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Cyrano de Bergerac est une tragi-comédie crée par Edmond Rostand en 1897.
La pièce se passe au début du XVIIe siècle, et met en scène le poète et physicien Cyrano
de Bergerac sous les traits d’un homme au nez difforme.
Cyrano compense cependant la laideur de son nez par son panache épique. Ses
prouesses guerrières n’ont d’égal que son expression raffinée.
Quatorze ans après la mort de Christian, au moment où Cyrano blessé est sur le point de
mourir, Roxanne comprend que Cyrano était le véritable auteur des lettres de
Christian et qu’il l’a aimé en secret tout ce temps.
La variété des personnages, des scènes et des registres font de cette pièce un véritable
drame romantique à la mise en scène exigeante.
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Edmond Rostand meurt de la pandémie de grippe espagnole en 1918.
Cyrano de Bergerac
Cyrano est un personnage exceptionnel, qui ne recherche ni la gloire, ni la fortune, ni le
succès mais le panache, c’est-à-dire l’art de se faire remarquer par ses prouesses
guerrières et littéraires.
Il est caractérisé par la laideur de son nez difforme, qui l’empêche selon lui d’être aimé,
notamment par sa cousine Roxanne dont il est amoureux.
Roxane
Elle aime les apparences de l’amour plus que l’amour lui-même : elle est ainsi surtout
sensible à la beauté de Christian et à la poésie des lettres écrites par Cyrano pour
Christian.
Christian
Christian se distingue par sa beauté mais c’est un personnage plat, sans
intelligence, incapable de lyrisme, comme il l’explique à l’acte II scène 10 : « "Las !
je suis sot à m’en tuer de honte (…) Mais je ne sais, devant les femmes, que me taire. "».
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Cyrano va lui prêter sa verve poétique pour séduire Roxanne. Avant de mourir, Christian
réalise le stratagème et le sacrifice de Cyrano, et acquiert ainsi une plus grande
profondeur.
L’antithèse qui caractérise Cyrano est source de ses souffrances amoureuses, car il
estime inconcevable d’être aimé.
Il est d’autant plus désespéré en amour que son goût pour l’idéal le fait justement
aimer « "la plus belle qui soit ! "» (I, 5).
Elle confond même la beauté extérieure et intérieure, comme à l’acte II scène 6 : « "tous
les mots sont fins quand la moustache est fine. "»
Le panache
À travers Cyrano de Bergerac, son personnage éponyme, la pièce fait l’éloge du panache,
que l’on peut définir comme le goût pour l’héroïsme, la vaillance guerrière et la force
individuelle.
Mais son panache est également littéraire. Cyrano se définit en effet par son adoration
pour « "le mot, la pointe ! "» (IV, 3) Sa verve puissante de poète participe à son aura
autant que son épée.
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Outre la bravoure guerrière et littéraire, son panache consiste également en un dégoût
profond pour la médiocrité, qu’elle soit artistique ou morale.
Il préfère « "Travailler sans souci de gloire ou de fortune "» (II, 8), que de s’abaisser à
d’humiliantes mondanités pour se faire connaître et apprécier.
Cyrano n’existe que dans le paroxysme : « "J’ai décidé d’être admirable, en tout, pour
tout ! "» (I, 5) Et c’est en faisant l’éloge de son panache qu’il meurt, achevant la pièce.
Son panache plein d’orgueil lui vaut cependant de courir bien des périls, et de s’attirer la
haine de bien des ennemis puissants : « "Tu te mets sur les bras, vraiment, trop
d’ennemis !" » (I, 5)
Mais Cyrano assume ses excès : « "Hé bien oui, j’exagère ! "» (II, 8), : « "Déplaire est mon
plaisir. J’aime qu’on me haïsse. "» (II, 8)
Mais si Cyrano se plaît tant à être haï, c’est sans doute parce qu’il croit qu’il ne peut être
aimé. Son panache vient compenser une fragilité intérieure, qui se révèle au contact de
Roxane, à qui il n’ose jusqu’au bout avouer son amour.
En effet, bien des catégories sociales sont représentées dans Cyrano de Bergerac, et les
événements marquants de la régence de Richelieu sont évoqués.
La scène d’exposition est à cet égard exemplaire : les spectateurs s’installent au théâtre
dans la salle de l’hôtel de Bourgogne. Diverses catégories sociales sont représentées :
joueurs, valets, voleurs, bourgeois, marquis. Le tableau social passe d’une catégorie à
l’autre, et les répliques brèves s’enchaînent vivement.
Cyrano de Bergerac lui-même est l’un de ces auteurs (Cyrano de Bergerac est un
écrivain français du XVIIème siècle dont Edmond Rostand s’est inspiré pour sa pièce).
Par effet miroir, Cyrano constitue même une figure de l’auteur, Edmond Rostand :
« "Vous avez bien rimé cinq actes" » (II, 7).
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Quelles sont les caractéristiques de l’écriture dans Cyrano de
Bergerac ?
Le lyrisme amoureux
L’intrigue est polarisée autour du triangle amoureux formé par Cyrano, Christian et
Roxane. Par conséquent, le discours amoureux a une grande importance dans la pièce,
que ce soit sous la forme de répliques ou de lettres.
Le discours amoureux dans Cyrano de Bergerac se caractérise par son intensité et son
lyrisme.
Dans cette pièce au dénouement tragique, la parole amoureuse est bien souvent un
discours désespéré où éclate « "la fureur triste ! / De l’amour" » (III, 7).
Pour Cyrano, les poèmes d’amour sont l’occasion de témoigner de sa virtuosité. Mais il
dénonce lui-même ces poèmes où « "Le vrai du sentiment […] se volatilise" » (III, 7).
L’éloquence
Le panache rhétorique de Cyrano confère à ses répliques une puissance et une virtuosité
inouïes. La célèbre « tirade du nez » en est l’illustration.
Mais l’humour est parfois très raffiné : références historiques, pointes satiriques.
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Il met en scène un personnage de haut rang, sublime et tragique.
Mais la pièce se veut également une « comédie », et elle joue en effet sur les ressorts du
comique.
Le mélange des genres et des registres rappellent finalement le drame romantique, tel
que défini dans la Préface de Cromwell de Victor Hugo.
Dans la préface de Cromwell, Victor Hugo considère que les règles classiques des trois
unités (unité de lieu, unité de temps et unité d’action) ne doivent plus être respectées car
elles éloignent le théâtre de la vie elle-même.
C’est ce mélange que l’on retrouve dans la pièce d’Edmond Rostand, si bien que l’on
qualifie parfois Cyrano de Bergerac de pièce néo-romantique parce qu’elle correspond
à une résurgence du romantisme à la fin du XIXème siècle.
Les décors et les personnages sont en effet très nombreux et les indications
scéniques minutieuses.
Edmond Rostand montre ainsi combien il voulut donner à jouer une pièce d’exception.
6/6