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PARCOURS DE LA LITTERATURE FRANCOPHONE

2. La négritude – La langue comme arme poétique et affirmation culturelle

Citations
L. S. Senghor : « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d'être Noir, et l'acceptation
de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture ».
Aimé Césaire : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ».

Carte du commerce triangulaire au XVIIIe siècle

Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, le commerce triangulaire reliait l'Europe, l'Afrique et l'Amérique, pour la
déportation d'esclaves noirs, d'abord troqués en Afrique contre des produits européens (textiles, armes)
puis en Amérique contre des matières premières coloniales (sucre, café, cacao, coton, tabac).

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Etude 1 : Aimé Césaire, extrait de Cahier d’un retour au pays natal (1939)

Extrait 1
« Et ce pays cria pendant des siècles que nous sommes des bêtes brutes ; que les pulsations
de l’humanité s’arrêtent aux portes de la négrerie ; que nous sommes un fumier ambulant
hideusement prometteur de cannes tendres et de coton soyeux et l’on nous marquait au fer
rouge et nous dormions dans nos excréments et l’on nous vendait sur les places et l’aune de
drap anglais et la viande salée d’Irlande coûtaient moins cher que nous, et ce pays était
calme, tranquille, disant que l’esprit de Dieu était dans ses actes.
Nous vomissure de négrier
Nous vénerie des Calebars
quoi ? Se boucher les oreilles ?
Nous, soûlés à crever de rouis, de risées, de brume humée !
Pardon tourbillon partenaire !
J’entends de la cale monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, le
bruit d’un qu’on jette à la mer… les abois d’une femme en gésine… des raclements d’ongles
cherchant des gorges… des ricanements de fouet… des farfouillis de vermine parmi des
lassitudes…
Rien ne put nous insurger jamais vers quelque noble aventure désespérée. »

Questions
1) Quel mot choisiriez-vous pour décrire ce texte ? Pour quelles raisons ?
2) Quelle réalité historique décrit-il ?

Extrait 2
« Partir. Mon cœur bruissait de générosités emphatiques. Partir… j’arriverais lisse et jeune
dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair :
« J’ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies ».

Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte… Et si je ne sais


queparler, c’est pour vous que je parlerai».
Et je lui dirais encore :
« Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de
cellesqui s’affaissent au cachot du désespoir. »
Et venant je me dirais à moi-même :
« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude
stérile du spectateur car la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleurs n’est pas un
proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse. »

Vocabulaire :
Limon : terre, boue que les eaux déposent sur les rives d’un fleuve – Hideur : laideur,
horreur – Plaies : blessures – Cachot : cellule de prison – Stérile : inféconde, qui ne peut
pas donner la vie – Croiser les bras : expression qui signifie ne rien faire, attendre.

Questions

1) Quelles phrases et quels mots montrent le retour du poète dans son pays natal ?
2) Pourquoi retourner dans son pays natal est-il si important ? Que s’engage-t-il à faire
pourson pays natal?

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Etude 2 : Léon Gontran Damas, poème « Nous les gueux » extrait du recueil Black-Label,
1956

Nous les peu Qu’attendons-nous


nous les rien les gueux
nous les chiens les peu
nous les maigres les rien
nous les Nègres les chiens
les maigres
Nous à qui n’appartient les nègres
guère plus même pour jouer aux fous
cette odeur blême pisser un coup
des tristes jours anciens tout à l’envi
contre la vie
Nous les gueux stupide et bête
nous les peu qui nous est faite
nous les rien à nous les gueux
nous les chiens à nous les peu
nous les maigres à nous les rien
nous les Nègres à nous les chiens
à nous les maigres
à nous les nègres

L’influence artistique du mouvement de la négritude : Wifredo Lam et le métissage culturel

Frontispice de Wifredo Lam pour Cahier Wifredo Lam, Autoportrait III (1938),
d’un retour au pays natal d’Aimé Tate, Londres
Césaire

3
Wifredo Lam, Umbral (1950),
huile sur toile, 185 × 170 cm,
Centre Pompidou, Paris

“ Para entonces, la poesia en Cuba o era politica y estaba comprometida, como la de


Nicolas Guillén y algunos otros, o estaba escrita para turistas. Rechazo esta ultima, porque
no tiene relacion alguna con un pueblo explotado, con una sociedad que destruyo y humillo
a sus esclavos. No, decidi que mi pintura jamas seria el equivalente de la musica seudo-
cubana de los clubes nocturnos. Rechacé pintar el cha-cha-cha. Queria, con todas mis
fuerzas, pintar el drama de mi pais, pero expressando en detalle el spiritu Negro, la belleza
del arte plastico de los negros.” (Lam en conversation avec Fouchet, 1989)

Exercice d’écriture
Ecrivez un texte revendicatif, en prose ou en vers, à travers lequel vous défendrez une
cause culturelle qui vous tient à cœur et à laquelle vous vous identifiez (défense d’un peuple
ou d’une communauté opprimée ou traitée inégalement…). Vous créerez une
personnification pour imager votre écrit, et des anaphores pour le rythmer.

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