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Le théâtre élisabéthain :
Période du théâtre élisabéthain qui s’arrête en 1642, au moment où le Parlement fait interdire
les représentations théâtrales et marquant la victoire des puritains.
Avant cet âge d’or, on est dans une période de renaissance.
Les troupes sont encore itinérantes avec des mansions (=petites structures scéniques qui
représentent un lieu donné).
Les troupes jouent les pièces sur la place du marché ou dans les grandes scènes de château.
Au milieu du XVIes, des entrepreneurs de spectacles se rendent compte qu’il y a de
l’argent à gagner en séduisant un public bourgeois et le peuple.
Germe d’un théâtre permanent et fixe, que Shakespeare appellera « le lieu de nulle
part »
Forme circulaire qui évoque les théâtres antiques et le public réparti autour de la scène fait
penser à celui du théâtre itinérant.
Echafaudage avec 3 niveaux de galeries qui entourent une cour circulaire : renvoie aux
arènes utilisées pour les combats de taureaux.
Scène renvoie aux compagnies itinérantes qui la montaient
Cette structure du théâtre permet de jouer des actions simultannées et de changer de lieu
d’action facilement.
Avant- scène qui sert aux duels, batailles et monologues
Arrière-scène = espace du secret, là que Polonius espionne Hamlet + sera le tombeau
de Juliette + trône du roi
En dessous du toit : balcon (cf chambre de Juliette) ou rempart d’un château fort
Scène encadrée de grands piliers qui supporte le toit, qui est aussi sensé représenter le
ciel
Trappe qui permettait à certains acteurs qui incarnent des Dieux de descendre du toit,
sur la scène
Cette organisation complexe permet à la scène d’incarner de nombreux lieux différents grâce
à l’ajout de décors simples.
La scène permet des changements de lieux fréquents : fixité de l’unité de lieu qui correspond
au classicisme.
Dans ce dispositif, on a des gradins en hauteur dans les galeries pour les riches bourgeois ;
dans le parterre autour de la scène, afflue le public populaire.
Selon la situation de la cour, on voit nécessairement les autres spectateurs, et réduit la possible
illusion suggérée par un dispositif que l’on connaît aujourd’hui où l’on voit que la scène.
Cette organisation du théâtre permanent favorise les échanges avec le public. Le théâtre ne
prétend pas avoir un 4ème mur et être séparé du public : interventions de personnages au public
de façon explicite.
Peu de décor qui facilite les changements de lieu
Peut contenir toutes les époques en même temps
La langue de Shakespeare : grande richesse, inimitable. Chaque personnage parle selon son
rôle social : tantôt réaliste et stylisté. Garde le ton du langage parlé. A une inventivité
comique verbale.
Contrairement au théâtre classique, le théâtre élisabéthain n’établit pas des formes très
contrôlées : pas de règle des 3 unités ; lieux divers et imprécis qui est autorisé par le dispositif
scénique du Globe.
Dans Hamlet, il y a presque un changement de lieu par scène.
Rapport différent à l’espace et au temps. Dans ses drames historiques, il regroupe des
chronologies sans considération pour le déroulement réel des événements.
Pas d’unité d’action : action principale avec des actions secondaires qui peuvent servir de
symbole pour l’action principale ou divertir.
Pièce dans la pièce qui peut venir souligner la pièce centrale ou faciliter le
dénouement
Dans Hamlet, il fait jouer une pièce par des comédiens et fait jouer un meurtre comme
celui qui a tué son père.
Pas d’interdiction de mêler les tons, ne se soucie pas de la bienséance et de la logique. Des
éléments de comédie viennent dans toutes les pièces, même quand il s’agit d’un drame.
Dans Hamlet, les festoyeurs sont caractérisés par leur humour noir.
L’Angleterre prend conscience de son existence nationale et le théâtre permet de revenir sur
un passé commun.
On peut garder à l’esprit qu’il y a un rapport entre le spectacle et la construction politique.
Le drame historique est particulièrement en vogue (=textes dont la composition n’est pas
toujours rigoureusement chronologique).
Shakespeare en écrit beaucoup.
Ex : Henri V de Shakespeare : on y trouve le récit de la bataille d’Azincourt ; victoire des
anglais sur les français. Il fait du récit de cette bataille un symbole de l’unité de la nation, par
contraste à la monarchie française qu’il considère mauvaise.
Hamlet survient à un moment où s’ouvre l’ère des grandes tragédies, avec une réflexion
pessimiste sur la condition humaine.
L’histoire de royauté du Danemark et ses personnages sont tirées de chroniques historiques du
Danemark mais dans Hamlet, le royaume porte le désir d’un retour à l’ordre et peut
manifester de l’espoir sur la succession historique de la couronne d’Angleterre.
Hamlet = pas vraiment une tragédie politique mais une méditation sur la perpétuation de la
violence et les mauvaises passions pourrissant le royaume du Danemark, pour en faire une
tragédie centrée sur les aspects psychologiques.
Intrigue et structure :
Présage des malheurs politiques : « Ceci présage quelque éruption dans l’Etat »
Scène 4 de l’acte 1 prononcé par un garde : « il y a quelque chose de pourri dans le royaume
du Danemark »
Cf « souillure » dans Œdipe roi, qui a un rapport avec le mal, jugé en termes psychologiques.
Tragédie en 5 actes pas originelle et certaines divisions entre actes paraissent artificielles.
On peut structurer la pièce selon des effets de symétrie et d’échos.
Dans cette tragédie, il n’y a pas comme chez les tragédies grecques l’idée d’une fatalité réglée
entraînant un engrenage de violence.
La composition de la pièce n’est pas réglée comme chez Sophocle : Hamlet procrastine la
mission de vengeance donnée par son père.
Le seul phénomène qui pourrait évoquer le mécanisme d’une fatalité : effet de symétrie dans
la pièce avec les orphelins qui veulent venger leur père (Hamlet, Fortinbras, celui qui devient
orphelin au fil de la pièce : Laerte dont son père est tué par accident par Hamlet).
Laerte conspire contre Hamlet avec Claudius, qui cherche à se débarrasser d’Hamlet fils.
Ces effets de symétrie désigne une perpétuation de la violence. Cela sert chez Shakespeare un
propos pessimiste sur la condition humaine.
Contrairement à Œdipe roi où tout se réalise ; ici la seule certitude quand on lit Hamlet c’est
que cela va mal finir.
Mais la façon dont Hamlet va venger son père reste incertaine et aléatoire jusqu’au dernier
moment.
Le centre de la pièce est sur le tourment intérieur que représente l’obsession de la vengeance
chez Hamlet.
Dans le genre des tragédies de la vengeance, Hamlet introduit une nouveauté : ce héros de
l’introspection qui hésite et se montre incapable de le faire.
La vengeance n’arrive pas par préméditation.
Ce blocage de l’action génère les monologues d’Hamlet et nourrit la pièce de cette profondeur
psychologique.
C’est la première fois que ce motif de la vengeance donne lieu à un conflit qui prend toute la
place dans l’étendue temporelle de la pièce.
La mort d’Hamlet ne sera pas héroïque.
C’est un héros désabusé qui fait que le fond de la pièce est une méditation à long terme de la
mort, qui torture Hamlet.
Oedipe roi fonctionnait par une mise au jour du crime et un processus d’investigation ; ici
c’est le contraire : contrairement à ce que promettait Hamlet, il garde secret jusqu’au bout ce
que lui a révélé le spectre.
A la fin de la pièce, seul Horatio saura quelque chose sur la mort du roi. C’est Horatio qui
aura pour mission de révéler ces faits après la mort d’Hamlet aux autres personnages.
Acte III : présence de comédiens qui font partie d’une pièce ambulante et déclament du
théâtre avec Hamlet.
Ils déclament une petite pièce : le meurtre de Gonzague, qu’il nomme la souricère (=caractère
de piège).
La référence à l’art dramatique vient au premier plan de la pièce.
C’est comme si la troupe se présentait devant son auditoire, à l’intérieur même de l’action
qu’elle est en train de représenter.
Elle donne un exemple de ce que doit être le jeu d’acteur (cf fascicule page 7).
La conception du théâtre d’Hamlet : « le but du théâtre a eu et a encore pour objet d’être le
miroir de la nature » : c’est ce que montre la pièce entière d’Hamlet et c’est ce qu’il cherche à
révéler chez le roi Claudius.
Scène 2, acte 3 : les personnages principaux deviennent spectateurs de la pièce représentée.
Le théâtre dans le théâtre est une technique dramatique qui est considérable dans le théâtre
élisabéthain et repose sur ses caractéristiques de liberté, et permet l’insertion d’une petite
pièce (différent des pièces classiques françaises).
Dédoublement thématique qui vient répéter les circonstances du meurtre de son père ->
insertion d’un événement qui a eu lieu hors du temps de la pièce.
Le meurtre n’a été mentionné que par le récit du spectre (scène 5, acte I).
Scène 2, acte 2 Hamlet : « on dit que des coupables… car bien qu’il soit sans langue, le
meurtre parlera »
La pièce est sensée pour Hamlet vérifier les paroles du spectre et dire de façon privée à
Horatio de régler la culpabilité du roi.
Ils cherchent encore à confirmer que le spectre ne serait pas une apparition démoniaque.
La pièce pour le lecteur, a une fonction de combler un manque qui fait qu’on a pas vu le
meutre du roi sur scène, on en a seulement entendu un récit.
En outre, dans le monologue d’Hamlet on voit que la pièce sert un propos sur l’efficacité du
théâtre et la mise en scène du mal.
Le coupable, voyant la pièce sur scène pourrait être forcé de passer aux aveux.
Hamlet se borne à chercher la culpabilité de Claudius, il n’attend pas un aveu explicite.
La pièce fait aussi figure de menace : le meurtrier verse du poison dans l’oreille et n’est pas le
frère mais le neveu du roi.
La pièce vient parler à Claudius mais avec ce déplacement du lien familial, elle suggère une
violence potentielle exercée par Hamlet contre Claudius.
La pièce est faite pour que Hamlet se glisse dans le rôle de comédie et passe à l’acte et pointe
l’hésitation d’Hamlet.
Il y une construction fictionnelle dans la pièce où le neveu du roi passe à l’acte, corrélée avec
la non action d’Hamlet, accentuée par le procédé du théâtre dans le théâtre.
Ce procédé prend place dans une tragédie centrée sur les illusions et les faux-semblants ; ce
qui semble provoquer le dégoût du monde d’Hamlet.
Tout le monde joue un rôle et se dissimule.
Jeu sur les apparences et la réalité : présence du spectre qui à la scène 4 de l’acte III, est seul
vu par Hamlet.
Gertrude dit : « Hélas, il est fou. »
Il est aussi difficile de savoir si il est diabolique, en témoigne les doutes d’Horatio et Hamlet
au premier acte.
Décision d’Hamlet après avoir vu le spectre, il choisit d’ « endosser le naturel d’un folle ».
« antic disposition » fait référence à une façon d’être bizarre et comique et désigne l’acteur
portant un masque grotesque.
Pendant toute la pièce plane un doute : si Hamlet revêt ce rôle, à quel point est-il sincère dans
ses divagations et cruautés ?
Ses monologues concentrent une confusion sur l’identité et une réfléxion sur sa condition de
mortel.
Monologue introspectif sur le jeu d’acteur et le rapport à sa propre douleur et mélancholie au
jeu qu’un acteur mettrait en œuvre pour représenter la douleur.
Le comédien adopte toutes les apparences de la réalité mais ne repose sur rien.
Conversations orchestrées par ses amis et par sa mère qui s’arrange pour parler avec Hamlet
pendant que Polonius les appelle.
C’est ce que vient pointer du doigt la réplique d’Hamlet au dernier acte, en s’adressant au
bouffon comme s’il établissait une vision en miroir entre lui et le crâne du bouffon.