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Langue Grammaire

L’interrogation (Grammaire méthodique du Français, PUF, p. 391-401)


I. L’interrogation totale
Marquée à l’oral par une intonation en courbe ascendante ; ce qui correspond au point
d’interrogation à l’écrit. :

a) Interrogation sans inversion (avec la seule intonation)


Fréquente à l’oral : Tu habites toujours ici ?

b) Interrogation avec inversion du sujet :1


En plus de l’intonation interrogative, le sujet est placé après le verbe ; cette inversion du
sujet est surtout réservée à l’écrit en particulier littéraire. Selon la nature du sujet on
distingue deux types d’inversion :
- Inversion simple : Le sujet est simplement placé après le verbe dans une forme
simple ou après l’auxiliaire dans une forme composée. Ex. « Rodrigue, as-tu du
cœur ? »/ Le démonstratif « ce » est inversé avec le verbe être : est-ce nécessaire ?
- Inversion complexe : quand le sujet est un groupe nominal ou un pronom autre que
personnel (ou ce) ; il reste placé devant le verbe mais il est repris après le vrbe par la
forme du pronom personnel sujet de la troisième personne s’accordant avec lui : EX.
« Ces fruits ne sont-ils pas exotiques ? »

c) Interrogation avec « est-ce que »


Ce terme complexe qui est la version interrogation du tour « c’est que » suivi d’u e structure
phrastique est particulièrement fréquent en français moderne ; considéré comme familier au
XVIIème siècle, il s’emploie aujourd’hui aussi bien à l’écrit comme à l’oral . Ex. « Est-ce que
les voyages sont toujours éprouvants ? »
Il permet de maintenir l’ordre canonique sujet-verbe, évitant le recours à l’inversion peu
commode parfois. Ainsi avec un sujet à la première personne on préférera : « est-ce que je
parle ? » à « parlé-je ? » (plus facile à le seconde personne : « est-ce que tu parles ? parles-
tu ? »)

II. L’interrogation partielle


Intonation différente : la courbe intonative est descendante après une attaque sur une note
élevée qui met en valeur le terme interrogatif.
Selon le constituant, l’interrogation partielle s’exprime à l’aide de pronoms, déterminants
ou adverbes interrogatifs qui peuvent être associés à l’inversion du sujet ou renforcés par
« est-ce que ».

a) Interrogation partielle portant sur le sujet, sur l’attribut, sur l’objet ou sur un
complément non circonstanciel
 pronoms interrogatifs : qui , que, quoi, lequel placés en tête de phrase
(qui animé humain/ que non animé)
*Au lieu des pronoms que, qui, quoi, on peut employer le pronom composé lequel ou le
déterminant interrogatif quel seul ou devant un nom qui constitue avec lui un groupe
nominal. On emploie aussi dans un groupe nominal l’adverbe combien qui sert à poser une
question sur le nombre.

1
Tableau de l’inversion p. 135 (GMF)
Contrairement aux autres pronoms interrogatifs, lequel ne différencie pas animé/non animé
mais varie en genre et nombre : Tu vois plusieurs images, lesquelles soulignent l’état de
« sauvage » ?
*L’interrogation sur le sujet est formulée à l’aide de qui, que, quel+nom ou lequel
*Le pronom que ne s’emploie guère que dans des expressions toutes faites. Ex: « que vous
semble ? Que m’importe ? »
*Le pronom quoi suivi par de s’emploie pour poser une question sur le thème dans une
phrase sans verbe : quoi de neuf ?

*L’interrogation sur l’attribut est formulée avec qui, que, quel ou lequel
L’inversion simple du sujet est obligatoire : qui es-tu ?

*L’interrogation sur le COD s’exprime au moyen de qui, que, lequel ou quel +nom.
L’inversion du sujet se fait dans des conditions différentes du cas précédent : le pronom
personnel sujet est placé obligatoirement après le verbe : EX. « Que veux-tu ? »
*dans une phrase interrogative à l’infinitif, le pronom quoi peut remplacer que : « quoi
faire ? quoi dire ? »
* Interrogation sur un complément prépositionnel non circonstanciel concerne différentes
fonctions :
- complément d’objet indirect
- complément d’objet second
- complément d’agent
S’exprime au moyen de qui, quoi ou quel +nom, précédés de la préposition approprié (à, de,
par…) Le pronom lequel peut prendre les formes synthétiques auquel ou duquel. Le pronom
personnel sujet est obligatoirement postposé au verbe (De quoi parles-tu ?), et quand le
sujet est un groupe nominal ou un nom ou pronom autre que les pronoms personnels, il est
soit postposé au verbe (A quoi rêvent les migrants ? ) soit maintenu à sa place et repris après
le verbe par un pronom (A quoi les migrants rêvent-ils ?)

 Interrogation avec le terme complexe Qui/qu’est-ce qui/que


Le premier qui/que = pronom interrogatif permettant de distinguer si la question porte sur
un humain/non animé. Alors qu’à la fin du terme, ce sont des pronoms relatifs, qui opèrent
une distinction syntaxique (qui : sujet/ que : objet ou attribut). L’union des pronoms relatifs
et interrogatifs présélectionne strictement le terme sur lequel porte l’interrogation partielle,
selon quatre possibilités :
Qui est-ce qui : humain et sujet
Qui est-ce que : humain et objet
Qu’est-ce qui : non animé et sujet
Qu’est-ce que : non animé et objet ou attribut

- Expression autant employée à l’écrit comme à l’oral malgré quelques réserves sur sa
lourdeur.
- Placée en tête de phrase, elle permet de garder l’ordre sujet-verbe / permet de de
formuler une interrogation avec une structure particulière, notamment quand la
question porte sur un sujet non animé, ce qui est impossible avec que seul (Qu’est-
ce qui se passe ? / *Que se passe ?) ; Enfin, elle différencie les fonctions et évite les
ambiguïtés qui sont créées par l’emploi du seul pronom interrogatif : Qui attend
l’enfant ?  Qui est-ce que l’enfant attend ? Qui est-ce qui attend l’enfant ?

b) Interrogation partielle sur les circonstants


S’exprime à l’aide des adverbes interrogatifs2 : Comment, où, pourquoi, quand, qui renvoient
chacun à une circonstance de l’action : manière, lieu, cause, temps. Combien, qui sert à
interroger sur le nombre, est aussi employé pour former des groupes nominaux ayant des
fonctions autres que circonstancielles (sujet, objet… ex. Combien de personnes fuient leurs
pays tous les ans ? Des milliers de personnes fuient leurs pays tous les ans)
Ces adverbes s’emploient dans les mêmes structures que les pronoms interrogatifs, mais
pourquoi diffère.
 Interrogation avec un simple terme :
L’emploi des adverbes combien, comment, où ; quand et pourquoi s’accompagne de
l’inversion du sujet s’il est pronom personnel il est placé après le verbe (comment va-t-il ?)
s’il est groupe nominal cela varie (comment va mon ami ? comment mon ami va-t-il ?)

Attention : Que peut s’employer avec le sens de pourquoi : « Olivier et Roland, que n’êtes-
vous ici ? » Et en phrase négative ou de sens négatif, cette interrogation avec que sert à
exprimer un reproche parlant de la non réalisation d’un procès : « Que ne le disiez-vous
pas ? »
 L’interrogation sur les circonstances peut être renforcée par est-ce que, placé après
l’adverbe interrogatif, ce qui permet d’éviter l’inversion du sujet : ex. Quand est-ce
que vous partez ? (/ Quand partez-vous ?)

c) L’interrogation à l’infinitif
Le mode de phrase interrogative est souvent l’indicatif, mais on rencontre également
l’infinitif qui permet de poser une question sur l’objet ou sur les circonstants mais jamais sur
le sujet. Ex. « Que dire ? »  « Où courir où ne pas courir ? » (Molière)
Remarque : s’ajoute dans cette structure une valeur modale de possibilité ou d’obligation
(Ex. Que (puis-je) faire ? Que (dois-je) dire ?)

d) Formes familières de l’interrogation partielle


A côté des structures standard, il existe diverses formes qualifiées de familières ou de
populaires :
 Interrogation avec un terme interrogatif occupant la place de constituant concerné :
Tu attends quoi ? Tu vas où ?
 Permet d’éviter l’inversion du sujet mal acceptée à l’oral
 Interrogation avec c’est qui/ c’est que : « Quand c’est que tu pars ? » Où c’est que tu
vas ? »
 Extraction du terme interrogatif : emploi particulier du type emphatique : C’est
quand que tu pars ? c’est qui que tu attends ?La structure C’est…qui/que encadre le
mot interrogatif en tête de phrase
 Terme interrogatif suivi de que. Ex. « Où que tu vas ? »

2
L’adverbe interrogatif introduit la phrase interrogative, porte sur toute la phrase. Le Pronom par contre
remplace un nom ou groupe nominal. Que veux-tu ? je veux une explication / Comment veux-tu que je
travaille ? Je veux que tu travailles bien
Cette structure très familière constitue une abréviation de l’interrogation au moyen du
terme complexe « est-ce que »
Ainsi la langue parlée simplifie les structures pour aboutir à une certaine unité de
l’interrogation : l’intonation y joue un rôle essentiel et la phrase garde l’ordre habituel de
la phrase déclarative.

e) L’interrogation alternative
Intermédiaire entre l’interrogation totale et l’interrogation partielle, elle s’analyse en
deux parties coordonnées par ou alternatif : elle prend deux formes 
1) Est-ce un indien ou un tahitien ?
2) Est-ce un indien ou n’est-ce pas un indien ?/ ou non ?/ou pas ?
 souligne une impatience, une interrogation pressante

Pragmatique de l’interrogation
L’interrogation est fondamentalement associée à l’acte d’interroger, qui établit des droits et
devoirs pour les partenaires de la communication --) l’acte d’interroger // acte d’ordonner
(également très contraignant pour l’interlocuteur. Ex. lors d’un examen).
Mais il existe des circonstances où l’interrogation constitue une simple recherche
d’information sans contrainte marquée
Dans certaines situations de communications : une phrase interrogative n’est pas associée à
un acte de questionnement mais acquiert directement la valeur d’un autre acte du langage ;
elle peut prendre deux valeurs principales
 Demande ou ordre
Interrogation « as-tu …. ?» suppose une réponse non seulement par oui mais aussi de l’offre
escomptée ; dans le cas d’une interrogation sur la possibilité ou sur la volonté d’exécuter un
certain acte : voudriez-vous baisser le son ? pourriez-vous nous laisser ?
 Déclaration : c’est l’interrogation oratoire (questions rhétoriques) : affirmatives ou
négatives, elles impliquent le contraire de ce qu’exprime leur forme grammaticale
Généralement une phrase interrogative et négative oriente vers une réponse positive : Ex.
« N’avez-vous pas faim ? »

L’interrogation directe et indirecte (Puf, p. 499-501)


Quand on rapporte indirectement une interrogation directe, on emploie une proposition
subordonnée complétive.

La liste des verbes ayant la propriété de se construire avec une interrogative indirecte est
assez étendue, et parfois ces verbes sont dépourvus de tout sens interrogatif.
Exemple de verbes :
La syntaxe de la phrase interrogative indirecte (édition PUF, p.135)
La subordonnée interrogative indirecte est une subordonnée complétive. Elle est donc
complément d’objet direct du verbe de la principale
Qui es-tu ? / Je te demande qui tu es

- L’interrogation indirecte partielle ne supporte pas l’inversion du sujet pronominal mais


accepte l’inversion du sujet nominal :
Qui est-il ? / Je te demande qui il est
Qui est cet homme ? / Je te demande qui est cet homme

- L’interrogation indirecte totale est incompatible avec l’inversion


Vient-il ? / Je te demande s’il vient
Paul vient-il ? / Je te demande si Paul vient

L’inversion est exclue aussi de l’interrogation indirecte complexe (2 questions l’une dans
l’autre :
Paul vient-il ? le sais-tu ? Sais-tu si Paul vient ? (l’interrogation directe porte sur savoir
et non sur la venue de Paul)
/ Sais-tu si Paul vient ? (** Sais-tu si Paul vient-il ?)

Concordance des temps :


Comme dans toute subordonnée, le temps employé dépend du temps du verbe de la
principale. Ainsi, c’est le changement observé dans chaque passage du discours direct au
discours indirect et dans toutes les subordonnées : il s’agit de la concordance des temps
obligatoire.

Exemples
Qui es-tu donc pour faire des esclaves ? Je te demande qui tu es pour faire des
esclaves.
Je t’ai demandé (ou je te demandais) qui tu
étais pour faire des esclaves.
Quand iras-tu ? Je te demande quand tu iras.
Je t’ai demandé quand tu irais
Où étais-tu ? Je te demande où tu étais.
Je t’ai demandé où tu avais été .
Quel droit as-tu sur lui qu’il n’ait sur toi ? Je te demande quel droit tu as sur lui qu’il
n’ait sur toi.
Je t’ai demandé quel droit tu avais sur lui
qu’il n’eût sur toi.

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