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Université de Lomé

FLLA

FRA 275 :
LITTERATURE D’ENFANCE ET DE JEUNESSE
(Unité d’enseignement de littérature d’enfance et de jeunesse ---
3e Semestres de Licence LMD)

MOUMOUNI-AGBOKE A. X.

Université de Lomé
FLLA

1
FRA 275 :
LITTERATURE D’ENFANCE ET DE JEUNESSE
(Unité d’enseignement de littérature d’enfance et de jeunesse ---
3e Semestres de Licence LMD)

MOUMOUNI-AGBOKE A. X.
Bibliographie

. Lectures obligatoires
– LAVERDANT, C. 2004, L’Enfant, le griot et les danseurs, Lomé, Editions de la

2
Rose bleue.

– SENGHOR, L. S. et SADJI, A. 1953, La Belle histoire de Leuk-le-le lièvre, Paris,


Hachette.

· Autres documents

– Bruno, P., 2002. La culture de l’enfance à l’heure de la mondialisation. Paris,


Seuil.

– Ferrier, B. 2009. Tout n’est pas littérature ! La littérarité à l’épreuve des romans
pour la jeunesse. Rennes, France : Presses universitaires de Rennes.
– Lepage, F. 2000. Histoire de la littérature pour la jeunesse : Québec et
francophonies du Canada ; suivie d’un Dictionnaire des auteurs et des
illustrateurs. Orléans, Ontario : Éditions David.
– Martin, M.-C. et Martin, S. 2009. Quelle littérature pour la jeunesse ? Paris,
Klincksieck.

– Pasa, L., Ragano, S et Fijalkow, J. 2006. Entrer dans l’écrit avec la littérature de
jeunesse. Paris, ESF éditeur.
– PERROT, 1999. Jeux et enjeux du livre d’enfance et de jeunesse, Québec,
Éditions du Cercle de la Librairie.
– Pouliot, S. 1994. L’Image de l’autre. Une étude des romans de jeunesse parus
au Québec de 1980 à 1990. Sherbrooke, Québec : Éditions du CRP.
– Prince, N. 2010. La littérature de jeunesse : pour une théorie littéraire. Paris,
Armand Colin.

– Prud’homme, J. 2007. Fonctions identitaires de l’espace en littérature pour la


jeunesse. Dans F. Gervais et M. Noël-Gaudreault (dir.), Littérature de jeunesse
et espaces identitaires (p. 9-17). Osnabrück, Allemagne : ÉPOS français,
Université d’Osnabrück.

– Rouxel, A. et Langlade, G. 2004. Le sujet lecteur. Lecture subjective et


enseignement de la littérature. Rennes, France : Presses universitaires de
Rennes.

Sites internet
- http://ricochet-jeunes.org [Centre International d'études en Littérature de
Jeunesse].
- http://ecoledesloisirs.fr [site de l'école des Loisirs].
- http://www.lajoieparleslivres.com [Centre National du livre pour enfants.

3
Revue des livres pour enfants].
- http:/www.citrouille.net [Association des Libraires Spécialisés jeunesse].
http://edwigechirouter.over-blog.com [De bibliographies d'albums sur des notions de
jeunesse].
- http://ricochet-jeunes.org [Centre International d'études en Littérature de
Jeunesse].
Présentation :
L’unité d’enseignement de Littérature d'enfance et de jeunesse (FRA 275) est assurée
par le Dr. MOUMOUNI-AGBOKE A. X.

Prérequis : Pour suivre cet enseignement, vous devez avoir des connaissances ou
compétences en histoire littéraire (littérature française et littérature africaine).

Objectifs de l’UE
- Objectif général : Cette UE vise à transmettre aux apprenants des connaissances
sur la littérature d’enfance et de jeunesse.

- Objectifs spécifiques : A la fin de l’UE, les étudiants seront capables de :


- Faire maitriser et définir les éléments fondamentaux de l’UE
- Maîtriser l’historique de la littérature d’enfance et de jeunesse
- Reconnaître les différences caractéristiques, fonctions et thèmes
- Analyser des œuvres de Littérature d’enfance et de jeunesse.

Bref descriptif de l’enseignement :


La littérature d’enfance et de jeunesse est programmé en année de licence fondamentale en
vue d’armer et d’équiper les étudiants qui désirent, après leur formation, se tourner vers des
professions en lien avec l’enfance et le livre, ou à des professionnels exerçant auprès
d’enfants et à des professionnels du livre ayant à manipuler des albums. Ce cours s’adresse
à des étudiants se destinant à des professions en lien avec l’enfance et le livre, ou à des
professionnels exerçant auprès d’enfants et à des professionnels du livre ayant à manipuler
des albums. Ce cours s’articule autour de l’introduction à la littérature d'enfance et de
jeunesse, la définition du champ littéraire et l’exploitation des principales caractéristiques :
narrataire enfant, catégories d'âge, récit en images... Histoire et double fonction de cette
littérature : évasion et pédagogie. Étude des problématiques actuelles et parcours guidé
dans quelques œuvres phares. Introduction à l'analyse du discours : texte et images. Sens du
récit et représentation de l'enfance et de la jeunesse.

Cible : Les étudiants du 3e Semestre de Licence LM et 5e semestre Anglais.

Organisation de la formation :
Les leçons sont exécutées en vingt-quatre (24) séances (2hrsIsemaine) et

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renferment des cours théoriques en ligne et en présentiel, des travaux pratiques et
personnels. Un devoir sur table (obligatoire) permet de vérifier, en cours de chemin,
l’acquisition des compétences.

Critères d’évaluation :
- Évaluation en cours d’apprentissage : L’évaluation peut prendre les types
d’activités suivants : DST, Exposé, Devoir de maison, compte rendu de lecture,
production lors des activités sur la plateforme, etc. et ces évaluations compteront
40% dans la validation de l’UE.
- Examen final : L’évaluation finale prendra la forme d’un examen écrit final
qui prendra en compte 60% dans la validation de l’UE.

Date de mise à jour : Février 2021.


SOMMAIRE
Bibliographie…………………………………………………………………………........3
Présentation………………………………………………………………………….…….4
Pré-requis…………………………………………………………………………………..4

Leçon 1 : Qu’est-ce-que la littérature d’enfance ou de jeunesse ?................................6.

Leçon 2 : Historique……………………………………………………………………..9

Leçon 3 : Fonctions de la Littérature d’enfance et de jeunesse……………................11

Leçon 4 : Thèmes et Prix littéraires………………………………………………….....14.

Leçon 5 : La littérature d’enfance et de jeunesse en Afrique…………..………….......17

Leçon 6 : Image et illustration…………………………..……………………….……...19

Leçon 7 : Albums en littérature d’enfance et de jeunesse…………..…………….......22

5
Leçon 8 : Cas d’une œuvre illustrative : L’enfant, le griotet lesdanseurs……………24

Leçon 9 : Présentation de La belle histoire de Leuk-le-lièvre………………………....28

Leçon 10 : Travaux dirigés : La belle histoire de Leuk-le-lièvre ………………..……32

Leçon 11 : Travaux dirigés : La belle histoire de Leuk-le-lièvre (suite)…………........41

Annexe……………………………………………………………………………………45

Leçon1: QU’EST-CE QUE LA


LITTERATURE D’ENFANCE ET DE
JEUNESSE ?
-----------------------------------------------------------------------Objectif :
A la fin de cette première leçon inaugurale, l’étudiant (e) devrait être en mesure
de définir la littérature d’enfance ou de jeunesse et la littérature pour la
jeunesse.
La littérature d'enfance et de jeunesse est un genre littéraire qui a émergé
à partir du XIXe siècle et a pris de l'importance au cours du XXe siècle. Ce
secteur, régi par des lois différentes des autres éditions, est issu d'une histoire
spécifique.
1. Définition
1.1. La littérature d’enfance et de jeunesse
La littérature destinée aux enfants est appelée littérature d’enfance et de
jeunesse. La littérature d’enfance et de jeunesse constitue donc l’ensemble
des livres destinés à la jeunesse, depuis la petite enfance jusqu’à

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l’adolescence ou comme l’ensemble des œuvres spécialement écrites pour les
enfants ou les adolescents, ou de livres écrits pour des adultes qui sont
devenus, par leur thème, traditionnellement, des lectures pour les jeunes. Elle
comprend des contes, des fables, des poèmes et des romans. Des ouvrages
de sciences et d’histoire, entre autres sujets, sont aussi écrits spécialement
pour les enfants. La littérature de jeunesse peut aussi prendre la forme de
livres illustrés ou de courts romans. Les livres illustrés comprennent surtout
des dessins, et peu de texte. Ils s’adressent aux plus jeunes. Les courts
romans s’adressent à des lecteurs plus âgés, et ils sont souvent divisés en
chapitres.

1.2. La littérature pour l’enfance et pour la jeunesse


La littérature pour la jeunesse, comme son nom l’indique, est une
littérature écrite à l’intention des enfants par les adultes. La proposition
« pour » apparaît donc fort important ici. On voit souvent utiliser l’expression
« littérature de jeunesse « pour désigner les œuvres destinées aux jeunes
lecteurs. Or, cette dernière désigne plus particulièrement les œuvres écrites
par un auteur jeune alors qu’il était jeune. Les Anglais lui donnent le nom de
Juvenilia. Nous pouvons prendre l’exemple de Charlotte Brontë, une écrivaine
anglaise du XIXe siècle. En effet, Brontë, au cours de son enfance, a écrit avec
son frère Patrick Branwell Brontë des centaines de pages décrivant l’univers
d’un monde fantastique auxquels ils donnent le nom d’Angria. Ainsi,
l’ensemble de cette œuvre, qui a pour ailleurs été publiée au XXe siècle, peut
être rangée sous l’appellation « littérature de jeunesse » puisqu’elle a été
rédigée par la jeune Charlotte. Ce sont ses premiers balbutiements en tant
qu’écrivain que l’on retrouve dans ces pages : il s’agit de « littérature de
jeunesse ».

2. La naissance de la littérature d’enfance et de jeunesse


La littérature pour la jeunesse est, elle-même, jeune : rien n'est écrit
spécifiquement pour les enfants avant la seconde moitié du XVIIIe s. Au XVIIe s.,
alors que le tendre Louis XIV se délecte à lire l'Histoire d'Alexandre de
Quinte-Curce, les jeunes aristocrates se passionnent pour les Vies parallèles
des hommes illustres de Plutarque et pour le Don Quichotte (1605-1615) de
Cervantès. En effet, à cette époque, l'enfant, s'il veut lire, n'a pendant
longtemps d'autre alternative que de confisquer à son profit des récits écrits
pour les adultes – épopées antiques ou romans de chevalerie. Les seuls livres
composés à l'intention des enfants sont des ouvrages à caractère

7
pédagogique, conçus pour accompagner un enseignement moral et religieux :
ainsi, l'Orbis pictus (1658) de Comenius, véritable encyclopédie illustrée pour
l'enseignement du latin, ou les Aventures de Télémaque (1699) de Fénelon,
roman éducatif d'aventures et de voyages, écrit pour le duc de Bourgogne,
petit-fils de Louis XIV. Mais, hormis les « élèves » auxquels ils sont destinés,
ces livres ne rencontrent jamais réellement un jeune public. Au demeurant,
très peu d'enfants apprennent à lire. Ce n'est qu'à partir des années 1750, avec
la bourgeoisie des Lumières, et plus encore au XIXe s., avec notamment la loi
Guizot sur l'enseignement primaire (1833), qu'un nombre significatif d'enfants
sera alphabétisé.

La littérature d’enfance et de jeunesse naît véritablement avec la création


d'une édition spécifiquement adaptée. La révolution vient d'Angleterre : en
1750, à Londres, John Newbery (1713-1767) crée la première librairie-maison
d'édition destinée aux enfants. Entouré d'une équipe composée d'écrivains et
d'illustrateurs, il est le premier à trouver un ton et un type de présentation
susceptibles d'attirer le jeune public. Collecteur de nursery rhymes – ces
comptines à l'humour absurde transmises oralement depuis des siècles –,
Newbery connaîtra le succès avec Goody Two Shoes (1765), et surtout avec
Mother Goose Melody (1791), recueil inspiré par les Contes de ma mère l'Oye.
En France, en revanche, les premières œuvres littéraires écrites
8
explicitement pour la jeunesse demeurent du domaine de l'éducation : dans le
Magasin des enfants (1757), Mme Leprince de Beaumont transmet aux jeunes
lecteurs des conseils et des enseignements par le biais de dialogues entre une
gouvernante et ses élèves – dialogues entrecoupés de courts récits
merveilleux, comme la Belle et la Bête, qui restera son conte le plus célèbre. À
la même époque, s'inspirant de la revue Der Kinderfreund publiée par l'écrivain
allemand Christian Felix Weisse, Arnaud Berquin lance le premier périodique
mensuel, l'Ami des enfants (1782). Contes, pièces de théâtre et historiettes à
intention moralisante mettent cette fois en scène les enfants dans leur
quotidien. Le succès rencontré engage Berquin à poursuivre ses travaux avec
l'Ami des adolescents (1784). La postérité ne gardera pourtant que le terme de
« berquinades » pour désigner des œuvres mièvres et moralisatrices.
De la Révolution française jusqu'aux premières années du XIXe s., la
littérature d’enfance et de jeunesse ne connaît pas de bouleversements
majeurs. Elle conserve sa vocation pédagogique, même si une tendance plus
ludique, faisant appel à l'image et au jeu, commence à se faire jour.

3. La littérature pour la jeunesse : une littérature intentionnelle


Parler de « littérature pour la jeunesse, c’est se référer à toutes les
productions écrites par les adultes pour les enfants. Il s’agit donc d’œuvres
dont la création sous-entend une disposition particulière chez l’écrivain qui sait
s’adresser à des enfants ou à des adolescents. Des choix s’imposeront à
l’auteur pour la jeunesse dans la mesure où il connaît, au moment même de la
production de l’œuvre, le public cible auquel il s’adresse. Dans ce cas, on peut
parler de littérature intentionnelle.
En fait, outre les œuvres intentionnelles, le corps de la littérature pour la
jeunesse est composé d’un grand nombre d’œuvres adaptées. L’adaptation
des œuvres de la littérature générale donnera également un ensemble très
riche de titres qui, cela dit, n’étaient pas au départ destinés aux enfants. La
littérature pour la jeunesse, parce qu’elle est destinée à un jeune public et
parce que toute une machine éditoriale s’est développée autour d’elle, est une
littérature qui s’écrit fréquemment sous contrainte. Connaissant d’avance son
lectorat, l’auteur pour la jeunesse doit faire des choix.
Ces choix relèvent de différents aspects de l’œuvre. On peut penser, entre
autres, aux éléments suivants : le vocabulaire utilisé, la structure de l’histoire,
le système des personnages, les valeurs véhiculées, etc. Par ailleurs, certaines
contraintes sont le plus souvent relayées par les maisons d’édition qui
souhaiteraient harmoniser leur production et demandent aux auteurs de
respecter certaines règles dans le but de cibler un groupe d’âge précis : limite
de nombre de mots par phrase, longueur des chapitres, nombre de page de

9
l’œuvre, etc.

Leçon 2: HISTORIQUE
-----------------------------------------------------------------------Objectif :

A la fin de cette deuxième leçon, l’étudiant (e) devrait être en mesure de de


reconnaître l’historique de la littérature d’enfance ou de jeunesse.
Histoire de la littérature d'enfance et de jeunesse

Les premiers écrits pour la jeunesse, comme ceux de Charles Perrault, ne


lui étaient en fait pas réservés ; ils s'adressaient aux adultes autant qu'aux
enfants. Le premier livre destiné spéficiquement à un enfant (le dauphin) est
Les Aventures de Télémaque (1699) de Fénelon. C'est avec Jeanne-Marie
Leprince de Beaumont que sont écrits les premiers contes spécifiquement
destinés à la jeunesse. À la même époque, le jeune public s'approprie les
Gulliver, Don Quichotte et, bien sûr, Robinson Crusoé, recommandé par
Rousseau.

Au XIXe siècle apparaissent les libraires d'éducation (éditeurs). Louis


Hachette, d'abord spécialisé dans les manuels scolaires, investit l'édition de
loisir à partir de 1850. Grace à l'implantation des kiosques dans les gares, il
vendra à partir de 1853 sept collections destinées aux voyageurs et dont une
seule, à couverture rose, perdurera, avec des auteurs tels que la comtesse de
Ségur ou Zénaïde Fleuriot. Appelée par la suite la Bibliothèque rose, elle est
depuis rénovée régulièrement et continue à connaître le succès.

En 1843, Jules Hetzel publie le Nouveau magasin des enfants. Puis, en


1864, de retour d'exil, il publie le Magasin d'éducation et de récréation destiné
à la lecture en famille. Le projet est de faire collaborer les savants, les
écrivains et les illustrateurs dans le but de réconcilier la science et la fiction, de
mettre l'imagination au service de la pédagogie. C'est une position difficile à
tenir dans un climat positiviste, mais grâce à la rencontre avec Jules Verne,
Hetzel réussit à imposer un nouveau genre.

En 1865 paraît Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll.

Après 1870 on assiste à une multiplication des titres et des éditeurs. C'est

10
l'époque des romans à succès d'Hector Malot : Sans famille,
d’Erckmann-Chatrian : L'Ami Fritz et de Frances Hodgson Burnett : Le Petit
Lord Fauntleroy (1886). Dès 1907, après le premier aéroplane de Hubert
Latham qui vole à 300 mètres, les rêves de voyages envahissent la littérature
avec Le Tour de la France par deux enfants de Madame Augustine Fouillée,
(sous le pseudonyme de G. Bruno) et Le Merveilleux Voyage de Nils
Holgersson à travers la Suède de Selma Lagerlöf, deux romans à vif succès
qui vont marquer un tournant dans la littérature pour la jeunesse.

L'explosion de l'Image d'Épinal et des recueils de contes en images aussi


bien que des recueils de textes patriotiques après la Première Guerre mondiale
relancent l'intérêt pour la lecture et du même coup, pour ce qui deviendra
l'ancêtre de la bande dessinée.

Dans l'entre-deux-guerres, il faut signaler, en France, les œuvres du Père


Castor (Paul Faucher), Les Contes du chat perché de Marcel Aymé, Le Petit
Prince de Saint-Exupéry et quelques livres de Jacques Prévert. En Belgique,
Albert Hublet a du succès avec la collection des Alain Belle-Humeur.

Tout de suite après la deuxième Guerre mondiale, Louis Mirman, directeur


de la section Jeunesse chez Hachette, et son épouse Madeleine Gueydoux,
auront l'idée d'utiliser du simple papier journal pour imprimer des livres à coût
réduit qui permettront de multiplier les publications dans la Bibliothèque verte
et la Bibliothèque rose. Durant les années 1970, François Ruy-Vidal, avec l'aide
d'Harlin Quist, aborde des thèmes jusqu'alors plutôt réservés aux adultes.

À la fin du XXe siècle, les auteurs et les illustrateurs connaissent une liberté
plus grande. Ainsi, dès le début des années 1980, la littérature humoristique
cesse d'être marginale et voit les jeux de mots de Pierre Elie Ferrier : le Prince
de Motordu, ou encore Le Monstre poilu qui sera appréciée jusque dans des
écoles primaires et chez des orthophonistes. À la même époque, pour amener
les préadolescents amateurs de jeux vidéo à se rapprocher du livre, on a vu
fleurir une nouvelle variété de romans pour lecteurs-zappeurs : ce sont des
livres où le lecteur apparaissait comme le héros et dont la lecture s'apparentait
à un jeu de piste. En majorité, traduits de l'anglais, ces livres connurent un
immense succès feu-de-paille pendant dix ans.

Depuis le début du XXIe siècle, on assiste à un regain d'intérêt pour la


littérature de jeunesse, principalement sous l'effet des livres de la série Harry
Potter. Cette série ayant redonné le goût de la lecture à certains enfants,
d'autres auteurs ont vu les ventes de leurs livres augmenter. Mais aussi parce
11
qu'il y a un essor du choix et de la créativité chez les nouveaux auteurs de
jeunesse. La Corée s'impose comme un des principaux acteurs du marché
grâce à la richesse et la diversité de ses illustrateurs. Les rapports annuels
sur le taux d'illettrisme (10 %) en France restent malgré tout identiques depuis
plus de trente ans.

Leçon 3: FONCTIONS DE LA
LITTERATURE D’ENFANCE ET DE
JEUNESSE
-----------------------------------------------------------------------Objectif :

A la fin de cette troisième leçon, l’étudiant (e) devrait être en mesure de


reconnaître les différentes fonctions abordées dans les œuvres de la
littérature d’enfance et de jeunesse.
1. Les fonctions de la littérature d’enfance et de jeunesse

La littérature d’enfance et de jeunesse se veut au service de la jeunesse.


Elle ambitionne de contribuer au développement autant qu’au bien-être de ses
lecteurs. Elle se propose d’accompagner et de favoriser leur lente maturation
et se fixe des grands objectifs : l’élaboration de la personnalité, la formation
des esprits, la morale ou l’idéologie.

1.1. Éducation et transmission

La première de ses missions est pédagogique : elle vise à hisser l’enfant


jusqu’aux considérations adultes, c’est-à-dire à nier de près et de loin,
l’enfance : on ne lit que pour s’élever ou afin d’être éduqué. La littérature
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d’enfance et de jeunesse « tend à se faire une littérature de transmission –
transmission d’un savoir, d’une morale, de valeurs, d’une culture… », écrit
Matthieu Letourneux, et elle conçoit l’enfant comme une étape fâcheuse et
passagère. Elle ne devait pas se soumettre aux compétences du lecteur, mais
au contraire les défier, et appeler l’enfant à se dépasser. Ainsi, bousculant son
lecteur, inscrivant des limites et jouant avec elles, la littérature d’enfance et de
jeunesse contribuerait à l’épanouissement total de l’enfance.

1.2. Affirmation de l’enfance

Outre la fonction pédagogique, la littérature d’enfance et de jeunesse vise


l’affirmation de l’enfance. Ainsi, la mission de cette littérature ne serait pas
tant d’ordre éducatif que d’ordre générique. Il ne s’agit pas d’abord de
transmettre des compétences et des savoirs pour un futur adulte, mais
d’affirmer que l’âge enfantin connaît ses propres mérites et sa propre gloire,
qu’il y a des compétences enfantines liées à l’imaginaire et au jeu et qui, par
nature, ne sauraient durer. En ce sens, la littérature d’enfance et de jeunesse
est une littérature des compétences et des valeurs éphémères, une littérature
qui vacille entre l’esprit pédagogique et l’imaginaire ludique, des faisceaux
d’intenses oppositions. D’un point de vue socioaffectif, la littérature d’enfance
et de jeunesse doit faciliter la construction personnelle et sociale ; ou encore,
tout simplement, aider l’enfant à vivre.

1.3. Culture de jeunesse et évasion

D’un point de vue culturel, comme reflet de la société postmoderne, et en


tant qu’héritage des Classiques, elle vise à transmettre un certain patrimoine
national et international. Elle invite également le jeune lecteur à partager avec
ses pairs des références communes.

On remarque aussi que la littérature d’enfance et de jeunesse s’apparente à


une littérature de la rupture : rupture avec les genres traditionnels, rupture avec
l’adulte en affirmant « une sorte d’universel de l’enfance » et en s’instituant
comme littérature « évasive ». Il y a ainsi, dans la littérature d’enfance et de
jeunesse, un effort à peu près conscient d’émancipation et de distinction du
monde de l’adulte. Mais, en même temps, le jeune adolescent assure son
inscription dans une communauté imaginaire et culturelle que favorise tout un
jeu de transmédiation à laquelle l’adulte ne saurait accéder. En ce sens, il n’y a
pas de littérature d’enfance et de jeunesse sans une culture d’enfance et de
jeunesse. Cette évasion et cette distinction retrouvent bien entendu
l’affirmation de la pure enfance. Est-ce dire pour autant que nulle leçon n’est à
13
attendre d’une telle littérature ? Est-ce dire pour autant que l’on ne s’y complaît
qu’afin de « revivre [ses] rêves préférés » ?

1.4. Vision du monde

Cette fonction que propose la littérature d’enfance et de jeunesse n’est


qu’un moyen de déciller l’enfant. Cette mission littéraire ressaisit l’incohérence
apparente d’une telle littérature. Entre l’intentionnalité et la littérarité, l’œuvre
pour la jeunesse est lourde de toutes les fonctions qu’on lui assigne. Presque
toujours, les ambitieuses intentions éducatives de la littérature d’enfance et de
jeunesse le disputent au plaisir de lire, si bien que les auteurs semblent tiraillés
entre deux injonctions apparemment contradictoires : instruire ou amuser. Il
s’agit de concilier ces deux fonctions apparemment contradictoires :
transmettre et s’amuser, c’est-à-dire de les unir. La littérature de jeunesse
n’amuse qu’afin de montrer, par le truchement du merveilleux et de l’insolite, le
monde tel qu’il est.

1.5. La morale

D’un point de vue moral, les romans et albums proposent des schèmes de
valeur, des modèles ou des anti-modèles de comportement : notamment, le
droit à la différence, la lutte contre les inégalités, contre la violence et la
discrimination. D’un point de vue artistique, la littérature d’enfance et de
jeunesse a aussi pour fonction de contribuer à la formation du sens esthétique
de ce lecteur. Enfin, d’un point de vue cognitif, les livres pour l’enfance et pour
la jeunesse constituent des instruments d’information et de réflexion qui
peuvent avoir une influence positive sur la réussite scolaire de
l’enfant/adolescent et sur sa créativité.

C’est essentiellement par le moyen de la projection que la littérature


d’enfance et de jeunesse assure sa fonction moralisatrice. B. Bettelheim a
soutenu que les contes populaires permettent à l’enfant de formuler ses peurs
et d’apprendre à les surmonter en lui faisant vivre diverses situations
traumatiques dans le rôle de héros qui en triomphent. Il s’agit en définitif de
proposer des modèles de comportement.

1.6. L’idéologie

L’utilisation de la littérature de jeunesse à des fins de formation


idéologique est en somme le corolaire politique de son usage en matière de
morale. Il s’agit là de tirer parti des jeux de projection ou d’identification pour
14
orienter les mentalités des jeunes lecteurs. C’est dans ce but que Mme
Augustine Fouillé a conçu, en 1870, le célèbre manuel de cours moyen publié
sous le pseudonyme de G. Bruno : Le Tour de la France par deux enfants.
L’objectif affiché est de « mettre à profit l’intérêt que les enfants portent aux
récits de voyage » pour nourrir leur patriotisme en leur rendant « la partie
visible, vivante ».

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Leçon 4:THEMES ET PRIX
LITTERAIRES
-----------------------------------------------------------------------Objectif :

A la fin de cette quatrième leçon, l’étudiant (e) devrait être en mesure de


reconnaître et de maîtriser les différents thèmes abordés dans les œuvres de
la littérature d’enfance et de jeunesse et les prix littéraires.
1. Les thèmes de littérature jeunesse
Globalement, les thèmes traités dans les romans et albums se
caractérisent par leur appartenance à la catégorie socioréaliste. En général, il
est question, dans le désordre, de l’adolescence, de l’amitié, de l’amour, de la
drogue, de l’école, de l’environnement, de la famille, des handicaps, de
l’identité, de l’immigration, de la liberté, de la mort, du racisme, des
technologies, de la violence, etc.
Divers produits culturels sont offerts aux jeunes lecteurs : comptines, romans,
poésie, documentaires, bandes dessinées, albums d’images, abécédaires,
manuels scolaires, contes, magazines, etc. Leur appartenance à la littérature
pour la jeunesse entraîne l’utilisation normale de stéréotypes. Cependant, pour
accéder à une certaine littérarité et ainsi voir se distinguer son œuvre comme
œuvre singulière ou originale, l’auteur d’une production pour les jeunes devra
contester les frontières des genres littéraires en mêlant tradition et innovation,
en métissant les genres ou en subvertissant les codes .
Outre ces thèmes, la littérature de jeunesse aborde l’anthropomorphisme dans
ses œuvres. L’animal humanisé apparaît à la fois comme le meilleur ami de
l’enfant et comme son double symbolique. Tout se passe comme si la
littérature s’inspirait en ce domaine de ce que les adultes perçoivent de
l’imaginaire infantile pour mieux pouvoir captiver les plus jeunes et
communiquer avec eux. Il s’agit de permettre à l’enfant de se sentir plongé
dans l’histoire qui lui est lue.

2. Prix littéraires pour la littérature d’enfance et de jeunesse

L'essor de ce secteur éditorial a été accompagné d'une multiplication des


prix littéraires décernés par des collectifs de libraires, des associations
professionnelles, des salons et autres manifestations littéraires.

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2.1. Principaux prix littéraires internationaux

· Le prix Hans Christian Andersen, créé et décerné par l'IBBY (l'Union


internationale pour les livres de jeunesse, fondée en Suisse en 1953). Ce
prix est considéré comme un officieux petit prix Nobel de littérature pour
la jeunesse.
· le prix commémoratif Astrid Lindgren (ALMA), créé en 2002 par le
gouvernement suédois, en hommage à l'auteur Astrid Lindgren.
D'importance égale au prix Andersen, mais bien mieux doté.

2.2. Principaux prix littéraires français

· Les prix décernés au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil

o le prix Baobab
o les prix Tam-Tam
o le prix de la presse des jeunes

· Le prix des Incorruptibles


· Le prix Livre mon ami
· Le prix des premières lectures, décerné par les enfants des clubs Coup
de Pouce Clé
· Le grand prix de l'Imaginaire, catégorie Jeunesse
· Le prix Saint-Exupéry, en partenariat avec le magazine hebdomadaire
Valeurs actuelles.
· Le prix Sorcières
· Le grand prix des jeunes lecteurs de la PEEP
· Le prix NRP de littérature jeunesse
· Le prix des Dévoreurs de livres et le prix des Croqueurs de livres (Eure)
· Le prix Ados (Rennes/Ille-et-Vilaine)
· Le prix Les Mordus du Polar
· Le prix Chronos
· Le prix Imaginales jeunesse
· Le prix Tatoulu
· Le prix Tout en auteurs (prix littéraire ados des Hautes-Pyrénées)

17
· Le prix ESCAPAGES (prix littéraire jeunesse de l'Indre)
· Le prix Michel-Tournier jeunesse
· Le prix Ruralivre (sélection picoreurs, grignoteurs et dévoreurs. Prix
littéraire du Nord-Pas de Calais)

2.3. Quelques autres prix :

· Le prix Janusz Korczak (autour des droits de l'enfant)


· Le prix Vercors, décerné par des collégiens du Vercors.
· Le prix Raphaël-Tardon, décerné par la municipalité du Prêcheur
(Martinique)

2.4. Principaux prix littéraires québécois et canadiens

· Grand Prix du livre de la Montérégie


· Prix Alvine-Bélisle (ASTED)
· Prix Bédélys - Jeunesse
· Prix Cécile-Gagnon (AEQJ)
· Prix des libraires - Sélection jeunesse
· Prix du livre jeunesse des bibliothèques de Montréal
· Prix Espiègle des bibliothèques scolaires du Québec
· Prix illustration jeunesse — Salon du livre de Trois-Rivières (avec le
magazine Lurelu)
· Prix jeunesse des univers parallèles
· Prix littéraires des enseignants AQPF-ANEL
· Prix littéraires du Gouverneur général du Canada -Sélecton jeunesse
· Prix littéraires du Salon du livre de Saguenay–Lac-Saint-Jean
· Prix littéraire ville de Québec / Salon international du livre de Québec
(Canada)
· Prix Québec/Wallonie-Bruxelles de littérature de jeunesse, initiative
conjointe des communautés québécoise du Canada et belge
francophone
· Prix littéraire Suzanne Pouliot et Antoine Sirois
· Prix TD de littérature jeunesse canadienne
· Prix Odyssée jeunesse
18
2.5. Principaux prix littéraires américains

· La médaille Newbery, prix littéraire le plus prestigieux décerné aux


États-Unis
· La médaille Caldecott, pendant du précédent, il est décerné à un
illustrateur.
· Le Boston Globe-Horn Book Award

2.6. Principaux prix littéraires anglais

· La médaille Carnegie
· Le prix Costa, ex-prix Whitbread

2.7. Principaux prix littéraires décernés dans d'autres pays

· Le Deutscher Jugendliteraturpreis (Allemagne)


· Le prix des lycéens allemands (Allemagne)
· Le prix des lycéens autrichiens (Autriche)
· Le DIXI Kinderliteraturpreis (Autriche)
· Le prix RTS littérature ados (Suisse)
· Le prix Bernard Versele, de la Ligue des familles de Bruxelles (Belgique)
· Le prix Farniente (Belgique)
· Le prix Québec/Wallonie-Bruxelles de littérature de jeunesse, initiative
conjointe des communautés québécoise du Canada et belge
francophone.
· Le prix Noma (Japon)
· Le Noma Afurika Shuppanshō, décerné à un auteur africain (Japon)
· Le prix Nils-Holgersson (Suède)

19
Leçon 5: LA LITTERATURE DE
JEUNESSE EN AFRIQUE
-----------------------------------------------------------------------Objectif :

A la fin de cette cinquième leçon, l’étudiant (e) devrait être en mesure de


connaître l’histoire de la naissance de littérature d’enfance et de jeunesse en
Afrique et qui en sont les premires initiateurs.
La littérature d’enfance et de jeunesse, malgré les difficultés inhérentes à
son statut et surtout aux problèmes liés à la non-lecture, connaît un essor
remarquable sur le continent africain depuis quelques décennies Cet intérêt se
justifie par le travail fait par les libraires et les maisons d’édition comme
Edicef, NEA, Hatier en vue d’une vulgarisation des œuvres pour des enfants. La
grande simplicité des histoires racontées, les illustrations que composent
certains textes, le caractère fantastique de certains récits, la capacité
d’identification qu’offrent les textes pour enfants ou jeunes, suscitent chez les
jeunes africains un goût évident de la lecture. Mais force est de constater que
cette littérature d’enfance et de jeunesse, à l’instar de toute la littérature
africaine, a mis du temps pour s’exprimer.

La quasi inexistence des productions enfantines a amené Senghor en 1937


à nourrir de « (…) rève d’un manuel pour chaque école et même, songeant au
Télémaque, d’un manuel pour chaque enfant … ». Le rêve devient réalité en
1953 avec la parution de La belle histoire de Leuk-le-lièvre1 en collaboration
avec Abdoulaye Sadji, inaugurant ainsi sur le continent l’expérience du roman
scolaire. Ce livre a nourri de grandes ambitions et des critiques ne manquent
pas de souligner jusqu’à nos jours le rôle fondateur qu’il a joué en matière de
littérature enfantine et de jeunesse :

« La belle histoire veut guider les jeunes élèves vers le second temps de formation, en les
aidant à exprimer leurs traditions africaines en français. Ce n’est que dans ce mouvement de
va-et-vient entre sa culture propre et la culteur de l’autre, dans une admiration et une
considération égales des deux que l’élève africain pourra accéder à l’épanouissement de son

1
L.S. Senghor et A. Sadji, La belle histoire de Leuk-le-lièvre, Paris, Librairie Hachette, 1953, réédicté par
EDICEF en 2000.

20
2
être » .

Par la suite, des expériences multiformes dans les pays respectifs ont été
menées et ont abouti à des résultats largement en deçà des attentes.
Cependant, les difficultés ont été surtout d’ordre structurel, comme celle de
l’impression et de la difffusion, à ceci s’ajoute le coût de revient.
Dans le même temps et sur le plan de l’oralité, plusieurs auteurs ont pensé
s’appuyer, dans les textes des jeunes, sur les richesses et le réservoir de
contes, de nouvvelles, de légendes et des mythes. Les chants des mamans
berçant leurs enfants, quoiqu’anodins, par le rythme qu’ils produisent et par les
images qu’ils font véhiculer, conservent tout de même un fort accent poétique
indéniable et devienent des champs d’investigation des auteurs.

La mobilisation autour de la question du livre pour enfants dans l’espace


francophone s’est fait remarquer timidement à partir des années 1980 avec
une implcation très importante de l’AIF (AGENCE Intergouvernementale de la
Francophonie, ex ACCT. Ainsi, en plus des centres de lecture qui ont été
installés dans les grands centres urbains, des caravanes de « bibliothèque
ambulante » sont organisés pour desservir les coins les plus reculés où
l’importance du livre reste encore d’un parcours de combattant. En novembre
1991, les sommets des chefs d’Etat et de gouvernement, ayant en commun
l’usage du français qui s’est réuni à Chaillot en France, a décidé de la mise sur
pied du plan d’action recommandé par le premier sommet mondial pour les
enfants en 1990 à New-York.

Aujourd’hui, l’espace du livre pour enfants et de jeunesse en Afrique en


général et dans l’espace francophone en particulier s’est considéralement
enrichi avec un effort certain des auteurs d’accompagner l’enfant dans les
premirs pas de sa scolarité. Les textes proposés à la lecture valent tant par la
qualité des récits que par les images qu’ils véhiculent pour la grande joie des
enfants. Les titres tels que Un enfant dans la guerre, Le singe magique, Contes
de la forêt magique, L’enfant, les arbres-monstres et l’oiseau fée, Mamy wata
et le monstre, La chèvre vaniteuse… suscitent d’emblée de la curiosité de
l’enfant-lecteur. Ces titres, à y voir de près, renvoient à un monde propre à
l’homme africain, un monde révelateur de ses croyances, de sa conception des
choses. Ceci est d’autant plus normal car la littérature s’appuie fortement sur
le réservoir des cosmogonies, des mythes et des légendes qui fondent le
soubassement de cette société ainsi que la somme des défis nouveaux et les
réalités des temps modrenes qu’affronte ladite société.

V. Corinus, « La belle histoire de Leuk-le-lièvre » ou « le détournement d’un roman scolaire » in Etudes


2

littéraires africaine, n°20, Paris, Editions Karthala, 2005.


21
Ces œuvres s’illustrent par des caractéristiques particulières qui soulèvent
des questions liées à la dimension linguistique de l’initateur (la langue chez
certains auteurs permet de mieux sasir l’enfant), à la portée socio-culturelle
des textes pour enfants et au processus d’identification, à la symbolique de
l’espae et du temps.

Leçon 6: IMAGE ET ILLUSTRATION


-----------------------------------------------------------------------Objectif :

A la fin de cette sixième leçon, l’étudiant (e) devrait être en mesure de


connaître l’importance de l’image et de l’illustration en littérature de jeunesse.

1. L’image

Le support ne reste pas le seul lieu d’expérimentation poétique de la


littérature de jeunesse. Plus proprement littéraire, signifiante et narrative,
l’image est omniprésente dans la littérature de jeunesse, qu’il s’agisse des
ouvrages des premiers âges, les albums, ou des livres pour adolescents qu’elle
illustre. Le premier rôle de l’image reste humble : accompagnant le texte, le
secondant, nombre d’images traduisent ou reproduisent picturalement le texte
pour un lecteur qui ne sait pas lire, et ainsi reproduisent le schéma de la
double lecture. L’image attire le regard de l’enfant dans une autre direction que
celui de l’adulte, qui reste préoccupé par la seule lecture du texte. Et grâce à
l’image, les rôles se répartissent en fonction des compétences.

Mais bien entendu, l’image ne saurait rester aussi simple et aussi neutre.
Utilisée de manière plus intense, dans l’album par exemple, elle dépasse le
seul rôle de simple illustration du texte et prend de l’autonomie par rapport au
texte, non seulement « disant » autrement, mais aussi et surtout disant plus.

22
L’enfant comprend l’essentiel de la situation en regardant la page dessinée, et
pourrait souvent fort bien se passer finalement du commentaire lu par l’adulte.
Ainsi, l’image, même rare, même subordonnée, se donne une indépendance au
regard du texte.

Cependant, l’image peut également dire autre chose ; présenter une autre
histoire, d’autres situations… et jouer de la distorsion texte/image. Par l’image,
le jeu expérimental de la littérature d’enfance et de jeunesse s’épanouit.
L’image confirme le texte en l’étalant ; elle peut aussi l’infirmer, le dépasser ou
l’amender. Le double lecteur propre à la littérature d’enfance et de jeunesse se
reflète alors dans un double livre : le livre d’images et le livre de textes, le livre
peint et le livre écrit, le livre vu et le livre lu. Cette contiguïté, qui dépasse, pour
l’image, la simple contextualité, représente une importante inversion de l’idée
même de livre.

En son principe, l’image, en effet, donne au livre une profondeur que le


texte ne saurait avoir. Sophie van der Linden insiste avec raison pour que l’on
cesse d’attribuer à l’image le seul rôle d’illustration venant seconder un texte à
la fois principal et central. L’image est à elle seule une histoire, portant en elle
sa propre diégèse, sa propre valeur, se posant comme « embrayeur d’une
dynamique de l’imaginaire ». En même temps, l’image, le dessin, et même
l’illustration, rompent le seul processus narratif, essentiellement fondé sur un
déroulé temporel, en favorisant une signification fondée sur l’espace de la
page. Il y a donc une narration dans cette absence de narration que représente
le dessin ou l’image, fondée sur une opposition, des contrastes, des
oppositions de couleurs, de dessins, de motifs…

Incontestablement, l’image laisse à l’enfant une liberté que le texte ne


saurait donner qui, par nécessité, et du seul fait de l’enchaînement narratif,
entraîne l’enfant, l’engage dans un déploiement et un rythme hétéronomes. Par
contre, face à l’image, comme face à un puzzle, l’enfant est libre de découvrir
une histoire à son rythme, et libre de mettre ensemble des éléments épars, ou
au contraire de disjoindre des éléments scindés. L’image, épaisse, en raison
des différents plans qu’elle propose, ou étalée, spatialisée, présente une
narration elle-même étalée, horizontale qui rompt avec le rythme, la
progression de l’histoire lue et écrite.

Il n’est pas rare que l’enfant, pris par l’image, par les questions et
hypothèses qu’elle lui impose, arrête la lecture en train de se faire, arrête le
récit comme il progresse, fait taire l’adulte pour supposer, dans l’image, des
histoires autonomes : Pourquoi ce bateau ? Que fait le poisson ? Comment le
23
train fume-t-il ? Cette divisibilité du récit par l’image est ici mise en valeur par
l’album. L’image éparpille le récit plus qu’elle ne le multiplie, le fragmente, le
cristallise. C’est donc céder à la facilité que de voir dans l’image le déni de
cette littérature, le déni de tout récit, le déni de tout texte.

Par ailleurs, l’image s’inscrit dans un rapport de substitution et de


complémentarité. Il s’agit de mieux appréhender la réalité à travers la
reproduction faite, tout en gardant à l’esprit ses limites. Partant de là, les
illustrateurs de récits pour enfants se retrouvent en position très délicate
parce que, non seulement leurs productions doivent être empreintes d’une
bonne dose de fidélité par rapport à l’histoire, mais en plus présenter une
qualité minimale pour être mieux comprises

2. L’intérêt de l’image

L’intérêt de l’image ou de l’illustration réside d’abord et avant tout dans le


plaisir qu’éprouve tout enfant et particulièrement l’enfant africain dans son
contact avec le livre. L’enfant est en quête permanent de références à cause
justement de son âge. Sa réaction ou l‘expression du visage ou du corps qu’il
manifeste révèle son degré d’adhérence au texte et sa compréhension
résultant de la lecture de l’image.

Le monde de l’enfant reste avant tout celui du rêve, développer alors son
imagination à travers les illustrations dont la finalité première est de
l’intéresser, de lui permettre une lecture plaisante et agréable, reste le principe
fondateur de l’illustration en littérature d’enfance et de jeunesse. Ainsi, la
puissance affective de l’image devient un élément essentiel de motivation.
L’exemple de la couverture du livre reste évocateur. La couverture prépare
dans un certain nombre de cas à la découverte du contenu du texte qui est
donné à la lecture par l’enfant.

3. Poétique expérimentale du récit

Comme le suggère Matthieu Letourneux, « selon l’âge de [l’enfant], le livre


prendra des formes fort différentes. On peut même remarquer que plus [il]
grandit, plus les livres qui lui sont destinés s’apparentent à ceux qui sont
proposés à un adulte ». On peut donc imaginer dès lors que l’enfant
s’approche des compétences de l’adulte, aussitôt qu’il sait lire avec une

24
certaine aisance, à partir de onze ou douze ans, la littérature de jeunesse se
dilue dans une littérature générale. Mais ce serait nier sans doute des
procédés narratifs et poétiques propres à la littérature de jeunesse, des
procédés qui affectent le récit, sa présentation et son effectuation à ce point
même qu’ils pourraient suffire à désigner une espèce de littérature
intermédiaire adolescente. Le support ou l’image ne sont pas les seuls à
supporter l’effort expérimental propre. Il y a, dans le processus narratif même,
des gestes, des comportements, une poétique inédite et spécifique, également
déduite des compétences du destinataire.

3. Culture de jeunesse et transmédiation

Il est difficile d’envisager la littérature d’enfance et de jeunesse sans


immédiatement s’inscrire dans un environnement, des valeurs, des références
propres. C’est ainsi que l’intertextualité occupe une très grande partie dans la
littérature d’enfance et de jeunesse. L’idée de « transmédiation » est mise en
valeur par celle-ci, aussi bien par la quantité que par la qualité : le livre et son
histoire reflètent des jeux, électroniques ou non, des films, des spectacles,
d’autres livres, des souvenirs infinis… Le livre semble en quelque sorte déjà
commencé avant d’être ouvert, et il se présente alors soit comme un prisme,
soit comme un accomplissement, soit comme une récriture, comme le
souligne M. LETOURNEUX : « La culture de jeunesse contemporaine multiplie de
façon vertigineuse les échanges, procédant par adaptations directes ».

25
Leçon 7: ALBUMS EN LITTERATURE
D’ENFANCE ET DE JEUNESSE
-----------------------------------------------------------------------Objectif : A la fin
de cette septième leçon, l’étudiant (e) devrait être en mesure de définir ce
qu’est un album en littérature de jeunesse.

1. L’origine du terme « album » en littérature de jeunesse.

Pourquoi appelons-nous « albums » ces livres pour l’enfance que les


Britanniques désignent par le terme de « picture books », les Allemands par
celui de « Bilderbücher », deux mots composés qui mettent en avant ce qui
serait donnée spécifique de ces livres, la présence d’images ? Le terme utilisé
en français est un héritage de la culture romantique. Il est emprunté à la
tradition allemande de l’album amicorum, « cahier que les étrangers portent en
voyage, sur lequel ils engagent les personnes illustres à écrire leur nom ». Il
désigne donc initialement le support mémoriel d’une succession de
rencontres, composé par une personne privée qui pouvait mêler sur les pages
vierges d’un carnet de l’écriture et de l’image, du lisible et du visible. C’est le
terme également employé pour le carnet de notes et de croquis dont se
servent les artistes. Tous ces types d’albums sont fondamentalement des
recueils.

On peut dater des années 1860 la naissance de ce qui va devenir l’album


pour les enfants au sens contemporain du terme. L’utilisation de l’album à
l’école – et pas seulement en maternelle – comme en situation de loisir, set
souvent sous-estimée par les éducateurs s’occupant d’enfants « normaux »
ou en difficulté. L’album contribue pourtant à développer l’imaginaire enfantin
et à instaurer des relations ludiques très favorables à la verbalisation : à
travers la fascination exercée par la couleur et le trait, en effet, il offre une
médiation séduisante facilitant le passage de l’oral à l’écrit. L’album est, de
fait, le lieu où se déploie de manière privilégiée et directe le jeu de l’enfant dans
ses rapports avec les choses, les animaux et les adultes.

Aujourd’hui, avec les facilités données par la photogravure et les nouvelles


colles papier, l’album a permis un extraordinaire développent de l’imaginaire
graphique. Il n’a plus le statut ambigu qui était le sien à ses débuts vers la fin

26
du XVIIIe siècle et s’est constitué comme un genre autonome foisonnant et en
pleine expansion : la bande dessinée, d’ailleurs, est un cas particulier
représentatif de ce phénomène. Ce sont ces albums iconotextes qui sont la
grande invention de la littérature d’enfance et de jeunesse.

2. Albums de littérature de jeunesse

Depuis quelques années, les auteurs de littérature d’enfance et de


jeunesse ont grandement accru et étoffé les rayons des librairies. En effet, on
peut y trouver un choix et une créativité abondants. L'un des genres dans
lequel s'épanouissent particulièrement les auteurs de jeunesse contemporains
comme Grégoire Solotareff, sont les albums illustrés. Une véritable culture de
l'album, tant dans les foyers qu'à l'école, est en train de se mettre en place.
C'est là l'un des premiers objets culturels que l'enfant va pouvoir manipuler et
même posséder dès son plus jeune âge. Certains enseignants utilisent même
la littérature d'enfance et de jeunesse comme support à l'apprentissage de la
lecture.

De plus, beaucoup d'éditeurs tels que Gallimard, Hachette, Circonflexe,


Thierry Magnier ou l'École des loisirs proposent des albums élaborés (textes
poétiques et / ou symboliques, illustrations artistiques…) sur des thèmes
variés et importants (la différence, la tolérance, la mort…). Il s'agit parfois de
petites maisons d'édition misant sur la qualité (on peut en particulier citer
dans ce registre les Éditions du Jasmin (créées en 1997), qui se sont révélées
par la publication des Contes de l'alphabet d'Emmanuelle et Benoît de Saint
Chamas), aussi bien que de grandes maisons prenant le risque d'éditer des
textes politiquement incorrects mais dont le contenu amuse les adultes et les
enfants, comme Le Dragon dégoûtant par Henriette Bichonnier illustré par Pef
(Gallimard). L'édition jeunesse voit apparaître de nouvelles formes narratives
qui s'appuient sur les cinq sens de l'enfant. La technologie et les possibilités
d'impression sur différents matériaux étendent l'acte de lecture vers des
champs d'expérimentation complexes, toujours plus riches.

3. Le passage de la littérature de jeunesse au numérique

Comme les autres types de littérature, celle qui s'adresse à la jeunesse


s'adapte à la révolution numérique. En France, à partir de 2009 environ, elle
commence à se transformer. Alors que des éditeurs tels que Nathan, Fleurus
ou Gallimard jeunesse, plus traditionnels, s'en tiennent à la production de
versions électroniques de leurs publications papiers, de nombreux éditeurs
jeunesse se lancent dans une production 100 % numérique, tels que GoodBye
27
Paper éditions. L'édition jeunesse fait face à différents enjeux dans son
passage au numérique. Elle doit se questionner sur la pertinence d'utiliser la
multitude de fonctionnalités proposées par le numérique. Elle doit également
s'adapter aux impératifs économiques et juridiques, qui peuvent être
nombreux et différents dans un modèle où s'accroît la diversité des éléments
intégrés dans les publications. Enfin, il importe aux éditeurs de s'interroger sur
les modèles économiques privilégiés, puisque ceux-ci sont associés à
l’adoption d'un format de diffusion : publier via une application, par exemple,
exige de transiger via iTunes et Google Play.

Leçon 8: CAS D’UNE ŒUVRE


ILLUSTRATIVE : L’Enfant, le griot et
les danseurs
-----------------------------------------------------------------------Objectif :

A la fin de cette huitième leçon, l’étudiant (e) devrait être capable de résumer,
d’analyser l’ L’enfant, le griot et les danseurs et de dire en quoi celle-ci est une
œuvre de littérature d’enfance ou de jeunesse.
1. L’enfant, le griot et les danseurs : exemple de cas illustratif

Au-delà du plaisir que peut procurer la lecture d’un ouvrage littéraire, il est
une fonction plus subtile et plus efficace, à notre avis, qui consiste à modeler
de façon imperceptible la conscience du lecteur-enfant dont l’esprit est encore
malléable et susceptible de se nourrir de nouveautés C’est dans cet esprit que
nous voulons lire la pièce de Catherine Laverdant intitulée L’enfant, le griot et
les danseurs qui met en scène Maman Adama contant l’histoire du Togo à un
petit enfant La parole de Maman Adama que boit le petit garçon est nourrie

28
des éléments de culture des temps anciens où les hommes issus du milieu et
de culture différents savent s’unir pour communiquer aux noces familiales.

En quoi la pièce de Catherine Laverdant s’inscrit-elle dans le champ de la


littérature enfantine ou de jeunesse ? Cette question liminaire pose au
préalable le problème de la définition du concept de littérature enfantine ou de
jeunesse. De nombreuses définitions ont été avancées par nombre de
spécialistes pour cerner cette notion. Nous retenons ici celle d’Amakoe Jean
Rémy d’Almeida qui, dans sa thèse, la conçoit comme

« (…) l’ensemble des œuvres orales et écrites destinées aux enfants et dont la finalité
demeure esthétique, pédagogique et distractives. Ces œuvres, qui sont généralement d’une
dimesion moyenne, mettent en scène des enfants ou des situations analogues à celles des
3
enfants favorisant ainsi leur adhésion à un tel art. » .

Amakoe Jean Rémy d’Almeida énonce d’autres critères comme l’illustration,


le nombre de pages (50 à 80) et un langage simple. Le texte de Catherine
Laverdant rassemble tous ces traits définitoires. D’abord, une approche
pragmatique veut que soit retenu comme littérature pour enfants ou de
jeunesse ce qui se publie comme tel. De fait, une première lecture rapide nous
indique que L’enfant, le griot et les danseurs est un texte publié à l’intention
des enfants. L’auteur dédie son ouvrage aux siens (Maud, Juliette, Max) et «
(…) à tous les enfants de la rue Koutakpa à Lomé » (p.7).

Ensuite, dans le préambule, Catherine Laverdant indique que son texte


s’adresse en particulier aux enfants de la rue qui « … ne connaissent guère la
vie de leurs grands-parents (…) » (p.15). De plus, le texte raconte une histoire
et le récit est focalisé sur l’enfant. D’une longueur de 53 pages, il est
accompagné d’un support iconographique très marqué, un ensemble de
photographie dont chacune illustre un thème particulier.

Un autre fait qi définit le texte de Catherine Laverdant comme appartenant


à la littérature d’enfance et de jeunesse est qu’il fait appel à des stratégies de
type ludique ; techniques théâtrales, chants, danses, images, toutes choses qui
procèdent da la pédagogie. Le statut même de l’œuvre est assez éloquent à ce
sujet. Enfin, c’est un conte et nous savons avec Amakoé J. R. d’Almeida que «
(…) le conte et la poésie sont les deux mamelles de la littérature enfantine ou
de jeunesse ».4

Amakoé Jean Rémy d’Almeida, Le référentiel dans la littérature pour enfants en Afrique noire
3

francophone : 1990-2000, thèse d


Amakoé Jean Rémy d’Almeida, Le référentiel dans la littérature pour enfants en Afrique noire
4

29
Par ailleurs, le destinataire du récit est un enfant qui se caractérise par son
énorme appétit de savoir : « Raconte, Maman Adama, raconte (…) » (p.22),
s’écrit –t-il, pour lancer le récit. Cette formule sera répétée tout au long du
texte. Elle rythme la narration, embraye sur tel ou tel aspect de l’histoire ou de
la culture du Togo qui suscite la curiosité. Tout est conçu pour l’oreille et l’œil,
principales voies d’accès à la connaissance de l’enfant. Il entend la voie de
Maman Adama qui redit l’histoire des ancêtres que ramènent ses souvenirs du
fond des âges. Il voit Bambou danser le rythme des ancêtres et reproduire le
geste millénaire qui crée l’univers.

2. La rhétorique de l’image

Une des caractéristiques de L’enfant, le griot et les danseurs, c’est le


nombre relativement important d’images qui illustrent le texte. En dehors de la
première couverture, nous dénombrons quatorze photographies sur douze
pages, soit un total de quinze phootographies pour un ouvrage de
cinquante-trois pages. Nous sommes face à une pédagogie qio a opté pour
l’articulation entre le « dire » et le « voir » pour donner plus de force à
l’expression.

La troisième image insérée dans le texte, qui apparaît à la page 18, figure
un personnage de marionnette représentant l’enfant, élément central de la
dynamique narrative, puisque c’est lui qui donne une orientation thémtique au
récit de Manan Adama. Ce recours à la marionnette est une sorte de
« centration » sur l’enfant qui acquier plus de prégnance et donc plus de
présence dans la conscience du lecteur ; une manière aussi de susciter
l’ahésion du public togolais, féru de ce genre de spectacle.

Quant aux autres images, elles sont thématisées et illustrent les dofférents
aspects culturels évoqués dans le récit de Maman Adama : l’esclavage (p.20),
la danse populaire (p. 21), une scène de marché (p. 30), le masque rituel
(p.35), le tam-tam « atopani » (p.41), etc.

L’énoncé verbal et l’énoncé visuel cohabitent sur l’espace de la page,


l’image en regard à l’intérieur ou en dessous du texte. La lecure textuelle et la
lecture visuelle interagissent l’une sur l’autre et permettent de saisir la
globalité du message. Dans leur interdépendance, le texte explique l’image et
l’image explique le texte. Il se produit chez lelecteur une association mentale
entre l’énoncé verbal et l’énoncé visuel. Nous pouvons dire que L’enfant, le

francophone : 1990-2000, op cit. p.33.


30
griot et les danseurs possède un fort taux d’iconographie. La photographie tire
vers le réel e confère un réalisme au texte bien que le récit soit conduit sur le
mode merveilleux puisqu’il se désigne comme un conte. L’instance du visuel
vient confirmer, condenser et même amplifier l’instance du verbal. Il en résulte
ce qu’on peut appeler une « rhétorique de l’image » qui confère au texte une
redondance. Or celle-ci relève de la répétition, un principe pédagogique qui a
pour vertu d’ancrer la connaissance dans la conscience de l’apprenant.

Dans le texte de Catherine Laverdant, l’image, en l’occurrence la


photographie, joue un rôle pédagogique certain, destiné à développer les
capacités d’observation de l’enfant. Elle suscite la motivation de l’enfant en
s’adressant à sa patrie sensible. La dénotation de l’image, c’est-à-dire le fait
qu’elle donne à voir concrètement des objets, ancre l’enfant dans la réalité des
connaissances qu’on veut lui faire acquérir.

Somme toute, image et texte s’associent dans L’enfant, le griot et les


danseurs pour répondre à un projet pédagogique.
3. L’intérêt pédagogique et la dimension icinographique de L’enfant, le griot et
les danseurs
L’enfant, le griot et les danseurs est « une œuvre ouverte ». C’est un texte
réticent, propre à faire l’objet d’une lecture plurielle. Se proclamant comme
étant une œuvre historique, il s’inscrit en même temps dans le champ de la
littérature enfantine et de jeunesse, comme nous l’avons montré au départ. Ce
double statut permet au critique de s’intéresser aux rapports entre le littéraire
et le fait historique pour voir comment l’un informe l’autre ou par quelle magie
le factuel se « liitéralise ». Les nombreuses notes qui accompagnent le texte
lui confèrent une dimension ethnologique. Les références culturelles
autorisent une approche sociologique qui pourrait mettre en lumière les
différents aspects de la société et leur système de figuration et de
symbolisme dans l’œuvre.

Enfin, la dimension iconographique assez marquée qu’affiche l’œuvre


larapproche de l’album de jeunesse. Une analyse faisant ressortir les
similitudes entre les deux ne manquerit pas d’intérêt. Bref, plusieurs sns
dorment dans l’œuvre et chacun l’aborde selon sa sensibilité et ses principales
préoccupations. En ce qui nous concerne, ce qui a retenu notre intérêt dans
l’œuvre, c’est le projet pédagogique dans lequel l’a inscrite l’auteur. En effet, le
savoir qui est inculqué à l’nfant dans L’enfant, le griot et les danseurs est
constitue d’une somme de conaissances procédurales qui lui permettent

31
d’agir dans son environnement mais aussi d’un « savoir être » par lequel il peut
communiquer avec autrui.

Somme toute, il s’agit de « (…) rassurer l’enfant sur tout ce qui l’entoure en
dissipant les troubles que lui causent les faits et les comportements dont il est
témoin et qu’il comprend mal »5

Claude-Anne Parmegian, « La parole est l’image » , Texte et documents pour la clsse, N° 56, mai
5

1993,p.5.

32
Leçon 9: PRESENTATION DE
L’ŒUVRE : La Belle histoire de
Leuk-le-lièvre
-----------------------------------------------------------------------Objectif :

A la fin de cette neuvième leçon, l’étudiant (e) devrait être en mesure de


maitrîser et de présenter La Belle Histoire de Leuk-le-Lièvre.

1. Présentation de l’œuvre

La Belle Histoire de Leuk-le-Lièvre de Léopold Sédar Senghor et Abdoulaye


Sadji est un recueil de contes se déroulant en Afrique, écrit par les auteurs
sénégalais Léopold Sédar Senghor (1906-2001) et Abdoulaye Sadji
(1910-1961).

Publiée en 1953, La Belle Histoire de Leuk-le-lièvre est présentée par ses


auteurs, le poète et feu président du Sénégal Léopold Sédar Senghor et son
compatriote le romancier Abdoulaye Sadji, comme un « livre de lecture destiné

33
aux élèves du cours élémentaire de l’Afrique noire ». Mais, de même que l’on
ne peut se contenter de ne voir en ses auteurs que deux « Africains membres
de l’enseignement public », de même est-il difficile de considérer cet ouvrage
comme un simple livre de classe, fût-il curieusement absent des bibliographies
comme des biographies de ses auteurs.
Replacé dans le contexte historique de sa publication, le projet pédagogique
auquel il obéit procède d’un engagement à la fois politique et culturel.

2. La Belle Histoire de Leuk-le-lièvre est un acte

Dans la préface, Senghor et Sadji énoncent très clairement leurs intentions


et leurs objectifs: faire apprendre le français aux élèves d’Afrique noire dans le
respect de l’«âme nègre » déposée dans les contes et récits de la zone
sahélienne qui ont le lièvre pour personnage central – “Héros familier, [il] est
au Sénégal ce que Goupil-le-Renard était pour nos pères », écrit André Terrisse
– ; favoriser la « symbiose » entre les apports d’une langue exogène et les
acquis innés de langues maternelles concrètes mais également attentives aux
« forces cosmiques »; transmettre dans la tradition des « contes à moralité »
des leçons de sagesse spécifiquement africaines.
Autant de prises de position qui, dans la guerre scolaire de l’époque entre
« assimiliationnistes » soucieux de voir appliquer en Afrique « le système
d’enseignement primaire métropolitain unifié » et « africanistes »
passionnément désireux d’une adaptation des programmes éducatifs au vécu
et à l’univers mental des élèves, rangent Senghor et Sadji au premier rang de
ceux-ci contre ceux-là.

34
Éditions Sépia, 2008
On pourrait donc reprendre à propos de leur ouvrage la formule par laquelle
Michel Leiris salua la publication par Cendrars de son Anthologie nègre : « Plus
qu’un livre, c’est un acte. » Plus qu’un livre scolaire, La Belle Histoire de
Leuk-le-lièvre est un acte par lequel les auteurs alors politiquement très
proches — Sadji appartient au parti que Senghor a fondé en 1948, le Bloc
démocratique sénégalais — entendent « manifester la Négritude ».

En leur double qualité d’Africains et d’enseignants, ils veulent apporter en


partage aux élèves le trésor des « vieux contes des veillées noires » (L. S.
Senghor), faire revivre les cultures natives dans leur richesse et leur
« sapience » et, selon un précepte cher à Senghor, « assimiler [la langue et la
culture française] sans être assimilé ».
Un acte par lequel plus particulièrement Sadji, le principal auteur du livre,
entend « rivaliser » avec les livres de classe (ou pour la classe) écrits par des
enseignants métropolitains – André Davesne, auteur de la célèbre méthode de
lecture Mamadou et Bineta, fit paraître en 1932 ses Contes de la Brousse et
de la Forêt alors même qu’il était collègue de Sadji à Thiès, au Sénégal. Un
acte qui donne par ailleurs à Senghor, premier agrégé de grammaire africain,
pleine légitimité pour mener son combat en faveur d’une nouvelle école,
africanisée dans ses programmes, innovante dans ses méthodes.

3. “Un vaste drame”

Plus qu’un livre pédagogique, La Belle Histoire de Leuk-le-lièvre se

35
présente surtout comme un « vaste drame » (préface). Dégagés de leur
vocation scolaire et enfin saisis dans leur continuité narrative, les
quatre-vingt-quatre chapitres qui la composent constituent en effet un
ensemble d’épisodes particulièrement riches et complexes, un fabuleux récit
qui, pour parler comme Senghor, « [se] perd par les routes sans mémoire » de
la longue tradition africaine (« Ndessé », Hosties noires).

Elle s’ordonne en sept cycles : la Découverte (textes 1-9); les leçons de


l’expérience (10-17) ; l’Âge d’or et les causes de sa disparition (18-23) ; « les
heurs et malheurs » de Leuk (24-57) ; l’initiation à la Sagesse (58-61) ; « le
voyage d’étude chez les hommes » (62-68) ; la transmission de la Sagesse
(68). Considéré ainsi dans sa totalité, le récit se présente comme le roman
d’une double formation : celle de Leuk et celle de Samba, le premier
transmettant au second son expérience et la sagesse en même temps que la
richesse et le pouvoir, sous les formes d’un « immense troupeau » et de la «
flûte enchantée » que lui a remise Mame Randatou-la-Fée.

4. Récit et analyse

La Belle Histoire de Leuk-le-lièvre est présentée comme un « livre de lecture


destiné aux élèves du cours élémentaire de l’Afrique noire ». Le personnage
principal est Leuk-le-Lièvre, Leuk étant le nom du lièvre en wolof. Il est le fil
rouge du récit où se trouvent aussi le personnage malfaisant de Bouki l’Hyène
et celui de son ami Samba Nouveau-né, le petit d’homme qui deviendra roi. Le
livre met en valeur des qualités morales, comme l’intelligence et la sagesse qui
permettent de se tirer d’affaire. Il valorise le bien par rapport au mal et le fait
de prendre conseil auprès des Sages.
Aux légendes africaines se greffent de nombreuses réminiscences
culturelles européennes comme le Roman de Renart, œuvre médiévale qui
consacre elle aussi le triomphe de l’intelligence et de la ruse. La ruse ne suffit
pas toujours, et Leuk-le-lièvre doit aussi compter, pour se tirer d’affaire, sur
l’aide de la fée et des trois objets magiques qu’elle lui confie (l’écuelle, le bâton
et la flûte). La magie contribue à rendre un peu plus vivable un univers où la
survie est difficile et où règne la violence.
Africains et enseignants, Senghor et Sadji veulent apporter en partage aux
élèves le trésor des « vieux contes des veillées noires » afin de faire revivre les
cultures natives dans leur richesse et leur « sapience » et, selon un précepte
cher à Senghor, « assimiler [la langue et la culture française] sans être
assimilé ». Principal auteur du livre, Sadji entend « rivaliser » avec les livres de
classe écrits par des enseignants métropolitains comme André Davesne,

36
auteur de la méthode de lecture Mamadou et Bineta et qui fait paraître en
1932 ses Contes de la brousse et de la forêt. Senghor et Sadji suivent la même
voie que d'autres conteurs sénégalais comme Birago Diop ou le Malien
Amadou Hampâté Bâ qui ont eux aussi écrit sur la trame des récits
traditionnels qui ont le lièvre pour héros – le premier dans Les Contes
d’Amadou Koumba (1947), le second dans Petit Bodiel (1977), « conte
drolatique peul ».

Leçon 10: TRAVAUX DIRIGES : La

37
Belle histoire de Leuk-le-lièvre
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Texte 1 : Le plus jeune animal, lecture cursive

C'est au temps où les animaux de la brousse (1) aiment à se réunir pour causer
et discuter de leurs affaires.

Certain (Un) jour, ils se rassemblent, sous l'arbre des palabres (2), pour désigner
le plus jeune ani¬mal. Oncle Gaïndé-le-lion préside la séance (3).

On connaît le plus fort de tous les animaux: c'est Gaïndé-le-lion, roi de la brousse.
On connaît le plus vieux: c'est Mame-Gnèye-l'élé¬phant. On connaît aussi le plus
malhonnête et le moins intelligent: c'est Bouki-l'hyène. Mais on ne connaît pas le
plus intelligent. Tout le monde veut passer pour (4) le plus intelligent de tous les
animaux. Oncle Gaïndé-le-lion dit: « Si nous connaissons le plus jeune d'entre nous,
nous connaîtrons en même temps le plus intel¬ligent. »

Alors ceux qui croient être les plus jeunes lèvent la main, pour demander à dire la
date ou l'époque de leur naissance.

« Moi, je suis née l'année de la grande sécheresse, c'est-à-dire il y a trois ans »,


déclare la Biche.

« Moi, je suis né il y a trois lunes », affirme le Chacal en dressant ses oreilles


pointues.

« Et moi, dit le Singe en se grattant, tenez, je viens de naître.»

Tout le monde applaudit, et le Singe se croit vainqueur lorsqu'une voix crie du


haut d'un arbre: « Attention! Je vais naître. Un peu de place pour me recevoir. »

Et Leuk-le-lièvre, lâchant la branche à laquelle il s'est accroché, tombe au milieu


des animaux étonnés.

Tout le monde reconnaît que Leuk-le-lièvre est en effet le plus jeune, puisqu'il
vient de naître au milieu de la discussion. Donc il est reconnu en même temps
comme le plus intel¬ligent (5).

Oncle Gaïndé-le-lion se lève et s'approche de Leuk-le-lièvre: « Je te proclame le


plus intel¬ligent des animaux, lui dit-il. Tu as réussi à nous prouver que tu es le
plus jeune. Tu n'es peut-être pas vraiment le plus jeune, mais ton intel¬ligence est

38
supérieure à celle des autres. »
La belle histoire de Leuk le lièvre : L. S Senghor, A. Sadji, éd : Nea-edicef, Coll Afrique en poche
1990

1. Questions de vocabulaire

Donnez la signification ou le sens contextuel des mots ou expressions


soulignés dans le texte ci-dessous.

2. Questions de lecture cursive (orales ou écrites)

1) Expliquez où se déroule l’histoire :

Justifiez votre réponse en vous appuyant sur des indications concernant le


cadre spatial, temporel et les personnages.

2) Comparez les dates de naissance de la Biche et du Chacal. Qui d’entre eux


est l’animal le plus jeune ?

3) Expliquez la différence entre « (…) tenez je viens de naître » et « Attention !


Je vais naître ».

4) Pourquoi Leuk-le-Lièvre est-il désigné comme « le plus jeune », et surtout


« le plus intelligent » ?

3. Etude de la langue : entrées possibles (une par rubrique)

1) Grammaire :
- les fonctions grammaticales : le sujet du verbe

- la conjugaison des verbes du 1er groupe au présent, les valeurs du présent

- les tournures : - je vais (présent) + infinitif, pour marquer un futur proche et


une intention

- je viens (présent) + de + infinitif, pour marquer un passé très


proche.

- la conjugaison des verbes, « aller », « venir » et « dire » au présent.

2) Orthographe : l’accord simple sujet-verbe.


3) Lexique :

- les verbes de parole

- le lexique de l’intelligence

4. Exercices d’écriture :
39
a) Exercices d’application :

- Construire 6 phrases différentes avec « aller + infinitif », employé au présent


et conjugué aux différentes personnes du singulier et du pluriel.

- Construire 6 phrases différentes avec « venir de + infinitif », employé au


présent et conjugué aux différentes personnes du singulier et du pluriel.

b) Exercices de réemploi :

- Dans un court paragraphe de 2 lignes, résumez les bonnes résolutions que


vous avez prises pour l’année universitaire ou pour la nouvelle année, en
employant « je vais + infinitif » en suivant cette trame :

« Cette année, j’ai pris de bonnes résolutions : je vais…Je vais aussi…et… Je


vais enfin… ».

- Dans une courte phrase, résumez la dernière action que vous venez juste de
réaliser en cours de Français.

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Texte 2: Leuk découvre la mer, lecture cursive

Leuk consulte M’Bélar-l’hirondelle pour connaître le chemin qui le mènera au


bord de la mer
M’Bélar-l’hirondelle lui dit:

« Pour arriver à la mer sans te perdre, il faut que tu saches t'orienter. Tu sais
que le point de la terre où le soleil se lève s'appelle l'est, le point où il se
couche l'ouest. Ces deux points suffisent pour le voyage que tu veux faire. Car
la mer se trouve à l'ouest du pays que nous habi¬tons. Donc tu marcheras
toujours droit vers l'ouest. Le soleil sera ton meilleur guide.

— Et que faire quand il n'y aura pas de soleil?

— Puisque tu dois partir au mois de mars, répond M'Bélar-l'hirondelle, le


vent d'est te guidera dans la forêt. Ce vent, chaud et sec, souffle en effet de
l'est vers l'ouest. Ainsi pour¬ras-tu suivre sa marche. Quant au soleil, en cette
saison, il n'est jamais caché. »

40
Leuk est très intelligent, mais il ignorait tout cela. Il pense que la science de
M'Bélar-l'hiron¬delle est vaste.

« Si tu voyages la nuit, ajoute celle-ci, tu auras, pour compagnes et pour


guides, la lune et les étoiles. Dès ce soir, je te ferai remarquer certaines étoiles
qui se lèvent toujours au nord et d'autres qu'on aperçoit toujours à l'est.

— Merci, ma sœur, de vos précieux ren¬seignements, dit Leuk, je saurai


m'en servir.

— Je te trouverai peut-être là-bas, répond M'Bélar-l'hirondelle. Car, bientôt,


ce sera pour nous la saison d'émigrer vers les pays frais que baigne (1) la mer
immense. »

Au bout d'un voyage long et pénible à travers savanes, forêts et clairières,


plaines, collines et ravins, Leuk arrive devant la mer immense.

Leuk se demande quelle est cette chose mugissante (2) qui a l'air de lui
barrer la route. Mais il continue d'avancer, poussé par la curio¬sité.

Bientôt la terre finit. Une étendue plate et bleue la remplace. Cette étendue
se confond, à l'horizon, avec le bleu du ciel.

« Voilà la mer, se dit Leuk. Je suis arrivé au bout de mon voyage. »

Il respire de soulagement. Il plonge son regard dans l'immensité qui, devant lui,
fuit de toutes parts. Toute la masse de ce grand désert liquide bouge. La mer
semble vivre et respirer par saccades (3).

Leuk réfléchit un moment et dit:

« Il faut que j'apporte à tous les animaux la preuve que j'ai vu la mer. Sinon
personne ne me croira quand je le dirai. »

Sur la grève (4), il y a des coquillages, gros et blancs. Leuk en ramasse


quelques-uns. Il veut ramener au pays deux ou trois crabes vivants, une
douzaine de moules. Mais les crabes fuient devant lui avec des airs apeurés et
s'enfoncent dans les flots. Quant aux moules, elles dispa¬raissent
brusquement dans le sable mou de la grève.

Avant de quitter la mer, Leuk veut savoir quel goût a son eau. Il mouille le
bout d'une de ses pattes dans la mousse (5) d'une vague qui vient d'arriver. Il y
passe la langue:

« Aïe ! crie-t-il aussitôt, l'eau de la mer est donc si amère, si salée ! »

41
Et, sans plus tarder, il repart pour le pays de ses ancêtres, emportant, dans sa
hotte (6), le plus grand nombre de témoignages (7), pour prouver qu'il a vu la
mer.

« Ils seront étonnés, se dit-il avec fierté. Et ils me croiront plus intelligent
encore que je ne suis ! »

La belle histoire de Leuk-le Lièvre, L.S Senghor et A. Sadji, Edicef nea,


collection

Afrique en poche, 2008

1. Questions de vocabulaire

Donnez la signification ou le sens contextuel des mots ou expressions


soulignés dans le texte ci-dessous.

2. Questions de lecture cursive (orales ou écrites)

1) Quels sont les trois conseils que donne l’Hirondelle à Leuk pour
s’orienter ?
2) Quelle impression Leuk ressent-il devant la mer ?
3) Expliquez la phrase : « La mer semble vivre et respirer par saccades. » A
quoi est comparée la mer ?
3. Etude de la langue : entrée possibles (une par rubrique)

1) Grammaire :

- les compléments circonstanciels de lieu


- les classes de mots : le pronom personnel sujet et objet
- la conjugaison des verbes au futur
- la conjugaison des verbes « faire » et « savoir » au présent et au futur.
2) Lexique :

- Les adjectifs qui qualifient un paysage de désert, de montagne

- Les synonymes du verbe « voir »

3. Ecriture d’imitation : « Au bout d’un voyage long et pénible à travers


savanes, forêts et clairières… » Leuk découvre (au choix)

- soit le désert avec ses dunes, et son immense immense étendue de


sable
- soit l’imposante montagne du Kilimandjaro et la neige qui couvre son

42
sommet
Rédigez-en suivant la trame du texte lu (voir ci-dessous)

4. Consignes : Trame à suivre

a) Commencer par « Au bout d’un voyage long et pénible à travers savanes


forêts et clairières… »
b) Continuer par 1 phrase pour décrire les premières impressions de Leuk :
« Leuk est surpris par… »
c) Ajouter 3 phrases pour décrire le paysage, en employant une image.
d) continuer par 1 phrase au style direct : Leuk décide de rapporter quelque
chose pour prouver qu’il a vu le désert (ou le Kilimandjaro) : « Il faut que
je rapporte… »
e) Raconter en 2 phrases ce que Leuk essaie de rapporter.
f) Terminer par la phrase de clôture : « Ils seront étonnés, se dit-il avec
fierté. Et ils me croiront encore plus intelligent que je ne suis ! ».

5. Travail de préparation : d’abord oral puis écrit à faire en amphi.


- Chercher et apporter en salle des images de désert et du Kilimandjaro (voir
dans le livre de géographie et dans des catalogues de voyage sur l’Afrique),
qui vont servir de simples supports et favoriser l’imagination de ceux qui n’ont
jamais vu de désert ou de montagne enneigée. Attention, le travail effectué ne
doit pas déboucher sur la description de l’image elle-même (au premier plan,
à l’arrière-plan, au centre de l’image etc…) : il doit correspondre à ce que voit
Leuk le lièvre.
- Décrire oralement chacun des paysages illustrés par les images, en inscrivant
au tableau et en faisant recopier dans deux colonnes distinctes le vocabulaire
utile.
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Texte 3: Le ciel, lecture analytique

Bouki est une hyène qui apparaît souvent dans La belle histoire de Leuk-le
Lièvre. C’est un personnage turbulent et malveillant, souvent puni pour les
mauvais tours qu’il joue aux autres. Il vient d’être rossé par les bergers qui
viennent de perdre un taureau à cause de lui. Rentré à grand peine chez lui, il
est soigné par le médecin Golo-le-Singe. Sa mère, qui est à son chevet, se met
à raconter une histoire.

« Je vais, dit Madame Bouki, vous raconter, ce soir, l'histoire de la lune et des
étoiles. »

43
Madame Bouki est assise au milieu de ses enfants. A côté d'elle, Bouki, encore
malade, est couché sur le dos.

« La lune, commence-t-elle, était autrefois plus blanche que du lait, aussi


propre que de la percale (1) neuve. Il n'y avait pas de différence entre le jour et
la nuit. La clarté de la lune était grande, si grande que le soleil en était jaloux.

« Les hommes adoraient la lune et les femmes chantaient sa beauté. Elle était
la vraie reine du ciel. Mais un bavard, au lieu de l'admirer sans rien dire,
prononça un jour ces paroles : « Oh ! qu'elle est blanche et pure, la lune ! »

« Ce fut comme si l'on venait de cracher sur elle. Tout de suite sa clarté
diminua, son disque se couvrit des taches noires qu'on y remarque encore. »

Madame Bouki termine cette histoire par ces mots :

« C'est pourquoi, mes enfants, il faut se méfier des mauvaises langues.

« Quant aux étoiles, continue-t-elle, ce sont les suivantes (2) de la lune. Elles la
suivent partout et se déplacent en même temps qu'elle. Lorsque la lune est
captive, son disque devient noir et sale. Alors les étoiles se groupent autour
d'elle et chantent des prières pour implorer (3) sa déli¬vrance.

« En effet, mes enfants, il faut savoir que la lune, reine du ciel, a sans cesse,
derrière elle, une foule de jeunes filles et de jeunes gens endimanchés ainsi
que des griots (4) avec leur tam-tam sonore. Tout ce monde danse et se
réjouit. Mais il est interdit à la lune de tourner la tête pour voir ce spectacle.
Chaque fois qu'elle le fait, le dieu du ciel la punit en la mettant au coin (5).
Alors elle s'immobilise, perd son éclat et sa grandeur, devient laide. Pour la
secourir, il faut adresser, au dieu du ciel, des prières et des chants. Et lorsque
la colère de ce dernier est tombée, la lune redevient blanche et reprend son
interminable voyage dans le ciel.

— Votre maman, dit Bouki, ne vous a raconté que la légende de la lune et des
étoiles. Moi qui suis allé à l'école, je vous dirai demain ce que les savants nous
apprennent sur ces corps célestes qu'ils appellent les astres. »

« Mes enfants, dit Bouki, comme je vous l'ai promis, je vais vous raconter la
véritable his¬toire de la lune et des étoiles.

« Je vous ai déjà dit que les savants les appellent des astres. Le soleil aussi
est un astre. Mais, tandis que le soleil est une boule de feu, la lune, elle, n'est
qu'un astre éteint. Le feu du soleil ainsi que sa lumière lui appartiennent, à

44
lui-même. Il nous éclaire, nous réchauffe, et quelquefois nous brûle. Grâce à sa
chaleur bien¬faisante, les fruits mûrissent et les moissons deviennent
blondes.

« La lune ne dégage pas de chaleur. Sa clarté est froide. D'ailleurs, cette clarté
ne lui appar¬tient pas. La lune ne fait que refléter (6) la lumière du soleil,
comme le ferait un miroir.

« Votre maman vous a dit que, sur le disque de la lune, on remarquait des
taches. C'est vrai, mais que sont ces taches? Ce ne sont pas des crachats,
comme elle l'a dit, mais l'ombre des montagnes qui existent sur elle. En effet,
la lune est comme la terre; elle a ses montagnes et ses plaines.

« Votre maman vous a dit aussi que la lune était parfois captive. Oui, il arrive
qu'elle devienne noire et qu'elle semble ne plus se déplacer dans le ciel. Cela
s'appelle une éclipse (7). Mais l'explication que votre maman vous donne de
l'éclipse n'est pas bonne. Quand vous serez un peu plus grands, je vous dirai
comment se produisent les éclipses de lune et de soleil.

« Quant aux étoiles, que vous voyez si petites et si lointaines, elles sont plus
grosses que la terre et que la lune. Ce sont des soleils fort éloignés de nous et
qui éclairent d'autres mondes.

« Pour nous, qui sommes sur la terre, les étoiles sont groupées en
constellations. La poussière d'étoiles qui forme comme un chemin dans le ciel
s'appelle la Voie lactée.

« Il arrive souvent qu'une étoile se détache et parcoure le ciel. C'est une étoile
filante.

« Les hommes croient qu'il y a des étoiles qui représentent la chance, d'autres
le malheur, d'autres la fortune, d'autres le courage, etc. Mais c'est une simple
croyance (8), et rien ne nous prouve qu'elle soit vraie.

— Merci, papa, dirent les enfants de Bouki. La légende de maman nous a


beaucoup amusés, mais ne nous a pas instruits, tandis que ton enseignement
augmente nos connaissances. »

La belle histoire de Leuk-le Lièvre,


L.S Senghor et A. Sadji, Edicef nea, collection Afrique en poche, 2008.

1. Lexique: travail à faire à la maison ou en amphi

- Chercher dans le dictionnaire l’un des mots soulignés, recopier sa


45
définition, donner le sens du mot dans le texte, et rédiger trois phrases
personnelle qui met en évidence le sens du mot (au choix, sens du
dictionnaire ou sens particulier dans le texte).
- Chercher quelques mots de la même famille, des synonymes ou des
antonymes.
- Donnez la signification ou le sens contextuel des mots ou expressions
soulignés dans le texte ci-dessous.

2. Questions de lecture analytique:

I. La structure du texte: trouvez les deux grandes parties du texte et


donnez-leur un titre.
II. a) La description poétique de la lune: relevez et expliquez les deux
images employées pour décrire la clarté de la lune.
b) L’évocation poétique de l’histoire de la lune:

- À qui est comparée la lune?


- Quel est le rôle des étoiles?
c) Pourquoi la lune perd-elle son statut de reine du ciel?

III. Pourquoi faut-il se méfier des “mauvaises langues”?


IV. L’évocation scientifique de l’existence de la lune
a) Toutes les informations données sont-elles exactes?

b) Expliquez l’image contenue dans l’expression “ Voie lactée”.

4. Lexique:

- Les champs lexicaux de la chaleur et de la lumière ( à intégrer dans des


phrases simples)
- Les mots de la famille de “croire”; les synonymes du verbe “croire”, et
leurs nuances
- Les champs lexicaux des astres ( à intégrer dans des phrases simples)

5. Ecriture d’imitation: décrire, d’une façon poétique, un paysage nocturne un


soir de pleine lune.

6. Trame à suivre:

- 1er paragraphe: description de la lune; employer une personnification et


des images poétiques
- 2ème paragraphe: description du paysage sous la clarté de la lune

46
7. Travail de préparation en amphi:

- Rechercher les personnifications et les images poétiques possibles


(emplois de comparaisons ou de métaphores, comme dans le texte de
lecture; exploitation du lexique de la lumière) dans le texte.
- Choisir le paysage: par exemple la mer, la montagne, une plaine, la
savane etc… et travailler sur le lexique utile
- Choisir une atmosphère: beauté, impression de paix ou au contraire
impression de peur, penser aux éventuels bruits entendus ou au
contraire au silence qui règne.

8. Ecriture créative: Compléter l’intervention du père en ajoutant un passage


destiné à donner une explication scientifique du phénomène de l’éclipse de la
lune (ou du soleil)

9. Travail de préparation en amphi:

- Chercher un document scientifique décrivant le phénomène de l’éclipse


(sur un manuel, sur internet)
- Travailler sur les étapes principales de l’explication (établir un plan
collectif au tableau)
- Etudier les aspects stylistiques: emploi du présent de vérité général, d’un
lexique scientifique
- Elaboration d’un brouillon, puis travail final mis au propre et rédigé à la
maison ou en classe.

10. Etudes transversales :

Elles se résument à des synthèses écrites et/ou orales, à une petite


exposition, à un livret de lecture éventuellement illustré (travail possible avec
les elements d’Arts plastiques), à une présentation au sein du département ou
devant une autre groupe d’étudiants, à des lectures expressives, à de petites
scénarisations (par exemple l’épisode de « l’âne savant », celui de « l’écuelle
magique », à des jeux de rôles reprenant la trame d’émissions littéraires (radio
ou télévision) etc. Toute valorisation du travail effectué autour de la lecture est
importante.

1. Repérer dans l’extrait les idées importantes et reformuler les d’une façon
personnelle sur les points suivants : (NB : Eviter de se borner à du
surlignage ou à des copier-coller).
a) Le personnage de Leuk le lièvre.
b) La visée éducative de La belle histoire de Leuk-le-lièvre.

47
c) La vision poétique et la vision scientifique des choses et du
monde.

2. Etudier les passages suivants dans La belle histoire de Leuk-le-lièvre:


a) Le personnage de Bouki l’hyène
b) Le personnage de Samba Nouveau-né
c) Le thème de la faim.
d) Le thème de la ruse.
e) La représentation des hommes.
f) Les relations entre les hommes et les animaux.
g) La description de l’Afrique et de la nature.
h) La présence du merveilleux.

Leçon 11: TRAVAUX DIRIGES : La


Belle histoire de Leuk-le-lièvre
(suite)
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Texte 4: Les belles devinettes, lecture cursive

Leuk connaît (de belles devinettes) qui amusent, tout en développant la


réflexion.

« Je vais voir, dit-il à Samba, si tu observes bien les choses qui t'entourent.
Tu prendras tout ton temps pour réfléchir aux questions que je vais te poser.

48
Bien réfléchir avant de parler est le meilleur moyen de trouver une réponse.

« Il y a, commence Leuk, une belle ceinture ronde et brillante, que le piéton


trouve sur son chemin mais ne ramasse jamais. Qu'est-ce que c'est?

— C'est le cours d'eau! fait Samba.

— Non, dit Leuk, c'est le serpent.

— Ah! c'est vrai, je n'ai pas assez réfléchi.

— Peux-tu me dire quelle est la porte la plus longue de toutes et qui ne


projette pas d'ombre?

— C'est le puits.

— Non, l'eau du puits reflète l'ombre des parois. Cette longue porte, c'est le
chemin.
— En effet, dit Samba, le chemin est hori¬zontal et n'a aucune épaisseur.

— Connais-tu quelqu'un qui tisse sans relâche et qui ne porte jamais de


boubou?

— Les doigts!

— Mais non! l'homme qui tisse avec ses doigts porte un boubou. Celui qui
tisse - sans relâche sans jamais porter de boubou, c'est l'araignée.

— Continue, dit Samba. Je vais bien réflé¬chir à présent.

— Parfait ! dis-moi deux choses qui vont ensemble du matin au soir sans
jamais se ren¬contrer.

— Il y en a plusieurs, dit Samba; par exemple, mes deux yeux, mes deux
oreilles, les deux bords de la route.

— Ce n'est pas mal, mais il y a mieux : ce sont les deux cornes de la vache.

— Quel est cet enfant que j'envoie sans cesse les mains vides et qui me
rapporte toujours un cadeau?

— La flèche! dit Samba, enthousiaste.

— Non, la flèche ne rapporte pas toujours quelque chose; elle peut manquer
son but. L'enfant, c'est l'aiguille. Quand on la prête nue, elle vous est toujours
rendue avec un bout de fil.

« Il y a quelqu'un qui passe son temps à couper du bois et qui ne se chauffe

49
jamais. Le connais-tu? »

Samba réfléchit, hésite.

« C'est la hache, dit Leuk. Son maître l'emploie durant la journée, mais, le soir,
il l'abandonne devant sa porte et va se chauffer avec le bois qu'elle a coupé.

— En vérité, dit Samba, tes devinettes sont très belles, mais elles sont bien
difficiles à trou¬ver. »

La belle histoire de Leuk-le Lièvre,


L.S Senghor et A. Sadji, Edicef nea, collection Afrique en poche, 2008.

1. Questions de lecture cursive:

a) Combien de devinettes Leuk pose-t-il à Samba Nouveau-né?

b) Samba Nouveau-né progresse-t-il dans ses réponses?

c) Peut-on imaginer d’autres réponses?

2. Activités d’oral et d’écriture:

a) Invention, par groupes de 2, des devinettes, et jeux de rôle (Leuk et


Samba Nouveau-né, ou autres personnages)
b) Invention de charades.
c) Recensement de proverbes, dans un dictionnaire des proverbes ou sur
internet.
d) Invention de proverbes nouveaux.
e) Comparaison de proverbes de différentes cultures, voir un dictionnaire
de proverbes.

Texte 5: Serigne N'Diamala-la-girafe, lecture analytique

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Très haute sur pattes, le cou démesurément long, Serigne
N'Diamala-la-girafe vit en soli¬taire. Ce qu'il lui faut, c'est la belle savane infinie,
semée d'îlots de verdure et d'oasis tran¬quilles. Ses longues pattes lui
permettent de faire de grandes enjambées, qui la font aller et revenir, sans
fatigue, des lieux où elle se repose aux endroits où elle prend sa nourriture et
sa boisson.

Levée avec les premiers rayons du jour, elle allonge son cou dans le
brouillard et boit la fraîcheur du matin. Puis, lentement, elle fait sa promenade
quotidienne à travers les bosquets, dont les arbres ont de jeunes feuilles
tendres et appétissantes. Du bout de ses lèvres très mobiles, elle cueille ces
feuilles délicieuses. Elle respire le parfum des fleurs nouvellement écloses.

L'après-midi, quand l'air est devenu doux et que l'ombre des arbres a redonné
aux sources leur fraîcheur, elle se dirige vers les cuvettes d'eau limpide et
tranquille. Là, le cou tendu et les pattes écartées, elle apaise sa longue soif de
la journée.

Personne ne la dérange, excepté les bêtes féroces, qui peuvent arriver par
surprise, ou les hommes qui chassent avec des flèches et des fusils.

Le soir, N'Diamala rêve au clair de lune. Silencieuse, elle regarde le ciel et


contemple les étoiles. Et lorsque, autour d'elle, le dernier bruit s'est éteint, elle
ferme doucement les yeux et part pour le pays des songes. (…)

La belle histoire de Leuk le lièvre : L. S Senghor, A. Sadji, éd : Nea-edicef, Coll


Afrique en poche 1990

1. Questionnaire de lecture analytique:

1. Dégager la structure de la description: observer l’organisation en


paragraphes et les articulations temporelles.
2. Dans le premier paragraphe, quelle est la caractéristique physique qui
est mise en valeur? Observer les adjectifs qualificatifs employés.
3. Dans quel cadre naturel vit la girafe? Comment peut-on qualifier ce
paysage?
4. Quelles sont les activités de la girafe?
5. Que peut-on dire de son mode de vie?

2. Ecriture d’imitation:

Consignes: Choisissez un autre animal sauvage et décrivez l’une de ses


journées, passée dans son cadre naturel. Vous suivrez la structure du texte lu,
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c’est-à-dire:

- un premier paragraphe consacrée à la description physique de l’animal


et de son cadre naturel
- un second paragraphe consacré à ses activités matinales
- un troisième paragraphe consacré à ses activités de l’après-midi
- un quatrième paragraphe relatif aux dangers qui le menacent
- un dernier paragraphe consacré à ses activités nocturnes.

3. Travail de préparation

a) Travail de préparation à partir d’internet ou du CDI: choisir un animal


sauvage, chercher des illustrations, chercher des informations sur son
cadre de vie et sur ses habitudes alimentaires et sur son mode de vie.
b) Regrouper les documents par type d’animal (félins, antilopes, éléphants,
singes, oiseaux) et par type de paysage (savane, forêt, jungle,
montagne).
c) A partir de ces documents: travail sur le vocabulaire: le lexique utile à la
description physique de l’animal (taille, couleur, caractéristiques
particulières) et le lexique utile à la description du paysage (savane,
jungle, forêt, montagne etc. selon l’animal choisi)
d) Grammaire: Dégager les outils permettant de caractériser l’animal et le
paysage (adjectifs qualificatifs, les comparaisons, etc.)
e) Eventuellement, passer un court documentaire sur la faune sauvage
africaine (à partir des émissions qui passent sur les chaînes
animalières) et qui doit stimuler l’imagination des enfants.
f) Outre le travail d’écriture proposé, on pourra imaginer beaucoup d’autres
activités:
- activités d’oral (par exemple: raconter et commenter ce qui a été vu,
présenter l’animal qu’on préfère et expliquer pourquoi )
- activités de lecture complémentaire (par exemple, les Histoires comme
ça ou Le
Livre de la Jungle de Kipling)
- Rédiger un plaidoyer (oral et/ ou écrit) en faveur de la défense d’espèces
en voie de disparition (baleines, ours polaires, pandas etc.).

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ANNEXE:

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