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Collection
LYCÉE
dirigée
par
Sophie
Pailloux-‐Riggi
Agrégée
de
Lettres
modernes
Jean
Giraudoux
La
guerre
de
Troie
n’aura
pas
lieu
1935
Livret de l’enseignant
Édition
présentée
par
Anne
Mathevon
Agrégée
de
Lettres
classiques
Sommaire
Avant-‐propos……………………………………………………………………………………………………….3
Plan
détaillé
de
la
séquence…………………..………………………………………………………4
Réponses
aux
questions…………………………………………………………………………………7
!
Testez
votre
lecture.................................................................................................................................................... 7
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1 ............................................................................................................................................................. 8
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lecture
3 .......................................................................................................................................................... 13
!
Pause
lecture
4 .......................................................................................................................................................... 15
!
Lecture
transversale
1 ............................................................................................................................................ 17
!
Lecture
transversale
2 ............................................................................................................................................ 19
!
Analyse
d’images ...................................................................................................................................................... 21
!
L’œuvre
en
débat ..................................................................................................................................................... 22
!
Question
d’actualité................................................................................................................................................ 23
Les
Carrés
classiques
Nathan
proposent
une
édition
de
la
pièce
de
Jean
Giraudoux
La
guerre
de
Troie
n’aura
pas
lieu.
Cette
dernière
est
intéressante
à
étudier
avec
des
élèves
de
lycée
pour
différentes
raisons.
D’une
part,
il
s’agit
d’un
texte
considéré
comme
un
classique
de
la
littérature
française,
largement
pénétré
du
fond
culturel
de
l’Antiquité
grecque
;
d’autre
part,
la
pièce
de
Giraudoux
a
une
intemporalité
–
bien
plus
une
actualité
–
dans
les
thématiques
qu’elle
aborde,
notamment
celle
de
la
guerre.
Dans
le
cadre
du
programme
de
la
classe
de
première,
on
peut
envisager
l’étude
du
texte
de
Giraudoux
selon
deux
objets
d’étude
:
–
le
texte
théâtral
et
sa
représentation
du
XVIIe
siècle
à
nos
jours
;
–
les
réécritures
(première
L).
"
Les
angles
d’approche
–
La
première
approche
s’intéresse
d’une
part
au
renouvellement
des
formes
classiques
étudiées
en
classe
de
seconde,
d’autre
part
aux
interactions
entre
texte
et
représentation
(l’édition
propose
des
captures
d’images
de
mises
en
scène
d’époques
différentes).
–
La
seconde
approche
s’intéresse
à
un
travail
sur
l’intertextualité,
la
matière
du
texte
de
Giraudoux
faisant
bien
entendu
référence
à
Homère,
mais
aussi
à
d’autres
œuvres
de
l’Antiquité.
Ainsi,
il
sera
nécessaire
d’envisager
le
contexte
culturel
dans
lequel
écrit
Giraudoux
pour
mettre
en
évidence
la
singularité
de
son
texte.
Par
ailleurs,
il
sera
souhaitable
de
noter
les
phénomènes
d’imitation,
de
variation
ou
de
transposition
dans
le
traitement
littéraire
du
mythe
de
la
guerre
de
Troie
ou
de
différentes
figures
héroïques
(Hector,
Pâris,
Hélène).
–
Le
texte
de
Giraudoux
ouvre
une
large
porte
aux
liens
avec
la
culture
antique
:
il
est
inévitable
d’y
faire
allusion,
qu’on
adopte
une
approche
générique
ou
thématique.
"
Les
modalités
d’étude
du
texte
Il
est
possible
de
lire
le
texte
en
œuvre
intégrale
ou
d’en
faire
une
approche
par
extraits
en
lien
avec
d’autres
textes.
À
cet
égard,
l’édition
en
propose
de
nombreux
facilement
exploitables.
!
Séance
10
−
Un
théâtre
entre
parole
littéraire
et
représentation
scénique
Objectif
:
s’interroger
sur
la
place
du
metteur
en
scène
et
du
comédien
face
à
la
parole
littéraire
de
Giraudoux.
Supports
:
ensemble
de
la
pièce
;
questions
p.
144
;
textes
p.
145-‐147.
Activité
:
réponses
aux
questions,
échanges,
synthèse.
Pour
la
séance
suivante
:
prendre
connaissance
des
documents
p.
149-‐150.
!
Séance
11
−
La
parole
:
outil
de
paix
et
remède
à
la
violence
?
Objectif
:
s’interroger
sur
le
lien
entre
parole
et
violence
(cette
séance
peut
s’associer
à
un
cours
d’ECJS).
Supports
:
ensemble
de
la
pièce
;
questions
p.
148
;
documents
p.
149-‐150.
Activité
:
à
partir
des
questions,
échange,
débat
autour
de
la
problématique
parole/violence.
Pour
la
séance
suivante
:
!
Séance
12
−
Le
récit
de
la
Grande
guerre
ou
une
certaine
vision
du
monde
Objectif
:
montrer
en
quoi
le
genre
du
roman
permet
la
mise
en
perspective
d’un
événement
historique.
Supports
:
les
deux
romans
lus
de
manière
cursive.
Activité
:
présentation
de
l’extrait
choisi
dans
l’économie
du
roman,
mise
en
voix
devant
la
classe
et
explication
de
la
vision
de
la
Grande
guerre
qui
y
est
développée.
!
Évaluation
finale
Sujet
n°
1
:
«
Le
personnage
tragique
au
théâtre
»,
p.
136-‐140
(objet
d’étude
:
le
texte
théâtral
et
sa
représentation,
du
XVIIe
siècle
à
nos
jours).
Ce
premier
sujet
présente
l’avantage
de
porter
l’intérêt
des
élèves
sur
le
personnage
d’Andromaque
et
de
revenir
sur
la
question
du
tragique
abordée
notamment
en
séance
4.
Sujet
n°
2
:
«
La
re-‐création
du
personnage
mythique
»
(objet
d’étude
:
les
réécritures).
Corpus
:
–
Euripide,
Électre,
traduction
de
L.
Parmentier,
vers
547-‐582
(«
Où
sont
ces
étrangers
?
»
(…)
«
Oui,
ton
seul
allié
»).
–
Jean
Giraudoux,
Électre,
Acte
I,
scènes
5
et
6
(«
Voici
le
bon
moment…
»
(…)
«
Clytemnestre
apparaît.
»).
–
Jean-‐Paul
Sartre,
Les
Mouches,
Acte
I,
scène
4
(«
Pourquoi
me
regardes-‐tu
ainsi
?
»
(…)
«
Je
ne
sais
plus
»).
Ce
second
sujet
permet
de
lire
un
extrait
d’Électre,
une
autre
pièce
de
Giraudoux,
et
de
poursuivre
la
réflexion
sur
la
relecture
des
mythes
et
des
personnages
mythiques
au
cours
des
siècles.
◗ Lecture transversale 1
Qui est Hélène ?
Retour
au
texte
1
Le
personnage
d’Hélène
apparaît
très
vite
comme
étant
l’enjeu
du
conflit
;
dès
la
première
scène
de
l’acte
I,
Andromaque
et
Cassandre
s’entretiennent
d’elle
et
de
son
amour
pour
Pâris.
Si
les
deux
amants
ne
s’aiment
plus,
à
quoi
bon
la
guerre
?
À
la
scène
4,
Hector
demande
à
Pâris
de
la
rendre
aux
Grecs.
Le
spectateur
n’a
toujours
pas
vu
Hélène
mais
imagine
sa
beauté
exceptionnelle
vu
l’enthousiasme
qu’elle
suscite
chez
les
vieillards
aux
scènes
4
et
5.
La
scène
6
est
dans
la
continuité
de
la
scène
4
puisque
Priam
est
là
en
tant
qu’arbitre
dans
le
désaccord
entre
ses
deux
fils.
Enfin,
elle
arrive,
annoncée
par
Cassandre
;
son
arrivée
est
véritablement
mise
en
scène
;
Hélène,
la
pomme
de
discorde,
le
casus
belli,
est
enfin
là,
sous
les
yeux
du
spectateur.
2
Hélène
est
un
personnage
ambigu.
Tout
d’abord,
son
amour
pour
Pâris
n’est
pas
évident
;
elle
aime
les
hommes
plus
que
Pâris.
La
sincérité
de
ses
sentiments
peut
être
mise
en
doute,
notamment
quand
elle
tente
de
séduire
le
jeune
Troïlus
et
quand
elle
l’embrasse
à
la
fin
de
la
pièce.
Par
ailleurs,
Hélène
peut
paraître
sotte
à
certains
endroits
(quand
elle
semble
manipulable,
prête
à
repartir
sans
discuter)
mais
aussi
particulièrement
intelligente
quand
elle
discute
avec
la
petite
Polyxène,
la
manipulant
à
son
tour,
ou
quand
elle
met
sous
les
yeux
d’Hector
la
future
catastrophe
de
la
guerre
de
Troie.
Interprétations
"
Hélène
et
la
guerre
3
Dans
le
texte
1
d’Homère,
ce
sont
les
dieux
qui
sont
responsables
du
conflit
et
qui
se
sont
servi
d’Hélène.
Dans
le
texte
3,
Gorgias
veut
réhabiliter
le
personnage
d’Hélène
:
«
elle
échappe
à
l’accusation
».
En
parfait
maître
de
rhétorique,
il
accuse
le
Destin,
les
dieux
et
la
Nécessité
d’une
part
;
la
violence
ou
la
persuasion
de
Pâris,
ou
encore
le
désir
d’autre
part.
Gorgias
montre
qu’Hélène
possède
une
beauté
hors
du
commun
qui
lui
asservit
tous
les
hommes,
mais
dont
elle
n’est
pas
responsable.
Dans
le
texte
4
d’Euripide,
Hécube
accuse
Hélène
d’avoir
cédé
aux
avances
de
Pâris
par
goût
de
la
vie
luxueuse
qui
lui
était
offerte
à
Troie.
Elle
la
présente
comme
une
femme
sans
moralité
ni
respect
pour
son
mari
Ménélas,
mais
orgueilleuse
et
opportuniste.
4
Pâris
répond
à
Hector
par
une
pirouette
:
«
Voyons,
Hector
!
Tu
connais
les
femmes
aussi
bien
que
moi.
Elles
ne
consentent
qu’à
la
contrainte.
Mais
alors
avec
enthousiasme.
»
(l.
311-‐313).
Cette
réponse
montre
toute
l’ambiguïté
du
rapt
d’Hélène
dont
la
tradition
se
fait
l’écho
(voir
question
3).
5
Hector
n’apprécie
guère
Hélène
qu’il
trouve
superficielle
et
légère.
En
mettant
le
mot
«
brouille
»
dans
la
bouche
d’Hector,
Giraudoux
manie
l’humour
et
le
décalage,
car
la
guerre
de
Troie,
archétype
de
la
guerre,
n’est
pas
une
brouille
!
6
Hélène
représente
une
sorte
de
muse
patriotique
pour
le
poète
Demokos.
Dans
la
scène
3
de
l’acte
II,
il
prend
en
quelque
sorte
une
photographie
d’Hélène
afin
de
pouvoir
composer
un
chant
sur
elle
;
dans
la
scène
4,
il
donne
à
la
guerre
le
visage
d’Hélène.
Interprétations
"
Du
mythe
à
la
parodie
2
On
rencontre
souvent
un
langage
familier
ou
des
propos
confinant
à
la
trivialité
dans
la
bouche
des
personnages
pourtant
mythiques.
Ce
langage
n’est
donc
pas
à
leur
hauteur.
Il
y
a
de
nombreux
exemples
tout
au
long
de
la
pièce
:
«
Des
dieux
aussi,
en
quantité
?
Pâris
dit
que
le
ciel
en
grouille,
que
des
jambes
de
déesses
en
pendent.
»
(l.
868-‐869)
;
«
Que
vous
aimez
surtout
frotter
les
hommes
contre
vous
comme
de
grands
savons
?
»
(l.
945-‐946)
;
«
Œil
de
veau
!
Arbre
à
pellicules
!
»
(l.
1400-‐1401)
;
«
Mais
tu
vois
comme
tu
patauges,
Pâris
?
»
(l.
1407-‐1408)
;
«
Tu
veux
une
gifle
?
»
(l.
1412)
;
«
Nous
couchons
avec
nos
femmes…
Avec
les
vôtres
aussi…
»
(l.
1651-‐1652)
;
«
À
un
cul
de
singe.
»
(l.
1715)
;
«
Moi
je
t’appelle
beau-‐frère
de
pute
!
»
(l.
1960).
3
La
scène
qui
fait
penser
à
du
vaudeville
est
la
première
de
l’acte
II
;
la
deuxième
également
d’ailleurs.
Il
y
a
un
certain
jeu
sur
le
registre
de
la
pièce
et
un
plaisir
réel
à
multiplier
les
références
culturelles.
Par
ailleurs,
ces
deux
scènes
permettent
à
Giraudoux
de
complexifier
le
personnage
d’Hélène.
4
Oiax
dont
le
nom
fait
pourtant
penser
au
héros
Ajax
n’est
pas
vraiment
digne
d’intervenir
dans
une
tragédie
;
il
utilise
un
vocabulaire
grossier
et
a
un
comportement
qui
relève
davantage
de
la
farce
(les
gifles
en
II,
10
;
la
tentative
pour
embrasser
Andromaque
sous
les
yeux
d’Hector
en
II,
14).
5
En
employant
le
mot
«
rôle
»,
Pâris
semble
dire
qu’il
a
hérité
du
rôle
du
fils
séducteur
dans
une
comédie
bourgeoise
de
boulevard,
les
autres
rôles
ayant
été
distribués
autour
de
lui
(belle-‐mère,
belles-‐sœurs,
beau-‐père).
Même
si
Giraudoux
n’écrit
pas
du
théâtre
de
boulevard,
il
joue
avec
certaines
références
qu’il
explicite
par
ailleurs
(«
un
assemblage
[…]
digne
de
la
meilleure
bourgeoisie
»).
La
«
tribu
royale
»,
comme
il
le
dit
avec
humour,
devient
un
«
assemblage
de
belle-‐mère,
de
belles-‐sœurs,
et
de
beau-‐père…
»,
et
perd
ainsi
en
distinction.
6
La
tonalité
de
ce
passage
est
comique
et
relève
de
la
farce.