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SÉQUENCE 2 : CHAPITRE 4

CALIGULA

Course contents
Table des matières
1 CHAPITRE 4 : TRAGÉDIE OU FARCE ? LA PORTÉE RÉELLE DE LA PIÈCE ..................................................3
1.1 INTRODUCTION ..........................................................................................................................................3
1.2 SÉANCE 1 – APPROCHE DE LA TRAGÉDIE .......................................................................................................3
1.3 SÉANCE 2 – LES RESSORTS DU COMIQUE .......................................................................................................8
1.4 SÉANCE 3 – TRAGÉDIE OU FARCE ?.............................................................................................................14
1.5 BILAN .....................................................................................................................................................19
2 DOCUMENTATION........................................................................................................................................20
3 CRÉDITS .......................................................................................................................................................21
4 VERSION IMPRIMABLE ................................................................................................................................21
1 Chapitre 4 : Tragédie ou farce ? La portée réelle de la pièce

1.1 Introduction

1.1.1 Objectifs

 Comprendre le genre de la pièce


 Identifier les ressorts du comique et de la tragédie
 Approcher la pièce par des adaptations

1.1.2
Résumé

À ce stade de l’étude, vous avez pris conscience qu’il ne s’agit pas d’une simple pièce sur un personnage de
l’Antiquité. Camus aborde par cette pièce l’absurde de la condition humaine et la politique du pouvoir.
Pourtant, cette pièce n’est pas nécessairement noire, on peut même y percevoir des moments comiques.
C’est ce mélange de genres que nous allons étudier afin que votre commentaire de texte reflète une
compréhension globale de ce drame.

1.1.3 Sommaire

 Séance 1 – Approche de la tragédie


 Séance 2 – Les ressorts du comique
 Séance 3 – Tragédie ou farce ?

Temps de travail indicatif : 3 h 00

1.2 Séance 1 – Approche de la tragédie

1.2.1 1. Découvrir l’évolution du genre théâtral et des lieux de théâtre

3 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Le théâtre antique naît au VIe siècle avant J-C, en Grèce. Il est en plein air, et peut accueillir jusqu’à 20 000
spectateurs. La scène est occupée par des acteurs masculins, même s’ils incarnent des rôles de femme,
costumés et qui portent un masque. Les pièces suivent une même trame : le Prologue débute la pièce, le
Chœur chante les actes, et l’Exodos, c’est-à-dire la fin de la pièce, est marqué par la sortie du Chœur.

L’Opéra et la Comédie française sont les deux théâtres officiels au XVIIe siècle. Ils sont contrôlés par le Roi.
La Comédie française, fondée en 1680, a pour devise « Simul et Singulis », c’est-à-dire « ensemble et soi-
même ». Son emblème est une ruche, pour bien montrer la richesse des pièces qui y sont représentées.

4 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


L’Opéra Garnier fut inauguré en 1875, et devint le plus grand Opéra du Monde, avec 2156 places alors.
Au XVIIe, l’Opéra était un genre mené par l’Académie Royale de musique : lyrique,- on y chantait- et
chorégraphique - on y dansai t-, c’était le lieu privilégié de l’activité théâtrale.

5 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Au XIXe siècle, le théâtre se diversifie et se libère. On y joue des drames, des comédies, des mélodrames,
du vaudeville… On s’y bat même, comme lors de la première représentation d’Hernani de Victor Hugo. Ce
drame romantique fait scandale, tant par les libertés qu’il prend, que par la place privilégiée qu’il reconnait
au peuple. Pour Hugo, le véritable public est ce « peuple océan » comme il dit.
Les « classiques » s’opposent aux « Romantiques », Hugo prend des libertés avec le vers Alexandrin et
avec le niveau de langue : c’est une forme de révolution littéraire !

L’Opéra Comique, autrement appelé « Salle Favart », se situe à Paris.


Les œuvres représentées sont à la fois chantées et parlées : l’alternance des deux permet ainsi d’y
retrouver Opéra et théâtre.

6 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Désormais le théâtre se joue aussi lors de manifestations qui durent plusieurs jours, en extérieur ou dans
des salles. Le festival le plus célèbre est celui d’Avignon, en Juillet.
Ces festivals présentent à la fois du théâtre, mais aussi des « spectacles vivants », des spectacles où
l’interaction entre le public et les acteurs est forte, autour du théâtre, mais aussi de la danse et de la
musique.

1.2.2 Une pièce ambiguë entre drame et farce

Trailer Caligula d'Albert Camus, mis en scène par Valérie Fruaut


Au théâtre, on distingue plusieurs genres dont :
- La tragédie, très présente au XVIIe, autour du thème sérieux comme l’amour, l’honneur par exemple et
qui respecte des règles.
- La comédie, un genre plaisant et destiné à faire rire ou sourire.
- Le drame, un genre sérieux, défini dans le Larousse comme « Pièce de théâtre de ton moins élevé que la
tragédie, représentant une action violente ou douloureuse, où le comique peut se mêler au tragique. »

Production écrite
(sur votre cahier de travail personnel)

Visionnez la présentation de l’adaptation théâtrale de la pièce de Camus.


À quel genre associeriez-vous la pièce si vous ne l’aviez pas lue auparavant ?
Éléments de réponse

Tragédie Comédie Drame

Généralement en 5 actes. Destinée à faire rire. Désigne au départ toute


pièce : αααμα / drâma signifie
« action ».

7 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Tragédie Comédie Drame

Personnages nobles ou de Pointe du doigt les défauts et les mœurs Se décline en drame
rang élevé. de la société.
bourgeois (XVIIIe) ou drame
Personnage confronté à un
choix difficile : le dilemme. romantique (fin XVIIIe).

Recours à différents types de comique :


de geste, de situation, de caractère, de
répétition, de mot, de mœurs.

Respect des règles : lieu, Mélange les registres, prend


unité, temps, bienséance, des libertés avec les règles
vraisemblance. du classicisme.

S’achève souvent sur une Le dénouement est heureux et possède


mort. souvent une portée morale.

1.3 Séance 2 – Les ressorts du comique

1.3.1 Une pièce où se mêlent les genres

Caligula est un tyran, la pièce est ponctuée par la mort, et pourtant le comique tient une véritable place
dans la pièce.
- Le comique de mœurs : derrière le ton badin des répliques, le lecteur peut percevoir une critique de la
société. « On supporterait tellement mieux nos contemporains s’ils pouvaient de temps en temps changer
de museau. Mais non, le menu ne change pas. Toujours la même fricassée. » (Acte I, scène 1). Mais Camus
aborde aussi des sujets plus sérieux, avec une fausse légèreté : le mariage (« le malheur c’est comme le
mariage. On croit qu’on choisit et puis on est choisi. C’est comme ça, on n’y peut rien »), l’inceste (« Vous
savez, l’inceste, forcément, ça fait toujours un peu de bruit. Le lit craque, si j’ose m’exprimer ainsi. »)
- Le comique de caractère : Caligula est un personnage cruel mais il en devient ridicule. « J’ai donc besoin
de la lune, ou du bonheur, ou de l’immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit
pas de ce monde » clame-t-il jusqu’à l’absurde.
- Comique de situation : la place de la Lune l’illustre bien. (« C’est pourquoi je veux la lune. Et tu ne
reparaîtras pas ici avant de me l’avoir procurée. »)
- Comique de mot : Caligula, monstre sanguinaire, fait le vide autour de lui, mais Camus lui laisse des
traits d’esprit qui font sourire (« Trop de morts, trop de morts, cela dégarnit. »)
- Comique de répétition : tandis que Coesonia déclame dans l’acte III, scène 1, et que les Patriciens
répètent, ils vont jusqu’à répéter ce qui n’est plus de l’ordre de la prière sacrée à Caligula-Vénus
(« Pause ! »)
- Comique de geste : ils sont souvent associés à Caligula, qui semble inqualifiable. Il « s’ébroue », « fait
ses pieds », « se cure les dents avec les ongles »)
Il faut donc prendre conscience que l’intrigue ne suffit pas à comprendre la pièce.
LE GROTESQUE (Acte IV, scène 4) : la danse grotesque
Il se lève et veut s’échapper. Deux gardes surgissent et le maintiennent de force après l’avoir giflé. Le
premier patricien s’écrase sur son siège. Cherea dit quelques mots qu’on n’entend pas. Soudain, une
étrange musique aigre, sautillante, de sistres et de cymbales, éclate au fond. Les patriciens font silence et

8 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


regardent. Caligula, en robe courte de danseuse, des fleurs sur la tête, paraît en ombre chinoise, derrière
le rideau du fond, mime quelques gestes ridicules de danse et s’éclipse. Aussitôt après, un garde dit, d’une
voix solennelle : « Le spectacle est terminé. » Pendant ce temps, Cœsonia est entrée silencieusement
derrière les spectateurs. Elle parle d’une voix neutre qui les fait cependant sursauter.

1.3.2 Identifier le type de comique auquel vous avez affaire

1.3.2.1 1

Exercice 1 - Corrigé à la page 22


Selon vous, c’est une situation qui relève du :

○ Comique de caractère

○ Comique de geste

○ Comique de situation

○ Comique de répétition

○ Comique de mots

1.3.2.2 2

9 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Exercice 2 - Corrigé à la page 22
Dans l’Odyssée de Homère, Ulysse explique à Polyphème le Cyclope : « Je m’appelle Personne,
et Personne est le nom que mes parents et tous mes autres Compagnons me donnent. »
Lorsque celui-ci crie tandis qu’il a l’œil crevé « Par ruse, et non par force, amis ! Mais qui me
tue ? Personne ! ». C’est ici une forme de :

○ Comique de mots

○ Comique de geste

○ Comique de répétition

○ Comique de situation

○ Comique de caractère

1.3.2.3 3

10 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Exercice 3 - Corrigé à la page 22
Quand Sganarelle veut fuir devant le danger, trop peu téméraire, il prétend dans Dom Juan de
Molière « je crois que cet habit est purgatif ». On y voit ici :

○ Un comique de mot

○ Un comique de geste

○ Un comique de caractère

○ Un comique de situation

○ Un comique de mot

1.3.2.4 4

11 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Exercice 4 - Corrigé à la page 23
Dans la scène d’exposition de En Attendant Godot de Beckett, le lecteur peut lire : « VLADIMIR :
Que faire pour fêter cette réunion ? (Il réfléchit.) Lève-toi que je t’embrasse. (Il tend la main à
Estragon.) » Quel type de comique est-ce ?

○ Du comique de situation

○ Du comique de gestes

○ Du comique de caractère

○ Du comique de situation

○ Du comique de mots

1.3.3 Petit divertissement

12 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Dans la grille ci-contre, retrouvez les mots liés au registre de l’humour.
Il y en a 16.
Voici les définitions des plus difficiles :
- Œuvre littéraire écrite rapidement (souvent sur un ton burlesque)
- Plaisanterie, moquerie bouffonne
- Plaisanterie burlesque
- Qui est d’une étrangeté comique, qui étonne et fait rire
- Qui critique en raillant
- Brusque accès de gaieté ; explosion de rires
- Imitation du style d’un auteur pour s’amuser

Recopiez les définitions et les termes inconnus dans votre carnet de lecture

1.3.4 Les fonctions du registre comique

13 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Conclusion :
Le comique n’a pas pour seule fonction de faire rire. Dans la Préface de Tartuffe, Molière précise que le
« comique corrige les mœurs par le rire ». En effet, il possède une visée morale et didactique. Chez Camus,
il est porteur d’une philosophie de la vie.
Le comique nait souvent d’un décalage entre le sérieux et le ridicule d’une situation.
Les comiques de gestes, mœurs, répétitions, mots, caractères peuvent être mêlés dans une même scène.

Rire est le propre de l’homme.


Rabelais

1.4 Séance 3 – Tragédie ou farce ?

1.4.1 Caligula, personnage loufoque

Caligula est un personnage comique, qui devient vite loufoque et grotesque.


Le comique dénonce souvent les mœurs de la société mais ici c’est davantage un homme qui est au cœur
de la scène : un tyran qui use de son pouvoir de manière loufoque et grotesque.
Caligula est un personnage au comportement bizarre, extravagant. Il agit à l’inverse du bon sens et de la
raison. Voici même la définition de loufoque.
Dès lors, la pièce mêle différents registres et le lecteur commence à comprendre qu’il a affaire à une farce
sérieuse.
Nous avons vu au début de cette étude que Caligula voulait faire de son cheval Incitatus un consul.
Mais Caligula était aussi une forme de monstre tyrannique. L’absurde est un genre littéraire qui relève du
comique mais l’absurdité du comportement de Caligula fait basculer la pièce vers le tragique.
Il s’agit ainsi de comprendre le but de ce mélange de genre. Cette pièce est aux frontières de la farce et de
la tragédie.

14 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


1.4.2 Comprendre la folie du personnage Caligula

Cliquez sur chaque élément de l’image pour comprendre le personnage :

Feuilleter la BD en ligne

15 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Cette couverture de BD met le personnage de Caligula en médaillon.
1:
La série se nomme « Les Méchants de l’Histoire. ». Le titre de la collection est ironique. Il se partage quand
même la vedette avec Staline, Hitler, Dracula, Attila… Caligula est ainsi moins « connu », a une réputation
qui n’est pas nécessairement passée à la postérité contemporaine, mais il ne faut pas négliger ce qu’il fut.
2:
Ici, il contemple un crâne. La référence intertextuelle à la pièce Hamlet de Shakespeare est flagrante.
« To be or not be », c’est la réflexion de Caligula jusqu’à la fin de la pièce. Le theme de la mort est au cœur
de la pièce Caligula.
3:
Le personnage a un air grotesque, soigne son apparence. Le crâne peut être perçu comme le miroir où
Caligula se contemple et se parle à lui-même.

1.4.3 Les exemples d’actes insensés de Caligula

Ces actes fous ne sont pas particulièrement mis en exergue par Camus mais rappelez-vous toujours que…

16 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


1.4.4 Distinguer ce qui relève de la farce et du tragique

Exercice 5 - Corrigé à la page 24


Faites glisser dans chacune des colonnes ce qui relève de la farce ou du tragique

Pour rappel, la farce met en scène des personnages ridicules, recourt à des gestes familiers,
un registre grossier.
La tragédie suscite la pitié et inspire la terreur. La tragédie moderne recourt à la satire et
dénonce la démesure.

.... Rien ne le force à jeter ses noyaux d'olives dans l'assiette de ses
1 FARCE . voisins immédiats, à cracher ses déchets de viande sur le plat.

....
Tu es pur dans le bien, comme je suis pur dans le mal.
.
2 TRAGIQUE
.... « Tu as l’air de mauvaise humeur. Serait-ce parce que j’ai fait mourir
. ton fils ? »

.... Il a ajouté d’ailleurs que celui qui n’aurait pas communié aurait la
. tête tranchée.

.... Pendant toute cette scène, les acteurs, sauf Caligula et Caesonia,
. pourront jouer comme des marionnettes.

.... « Il saute sur le gong et commence à frapper, sans arrêt, à coups


. redoublés. Toujours frappant. »

1.4.5 Analyse d’un extrait

1.4.5.1 Texte

17 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Après une lecture attentive du texte, réalisez l’activité dans l’onglet suivant :
SCÈNE PREMIÈRE
Des patriciens, dont un très âgé, sont groupés dans une salle du palais et donnent des signes de nervosité.
PREMIER PATRICIEN Toujours rien.
LE VIEUX PATRICIEN Rien le matin, rien le soir.
DEUXIÈME PATRICIEN Rien depuis trois jours.
LE VIEUX PATRICIEN Les courriers partent, les courriers reviennent. Ils secouent la tête et disent :
« Rien. »
DEUXIÈME PATRICIEN Toute la campagne est battue, il n’y a rien à faire.
PREMIER PATRICIEN Pourquoi s’inquiéter à l’avance ? Attendons. Il reviendra peut-être comme il est parti.
LE VIEUX PATRICIEN Je l’ai vu sortir du palais. Il avait un regard étrange.
PREMIER PATRICIEN J’étais là aussi et je lui ai demandé ce qu’il avait.
DEUXIÈME PATRICIEN A-t-il répondu ?
PREMIER PATRICIEN Un seul mot : « Rien. »
Un temps. Entre Hélicon, mangeant des oignons.
DEUXIÈME PATRICIEN, toujours nerveux. C’est inquiétant.
PREMIER PATRICIEN Allons, tous les jeunes gens sont ainsi.
*LE VIEUX PATRICIEN Bien entendu, l’âge efface tout.
DEUXIÈME PATRICIEN Vous croyez ?
PREMIER PATRICIEN Souhaitons qu’il oublie
Page 1/2

LE VIEUX PATRICIEN Bien sûr ! Une de perdue, dix de retrouvées.


HÉLICON Où prenez-vous qu’il s’agisse d’amour ?
PREMIER PATRICIEN Et de quoi d’autre ?
HÉLICON Le foie peut-être. Ou le simple dégoût de vous voir tous les jours. On supporterait tellement
mieux nos contemporains s’ils pouvaient de temps en temps changer de museau. Mais non, le menu ne
change pas. Toujours la même fricassée.
LE VIEUX PATRICIEN Je préfère penser qu’il s’agit d’amour. C’est plus attendrissant. HÉLICON Et
rassurant, surtout, tellement plus rassurant. C’est le genre de maladies qui n’épargnent ni les intelligents
ni les imbéciles.
PREMIER PATRICIEN De toute façon, heureusement, les chagrins ne sont pas éternels. Êtes-vous capable
de souffrir plus d’un an ?
DEUXIÈME PATRICIEN Moi, non
PREMIER PATRICIEN Personne n’a ce pouvoir.
LE VIEUX PATRICIEN La vie serait impossible.

Page 2/2

PREMIER PATRICIEN Vous voyez bien. Tenez, j’ai perdu ma femme, l’an passé. J’ai beaucoup pleuré et puis
j’ai oublié. De temps en temps, j’ai de la peine. Mais, en somme, ce n’est rien.
LE VIEUX PATRICIEN La nature fait bien les choses.
HÉLICON Quand je vous regarde, pourtant, j’ai l’impression qu’il lui arrive de manquer son coup. Entre
Cherea.
PREMIER PATRICIEN Eh bien ?

18 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


CHEREA Toujours rien
HÉLICON Du calme, Messieurs, du calme. Sauvons les apparences. L’Empire romain, c’est nous. Si nous
perdons la figure, l’Empire perd la tête. Ce n’est pas le moment, oh non ! Et pour commencer, allons
déjeuner, l’Empire se portera mieux.

1.4.5.2 Activité

Production écrite
(sur votre cahier de travail personnel)

Après avoir lu l’extrait précédent, répondez aux questions suivantes. Dans un deuxième temps, élaborez un
plan en trois axes qui guideraient l’étude de cet extrait.
1) QUESTIONS :
- a) Quel mot revient sans cesse dans l’extrait ? Que crée-t-il comme effet ?
- b) Quelle figure de style dominante remarquez-vous ? Citez, entre guillemet, le texte. Quel effet cela
produit-il ?
- c) Dans la réplique d’Hélicon quant au « foie », quelle métaphore filée avez-vous ? En quoi concerne-t-
elle l’existence humaine ? Expliquez.
- d) Repérez les passages familiers ou badins. Qu’attendent les Patriciens au début de la scène ? Que font-
ils à la fin de l’extrait ? Commentez.
2) Proposition de plan
À partir des observations tirées des questions, vous proposerez un plan de commentaire.

Éléments de réponse

1.5 Bilan

Cette pièce repose donc à la fois sur la volonté de faire sourire en montrant le personnage grotesque de
Caligula et sur la tragédie de la vie.
La vie de Caligula est tragique. Il cherche à être adoré de tous en adoptant un comportement qui fait de lui
un monstre.
L’intrigue de la pièce est lancée par la mort de Drusilla, sa sœur et amante. Il assassine à tout va sans
motif légitime, exige l’impossible comme la Lune. Dès lors, sa quête est vaine et perdue d’avance.
Pour Caligula, la liberté est sans limite et pourtant son existence est celle d’un commun des mortels. Il est
voué à mourir quoiqu’il fasse.
L’hybris, c’est-à-dire la démesure que l’on trouvait dans la tragédie classique, se retrouve dans la
démesure de Caligula, dans sa folie.
C’est ce que Emmanue Danblon l résume : Caligula est « un monstre incompréhensible et déroutant, à la
fois agent et agi, coupable et innocent, lucide et aveugle ». La dimension tragique est donc au cœur de la
pièce.
Pourtant, l’ensemble est tellement grotesque qu’il s’apparente à une farce. Caligula, conscient que la vie
lui est insupportable, trouve des remèdes improbables : il a besoin de la Lune ou de l’immortalité.
L’ensemble devient une forme de divertissement où le sadisme de Caligula devient une forme de sujet de

19 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


plaisanterie.
Le théâtre moderne déplace donc les frontières des genres. Ici, nous avons affaire à une « farce tragique ».

1.5.1 Pour approfondir

Si donc la valeur du théâtre était dans le grossissement des effets, il fallait les grossir davantage encore,
les souligner, les accentuer au maximum. (…) Pas de comédies de salon, mais la farce, la charge parodique
extrême. Un comique dur, sans finesse, excessif. Pas de comédies dramatiques, non plus. Mais revenir à
l’insoutenable. Pousser tout au paroxysme, là où sont les sources du tragique. Faire un théâtre de
violence : violemment comique, violemment dramatique. (…) On peut, sur un texte dramatique, greffer une
interprétation clownesque, souligner, par la farce, le sens tragique d’une pièce. La lumière rend l’ombre
plus obscure, l’ombre accentue la lumière. Je n’ai jamais compris, pour ma part, la différence que l’on fait
entre comique et tragique. Le comique étant intuition de l’absurde, il me semble plus désespérant que le
tragique. Le comique n’offre pas d’issue. Je dis : « désespérant », mais, en réalité, il est au-delà ou en-
deçà du désespoir ou de l’espoir.
Ionesco, Notes et contre-notes, 1962
2 Documentation

La musique qui accompagne le trailer a des connotations liturgiques. L’ambiance semble tourner autour de la mort, avec des
éclairages sombres, et des faisceaux de lumière qui semblent mettre en évidence la face cachée des personnages.
Le texte « on est coupable », avec la logique « or » et « donc » rappelle la tragédie et le destin auquel on ne peut échapper. La
précision « tout le monde meurt, c’est une question de temps » met en exergue la fatalité.
Toutefois, l’atmosphère est dramatique car on ne sait d’où va venir le danger. À partir de la cinquantième seconde, la musique se
met en action, renforçant l’aspect dramatique. Les armes, les bouches ouvertes, l’absence de bruits autre que la musique
brouillent les pistes.
On dénote la présence de l’amour, mais on ne sait s’il s’agit de la passion tragique ou d’amour plus libre. Par la chute du
personnage, on présage toutefois de sa mort.
Cette adaptation semble très libre, avec un mélange des genres.
Les mots à trouver sont

 absurde
 boutade
 burlesque
 cocasse
 comédie
 facétie
 farce
 hilarité
 Humour noir
 lazzi
 pastiche
 pochade
 quiproquo
 raillerie
 satirique
 tragi-comédie

20 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


1) QUESTIONS :
a) le terme « rien » revient plusieurs fois. Il est utilisé tantôt comme anaphore, tantôt au milieu de la phrase ou à la fin. Cela
devient désespérant mais assez comique. Le comique de situation nait du fait qu’ils discutent tous autour de rien. Non seulement
ce « rien » est omniprésent, montrant la vanité de la situation, mais le dernier mot prononcé par l’empereur est aussi « rien ».
b) La figure de style dominante est l’antithèse. « matin-soir », « partent-reviennent », « reviendra-est parti », « perdue-
retrouvées », « intelligents-imbéciles ». Cela crée une forme de continuité dans le dialogue mais instaure une absurdité. Le
discours est lié mais peu cohérent.
c) Hélicon rebondit sur le terme « foie ». « museau, menu, fricassée » nous laissent penser qu’il parle nourriture. Pourtant il
évoque l’existence humaine avec dérision. L’homme demeure fidèle à lui-même, avec le même museau et le quotidien le rattrape :
une forme de fricassée. Chaque jour se ressemble à l’instar de métro-boulot-dodo : le menu ne change pas.
d) « Une de perdue, dix de retrouvées » dédramatise l’ absence de Caligula. Ils philosophent de manière populaire : « les chagrins
ne sont pas éternels ». Ils semblent assez stoïques : « la nature fait bien les choses ». Pour un peu, ils trouveraient la situation
banale. À la fin de l’extrait, ils partent manger. D’une part, l’intrigue semble oubliée, mais « allons déjeuner, l’Empire se portera
mieux » est une cause-conséquence qui ne respecte aucune logique.

2) PROPOSITION DE PLAN :
1- une scène d’exposition comique
2- un dialogue à la limite de l’absurde
3- la mise en scène de l’existence humaine

3 Crédits

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dessin Fredman ; scénario : Bernard Swysen

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Titre de la ressource

21 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Solutions
Exercice 1 - Page 9
Selon vous, c’est une situation qui relève du :

○ Comique de caractère

○ Comique de geste

● Comique de situation

○ Comique de répétition

○ Comique de mots

La situation est en effet cocasse mais on sent bien que ce n’est pas tragique.
Exercice 2 - Page 10
Dans l’Odyssée de Homère, Ulysse explique à Polyphème le Cyclope : « Je m’appelle Personne,
et Personne est le nom que mes parents et tous mes autres Compagnons me donnent. »
Lorsque celui-ci crie tandis qu’il a l’œil crevé « Par ruse, et non par force, amis ! Mais qui me
tue ? Personne ! ». C’est ici une forme de :

● Comique de mots

○ Comique de geste

○ Comique de répétition

○ Comique de situation

○ Comique de caractère

Bravo !
Exercice 3 - Page 11
Quand Sganarelle veut fuir devant le danger, trop peu téméraire, il prétend dans Dom Juan de
Molière « je crois que cet habit est purgatif ». On y voit ici :

22 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


○ Un comique de mot

○ Un comique de geste

● Un comique de caractère

○ Un comique de situation

○ Un comique de mot

Bravo ! Sganarelle est lâche et préfère ne pas l’avouer.


Exercice 4 - Page 12
Dans la scène d’exposition de En Attendant Godot de Beckett, le lecteur peut lire : « VLADIMIR :
Que faire pour fêter cette réunion ? (Il réfléchit.) Lève-toi que je t’embrasse. (Il tend la main à
Estragon.) » Quel type de comique est-ce ?

○ Du comique de situation

● Du comique de gestes

○ Du comique de caractère

○ Du comique de situation

○ Du comique de mots

En effet, il y a un décalage car il se lève pour l’embrasser mais lui tend la main. C’est absurde.
Exercice 5 - Page ##PAGEREFQ_LUGCDHF5SATDEHEJ7YTGJWYXABI##
Recherchez les définitions des comiques en case colorée puis reliez-les à un exemple :

23 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


11 5 Calembour

22 3 Autodérision

33 4 Humour noir

44 2 Ironie

55 1 Parodie

Bravo !
Exercice 6 - Page 17
Faites glisser dans chacune des colonnes ce qui relève de la farce ou du tragique

Pour rappel, la farce met en scène des personnages ridicules, recourt à des gestes familiers,
un registre grossier.
La tragédie suscite la pitié et inspire la terreur. La tragédie moderne recourt à la satire et
dénonce la démesure.

24 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula


Rien ne le force à jeter ses noyaux d'olives dans l'assiette de ses
1 FARCE 1
voisins immédiats, à cracher ses déchets de viande sur le plat.

2 TRAGIQUE 2 Tu es pur dans le bien, comme je suis pur dans le mal.

« Tu as l’air de mauvaise humeur. Serait-ce parce que j’ai fait mourir


2
ton fils ? »

Il a ajouté d’ailleurs que celui qui n’aurait pas communié aurait la tête
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tranchée.

Pendant toute cette scène, les acteurs, sauf Caligula et Caesonia,


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pourront jouer comme des marionnettes.

« Il saute sur le gong et commence à frapper, sans arrêt, à coups


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redoublés. Toujours frappant. »

Bravo ! Vous avez compris les caractéristiques de chacune.

25 CNED- Séquence 2 : Chapitre 4 Caligula

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