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Programme de français

Niveau : 12ème année


Première partie : Les techniques de l’expression
1) L’explication de texte
2) Le résumé de texte
3) La méthodologie de la dissertation française
4) Le commentaire composé
Deuxième partie : la littérature
A- La littérature africaine
1- La prise de conscience
2- Le procès du colonialisme
Extraits d’œuvres :
‘’Batouala’’ René Maran
‘’Karim’’ Ousmane S. Diop
‘’Une vie de boy’’ F. Oyono
‘’Discours sur le colonialisme’’ A. Césaire
Œuvres intégrales :
‘’Maïmouna’’ A. Sadji
‘’Batouala’’ R. Maran
‘’Une vie de boy’’ et ‘’Le vieux nègre et la médaille’’ F. Oyono
‘’Discours sur le colonialisme’’ A. Césaire
B- La littérature française
1. Le romantisme
2. Le réalisme et le naturalisme
3. Le parnasse
4. Le symbolisme
Extraits d’œuvres :
‘’René’’ F.R. Chateaubriand
‘’Les contemplations’’ et ‘’Les misérables’’ V. Hugo
‘’Le rouge et le noir’’ Stendhal
Œuvres intégrales :
‘’Germinal’’ Emile Zola
‘’Madame Bovary’’ Gustave Flaubert
Autres littératures :
La littérature Maghrébine
La littérature Sud-africaine

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Cours de : Français
Niveau : 12ème Année
Thème : Techniques de l’expression
 Objectif Général : Permettre aux élèves d'avoir des connaissances sur les
techniques de l'expression.
 Objectifs spécifiques : A l’issue de ce cours l’élève doit être capable de :
- Définir la technique de l'expression,
- Connaitre les types de techniques,
- Connaitre leurs importances pour les élèves et les enseignants.
 Documentation ou supports didactiques : ''Le français méthodique au
lycée'' ; '' le français, méthodes et techniques'' ; Internet…
 Moyens Matériels : Craie, Chiffon, Tableau noir…
 Prérequis : Rappeler la leçon précédente.
Résumé :
À l’issue de ce cours, l’élève doit être en mesure de maitriser les différentes
techniques de l’expression qui lui permettront de traiter un sujet littéraire.
Introduction
La technique de l’expression s’explique comme suit : Technique qui vient d’un
mot latin ‘’technè’’ qui signifie art, habilité, façon, ou manière et Expression
qui vient également du latin ‘’expressio’’ qui signifie dire, parler ou
communiquer. Donc, techniquement, elle est la façon de parler.
Littéralement, elle est l’ensemble des procédés ou méthodes de manifestation de
la parole.
Autrement dit, la technique de l’expression est un exercice littéraire ou une
activité scientifique qui conduit les apprenants à la connaissance, à la maitrise et
à l’utilisation correcte de la langue pour mieux exprimer leurs idées.
Elle est une discipline nouvelle répondant à un besoin ressenti par les élèves et
les enseignants. Les élèves se trouvent souvent démunis face à des exercices tels
que la dissertation ou les commentaires.
Elle englobe les thèmes suivants :
- La conférence, le dialogue, le discours, l’exposé-débat, l’explication de
texte, le résumé de texte, la méthodologie de la dissertation française, le
commentaire composé de texte, la prise de note…
La connaissance de la langue exige nécessairement la maitrise de ces thèmes
aussi bien dans leurs contenus informatifs que dans leurs relations à travers le
processus de la manipulation de l’expression. Elle a pour objectif, l’étude de
la langue dans le but de parvenir à la clarification et la précision de la pensée
humaine à travers la communication.
Pour terminer, la technique de l’expression offre une diversité d’outils aux
élèves pour mieux manier la langue.

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Thème : Techniques de l’expression
Titre : L’explication de texte
 Objectif Général : Permettre aux élèves d'avoir des connaissances sur
l'explication de texte.
 Objectifs spécifiques : A l’issue de ce cours l’élève doit être capable de :
- Définir l'explication de texte,
- Connaitre les démarches et les parties de l'explication de texte,
- D'expliquer un texte.
 Documentation ou supports didactiques : ''Le français méthodique au
lycée'' ; '' le français, méthodes et techniques'' ; Internet…
 Moyens Matériels : Craie, Chiffon, Tableau noir…
 Prérequis : Rappeler la leçon précédente.
1- Définition :
L’explication de texte encore appelée, le commentaire chronologique de texte, le
commentaire structurel de texte est un exercice littéraire d’analyse,
d’argumentation et d’interprétation de tous les centres d’intérêts d’un texte.
Cette étude demande beaucoup de libertés de l’esprit dans le but de consolider et
de développer de façon progressive toutes les parties du texte.
1- Démarches à suivre :
Pour faire une explication du texte, il faut :
- Lire attentivement le texte de façon plurielle ;
- Dégager l’idée générale du texte ;
- Connaitre le nombre de paragraphes du texte ;
- Développer avec exemple à l’appui chaque paragraphe ;
- Etre conforme au plan d’élaboration de l’explication de texte…
2- Le plan
Il se présente comme suit : l’introduction, le développement et la conclusion.
A- L’introduction
Elle comprend trois parties :
a- La situation du texte
Elle consiste à dégager toutes les informations concernant l’auteur et l’œuvre
dans laquelle est extrait le texte. C’est-à-dire citer le nom de l’auteur, sa date de
naissance, sa nationalité, son époque, le titre du roman, la date de publication, et
la maison d’édition…
b- L’idée générale
Elle consiste à dégager l’idée essentielle du texte en se conformant à la réponse
de la question ci-après : De quoi parle-t-on dans ce texte ?
c- La structure du texte
Elle consiste à déterminer la nature du texte et le nombre de paragraphes.
B- Le développement
C’est le corps du devoir et la partie la plus vaste, il consiste à faire l’analyse et le
commentaire de tous les paragraphes du texte. Chaque paragraphe doit être
expliqué et détaillé avec des exemples concrets. Dans cette démarche, l’élève a
la liberté de faire allusion à toutes les idées qui vont dans le même sens que le
texte.
C- La Conclusion : Elle comprend deux parties :
- Le résumé des idées commentées.
- L’ouverture ou le point de vue de l’élève.
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TEXTE : Les jeunes africains à l’heure coloniale

Vous rappelez-vous de l’époque ? Les pères menaient leurs enfants à


l’école comme on pousse des troupeaux vers un abattoir. Des villages de
brousse éloignés de plus de cinquante kilomètres, arrivaient de tous les
côtés, les jeunes enfants conduits par leurs parents pour s’inscrire dans une
école n’importe laquelle.
Population pitoyable, ces jeunes enfants hébergés par vagues parents
autour de l’école, ou par vagues relations de leurs pères, mal nourris,
faméliques, dressés à longueur de journée par des moniteurs ignares,
abrutis, les livres qui leur présentaient un univers sans ressemblance avec
le leur, se battant sans cesse.
Catéchistes, confirmés, gravés de communion comme de petites Oies du
bon Dieu… Envolés sous les bannières, des défilés du 14 JUILLET,
militarisés, présentés à toutes les commissions nationales et internationales
comme une fierté. Ces gosses-là, c’était nous. Se souviennent-ils.
Dépenaillés, querelleurs, vantards, teigneux, froussards, gâteux,
chapardeurs, les pieds rougis de chiques. Ces gosses-là, c’était nous n’est-
ce pas ? Une faune minuscule et égarée dans le cercle comme des poussins
dans l’atlantique.

MONGO BETI
« Mission terminée », 1957

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APPLICATION :
Ce texte est un extrait du romancier camerounais Mongo Béti né en 1932. Grand
artisan du procès du colonialisme. Il est extrait de son œuvre "Mission terminée"
publiée en 1957 à l'édition le livre de poche.
D'une manière générale, ce texte retrace les conditions de scolarisation des
jeunes africains pendant la période coloniale.
Ainsi ce texte narratif divisé en trois paragraphes fera l'objet d'un commentaire
chronologique.
Décidément, le premier paragraphe du texte va de : «Vous … laquelle.»
Ce court paragraphe retrace les conditions d'inscriptions des élèves.
Accompagnés de force par leurs parents, le recrutement des élèves avait un
caractère obligatoire. Certains élèves parcouraient plus de cinquante kilomètre
pour être inscrits dans une école n'importe laquelle. Ce qui témoigne la rareté et
la désorganisation du système éducatif mis en place par l'administration
coloniale. Pratiquée dans l'anarchie, l'école n’était qu'un enfer terrestre pour les
enfants qui étaient poussés par leurs parents comme des troupeaux vers un
abattoir. Tout cela se faisait pour former des interprètes devant faciliter la
communication entre les colons et les indigènes.
Ensuite, le deuxième paragraphe va de : «Population … cesse.»
Cette partie met en relief les conditions d'hébergement. Celles-ci étaient
désastreuses, basées sur les vagues relations sans sentiment, ni affection,
pourvue que le tuteur soit proche de l'école. Les enfants étaient frappés à
longueur de journée. Pire les encadreurs n'avaient aucune compétence
professionnelle. Ils utilisaient des documents qui n'avaient rien de commun avec
les réalités de l'Afrique. L'unique objectif était d'inculquer l'idéologie des pays
colonisateurs dans une barbarie incomparable d’où l'expression "population
pitoyable".
En fin, le troisième paragraphe va de : «Catéchistes … atlantique.»
Ce dernier paragraphe indique les méfaits de l'école coloniale sur la personnalité
des enfants. Changement de religion et de comportement. Cette doctrine était
acquise dans une discipline militaire, manque de condition alimentaire fiable,
sans habit commode, manque de sécurité, abandonnés à eux-mêmes et au bon
soin de la nature dans le seul but de devenir les purs déracinés.
En somme, ce texte dénonce les difficultés de scolarisation qu'ont connues les
jeunes africains à l'époque coloniale.
En outre, peut-on dire que l'école coloniale a réellement contribué au
développement de l'Afrique ?

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Cours de : Français
Niveau : 12ème Année
Thème : Techniques de l’expression
Titre : le résumé de texte
 Objectif Général : Permettre aux élèves d'avoir des connaissances sur le
résumé de texte.
 Objectifs spécifiques : A l’issue de ce cours l’élève doit être capable de :
- Définir le résumé de texte,
- Connaitre les démarches et les règles du résumé de texte,
- De résumé un texte ou n'importe quel document.
 Documentation ou supports didactiques : ''Le français méthodique au
lycée'' ; '' le français, méthodes et techniques'' ; Internet…
 Moyens Matériels : Craie, Chiffon, Tableau noir…
 Prérequis : Rappeler la leçon précédente.
1- Définitions :
Le résumé de texte est un exercice littéraire écrit dans lequel l’élève ou le
candidat doit réduire, condenser ou contracter un texte sans pour autant en
changer le sens. Il consiste à réécrire un texte plus brièvement, en respectant
un nombre imposé de mots, tout en retenant les informations essentielles.
C’est un travail intellectuel qui permet de juger l’aptitude d’un apprenant à
comprendre une lecture et à en retenir les idées essentielles. Il est une réécriture
en peu de mots de ce qui a été exprimé en beaucoup de mots.
On peut également dire que c'est une technique écrite qui consiste à réduire un
texte en moins de mots ce qui a été dit, écrit, présenté, plus largement.
2- Démarches à suivre :
Pour faire un résumé de texte, il faut
- Lire attentivement le texte de façon plurielle.
- Connaitre l’idée générale du texte.
- Connaitre les temps verbaux dominants.
- Trouver la structure du texte original.
- Respecter la consigne donnée
- Encadrer les connecteurs logiques (en suite, pourtant, dès lors…)
- Faire la schématisation du texte (retrouver les idées essentielles)
- Connaitre le nombre de mots du texte original (T)
- Faire le calibrage : n= T× f ± m
3- Règles du résumé :
* Suivre l’ordre du texte d’origine
Il faut respecter le mouvement du raisonnement, la succession des idées.
Attention : cela ne signifie pas qu’il faille réduire tous les paragraphes
dans les mêmes proportions ; certains paragraphes peuvent être sans grand
intérêt. C’est la suite des idées principales qui doit être rendue.
* Conserver le même système d’énonciation
Le résumé utilise les mêmes pronoms et les mêmes temps verbaux que le
texte d’origine. Par exemple, si le texte d’origine utilise la première
personne du singulier (je) et le présent de l’indicatif, le résumé fera de
même. Il ne faut pas prendre de distance par rapport au texte ; sont donc
exclues les formules du type : « Selon l’auteur… » ou « L’auteur dit
que… ».
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*Reformuler le texte
Il faut absolument éviter de faire un assemblage de citations. Le rédacteur
du résumé doit utiliser son propre vocabulaire. Cependant, pour les mots-
clés, il est inutile de chercher des équivalents approximatifs qui
conduiraient à gauchir le texte. Exceptionnellement, on peut citer entre
guillemets une formule courte qui paraît particulièrement significative.
* Respecter le nombre de mots imparti
Il faut faire figurer à la fin du résumé le nombre exact de mots utilisés (ce
total sera vérifié et toute erreur sévèrement sanctionnée).
On dispose d’une marge de plus ou moins 10 %. Par exemple, pour un résumé
demandé en 400 mots, +/- 10 %, on peut utiliser entre 360 et 440 mots. Toujours
se rapprocher de la limite haute. Attention : Soyez attentif à la méthode de
comptage partiel indiquée dans la consigne. Certains concours demandent de
placer une barre tous les 20 ou tous les 50 mots ; d’autres demandent d’indiquer
en face de chaque ligne le nombre de mots qu’elle contient.
4- Comment compter les mots :
La règle de base pour le résumé repose sur une définition visuelle, c'est-à-dire un
comptage classique de tous les mots du texte : un mot est une unité
typographique isolée par deux blancs. Exemple : Ahmed Sékou Touré = 3 mots.
Tous les « petits mots » (articles, conjonctions, pronoms) comptent pour un mot.
Cas particuliers :
Les dates et nombres en chiffre comptent pour un mot (ex : 2021 = 1 mot).
Les pourcentages comptent comme suit : (ex : 100 % = 2 mots).
Les sigles comptent pour un mot (ex : CEDEAO = 1 mot)
Pour les mots composés séparables : on considère que le tiret sépare deux mots
au même titre qu’une espace. Exemples : après-midi = 2 mots, chou-fleur = 2
mots.
Mais aujourd’hui = 1 mot ; socio-économique = 1 mot, puisque les deux unités
typographiques sont inséparables.
Il y a aussi la méthode par calcul : elle consiste à compter les mots des cinq
premières lignes, diviser par 5, et multiplier par le nombre de lignes du texte.
Lors de la rédaction, il faut être attentif à :
- trouver des formules personnelles en cherchant des synonymes ;
- mettre en valeur la progression du raisonnement en insistant sur les
articulations logiques ;
- respecter l’équilibre du texte en accordant à chaque partie du raisonnement la
place qui lui convient, sans en développer une au détriment des autres.
 Présentation, écriture, révision :
L’apparence visuelle du travail est déterminante : une écriture lisible, sans
rature. Après avoir écrit son résumé au propre, le relire pour vérifier
l’orthographe et la ponctuation.

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TEXTE : Le rêve de Maïmouna
Aller à Dakar ! dit-elle, presque rêveuse, puis elle tourna la tête du côté où
l’espace fuyait illimité. Le crépuscule était venu brusquement, mêlant les
premières ombres aux dernières clartés du jour ; dans un gris douteux, montaient
des volutes de poussière par la brise et les animaux qui rentraient de la brousse.
C’était une de ces minutes rares où la nature partait se recueillir avant que
s’accomplisse la métamorphose. Les silhouettes des hommes et des choses
s’étiraient dans cette aube crépusculaire. La voix se faisait craintive et voilée.
Les gens se hâtèrent, en fuite, semblait-il vers un coin ami.
Aller à Dakar, redit Yaye Daro en regardant de nouveau sa fille, bien
tendrement. Je ne comprends pas. Toi aussi tu veux me quitter ? Toi aussi, tu
veux m’abandonner ? Comment, tu es seule ? Ne suis-je pas là pour m’occuper
de toi, pour te distraire ? Elle s’interrompit un instant pour lire sur le petit visage
fermé l’effet de son discours ; il ne s’ouvrit pas.
N’écoutes pas Rihanna. Poursuivit-elle, Rihanna n’est plus ma fille, elle vit
uniquement pour son mari. Si tu partais, je n’aurais plus qu’à cesser mon
commerce et à me laisser mourir de chagrin. Non ma petite Maï, non mon cœur,
mon souffle. Je suis sûre que ce n’est pas sérieux, je suis sûre que tu ne veux pas
partir. La pauvre mère serrant sa fille dans ses bras, murmure encore : que cette
mauvaise pensée quitte ton esprit ma petite Maï. Je m’en irai à Dakar,
s’emporta Maïmouna le visage dur et la voix sanglotante. Alors Yaye Daro se
mit à pleurer. Les larmes coulaient silencieusement, lourdes et chaudes. Pour la
première fois depuis la mort de son mari elle pleurait. Sans pitié, Maïmouna se
leva défigurée, cynique et gagna l’intérieur de la case. Maïmouna grandissait
trop vite.
ABDOULAYE SADJI
« Maïmouna »
Éd. Présence Africaine, 1958.

Application du résumé de texte :


Résumé proposé :
Partir à Dakar ! dit Yaye Daro, en regardant l’horizon. La nuit tombait, les bêtes
rentraient au village.
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Une période où ils s’étiraient dans ce crépuscule en rentrant chez eux.
Yaye Daro se reprend en regardant Maïmouna. Je ne comprends pas, tu veux
partir aussi ? Elle attendit un moment pour voir la réaction de Maïmouna.
Ne suis pas Rihanna, elle appartient à son mari. Si tu partais, je n’aurais qu’à
mourir dans la solitude. En prenant sa fille dans ses bras, elle s’est mise à
pleurer. Sans compassion, Maïmouna réaffirma son intention de partir.
Cours de : Français
Niveau : 12ème Année
Thème : la technique de l’expression
Titre : la méthodologie de la dissertation française
 Objectif Général : Permettre aux élèves d'avoir des connaissances sur la
dissertation française.
 Objectifs spécifiques : A l’issue de ce cours l’élève doit être capable de :
- Définir la dissertation française,
- Connaitre les démarches, les parties et les règles de la dissertation
française,
- Traiter chaque problème de société avec ses propres réflexions.
 Documentation ou supports didactiques : ''Le français méthodique au
lycée'' ; '' le français, méthodes et techniques'' ; Internet…
 Moyens Matériels : Craie, Chiffon, Tableau noir…
 Prérequis : Rappeler la leçon précédente.
Résumé
1- Définition :
La dissertation française est un exercice littéraire écrit dans lequel l’élève doit
fournir un ensemble de réflexions pour produire des idées, des arguments et des
exemples concrets relatifs à un sujet donné. Donc elle est la dissertation est donc
une réponse organisée et développée d’un problème de société.
2- Démarches à suivre :
Pour traiter un sujet de dissertation française, il est nécessaire de faire un travail
préparatoire qui consiste à :
- Lire attentivement le sujet de façon plurielle.
- Expliquer les mots et expressions difficiles.
- Connaitre le thème du sujet.
- Connaitre le contexte dans lequel le sujet est énoncé.
- Connaitre le type de plan demandé par le sujet.
Les de types de plans :
 Le plan analytique dans lequel on demande à l’élève de : expliquer,
commenter, justifier, montrer, démontrer, analyser, expliquer et
commenter…
 Le plan dialectique dans lequel on demande à l’élève de : discuter,
expliquer et discuter, quelle est votre opinion, votre avis, qu’en
pensez-vous, et le ?
 Le plan libre où l’élève a le choix de traiter son sujet de façon
dialectique ou analytique : expliquer, commenter et si besoin est,
discuter…
 Il y a aussi des plans comparatifs qui demandent de faire la
comparaison entre deux éléments et de faire le choix.
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- La chasse aux idées (il s’agit de noter au brouillon toutes les idées qui
nous viennent à l’esprit pour après les trier, les classer et les ordonner en
fonction de leur justesse et de leur pertinence). Puis passer à la rédaction
du devoir.
3- Le plan de la dissertation :
Le plan d’une dissertation comprend 3 parties qui sont : l’introduction, le
développement et la conclusion.
A- L’introduction
Elle comprend trois ou quatre parties.

a- L’amorce du sujet
Encore appelée la remarque générale ou la situation du sujet, cette partie
consiste à placer le sujet dans un contexte littéraire, historique ou général.

b- La reprise ou la reformulation du sujet


Il s’agit de recopier intégralement le sujet à l’aide d’un connecteur logique
approprié ou à dire en d’autres termes l’idée du sujet sans changer le sens des
idées.
c- La problématique
Elle consiste à poser une ou des questions de compréhension sur le sujet.
d- L’annonce du plan
Consiste à dire le travail à faire dans le développement.
B- Le développement
Le développement se construit avec les idées déjà triées et ordonnées dans la
chasse aux idées.
Le développement doit se faire en classant les idées en des paragraphes
introduits par des connecteurs logiques appropriés.
L’une des qualités essentielles d’une bonne dissertation réside dans la rigueur de
l’argumentation. Chaque idée doit être accompagnée d’arguments solides et
d’illustrations pertinentes (Idée plus Arguments plus Illustrations)
L’autre qualité d’une bonne dissertation, c’est l’objectivité (l’élève doit refuser
d’apparaitre dans son devoir : en évitant d’employer ‘’je’’, ‘’Nous’’ et ‘’on’’).
La qualité de l’expression est très importante dans une dissertation. C’est pour
cela l’élève doit éviter les fautes d’orthographe et de grammaire, les longues
phrases, les mal-dits, le pédantisme, le manque de ponctuation.
Mettre des connecteurs logiques adéquats, des conclusions partielles et des
phrases de transition.
C- La conclusion :
Généralement, elle se fait en fonction de la consigne.
- Si celle-ci est dialectique, on peut utiliser la synthèse comme conclusion
et on fait l’ouverture.
- Si elle est analytique, on résume les idées du développement et on fait une
ouverture.

Cours de : Français
Niveau : 12ème Année
Thème : la technique de l’expression
Titre : le commentaire composé de texte
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 Objectif Général : Permettre aux élèves d'avoir des connaissances sur le
commentaire composé de texte.
 Objectifs spécifiques : A l’issue de ce cours l’élève doit être capable de :
- Définir le commentaire composé de texte,
- Connaitre les démarches et les parties du commentaire composé de texte,
- Commenter un texte.
 Documentation ou supports didactiques : ''Le français méthodique au
lycée'' ; '' le français, méthodes et techniques'' ; Internet…
 Moyens Matériels : Craie, Chiffon, Tableau noir…
 Prérequis : Rappeler la leçon précédente.
Résume
1- Définition :
Le commentaire composé est un exercice littéraire écrit qui consiste à faire le
bilan de la lecture d’un texte. Il s’agit pour l’élève d’expliquer et mieux de
commenter deux ou trois thèmes abordés par un texte en cherchant à faire
ressortir la pertinence du fond et l’originalité de la forme. Le commentaire part
du texte qui fournit les idées et revient au texte qui contient en même temps les
illustrations.
2- Démarches à suivre :
Pour faire le commentaire composé il faut :
- Faire la lecture plurielle et attentive du texte.
- Explication des mots et expressions difficiles.
- Identification des centres d’intérêts. Chaque centre d’intérêt ou thème est
traité comme un point de dissertation.
3- Le plan :
A- L’introduction
Elle comprend trois parties qui sont :
a- La situation du texte
Elle consiste à dégager les informations relatives à l’auteur du texte. (Nom, date
de naissance si possible, nationalité, époque) et à l’ouvrage dans lequel est
extrait le texte. (Titre, date de publication et maison d’édition si possible).
b- L’idée générale du texte
Consiste à dégager l’idée principale du texte.

c- L’annonce du plan
Cette partie consiste à annoncer les idées à commenter dans le développement.
B- Le développement
C’est le corps du devoir, à ce niveau il s’agit d’analyser et de détailler le texte.
Dans le commentaire composé, chaque idée doit être expliquée, argumentée,
analysée, développée et illustrée par des mots, des figures de styles tirés du
texte.
C- La conclusion
Elle comprend deux parties qui sont.
- Le résumé des idées commentées dans le développement.
- Le point de vue personnel de l’élève.

Texte : Le départ
11
Pour des épousailles, il fallait de l’argent. Et à Saint-Louis ils n’étaient pas en
mesure de réaliser des économies. Ils avaient trop d’obligations envers les amis,
les griots et même envers les personnes rencontrées la première fois. La
mentalité sociale veut qu’une personne qui travaille aide les autres, même les
fainéants.
Deux des jeunes gens et Karim décidèrent donc d’aller chercher fortune à Dakar,
la grande capitale de l’Ouest africain français. Là-bas, ils pourraient faire des
économies ; ils reviendraient à Saint-Louis épouser la jeune fille de leur rêve.
Leur départ avait été fixé au surlendemain mardi ; la mère de Karim objecta :
« c’est un jour néfaste pour les voyages lointains ; vous attendrez le vendredi. »
Karim obéit. Il était frondeur de parole, critiquait les superstitions qui
présidaient à la vie indigène. Il avait donné sa démission à la maison où il était
employé, au grand regret de son patron : il prétexta que, désormais, il sera
collaborateur d’un de ses parents, commerçant à Dakar. Le jeudi, il fit ses visites
d’adieu en compagnie d’Assane et d’Ibrahima.
A la maison, sa mère s’était levée. Son père égrenait lentement son chapelet
dans l’enceinte destinée aux prières. Sa sœur lui apporta le linge du corps qu’elle
avait lavé et repassé toute la semaine. Elle y joignit une cuvette empaquetée
dans un mouchoir et contenant poulet rôti, pommes de terre frites qui serviraient
au repas de Karim dans le train. Elle ajouta encore un sachet de coton bourré de
beignets à la vanille.
Son père le fit asseoir et recommanda gravement :
« Dakar est une ville où l’on tourne facilement vers le mal. Quand tu y seras, ne
fréquente que des gens honnêtes. Ne manque pas d’accomplir tes cinq prières
quotidiennes ; ne te laisse jamais entrainer à boire. Il ne faudra pas nous faire
honte par une conduite qui te met au-dessous de tes « navlés »…
Ils se placèrent l’un vis-à-vis de l’autre ; le père, jambes croisés à la musulmane,
le fils, agenouillé. Chacun tendait les mains ; et le vieillard murmura une prière
arabe implorant Dieu d’être clément pour Karim à l’étranger et de le ramener un
jour au bercail. Il aspergea légèrement les mains du jeune homme de salive
sainte. Karim s’en frotta le front.
OUSMANE SOCE DIOP
« Karim »
Nouvelles éd. Latines 1935

Faites le commentaire composé de ce texte en insistant sur la mentalité sociale à


Saint Louis et les conseils du père.
Traité
Ce texte en prose est du romancier sénégalais Ousmane Socé Diop né à
Rufisque en 1911. Membre de l’équipe « l’étudiant noir », il est mort en 1973 à
12
Dakar. Ce texte est extrait de son œuvre intitulée "Karim", roman publié en 1935
aux nouvelles éditions Latines.
D'une manière générale, ce texte évoque le souhait de Karim et ses amis d'aller à
Dakar à la recherche de la fortune pour réaliser leur rêve. Ainsi, dans les lignes
suivantes, les idées à commenter sont : la mentalité sociale des habitants de
Saint Louis et les conseils du père.
En effet, la première idée à commenter est : ‘’la mentalité sociale à Saint
Louis’’. La vie à Saint Louis est tout à fait difficile surtout pour celui qui veut
faire des économies. La tradition oblige beaucoup de tâches pour les personnes
qui travaillent. La vie en communauté voudrait qu'on pense aux parents, les amis
et être sensible aux louanges des griots en leur donnant de l'argent. Le fait le
plus embêtant est qu'il faut faire obligatoirement même à l'endroit des jeunes qui
ne veulent pas travailler. Et en plus, il faut satisfaire les personnes rencontrées la
première fois. Alors que, Karim et ses amis veulent faire des économies avec le
peu d'argent qu'ils gagnent. Faire des économies ou faire des cadeaux
coutumiers ? Ils décident de quitter Saint Louis pour Dakar. Peut-être là-bas,
quand la chance leur sourit ils pourraient réaliser leur rêve.
En fin, la seconde idée à commenter est : ‘’les conseils du père’’.

Autre ville, autre vie et autres réalités. Le père est inquiet mais la volonté de
vaincre doit triompher. Karim ira en compagnie de ses amis d'enfance, seul Dieu
sait le sort qui les attend. A ce propos, le père lui prodigue des conseils «Ne
fréquente que des gens honnêtes…», car, seuls eux peuvent guider tes pas sur le
droit chemin et même te trouver un emploi.
Pour rapprocher Karim de Dieu, son père lui recommande d'accomplir les cinq
prières quotidiennes. Car, Dieu seul nous préserve des malheurs et accorde son
aide. « Ne te laisse jamais entrainer à boire. » Pour terminer, son père lui dit de
ne pas tomber dans un comportement qui ferra honte à sa famille.
En bref, à travers ce texte, Socé décrit la vie à Saint Louis qui empêche le
progrès des jeunes ambitieux.
Par ailleurs, est-on obligé d'assumer la paresse des autres ?

Thème : la littérature
Niveau : 12èmeAnnée
Sous-thème : la littérature africaine
 Objectif Général : Comprendre la littérature africaine.
 Objectifs spécifiques : A l’issue de ce cours l’élève doit être capable de :
- Définir la littérature africaine,
- Retracer les origines de littérature africaine écrite,
- Dégager ses différentes périodes et phases.

13
 Documentation ou supports didactiques : Livres de littérature africaine
''Histoires et Grands thèmes'' ; ''Littérature Nègre'' Jacques Chevrier ;
Internet…
 Moyens Matériels : Craie, Chiffon, Tableau noir…
 Prérequis : Rappeler la leçon précédente.
Résumé :
La littérature est le reflet des réalités d’un peuple au cours de son évolution
historique. Cet art aussi vieux que l’apparition de l’homme sur terre, s’intéresse
toujours à la société en examinant les valeurs et les préoccupations de celle-ci. C’est
pourquoi Roger Caillois disait que : « toute littérature participe d’une civilisation.
Aucun livre ne sort directement des battements d’un cœur. Une littérature existe dans
une société donnée, elle en reçoit l’empreinte et en retour lui imprime une direction. »
Elle est l’une des notions qui ont été les plus altérées (déformées) par l’école
coloniale.
Etymologiquement, le mot ‘’littérature’’ vient du latin ‘’litteratura’’ dérivé de
‘’littera’’ ‘’lettres’’ qui désigne un graphique servant à transcrire une langue.
Donc la littérature signifie l’ensemble des belles lettres. Elle est l’ensemble des
œuvres orales ou écrites à caractère esthétique d’un peuple à un moment donné de
son évolution.
Ainsi, la littérature est l’instrument de mesure des problèmes politiques, économiques
et socioculturels d’une société.
Mais également, toutes les sociétés au cours de leur progression, ont développé soit
oralement ou graphiquement leurs parcours, c’est-à-dire que chaque société a sa
littérature.
Alors, qu’est-ce que la littérature africaine ?
Définition :
Par définition, la littérature africaine est l’ensemble des productions linguistiques à
caractère esthétique qui s’intéressent à la vie politique, économique, sociale et
culturelle du continent africain.
Elle est l’ensemble des œuvres orales ou écrites à caractère esthétique du peuple
africain.
Après des millénaires d’oralité, l’Afrique découvre une littérature écrite grâce à sa
rencontre avec le monde occidental qui s’est faite par le biais de la colonisation.
En effet, les peuples noirs ont connu une histoire dramatique avec des siècles
d’esclavage et de colonisation. C’est pour cette raison qu’on dit que l’énorme trésor
dont dispose l’Afrique en littérature n’a pas jailli du néant, il a été le reflet direct de
cette histoire. C’est aussi le produit d’assez de siècles de réflexion, de transmission
des valeurs culturelles d’une génération à une autre et de dénonciation des abus de
l’administration coloniale.
Pour bien comprendre la littérature africaine d’expression étrangère, il semble
nécessaire de la placer dans un contexte historique qui détermine de nos jours sa
création et les multiples directions de sa cible.
Les différentes périodes de la littérature africaine écrite :
Dans l’évolution de la littérature africaine écrite nous pouvons distinguer deux
grandes périodes.
I-La période coloniale :

14
Pendant cette période il s’est développé en Afrique une littérature coloniale qui a
commencé dans les années 1920 avec la publication de Batouala de René Maran en
1921. Elle a connu deux étapes qui sont :
- La prise des consciences : (1921-1950)
C’est une époque au cours de laquelle les écrivains de la première génération ont mis
en place une littérature de consentement, de démonstration des valeurs culturelles du
continent noir et de démystification de la théorie européenne dite de ‘’table rase’’.
Les représentants de cette littérature furent :
René Maran, Batouala 1921
Ousmane S. Diop, Karim 1935
Aimé Césaire, Le cahier d’un retour au pays natal 1939
Léopold Sédar Senghor, Champs d’ombre 1945
Birago Diop, Les contes d’Amadou Koumba 1947
- Le procès du colonialisme : (1950-1960)
Encore qualifiée de satire de la colonisation, cette littérature, contrairement à la prise
de conscience, est une littérature de démystification systématique de l’entreprise
coloniale. C’est une période au cours de laquelle on assiste à un réquisitoire accablant
contre le système colonial.
Les représentants de cette littérature furent :
Eza Boto, Ville cruelle 1954
Aimé Césaire, Le discours sur le colonialisme 1955
Ferdinand Oyono, Une vie de boy et Le vieux nègre et la médaille 1956
Mongo Béti, Mission terminée 1957
Abdoulaye Sadji, Maïmouna 1958
Ousmane Sembene, Les bouts de bois de Dieu 1960.
II-La période postcoloniale :
La littérature développée pendant cette période est appelée la littérature africaine
postcoloniale, elle a commencé dans les années 1960 avec l’accession des pays
africains à l’indépendance politique.
Cette période connait également deux étapes que sont :
La littérature africaine des indépendances : (1960-1980 /90).
Les problèmes de l’Afrique contemporaine : 1980/90 à nos jours.
Mais pour des mesures de précision, la deuxième période est réservée pour les classes
de terminale.
Thème : La prise de conscience
Sous-Thème : La Négritude
 Objectif Général : Comprendre la Négritude.
 Objectifs spécifiques : A l’issue de ce cours l’élève doit être capable de :
- Définir la Négritude,
- Retracer ses origines,
- Dégager ses objectifs et ses aspects.
 Documentation ou supports didactiques : Livres de littérature africaine
''Histoires et Grands thèmes'' ; ''Littérature Nègre'' Jacques Chevrier ;
Internet…
 Moyens Matériels : Craie, Chiffon, Tableau noir…
 Prérequis : Rappeler la leçon précédente.
Résumé :

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Pour bien comprendre le concept de négritude entant que mouvement politico-
culturel, il serait intéressant de se rappeler du cadre idéologique et historique dans
lesquels il a vu jour.
Résultat d’une prise de conscience faite par les noirs de leur identité, la négritude à
ses débuts était une réaction contre la situation coloniale de l’Afrique.
Le mot évoque le sentiment de frustration éprouvé par l’homme noir dans un monde
où il se sent bafoué, piétiné, aliéné et ségrégué en raison de la couleur de sa peau.
Bien qu’elle soit le fait de quelques étudiants repliés à Paris dans les années 1930, la
négritude a existé bien avant le mot.
Le mouvement avait été préparé par le sociologue afro-américain Dr W.E.B Du Bois
et les poètes du mouvement de la négro-renaissance américaine, première forme
d’identité noire dans les années 1920.
Les organes précurseurs du mouvement de la négritude :
C’est la multiplication des efforts de part et d’autre qui avait donné naissance à la
négritude. Cette multiplication s’explique par la naissance à Paris, parfois de façon
éphémère d’une série de petites revues.
 En 1926, la revue Race Nègre créée par Lamine Senghor et Garan Tiémoko
Kouyaté ;
 En 1931, la revue du Monde Noir créée par Paulette Nardal, René Maran et
Léo Sajous ;
 En 1932, la revue Légitime Défense par des étudiants antillais dont : Etienne
Lérot, Thélus Lérot, Jules-Marcel Monnerot, Pierre Yoyotte, René Ménil…
 En 1934, le journal Etudiant Noir : de façon limitative et précise, la négritude
est le travail d’une minorité d’intellectuels africains et africanistes. Elle prend
naissance dans les années 1934 au quartier latin (Paris) autour de la revue étudiant
noir, journal animé par le martiniquais Aimé Césaire, les Guyanais Léon Damas et
Guy Tyrolien, les sénégalais Léopold Senghor, Birago Diop, Ousmane S. Diop,
Alioune Diop, le malgache Jacques Rabemananjara.

Dès sa naissance, le mouvement se définit en s’opposant à la théorie européocentriste


dite de ‘‘table rase’’ qui faisait de l’Afrique un continent monstrueux, habité par un
peuple sauvage, un peuple barbare, un peuple sans culture, sans civilisation et sans
passé.
Pour bien comprendre le contexte dans lequel est née la négritude, il faut sans doute
écouter son champion Léopold Senghor qui dit : « Nous étions alors plongés avec
quelques autres étudiants noirs dans une sorte de désespoir panique. L’horizon était
bouché. Nulle reforme en perspective. Les colonisateurs légitimaient notre
dépendance politique et économique par la théorie de la table rase. Nous n’avions
estimaient-ils rien inventé, rien crée, ni sculpté, ni peint, ni chanté. Des danseurs ! Et
encore… Pour asseoir une révolution efficace, il nous fallait d’abord nous débarrasser
de nos vêtements d’emprunts, ceux de l’assimilation ; et affirmer notre être, c’est-à-
dire, notre négritude. »
Et pour Césaire, l’histoire des nègres est un drame en trois épisodes : « Les nègres
furent d’abord asservis… Puis on tourna vers eux un regard plus indulgent (…) et on
a essayé de les former, on les a assimilé (…). Les nègres d’aujourd’hui ne veulent ni
asservissement ni assimilation, ils veulent l’émancipation. »
Définitions :

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Le mot négritude est un néologisme, un vocabulaire technique utilisé par les auteurs
eux-mêmes pour désigner leurs valeurs socioculturelles.
 Pour Senghor : « la négritude est l’ensemble des valeurs civilisationnelles du
monde noir telles qu’elles s’expriment dans la vie et les œuvres du noir. »
Dans cette définition de Senghor, on retrouve un caractère objectif, c’est-à-dire
qu’elle est fondée sur le matériel et l’esthétique, donc les éléments culturels de
l’Afrique (le tam-tam, le balafon, la kora, le tambour…)
 Pour Césaire, la négritude c’est : « la conscience d’être noir. La simple
reconnaissance d’un fait qui implique une acceptation, une prise en charge de son
destin de noir, de sa culture et de son histoire. »
Contrairement à Senghor, Césaire accentue sa définition sur la subjectivité, l’aspect
psychique, c’est-à-dire la manifestation de la fierté d’être noir.
 Pour Alioune Diop : « la négritude est le génie noir et en même temps la
volonté d’en révéler la dignité. »
Les objectifs de la négritude :
Pour se faire reconnaitre par une Europe méprisante, oppressante, nihiliste et
négationniste, justifiant sa soit disant mission civilisatrice par la barbarie et le néant
culturel, il fallait pour l’intelligentsia du monde noir de :
o Contester la table rase, une théorie mensongèrement établie ;
o Démontrer les valeurs culturelles du monde noir ;
o Rattacher les noirs à leur culture, à leur civilisation, à leur passé ;
o Prouver au monde occidental l’existence d’une culture ou d’une civilisation
africaine authentique et capable de rivaliser n’importe quelle autre civilisation ;
o Dénoncer les abus du système colonial en Afrique…

Les aspects de la négritude :


On peut résumer les aspects de la négritude avec la classification de Louis Vincent
Thomas selon qui, la négritude a connu quatre (4) aspects :
 La négritude douloureuse :
Le poète communique avec son peuple tout en rejetant l’occident.
 La négritude agressive :
C’est un moment de révolte et de dénonciation de l’occident.
 La négritude sereine :
Moment de réconciliation et désir d’accéder à la civilisation de l’universel.
 La négritude triomphante :
Les poètes et hommes de culture noirs revendiquent la paternité de la civilisation.
Ce mouvement de la négritude servira de tremplin à une importante production
d’œuvres littéraires d’bord dominées par la poésie (1930-1950) et par la suite, par le
roman (1950-1960).

TEXTE : La messe à Dangan

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Dans l'église Saint-Pierre de Dangan, les blancs ont leurs places dans le transept,
à côté de l'autel. C'est là qu'ils suivent la messe, confortablement assis dans des
fauteuils de rotin recouvert de coussins de velours. Hommes et femmes se
coudoient.

… La nef de l'église, divisée en deux rangées, est uniquement réservée aux


noirs. Là, assis sur des troncs d'arbre en guise de banc, ils sont étroitement
surveillés par des catéchistes prêts à servir brutalement à la moindre inattention
des fidèles. Ces serviteurs de Dieu, armé de chicottes, font les cent pas dans
l'allée centrale qui sépare hommes et femmes.

Enfin le père Vandermayer, superbe avec sa chasuble étincelante, précédé de


quatre enfants de chœur noirs en rouge et blanc, fit son entrée, une cloche tinta.
La messe commençait. Les catéchistes s'affairaient entre les deux rangées de la
nef. Ils dirigeaient le ballet en donnant de grands coups de paume sur leur livre
de prières. Les fidèles indigènes se levaient, s'agenouillaient, se relevaient,
s'asseyaient pour se relever à la cadence du bruit sourd des paumes. Hommes et
femmes se tournaient ostensiblement le dos pour être sûr de ne pouvoir se
regarder. Les catéchistes guettaient le moindre clin d'œil.

Là-bas, Gosier-d'Oiseau profitait de l'élévation pour presser la main de sa


voisine, tandis que les jambes de madame Salvain se rapprochait
imperceptiblement de celles du commandant.

Ferdinand Oyono

"Une vie boy", éd. Julliard, 1956.

1- Informations sur le texte


Extrait du roman "une vie de boy" publié en 1956, Ce texte est
de l'écrivain camerounais Ferdinand Oyono né à Ebolowa. Il fit
ses études secondaires et supérieures en France. Il fut l'auteur de
trois romans importants :
- Une vie de boy 1956
- Le vieux nègre et la médaille 1956
- Le chemin de l’Europe 1960
2- Compréhension générale du texte
Ce texte narratif en prose fait la peinture de l'église coloniale.
Une maison de Dieu dans laquelle se déroulent l'injustice, la
discrimination raciale et la débauche.

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L'expression coloniale selon laquelle "tous les hommes sont
égaux devant de Dieu" est une mascarade dans cette église, car
les comportements des Européens le prouvent.
3- Analyse détaillée du texte
Tout se déroule dans une église où l'on doit prêcher l'amour du
prochain selon les principes religieux.
Mais que se passe-t-il ?
Dans cette église, l'injustice et le racisme sont les mots d'ordres.
Les blancs se croient plus propres et mieux habillés. Ils veulent
suivre tranquillement la messe en compagnie de leurs femmes,
mais les noirs misérablement assis sur des troncs d'arbres sont
jalousement surveillés par des catéchistes qui n'hésitent pas à la
moindre inattention de fouetter les fidèles nègres.
Faut-il des chicottes pour suivre la messe ?
- Disons que c'est de l'injustice, c'est une occasion de
transformer la conscience des nègres en vue de les
exploiter.
4- Synthèse
Ce texte est important dans la mesure où il montre du doigt
l'hypocrisie et la lâcheté des blancs qui font semblant d'être
chrétiens, porteurs de la parole de Dieu pour exploiter les
africains.

TEXTE : la réflexion du vieux Batouala


Ce roman est donc tout objectif. Il ne tâche même pas à expliquer : Il constate. Il ne s'indigne
pas : Il enregistre. Il ne pouvait en être autrement. Par les soirs de lune, allongé en ma chaise
longue, de ma véranda, j'écoutais les conversations de ces pauvres gens. Leurs plaisanteries
prouvaient leur résignation. Ils souffraient et riaient de souffrir.

Ah ! Monsieur Bruel, en une compilation savante, vous avez pu déclarer que la population de
l'Oubangui-Chari s'élevait à 1 350 0
00 habitants. Mais que n'avez-vous dit, plutôt, que dans tel petit village de l'Ouahm, en 1918,
on ne comptait plus que 1 080 individus sur les 10 000 qu'on avait recensés sept ans
auparavant ? Vous avez parlé de la richesse de cet immense pays. Que n'avez dit que la
famine y était maitresse ?
Je comprends. Oui, qu'importe à Sirius que dix, vingt ou même cent indigènes aient cherché,
en un jour d'innommable détresse, parmi des chevaux appartenant aux rapaces qui se
prétendent leurs bienfaiteurs, les grains de maïs ou de mil non digérés dont ils devaient faire
leur nourriture !

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Montesquieu a raison, qui écrivait, en une page où, sous la plus froide ironie, vibre une
indignation contenue : « Ils sont noirs des pieds jusqu'à la tête, et ils ont le nez si écrasé qu'il
est presque impossible de les plaindre ».
Apres tout, s'ils crèvent de faim par milliers, comme des mouches, c'est que l'on met en valeur
leur pays. Ne disparaissent que ceux qui ne s'adapte pas à la civilisation.
Civilisation, civilisation, orgueil des Européens et leur charnier d'innocent, Rabindranath
Tagore, le poète hindou, un jour, à Tokyo a dit ce que tu étais !
Tu bâtis ton royaume sur des cadavres. Quoi que tu veuilles, quoi que tu fasses, tu te meus
dans le mensonge. A ta vue, les larmes de douleur de crier. Tu es la force qui prime le droit.
Tu n'es pas un flambeau, mais un incendie. Tout ce à quoi tu touches tu le consumes…
Honneur du pays qui m'a tout donné, mes frères de France, écrivains de tous les partis ; vous
qui, souvent, disputez d'un rien, et vous déchirez à plaisir, et vous réconcilier tout à coup,
chaque fois qu'il s'agit de combattre pour une idée juste et noble, je vous appelle au secours,
car j'ai foi en votre générosité…
Que votre voix s'élève ! Il faut que vous aidiez ceux qui disent les choses telles qu'elles sont,
non pas telles qu'on voudrait qu'elles fussent. Et plus tard, lorsqu'on aura nettoyé les suburres
coloniales, je vous peindrai quelques-uns de ces types que j'ai déjà croqués, mais que je
conserve, un temps encore, en mes cahiers. Je vous dirai qu'en certaines régions, de
malheureux nègres ont été obligés de vendre leurs femmes à un prix variant de vingt-cinq à
soixante-quinze francs pièces pour payer leur impôt de capitation. Je vous dirai …
Mais, alors, je parlerai à mon nom et non pas au nom d'un autre ; ce seront mes idées que
j'exposerai et non pas celles d'un autre. Et, d'avance des Européens que je viserai, je les sais si
lâches, que je suis sûr que pas un n'osera me donner le plus léger démenti.
René Maran
"Batouala". Extrait de la préface
I- Informations sur le texte
Ce texte est un extrait du martiniquais d’origine guyanaise René
Maran né en 1887 à la Martinique. Il est extrait de son œuvre
intitulée ‘’Batouala’’, roman publié en 1921.
Batouala chez son auteur exprime une prise de conscience lucide
et douloureuse de la situation des noirs en période coloniale.
II- Compréhension générale du texte
Ce texte narratif de Maran marque la prise de conscience
africaine. A travers lui l'on découvre les conditions dans
lesquelles les noirs ont démystifié la colonisation et ont su
distinguer toute la différence entre la civilisation et la
colonisation. C'est cette démonstration qui fut appelée la prise de
conscience.
III- Questions de compréhension
1- pourquoi l'auteur dans sa préface déclare : «Ce roman est
donc tout objectif…………il enregistre» ?

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A travers ces expressions, René Maran se place dans la logique
des romanciers qui reproduisent fidèlement la réalité. C'est
pourquoi il montre qu'il n'a fait aucune invention pour écrire son
roman, mais plutôt il a retracé ce qu'il a vu, c’est-à-dire,
l’exploitation de l’homme noir par l’homme blanc.
2- Quel est le passage du texte qui illustre l'inconscience des
noirs avant 1921 ?
- Ils souffraient et riaient de souffrir.
3- Relevez dans le texte le passage qui témoigne l'assassinat
des noirs au nom de la civilisation.
- Ne disparaissent que ceux qui ne s'adaptent pas à la civilisation.
4- Relevez les passages qui symbolisent la prise de
conscience africaine.
- Civilisation, civilisation, orgueil des européens et leur
charnier d'innocents. Tu bâtis ton royaume sur des
cadavres, tu es la force qui prime le droit. Tu n'es pas un
flambeau mais un incendie. Tout ce à quoi tu touches tu le
consumes.
5- Pourquoi René Maran lance-t-il un appel à ses
compatriotes noirs ?
- C'est pour dire les choses comme elles sont et non pas
comme l'Europe voudrait qu'elles fussent.
IV- Synthèse
Ce texte est important car il a été le premier signe avant-coureur de la prise
de conscience. C'est justement la raison pour laquelle le roman a été un
scandale et son auteur fut révoqué de son poste d'administrateur colonial.
TEXTE : Les ‘’errements’’ de l’administration coloniale

La large vie coloniale, si l’on pouvait savoir de quelle quotidienne bassesse elle
est faite, on en parlerait moins, on en parlerait plus. Elle avilit peu à peu. Rares
sont, même parmi les fonctionnaires, les coloniaux qui cultivent leur esprit. Ils
n’ont pas la force de résister à l’ambiance. On s’habitue à l’alcool. Avant la
guerre, nombreux étaient les Européens capables d’assécher à eux seuls plus de
quinze litres de pernod en l’espace de trente jours. Depuis hélas ! J’en ai connu
un qui a battu tous les records. Quatre-vingt bouteilles de Whisky de traite.
Voilà ce qu’il a pu boire en un mois.
Ces excès et d’autres, conduisent ceux qui y excellent à la veulerie la plus
abjecte. Cette abjection ne peut qu’inquiéter de la part de ceux qui assument la
responsabilité des maux dont souffrent à l’heure actuelle certaines parties du
pays des Noirs.

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C’est que pour avancer en grade, il fallait qu’ils n’eussent « pas d’histoires ».
Hantés de cette idée, ils ont abdiqué toute fierté, ils ont hésité, temporisé, menti
et délayé leurs mensonges. Ils n’ont pas eu le courage de parler. Et à leur anémie
intellectuelle l’asthénie morale s’ajoutant, sans un remords, ils ont trompé leur
pays.
C’est à redresser tout ce que l’administration désigne sous l’euphémisme
« d’errements » que je vous convie. La lutte sera serrée. Vous allez affronter des
négriers. Il vous sera plus dur de lutter contre eux que contre des moulins. Votre
tâche est belle. A l’œuvre donc et sans attendre. La France le veut !
René Maran
Préface de Batouala.
Ed. Albin Michel, 1921.

1- Information sur le texte


Extrait de la préface de "Batouala" publié en 1921. Ce texte est de
l'écrivain martiniquais René Maran né en 1887. Il fut le premier à
dénoncer les méfaits de la colonisation dans son ouvrage intitulé
"Batouala".
2- Compréhension générale du texte
Dans ce texte l'auteur met en évidence les abus des
administrateurs coloniaux. Ces colons qui se sont transformés
en consommateur d'alcool. Une pratique qui a affecté les
comportements des indigènes.
3- Analyse détaillée du texte
D'une manière générale, René Maran évoque les comportements
des colons à travers leur gestion male saine de la société.
L'alcoolisme qui se développe en eux pousse les colons à la
violence.
L'auteur montre aussi la paresse des administrateurs coloniaux ce
qui fait que leur gestion laisse à désirer.
Plus loin, René Maran se fixe comme objectif le redressement de
l'administration coloniale si possible de demander son départ. Une
mission qui semble être difficile mais noble afin de libérer le
continent africain du colonialisme. Pour ce fait il compte sur le
courage de ses frères intellectuels.
4- Synthèse
Ce texte est d'une grande importance dans la mesure où tous les
faits dénoncés ne sont pas imaginaires, ils ont été vécus par
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l'auteur lui-même pendant son service en Afrique entant
qu'administrateur colonial.

Cours de Français :
Thème : Le procès du colonialisme.
 Objectif Général : Comprendre le procès du colonialisme.
 Objectifs spécifiques : A l’issue de ce cours l’élève doit être capable de :
- Définir le procès du colonialisme,
- Parler des types de procès faits contre la colonisation.
 Documentation ou supports didactiques : Livres de littérature africaine
''Histoires et Grands thèmes'' ; ''Littérature Nègre'' Jacques Chevrier ;
Internet…
 Moyens Matériels : Craie, Chiffon, Tableau noir…
 Prérequis : Rappeler la leçon précédente.
Motivations :
Devant toutes les brimades qu’a connues le noir, à quoi pouvait-on s’attendre ?
- A une réaction violente des noirs ; c’est le procès du colonialisme.
Quelles sont les critiques formulées par les noirs contre le système colonial ?
- La destruction des structures politiques, économiques, sociales et culturelles de
l’Afrique au nom de la ‘’civilisation’’.
Aperçu Général :
Après la prise de conscience et le rôle joué par les intellectuels noirs pour prouver au
monde occidental l’existence des valeurs culturelles de l’Afrique, nous voici au
procès du colonialisme.
En effet, soucieux du sort de l’Afrique et de la problématique du développement, ils
créèrent à partir des années 1950 une littérature de combat et de révolte pour
remplacer celle de l’exaltation de la peau noire et des valeurs de l’homme noir.
Mais qu’est-ce donc le procès du colonialisme ?

DEFINITIONS :
 Le procès du colonialisme est la dénonciation sans complaisance des
duplicités, des rapacités, des abus, des mensonges, des errements de l’administration
coloniale en Afrique.
 C’est la volonté des peuples opprimés, larbinisés, escroqués, dupés, maltraités
et violentés à cause de la couleur de leur peau, d’accéder à leur souveraineté
nationale.
 Il est une littérature de dénonciation et de démentellement systématique de
l’entreprise coloniale.

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D’une manière générale, après avoir pris conscience de l’aliénation politique,
économique et socioculturelle, les intellectuels africains et africanistes vont dresser
un sévère réquisitoire contre le système colonial.
Les écrivains de la première génération vont pointer un doigt accusateur sur tous les
aspects de la politique coloniale.
a. Le procès politique :
Il est l’ensemble des critiques formulées par les intellectuels noirs contre le système
de gouvernance mis en place par l’administration coloniale.
Politiquement, les écrivains ont montré que la colonisation est un système qui a
détruit les structures politiques traditionnelles du continent noir. Les chefferies
traditionnelles sont remplacées par des structures coloniales qui facilitent
l’exploitation de la population indigène.
Dans son ouvrage qui fait école, intitulé How Europe Under developed Africa (1982),
Walter Rodney illustre, sans l’ombre d’un doute, que la plupart des maux dont
souffre actuellement l’Afrique sont en réalité hérités de l’époque coloniale. Les
apologistes de la soi-disant « mission civilisatrice » pourraient soutenir que le
colonialisme n’a pas été entièrement un fléau pour le peuple africain, et même
affirmer que la colonisation a fait du bien aux africains. Un tel raisonnement a sans
doute une certaine force de persuasion, mais n’en est pas moins fallacieux. La vérité,
c’est que le colonialisme était une machine à sous, tout comme le concept tout entier
de « mission civilisatrice » était une farce. Comme le souligne Aimé Césaire « Une
civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde ». Qu’est-ce
que les colonisateurs avaient derrière la tête, quand ils sont venus coloniser
l’Afrique ? Comment comptaient-ils se colleter avec les multiples cultures qui
existaient en Afrique ? Ont-ils conçu l’incorporation de cultures autochtones dans la
culture de la métropole ? Ce sont là sans doute des questions oiseuses, puisque le
développement des colonisés était considéré comme étant l’antithèse de la mission
colonisatrice. Les administrations coloniales ont construit des routes, des écoles et
des hôpitaux, mais pas dans le but de servir les africains. Les rares routes qu’ils ont
construites devaient servir à transporter les matières brutes vers leurs industries en
Occident, et les écoles à former des auxiliaires administratifs, des africains semi-
alphabètes qui les assisteraient dans l’administration coloniale. Ce serait malhonnête
que d’affirmer que le colonialisme, l’étape suprême de l’impérialisme, était conçu en
vue du bien-être des africains. Ngugi wa Thiongo soutient que « l’impérialisme n’est
pas un slogan, c’est une réalité. Il est palpable dans son contenu et sa forme, dans
ses méthodes et ses effets »
En réalité, ce que les maîtres coloniaux présentaient comme étant le « développement
de l’Afrique’ était l’expression cynique de l’exploitation injustifiable des ressources
matérielles et humaines de l’Afrique.
Durant les nombreuses années de régime colonial en Afrique, le continent stagnait
pendant que le reste du monde faisait des bonds de géant. Pendant toutes ces années
de servitude coloniale, l’Afrique a perdu toute chance de prendre en mains son destin.
Il est incontestable que quiconque perd le pouvoir perd inévitablement le contrôle sur
son propre destin, et c’est exactement ce qui est arrivé aux africains colonisés. Le
pouvoir détermine jusqu’où un peuple peut survivre en tant qu’entité. Être obligé de
soumettre entièrement son pouvoir à un autre constitue une forme de sous-
développement. Le colonialisme a dépossédé l’Afrique de sa base de pouvoir.

24
Aimé Césaire dans ‘’Discours sur le colonialisme’’ affirme : « on me parle de tyrans
locaux mis à la raison ; mais je constate qu’en général, ils font très bon ménage avec
les nouveaux et que de ceux-ci aux anciens et vice-versa, il s’est établi au détriment
des peuples, un circuit de bon services et de complicités. »
Ces intellectuels noirs ne vont jamais oublier l’aspect génocidaire de la colonisation
avec les différentes guerres de conquête, la corvée et les brutalités policières.
Paul Niger parle de : « tant de villes rasées, tant de personnes exterminées, tant de
peuples passés à l’épée. »
Et à René Maran de faire parler son personnage le vieux Batouala en ces
termes : « nous ne sommes que des chairs à impôt. Nous ne sommes que des bêtes de
portage. Des bêtes ? Même pas. Un chien ? Ils le nourrissent, et soignent leur cheval.
Nous ? Nous sommes, pour eux, moins que ces animaux, nous sommes plus bas que
les plus bas. Ils nous crèvent lentement. »
b. Le procès économique :
Le procès économique est l’ensemble des dénonciations formulées par les écrivains
noirs contre l’exploitation abusive des ressources de l’Afrique par les puissances
colonisatrices.
Ainsi, économiquement les intellectuels ont montré que la colonisation est une vaste
entreprise de pillage des richesses du sol et du sous-sol du continent, occupation des
terres cultivables, vol et travaux forcés, impôts de capitation.
Pour James N’Gugni : « l’homme noir est réduit en une machine de production avec
les travaux forcés, les prestations, les impôts. »
Aimé Césaire dans son pamphlet le ‘’Discours sur le colonialisme’’ publié en 1955
s’indigne en ces termes : « on m’en donne plein la vue de tonnage de coton ou de
cacao exporté, d’hectares d’olivier ou de vignes plantés…
Moi je parle d’économies naturelles, d’économies harmonieuses et viables,
d’économies à la mesure de l’homme indigène désorganisées. De cultures vivrières
détruites, de sous alimentations installées, de développement agricole orienté selon le
seul bénéfice des métropoles, de rafles de produits, de rafles de matières premières. »
Au 1er congrès des écrivains et artistes noirs tenu à Paris en 1956, Alioune Diop
parlant des difficultés auxquelles est confrontée l’Afrique affirme : « … Nos
souffrances n’ont rien d’imaginaires. »
René Maran dans ‘’Batouala’’ montre que dans certaines régions d’Afrique de
malheureux nègres ont été obligés de vendre leur femmes à un prix variant de vingt-
cinq (25) à soixante-quinze (75) francs pièces pour payer leur impôts de capitation.
c. Le procès social :
C’est le réquisitoire formulé par les hommes de culture contre les comportements
inhumains des colons en Afrique.
En effet, la colonisation avait nié à l’homme noir son statut d’être humain. Partout sur
le contient le noir est victime de ségrégation raciale, celle-ci se manifestait dans tous
les aspects de la vie sociale.
La ville, elle-même était divisée en deux quartiers, un quartier riche et moderne
réservé aux blancs où pratiquement on pouvait trouver tout, et généralement interdit
aux indigènes, et un quartier misérable pour les noirs où on ne trouve aucune
infrastructure moderne. Cette discrimination apparait jusque dans les églises où les
blancs ont des places confortables et des noirs sur des troncs d’arbre, pire, les notions
de famille, de clan ou de tribu si précieuses aux yeux des africains furent bafouées
par l’administration coloniale.
25
d. Le procès culturel :
Il est l’ensemble des critiques formulées par les écrivains noirs contre l’assimilation
dont étaient victimes les peuples africains. L’occident avec sa théorie de la table rase
avait considéré l’Afrique comme étant un continent monstrueux habité par un peuple
barbare à qui il fallait apporter la civilisation.
Cependant, les intellectuels vont montrer les fondements racistes de cette théorie
coloniale, car, la colonisation avait été synonyme de mépris culturel pour l’Afrique.
Ainsi dit, la colonisation est cette vaste entreprise commencée depuis très longtemps
et progressivement et rationnellement perfectionnée, au point d’en arriver à menacer
du plus grave péril à la fois la vie et la santé des peuples, leur culture et leur foi.
Pour Alioune Diop(Paris 1956) : « c’est la plus gigantesque entreprise intéressant la
vie de plusieurs centaines de millions d’êtres, réduits à la sous-alimentation, à
l’ignorance, à l’impuissance culturelle, au désarroi spirituel. C’est pour ainsi dire une
entreprise d’extermination au moins morale, savamment progressive, de plusieurs
peuples… »
Ce système qui va à l’encontre du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ne
pouvait s’appuyer sur le droit, il prend appui sur la force : exactions de toutes sortes ;
brutalités policières ; confiscation des terres ; corvées ; violences meurtrières…

TEXTE : violences
Monsieur est encore parti ce matin. Cet homme est infatigable. J’ai peur. Ce nouveau départ
ne me laisse rien présager de bon. Sa présence était ma sécurité. Que me réserve le silence de
madame ? Elle ne m’appelle plus que par signes. C’est ce qu’elle a fait ce matin en me
remettant la lettre que je devais porter à son amant, si tôt le départ de son mari.
J’ai trouvé le régisseur en train « d’apprendre à vivre » à deux nègres soupçonnés d’avoir volé
chez M. Janopoulos. En présence du patron du cercle Européen, M. Moreau, aidé d’un garde,
fouettait mes compatriotes. Ils étaient nus jusqu’à la ceinture. Ils portaient des menottes et une
corde enroulée autour de leur cou et attachée sur le poteau de la « place de bastonnade » les
empêchait de tourner la tête du côté d’où leur venaient les coups.

26
C’était terrible. Les nerfs d’hippopotame labouraient leur chair et chaque « han » me tenaillait
les entrailles. M. Moreau, échevelé, les manches de chemise retroussées, s’acharnait sur mes
pauvres compatriotes avec une telle violence que je me demandais avec angoisse s’ils
sortiraient vivants de cette bastonnade. Mâchonnant son cigare, le gros Janopoulos lançait son
chien contre les suppliciés. L’animal mordillait leurs mollets et s’amusait à déchirer leur fond
de pantalon.
- Avouez donc bandits ! Criait M. Moreau. Un coup de crosse, Ndjangoula ! Le grand
Sara accourut, présenta son arme et asséna un coup de crosse sur les suspects.
- Pas sur la tête, Ndjangoula, ils ont la tête dure… Sur les reins…
Ndjangoula donna un coup de crosse sur les reins. Les nègres s’affaissaient et se relevaient
pour s’affaisser sous un autre coup plus violent que le premier.
Janopoulos riait. M. Moreau s’essoufflait. Les nègres avaient perdu connaissance.
Nous avons vraiment la tête dure comme le disait M. Moreau. Je m’attendais à voir celle de
mes compatriotes voler en éclats au premier coup de crosse de Ndjangoula. On ne peut avoir
vu ce que j’ai vu sans trembler. C’était terrible ! Je pense à tous ces prêtres, ces pasteurs, tous
ces blancs qui veulent sauver nos âmes et qui nous prêchent l’amour du prochain. Le prochain
du blanc n’est-il que son congénère ? Je me demande devant de telles atrocités, qui peut être
assez sot pour croire encore à tous les boniments qu’on nous débite à l’église et au temple ?
Comme d’habitude, les suspects de M. Moreau seront envoyés à la « crève des nègres » où ils
auront un ou deux jours d’agonie avant d’être enterrés nus au « cimetière des prisonnier ».
Puis le prêtre dira le Dimanche : « Mes chers enfants, priez pour tous ces prisonniers qui
meurent sans avoir fait leur paix avec Dieu. » M. Moreau présentera son casque retourné aux
fidèles. Chacun y jettera quelque chose en plus de ce qu’il avait prévu pour le dernier
commandement de l’église. Les blancs ramasseront l’argent. On a l’impression qu’ils
multiplient tous les moyens de récupérer le peu d’argent qu’ils nous paient !
Pauvres de nous…
FERDINAND OYONO
« Une vie de boy », Ed. Julliard 1956.

I- Informations sur le texte


Ce texte est de l'écrivain camerounais Ferdinand Oyono, grand artisan
du procès du colonialisme. Il est l’auteur de trois romans très
populaires dans la littérature africaine :
- Une vie de boy 1956 ;
- Le vieux nègre et la médaille 1956 ;
- Le chemin de l’Europe 1960.

27
Ce présent texte est extrait de son œuvre intitulée "Une vie de boy"
publiée en 1956 par les éditions Julliard.
II - Compréhension générale du texte
Ce texte en prose met en scène, les scènes d'exaction, d'atrocité, de
torture, de cruauté, de brutalité policière, infligées à la population
indigène par l'administration coloniale en Afrique.
III- Analyse détaillée du texte
Dans ce texte, c'est le personnage principal Toundi Ondoua qui fait
compte de ce qu'il a vécu lorsqu'il fut envoyé à la prison civile pour
remettre une lettre au régisseur de prison Monsieur Moreau, l'amant
de la femme du commandant.
A la prison, il a trouvé à l'interrogatoire deux nègres à qui on obligeait
de reconnaitre un vol qu'ils ignoraient naturellement. Cette
machination a porté des coups durs à ces deux nègres violentés,
torturés et battus jusqu’à la mort.
Pour l'enterrement, les prêtres blancs profiteront de la dite occasion
pour sensibiliser les noirs afin qu'ils se soumettent aux ordres des
patrons blancs. Et en fin les noirs cotiseront pour payer les frais
d'enterrement.
IV- Synthèse
C'est une scène injuste et cruelle que nous décrit l'auteur dans ce texte.
Ce texte pousse à la révolte dans la mesure où les noirs africains
n'avaient aucun droit aux yeux des européens parce que pour eux, ce
sont des barbares, des êtres inférieurs qu’il fallait civiliser.

TEXTE : Colonisation= Chosification


A mon tour de poser une équation : colonisation = chosification.
J'entends la tempête. On me parle de progrès, de « réalisations », de maladies
guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d'eux-mêmes.
Moi, je parle de sociétés vidées d'elles-mêmes, de cultures piétinées,
d'institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de
magnificences artistiques anéanties, d'extraordinaires possibilités supprimées.
On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de
canaux, de chemins de fer.
Moi, je parle de milliers d'hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux
qui, à l'heure où j'écris, sont en train de creuser à la main le port d'Abidjan. Je

28
parle de millions d'hommes arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes,
à leur vie, à la vie, à la danse, à la sagesse.
Je parle de millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le
complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillaient, le désespoir, le
larbinisme.
On m'en donne plein la vue de tonnage de coton ou de cacao exporté, d'hectares
d'oliviers ou de vignes plantés.
Moi, je parle d'économies naturelles, d'économies harmonieuses et
viables, d'économies à la mesure de l'homme indigène désorganisées, de cultures
vivrières détruites, de sous-alimentation installée, de développement agricole
orienté selon le seul bénéfice des métropoles, de rafles de produits, de rafles de
matières premières.
On se targue d'abus supprimés.
Moi aussi, je parle d'abus, mais pour dire qu’aux anciens très réels, on en a
superposé d'autres - très détestables. On me parle de tyrans locaux mis à la
raison ; mais je constate qu'en général ils font très bon ménage avec les
nouveaux et que, de ceux-ci aux anciens et vice-versa, il s'est établi, au
détriment des peuples, un circuit de bons services et de complicité. On me parle
de civilisation, je parle de prolétarisation et de mystification.
Pour ma part, je fais l'apologie systématique des civilisations para-européennes.
AIME CESAIRE

« Discours sur le colonialisme », 1955

COLONISATION = CHOSIFICATION
1- Information sur le texte
Ce texte est extrait de l'œuvre "Discours sur le
colonialisme" publiée en 1955 par l'écrivain martiniquais Aimé
Ferdinand David Césaire né en 1913.
2- Compréhension générale du texte
Dans ce texte, l'auteur fait la satire de l'entreprise coloniale en
exposant les dégâts politiques, économiques et socio-culturels
dont sont victimes les peuples africains.
3- Analyse détaillée du texte
Aimé Césaire défenseur des civilisations noires formule des griefs
contres l'administration coloniale dans son allocution rendu

29
publique en 1955. Dans cet ouvrage, il fait le bilan de la
colonisation.
Commençant son discours, il s'attaque aux abus du système
colonial constituant une menace dangereuse pour la vie des
africains.
Poursuivant son analyse, l'auteur fustige les préjudices qui ont
aliéné, déraciné et assimilé la culture africaine en arrachant les
africains à leur mode de vie, à leur dieux, à leur pensée pour leur
inculquer l'idéologie occidentale.
Ensuite, conscient des dégâts économiques qui ont pillé
systématiquement les ressources agricoles, minières et
énergétiques, Césaire conclut : «Rien de bon ne peut sortir de la
colonisation.»
En fin, pour clore son allocution Césaire s'apitoie sur le sort de la
société africaine victime de torture, d’assujettissement, de travaux
forcés…
4- A la lumière de tout ce qui précède nous remarquons que
Césaire a dressé le bilan accablant et triste du passage de la
colonisation.

Thème : La Littérature française.


 Objectif Général : permettre aux élèves d'avoir une connaissance large sur
la littérature française en général et celle du XXème siècle.
 Objectifs spécifiques : A l’issue de ce cours l’élève doit être capable de :
- Définir la littérature française,
- Retracer ses origines et ses principales étapes.
 Documentation ou supports didactiques : Livre de littérature française
''Histoires et Anthologies'' ; Internet…
 Moyens Matériels : Craie, Chiffon, Tableau noir…
 Prérequis : Rappeler la leçon précédente.
Généralité :
Définition :
Elle est l’ensemble des œuvres et textes à caractère esthétique des écrivains et
intellectuels français du 19ème siècle.
Elle est l’ensemble des productions linguistiques à caractère esthétique qui
s’intéressent à la vie politique, économique, sociale et culturelle de la France du 19 ème
siècle.
Les étapes de la littérature française :

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Elle a connu principalement six (6) étapes qui sont reparties dans ce
tableau ci-dessous :
Siècles Nom du siècle Genres dominants Quelques Auteurs
X-XV ème Le moyen âge (littérature médiévale) Chanson de geste Chrétien de Troyes, Rutebeuf,
Littérature courtoise François Villon, Bernard de
Ventadour, Marie de France…

XV-XVI ème La renaissance (la reforme) Poésie Michel de Montaigne, François


La naissance de l'imprimerie, Roman Rabelais, Louise Labé, Marot…
L'utilisation du français comme
Langue à la place du latin.
XVI-XVII ème Le classicisme Essai Descartes, Corneille, Molière,
roman B. Pascal, Nicolas Boileau,
Jean de la Fontaine…

XVIII ème Siècles des lumières Poésie, Roman, Voltaire, Diderot, Rousseau,
théâtre Montesquieu

XIX ème Siècle de l’ordre moral et des Poésie, Roman, Hugo, René, Staël, Vigny,
révolutions Théâtre Musset, Zola, Stendhal,
Lamartine, Baudelaire,
Pierre Honoré de Balzac …

XX ème Siècle des guerres et de la Théâtre, Roman Louis Aragon, Camus, Valéry,
rupture Malraux, Sartre

Thème : La littérature française.


Sous-thème : La littérature française du XIXème siècle.
 Objectif Général : permettre aux élèves d'avoir une connaissance large sur
la littérature française en général et celle du XIXème siècle.
 Objectifs spécifiques : A l’issue de ce cours l’élève doit être capable de :
- Définir la littérature française,
- Décrire les réalités françaises du XIXème siècle,
- Expliquer la littérature française et les courants littéraires du XIX ème siècle.
 Documentation ou supports didactiques : Livre de littérature française
''Histoires et Anthologies'' ; Internet…
 Moyens Matériels : Craie, Chiffon, Tableau noir…
 Prérequis : Rappeler la leçon précédente.

Résumé :
Un coup d’œil sur le 19ème siècle français révèle avant tout sa complexité et sa
diversité.
Ce siècle est qualifié de celui de l’ordre moral à cause de la succession des courants
littéraires notamment : le romantisme, le réalisme, le naturalisme, le parnasse et le
31
symbolisme. Il est également qualifié de siècle des révolutions à cause de la
succession de sept (7) régimes politiques sont :
1. Le consulat 1799-1804
2. Le premier empire 1804-1815
3. La restauration 1805-1830
4. La monarchie de juillet 1830-1848
5. La seconde république 1848-1852
6. Le second empire 1852-1870
7. La 3ème république 1870-1940
Les courants littéraires du 19ème siècle :
 Le préromantisme :
C’est une littérature née en Allemagne et en Grande-Bretagne où il se fixe pour
objectif l’analyse d’un sentiment résultant du rejet de certaines élites de la révolution
anglaise.
1- Le Romantisme :
C’est un mouvement littéraire né en 1800 en France et fondé sur l’exaltation des
sentiments de ses auteurs.
En 1820 les méditations poétiques de Lamartine marquent le développement du
romantisme en France qui se subdivise en deux types :
- Le romantisme aristocratique
C’est la première forme du romantisme développé par des écrivains français victimes
de la révolution française de 1789. Parmi eux on peut citer : F. R. Chateaubriand,
Mme Germaine de Staël, Alfred de Vigny, Lamartine qui écrit d’ailleurs : « Nulle
part sur terre le bonheur ne m’attend »
- Le Romantisme social
Développé par des auteurs comme Victor Hugo et Balzac, le romantisme social est
fondé sur l’exaltation des sentiments personnels de ses auteurs dans la société.
Ce qui est à remarquer dans cette école, c’est l’emploi de la première personne du
singulier ‘’je’’ qui trouve une place remarquable dans la littérature française du 19 ème
siècle.
Les romantiques parlent de leurs sentiments et non de ceux des autres c’est ce qui
amène en 1850 assez de contestations donnant naissance à un nouveau mouvement
littéraire ‘’le réalisme’’.
2- Le Réalisme et le Naturalisme :
Né du romantisme, le réalisme se révolte contre lui car le goût du rêve, de
l’imagination et du fantastique s’accorde mal avec cette école.
L’idéalisme romantique déformait parfois la réalité pour des raisons sentimentales.
Pour le père fondateur de ce mouvement Pierre Honoré de Balzac : « Le réalisme est
l’histoire des mœurs »
Pour Gustave Flaubert : « Le réalisme observe le produit de la nature tel qu’il se
présente »
Emile Zola avec son naturalisme professe le respect, le fait matériel, l’étude des
hommes d’après leurs comportements dans leur milieu social.
3- Le Parnasse :
C’est un mouvement littéraire intermédiaire fondé sur la poésie. Développé par
Théophile Gautier, le mouvement fini par attirer Leconte de Listle, Mallarmé,

32
Verlaine et Charles Baudelaire. Selon ce mouvement, on doit dépasser l’opposition
qui existe entre le romantisme et le réalisme en utilisant la poésie pour redonner de
l’espoir à la société française.
Il fut une sorte de retour au romantisme mais de façon lyrique et comique.
4- Le Symbolisme :
C’est un mouvement né en réaction contre le réalisme jugé trop proche de la réalité. Il
représente une nouvelle évasion de la poésie vers le monde des idées et des images.
Fondé sur le symbole, ce courant littéraire nous conduit dans un monde supranaturel
(surnaturel).
Selon ses adeptes, l’homme ne peut ni communiquer avec la nature, ni avec les autres
encore moins avec Dieu.
Il s’agit alors de transcender la réalité et de découvrir un monde plus vrai que celui de
la simple reproduction de la nature.
C’est pour cette raison qu’ils s’exclament : « Pour nous point de reportage »
Pour terminer, il faudra retenir que le 19ème siècle français fut un siècle de réalisme du
point de vue littéraire.
TEXTE : Messieurs les jurés
Messieurs les jurés,

L'honneur du mépris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me


fait prendre la parole. Messieurs, je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre
classe, vous voyez en moi un paysan qui s'est révolté contre la bassesse de la
fortune.

Je ne vous demande aucune grâce, continua Julien en affermissant sa voix. Je ne


me fais pont d'illusion, la mort m'attend : elle sera juste. J'ai pu attenter aux jours
de la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages. Madame
de Rénal avait été pour moi comme une mère. Mon crime est atroce, et il fut
prémédité. J'ai donc mérité la mort, messieurs les jurés. Mais quand je serai
moins coupable, je vois des hommes qui, sans s'arrêter à ce que ma jeunesse
peut mériter de pitié, voudront punir en moi e décourager à jamais cette classe
de jeunes gens qui, nés dans une classe inférieure et en quelque sorte opprimés
par la pauvreté, ont le bonheur de se procurer une bonne éducation, et l'audace
de se mêler à ce que l'orgueil des gens riches appelle la société.

« Voilà mon crime, Messieurs, et il sera puni avec d'autant plus de sévérité, que,
dans le fait, je ne suis point jugé par mes pairs. Je ne vois sur les bancs des jurés
quelques paysans enrichis, mais uniquement des bourgeois indignés… »

Pendant vingt minutes, Julien parla sur ce ton ; il dit tout ce qu'il avait sur le
cœur ; l'avocat général, qui aspirait aux faveurs de l'aristocratie, bondissait sur
son siège ; mais malgré le tour un peu abstrait que julien avait donné à la
discussion, toutes les femmes fondaient en larmes. Madame Derville elle-même
avait son mouchoir sur ses yeux. Avant de finir, julien revint à la préméditation,
à son repentir, au respect, à l'adoration filiale et sans bornes que, dans les temps

33
plus heureux, il avait pour madame de Rénal… Madame Derville jeta un cri et
s'évanouit.

Stendhal

"Le rouge et le noir" 1830.

TEXTE : Une enfance malheureuse

Jean Valgean était d'une famille pauvre. Au cours de son enfance, il


n'avait pas appris à lire et à écrire. Il avait perdu à bas âge son père,
puis sa mère. Il ne lui était resté qu'une seule sœur veuve, mère de sept
enfants.
La jeunesse de Jean Valgean dépendait d'une multitude de petites
tâches mal payées, pour soutenir sa sœur et ses enfants. Il arriva qu'un
hiver fut si rude que Jean Valgean n'eut pas d'ouvrages ; la famille que
la misère enveloppait n'eut pas de pain, sept enfants !
Un dimanche soir, Mauber Isabeau, boulanger se disposait à se
coucher quand il entendit un bruit dans sa boulangerie. Il accouru et
arriva à temps pour voir un bras se saisir d'un pain à travers la vitre.
Le boulanger sorti et arrêta le voleur. C'était Jean Valgean.
Il fut traduit devant la justice et condamné à cinq de prison. Il entra en
bagne sanglotant et désespéré. Il sortira sombre et impossible. Que
s'était-il passé dans cette âme d'enfant ?

Victor Hugo

"Les misérables "1862

1- Information sur le texte

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Ce texte est du plus grand écrivain français du XIXème siècle,
Victor Hugo né en 1802 à Besançon à l'Est de la France. Dès l'âge
de dix ans, il compose des vers estimables et s'impose rapidement
dans le monde littéraire français du XIXème siècle. En 1862, il
publie "Les misérables". Dans ce roman, Hugo transmet un
message humanitaire, de générosité envers les pauvres.
2- Compréhension générale du texte
Ce texte montre comment la misère peut détruire des gens.
L'auteur veut surtout souligner que certains actes individuels
coupables trouvent leur origine dans la mauvaise organisation
sociale.
3- Analyse détaillée du texte
Ce texte présente deux étapes décisives dans la vie de Jean
Valgean. Son enfance marquée par le malheur, il est d'une
famille pauvre, orphelin de père et de mère, sans soutient
n'ayant pas accéder à l'instruction la plus élémentaire.
Il travaille prématurément, n'ayant pas d'emploi parce qu'il est
illettré, il sort de prison aigri contre la société et dévient
insensible à tout.
4- Synthèse
Hugo souligne enfin dans ce texte, la misère, l'ignorance et
l'indifférence des riches contribuant largement à dégrader les
pauvres.
5- Recommandation
Pour sauver les pauvres, Victor Hugo propose la solidarité, la
charité et un minimum d'instruction pour tous. Il affirme :
«Améliorer la vie matériel, c'est améliorer la vie morale des
démunis». Quant aux riches il leur rappelle : «qu'il y a une
espèce de honte d'être heureux à la vie de certaines misères».
Et plus loin, il ajoute : «le plus souvent, il suffit d'ouvrir une
école pour fermer plusieurs prisons».

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