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Licence d’éducation :

Spécialité enseignement secondaire-langue française

Module : Morphosyntaxe 2
Semestre 4

Cours reproduit par le Pr Imane Joti de l’article du Pr. Rahma Barbara


(https://elc.hypotheses.org/121, 2019)

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Les subordonnées complétives

Introduction

1-Typologie de la subordonnée complétive


La subordonnée complétive qui se présente comme une composante essentielle de la phrase
complexe peut être de deux types distinctifs : les complétives conjonctives et les complétives
non-conjonctives (interrogatives indirectes ou exclamatives indirectes ou infinitives ou
participiales).

2-Critères d’indentification de la complétive : Equivalences catégorielles et


fonctionnelles

Les propositions subordonnées complétives sont des compléments du groupe du verbe ou


de la phrase entière :
• les conjonctives :
✓ par la conjonction que : J’espère QUE VOUS SEREZ SATISFAIT = la complétive introduite
par QUE
✓ Par la conjonction de subordination : QUAND LE CHAT EST PARTI, les souris dansent= la
complétive circonstancielle
• les interrogatives indirectes et exclamative indirecte:
J’ai compris POURQUOI IL SE TAISAIT.
Je me demande S’IL VA BIEN.
• les infinitifs :
On entendait LE VENT MUGIR.
• les participiales :
LE REPAS TERMINE, on passa au salon.

La subordonnée complétive est une proposition en jouant le rôle d’un syntagme nominal
sujet ou complément. Dans son Dictionnaire de Linguistique, J. Dubois a défini les
complétives comme : « des phrases insérées dans d’autres phrases, à l’intérieur
desquelles elles jouent le rôle d’un syntagme nominal sujet ou complément. » (DUBOIS.
J., et al. Dictionnaire de Linguistique et sciences du langage, Paris, Larousse, 2007,
p. 101.)

Une proposition subordonnée complétive, qui complète également le sens d’un


constituant de la proposition principale, est dotée de plusieurs propriétés syntaxiques :
elle n’accepte pas l’effacement puisqu’elle fait partie intégrante du syntagme verbal
(SV) quand elle dépend d’un verbe. Ex. Nous souhaitons QUE CE FILM PLAISE AUX
ENFANTS.

En appliquant le test de l’effacement de la complétive, nous aurons une structure phrastique


agrammaticale et inacceptable. Ex. Nous souhaitons …. (L’effacement de la proposition
complétive entraine une phrase incomplète et inacceptable.)

❖ Par contre le test du déplacement serait possible sous la condition de la


pronominalisation : La subordonnée complétive est l’équivalent d’un syntagme
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nominal qui peut avoir la fonction d’un complément essentiel du verbe. Elle peut
être remplacée par un pronom. Prenons les exemples suivants :
• Je savais QU’IL AURA SON DIPLÖME. = (Je savais) SV+SN (qu’il aura son
dplôme)
→ Je le savais.
• Je m’attendais à ce que le département trouve un budget.
→ Je m’y attendais. = une complétive introduite par la locution conjonctive « à ce que »
• Je profite de ce qu’il fasse beau pour faire une sortie.
→ J’en profite pour faire une sortie. =une complétive introduite par la locution conjonctive
« de ce que »

I- La complétive introduite par la conjonction « que »


La proposition subordonnée complétive est introduite par “que” qui a dans ce cas une valeur
de conjonction de subordination. Elle peut également commencer avec les locutions
conjonctives “de ce que” ou “à ce que”. La subordonnée complétive conjonctive peut
endosser les fonctions de complément d’objet direct ou indirect.
Exemples
-Il s’attend à ce que la partie soit serrée.
-Elle suppose que ce ne sera pas le cas.
1- La conjonction de subordination « que »
Les conjonctions de subordination introduisent une proposition subordonnée conjonctive.
Elles garantissent un rapport de dépendance entre la proposition subordonnée et la proposition
principale. Wagner et Pinchon les définissent comme suit :
« Les conjonctions de subordination et les locutions conjonctives subordonnantes
appartiennent à la classe des mots invariables. Elles servent à construire des propositions
non parallèles en mettant une sous la dépendance de l’autre. Un mot (ou une locution) se
définit comme subordonnant quand la proposition qu’il introduit n’a pas par elle-même
d’indépendance grammaticale. » (WAGNER, R., L., ET PINCHON, J., Grammaire du
Français classique et moderne, Paris ; Hachette, p. 584.)
Le « que»[ qui est une conjonction de subordination sans contenu sémantique permet
l’enchâssement de la proposition subordonnée dans la proposition principale. Elle marque,
également, la frontière entre la subordonnée et la principale. Il a été souligné que :
« dans une approche morphosyntaxique, le terme conjonctive pure renvoie à la nature et aux
modalités de fonctionnement de l’outil introducteur, conjonction que ou locution conjonctive
à ce que, de ce que, sur ce que. Cet outil de forme simple ou complexe lie hiérarchiquement,
subordonne la proposition ainsi construite à celle qui lui sert de principale.» GARAGNON,
A. M., et CALAS, F., la phrase complexe de l’analyse logique à l’analyse structurale, Paris,
Hachette, 2002, p.21.
Qu’elle soit introduite par la conjonction « que » ou la locution conjonctive « à ce que » ou
« de ce que », la complétive conjonctive est considérée comme un élément nécessaire pour la
construction d’une phrase complexe et pour en déterminer le sens.

2- Sa place

❖ La proposition complétive se place souvent après la principale.


Ex. J’aimerais que l’univers soit moins pollué.

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❖ Elle peut se placer avant la principale et le verbe de la subordonnée se met alors au
subjonctif. Dans ce cas elle est souvent reprise par un pronom neutre (y, en, le,
cela, ça) et l’accent est plutôt mis sur la subordonnée (effet de style).
Remarque
Plusieurs complétives conjonctives peuvent être reliées à la même principale, par
juxtaposition ou par coordination. Dans ce cas, la répétition de la conjonction « que » est
nécessaire. Ex. Ma grand-mère dit toujours qu’il faut s’alimenter normalement, qu’il ne faut
jamais sauter un repas et qu’un bon diner console de bien les maux.

3. L’ordre des mots


Dans la complétive conjonctive l’ordre des mots suit la succession habituelle des mots dans
une phrase française : (sujet – verbe – complément). Cet ordre est obligatoire lorsque le sujet
du verbe est un pronom ou que le verbe a un complément. Ex. J’ai appris que tu serais à
Paris tout l’été.
Néanmoins, dans la subordonnée complétive conjonctive le verbe peut être antéposé au SN
sujet sous forme de VSO. Cela est dû à un effet de style. Ex. Ils attendaient impatiemment
que reviennent les vacances. = Ils attendaient impatiemment que les vacances reviennent.

4. Ses fonctions
Dans une structure phrastique (et de par son équivalence à un SN), la subordonnée
complétive conjonctive aura les fonctions suivantes :
❖ Complément d’objet direct du verbe de la principale : c’est la fonction la plus « usuelle
des complétives conjonctives » (page 24).
Les constructions transitives simples peuvent se transformer en phrases complexes
comportant des subordonnées complétives conjonctives directes. Ce type de phrases aura la
forme [V que P] ; souhaiter que P, vouloir que P, savoir que P, demander que P, dire que P,
jurer que P, craindre que P, apprendre que P, remarquer que P, souligner que P, etc.
Ex. Je souhaite qu’il réussisse →je souhaite sa réussite.
Ainsi, la fonction COD est attribuée à la proposition [que P] qui est équivalente au SN.

❖ Complément d’objet indirect du verbe de la principale. Elle est introduite par « à ce


que », « de ce que » :
Ex. Je veillerai à ce que tout aille bien.
Ex. Je m’étonne de ce qu’il parte.
La majorité des verbes avec « à » ont une complétive avec la locution conjonctive « à ce
que » : s’attendre à, s’exposer à, se résigner à, se résoudre à, renoncer à, prendre garde à, faire
attention à, consentir à, tenir à, veiller à, aboutir à, parvenir à, s’habituer à, etc.
Toutefois, quelques verbes construits avec « à » introduisent une subordonnée complétive
directe avec la conjonction « que ». Nous citons entre autres : conclure à, penser à, croire à,
songer à.
Mais la langue moderne tend à remplacer systématiquement « de ce que » par « que »,
comme : s’étonner de ; venir de, provenir de, etc.
Ex. Je m’étonne (de ce) que le torrent ait creusé le rocher.
Seuls certains verbes se construisent obligatoirement avec « de ce que » à savoir, venir de,
provenir de, etc. Ex.L’échec de notre équipe vient d’un manque d’entraînement → L’échec de
notre équipe vient de ce qu’elle manque d’entraînement.

❖ Sujet du verbe de la principale


Ex. Qu’il réussisse est mon souhait le plus cher. →Sa réussite est mon souhait le plus cher.
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- De toi dépend qu’il réussisse.→Sa réussite dépend de toi.
La complétive qui est placée en tête de phrase fonctionne comme sujet du verbe de la
principale. Cependant, quand elle se positionne après les expressions comme : il est exact, il
est souhaitable, il est indispensable, il est curieux, il est certain, il est indispensable, etc. le
pronom impersonnel « il » joue le rôle du sujet apparent et la subordonnée complétive aura la
fonction du sujet réel de la principale.
❖ Attribut du sujet de la principale
Ex . Mon souhait est qu’il réussisse.
❖ Apposée à un nom ou à un pronom de la principale :
Ex. -Je ne souhaite qu’une chose, qu’il réussisse.
-Qu’il réussisse, voilà mon souhait le plus cher.
❖ Complément du nom ou ce qu’on appelle complément déterminatif du nom
Ex .

P1) La certitude de l’arrivée des pluies réjouit les cultivateurs → (P2) La certitude que les
pluies arrivent réjouit les cultivateurs.
Le SN complément du nom « de l’arrivée de pluies » est remplacé dans P1 par la subordonnée
complétive que les pluies arrivent.
Comme le SN, la complétive est ici une expansion du nom « la certitude ».
❖ Complément de l’adjectif
Ex. -Je suis fière de ta confiance.→ je suis fière que tu me fasses confiance.
-Les ménagères sont enchantées de l’installation de l’eau courante. → Les ménagères sont
enchantées que l’eau courante soit installée.
Que tu me fasses confiance et que l’eau courante soit installée sont deux complétives qui ont
la fonction de complément de l’adjectif.
❖ Complément de l’adverbe
Ex. -Vivement que tu finisses tes révisions !
- Heureusement que tu caches tes secrets !

5. Son mode verbal


(Cf. BENTOLILA, A., Grammaire alphabétique, Paris, Nathan/VUEF, 2001, pp : 297-300.)
Le choix du mode du verbe de la subordonnée complétive dépend de la classe sémantique à
laquelle appartiennent le verbe, le nom ou l’adjectif faisant partie de la principale et qui
reçoivent l’élargissement de la complétive.

▪ A l’indicatif : (que +indicatif)


Le verbe de la proposition subordonnée complétive conjonctive se réalise à l’indicatif dans
les cas suivants :
a) Après les verbes de déclaration : déclarer, affirmer, dire, soutenir, annoncer, admettre,
remarquer, jurer, raconter, exprimer, expliquer, et bien d’autres verbes qui ont le même sens.
Ex. -Il a déclaré qu’il était innocent.
b) Les verbes d’opinion et de jugement : croire, penser, juger, estimer, juger, trouver,
considérer, supposer, répondre, etc.
ex. Je crois qu’il réussira.
c) Après les verbes de connaissance et de perception : apprendre, ignorer, savoir,
s’apercevoir, se rendre compte, être certain, être sûr, être persuadé, être convaincu, entendre,
sentir, voir, etc. et également après les expressions verbales comme : avoir la certitude, la
conviction, l’impression, l’intuition, la preuve, l’idée, etc.
ex. P1 Je sais qu’il est venu./ P2 Je vois que vous avez fait des progrès.

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d) Après certaines expressions impersonnelles : il est certain, sûr, clair, exact, convenu,
évident, incontestable, probable, vrai, visible, vraisemblable, etc. on dirait, il paraît, il me
semble…
Ex. Il est sept heures et il n’est pas toujours là ! Il est probable qu’il a raté son train.

▪ Au conditionnel (que + conditionnel) :


avec la valeur du futur dans le passé :
Ex. Je savais qu’il réussirait.
la valeur d’hypothèse :
Ex. Je pense que j’aimerais bien vivre dans une ville côtière. (Si j’en avais la possibilité.)
Pour respecter la concordance temporelle :
Ex. J’étais sûr que la voiture ne serait pas réparée pour cette semaine
Quand « douter » est utilisé à la forme négative, le verbe de la subordonnée
se met à l’indicatif avec l’idée de la certitude.
Ex. Je ne doute pas qu’il est très bricoleur. (= j’en suis sûr, je le sais)

▪ Au subjonctif :
Les verbes introducteurs qui sont suivis de subjonctif ont en commun d’exprimer une
certaine subjectivité.

Après des verbes de volonté : désirer, souhaiter, ordonner, interdire,


défendre, redouter, permettre, obtenir, proposer, conseiller, suggérer, exiger,
accepter, attendre, préférer, etc.
Ex. Il a exigé que l’activité scientifique soit reportée.
Après des verbes de volonté construits avec la locution conjonctive « à ce
que » comme : consentir, s’attendre, veiller, tenir, faire attention, s’opposer
à ce que. Ce type de verbe oblige l’usage du verbe de la subordonnée au
subjonctif.
Ex. Le concierge veille à ce que l’immeuble soit bien tenu.
Après des verbes signifiant une désactualisation comme : refuser, défendre,
empêcher, interdire, nier, etc.
Ex. Cet auteur refuse que son livre soit vendu à un tel prix !
Après certaines tournures impersonnelles comme : il faut que, il est
obligatoire que, indispensable que, préférable que, il vaut mieux que, il
voudrait mieux que, il est possible que, il est souhaitable que, il est
intéressant que, il est important que, peu importe que, il (me, te…) semble
que, navrant que, etc.
Ex. Il est préférable que tu partes avant la nuit.
Après les verbes exprimant un sentiment : se réjouir, déplorer, regretter,
admirer, aimer, craindre, déplorer, douter, apprécier, détester, s’inquiéter,
redouter,
Ex. Je crains qu’il n’ait échoué.
Ou les verbes être, trouver, estimer, juger, etc. + un adjectif exprimant le
sentiment : être heureux, malheureux, triste, surpris, étonné, stupéfait, ému,
content, mécontent, désolé, ravi, etc.
Ex. Je suis ravi que tu viennes avec moi au cinéma.
Après des verbes de déclaration, d’opinion ou de perception exprimant un
fait non encore réalisé), de doute ou de crainte : douter, craindre… :
Ex. Je doute fort qu’il soit capable d’un tel exploit.
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Et également après des verbes exprimant une idée de négation comme nier,
contester, démentir, douer, etc.
Ex. Je doute qu’il puisse faire ce travail avant dimanche.
Le subjonctif est aussi en usage après le verbe trouver, (estimer, juger),
normal, anormal, drôle, bizarre, étonnant, étrange, désolant, navrant,
stupide, ridicule, utile, inutile, honteux,…
Ex. Je trouve anormal que tu n’aies pas encore terminé ce travail.
après les formules constituées avec le verbe avoir+ un nom, comme : avoir
besoin, envie, peur, honte, le désir, la surprise, (de) la chance, etc.
Ex. Tu as de la chance que ton père n’ait rien vu.
▪ A l’indicatif ou au subjonctif :
Parfois un verbe peut accepter l’indicatif ou le subjonctif, selon les cas.
Dans les constructions négatives ou interrogatives.
Ex. Je ne pense pas qu’il vienne. Je ne pense pas qu’il viendra.
Ex. Pensez-vous qu’il vienne ? Pensez-vous qu’il viendra ?
Certains verbes ont deux sens différents selon le mode :
-Admettre :
Ex. -J’admets volontiers que j’ai eu tort. (= c’est vrai j’ai eu tort).
-J’admets que vous arriviez en retard de temps en temps mais pas tous les jours ! (= je
peux comprendre que…).
-Comprendre, dire, crier, écrire, téléphoner, entendre, supposer, …
Ex. -J’entends que les voisins de dessus sont rentrés. (C’est un fait)
-J’entends que vous fassiez exactement ce que je vous ai demandé (c’est un ordre)

Bibliographie :
-DUBOIS. J., et al. Dictionnaire de Linguistique et sciences du langage, Paris, Larousse,
2007, p. 101.

- GARAGNON, A. M., et CALAS, F., la phrase complexe de l’analyse logique à l’analyse


structurale, Paris, Hachette, 2002, p.21.
-BENTOLILA, A., Grammaire alphabétique, Paris, Nathan/VUEF, 2001, pp : 297-300.

-WAGNER, R., L., ET PINCHON, J., Grammaire du Français classique et moderne, Paris ;
Hachette, p. 584.

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Table des matières
Introduction.......................................................................................................................................... 2

1-Typologie de la subordonnée complétive .......................................................................................... 2

2-Critères d’indentification de la complétive : Equivalences catégorielles et fonctionnelles .......... 2

I- La complétive introduite par la conjonction « que » ...................................................................... 3

1- La conjonction de subordination « que » ....................................................................................... 3

2- Sa place ........................................................................................................................................... 3

3. L’ordre des mots ................................................................................................................................ 4

4. Ses fonctions ................................................................................................................................... 4

5. Son mode verbal ........................................................................................................................... 5

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