaïque

Les dépôts de la plaine deltaïque sont des sables et des silts qui occupent les chenaux
distributaires à base peu érosive ; ils sont affectés par la marée qui s’exprime par des
structures particulières appelées structures en arêtes de poisson ; ce sont des stratifications
entrecroisées dcm inclinées en sens opposé par le flux et le jusant. Ils passent latéralement (et
verticalement) à des argiles à laminations planes des estrans tidaux adjacents ; ces dépôts
argileux comportent parfois des intercalations évaporitiques, stromatolithiques ou à charbon et
débris végétaux. Des structures de dessiccation y sont fréquentes (cavités, teepees).

La séquence de plaine deltaïque est donc strato et grano-décroissante (point commun avec la
séquence fluviatile) ; elle est souvent clôturée par un paléosol.

Les dépôts de front de delta sont des sables grossiers propres à stratifications obliques
métriques ou mégarides dues à l’action des vagues, constituant des barres massives ; ils
recouvrent les dépôts fins de basse énergie de plate-forme interne, parfois carbonatés à faune
benthique.

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Les séquences de front de delta sont donc strato et grano-croissantes (à énergie croissante)
limitées par des surfaces durcies perforées et ferrugineuses.

Progradation et complexe deltaïque

La progradation désigne l’avancée progressive des dépôts et des environnements


correspondants du continent vers la mer. Cette cinématique est précisément mise en évidence
dans les bassins à sédimentation deltaïque.

Il en résulte une succession caractéristique appelée complexe deltaïque qui comprend


verticalement : les dépôts fins du pro-delta, les dépôts essentiellement sableux du front de
delta et les dépôts de la plaine deltaïque ; les termes ultimes de cette succession sont les
séquences fluviatiles à sables grossiers rouges. Cette succession, qui représente, dans les
séries anciennes, un intervalle de temps de plusieurs dizaines de Ma, est conforme à la loi de
Walter et Golovkinski puisque les dépôts et les environnements qu’ils représentent sont
juxtaposés dans le paysage, depuis le milieu marin profond jusqu’au domaine continental.

Un complexe deltaïque, ou plus généralement, un bassin deltaïque, constitue un prospect


pétrolier intéressant, réunissant toutes les conditions favorables :

à la génération d’hydrocarbures, à partir des « roches mères » du prodelta, dont les faciès sont
riches en matière organique rapidement enfouie et protégée de toute altération ;

à leur accumulation dans les dépôts de sables grossiers du front de delta, dont les porosités et
perméabilités (primaires) sont élevées ; de plus, les cordons de front de delta sont parfois
isolés au sein de faciès argileux imperméables et constituent alors des réservoirs-pièges
précoces ;

à leur protection par les dépôts argileux ou évaporitiques imperméables de la plaine deltaïque.

Classification des deltas

Elle est établie sur la base de critères hydrodynamiques, tectoniques ou climatiques.

En fonction des paramètres hydrodynamiques, c’est-à-dire de la nature et de l’importance


relative des différents types de courants qui interviennent au cours de la sédimentation,
Galloway (1975) puis Allen (1979) ont établi une classification triangulaire, les sommets du
triangle correspondant aux courants fluviatile, de marée et aux vagues (et houle). L’action de
ces types de courants détermine la morphologie des deltas.

On distingue :

a : les deltas lobés, ou constructifs à cordons coalescents, sous influence dominante des
courants fluviatiles ; les exemples actuels de ce type de delta sont les deltas du Mississipi, du
Pö et du Danube.

b : Les deltas arqués sous influence dominante de la houle et des vagues, dont les barres
d’embouchure qui se déplacent latéralement au gré de la houle et des vagues, sont disposées
parallèlement au rivage ; exemples : delta du Rhône

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c : Les deltas « en pattes d’oiseau » sous influence dominante de la marée se caractérisent par
des cordons sableux perpendiculaires au rivage ; ex. : delta du Gange.

Dans certains cas, deux types de courant interviennent ; les deltas présentent alors des
morphologies intermédiaires entre les types a, b, c définies ci-dessus. Ex : le Delta du Nil sous
influence du courant fluviatile et de la houle ; delta jurassique des ksour (Atlas saharien
occidental) sous influence fluviatile et de la marée.

En fonction du contexte tectonique, on distingue

les deltas de marges stables ou de bassins cratoniques intra-plaques passant vers le large à un
prodelta et à des dépôts carbonatés de plate-forme externe ; ex ;: Mississipi

et les deltas de marges mobiles passant à des éventails sous-marins profonds à turbidites ; ex. :
delta du Nil

En fonction du climat,

les deltas des zones tempérées se caractérisent par des plaines deltaïques à roseaux (tigillites
dans les séries anciennes) et la prédominance de l’illite ;

les deltas de zone méditerranéenne semi-arides se caractérisent par des évaporites ;

les deltas tropicaux-équatoriaux se distinguent par le développement des mangroves et


marécages sur la plaine deltaïque et la prédominance de la kaolinite.

23
III : LES ENVIRONNEMENTS MARINS

Ils sont très variés en raison de la variabilité de la morphologie des cotes, plus ou moins
inclinées, de la bathymétrie, de la turbulence des eaux (énergie des vagues, amplitude de la
marée etc.).

III-1 : Morphologie des fonds marins

Ces aspects ont fait l’objet du cours de sédimentologie de L2, à consulter absolument.

Rappels indispensables :

Du rivage jusqu’aux milieux marins très profonds, on peut subdiviser les environnements
marins en :

Plateau continental (= plate-forme continentale, zone néritique), de 0 à 200 m environ de


profondeur ; largeur variable (jusqu’à 70 – 80 km ; pente faible (1à2°) ; traces de paléovallées
fluviatiles ; sédimentation active ; bordure entaillée par les canyons sous-marins.

Talus continental : au-delà de -200 m, jusqu’à 3 000 ou 5 000 m, selon le type de marge ;
pente parfois abrupte ; entaillé par les canyons ; sédimentation réduite.

Glacis situé entre 3 000 et 5 000 ou 6 000 m ; concave et faiblement incliné ; remplacé par les
fosses océaniques sur les marges actives (ex. fosse des îles Tonga profonde de 10 000 m,
fosse des Kouriles, sur la cote Est de la Sibérie 11000m etc.) ; sédimentation active =
turbidites formant des éventails de morphologie comparable à celle des deltas..

Fonds et bassins océaniques correspondant aux plaines et collines abyssales ; faible


inclinaison ; comprend également les dorsales océaniques qui sont des reliefs très élevés
parfois, longues de plus de 70 000 km à l’échelle mondiale, ainsi que les vallées profondes
qui correspondent aux rifts océaniques.

La limite entre continents et océans se situe au passage talus-glacis ; ce sont les marges
continentales.

Distinction entre croûte continentale et croûte océanique, de densité et de nature très


différentes ; existence de la croûte intermédiaire.

Il existe des mers en situation exclusivement intra-continentale (1) (ex. le Golfe Persique, la
Mer Baltique) ; parfois elles sont largement ouvertes sur les océans (ex. la Manche) et sont
dites péricontinentales (2). Les mers de type 1 et 2 sont les mers épicontinentales.

Le domaine littoral est subdivisé en plate-forme interne (ou infralittorale), plate-forme externe
(ou circalittorale), séparées le plus souvent par une barrière morphologique de haute énergie,
occupée par des « récifs » ou des dépôts oolithiques ; parfois la transition entre PFI et PFE est
progressive ; seule le bathymétrie permet de les distinguer (cas des rampes littorales).

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III-2 : Caratérisation des milieux de plate-forme

Dans le cas des plate-formes où la marée est importante, on peut distinguer  les zones supra.,
inter. et infratidales.

La zone supra-tidale

Zone constamment émergée de basse énergie, exceptionnellement envahie par la mer lors des
périodes de fortes marées ou de tempêtes.

Température et salinité élevées ; peuplements biologiques rares ou absents, représentés


parfois par des gastéropodes, des huîtres, des cyanobactéries ou des charophytes.

Structures sédimentaires caractéristiques : nombreuses figures de dessication (cavités,


teepees), laminations plus ou moins planes et régulières d’origine stromatolithique, dunes
éoliennes, croûtes carbonatées, évaporitiques, brèches de dissolution et de dessication etc.

La sédimentation est tantôt carbonatée (micrites à rares bioclastes) où la dolomitisation est


systématique, tantôt évaporitique ; des niveaux de « tempestites » y sont parfois intercalés.

La zone intertidale

Zone périodiquement émergée (marée) ; correspond à des estrans, plages, chenaux de marée ;
action des vagues importante sensible jusqu’à une profondeur moyenne de 20 m (sauf
périodes de tempêtes où la limite d’action des vagues se situe vers 40 m) ; cette zone est à
énergie variable, les faciès et textures de dépôt sont donc très variées (W. à P/G.).
Température et salinité variables.

Sur le plan biologique, seules les organismes euryhalins et eurythermes sont présents :
nombreux organismes benthiques (fragmentés), fouisseurs et perforants, Algues.

Structures sédimentaires : bioturbations, perforations, rides de vagues, rides de courant dans


les chenaux de marée, laminations planes stromatolithiques, flazer-bedding (= superposition
de niveaux à rides sableuses et lentilles argileuses dans le creux des rides) ; structures en
arêtes de poisson (marée) ; dessication.

Sédimentation : tidalites (= alternances rythmiques avec influence marquée de la marée),


vases carbonatées souvent dolomitisées, évaporites, tapis algaires (stromatolithes).

La zone infratidale

Zone d’extension et à bathymétrie variables mais toujours immergée ; zone de basse énergie
car aucun courant ne perturbe ce milieu ;; température et salinité constantes.

Sur le plan biologique : milieu très favorable au développement biologique : faunes et


microfaunes diversifiées (bien conservées dans les séries anciennes) ; structures biologiques
très fréquentes : bioturbations (terriers), plus rarement perforations.

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Sédimentation : vases bioclastiques, à oncolithes etc.

Dans les séries anciennes, les séquences de plate-forme interne sont constituées par la
succession des faciès infratidaux, intertidaux et supratidaux qui exprime la diminution
progressive de la bathymétrie ; ce phénomène résulte souvent du recul de la ligne de rivage
consécutive au comblement ; ces séquences sont alors clôturées par des surfaces d’émersion.

La barrière de haute énergie

Lorsqu’elle existe, sa position est quelconque sur la plate-forme ; elle sépare la PFI de la PFE.

Zone soumise à l’action (faible bathymétrie) et montre parfois des caractères communs avec
la zone intertidale, notamment une tendance à l’émersion.

Sur le plan biologique : organismes de milieu marin ouvert, organismes constructeurs, plus ou
moins fragmentés.

Les structures sédimentaires sont des stratifications obliques dcm à m ; des mégarides
(comme dans le cas de l’environnement de front de delta).

La sédimentation peut être exclusivement oolithique et parfois « récifale ».

Quelques précisions sur les « récifs ».  

Dans l’Actuel, les récifs se développent dans des conditions strictes de T°C et de salinité, à
des profondeurs ne dépassant pas 60 m (car des algues sont très souvent associées aux
organismes constructeurs, notamment les coraux), dans des eaux oxygénées limpides.

Leur position sur les plateformes est variable : dans la zone infratidale, où des organismes
constructeurs à squelette segmentés, branchus, fragiles édifient des « monticules « de basse
énergie ; dans un domaine plus externe, où on observe le même type de bioconstruction ; à
l’emplacement des barrières de haute énergie qu’ils contribuent à édifier ; près du rivage
(=récifs frangeants) construits essentiellement par des Cyanophycées ou des Cyanobactéries.

Ces différents types de bioconstructions se caractérisent par des roches à textures différentes
(framestone, bafflestone, bindstone : voir cours de Pétrographie sédimentaire de L2).

Les « récifs » proprement dits sont toujours associés à des dépôts résultant de leur destruction
progressive et permanente, mis en place sur les pentes récifales (roches bio-accumulées plus
ou moins grossières).

La plate-forme externe

Située au-delà de la barrière (récifale ou oolithique), jusqu’à la limite du talus continental ;


bathymétrie variable latéralement, pouvant atteindre -200 m.

Zone généralement très calme, ouverte aux influences océaniques.

Sur le plan biologique : faunes de milieu marin ouvert (Brachiopodes, Echinodermes,


Bryozoaires etc.) ; Céphalopodes ; Organismes planctoniques parfois dominants.

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Sédimentation de basse énergie : vases bioclastiques essentiellement.

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