Vous êtes sur la page 1sur 6

Cours de TEC Préparé par : Mme CHERFA

2éme année licence GC et Hydraulique / FGC/USTHB & Mme HACINI

Chapitre VI : l’argumentation scientifique

VI.1. Introduction :

L’argumentation scientifique est fortement liée à la communication scientifique. Dans un


univers où la communication est prédominante il est de notre devoir d’évaluer nos
compétences linguistiques dans le domaine de la communication, écrite ou orale. En effet, le
but de la communication (l’argumentation) est bel et bien de se faire comprendre. L’écrit
reste une valeur centrale, qui officialise, certifie, donne un caractère définitif à une décision.
Il s’agit de transmettre exactement l’information.

En effet, pour parvenir à s’intégrer au monde de l’université, il s’agit d’apprivoiser les


discours universitaires. Ainsi, vous devez apprendre à prendre note aux cours magistraux, à
travailler sur des supports universitaires (syllabus, articles scientifiques, thèses, livres …), à
utiliser un vocabulaire spécifique voire technique, à produire des écrits d’un certain type, à
bien cerner les questions d’examen (écrits et/ou oraux), …..

En résumé, il faudra se pencher sur un point capital : c’est ce que l’on appelle communément
la « maîtrise du français ». C’est-à-dire ? La maîtrise de l’orthographe, de la grammaire
et du vocabulaire.

But
Communication Se faire comprendre

Avec une
L’écrit : bonne maîtrise du français
- officialise - bonne orthographe
- certifie - bonne grammaire
- un caractère définitif à une décision - bon vocabulaire

Permet au rédacteur au et à son destinataire de se comprendre

Selon Breton1, argumenter fait appel aux trois propositions suivantes :


1. Communiquer : exprimer une opinion à autrui de sorte qu’elle puisse être partagée;
2. Savoir se restreindre au nom d’une posture éthique,
3. Raisonner : proposer une opinion à autrui en lui donnant de bonnes raisons d’y adhérer.

La figure 1 explique les trois registres de la communication en lien avec cette vision pour
pouvoir bien argumenter (exprimer, informer et convaincre).

1
Breton, P. (2007). L’argumentation dans la communication. Paris : La Découverte.

1
Cours de TEC Préparé par : Mme CHERFA
2éme année licence GC et Hydraulique / FGC/USTHB & Mme HACINI

Figure 1 : Les registres de la communication (Breton, 2007, p. 4)

Convaincre est l'une des modalités essentielles de la communication, suivant que l'intention
est d'exprimer un sentiment, un état, un regard singulier sur le monde ou sur soi ou
d'informer, c'est-à-dire de décrire le plus objectivement possible une situation, ou encore de
convaincre, c'est-à-dire de proposer à un auditoire de bonnes raisons d'adhérer à une opinion.
VI.2. Différence entre opinion et argument

 une opinion est une croyance ou une attitude soutenue ou exprimée par toute personne.
 Une opinion exprime une certaine vision des choses. Cependant, elle n'est pas justifiée
dans le discours où elle s'exprime.
 Nous avons vu qu'une opinion exprime l'attitude d'une personne ou d'un groupe à l'égard
d'un certain objet de pensée, mais qu'elle ne la justifie pas. A l'inverse, ce qui caractérise
l'argument, c'est précisément la justification des attitudes, des croyances ou des certitudes
de ceux qui les expriment. (De l'opinion à l'argument)
 Exemple:
Une personne exprime une opinion lorsqu'elle affirme que les abeilles disparaissent à
cause de l'usage de certains insecticides. Elle exprime un argument si elle justifie sa
conception en prenant appui sur des études scientifiques qui montrent que les abeilles sont
désorientées lorsqu'elles ingèrent certains de ces insecticides, et qu'elles meurent hors de
la ruche.
 Lorsqu'une proposition n'est pas évidente, nous cherchons parfois à la faire admettre
par un certain public ou à la tester pour nous-mêmes. Nous construisons alors un
argument, qui est un « raisonnement destiné à prouver ou à réfuter une proposition »
(Robert).
Nous ne sommes donc plus dans le domaine de l'expression d'une simple opinion. En
effet, ce qui nous importe ici, ce n'est pas la simple expression d'une idée mais
sa justification.
Nous proposerons ici une première définition technique de l'argument.

2
Cours de TEC Préparé par : Mme CHERFA
2éme année licence GC et Hydraulique / FGC/USTHB & Mme HACINI

Un argument est un ensemble de propositions. L'une d'entre elles est la conclusion, c'est-
à-dire la proposition que l'argument soutient. Les autres propositions sont appelées
les prémisses : ce sont des propositions qui sont mises en avant pour faire admettre la
conclusion.

Exercice : Ces textes contiennent-ils un argument ?


1. « Pourquoi n'es-tu pas venu ? Je t'ai attendu pendant une demi-heure ! »
 Ce texte exprime une question, un étonnement qui laisse entendre une irritation. Ce n'est
pas un argument.
2. « Tu n'es pas venu. Je t'ai attendu pendant une demi-heure. J'étais donc attristé de ne pas
t'avoir vu ».
 Ce texte est un argument qui expose les raisons pour lesquelles la personne qui s'exprime
était attristée.
3. « La haine raciale conduit souvent à la violence physique »
 Cette phrase est une simple opinion.
4. « La haine raciale conduit souvent à la violence physique car elle repose sur des
discours qui incitent à la violence »
 Ce texte est un argument qui apporte une raison pour laquelle la haine raciale conduit
souvent à la violence physique.
5. « Le train pour Oran part à 19h. Le train pour Annaba part à 19h30 et celui pour
Constantine également »
 Ce texte énonce simplement des faits. Ce n'est pas un argument ni opinion.
VI.3. l’Argumentation :

Deux questions s'imposent: Qu'est-ce qu'une argumentation? Et quels moyens devons-nous


utiliser pour la comprendre et pour la produire?
Une argumentation est un Énoncé visant à convaincre ou à persuader un destinataire. Le
terme désigne aussi l'art d'y parvenir.
But
Produire une argumentation Bien défendre ou contester un point
de vue, une idée, une cause
L’argumentation se base sur les moyens suivants :
1. Convaincre : amener quelqu'un à adopter votre point de vue en utilisant un
raisonnement. La conviction est la qualité pour y parvenir (faire preuve de conviction)
2. Persuader : amener quelqu'un à adopter votre point de vue en faisant surtout appel à ses
émotions et ses sentiments. On convainc par l'esprit ; on persuade par le coeur. La
persuasion désigne le talent pour y parvenir (faire preuve de persuasion).
3. Orateur : celui qui prononce un discours, une argumentation.
4. Éloquence : facilité pour s’exprimer, don de bien parler : L'éloquence admirable de cet
orateur a séduit l'assemblée.
5. Rhétorique : ensemble des procédés utilisés
VI.4. Les composantes de l'argumentation

1. Thème : sujet traité par l'argumentation. Il s'énonce sous la forme d'un groupe nominal:
l’économie, la mode de cette année... Pour faire simple, cela répond à la question : De
quoi l'auteur parle-t-il ?

3
Cours de TEC Préparé par : Mme CHERFA
2éme année licence GC et Hydraulique / FGC/USTHB & Mme HACINI

2. Thèse : idée ou opinion principale que défend l'argumentateur à propos du thème. C'est
l'idée à laquelle il veut conduire son destinataire. La thèse s'énonce sous la forme d'une
phrase. Pour faire simple, cela répond à la question : Que dit l'auteur à propos du thème ?
(L'esclavage est une honte ; le racisme doit disparaître ; j'ai bien mérité une sortie au
cinéma...)
3. Argument : toute idée qui sert à démontrer ou renforcer la thèse. ex. Mélissa veut
convaincre ses parents de la laisser sortir avec ses amies (thèse) parce qu'elle a eu de
bonnes notes récemment (argument 1) et qu'elle s'est avancée dans son travail (argument
2)
4. Exemple : cas concret utilisé pour illustrer l'argument. Les exemples permettent à la
réflexion de ne pas perdre de vue la réalité.
5. Concession : procédé argumentatif qui consiste à reconnaître que l'adversaire a raison, au
moins en partie, sur un point, tout en continuant à ne pas être d'accord avec ses
conclusions. ex. C'est vrai que tu as fait un effort dans ton travail ces derniers temps
(concession), mais tes résultats demeurent moyens. Le verbe correspondant est concéder
(Je concède que tu as fait un effort...). NB : la concession est aussi un mot utilisé en
grammaire, où il ne désigne qu'un complément circonstanciel (ou une proposition
circonstancielle).
6. Antithèse : dans une argumentation, l'antithèse correspond à une deuxième partie qui
examine les arguments inverses à la première thèse énoncée. Avant un match, on peut par
exemple dans une première partie (appelée thèse) montrer que l'équipe des bleus a
plusieurs atouts pour gagner, puis dans l'antithèse apporter plusieurs autres arguments
pour montrer que l'équipe des verts pourrait elle aussi l'emporter. L'antithèse désigne aussi
une figure de style qui oppose fortement deux idées.
7. Synthèse : dans un plan en trois parties, la synthèse tire une conclusion de la
confrontation entre la thèse et l'antithèse. Dans ce cas on a plusieurs formes
d'argumentation :
 Un Éloge : il s'agit d'une argumentation qui consiste à donner une opinion très favorable à
quelque chose. Faire l'éloge d'un chanteur.
 Un Blâme : il s'agit au contraire d'une argumentation qui consiste à donner une opinion
très défavorable à l'égard de quelqu'un ou quelque chose.
 Délibération: forme d'une argumentation où l'on balance entre deux thèses ou deux
décisions possibles. La délibération pèse donc le pour et le contre avant de se prononcer
(ou non).
 Un Plaidoyer : dans le vocabulaire judiciaire, le plaidoyer est un discours favorable à
quelqu'un. L'avocat a fait un émouvant plaidoyer pour innocenter son client.
VI.5. Types d’argumentations

Type caractéristiques
Objective Fait appel à la logique, influence par l’exactitude des propos.
Séductrice Fait appel à tout ce qui valorise l’autre (sentiment, qualités,...)
Charge Utilise la polémique, l’humour ou l’ironie pour convaincre
Directe Annonce la thèse sans cacher les stratégies, vise à influencer.
Indirecte Ne manifeste pas son intention de convaincre ou d’influencer

4
Cours de TEC Préparé par : Mme CHERFA
2éme année licence GC et Hydraulique / FGC/USTHB & Mme HACINI

VI.6. Caractéristiques grammaticales


Concernant les caractéristiques grammaticales, le texte argumentatif renferme surtout les
connecteurs logiques, les pronoms personnels de la première et de la deuxième personne et
le présent intemporel est le temps dominant. Cet aperçu nous permet de dire que se sont ces
éléments grammaticaux qui assurent la cohérence et la cohésion de l’énoncé argumentatif.
Nous les exposons comme suit :
1- Les connecteurs logiques assurent l'unité et la cohérence du texte argumentatif en
marquant les étapes de l'argumentation (annonce d'une justification, d'un exemple, d'une
conclusion) ou en établissant des liens entre les arguments (cause, conséquence,
concession, opposition…).
2- Les pronoms personnels de la première et de la deuxième personne sont employés
fréquemment dans ce genre de texte parce que le scripteur entre en relation avec le
destinataire.
3- Le temps dominant est le présent intemporel parce que l'argument est valable d'une
façon générale. En somme ce qui caractérise le texte argumentatif, c'est qu'il se construit
autour de quatre paramètres: - J'affirme (la thèse). - J'explique (les arguments). - J'illustre
(les exemples) - J'organise (les connecteurs).
VI.6. Les phrases argumentatives empruntent aux fonctions du langage

• La fonction référentielle : l’objectivité ; la logique de l’argumentation (ordre, force et


cohérence) ; l’illustration par des faits et des exemples.
• la fonction expressive : l’implication personnelle de l’émetteur ; sa conviction personnelle
; sa vision de la réalité.
• la fonction poétique : les procédés rhétoriques et les procédés de la suggestion (évocation,
connotations, figures, images, etc.).

VI.7. les procédés linguistiques de la phrase argumentative

• Les formules introductives : nous allons commencer par…. j’aimerais rappeler que… ; la
première remarque… etc.
• Les formules positives : par contre, à l’opposé ; en dépit de, malgré, plutôt que, je
m’oppose à, je m’inscris en faut contre, je trouve inacceptable, etc.
• Les formules concessives : mais, certes, bien entendu, quand même, il est vrai que, il est
exacte que, on admet que, je concède, il ne fait aucun doute que, il se peut que, etc.
• Les formules qui expriment la réserve : mais, cependant, toutefois, néanmoins, pourtant,
d’ailleurs, etc.
• Les formules qui introduisent la condition ou la supposition : si, en admettant que, dans
l’hypothèse où, en supposant que, etc.
• Les formules d’insistance : même, à plus forte raison, d’autant plus que, non
seulement…mais, etc.

5
Cours de TEC Préparé par : Mme CHERFA
2éme année licence GC et Hydraulique / FGC/USTHB & Mme HACINI

VI.8. Production écrite


Rédiger, c'est produire des énoncés, enchaînés, organisés tout en faisant appel à une
progression thématique adéquate. Maitriser le code textuel équivaut l'appropriation du code
linguistique pour pouvoir communiquer par écrit, l'apprenant fait appel aux composantes
fondamentales de la compétence textuelle déjà acquise et les mécanismes de la mise en
discours permettant de situer le texte dans un contexte culturel précis. Ce qui entrave la
production du texte en langue étrangère, c'est le passage de l'oral à l'écrit.

Voici les règles grammaticales que l’on doit maîtriser pour répondre correctement aux
critères linguistiques de l'essai argumentatif.
Elaboration des phrases - les temps verbaux: notions du présent, du passé et du futur.
- Les modes et les concepts qui y sont rattachés: comment
exprimer la condition, les sentiments, la volonté, le dote, l'opinion,
le jugement, la déclaration, la nécessité, l'hypothèse….
- Les pronoms personnels (sujets et objets): leur utilisation et leur
place dans la phrase.
- Les prépositions.
Etendue et maîtrise du - Votre connaissance du lexique doit correspondre à votre
vocabulaire intention d'énonciation.
- Votre lexique doit être en adéquation avec le ton que vous
désirer donner à votre essai.
Morphosyntaxe - Les accords en genre et en nombre: noms, pronoms, adjectifs,
participes passé.
- Les conjugaisons verbales: terminaisons verbales en fonction
des temps et des modes utilisés.
- La terminaison verbale: terminaisons des infinitifs, des participes
passés et des verbes conjugués.
Orthographe - L'orthographe usuelle: connaissance suffisante des règles
orthographiques (par exemple, les doubles consonnes, les
accents….).
Ponctuation Les majuscules: n'oubliez pas les majuscules, même si elles
n'existent pas dans votre langue maternelle (arabe, japonais,
coréen…).
- La ponctuation: votre travail doit être ponctué (ni trop, ni trop
peu). La ponctuation:
- Facilite la lecture d'un essai.
- Donne de la cohérence à votre travail.
- Permet d'éviter les phrases trop longues (qui risquent d'être
incohérentes, voir difficilement compréhensibles).
Utilisation de la virgule: Il n'y a jamais de virgule entre les
composants essentiels de la phrase (sujet/verbe/ complément
d'objet).
- Un complément circonstanciel (temps, lieu, circonstance, point
de vue…) placé en début de phrase est toujours suivi d'une virgule

Vous aimerez peut-être aussi