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LA NÉGATION

Définition
En logique, la négation inverse la valeur de vérité d’une proposition. Si une proposition est vraie, l’autre est fausse. Ex  :
j’ai un chien/je n’ai pas de chien.
Le français peut exprimer la négation à deux niveaux :
- Le niveau lexical : certains mots expriment une notion négative : par un préfixe (Ex  : im-possible, an-alphabète,
dé-composer…) ou par leur sens intrinsèque : (Ex  : petit = qui n’est pas grand, les antonymes fonctionnent sur ce
principe)
- Le niveau grammatical : la négation est une modalité de phrase qui se combine avec d’autres modalités de
phrase (assertive, interrogative, injonctive, exclamative). Elle repose sur des mots à valeur sémantique [de sens]
de négation. Ce peuvent être des déterminants, des pronoms et des adverbes.

Les mots de la négation et la portée de la négation


Dans une phrase, il faut examiner la portée de la négation, un peu comme un champ électrique. Qu’affecte-t-
elle exactement ? La négation peut porter sur tout le contenu de la proposition (négation totale) ou sur juste un
élément de cette proposition (négation partielle). Le ou les mots négatifs employés ne seront alors pas les mêmes.
La négation totale fonctionne avec ne, non, pas, point (+guère, plus)
La négation partielle fonctionne avec de nombreux autres mots pris dans des adverbes (jamais, nulle part), des
pronoms (personne, nul, rien) et des déterminants indéfinis (aucun, nul, rien).
Il faudra enfin considérer la négation exceptive ou restrictive (adverbe que), qui nie tout ce qui est hors de la zone
définie par la proposition.

Non
C’est un adverbe.
Il peut remplacer une phrase (adverbe pro-phrase). Ex  : Tu sais ce qu’ils ont fait ? – Non…
Il peut servir à renforcer = n’est-ce pas  ? Ex  : Tu m’écoutes, non  ?
Il peut annoncer une négation. Ex  : Non, je ne sais pas.
Il permet d’opposer deux éléments d’une proposition. Ex  : C’est mon visage d’autrefois que je cherche et non mon
visage de femme.
Il peut fonctionner comme un préfixe : Ex  : Toby-chien est-il non-violent  ?
Il peut se combiner avec pas  (Ex  : Je vous veux, telle que vous voilà, et non pas telle que la nuit cynique vous donnera à
moi !) ou plus (Ex  : n’être qu’« une chatte » et non plus « la chatte ») pour former une locution.
Il peut former des locutions en corrélation. Ex  : Non seulement… mais encore

Ne
C’est un adverbe.
Alors qu’en latin il était la vraie négation, il est aujourd’hui pratiquement toujours corrélé avec le 2 e élément : pas ou
plus. Aujourd’hui, il est très souvent omis à l’oral.
S’il est employé seul, il est caractéristique d’un état de français plus ancien (par exemple, du XVIe ou du XVIIe) ou d’une
tournure recherchée. Mais c’est dans des cas précis, notamment un verbe modalisateur + verbe à l’infinitif  : Ex. Le
rossignol ne sait dire pourquoi il chante.
Un emploi particulier du ne, est le ne explétif. Il est facultatif, indique un niveau de langue recherché. Il manifeste un
certain degré de doute, de virtualisation dans l’affirmation, de la part du locuteur. On le trouve dans des
subordonnées complétives (Ex  : Le rossignol craint que les vrilles de la vigne ne l’étouffent) circonstancielles (Ex  : Avant
qu’il ne s’endorme, il se met à chanter) et des comparatives (Le rossignol est moins libre qu’il ne le croit).

Pas/Point 
Ils sont considérés comme des adverbes. Mais ils étaient au Moyen-Age des noms communs : pas = un pas. Point = un
point. Ils étaient les COD de certains verbes. Ex  : il ne marche (un) pas. Mais ils se sont généralisés à tous les cas, se
placent généralement après le verbe conjugué et fonctionnent comme deuxième élément de la structure négative
corrélée ne….pas/ne….point, voire le seul. A l’oral, dans un français plus relâché : Ex  : Tu m’aimes pas  ?
Ils peuvent servir de formulation concurrente au non prophrase : Tu m’aimes  ? Pas du tout.
Ils peuvent servir dans une phrase sans verbe et portent sur un élément qu’ils nient. Ex  : Pas joli joli.

Guère/Plus
Ce sont des adverbes, des variantes de pas/point.
Guère indique une quantité minime. Ex  : Tu ne t’y connais guère en blondes, dit-il.
Plus indique la rupture d’une continuité dans le temps. Ex  : je ne crains plus les vrilles de la vigne...
Plus peut s’employer sans le ne dans une phrase nominale : Ex  : Plus de Willy !

Jamais/Nulle part
Ce sont des adverbes.
Jamais situe la négation dans le temps. Ex : il appuyait sur « Sido » ce regard bleu gris dans lequel personne n’a jamais
pu lire.
Nulle part (locution adverbiale puisqu’en deux mots) situe la négation dans l’espace. Ex : Le compositeur – un grand type
mou qui a l’air de n’avoir d’os nulle part…

Personne/Nul/Rien
Ce sont des pronoms.
Ex  : il appuyait sur « Sido » ce regard bleu gris dans lequel personne n’a jamais pu lire.
Ex  : Ils étaient si doux que nul ne les pouvait atteindre ni diviser.
Ex  : Rien ne peut empêcher qu’à cette heure l’herbe profonde y noie le pied des arbres
Aucun/Nul
Ce sont des déterminants indéfinis. Ils servent à former un GN [groupe nominal] qui désigne ce que l’on pourrait
appeler un ensemble vide.
Ex  : aucun été, sauf ceux de mon enfance, ne commémore le géranium écarlate et la hampe enflammée des digitales.
Ex  : Nulle curiosité ne l’a attiré vers un chat, penché sur un chien.

Que
C’est ici un adverbe dans les systèmes négatifs corrélés. Ne….que Ex : Colette n
Il restreint un ensemble au référent exprimé après lui.
Ex  : Colette ne pense qu’à Saint-Sauveur.

Ni
C’est une conjonction de coordination qui sert à coordonner des éléments négatifs.
Ex  : Ils étaient si doux que nul ne les pouvait atteindre ni diviser.

Certains termes sont utilisés pour renforcer la négation. Ils se combinent avec un autre élément négatif.
De sitôt. De la vie. Ex  : Colette ne reverra pas Saint-Sauveur de sitôt. Ex  : jamais de la vie.
Du tout. Ex  : Rien du tout.
Le moins du monde. Ex  : Pas le moins du monde
Grand-chose/Grand monde. Ex  : Pas grand-chose.
Attention : Une double négation permet en fait d’affirmer, soit par euphémisme (atténuation), soit par litote
(renforcement). Ex  : Colette ne dis pas non au bœuf bourguignon.

Négation descriptive et négation polémique


La négation peut nier le contenu d’un énoncé. On l’appelle négation descriptive. Ex  : Colette ne l’aime plus.
La négation peut réfuter un acte énonciatif, l’affirmation de quelqu’un d’autre (exprimée ou non). On l’appelle
négation polémique. Ex  : Je ne suis pas passé au feu rouge (sous-entendu, le policier va me dire, ou m’a dit, que j’ai
brûlé le feu).
Pour distinguer une négation descriptive (d’énoncé) d’une négation polémique (d’énonciation), il faut voir le contexte de
la phrase.

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