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L’INTERROGATION

SYNTAXE, SÉMANTIQUE, PRAGMATIQUE


Définition
L’interrogation est un acte de langage qui consiste à demander une information. Cet acte de langage est adressé à un
interlocuteur. Cet acte peut aller de la question rhétorique à soi-même jusqu’à l’interrogatoire à Guantanamo.
Quand on étudie l’interrogation, il faut s’interroger sur la construction de l’interrogation : est-elle une proposition
autonome ou subordonnée (directe/indirecte). Quel genre d’information réclame-t-elle, demande-t-elle à valider toute
la proposition ou juste un constituant de la proposition (totale/partielle) ? Dès lors, il faut regarder les mots qui
introduisent cette question. On peut aussi regarder le mode du verbe dans la question. Enfin, il faut voir quel rapport
pragmatique elle établit avec le destinataire.

Interrogation totale/Interrogation partielle/Interrogation alternative


Il faut distinguer interrogation totale et interrogation partielle.
L’interrogation totale porte sur l’ensemble du contenu de la proposition. Elle appelle une réponse globale oui/non qui
équivaut à la reprise à l’affirmative ou la négative de cette proposition. Ex  : La princesse de Clèves reste-t-elle
vertueuse  ? Oui, elle reste vertueuse.
L’interrogation partielle porte sur une partie de la proposition, sur l’un des constituants non identifiés de cette
proposition. On attend une réponse précise. Ex  : Quand Lol a-t-elle commencé à sombrer dans la folie  ? Elle a commencé
à sombrer dans la folie le soir du bal du casino de T. Beach. Ici le constituant non identifié est le moment (CC de temps).
L’interrogation partielle suppose que certaines informations sont acquises, présupposées, tandis qu’une autre demande
à être précisée. A l’exception de Ex  : quelle était la couleur du cheval blanc d’Henri IV  ?
L’interrogation alternative propose un choix grâce à deux éléments coordonnés. Ex  : Jacques aime-t-il Lol ou Tatiana  ?
On peut distinguer deux types d’alternatives.
- L’alternative simple qui donne un choix. Ex : Ex  : Jacques aime-t-il Lol ou Tatiana  ?
- L’alternative polaire qui oppose deux termes antithétiques. Ex  : Tu m’aimes ou tu me détestes  ?

Interrogation directe/Interrogation indirecte

Il faut distinguer le type de proposition auquel on a affaire. Est-ce une indépendante ou une subordonnée
(interrogation directe/indirecte).

L’INTERROGATION DIRECTE
L’interrogation directe est une proposition indépendante qui possède une intonation particulière, ascendante et se
termine par un point d’interrogation. Ex  : M’aimes-tu  ?

- L’interrogation totale. Elle peut se construire syntaxiquement de quatre manières différentes :


 Sans inversion, juste avec l’intonation. Ex  : Elle est jolie  ?
 Avec la tournure est-ce que. Ex : Est-ce que Lol est jolie  ?
Ces deux premières formes marquent l’oralité.
 Avec inversion simple du sujet et du verbe. Ex  : Est-elle jolie  ?
 Avec inversion complexe. Lorsque le sujet est un GN ou un pronom non personnel, il reste placé avant le verbe
mais est redoublé par un pronom personnel sujet de 3 e personne qui s’accorde avec lui. Ex : Lol est-elle jolie ?
Ces deux dernières formes sont plus soignées.

- L’interrogation partielle
Son intonation diffère de l’interrogation totale. L’intonation est descendante. Elle s’exprime à l’aide de pronoms,
déterminants ou d’adverbes interrogatifs et peuvent être associés à l’inversion du sujet ou renforcés par est-ce
que.
Elle peut se construire avec un pronom interrogatif simple et peut porter sur
 Le sujet. Ex : Qui aime Lol  ?
 L’attribut. Ex : Qui est Lol  ?
 Le COD. Ex : Que veut Lol  ?
 Un complément prépositionnel non circonstanciel. A quoi pense Lol ? De quoi parle Lol ?
Elle peut se construire avec un terme complexe qui est-ce qui/qu’est-ce qui/qu’est-ce que (qui permettent de
distinguer fonction sujet ou objet/attribut, humain ou non-humain). Ex  : Qui est-ce qui aime Lol  ? Qu’est-ce que veut
Lol  ? Cette formulation semble plus lourde à l’écrit. Cette tournure est obligatoire lorsque le sujet est un non-animé  :
Ex  : Qu’est-ce qui se passe  ? (On ne peut pas dire que se passe  ? mais on peut dire que se passe-t-il  ?)
 Sur les constituants circonstanciels
Avec un terme simple
Des adverbes : combien, comment, où, quand et pourquoi s’accompagnent de l’inversion du sujet.
Ils peuvent être renforcés par est-ce que. Ex  : Où/quand/pourquoi Lol est-elle devenue folle  ? est-ce que Lol
est devenue folle  ?

Le mode des phrases interrogatives est le plus souvent à l’indicatif, mais on rencontre également l’infinitif. Ex  : Que
dire  ? Qui épouser  ? Pourquoi revenir  ? …

Tournures familières, orales


 Interrogation avec un terme interrogatif occupant la place du constituant concerné. Ex : Lol attend qui ?
 Interrogation avec c’est qui. Ex : Qui c’est qu’elle attend ?
 Interrogation avec extraction du mot interrogatif. C’est quoi qu’elle attend ?

L’INTERROGATION INDIRECTE
L’interrogation indirecte est une question placée dans une proposition subordonnée, complément d’objet du verbe
principal. Ex : Je me demande qui a écrit La Princesse de Clèves.
L’ordre des éléments dans la subordonnée reste typique d’une phrase assertive : Sujet puis Verbe.
Cette subordonnée appartient à la classe des subordonnées complétives, c’est-à-dire qu’elle vient après le verbe, et a
pour fonction d’être un COD.
Les verbes introducteurs de la complétive interrogative indirecte sont nombreux. Paradoxalement, questionner et
interroger n’en construisent pas tandis que constater ou prouver si.
Sur le plan du sens, cette proposition réfère toujours à un savoir en suspens qui est ignoré, recherché.
L’interrogation totale
Elle ne peut se construire qu’avec la conjonction si. Ex  : Il se demande si Lol l’aime.
L’interrogation partielle
- Sur un sujet, objet ou attribut animé : pronom interrogatif qui. Ex  : il se demande qui est Lol.
- Sur un sujet, objet ou attribut non-animé : pronom démonstratif ce suivi du relatif qui ou que. Ex  : il se
demande ce qui préoccupe Lol.
- Sur les circonstances : les mêmes adverbes que l’interrogation directe. Quand, où, pourquoi. Ex  : il se demande
quand Lol a commencé à être ainsi.
- Un verbe à l’infinitif. Ex  : Jacques ne sait que faire.

Pragmatique de l’interrogation

L’acte d’interroger établit des droits et des devoirs pour les partenaires de la communication. Poser une question signifie
avoir le droit de la poser (Ici, c’est moi qui pose les questions). Interroger se rapproche d’ordonner. Mais certaines
interrogations sont moins contraignantes.
- Valeur de questionnement. Ex  : Lol est-elle folle  ?
- Valeur de demande ou d’ordre. Ex  : Pourriez-vous hospitaliser Lol  ? (on n’attend pas Oui, je peux, mais qu’on le
fasse). C’est qu’on appelle la dimension perlocutoire du langage.
- Valeur déclarative : la question rhétorique est une assertion renforcée. Elle implique un n’est-ce pas, elle
oriente vers la réponse. Ex  : Lol n’est pas complètement folle, n’est-ce pas  ?

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