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Analyse linéaire texte 9 

Le courant du Nouveau roman s’oppose à une approche figée du récit qui voudrait faire du roman du
19ème siècle une forme de modèle. Les néo romanciers rentrent en rupture avec une vision du monde
qui perçoit le temps dans un déroulement linéaire et l’espace comme un domaine qui peut être
pleinement perçu. Les caractéristiques du Nouveau roman sont une remise en question des
conventions romanesques traditionnelles, le refus du point de vue omniscient, le rejet de la
description réaliste, le refus de l’intrigue. André Breton, chef du surréalisme avait déjà dénoncé
l’imposture du réalisme en littérature. Le réalisme est lié à la société bourgeoise du 19 ème siècle et à la
croyance d’un monde intelligible : un univers stable et cohérent que l’on peut déchiffrer. Seulement
les traumatismes du 20ème siècle vont conduire à la disparition de ces convictions et l’évolution vers le
nouveau roman s’impose comme une adaptation au changement des relations entre l’homme et le
monde.

La critique a réuni sous cette appellation l'ensemble des manifestations, fort diverses, du théâtre
d'avant-garde dans les années 1950. À travers les œuvres d'Adamov, de Beckett, d'Ionesco, de Genet,
de Vauthier, mais aussi d'Audiberti et de Pichette, se dessine un travail de sape de la vieille
dramaturgie bourgeoise, de l'esthétique de la « pièce bien faite » et de la pensée positiviste héritée
du xixe siècle. Ainsi ce « nouveau » théâtre, dont le dénominateur commun est avant tout de rompre
avec « l'ancien », met en avant une représentation nouvelle de l'humain, n'obéissant plus à la logique
de la psychologie traditionnelle. L'homme social se voit réduit à l'homme « naturel », prisonnier de la
trivialité de ses besoins et des objets nécessaires à sa survie ; son destin s'inscrit dans une
perspective résolument absurde, mêlant le comique, voire le burlesque, au tragique.

La pièce Eleutheria (1946) de Beckett s’inscrit dans ce courant. Elle a été publiée à titre posthume car
Beckett la considérait comme « irrémédiablement ratée »

L’extrait que nous allons étudier est un extrait comique mettant en évidence une critique des
critiques, du théâtre à travers un échange vif entre différents protagonistes du monde du théâtre : un
spectateur critique, un souffleur, un acteur et une voix dans la loge

Problématique : Que fait Beckett à la comédie ?

En quoi Beckett renouvelle-t-il la comédie ?

1) Une entrée en scène surprenante


2) Une parole qui échoue à signifier
3) Critique de la société du spectacle

1) Le spectateur est un personnage de l’histoire

Le souffleur et le spectateur sont dans la même pièce

Instances théâtrales invisibles sont visibles révèlent la conception théâtrale

Epanode l1 introduit la tentative de poursuite du propos du spectateur (reprendre son propos pour le
développer) : Cela met en exergue la passivité du personnage

Annonce les thèmes de la pièce avec un langage apoétique

Ponctuation : a du mal à s’exprimer : action (didascalies descriptives qui interrompt le discours du


spectateur)
(Farce : polysémie (s’agit-il d’un genre théâtral ou d’une supercherie))

Certaine assurance du spectateur : intrusion sur scène

Effet comique : le spectateur critique (prétention du spectateur)

Critique du critique

Effet de sérieux annulé par les didascalies

Introduction in medias res

Mise en abime marquée par le spectateur

Champ lexical du théâtre : Métathéatralité : Société du spectacle mise au pilori

Parole du vitrier : en accord avec celle du spectateur

Traduit l’ironie de l’auteur / mise à distance : Beckett critique sa propre pièce

Sous-entend que le vitrier adhère à la lassitude du spectateur

Superlatifs de supériorité : ironie quant à la prétention des auteurs à se concevoir meilleurs qu’ils ne
le sont

(Destitution de l’artiste en artisan)

(Beckett introduit la déconstruction de l’auteur)

Langage familier renvoie à la farce « déconné » l7

Rapproche l’œuvre de l’avis du spectateur

2) Lexique de la vue : confusion marque l’aveuglément, l’incompréhension

Il manque de clairvoyance

Moyen symbolique de montrer l’incompréhension de son jugement, du mal à développer son propos

Dans cet extrait, la parole semble échouer à signifier. On s’ennuie de la pièce et 2 interventions du
spectateur vont rendre compte du ridicule de la pièce et de son inneficacité

Arrivée du souffleur : comique

Impression de voir bondir un nouvel élément

Mêle son agacement à celui de son spectateur

2 exclamations adverbiales : superpositions des agacements : provoque le départ du souffleur

(La conception platonicienne est moquée)

Elevation puis rabaissement : sacralisation puis désacralisation « par la voie des airs » « s’écrase au
sol »

Spectateur dégradé

Tournures performatives qui témoignent du ridicule du spectateur qui se focalise sur l’échec – échec à
signifier
Echanges creux : incommunabilité

L19 2 interrogatives : expression de la sagesse populaire, agace par une pièce qu’ils n’arrivent pas à
finir

Réponse du spectateur interrompue pour donner la parole au vitrier

« mais » : paroxysme de critique dramatique

2 prépositions : « après » : nécessité d’en finir poursuivie dans la réplique avec 2 injonctions

Le spectateur répond à la critique – dissociation le spectateur ne se revendique pas comme critique /


pas de solidarité

Allusion à la naïveté de la critique « cocu »

3) L’inefficacité de l’action de cette pièce et l’agacement qui en découle cache finalement une
critique de la société du spectacle

Pièce apparait atypique dans sa classification (s’inspire de plusieurs genres)

Tyrade du spectateur : série de questions rhétoriques/ caricature, parodie

Raisonnement par analogie

Jeu : double-sens

L35 : discours enchassé (3ème personne) : le spectateur se prend pour un personnage dans l’histoire
qu’il raconte

Lexique familier côtoie un langage précieux / locution latine « mutatis mutandis »

Intrusion d’un personnage pédant : Condescendance

Echecs : jeu élitiste renvoie à une certaine catégorie

2 types de lexique : populaire et soutenu

Hyperbole « c’est ça ou une crise de nerfs » : renforce le comique de la pièce

Le spectateur tente de maitriser la pièce

Il faut accepter que le sens s’échappe : critique des abscons du spectateur

Didascalie l41 métathéatralité

Le vitrier apparait comme un défenseur des spectacles – Il invite le valet à une insoumission

L45 Il rappelle au lecteur son rôle, la matérialité du personnage

« il vous faut » : verbe d’obligation – sonne comme une recette de cuisine/ Rupture du 4 ème mur

Conclusion : Par cette pièce, Beckett effectue une satire de la société de spectacle en rompant avec
les codes classiques. Il marque la modernité

Ouverture : Parallèle avec la caractère grotesque, absurde et irrationnel des personnages de En


attendant Godot

crht_nicolas_doutey_la_question_du_spectateur_eleutharia_de_samuel_beckett.pdf (sorbonne-
universite.fr)

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