Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
10
Deux méthodes pour l’explication de texte : explication linéaire et commentaire de texte
exp. à partir de l’explication linéaire 3 étudiée, La Bruyère, Les Caractères, VIII, remarques 62 à 65.
introduction
La seconde moitié du XVIIe siècle est marquée par la rigueur et l'ordre du classicisme en opposition
à l'inconstance baroque et l'artifice de la préciosité. Le cardinal de Richelieu fonde l'Académie française en
1634 afin d'harmoniser des productions littéraires. Ce siècle correspond également à la Monarchie absolue
de droit divin avec le pouvoir fort du Roi Soleil qui n’est que démesure dans une société du paraître et de la
représentation. C'est également l’Âge d’or du théâtre avec les comédies de Molière et les tragédies de Ra-
cine ; théâtre qui ne se joue pas que sur scène mais dans la vie : le monde n'est qu'un théâtre où chacun
porte un masque et joue un rôle. Shakespeare l’illustre dans Comme il vous plaira « All the world’s a
stage », c’est le motif du « theatrum mundi ». C'est surtout le siècle des Moralistes tels que La Rochefou-
cauld, La Fontaine ou La Bruyère, fins observateurs de la société dénonçant l’hypocrisie, les excès et prô-
nant l'image de « l'honnête homme » mesuré et raisonnable.
La Bruyère délaisse ses études de droit ainsi que son titre de noblesse de robe. Grâce à son ami Bossuet il
s'attache définitivement à la famille royale des Condé, de précepteur à gentilhomme pensionné, et bénéficie
ainsi d'un poste d'observateur privilégié à la cour, parmi les Grands, pour peindre l’homme. Il fera partie
de l'Académie française avant de mourir à 50 ans d'une crise d'apoplexie.
La grande œuvre de sa vie Les Caractères ou les mœurs de ce siècle (1688-1696) est en mouvement
constant en témoignent les huit éditions au cours de sa vie. La Bruyère supprime progressivement la part de
la traduction des Caractères de Théophraste, disciple d’Aristote et modèle de l’Antiquité sur lequel il s’ap-
puie. Oeuvre fragmentaire et dynamique, Les Caractères compile des formes variées entre essais, maximes
et portraits. Elle y dépeint la fausseté de l'homme en perpétuelle représentation et lui propose un miroir
pour se corriger.
L’extrait étudié est celui des remarques 62 à 65 du Livre VIII « De la Cour » proposant une satire de la
cour et des courtisans scrutés et dévoilés par le moraliste.
Le 1er mouvement du texte s’ouvre tout d’abord La Bruyère dresse avant tout une satire du règne
sur l’archétype de l’homme dénaturé par la Cour de la fausseté (I) en présentant la Cour comme un
avec la remarque 62. […] monde d’apparences (1) puis ridiculisant le rôle
tenu par le courtisan (2). La Cour est en effet pré-
sentée ici comme un espace singulier éblouissant
(développement de la première sous-partie) [… ]
Par la suite, le second mouvement révèle, avec la Par ailleurs, l’ensemble de ces remarques comporte
remarque 63, l’hypocrisie de la Cour, un lieu des une dimension théâtrale (II) certaine où la comé-
apparence. […] die se joue (1) et où la représentation et le spec-
taculaire (2) sont permanents. Les différentes ac-
tions et les multiples facettes ne sont en effet pas
sans rappeler les jeux de scène. Tout est protéiforme
(développement de la première sous-partie) […]
Enfin, le dernier mouvement, des remarques 64 et La Bruyère apparait enfin ici comme un fin ob-
65, propose des images frappantes, entre jeu et servateur de cette microsociété (III) par l’acuité
horlogerie, pour condamner le fonctionnement de son regard et les différents angles proposés
de la Cour. […] (1) pour entrevoir la Cour et les courtisans mais
aussi par les stratégies déployées (2). La variété de
ces remarques met effectivement en avant diffé-
rentes positions pour observer, que ce soit à hauteur
d’homme en suivant le courtisan de la remarque 62
ou en plongeant dans le mécanisme de l’horlogerie
à la remarque 65 (développement de la première
sous-partie) […]
Analyse suivant la progression du texte Analyse rassemblant et organisant les enjeux du
texte, du plus évident au plus pertinent.
conclusion
1- récapitulatif des idées répondant à la problématique, ne répétant pas les titres des parties ou mouve-
ments mais prenant un peu de hauteur « L’étude de ces remarques a ainsi pu permettre d’observer
comment La Bruyère décline ses observations pour dresser l’anti-modèle de « l’honnête homme ». Les cour-
tisans sont de véritables comédiens et automates à la fois ridicules et inquiétants[…]
2- Ouverture(s) proposant des liens rapidement précisés avec d’autres extraits, le plus souvent au sein
de l’oeuvre intégrale ou avec le texte en complémentaire ou la lecture cursive, ou autres références d’auteurs
et de siècles, par similitudes ou différences. Le lien doit être justifié par quelques aspects de confrontation.
Ces remarques peuvent également faire écho à la remarque 25 du Livre VI « Des biens de fortune » des
Caractères où La Bruyère dévoile une réalité cachée, éloignée des apparences clinquantes. Cette fois-ci, le
moraliste révèle le fonctionnement interne des cuisines puis du théâtre, mais en s’adressant directement au
lecteur, pour terminer sur une analogie lapidaire avec les partisans (financiers levant les impôts)[…]Enfin,
ces remarques apportent aussi une résonance au débat sur l’animal-automate agitant le XVIIème siècle
(Descartes contre Gassendi, et La Fontaine), car La Bruyère déshumanise le courtisan devenu pure méca-
nique.