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Maîtrise Notre-Dame
Brevet blanc - Epreuve de français – Mercredi 7 mai 2008

[Un condamné à mort réfléchit, seul dans son cachot.]

Ils disent que ce n'est rien, qu'on ne souffre pas, que


c'est une fin douce, que la mort de cette façon est bien
simplifiée.
Eh ! qu'est-ce donc que cette agonie de six semaines et ce
5 râle de tout un jour ? Qu'est-ce que les angoisses de cette
journée interminable, qui s'écoule si lentement et si vite ?
Qu'est-ce que cette échelle de tortures qui aboutit à
l'échafaud ?
Apparemment ce n'est pas là souffrir.
10 Ne sont-ce pas les mêmes convulsions, que le sang s'écoule
goutte à goutte, ou que l'intelligence s'éteigne pensée à
pensée ?
Et puis, on ne souffre pas, en sont-ils si sûrs ? Qui le
leur a dit ? Conte-t-on que jamais une tête coupée se soit
15 dressée sanglante au bord du panier et qu'elle ait crié au
peuple : «Cela ne fait pas de mal !»
Y a-t-il des morts de leur façon qui soient venus les
remercier et leur dire : «C'est bien inventé. Tenez-vous-en-
là. La mécanique est bonne.»
20 Est-ce Robespierre ? Est-ce Louis XVI ? …
Non, rien ! moins qu'une minute, moins qu'une seconde et
la chose est faite. Se sont-ils jamais mis, seulement en
pensée, à la place de celui qui est là, au moment où le
lourd tranchant qui tombe mord la chair, rompt les nerfs,
25 brise les vertèbres… Mais quoi ! une demi-seconde ! la
douleur est escamotée…
Horreur !
Victor HUGO, Le Dernier Jour d'un condamné
Chapitre XXXIX
Le texte intégral est consultable sur
http://aelinik.online.fr/ldjdc.htm

La correction qui suit n’est pas l’exemple d’une copie


idéale. Elle vous est proposée sur le site du collège
pour que vous puissiez, dès la fin de l’épreuve,
comparer vos réponses avec celles qui étaient
attendues. Elle ne peut, en aucun cas, remplacer le
corrigé qui sera fait par votre professeur.
CORRECTION Eléments de réponses

PREMIÈRE PARTIE

QUESTIONS (15 points)


I. Mimer la douleur (5,5 points)
1/ Relevez au moins quatre mots du champ lexical de la douleur
dans le texte. [2pts]
Les mots attendus sont parmi la liste suivante : souffre
(l.1) ; agonie (l.4) ; râle (l. 5) ; tortures (l. 7) ;
souffrir (l. 9) ; convulsions (l. 10) ; ne fait pas de mal (l.
16) ; mord la chair (l. 24) ; rompt les nerfs (l. 24) ; brise
les vertèbres (l. 25) ; la douleur (l. 26)
2/ Quel est le type de phrases dominant dans le texte ? Citez
un exemple. [1 pt]
Des phrases interrogatives. Les exemples sont au choix du
candidat parmi les nombreuses propositions du texte.
3/ a. Expliquez l'expression «échelle de tortures» (ligne 7)
Analogie avec les jours d’avant la sentence ; chaque barreau
pourrait être comparé à une journée qui passe avec son lot de
tortures progression, suite, succession
b. Donnez une expression où le mot «échelle» est employé
avec un autre sens. [1,5 pt]
Il est monté sur une échelle.
4/ Quel effet ces procédés produisent-ils sur le lecteur ?
[1 pt] (En vous aidant des questions précédentes)
Créer un malaise chez le lecteur qui se trouve confronté à la
souffrance du condamné. Chercher à convaincre. Faire vivre
l’événement. Le lecteur devient quelque part le confident du
condamné. Convaincre.
II. Une forme dialoguée (3,5 points)
1/ Dans cet ouvrage, Hugo donne la parole à un condamné à
mort ; dans une réponse de quelques lignes, vous direz
pourquoi, à votre avis, Hugo a choisi ce narrateur. [1 pt]
Plus pathétique, plus convaincant, plus persuasif. Permet un
langage plus direct, plus précis. Le propos devient plus
crédible.
2/ a. Décrivez la construction des deux phrases du second
paragraphe : «qu'est-ce donc que cette agonie de six semaines
et ce râle de tout un jour ? Qu'est-ce que les angoisses de
cette journée interminable, qui s'écoule si lentement et si
vite ? » [1 pt]
Deux propositions coordonnées – Une principale et une
subordonnée. On peut préciser que ce sont des interrogations
partielles
b. En les comparant, que remarquez-vous ? [0,5 pt]
Elles s’opposent et mettent en parallèle le propos : six
semaines un jour ; si lentement si vite
3. a. À qui s'adressent ces questions ? [0,5 pt]
A tous ceux qui pensent que la guillotine est un bon moyen de
tuer. A tous ceux qui sont pour la peine de mort.
b. Le narrateur attend-il une réponse ? Justifiez votre
réponse. [0,5 pt]
Il n‘attend pas de réponse. Celle-ci est d’ailleurs incluse
dans la formulation, dans le choix du type de phrases. De
plus, il espère une prise de conscience.
III. Une argumentation efficace (6 points)
1. a. Qui est désigné par le pronom «ils» aux lignes 1, 13 et
22 ? [0,5 pt]
Ceux qui sont pour la peine de mort. Ceux qui rendent la
justice.
b. Pourquoi Victor Hugo emploie-t-il ce pronom plutôt qu'un
nom plus précis ? [1 pt]
Il généralise, ainsi tout le monde peut se sentir concerné. Il
y a comme un ennemi invisible.
2. a. Quelle idée ceux qui sont ainsi désignés défendent-ils ?
[0,5 pt]
Le moyen utilisé est propre et il ne fait pas souffrir.
b. Où cette idée est-elle située dans le texte ? Citez-la.
[0,5 pt]
Dès le début de l’extrait, à la première phrase.
3. Quelle est la thèse que ce passage cherche à défendre ?
Vous justifierez votre réponse en quelques lignes. [1 pt]
La peine de mort est odieuse. La guillotine fait souffrir :
souffrance morale et physique (lignes 17 à 19).
4. Quel effet produit sur le lecteur l'argument avancé aux
lignes 13 à 19 ? [1 pt]
L’auteur jette le doute quant à l’absence de douleur. Il
cherche à convaincre le lecteur de la stupidité et de la
cruauté de la sentence. Hugo insiste sur l’horreur de la scène
et fait naître de la répulsion et de la compassion.
5. a. Expliquez le sens du mot «escamotée» dans le texte
(l. 26). [0,5 pt]
Faire disparaître la douleur par une manœuvre habile. Cachée,
camouflée, effacée, évitée…
b. De quelle manière les condamnés dont parle ce texte
sont-ils mis à mort ? [0,5 pt]
Ils sont guillotinés.
c. En utilisant votre réponse aux deux questions
précédentes, dites pourquoi ce mot «escamotée» apparaît en fin
de texte. [0,5 pt]
Cela souligne le plan du texte. Six semaines seconde. Le
mot tombe comme le couperet de la guillotine et interpelle le
lecteur persuasion et sentiment d’horreur se dégagent. La
fin renvoie au début et dénonce le supplice enduré par le
condamné.
REECRITURE (4 points)
Réécrivez la phrase
«Conte-t-on que jamais […] pas de mal !» [lignes 14 à 16] en
remplaçant «une tête» par «des têtes» et en effectuant
toutes les modifications nécessaires.

Conte-t-on que jamais des têtes coupées se soient dressées sanglantes au bord du panier et
qu'elles aient crié* au peuple : «Cela ne fait pas de mal !

* Ne doit pas être mis au pluriel.

DICTÉE (6 points)
Nous traversâmes une cour intérieure. L'air vif du matin me ranima. Je levai
la tête. Le ciel était bleu, et les rayons chauds du soleil, découpés par les longues
cheminées, traçaient de grands angles de lumière au faîte des murs hauts et
sombres de la prison. Il faisait beau en effet.
5 Nous montâmes un escalier tournant en vis ; nous passâmes un corridor, puis
un autre, puis un troisième ; puis une porte basse s'ouvrit. Un air chaud, mêlé de
bruit, vint me frapper au visage ; c'était le souffle de la foule dans la salle des
assises. J'entrai.
Victor Hugo, Le Dernier Jour d’un condamné

DEUXIÈME PARTIE

RÉDACTION (15 points)

«Ils disent que l’adolescence est le plus bel âge de la vie,


que l’on n’a aucun souci, que l’on n’a pas à penser à
l’avenir.»

En commençant ainsi votre texte, vous vous opposerez à cette


affirmation, de la façon dont Victor Hugo s’oppose à la
peine de mort. Pour cela, vous présenterez au moins trois
arguments ; vous utiliserez les trois modalités de la phrase
(déclarative, interrogative et exclamative).

La rédaction sera corrigée par votre professeur. Comme à l’habitude, nous mettrons en ligne
les meilleures copies. (S’il y a des volontaires, naturellement !)

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